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Rechercher : Rémi Hugues. histoire & action française. Rétrospective : 2018 année Maurras

  • Jean-François Mattéi : La philosophie en deuil, par Hilaire de Crémiers

    MATTEI 1.jpgNé en 1941 à Oran, en Algérie, ancien élève de Pierre Boutang, philosophe de haute volée, notre ami Jean-François Mattéi est décédé le 24 mars dernier à Marseille. 

    La philosophie est en deuil. Jean-François Mattéi est décédé. Il a été enlevé à cette terre soudainement le 24 mars dernier. Nous ne verrons plus son visage si fin qui respirait l’intelligence. Ce pied-noir qui n’avait rien renié de ses origines, aimait le soleil et détenait dans le secret de son être quelque mystère solaire. Pudique et discret, seuls ses amis qui étaient favorisés de sa lumineuse conversation décelaient dans sa personnalité une transcendance qui l’apparentait à ces sortes de demi-dieux de l’Antiquité qu’étaient les philosophes. Il en était un ; il avait une longue familiarité avec eux, ce qui ne l’empêchait pas d’aimer la musique, le piano, le jazz et la vie.

     

    Il côtoyait Platon qu’il lisait dans le texte. La philosophie grecque, la vraie, pas celle des sophistes, dès les pré-socratiques s’est posée, en quelque sorte définie, par rapport à l’Être et donc au Non-Être. Abîme de pensée dont toute pensée est sortie, de même que dans la Bible Dieu se définit comme Celui qui est, source de tout être.

    Jean-François Mattéi tenait de tout son être, c’est le cas de le dire, à ces deux traditions qui ont enrichi l’humanité d’un trésor incomparable, le trésor de notre civilisation, et que notre civilisation, au grand regret de ce maître philosophe, à force d’en profiter et d’en abuser, délaisse et abandonne en se critiquant elle-même, alors que cet esprit critique lui fut donné à l’origine par le discernement premier de l’Être en vue d’une fécondité positive. Toute la matière de ses derniers livres tourne autour de cette essentielle méditation, La Barbarie intérieure, Le regard vide, Essai sur l’épuisement de la culture européenne.

     

    Le vrai, le bien, le beau

     

    Il avait bu à la source platonicienne et avait plongé, avec son maître Boutang, dans l’Ontologie du secret. La métaphysique de la personne, le mystère de la destinée, l’étonnant enchaînement des civilisations et des pensées philosophiques, supposent dans son esprit l’acception impérieuse de la vérité, l’exigence imprescriptible de la justice, un sens ordonné de la mesure et de la beauté. Toute son œuvre, surtout dans sa dernière partie, est littéralement hantée par cette triple et unique nécessité qui s’impose à l’esprit, au monde même, à l’homme qui pense, à la société : le vrai, le bien, le beau.

    Pour lui le dérèglement moderne, le monde de l’hubris, trouve sa cause dans le dédain, le mépris, le refus de ces transcendantaux et, avec Kant – car Mattéi était un moderne –, il pensait que le moi transcendantal  avait besoin subjectivement de certitudes comparables, à la manière d’Hannah Arendt qu’il estimait infiniment. D’où son goût pour la phénoménologie, celle d’un Husserl, qui le rapprochait de la pensée d’un Jean-Paul II sans qu’il osât jamais même y faire allusion. En revanche, il s’était penché sur l’œuvre d’Heidegger, le disciple, absorbé dans l’ontologie fondamentale et l’expérience métaphysique, et en avait tiré la substantifique moëlle dans Heidegger et Hölderlin, deux poètes de la pensée et de l’Être qui, dans leur germanisme, se voulaient hommes de la Grèce et du soleil. Nietzsche aussi sur lequel Mattéi écrivit des pages décisives.

    Toutefois, son auteur préféré dans la modernité reste Albert Camus, fils authentique et naturel de la mer et du soleil. Il y avait entre lui et le philosophe existentialiste, pied-noir comme lui, épris de justice mais non désincarnée, humaine, noble et belle, une affinité de sang et d’esprit qui se sent à chaque fois qu’il en parle dans une langue qui n’est riche que de sa superbe simplicité.

    Nous avons connu Jean-François Mattéi grâce à nos amis du Midi qui avaient le privilège d’écouter ce prestigieux conférencier, clair et dense, comme sa pensée. Il avait honoré Politique magazine de son nom qui figure dans le comité de parrainage. Il y donnait des articles et le dernier portait précisément sur le dernier livre de notre autre ami pied-noir Jean Monneret, Camus et le terrorisme (éditions Michalon).

    Il était devenu un combattant, ne laissant jamais passer une absurdité sans intervenir. Ces derniers temps, il avait le regard intellectuel attiré par la pensée d’un autre maître du Midi, Charles Maurras. La dernière conversation que j’ai eue avec lui, il y a un mois, au cours d’un long dîner, portait sur Le Chemin de Paradis du Martégal. Lui aussi aurait pu se murmurer à lui-même, comme Maurras, penseur du vrai, du bien et du beau, les vers de Mistral :

     

    La mar bello plano esmougudo

    Dou paradis es l’avengudo.

     

    Le soleil de la vérité et la mer divine triomphent du mal, de la mort et des ténèbres.

    A son épouse et à toute sa famille nous exprimons nos condoléances les plus émues.

  • Sur deux réactions aux propos de Nicolas Sarkozy (2/2) : Plunkett et le néolibéralisme.....

           ( Pour plus de commodité, nous avons remis ici, sous forme de PDF, l'intégralité des propos présidentiels: Dans une tribune publiée par Le Monde.pdf ).

                   Plunkett, lui, a préféré centrer sa réflexion sur le néolibéralisme, qui détruit tout (sociétés, Nations...).

                   Très interéssant billet, qui ramène finalement à la question centrale du Maurras de l'Avenir de l'Intelligence, dont Boutang disait que le lire c'était aller à l'essentiel : Argent, qui t'a fait roi ? La Révolution de 1789 n'a fait en définitive qu'ouvrir toutes grandes les portes à l'Argent, que plus aucun pouvoir basé sur les forces spirituelles, morales, culturelles n'est capable de maintenir dans ses sphères légitimes, et qui remplit et occupe toute la place: c'est le siècle de Fer qu'avait entrevu Maurras, qu'évoque ici Plunkett....

                Sarkozy parle de l'identité nationale : une tribune intéressante, mais qui contourne le vrai problème...c'est-à-dire la destruction des nations (et de toute société) par le néolibéralisme :

     

                Le « débat sur l'identité nationale » n'est pas sérieux parce qu'il contourne le vrai problème...: l'idéologie libérale, qui vidange les contenus (moraux, spirituels, culturels) et ne laisse subsister qu'un individualisme de consommateur, réduit à la seule liberté d'errer entre les rayons (vidés) d'un introuvable « vivre ensemble ». Cette errance est ce que les médias, la pub et les politiques nomment « tolérance » et « métissage » ; double abus de vocabulaire, la « tolérance » ne pouvant exister qu'entre des convictions (or elles sont vidangées), et le « métissage » consistant à fusionner (non à laisser l'individu à lui-même).

                Dans ce mauvais climat créé par le libéralisme, le pseudo-débat sur l'identité nationale est aussi vide que le reste. Toute identité nationale se ramène à la formule de Simone Weil : « L'enracinement est peut-être le besoin le plus important et le plus méconnu de l'âme humaine. C'est un des plus difficiles à définir. Un être humain a une racine par sa participation réelle, active et naturelle à l'existence d'une collectivité qui conserve vivants certains trésors du passé et certains pressentiments d'avenir. » Pour comprendre cette définition, il faut admettre : a) que l'être humain a une « âme », pas seulement des pulsions égocentriques ;

                    b) que la collectivité existe et ne se réduit pas à une juxtaposition d'atomes individuels ;

                    c) et que la participation à la collectivité doit être « réelle » (non les faux-semblants  de la postdémocratie), « active » (non le show médiatique) et « naturelle » (non la récitation d'un prêt-à-penser). Ces trois points sont étrangers à la société de consommation, produit de la philosophie libérale.

                Que penser de la tribune libre de Nicolas Sarkozy, dans Le Monde daté d'aujourd'hui ? Gérard Leclerc  l'approuvait  ce matin de  reconnaître  (contrairement à Chirac) la « trace profonde » que la civilisation chrétienne « a laissé » en France. Même conjuguée ainsi au passé, une civilisation est un contenu culturel, moral et spirituel. Le reconnaître n'est pas une attitude libérale. Le texte du chef de l'Etat constate que plus la mondialisation malaxe l'humanité, « plus on a besoin d'ancrage et de repères, plus on a besoin de sentir qu'on n'est pas seul au monde. Ce besoin d'appartenance, on peut y répondre par la tribu ou par la nation, par le communautarisme ou par la République. »

                  Ensuite il affirme : « L'identité nationale, c'est l'antidote au tribalisme et au communautarisme ». Il a raison, si la nation reste une collectivité capitalisant une mémoire pour avancer dans l'avenir. Mais si la nation perd cette faculté d'habiter le temps (et de l'habiter ensemble), si elle se dissout en foule de consommateurs et de salariés-chômeurs affolés par la minute présente, oublieux d'hier et d'après-demain ? Alors la nation est de moins en moins « nation », et le débat sur son identité n'a plus de sens. Le débat est donc nul s'il ne s'accompagne de la mise en cause de ce Moloch : le néolibéralisme économique et financier, qui détruit moralement et socialement les communautés humaines.

  • Alain de Benoist : « Pour le pape François, le système capitaliste est intrinsèquement mauvais ! »

     

    Entretien dans Boulevard Voltaire   

    Ces propos pourront choquer les lecteurs de Maurras qui se souviendront qu'il définissait le binôme « capitalisme et tradition » comme fondement de toute civilisation. Il est évident que le capitalisme dont il est question ici est un autre concept, une autre pratique. Celui dont le même Maurras avait annoncé la tyrannie, en conclusion de l'Avenir de l'intelligence. Et qui engendrerait l'âge de fer, l'âge barbare, où nous sommes aujourd'hui. En bref, le règne de l'Or. Il s'agit ici du capitalisme défini comme marchandisation du monde. Et c'est pourquoi, malgré l'aspect paradoxal qu'il pourra avoir pour certains, comme d'ailleurs l'enseignement du pape François, nous croyons qu'en l'occurrence de Benoist a raison. LFAR

     

    1530443371.jpgAvec sa dernière encyclique, qui a fait grand bruit, le pape François s’est apparemment rallié à l’écologisme le plus radical, ce qui ne doit pas vous déplaire. Mais n’est-il pas dans son rôle quand il s’inquiète du sort de la création ?

    Le pape François n’est pas le premier souverain pontife à exprimer un souci écologique. Le grand précurseur en la matière est évidemment François d’Assise, dont le pape n’a pas hésité à rappeler qu’il parlait de « notre Mère la Terre ». Mais il est de fait que, dans l’encyclique Laudato si’, il va plus loin que ses prédécesseurs, que ce soit pour dénoncer le « mythe du progrès » (n° 60), l’orientation actuelle de l’économie (n° 128) ou le fait que « l’être humain et les choses ont cessé de se tendre amicalement la main pour entrer en opposition » (n° 106). Je trouve cela très positif.

    Théologiquement, les choses sont un peu plus compliquées. Le christianisme s’est certes très tôt séparé des gnostiques, qui estimaient que ce monde était intrinsèquement mauvais. Mais la théologie chrétienne, fondée sur la distinction de l’être créé et de l’être incréé, ne reconnaît pas de sacralité intrinsèque au monde. Or, c’est parce que le monde a été désacralisé que Descartes a pu poser l’homme comme « maître et possesseur de la nature ». La tradition chrétienne place par ailleurs l’homme au sommet de la création, ce qui lui donne des droits sur elle. La Genèse lui assigne le devoir de « dominer sur toute la Terre » (1,26). On a récemment cherché à traduire ce verbe de façon plus souple, par « diriger de façon responsable, être le gardien de », mais cette manière de faire sollicite le texte. Le terme original est radah, qui signifie bien « dominer » au sens de soumettre, subjuguer, assujettir, fouler aux pieds, comme le montrent ses autres occurrences dans la Bible (Lév. 26,17 ; Nombres 24,19 ; Néhémie 9,28, Psaumes 49,14, etc.).

    Pareillement, lorsque ce même pape condamne capitalisme et libéralisme, ne met-il pas ses chaussons rouges dans les pas de ses augustes devanciers ?

    En ce domaine, en effet, il n’innove pas radicalement. La critique du libéralisme, notamment, est déjà présente dans la doctrine sociale de l’Église. Au Vatican, cette critique remonte au moins à l’encyclique Rerum novarum (1891) et à sa condamnation d’une « concurrence effrénée » aboutissant à la « concentration, entre les mains de quelques-uns, de l’industrie et du commerce ». Ce qui est nouveau en revanche, et ce dont je me réjouis, c’est que le pape ne se borne plus à dénoncer les « dérives », les « excès », les « mauvaises applications » du système capitaliste. Il ne se borne pas non plus à faire appel à la conscience morale, au « juste salaire », au paternalisme ou à la charité. Il tranche net et sans détours. Il l’a redit récemment en s’adressant aux mouvements populaires de Bolivie : le système capitaliste est intrinsèquement mauvais, car il contredit les « droits sacrés » que résume le principe « terre, toit, travail » (terra, techo, trabajo). Il est « intolérable » parce qu’il implique la toute-puissance de l’argent, que Basile de Césarée qualifiait de « fumier du Diable ». Bref, il constitue une « structure de péché ».

    Conformément à la leçon des Évangiles (les premiers chrétiens exigeaient la mise en commun de tous les biens), le pape François a choisi l’« option préférentielle en faveur des pauvres ». Il a bien compris que le capitalisme, avant d’être un système économique, est un « fait social total », porteur d’une anthropologie qui lui est propre. De même a-t-il bien compris que les réformes sociétales que la gauche veut appliquer aujourd’hui n’ont rien de « socialiste » ni même de « gauchiste », mais procèdent de la même conception de l’homme qui est à la base du libéralisme économique et de la société de marché, une conception qui fait de l’axiomatique de l’intérêt et de l’orientation vers la logique du gain le fondement même du phénomène humain, le réduisant ainsi aux seules lois gravitationnelles du désir et de l’intérêt.

    Ce qui est assez amusant, c’est de voir les chrétiens les plus réactionnaires, qui se réfèrent à tout instant au pape pour condamner le mariage homosexuel, la PMA pour tous et la « culture de mort », regarder ailleurs ou l’inviter à « s’occuper de ses messes » quand il condamne sans équivoque la marchandisation du monde et le système du profit. Comme si le pape, à défaut d’être infaillible sur le sujet, était nécessairement incompétent en économie ! Comme s’il devait rester muet sur le monde actuel, sur les effets dévastateurs du libre-échange, sur les privatisations, sur le système qui « tue » et qui « exclut » ! Dom Hélder Câmara, dont le procès en béatification a été engagé en 2013 au Vatican, disait déjà : « Quand je donne à manger aux pauvres, on dit que je suis un saint, mais quand je demande pourquoi ils ont faim, on me traite de communiste. ». Aux États-Unis, il a suffi que le pape condamne la société de marché pour que les Américains voient en lui Karl Marx ressuscité ! D’autres, en France, l’ont accusé de « messianisme terrestre », d’« altermondialisme larvé », de « zapatisme », et que sais-je encore. Les héritiers de Thiers et de Guizot veulent bien qu’on leur parle de « pauvreté évangélique », mais à condition qu’on ne leur demande pas d’en suivre l’exemple…

    Qu’un Alain de Benoist puisse dire du bien du Vatican, ça vaut le détour en tout cas ! Vous qui n’avez notoirement pas d’atomes crochus avec le monothéisme en général et le christianisme en particulier, cela ne vous pose pas de problème ?

    Cela ne m’en pose aucun. Je suis un intellectuel engagé, pas un intellectuel partisan. Je juge des idées en fonction de ce que je crois être leur valeur de vérité, non en fonction de la personne qui les émet ou du lieu à partir duquel elles sont émises. Simple question d’honnêteté.  

    Boulevard Voltaire

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  • Feuilleton : ”Qui n 'a pas lutté n'a pas vécu”... : Léon Daudet ! (187)

     

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     (retrouvez l'intégralité des textes et documents de ce sujet, sous sa forme de Feuilleton ou bien sous sa forme d'Album)

    Aujourd'hui : L'assassinat de Philippe Daudet (II)...

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    ndlr : ce sujet a été réalisé à partir d'extraits tirés des dix livres de souvenirs suivants de Léon Daudet : Paris vécu (rive droite), Paris vécu (rive gauche), Député de Paris, Fantômes et vivants, Devant la douleur, Au temps de Judas, l'Entre-deux guerres, Salons et Journaux, La pluie de sang, Vers le Roi...

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    De "Député de Paris" :

    1. Page 194 :
    "...Il était difficile, pour des raisons que j'ai déjà dites, de "m'avoir" à la Berton, dont le procès était annoncé pour décembre; il était malaisé aussi, vu mon humeur naturelle bien connue, vu aussi la vigilance et le dévouement de ma femme et de mes amis, sans compter la surveillance des Camelots du Roi, de me fabriquer un suicide sur mesure.
    Mais Philippe étant fugueur, on pouvait, en exploitant sa passion politique et son ardent désir de venger son ami Plateau, l'attirer dans un guet-apens, le tuer, faire disparaître son cadavre et imaginer ensuite à son "suicide" une raison monstrueuse, à laquelle j'aurais été mêlé (Daudet pornographe, "L'Entremetteuse", brochure Trochu, affiches infâmes, imprimées à "L'Ouest-Éclair" etc... etc...).
    Toute l'origine du drame est là..."

    2. Page 196 :
    "...Le mardi 20 novembre 1923, l'aîné de mes trois enfants, notre bien-aimé petit Philippe, âgé de quatorze ans et demi, grand pour son âge, et qui en paraissait seize, mais pas davantage, quittait la maison paternelle, comme d'habitude chaque matin, pour aller à l'école Bossuet.
    Il n'y devait revenir que le mardi suivant, dans un cercueil.
    Une mise en scène, imaginée par les chefs de la Sûreté générale, agenciers de ce crime atroce, le donnait comme s'étant suicidé dans un taxi appartenant à un chauffeur du nom de Bajot, auquel il était censé avoir fait signe le samedi 24 novembre, place de la Bastille, en lui donnant comme adresse "Cirque Médrano". Le suicide aurait eu lieu vers le numéro 124, boulevard Magenta.
    Après la constatation de deux agents, le petit moribond avait été conduit, à deux pas de là, à l'hôpital Lariboisière, où il avait expiré à six heures un quart.
    C'est là que sur la demande de ma femme, saisie d'un pressentiment maternel à la lecture d'une nouvelle en deux lignes du "Petit Parisien", relatant le suicide d'un jeune garçon dans un taxi, le Dr Lucien Bernard, médecin de l'enfant et notre ami, alla le reconnaître le dimanche.
    Je le reconnus, moi, en compagnie de notre frère Maurras, le lundi.
    La plus pathétique affaire de police et de justice que le temps contemporain ait connue commençait.
    Nous ne devions atteindre à la vérité totale que par étapes et par nos propres moyens. La justice officielle fit tout pour nous entraver, exactement TOUT..."

    3. La thèse officielle (ici résumée à grands traits) de ce qui s'est passé pendant ces cinq jours, a au moins l'intérêt de laisser entrevoir un peu de ce qui s'est - peut-être - passé, pendant ces cinq jours de disparition : mardi et mercredi, voyage au Havre, dans le but de prendre le bateau pour le Canada; retour à Paris; là, Philippe Daudet se serait présenté sous un faux nom à Georges Vidal, l’administrateur du "Libertaire" (quotidien anarchiste), le jeudi 22 novembre 1923.
    Il lui aurait confié sa sympathie pour l’anarchisme, et fait part de son intention de commettre un attentat contre Raymond Poincaré (président du Conseil), ou Alexandre Millerand (alors président de la République).
    Le lendemain, vendredi 23, il serait revenu et aurait reformulé ses désirs d’assassinat politique à Le Flaoutter, libraire anarchiste, pornographique et indicateur de police.
    Mais, comme par hasard (et comme c’est curieux !…) Le Flaouter est l'ancien amant de Germaine Berton, autre militante anarchiste, qui a assassiné Marius Plateau le 22 janvier précédent, ne réussissant à tuer ni Maurras ni Daudet.
    Le Flaouter aurait tenté de dissuader le jeune garçon, qu'il prétendait ne pas connaître, lui demandant de revenir dans l’après-midi, et aurait profité de ce laps de temps pour prévenir le Contrôleur Général Lannes, beau-frère de Poincaré, de la Sûreté Générale, des intentions de ce "curieux jeune homme".
    Ce qui est sûr, dans cette "version", c'est que, le 24 novembre 1923, vers 16 heures, le taxi 7.657 E, dans lequel se trouve Philippe Daudet, s’arrête brusquement sur le boulevard Magenta, à hauteur du 126 : le chauffeur prétend qu'il s'est arrêté après avoir entendu un coup de feu.
    Il déclare constater que son client a été atteint d’une balle à la tête. Il le conduit à hôpital Lariboisière, où Philippe Daudet décède deux heures plus tard...

    Restent de nombreuses questions : exalté et généreux, sûrement; inconscient des dangers, tout aussi sûrement, comment et pourquoi Philippe Daudet est-il parti de chez lui pour - au lieu de se rendre à son école, et après le "crochet" du Havre - être allé se jeter, seul, à quatorze ans, dans la gueule d'un loup évidemment bien trop fort pour lui, frêle adolescent qu'il était ?
    S'y est-il rendu tout de suite, et a-t-il été séquestré/manipulé jusqu'au samedi ?
    Ou, au contraire, est-il librement - comme un ado en fugue - allé, venu, revenu, pendant deux, trois jours ?
    Et, surtout, quel but se proposait-il, en se rendant dans ce lieu glauque et ce milieu interlope ?
    Plusieurs mystères enveloppent, pour toujours, l'assassinat de Philippe Daudet...

  • L’Iran et l’atome, par Champsaur (III/III)

    Les appels à la destruction d’Israel

     

    Un personnage qui porte le titre de président de la République appelle à chaque occasion qui lui est donnée à la disparition d’Israel. Ces menaces inacceptables n’ont pour seul effet que de fortement inquiéter les dirigeants israéliens, et d’émouvoir la communauté internationale. L'Iran ne peut se plaindre de récolter la tempête des vents qu'il continue de semer.

    Mais là encore ces vociférations ne peuvent pas être sorties du contexte de la région et de la place d’Israel en Palestine. A la veille des élections de 2009, Hossein Moussavi, dénigrait facilement son concurrent Ahmadinejad devant des visiteurs occidentaux, sans beaucoup de précaution, souvent dans des termes peu amènes en désavouant ses propos avec virulence. Il s’agit tout d’abord de ramener le titre de président de la république à ce qu’il est, encadré par quatre structures islamiques, sous les ordres du guide de la révolution, et encadré aussi par quatre organismes non élus (dont le judiciaire et l’armée). Ce que l’on appelle « l’exercice du pouvoir en circuit fermé ». A l’examen, Ahmadinejad a un pouvoir plutôt restreint (et aucun sur le programme nucléaire). 

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    Relevons aussi que ses incartades sont l’expression publique de ce que pensent et disent tous les arabes de la région. Et l’on en vient à la question cruciale pour Israel, sa démographie. Quasiment un secret d’état, quelques fois traité dans des instituts de recherche, surtout américains, la phobie de l’encerclement est réelle. La courbe démographique est simple : ce pays moderne a une natalité de type occidental, quand tous les pays arabes autour ont une progression de population sans commune mesure. Et l’élément aggravant étant qu’il n’y a plus d’immigration. Il fut prétendu aux Etats Unis que le programme nucléaire iranien était un frein à l’émigration vers Israel. Assertion difficile à prouver, mais c’est plus certainement la poudrière de la région, que l’Iran seul, qui dissuadent les émigrants potentiels. Plus possible de spéculer sur les flux d’immigrants de l’époque soviétique.

     

    Les sanctions en cours 

    On peut difficilement occulter que les chefs d’orchestre des sanctions contre l’Iran sont le couple Israel – Etats Unis. Les Iraniens subissent trois formes de rétorsion, des mesures contre leur économie, des assassinats de scientifiques, des attaques informatiques ciblées. L’Europe suit frileusement entrainée par ces grands européens que sont les Britanniques, avec Lady Ashton à la tête de l’embryon de service diplomatique européen, et la voix de la France est inaudible, piètre écho des meneurs.

    S’agissant des sanctions économiques, on retombe dans les outrances qui nourrissent ce genre d’action. Les embargos frappent la population, assez peu les dirigeants. La liste des mesures s’allongent outrageusement, même si les Chinois et les Russes tentent d’aider le pays. Rappelons nous ce que furent les embargos contre l’Irak de Saddam Hussein, même les crayons étaient suspects car ils contenaient du graphite susceptible d’être utilisé dans les centrales.

    Des assassinats d’ingénieurs travaillant tous dans le nucléaire, certains à des postes de responsabilité, laissent peu de doute sur les commanditaires des crimes. Actions sans indices. Toutefois un point d’interrogation, les meurtres sont commis sur le sol iranien, certains à Téhéran.

    Enfin il a été quasiment reconnu publiquement que certaines attaques informatiques contre des réseaux de centrales iraniennes, sortaient de laboratoires militaires américains, pilotées directement de la Maison Blanche. Exercice en grandeur réelle de la guerre cybernétique, telle que les Etats Unis la mette progressivement au point avec de très importants budgets.

     

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    La France, Israel …

     

    … Et le mystérieux monsieur Abel Thomas.

    Haut fonctionnaire français Abel Thomas, un des membres du cercle restreint qui dictait la politique étrangère et de Défense de la France après la Libération, le jeune Thomas a servi auprès d'hommes comme Léon Blum, Guy Mollet et Charles de Gaulle. Dans les années où il est venu en aide à Israël, il était un proche collaborateur du ministre français de la Défense à l'époque, Maurice Bourgès-Maunoury, dont il était directeur de cabinet. Tous les deux luttaient pour une France forte, libérée du patronage américain et possédant sa propre arme atomique.

    En 1953, Shimon Peres est nommé directeur général du ministère de la Défense d'Israël. Dans cette fonction, il s'implique particulièrement dans l'achat d'armes pour le jeune État. Il se rend en France en 1954 et fait la rencontre d'Abel Thomas. Ensemble, ils mettent en place une collaboration entre les services de renseignement dans la lutte contre l'ennemi commun égyptien, accusé par la France de soutenir les indépendantistes algériens. Les services de renseignements français avaient découvert que le soulèvement algérien était téléguidé depuis l'Egypte. Les chefs du F.L.N. recevaient du Caire les instructions des agents égyptiens. La guerre en Algérie allait en s'aggravant. Une étroite coopération franco-israélienne s'amorce en 1956 (Guy Mollet). Les efforts de Peres sont efficaces et il réussit à acquérir, auprès de la France, le premier réacteur nucléaire de Dimona. De nombreux Français, politiciens et généraux, socialistes mais également républicains, ont aidé Israël pendant ce bref "âge d'or", du milieu à la fin des années 50, quand les deux pays ont eu un véritable roman d'amour. Mais c'est Thomas, à ce qu'il semble, qui fit la démarche décisive, grâce à laquelle prit corps le rêve nucléaire de Ben Gourion
    La France avait besoin de toute urgence de renseignements sur le monde arabe. Israël avait besoin d'un fournisseur d'armes. Depuis la fin de la Guerre d'Indépendance, il n'avait plus de fournisseurs. Le bloc communiste, qui lui livra des armes en 1948, préférait maintenant les pays arabes. Les Etats-Unis et la Grande-Bretagne refusaient de livrer quoi que ce soit. Shimon Pérès persuada Ben Gourion que le soulèvement algérien créait pour Israël une "fenêtre d'opportunités" en France. On peut douter qu'à cette époque, Ben Gourion imaginait que cette fenêtre serait aussi large. Il pensait aux avions et aux chars du dernier modèle, pas à l'atome. Mais les circonstances jouèrent en sa faveur. Quiconque étudie la démarche de Ben Gourion à propos des relations avec la France, dans les années critiques 1955-60, s'aperçoit que le "Vieux" joua une partie d'échecs politique de tout premier ordre. Le projet nucléaire révolutionna complètement le statut d'Israël dans l'arène internationale. Certains analystes expliquent la sévérité de De Gaulle à sa conférence de presse du 27 Novembre 1967 (… les Juifs .  un peuple d’élite, sûr de lui-même et dominateur …) par sa connaissance précise de ce que le jeune Etat devait à la France. 

     

    En guise de conclusions.

     

    La première, suivant ce que Pierre Conesa a appelé dans un de ses livres récents « La fabrication de l’ennemi » est qu’il n’y a aucun élément qui démontre que l’Iran ne doit pas posséder l’arme nucléaire.  Sinon que la question ne se pose pas, tant qu’il est signataire du TNP. Et à notre connaissance la seule puissance qui a jamais piétiné le Droit International, sont les Etats Unis d’Amérique lors de leur agression contre l’Irak, en dehors de tout mandat, et de toute justification.

    La seconde, pour profondément déplorer le suivisme indigne que les années Sarkozy viennent d’imposer à notre pays, calquant mécaniquement sans aucune discussion, nos positions sur celles des plus intransigeants des Israéliens et des Américains.

    Peut être la France est elle un pays où l’on ne parle pas assez … ! 

     

    Notes

    1. Liste des sites nucléaires iraniens (centrales, centres de recherche ; petits laboratoires) :

    Anarak; Arak ; Ardekan ; Bonab; Bushehr; Chalus; Fordo; Ispahan; Karaj; Lashkar Ab’ad; Lavizan; Natanz; Parchin; Qom; Saghand; Téhéran; Yazd;  

    2. Note de lecture :

    Recommandée à celles et ceux qui souhaitent une pertinente analyse politique du Moyen Orient ; les 300 pages de Ardavan Amir-Aslani, iranien, installé entre Paris et les Etats Unis, avocat international, « La Guerre des Dieux ; Géopolitique de la spiritualité ». Avec 35 pages sur l’Iran récent, loin des niaiseries des journaux de 20 h. 

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    320 pages, 21 euros

    Avec les Printemps arabes, l'opinion a découvert que les seuls groupes organisés capables de prendre la suite des dictatures arabes sont ceux qui prônent l'islamisme radical. Au delà de ce constat, et pas seulement dans le monde musulman, le fait religieux est au coeur des grandes problématiques de notre siècle et oriente les décisions politiques. Le paramètre religieux conditionne les choix et le devenir de millions d'hommes et de femmes, de pays et de régions entières de notre planète. En partant de ce postulat, Ardavan Amir-Aslani nous propose une autre grille de lecture, un autre "logiciel", pour comprendre et appréhender le monde et envisager l'avenir et les grandes évolutions internationales.
    La mondialisation du fait religieux se décline au quotidien (Tea-parties aux Etats-Unis, port de la burqa ou prières de rue avec pour fond la place de l'islam en Europe dans un contexte de montée de l'extrême droite et des populismes…) et sur les grands sujets régionaux ou internationaux (influence de l'orthodoxie en Russie, montée des Frères musulmans, clivage arabes/perses et sunnites/chiites…avec pour conséquences un Yalta du Proche-Orient…entre Turquie et Iran comme puissances régionales, talibanisation du Pakistan et tensions au Cachemire entre musulmans fondamentalistes, Chinois et Indiens alors que se développent hindouisme et nationalisme…..quelques thèmes abordés dans cet ouvrage. Un livre prémonitoire qui analyse et qui suggère les nouveaux défis et enjeux auxquels vont être confrontés les citoyens comme les dirigeants de tous les Etats car comme l'affirmait Peguy : " Tout commence dans le mysticisme et tout finit en politique".

    Un livre vivant avec des analyses percutantes, un point de vue précurseur, des faits mis en exergue dessinant un panorama du monde inattendu.

  • les secrets de l'Univers de l'Islam (4e) : les Musulmans, par Jeunesse si tu savais et Poussières d'étoiles.

    Voici quelques poussières pour mieux comprendre ce qui se passe en France et dans le monde aujourd’hui. D'abord les racines du Coran...
    Suite à des interventions que nous avons faites au Conseil de l’Europe et au Parlement Européen, voici quelques poussières pour mieux comprendre ce qui se passe en France et dans le monde aujourd’hui. Pour éviter l’amalgame, mais pas se voiler la face.
    L’univers de l’Islam pourrait se résumer en quatre mots : Coran, Islam, Islamisme et Musulmans.

    En contact avec les mouvements Jeunesse si tu savais et Poussières d'étoiles; voici les liens de leur page FB, de leurs sites officiels et de leur chaîne youtube :

     

    JEUNESSE SI TU SAVAIS

    https://www.facebook.com/jeunessesitusavais/

    https://www.jeunesse-si-tu-savais.fr/

     

    POUSSIERES D'ETOILES

    https://www.poussieresdetoiles.fm/

    https://www.youtube.com/channel/UCvYtt4Ws_Uc4Cj0LeLCoEJQ/videos

     

    Et voici le trente quatrième article (aussi en vidéo/audio) qu'ils nous ont adressé, en attendant la suite...

    https://www.poussieresdetoiles.fm/uploads/newscast/0/0/67/913afdf1-0f9a-49d1-919e-1df3e6f59c11.mp3

    L'Univers de l'Islam en 4 mots: cette fois-ci les Musulmans. Pour éviter l’amalgame, mais pas se voiler la face.

    Suite à des interventions que nous avons faites au Conseil de l’Europe et au Parlement Européen, voici quelques poussières pour mieux comprendre ce qui se passe en France et dans le monde aujourd’hui. Pour éviter l’amalgame, mais pas se voiler la face. L’univers de l’Islam pourrait se résumer en quatre mots : Coran, Islam, Islamisme et Musulmans.

    4° MUSULMANS

    Il est utile de bien distinguer le terme de « Musulmans » des trois autres mots : Coran, Islam et Islamisme. La clarté permet de ne pas faire d’amalgame.

    Être musulman c’est un héritage familial, pour la plupart ce n’est pas un choix personnel.

    D’ailleurs quand il y a tout de même conversion, c’est bien différent que de se convertir, par exemple, à la religion chrétienne. Pour cette dernière, il faut trois ans de catéchuménat, trois ans de formation avant d’être baptisé. De même pour les plus jeunes : ils ont au moins une année avant la première communion, une année avant la profession de foi, voire encore une autre année pour la confirmation.

    Par contre pour celui qui veut se convertir à la religion musulmane, il va faire sa « shaada », dire officiellement (devant un imam ou des témoins) : "J'atteste qu'il n'y a de Dieu qu'Allah et j'atteste que Muhammad est son Messager". C’est fait en moins d’une minute, comme en attestent bien des sites sur internet. C’est le fort extérieur qui compte. C’est aussi l’action visible (et non pas le cœur) qui se concrétise dans les cinq piliers de l’islam : le premier, c’est la profession de foi prononcée devant témoins; le deuxième, les cinq prières quotidiennes ; le troisième, l’impôt obligatoire (la « zakat »), environ 2,5 % sur les économies annuelles, en théorie destiné aux nécessiteux ; le quatrième, le jeûne du ramadan ; le cinquième, le pèlerinage à la Mecque au moins une fois dans sa vie. A cela on rajoute le « halal », qui veut dire « permis », « licite » aussi bien dans la nourriture, les boissons que dans la « charia » par opposition à tout le reste qui est « interdit ». En remplissant toutes ces obligations on est considéré comme un musulman pratiquant. Ce que l’on pense à l’intérieur reste son jardin secret. Il n’y a pas de relation obligatoire et personnelle à Dieu. Si on reste de manière visible toujours soumis aux piliers de l’islam, à la loi de la « charia » et au Coran. Après à chacun, s’il le souhaite, d’imiter les actions et la vie du prophète, dans la mesure du possible. Et dans la vie sociale de son pays en appliquant la « charia » dès que le pays pourra devenir musulman.

    Il faut donc bien distinguer les « musulmans » qui sont simplement des héritiers, soumis à ces diverses lois, qu’ils n’ont pas choisies personnellement. Ils n’ont pas choisi d’être musulman. C’est un héritage de plusieurs siècles ou de plus d’un millénaire. Au point que, s’ils choisissaient de s’en extraire, - l’apostasie - dans un certain nombre de pays ils risqueraient au minimum la prison et peut-être même la mort. Là où règne l’esprit islamiste fondamentaliste -dans des groupes ou des États - on condamne ces apostats à être décapités ou à mourir d’une manière ou d’une autre, officiellement ou par la main d’extrémistes. Au Pakistan notamment pour éliminer ces apostats on passe par une loi sur le blasphème qui prévoit la condamnation à mort ou la prison, mise en œuvre par les services de l’État. Une jeune femme pakistanaise Asia Bibi chrétienne a été condamnée à mort en application de cette loi : et suite à la mobilisation internationale, sa condamnation n’a pas été exécutée, et elle vient récemment d'être libérée et de prendre le chemin de l'exil. Ce sont des milliers de personnes qui sont ainsi poursuivies, condamnées, et qui risquent la mort, au Pakistan et dans d’autres pays islamiques. On y voit des personnes - parce qu’elles renoncent à la religion musulmane- accusées de blasphémer en reconnaissant Jésus comme vrai Dieu et vrai homme. Et dans ces pays – comme aujourd’hui en France- les plus fanatiques n’attendent pas que l’Etat applique la sentence pour persécuter ou exécuter sauvagement ces chrétiens récalcitrants. Une pression extraordinaire est faite sur tout musulman (qui songerait à changer de religion ou à émettre des doutes) pour que le fort extérieur reste musulman et là bien sûr ce n’est pas un choix qu’ils font. Sinon il faut qu’il quitte tout – famille, travail, pays - pour s’exiler à l’autre bout du monde et vivre librement leur foi.

    Ces quelques dernières dizaines d’années on voit monter l’islamisme qui persécute les chrétiens mais aussi et d’abord les musulmans modérés, et rendent la vie très difficile, dans les pays à majorité musulmane, aux chrétiens, aux juifs, et autres minorités qui trop souvent n’ont pas d’autre choix que de s’exiler. Il n’en était pas toujours ainsi. Malgré des périodes de fièvre et de persécution au fil des siècles.

    Inch'Allah est une transcription francophone de l’expression arabe qui signifie « si Dieu le veut ». Dans les pays arabes, ce terme est utilisé par les chrétiens et les musulmans avec la même signification, comme inspirée de l'épître de Jacques : « si Dieu l'a dit, nous vivrons et ferons ceci ou cela ». (Jc 4:15). Cette expression résume bien cette douceur de vivre, cette confiance sous le regard de Dieu que l’on pouvait trouver dans les pays arabes.

    Dans un passé proche la plupart des pays musulmans connaissaient une certaine douceur de vivre comme en témoigne le monument de la littérature arabe « les Mille et une nuits ». Malgré une certaine pauvreté des masses, un certain fatalisme et un souhait de paix et de prospérité modeste semblait animer les musulmans de ces pays. Ainsi l’accueil du voyageur était une obligation joyeuse, on partageait ce que l’on avait. On pouvait laisser, par exemple, son vélo sans cadenas avec peu de risque de se le faire voler. Un encadrement de la famille et des voisins suffisait à éviter les débordements notamment des plus jeunes. La tradition suffisait à garantir cette paix sociale.

    Mais avec la migration d’un certain nombre vers les pays occidentaux, chez nous l’atmosphère n’est plus la même. (Ce qui choque beaucoup par exemple des étudiants arabes qui viennent simplement faire des études en France !) Les racines avec la famille, les voisins, les coutumes, le respect des autres : tout a été coupé ! Ce sont des « déracinés ». On en voit les conséquences dans nos banlieues. C’est le contraire de cette douceur de vivre, de cette paix, « ās-salām ʿalaykum » (« que la paix soit sur vous » ).

    De même la montée de l’islamisme et ses causes, ainsi que les guerres (au Moyen-Orient et les conflits entre sunnites et chiites) ont bien tendu l’atmosphère dans les pays musulmans.

    En Conclusion :

    Mais en revenant à cette tradition d’accueil, de solidarité, de paix, les musulmans pourront partager les mêmes valeurs essentielles que pourraient aussi redécouvrir les chrétiens en renouant avec leurs racines chrétiennes. Et en s’éloignant du matérialisme, du veau d’or, de la mondialisation et en retrouvant les vraies valeurs d’attention aux plus petits, de famille, de respect de la vie, de paix et d’amour. Tout se trouve déjà dans l’Évangile pour les chrétiens et dans les racines judéo-chrétiennes du Coran pour les musulmans. A condition qu’ils classent les sourates et les haddiths en mettant en priorité celles du temps de la prophétie par rapport à celle du glaive.

    Et c’est la paix et la concorde qui retrouveront leur place.

    « Inch’Allah » Si Dieu le veut

    • « Wa'alaikum Assalam » – Que la paix soit également sur vous

    « Et, sur la terre, paix aux hommes de bonne volonté »(Luc 2,14)

    (à consulter aussi sur l'Univers de l'Islam les autres mots: Coran, Islam, Islamisme, en " Poussières d'étoiles")

  • Marc Rousset : Le tsunami financier sera déclenché par l’envolée des taux d’intérêt

     

    Par Marc Rousset   

     

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    Selon Claudio Borio, économiste en chef de la BRI (Banque des règlements internationaux), « il ne reste plus beaucoup de médicaments dans la pharmacie pour soigner le patient ou le soigner en cas de rechute ».

    Les nuages sont nombreux à l’horizon : guerre commerciale sino-américaine, ralentissement économique en Chine, budget italien explosif, négociations sur le Brexit, un prince assassin fragilisé en Arabie saoudite et, surtout, les premiers effets du resserrement monétaire avec des taux d’intérêt en hausse.

    Le projet de budget italien pour 2019 prévoit un déficit augmenté de 22 milliards d’euros, à 2,4 % du PIB, multiplié par 3, très éloigné des 0,8 % promis par le précédent gouvernement de centre gauche. L’ancien Premier ministre Matteo Renzi, qui était dans les bonnes grâces de Bruxelles, avait pu proposer des déficits de 2,9 % pendant trois années d’affilée. C’est la raison pour laquelle Matteo Salvini répète à qui veut l’entendre « Me ne frego » (« Je m’en fous »), le cri de ralliement des chemises noires de Mussolini pendant les années 1930. Juncker, de son côté, estime le budget inacceptable, d’où un dialogue de sourds.

    L’Italie est un véritable volcan financier car les banques italiennes détiennent non seulement 350 milliards de créances pourries (22 % du PIB), mais aussi 387 milliards d’euros de la dette publique dont la valeur s’érode, ce qui entraîne inéluctablement des pertes et la diminution de leurs capitaux propres. Les taux actuels de 3,58 % de la dette publique italienne (131 % du PIB) ont toutes les chances de s’envoler, avec une possible dégradation de la note souveraine fin octobre. L’écart avec le taux allemand à 10 ans de 0,46 % est déjà de 3,12 %. Le calme avant la tempête.

    La dette chinoise totale représente 250 % du PIB, d’où le durcissement des conditions de crédit, la diminution des investissements publics et des projets de « nouvelles routes de la soie », le ralentissement de la croissance autour de 6 %, soit son plus bas niveau depuis neuf ans, et la chute de 20 % de la Bourse de Shanghai.

    Aux États-Unis, la probabilité est grande pour que la Fed continue de resserrer la vis monétaire en vendant 50 milliards de dollars d’obligations par mois, ce qui commence à se ressentir sur les taux obligataires, désormais à 3,23 %, soit le plus haut niveau depuis 2011. La Fed souhaiterait aussi augmenter le taux d’intérêt à court terme de 2,25 % à 2,50 %, le 19 décembre, afin de prévenir l’inflation et de pouvoir baisser les taux si, demain, une récession apparaît. Trump pratique, en fait, une relance budgétaire très dangereuse de « fuite en avant » à contretemps. Les programmes militaires sont en hausse de 6 %, pour atteindre le chiffre ahurissant de 601 milliards de dollars, tandis que les impôts diminuent. Le déficit budgétaire 2019 atteindra 1.000 milliards de dollars ; l’endettement de la consommation atteint les 4.000 milliards de dollars et la dette publique devrait s’élever à 40.000 milliards en 2030, soit le double de la dette actuelle !

    Le grand krach de 1929 a commencé quand les actions s’évaluaient à trente fois leurs gains annuels. Aujourd’hui, elles représentent presque 10 % de plus. Mais il semble aussi que les taux à dix ans des obligations, après avoir chuté régulièrement pendant quarante ans depuis 1980, repartent à la hausse, ne serait-ce que pour éviter le croisement illogique des courbes d’intérêt à court terme et à long terme. Or, de 1940 à 1980, soit pendant le même laps de temps, cela avait été exactement le contraire, avec une hausse continue des taux d’intérêt jusqu’à près de 16 % en 1980. Nous sommes donc à la veille d’un gigantesque krach des actions et des obligations. Les banquiers centraux contrôlent plus difficilement les taux obligataires que les taux à court terme. Pour certains observateurs, le krach obligataire a même déjà commencé en Italie et aux États-Unis.

    Les capitaux propres des banques européennes, dans une union monétaire et bancaire incomplète, sont incapables de faire face à un krach boursier, obligataire et bancaire. Les capitaux propres de la BNP s’élèvent à 107 milliards d’euros, soit 5 % seulement des 1.960 milliards d’euros de son bilan – une taille comparable au PIB de la France. C’est la raison pour laquelle de plus en plus de banques centrales, dans le monde, achètent à nouveau de l’or. Tous nos malheurs ont commencé il y a cinquante ans, lorsque Nixon annonça, le 15 août 1971, la fin de la convertibilité du dollar en or !   ■  

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    Économiste
    Ancien haut dirigeant d'entreprise
  • SOLIDARITÉ KOSOVO !... : DU MATÉRIEL DE SPORT POUR 240 ENFANTS DES ENCLAVES...

    Site officiel : Solidarité Kosovo

    lafautearousseau "aime" et vous invite à "aimer" la page facebook Solidarité Kosovo :

    https://www.facebook.com/solidarite.kosovo/

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    Chaque été depuis 2012, nous passons une semaine au bord de la mer avec quarante enfants des enclaves serbes du Kosovo-Métochie. Cette année, hélas, la crise du Covid nous a obligés à annuler cette classe de mer. Il était pourtant hors de question que nous ne fassions rien pour ces enfants cet été…

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    Lorsque nous avons décidé en 2012 d’organiser des bains de mer annuels, nous voulions répondre à deux difficultés que rencontrent les enfants vivant dans les enclaves. D’abord, le manque de liberté qui rend leur vie quotidienne peu riche en divertissements. Dans certaines enclaves, ils ne peuvent que se retrouver sur la place du village ou dans une rue du quartier et jouer au ballon ou à cache-cache ; franchir les limites de l’enclave est le plus souvent impossible, que ce soit pour aller courir en forêt ou pour se baigner dans une rivière ou un lac. Ensuite, la socialisation à travers la rencontre d’enfants d’autres villages : la plupart de ces enfants n’ont jamais quitté leur enclave et ne connaissent rien du monde extérieur. Leur offrir une semaine dans un autre pays, avec d’autres paysages, dans une ambiance apaisée, leur permet de se reposer en paix et de nouer de nouvelles amitiés pour la vie. 

    Cette classe de mer a donc été annulée à contrecœur par notre équipe, mais nous n’avions malheureusement pas le choix. Nous avons donc décidé de mener une autre action en faveur de ces jeunes grâce à votre généreux soutien. Depuis la création de l’association il y a 15 ans, l’aide aux clubs de sport a toujours été un des axes de notre action. C’est dans cette direction que nous avons décidé d’aller cet été. Nous avons rendu visite à de nombreuses enclaves et constitué rapidement plusieurs dossiers de demande d’aide, que nous avons étudiés attentivement. Nous avons sélectionné cinq clubs qui font un travail admirable avec des moyens dérisoires, à chaque fois grâce au dévouement d’un ou plusieurs entraineurs, qui les portent à bout de bras. (Retrouvez le portrait d’un de ces entraineurs en cliquant ici.)

    Des sourires sous les casques

    À Silovo, près de Gnjilane à l’Est du Kosovo, les trente élèves du club de taekwondo ont accueilli nos volontaires dans le gymnase du village. Ce club s’est créé en 2014, après que le taekwondo soit devenu très populaire en Serbie grâce à la victoire de la Serbe Milica Mandic aux Jeux Olympiques de Londres en 2012. Nous avions aidé ce club peu après sa création, et il s’est depuis développé de belle façon. Ses élèves participent aujourd’hui, avec des résultats encourageants, à des compétitions en Serbie centrale et en Macédoine, toute proche (Skopje n’est qu’à 80 km). Nos volontaires ont pu assister à une démonstration de combats avec les protections tout juste sorties de leur emballage. L’un d’eux a raconté ensuite : « les sourires des combattants rayonnaient malgré la concentration du combat et les casques protégeant les visages ».

    Puis c’est à Pasjane, à quelques kilomètres de là, que nos volontaires ont retrouvé la cinquantaine d’élèves du de football « Sainte Serbie ». Sur un grand plateau herbeux surplombant de village niché entre les collines, un grillage délimite un espace rectangulaire où se tiennent deux buts de football sans filet. Sur le gazon trop haut, aucun marquage au sol. C’est pourtant ici que s’entrainent ces joueurs de 7 à 15 ans, dont l’équipe des 13 ans a remporté l’an dernier le championnat des enclaves, se qualifiant ainsi pour le championnat de Serbie. Un beau résultat dont toute l’équipe peut être fier. Nous leur avons offert des maillots, des joggings, des ballons neufs et du matériel divers.

    Le plus grand club de foot du Kosovo

    Quelques jours plus tard, nos volontaires sont allés visiter la trentaine de jeunes du club d’athlétisme de Priluzje, entrainés de main de fer par notre ami Dejan Dimitrijevic. Nous leur avons apporté du matériel divers qui leur permettra de rendre leur entrainement plus efficace et de débuter dans d’autres épreuves d’athlétisme : aujourd’hui, faute de matériel, le club est spécialisé dans la course à pied.

    Les deux derniers clubs visités sont à nouveau des clubs de football (voir encadré) : le FK « Sitnica », au centre du Kosovo, dont les 25 élèves jouent dans la ligue serbe, et le FK « 28 juin » près de Gracanica. Ce dernier, créé il y a trois ans, est l’un des plus grands clubs du Kosovo avec ses 100 joueurs de tous âges venant de toute l’enclave de Gracanica.

    Enfin, des travaux sont actuellement en cours dans les enclaves de Bostane et d’Osojane, deux des enclaves les plus isolées du Kosovo, où nous faisons construire deux aires de jeux pour les plus petits, avec toboggans et balançoires. Les enfants ne parlent que de ça en ce moment!

    Avec cette opération, ce sont donc 15000 euros que nous avons utilisés exclusivement pour les enfants du Kosovo-Métochie cet été. C’est-à-dire très exactement le budget que nous attribuons chaque années à la classe de mer.

  • La « Convention citoyenne pour le climat », par Aristide Renou.

    La « Convention citoyenne pour le climat » qui vient de s’achever a offert une démonstration presque parfaite des raisons pour lesquelles la « démocratie participative » est une très mauvaise idée, qui devrait être rejetée par tous les véritables amis de la liberté politique.

    Le cas de cette « Convention » mériterait désormais de figurer dans tout bon manuel de science politique, à titre de contre-exemple et d’avertissement.

    En premier lieu, il convient de rappeler que la « démocratie participative » n’est pas et ne peut pas être spontanée. Etant donné que nous avons déjà des institutions et des gouvernants, la « participation citoyenne » est nécessairement organisée par les institutions préexistantes, qui délimiteront son cadre, ses participants, ses pouvoirs, les questions qui seront examinées et les suites qui seront données à la « délibération ».

    Mais n’importe qui ayant participé à une réunion sait que les questions de procédure sont fondamentales et notamment que « le commencement est la moitié du tout », c’est-à-dire que le simple fait de décider quelle sera la ou les questions examinées lors de la réunion revient à orienter très fortement la discussion et à prédéterminer la conclusion.

    En l’occurrence le mandat donné par le gouvernement à la Convention était « de définir une série de mesures permettant d’atteindre une baisse d’au moins 40 % des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030 (par rapport à 1990) dans un esprit de justice sociale. »

    C’est sur la base de ce mandat qu’ont été choisi les 150 participants à la Convention. Ceux-ci ont été tirés au sort parmi tous ceux qui ont répondu favorablement, au téléphone (les numéros appelés étant eux-mêmes tirés au sort), à la question suivante :

    « La Convention Citoyenne Pour le Climat annoncée par le Président Emmanuel Macron est organisée par le Conseil économique, social et environnemental.
    L’objectif de cette convention est d’aller plus loin et plus vite dans la lutte contre le changement climatique et de donner davantage de place à la participation citoyenne dans la décision publique.
    (…)
    Sur le principe, indépendamment des dates de la manifestation, acceptez-vous de participer à cette Convention Citoyenne pour le Climat ? »

    Autrement dit, on peut être à peu près certain que tous ceux qui ont accepté de participer appartenaient à la partie de la population française qui est persuadée qu’il est nécessaire « d’aller plus loin et plus vite dans la lutte contre le changement climatique ». Tous ceux qui auraient pu apporter un point de vue discordant sur ce sujet ont été éliminés d’emblée par le mode de sélection.

    On nous assure pourtant que l’échantillon des 150 personnes sélectionnées était « représentatif de la population française », ce qui est une pure carabistouille – pour parler comme notre bien-aimé président.
    La question mérite d’être examinée avec un peu d’attention.

    L’institut Harris Interactive, chargé de la sélection des participants, a fait en sorte que les 150 personnes retenues soient représentatives de l’ensemble de la population du point de vue du sexe, de l’âge, du niveau de diplôme, de la catégorie socio-professionnelle, des types de territoires, et de la zone géographique. C’est-à-dire que, par exemple, Harris a retenu 51% de femmes et 49% d’hommes, étant donné que la population française est composée à 51% de femmes et à 49% d’hommes ; et ainsi de suite.

    Mais pourquoi avoir choisi ces six critères ? Pourquoi, par exemple, ne pas avoir cherché à établir un échantillon représentatif du point de vue de la couleur des cheveux, ou bien du point de vue de la taille ?

    La réponse est que les six critères choisis sont censés être pertinents du point de vue des orientations politiques, alors que la couleur des cheveux et la taille sont censés être dépourvus de pertinence. Plus précisément, les instituts de sondage présupposent que l’âge, le sexe, la catégorie socio-professionnelle, etc. sont des « marqueurs d’orientation politique », c’est-à-dire que nos opinions politiques sont censées être liées avec ces caractéristiques. Alors que notre taille et la couleur de nos cheveux sont réputées n’avoir aucune influence sur nos opinions politiques. C’est ainsi que les sondeurs établissent leurs échantillons dits représentatifs : ils infèrent ce qui ne peut pas être connu directement – les orientations politiques – à partir de ce qui peut aisément être observé et quantifié.

    Cette manière de procéder est contestable à plus d’un titre – personne, par exemple, n’a jamais été capable d’expliquer de manière satisfaisante pourquoi nos opinions politiques seraient déterminées par notre âge, notre sexe, etc. – et en réalité les échantillons des sondeurs sont constitués essentiellement par tâtonnements successifs, mais le point qui nous intéresse est le suivant : la vraie diversité est celle des opinions. En politique, un échantillon est représentatif si les différentes orientations politiques présentes dans la population totale se retrouvent dans les mêmes proportions dans l'échantillon. Les variables socio-économiques utilisées par les sondeurs sont censées être uniquement un reflet de cette diversité-là.

    Prendre ces variables socio-économiques pour la diversité politique elle-même revient à prendre la carte pour le territoire ; et constituer un échantillon qui soit « représentatif » de la population totale du point de vue socio-économique mais en n’y incluant que des personnes ayant les mêmes orientations politiques fondamentales revient à prendre pour le territoire la carte d’un pays qui n’existe pas.

    Ce qui est très exactement le cas de la Convention Citoyenne pour le Climat : si celle-ci est représentative de quelque chose, c’est de la diversité socio-économique de la population des écologistes convaincus. En aucun cas elle ne peut être considérée comme représentative de « l’opinion publique » française.

    En second lieu, le propre d’une « assemblée citoyenne » de ce genre, à la différence d’une assemblée représentative élue, est d’être irresponsable de ce qu’elle fait. C’est-à-dire que ceux qui y participent n’ont pas eu à présenter leurs idées et leurs personnes à leurs concitoyens pour être élus et qu’ils n’auront jamais à rendre compte des décisions qu’ils prennent à ceux à qui ces décisions vont s’appliquer. Ils n’ont aucune sanction à craindre pour ce qu’ils vont décider. Une telle assemblée est donc dépourvue de tout principe de modération et aura une tendance naturelle à se diriger vers les mesures les plus extrêmes et les plus tyranniques, qui paraissent toujours les plus « efficaces » lorsqu’on n’a à craindre aucun retour de bâton.

    En troisième lieu, et pour aggraver les deux défauts précédents, la Convention Citoyenne pour le Climat était, par définition, monothématique : le climat, le climat, le climat ! C’est-à-dire que les participants étaient invités à ignorer superbement ce qui constitue le cœur de toute délibération et de toute action politique, à savoir l’art du compromis ; l’art de concilier, autant que possible, des biens tendanciellement inconciliables, de ménager des intérêts opposés et parfois ennemis, de conserver une concorde minimale au sein du corps politique en dépit des vives passions qui l’agitent nécessairement. Ici tout était subordonné à une seule considération : « lutter contre le changement climatique », et les seuls compromis qu’il était nécessaire de trouver était entre ceux qui estimaient que la semaine de 28 heures serait une bonne idée et ceux qui jugeaient que cette question sortait du cadre de la Convention, soit entre Khmers verts et verts Khmers.

    Quatrièmement, l’un des principes fondamentaux de ce genre d’exercice de « démocratie participative » est que, comme l’a dit un jour Ségolène Royal, jamais à court d’une stupidité démagogique, « les citoyens sont les meilleurs experts de leur propre vie », par quoi il faut entendre que tout le monde est expert en tout et pleinement légitime pour donner son avis sur tous les sujets. Comme il est écrit sur le site de la Convention, à propos des contributions des participants (tirés au sort, rappelons-le) : « Chacun des 150 participants et participantes apportera sa propre expertise » et « d’autres encore vont prendre le temps de se documenter personnellement tandis que certains participent plutôt en réagissant de façon émotionnelle : tous ces apports sont également importants pour la formation de la volonté de la Convention et la mise au point de ses propositions. »

    Un avis informé vaut autant qu’un avis non informé, un avis réfléchi vaut autant qu’un avis irréfléchi et (implicitement) toutes les intelligences se valent. Ce principe de l’égalité a priori de toutes les opinions revient en pratique à favoriser les plus stupides et les plus ignorants, que leur stupidité et leur ignorance rendront imperméables aux arguments un peu subtils et informés, et surtout revient à favoriser ceux qui sauront manipuler les préjugés de la grande masse des ignorants et des imbéciles.

    Enfin, il faut ajouter que, pour parer à l’éventualité extrêmement improbable où la Convention se serait légèrement écartée du dogme climatique, celle-ci était encadrée par un « Comité de gouvernance », co-présidé par Laurence Tubiana, ex-représentante spéciale du gouvernement français pour la conférence Paris Climat 2015 (COP21), et Thierry Pech, directeur de Terra Nova, autrement dit Khmer vert et vert Khmer. Par ailleurs, est-il écrit sur le site de la Convention, « pour répondre aux questions factuelles des membres de la Convention, le Comité de Gouvernance a fait appel à plusieurs centres de recherche afin de constituer une équipe de personnes ressources, fact-checkers. » Parmi ces « fact-checkers » chargés d’alimenter la Convention en informations, 10 sur 16 appartenaient à « l’Institut de la transition environnementale », dont le nom suffit à attester son adhésion au dogme climatique. Autant dire que les « fact-checkers » de la Convention ne devaient rien avoir à envier à ceux du Monde ou de Libération.

    Avec tout cela, comment s’étonner de ce qui est sorti de ladite Convention ? Soit un mélange de propositions à égales mesures despotiques, stupides et destructrices, comme par exemple créer un crime « d’écocide », créer une « haute autorité » chargée de faire respecter les « limites planétaires jugées soutenables pour la survie de l'humanité », limiter à 110kmh la vitesse sur autoroute (mesure que l’on suppose provisoire avant l’interdiction pure et simple de l’automobile) ou taxer à 4% les dividendes distribués au-delà de 10 millions d'euros ; pour ne citer que quatre propositions parmi le vaste catalogue de mesures soviétoïdes élaborées par la CCPC. A noter que 35% des participants à la Convention ont voulu adopter la proposition « réduire le temps de travail hebdomadaire à 28h », juste pour situer l’orientation idéologique et le niveau intellectuel de l’ensemble. Entre CCPC et CCCP, il n’y a que la position d’une lettre.

    Si encore toutes ces propositions en restaient au stade de propositions, le mal ne serait pas encore trop grand. Mais il est désormais à craindre que le gouvernement, qui est l’origine de cette calamiteuse Convention, ne s’abrite derrière les conclusions de cette dernière pour faire adopter des mesures qui ont sa faveur, ainsi que celle d’une minorité très active de la population, mais qui n’auraient sans doute jamais pu être adoptées s’il avait fallu en passer par le processus législatif ordinaire, s’il avait fallu les soumettre à une véritable délibération politique.

    La demande de démocratie participative est en grande partie une réponse à la dégénérescence des institutions de la démocratie représentatives, au fur et à mesure que celles-ci étaient dépossédées, ou se laissaient déposséder, de leurs pouvoirs au profit de la technostructure, que celle-ci soit nationale ou européenne, administrative ou judiciaire. Mais, loin de redonner la parole et le pouvoir au peuple, la démocratie participative risque fort de s’avérer une nouvelle ruse de la technostructure pour continuer à gouverner sans le peuple.

  • Gouverner sans peuple, par Aristide Renou.

    Source : https://www.politiquemagazine.fr/

    La « Convention citoyenne pour le climat » qui vient de s’achever a offert une démonstration presque parfaite des raisons pour lesquelles la « démocratie participative » est une très mauvaise idée, qui devrait être rejetée par tous les véritables amis de la liberté politique.

     

    Le cas de cette Convention mériterait désormais de figurer dans tout bon manuel de science politique, à titre de contre-exemple et d’avertissement. En premier lieu, il convient de rappeler que la « démocratie participative » n’est pas et ne peut pas être spontanée. Étant donné que nous avons déjà des institutions et des gouvernants, la « participation citoyenne » est nécessairement organisée par les institutions préexistantes, qui délimiteront son cadre, ses participants, ses pouvoirs, les questions qui seront examinées et les suites qui seront données à la « délibération ».

    Mais n’importe qui ayant participé à une réunion sait que les questions de procédure sont fondamentales et notamment que « le commencement est la moitié du tout », c’est-à-dire que le simple fait de décider quelle sera la ou les questions examinées lors de la réunion revient à orienter très fortement la discussion et à prédéterminer la conclusion.

    Représentatifs de quoi ?

    En l’occurrence, le mandat donné par le gouvernement à la Convention était « de définir une série de mesures permettant d’atteindre une baisse d’au moins 40 % des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030 (par rapport à 1990) dans un esprit de justice sociale. »

    C’est sur la base de ce mandat qu’ont été choisi les 150 participants à la Convention. Ceux-ci ont été tirés au sort parmi tous ceux qui ont répondu favorablement, au téléphone (les numéros appelés étant eux-mêmes tirés au sort), à la question suivante :

    « La Convention Citoyenne Pour le Climat annoncée par le Président Emmanuel Macron est organisée par le Conseil économique, social et environnemental. L’objectif de cette convention est d’aller plus loin et plus vite dans la lutte contre le changement climatique et de donner davantage de place à la participation citoyenne dans la décision publique. […] Sur le principe, indépendamment des dates de la manifestation, acceptez-vous de participer à cette Convention Citoyenne pour le Climat ? »

    Autrement dit, on peut être à peu près certain que tous ceux qui ont accepté de participer appartenaient à la partie de la population française qui est persuadée qu’il est nécessaire « d’aller plus loin et plus vite dans la lutte contre le changement climatique ». Tous ceux qui auraient pu apporter un point de vue discordant sur ce sujet ont été éliminés d’emblée par le mode de sélection.

    On nous assure pourtant que l’échantillon des 150 personnes sélectionnées était « représentatif de la population française », ce qui est une pure carabistouille – pour parler comme notre bien-aimé président. La question mérite d’être examinée avec un peu d’attention.

    L’institut Harris Interactive, chargé de la sélection des participants, a fait en sorte que les 150 personnes retenues soient représentatives de l’ensemble de la population du point de vue du sexe, de l’âge, du niveau de diplôme, de la catégorie socio-professionnelle, des types de territoires, et de la zone géographique. C’est-à-dire que, par exemple, Harris a retenu 51% de femmes et 49% d’hommes, étant donné que la population française est composée à 51% de femmes et à 49% d’hommes ; et ainsi de suite.

    Mais pourquoi avoir choisi ces six critères ? Pourquoi, par exemple, ne pas avoir cherché à établir un échantillon représentatif du point de vue de la couleur des cheveux, ou bien du point de vue de la taille ?

    La réponse est que les six critères choisis sont censés être pertinents du point de vue des orientations politiques, alors que la couleur des cheveux et la taille sont censés être dépourvus de pertinence. Plus précisément, les instituts de sondage présupposent que l’âge, le sexe, la catégorie socio-professionnelle, etc. sont des « marqueurs d’orientation politique », c’est-à-dire que nos opinions politiques sont censées être liées avec ces caractéristiques. Alors que notre taille et la couleur de nos cheveux sont réputées n’avoir aucune influence sur nos opinions politiques. C’est ainsi que les sondeurs établissent leurs échantillons dits représentatifs : ils infèrent ce qui ne peut pas être connu directement – les orientations politiques – à partir de ce qui peut aisément être observé et quantifié.

    Cette manière de procéder est contestable à plus d’un titre – personne, par exemple, n’a jamais été capable d’expliquer de manière satisfaisante pourquoi nos opinions politiques seraient déterminées par notre âge, notre sexe, etc. – et en réalité les échantillons des sondeurs sont constitués essentiellement par tâtonnements successifs, mais le point qui nous intéresse est le suivant : la vraie diversité est celle des opinions. En politique, un échantillon est représentatif si les différentes orientations politiques présentes dans la population totale se retrouvent dans les mêmes proportions dans l’échantillon. Les variables socio-économiques utilisées par les sondeurs sont censées être uniquement un reflet de cette diversité-là.

    Prendre ces variables socio-économiques pour la diversité politique elle-même revient à prendre la carte pour le territoire ; et constituer un échantillon qui soit « représentatif » de la population totale du point de vue socio-économique mais en n’y incluant que des personnes ayant les mêmes orientations politiques fondamentales revient à prendre pour le territoire la carte d’un pays qui n’existe pas.

    Ce qui est très exactement le cas de la Convention Citoyenne pour le Climat : si celle-ci est représentative de quelque chose, c’est de la diversité socio-économique de la population des écologistes convaincus. En aucun cas elle ne peut être considérée comme représentative de « l’opinion publique » française.

    Khmers verts et verts Khmers

    En second lieu, le propre d’une « assemblée citoyenne » de ce genre, à la différence d’une assemblée représentative élue, est d’être irresponsable de ce qu’elle fait. C’est-à-dire que ceux qui y participent n’ont pas eu à présenter leurs idées et leurs personnes à leurs concitoyens pour être élus et qu’ils n’auront jamais à rendre compte des décisions qu’ils prennent à ceux à qui ces décisions vont s’appliquer. Ils n’ont aucune sanction à craindre pour ce qu’ils vont décider. Une telle assemblée est donc dépourvue de tout principe de modération et aura une tendance naturelle à se diriger vers les mesures les plus extrêmes et les plus tyranniques, qui paraissent toujours les plus « efficaces » lorsqu’on n’a à craindre aucun retour de bâton.

    En troisième lieu, et pour aggraver les deux défauts précédents, la Convention Citoyenne pour le Climat était, par définition, monothématique : le climat, le climat, le climat ! C’est-à-dire que les participants étaient invités à ignorer superbement ce qui constitue le cœur de toute délibération et de toute action politique, à savoir l’art du compromis ; l’art de concilier, autant que possible, des biens tendanciellement inconciliables, de ménager des intérêts opposés et parfois ennemis, de conserver une concorde minimale au sein du corps politique en dépit des vives passions qui l’agitent nécessairement. Ici tout était subordonné à une seule considération : « lutter contre le changement climatique », et les seuls compromis qu’il était nécessaire de trouver étaient entre ceux qui estimaient que la semaine de 28 heures serait une bonne idée et ceux qui jugeaient que cette question sortait du cadre de la Convention, soit entre Khmers verts et verts Khmers.

    Quatrièmement, l’un des principes fondamentaux de ce genre d’exercice de « démocratie participative » est que, comme l’a dit un jour Ségolène Royal, jamais à court d’une stupidité démagogique, « les citoyens sont les meilleurs experts de leur propre vie », par quoi il faut entendre que tout le monde est expert en tout et pleinement légitime pour donner son avis sur tous les sujets. Comme il est écrit sur le site de la Convention, à propos des contributions des participants (tirés au sort, rappelons-le) : « Chacun des 150 participants et participantes apportera sa propre expertise » et « d’autres encore vont prendre le temps de se documenter personnellement tandis que certains participent plutôt en réagissant de façon émotionnelle : tous ces apports sont également importants pour la formation de la volonté de la Convention et la mise au point de ses propositions. »

    Un avis informé vaut autant qu’un avis non informé, un avis réfléchi vaut autant qu’un avis irréfléchi et (implicitement) toutes les intelligences se valent. Ce principe de l’égalité a priori de toutes les opinions revient en pratique à favoriser les plus stupides et les plus ignorants, que leur stupidité et leur ignorance rendront imperméables aux arguments un peu subtils et informés, et surtout revient à favoriser ceux qui sauront manipuler les préjugés de la grande masse des ignorants et des imbéciles.

    Enfin, il faut ajouter que, pour parer à l’éventualité extrêmement improbable où la Convention se serait légèrement écartée du dogme climatique, celle-ci était encadrée par un « Comité de gouvernance », co-présidé par Laurence Tubiana, ex-représentante spéciale du gouvernement français pour la conférence Paris Climat 2015 (COP21), et Thierry Pech, directeur de Terra Nova, autrement dit Khmer vert et vert Khmer. Par ailleurs, est-il écrit sur le site de la Convention, « pour répondre aux questions factuelles des membres de la Convention, le Comité de Gouvernance a fait appel à plusieurs centres de recherche afin de constituer une équipe de personnes ressources, fact-checkers. » Parmi ces « fact-checkers » chargés d’alimenter la Convention en informations, 10 sur 16 appartenaient à l’Institut de la transition environnementale, dont le nom suffit à attester son adhésion au dogme climatique. Autant dire que les « fact-checkers » de la Convention ne devaient rien avoir à envier à ceux du Monde ou de Libération.

    Mesures soviétoïdes

    Avec tout cela, comment s’étonner de ce qui est sorti de ladite Convention ? Soit un mélange de propositions à égales mesures despotiques, stupides et destructrices, comme par exemple créer un crime « d’écocide », créer une haute autorité chargée de faire respecter les « limites planétaires jugées soutenables pour la survie de l’humanité », limiter à 110kmh la vitesse sur autoroute (mesure que l’on suppose provisoire avant l’interdiction pure et simple de l’automobile) ou taxer à 4% les dividendes distribués au-delà de 10 millions d’euros, pour ne citer que quatre propositions parmi le vaste catalogue de mesures soviétoïdes élaborées par la CCPC. À noter que 35% des participants à la Convention ont voulu adopter la proposition « réduire le temps de travail hebdomadaire à 28h », juste pour situer l’orientation idéologique et le niveau intellectuel de l’ensemble. Entre CCPC et CCCP, il n’y a que la position d’une lettre.

    Si encore toutes ces propositions en restaient au stade de propositions, le mal ne serait pas encore trop grand. Mais il est désormais à craindre que le gouvernement, qui est l’origine de cette calamiteuse Convention, ne s’abrite derrière les conclusions de cette dernière pour faire adopter des mesures qui ont sa faveur, ainsi que celle d’une minorité très active de la population, mais qui n’auraient sans doute jamais pu être adoptées s’il avait fallu en passer par le processus législatif ordinaire, s’il avait fallu les soumettre à une véritable délibération politique.

    La demande de démocratie participative est en grande partie une réponse à la dégénérescence des institutions de la démocratie représentatives, au fur et à mesure que celles-ci étaient dépossédées, ou se laissaient déposséder, de leurs pouvoirs au profit de la technostructure, que celle-ci soit nationale ou européenne, administrative ou judiciaire. Mais, loin de redonner la parole et le pouvoir au peuple, la démocratie participative risque fort de s’avérer une nouvelle ruse de la technostructure pour continuer à gouverner sans le peuple.

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  • Dans votre quotidien, cette semaine...

    LAFAUTEAROUSSEAU sans inscription.jpg= Dernière chronique, ce lundi, avant les vacances pour Louis-Joseph Delanglade, qui reprendra du service dès le lundi 2 septembre. Le "roulement" des collaborateurs est assurée sur lafautearousseau, cette année comme les précédentes, afin que votre quotidien vous accompagne chaque jour de ces deux mois d'été : pas de "vacance" pour la diffusion de nos idées ! pas de "vacance" pour le militantisme, et la réaction immédiate, "à chaud" et "en temps réel", sur tout ce qui se passera pendant ces deux mois d'été... Seul le jour du 15 août (comme celui de Pâques et de la Noël) sera libre de toute note (sauf l'Ephéméride) et proposera - Racines chrétiennes de la France obligent... - un document sur l'Assomption, en ce jour qui fut, longtemps, le jour de la Fête nationale...

    Vous avez pris l'habitude, maintenant, de retrouver tous ces Lundis de Louis-Joseph Delanglade sur la page d'accueil du Blog, en haut à gauche, juste au dessous de la Présentation de notre Quotidien et des Activités partout en France.  

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     juillet 2013 120.jpg= Pour son numéro d'été (juillet/août), Politique magazine a eu la bonne idée de jouer l'originalité : consacrer la totalité de ce numéro spécial à un Dossier sur l'ensemble des Manifs pour tous, leurs causes, leurs développements, leurs conséquences... Ce mouvement, durable et immense, a, en effet, non seulement étonné la France et les Français mais aussi, n'en doutons pas, le monde entier. Pour reprendre l'heureuse formule de Jean Dutourd, il a "étonné le monde".

    Les collaborations sont de qualité : Jean-François Mattéi, Jacques Trémolet de Villers, Jean Sévillia, Frédéric Rouvillois, Ludovine de la Rochère, Béatrice Bourges, l'abbé Guillaume de Tanouärn, Pierre Chalvidan... On lira l'éditorial, rédigé cette fois-ci par Hilaire de Crémiers, et dont le tittre récapitule et résume bien ce numéro : L'espérance. 

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    roms camp.jpg= L'avenir des Roms est en Roumanie, pas en France, dans des squatts dégradants, ou sur des terrains dépourvus de tout ce qui sied à une vie normale - fût-elle pauvre - et indignes d'êtres humains.

    Nous prendrons le contre-pied exact des propos ahurissants de Jean-Marc Coppola - du Front de Gauche - qui a osé comparer "les Roms en France" à Auschwitz ! : a-t-il perdu à ce point la raison, pour tenir des propos aussi insensés et extravagants, dont on peut se demander, à bon droit, s'ils sont plus scandaleux que débiles, ou l'inverse ?....?

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    VIOLENCE COURNEUVE 4000.jpg= On reviendra une fois encore - une fois de plus !... - sur ces Cités, zones de non-droit (!) et de délinquance/trafics en tous genre, organisés et prospérant en plein jour, au vu et au su de tous, que le gouvernement entend "rénover", à coups de milliards gaspillés en pure perte, et qui manquent cruellement ailleurs : à nos Armées, dans nos Hôpitaux, pour la Recherche, créatrice d'emploi et qui prépare l'avenir...

    Ces Cités ont été mal conçues, mal construites, puis abandonnées aux Mafias : on ne peut rien pour elle, sauf les détruire pour reconstruire, à leur place, un habitat de qualité et décent, digne d'êtres humains, qui remplacera enfin cette honte que sont aujourd'hui ces barres et ces tours : un habitat criminogène...

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    NRU 32.jpg= Christian Franchet nous a justement parlé de l'Insurrection de l'esprit, la semaine dernière, en ouverture du n° 32 de La Nouvelle Revue Universelle.

    Il nous dévoilera ce que l'on trouvera dans ce numéro : * DOSSIER : LES MALADIES MORTELLES DE LA DéMOCRATIE (Antoine de Crémiers et Danièle Masson);  * GEOPOLITIQUE : L’UNION EUROPEENNE SURVIVRA-T-ELLE ? (par Gilles Varange); * ECONOMIE : REMETTRE EN CAUSE LE PARADIGME (François Reloujac); * QUESTIONS DE DEFENSE : GARE à L’EFFET « LIGNE MAGINOT » (suite à l'étude de Mathieu Epinay sur la force française de dissuasion publiée dans le n° 31, Claude Wallaert pose quelques questions...);  * Prolongeant cette réflexion, le général Claude Mouton médite sur le devenir de l’armée française en s’intéressant à la préparation de la récente « loi de programmation militaire », mieux connue sous le nom de Livre blanc; * UNE EXPOSITION AU LOUVRE : L’Allemagne ET NOUS (Dominique Decherf); * 40 ANS APRèS SA MORT, MARITAIN  TOUJOURS EN DéBAT (Yves Floucat); * RESISTANCE ET POLITIQUE : DU 18 JUIN à LA LIBERATION DE PARIS (André Pertuzio et Louis Gonnet); * QUEBEC LIBRE (Philippe Kaminski a organisé la participation française à la manifestation de la place Royale à Québec); * YVAN BLOT ET LES FAUX-PROPHETES ("discussion" entre Pierre Le Vigan et Yvan Blot...)...  

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  • Où est l’union européenne ? Par François RELOUJAC

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    La victoire du parti Syriza aux élections grecques a mis en lumière les difficultés de l’Union européenne à proposer des plans de sauvetage économique : elle semble, désormais, à court d’idées. 

    Les élections législatives grecques ont été profondément marquées par la politique européenne et l’ingérence des états étrangers. Elles traduisent la faillite totale des régimes de partis et d’une « Union » qui prive les pays de leur propre souveraineté. Elles révèlent aussi le triomphe de la sphère financière sur l’économie réelle dont le plan imaginé par Mario Draghi est la manifestation la plus symptomatique. 

    Depuis près de cinq ans, maintenant, la Grèce est entrée dans une crise grave et le « plan de sauvetage » appliqué en force par les autorités européennes n’a pas donné les effets annoncés. Il n’est pas question ici de revenir sur les causes de la déroute grecque, ni sur les astuces comptables et les lâchetés politiques qui ont conduit à l’admission du pays dans la zone euro, ni sur la politique monétaire européenne qui a permis à l’Allemagne de développer son système économique au détriment de ceux de ses « partenaires ». Force est cependant de constater que le programme d’austérité imposé au pays a conduit au démantèlement du droit du travail, à l’explosion du chômage, à la réduction des pensions de retraite, à la disparition quasi totale des mécanismes de protection sociale, à l’effondrement de la valeur des biens immobiliers, à la contraction du produit intérieur brut et à l’explosion de la charge de la dette que ce programme était censé rendre supportable. Le seul résultat positif de ce plan drastique a été de permettre aux banques – essentiellement allemandes et françaises, lesquelles avaient cru trouver en Grèce un nouvel eldorado – de céder directement ou indirectement une grande partie du risque qu’elles portaient à leur gouvernement.  

    Aussi le résultat des élections grecques du dimanche 25 janvier n’a-t-il rien d’étonnant. Il fallait s’y attendre. Le parti Syriza d’Alexis Tsipras n’a fait que coaguler les révoltes grecques et il a préféré s’allier avec le parti AN.EL., de Panos Kammemos, souverainiste, pourtant par ailleurs conservateur, pour bien marquer une volonté grecque de s’en sortir en dépit des autres politiciens et des partenaires européens. La pression sur l’Europe sera forte et l’Union européenne n’a plus d’autre politique que financière.

     

    Une Europe financière qui cherche à sauver ses régimes de retraite 

    Aujourd’hui, le système d’« assouplissement quantitatif » (« Quantitative Easing » ou « QE ») mis en place aux états-Unis, et dans une moindre mesure en Grande-Bretagne, arrive au bout de ses possibilités. Mais, s’il est arrêté, il risque, d’une part, de pousser les taux d’intérêts à la hausse – ce qui ferait chuter les cours des titres cotés en Bourse, mettant alors en difficulté les fonds de pension, compagnies d’assurance-vie et autres caisses de retraite – et, d’autre part, de peser sur le cours du dollar, ce qui aurait pour effet de nuire un peu plus aux exportations européennes. D’un point de vue psychologique, cet effondrement de la valeur de l’épargne, ajouté à une baisse du prix du pétrole et des autres matières premières échangées en dollars sur les marchés internationaux et à un ralentissement des ventes à l’étranger, ne pourrait avoir qu’un effet dépressif sur les populations européennes. Le président de la Banque centrale européenne a décidé de réagir. Adieu le mythe de l’euro fort, cher à Jean-Claude Trichet ; aujourd’hui, la priorité est à la baisse de l’euro par tous les moyens. Plusieurs années après les Anglo-Saxons, la BCE se lance donc dans une politique d’assouplissement quantitatif sans chercher à expliquer les résultats qu’une telle politique entraînera sur le long terme ni ce qui a véritablement été obtenu outre-Atlantique par une telle méthode. 

    Dans une première analyse, on peut donc considérer que l’objectif poursuivi par le président de la BCE est de faire baisser le cours de l’euro par rapport au dollar, fût-ce au prix d’une déstabilisation complète des partenaires européens, qu’ils « bénéficient » ou non de la monnaie unique. Cette déstabilisation, quant à elle, est bien réelle et a été immédiate. Ce fut d’abord le franc suisse qui, dès que le plan de la BCE a été considéré comme inéluctable, a subi une pression à la hausse qui a rendu la Banque nationale suisse incapable de suivre la politique économique adaptée à l’économie de son pays. Accessoirement, cet échec de la politique suisse a conduit à mettre en difficulté les collectivités publiques françaises qui avaient fait le pari de se financer en francs suisses. Pour les mêmes raisons, la Banque nationale du Danemark a aussi été contrainte de réagir, mais elle a choisi de le faire différemment : désormais les dépôts effectués auprès d’elle sont soumis à un taux d’intérêt négatif (-0,35 %) ! Une façon de dire aux spéculateurs : « si vous placez votre argent chez moi, je vous volerai »… Mais une telle politique ne peut réussir que si les spéculateurs sont persuadés que le « vol » de la Banque nationale danoise est inférieur aux risques que leur font courir les manipulations de cours des principales monnaies internationales (dollar et euro).  

     

    Des « tests de résistance »  

    Dans une seconde analyse, on ne peut pas ignorer les mesures d’accompagnement qui sont réclamées par toutes les « Autorités ». Depuis le début de la mise en condition de l’opinion publique européenne pour lui faire accepter ce nouveau plan de la BCE, on explique que cette stratégie ne pourra être opérante que dans la mesure où les états adopteront les « réformes » nécessaires, c’est-à-dire le démantèlement de leur droit du travail, comme en Grèce.  

    Dans un troisième temps, il faut se demander s’il n’existe pas des causes moins avouables ou moins faciles à expliquer. Il y a quelques semaines, la BCE a effectué ce que l’on a appelé un « stress test » ou « test de résistance ». Il s’agissait officiellement de « modéliser » les conséquences, pour chaque grande banque, d’un accident sur les marchés financiers internationaux. La plupart des banques ont satisfait au test… mais l’on sait que les hypothèses retenues pour ce test étaient particulièrement douces. On a mis la moyenne à tout le monde de peur de traumatiser les déposants. Mais les notes attribuées à chacune n’ont pas trompé la BCE. Ce n’est pas pour rien que le plan mis en place par Mario Draghi – sous la pression d’Angela Merkel – a prévu que 80 % du risque serait à la charge de banque centrale nationale pour financer les banques de son propre pays… Ce qui permet d’aider plus les banques allemandes et françaises qu’italiennes, espagnoles ou portugaises. à chacun ses mauvaises créances… Et, en fait, ses mauvaises dettes. 

     

    Politique magazine

     

  • Alain de Benoist : « Nous faisons la guerre chez eux, ils font la guerre chez nous »

     

    Nous voici de nouveau d'accord avec Alain de Benoist. D'accord avec les fines et pertinentes réflexions qu'il expose dans Boulevard Voltaire. (Entretien du 28.11.2015). Comme Michel Onfray - au moins en partie - Alain de Benoist se montre critique à l'égard de l'interventionnisme des « Occidentaux » dans l'ensemble du monde musulman. Sans doute faut-il y voir surtout une remise en cause des guerres inconséquentes que nous y menons depuis des décennies. Et nous en avons, en effet, les résultats tragiques aujourd'hui. Nous retiendrons aussi de cet entretien les deux derniers paragraphes de conclusion où il y a une forte critique tout à fait justifiée de ce leitmotiv sans cesse mis en avant depuis le 13 novembre selon lequel la société française se composerait de citoyens consommateurs et festifs, seulement voués à se « distraire ». Sur l'indéniable décadence de l'Occident, sur le rôle irremplaçable de la Nation, sur les méfaits mortels du déracinement français et européen, Alain de Benoist rappelle ici des vérités essentielles. Lafautearousseau 

         

    1530443371.jpgAprès les attentats commis à Paris en janvier dernier, des millions de gens avaient défilé dans les grandes villes en hurlant « Je suis Charlie ». Dans les jours qui ont suivi les attentats du 13 novembre, on a seulement vu quelques rassemblements sporadiques, auxquels s’est ajouté l’« hommage national » présidé par François Hollande dans la cour d’honneur des Invalides. Pourquoi cette différence ?

    Les attentats de janvier et ceux de novembre sont très différents. En janvier dernier, les terroristes islamistes avaient massacré des journalistes auxquels ils reprochaient d’avoir « blasphémé » contre Mahomet, puis ils avaient tué des juifs au seul motif qu’ils étaient juifs. Il était alors facile pour les manifestants, qui dans leur grande majorité n’étaient ni juifs ni journalistes, de se dire solidaires de « Charlie » ! Le 13 novembre, au contraire, les terroristes n’ont pas visé de cibles particulières. Au Bataclan, ils n’ont pas demandé aux spectateurs de décliner leur origine ou leur religion. Ils ont massacré tous ceux qui étaient là sans distinction d’âge, de sexe, de croyance, d’appartenance ou de profession. On a ainsi compris que tout le monde est devenu une cible potentielle. L’équivalent d’une douche froide.

    Même si dans les deux cas les auteurs des attaques étaient les mêmes (de jeunes délinquants « radicalisés »), les motifs étaient également différents. L’attaque contre Charlie Hebdo était de nature « religieuse », celle contre le Bataclan de nature politique. Le 13 novembre, les terroristes voulaient sanctionner notre engagement militaire en Syrie : c’est la politique étrangère française qui était visée. Hollande l’a bien compris, puisqu’il a immédiatement ordonné à l’aviation française d’intensifier ses frappes, tandis qu’il s’engageait lui-même dans une vaste tournée diplomatique. Comme l’a écrit Dominique Jamet, « nous ne pouvons faire la guerre au loin et avoir la paix chez nous ». Nous faisons la guerre chez eux, ils font la guerre chez nous. C’est aussi simple que cela.

    Plusieurs familles de victimes ont refusé de participer à la cérémonie des Invalides, parce qu’elles considèrent le gouvernement actuel comme le premier responsable des attentats. Une réaction exagérée ?

    Pas vraiment. Le 13 novembre, il a fallu plusieurs heures, durant lesquelles des dizaines de spectateurs du Bataclan ont été tirés comme des lapins, avant que l’on voie arriver les hommes de la BRI. Cela pose déjà un problème. Mais ce sont avant tout les failles du système français de renseignement qui doivent être montrées du doigt. Sur le plan intérieur, le « renseignement territorial » (recueil et analyse des données) est en effet vital, les plans Vigipirate ou Sentinelle, qui font patrouiller dans les rues des soldats réduits à l’état de vigiles, se bornant à créer une présence visible qui a pour seul but de rassurer la population sans vraiment la protéger.

    La Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) a succédé, l’an dernier, à la DCRI, née en 2008, sous la présidence de Nicolas Sarkozy, de la fusion de la Surveillance du territoire (DST) – service à vocation avant tout judiciaire et opérationnelle – et des Renseignements généraux (RG) – service d’information sans aucune attribution judiciaire. Cet organisme hybride, qui a cumulé les défauts de ses deux composantes, a rapidement accumulé les échecs et les erreurs (voir le rapport Verchère-Urvoas de 2013). Plus douée pour espionner les journalistes que pour lutter contre le djihadisme, la DGSI dispose de beaucoup de renseignements sur des milliers d’individus dangereux mais, par manque de formation criminologique sérieuse, elle peine à trouver les moyens d’identifier ceux qui sont véritablement prêts à passer à l’acte. Elle n’a, en outre, toujours pas compris que les terroristes ne sont plus aujourd’hui des Ben Laden mais des jeunes bandits des « quartiers ». Les attentats de ces dernières années en sont le résultat. En Tunisie, après l’attentat du musée du Prado, tous les responsables du renseignement ont été démis de leurs fonctions. On peut regretter qu’il n’en soit pas allé de même en France.

    L’État islamique ne se cache pas de mépriser une civilisation occidentale qu’il estime « décadente et dépravée ». Que lui répondre ?

    Que l’Occident soit aujourd’hui décadent est un fait – et c’est également un fait que les interventions occidentales au Proche-Orient n’ont abouti, depuis 1990, qu’à généraliser la guerre civile et le chaos. Mais la pire des réponses serait de se faire gloire de nos tares. C’est, au contraire, la décadence qui nous rend incapables de faire vraiment face au djihadisme, dans la mesure où elle est toujours le prélude à une dissolution. Après les attentats de janvier, François Hollande exhortait à se remettre à « consommer ». Ces jours-ci, il appelait à continuer à « se distraire ». La cérémonie des Invalides donnait elle-même envie de pleurer, pas de se battre. Ce n’est pourtant pas avec des chansons de variétés que l’on stimule le courage et la volonté, ou que l’on recrée les conditions d’une amitié nationale. Comme l’écrit Olivier Zajec, « ce sont les nations, et non la consommation ou la morale, qui redonnent forme et sens au monde ».

    La guerre est une forme de rapport à l’autre qui implique aussi un rapport à soi. Cela signifie que, « pour savoir ce que sont nos intérêts, il nous faut d’abord savoir qui nous sommes » (Hubert Védrine). Dans L’Enracinement, Simone Weil constatait que « des êtres déracinés n’ont que deux comportements possibles : ou ils tombent dans une inertie de l’âme presque équivalente à la mort, ou ils se jettent dans une activité tendant à déraciner toujours plus, souvent par les méthodes les plus violentes, ceux qui ne le sont pas encore ou qui ne le sont qu’en partie ». Face à l’universalisme qui conduit au déracinement, l’Europe n’a d’autre alternative que d’affirmer ce qui la constitue en propre. 

     

    Entretien réalisé par Nicolas Gauthier - Boulevard Voltaire

  • Pourquoi l'Algérie s'oppose à la marocanité du Sahara

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    par Peroncel-Hugoz 

    Jean Pierre Péroncel-Hugoz a recueilli les propos de l'ambassadeur Alain Pierret sur l'époque où une partie du Sahara était département français. Il en profite pour donner un coup de dent à la mauvaise mémoire algérienne. Des prières dans les mosquées à Tindouf étaient dites pour le Sultan du Maroc.

     

    peroncel-hugoz 2.jpgAlain Pierret est un ancien élève de l'Ecole de la France d'outremer. Il a été sous-préfet au Sahara puis diplomate, notamment ambassadeur à Niamey, à Tel-Aviv, à Bruxelles et au Vatican. Nous l'avons rencontré récemment en Provence où il mène une très active retraite, publiant articles et livres*. Nous savions qu'en 1934, quand l'armée française atteignit l'oasis de Tindouf, plus d'un siècle après son débarquement en Algérie, elle constata que la prière musulmane y était dite pour le sultan du Maroc, ce qui n'empêcha pas ladite armée d'annexer purement et simplement cette région saharienne d'obédience marocaine; en revanche nous ignorions, et Alain Pierret nous l'apprend, qu'en 1961, à près de 1000 km à l'est de Tindouf, au Sahara central, la prière était dite pour Sa Majesté chérifienne… 

    Voici quelques-unes des réflexions de M. Pierret :  

     UN FAIT COLONIAL FRANCAIS ... 

    « Reconnaître et soutenir résolument la " république sahraouie", comme le fait Alger depuis 40 ans c'est avaliser l'annexion par le colonisateur français** de territoires sahariens historiquement marocains. Situation paradoxale... » 

    Rappelons que le gouvernement provisoire algérien, durant la guerre d'indépendance (1954-1962) et alors qu'il recevait une aide consistante de Rabat, avait promis au Maroc de revoir ces annexions françaises une fois l'indépendance algérienne acquise. Cette promesse fut allègrement « oubliée » par Alger après 1962...  

    UN GUERRIER ESPAGNOL AU SERVICE DU MAROC ... 

    « Peut-on parler d'"annexion" du Sahara occidental pour le Maroc au jour du retrait, en 1975, de l'administration coloniale espagnole ? La réponse est simple : pendant plus de trois siècles ce Sahara fut incontestablement marocain. Le confirment les expéditions de Djouder-Pacha *** jusqu'au Niger en 1591, pour le compte du sultan saâdien Ahmed El Mansour, et l'itinéraire de l'explorateur français René Caillé, durant la décennie 1820, de Tombouctou à la côte atlantique via le Tafilalelt » 

    LA PRIÈRE POUR LE SULTAN...  

    In-Salah, est aujourd'hui un chef-lieu d'arrondissement (daïra)  du département de Tamanrasset, au Sahara algérien, un arrondissement peuplé d'environ 35 000 âmes. En 1961, avant-dernière année de l'Algérie française, In-Salah était une préfecture du département des Oasis. Voici ce que nous en dit Alain Pierret:  

    « Au lendemain du putsch d'Alger, en avril 1961, je fus nommé par Paris sous-préfet d'In-Salah. Le district comportait à Aoulef, escale aérienne pour la traversée du désert, un important quartier des Chorfas, où le vendredi, à la mosquée, les fidèles priaient pour le roi du Maroc. Il est permis de douter que cette pratique ait pu se maintenir après l'indépendance de l'Algérie, en juillet 1962... Rappelons que cette oasis est  950 km à l'est de Tindouf ! » 

    LA STUPEUR DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DE L'ONU 

    « Le Péruvien Javier Perez de Cuellar, secrétaire général de l'ONU de 1982 à 1991, et hispanophone de langue maternelle, rencontra en 1985 à Addis-Abeba le chef du Polisario, Mohamed Abdelaziz. Il s'adressa naturellement à lui en espagnol, langue dispensée dans les écoles de la Saguia-el-Hamra et du Rio-de-Oro durant la colonisation de ces territoires par Madrid, et il constata que M. Abdelaziz ne comprenait pas cette langue... » 

    M.Perez de Cuellar ignorait que Mohamed Abdelaziz est né le 17 août 1947 à Marrakech, sous le règne de Mohamed-V et sous le protectorat français et a été étudiant à l'Université Mohamed-V. Le secrétaire général de l'ONU ne savait pas non plus que presque toute la famille de Mohamed Abdelaziz vivait (et vit toujours en 2016) au Maroc non-saharien, à Kasba-Tadla, Casablanca, Agadir, etc.  

    Retraité des Forces armées royales, le père du chimérique président du Polisario a d'ailleurs, à notre époque, été décoré par le roi Mohammed VI... 

     

    * Notamment "De la case africaine à la villa romaine", L'Harmattan, Paris, 2010  

    ** Une France coloniale par ailleurs inlassablement vilipendée par l'Algérie officielle, un demi-siècle après l'indépendance... 

    *** Génial aventurier espagnol devenu général des armées marocaines qu'il conduisit jusqu'au fleuve Niger. Il mourut en 1606.  

    Péroncel-Hugoz

    Repris du journal en ligne marocain le 360 du 1.04.2016

  • Culture & Francophonie • Qu'est ce qu'une « armée linguistique » ?

     

    Par Péroncel-Hugoz

    Notre chroniqueur n’a pas pu se rendre au XIVe Congrès mondial des professeurs de français mais il en a reçu les documents de travail et a épluché les textes utilisés par cette grande réunion où le Maroc fut l’une des vedettes.

     

    peroncel-hugoz 2.jpgC’est dans l’ancienne principauté épiscopale du Saint Empire romain germanique, Liège, en Belgique wallonne, que s’est tenu en juillet le grand raout international des enseignants francophones : soit plus de mille professeurs de 140 pays des cinq continents délégués par cette « armée linguistique » mondiale, dont la seule arme est un idiome, celui de Senghor, Nédali et Houellebecq, diffusé actuellement par pas moins de 180 000 « profs ». 

    LE ROLE DE MALRAUX 

    Ce n’est pas parce que la France officielle, malgré quelques coups de gueule toujours verbaux, regarde avec commisération voire mépris, du haut de son actuel tropisme anglo-américain, cette Francophonie pourtant jaillie de ses flancs à l’époque du président de Gaulle (1959-1969) et de son ministre des Affaires culturelles, Malraux, que la langue française stagne. 

    Au contraire ! D’ailleurs, cet éminent militant francophone (et arabophone) que fut l’Egyptien Boutros Boutros-Ghali, ancien chef et des Nations-Unies et de la Francophonie, l’avait prévu, allant jusqu’à dire à la fin du XXe siècle : « Si la Francophonie se fait, ça sera sans doute malgré la France …» Son compatriote, l’illustre cinéaste Youssef Chahine, avait proclamé, lui, que « L’Etat français le veuille ou non, la Francophonie, alliée à l’Arabophonie et à l’Hispano-Lusophonie, sera le rempart majeur s’opposant à l’anglo-saxonisation de la planète ». Et l’écrivain algérien iconoclaste, Kateb Yacine, parlant encore plus cru, avait crié partout lui, que le français était un « butin » que les anciens colonisés avaient fait leur et que cette langue mènerait désormais sa vie propre sans se soucier des humeurs bonnes ou mauvaises de Paris … 

    CHATT, SEFRIOUI, CHRAIBI … 

    Cet esprit de résistance indépendante paraît avoir marqué les travaux de Liège, où le professorat marocain fut en lumière grâce notamment aux décisions éducatives, royales et gouvernementales, prises en 2016 pour renforcer, dans le cycle primaire, l’enseignement de l’idiome des Chatt, Séfrioui et autres Chraïbi, pour ne citer que des anciens du paradis littéraire de la Chérifie. 

    Voici quelques chiffres probants extraits des documents de travail du Congrès de Liège : entre 2010 et 2014, le nombre d’écoliers et d’étudiants utilisant le français à travers le monde, tous pays confondus, a augmenté de 6%. Cette progression a atteint jusqu’à 45% en Afrique, Maroc compris. Si, en 2016, le Congrès a estimé que 212 millions de personnes de tous âges se servent quotidiennement du français sur les cinq continents, ce chiffre (mais n’est-il pas un peu optimiste quand même ?) pourrait atteindre, selon la même source, 715 millions d’ici à 2050, dont 85% en Afrique septentrionale et occidentale. 

    LES NUAGES DU DJIHADISME 

    Cependant, deux enseignants maghrébins, Samir Merzouki et Djamel Bendiha, ont tenu devant leurs pairs, à pointer les lourds nuages que fait passer depuis quelque temps au Maghreb et au Machrek (rappelons que l’Egypte et le Liban sont de longue date des membres actifs de la Francophonie) « l’esprit djihadiste », hostile à toute autre langue que l’arabe classique. Comme réponse à cet ostracisme naissant, les congressistes ont audacieusement décidé que la prochaine conférence générale internationale des profs de français, se tiendrait en 2020 dans la capitale de la poterie d’art tunisienne : Nabeul. Espérons que d’ici là il n y aura pas trop de casse au pays du jasmin et des grenades-fruits … 

    L’«armée linguistique» est prête à se battre mais seulement avec des lettres, du style et aussi de la grammaire, en souhaitant en faveur de celle-ci une entreprise de simplification à l’échelle de toute la Francophonie ; sinon à quoi sert l’Organisation internationale de la Francophonie, OIF, basée à Paris et animée par une Haito-canadienne, qu’on aimerait voir un peu moins mondaine et voyageuse, et un peu plus axée sur des sujets « ennuyeux » mais vitaux pour l’avenir du français comme la « rationalisation » de la langue française, en vue d’une vraie réforme universelle et non pas une réformette comme celle de 1990 que les bureaux parisiens ont tenté, seuls dans leur coin, de relancer en vain cette année … 

    CLASH ET RUSH, AFFRONTEMENT ET RUÉE … 

    Parmi les messages, textos, et autres « gazouillis » échangés à Liège entre participants, voici quelques recommandations pour renoncer aux fausses facilités de l’anglo-américain afin de décrire la modernité, dès lors, et c’est le plus souvent le cas, qu’existent déjà des mots français. Ainsi, « textait », un prof tangérois, depuis Liège : Chers partenaires francophones, ne dites plus clash, rush, slash, leadership, bankable, think-thank, melting-pot, at, web, e-mail ou se crasher mais dites affrontement, ruée, barre, hégémonie, rentable, boîte-à-idées, creuset, arobase, Toile, courriel, s’écraser, etc. Dont acte !   

    Lire ...

    Abdekader Chatt, « Mosaïques ternies », premier texte littéraire marocain francophone, 1932, réédité à la fin du XXe siècle par Wallada, Casablanca ; « L’Ame marocaine », suivi des « Mousquetaires de Rabat » par François Bonjean, Africorient, Casablanca, 2016 ; « 100 anglicismes à ne plus jamais utiliser » par Jean Maillet. Ed du Figaro littéraire, Paris, 2016 ; « La langue française dans le monde », rapport 2014-2015 pour le Congrès de Liège »

    Rappel ...

    La Francophonie fut lancée par André Malraux en 1970, à Niamey, au Niger avec une vingtaine de pays. En 2016, plus de 70 Etats sont membres, à titres divers, de l’OIF. Parmi les parrains historiques de la Francophonie : le roi Sihanouk du Cambodge, le président Bourguiba de Tunisie, le président Hélou du Liban, le gouvernement autonome du Québec, l’écrivain marocain Driss Chraïbi, le cinéaste égyptien Youssef Chahine, l’académicien français Maurice Druon, la revue parisienne « Esprit » etc. 

    Peroncel-Hugoz

    Repris du journal en ligne marocain le360 du 12.08.2016