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Rechercher : qu'est ce que le système ?

  • Dans votre quotidien cette semaine...

    LAFAUTEAROUSSEAU sans inscription.jpg= Toute chose, même, bonne a une fin, hélas; mais, heureusement, les mauvaises aussi : demain, lundi, jour de l'Epiphanie  notre "période sans" s'achève, et nous retrouverons l'Editorial de Louis-Joseph Delanglade qui, sur un sujet d'actualité nationale ou internationale donnera la ligne du journal et fixera notre position...

    Nous disons "demain" mais, en fait, pour ceux qui rongent leur frein depuis trois semaines, et se contentent de relire Les Lundis de Louis-Joseph Delanglade, c'est dès ce soir, à partir de minuit que l'attente prendra fin : lafautearousseau paraît en effet tous les soirs à partir de minuit, de 5 en 5 minutes, en commençant par l'Ephéméride du jour, puis notre Rubrique "Activités partout en France" et ainsi de suite; c'est donc à 0h30 que les plus pressés, les noctambules et couche-tard, les insomniaques où les lève tôt (très tôt...!) ont accès à la dernière note du jour, qui apparaît donc en premier sur la page d'accueil... Plus qu'un peu de patience, donc...

     
    IMG_0096.jpg= Mardi, afin d'élargir les horizons et de traiter d'encore plus de sujets, nous jeterons un oeil sur les liens partagés sur notre Page Facebook Lafautearousseau Royaliste et sur les liaisons établies grâce à notre compte Twitter A.F.Royaliste : celui-ci commence à être connu, le nombre de "re-tweets" continue d'augmenter, et les messages amicaux, de sympathie et d'encouragements aussi : nous touchons ainsi des personnes que nous n'aurions peut-être jamais atteintes, ou beaucoup plus tard, et la diffusion de nos idées s'en trouve accélérée : en ouvrant ce compte, nous avons créé cette synergie/trilogie Quotidien sur le Net / Page Facebook / Compte Twitter qui démultiplie nos ouvertures vers l'extérieur...

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    2014 JANVIER.jpg= Mercredi, avant de présenter bientôt plus à fond le numéro 34 de La Nouvelle Revue universelle - dont nous avons simplement, pour l'instant, annoncé la parution... - nous présenterons le nouveau numéro (125) de Politique magazine, en donnant l'Editorial de Jean-Baptiste d'Albaret.

    On peut dire que ce numéro débute l'année brillamment, en réunissant les collaborations de Jean-François Mattéi ("Gender, la mort du sexe"), Pierre Chalvidan ("Sainte famille"), Gérard Leclerc ("Du bon usage des crises"), Georges-Henri Soutou ("L'Iran et la bombe"), Jean des Cars ("L'Histoire est de chair et de sang")Jacques Trémolet de Villers ("La marche des robes n'aura pas lieu"), et en proposant un entretien avec Mgr Marc Aillet ("Un printemps des consciences")...

    Avec, évidemment, les rubriques habituelles, dont l'analyse politique d 'Hilaire de Crémiers ("Libérer la France"), Christian Tarente ("Drogue : l'Etat défaillant ") etc...

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    APPRENTI 1.jpgJeudi, on parlera social/économie/éducation, avec l'excellent reportage diffusé juste avant Noël par France 2 , et envoyé par David Pujadas.

    En effet, sans contestation possible, le 16 décembre, c'est à France 2 qu'est revenue la palme du bon reportage : Le miracle suisse. C'est sous cet intitulé que la chaîne a consacré la 43ème édition de son émission documentaire Un oeil sur la planète.

    Cette émission montre bien comment la Suisse a un taux de chômage des jeunes extrêmement faible, grâce au recours massif à l'apprentissage; cet apprentissage méprisé chez nous, et même maintenant empêché par un Vincent Peillon qui veut absolument, à 14 ans, garder les enfants à l'école. Et, pour quoi faire ? Mais, pour les endoctriner, bien sûr, pour les "conformater", pour en faire de bons petits républicains; et, tant pis si, à la sortie, c'est direction "Pole emploi" !...

    Eh, oui, à lafautearousseau, on n'est ni ronchon ni grognon, on n'a pas mal au foie, et on tâche d'être juste : on critique assez les "prestations" souvent politisées de trop de journalistes pour ne pas prendre son bien où et quand on le trouve; et, de David Pujadas à Gilles Bouleau, à chaque fois qu'à la télé un journaliste nous offre du réel et du vrai, on s'en réjouit et on le signale...

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    bernard pascaud 1.jpgEnfin, vendredi, nous donnerons la parole à Bernard Pascaud, pour son texte Délégitimer la République : qu'on l'appelle "République", "Régime", "Système" ou comme on voudra, le "semble Etat" (pour reprendre l'expression de Boutang) qui nous régit - si mal !... - fait chaque jour un peu plus la preuve de son inefficacité, autant que de sa malfaisance; son échec est patent, total, et dans tous les domaines il abaisse la France, qui ne reste ce qu'elle est que parce qu'elle a un "incroyable talent" - pour reprendre, sous forme de boutade amusée le titre d'une émission de télévision : c'est par les Français, par leur travail, par leur ingéniosité et leur courage, et certainement pas par ses Institutions. que la France compte encore...

    Et, donc, comme le dit Bernard Pascaud, "...délégitimer la république est aujourd’hui la forme la plus nécessaire de l’action politique. J’ai conscience en écrivant cela de commettre un blasphème contre cette république du Panthéon dont les frères de Peillon voudraient réactiver le culte. Même si le régime s’en charge lui-même, il convient d’accompagner le mouvement et de l’amplifier jusqu’à  l’amener à sa conclusion politique logique..."  

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    =Et, bien sûr, on réagira "en temps réel" à l'actualité immédiate, et on parlera de tout ce dont on ne sait pas encore que l'actualité nous amènera à évoquer... Et toutes les notes précédentes seront accompagnées de notes plus courtes, plus ramassées, permettant de réagir et de donner notre sentiment face à tel propos, tel fait, tel article qui feront la "une" de la semaine à venir... 

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    capture d'ecran blog.jpg= On aura aussi, comme d'habitude le samedi, notre note en deux parties :

    1. D'abord, une revue des Blogs, de Facebook, des magazines  et d'ailleurs;

    2. Et, ensuite, on donnera les liens que des lecteurs ont envoyés :

    N'hésitez pas à nous faire parvenir des liens sur des sujets qui vous ont paru importants...   

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    LE FRANCE.jpg=
     
    On aura, évidemment, les Ephémérides, car c'est "tout cela, tous ceux-là, aussi, la France" : de la célébration de l'Epiphanie ("couter Lully Marche des Rois Marche pour le Régiment de Turenne.mp3 ) au lancement du France... en passant par : le sacre de Philippe le Bel; le début du procès de Jeanne d'Arc; la mort de La Hire et de Charles d'Orléans; la mort de Charles le Téméraire; le mariage de Louis XII et d'Anne de Bretagne; François de Guise qui reprend Calais aux Anglais; les origines de la Galerie du Bord de l'eau; Louis XIV, enfant, qui quitte Paris pour échapper à la Fronde; le début du grand froid de 1709; la fondation de l'Ecole des Ponts et Chaussées; les origines de la Chapelle expiatoire; l'inauguration de l'Opéra Garnier; le début des travaux du Canal de Panama; la mort de Napoléon III; la IIIème République qui vend la collection des Joyaux de la Couronne; la découverte du Cratère de Vix; la première parution des aventures de Tintin; le premier Journal parlé, la première de Cinq Colonnes à la Une et les débuts d' "Apostrophe"...

    Sans oublier les naissances de Vaugelas, Simon Vouet, Montgolfier; Cathelineau; Jean-Baptiste Say; Bernadette Soubirous; Charles Péguy; Roger Guillemin; et les décès de Philibert Delorme, Antoine Coypel, Charles Cressent, Riesener; du Baron de Batz; de Louis Braille, Verlaine et du Baron Haussmann; de Stavisky et du Maréchal de Lattre de Tassigny ...

    En plus de la Table des Matières (pour les 366 jours de l'année, 

  • TVA sociale, l'élixir miracle ? par François Reloujac

    (Analyse économique de François Reloujac, parue dans le numéro de février -104 - de Politique magazine)

     En cette période pré-électorale, le gouvernement à court d’imagination doit faire face à une crise sans précédent dont personne ne sait comment sortir. Mais, voulant prouver qu’il maîtrise toujours la situation, il a annoncé la mise en place d’une « TVA sociale ». Ce nouveau slogan destiné à « vendre » aux populations désemparées une nouvelle augmentation des impôts qu’elles supportent directement, est révélateur de l’incurie politique actuelle. 

            Les mots ont depuis longtemps remplacé la réflexion et les idées ; ils servent de voile à l’absence de vision politique et déguisent en courage la vacuité de l’agitation réformatrice érigée en dogme. Car, si l’on y réfléchit cinq secondes, une TVA n’est ni sociale ni anti-sociale. Ce n’est ni son but, ni même une de ses qualités cachées. L’accouplement des deux termes ne poursuit qu’un seul objectif : faire croire que la purge aura bon goût ! 

    tva 1.jpg 

            Qu’est-ce que la TVA sinon un impôt sur la consommation ? 

            Probablement le plus souple et le plus efficace inventé jusqu’à présent. Il suffit de faire varier le taux applicable en fonction des productions frappées pour favoriser telle ou telle d’entre elles, pour pénaliser tel ou tel secteur d’activité. Une TVA très faible – voire à taux zéro – sur les produits de première nécessité permet de donner aux populations les plus défavorisées accès à tout ce dont elles ont besoin sans pour autant les désigner à la vindicte des couches plus aisées qui finissent par avoir l’impression de travailler pour d’autres et contre leurs propres intérêts. La TVA est, dans le monde d’aujourd’hui, le seul impôt non discriminatoire puisqu’il ne dépend pas a priori d’un choix de la population à taxer, mais des choix de consommation de chacun. Cet impôt, né en France, imaginé par un banquier français, Maurice Lauré, a paru tellement intelligent qu’il a été très largement exporté dans le monde entier. Il est devenu, par excellence, l’impôt européen de base. Au point que désormais nul pays n’est plus libre d’en fixer unilatéralement le taux sans tenir compte des fourchettes imposées par l’ensemble de l’Union européenne. Hélas, ces fourchettes sont nettement trop étroites pour donner à chaque gouvernement la liberté d’action suffisante pour faire face aux besoins de sa politique et beaucoup trop larges pour assurer – sans transferts permanents de fonds entre les pays – la stabilité d’une monnaie unique.

            Le défaut majeur de la TVA c’est qu’elle est un impôt trop subtil pour ne pas avoir tenté tous ceux qui ont voulu s’en servir à des fins électoralistes, quitte à le dévoyer. On a ainsi manipulé les taux de la TVA pour favoriser certains secteurs d’activité, comme la restauration, par exemple, ou les travaux effectués au sein des bâtiments à usage d’habitation. On a – il fut un temps aujourd’hui révolu – utilisé cette même manipulation du taux de la TVA pour lutter contre l’accès par Minitel à des sites pornographiques. Ces deux exemples, bien connus, mais pris parmi une multitude d’autres, montrent combien la TVA peut servir à mettre en place une politique que l’on n’a pas le courage d’assumer. Et ces politiques sont toujours votées, quasiment sans discussion, par un Parlement qui ne joue plus le rôle pour lequel il a été inventé : consentir à l’impôt, c’est-à- dire aussi refuser l’impôt si celui-ci risque de créer dans la société des désordres plus graves que les avantages qui en sont attendus.

            Dernier avatar donc, de cette dégénérescence d’un impôt efficace : la « TVA sociale ». La constatation qui a conduit à en adopter l’idée est incontestable. La solution envisagée est simple à mettre en œuvre. La justification de son adoption peut être résumée en un slogan digne des grandes agences de publicité. 

            Sa perception est indolore car imperceptible dans la vie de tous les jours. Mais à quoi servira-t-elle vraiment ?

     

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     30 juin 2009 : Christine Lagarde, alors ministre de l'Economie et des Finances, pour le lancement de la TVA à 5,5% dans la restauration

     

    Français : consommez plus !

            Une augmentation de deux ou trois points de TVA sur les opérations de la vie courante passera inaperçue. Qu’une baguette de pain soit vendue 90 ou 95 centimes n’entraînera pas une révolution. Mais, en fin d’année, appliquée à toutes les opérations marchandes, cela finit par faire plusieurs milliards. La consommation risque-t-elle d’en souffrir ? Certes ! Mais si cela se produit, on pourra toujours accuser les banques de ne pas avoir soutenu ladite consommation en limitant la distribution des crédits à la consommation. Lors de la réforme de ce crédit à la consommation par Mme Lagarde, on a jugé indispensable de développer en même temps des mesures pour rendre les banques responsables des nouvelles situations de surendettement : c’était la seule façon de « moraliser » un système fondé sur un accroissement permanent de la consommation sans aucune augmentation corrélative des salaires distribués. Pour soutenir l’économie nationale, les Français étaient sommés de consommer plus. Mais, comme les entreprises françaises sont déjà grevées de trop de charges, elles ne devaient surtout pas risquer d’être obligées d’augmenter encore les salaires alors que ceux des concurrents étrangers – qui n’ont pas les mêmes charges, ni les mêmes contraintes, mais qui peuvent vendre librement en France – restent nettement moins élevés. Il suffisait donc qu’ils empruntent. Et comme les emprunts à la consommation ne doivent conduire qui que ce soit à l’exclusion sociale, il suffisait de rendre les banques « responsables » des situations de surendettement. Ce qui fut fait !

            On s’étonne aujourd’hui que cela n’ait pas permis à l’économie de repartir, ni réduit la tendance des entreprises « françaises » – dont le capital est très largement détenu par des « opérateurs » anonymes étrangers, notamment des fonds de pension – à délocaliser leur production, poussant ainsi le chômage à la hausse et conduisant une nouvelle fois la consommation à la sta-gnation. L’équation est donc la même, mais la solution proposée a fait long feu. Il faut inventer autre chose… tout en respectant le dogme fondamental du libre-échange mondial ! Comment, donc, rendre les entreprises compétitives face à leurs concurrents qui produisent dans des pays où le salaire minimum est inférieur à 150 euros par mois et où les charges sociales n’ont pour but ni de couvrir les retraites ni les dépenses de maladie ? Il suffit de baisser les charges sociales ! Et, pour combler le trou qui en résultera nécessairement alors que les dépenses de retraite et de santé augmentent considérablement – vieillissement de la population oblige –, il suffit de substituer à ces diminutions de recettes une nouvelle source : l’augmentation de la TVA. Du coup, on peut l’affubler du qualificatif de « social » puisqu’elle a pour but officiel de faciliter les « relocalisations ».

     

    Aucun impact sérieux sur l’économie

            L’efficacité de la « TVA sociale » ne sera pas supérieure à celle de la loi ayant réformé le crédit à la consommation : elle sera nulle, dans le meilleur des cas. Non pas que l’idée ne soit pas théoriquement défendable mais, si l’on veut qu’elle atteigne véritablement son but – qui n’est en fait qu’une conséquence indirecte –, il faut d’abord une augmentation très importante des taux (de plus de cinq ou six points, voire même dix), ce qui est politiquement insupportable et, de toute façon, contraire aux traités européens. C’est même une mesure dont le seul effet serait d’achever définitivement l’euro. Il faut ensuite imposer aux entreprises qui en bénéficieraient et qui, corrélativement, verraient leurs charges sociales diminuer, soit d’embaucher à due concurrence de nouveaux salariés – ce qui ne serait pas forcément utile dans tous les secteurs de production –, soit d’augmenter à due concurrence les salaires des personnes en place. Cela ne se fera pas. C’est pourquoi l’opposition déclare, dans son langage courant, qu’une telle mesure relève de « l’ultra-libéralisme » ! Quoi qu’il en soit, cette décision n’aura aucun impact sérieux sur le fonctionnement de l’économie ; mais son but ne sera- t-il pas atteint si les entreprises qui en seront les premières bénéficiaires soutiennent, y compris financièrement, la campagne de tel ou tel candidat à l’élection présidentielle ? Finalement, d’un point de vue politique, le candidat qui, sur cette question, a eu le mot le plus juste est François Bayrou : « Le gouvernement d’un grand pays, ça ne se fait pas en improvisant à la dernière minute ce qu’on n’a pas fait pendant cinq ans ». ■

  • Jean Sévillia : « La France catholique n'a pas dit son dernier mot »

     

    Par Jean-Christophe Buisson

    Une interview où Jean Sévillia fait un point fort intéressant sur le poids, l'importance, le positionnement, les orientations, en bref sur la situation des catholiques de France et leur avenir. Un sujet qui concerne actuellement plus que jamais le domaine proprement politique. LFAR    

    Historien, essayiste et journaliste, Jean Sévillia publie un superbe album illustré qui constitue, par le texte et par l'image, un état des lieux du catholicisme en France aujourd'hui. Cette interview a été donnée au Figaro magazine.

    La France catholique : le titre du livre que vous publiez n'est-il pas provocateur ?

    Tel n'est pas son objectif, en tout cas. Evoquer la France catholique, c'est rappeler les faits. En premier lieu en ce qui concerne la population française. S'il est interdit aux organismes publics de procéder à des statistiques sur l'appartenance religieuse, de nombreuses études opérées par des instituts de sondage fournissent des indications fiables. Selon une récente enquête, 56 % des Français se déclarent catholiques, 8 % musulmans, 1,4 % protestants, 1,4 % orthodoxes, 1,3 % bouddhistes et 0,8 % juifs, 27 % des sondés se présentant comme sans religion. 56 % de catholiques déclarés, c'est ce qu'on appelle une majorité. En chiffres, on sait que le pays compte 44 millions de baptisés, ce qui fait, sur 65 millions d'habitants, les deux tiers de la population. Sous l'influence d'une laïcité exacerbée qui voudrait effacer le fait religieux de l'espace public, sous l'incidence, également, du grand nombre de questions intérieures et extérieures touchant à l'islam ou aux musulmans et qui finissent par accaparer les débats, on en viendrait à oublier, et pour certains à occulter, que le catholicisme reste la religion d'origine ou de référence de la majeure partie de la population française.

    Mais une religion qui est de moins en moins pratiquée…

    Certes. Au début des années 1960, environ 90 % des Français se présentaient comme catholiques, dont 35 % de pratiquants réguliers ou occasionnels ; au début des années 1970, les pourcentages étaient encore de 82 % de catholiques déclarés et de 20 % de pratiquants. Aujourd'hui, les catholiques pratiquants représentent entre 4,5 et 6 % de la population. Ce recul spectaculaire tient à des causes multiples: disparition de la vieille société rurale, bouleversements socioculturels des années 1960-1970, sécularisation du monde occidental. D'une société qui, en dépit de la laïcité officielle et de la séparation de l'Eglise et de l'Etat, était héritière d'une société de chrétienté, nous sommes passés à une société du libre choix religieux, dans un contexte d'incroyance généralisée. Néanmoins, en 2015, la France compte 3 millions de catholiques pratiquants réguliers et 10 millions de pratiquants occasionnels, soit 13 millions de personnes. S'il s'agit d'une minorité, cette minorité est numériquement la première minorité de France. Quant au long terme, les projections montrent qu'en 2045, le pays comptera entre 33 et 37 millions de baptisés, ce qui sera encore une masse considérable.

    Mais la France catholique, c'est aussi une culture ?

    C'est un patrimoine de 100 000 édifices religieux, dont 150 cathédrales et 45 000 églises paroissiales. C'est un enracinement bimillénaire qui s'observe dans la toponymie (4 400 communes portent un nom de saint), dans le calendrier civil où les six plus grandes fêtes chrétiennes sont des jours fériés, dans les traditions populaires, de la crèche de l'Avent aux œufs de Pâques. C'est tout un héritage artistique, littéraire et musical. C'est un héritage intellectuel et philosophique: tous les grands penseurs français, même s'ils n'étaient pas chrétiens, ont eu à se situer par rapport au catholicisme, ce qui revenait à reconnaître la place centrale de celui-ci dans notre histoire. La France catholique, ce sont encore les principes de base qui fondent le pacte social: la dignité de la personne humaine, l'égalité entre l'homme et la femme, la solidarité envers les petits et les pauvres, le souci de la justice ou le sens du pardon ont pu être laïcisés, ils expriment une anthropologie tirée des Evangiles. C'est en ce sens que la formule du général de Gaulle selon laquelle «la République est laïque, la France est chrétienne» conserve toute sa pertinence. C'est en ce sens également que les sociologues Hervé Le Bras et Emmanuel Todd ont pu parler récemment d'un «catholicisme zombie», signifiant par là qu'en dépit de la baisse de la pratique religieuse,

    Quel est le poids des catholiques dans la société ?

    Il est énorme, mais il s'exerce de façon discrète. Dans le domaine de l'enseignement, par exemple, une famille française sur deux confie son enfant à un moment ou à un autre de son parcours scolaire à l'enseignement catholique. Même quand les motivations des parents ne sont pas d'ordre religieux, et même quand les établissements fréquentés n'ont qu'une faible identité confessionnelle, les élèves ont un contact, le temps de leur scolarité, avec l'univers catholique. Dans le domaine de l'aide sociale, du caritatif et de l'humanitaire, tant en France que pour les missions françaises à l'étranger, si l'on supprimait d'un trait les associations catholiques, ce serait une perte immense, si nombreux sont les catholiques engagés dans ces secteurs. L'éducation chrétienne, en général, prédispose au bénévolat. Rappelons, par exemple, qu'avec 125 000 membres le scoutisme catholique, toutes tendances confondues, est un des principaux mouvements de jeunesse français.

    Et sur le plan politique, que représentent les catholiques ?

    Politiquement, ils sont divisés. Ce n'est pas nouveau, cela date du XIXe siècle. Il existe des catholiques de gauche, du centre et de droite. Mais, au cours des deux dernières décennies, les équilibres se sont modifiés. Nous avons assisté à la quasi-disparition des chrétiens de gauche, emportés par leurs désillusions consécutives à la présidence de François Mitterrand. Puis à la droitisation du curseur chez les catholiques pratiquants, dont les trois quarts ont voté pour Nicolas Sarkozy au second tour de l'élection présidentielle de 2012. Mais le peuple catholique n'est pas différent du commun des mortels: ce qui prédomine chez lui, c'est une méfiance à l'égard des partis et des hommes politiques actuels, accusés de se préoccuper d'enjeux politiciens ou d'objectifs à court terme, et non des vrais problèmes qui engagent notre avenir. L'opposition au mariage homosexuel, toutefois, a manifesté une capacité de mobilisation des réseaux catholiques qui a surpris tout le monde, y compris les organisateurs des grandes manifestations de 2012-2013. Cette mobilisation, qui a dépassé les clivages traditionnels, marque l'entrée dans l'arène d'une nouvelle génération catholique qui sait être une minorité agissante.

    Qu'est-ce que le pontificat du pape François change pour les catholiques français ?

    Méfions-nous des fausses oppositions entretenues, non sans arrière-pensées, par le système médiatique. La majorité des forces vives du catholicisme français, que ce soit dans le clergé ou chez les laïcs, n'a eu aucun problème, au contraire, avec les pontificats précédents. Le témoignage public de la foi chrétienne par les processions ou les pèlerinages, pratiques qui sont en plein renouveau, l'exigence de formation religieuse ou d'approfondissement spirituel, qui caractérisent la nouvelle génération, sont des legs de Jean-Paul II et de Benoît XVI. Mais l'appel à la radicalité évangélique à laquelle invite François n'a rien pour déplaire à cette nouvelle génération.

    Comment se présente l'avenir pour le catholicisme français ?

    Les évolutions démographiques et sociologiques sont lentes mais implacables. A court et moyen terme, nous allons vers une Eglise de France plus resserrée, plus citadine, où les divisions internes n'auront pas disparu mais se seront déplacées. Dans la mesure où le catholicisme populaire a fondu, le risque est celui de l'entre-soi. La contrepartie de cette homogénéité sociale et culturelle, c'est une vraie cohérence et une garantie de durée. Sur le long terme, si l'on considère le dynamisme de ces mouvements, de ces paroisses et de ces communautés, sans parler de leur vitalité intellectuelle et spirituelle, on peut dire que la France catholique n'a pas dit son dernier mot. 

    Jean-Christophe Buisson 

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    La France catholique, de Jean Sévillia, Michel Lafon, 29,95 €.   

     

  • Des intellos à réaction... Le point de vue de Philippe Bilger*

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    Avec Philippe Bilger qui appelle ici de ses vœux des intellos à réaction, retour sur l'évolution du monde intellectuel français (français et européen). Nous en avons traité maintes fois ces temps derniers, notamment hier, avec les réflexions de Pierre Nora. Et, mardi dernier, avec l'étude de Vincent Trémolet de Villers dans le Figaro magazine (Pourquoi la gauche a perdu les intellectuels). C'est que le fait que la gauche - ce qui est presqu'ingénument proclamé dans tous les médias par Raphaël Glucksmann, pour s'en apitoyer -  soit en train de perdre l'hégémonie idéologique et culturelle, est un phénomène d'importance. Plus encore que la conséquence que l'on peut en attendre qui est la perte du pouvoir politique. Important aussi le fait que, comme le constate Pierre Nora,  ce mouvement de nombre d'intellectuels reconnus tend aujourd'hui, moins vers la droite politique que vers une sorte de réaction conservatrice. Ce dernier adjectif est ambigu. Il pourrait signifier : conservation du Système actuel. Mais nous ne croyons pas qu'il soit pris ici dans ce sens péjoratif. Pour conclure, nous voudrions signaler que ce phénomène d'une sorte de réaction des intellectuels aux errements de la société moderne - ou post-moderne - ramène tout simplement à l'un des tout premiers livres de Charles Maurras qui est L'Avenir de l'Intelligence. Sans vouloir donner de leçons à quiconque, nous conseillons à tout ceux que le sujet intéresse de s'y plonger ou replonger. Il y a dans cet ouvrage visionnaire des perspectives du plus grand intérêt pour notre avenir collectif, celui de notre société. Celui, plus largement encore, de notre Civilisation. Nous aurons sans-doute à y revenir. LFAR   

     

    6830bcccdd66568bec1c72c800487f2b lfar.jpgLes projets de la ministre de l'Education nationale ont mobilisé, généralement contre eux, plusieurs intellectuels de haut niveau mais l'intense débat qui se déroule aujourd'hui sur les rapports de la gauche avec les intellectuels, sur la liberté d'expression, dépasse très largement ces péripéties politiques partisanes quoique fondamentales pour le pays et sa jeunesse.

    Il est d'autant plus stimulant de s'en mêler que de manière pluraliste la réflexion peut s'appuyer sur une série de contributions, d'articles et d'entretiens qui, peu ou prou, stimulent l'intelligence et excitent la contradiction. Il est essentiel, en effet, de rapprocher "Comment la gauche a perdu les intellectuels" de Vincent Trémolet de Villers, "Le politiquement correct à toutes les sauces" de Marion Rousset, la double page du Monde sur "Quand les militants perdent la foi" de l'entretien d'Aymeric Caron dans TéléObs.

    Avant même d'aborder le fond de la discussion, il convient de souligner que si la gauche en effet perd "ses" intellectuels, cela tient à sa responsabilité, moins à cause d'antagonismes de principe que par l'étrange perversion qui a conduit le pouvoir socialiste à se muer en critique littéraire et philosophique et à enjoindre à l'intellect de demeurer partisan et sectaire. De donner tort à l'adversaire même s'il a raison et raison au partisan même s'il a tort.

    L'attitude du Premier ministre, puisque c'est de lui principalement qu'il s'agit, a eu pour effet de coaliser contre elle, gauche et droite confondues, tous ceux qui se préoccupaient de la liberté de l'esprit et de leur indépendance à sauvegarder.

    Il me semble que, dans une même aspiration à décrire le réel tel qu'il est, à dévoiler les problèmes et à les nommer, à dénoncer les blocages et les dérives, sont réunies des personnalités que les concepts de nation, de patrie, d'identité, d'école et de culture mobilisent, certes parfois avec des options différentes mais toujours avec la conscience de l'urgence de ces questions.

    En vrac mais unis par un même souci de la France à préserver et de la France à louer contre tous les miasmes d'une repentance forcenée : Eric Zemmour, Alain Finkielkraut, Pascal Bruckner, Denis Tillinac, Michel Onfray, Natacha Polony, Régis Debray, Éric Naulleau, Chantal Delsol, Gilles-William Goldnadel notamment. Cet énoncé peut paraître surréaliste mais pourtant il se fonde sur des similitudes qui se rapportent d'abord, chez tous, au refus de l'inacceptable.

    Une preuve supplémentaire de cette complicité au-delà des clivages artificiels : on les fait de plus en plus se rencontrer pour des joutes qui sont ou seront en réalité des concordances parsemées de quelques désaccords minimes. Alain Finkielkraut face à Michel Onfray, bientôt à Nice ce dernier dialoguera avec Eric Zemmour. La réaction intelligente parle à la réaction lucide.

    Il y a des bretteurs et il y a les commentateurs.

    Seuls les premiers m'intéressent, ceux que j'appelle les "intellos" à réaction. On a parfois des surprises. J'ai évoqué l'entretien passionnant d'Aymeric Caron et si je déteste sa détestation, qu'il explique, d'Eric Naulleau, je suis d'une part sensible à son honnêteté intellectuelle à mon égard et d'autre part sa controverse avec Caroline Fourest, dont il est sorti honorablement vainqueur, l'a rendu à mes yeux moins répulsif. Surtout, il est clair que tout en n'ayant absolument pas la même conception de la liberté ni la même vision sociale que ceux que j'ai mentionnés, Aymeric Caron est un bretteur à sa manière. Il a exaspéré parce que précisément la tiédeur n'était pas son fort.

    Ce succès éclatant de la pensée aux antipodes du conformisme bête et de la gauche officielle, maintenant qu'il est acquis, devrait entraîner des conséquences qu'il convient de bien mesurer.

    Ces intellectuels qui ont gagné par leur talent et leur profondeur, grâce à la qualité de leur langage, de leurs livres et de leur implication vigoureuse dans le débat public ne doivent plus adopter la posture de martyrs. Globalement, ils sont passés du bon côté. Les pestiférés ne sont plus eux mais les entêtés de l'étouffement. Tous ces êtres que j'apprécie ont médiatiquement remporté la victoire et ce serait de l'hypocrisie de leur part que de continuer à déplorer une fausse disette.

    Il faut aussi se pencher sur ce qu'est le "politiquement correct" en étant attentif au fait que la provocation en elle-même n'était porteuse de rien de signifiant, ni pour ni contre, et que si la vérité a besoin de la liberté, celle-ci n'entraîne pas forcément celle-là.

    La nuance, l'écoute, le respect de l'autre, les règles mais aussi leurs exceptions, l'appréhension globale, la pensée contre soi ne sont pas des gadgets inutiles mais des obligations. Si ces dernières ne sont pas respectées, le réactionnaire ne sera qu'un râleur de plus.

    Enfin, face à tous ces militants "qui perdent la foi" dans l'ensemble des partis sauf au FN, devant ce désabusement et ces désillusions, alors que notre démocratie est d'autant plus menacée qu'elle est invoquée à tort et à travers, trop souvent pour justifier le contraire de ce qu'elle devrait imposer, les intellectuels ne peuvent plus se permettre de crier. Leur pessimisme, aussi lucide soit-il, ne nous apprend plus rien et il risque de lasser. Ils ne crient plus de surcroît dans le désert mais dans un univers saturé médiatiquement qui ne laisse aucune de leurs paroles dans le vide. On soutient qu'ils n'ont plus d'influence, qu'ils ne sont plus écoutés quand ils prescrivent mais je n'en suis pas sûr du tout.

    Ils sont au pied de la montagne. On n'attend plus seulement d'eux qu'ils nous affirment qu'elle est haute, escarpée et dangereuse, qu'ils nous avisent du péril et évoquent avec nostalgie les temps bénis d'avant. On a besoin qu'ils nous fournissent le mode d'emploi et que même ils accomplissent l'escalade avec nous. Il y a mille tours d'ivoire. Gémir, vitupérer, alerter, semoncer en est une.

    Le citoyen, la société exigent des intellos à réaction. Même si le pouvoir, lui, s'en passerait volontiers.

    Source : Justice au Singulier

     

  • Un chef d’État, un vrai !

     

    par Hilaire de Crémiers

    C’est ce qu’attend la France. Pas un candidat qui réussit, mais un chef. Et qui sera en mesure de prendre toutes les décisions qui s‘imposent pour le salut de la France.

     

    2771589182.jpgSerait-il possible que la France ait un jour un chef de l’État ? D’une légitimité telle qu’elle soit incontestable ? Qu’il puisse être cette personne dont la constitution de la Ve République définit la fonction en son titre II, de l’article 5 à l’article 19 ? Mais voilà : son mode de désignation est aujourd’hui tel qu’il empêche l’exercice correct de cette magistrature parce qu’il porte atteinte à l’esprit même de l’institution.

    La France sans chef

    De l’effroyable chaos partisan que crée, maintenant de manière durable, l’élection présidentielle, avant, pendant et après, peut-il émerger une personnalité capable « d’assurer, par son arbitrage, le fonctionnement régulier des pouvoirs publics ainsi que la continuité de l’État », « d’être le garant de l’indépendance nationale, de l’intégrité du territoire, du respect des traités », « de nommer » souverainement « le Premier ministre », « de soumettre au référendum » un projet de loi, « de signer les ordonnances et les décrets » délibérés en Conseil des ministres, sans provoquer immédiatement l’effervescence des factions opposées ; et que dire s’il s’avisait de prendre des mesures extraordinaires qui seraient exigées par des circonstances exceptionnelles ?

    À trois mois de la prochaine élection présidentielle qui mettra fin au calamiteux quinquennat de François Hollande et qui est censée ouvrir une ère nouvelle, n’y a-t-il donc personne pour énoncer avec simplicité cette évidente contradiction qui est au coeur de notre système politique et qui en altère profondément le fonctionnement ? Chacun des candidats, actuels ou futurs – et ils sont déjà nombreux ! – est trop persuadé que son tour viendra une prochaine fois pour vouloir mettre en cause des procédés institutionnellement aussi nocifs.

    Et les partis qui vivent politiquement et financièrement de ce désordre permanent ne se risqueront pas à en interrompre le cours, la France dût-elle en périr. En France – et parce qu’elle est la France et que son histoire est une leçon en elle-même –, cette situation est plus grave qu’elle ne le serait en aucun autre pays civilisé. Cette chienlit perpétuelle lui est funeste. Pas un Français qui ait le cœur un peu haut placé, pour ne pas le ressentir !

    L’avilissement de la fonction

    Les primaires de la gauche comme celles de la droite ont illustré la vanité et la vacuité de la politique politicienne en France. Quel avilissement ! Ravaler la dignité du chef de l’État à cette comparution devant des jurys de journalistes ! Quel misérable spectacle que celui d’une nation réduite dans son expression à une salle de classe ! Des petits « profs » qui font les savants et qui harcèlent de questions péremptoires de minables élèves qui doivent répliquer à la moindre injonction. Mais la direction de la France ne relève pas d’un concours !

    D’où l’absurdité de tant de paroles et d’engagements : à droite, des palanquées de chiffres soupesées aux balances d’improbables budgets ; à gauche, des palanquées de promesses, de droits à « qui qu’en veut », selon la chanson, de faire naître des enfants ou de les tuer à volonté et gratuitement, de mourir, de jouir, de ne plus travailler, jusqu’au revenu universel financé sur le miracle de recettes introuvables.

    Voilà un futur chef de l’État qui doit dire ce qu’est l’école « républicaine », comment il faut y enseigner, à quel âge l’enfant doit être orienté, mais tout aussi bien comment l’hôpital devrait fonctionner, quel est le périmètre de la Sécurité sociale, ou encore combien de gendarmes, de policiers, de juges, de médecins il convient de déployer sur le territoire. Et chacun de rajouter des précisions, des projets dans son programme, sans jamais s’arrêter sur les vraies causes de tant de gabegies, de pagailles, d’incuries, de désorganisation généralisée.

    Où est le chef de l’État ?

    Qui aura le courage de dire : « Et la France ? » Le vrai chef de l’État s’occupe de la France et de la France seule, ce qui ne veut pas dire isolée. C’est sa mission essentielle. Il assure la politique générale du pays ; il lui donne sa place dans le monde ; il garantit l’ordre intérieur qui permet la prospérité et conforte les libertés réelles.

    Si le chef de l’État remplit bien sa fonction, les affaires de la France se porteront d’autant mieux ; tout le monde en tirera profit. Comment ces vérités élémentaires ne sont-elle jamais rappelées ?

    Le chef de l’État n’a pas à répondre à toutes les envies du moindre hurluberlu qui se prend pour un citoyen supérieur, aux réclamations des éternels agités, aux hurlements des groupuscules qui s’imaginent être la conscience avancée du monde et qui ne sont généralement que des instruments de puissances obscures et financièrement vicieuses.

    Et il n’est pas chargé de répartir les richesses, de juger des bons et des mauvais élèves, de promouvoir l’égalité partout, de changer les mœurs, d’endoctriner le peuple, d’accueillir l’étranger au mépris des intérêts les plus certains du Français, de légaliser à tour de bras les dispositifs qui aboutissent à la destruction des familles, des traditions, des patrimoines, des consciences, de la vie. L’État a usurpé toutes ces fonctions qui justifient le politicien dans ses prétentions ; il se comporte exactement comme une contre-Église, mais totalitaire, ce qu’il est devenu de fait et de droit et ce qui est voulu. Les dernières lois en sont l’illustration.

    Aucun homme politique n’est vraiment libre par rapport à cette sourde et continuelle pression qui est une oppression. Il ne peut pas parler de la France et à la France ; il est contraint à un langage convenu, ce qu’on appelle des éléments de langage. Pour plaire à qui ?

    C’est une fin de régime

    L’élu de la primaire de la gauche sera confronté, d’une part, à Jean-Luc Mélenchon et, d’autre part, à Emmanuel Macron. Il n’a évidemment aucune chance et il devra se désister, ce qui sera une fin ridicule. Cela a déjà été prévu dans ces colonnes. Aujourd’hui Macron rallie les suffrages ; il se montre plus candidat que tous les autres candidats. Est-ce la marque d’un futur chef de l’État ? Il dit tout et le contraire de tout, autrement dit rien. Ça plaît ! Sauf qu’il se croit et ce n’est jamais bon de trop se croire.

    Fillon, lui, sera attaqué de toutes parts – et ça ne fait que commencer ! – de l’extérieur et de l’intérieur de son parti et, à chaque fois qu’il cédera à quelque chantage, il fragilisera sa position. Il oscillera, au milieu de factions et d’ambitions qui se déchirent, entre la crainte d’être soupçonné de quelques velléités réactionnaires à cause de son électorat premier et la peur de perdre le soutien des puissants à qui il sera forcément redevable.

    Marine Le Pen joue sa partie. Elle a l’avantage d’une position patriotique nette qui plaira de plus en plus à des Français dépouillés de leur nationalité, de leur civilisation, de leur travail, de leur milieu de vie. Mais, à force de réduire son programme, sous l’influence de son entourage, à la seule économie dirigée et assistée, sans tenir compte des aspirations d’une France qui veut revivre spirituellement, elle risque de perdre son souffle dans une guerre impitoyable où, malgré toutes ses protestations, elle sera considérée comme l’Ennemi du genre humain.

    Le plus probable et même le certain, c’est que l’élu de la présidentielle – quel qu’il soit – se trouvera dans une situation de déliquescence politique telle que, même avec une majorité à la chambre, il sera bien en peine de gouverner malgré les rodomontades des campagnes électorales et qu’il suffira de quelques difficultés majeures, dès aujourd’hui prévisibles, sécuritaires, économiques, sociales et surtout financières pour que la question du pouvoir se repose dans toute son acuité.
    À quand la recherche d’une vraie légitimité ? 

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  • Entretien avec Alain de Benoist dans Boulevard Voltaire : « Éric Zemmour ne parle pas au nom de la « droite », mais du

    592bfe96545823139a07ac761c088575.pngDans cet entretien, que Boulevard Voltaire a publié le 22 novembre, Alain de Benoist se livre à une analyse en tous points pertinente - selon nous - du Suicide français d’Éric Zemmour. Nous marquerons une seule nuance : s’il est bien vrai que « la fin des idéologies  n’est qu’une fable » et que, selon Zemmour, « jamais nous n’avons autant été dans l’idéologie », Edgard Morin n’a pas tort, non plus, de déplorer la disparition des grandes pensées politiques, en tant que telles, dans l’esprit public français. L’idéologie règne, diffuse, prégnante, omniprésente, au cœur de nos sociétés. Certains cercles aujourd’hui influents (Terra Nova, le Grand Orient de France) n’en ont pas perdu de vue les fondements intellectuels profonds. Mais l’idéologie régnante ne s’en réclame plus clairement. Larvatus prodeo : elle avance masquée, elle n’avoue pas sa source. De cette faiblesse, elle tire une plus grande force …  ♦ 

    Le Suicide français, dernier essai d’Éric Zemmour, est en tête des ventes, alors que Yannick Noah arrête ses tournées et que la dernière pièce de BHL est en train de quitter l’affiche avant que la colle ne soit sèche. Les temps seraient-ils en train de changer ?

    L’extraordinaire succès du livre de Zemmour (15.000 exemplaires vendus tous les jours) n’est pas seulement un phénomène éditorial. C’est un phénomène sociétal. La preuve en est qu’il suscite même des sondages. L’un d’eux révèle que 37 % des Français (20 % à gauche, 53 % à droite) sont d’accord avec Zemmour, qu’ils se reconnaissent dans ce qu’il dit, qu’ils découvrent dans son livre ce qu’ils n’osaient dire tout haut ou qu’ils ne formulaient que de façon confuse. Renaud Camus a très justement parlé « d’industrie de l’hébétude ». D’autres mots pourraient être employés : sidération, ahurissement. On est en train d’en sortir. Ceux qui méprisent le peuple y verront la confirmation que l’ouvrage n’est qu’une accumulation de lieux communs et de propos de bistrot. Mais il ne faut pas s’y tromper : cet adoubement populaire, c’est une consécration.

    Cela dit, si ce livre n’avait pour seul résultat que de conforter ses lecteurs dans leurs opinions, il n’aurait qu’un intérêt tout relatif. Son plus grand mérite, à mon avis, est bien plutôt de donner à ces lecteurs l’occasion de faire leur autocritique. Que dit en effet Zemmour dans son livre ? D’abord que, si la France n’a cessé de se défaire depuis quarante ans, c’est d’abord d’une idéologie qu’elle a été la victime, ce qui montre que le thème de la « fin des idéologies » n’est qu’une fable (« jamais nous n’avons autant été dans l’idéologie », écrit Zemmour). Ensuite, que cette idéologie, devenue peu à peu dominante, n’a pas été seulement le fait des méchants gauchos, mais tout autant de la droite libérale, et qu’elle va bien au-delà du jeu politique, car elle résulte d’une action culturelle, menée avec autant de patience que de rigueur, qui visait à « déconstruire » les fondements de notre société.

    « Je veux déconstruire les déconstructeurs », dit Zemmour. Et d’en citer quelques-uns au passage : Michel Foucault, Jacques Derrida, Pierre Bourdieu, Deleuze et Guattari. Mais c’est ici que l’on peut poser la question : parmi ceux qui applaudissent bruyamment Zemmour aujourd’hui, combien y en a-t-il qui ont sérieusement lu Bourdieu, Derrida et Foucault ? Combien y en a-t-il qui se sont sérieusement intéressés au mouvement des idées ? Combien y en a-t-il qui ont jamais compris ce qu’est une guerre culturelle ? La vérité est qu’il y en a fort peu, car la « droite », pour ce qui est du travail de la pensée, est restée pendant des décennies en situation d’encéphalogramme plat. En la mettant face à ses responsabilités, en déclarant : « Je fais de la politique “gramscienne” en menant un combat d’idées dans le cadre d’une lutte pour l’hégémonie intellectuelle », Zemmour montre qu’il est au contraire pleinement conscient des enjeux.

    Peut-on dire pour autant que l’opinion est en train de basculer à droite ?

    Interprétation un peu courte. Éric Zemmour n’est pas l’héritier de Bonald ou de Maurras, et moins encore de Bastiat. C’est un national-républicain, gaulliste et bonapartiste, dont les vues se situent quelque part entre Jean-Pierre Chevènement et Florian Philippot. Parle-t-il seulement au nom de la « droite » ? Voire… Quand il dénonce le « libéralisme anglo-saxon », le « grand marché mondial qui permet à une petite élite de s’enrichir toujours plus », le « marché qui règne avec l’individu-roi », « les élites sans patrie qui n’ont jamais digéré la souveraineté populaire et qui ont fait allégeance à la mondialisation économique plutôt qu’aux intérêts de la nation », quand il renvoie dos à dos la droite et la gauche : « La droite a abandonné l’État au nom du libéralisme, la gauche a abandonné la nation au nom de l’universalisme, l’une et l’autre ont trahi le peuple », ce n’est de toute évidence pas au nom de la « droite » qu’il parle, mais au nom du peuple. C’est bien ce qui fait sa force.

    Alors qu’il n’a jamais été aussi présent dans les médias, Éric Zemmour n’en estime pas moins que ses idées sont ostracisées par ces mêmes médias. Le « Système » connaîtrait-il des ratés ?

    La société du spectacle est victime de ses contradictions : clouer un auteur au pilori, c’est encore lui faire de la publicité. Mais la vraie question est celle-ci : pourquoi tant de haine ? La réponse est simple : la classe dirigeante est en train de perdre pied. Elle voit le sol se dérober sous ses pieds, elle voit ses privilèges menacés, elle ne sait plus où elle habite. Elle fait comme les chiens qui ont peur : elle aboie. Laurence Parisot n’a pas hésité à accuser Zemmour de « haute trahison » (sic), Manuel Valls a surenchéri : « Le livre de Zemmour ne mérite pas qu’on le lise. » En clair : il vaut mieux ne pas savoir ce qu’il dit. Mais c’est là que le bât blesse. À force d’ériger des murailles invisibles et d’installer des cordons sanitaires, la classe dirigeante a épuisé ses propres défenses immunitaires. À force de refuser le débat, elle est devenue inapte à débattre. Elle n’a désormais plus rien à dire, sinon appeler à « lutter contre les stéréotypes », promouvoir le non-art contemporain et multiplier les références lacrymales aux « droits de l’homme ». Panique morale et misère de la pensée. Jean-Christophe Cambadélis, premier secrétaire du PS, le disait tout de go récemment : « Depuis dix ans, la gauche a perdu la bataille des idées. » Depuis dix ans ! Un tel aveu aurait dû provoquer mille commentaires. Qu’il n’en ait pratiquement suscité aucun montre l’ampleur de ce qu’il reste à faire.  ♦

    Entretien réalisé par Nicolas Gauthier

  • Sur le blog de Michel Onfray : La loi Avia annonce la fin de notre démocratie et l'épuration théorique.

    La loi Avia est-elle un risque pour la liberté d'expression ?

     

    La proposition de loi faite par Madame Laëtitia Avia, député LaRem entend combattre les contenus haineux sur Internet. Plusieurs spécialistes s'interrogent sur sa mise en application.

    Ainsi, rappelons ce qui suit :

    • L'article premier d'une proposition de loi LREM impose aux réseaux sociaux, plateformes collaboratives et moteurs de recherche de supprimer les contenus haineux dans un délai de 24 heures. 
    • Couplé à la peur d’une amende, ce mécanisme pourrait inciter les plateformes à supprimer plus de contenus avec moins d’attention et à recourir davantage à des algorithmes.
    • Avec un manque de transparence des réseaux sociaux concernant les modalités de modération, certains spécialistes craignent une entrave à la liberté d'expression.

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    On pourra dire un jour qu’il fut un moment où la démocratie s’est effondrée. Et ce jour est venu

    Je ne crois pas forcer le trait, ni même exagérer. Je ne crie pas au loup. Je ne suppose pas ou ne suppute pas. Pas plus je n’extrapole. Je ne fais pas un effet de rhétorique. Je ne grossis ni ne dramatise. Je constate juste qu’une loi, une simple loi, va bientôt transformer la démocratie en un vieux souvenir, un très vieux souvenir.

    On dira bientôt: jadis on pouvait dire et écrire ceci, on pouvait publier ou faire un film sur cela, on pouvait débattre de tel ou tel sujet, on pouvait assister à une conférence sur cette question ou bien sur celle-là, on pouvait inviter des gens à assister à un plateau contradictoire avec des individus qui ne pensaient pas la même chose et échangeaient leurs points de vue sans s’insulter ou se mépriser, s’invectiver ou s’injurier, on pouvait plaisanter, rigoler, pouffer avec telle ou telle blague, mêmes pas forcément drôles, mais, aujourd’hui, on ne le peut plus.

    On dit déjà, en voyant dans les derniers mois que des librairies sont incendiées, des conférences interdites, des représentations théâtrales empêchées, des autodafés effectués au sein même d’une université avec le livre d’un ancien président de la République, des invitations d’intellectuels annulées, des conférences ajournées, des penseurs inscrits sur des listes noires, des empêcheurs de penser en rond licenciés, évincés, privés de subventions publiques, des humoristes ou des présentateurs météo sortis de scène ou mis à la porte, que la liberté de penser et de s’exprimer sont en lambeaux sans que cela ne gêne ni le président de la République ni les médias de la bien-pensance à ses ordres, bien au contraire: ils travaillent à ce projet.

    Cette loi porte le nom de celle qui la porte: c’est la loi Avia que l’Assemblée nationale examine en nouvelle lecture depuis le mercredi 22 janvier.

    Que dit elle? Elle est censée lutter contre la cyberhaine! Le concept est bien vague et c’est en cela que le danger s’avère bien grand.

    Qui décidera de ce qu’est la haine? Un juif criera à la haine contre ses coreligionnaires quand on dira sur le Web qu’il y a dans la Torah des invitations aux massacres et parlera d’antisémitisme! Un chrétien criera à la haine quand un article montrera sur le net que Jésus n’a pas existé historiquement et parlera de christianophobie! Un musulman verra de la haine là où l’on se contentera de dire sur le Web qu’on trouve dans le Coran des sourates antisémites, homophobes, bellicistes, misogynes et phallocrates! Voilà déjà des milliards de gens potentiellement en situation de haine pour utiliser le sabir des progressistes autoproclamés -en fait: des régressistes...

    Un article qui prouvera sur le Web que Freud a menti sur l’efficacité de la psychanalyse, un autre qui prétendra sur le Web que Mahomet était pédophile pour avoir épousé une jeune fille de six ou sept ans même si le mariage n’aurait été consommé qu’à l’âge de neuf ou dix ans, un troisième qui rapportera sur le net que Darwin a raison de dire que l’homme est le produit de l’évolution d’un singe: tout cela sera décrété haine respectivement par les freudiens, les musulmans, les créationnistes. A nouveau des millions de gens en situation de haine! Un historien qui rappellera sur le Web les accointances de Mitterrand avec l’extrême-droite? Haine selon les mitterrandiens. Un autre rappelant sur le net que le PCF a conclu une alliance avec Hitler lors du pacte germano-soviétique? Haine selon les communistes. Un troisième qui parlera sur le net de génocide en Vendée? Haine selon les mélenchoniens, Alexis Corbière en tête… Un dernier qui s’opposerait aux manipulations génétiques en matière de procréation au motif qu’elles sont les premiers temps d’une marchandisation des corps assimilable à la vente d’enfants? Haine selon certains LGBTQ. Etc.

    Puis un jour, ce ne sera plus sur le net, ce sera sur le papier d’un journal, sur celui d’une revue ou d’un livre, mais aussi oralement, verbalement, sur un plateau de télévision ou à la radio. Le pouvoir poursuivra alors les auteurs, il les interdira de parole, il consignera leurs noms sur des listes de gens à qui ne plus jamais donner la parole -comme c’est déjà le cas pour certains...

    Quand d’autres disent que les blancs sont tous des racistes comme Lilian Thuram le fit un jour: qui dira que c’est de la haine et censurera également son propos? Quand tel ou tel décolonialiste fait porter tout le poids du colonialisme sur les épaules tout blanc du jour: qui dira qu’il s’agit de haine et censura également son propos? Quand une personne soucieuse de débat s’entend dire qu’on ne débat pas avec, par exemple la philosophe Sylviane Agacinski: qui dira qu’il s’agit de haine et censurera également son propos? Quand BHL affirme sans vergogne que l’antisémitisme est au cœur même du projet des gilets-jaune: qui dira qu’il s’agit de haine et censurera également son propos? Quand Luc Ferry estime que les mêmes gilets-jaunes sont à l’origine d’une chienlit à laquelle il faut répondre par les armes: qui dira qu’il s’agit de haine et censurera également son propos?

    Je crains (enfin, façon de parler, car en réalité j’en suis sûr et certain), que cette loi ne soit qu’une arme du politiquement correct pour que l’Etat profond puisse imposer massivement sa censure afin d’interdire définitivement et légalement toute pensée libre, tout débat libre, toute réflexion libre, toute pensée originale, tout point de vue autonome et indépendant. D’aucuns qui ont sans cesse à la bouche la référence aux années trente m’interdisent de les invoquer, mais ça n’est pas l’envie qui me manque.

    On peut, sans trop se tromper, annoncer une formidable et terrible épuration théorique sur le net qui va laisser des millions de sites de réinformation exsangues. Au nom du bien, de la lutte contre la haine, bien sûr, on décrétera "haine" tout ce qui n’est pas pensée correcte (autrement dit: pensée de l’Etat maastrichien ou utile à son projet de remplacer la diversité des civilisations par le règne planétaire d’une religion consumériste dont les temples seront de vastes supermarchés ouverts nuit et jour). Il y aura eu les pyramides, le Parthénon, le forum de Rome et les cathédrales: il n’y aura bientôt plus que de vastes galeries marchandes perpétuellement éclairées au néon.

    L’information des grands médias, service public audiovisuel compris, roule pour cette idéologie: tout le monde en est maintenant intimement persuadé. Depuis des années c’était perceptible mais, entre autres scandales, depuis le traitement médiatique des gilets-jaunes, c’est devenu gros comme le nez au milieu de la figure.

    Je prends un exemple, disons au hasard: la matinale de France-Inter est le moment de l’annonce des diktats du politburo. C’est un festival des minutes de la haine annoncée par Orwell. Quiconque voulait disposer de l’antidote, du contrepoison à cette officine du système pouvait se rendre sur des sites alternatifs où se trouvaient des informations authentiques: cette prétendue loi contre la prétendue cyberhaine coupe les robinets d’eau claire pour ne plus laisser au troupeau que les eaux croupies de l’information dominante.

    Un mot pour finir: la loi Avia porte donc le nom d’une député de… La République en Marche, Laetitia Avia, qui a surtout défrayé la chronique des faits divers. Le Canard enchaîné a en effet révélé le 5 juillet 2017 que cette dame a mordu à l’épaule un chauffeur de taxi après une altercation en relation avec le mode de paiement de la course. Elle a reconnu la chose devant les policiers.

    Où l’on voit qu’en effet cette personne s’y connaît en matière de haine et qu’avec son parti, lui aussi assez doué en la matière, elle semble habilitée à légiférer contre…

    Avec cette loi authentiquement liberticide, toute intervention sur le Web de cette dame qui mord son prochain devrait être immédiatement censurée.

    Michel Onfray

  • Pour réintégrer Maurras dans le paysage politique français... : la journée d'hommage du 1er septembre 2012 (4/5)

    lafautearousseau se propose ici de vous faire découvrir Un patriote, nommé Maurras. Maurras est en effet inconnu du grand public, parce que volontairement ignoré par la conspiration du silence, entretenue par le Système pour lequel Maurras n'est pas "dangereux", mais "le seul dangereux", car il en a dénoncé les bases idéologiques et parce qu'il l'a remis en cause dans ses fondements révolutionnaires.

    C'est donc à une sorte de feuilleton, à la découverte de l'homme Maurras, que nous allons vous entraîner, d'ici les prochaines élections municipales.

    Celles-ci, nous l'avons dit, seront peut-être décisives pour l'avenir de la Maison du Chemin de Paradis, fermé aux Français aujourd'hui par le dernier Mur de Berlin d'Europe : celui, invisible, du sectarisme haineux de la Mairie communiste, qui préfère laisser fermée (en attendant qu'elle ne s'écroule ?) une belle demeure qui pourrait être intégrée au réseau des Maisons des Illustres, et devenir un centre national et international de recherches et débats intellectuels de haut niveau sur Maurras, sa vie, son oeuvre; un lieu culturel vivant et rayonnant...

    Du début février au 23 mars (fin de la première partie de notre campagne de sensibilisation pour la sauvegarde de la maison de Maurras) nous présenterons divers textes ou documents relatifs à Maurras, sa vie, son oeuvre... 

    Nous avons passé les deux dernières semaines en bonne compagnie, avec Axel Tisserand, d'abord, puis Jean-François Mattéi et sa très belle intervention dans le jardin du Chemin de Paradis, le 1er septembre 2012; nous passerons cette semaine-ci avec une sorte de reportage, tiré de nos riches archives, sur ce que fut cette journée d'hommage du 1er septembre 2012, à l'occasion du soixantième anniversaire de la mort de Maurras.

    Le rappel de cette journée montrera bien ce qu'était la Maison de Maurras jusqu'à ce que la Mairie de Martigues n'en interdise l'accès, ne la "ferme", aussi sournoisement que brutalement; n'érige autour d'elle comme une sorte de Mur de Berlin, aussi réel qu'invisible...

     "Avant", tout le monde pouvait aller admirer le lieu, et  nous ne nous privions pas, à l'Union Royaliste Provençale. Ces jours heureux sont, pour l'instant, révolus. Jusqu'à quand ? C'est toute la question, et la raison de notre protestation, qui ne cessera que lorsque nous aurons obtenu ce que nous demandons :

    1. Des informations claires et précises sur les travaux promis, et un calendrier, même approximatif, concernant le déroulement de ces travaux, qui doivent aboutir à la réouverture de la Maison au public...

    2. Et, en attendant, la remise à disposition du public du libre accès au jardin, sans autres conditions que celles qui prévalent en n'importe quel autre endroit public du pays, selon les règles et normes en vigueur partout...

    Ce que fut la journée d'hommage du 1er septembre 2012, soixantième anniversaire de la mort de Maurras, dans le jardin de sa Bastide du Chemin de Paradis, à Martigues (4/5) :

     

    Après le récit de la journée, et avant la vidéo des quatre intervenants, demain, quelques réflexions... 

     

    A ceux qui ostracisent Charles Maurras : la guerre est terminée ! Delenda est injuria !...  

    C'est être singulièrement passéiste et "mécanisé" (fossile ?), mais surtout singulièrement injuste, que de maintenir et reprendre sans cesse l'antienne du "sulfureux Maurras", du "Maurras, le lourd héritage" ("lourd" ou "encombrant", au choix...), du "très controversé Charles Maurras"...

    On a envie de dire à toutes ces personnes, pour qui le psitaccisme semble tenir lieu de réflexion, mais réveillez-vous donc, on n'est plus en 45 ! Et changez de disque... 

    maurras,action francaise,boutang,slama

    Condamné pour "Intelligence avec l'ennemi" ? Mais, c'est "la seule forme d’intelligence que Maurras n’ait jamais eue", selon François Mauriac

    Un jour - un exemple parmi tant d'autres... - c'est  Alain-Gérard Slama qui "remet ça", dans Le Figaro magazine du 24 Août 2012 : "...l'école maurrassienne qui a cru son heure venue à Vichy...". Pourtant, chacun sait très bien qu'il y avait autant, sinon plus, de royalistes que de gens de gauche ou d'extrême-gauche autour de De Gaulle, à Londres; et que, à l'inverse, il y avait bien plus de gens de gauche et d'extrême-gauche que de royalistes dans les allées de Vichy.

    Elle est bien triste cette sorte de congélation intellectuelle d'une personne, au demeurant, de qualité, qui propose régulièrement une réflexion de de bon niveau, et que l'on a connue à maintes reprises bien mieux inspirée; cet hiver d'un intellectuel est affligeant. Mais, après tout, c'est son problème et son affaire : nous ne pouvons rien faire de plus pour lui que de lui dire ce que nous lui avons déjà dit dans un PDF "pour les nuls", pourrait-on dire : M. le maudit.....pdf ...

    Un autre jour c'est La Provence, qui, dans sa pleine page 3 du samedi 1er septembre et son cinquième de page du dimanche 2 (édition de Martigues), assez correctes par ailleurs dans l'ensemble, reprenait malgré tout les mécaniques clichés : "sulfureux", "controversé", "encombrant", "lourd" et tutti quanti...

    Pourquoi toutes ces personnes qui accablent Maurras ne citent-ils pas, par exemple :

    - "L’Action Française est l’élément moteur, derrière les coulisses, d’une politique anti-collaborationniste, qui a pour objet, de rendre la France mûre le plus rapidement possible, pour une résistance militaire contre l’Allemagne" (Otto Abetz)...

    - Ou les propos de Jules Ferry : "Messieurs, il faut parler plus haut et plus vrai ! Il faut dire ouvertement qu’en effet les races supérieures ont un droit vis à vis des races inférieures....parce qu’il y a un devoir pour elles. Elles ont un devoir de civiliser les races inférieures." (Jules Ferry, devant l’Assemblée nationale, le 28 juillet 1885).

    - Ou ceux de Léon Blum : "Nous admettons qu’il peut y avoir non seulement un droit, mais un devoir de ce qu’on appelle les races supérieures, revendiquant quelquefois pour elles un privilège quelque peu indu, d’attirer à elles les races qui ne sont pas parvenues au même degré de culture et de civilisation. (Léon Blum, discours devant l’Assemblée nationale sur le budget des colonies, 9 juillet 1925).

    - Ou ceux de Jean Jaurès : "...la France a d'autant le droit de prolonger au Maroc son action économique et morale qu'en dehors de toute entreprise, de toute violence militaire, la Civilisation qu'elle représente en Afrique auprès des indigènes est certainement supérieure à l'état présent du régime marocain." (Jean Jaurès, Discours à la Chambre des Députés, 1903).

    Pourtant, des rues et places Jules Ferry, Léon Blum et Jean Jaurès, il y en a "à la pelle" en France; et l'on ne se souvient pas d'avoir lu, dans La Provence, "le sulfureux Jules Ferry" ou "le sulfureux Jean Jaurès" ou "le sulfureux Léon Blum". Ou bien "l'encombrant (ou "le lourd") héritage de Jules Ferry" ou "de Jean Jaurès" ou "de Léon Blum".

    Faire grief au seul Maurras d'un antisémitisme largement partagé, en son temps, de l'extrême-droite à l'extrême gauche; et alors que l'antisémitisme de Maurras était purement "d'Etat", et non "de peau", et que bien des intellectuels, à gauche, ont prononcé des phrases bien plus cinglantes que Maurras sur le sujet, cela est tout simplement injustifié...

    Et quand on sait que l'antisémitisme prospère et fleurit aujourd'hui dans nos Cités et autres zones de non-droit, où se recrutent par centaines de milliers les électeurs de La France insoumise aujourd'hui : Maurras est-il pour quelque chose aussi, post-mortem, dans cet antisémitisme-là ? En est-il le moins du monde responsable ? Soyons sérieux.

    Il est absurde - pour la France et pour l'Intelligence française de se priver de la contribution d'une pensée aussi considérable que celle de Maurras. De même qu'il est absurde - au plan local - de priver Martigues de son académicien, et du centre de rayonnement intellectuel et culturel que pourrait et devrait devenir sa maison qui devrait devenir la 112ème "maison des Illustres"; quelque chose dont donne une idée ce qu'est la maison de Chateaubriand, par exemple... 

    Il nous semble que c'est Boutang qui a raison : "il faut parler de Maurras comme de tout le monde... c'est un homme politique comme tous les autres hommes..."; on peut l'approuver ou le désapprouver. Mais, comme le dit Boutang, qu'on en finisse avec la "mécanisation" des esprits ! Avec cette congélation intellectuelle qui n'honore personne. Maintenant, il faut en finir et il faut en sortir : nous ne sommes plus en 45 ! La guerre est finie ! 

            Ecoutez cette courte intervention de Boutang (dans un ensemble très court lui aussi : 07'28"): http://www.ina.fr/sciences-et-techniques/sciences-humaine...   

    lafautearousseau

  • Quand CGT et MEDEF oublient leurs devoirs sociaux..., par Jean-Philippe Chauvin.

    471283652.2.pngEn cette période particulière, quelques efforts sont demandés à chacun d’entre nous, et cela dans tous les métiers et dans toutes les catégories sociales, ce qui n’est pas, au regard des enjeux, choquant en soi-même. D’autant plus que le temps du confinement, désormais dépassé, pourrait bien entraîner, si l’on ne s’en préserve, une véritable catastrophe économique et, au-delà, sociale : la crise est devant nous, affirment nombre d’acteurs et d’observateurs de la scène publique française, et le plus compliqué reste à venir.

    jean philippe chauvin.jpgEt c’est la capacité de la « nation productrice » à aborder les temps qui viennent qui sera déterminante : résilience, bonne volonté et esprit de service devront prévaloir, et cela fait sens dans une société qui n’est pas qu’un agrégat d’individus interchangeables. Justement, le vieux pays qu’est et que reste la France fait sens, et elle incarne cette durée et cette possibilité, à échelle humaine et historique, de « l’éternité renouvelée ». Sur ces fondations-là, la crise peut, sinon être évitée, du moins être amortie et quelques mauvais coups déviés. Le fait de naître français, de le devenir, de l’être engage : l’oublier ou simplement le négliger aux heures sombres peut être, civiquement parlant (au sens athénien de la cité, de la « polis »), une forme de trahison qu’il s’agit, non de dénoncer, mais de combattre et de dépasser pour en éviter les sinistres conséquences.

     

    Or, deux faits récents montrent que le bien commun n’est pas toujours envisagé par ceux-là mêmes dont ce serait le rôle de le défendre et de le promouvoir. Ils sont révélateurs de certaines maladies qui minent l’entente sociale nécessaire à la vie et à la prospérité raisonnée que chacun doit espérer, tout en y travaillant, pour sa communauté d’ensemble nationale, ce « plus vaste cercle communautaire qui soit, au temporel, solide et complet » et qui garantit la liberté et la survie de tous les autres. Le premier, c’est la politique d’obstruction du syndicat CGT à la reprise de la production dans l’usine automobile Renault de Sandouville (site de production de véhicules utilitaires), politique qui a abouti à l’arrêt complet de celle-ci, pourtant en cours de redémarrage la semaine dernière. Les raisons de cette obstruction, liée aux conditions de sécurité sanitaire au sein de l’usine ou, plutôt, aux procédures de convocation de la commission de santé et sécurité de l’établissement, sont, à bien regarder l’affaire, sans lien véritable avec la préservation de la santé des ouvriers, l’usine étant considérée comme l’une des plus exemplaires sur ce sujet sensible. Non, il s’agit juste d’une manœuvre assez indigne d’un syndicat qui, dans cette affaire, ne l’est pas moins et qui n’a agi que selon des considérations fort peu sociales, au risque de menacer l’existence même de nombreux emplois de Renault ! Après un tel mauvais coup, qui prive les salariés d’une reprise complète de l’activité sur le site prévue initialement pour cette semaine et désormais repoussée à quelques dizaines de jours, la CGT se retrouve isolée et décrédibilisée, au moment même où un syndicalisme fort et responsable serait absolument nécessaire pour participer au mouvement de redressement productif qu’il s’agit de favoriser et d’amplifier : avec une telle obstruction, « les clients ne risquent-ils pas de se tourner vers la concurrence si on ne peut plus produire ? », s’inquiète avec raison le délégué local de la CFE-CGC de l’entreprise. La CGT se comporte là en bien mauvais défenseur du monde ouvrier ! Là où il faudrait serrer les rangs (façon de parler, évidemment, en période de distanciation physique…) et se retrousser les manches, comme l’avaient commandé les prédécesseurs de M. Martinez aux ouvriers de 1945, cette centrale syndicale appelle à la démobilisation ou au blocage : Thorez et Frachon (secrétaire général de la CGT en 1945 et auteur du livre « La bataille de la production » que devraient utilement relire les cégétistes d’aujourd’hui...) doivent se retourner dans la tombe !

     

    Les autres syndicats de l’usine de Sandouville avaient participé à un cycle de négociations entre la direction et les représentants des salariés, au niveau du groupe d’abord, de la France puis de chaque site de l’entreprise, dans le cadre d’un dialogue social largement apaisé au regard des circonstances particulières de la pandémie, un dialogue qu’il faut sans doute renforcer mais qui, pour le coup, était plutôt équilibré. Mieux vaut la conciliation sociale que l’antagonisme des acteurs de l’entreprise entre eux, sachant que, le plus souvent, le rapport de forces n’est pas favorable aux salariés, surtout dans le cadre d’une mondialisation qui valorise plus les « avantages comparatifs » que le « progrès social ». Mieux vaut l’unité de l’entreprise face à l’adversité concurrentielle que le rapport de forces permanent et destructeur de la justice sociale autant que de l’entreprise elle-même ! Avec cette obstruction totalement inappropriée, la CGT, au lieu de servir les salariés, risque bien d’accélérer le déclin de l’emploi dans les usines automobiles françaises : beau gâchis ! En l’espèce, la fameuse formule de Maurras, « la politique du pire est la pire des politiques », s’avère bien définir l’attitude funeste de la CGT locale…

    Le deuxième fait que je qualifierai, là aussi, d’antisocial est le discours du MEDEF et de ses alliés d’experts libéraux qui ne raisonnent qu’en termes de croissance économique quand il faudrait, d’abord, penser en termes de prospérité, celle qui ne peut exister que si le social n’est pas négligé par l’économique. La croissance n’est pas toujours la prospérité, et la prospérité n’est pas qu’affaire de croissance : l’enjeu de l’avenir sera sans doute, justement, de penser « la prospérité sans la croissance », et de l’appliquer à ce monde, en procédant à un retournement de système (par la sortie de la société de consommation et de sa logique fordo-franklinienne). Ce qui est certain, c’est que le discours du « travailler plus d’heures et plus de jours dans l’année », et vouloir l’inscrire dans la loi, est plus que maladroit, c’est une faute sociale autant que stratégique : d’abord parce qu’il n’est pas utile de l’imposer par le biais législatif (ce qui paraît d’ailleurs contradictoire avec le libéralisme prôné qui, a priori, valorise plutôt la liberté que la contrainte…), les salariés, les indépendants et les chefs d’entreprise sachant bien que des efforts seront, évidemment, nécessaires pour sauver leur propre emploi et leur revenu ; d’autre part, pourquoi évoquer cela au moment où le confinement forcé et obligatoire pour nombre de travailleurs a été vécu, déjà, comme une contrainte plutôt que comme des vacances reposantes ? Bien sûr, les situations sont différentes d’un secteur d’activité à l’autre, mais le discours brutal du MEDEF a tendance à bloquer les bonnes volontés plutôt qu’à les susciter et à les soutenir. De plus, la réticence de ce même MEDEF à accepter quelques efforts financiers, en particulier par le moindre versement de dividendes aux grands actionnaires, et le chantage au départ fiscal de ceux qui pourraient être soumis à un ISF rénové, semblent prouver un comportement bien peu patriotique, au moment où l’État injecte tant d’argent, celui des contribuables (et pas des seuls actionnaires), dans l’économie réelle pour en éviter le collapsus. Dernier point : les chefs d’entreprise des grandes sociétés et les actionnaires les plus aisés (tous ne le sont pas, et le retraité qui compte sur quelques dividendes annuels pour améliorer un peu sa retraite ne peut être confondu avec les grands spéculateurs aux comportements de prédateurs) ne peuvent s’abstraire de leurs devoirs sociaux, au risque de ne plus être considérés que comme des profiteurs sans légitimité et s’attirer les foudres de l’opinion publique, à raison dans ce cas-là. La solidarité ne doit pas être un vain mot ou ne s’exprimer que dans le cadre de sa classe sociale d’appartenance : elle doit irriguer toute la société et ses catégories diverses, dans l’équité et la péréquation sociales.

     

    Sans justice sociale, une société ne peut que se déchirer et compromettre son rétablissement économique. L’oublier, que l’on soit syndicaliste CGT à Sandouville ou libéral de l’Institut Montaigne ou du MEDEF, c’est manquer à ses obligations de solidarité française, celle qui permet de traverser les tempêtes sans briser le navire ni jeter ses passagers par-dessus bord…

  • La cgt et le medef contre la solidarité française, par Jean-Philippe Chauvin.

    Source : http://www.actionroyaliste.fr/

    En cette période particulière, quelques efforts sont demandés à chacun d’entre nous, et cela dans tous les métiers et dans toutes les catégories sociales, ce qui n’est pas, au regard des enjeux, choquant en soi-même. D’autant plus que le temps du confinement, désormais dépassé, pourrait bien entraîner, si l’on ne s’en préserve, une véritable catastrophe économique et, au-delà, sociale : la crise est devant nous, affirment nombre d’acteurs et d’observateurs de la scène publique française, et le plus compliqué reste à venir.

    jean philippe chauvin.jpgEt c’est la capacité de la « nation productrice » à aborder les temps qui viennent qui sera déterminante : résilience, bonne volonté et esprit de service devront prévaloir, et cela fait sens dans une société qui n’est pas qu’un agrégat d’individus interchangeables. Justement, le vieux pays qu’est et que reste la France fait sens, et elle incarne cette durée et cette possibilité, à échelle humaine et historique, de « l’éternité renouvelée ». Sur ces fondations-là, la crise peut, sinon être évitée, du moins être amortie et quelques mauvais coups déviés. Le fait de naître français, de le devenir, de l’être engage : l’oublier ou simplement le négliger aux heures sombres peut être, civiquement parlant (au sens athénien de la cité, de la « polis »), une forme de trahison qu’il s’agit, non de dénoncer, mais de combattre et de dépasser pour en éviter les sinistres conséquences.

     

    Or, deux faits récents montrent que le bien commun n’est pas toujours envisagé par ceux-là mêmes dont ce serait le rôle de le défendre et de le promouvoir. Ils sont révélateurs de certaines maladies qui minent l’entente sociale nécessaire à la vie et à la prospérité raisonnée que chacun doit espérer, tout en y travaillant, pour sa communauté d’ensemble nationale, ce « plus vaste cercle communautaire qui soit, au temporel, solide et complet » et qui garantit la liberté et la survie de tous les autres. Le premier, c’est la politique d’obstruction du syndicat CGT à la reprise de la production dans l’usine automobile Renault de Sandouville (site de production de véhicules utilitaires), politique qui a abouti à l’arrêt complet de celle-ci, pourtant en cours de redémarrage la semaine dernière. Les raisons de cette obstruction, liée aux conditions de sécurité sanitaire au sein de l’usine ou, plutôt, aux procédures de convocation de la commission de santé et sécurité de l’établissement, sont, à bien regarder l’affaire, sans lien véritable avec la préservation de la santé des ouvriers, l’usine étant considérée comme l’une des plus exemplaires sur ce sujet sensible. Non, il s’agit juste d’une manœuvre assez indigne d’un syndicat qui, dans cette affaire, ne l’est pas moins et qui n’a agi que selon des considérations fort peu sociales, au risque de menacer l’existence même de nombreux emplois de Renault ! Après un tel mauvais coup, qui prive les salariés d’une reprise complète de l’activité sur le site prévue initialement pour cette semaine et désormais repoussée à quelques dizaines de jours, la CGT se retrouve isolée et décrédibilisée, au moment même où un syndicalisme fort et responsable serait absolument nécessaire pour participer au mouvement de redressement productif qu’il s’agit de favoriser et d’amplifier : avec une telle obstruction, « les clients ne risquent-ils pas de se tourner vers la concurrence si on ne peut plus produire ? », s’inquiète avec raison le délégué local de la CFE-CGC de l’entreprise. La CGT se comporte là en bien mauvais défenseur du monde ouvrier ! Là où il faudrait serrer les rangs (façon de parler, évidemment, en période de distanciation physique…) et se retrousser les manches, comme l’avaient commandé les prédécesseurs de M. Martinez aux ouvriers de 1945, cette centrale syndicale appelle à la démobilisation ou au blocage : Thorez et Frachon (secrétaire général de la CGT en 1945 et auteur du livre « La bataille de la production » que devraient utilement relire les cégétistes d’aujourd’hui…) doivent se retourner dans la tombe !

     

    Les autres syndicats de l’usine de Sandouville avaient participé à un cycle de négociations entre la direction et les représentants des salariés, au niveau du groupe d’abord, de la France puis de chaque site de l’entreprise, dans le cadre d’un dialogue social largement apaisé au regard des circonstances particulières de la pandémie, un dialogue qu’il faut sans doute renforcer mais qui, pour le coup, était plutôt équilibré. Mieux vaut la conciliation sociale que l’antagonisme des acteurs de l’entreprise entre eux, sachant que, le plus souvent, le rapport de forces n’est pas favorable aux salariés, surtout dans le cadre d’une mondialisation qui valorise plus les « avantages comparatifs » que le « progrès social ». Mieux vaut l’unité de l’entreprise face à l’adversité concurrentielle que le rapport de forces permanent et destructeur de la justice sociale autant que de l’entreprise elle-même ! Avec cette obstruction totalement inappropriée, la CGT, au lieu de servir les salariés, risque bien d’accélérer le déclin de l’emploi dans les usines automobiles françaises : beau gâchis ! En l’espèce, la fameuse formule de Maurras, « la politique du pire est la pire des politiques », s’avère bien définir l’attitude funeste de la CGT locale…

     

    Le deuxième fait que je qualifierai, là aussi, d’antisocial est le discours du MEDEF et de ses alliés d’experts libéraux qui ne raisonnent qu’en termes de croissance économique quand il faudrait, d’abord, penser en termes de prospérité, celle qui ne peut exister que si le social n’est pas négligé par l’économique. La croissance n’est pas toujours la prospérité, et la prospérité n’est pas qu’affaire de croissance : l’enjeu de l’avenir sera sans doute, justement, de penser « la prospérité sans la croissance », et de l’appliquer à ce monde, en procédant à un retournement de système (par la sortie de la société de consommation et de sa logique fordo-franklinienne). Ce qui est certain, c’est que le discours du « travailler plus d’heures et plus de jours dans l’année », et vouloir l’inscrire dans la loi, est plus que maladroit, c’est une faute sociale autant que stratégique : d’abord parce qu’il n’est pas utile de l’imposer par le biais législatif (ce qui paraît d’ailleurs contradictoire avec le libéralisme prôné qui, a priori, valorise plutôt la liberté que la contrainte…), les salariés, les indépendants et les chefs d’entreprise sachant bien que des efforts seront, évidemment, nécessaires pour sauver leur propre emploi et leur revenu ; d’autre part, pourquoi évoquer cela au moment où le confinement forcé et obligatoire pour nombre de travailleurs a été vécu, déjà, comme une contrainte plutôt que comme des vacances reposantes ? Bien sûr, les situations sont différentes d’un secteur d’activité à l’autre, mais le discours brutal du MEDEF a tendance à bloquer les bonnes volontés plutôt qu’à les susciter et à les soutenir. De plus, la réticence de ce même MEDEF à accepter quelques efforts financiers, en particulier par le moindre versement de dividendes aux grands actionnaires, et le chantage au départ fiscal de ceux qui pourraient être soumis à un ISF rénové, semblent prouver un comportement bien peu patriotique, au moment où l’État injecte tant d’argent, celui des contribuables (et pas des seuls actionnaires), dans l’économie réelle pour en éviter le collapsus. Dernier point : les chefs d’entreprise des grandes sociétés et les actionnaires les plus aisés (tous ne le sont pas, et le retraité qui compte sur quelques dividendes annuels pour améliorer un peu sa retraite ne peut être confondu avec les grands spéculateurs aux comportements de prédateurs) ne peuvent s’abstraire de leurs devoirs sociaux, au risque de ne plus être considérés que comme des profiteurs sans légitimité et s’attirer les foudres de l’opinion publique, à raison dans ce cas-là. La solidarité ne doit pas être un vain mot ou ne s’exprimer que dans le cadre de sa classe sociale d’appartenance : elle doit irriguer toute la société et ses catégories diverses, dans l’équité et la péréquation sociales.

     

    Sans justice sociale, une société ne peut que se déchirer et compromettre son rétablissement économique. L’oublier, que l’on soit syndicaliste CGT à Sandouville ou libéral de l’Institut Montaigne ou du MEDEF, c’est manquer à ses obligations de solidarité française, celle qui permet de traverser les tempêtes sans briser le navire ni jeter ses passagers par-dessus bord…

     

    Jean-Philippe Chauvin

  • Lu sur le Bien Commun : Populisme et Gilets jaunes, entretien avec F. Bousquet, rédacteur en chef d’Éléments

    « ...On touche ici les limites de la révolte populaire.»

    800px-François_Bousquet.jpgCofondateur de la Nouvelle Librairie et rédacteur en chef d’Éléments, François Bousquet est auteur, polémiste et analyste pointu de la droite française. 

    Le mouvement des Gilets jaunes qui dure depuis plusieurs mois se révélait dans ses débuts être le mouvement de cette France périphérique si bien décrite par Christophe Guilluy. Que pensez-vous du vocabulaire de diabolisation utilisé à son encontre par le gouvernement ? Et son traitement médiatique  ? 

    Il y aurait des volumes à écrire sur le lexique invariablement dépréciatif auquel le parti de l’Ordre, de Thiers à Macron, de Guizot à Griveaux, recourt pour qualifier le peuple, ou plutôt le disqualifier. Car ici qualifier, c’est disqualifier. Je ne voudrais pas verser dans la facilité de succomber à l’argument raciste, mais pour le coup le mépris des classes dominantes ressemble à s’y méprendre au racisme tel qu’il s’est constitué en idéologie au XIXe siècle. Soyons marxiste sur ce point. Il fallait alors créer une catégorie de sous-homme – l’Untermensch – pour fournir une main-d’œuvre taillable et corvéable à l’industrie, soit en la prolétarisant, soit en l’esclavagisant.

    1.jpgChaque civilisation ayant son animal de trait (le cheval, le bœuf, le lama, le chameau…), l’âge de la vapeur venait d’inventer le sien : l’ouvrier, animal laborans, à charge pour le racisme, sorti de la matrice darwinienne, d’en fournir l’alibi scientifique, ou pseudo-scientifique. De ce point de vue, ce ne fut rien d’autre que l’instrument de légitimation des nouveaux rapports de production. La nouveauté aujourd’hui, c’est que le système techno-marchand n’a plus besoin de ce réservoir d’emplois non qualifiés, sauf dans l’industrie des services. Dès lors, l’Untermensch, c’est l’homme en trop, un motif sur lequel la littérature soviétique et pré-soviétique (Gogol, Dostoïevski, Olécha, Léonov) a surabondamment écrit, dans un monde en quête d’homme nouveau.

    2.jpgPatrice Jean lui a récemment consacré un magnifique roman, L’Homme surnuméraire. C’est le rêve d’une société sans travail, vieille utopie icarienne. La vérité, c’est que nous cols blancs, nous citadins connectés, n’avons jamais autant travaillé. La fin du travail, c’est en réalité et seulement la fin du travailleur, du moins en Occident. Mais que faire de ces hommes en trop, soumis au même principe d’obsolescence programmée, forme cool du darwinisme social ? Les mettre au rebut comme des objets encombrants ? Les confiner dans la périphérie, dans des sortes de réserves peuplées de bonnets rouges, de gilets jaunes et, pour faire bonne mesure, de cas soc’, moyennant une allocation universelle – le pain – et des jeux ineptes, en faisant le pari qu’ils rejoindront le cimetière des espèces disparues sans protester ? Pari perdu. Il en va de même d’une autre forme d’infériorisation  : l’éternel procès en moisissure du Français Presipaute_de_Groland_GDR_logo.jpgmoyen (de Dupont Lajoie aux Bidochon, des Deschiens à la Présipauté de Groland). Or, le Français moyen a subi lui aussi un glissement sémantique. Il faut dire qu’entre-temps, victime du grand plan social des trente dernières années, il a plus ou moins disparu. De moyen, il est devenu petit. Mieux : il a été déchu de sa nationalité au profit de sa détermination ethnique : c’est le fameux petit Blanc, fascinante expression qui résume à elle seule l’inconscient raciste des élites. Elle est entrée dans le langage courant tant et si bien que les premiers concernés – les petits Blancs donc – l’ont eux-mêmes adoptée dans un classique mécanisme d’identification négative. « Petit » Blanc (avec ou sans guillemets), c’est l’homme inférieur, à tout le moins infériorisé. Aux promesses de l’homme augmenté, il renvoie, lui, l’image de l’homme diminué. C’est la France des « gars qui fument des clopes et qui roulent au diesel ». Et « ça n’est pas la France du XXIe siècle que nous voulons », comme l’a dit le porte-parole d’un gouvernement qui s’imaginait pouvoir être le liquidateur judiciaire et politique de cette France périphérique avant qu’elle ne se soulève. 

    Vous êtes directeur de la Nouvelle  Librairie.  L’attaque de cette dernière par des militants d’extrême-gauche ne montre-t-il pas que le mouvement a été confisqué par nos ennemis ? 

    B9718931151Z.1_20190317173051_000+GRND6MG03.2-0.jpgC’est le paradoxe des derniers actes des Gilets jaunes. L’extrême gauche – étrangère au mouvement et foncièrement hostile à ses revendications – s’est invitée au cœur des défilés. Les rangs sont clairsemés, mais on n’y manque ni de professionnalisme ni de spécialistes de close combat. Elle s’infiltre dans les cortèges, en détourne les slogans et y impose sa stratégie  d’intimidation  physique, laquelle est tolérée par les pouvoirs publics et secrètement approuvée par les médias centraux. Mais personne n’est dupe. Gageons que les Gilets jaunes ne se laisseront pas déposséder de leur légitime colère. 

    Si des initiatives métapolitiques à l’instar de la Nouvelle Librairie ou la révolte des Gilets jaunes prouvent que le peuple français n’est pas mort, il n’en demeure pas moins que sur le plan de la politique partisane, nous ne transformons pas l’essai. À l’approche des élections européennes, le mouvement des Gilets jaunes ne semble pas pouvoir se muer en une force d’opposition construite au pouvoir en place. Qu’en pensez-vous ? 

    870x489_gettyimages-526742236.jpgOn touche ici les limites de la révolte populaire. À étudier le phénomène sur la longue durée, soit en France à partir du XIVe siècle et de l’essor de l’État, on voit combien la révolte a échoué quasi systématiquement à se transformer en révolution. Parcourir les éphémérides de ces émotions (terme en vigueur sous l’Ancien Régime), et il y en a eu des milliers, c’est reprendre la chronique aussi troublée qu’oubliée de l’histoire de France. Mille pages ne suffiraient pas à en accueillir la longue et vaine plainte. Émeutes, insurrections, jacqueries, troubles, rébellions, l’histoire en est saturée. Le populisme n’en est jamais que la continuité à l’âge démocratique. Pour autant, tous ces soulèvements populaires n’ont jamais débouché sur une politique. La raison à cela ? On connaît la réponse du Duc de Liancourt à Louis XVI après la prise de la Bastille : « C’est une révolte ? –  Non Sire, c’est une révolution ! » Eh bien, pour comprendre l’essence du populisme, il faut renverser la formule. « C’est une révolution ? – Non Sire, c’est une révolte ! » Qu’est-ce qui distingue une révolte d’une révolution  ? La révolution veut contrôler le cours de l’histoire ; la révolte, s’en affranchir. Le dégagisme contemporain nous le rappelle suffisamment. Pour s’en tenir aux Gilets jaunes, ils ne remplissent qu’un des deux prérequis du populisme (je veux parler d’un populisme conséquent qui ne se condamnerait pas à l’impuissance politique) : la protestation horizontale.  Lui  fait défaut la réponse verticale, autrement dit son incarnation politique, le leader populiste, aujourd’hui singulièrement absent. Pour le dire avec les mots d’Alain de Benoist, les Gilets jaunes n’ont à cette heure fait jouer que leur pouvoir destituant, pas constituant. Mais le même de Benoist dit qu’il nous faut envisager ce phénomène comme la répétition générale d’une crise de plus grande ampleur. 

    Marine Le Pen, qui n’a pas d’alliés, simplement des ralliés. Dupont-Aignan qui cède à la pression médiatique en écartant Emmanuelle Gave de sa liste. Bellamy qui malgré ses opinions  personnelles relativement conservatrices se trouve à la remorque de Macron... Pensez-vous que la droite pourra tout de même faire quelque chose des prochaines élections ? Ne va- t-elle pas dans le mur ? 

    macron-macronisme-opposition-intellectuels.jpgC’est tout le génie de Macron, bien aidé par la médiocrité de ses adversaires. Il a mis sur pied une Große Koalition, une grande coalition à l’allemande. Comme s’il n’avait blessé à mort le PS et diminué les LR que pour pouvoir les réinventer et les fusionner en un parti central unique. Désormais, l’UMPS n’est plus une figure de style, c’est une réalité politique : le macronisme. Cela faisait longtemps que les convergences idéologiques poussaient le PS dans les bras des LR, et réciproquement. Mais il n’y avait pas de passage à l’acte, principalement pour des raisons de clientélisme électoral, dont justement Macron n’avait que faire, n’ayant aucune clientèle électorale sur laquelle capitaliser. Lui, devait bâtir une force nouvelle répondant à la demande des élites économiques et à la sociologie des grandes métropoles, qui ont tourné le dos à la France déclassée et majoritaire pour épouser la cause des minorités, ethniques, sexuelles, religieuses, au nom d’un internationalisme qui doit beaucoup plus au pop art qu’à la quatrième Internationale.  ■ 

    Propos recueillis
    par  Adrien Chollard
    Pages de LBC-N6-archive-A4.jpg
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  • L’étonnant bilan de Donald Trump, par Aristide Renou.

    Trump n'a pas changé la législation, il a peine esquissé une nouvelle diplomatie, mais il a affirmé que le politiquement correct était un leurre maléfique et il l'a combattu avec une énergie galvanisante.

    Bien que la bataille juridique ne soit pas terminée, il ne subsiste plus de doute raisonnable sur le fait que Donald Trump quittera la Maison Blanche en janvier prochain. Il est donc approprié de faire un premier bilan de la présidence de cet homme étonnant. Car Trump fut un président étonnant.

    Un président dont les défauts extrêmement visibles, et qui ne se sont jamais atténués, ont eu tendance à cacher à beaucoup d’observateurs – y compris d’ailleurs, dans un premier temps, à votre serviteur – ses quelques qualités très précieuses.

    Trump a accompli beaucoup moins que ce qu’il avait promis, ce qui est évidemment la norme en démocratie, et plus encore aux États-Unis, où le système constitutionnel des checks and balances n’est pas un vain mot. Mais il a accompli beaucoup plus que ce que ses adversaires veulent bien reconnaître.

    Il ne saurait être question, dans le court espace de cet article, de détailler tout ce que son bilan comporte de positif. En matière économique, notamment, le mandat de Trump fut une réussite remarquable, avec une croissance forte et régulière, du type de celle que la France n’a plus connue depuis les années 1960, et surtout une croissance qui a profité aux travailleurs situés en bas de l’échelle salariale, fait inédit depuis des décennies On peut penser que c’est cette réussite économique qui a attiré à lui un nombre étonnamment élevé d’électeurs « issus des minorités » lors de la dernière élection – prouvant au passage l’absurdité des accusations de « racisme » proférées sans cesse à son égard – et qu’elle aurait pu lui assurer une réélection confortable, si l’épidémie de coronavirus ne s’était pas abattue sur le monde.

    Mais, aussi paradoxal que cela puisse paraître de la part d’un homme en apparence si peu porté sur les idées et au discours si peu policé, sa principale réussite est sans doute d’ordre intellectuel. Trump a fait montre de trois qualités essentielles : le patriotisme, le courage et la clairvoyance concernant les enjeux fondamentaux (et l’on pourrait ajouter : le sens de l’humour, car Trump en est abondamment pourvu, fait totalement occulté par la détestation pathologique dont il est l’objet).

    Donald Trump a vu que l’Amérique courait un danger mortel : il a compris qu’une révolution était en cours, la poussée du multiculturalisme, dont l’aboutissement ne peut être que la disparition de la nation américaine et son éclatement en une multitude de « communautés » hostiles, toujours prêtes à se sauter à la gorge.

    Sans doute n’est-ce pas trop difficile à comprendre et sans doute Trump n’est-il pas le seul à avoir posé ce diagnostic. Mais il est le seul à l’avoir dit publiquement avec autant de force et, surtout, il fut le seul homme politique de premier plan à agir conformément à ce qu’exige un tel diagnostic : en se battant de toutes ses forces pour empêcher la disparition de son pays, c’est-à-dire en mettant toute son énergie à réduire à l’impuissance ceux qui veulent le faire disparaître.

    Les États-Unis se trouvent aujourd’hui dans une situation qui, à bien des égards, est l’image inversée de celle qui existait durant les années ayant précédé la guerre de Sécession. Il existe désormais deux Amériques (représentant chacune grosso modo 50 % de l’électorat), qui sont divisées non pas sur ce que le pays devrait faire – ce qui est l’état normal des choses en démocratie – mais sur ce que le pays devrait être ; et même sur le fait qu’il existe réellement une nation américaine.

    Par un étrange renversement, ceux qui dénoncent le « racisme systémique » des États-Unis, et plus généralement de l’Occident, retrouvent les positions qui étaient celles des théoriciens de la sécession des États du Sud. John C. Calhoun, le plus éminent d’entre eux, considérait l’esclavage des Noirs comme un bien positif : Hannah-Jones, qui dirige le « Projet 1619 » lancé par le New-York Times[1], considère cet esclavage comme le péché originel ineffaçable et impardonnable des États-Unis (et de l’Occident), mais Hannah-Jones est d’accord avec John C. Calhoun pour affirmer que « tous les hommes ont été créés égaux » n’est pas une « vérité évidente » mais un mensonge évident. L’un affirmait la supériorité de la race blanche, l’autre affirme implicitement la supériorité de la race noire, tous les deux ont le même projet : remplacer les principes énoncés par la Déclaration d’Indépendance par des principes opposés.

    Et, comme l’avait prédit Abraham Lincoln, « une maison divisée contre elle-même ne saurait subsister ». Les théories racistes de Calhoun ont, très normalement, débouché sur la guerre civile, les théories racistes d’Hannah-Jones et de ses semblables ont déjà créé un climat politique ressemblant très fortement à celui des années 1850 et pourraient, si les choses continuent sur leur lancée, déboucher sur une confrontation armée du même genre.

    Trump a compris tout cela, au moins dans les grandes lignes. Ce qui est déjà très bien. Mais ce qui est mieux encore, il l’a dit ouvertement, carrément. Et en même temps qu’il l’a dit, il a contre-attaqué. C’est-à-dire qu’il a réaffirmé le bien-fondé des principes américains, les bienfaits de l’American Way of Life et la grandeur incomparable des États-Unis. Et il l’a fait sans « si » et sans « mais ». Son fameux slogan de campagne, « Make America Great Again », signifiait que l’Amérique est essentiellement grande et que, si elle est parfois petite, cela ne peut être qu’accidentel et dû à l’action de mauvais gouvernants.

    Bien évidemment, les vrais patriotes de tous pays contesteront que les États-Unis d’Amérique soient « la nation la plus juste et la plus exceptionnelle qui ait jamais existé sur Terre », comme l’a déclaré Donald Trump devant le Mont Rushmore, car ils auront plutôt tendance à penser que cet honneur revient à leur propre nation, mais, s’ils sont clairvoyants, ils approuveront entièrement l’intention de l’ex-président en prononçant ces mots et ils comprendront que cet homme a été, d’une certaine manière, leur porte-parole à tous.

    Trump, par son élection surprise en 2016, par toute sa présidence, et par l’élan populaire remarquable qui s’est porté vers lui au mois de novembre, alors que tous les analystes « sérieux » lui prédisaient une déroute, a prouvé quelque chose de très important. Il a prouvé qu’il était possible de résister à l’avancée du multiculturalisme et de défier les oukases du politiquement correct, qui est le bras armé du multiculturalisme, car qu’est-ce que le politiquement correct si ce n’est l’interdiction de dire du bien de la civilisation occidentale en général et de son propre pays en particulier ?

    Il a prouvé qu’il était possible de refuser en bloc le projet multiculturel et même de l’attaquer frontalement, brutalement et grossièrement, sans se condamner électoralement. Trump a été un refus vivant, parlant, et même parfois éructant, du multiculturalisme, ainsi que du mondialisme qui en est l’ombre portée. Et ce refus a galvanisé tout un petit peuple américain que l’on croyait disparu ou en voie de disparition. Les quatre années de la présidence Trump ont ouvert la perspective, certes lointaine mais réelle, de vaincre le projet multiculturel, au lieu de se laisser étrangler petit à petit comme s’y était résigné le parti Républicain.

    Même vaincu, Donald Trump laisse donc un héritage qui pourra fructifier. Vivifiée par son exemple, la droite américaine pourrait bien se renouveler et faire émerger une nouvelle génération d’hommes politiques qui, peut-être, auront certaines des qualités de Trump sans en avoir les défauts.

    Les vrais patriotes de tous les pays seraient bien inspirés de méditer l’exemple et le bilan de Donald Trump.

     

    [1]. Selon le New York Time, le Projet 1619 vise à « recadrer l’histoire du pays, à comprendre 1619 comme notre véritable fondation. Autrement dit, placer les conséquences de l’esclavage et les contributions des noirs américains au centre même du récit de notre identité ». Le « Projet » a été publié en 2019 à l’occasion du 400e anniversaire de la première arrivée d’esclaves africains à Port Comfort en Virginie, une colonie britannique d’Amérique du Nord.

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    Source : https://www.politiquemagazine.fr/

  • Sur la page FB de nos amis du GAR : quand les Royalistes parlaient d’écologie au cœur des Trente Glorieuse (1ère partie)

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    Quand les Royalistes parlaient d’écologie au cœur des Trente Glorieuses…
     
    La primaire des « Verts » a attiré les projecteurs et les micros sur les thématiques écologistes et sur les idées du parti qui se revendique officiellement de l’écologie, parfois de façon fort abusive. L’occasion est ainsi et aussi donnée aux royalistes d’évoquer leur conception du « souci environnemental », très lié au souci politique lui-même. Une plongée dans les textes « écolo-royalistes » anciens n’est pas inutile pour en saisir toute la portée…
    Partie 1 : La dénonciation de la technosphère destructrice.
     
    Alors qu'une récente étude de trois chercheurs états-uniens et mexicain évoquent l'accélération de la sixième extinction de masse des espèces animales sur la Terre, étude sur laquelle il nous faudra revenir et qui appelle des réactions appropriées qui, pour l'heure, ne viennent pas ou restent trop timides, y compris en France malgré la bonne volonté de nombre d'associations et de particuliers, et malgré les tentatives de M. Hulot lorsqu’il était éphémère ministre de l’environnement, il n'est pas inutile de rappeler qu'il n'y a sans doute pas d'écologie constructive ni efficace sans la prise en compte par le politique de cet enjeu vital qu'est la préservation de la nature et de ses différents éléments : c'est ce que, très tôt et malgré la priorité donnée alors à d'autres problématiques, quelques royalistes ont compris et développé à travers des articles et des réflexions dont il n'est pas inutile, en définitive, de rappeler les termes, non seulement pour alimenter les archives du royalisme mais surtout pour en tirer quelques leçons et en montrer toute l'actualité, parfois de toute éternité...
     
    Ainsi, au début 1971, le Bulletin d'AF Reims, supplément local de la revue royaliste étudiante AFU (AF-Université, anciennement Amitiés Françaises Universitaires, fondée en 1955 et disparue en 1973), publiait en première page un grand article titré « L'environnement », article qui résume la pensée écolo-royaliste avant même que le mot d'écologie ne connaisse le succès qu'on lui reconnaîtra ensuite et que Jean-Charles Masson ne théorise, dans les colonnes du mensuel Je Suis Français, publié par l'Union Royaliste Provençale dans les années 1970-1980, la notion de « l'écologisme intégral ». Cet article mérite d'être reproduit intégralement, avec quelques commentaires (en notes), et en rappelant bien qu'il n'est pas écrit aujourd'hui, mais il y a 50 ans...
     
    « Environnement est, ô combien, le terme à la mode ; traduction directe de l'américain, il rassemble en un seul vocable tout ce qui a trait au milieu naturel en relation avec la société humaine. La préservation de ce milieu naturel est indispensable à la survie de l'homme. Le combat pour la défense de l'environnement est le nôtre ; il s'intègre parfaitement dans notre contestation globale du système démo-libéral.
     
    Pendant longtemps, les déchets industriels de toute sorte ont été déversés dans l'atmosphère, dans les cours d'eau, les océans, considérés comme des gouffres sans fond. Aujourd'hui, en bien des points du globe, ces poubelles sont pleines et commencent à déborder. Ainsi les grands lacs américains sont biologiquement morts. L'émotion provoquée par le désastre du Torrey Canyon (1) n'a pas empêché la plupart des pétroliers à vidanger leur soute en pleine mer (2). Des milliers d'espèces animales et végétales ont disparues au cours de ces dernières années (3). Les insecticides utilisés par milliers de tonnes se révèlent être de puissants poisons (4). Les emballages en plastique qui font fureur aujourd'hui ne sont pas réintégrables dans le cycle naturel et continueront à flotter sur les océans pendant des millénaires (5). Tout ceci n'est guère réjouissant et conduit en général le lecteur non informé aux limites de l'angoisse. Essayons d'analyser le problème d'une façon scientifique. On distingue à la surface de la terre deux mondes différents : tout d'abord la biosphère antérieure à l'homme qui est capable de se suffire à elle-même et d'absorber ses propres déchets ; d'autre part, la technosphère bâtie par l'homme qui vit en parasite de la biosphère dont elle se sert à la fois comme source de nourriture et comme dépotoir. Or le délai nécessaire à la transformation des équilibres naturels s'exprime en unité géologique ; la biosphère mourra empoisonnée bien avant de pouvoir « digérer » la technosphère. Pour éviter cette issue fatale, il est nécessaire de favoriser sans retard l'action des mécanismes régulateurs existants et d'arrêter la pollution. Plus précisément, les sources d'énergie propres (nucléaire (6), hydraulique, solaire etc. (7)) doivent être totalement substituées à celles qui conduisent à augmenter le pourcentage de gaz carbonique dans l'atmosphère ( les forêts doivent être reconstituées dans l'état du début de notre ère ; toutes les productions humaines (plastiques, etc.) doivent être biodégradables, c'est à dire pouvoir réintégrer le cycle naturel de transformations. »
     
    Non, vous ne rêvez pas : c'est bien en 1971 que ces lignes ont été écrites et publiées dans la presse royaliste ! Considérez, en les relisant lentement, le temps que la République a fait perdre à la nécessaire préservation de l'environnement, de notre environnement français en particulier... Et que l'on ne nous dise pas, une fois de plus, que l'on ne savait pas ou que rien n'avait été vu, ni proposé comme remèdes : la simple reproduction de cet article royaliste prouve à l'envi que le souci environnemental, souci éminemment politique, était bien présent, en particulier dans les milieux royalistes « traditionalistes »...
     
    Notes : (1) : Le naufrage du Torrey Canyon est l'une des premières grandes marées noires qui touchent la France, par la Bretagne, avant celles provoquées par les naufrages de l'Amoco Cadiz (1978), de l'Erika (1999) et du Prestige (2002), entre autres.
     
    (2) : Les fameux dégazages qui, chaque année, selon une étude du WWF publiée en 2000, représentent pour la seule Méditerranée, plus de 1,5 million de tonnes de produits pétroliers, soit l'équivalent de 75 « Erika »...
     
    (3) : Un mouvement qui s'accélère sur la planète ces dernières années : une espèce disparaît toutes les vingt minutes, soit plus de 26.200 espèces par an, si l'on en croit les études sur le sujet... L'article, lui, a été écrit en 1971 : le calcul sur la période 1971-2021, évidemment à contextualiser et parfois à relativiser, est tout de même terrifiant !
     
    (4) : Hélas, ce problème des insecticides et des pesticides reste encore d'une sinistre actualité, et n'a toujours pas trouvé sa résolution, malgré les efforts gouvernementaux (mais toujours contrariés…) des dernières années, entravés par l'action des groupes de pression qui interviennent et réussissent mieux encore à Bruxelles qu'à Paris...
     
    (5) : Ces plastiques, à l'époque non recyclables et pas du tout biodégradables, envahissent la société depuis les années 60-70 : aujourd'hui, les déchets plastiques ont formé, dans le Pacifique nord, le « septième continent » (mais aussi un huitième dans le nord de l'Océan Atlantique), et constituent 90 % des déchets flottants sur les mers du globe.
     
    (6) : Là, il y a, de la part du rédacteur, une erreur partielle de perspective sur l'énergie nucléaire : si, effectivement, elle ne rejette pas dans l'atmosphère une pollution de gaz à effets de serre, visible et immédiatement nuisible (et en cela, elle est fort intéressante), elle reste la source d'une autre pollution particulièrement embarrassante et, sans doute, fort dangereuse pour un (très) long temps... D'autre part, la gestion des déchets radioactifs, fort coûteuse, n'est pas encore véritablement assurée et sécurisée ! A moins que des avancées technologiques puissent, pourquoi pas, régler ce problème, ce qui serait alors une opportunité à saisir !
     
    (7) : Des sources d'énergie auxquelles on peut rajouter les énergies éolienne, géothermiques et marines, ces dernières étant extrêmement diverses et très prometteuses si l'on prend les moyens d'investir dans la recherche et l'innovation en ce domaine, ce qui est loin d'être suffisamment le cas aujourd'hui. De plus, détruire des paysages (terrestres ou maritimes) pour établir des champs d’éoliennes industrielles n’apparaît pas comme une solution acceptable sur le plan environnemental…
     
    En somme, ce que demandent les royalistes de Reims de cette année 1971 rejoint ce que proposait, en matière de transport automobile, M. Nicolas Hulot pour 2040 !
     
  • ”Interdire l'école à la maison est un crime contre l’esprit”, par Jean-Paul Brighelli.

    Emmanuel Macron à 'la Maison des habitants' aux Les Mureaux, le 2 octobre 2020.
    Ludovic MARIN / POOL / AFP

    Jean-Paul Brighelli, enseignant et essayiste, déplore la volonté d'Emmanuel Macron d'interdire l'apprentissage scolaire hors école alors que l'institution est devenue "globalement hostile à la transmission des savoirs" selon lui.

    Patricia appartient à la bourgeoisie cultivée versaillaise. Si cultivée que depuis longtemps elle a jugé pour ce qu’elles valaient les dérives pédagogistes de l’Ecole française, leur capacité de nuisance et de nivellement par le bas. En particulier, elle a évalué le pesant d’arsenic de la méthode idéo-visuelle d’apprentissage de la lecture, dite improprement « semi-globale », et de la grammaire « de texte », non systématique (contrairement à la grammaire « de phrase »), en vogue depuis une trentaine d’années et dont les IUFM puis les ESPE se sont faits les inlassables propagandistes.

    Elle a eu trois enfants, qu’elle n’a envoyés en classe qu’à partir de la Seconde : jusque là, c’est elle qui leur a fait classe, leur apprenant à lire et à écrire en méthode alpha-syllabique, leur enseignant les quatre opérations de base dès cinq ou six ans. Elle leur a par exemple appris la division comme une opération de multiplications inversées, et non comme une interminable série de soustractions. Et elle leur a inculqué de bonne heure l’Histoire de France, en ayant recours sans doute au « roman » de l’Histoire avant d’affiner peu à peu les événements et les concepts. Trilingue elle-même, elle leur a transmis les bases de plusieurs langues — y compris le latin — et a eu recours plus tard à des cours particuliers.

    Les dérives de l’école dite « républicaine »

    J’ai pu juger des résultats. A quinze ans, ses enfants en savaient davantage, dans tous les domaines, que nombre d’élèves de Terminale. Précisons enfin qu’elle n’a négligé ni l’Education physique — ils ont les uns et les autres pratiqué divers sports à haut niveau qui l’ont obligé à se muer parfois en chauffeur perpétuel de ses enfants entre tel ou tel terrain d’entraînement — ; ni les relations sociales, un réseau s’étant mis en place de bonne heure, entre parents dissidents et avertis des dérives de l’école dite « républicaine », qui permettait le mise en relation des enfants.

    Rien de très nouveau. Luc Ferry m’a personnellement raconté comment, dans les années 1960, il avait finalement abandonné le lycée Saint-Exupéry de Mantes, parce qu’il s’y ennuyait fort (et encore, il s’agissait à l’époque d’un enseignement « à l’ancienne ») et avait bouclé ses études à la maison grâce au CNED, qui dispense des cours de grande qualité. Et cet abandon du cadre collectif ne l’a pas empêché de passer l’agrégation de philosophie et de devenir ministre de l’Education…

    Or voici que le président de la République souhaite, dans son nouveau combat contre l’islamisme, interdire totalement l’apprentissage scolaire hors école, afin de supprimer les possibilités d’endoctrinement religieux — qui ne sont d’ailleurs pas toutes le fait de l’islam. Un bel effort, quoiqu’un peu tardif, qu’il conviendrait de saluer si ce n’est que…

    Côtoyer des imbéciles dans un monde hostile

    Si ce n’est que les émules de Patricia, qui font l’école à la maison, un droit garanti par les lois Ferry, vont être obligées d’y renoncer et d’envoyer leur progéniture user leurs fonds de culotte et leur patience dans un environnement qui est globalement hostile à la transmission des savoirs.

    Qui s’étonnera que Philippe Meirieu, qui a fait de son mieux, en quarante ans de malfaisance pédagogique, pour niveler par le bas le contenu des enseignements et les compétences des maîtres, salue très haut l’initiative d’Emmanuel Macron : « L’école est d’abord un lieu nécessaire pour la socialisation, pour marquer aussi une rupture symbolique avec la famille. Ce n’est pas seulement un lieu où les enfants vont apprendre. C’est un lieu où ils vont apprendre à apprendre des autres, à rencontrer des gens qui viennent d’autres horizons, qui ont d’autres histoires, d’autres convictions que leur entourage. » Et il enfonce le clou : « Je crois profondément que cette rencontre de l’altérité, de la différence, est essentielle pour le développement de l’enfant. En termes d’ouverture d’esprit, le collectif scolaire a des vertus que l’instruction en famille ne permet pas. Ou alors à de très rares exceptions. »

    Je ne suis pas sûr que l’expérience de cette « collectivité », qui oblige à côtoyer bien des imbéciles et à se risquer dans un monde prématurément hostile, soit si essentielle que cela. Ni que l’expérience de la sacro-sainte « mixité sociale » (qui est très loin d’être effective dans nombre d’établissements déshérités, où justement c’est une société monocolore qui s’est mise en place) soit souhaitable à n’importe quel âge.

    Des enseignants enthousiastes de l'école à la maison

    Je suis convaincu en revanche que passer sous les fourches caudines d’enseignants soumis à l’idéologie des formateurs que Meirieu et ses amis ont mis en place, quadrillant toute la France dans un réseau serré de médiocrité, n’est pas l’idéal en matière d’éducation. Il ne s’agit pas là de convictions politiques et encore moins religieuses, mais d’une réflexion pédagogique basée sur 45 ans d’expérience pratique.

    Si nombre d’enfants et de familles s’accommodent du système scolaire tel qu’il existe aujourd’hui, il faut bien réaliser que le succès des voies parallèles — l’école à la maison mais aussi toutes sortes de cours privés plus ou moins performants — témoigne d’une méfiance envers ce qu’est devenu l’enseignement de masse français. En particulier, tous les enfants qui justement ne s’identifient pas à la masse, tous les enfants quelque peu précoces, qui à huit ans ont des capacités de raisonnement adultes, tous les enfants qui apprennent à lire seuls et préfèrent les grands classiques à la contemplation béate de 22 mercenaires courant après une vessie pleine d’air sur un écran de télévision, tous ceux-là n’ont aucun intérêt à fréquenter l’école telle qu’elle est devenue.

    Une école où leur appétit de savoir est constamment freiné par l’inappétence de nombre de leurs condisciples — ceux pour lesquels, justement, tant de maîtres baissent chaque jour le niveau. Tout ce qu’ils en tirent, en général, c’est le sentiment d’un mépris précoce, ou d’une inadéquation qui peut tourner parfois au drame. À noter que parmi les enthousiastes de l’enseignement à la maison, il y a bon nombre d’enseignants — les mieux à même de juger de l’énormité des crimes contre l’esprit qu’on leur fait commettre chaque jour.

    Des dérives qui touchent peu de familles

    Nous sommes tous d’accord sur le fait qu’il faut absolument éviter les dérives sectaires et l’enseignement du fanatisme. Mais cela touche fort peu d’enfants et de familles (moins de 2000 en fait) — et une inspection sérieuse des conditions d’enseignement devrait en venir à bout, quitte à enlever les enfants, d’autorité, aux familles les plus nocives : les internats d’excellence, qu’il faut revivifier, pourraient jouer ce rôle de remise sur les bons rails.

    En revanche, priver de la chance d’apprendre au calme et précocement des notions complexes est un crime contre l’esprit. Un crime aussi contre la vraie vocation de l’Ecole, si j’en crois Condorcet, qui en a défini les bases : dégager une élite en amenant chacun au plus haut de ses capacités — et non en rabaissant tout le monde au niveau des plus cancres. Là encore, la République doit parler contre la fausse démocratie qui est devenue la norme afin de mieux étouffer toute chance de se distinguer.

    Source : https://www.marianne.net/

  • Jean-François Chemain : “La laïcité est impuissante à lutter contre le séparatisme islamique à partir du moment où elle

    C’est l’assassinat de Samuel Paty qui a décidé Jean-François Chemain à reprendre la plume pour publier : Non, la France ce n’est pas seulement la République ! Le coup de gueule d’un enseignant. Un ouvrage qui nous renvoie à cette question : qui sommes-nous ? Quelle est la place de la République et de la France ? Réflexions et retour sur la construction de la France à travers son


    Non, la France ce n’est pas seulement la République ! le coup de gueule d’un enseignant est le titre de votre essai paru aux Éditions Artège. On a envie de dire que la thèse du livre est dans le titre. Pourquoi avoir voulu écrire cela et dans quel contexte ?

    Tout simplement parce qu’après l’assassinat sordide de mon collègue Samuel Paty, j’ai été frappé comme beaucoup de Français d’entendre le président Macron, lors de l’ rendu à Samuel Paty, dire que le rôle d’un enseignant est de faire des républicains. J’aurais préféré entendre, en faire des Français éventuellement même des hommes et des femmes bien dans leur peau et accomplis. Au lieu de cela, il a martelé que sa mission était de faire des républicains. J’ai donc voulu réfléchir pour quoi toujours parler de République plutôt que de parler de France.

     

    Pourquoi cet effacement de la nation au profit de celle du régime qui régit tout simplement nos vies ?

    La République est un régime politique synonyme de l’État. Ce phénomène de substituer l’État à la France est relativement ancien. L’historienne, Colette Beaune a montré que dès la fin du moyen-âge, les textes d’iconographie commencent à substituer le roi à la France. On commence à mourir pour le roi et non plus pour la doulce France. Ce phénomène ne date donc pas de la révolution. La République l’a simplement poussé à son terme. Aujourd’hui, elle a clairement tendance à se substituer à cette nation à laquelle elle devrait se contenter de se superposer. On devrait considérer que l’État est au-dessus de la France et au service de la France. En réalité, il a tendance à considérer qu’il se suffit à lui-même et à effacer cette notion de France. Michelet disait que la France est une personne. Je crois qu’aujourd’hui on a tendance à oublier cette personne.

     

    Cette affirmation nous plonge à la base : Qui sommes-nous ? Sommes-nous des Français, des républicains ? La République agit-elle dans l’intérêt de la France ou contre la France ?

    Force est de constater que la France est largement antérieure à la République. Le général de Gaulle lui-même disait qu’il faisait remonter l’ au baptême de Clovis. La France a au moins 15 siècles, dont 13 antérieurs à la Révolution française. Le peuple de France est resté d’une remarquable stabilité depuis le 10e siècle. À l’époque de la Révolution, la France avait à peu près atteint ses frontières actuelles. La Révolution a ajouté à la République, le perfectionnement de l’État absolutiste. Il faut bien comprendre que République n’est pas synonyme de démocratie, mais synonyme depuis Rome et depuis les écrits de Jean Bodin, penseur de l’absolutisme, d’un État fort qui n’a de comptes à rendre à personne et notamment pas à l’Église. A priori, la République est compatible avec tout système politique. D’ailleurs, lorsque Jean Bodin parlait de République, il parlait de la monarchie absolue. Il n’y a pas du tout de synonymes entre République et démocratie. Encore une fois, la République est synonyme d’État fort. Ce que la révolution a apporté à l’absolutisme, c’est d’abord la suppression de tout un tas d’institutions et de corps intermédiaires qui faisaient obstacle au bon fonctionnement de l’absolutisme et surtout de supprimer la personne royale. Le roi qui est faillible. Le règne de Louis XV a été assez catastrophique de ce point de vue-là, notamment de la vie dissolue qu’il a menée. Il a été favorable au renforcement du courant qu’on appelle le jansénisme politique qui a contribué à la désacralisation de la personne royale.

    La République a apporté une dépersonnalisation, une abstractisation de l’État qui ne repose donc plus sur une personne faillible et entravée par des corps intermédiaires, mais qui a les mains totalement libres et qui par définition est pur. Il ne s’incarne pas, mais devient une idée.

     

    D’où vient cette impuissance de la République à lutter contre l’ennemi de l’extérieur qu’est l’islamisme radical ?

    Je crois qu’il faut remonter assez loin et partir de son origine révolutionnaire. Selon moi, la République consiste à l’absorption de l’Église par l’État. D’une part de l’absorption de sa mission moralisatrice, éducatrice et de sa mission qui doit conduire le peuple à la vertu, mais également de son mode de fonctionnement clérical, reposant sur des clercs qui sont des intellectuels dotés d’un statut protecteur et d’un magistère intellectuel et moral. Ils sont finalement là pour guider le bon peuple sur le chemin de la vertu. Je pense que la République, encore aujourd’hui, s’est donnée comme mission de nous moraliser. De ce point de vue-là, elle est de plus en plus impitoyable. On la voit s’insérer dans tous les espaces grâce à des nouveaux moyens de . Elle s’insinue dans les moindres espaces de nos vies pour nous moraliser et nous faire la leçon de manière totalement impitoyable. Elle entreprend de lutter contre nos haines, nos phobies et notre peur de l’autre. Je pense qu’il est faux que la République est de plus en plus faible.

    Là où on dit qu’elle recule et qu’elle est impuissante, c’est sur des problèmes comme l’immigration et la délinquance. Si on le remarque, ces sujets contribuent à la moralisation des Français. Le Français est appelé pour sa propre sanctification à accueillir l’autre.

    Dire que la République ne défend pas bien nos frontières ne fait que conduire le Français à se remettre en question dans la douleur pour mieux accepter l’autre.

    Une lutte inefficace contre la délinquance amène peut-être les Français à constater qu’ils ont les moyens. Il y a une sorte de mansuétude à l’égard de ceux qui infligent en toute illégalité ce de aux Français. La leçon qu’en retire la République c’est bien souvent de faire la morale aux Français plutôt que de lutter contre les incivilités en question.

    Je ne crois pas que la République soit laxiste à l’égard des Français, mais au contraire, elle est selon moi de plus en plus impitoyable.

     

    La question derrière cette notion de séparatisme est la question de la laïcité. La République laïque est-elle armée contre l’islamisme ? La France s’ampute-t-elle de l’arme qui pourrait repousser cette menace ?

    La laïcité est impuissante à lutter contre le séparatisme islamiste à partir du moment où elle refuse de reconnaître ses racines profondément chrétiennes. La laïcité ne peut pas impliquer de totales neutralités religieuses de l’État dans la mesure où elle est issue de notre Histoire chrétienne et pluriséculaire qui est passée par un certain nombre d’étapes.

    La première étape étant le gallicanisme. Dès l’époque de Philippe le Bel, l’État français a prétendu avoir des prérogatives sur l’Église. Ensuite, il y a eu l’étape de l’absolutisme. A partir de François Ier et a fortiori Louis XIII et Louis XIV, l’État ne tient plus sa dimension sacrée de l’Église, mais il l’a tient directement de Dieu. Il peut se passer du jugement moral de l’Église.

    Et enfin, il y a une troisième étape issue des Lumières, ce qu’on appelle le despotisme éclairé qui est que l’État a le droit et le pouvoir de rationaliser la et de la fonctionnariser. C’est ce qui a été fait par la première étape de la révolution en 1790. La laïcité s’inscrit dans ce cadre-là.

    Il s’agit pour l’État, de s’approprier la mission de l’Église, que ce soit sa mission moralisatrice et éducatrice, mais également une posture cléricale tout en marginalisant l’Église catholique qui est sa concurrente. Tout cela n’empêche pas que le fond anthropologique de notre laïcité est chrétien et que l’ordre public de notre République laïque est d’essence chrétienne. Lorsqu’on vient expliquer à des musulmans qui ont une autre anthropologie et une autre conception des relations entre la religion et l’État, ils ont le sentiment que l’on se fiche d’eux. Je pense que la laïcité serait beaucoup plus opératoire si on avait l’intelligence et le courage de dire que la laïcité est d’essence chrétienne et même catholique. Que l’on soit croyant ou non, que l’on soit pratiquant ou non, lorsqu’on adhère aux valeurs républicaines, on adhère aux valeurs issues du christianisme. Je pense que lorsqu’on tient un discours de vérité, on tient un discours apaisant. En revanche, lorsqu’on tient un discours intellectuellement erroné et qu’on adopte une posture d’autorité pour essayer d’enfoncer le clou qui ne rentre pas parce qu’il est tordu, cela suscite une violence.

     

    Jean-François Chemain

    Professeur d'histoire en banlieue