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Rechercher : Rémi Hugues. histoire

  • Documents pour servir à illustrer une histoire de l'URP (29)...

    (Documents pour servir à illustrer une histoire de l'URP : contribution, commentaires, informations, renseignements, prêt de photos etc... bienvenus; retrouvez l'ensemble de ces documents dans notre Catégorie : Documents pour servir à illustrer une histoire de l'URP)

     

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    29 : En 1995, au Rassemblement des Baux, la leçon d'espérance pour aujourd'hui, donnée en ces lieux il y a 21 siècles par Caïus Marius...

    L'occasion, aussi, de parler de Jean Arnaud, qui succéda à Pierre Chauvet comme président de l'URP...

    En 1995, Jean Arnaud (ci dessous), Président qui succéda à Pierre Chauvet, me demanda d'intervenir à la Tribune des Baux. J'avais dit pas mal de choses "politiques" depuis 81 à cette Tribune, et j'avais envie de changer un peu, et par exemple d'évoquer le magnifique message d'espoir que nous offre ce lieu unique des Baux, et de raconter l'histoire de la Civilisation en danger de mort, à l'époque, mais sauvée in extremis, face à la barbarie, et ici-même aux Baux...

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    Belle et grande leçon pour nos jours angoissants d'aujourd'hui : aujourd'hui pas plus qu'hier, et malgré les apparences qui nous sont - évidemment... - contraires, il ne faut pas perdre espoir, et c'est lorsque que tout paraît perdu que se produit finalement le sursaut salvateur...

    Je ne pouvais bien sûr pas tout dire ni raconter : je parle déjà 14'35, ce qui est beaucoup pour une intervention.

    Voilà pourquoi, comme nous l'avons vu la semaine dernière, plusieurs personnes du public, et plusieurs des amis, sont venus me voir, après, pour me dire que, finalement, ils ne connaissaient que très mal, ou trop peu, voire - pour certains... - pas du tout cette Histoire. Et nous décidâmes que, lorsque l'occasion se présenterait, je reprendrais ce sujet en le développant plus à fond. Il nous faudra en fait attendre ce moment... quinze ans, puisque c'est lors de notre Réunion de rentrée de 2010 que je pus concrétiser cette promesse : en 2008, nous avions fait notre Réunion à Maillane et Saint Rémy (chez Mistral et Daudet); en 2009, à Montmajour même (sur les lieux des trois premiers Rassemblements); en 2010, nous la fîmes aux Baux mêmes, et nous allâmes in situ, aux pieds même de la stèle des Trémaïé et, là, je disposais de 26'21, c''est-à-dire presque du double de temps, pour aller plus au fond des choses...


    (Racontée en détail, par écrit, voici l'histoire, dans notre Éphéméride du 17 janvier)

    Au début de la vidéo, on voit très distinctement (à la seconde 0'28) Pierre Pujo qui regarde du côté de la Sono pour voir ce qui se passe, car le son n'est pas très bon, il est même très "sourd"; puis, de 2'02 à 2'07, c'est Jean Arnaud lui-même qui essaye de voir pourquoi... Moi-même, ne pouvant pas faire grand-chose, je me suis contenté de continuer, malgré tout...

     

    Décédé en 2012 (le mardi 2 octobre, à l'âge de 87 ans) Jean Arnaud était le dirigeant d'une des belles agences immobilières marseillaises. Il succéda à Pierre Chauvet dans les années 90. Ses obsèques furent célébrées le vendredi 5 octobre, à la basilique du Sacré Cœur de Marseille.

    Sur le Blog de l'URP je postai immédiatement le court message suivant :

    "De plus, il n’était pas facile de succéder à Pierre Chauvet, monument de générosité, de fidélité et de dévouement absolu à son Idéal…"

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    On voit ici Jean Arnaud avec le prince Jean le 29 mai 1999; à ses côtés, Denise, personne aussi sympathique et amicale que dévouée et efficace : elle ne manquait jamais de mettre la main à la pâte, remuant son monde, animant les uns et les autres, veillant à ce que tout se passe pour le mieux.

    En fait, et ce fut une grande différence avec "l'époque Chauvet" on peut dire que c'était "le couple Arnaud" qui était aux manettes, tellement Jean et Denise étaient complémentaires et indissociables. Les épouses de Chauvet, Lavo et Joannon (le trésorier qui succéda à Louis Ducret, dont je parlerai bientôt) "venaient", mais beaucoup moins que Denise qui, elle, était toujours là : il faut remonter aux tous débuts de notre engagement militant (c'était au local de la rue Saint-Suffren), lors d'un Gâteau des Rois très réussi, pour que je me souvienne d'avoir vu ensemble, régentant le "repas assis", mesdames Chauvet, Lavoëgie et Joannon toutes les trois ensemble, derrière le bar, organisant tout de main de maître (de maîtresse ?). Malgré mon très jeune âge, Lavo m'avait placé à l'entrée, avec le jeune frère de Robert Oberdorff, parti par la suite à Nice Matin lorsque Le Méridional fut absorbé par Le Provençal (et son collègue - et notre ami - Jean-Michel Renaud remonta chez lui, dans le Nord, à La Voix du Nord : nous avons perdu beaucoup avec cette "fusion" des deux quotidiens, mais là, on s'éloigne trop du sujet de départ et c'est une autre histoire... Nous en reparlerons...)

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    Une autre illustration de la façon dont "le couple Arnaud" dirigeait l'URP...

    En 2006, pour la première fois à Marseille, la messe du 21 janvier eut lieu en présence d’un prince de la Maison de France : Eudes, duc d’Angoulême et frère du prince Jean.
     
    On voit ici (les deux premiers à gauche) Jean Arnaud et son épouse, Denise; en face du photographe, les Hueber (Jean-Louis et Sylvie); à la droite de Jean-Louis, je regarde en souriant le photographe, mais j'avoue ne plus savoir qui il était...

     

    Pour moi, le meilleur moment - mais pas le seul !... - passé avec Arnaud et Denise fut celui de la première réunion amicale (on dirait aujourd'hui "d'intégration"...) organisée chez moi, un samedi, en fin d'après-midi et soirée; nous étions une petite trentaine et passâmes après-midi et soirée à ne rien faire d'autre que projeter et imaginer de futures actions, sans oublier de profiter du "bon de la vie", pour reprendre l'expression de Léon Daudet : "...nous prenions le bon de la vie, dès qu'il se présentait, sous quelque forme qu'il se présentât : amitié, soleil, beauté, réussite, voire table et causerie..." (de "Vers le Roi", pages 82/83)...

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  • HISTOIRE • L’histoire militaire autrement

     

    Par Ludovic Greiling

    En mars 1918, en pleine guerre, les ingénieurs allemands de la compagnie Krupp réalisent une prouesse technologique : la projection d’un obus à plus de 120 kilomètres de son point de tir, à une époque où les canons les plus gros n’excédaient pas un rayon de 30 à 40 km, rappellent les éditions Pierre de Taillac dans un livre riche en iconographie.

    Pour se faire, ils inventent des tubes géants qui projettent les obus à 1500 mètres à la seconde, les font grimper jusqu’à 45 kilomètres d’altitude dans les couches raréfiées en gaz de l’atmosphère, puis les font retomber à un ou deux kilomètres près sur leurs objectifs.

    Prouesse technologique, impact mineur

    Le but de l’Etat-major allemand ? Atteindre la capitale et provoquer la panique dans Paris, en même temps qu’il décide de lancer des offensives qui enfoncent le front situé à une centaine de kilomètres.

    Si la percée allemande et les tirs des Paris Kannonen provoque le départ de près de 500 000 habitants à partir de mars 1918, la plupart des Parisiens demeurent sur place et s’habituent aux bombardements, dont le bilan s’avère limité : en quatre mois et demie, 320 projectiles auront frappé Paris et sa banlieue, provoquant la mort de 256 personnes et en blessant 625.

    Après la guerre, en dépit des efforts allemands pour garder secret les plans de cette arme unique, les services français recueilleront témoignages et documents révélant en partie les secrets de fabrication de la firme Krupp.

    Mais l’histoire de la balistique à très haute altitude ne s’arrête pas là.

    Dans les années 50 et 60, un brillant ingénieur canadien reprend l’idée et les plans des Paris Kannonen, et tente de concevoir pour les gouvernements canadiens puis américains des lanceurs de satellites à bas coût.

    Ces projets sont finalement abandonnés en Amérique du Nord, mais l’homme relance son activité en privé. Dans les années 80, il propose ses services à plusieurs gouvernements, dont l’Irak, ce qui provoquera les craintes du voisin israélien. Il sera mystérieusement assassiné par balles en mars 1990 à Uccle, une cité périphérique de Bruxelles.

    Au total, voici un livre rigoureux et bien écrit, brillamment illustré par les éditions Pierre de Taillac qui publie des photos exceptionnelles.  

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    Feu sur Paris ! L’histoire vraie de la Grosse Bertha, par Christophe Dutrône (éd. Pierre de Taillarc – 30 euros).

     

  • Sur TV Libertés, Macron : 3 ans d'allégeance à l'Etat profond - Le Zoom - Rémy Prud'homme.


    Urgence sanitaire, répression des Gilets Jaunes, réforme de la SNCF, des retraites... Depuis l'élection d'Emmanuel Macron, un grand nombre de décisions ont été prises pour réagir à une actualité politique, économique ou sociale. D'autres pour servir les intérêts de ceux qui ont placé l'ancien banquier à la tête du pays... Dans son ouvrage "Cent cailloux dans la chaussure de Monsieur Macron", l'économiste Rémy Prud'homme analyse, par des sources incontestables, les mesures surprenantes, infondées ou carrément absurdes qui ont trop souvent émaillé le chemin du quinquennat du président jupitérien. Un livre à garder sous le coude en attendant l'élection présidentielle de 2022... pour ne jamais oublier.

  • Histoire • Ainsi meurent les empires

     

    Dans La Fin des empires, vingt spécialistes réunis sous la direction de Patrice Gueniffey et Thierry Lentz analysent comment, de l'Antiquité à nos jours, les empires ont toujours péri, mais aussi comment ils ont ressuscité sous d'autres formes. Une passionnante synthèse... Et une passionnante recension de Jean Sévillia. [Figaro magazine du 12.02].


    XVM06e8d676-796d-11e5-ba18-c49418e196fb.jpgUn peu plus de dix ans seront nécessaires au roi de Macédoine, Alexandre III, après qu'il eut soumis la Grèce, pour conquérir l'Asie mineure, l'Egypte et l'Empire perse, étendant son emprise de la Mésopotamie aux frontières de l'Inde. Mais, peu d'années après sa mort, ses successeurs se déchireront et l'empire d'Alexandre s'effondrera.

    Vingt-deux siècles plus tard, à l'est de l'Europe, l'Empire soviétique prendra la suite de l'Empire russe, né peut-être quand Ivan IV le Terrible, dans une symbolique empruntant à Rome et à Byzance, prit le titre de « tsar de toutes les Russies ». Il ne faudra cependant qu'un an et demi, entre la déclaration d'indépendance de la Lituanie, le II mars 1990, et la démission de Mikhaïl Gorbatchev, le 25 décembre 1991, pour que disparaisse cet empire qui avait Moscou pour capitale.

    Deux millénaires séparent Alexandre le Grand et Gorbatchev. De l'Antiquité à nos jours, d'autres empires sont nés, ont atteint leur apogée, puis ont disparu. C'est cette fascinante litanie de puissances englouties par l'Histoire qu'égrène un livre collectif réalisé sous la direction de Patrice Gueniffey et Thierry Lentz, deux spécialistes de Napoléon. Vingt historiens — dont Claude Mossé, Jean-Louis Voisin, Sylvain Gouguenheim, Jean Meyer, Bartolomé Bennassar, Jean-Paul Bled, Arnaud Teyssier ou Lorraine de Meaux — y analysent la chute de ces constructions politiques que furent l'Empire romain d'Occident et la Perse sassanide, l'Empire carolingien et Constantinople, l'Empire aztèque et l'Empire espagnol, le Saint Empire romain germanique et le Grand Empire de Napoléon, l'Empire chinois et l'Empire ottoman, l'Autriche-Hongrie et le Troisième Reich, l'Empire britannique et l'Empire colonial français.

    « Tout empire périra », observait naguère le grand historien Jean-Baptiste Duroselle. D'un cas à l'autre, les causes diffèrent : trop grande disparité des populations conquises, paupérisation économique, épuisement politique ou militaire, crises de succession intérieures, rivalités extérieures. Les circonstances varient tout autant : longue agonie pour l'Empire byzantin, maladie de langueur pour le Saint Empire romain germanique et pour l'Empire ottoman, défaite militaire pour l'empire des Habsbourg, apocalypse sous les bombes pour le Reich hitlérien. Ajoutons que la durée de vie des empires « décourage toute comparaison », comme le reconnaissent Gueniffey et Lentz dans leur avant-propos : quelques années pour Alexandre le Grand et Napoléon, un siècle pour les Empires inca et aztèque, quatre siècles pour les Empires arabes, cinq siècles pour Rome, huit siècles pour le Saint Empire romain germanique, mille ans pour l'Empire byzantin.

    A raison de ces dissemblances, est-il possible d'établir une théorie du phénomène impérial ? Rappelant, dans leur passionnante préface, que Montesquieu, Gibbon ou Toynbee s'y sont essayés, les deux directeurs de l'ouvrage esquissent à leur tour une réflexion à ce sujet. Mais pour souligner un paradoxe : si les empires sont mortels, tel le phénix, ils ressuscitent toujours. Parce qu'ils incarnent un mythe dont les hommes ont besoin. Les deux autres formes politiques qui ont existé dans le passé sont la cité ou l'Etat-nation. La première, limitée par sa taille, ne correspond plus aux exigences du monde moderne. Le second est d'origine européenne, or les Européens, après les excès du siècle des nationalités (le XIXe siècle) et les tragédies du XXe siècle, se sont détournés de l'Etat-nation, aspirant, à travers l'Union européenne, à dépasser les frontières afin de renouer avec la paix, à vivre sous un pouvoir lointain, par-là même respectueux des particularismes. La deuxième moitié du XXe siècle, en Europe, a vu par conséquent un regain de l'idée impériale. Pour autant, Patrice Gueniffey et Thiery Lentz rappellent que les rois de France, rejetant la tutelle de l'empereur comme du pape, imposèrent jadis le modèle de la nation, modèle qui triomphe à travers les Etats qui, aujourd'hui, décident de l'avenir du monde : les Etats-Unis, la Russie, la Chine, l'Iran, Israël, et.. l'Allemagne. L'Allemagne qui est en train de saper l'Europe, si bien que, au XXIe siècle, les rêves d'empire se sont déjà évanouis sur le Vieux Continent. Conclusion : l'histoire continue. 

    Détails sur le produit

    La Fin des empires, sous la direction de Patrice Gueniffey et Thierry Lentz, Perrin/Le Figaro Histoire, 474 p., 22 €.

  • Histoire & Actualité • Le suicide des lemmings

     

    par Ph. Delelis

    Une fable ou une parabole qui rappelle et illustre notre actualité. En effet, un sujet de méditation pour tous.

     

    Les lemmings sont des petits rongeurs de la famille des campagnols qui vivent dans les régions arctiques. Les dictionnaires les plus sérieux rivalisent de noms doux pour les décrire ou les renommer : ils sont ainsi appelés « lapins de Norvège » par Emile Littré, « souris de montagne » par Pierre Larousse, ou encore « petits rongeurs migrateurs des régions boréales » par le Dictionnaire de l’Académie Française.

    Pendant cinq siècles environ, on a considéré avec effarement les lemmings comme capables de suicides collectifs de masse. En particulier, il a souvent été observé qu’une population considérable de ces petits animaux se ruait au bord d’une falaise puis tombait dans la mer de Norvège ou dans les étangs scandinaves dont la température n’est guère plus clémente. Les lemmings s’y noient car leurs petites pattes ne leur permettent qu’une nage très limitée.

    Le mythe du suicide collectif est resté vivace jusqu’à une époque relativement récente où des scientifiques ont fini par expliquer le phénomène, soit par une bousculade tournant mal à l’issue d’une migration de masse, elle-même provoquée par la pression démographique, soit par la fuite devant des oiseaux de proie eux-mêmes attirés par le baby boom récurrent des lemmings (tous les quatre ans).

    En tout cas, le phénomène d’annihilation de masse des lemmings perdure : ils courent éperdument sur les plaines norvégiennes, les premiers doivent s’apercevoir trop tard du risque de chute, ils freinent brutalement mais, derrière eux, la masse galopante de leurs congénères les poe irrésistiblement dans le vide et… plouf !
    Un sujet de méditation pour tous. 

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  • Histoire • Hitler vu par sa secrétaire

     

    par Anne Bernet

     

    938307326.pngL’ignorance, l’égoïsme et la sottise constituent-ils des excuses absolutoires ? Telle est la question que se posa jusqu’à sa mort Traudl Junge, qui fut, de 1941 à mai 1945, l’une des secrétaires personnelles de Hitler.

    Longtemps, ses proches, et même les organismes de dénazification, lui soutinrent que sa jeunesse, -elle avait vingt-deux ans quand elle avait été embauchée par le Führer.- l’absolvait et qu’il était vain de se reprocher le passé. Elle-même, pour tardive qu’eut été sa prise de conscience, n’en était pas très sûre et c’est ce doute qui la poussa, peu avant sa mort, en 2002, à accepter de publier ses Mémoires.

    Sous le titre accrocheur Dans la tanière du loup, du nom donné au grand quartier général de Hitler en Prusse Orientale, Mme Junge livra des carnets rédigés en 1947, à chaud, rédigés à la hâte dans la crainte d’oublier des détails importants. Tel quel, par son manque de recul dont elle se scandalisait en les relisant, ce texte constitue un document brut précieux à l’historien, et il a largement inspiré le film La Chute qui provoqua dans l’opinion une véritable commotion. La raison en est évidente.

    Mme Junge parle avec une sorte de tendresse nostalgique de son patron, un monsieur vieillissant, en mauvaise santé, très gentil, très attentionné, qu’elle admirait et aimait beaucoup. L’ennui étant qu’il s’agissait d’Adolf Hitler … Se pose alors une question dérangeante : peut-on vivre quatre ans aux côtés du Mal incarné sans s’en rendre compte, ou faut-il supposer que Hitler était un homme comme les autres ? Mais a-t-on le droit de lui restituer cette part d’humanité ?

    N’est-ce pas remettre en cause tout ce que Rousseau a dit de la bonté intrinsèque de notre espèce, voire admettre qu’il existe en tout humain une part noire qui serait la marque du péché originel ? La très naïve Mme Junge aurait été bien surprise de savoir que son modeste témoignage conduisait à de telles interrogations métaphysiques … 

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    Traudl Junge , Dans la tanière du loup - Tallandier Texto ; 310 p ; 10,50 €

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  • Café Histoire de Toulon

    Le mardi 3 février 2015 à 18h30, 

    le Café Histoire de Toulon 

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    vous convie à participer à la conférence : 

    De la Libye au Nigeria et du Mali à la Centrafrique, les causes et les conséquences des conflits régionaux 

    par Monsieur Bernard LUGAN,

    historien spécialiste de l'Afrique, 

    professeur à Saint-Cyr et à l'Ecole de Guerre,

    conférencier à l'IHEDN, 

    expert auprès du Tribunal Permanent International pour le Rwanda (TPIR),

    au musée des Troupes de Marine de Fréjus, route de Bagnols en Forêt, salle Mangin (bâtiment du CHETOM). 

  • HISTOIRE • A lire sur Louis XIV

     

    Sélection non-exhaustive d’ouvrages parus sur Louis XIV à l’occasion du tricentenaire de sa mort.

    par Anne Bernet

    Patrick Dandrey : Louis XIV a dit
    Les Belles Lettres ; 465 p ; 19 €.
    Dandrey trie les citations attribuées au Roi-Soleil et, les classant par thèmes, raconte Louis XIV à travers les paroles qu’il prononça et celles qui lui furent prêtées. Un des meilleurs livres de ce tricentenaire.

    Jean-François Solnon : Louis XIV, vérités et légendes
    Perrin ; 275 p ; 14,90 €. Paru
    L’essentiel de ce que les gens savent à propos de Louis XIV est faux. Solnon relève trente-huit assertions mensongères, en retrace l’origine, rétablit la vérité.

    Jean et François Anthoine : Le Roi se meurt
    Le Cerf ; 280 p ; 19 €.
    Valets de chambre de Louis XIV, les frères Anthoine ne quittèrent pas son chevet durant sa dernière maladie, attentifs autant aux faits et gestes du mourant qu’à ceux de son entourage. Leurs souvenirs, grinçants ou émus, restent irremplaçables.

    Alexandre Maral et Thierry Sarmant : Louis XIV, l’univers du Roi-Soleil
    Tallandier ; 224 p ; 31,90 €.
    Le Roi-Soleil voulut donner de son règne une image sublime. Parmi cette iconographie pour laquelle tous les arts furent convoqués, Alexandre Maral et Thierry Sarmant ont fait un choix, et offrent ainsi une biographie indirecte du monarque.

    Sous la direction de Jean-Christian Petitfils : Le siècle de Louis XIV
    Le Figaro-Histoire Perrin ; 456 p ; 23 €.
    Tel Voltaire, les spécialistes du Grand Siècle proposent une vue d’ensemble de la vie, de l’œuvre et du royaume de Louis XIV. Une somme accessible, complète et juste.

    Mathieu Da Vinha : Versailles, enquête historique
    Tallandier ; 255 p ; 18,90 €.
    Conseiller historique de la série télévisée Versailles, Mathieu Da Vinha rectifie ici les erreurs introduites dans le scénario pour les besoins de l’intrigue et donne un ouvrage de vulgarisation intelligent et accessible mais à laisser aux ignorants.

    Laurent Dandrieu : Le Roi et l’Architecte
    Le Cerf ; 200 p ; 12 €.
    En 1665, mécontent de tous les projets d’embellissement du Louvre, Louis XIV invite le Bernin à Paris. L’expérience tournera court mais sera paradoxalement le révélateur du « goût français ». Laurent Dandrieu, excellent connaisseur de l’Italie et du baroque, donne un récit jubilatoire de ce voyage.

    John Lynn : Les guerres de Louis XIV
    Tempus Perrin ; 560 p ; 12 €.
    Une synthèse, pas toujours bienveillante mais incontestablement complète, de l’histoire militaire du règne et de la conception que Louis XIV se faisait de son rôle de « roi de guerre ».

    Charles-Édouard Levillain : Le procès de Louis XIV
    Tallandier ; 400 p ; 24,90 €.
    En 1667, tandis que s’affirment les ambitions du jeune Louis XIV, Paul de Lisola, diplomate au service des Habsbourg, publie un pamphlet qui fera date dans l’histoire de la propagande anti-française. À travers cet écrit et son impact sur l’opinion internationale, Levillain explore un aspect méconnu du Grand Siècle. 

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  • Société & Histoire • Resurrection du Sphinx

    Le Sphinx en 2016 © Copyright : DR

     

    Par Peroncel-Hugoz

    Notre confrère n’a pas eu besoin d’aller loin pour trouver l’inspiration de son billet puisque le thème se trouvait à sa porte : l’ex plus célèbre « maison de tolérance » du Vieux Monde était située en effet à deux pas de Casa … En résulte un savoureux récit et des anecdotes instructives ...

     

    peroncel-hugoz 2.jpgEn principe, c’est le Phénix qui renaît de ses cendres; mais à Mohamédia, ex-Fédala, à 25 km de Casa, c’est le Sphinx qui vient de ressusciter. Oh ! n’ayez crainte, Mesdames et Messieurs des ligues de vertu, l’ancien plus fameux — quel mot utiliser ? Bordel, maison de passe, lupanar, maison de tolérance, etc …, je laisse le lecteur choisir.  L’enseigne défunte, qui attira jadis tant de « fines braguettes » à Fédala,  a bien ressuscité, sous son nom d’origine, mais en tant que respectable « maison d’hôtes », tout ce qu’il y a de plus bon chic-bon genre, un hôtel-restaurant soigné pour couples en règle, pour familles honnêtes et bien sûr, ayant des moyens. 

    A la fin du protectorat et au début de l’indépendance, le Sphinx première formule, avait été un « Eros Center » de tout premier choix : uniquement de splendides filles, toutes européennes ou israélites — pas de musulmane afin de ne pas provoquer la gent théologienne dans une petite ville. La majorité de la clientèle fut longtemps européenne même si, dès l’origine, la « maison » eut aussi sa clientèle maghrébine au portefeuille bien rempli, type, dit-on, El Glaoui, pacha de Marrakech. Un brave vieil Espagnol, travailleur manuel retraité, rencontré à « Moha », me confiait en 2009 qu’il n’avait jamais eu les moyens d’aller « consommer au Sphinx » et que pour seulement « apercevoir les pensionnaires », il s’était fait embaucher comme manutentionnaire par la tenancière de l’époque. Il s’agissait alors de la renommée (et redoutée) « Madame Andrée », celle que connut le grand chanteur belge Jacques Brel, l’une de ces célébrités de la fin du XXe siècle qui eurent leurs habitudes au Sphinx. Le Belge le mit même dans ses chansons …

    Après avoir été propriété de divers gens d’affaires, étrangers ou marocains, le Sphinx fut fermé, sous le règne d’Hassan II, par un maire istiqlalien de Moha qui, en vieillissant, se trouva soudain choqué par l’existence dans sa cité d’une telle « maison du péché »… A la fin de la décennie 2000, il fut question de démolir le bordel abandonné, et de construire à sa place un immeuble de rapport. Le peintre Nabili ( 1952-2012), que j’eus l’honneur d’accompagner ce jour-là, vint spécialement de son atelier de Benslimane, à 35 km de Moha, pour protester in situ contre cet éventuel « crime architectural », proposant d’installer au Sphinx, un « Institut de l’imaginaire artistique enfantin ». S’il ne fut pas écouté sur ce dernier point, il le fut pour la conservation de cette œuvre exemplaire de feu Albert Planque, architecte français établi jadis à Moha où il construisit plusieurs bâtiments bien pensés dont le Sphinx, « premier bordel du monde construit pour être un bordel » : discrétion, confort, sécurité, salubrité, plusieurs entrées et sorties, etc … 

    Si on sait que, dans les ruines romaines d’Italie et de Libye, les maisons de passe antiques conservées sont les vestiges les plus visités par les touristes occidentaux, on se dit qu’un jour le Sphinx, désormais sauvé de la destruction, fera partie du patrimoine historique de l’ancienne Fédala. C’est déjà un peu le cas puisque, dimanche 10 avril*, le nouvel hôtel-restaurant mohamédien au passé sulfureux, sera ouvert à tout public lors de la Journée du patrimoine. 

    Comme auteur d’un livre d’histoire sur le Maroc où j’ai consacré un chapitre au Sphinx en son époque légère, je peux témoigner que la plupart des articles de presse sur mon ouvrage ont tourné autour de ce haut-lieu de la débauche. Idem pour les questions de lecteurs rencontrés au Maroc ou en France… Les lupanars font et feront toujours recette, même fermés. Ajoutons, pour être franc, qu’un autre thème intrigua mes lecteurs : le puits du Sphinx avait-il reçu, oui ou non, tout ou partie de la dépouille du politicien Mehdi Ben Barka, disparu à Paris en 1965 ? Ce qui accrédita la rumeur du puits — lequel existe toujours dans le jardin du Sphinx ressuscité —, c’est que la maison de tolérance fut gérée un temps, vers 1965, par le truand français Georges Boucheseiche qui devait ensuite être liquidé discrètement (en 1974) par des tueurs qu’on a dit « issus des services secrets français et marocains »… Vrai ou faux ? On ne sait point. En tout cas il y a là un piment de plus pour la trouble auréole du Sphinx qui ne manquera pas d’amener des clients tant au nouvel hôtel qu’à son restaurant qui s’appelle justement … « Chez Madame Andrée ».  ♦ 

    * Le Sphinx, avenue Moulay-Youssef, entre Casbah et Corniche, Mohamédia.

    Livres : 

    Abdelhouahab Bouhdiba, « La sexualité en Islam », PUF, Paris ; J.Mathieu et P-H Maury, « Bousbir, la prostitution au Maroc colonial », Iremam, Paris ; Denis Bachelot, « L’Islam, le sexe et nous », Buchet-Chastel, Paris ; Péroncel-Hugoz, « Le Maroc par le petit bout de la lorgnette », Xénophon, Anet, France ; « 2000 ans d’histoires marocaines », Casa-Express, Rabat. Ces deux ouvrages comportent à peu près le même chapitre sur le Sphinx.

    Péroncel-Hugoz

    Repris du journal en ligne marocain le 360 du 8.04.2016

  • Histoire • La vérité sur la Terreur

    Les fusillades de Nantes

     

    PAR JEAN SEVILLIA

     

    1400806989 (1).jpgLe 24 juin 1793, l'Assemblée adoptait une nouvelle Constitution, ratifiée par plébiscite le 9 août suivant. Cette Constitution était suspendue dès le 10 octobre, la Convention décrétant que « le gouvernement provisoire de la France sera révolutionnaire jusqu'à la paix » . C'était le triomphe du régime d'exception, le pays se trouvant aux mains du Comité de salut public où siégeaient Robespierre et Saint-Just. Se fiant à cet enchaînement des faits, toute une tradition historiographique rapporte que, le 5 septembre 1793, « la Terreur a été mise à l'ordre du jour ». Or, souligne Jean-Clément Martin, la Terreur, ce jour-là, n'a nullement été l'objet d'un débat ou d'une délibération à l'Assemblée, constat dont il se targue pour soutenir que la Terreur n'a été « mise à aucun ordre du jour, que ce soit celui de la Convention, de la nation Ou de la Révolution ».

    Cette remarque se situe au début d'un petit volume piquant et plein d'érudition, mais dont la lecture provoque une irritation croissante car son signataire, ancien directeur de l'Institut d'histoire de la Révolution française et universitaire émérite, se surpasse dans un art qu'il pratique, ouvrage après ouvrage, depuis une vingtaine d'années. Convaincu des bienfaits de la Révolution française, Jean-Clément Martin n'a de cesse de présenter les violences d'Etat, les exactions et l'arbitraire de cette époque - dont il ne nie pas la réalité - comme des accidents dus aux concurrences des factions ou à la vacance du pouvoir, et non comme le fruit d'une idéologie ou d'un mécanisme déroulant ses effets. Sous prétexte de dissiper les légendes sur la Terreur, l'auteur noie continûment le poisson. Il établit ainsi des. comparaisons hors sujet avec d'autres périodes - par exemple les guerres de Religion, alors que la loi des suspects du 17 septembre 1793 n'a pas son équivalent dans cette guerre civile - ou il nie l'évidence, spécialement en assurant que la Vendée n'a pas été victime de la Terreur. Dans un maître livre (La Politique de la Terreur, Fayard, 2000), l'historien Patrice Gueniffey avait naguère dit l'essentiel : « L'histoire de la Terreur commence avec celle de la Révolution et finit avec elle. » Cette ombre au tableau est peut-être gênante pour la gloire nationale, elle n'en est pas moins là.  

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    La Terreur. Vérités et légendes, de Jean-Clément Martin, Perrin, 238 p., 13 €.

    Figaro magazine, 22.09

  • Histoire • Jeanne et ses juges

     

    Jean Sévillia a donné [Figaro magazine du 30.01.2016] le rappel historique qui suit des circonstances du procès de Jeanne d'Arc. Et c'est, en même temps, une excellente présentation de l'ouvrage que vient de publier Jacques Trémolet de Villers. Que les amis de Lafautearousseau ne manqueront pas de lire...  LFAR  

    une_proces_jeanne_darc.jpgLe 23 mai 1430, Jeanne d'Arc est capturée par les Bourguignons devant Compiègne. Six mois plus tard, elle est livrée aux Anglais, puis incarcérée à Rouen où le chapitre de la cathédrale accorde une concession de territoire à l'évêque de Beauvais, Cauchon, afin qu'il ouvre un procès pour les crimes que la Pucelle, faite prisonnière dans son diocèse, aurait commis : avoir « vécu dans le dérèglement et dans la honte, au mépris de l'état qui convient au sexe féminin », et avoir « semé et répandu plusieurs opinions contraires à la foi catholique ». Le 9 janvier 1431, la procédure s'engage. Quinze interrogatoires ont lieu entre le 21 février et le 17 mars. Les 27 et 28 mars, l'acte d'accusation est lu à la jeune fille. Au cours des semaines suivantes, diverses exhortations lui sont données. Jamais elle ne cède devant ses accusateurs.

    Le 24 mai, toutefois, face au bûcher où Cauchon commence à lui lire la sentence de mort, Jeanne faiblit : s'en remettant à l'Eglise pour la foi à accorder à ses voix, elle renonce à porter des vêtements d'homme en échange de la promesse d'être gardée par des femmes, dans une prison d'Eglise. La sentence étant commuée en prison à perpétuité, la Pucelle est reconduite dans son cachot anglais, au mépris de la parole qui lui a été donnée. Là, elle subit uni tentative de viol. Quatre jours plus tard, elle remet par conséquent ses habits d'homme. Dès lors considérée comme relapse, elle est brûlée vive, le 30 mai, sur la place du Vieux-Marché...

    De ce procès d'inquisition, le minutes ont été conservées. Il révèle, face à des juges qui mentent et qui trichent, l'intelligence de Jeanne d'Arc, sa vivacité d'esprit, son courage, sa simplicité, parfois ses fragilités. Avocat et essayiste, Jacques Trémolet de Villers publie les pièces intégrales de la procédure tout en les analysant - la typographie distinguant clairement le texte et le commentaire Ce faisant, l'auteur ressuscite la formidable dramaturgie de ce procès truqué, qui sera annulé vingt-cinq and plus tard, mais auquel on se surprend à rêver à une autre fin. Précieux document historique ce beau livre est aussi une leçon politiqua et spirituelle, et un émouvant exercice d'admiration pour Jeanne d'Arc, le plu: pur des symboles français. 


    22510100300630L.jpgJeanne d'Arc. Le procès de Rouen (21 février-30 mai 1431), lu et commenté par Jacques Trémolet de Villers, Les Belles Lettres, 316 p., 24,90 €.

  • Livres & Histoire • LES DICTATEURS SOUS LA LOUPE

    Par Jean Sévillia

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    En 1935, l'historien Jacques Bainville publiait son dernier livre, consacré à une étude comparée des dictatures à travers les siècles. Magistral.

    En 1918, le président américain, Woodrow Wilson [Photo ci-dessous], rêvait de « rendre le monde plus sûr grâce à la démocratie ».

    3598094297.2.jpgCette perspective pétrie de bons sentiments marquera les traités de paix de 1919-1920, qui seront imprégnés d'une morale contrastant avec le froid réalisme du système d'alliances conclu lors du traité de Vienne (1815), au sortir de trente ans de guerres révolutionnaires et napoléoniennes. Ces traités scellant la fin de la Première Guerre mondiale, spécialement le traité de Versailles, Jacques Bainville en avait fait une critique aiguë. Dans Les Conséquences politiques de la paix, en 1920, il avait prédit le scénario qui se déroulerait quinze ans plus tard : avènement d'une dictature à Berlin, réarmement allemand, remilitarisation de la Rhénanie, annexion de l'Autriche, invasion de la Tchécoslovaquie, pacte germano-soviétique, invasion de la Pologne. Si Bainville, journaliste qui était aussi un historien, s'était montré prophète, c'est en appliquant sa méthode qui consistait, expliquait-il, à « penser historiquement ».

    XVM0834a832-e456-11e8-83d1-fc7ebc69ae48.jpgEn 1935, déjà atteint par le cancer qui lui serait fatal un an plus tard, il avait entrepris d'écrire Les Dictateurs, ouvrage que réédite la collection Tempus.

    Sous ce titre, l'auteur évoque pourtant, de l'Antiquité au XXe siècle, des figures qui ont exercé un pouvoir personnel, monocratique, mais pas toujours dictatorial : de Périclès à César, de Cromwell à Richelieu, de Robespierre à Napoléon III, de Lénine à Atatürk et de Mussolini à Hitler, la variété des personnages est grande.

    A travers cette galerie de portraits, Bainville cherche moins à décrire des systèmes politiques, dont il n'ignore pas les différences, qu'à dépeindre, fût-ce en quelques lignes, des « caractères », au sens où l'employait La Bruyère. Il veut surtout illustrer une loi que l'observation du passé lui a apprise : les dictatures naissent de circonstances imprévisibles qui ouvrent sur l'inconnu. Bainville, qui était monarchiste, n'aimait ni l'imprévisible, ni l'inconnu, ce qui ne le portait pas à l'indulgence envers les dictateurs. Il savait néanmoins, souligne l'historien Christophe Dickès, que la dictature fait partie des « permanences de l'histoire de l'humanité ». La preuve : l'Europe de l'entre-deux-guerres, démentant l'optimisme wilsonien, avait accouché d'une série de dictateurs.  

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    Les Dictateurs, de Jacques Bainville, présenté par Christophe Dickès, Tempus, 262 p.,9€.

    Source Figaro magazine, 5 avril

  • Livres & Histoire • Destins tragiques

     

    Par Hilaire de Crémiers

     

    4170074262.jpgIl n'est pas d'Européens et, surtout, d'Européennes qui n'aient rêvé de Sissi ! Livres, films, innombrables articles. Car Sissi, impératrice d'Autriche, reine de Hongrie, est en elle-même une sorte de rêve. Il fallait Jean des Cars, l'historien reconnu et talentueux des dynasties européennes, pour mettre une consistance, une existence vraie sous tant d'apparences, souvent trompeuses. Son livre est d'abord une vie de Sissi, mais il la lie si intimement à celle de son époux François-Joseph que le livre est intitulé très justement François-Joseph et Sissi et sous-titré Le devoir et la rébellion, ce qui est une manière de dire ce que fut la vie de ce couple étonnant.

    L'Europe du XIXe siècle défile sous nos yeux en une succession de tableaux, vivants, précis, complets, dont l'écriture limpide clarifie la complexité des situations. Jean des Cars domine son sujet qu'il connaît parfaitement et dans ses moindres détails, y ayant déjà longuement travaillé et ayant profité d'une documentation exceptionnelle. De Munich à Vienne, de Vienne à Budapest, la petite duchesse en Bavière, de branche cadette, s'est trouvée hissée au sommet de l'Europe, comme impératrice-reine d'une double monarchie à l'histoire millénaire, tout cela à cause d'un coup de foudre non prévu de ce François-Joseph de Habsbourg, devenu empereur plus jeune que prévu, à la suite de la renonciation de son père.

    Lui, fut amoureux tout de suite et toujours, mais, en même temps, terriblement pris par ses devoirs où il dut affronter toutes les difficultés des mutations révolutionnaires de l'Europe ! Ce fut une lutte continuelle tout au long d'un long règne où les revers s'accumulèrent.

    Elle, c'est une Wittelsbach. L'hérédité la tient. Elle est charmante, ravissante, mais instable. Elle ne supporte pas la vie de cour ; elle supporte encore moins son autoritaire belle-mère. Elle aime, mais elle est fantasque et elle se met à courir le monde à pied, à cheval, en vapeur, de Madère à Corfou, d'Irlande à la Provence, de plus en plus souvent « ailleurs », compliquant la vie de son mari qui doit accepter et arranger sa solitude. Elle lui donne des enfants mais rêve de cet « ailleurs » qui n'existe nulle part. Cependant elle a des idées politiques dont certaines auraient pu être heureuses ; elle a contribué à la réconciliation de la Hongrie et des Habsbourg. Mais le malheur rôde autour du couple qui se cherche et se retrouve ; et puis la mort frappe, de plus en plus proche, jusqu'au drame de Mayerling où c'est Rodolphe, le fils prodigue mais aimé, qui est retrouvé « tué ». Jean des Cars sait tout sur le sujet et il le dit avec la finesse qui convient. Le sort de Sissi ne pouvait être que tragique ; elle meurt assassinée, presque par hasard, par un anarchiste italien qui ne savait pas trop ce qu'il faisait, à l'étranger , loin de chez elle, à Genève, au cours de sa dernière escapade pour sortir du monde conventionnel qu'elle fuyait. En fait, pour sortir d'elle-même. Mais comment ne pas l'aimer ? Et comment ne pas regretter que ce couple qui fascine encore aujourd'hui les imaginations, n'ait pas réussi à faire mieux ? La dynastie en eût été sauvée. L'Europe aussi. Jean des Cars le suggère à toutes les pages. D'abondantes iconographies et illustrations enrichissent ce livre très soigné dans sa présentation. Un livre à offrir.  

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    FRANÇOIS-JOSEPH ET SISSI, LE DEVOIR ET LA RÉBELLION Jean des Cars, Editions Perrin, 534 p, 25 €.   

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  • Histoire • Qui fut le « baron Roger » ?

     

    Par Péroncel-Hugoz

     

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    « Roger a recueilli [au Sénégal] une tradition qui est comme l’histoire de tout un peuple ».

                           Le Mercure de France, vol. 21 , 1828

     

    Plusieurs fois, comme reporter, j’ai parcouru le Sénégal, en y lisant certains écrits, de Loti à Senghor, inspirés par cette terre qui, avant d’être française jusqu’en 1960 (le site de la future Saint-Louis fut abordé par nous dès 1638), avait été marocaine (la dynastie islamo-berbère des Almoravides se forma vers 1040 dans une île du fleuve Sénégal).  Je connus plusieurs acteurs de l’histoire moderne de ce pays, dont le président académicien Léopold Senghor (1906-2001) qui, entre autres conseils, m’encouragea à user, comme le firent Morand, Sartre ou Camus, du « beau mot de Nègre » (et ses dérivés), que des lecteurs du Monde se plaignaient de me voir utiliser… Jamais, au cours de ces étapes sénégalaises, on me parla du « baron Roger », le plus original pourtant, avec le général Faidherbe, des gouverneurs d’une colonie vétérane qui avait été représentée aux états généraux de 1789 à Versailles. 

    C’est donc récemment que j’ai eu connaissance de l’existence de Jacques-François Roger (1787-1849), dit le « baron Roger » depuis son ennoblissement sous la Restauration, gouverneur du Sénégal (1821-1827) et écrivain colonial (Kélédor, histoire africaine et Fables sénégalaises), et cela grâce aux travaux d’une remarquable africaniste indienne francophone, Kusum Aggarwal (1), universitaire à Delhi, docteur de Paris-IV, qui s’est penchée sur ce personnage délaissé au point d’être « oublié » même dans le répertoire de l’Académie des sciences d’outre-mer, Hommes et destins… Au moment de la décolonisation, le baron fut quand même redécouvert un instant et même comparé à André Gide ou Albert Londres pour sa lucidité sur l’Afrique noire. 

    220px-Jacques-François_Roger.jpgProtégé par la future bienheureuse Mère Anne-Marie Javouhey, fondatrice en 1807 des moniales missionnaires de Saint-Joseph de Cluny, et quoique, dit-on, franc-maçon voire républicard, Roger fut nommé en 1819 « gérant de l’Habitation royale » (ferme modèle), située près de Saint-Louis-du-Sénégal, la colonie venant d’être rendue à la France par les Anglais. Il s’y activa si bien qu’il fut bientôt bombardé gouverneur du territoire. Travailleur, imaginatif, bâtisseur (sa « folie » à Richard-Toll a été classée en 2016 au patrimoine national sénégalais), Roger fut populaire parmi les colons et les indigènes (il en épousa une, et leur postérité serait toujours présente au Sénégal) car il innova utilement en matière agricole : son jardinier, Claude Richard, a donné son nom à Richard-Toll, « le jardin de Richard ». Malade, Roger dut rentrer en métropole où il devint ensuite député du Loiret jusqu’à sa mort du choléra en 1849 ; il milita à la fois comme « coloniste » et comme « abolitionniste » (de l’esclavage) à la façon d’un Alexis de Tocqueville. Ses publications de 1828, en France, sur le Sénégal, montrent un intérêt réel pour ce que Senghor nommerait plus tard la « Négritude ». La spécialiste hindoue du baron a pu écrire qu’il fut « le premier à dépasser une conception strictement occidentale du continent noir » ; bref, « le Nègre de Roger n’est pas un sauvage inculte », précise-t-elle, un peu à la manière de Senghor.   

    Lire : Kelédor et Fables sénégalaises, textes de Roger publiés en 1828 et réédités par l’Harmattan à notre époque. 

    (1) Voir notamment  le n°1 des Cahiers de la Société internationale d’étude des littératures de l’ère coloniale (SIELEC), association universitaire fondée en 1999 à Montpellier, Ed. Kailash, Pondichéry et Paris, 2003

  • Livres & Histoire • Pour en finir avec Lénine

     

    Par Anne Bernet

     

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    Dès les années 30, il n’ était question que du marxisme-léninisme. Lénine a été statufié, y compris par nos intellectuels français. On sait, aujourd’hui, tout sur l’idole. La Russie officielle ne célèbre plus la révolution d’Octobre, on comprend pourquoi. 

    Journaliste au style imprécatoire, agitateur qui préférait préparer « le grand soir » loin d’un pays où il risquait la prison, mais surtout idéologue prisonnier de sa vision fantasmatique du monde, Vladimir Ilich Oulianov, dit Lénine, n’aurait jamais dû parvenir au pouvoir. Un concours de circonstances néfastes devait pourtant l’y conduire en octobre 1917, pour le plus grand malheur de son pays, et du monde.

    Stéphane Courtois fut communiste ; il rêva de dictature du prolétariat ; il admira Lénine. Il en est bien revenu et a eu le courage, non seulement de le dire mais de partir en guerre contre une conception de l’homme porteuse des crimes les plus sanglants de l’histoire de l’humanité. Continuant son implacable étude du communisme, il publie un Lénine, inventeur du totalitarisme (Perrin), qui met à mal, une fois pour toutes, la vulgate selon laquelle Oulianov aurait été dépassé sur sa gauche par Staline, véritable créateur d’un modèle politique de type dictatorial. Courtois l’affirme, et le prouve, loin d’avoir servi de prête-nom à Staline, Lénine fut le seul responsable de la mise en place du régime de terreur qui s’abattit bientôt sur le pays. 

    Bourgeois anobli et rebelle

    Rien ne prédisposait pourtant Vladimir Ilich, fils d’enseignant anobli, propriétaire foncier, à devenir maître d’œuvre d’une révolution.

    Né en 1870 à Simbirsk, sur la Volga, Vladimir a une enfance heureuse dans un milieu préservé. Ses parents, qui lui transmettent du sang russe, allemand et juif, soutiens fidèles de la monarchie et de l’église orthodoxe, sont ouverts aux idées nouvelles et aux réformes mais rejettent avec indignation les méthodes des groupuscules d’extrême gauche qui veulent obtenir la chute du régime à grand renfort de crimes politiques et de terrorisme.

    Tout bascule lorsqu’en 1886, M. Oulianov est foudroyé par une hémorragie cérébrale. La mort du père arrache aux adolescents leurs repères traditionnels. Quelques mois plus tard, les aînés, Alexandre et Anna, étudiants à Saint-Pétersbourg, sont arrêtés pour avoir participé à une tentative de régicide. Considéré comme l’artificier du groupe, – il étudie la chimie –, Alexandre revendique sa responsabilité dans l’attentat manqué. La vague terroriste qui secoue alors la Russie, causant des milliers de mort n’incite pas la justice à l’indulgence ; condamné à mort, le garçon est pendu en mai 1887, à 21 ans.

    Ce drame décide de l’avenir de Vladimir. L’on peut se demander ce qu’il serait advenu si Alexandre avait été gracié, imaginer son frère se consacrant à ses brillantes études, vivant l’existence protégée d’un « fils de noble héréditaire », ainsi qu’il aime à se décrire. Mais Alexandre est exécuté et le cadet, qui s’identifie désormais à lui, part dans une dérive vengeresse, se vouant à la cause pour laquelle il est mort. Son renvoi de l’université pour activisme n’arrange rien ; il occupe ses loisirs à dévorer la littérature révolutionnaire dont, bientôt, il se fera le théoricien. Stéphane Courtois, qui a choisi d’écrire, non une biographie classique, mais une histoire de l’idéologue, analyse par le menu ces lectures, leur influence. Très vite, le jeune homme théorise sa propre vision de la révolution, qui ne saurait admettre aucun compromis, aucune solution pacifique, aucune évolution lente, aucune entente avec les mouvements socialistes réfutant l’action violente.

    Comme l’explique Dominique Colas dans une étude serrée des années qui suivent la Révolution d’Octobre, Lénine (Fayard), Vladimir Ilich, qui ne sera jamais un homme d’action, – Courtois souligne combien le courage physique lui fait défaut … – est un maître du discours et de l’écriture, un imprécateur, et il s’en servira afin d’éliminer tous ceux qui se mettront en travers de ses projets et de ses ambitions.

    Pourtant, en dépit de ses incontestables qualités, son intelligence, son charisme, ses dons oratoires, Oulianov semble voué à la descente aux enfers des déclassés et des ratés. S’il a pu reprendre ses études universitaires et devenir avocat, il est arrêté en 1895 pour son action subversive et déporté en Sibérie, près de la Lena, fleuve qui lui inspirera son nom de guerre. Détention plutôt douce, qui lui permet de vivre aux frais de l’État, de continuer à lire, écrire, préparer la révolution, et d’épouser une camarade de lutte, Nadedja Krouspkaia, vertueux laideron marxiste qui lui servira de femme à tout faire avec un dévouement aveugle. Elle l’accompagne dans un exil qui, d’Autriche en Pologne, de Finlande en France, de Suisse en Allemagne, même adouci par les subventions du Parti révolutionnaire dont il a réussi à prendre la direction, semble ne devoir jamais finir. En 1916, alors que la guerre, en empêchant que lui soient versés ses subsides, met Lénine dans une position financière intenable, il désespère complètement de la révolution.

    La révolution sert Lénine

    Comme déjà en 1905, les événements de 1917 prennent de court cet homme détaché de la réalité. Mais, cette fois, Lénine est en Russie, où il s’est fait rapatrier d’urgence par les Allemands, contre promesse, s’il prend le pouvoir, de faire sortir son pays du conflit. Les tombeurs de la monarchie, pétris de principes bourgeois, ne tarderont pas à comprendre qu’ils ne sont pas de taille à lutter contre un adversaire pour qui arriver au pouvoir et le conserver excuse et justifie tout.

    Courtois a des pages flamboyantes et terrifiantes sur la pensée de Lénine, son opportunisme glacial, son caractère, son incapacité voulue et assumée à éprouver des sentiments normaux, à commencer par la compassion, qu’il abhorre. Cela explique la suite.

    Lénine, il le reconnaît lui-même, ne connaît rien ni de la vie réelle, à laquelle il ne s’est jamais frottée, ni de la Russie, imaginée à travers ses fantasmes. Fils de bonne famille, il déteste la paysannerie. En 1891, il a froidement laissé mourir de faim ses moujiks sans fournir le moindre secours. Désormais, il doit confronter son idéologie à la réalité. Bien entendu, elle s’y brisera mais, en révolutionnaire conséquent, il fera en sorte, non de réformer sa pensée fautive, mais d’épurer la société russe qui ne sait pas s’adapter aux grandioses visions de son génie.

    Pour cela, il a besoin d’armes ; ce seront la Tcheka et l’Armée rouge, dont il couvrira sans états d’âme les pires exactions. À l’instar de Robespierre, son idole, il sera toujours informé des crimes commis par ses agents sur le terrain, prévenu qu’il a donné les pleins pouvoirs à des bandits de grand chemin défoncés à la cocaïne et la vodka. Il laissera faire. Pareillement, et Courtois est sur ce point formel, il prendra seul, en juillet 1918, la décision de liquider la famille impériale sans procès, faisant poursuivre et exécuter tous les Romanov encore présents sur le territoire soviétique. Toujours inspiré par Robespierre, il entreprend d’anéantir les « Vendée russes », qu’il s’agisse des armées blanches ou des cosaques du Don. Ainsi forge-t-il en peu de temps tous les instruments de coercition qui permettront, entre les mains de Staline et de ses successeurs, de durer par la terreur.

    Photo-histoire-3.jpgMais les faits sont tenaces. La construction du paradis rouge se révèle plus difficile que prévu, impossibles peut-être. Effet de la désillusion, et du surmenage, Lénine meurt, victime d’accidents cérébraux répétés qui l’ont laissé intellectuellement amoindri, le 21 janvier 1924.

    Restait à rendre à sa dépouille momifiée un culte idolâtrique, satanique eût dit le cher Volkoff, qui compte encore des adeptes.

    Quant au bilan de sa tyrannie, Witte, le ministre de Nicolas II, l’avait prophétisé dès 1905 : « Ces tentatives (pour mettre en œuvre le « socialisme ») échoueront, mais elles détruiront la famille, l’expression de la foi religieuse et tous les fondements du droit. » Il avait raison. Cent ans après, nous le constatons tous les jours. 

     

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    Parade sur la place rouge, lors du 15e anniversaire de la révolution d’octobre : 1932

     

    Lénine inventeur du totalitarisme
    Stéphane Courtois – Perrin, 500 p, 25 €.

    Lénine inventeur du totalitarisme - Politique Magazine

    Lénine
    Dominique Colas – Fayard, 525 p, 25 €.

    Lénine - Politique Magazine