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  • Macron, le président des nomades

    Le discours d'Emmanuel Macron à la Sorbonne

     

    Par François Marcilhac

     

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    La vie politique de chaque pays est naturellement rythmée par la discussion et l’adoption par le Parlement du budget de la nation puisque c’est lui qui décide des grands engagements annuels et pluriannuels de l’État. Ou, devrions-nous dire plutôt, «  était naturellement rythmée  », puisque, depuis l’adoption sous Sarkozy, en 2011, du traité budgétaire européen, ce n’est plus ni le Gouvernement français qui présente, ni le Parlement français qui discute librement, avant de l’adopter, le budget de la France, mais Bruxelles (et donc Berlin) qui l’avalise avant même sa présentation devant le Parlement français, Bercy l’ayant concocté sous le regard inquisiteur de la Commission européenne. Aussi Jean-Claude Juncker, son président, peut-il donner un satisfecit enthousiaste au projet présenté cette semaine à l’Assemblée par le Gouvernement comme un maître d’école donne un bon point à un bon élève. Le plus grave est que nos gouvernants, Macron en tête, loin de ressentir une telle approbation comme une humiliation pour notre pays, l’ont servilement recherchée. Avec Macron, cette servilité est même frénétique : son aliénation mentale européiste, qui le fait militer – seul en Europe  ! – pour le remplacement de la souveraineté nationale par une hypothétique souveraineté européenne, lui fait voir en effet «  dans le dépassement de la nation un devoir d’époque et une mission presque sacrée  » (Mathieu Bock-Côté, Figaro Vox, 12 octobre). Telle est bien la vérité de son progressisme qu’il assimile à un sens de l’histoire.

    L’Europe comme terre promise

    L’opinion publique n’en avait pas moins besoin d’être rassurée. Car on a beau se proclamer le prophète, ou plutôt, le «  pionnier  » – l’imaginaire de Macron est américain – de l’Europe comme nouvelle terre promise, ces grands enfants que sont les peuples ont besoin de «  pédagogie  », laquelle ajoute, au mensonge de la démagogie, l’infantilisation des citoyens. C’est pourquoi celui qui refuse une «  présidence bavarde  » et veut préserver une «  parole présidentielle [qui] garde de la solennité  », s’étant aperçu qu’il perdait en popularité, a pensé qu’il était temps de descendre de son Olympe et de passer, comme un vulgaire président normal, au JT de 20 heures sur TF1, le dimanche 15 octobre, pour expliquer, dans la mesure du possible, tant aux «  illettrés  » qu’à «  ceux qui ne sont rien  » et qui, de ce fait, «  foutent le bordel  », le sens de la solennité de sa parole comme celui de sa politique.

    Les Français n’auront toutefois rien appris, sinon qu’il est «  un enfant de la province  », qu’il fait ce qu’il dit, qu’il pense à «  la France qui souffre  », qu’il veut «  en même temps qu’on libère et qu’on protège  » – mais pas qu’on insère  ? – et, qu’enfin, il «  ne croi[t] pas au ruissellement mais à la cordée  » (sic), ce qui est peut-être préférable, en effet, au moment où l’on dévisse (dans les sondages). N’avait-il pas déclaré dans un entretien à l’hebdomadaire allemand Der Spiegel, publié deux jours auparavant, qu’ «  en forçant le trait, on pourrait dire que la France est un pays de monarchistes régicides, ou encore que les Français élisent un roi mais qu’ils veulent à tout moment pouvoir le renverser  »  ? L’arrogance macronienne dissimule une fêlure intime, comme une sourde angoisse, car ce n’est pas la première fois qu’il aborde le sujet. Serait-ce celle de voir sa tête finir au bout d’une pique  ?

    La patrie du portefeuille

    On aurait tort en tout cas de voir en Macron le «  président des riches  ». Laissons cela à une gauche sans imagination ou qui, plutôt, ne sait comment critiquer autrement une politique (impopulaire) qu’elle est heureuse de le voir pratiquer à sa place, puisqu’elle repose sur la même conception d’une société liquide, ennemie de la notion d’enracinement, diabolisé comme identitaire, raciste, nationaliste, etc. Le mensonge présidentiel sur la réforme de l’ISF en est un signe patent. Désormais, seule la propriété immobilière, en sus de quelques gadgets, entrera dans son calcul. Nous ne nous prononcerons pas ici sur l’efficacité, controversée, de cet impôt. Ce qui est significatif, c’est le choix effectué par Macron  : exonérer le capital financier, c’est-à-dire le liquide, aux dépens de l’immobilier, réputé improductif, car enraciné. Et comme s’il s’était aperçu du caractère scandaleux d’un tel choix, il a assorti la mesure d’un mensonge effronté  : «  si les gens ne réinvestissent pas, ils seront taxés  », ce qui est faux. À l’heure où nous écrivons, aucune mesure allant dans le sens d’un quelconque patriotisme économique n’est prévue dans le projet de budget. De plus, le serait-elle, que l’Europe nous interdirait de la destiner aux seuls investissements français. Macron n’est pas le président des riches, il est le président des nomades. Ce qui n’est pas la même chose. Il est le président de ceux pour qui le portefeuille tient lieu de patrie et qui habitent non pas une province, une nation – on peut être «  riche  » et patriote –, mais les résidences standardisées du village mondial – ou des paradis fiscaux. Mais comment la gauche, même insoumise, pourrait-elle le tacler sur ce point, alors que, tout aussi mondialiste, elle partage les présupposés, notamment immigrationnistes ou sociétaux, de son progressisme déraciné  ? Car la volonté de Macron, réaffirmée sur TF1, de légaliser la PMA «  pour toutes  » va dans le même sens d’une société ennemie de tous les enracinements et donc de toutes les identités. Aussi ne doit-on pas s’étonner de cet autre mensonge présidentiel  : «  Toutes celles et ceux qui, étrangers et en situation irrégulière, commettent des actes délictueux quels qu’ils soient, seront expulsés.  » Là encore, l’Europe, cette fois la Cour européenne des droits de l’homme, interdirait une telle systématicité, qui suppose, de plus, l’accord des pays d’origine. Or Macron n’a pas non plus évoqué un durcissement de notre politique étrangère en ce sens, lequel supposerait que nous nous réaffirmions sur le plan international autrement qu’en faisant élire une Française à la tête de l’Unesco au moment où les États-Unis quittent l’organisation, ou, surtout, qu’en recevant à Paris les JO de 2024… après le désistement de toutes les autres villes candidates.

    L’exemple de l’Autriche

    Ce même dimanche où Jupiter s’exprimait sur TF1, la victoire du Parti populaire autrichien (ÖVP) aux législatives, mené par Sebastian Kurz, lui a donné un sacré coup de vieux  ! Voilà que la jeunesse est du côté des conservateurs – à trente et un ans, Kurz sera le plus jeune dirigeant européen – et non du côté des nomades, dont le président se trouve quelque peu ringardisé. Car Kurz a gagné grâce à une campagne menée très à droite, anti-migrants, sans toutefois laminer les populistes du FPÖ, qui ont obtenu plus de 26  %, et avec lesquels il pourrait gouverner, sans que, cette fois, le Big Brother bruxellois s’en mêle comme en 2000. Comme quoi, les conservateurs autrichiens n’ont pas les pudeurs de jeune fille des Républicains français. De plus, le projet de Macron visant à refonder l’Europe a été totalement ignoré de la campagne électorale autrichienne  : il est en effet «  assez logique qu’au cours d’une campagne électorale nationale, aucun parti ne [veuille] discuter de la réduction des compétences nationales pour les passer à l’Union européenne  » (Peter Filzmaier, politologue, Le Monde, 15 octobre). Non que les conservateurs autrichiens soient eurosceptiques ou s’apprêtent sous peu à rejoindre le groupe de Visegrad. Mais, forts d’une vraie identité, ils placent l’Europe à sa juste place. Qui n’est pas la première. Les Autrichiens n’auront pas la chance, c’est vrai, d’avoir un «  pionnier  » à la «  pensée complexe  » pour chancelier. Ils auront juste un patriote.  

     

  • L'impasse, par Hilaire de Crémiers

    (Cet article est tiré du numéro 96 de Politique magazine, mai 2011) 

            Il y a des moments dans la vie politique où il n’y a plus de bonnes solutions. L’histoire se charge d’en trouver et pourvu qu’elles soient bonnes ! 

            L’Europe ne va pas bien. Ce n’est pas en répétant qu’il faudrait en conséquence faire davantage d’Europe, que l’Europe ira mieux. Au lieu d’édicter indéfiniment de nouvelles règles pour colmater les brèches, il serait sage de revoir la conception d’ensemble. 

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            Le discours politique français est frappé d’une terrible inconséquence. D’un côté, il n’est question que de pousser à davantage d’intégration européenne avec cette idée sous-jacente que « plus » d’Europe permettra de sauver l’Europe ; et, d’un autre côté, il ne s’agit que de protester contre les effets de cette prétendue dynamique quand les dirigeants, pourtant tout acquis à l’idée européenne, s’aperçoivent soudain avec effroi que des intérêts français vitaux vont devoir être sacrifiés pour une construction dont nul ne voit les perspectives ni les avantages, sauf ceux qui en vivent et en profitent.

     

    L’europe impossible

            Les socialistes ont ainsi sacrifié – l’ont-ils même voulu ? – l’industrie française ; ils ne doivent pas s’étonner si les ouvriers leur en veulent et préfèrent voter Front national.

            Il en est de même de la Politique agricole commune. Comment un Bruno Le Maire, succédant à un Michel Barnier redevenu commissaire européen – toujours les prébendes ! –, peut-il tenir sur le sujet un double discours ? Mieux placé que tout autre, il sait fort bien que l’agriculture française est peu à peu mais inéluctablement sacrifiée par Bruxelles à des considérations européistes et mondialistes.

            Et voilà maintenant qu’il apparaît comme une évidence que le fameux espace Schengen qui, il faut s’en souvenir, avait été présenté en son temps comme la norme européenne de sécurité des frontières, n’est qu’une passoire…et non seulement une passoire mais une pompe aspirante pour tous les peuples d’Europe, d’Afrique et d’Asie.

            Discours de Grenoble, réglementation sur les « Roms », sur l’immigration illégale et clandestine. Langage de combat qui provoqua tant de tapages ! Et pour quoi aujourd’hui ? 20 000 Tunisiens reçoivent leurs titres de séjour en Italie et ne cherchent qu’à venir en France. Espace Schengen, n’est-ce pas ? Nicolas Sarkozy pousse une clameur ; il rencontre Berlusconi, c’était le 26 avril. Résultat : un marchandage global, une lettre commune à la Commission européenne pour qu’elle aide à la protection des frontières – elle en profitera pour justifier encore ses augmentations budgétaires ! – une promesse pour l’Italie d’avoir en novembre la présidence de la BCE – qu’en penseront les Allemands ? – une compensation pour les achats français d’entreprises italiennes… Et puis… des Tunisiens, bientôt des Libyens, des Soudanais, des Africains qui continueront d’arriver et qui remonteront la Botte, pour aller où, s’il vous plaît ?

            Il est permis de se demander comment se règlent tous ces problèmes, par quels coups de téléphone, quelles décisions, quelles tractations ? Comment agir dans le long terme avec de pareils procédés ?

     

    Crises systémiques, vices systémiques

            C’est le vice essentiel de systèmes mal conçus qu’il faut dénoncer, système européen, mais aussi système français. Que valent des institutions dévoreuses d’énergie, destructrices de puissance, qui écrasent les peuples en gaspillant leurs ressources ? 

            Pour ainsi dire chaque jour, un ébranlement nouveau vient les secouer. C’est un vacillement perpétuel. À quand l’écroulement ?

            Ce n’est pas une prophétie, c’est une certitude mathématique. En effet, la dette grecque que l’Europe a cru colmater est toujours là, chaque jour plus béante : 340 milliards fin 2011. Les 110 milliards octroyés n’y suffisent plus. Elle n’est plus tenable. 

            Aucun plan d’austérité ne peut venir à bout d’une telle charge. 

            Reste à brader la Grèce, morceau par morceau, ce que fait le gouvernement grec sans scrupule, mais dans de si mauvaises conditions qu’aucun résultat tangible ne changera l’implacable réalité.

            Cependant le monde officiel de la politique et de la finance affirme encore hautement à ce jour de fin avril – mais demain ? – qu’il n’est pas question  de restructurer la dette grecque. Il n’est pas besoin d’être grand clerc pour savoir ce qu’une telle affirmation signifie. Faut-il rappeler que Madame Lagarde, il y a quelques semaines encore, expliquait que les prêts français à la Grèce étaient une affaire des plus profitables, vu les remboursements escomptés, « intérêt et capital », cela allait de soi ? Mais voilà que se profile déjà le nécessaire rééchelonnement avant l’inéluctable cessation de paiement, autrement dit la banqueroute. 

            Du coup tous les avoirs en dette grecque ne vaudront plus que roupie de sansonnet. Voilà pourquoi il est interdit d’évoquer même la catastrophe !

     

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    Nicolas Sarkozy, Silvio Berlusconi : la combinazione

     

     

            Problème immense et insoluble, systémique selon le langage convenu : c’est que les banques européennes, allemandes, anglaises, françaises, et la BCE elle-même ont dans leurs avoirs quantités de titres qui ne seront plus, pour parler le jargon, que des « actifs toxiques ». Autrement dit, du néant. Aucun des « stress-tests » auxquels les banques au mois de juin prochain devront se soumettre, ne prévoient cette accablante réalité.

            Voici encore la dette irlandaise, d’autre nature sans doute, mais aux conséquences équivalentes. Elle ne cesse d’être réévaluée à la hausse. Les banques irlandaises que l’État irlandais aidé par l’Europe renfloue, ont, elles aussi, des dettes à l’égard des établissements financiers européens. La BCE a même récemment racheté de prétendus actifs, c’est-à-dire encore du néant.

            Voici, de plus, la dette portugaise avec ses taux devenus impossibles. Le gouvernement portugais a démissionné pour pouvoir demander l’aide de l’Union européenne et du FMI, au bas mot 80 milliards d’euros. Sans garantie aucune… Voici maintenant, à la queue leu leu, les dettes espagnole, italienne, française…Aucun fonds de soutien n’y pourvoira. Le FMI, de rapport en rapport, commence à manifester son inquiétude.

            Ce n’est pas en vain que les Etats-Unis, menacés d’avoir leur note dégradée, ont reçu une semonce sur leur colossal endettement, 14 400 milliards de dollars, 100 % du PIB, et sur leur déficit annuel. Il faudra que républicains et démocrates se mettent d’accord pour assurer les financements courants. Le président Obama servira d’arbitre. C’est une nécessité nationale. Cet impératif peut les sauver.

            Mais l’Europe ? Il n’y a pas d’arbitre ; elle nie les nécessités nationales ; elle ne fait que des comptes et ses comptes sont mauvais. Aucune institution n’est en mesure d’aborder le problème de fond.

            Et les peuples le comprennent à leur manière. Les vrais Finlandais qui se sont imposés aux dernières élections législatives finlandaises, ne veulent plus payer pour l’Europe. Les Hongrois, non plus, qui préfèrent avec Viktor Orban retrouver leur racine nationale et chrétienne et réécrire dans ce sens leur constitution. 

            Il en sera de même au Portugal et en Irlande. Le Front national en France fait frémir la classe politique installée. Les Anglais veulent se sauver par eux-mêmes et ils y arriveront. Quant aux Allemands, si les officiels de la classe politique se sont laissés forcer la main à plusieurs reprises par Nicolas Sarkozy, en particulier encore en mai 2010 au moment où la crise a failli de nouveau tout emporter, c’est parce qu’ils savaient que leurs intérêts bancaires étaient concernés. Vient un temps où trop, c’est trop.

            Pourquoi payer ? Madame Merkel a elle-même prévenu : il faudra bien que « les privés » payent, autrement dit les banques, autrement dit les particuliers. Ainsi les États se garent devant cette succession de chutes financières qui s’annoncent ; du moins prétendent-ils ainsi préserver leurs contribuables.

            Et en France ? Alors que le mur de la dette se rapproche en même temps que celui des autres pays – et cumulées, ce sont des sommes astronomiques, 3 600 milliards exigibles d’ici fin 2012 –, alors que dans quelques mois le risque deviendra vertigineux, les partis ne savent qu’inventer pour séduire l’électorat ; chaque jour voit un candidat nouveau à la présidentielle ou à de ridicules primaires qui sont des jeux de gosses de riches…Telle est la vie politique française. Qui veut bien comprendre, qu’il comprenne ! ■

  • Sur le site officiel de l'Action française : Une période grosse d'incertitude, l’éditorial de François Marcilhac

    La période qui s’ouvre est grosse d’incertitude pour un pouvoir qui sent monter la colère du pays réel. Que Macron ait cru nécessaire d’entamer un couplet sur la dictature, dans l’avion qui le ramenait d’Israël, montre combien il est lucide sur l’état de l’opinion. Nous passerons sur le fait qu’en décrivant l’idealtype d’une dictature, il ne faisait que reprendre les traits les plus caractéristiques de sa façon de gouverner, depuis deux ans : un pouvoir isolé, enfermé dans ses certitudes, traitant ses opposants de « séditieux », gouvernant sans tenir compte du Parlement dans le mépris le plus parfait de sa majorité, dont certains éléments commencent à se séparer, et réprimant à tout va sans plus s’imposer de limite en matière de violence ou de répression judiciaire…

    maxresdefault.jpgA preuve, le rétropédalage tardif de Castaner, qui « lâche  » — le mot est d’un syndicaliste de la police — ceux là même qui ont permis au pouvoir de résister depuis un an, en appliquant des méthodes contraires à la théorie française du maintien de l’ordre appliquée depuis mai 68. Nous apprenons que le pouvoir renonce aux grenades arracheuses de main, la GLI-F4. Sera-ce demain le tour des LBD ? Rien n’est moins sûr. Tant que le pouvoir pourra rester dans un déni général, lâchant ici ou là un peu de lest lorsqu’il le juge tactiquement nécessaire, il ne sera pas prêt à renoncer à une conception violente du maintien de l’ordre qui a pour double avantage de faire peur aux opposants et de les criminaliser a priori, puisqu’ils sont dignes d’être traités comme des …«  séditieux  ».

    Pourtant, ce n’est pas des Gilets jaunes, ni des syndicats non réformistes, mais du très respectable Conseil d’État que vient le dernier coup porté au pouvoir… au sujet de la réforme des retraites. Comme par hasard, la CFDT a fait profil bas… Le Conseil d’État, qui est chargé de porter un avis sur les projets de loi — la pratique étant désormais de les rendre publics — n’a pas mâché ses mots pour descendre en flèche une réforme que l’institution juge à la fois nullement nécessaire, douteuse aux plans constitutionnel et conventionnel — les conventions internationales que nous avons signées  —, manquer de cohérence, d’autant qu’elle juge les études d’impact, sur les conséquences, notamment financières et en termes de visibilité, des textes bientôt en discussion au Parlement, absolument insuffisantes — nous renvoyons à l’excellente analyse de Christophe Boutin sur le sujet. Contentons-nous de citer le début de sa conclusion : «  Pour le Conseil, les six objectifs assignés au système universel — équité des cotisations et prestations, solidarité au sein des générations, garantie de niveau de vie pour les retraités, liberté de choix de la date de départ à la retraite, soutenabilité économique du système universel et lisibilité des droits constitués par les assurés tout au long de la vie – “apparaissent par elles-mêmes dépourvues de valeur normative », ce qui veut dire, très concrètement, que ce n’est que du vent.”  » [1]

    Les politiques doivent se mordre les doigts d’avoir milité, au nom de la sacro-sainte transparence, pour que soient rendus publics les avis du Conseil d’Etat sur les projets de loi, auparavant connus du seul exécutif… [2] Qu’importe ? L’essentiel, en l’occurrence, n’est évidemment pas dans une réflexion sur l’équilibre des pouvoirs, pour savoir si, avec un tel avis, le politique n’est pas en train de perdre le peu d’autonomie qu’il lui reste par rapport au juge. Outre que cet avis n’est pas contraignant, ce qui importe seul, c’est sa validité. Et là, la gifle, pour l’exécutif, est violente. Car indépendamment de la pertinence de l’instauration d’un prétendu système universel, dont nous avons dit et redit ici, que la seule justification était de mettre fin, à terme, au système par répartition au profit des fonds de pension, il est clair que le projet du gouvernement paraît mal ficelé. Nous avions déjà pu constater qu’Edouard Philippe avait, sur la question des 80 kilomètres heure, une belle tête de vainqueur : son obstination imbécile a été un des éléments déclencheurs de la révolte des Gilets jaunes, avec l’augmentation des taxes sur l’essence. Sur un sujet infiniment plus grave, il est certain qu’il a atteint son niveau d’incompétence. Mais il entraîne dans sa chute de crédibilité un président de la République qui avait fait de cette réforme un moment phare de son quinquennat et qui semble surtout l’avoir pilotée à vue… La complicité de la CFDT n’était pas suffisante pour servir d’interface, comme on dit aujourd’hui, avec la société civile, surtout lorsque les plus hautes instances de la République s’en mêlent… 

    Sur l’affaire des retraites, Christophe Boutin semble penser que seul un référendum permettrait de sortir de l’impasse. «  Faut-il imaginer, pourquoi pas, un conflit nouveau dans la haute administration, entre une tendance “régalienne” qui verrait d’un mauvais œil le démantèlement de l’État et du pacte social entrepris sous la présidence d’Emmanuel Macron, et une tendance “mondialiste” à laquelle elle s’opposerait ? Ce qui est certain en tout cas, c’est que si le conflit se cristallisait il ne pourrait plus être arbitré que par le peuple, dans cette ultime expression du souverain qu’est la voie référendaire.  » On sait ce que nos élites en pensent,… et ce qu’elles font des référendums lorsque les résultats leur déplaisent. D’autant que l’impopularité du chef de l’Etat semble repartir à la hausse, ce dont nous ne nous plaindrons pas. Mais on connaît les reproches des tenants de la seule démocratie participative au référendum  : les Français répondent toujours à une autre question que celle qui leur est posée. Ce qui est sûr, c’est qu’un tel référendum — évoqué seulement par le pouvoir exécutif s’agissant de mesurettes à la sortie de la Convention citoyenne pour le climat — ne pourrait que viser à résoudre un conflit de grande ampleur, en prenant de cours un début de rébellion ouverte du pays réel.

    L’essentiel reste dans la fragilisation galopante de notre tissu social. Or, pendant ce temps, Macron ne trouve rien de mieux que de comparer la guerre d’Algérie à la Shoah, c’est-à-dire, outre le ridicule odieux de la comparaison [3], de fissurer davantage encore le regard que les Français et en premier, ceux de fraîche date, portent sur leur pays — ou sur celui que ces derniers devraient considérer comme le leur, alors que nos élites les poussent à le haïr, peut-être parce qu’elles le méprisent elles-mêmes…

    François Marcilhac 

    [1] https://www.atlantico.fr/decryptage/3586541/retraites–ce-qui-se-joue-vraiment-avec-l-avis-de-conseil-d-etat-sur-le-projet-de-loi-du-gouvernement-christophe-boutin

    [2] Ce changement dans les pratiques trouve son origine dans une déclaration du Président Hollande lors de ses voeux aux corps constitués le 20 janvier 2015. Celui-ci a annoncé son souhait de voir diffuser ces avis, considérant que  : «  Mieux légiférer, c’est aussi mieux préparer les projets de loi. C’est la raison pour laquelle j’ai décidé de rompre avec une tradition séculaire des secrets qui entourent les avis du Conseil d’État. Le Conseil d’État est le conseil juridique du gouvernement. Son avis est d’intérêt public et son expertise sera donc rendue publique. Le Conseil d’État, par ses avis, informera donc les citoyens, mais il éclairera aussi les débats parlementaires.  »

    [3] Nous renvoyons à l’entretien de Jean Sévillia sur le sujet dans Le Figaro  : https://www.lefigaro.fr/vox/histoire/comparer-la-guerre-d-algerie-et-la-shoah-est-de-la-folie-sur-tous-les-plans-20200124

  • Une semaine libanaise avec Annie Laurent : 1/8, Le Liban en colère

    Annie_Laurent.jpgAlors que le Liban commémore son centenaire en 2020, le pays connaît depuis quelques mois d’importants soubresauts populaires.

    De quoi s’agit-il précisément, comment analyser la situation profonde du Liban aujourd’hui ?

    Quelle place pour les chrétiens ?

    C’est à ces questions que répond ce dossier.


    par ANNIE LAURENT

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    1/8 : Le Liban en colère

    Lorsque, le 17 octobre dernier, des centaines de milliers de Libanais sont descendus dans la rue pour clamer leur colère, personne ne s’y attendait en Occident. Les signes annonciateurs d’une crise ne manquaient pourtant pas.

    Ainsi, en mai 2019, au terme de neuf mois de dissensions entre ministres, l’annonce par le Premier ministre Saad Hariri du budget « le plus austère de l’histoire » (1) a été accueillie par une foule de mécontents aux cris de « Partez tous ! ». Le gouvernement se voyait reprocher son incompétence à résoudre les graves problèmes qui affectent le pays dans des domaines vitaux, à commencer par l’économie.

    Avec une dette publique de 90 milliards de dollars, le Liban est le troisième État le plus endetté du monde. Outre la mauvaise gestion, la récession provient de la charge inouïe que constitue la présence de 1,6 million de réfugiés syriens dans ce petit pays d’un peu plus de 4 millions d’habitants, ce qui accroît le chômage, la misère (un quart de la population vit sous le seuil de la pauvreté), mais aussi l’insécurité.

    La décision d’imposer une taxe sur l’application téléphonique WhatsApp a fait déborder le vase et déclenché la révolte pacifique qui se déploie dans toutes les régions et mobilise des Libanais de toutes confessions et de toutes conditions.

    Bien d’autres sujets de mécontentement nourrissent cette colère. Les Libanais souffrent de l’incapacité de l’État à assumer les services publics les plus élémentaires : électricité et eau, ramassage des ordures, lutte contre les incendies, transports publics, santé, scolarisation, etc. Ils lui reprochent aussi sa complaisance envers la corruption et le gaspillage, ainsi que le népotisme, le clientélisme, la politisation de la
    justice, les règlements de comptes entre rivaux au sein d’une même confession, des maux endémiques qui affectent la classe politique depuis des décennies. Enfin, la composition pluriconfessionnelle du Liban ouvre la voie à toutes sortes d’influences extérieures paralysantes.


    Le pays du Cèdre ne s’appartient pas. Il est l’otage des rivalités et crises régionales qui s’articulent autour du clivage entre sunnisme et chiisme, tous deux se partageant l’essentiel de l’islam libanais : guerre civile en Syrie opposant la majorité sunnite au régime alaouite; lutte d’influence entre l’Iran chiite et l’Arabie-Séoudite sunnite; affrontements entre Israël et l’Iran via le soutien de ce dernier au Djihad islamique palestinien (sunnite) et au Hezbollah libanais (chiite).

    Le « Parti de Dieu » (Hezbollah) a été fondé en 1982 dans la foulée de la révolution de Khomeyni avec deux objectifs: accroître l’influence iranienne au Levant et soutenir les aspirations des chiites libanais, frustrés de la prédominance des sunnites dans les structures étatiques et la société. Il place pour cela des militants au gouvernement et au Parlement. En outre, auréolé de sa victoire contre Israël qu’il a contraint, en 2000, à quitter le Liban-Sud occupé depuis 1978, il a conservé son armement en toute illégalité, rivalisant avec l’armée nationale.


    Puis, en 2006, il a conclu avec le général Michel Aoun un pacte qui a permis à ce dernier d’accéder au pouvoir dix ans plus tard. Fort de sa position, son secrétaire général, Hassan Nasrallah, a dépêché des dizaines de miliciens se battre aux côtés du régime de Bachar El Assad, enfreignant ainsi la politique de « distanciation » vis-à-vis de la Syrie décidée en conseil des ministres. Mais à présent, le Hezbollah, subissant l’affaiblissement économique de son principal bailleur de fonds, l’Iran fragilisé par les sanctions américaines, est discrédité aux yeux de sa base populaire, laquelle a rejoint l’intifada (révolte) contre l’avis de Nasrallah, qui charge ses miliciens de semer le trouble et la peur.

    Selon le général Khalil Hélou, cette attitude vise à « signifier clairement aux puissances régionales et internationales […] qu’aucune solution à la crise ne pourrait voir le jour sans son consentement » (2).

    Le pays du Cèdre n’en reste pas moins sous la menace de l’islamisme sunnite (groupes locaux, djihadistes venus de Syrie) qui se livre périodiquement au terrorisme. « L’Arabie-Séoudite a-t-elle laissé tomber le Liban? » Le quotidien L’Orient-Le Jour a tenté ainsi de comprendre le silence des autorités de Riyad face à la révolte libanaise (3). La démission de Hariri, le 29 octobre, n’a suscité aucune protestation du royaume wahhabite alors qu’il n’avait pas hésité, en novembre 2017, à le séquestrer pour le contraindre à renoncer à diriger un gouvernement otage du Hezbollah. L’échec de cette manœuvre avait éloigné les deux alliés. Mais aujourd’hui, « le fait que la rue chiite ait brisé le tabou de la peur et se soit jointe aux manifestants a été perçu à Riyad comme un signe de remise en question de l’influence iranienne au Liban » (4). D’où le jeu subtil des autorités religieuses sunnites de Beyrouth qui œuvrent à la reconduction de Hariri comme Premier ministre.

    Il faut aussi compter avec les 400000 Palestiniens, descendants des réfugiés de 1948 et majoritairement sunnites, dont une partie réside dans des quartiers clos où des armes sont stockées sans que l’armée ne puisse y pénétrer.

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    Manifestation imposante à Beyrouth le 17 octobre 2019.

    Pour les manifestants, soutenus par plusieurs dirigeants chrétiens et par la France, seul un nouveau cabinet composé d’experts indépendants des partis politiques, et non d’un assemblage « techno-politique » comme l’a proposé Aoun, serait légitime pour mener à bien les réformes structurelles indispensables. Telle est aussi la position de l’Église. L’ensemble des chefs religieux chrétiens, tout en appuyant le soulèvement, signe de « la renaissance de la patrie libanaise » et en jugeant sévèrement la classe politique, ont exhorté celle-ci à « prendre des mesures sérieuses, radicales et courageuses pour sortir le pays de cette grande crise » (5).


    Un Liban déconfessionnalisé ?


    Reste l’interrogation de fond. La longue chaîne composée de milliers de personnes se
    donnant la main, entonnant l’hymne national et scandant « Tous sans exception », qui s’est déployée le 27 octobre tout au long du littoral, du nord au sud, ainsi que les multiples « agoras citoyennes » où l’on discute de l’avenir, semblent exprimer le rêve d’un Liban déconfessionnalisé. Cette perspective, présentée comme idéale par de nombreux intellectuels, surtout les jeunes occidentalisés, est perçue comme un piège par bien des chrétiens lucides quant aux données actuelles : au nom d’une démocratie fondée sur la « loi du nombre », l’islam - désormais majoritaire - pourrait finir par instaurer la charia à ce pays qui en est encore préservé.

    Des questions décisives sont ainsi soulevées par cette intifada. Comment en finir avec un État qui entretient la confusion entre confessions et partis, nonobstant les noms « laïques » que se donnent certains d’entre eux (6) ?
    Comment résoudre le tiraillement d’allégeances entre nation et communauté? Comment préserver la souveraineté d’un Liban-otage? L’ancien ministre Michel Eddé, décédé le 3 novembre dernier, avait sagement réfléchi à tout cela. Opposé à la suppression du confessionnalisme politique, option qui, selon lui, signerait « la fin du Liban », il estimait nécessaire « d’établir une nette distinction entre la mentalité confessionnelle sectaire (laquelle doit être, elle, combattue) et la participation équitable des communautés au pouvoir, qui doit être préservée pour sauvegarder ce qui fait la particularité du Liban » (7).

    Injecter de la vertu dans le confessionnalisme pourrait-il être au programme du centenaire ?

    A.L. 

     

    (1) La Croix, 27 mai 2019.
    (2) L’Orient-Le Jour, 30 novembre 2019.
    (3) Id., 20 novembre 2019.
    (4) Id., 6 novembre 2019.
    (5) Id., 24 octobre 2019.
    (6) Parti socialiste progressiste (druze), Courant du Futur (sunnite), Courant patriotique libre (aouniste), etc.
    (7) L’Orient-Le Jour, 6 novembre 2019.

  • SOUTENEZ, PARTICIPEZ ! ACTIVITES DES ROYALISTES ET/OU DU PAYS REEL DANS TOUTE LA FRANCE...

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    Cette page est ouverte à tous, lafautearousseau se voulant "la maison commune" de tous les royalistes, de toute obédience (RN/CRAF, NAR, GAR, DEXTRA, indépendants/"électrons libres"...)

    Aux deux seules conditions que l'on soit dans la double fidélité à l'école de pensée de l'Action française et à notre Famille de France, à laquelle nous sommes particulièrement attachés...

    Envoyez-nous les annonces et/ou les visuels de réunions de rentrée, Cercles d'études et de formation, Cafés politique/actualité/histoire, manifestations diverses etc...

    Après avoir appuyé la grande manif du 6 octobre, lafautearousseau appuie les suivantes : Manifestations contre la PMA les 1er décembre 2019, 19 janvier, 8 mars, 17 mai et 14 juin 2020...

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    Colloque de l'Action Française : Au service de l’Ecologie intégrale.

    Samedi 9 Mai 2020, de 14h à 22h 

    Colloque organisé par Le bien commun, L’Incorrect et Politique magazine.

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    https://www.actionfrancaise.net/evenement/colloque-au-service-de-lecologie-integrale/

     

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    Y aurait-il, même venant de loin, pour l'occasion, des personnes désireuses de venir se faire "expliquer", même de dehors, dans la rue et devant le portail fermé, l'ensemble "maison/jardin/l'homme Maurras" : lafautearousseau peut vous recevoir et vous fournir toutes les explications nécessaires...

    Ces rencontres calmes, pacifiques, seraient l'occasion de manifester, sereinement mais publiquement, devant le portail de la maison de Maurras :

    1. Pour demander la ré-ouverture de la maison et la possibilité de la visiter, ou alors que la Mairie donne publiquement la raison de la fermeture du site, et un calendrier pour les travaux et sa réouverture à la visite...

    2. Pour demander le libre accès au jardin, en permanence...

    3. Et pour demander l'inscription de la très belle "maison de Maurras" au réseau des Maisons des Illustres, afin qu'elle devienne un grand centre intellectuel - national et international - de recherches sur Maurras, sa vie, sa personnalité, son oeuvre...

    Il vous suffit de nous contacter, et nous organiserons la chose ensemble, aussi souvent que des groupes se manifesteront...

     

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    • Conférences, Réunions, Cercles de formation, Manifestations diverses... dans la France entière...

     

    L'Action française Bourg en Bresse vous invite à son 1er cercle de formation dont le thème sera "Bases de la doctrine maurrassienne" animé par Stéphane Blanchonnet le Jeudi 27 Février à 19h30.

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    L'Action française Lyon vous invite à son cercle de formation dont le thème sera "Les médias" animé par un militant journaliste le Vendredi 28 Février à 19h00.

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    Lancement d'une nouvelle section en Alsace : Mulhouse ! Pour cette occasion une conférence sur "les doctrines d'Action française" sera faite sur place le Vendredi 28 Février à 20h00.

    Plus de renseignements (lieu, etc) par message privé ou par mail : strasbourg.etudiants@actionfrancaise.net.

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    L'Action française Toulouse vous invite à son cercle dont le thème sera "Maurras et le renouveau classique" animé par un universitaire, professeur de littérature le Vendredi 28 Février à 20h00.

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    Union Royaliste Provençale : L'Action française Toulon vous invite à son Cercle Pierre Debray dont le thème sera "La politique naturelle" (Partie 2) animé par François Davin fondateur et blogmestre de lafautearousseau le Mercredi 4 Mars à 20h00.

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    La Restauration Nationale Section des Hauts de Seine de l'Action Française vous convie à un Diner - débat dont le thème sera "Idées et doctrines de la Contre-révolution" animé par Pierre de Meuse le Jeudi 19 Mars à 20h00.

    PAF : 17 € (Etudiants et chômeurs) 27 € (Tarif normal)

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    L'Action française Chantilly vous invite à une conférence dont le thème sera "Les mystères de la Russie, du Dr Jivago à Vladimir Poutine" animée par Vladimir FEDOROVSKI, ancien diplomate, acteur et témoin des années charnières, le Lundi 6 Avril à 20h00.

    Chantilly, Hotel de ville, salle des conférences

    Renseignement : chantilly@actionfrancaise.net

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    • PARIS CERCLE DE FLORE

    à 20h,

    10 rue Croix des Petits Champs, 75001 Paris, Metro 1 et 7 : Palais Royal - Musée du Louvre.

    PAF : 5€ (conférence) 10 â‚¬ (conférence + buffet)

     

    Le Cercle de Flore recevra Gérard Leclerc Vendredi 28 Février Ã  20h00 pour une conférence hommage à Pierre Debray dont le thème sera "Une politique pour le XXIe siècle".

    Une séance de dédicace ainsi qu'un buffet suivront la conférence.

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    • Les Mardis de Politique magazine

     

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    • Cercle Jean BODIN - Lyon

    Page FB : https://www.facebook.com/cerclejeanbodin/

     

    Jeudi 27 Mars à 18h30, le Cercle Jean Bodin vous invite à une conférence dont le thème sera "Etat des forces armées françaises en 2020" animée par Thierry Fortin.

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    https://www.facebook.com/events/120678032677741/

     

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    GROUPE D'ACTION ROYALISTE (GAR)

     

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    DEXTRA

    Page  FB : https://www.facebook.com/dextra.franceenracinnee/

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    https://www.facebook.com/events/1541740739326835/

     

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    • Le Café Actualité d'Aix-en-Provence

     

    Le prochain café d'actualité d'Aix en Provence se tiendra le Jeudi 5 Mars.

    Attention!
     En raison de la fermeture pour travaux du café "Le Festival", notre prochain café se tiendra le Jeudi 5 Mars au restaurant Hippopotamus 1 avenue Victor Hugo situé de l'autre côté du Cours Mirabeau par rapport au "Festival".
     
    Nous accueillerons Danièle Masson, agrégée de l'Université qui a publié quelques livres dont :
    -Sisyphe ou l'illusion d'optique (1974)
    -Dieu est-il mort en Occident (?1998)
    -France chrétienne-France laïque (2008)
    -Eric Zemmour, itinéraire d'un insoumis (2018)
     
    Après avoir vu, dans nos séances précédentes, les idées et doctrines de la contre-révolution avec Pierre de Meuse et après avoir passé en revue les raisons "raisonnables d'espérer», 
     
    DaniÃ
  • Aux origines de la question sociale en France. Partie 2 : l'idéologie libérale des Lumières, par Jean-Philippe Chauvin.

    Après un rapide tableau de la situation économique de la France royale avant la fin du XVIIIe siècle et l’évocation des corporations et de l’ordre socio-professionnel de cette époque, il n’est pas inutile d’évoquer succinctement l’état d’esprit dominant sous les Lumières, véritable révolution dans la pensée du service et du temps (entre autres), à rebours de la conception royale de la justice : le règne de l’Argent et de la classe qui en vit et qui en fera système s’annonce…

     

    jean philippe chauvin.jpgL’organisation corporative de la société et de la production françaises a longtemps convenablement fonctionné et la puissance avérée et significative de l’économie nationale sous la royauté fondatrice et fédérative est indéniable. Mais cela signifie-t-il, pour autant, que la Monarchie d’Ancien Régime ne connaissait pas de problèmes sociaux ou qu’elle était un système parfait et intangible, insensible aux temps et à leurs contraintes, leurs évolutions ? Bien sûr que non !

     

    Nous connaissons tous les révoltes paysannes mais aussi urbaines qui émaillent les temps les plus difficiles du Moyen âge, en particulier après le XIIIe siècle. Elles traversent aussi l’époque dite moderne, et peuvent nous laisser une image plus que contrastée des temps anciens. Nous savons également que ce qui nous semble simple et naturel aujourd’hui (comme la disponibilité – payante, généralement – des produits de consommation alimentaire ou technique), ne l’était pas forcément hier : mais ne confondons pas les progrès techniques, souvent utiles et même salvateurs quand ils sont maîtrisés (1), avec les questions sociales, sans pour autant négliger les rapports et les tensions que les uns et les autres, dans toute société humaine, peuvent entretenir.

     

    Or, ce qui est marquant dans l’exercice et la justification de la Monarchie, c’est son souci politique de la justice, symbolisé par la main de justice remise au roi lors du sacre de Reims et par l’histoire exemplaire (et présentée comme telle par les historiens de la dynastie) du roi Louis IX, devenu saint peu de décennies après sa mort devant Tunis. (2) C’est aussi le souci de garantir « le plus grand bien » aux peuples du royaume, ceux-ci étant indissociables de l’essence même de la Monarchie, ce que symbolisait l’alliance remise au roi, toujours lors de la cérémonie du sacre. Sans oublier sa fonction thaumaturgique qui voit le roi toucher les écrouelles (3) et laver, à l’imitation du Christ, les pieds de quelques miséreux à Pâques…

     

    Or, l’idéologie des Lumières va remettre tout cela en cause, et c’est ainsi que la justice sociale va en être, au niveau des principes en attendant que cela soit au niveau des pratiques, la grande victime expiatoire, tout comme l’équilibre des sociétés et les classes populaires que les Lumières se chargeront, bientôt, d’invisibiliser.

     

    Dans un récent article passionnant de La Nouvelle Revue Universelle (4), Antoine de Crémiers décrit le processus idéologique qui se met en place au XVIIIe siècle, sous un titre de paragraphe particulièrement évocateur, « La liberté du travail, « valeur » suprême de l’oligarchie » : « Comme l’a si bien démontré Karl Polianyi, qu’il s’agisse du mercantilisme ou des formes antérieures de régulation du travail, la valeur du travail – comme l’économie en général, d’ailleurs – est toujours subordonnée à d’autres exigences – religieuses, morales, politiques – qui en forment le cadre et viennent « l’encastrer » dans le social. C’est le libéralisme qui, peu à peu, va dégager l’économie de ces encastrements pour la rendre autonome et indépendante de tout lien avec la religion, la morale et la politique. Et c’est au nom de la liberté du travail que ce processus de dégagement va s’accomplir. C’est une fantastique et redoutable révolution.

    Hannah Arendt résume très clairement les étapes de cette conception nouvelle : « L’ascension soudaine, spectaculaire du travail passant du dernier rang à la place d’honneur et devenant la mieux considérée des activités humaines, commença lorsque Locke découvrit dans le travail la source de toute propriété. Elle se poursuivit avec Adam Smith qui affirma que le travail est la source de toute richesse ; elle trouva un point culminant dans le système du travail de Marx où il devint la source de toute productivité et l’expression même de l’homme. » Adam Smith élabore une idée promise à un grand avenir et qui triomphe aujourd’hui, celle d’un marché « libre » permettant la libre circulation des marchandises et l’accumulation sans aucune limite des richesses. Pour que ce marché puisse se constituer, il faut que les produits du travail puissent s’y échanger en fonction de leur coût et cela ne peut se faire que si le marché du travail est également « libre » et indépendant de toute considération d’ordre moral, religieux et social susceptible d’en perturber le fonctionnement. Le travail est désormais une marchandise vendue comme tous les autres produits au prix strictement déterminé par la sacro-sainte loi de l’offre et de la demande.

    Ainsi, la véritable découverte que promeut le XVIIIe siècle n’est pas celle de la nécessité du travail – on la connaissait depuis toujours -, mais celle de la nécessité de la liberté du travail et, pour y parvenir, la destruction, la disparition des modes d’organisation du travail qui venaient la limiter et la contraindre. » C’est aussi ce que promeut Turgot à travers ses écrits et ses actes lorsqu’il sera lui-même aux commandes de l’économie française, avant que le roi ne mette fin à cette « expérience libérale » (sur le plan économique) qui avait entraîné la première dissolution des corporations, en 1776, ensuite rétablies avant que la Révolution, éminemment libérale, ne les interdisent purement et simplement par les lois de 1791 : « Dans un article de L’Encyclopédie, Turgot résume fort bien la philosophie politique du libéralisme : « Ce que l’Etat doit à chacun de ses membres, c’est la destruction des obstacles qui les gêneraient dans leur industrie ou qui les troubleraient dans la jouissance des produits qui en sont la récompense. » Pour Turgot comme pour Adam Smith, l’intérêt est le véritable régulateur économique et c’est l’économie qui fait société. » Ainsi, les libéraux légitiment ce que l’on pourrait nommer l’égoïsme économique contre les solidarités professionnelles incarnées par les corporations.

     

    Autre révolution issue des Lumières, celle du temps, ou plutôt de sa conception et de sa compréhension, synthétisée et symbolisée par le raisonnement d’un Benjamin Franklin qui va « financiariser », « marchandiser » le temps, le ramener à une simple dimension utilitaire et matérielle : « Le temps, c’est de l’argent », traduction un peu maladroite mais explicite de son « Time is money » (5). Une formule terrible qui va légitimer la destruction de tout ce qui n’apparaît pas « utile » ou rentable aux yeux des possédants ou des actionnaires, et va permettre, en toute « bonne conscience » et dans le cadre de la Loi, l’imposition de rythmes inhumains, mécaniques et réglementés aux travailleurs d’usines comme de la terre…

     

    (à suivre : les grandes dates de la naissance de la question sociale en France)

     

    Notes : (1) : la Technique est-elle toujours un « progrès » ? S’il s’agit de la meilleure connaissance (et de sa pratique) des savoirs et des moyens de les maîtriser sans en devenir totalement dépendant, la réponse sera positive ; mais s’il s’agit d’une Technique qui s’imposerait aux hommes et serait aux mains de ceux qui la possèdent sans les garde-fous du « Bien commun » et de la nécessité du « partage du meilleur », il est évident que notre réponse sera négative ! C’est ce que le républicain Michelet évoque en partie dans son ouvrage peu connu intitulé « Le peuple », dans lequel il dénonce le machinisme, idéologie « patronale » de la Machine… C’est aussi ce que dénonce le royaliste Bernanos dans la série d’articles de « La France contre les robots », véritable charge contre le règne des Machines étendu aux sociétés modernes toutes entières.

     

    (2) : Louis IX est ainsi représenté comme celui qui rend la justice sous le chêne de Vincennes, et qui conseillait à son fils d’être d’abord du côté des plus pauvres quand un procès les opposait à de plus riches, et cela pour permettre, non d’influer sur le verdict, mais d’assurer l’équité du procès lui-même et éviter que la puissance des uns ne favorise ceux-ci au détriment de la justice elle-même. Aujourd’hui, saint Louis passerait, près de certains, comme un odieux gauchiste…

     

    (3) : les écrouelles se marquent par des fistules purulentes, localisées principalement dans le cou, et que les rois de France, sans doute depuis les carolingiens, étaient censées guérir en les touchant : le seul roi Louis XIV en touchera plus de 200.000 durant son règne… Mais, en fait, ce n’était pas le roi lui-même qui était guérisseur, mais son intercession entre Dieu et les malades qui devait permettre à Dieu de décider qui devait guérir…

     

    (4) : Nouvelle Revue Universelle, 1er trimestre 2019, numéro 55.

     

    (5) : quand Benjamin Franklin écrit cette phrase, il ne pense alors qu’au temps du travail et à sa productivité. La société de consommation, qui est la deuxième grande phase de développement et d’imposition de cette conception utilitariste du temps, va étendre la formule au temps libre, faisant de celui-ci une des plus importantes sources de revenus contemporaines, des parcs d’attraction aux films d’Hollywood, des jeux électroniques au tourisme international…

  • Bernanos et la trahison bourgeoise, de Frédéric Winkler.

    « Celui qui défend la France, est toujours celui qui défend le royaume de France » (Charles Peguy, l’argent). La Révolution qui continue par la République est anti-civilisationnelle. Elle diminue, abaisse l’homme, le vide de toute substance qui faisait de lui un être responsable qui tentait de se dépasser pour améliorer sa condition. Désormais la loi écrase les individus créant un monde de fourmis dépourvu de toute dignité et distinctions. Seuls dominent des parvenus, soumis au monde consumériste, sans sève ni personnalité : « Que savez-vous de la Monarchie très chrétienne ?

    frédéric winkler.jpg– Qu’elle a été heureusement détruite vers 1793, par des gens de bien qui en proclamant à coup de canon la Liberté, l’Egalité et la Fraternité, comme l’avait fait d’ailleurs avant eux Notre-Seigneur Jésus Christ, ont été les véritables fourriers de l’Evangile – Très bien. Que désirez-vous ? – Un petit siège de sénateur, ou même un de conseiller général. Au besoin je me contenterais d’un bureau de tabac – Voilà toujours une paire de claques. Allez la renifler plus loin » (La Grande peur des bien-pensants). Bref la bourgeoisie a pris le pouvoir et imposé le règne de l’argent, qui existait bien sûr avant, mais ne dirigeait pas, l’aristocratie du sang contrebalançait ce pouvoir comme toutes les structures sociales et fondamentales du royaume, basé sur l’enseignement chrétien. La conséquence fut : « La corruption de l’intelligence par l’or », comme Maurras l’avait merveilleusement écrit dans « L’Avenir de l’intelligence ». Les conséquences seront terribles pour la France. On mesure aujourd’hui ce vide, lorsque l’on observe ce que notre riche passé a laissé, malgré tant de destructions et disparitions artistiques, comme l’effacement de notre langue si belle. Lorsque conscient des réalités de notre passé par les textes, actes notariés, guildes et traités, organisations et charités vécues, parchemins et héritages, le fossé devient abyssal entre la France d’hier et cette survivance d’aujourd’hui. Le code civil a détruit les familles dans la division des terres et c’est la fin des grandes propriétés privées, là « triomphe le socialisme d’Etat, l’avènement d’un maître mille fois plus impitoyable qu’aucun des tyrans débonnaires » (La Grande peur des bien-pensants). Finalement la bourgeoisie est remplacée par une nouvelle « aristocratie », celle des polytechniciens « dans les bras de laquelle on mettra finalement le sort de notre petit monde et qui montrera bientôt ce qu’elle est en réalité : « la plus inhumaine de toutes, la plus fermée » » (La Grande peur des bien-pensants). Bernanos ne souffre pas le « prêt à penser » comme ceux qui représentent les idées molles : « On met entre les mains de crétins bien-pensant une petite baguette, et il écarte aussitôt les gens du trottoir pour leur éviter de recevoir des briques sur la tête, mais il ne lui viendrait jamais à l’esprit que la maison que l’on est en train de démolir est justement la sienne », le mollasson s’écriant plaintivement : « Tout ce que vous voudrez, mais pas de gifle ! ». Bernanos était encore d’un temps où certaines provocations se terminaient en duel.
    Il n’hésite pas à s’adresser chrétiennement aux anticléricaux qui depuis longtemps vouent une haine au catholicisme : « ces morts-là sont sans vengeance. Pour moi, citoyens, j’avoue que je vis dans le doux espoir de faire payer un jour aux enfants de la famille une petite partie des dettes de leurs pères, mais qui donc retient le bras de tant d’entre nous sinon ces commandements de la conscience et le respect des lois divines que vos entreprises imbéciles tentent de détruire, et sans lequel nous vous aurions déjà balayés du monde ». On retrouve chez Bernanos les mêmes constats sur cette classe « déclassée », comme l’a bien analysé aussi plus proche de nous, Marie Madeleine Martin et bien d’autres. « La « bourgeoisie » moderne n’a plus rien à voir avec la classe bourgeoise traditionnelle. On ne peut guère douter, remarque-t-il, que depuis un demi-siècle elle « semble bien avoir cessé d'exister comme classe pourvu que l'on entende par là le groupe social conscient de ses droits et de ses devoirs ». Néanmoins le mot subsiste et il définit actuellement le ramassis d'individus qui résulte de la dégénérescence des corps sociaux antérieurs. Ainsi, « la presque totalité de l'ancienne aristocratie », les « rognures » du peuple, les éléments dénaturés de l'ancienne classe bourgeoisie, composent-ils cette catégorie de déclassés qui s'intitulent avec modestie : « bien-pensants ». Ces produits de la dissolution des cadres sociaux antérieurs présentent un certain nombre de « tares » qu'il va fustiger avec une particulière férocité. » (Bernanos et la politique, Serge Albouy). La lâcheté, les idées « molles », le conservatisme frileux des « cornichons à l’abri des courants d’air », bref ce « juste milieu » que la décence m’empêche de préciser, ce marécage des pensées frelatées, ce que le Christ vomissait dans la tiédeur des hommes, voilà ce que devient le commun des mortels ! Lors de la décadence de l’Empire romain, des « barbares », envahirent une cité dans le calme, les habitants étaient aux jeux du cirque. Ils n’eurent qu’à s’installer… Cela fait rire aujourd’hui mais ne sommes-nous pas devenues pire ? La République réforme à coups d’Ordonnance notre système social, de ses représentations du personnel aux retraites et personne ne bouge ! Alors que pour le ballon rond, à force de médias permanents, le « peuple » descend dans la rue, pour montrer son enthousiasme et applaudir des joueurs blindés d’argents, sponsorisé par des pays étrangers ? « Ces bien-pensants sont politiquement dépeints comme de craintifs conformistes, timides, apeurés, « obsédés par le péril révolutionnaire » - dont rien ne les préserve car ils croient « désespérément, naïvement, au triomphe inéluctable des idées qu’(ils) abhor(ent) ». Ces « passifs », ces « impuissants », ces « résignés », se caractérisent par une bien suspecte modération. « Qu’on pense ou non du bien de la modération indispensable à la vie en société, accorde le pamphlétaire, il est difficile de s’empêcher de sourire du spectacle de modérés par système qui, de leurs mains diligentes, déplacent et reculent sans cesse le fameux jalon qui doit marquer la limite des concessions possibles ». Avant-hier conservateur, hier opportunistes, libéraux, progressistes, puis républicains de gauche, cette « rage de conciliation » ne s’arrête – provisoirement encore – qu’au parti communiste… Cet opportunisme se double d'un égoïsme social aussi abject. Vouant un véritable culte à l'argent et un immense respect aux apparences de l'ordre, ils n’hésitent pas un instant à mettre les idées qu'ils représentent au service de leurs intérêts. (Serge Albouy. Bernanos et la politique) La Guerre d’Espagne, « l’absurde et horrible histoire de la Commune », Bernanos fustige les « Versaillais » dans leurs répressions, ces règlements de compte des bourgeois apeurés aux ordres de Thiers. Ce seront toujours les mêmes qui réprimeront les révoltes ouvrières, comme Clémenceau et bien d’autres, parce qu’ils veulent dormir tranquilles sur leurs avantages spoliés lors de la fumisterie révolutionnaire de 89 ! « Ces bourgeois « bien-pensants », champions d'un ordre qu'ils confondaient avec la sécurité de leurs biens et devenus « enragés par la peur », ont noyé dans le sang la révolte de ceux qu'ils n'avaient cessé d'exploiter. L'attitude des « bien-pensants » espagnols, bientôt, ne lui apparaitra guère différente de celle de leurs homologues français, 65 ans plus tôt... » (Serge Albouy. Bernanos et la politique)
    Et il nous arrive d’entendre parler de Bernanos quelquefois. Sur les ondes ou dans certains journaux, des hommes se revendiquant de droite, ou libéraux, voir même conservateurs, où d’un nouveau conservatisme, bref toujours d’une bourgeoisie bon teint, tentant de s’accaparer les idées de Bernanos, en ne livrant que ce qui les arrange et en laissant dans les cartons quelques lignes qui dérangent. Rendons à Bernanos son entière personnalité. Il était révolutionnaire, de cette fibre historique et empirique, concluant au Roi. Il détestait les « mous », le capitalisme libéral, car il était entier, c’était un chevalier comme pouvaient l’être les compagnons de Jehanne ou de Baudouin IV de Jérusalem, sans compromissions, d’une fidélité sans faille à la cause essentielle primordiale de la survie française : « Tous les « Français sont royalistes, la différence avec moi, c’est que moi, je le sais ». « Dans le domaine religieux, enfin, leur incurable médiocrité spirituelle, est mise à nouveau en lumière. La même horreur du risque, le même goût de biaiser, le même désir de se rallier au plus fort sont dénoncés. Finalement, ce « Cheptel bigot » qui considère l'Eglise comme une gendarmerie supplémentaire ne peut que décourager les incroyants de bonne volonté. Pourtant conclut-il, « notre malheur commun, la mauvaise fortune de la France veulent que ces déclassés, ces lâches et ces égoïstes - qui illustrent le mieux la décomposition de la société moderne - aient incarné (...) aux yeux du peuple ouvrier la propriété, l'ordre social, la religion, que ces faibles aient longtemps passé pour servir une pensée forte ». Si les choses vont mal dans le monde d'aujourd'hui, « si la France est une nation en décadence, si l'injustice triomphe, s'il n'y a plus de chrétienté, les responsables existent, commente Pierre-Henri Simon, et ils seront partout les mêmes : les bourgeois, la classe d'argent, médiocre par situation et par sentiments...
    La médiocrité bourgeoise n’a cessé à ses yeux de ronger l’édifice social. Il n’existe plus d’aristocratie. Face à cette bourgeoisie médiocre, avide et peureuse, seulement préoccupée des apparences de l’ordre, fait pendant un populisme verbal et un amour des humbles et des pauvres qui ne s’accompagne pas du moindre projet de réforme tendant à améliorer leur situation matérielle. » (Serge Albouy. Bernanos et la politique)
    FWinkler (http://boutique-royaliste.fr/index.php…) à suivre...

  • Bernanos, pèlerin de l'absolu, par Frédéric Winkler.

    2737274333.34.jpgL’intellectuel imbécile : « Ceux qui m’ont déjà fait l’honneur de me lire savent que je n’ai pas l’habitude de désigner sous le nom d’imbécile les ignorants ou les simples.

    Bien au contraire.

    L’expérience m’a depuis longtemps démontré que l’imbécile n’est jamais simple, et très rarement ignorant.

    L’intellectuel devrait donc nous être, par définition, suspect ? Certainement.

    Je dis l’intellectuel, l’homme qui se donne lui-même ce titre, en raison des connaissances et des diplômes qu’il possède.

    Je ne parle évidemment pas du savant, de l'artiste ou de l'écrivain dont la vocation est de créer – pour lesquels l’intelligence n'est pas une profession, mais une vocation.

    frédéric winkler.jpgOui, dussé-je, une fois de plus, perdre en un instant tout le bénéfice de mon habituelle modération, j’irai jusqu’au bout de ma pensée. L’intellectuel est si souvent un imbécile que nous devrions toujours le tenir pour tel, jusqu'à ce qu`il nous ait prouvé le contraire. » (La France contre les robots)
    VIVRE LIBRE !
    Il est très attaché aux libertés comme pouvaient l’être d’ailleurs tout Français de l’ancien temps, qui jamais n’aurait accepté les contraintes étatiques d’aujourd’hui. Ecoutons-le en parler : « Capitalistes, fascistes, marxistes, tous ces gens-là se ressemblent. Les uns nient la liberté, les autres font encore semblant d'y croire, mais qu’ils y croient ou n'y croient pas, cela n'a malheureusement plus beaucoup d’importance, puisqu'ils ne savent plus s'en servir. Hélas ! le monde risque de perdre la liberté, de la perdre irréparablement, faute d'avoir gardé l'habitude de s'en servir...
    Ah ! n'attendez pas trop longtemps, ne laissez pas trop longtemps la machine merveilleuse exposée au vent, à la pluie, à la risée des passants ! Mais, surtout, ne la confiez pas aux mécaniciens, aux techniciens, aux accordeurs, qui vous assurent qu'elle a besoin d'une mise au point, qu'ils vont la démonter. Ils la démonteront jusqu'à la dernière pièce et ils ne la remonteront jamais !... Oui, cher lecteur, je crains que vous ne vous imaginiez-pas la Liberté comme de grands orgues, qu'elle ne soit déjà pour vous qu'un mot grandiose, tel que ceux de Vie, de Mort, de Morale, ce palais désert où vous n'entrez que par hasard, et dont vous sortez bien vite, parce qu'il retentit de vos pas solitaires. Lorsqu'on prononce devant vous le mot d'ordre, vous savez tout de suite ce que c'est, vous vous représentez un contrôleur, un policier, une file de gens auxquels le règlement impose de se tenir bien sagement les uns derrière les autres, en attendant que le même règlement les entasse pêle-mêle cinq minutes plus tard dans un restaurant à la cuisine assassine, dans un vieil autobus sans vitres ou dans un Wagon sale et puant. Si vous êtes sincère, vous avouerez peut-être même que le mot de liberté vous suggère vaguement l’idée du désordre – la cohue, la bagarre, les prix montant d'heure en heure chez l’épicier, le boucher, le cultivateur stockant son maïs, les tonnes de poissons jetées à la mer pour maintenir les prix. Ou peut-être ne vous suggérerait-il rien du tout, qu'un vide à remplir - comme celui, par exemple, de l’espace... Tel est le résultat de la propagande incessante faite depuis tant d'années par tout ce qui dans le monde se trouve intéressé à la formation en série d`une humanité docile, de plus en plus docile, à mesure que l’organisation économique, les concurrences et les guerres exigent une réglementation plus minutieuse. Ce que vos ancêtres appelaient des libertés, vous l'appelez déjà des désordres, des fantaisies. « Pas de fantaisies ! disent les gens d'affaires et les fonctionnaires également soucieux d'aller vite, le règlement est le règlement, nous n`avons pas de temps à perdre pour des originaux qui prétendent ne pas faire comme tout le monde... » (Bernanos, La France contre les robots). Il est de cette France qui, toujours fut « rebelle », fermement attachés à ces privilèges, que les siècles avaient transformés en droits, consignés dans le « Livre des métiers » d’Etienne Boileau pour ceux corporatifs et jurandes, dans les archives communales pour ceux des villes et actes notariés pour ceux des familles.
    « Le mot de civilisation évoquait jadis celui de sécurité. On imagine assez bien l'espèce de sécurité d'une civilisation forcée d'entretenir contre elle-même, à frais immense et au prix de ce qui lui reste de liberté, ce prodigieux réseau d'espionnage, afin d’être au moins prévenue cinq minutes à l'avance de son anéantissement total. L’humanité est visiblement obsédée par des images de mort, par l’image de sa propre mort, multipliée mille fois comme l’œil à facette des insectes. L'humanité a peur d'elle-même, peur de son ombre, peur de ses mains sur la table, peur du tiroir entr'ouvert où brille doucement le canon bien huilé du browning. Quand l’humanité restreint peu à peu, volontairement et comme inexorablement, sa part héréditaire de liberté, en affirmant qu'elle fait ce sacrifice à son bonheur futur, ne la croyez pas un instant l Elle sacrifie sa liberté à la peur qu'elle a d'elle-même. Elle ressemble à un obsédé du suicide qui, laissé seul le soir, se ferait lier dans son lit pour ne pas être tenté d'aller tourner le robinet du
    gaz. Mais, en même temps qu'elle se torture ainsi elle-même, apprenant à mieux se haïr comme l'auteur responsable de ses maux, son génie d'invention multiplie les instruments et les techniques de destruction. Cet aspect démentiel de l’histoire contemporaine hante évidemment tout le monde puisque le principe de cette folie, hélas ! est en chacun de nous. L’espèce de panique provoquée et entretenue par l'Absurde ressemblerait plutôt à la stupeur de l‘animal fasciné. A cette forme torpide d'angoisse, à cette anémie pernicieuse de l’âme, l'ancienne idéologie du Progrès, du bon Progrès, du Progrès comme le bon Dieu, n'apporterait qu'un poison de plus. » (Georges Bernanos. L'Esprit européen, La Liberté pour quoi faire ?) On comprend mieux ainsi toute l’étendue du principe de liberté, cher à l’esprit de Georges Bernanos. Un absolu ? Oui et c’est finalement ce que les grecs anciens désiraient dans leurs longues observations des systèmes politiques possibles pour les hommes. Il ne s’agit pas de créer une prétendue liberté dont on martèle les monuments, alors que les peuples ne les vivent qu’en rêves…
    « Le roi est un roi de chevalerie, de l’honneur qui défend la sainteté et la liberté. Pour Bernanos, la liberté est une valeur…L’homme de l’Ancien Régime, est l’homme libre par excellence. La Révolution française a fourvoyé la liberté. Mais l’idée de liberté brandie en 1789 n’a pas surgi en France par hasard. 1789 est l’insurrection de la liberté et le peuple de l’Ancien Régime est un peuple libre : le lien entre le Roi et lui était un contrat entre hommes libres. « La liberté pour quoi faire ? » dira-t-il plus tard, « mot hideux de Lénine ». La liberté se défend en même temps que l’héroïsme et la sainteté. Les religions séculières sont en train de tuer la liberté. Alors, dit Bernanos, on ne peut faire sa part au totalitarisme moderne. Bernanos n’admettra jamais certaines complaisances de l’Action française pour le fascisme mussolinien ou pour le franquisme. Pour lui, la monarchie française, c’est l’antifascisme. Un royaliste défend les valeurs que les démocrates prétendent défendre alors qu’elles ne leur appartiennent pas. Bernanos le crie à tous les royalistes : nous sommes les vrais défenseurs de la liberté ! » (Georges Bernanos, prophète en notre temps, conférence de Gérard Leclerc, 6/11/1974)
    FWinkler (http://boutique-royaliste.fr/index.php…) à suivre...

  • Une politique pour l'an 2000 de Pierre Debray (21)

    lfar bleu.jpgNous poursuivons la publication de notre série, dont la lecture expliquera à ceux qui ne l'ont pas connu le rôle intellectuel important de Pierre Debray à l'Action Française dans les années 1950-2000. 

    Cette analyse politique, économique, sociologique et historique, menée méthodiquement, à la maurrassienne, comporte de multiples enseignements, utiles aujourd'hui à notre école de pensée. Comme un stimulant de notre réflexion sur la situation présente de la France et sur l'action que nous avons à y mener.

    Même si le lecteur devra tenir compte des événements et des faits intervenus au cours des trois dernières décennies.  LFAR

    Immigration italienne dans les années 30 (Musée national de l'immigration)

     

    2235704335.jpg2ème partie : Une révolution copernicienne 

    LES NOUVELLES INVASIONS BARBARES

    Il ne reste plus grand temps. Si, dans la prochaine décennie, les Français continuent de subir un déclin démographique, ancien et profond, qui brutalement s'accélère depuis 1974, la vieille nation sortira de la scène de l'Histoire. Ce ne sera pas sous les bravos et les hourrahs. L'événement peut être daté avec une certaine précision. Il devrait se produire vers.2050, un peu plus tôt, un peu plus tard. En tout cas, tout se sera joué en l'an 2000. Le processus deviendra irréversible. Seules des circonstances fortuites, liées à des conflits locaux ou généralisés, pour l'heure imprévisibles, allongeront ou accourciront les délais.

    Nous sommes les derniers Français capables de renverser le destin. C'est une affaire de nombre. Le redressement temporaire du taux de fécondité qui a suivi la seconde guerre mondiale, s'est continué jusqu'en 1964 et n'a décliné que progressivement, jusqu'en 1974, fera sentir ses effets pendant une dizaine d'années encore. En 1982, on a commencé de fermer des classes, dans le primaire. On continue d'en ouvrir dans le secondaire. Jusqu'à la fin du siècle, à condition de commencer immédiatement, une moyenne de trois enfants par famille suffirait pour assurer la survie de la nation. Dans les décennies suivantes, compte tenu du nombre décroissant de femmes capables d'engendrer, il en faudrait quatre, puis cinq.

    Objectif réalisable, étant donné la fécondité naturelle de l'espèce mais qui supposerait, pour être atteint, une dictature de fer, à la chinoise. On peut imaginer qu'un régime totalitaire imposerait, à chaque couple, d'avoir, dans les délais requis, le nombre d'enfants indispensable !! Ceux qui feraient mieux seraient richement récompensés. Les défaillants, exclus de la fonction publique et du Parti unique, accablés d'impôts, mis au ban de la société, seraient privés du bénéfice des retraites, tout en supportant la charge. Il ne leur resterait pour échapper à la vindicte publique, que la ressource de l'insémination artificielle et de la location d'utérus. Il ne s'agit encore que de politique-fiction. Pourtant le moment approche où il ne restera plus d'autre choix, en dehors de la résignation à la servitude.

    Nous pouvons encore éviter le recours à un totalitarisme, qui s'accompagnerait nécessairement d'une idéologie raciste et xénophobe sans, pour autant, accepter la fatalité du déclin. Il faudrait une volonté politique. En avons-nous le désir ? Chacun semble occupé à défendre son niveau de vie, ses grands privilèges ou ses petits, ses intérêts corporatifs, son confort. Un pays qui se contente de vivre au jour le jour se rend incapable de penser à long terme.

    Pourtant, selon l'expression de M. Mitterrand, « c’est une question de survie » et M. Chirac évoque le moment où l'Europe ne pourra plus résister à la poussée des peuples pauvres et nombreux. Un Français sur cinq se montre sensible à la propagande de M. Le Pen, dont ses adversaires reconnaissent qu'elle pose « les vraies questions » tout en n'apportant pas les bonnes réponses. Certes, il ne suffit pas de prendre des mesures policières et de refouler les étrangers. Il est néanmoins difficile de contester que si notre génération n'adopte pas une politique cohérente, celle qui nous suit sera acculée à choisir entre l'Apartheid et la transformation en mosquée de Notre Dame de Paris. Pour ne pas déranger le sommeil des Français, les hommes politiques leur chantent des complaintes. Le 14 Novembre 1984, après sa fameuse déclaration sur « la question de survie » le Président de la République s'est borné à approuver des mesures empruntées à l'attirail, désormais classique, des « aides financières à la famille » d'une consternante mesquinerie. Quant aux propositions de l'opposition, elles témoignent d'un manque d'imagination que les difficultés économiques ne suffisent pas à expliquer.

    Les problèmes conjoints de la natalité et de l'immigration ne datent pas d'aujourd'hui. En 1911, déjà, les étrangers (en comptant les naturalisés de fraîche date) représentaient 3,3 % de la population française. Ce qui provoquait des rixes sanglantes à Marseille et dans le bassin minier du Nord, les syndicats ouvriers reprochant aux patrons de recruter à l'étranger des briseurs de grève et des travailleurs au rabais. L'opinion s'inquiétait déjà de l'insécurité dont elle tenait les immigrés pour responsables, de la charge qu'ils représentaient pour l'assistance publique, de leurs mœurs irrégulières. En 1911, précisément, Jacques Bertillon publiait un livre, « la dépopulation de la France » ; qui condamnait « la colonisation » du pays par les étrangers qui s'introduisaient librement dans notre pays.

    Ces dangers, rétrospectivement, paraissent dérisoires. Les immigrés, dans l'ensemble, se sont intégrés. Les mariages mixtes l'emportaient d'ailleurs sur ceux dont deux époux étaient étrangers. Mais d'où venaient ces travailleurs, qui acceptaient les tâches les plus pénibles et les moins bien payées, dont, déjà, les Français ne voulaient plus ? Des Belges, des Allemands, des Anglais et des Suisses jusqu'au milieu du XIXème siècle, puis de plus en plus d'Italiens, d'Espagnols, de Polonais, tous gens facilement assimilables.

    Le rayonnement de notre culture exerçait une véritable fascination. Devenir Français représentait une promotion sociale, ainsi qu'en témoignent Kessel ou Ikor. De fait, l'intégration provoquait en une génération, un alignement sur le mode de vie des Français de souche. La misère des premières années, qui engendrait la délinquance, la promiscuité sexuelle et les aides de l'assistance publique faisait place à une aisance relative, à la vie de famille, à la stabilité de l'emploi. L'école, publique ou privée, y contribuait pour une bonne part. Dans ma petite ville, le fils du « turc », qui vendait sa camelote en plein air, possède depuis longtemps une belle boutique, préside l'association des anciens élèves et s'est marié à une chrétienne.

    Bertillon, comme Guiot, criait au loup et s'il y en avait un, du moins, ne demandait-il qu'à se transformer en chien de garde. Aujourd'hui, le loup est d'une autre espèce. Il n'a pas l'intention de se laisser domestiquer. Nos avertissements risquent cependant de n'être pas pris au sérieux. Après tout, il est facile de nous objecter que nos craintes naissent, comme celles de M. Bertillon, d'un imaginaire corrompu par un racisme inconscient. Hitler ayant déshonoré l'antisémitisme, nous n'oserions plus nous attaquer aux Juifs et nous les remplacerions par les arabes, qui après tout, sont aussi, des sémites. Quelques groupuscules d'extrême droite, qui crient « la France aux Français » justifient les dénonciations vertueuses des grandes consciences de la gauche malthusienne. S'il n'y a plus de Français, ou trop peu, il faudra bien que la France soit à d'autres. Les grandes consciences malthusiennes, à leur insu, font le lit du racisme et de la xénophobie, qui, à leur tour, les confortent dans leur aveuglement. Il y a là un cercle vicieux, une dialectique qu'il convient de briser.

    Les mouvements migratoires sont aussi anciens que le genre humain. Ils constituent un facteur de progrès. Nos rois l'avaient si bien compris qu'ils encourageaient des travailleurs étrangers à venir travailler chez nous afin de nous enseigner des techniques que nous maitrisions mal. C'est ainsi que des paysans hollandais asséchèrent le marais poitevin. Qui serait assez fou pour soutenir que Madame Curie, parce que née Skodowska, n'a pas servi le prestige de la France ? D'ailleurs, les groupes humains, qu'isolèrent les conditions géographiques, sont demeurés à l'âge de pierre.   

    A suivre  (A venir : Les nouvelles invasions barbares 2).

     

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    Une politique pour l'an 2000 de Pierre Debray     

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    lafautearousseau

  • Une politique pour l'an 2000 de Pierre Debray (23)

    lfar bleu.jpgNous poursuivons la publication de notre série, dont la lecture expliquera à ceux qui ne l'ont pas connu le rôle intellectuel important de Pierre Debray à l'Action Française dans les années 1950-2000. 

    Cette analyse politique, économique, sociologique et historique, menée méthodiquement, à la maurrassienne, comporte de multiples enseignements, utiles aujourd'hui à notre école de pensée. Comme un stimulant de notre réflexion sur la situation présente de la France et sur l'action que nous avons à y mener.

    Même si le lecteur devra tenir compte des événements et des faits intervenus au cours des trois dernières décennies.  LFAR

     

    2235704335.jpg2ème partie : Une révolution copernicienne 

    LES NOUVELLES INVASIONS BARBARES

    Un ancien coopérant, agrégé de lettres, M. Jacques Bonnaure, dans une lettre publiée par « Le Monde » daté du 17 novembre 1984, a décrit, de façon concise et précise une situation que personne ne semble plus capable de maîtriser. En voici le texte :

    « Après avoir enseigné au Caire et au Maroc, j'ai renoncé car le métier de « coopérant » tel qu'on l'exerce est une impasse absolue. Dans certains lycées (marocains) les enseignants français sont systématiquement surveillés, parfois par des élèves qui rapportent leurs propos, même anodins, au proviseur..., ou au commissaire de police. Nous n'avons pas accès au conseil d'établissement, et le conseil de classe se limite à la lecture des moyennes. Quant aux élèves, leurs sentiments à l'égard des coopérants sont très ambivalents. Dès le début de l'année, les inscriptions fleurissent au tableau : « Les étrangers dehors ! » « Nous n'avons pas besoin de professeurs étrangers ! », etc. Puis des contacts plus confiants s'établissent. Cependant le coopérant étant français, on va lui reprocher la colonisation, le néocolonialisme, le racisme, d'ailleurs exagéré avec complaisance, comme si la France était la République sud-africaine. Si le professeur est français, il doit être chrétien, d'où de nombreux essais plus ou moins aimables, de conversion à l'islam. Mais ce Français vient du pays fantasmatique où on ne bastonne plus les élèves en grève, où les chômeurs sont indemnisés, où on ne force pas les filles à se marier. On va lui demander des adresses en France, des certificats de scolarité dans des établissements français, des emplois, une place dans sa voiture... Enfin il n'est guère agréable de voir se mettre en place tous les ingrédients nécessaires à une révolution islamique (au Maroc et en Egypte) : sentiment qu'on n'a rien à perdre quand l'avenir est aussi noir, haine de sa propre société, déséquilibre entre des traditions que les jeunes refusent et un modernisme occidental, détesté et envié tour à tour mais toujours inaccessible, xénophobie et antisémitisme, exaltation religieuse (un jour que je parlais des dieux de l'Antiquité romaine, plusieurs élèves se sont dressés pour proclamer qu'il n'y avait qu'un seul Dieu). Tout est donc prêt ».

    Kadhafi ou Khomeiny servent d'alibis à notre aveuglement. Nous les tenons pour les organisateurs d'un vaste complot qui vise à déstabiliser le monde musulman. Qu'ils disparaissent ou du moins que nous leur infligions une bonne correction et tout rentrerait dans l'ordre. En réalité, ils utilisent, dans l'ensemble de façon assez maladroite, sans stratégie cohérente, une situation qu'ils n'ont pas créée et qui, pour une bonne part, leur échappe. Nous n'en sommes qu'aux prodromes de la crise. D'autres chefs charismatiques surgiront, plus dangereux. Quand l'histoire offre un rôle, l'homme providentiel se découvre toujours. L'important, ce sont les masses, qui se mettent en mouvement, encadrées par une intelligentsia prolétarisée. Quand la jeunesse pullule, l'aventure, s'offre à elle. L'Islam fournit le ferment idéologique de populations menacées dans leur identité culturelle. En effet, ne nous y trompons pas, le monde musulman ne se porte pas tellement mieux que le monde chrétien. Corrodé par l'athéisme marxiste, le laxisme moral et le modèle américain, il rêve de notre mode de vie mais se sachant impuissant à l'atteindre, il le rejette avec d'autant plus de violence qu'il l'envie. A sa manière, c'est pour lui aussi une question de survie. Il n'est besoin que d'observer, au milieu de nous, les immigrés de la seconde génération. Ils méprisent leurs pères, et s'ils nous haïssent c'est de désir refoulé. Comment devenir semblable à l'autre sans cesser d'être soi-même ? Une tragédie spirituelle se déroulé, sous nos regards indifférents ou hostiles. Sans doute sont-ils trop jeunes, sommes-nous trop vieux.

    Au lendemain de la seconde guerre mondiale, de profondes réformes s'imposaient. Il convenait de substituer à l'administration directe de nos possessions africaines des institutions mieux adaptées à l'évolution des mentalités et au rapport des forces. Bien des solutions pouvaient être envisagées. Ainsi, dès 1947, M. Senghor préconisait la constitution d'un ensemble français « à la capétienne », où un pouvoir central fort serait en mesure d'élever ses colonies au rang de provinces, dotées d'une large autonomie. Même si l'on décidait d'acheminer progressivement nos possessions vers l'indépendance, il convenait de la préparer, en formant des cadres et en substituant aux structures administratives, construites au hasard de la conquête, des entités cohérentes. Le drame du Tchad devenait inévitable dès l'instant que l'on s'obstinait à faire coexister au sein d'un même Etat les nomades musulmans et guerriers du Nord avec les paysans chrétiens ou animistes du Sud. Malheureusement les institutions de la IV' République ne permettaient ni les choix clairs ni la continuité indispensable à leur mise en œuvre et cependant il convient de reconnaître que la France s'est mieux conduite que la Grande-Bretagne. N'empêche que les Européens ont renoncé à leurs responsabilités politiques, favorisant la pénétration soviétique, la prolifération de dictatures militaires, parfois au profit de déments, le plus souvent d'idéologues primaires, le pullulement des conflits tribaux. Néanmoins ils n'ont pas renoncé au régime du pacte colonial, ce système économique fondé sur l'échange inégal, le tiers monde vendant ses matières premières et des produits tropicaux aux pays industrialisés pour leur acheter des biens de consommation.

    Seul le Japon a su comprendre la nécessité de dépasser le « pacte colonial », non par philanthropie mais par intérêt bien compris. Sa défaite l'ayant empêché de réaliser son vieux rêve de domination politique des rivages du Pacifique, il l'a repris par d'autres moyens. Sa faible superficie et la densité de sa population l'ont d'ailleurs contraint d'éviter les erreurs des Européens. Progressivement, les secteurs promis au déclin, le textile, les chantiers navals, pour une part la sidérurgie, furent transférés en Corée, à Taïwan ou à Hong Kong. Les Japonais subventionnèrent, par leurs investissements, l'installation de concurrents, dont ils comptaient faire des clients pour leurs industries d'équipement. Utilisant une main d'œuvre abondante, peu payée, dépourvue de protection sociale, les « nouveaux pays industriels » se livrèrent à une compétition acharnée dont les Européens furent les premières victimes tandis que le Japon, grâce à son avance technologique et à son organisation commerciale, partait à la conquête de nouveaux marchés.   A suivre  (A venir : Les nouvelles invasions barbares 4).

    Illustration ci-dessus : Pierre Debray au rassemblement royaliste des Baux de Provence [1973-2005]

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    Une politique pour l'an 2000 de Pierre Debray     

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    lafautearousseau

     

  • Michel Onfray : psychopathologie du Président (3/3).

    Devant trente-cinq millions de téléspectateurs, un record, le président de la République a excellé dans ce qu’il sait le mieux faire: tenir un double langage, dire une chose et son contraire -comme porter deux alliances...

    Cette fameuse schizophrénie, jadis tenue par les psychiatres pour pathologique, est devenue dans notre époque déconstructionniste une qualité dialectique, un genre de vertu hégélienne -c'est le fameux "en même temps" devenu slogan électoraliste puis, hélas, depuis deux ans, méthode de gouvernement!

    Les thuriféraires du chef de l'État prétendent qu'il disposerait d'une intelligence exceptionnelle, incompréhensible pour le commun des mortels -souvenez-vous des sorties de Gilles Le Gendre et de Richard Ferrand, deux flèches intellectuelles comme chacun aura pu s'en apercevoir. Ce génie que lui prêtent ses courtisans lui permettrait de renvoyer Descartes et le cartésianisme, sinon le plus élémentaire bon sens, aux poubelles de l’Histoire.

    Voilà qui permet de faire exploser en vol le fameux principe de non contradiction, un principe de base de toute rationalité -c'était jadis un enseignement délivré dès les premières heures de classe de philosophie en terminale. Il semble que le Grand Timonier d'Amiens ait sauté la leçon, probablement parce qu'il courrait d'autres lièvres...

    Selon ce principe, une chose ne peut être dite vraie en même temps que son contraire: de fait, on ne peut être à la fois mort et vivant, grand et petit, gros et maigre, crétin et intelligent, blanc et noir, musulman et chrétien, tatoué et sans tatouages, homme et femme -encore que, depuis un certain temps, un homme blanc, barbu, peut, sans se faire rire au nez, dire sur le plateau de Daniel Scheidermann qu'il est une femme de couleur parce qu'il est né au Liban en obtenant les plus plates excuses du journaliste qui ne s'en était pas aperçu... Comme quoi la contamination schizophrénique fait la course en tête avec le virus.

    C'est en vertu de ce paralogisme devenu marque de fabrique présidentielle qu'Emmanuel Macron peut se permettre d’annoncer, en prenant soin de ne jamais utiliser le mot, le confinement de toute la France pour cause de coronavirus.

    Donc: interdit de sortir de chez soi. Sauf quand on sort de chez soi, à savoir: muni d'une déclaration imprimée à partir de son ordinateur -bonjour les anciens sommés de se faire geeks pour l'occasion!

    "La France est en guerre" fut-il dit à plusieurs reprises de façon martiale, il faut donc rester confiné chez soi, mais on peut tout de même effectuer "les trajets nécessaires pour faire un peu d'activité physique". Énième variation sur le thème du "en même temps": restez confinés mais sortez quand même...

    Qui pourrait imaginer qu'en guerre, et la chose fut dite à plusieurs reprises, on puisse sortir de la tranchée pour aller faire un footing sous la mitraille, les obus, en avalant à pleins poumons les gaz de l’ypérite, en courant entre les éclats d'obus, puis rentrer, indemne, à la maison? Emmanuel Macron...

    Dans la foulée, son ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner, une autre flèche du carquois présidentiel, annonce clairement: "Le mot d'ordre est clair (sic): restez chez vous!". Ce qui veut donc dire, en toute bonne logique... qu'on ne saurait effectuer "les trajets nécessaires pour faire un peu d'activité physique"!

    On imagine mal que Macron et Castaner ne se soient pas concertés! C'est donc une décision contradictoire à laquelle le chef de l'État nous contraint. Macron, en Dupond D, affirme: "Interdit de sortir, mais on le peut tout de même pour faire du sport"; Castaner, en Dupont T, ajoute: " je dirai même plus, interdit de sortir y compris pour faire du sport". Comprenne qui pourra!

    Bon courage aux forces de l'ordre quand elles devront tenter de faire respecter la loi le carnet de contravention à la main...

    Si l'on voulait tout de même obéir aux deux hommes en même temps, avouons que cette décision de Janus libérerait l'inventivité: nager le dos crawlé dans sa baignoire, faire du cyclisme dans son couloir d'appartement, descendre ses escaliers en ski, faire du parachute en sautant du haut de son armoire, partir en balade en canoë-kayak dans son évier, pratiquer la spéléologie dans la canalisation de ses toilettes, l'escalade en grimpant à ses rideaux, l'équitation en galopant sur son balcon -où l'on constate que le macronisme ouvre des possibles insoupçonnés!  Quelle intelligence inédite en effet...

    On peut également sortir pour des raisons de santé.

    Or, nous croulons sous les prescriptions médicales qui, entre cinq fruits et légumes par jour et pas plus de deux verres d'alcool quotidiens, nous invitent à faire de l'exercice dans le genre dix mille pas par jour: quiconque remplira son formulaire en disant qu'il lui faut marcher, faire du vélo, courir, sera fondé à le faire, donc à sortir de chez lui, sans besoin d'une prescription médicale, puisque les hygiénistes nous bassinent avec ces exhortations chaque jour que Dieu fait depuis des années. Demandez à Michel Cymes, le grand prêtre de cet hygiénisme, flanqué de sa caution scientifique Adriana Karembeu:  il faut bouger pour éliminer -c'est d'ailleurs également la maxime du coronavirus, son impératif catégorique ...

    Je gage qu'en vertu de la logique victimaire, des associations de cardiaques ou de victimes d'AVC (je peux les invoquer, j'ai le titre aux deux, héhé...) se retourneront bientôt contre l'État en le suspectant de vouloir augmenter la mortalité en France par une production massive de crises cardiaques et de congestions cérébrales, comme on disait dans le temps, faute d'exercice physique!

    Donc, le président de la République a dit: restez confinés chez vous sauf quand vous sortirez. Voilà le propos d'un philosophe, d'un sage, d'une intelligence exceptionnelle et d'un conducteur d'hommes. Jupiter, tu m'impressionnes...

    Ce même discours de vingt minutes a mis à jour un second paralogisme. Un toutes les dix minutes, c'est une copie nettement à noter en-dessous de la moyenne...  

    Depuis des semaines, pour contrer les souverainistes avant les élections municipales et, comme toujours, tenter de pousser les feux maastrichtiens, il a été dit, dans une belle formule ciselée par les communicants: "le coronavirus n'a pas de passeport"! C'était une belle image qui appuyait l'idée déjà martelée souventes fois que: "le coronavirus ignore les frontières".

    Dans sa première intervention, le 12 mars, Emmanuel Macron avait appelé à "éviter le repli nationaliste" face au virus qui, avait-il donc dit, "n’a pas de frontières, pas de passeport". Il avait, en même temps, assuré que les fermetures de frontières, "quand elles seront pertinentes", seraient décidées "à l’échelle européenne".

    Le paralogisme était donc déjà dans cette seule phrase: si le coronavirus n'a pas de frontières comment pourrait-il en avoir tout de même? Qu'est-ce qui rend "pertinent", pour utiliser son mot, qu'on les ferme?

    La conclusion s'impose: seule volonté de protéger l'Europe, un souci que ne mériterait pas la France tout juste bonne à crever, s’avérera pertinent...

    La France n'a pas de frontières, mais l'espace Schengen, si; le virus ignore les frontières françaises, mais il connait celles de Schengen; il n'a pas de passeport français, car c'est un vulgaire torchon, mais il possède un passeport européen, un sublime sésame: jamais le cynisme de l'Empire maastrichien qui aspire à détruire les nations pour imposer sa loi n'aura été autant visible.

    Un chef de l'État français qui expose sciemment son peuple et ne prend de mesures contre lui qu'en faveur de l'Europe, voilà le signe de la forfaiture -de la haute trahison si l'on préfère. Comment punit-on ce genre de crime? Le temps voulu, le peuple français saura répondre à cette question*.

    Michel Onfray

    *: A l'heure où je finis ce texte, j'apprends qu'Agnès Buzyn, ministre de la santé démissionnaire en pleine épidémie, et ce afin de remplacer Griveaux mis hors-course dans les municipales de Paris, prétend dans Le Monde qu'elle aurait averti Emmanuel Macron de la dangerosité de la pandémie fin janvier 2019 et qu'il n'en aurait rien fait. Si tel était le cas, la forfaiture et la haute-trahison seraient avérés. A suivre...  

  • Paru sur le site Marcelle, entretien avec celui qui est au cœur des polémiques : Didier Raoult.

    https://marcelle.media/

    Le portait du Pr Didier Raoult paru dans Marcelle il y a une semaine a explosé tous nos compteurs (plus de 100 000 lecteurs). Plus surprenant encore, il n’a donné lieu à aucune polémique. Le chercheur est actuellement au cœur de tous les débats pour la solution thérapeutique qu’il préconise. Hier matin, le Canard Enchaîné titrait même sur les menaces de mort dont il a fait l’objet. D’où cet exercice de questions-réponses auquel le virologue aujourd’hui le plus célèbre de la planète a bien voulu se plier car il connaît bien et depuis longtemps les journalistes qui le questionnent.

    Vous avez fait savoir mardi que vous ne participeriez plus aux réunions du comité scientifique qui conseille nos autorités sur la conduite à tenir face à l’épidémie, pourquoi ?

    Je n’ai pas deux heures à perdre dans des discussions qui ne vont pas à l’essentiel. Ici, nous sommes submergés de travail, nous sommes submergés par les résultats des tests et les données de nos patients. Un tiers de nos 75 lits d’hospitalisation est renouvelé tous les jours, nos équipes sont mobilisées H24… C’est cela qui m’importe, pas les causeries où il ne faut surtout froisser personne.

    Les critiques, les mises en cause, cela vous blesse ?

    Les critiques et les conversations de bar sur les plateaux télé, je m’en fous à un point que vous n’imaginez pas. Ce qui m’ennuie, en revanche, c’est que la France, mon pays, ne suive pas ce qui est raisonnable et prenne du retard parce que des gens qui se pensent importants ne veulent pas se dédire. Moi, je suis serein, je sais comment cela va se terminer.

    C’est ce que certains vous reprochent, de prédire l’avenir.

    Il ne s’agit pas de prémonition mais de savoir. Dans le domaine qui est le mien, je sais ce que je dis, je sais ce que font mes équipes, j’accumule des données – donc du savoir supplémentaire – et je mesure tous les jours l’effet clinique de ce que je préconise. Certains ne veulent pas y croire ? C’est leur problème. Les politiques et leurs décisions, c’est l’Histoire qui les juge. On verra très vite ce qu’il en est pour cette crise. On connaîtra la vérité. Un millier de patients ont été déclaré positifs aux tests que nous avons réalisés. Grâce au suivi de leur traitement, nous disposons d’une somme considérable de données. Nous les compilons. Elles nous donneront bientôt une idée plus précise de l’action de l’hydroxychloroquine.

    Avez-vous ajusté vos indications thérapeutiques ?

    Notre doctrine, c’est de détecter et de traiter le plus en amont. L’hydroxychloroquine fonctionne sur les cas modérés à sévères. Au-delà, quand les patients sont en réanimation, c’est trop tard. Le virus est encore là, mais le malade souffre d’inflammations pulmonaires consécutives.

    Justement, l’essai clinique Discovery va être mené sur des patients très atteints…

    Si on avait envie de prouver que ça ne marche pas, on ne s’y prendrait pas autrement. Il y aura une enquête parlementaire après tout ça, et elle sera sanglante, autant que l’affaire du sang contaminé. Et ce sera pire si le gouvernement décide de refuser l’accès au médicament.

    Mais, même l’Organisation mondiale de la santé (OMS) met en garde contre le traitement que vous préconisez…

    Avant toute chose, je suis médecin. J’ai prêté le serment d’Hippocrate en 1981 et mon devoir depuis, c’est de faire ce qui me paraît le mieux pour les malades, en fonction de mes connaissances et de l’état de la science. C’est ce que je fais depuis 40 ans et ce que je fais en ce moment avec mes équipes : soigner le mieux possible les patients qui se présentent. Cela veut dire les tester, évaluer l’état de ceux qui sont positifs et les traiter avec les thérapies disponibles. Aujourd’hui, il n’y en a qu’une qui a commencé à donner des résultats, c’est l’hydroxychloroquine associée à un antibiotique, l’azithromycine. Toutes les données que nous recueillons depuis que nous avons commencé, il y a un mois, après les premiers essais en Chine, vont dans le même sens. Alors, que ça respecte ou non les procédures scientifiques habituelles… Je suis d’accord avec le Président quand il dit que nous sommes en guerre. Une guerre qui justifie de se battre avec toutes les armes dont nous disposons. En tant que médecins, il est de notre devoir de donner aux malades le meilleur traitement disponible à l’instant T. Le reste, c’est de la littérature.

    Quels mécanismes entreraient en jeu avec l’administration d’hydroxychloroquine ?

    Cette molécule aurait deux effets pour accélérer l’élimination du virus : il modifierait d’abord l’environnement acide de la poche vacuole de la cellule. Ce petit sac de liquide protégé par la membrane sert de nid aux virus. En augmentant son pH (potentiel Hydrogène), l’écosystème tranquille de cet abri est chamboulé et les enzymes, impliquées dans la machinerie cellulaire utilisée par le virus pour se répliquer, sont empêchées d’agir. L’hydroxychloroquine favoriserait également l’apoptose, c’est-à-dire la mort cellulaire programmée, un mécanisme génétique qui protège l’organisme des infections en commandant aux cellules infectées de s’autodétruire. Je vais travailler avec l’expert de renommée mondiale Guido Kroemer, professeur d’immunologie à la faculté de médecine de l’Université de Paris Descartes et directeur de l’unité de recherche « Métabolisme, cancer et immunité », pour approfondir les travaux sur les mécanismes impliqués.

    Sans présager de la publication de vos nouvelles observations, que pouvez-vous dire de l’efficacité de Plaquenil ?

    Ne vous inquiétez pas : ça marche. Et même mieux que ça : on a deux fois moins de victimes d’infections virales cette année, toutes maladies confondues, aucun pic de surmortalité et pas de résistance aux antibiotiques.

    Nombre de vos confrères poussent des cris d’orfraie en évoquant les effets secondaires délétères de la chloroquine…

    Tous les médicaments ont des effets secondaires, surtout lorsque l’on ne respecte pas les posologies. L’aspirine, le paracétamol et l’ibuprofène surdosés, c’est beaucoup plus dangereux que l’hydroxychloroquine aux doses où on les administre. Quant à l’azithromycine, un Américain sur huit s’en voit prescrire au moins une fois chaque année. Si cela tuait les gens ou les rendait plus malades qu’ils ne sont, nous le saurions.

    Vous avez annoncé dimanche que vous testeriez toutes les personnes fébriles qui se présenteraient à l’IHU. On a vu les queues qui se formaient devant chez vous. Que pouvez-vous nous en dire ?

    Depuis lundi, nous avons pratiqué 2 000 tests par jour. Environ 10% des personnes testées étaient positives.

    Que se passe-t-il pour les gens que vous dépistez ?

    Notre protocole est rodé. Nous regardons s’ils ont des signes cliniques de la maladie et nous leur faisons passer un scanner pulmonaire  « low dose » (1), comme le font les Chinois, car une partie des gens contaminés ne présentent pas de signes cliniques évidents de la maladie mais ont des lésions pulmonaires qui s’aggraveront s’ils ne sont pas traités.  C’est à eux que l’on administre ce que nous considérons comme le seul traitement disponible à ce jour.Deux jours après, ils sont invités à venir réaliser un électrocardiogramme. Le risque cardio-vasculaire est l’effet secondaire le plus important. Ce traitement est ambulatoire mais les patients les plus sérieux sont naturellement hospitalisés.

    Qu’est-ce qui, selon vous, empêche de généraliser ces tests et ces examens au scanner à l’ensemble du pays ?

    C’est d’abord une question de volonté politique et de mise en place logistique. Les moyens, nous les avons. Entre les laboratoires d’analyses privés, les laboratoires vétérinaires de très grande qualité que nous possédons, les médecins de ville et les infirmières libérales, tous qualifiés pour faire des prélèvements, ainsi que nos ressources hospitalières, il y a de quoi faire. Ici, nous ne sommes pas des extra-terrestres. Si nous arrivons à faire 2 000 tests par jour à l’IHU de Marseille je ne peux pas croire que la France entière ne soit pas capable de faire comme en Allemagne ou en Corée du Sud. 100 000 tests par jour, c’est ce dont nous aurions besoin et nous en sommes capables. Des tests PCR de base, hors épidémie, nous en faisons 300 000 par an à l’IHU. Quant aux scanners, nous faisons face à Marseille, mais cela sera peut-être plus difficile ailleurs, car notre taux d’équipement en scanners est un des plus faibles des pays de l’OCDE. C’est la conséquence des choix politiques et financiers des 30 dernières années. Les conneries finissent toujours par se payer.

    Comment expliquez-vous que cette stratégie qui a fait ses preuves ailleurs, ne soit toujours pas d’actualité chez nous ?

    En France, malheureusement, avant de se poser la seule question qui vaille, c’est-à-dire « que faut-il faire pour faire face à telle situation ? », on se demande toujours « est-on capables de mettre en place telle ou telle solution ? ». On met la charrue avant les bœufs et ça n’avance pas.

    Le ministre de la Santé vous écoute-t-il ?

    C’est un homme intelligent, mais il a hérité d’une situation très difficile, très désorganisée.

    Que pensez-vous de l’attitude des autorités, politiques et médicales, d’une façon générale ?

    Je me contenterai de citer la maxime attribuée à Sénèque : « Errare humanum est, perseverare diabolicum » (ndlr – L’erreur est humaine, persévérer -dans l’erreur- est diabolique) ♦

     

    (1) Un scanner « low dose » (faible dose en français) permet d’obtenir une image de bonne qualité avec un niveau d’irradiation très faible du patient.

    Par Hervé Vaudoit et Paul Molga

    Journalistes

  • La droite libre tire 3 conclusions de l’épreuve que la France a subie, par Christian Vanneste.

    La Droite Libre tire trois conclusions de l’épreuve que notre pays vient de traverser avec la pandémie du Covid-19 :

    d’abord, « l’étrange défaite » du meilleur système de santé du monde a été pour beaucoup d’observateurs impartiaux comme la répétition d’une situation déjà connue dans notre histoire. D’excellents médecins, un personnel soignant dévoué et compétent n’ont pas pu affronter l’arrivée annoncée de la vague épidémique dans des conditions dignes d’un pays « riche », moderne et depuis toujours à la pointe de la recherche médicale. L’Etat spectaculaire tente chaque soir de donner l’illusion d’une maîtrise chiffrée qui masque mal l’échec malgré le renfort d’une majorité de médias complices du pouvoir actuel.

    christian vanneste.jpgL’Allemagne fait beaucoup mieux avec quatre fois moins de morts et trois fois moins par rapport aux cas dépistés. Contrairement à ce que la presse laisse entendre en oubliant de rappeler que la population américaine est cinq fois plus nombreuse que la française, les chiffres des Etats-Unis sont moins lourds que les nôtres. La « stratégie » française par rapport à l’allemande explique ce mauvais résultat : en Allemagne, on teste systématiquement, on isole et on soigne les malades. Le confinement a été plus léger, et s’achève plus vite. En France, le pouvoir s’est livré à des palinodies affirmant tour à tour que les tests, ou les masques, « pour tous » n’était pas utiles, puis qu’ils l’étaient au point de devenir obligatoires. Cette gesticulation n’avait qu’une cause : une pénurie généralisée sur laquelle le gouvernement a été aveugle et imprévoyant. Cette première observation conduit a deux conclusions : en premier lieu, l’importance folle de la dépense publique et des prélèvements obligatoires n’est pas justifiée. Elle alimente un Etat obèse au sein duquel se développe une bureaucratie étouffante au détriment des éléments opérationnels. Certains voient dans l’insuffisance de la réponse française la conséquence des coupes budgétaires imposées par le libéralisme. C’est exactement le contraire : la technostructure médicale que symbolise Jérôme Salomon lequel sévissait déjà auprès de Mme Touraine a accru la lourdeur d’un système en décourageant une profession compétente et motivée dont les protestations ont été naguère traitées avec mépris par le pouvoir. En second lieu, en mentant avec constance devant les Français, en prétendant que la maladie n’atteindrait pas la France, puis que notre pays était prêt, en cachant aux Français que le confinement rigoureux était la conséquence des pénuries, et non le meilleur moyen de vaincre le virus, le pouvoir a perdu tout crédit. L’idée de le sauver par une « union nationale » qui conduirait une partie de « la droite » à être à nouveau la bouée de sauvetage d’un gouvernement de gauche, la complice des Macron, Castaner, Belloubet, Veran, Ferrand, avec lesquels elle ne devrait rien avoir en commun, est à proscrire résolument !

    La droite doit plus que jamais s’appuyer sur sa valeur cardinale : la liberté. Or, le triste épisode que nous vivons montre à quel point le pouvoir actuel écrase nos libertés. Il a privé la population de la liberté d’aller et de venir, suspendu autoritairement des activités économiques, réduit encore davantage le rôle du parlement, perturbé gravement le fonctionnement de la justice, au nom d’un état d’urgence qui met l’Etat de droit pendant de longs mois en sommeil. Il a par ailleurs offert le triste spectacle d’une répression excessive des manquements bénins au confinement tandis qu’il vidait les prisons et se refusait à faire régner la loi dans certains quartiers, étalant ainsi son impuissance et sa peur, en somme son incapacité à remplir ses missions essentielles. C’est là une invitation à la délinquance et à la violence. L’agression verbale de Zemmour et les agressions mortelles qui se sont produites, notamment à Romans-sur-Isère, ne sont pas le fruit du hasard. La désinformation qui règne dans notre pays a minimisé ces faits alors qu’elle ne pointait pas systématiquement les défaillances et contradictions du pouvoir. Il est par exemple paradoxal de vider les prisons de condamnés, alors que les détentions provisoires sont prolongées en raison du confinement judiciaire. Or, depuis son installation au lendemain d’une élection présidentielle marquée par une manipulation médiatico-judiciaire, le régime actuel n’a cessé de s’en prendre à la liberté d’expression, notamment sur internet. Il voulait même instaurer une sorte de ministère de la vérité en triant de son point de vue les bonnes et les mauvaises informations. Plus grave sans doute encore est sa tentative de faire passer sans vote du parlement un traçage numérique des Français sous le faux prétexte d’un dépistage de la maladie. Pour être efficace, cette application devrait prendre en compte 60% des Français, or, par exemple, les plus de 70 ans ne sont que 44% a à voir un smartphone. On perçoit mal la possibilité d’atteindre le seuil d’efficacité, mais on mesure évidemment les risques de piratage, de détournement des données, de réidentifications des personnes par recoupement. Le progressisme macronien, c’est le « meilleur des mondes » avec la PMA pour tous, mais c’est aussi « 1984 », avec une surveillance accrue des personnes. Le débat sur la thérapie du Professeur Didier Raoult, à la fois idéologique et sans doute suscité par des intérêts privés liés aux groupes pharmaceutiques étrangers, a été absolument consternant. Non seulement il met en cause gravement la liberté professionnelle du médecin d’utiliser un médicament ancien et bien connu, mais encore il introduit une dimension politique dans une profession et un service public qui devraient être à l’abri de cette dérive. Parce que l’universitaire proposait une solution empirique et peu coûteuse, il est devenu le gilet jaune en blouse blanche de la médecine, le populiste médical. Qu’un tel blocage, qui a sans doute coûté des vies, puisse exister dans notre pays en dit long sur le délabrement de son Etat, sur la corruption qui y règne et, une fois de plus, sur le pourrissement de la sphère médiatique.

    Enfin, le pouvoir a mis le pays en panne plutôt que d’avouer son aveuglement et son impréparation. La liberté économique, celle d’entreprendre, d’acquérir et de vendre, et de le faire sans être taxé de manière abusive, est indispensable à la prospérité d’un pays et au niveau de vie de ses habitants. Le libéralisme ne consiste pas à avoir quelques amis milliardaires qui vous soutiennent par leurs médias, mais à diminuer la dépense publique improductive, à alléger la pression fiscale, pour privilégier l’initiative et le mérite, à réduire la bureaucratie envahissante, au profit des missions prioritaires de l’Etat. La sortie de la crise économique engendrée par le confinement ne devra pas, comme d’habitude, se résumer à une distribution d’aides diverses, financées par un accroissement vertigineux de l’endettement et assorties de contrôles, de sélections, d’obligations et de sanctions. L’encouragement de l’épargne et de l’investissement est aussi important que celui du travail. Les entreprises ont besoin de capital fidélisé comme de travailleurs bien formés. Le choix idéologique privilégiant le travail au détriment de la propriété n’est pas de nature à instaurer la confiance, le vrai moteur de la reprise économique. Une baisse massive de la fiscalité, accompagnée d’un retour à l’indépendance économique et monétaire, c’est pour la France, à terme, le seul moyen d’enrayer son déclin. On a vu où menait la disparition de notre industrie. Il faut à tout prix la reconstituer et pour cela former des ingénieurs plutôt que des bureaucrates sortis de l’ENA ou d’ailleurs, dont on mesure chaque jour la nocivité. Dans l’immédiat, la reprise des activités touristiques, cruciales pour notre pays doit être la priorité. La vague de chômage qui a commencé à recouvrir notre pays ne pourra pas être refoulée en créant des emplois artificiels comme on crée de la monnaie illusoire. Seule une action à long terme fondée sur une politique de l’offre et sur un rétablissement de l’équilibre dans nos échanges avec l’étranger pourra sortir la France de la spirale suicidaire dans laquelle elle s’est engagée depuis longtemps déjà. De même, l’idéologie calamiteuse de la préférence étrangère, avec une immigration incontrôlée dont on mesure chaque jour les méfaits, doit être inversée. Plus que jamais, la France doit retrouver son identité, sur tous les plans, y compris spirituel, cette dimension que le pouvoir actuel méprise totalement. Elle doit retrouver sa souveraineté de nation, la seule qui ait un sens. Loin d’être un obstacle à la liberté, elle est au contraire une condition de son effectivité. Le choc de la période que nous venons de vivre, dramatique pour ceux des Français qui ont perdu un de leurs proches, ne doit pas conduire à un engourdissement du pays, mais au contraire à un sursaut, à une révolution conservatrice… et salvatrice.

    Christian Vanneste, président.

  • Est-ce le temps de sortir de l’emprise de l’État ?, par Philippe Kaminski.

    Entre les mastodontes que sont l’État et le Marché, une troisième voie existe. Elle s’est incarnée aujourd’hui sous le nom et la forme de l’Économie Sociale. Dans la trinité économique, l’État représente le Père, le Marché correspond au Fils, tandis que l’Économie Sociale pourrit être assimilé au Saint-Esprit.

    Actualités de l’économie sociale

    Dans ma précédente chronique, je déplorais l’absence, face aux deux continents aux mille visages que sont l’État et le Marché, d’un tiers acteur mieux à même de définir les voies du Bien commun et de débloquer les impasses, tant intellectuelles qu’organisationnelles, dans lesquelles se fourvoient nos sociétés dites « développées », en fait victimes de leur prospérité et de leur vieillissement. Je pensais bien entendu à l’Économie Sociale, dans sa forme actuelle, qui certes n’est pas absente mais qui ne parvient pas à sortir d’un rôle de second rang. Et je mettais cet effacement sur le compte d’une trop grande complaisance, du moins en France, vis à vis des Pouvoirs publics, dont elle se contente trop souvent de n’être qu’un sous-traitant docile et zélé.

     

    Je sais que cette quête d’une « troisième voie » n’est pas chose nouvelle. Mais si, depuis bientôt deux siècles, elle a le plus souvent pris les traits d’une utopie irréaliste, c’est parce que ses promoteurs ont trop semblé vouloir lui donner l’exclusivité de la conduite des sociétés humaines. Puisqu’elle est, selon ma démonstration, supérieure au collectivisme étatique et supérieure au capitalisme libéral, elle doit se substituer à eux, prendre leur place et les renvoyer au cimetière des idées mortes : tel a toujours été, peu ou prou, le discours des prophètes d’un monde meilleur reconstruit selon leurs visions. Il n’en est sorti que des sectes, avec leurs cortèges de scissions et d’illuminés, des théories plus ou moins fumeuses, et quelques micro-réalisations éphémères.

    Mais ce qui a survécu, ce que les épreuves de l’Histoire ont reconnu comme pérennes, ce sont les organisations qui n’ont pas eu cette prétention folle et qui se sont contentées de lutter pour survivre en faisant valoir leurs avantages comparatifs. Coopératives, mutuelles, fondations, institutions caritatives ou sociales de natures diverses, certaines étant en vie depuis fort longtemps, ont fait et font chaque jour la preuve de leur aptitude à s’adapter et à conquérir de nouveaux espaces. On peut, bien entendu, leur faire grief de s’être banalisées, d’avoir perdu, renié ou simplement laissé s’étioler leur potentiel de subversion, de transformation sociale. C’est un débat récurrent et inévitable. C’est la vie. On peut mourir jeune par excès d’idéal, et par symétrie on peut mourir sur le tard par insuffisance d’idéal. Reconnaissons tout de même que beaucoup d’entreprises d’Économie Sociale ont su se maintenir à égale distance de l’un et l’autre de ces risques mortels.

    Il faut se rendre à l’évidence : oui, la troisième voie existe. Elle s’est incarnée aujourd’hui sous le nom et la forme de l’Économie Sociale. Elle avait pris d’autres formes, d’autres noms dans le passé, selon les lieux, selon les temps et les cultures. Pour la première fois sans doute, on la retrouve sous des aspects semblables dans tous les pays du monde. Elle repose sur des principes très différents de l’économie publique et de l’économie capitaliste. Mais il ne s’agit pas de les opposer, de vouloir que l’une d’entre elles domine et écrase les deux autres. Il ne s’agit pas de les mettre en concurrence, ce qui aboutirait immanquablement à un vainqueur et deux vaincus. Il s’agit de les composer, de les faire coexister en harmonie, de tirer le meilleur parti de chacune d’entre elles. J’entends proposer une conception trinitaire (que les théologiens me pardonnent cette incursion dans leur pré carré) de l’organisation économique : l’économie du Père, égalitaire et sécurisante voire bureaucratique, qui convient à beaucoup ; l’économie du Fils, faite de fougue et d’audace, qui accepte tous les risques et se soucie peu des dégâts qu’elle occasionne ; enfin, l’économie du Saint-Esprit, celle des solidarités organiques, où la protection du groupe n’est acquise que moyennant adhésion et effort collectif. C’est le fameux principe de la propriété commune et impartageable des bénéfices, dont une part ne peut être redistribuée qu’au prorata de l’activité, et non du capital investi.

     

    Autre chose : l’Économie Sociale ne doit pas être vue comme un composé hybride, sorte de mélange incestueux à mi-chemin entre l’État et le Marché. Non, elle ne se situe pas entre le collectivisme et le capitalisme ; elle est, avec eux, le troisième sommet d’un triangle équilatéral, aussi distante de chacun d’eux qu’ils le sont entre eux. C’est pourquoi je considère qu’elle trahit son rôle lorsqu’elle se met au service de l’État Providence, ou du moins lorsque ses porte-parole autorisés le font, alors qu’elle devrait sans cesse proclamer son autonomie et la transcrire dans les faits, dans ses comptes, hors des subventions et des prébendes d’un système d’État obèse et inefficient.

    La situation actuelle est le fruit, non pas de la décentralisation en elle-même, mais de la conjonction fortuite après l’élection de 2002 d’une majorité présidentielle de droite, prête à laisser l’Économie Sociale vivre sa vie de son côté, et de régions toutes acquises à la gauche (sauf l’Alsace, mais l’Alsace, qui a de fortes traditions d’Économie Sociale, s’est alignée sur les autres régions).

    Les conseils régionaux prirent tous des mesures favorables, en apparence, à l’Économie Sociale, s’en faisant une sorte de chasse gardée, puisque ce n’était plus une affaire du gouvernement central. Au début, c’était l’euphorie ! Les Chambres régionales de l’Économie Sociale se voyaient reconnues, valorisées, dotées de quelques moyens. Mais très vite, le piège se referma sur les uns et les autres : programmes, projets, budgets, contractualisations, objectifs, tout était soumis au rythme et aux caprices des instances politiques régionales, avec le vocabulaire des meilleures intentions du monde. Les « représentants » de l’Économie Sociale se coulèrent très vite dans ce nouveau moule et adoptèrent un discours d’assujettis heureux renchérissant sur les vertus de leur nouveau statut.

    C’est sur ce terrain qu’arriva le gouvernement de 2012, qui allait faire adopter la loi Hamon dont le seul contrepoids à l’étatisation de fait de l’Économie Sociale fut la promotion, sur un modèle importé des États Unis, de l’entreprise sociale que là-bas on appelle le social business. Cette greffe quelque peu étrangère à notre culture ne se développa guère, mais elle est devenue un des mantras du gouvernement issu des élections de 2017. Notre actuel Haut-Commissaire ne jure que par ses social start-up, son French Impact et autres billevesées linguistiques dont il a du mal à faire partager le charme.

     

    Le proche avenir, au sortir de l’actuelle crise, pourrait cependant ouvrir des voies porteuses d’espoir. La sphère publique a beau accaparer un pourcentage record de la richesse nationale, son pouvoir réel et son efficacité intrinsèque n’en sont pas plus solides pour autant, loin s’en faut. Au contraire, l’État s’en trouve plus fragile, plus exposé. Tout le monde aura à gagner à une Économie Sociale pleinement autonome, et il suffira peut-être d’une légère secousse pour rompre le nœud de dépendance qui les lie. Qu’il me soit au moins permis de le souhaiter. Et de vous convier, chers lecteurs, à agir en ce sens.

    Suite à la prochaine chronique : un retour sur une troisième voie esquissée au lendemain des événements de Mai 1968.

    Philippe KAMINSKI

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    * Spécialiste de l’économie sociale et solidaire (ESS) en France, le statisticien Philippe Kaminski a notamment présidé l’ADDES et assume aujourd’hui la fonction de représentant en Europe du Réseau de l’Économie Sociale et Solidaire de Côte-d’Ivoire (RIESS). Il tient depuis septembre 2018 une chronique libre et hebdomadaire dans Profession Spectacle, sur les sujets d’actualité de son choix, afin d’ouvrir les lecteurs à une compréhension plus vaste des implications de l’ESS dans la vie quotidienne.

  • Le président Vladimir Poutine empereur de Russie demain ?, par Frédéric de Natal.

    Au pouvoir depuis 1999, tour à tour comme premier ministre et président de la république, Vladimir Poutine entame son quatrième et dernier mandat présidentiel.

    Sa succession agite d’ores et déjà toutes les ambassades étrangères et le récent remaniement gouvernemental s’est accompagné d’un projet de réforme constitutionnelle, dont les russes ont peine à dessiner les contours, posant des questions qui restent encore sans réponses.

    Dans l’ombre, un nouveau parti monarchiste contrôlé par un oligarque, proche de Vladimir Poutine, entend réaliser l’impossible : couronner l’ancien officier du KGB, Tsar de toutes les Russies.

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    Lors de la dernière commémoration en hommage à Nicolas II et à sa famille en juillet 2019 (ci dessous, ndlr), ils avaient pris la tête du cortège qui avait rassemblé plus de 60 000 personnes. Tous habillés de tee-shirts jaunes floqués d’un aigle bicéphale, les membres de ce nouveau parti monarchiste suivaient les pas du milliardaire Konstantin Valeryevich Malofeev.

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    L’homme de 45 ans n’est pas un inconnu des milieux politiques et affairistes russes. Mieux que cela, il est celui qui murmure à l’oreille du président Vladimir Poutine. Son mouvement, la société de l’Aigle à deux têtes (Двуглавый Орёл), rappelle les grandes heures de la monarchie tsariste défunte. Il a déjà pas moins de 90 sections réparties dans tout le pays, très suivi par des dizaines de milliers de « followers » sur Facebook ou Vkontakte. En novembre 2018, un congrès a réuni ses soutiens et quelques membres de l’épiscopat orthodoxe. « Nous ferons tout ce qui est possible afin de maintenir le Président Poutine au pouvoir ! » déclare Konstantin Malofeev qui a fondé également le Lycée Basile le Grand. Dans les couloirs de cette académie scolaire, les portraits de tous les Tsars depuis 1613, date  un Zemsky Sobor s’était réuni afin de couronner le prince Michel Romanov. Ici on prépare tous les cadres de la future administration impériale qui doit se mettre en place.

    Vladimir Ier ? Le projet peut paraître aussi insensé que séduisant mais divise. Konstantin Malofeev n’ignore pas que le titre impérial est encore entre les mains de la maison impériale des Romanov. D’ailleurs, l’oligarque est lié au Grand-duc George Romanov avec lequel il s’affiche régulièrement. Un prince qui n’a pas hésité à participer et déclamer un discours au dernier congrès mondial des Familles, l’année dernière, dont Malofeev est un des principaux financiers et organisateurs. Il tient à rassurer, l’idée est d’ouvrir la voie à une restauration de la monarchie et les russes décideront de qui ils souhaitent couronner. « La monarchie est, par définition, une affaire de sang uniquement », a déclaré Yevgeny Nikiforov, directeur général d'une station de radio associée à l'Église orthodoxe russe et qui suggère que la couronne doit revenir à un membre de l’aristocratie russe à défaut d’un Romanov.

    « Au cours des 30 dernières années, la Russie a remis sur ses pieds l’empire et élu un dirigeant. L’absence de sang bleu n’est pas un problème désormais » fait remarquer Andrei Afanasyev, présentateur de télévision pour la chaîne de télévision en ligne Tsargrad, une antenne qui diffuse les idées de Konstantin Malofeev. Il a tissé des liens avec divers mouvements conservateurs européens comme le Front de la Liberté en Autriche, le Rassemblement national, le parti Les Républicains voir même avec Philippe de Villiers qui a tenté de lui vendre son Puy du Fou à la sauce russe.Ou d’autres mouvances de droite européennes.

    «Il existe autant de types de monarchies différents dans le monde qu'il y a de monarques», a souligné Malofeev pour justifier sa démarche comme le rapporte une édition du « Washington Post ». D’autres journaux internationaux comme le « Guardian », « Le Monde », « Jeune Afrique », » Le Figaro » ou encore récemment le « Sunday Times », se sont interrogés sur le bien –fondé de cette idée que le principal intéressé se garde bien de commenter. Sur son site officiel, le mouvement a approuvé, il y 3 jours, le projet de loi modification de la constitution qui s’inscrit, selon lui « dans la continuité de la politique de feu le président Boris Eltsine ».

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    "...Lors de la dernière commémoration en hommage à Nicolas II et à sa famille en juillet 2019, ils avaient pris la tête du cortège qui avait rassemblé plus de 60 000 personnes..."

     

    Le premier président de l’ère post-soviétique avait d’ailleurs prévu le retour de la monarchie après lui et pris contact avec la famille impériale afin que le grand-duc George intègre une académie militaire russe. En vain. Pour les monarchistes de la société de l’Aigle à deux têtes, la constitution doit interdire toute forme de libéralisme et sécuriser les valeurs traditionnelles de la Sainte Russie à commencer par la famille et la religion. Les bases de toutes monarchies qui se respectent.

    « Notre histoire n'a pas commencé en 1991 et pas en 1917. Nous sommes les héritiers du plus grand État des deux derniers millénaires, et si nous voulons survivre en tant que peuple et pays, nous devons simplement en parler fièrement » rappelle les monarchistes qui appellent au rejet « de la débauche, du cynisme et de la propagande de valeurs qui nous sont étrangères ». Malofeev a suggéré il y a deux mois, que le mariage pour tous soit interdit en Russie. « La Russie moderne est le successeur légal de l'Empire russe » peut-on encore lire sur le site officiel qui ne cache pas ses intentions.

    Réalité ou fantasme ? Le « Moscow Times » a consacré un long article sur le sujet ces dernières semaines. « Il y a une crise politique dans le pays et il y a une demande réelle pour un parti monarchiste affirme Konstantin Malofeev qui se base sur un sondage qui affirme que 30% des russes souhaitent le retour d’un Tsar. «Bien sûr, ces gens qui aiment [le président] Vladimir Poutine voient la continuation de son pouvoir sous un jour impérial et monarchique. Je partage ces valeurs » ajoute-t-il.

    Du côté de la présidence, on tente de temporiser. « Le Kremlin ne souhaite pas soutenir de telles idées » - du moins en public. «Ce parti politique monarchiste est une initiative personnelle de Malofeev » tient à préciser Dmitry Peskov, porte-parole de Poutine, qui ajoute qu’il n’a aucune approbation du président russe. A la Douma, l’oligarque est courtisé. Le parti Juste Russie, de centre-gauche et affilié à Poutine, lui a demandé son parrainage. En échange, il a reçu carte blanche pour imposer son programme. Le parti nationaliste Rodina (Patrie), de son aveu-même, a entamé des discussions avec le leader monarchiste. Cependant le monde politique n’est pas le monde des affaires et Malofeev n’est pour l’instant pas arrivé à se hisser à la tête d’un parti qui aurait pu fusionner Juste Russie et Rodina. L’union des Cosaques de Russie lui a assuré en revanche de sa fidélité.

    Des deux côtés de ces mouvements, il s’est heurté à de la résistance et n’a pu obtenir ce qu’il souhaitait. Soupçonné également de financer la rébellion du Donbass et en Crimée (dont le président Sergey Aksyonov est ouvertement monarchiste), l’Europe scrute allers et venues avec inquiétude, craignant qu’il ne mette en place une vaste toile d’araignée, notamment dans la mouvance internationale monarchiste. Que pense justement la famille impériale de la situation ? Dans une interview accordée au magazine Hola, la chef de la maison impériale russe, la grande-duchesse Maria Wladmirovna a déclaré qu’il fallait indubitablement à la Russie « une république présidentielle forte » comme celle de Poutine « qui reste le mode de gouvernement le mieux adapté aux russes ».

    Bien que la Russie « soit un pays suffisamment libre pour que l'idéologie monarchiste continue de vivre » avait-elle ajouté, ne renonçant pas à ce qui lui revient de droit. Konstantin Malofeev continue de mener sa barque à l’ombre d’un trône encore virtuel courtisant Romanov et Vladimir Poutine. A Tsargrad, le mot d’ordre reste le suivant : « on critique le parti au pouvoir, Russie Unie, mais on ne critique pas Vladimir Poutine ».

    L’âme russe demeure toujours aussi insondable et qui sait, peut-être que demain, la Russie aura un nouvel empereur élu par le peuple. Dieu sauve le Tsar !

    Frédéric de Natal