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  • Une politique pour l'an 2000 de Pierre Debray (20)

    lfar bleu.jpgNous poursuivons la publication de notre série, dont la lecture expliquera à ceux qui ne l'ont pas connu le rôle intellectuel important de Pierre Debray à l'Action Française dans les années 1950-2000.  Cette analyse politique, économique, sociologique et historique, menée méthodiquement, à la maurrassienne, comporte de multiples enseignements, utiles aujourd'hui à notre école de pensée. Comme un stimulant de notre réflexion sur la situation présente de la France et sur l'action que nous avons à y mener. Même si le lecteur devra tenir compte des événements et des faits intervenus au cours des trois dernières décennies.  LFARNous poursuivons la publication de notre série, dont la lecture expliquera à ceux qui ne l'ont pas connu le rôle intellectuel important de Pierre Debray à l'Action Française dans les années 1950-2000.  Cette analyse politique, économique, sociologique et historique, menée méthodiquement, à la maurrassienne, comporte de multiples enseignements, utiles aujourd'hui à notre école de pensée. Comme un stimulant de notre réflexion sur la situation présente de la France et sur l'action que nous avons à y mener. Même si le lecteur devra tenir compte des événements et des faits intervenus au cours des trois dernières décennies.  LFAR

    Le Collège de France

     

     

    2235704335.jpg2ème partie : Une révolution copernicienne 

    UNE MACHINE à FABRIQUER DES CHÔMEURS

    Il existe néanmoins un ministère plus nuisible encore que celui de la culture. L'Education Nationale fournit aux pédagogues et aux réformateurs un superbe instrument de décervelage. Un pays qui manque d'enseignants trouverait là du beau monde, dont il est permis d'espérer qu'au contact du réel il récupèrerait les quelques grains d'ellébore nécessaires à son bon sens. Le ministère de l'éducation nationale fabrique des illettrés à la chaîne. Un sur quatre des élèves qui entrent en sixième ne maîtrise pas la lecture. Selon la nomenclature officielle, ce n'est pas un lecteur mais un déchiffreur. Il ânonne. Plus grave peut-être un étudiant en lettres sur deux, un étudiant en droit sur trois n'a aucun débouché. Des diplômés se présentent à des concours dont le niveau intellectuel est celui d'un élève de troisième. Des médecins s'inscrivent au chômage. Ce prodigieux gaspillage coûte cher en stages de formation qui, trop souvent ne mènent à rien. Un pays dont l'école, chaque année « produit » cent mille jeunes qui, non seulement ne possèdent aucune qualification mais ont pris le dégoût du travail, se condamne au déclin.

    Le collège de France, consulté par M. Mitterrand, a défini la première, la principale priorité de toute réforme de l'enseignement. Il faut « défonctionnariser » le métier d'enseignant. Déjà Condorcet, à la veille de la Révolution mettait en garde contre le danger d'une « corporation » universitaire, que François 1er, précisément, par la création du collège de France, avait tenté de réduire. L'avertissement ne fut pas entendu. Les républiques successives, d'ailleurs colonisées par les instituteurs et les professeurs, laissèrent se constituer une formidable féodalité, la Fédération de l'enseignement national, qui s'est placée, grâce à son réseau mutualiste, en situation de monopole. Le ministère qui devrait contrôler le corps enseignant s'est transformé en bras séculier des syndicats, seule la défense de ses privilèges mobilise une corporation qui dicte sa loi à l'Etat. Chacun reconnaît que les « grandes vacances » sont trop longues, qu'il vaudrait mieux des journées plus courtes. Qui oserait néanmoins aller contre les « droits acquis » ?

    Les écoles primaires, les collèges, les lycées doivent être gérés comme des entreprises. Les collectivités locales, les groupements de familles, les professions constitueraient des communautés éducatives, que l'Etat agréerait, en fonction d'un cahier des charges dont il contrôlerait le respect... Chaque communauté recevrait en location les locaux existants ou en construirait, grâce à des prêts à faible taux d'intérêt. Elle désignerait un directeur, qui embaucherait le personnel et le cas échéant le licencierait en fonction des règles fixées par le code du travail. Il n'y aurait plus d'écoles que libres.

    Il faut fixer un autre principe. L'enseignement doit être obligatoire. Il ne saurait être gratuit. Si l'on veut que les parents s'intéressent aux études de leurs enfants, ils doivent consentir un effort financier, au moins pour l'achat du matériel pédagogique. Certes chaque famille' recevrait un chèque scolaire qu'elle remettrait, en début d'année à la communauté éducative de son choix mais un complément serait demandé en fonction des ressources familiales. Bien sûr, les communautés éducatives les plus riches s'efforceraient, en offrant des salaires plus élevés, d'attirer les meilleurs maîtres. N'est-ce pas d'ores et déjà le cas ? De toute façon les agrégés recherchent et souvent obtiennent des postes dans les lycées les plus réputés, proches des grandes bibliothèques et des institutions culturelles. Ces lycées-là ne se trouvent que rarement dans les quartiers ouvriers. Les entreprises dont les besoins en techniciens sont rarement satisfaits ouvriraient des établissements techniques de haut niveau, si on leur laissait toute liberté d'en créer, en ajoutant aux sommes réunies grâce au chèque scolaire, une contribution volontaire.

    L'enseignement supérieur serait payant. Chaque étudiant verserait des droits d'inscription qui correspondraient aux frais réels de scolarité. Si sa famille n'avait pas les moyens d'assumer cette charge, il emprunterait à taux réduit, dans des conditions aussi favorables qui se puissent imaginer. Il est aberrant de donner de l'argent à des jeunes pour leur permettre d'obtenir, aux frais du contribuable, une situation qui lui fournira des revenus élevés, qui lui permettraient aisément de rembourser un prêt. Le résultat, on ne le connait que trop : de faux étudiants qui paressent aussi longtemps qu'ils le souhaitent sur les bancs de l'université afin de bénéficier de repas à prix réduits et d'avantages sociaux. L'université doit former des travailleurs capables de gérer leur existence, non des fainéants et des irresponsables. Il faut que la sélection se fasse aussi par, la volonté de réussir, la force de caractère, une exacte appréciation de ses moyens intellectuels.

    Le Collège de France insiste, à juste titre, sur les dangers de la course aux diplômes. Désormais, il semble que l'échec scolaire (ou universitaire) condamne l'individu, le transforme en victime. Certes, la société de demain sera brutalement sélective. Elle ne laissera aucune chance aux paresseux et aux incapables. Cependant Taine dénonçait déjà « cet emploi erroné, cette dépense outrée, cette usure précoce de l'énergie mentale » qu'impose un système qui lie la réussite sociale à l'acquisition d'un diplôme. L'apprentissage apporterait beaucoup plus à certains jeunes qu'une scolarité continuée jusqu'à dix-huit ans. Un artisan d'art vaut bien un ingénieur. De même, le Collège de France s'inquiète de la sélection par les mathématiques. La société de demain aura besoin d'hommes capables de s'adapter rapidement à des changements dont tout indique qu'ils s'accélèreront encore. Ce qui suppose une forte culture générale et la faculté, pour opérer les choix qu'imposera la conduite d'une carrière, de raisonner juste en tenant compte de la multiplicité des paramètres. Il ne sert de rien de surcharger les jeunes de connaissances scientifiques dont tout le monde sait qu'elles seront périmées avant qu'ils aient l'occasion de s'en servir. Ils ont besoin d'une méthode. C'est le rôle de l'enseignement secondaire que de la fournir comme c'est celui du primaire d'inculquer le rudiment. De ce point de vue, les expériences tentées au niveau du technique, pour lier l'enseignement à la recherche sont intéressantes.

    Nous entrons dans un monde où la matière grise devient la principale matière première. Il est plus important pour un pays d'avoir des chercheurs que du pétrole.

    La recherche scientifique n'est pas seulement une affaire d'argent. Certes des efforts financiers s'imposent. A quoi serviront ils si on continue à la gérer bureaucratiquement ? On ne fait pas un chercheur avec un fonctionnaire. Le rapport de la cour des comptes sûr le C.N.R.S. est édifiant. Nous entretenons des gens qui ne trouvent jamais rien et pour cause, certains « chercheurs » se contentant de passer une fois par mois pour « chercher » leurs émoluments. Assurément des changements sont intervenus, surtout depuis 1981. Les liaisons universités - entreprises se sont multipliées. Néanmoins, il conviendrait d'aller beaucoup plus loin et d'adopter la méthode américaine. Une équipe présente un projet. S'il est adopté, son maître d'œuvre reçoit une subvention et des moyens matériels. Si, au bout d'un certain temps, aucun résultat n'est obtenu, l'équipe est dissoute. L'on ne verrait pas, comme chez nous, des laborantins se mettre en grève, au risque de faire échouer une manipulation, si chacun était conscient que de la réussite dépend son avenir.

    Qu'il s'agisse de culture, d'enseignement ou de recherche, l'obstacle est finalement politique. Un peuple fainéant, protégé par son statut, défendu par des syndicats puissants, s'oppose à toute réforme, Il serait injuste de soutenir que tous nos enseignants ou tous nos chercheurs sont des paresseux mais ceux qui veulent travailler en sont parfois empêchés, par les grèves ou les séances de bavardage auxquels ils sont astreints. Certains se découragent, d'autres sombrent dans la dépression. Ce ne sont pas les hommes qu'il faut mettre en cause mais le système. Un exemple suffira : le ministère de l’Education nationale a imposé des « pédagogies d’éveil », qui insistent à promener les enfants pour leur faire visiter, une boulangerie ou un musée. Il est évident que cela est beaucoup coins fatiguant et plus agréable que l'apprentissage de la culture, tâche, reconnaissons-le, extrêmement lourde pour un instituteur, qui exige de la patience, de la persévérance, un [fort soutenu de concentration. Il s'est trouvé des instituteurs pour considérer que les pédagogies d'éveil leur faisaient perdre leur temps et celui des élèves mais il est évident que rien ne pouvait plaire davantage à des garçons et des filles qui n'ont choisi ce métier qu'en raison des vacances qu'il procure. Le ministère a encouragé la paresse en la camouflant sous un vocable flatteur. « Pédagogie d’éveil », cela sonne bien. On connaît les résultats, le pullulement des illettrés. M. Chevènement a fait une petite révolution, en déclarant que la vocation de l'école était d'enseigner, non de distraire. Cette révolution restera toute verbale. Son seul résultat sera de rassurer les parents qui commençaient à s'inquiéter. Rien ne sera changé. Le système est plus fort que tous les ministres, fussent-ils socialistes.

    Il faudrait une volonté politique. Mettre au travail le prolétariat intellectuel est une tâche surhumaine qui dépasse les capacités de M. Chevènement. Ce fils d'instituteurs croit sans-doute, que les maîtres d'école de sa jeunesse existent encore. On n'arrivera à rien aussi longtemps que le métier d'enseignant ne sera pas revalorisé, moralement et matériellement. Cela suppose que les Français, conscients que leur avenir dépend de la quantité et surtout de la qualité de la matière grise produite par la nation, admettent qu'un bon instituteur doit être aussi bien payé qu'un bon médecin de quartier, mieux en tout cas qu'un agrégé incapable de transmettre son savoir. Cela suppose que le métier d'enseignant devienne une profession libérale et que les familles choisissent leur école comme leur médecin.

    Les réformes qui s'imposent, dans tous les domaines, n'ont rien de révolutionnaire. Dans le privé, nos hommes oolitiques admettent volontiers leur bien fondé. Elles se heurtent néanmoins à la formidable résistance des syndicats, du prolétariat intellectuel et de la plèbe moderne, sournoisement encouragée par l'Etablissement et la haute finance internationale. Or nous n'avons plus beaucoup de temps. Le déclin économique de la France et de l'Europe s’accompagne, en effet, d'un déclin démographique, plus rapide encore. En l'an 2000, demain, au train où vont les doses, Marseille sera une ville majoritairement islamique. La France se libanise, avec à terme deux conséquences obligées : les conflits ethniques et religieux, le sous-développement.  • 

     A suivre  (A venir : Les nouvelles invasions barbares).

     

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    Une politique pour l'an 2000 de Pierre Debray     

    (1)     (2)     (3)     (4)     (5)     (6)     (7)     (8)    (9)     (10)    (11)     (12)     (13)     (14)     (15)     (16)     (17)    (18)     (19)

  • Une politique pour l'an 2000 de Pierre Debray (4)

    La production automobile de masse

     

    lfar bleu.jpgNous poursuivons la publication de notre série, dont la lecture expliquera à ceux qui ne l'ont pas connu le rôle intellectuel important de Pierre Debray à l'Action Française dans les années 1950-2000.  Cette analyse politique, économique, sociologique et historique, menée méthodiquement, à la maurrassienne, comporte de multiples enseignements, utiles aujourd'hui à notre école de pensée. Comme un stimulant de notre réflexion sur la situation présente de la France et sur l'action que nous avons à y mener. Même si le lecteur devra tenir compte des événements et des faits intervenus au cours des trois dernières décennies.  LFAR

     

    2235704335.jpg1ère partie : l’Homme Masse

    « De Caillaux à Giscard » : le système libéral

    En effet, si la production élimine progressivement la masse, la consommation lui reste soumise. Quand les belles âmes s'indignent que certains proposent de renvoyer chez eux les immigrés, un calcul cynique explique l'appui qu'elles reçoivent des « médias «. Il ne faut pas laisser partir des consommateurs. Tout ralentissement des achats serait catastrophique. La massification ne s'explique pas que par le travail à la chaîne. Une transformation plus profonde peut-être s'est opérée. Pendant des millénaires, l'homme produisait pour consommer. Il fallait se nourrir, se vêtir, mais aussi satisfaire d'autres besoins, d'ordre spirituel, militaire ou intellectuel, construire des temples et des palais, entretenir des prêtres, des sorciers, des guerriers, des administrateurs. Désormais l'homme consomme pour produire. Les besoins étant, pour l'essentiel, satisfaits, l'organisation rationnelle du travail et le machinisme n'ont pas épuisé leurs capacités productives. Il convient donc de susciter le désir de marchandises qui ne sont pas nécessaires. La publicité s'en charge et rapidement le désir se transforme en besoin. L'habitant des villes peut sans difficulté, se passer d'une automobile, disposant de transports en commun confortables et souvent plus rapides. Qui ne possède pas sa voiture particulière passe pourtant soit pour un miséreux soit pour un attardé. Le conformisme et l'individualisme se conjuguent pour obliger à consommer, fut-ce des objets parfaitement inutiles, les gadgets. Si la consommation se ralentit, pour une raison ou pour une autre, que les gens ont moins d'argent, que la mode change, que la saturation apparaît, il faut fermer des usines et mettre des gens au chômage. Toute diminution du niveau de vie de la masse entraîne une crise économique. Si l'on veut assurer un développement harmonieux de la production, chaque individu doit pouvoir continuer de se procurer les produits de la grande industrie, qu'il soit en bonne santé ou malade, jeune ou vieux, riche ou pauvre.

    Le système libéral n'a pu fonctionner qu'aussi longtemps que la production de masse n'affectait qu'un secteur, le textile. Quand la demande l'emportait sur l'offre, les patrons devaient embaucher et accepter de payer des salaires plus élevés, des entreprises mal gérées parvenaient à subsister puisqu'elles trouvaient des débouchés. Le moment venait nécessairement où l'offre finissait par dépasser la demande. Les stocks s'accumulaient, les prix baissaient. Les entreprises mal gérées disparaissaient, les autres subsistaient en réduisant les salaires de ceux qu'elles conservaient. Peu à peu, les stocks s'écoulaient et la crise se résorbait. L'économie en sortait assainie. Seules les entreprises les mieux équipées, les mieux administrées subsistaient. Grâce aux gains de productivité qu'il leur avait fallu réaliser, elles produisaient à meilleur marché, elles avaient amélioré la qualité et la diversité de leurs fabrications. Ainsi les crises cycliques représentaient un facteur de progrès.

    Ce mécanisme ne fonctionnait qu'en raison de la structure de la consommation. Le budget des familles ouvrières, essentiellement consacré à la nourriture et au logement, comportait, sans doute, quelques achats de produits manufacturés (vêtements, meubles, quincaillerie) mais seulement en période de relative aisance, quand il était possible d'économiser. Les classes aisées absorbaient l'essentiel de la production. En temps de crise, elles continuaient d'acheter, moins sans doute mais suffisamment pour que s'écoulent les stocks. Certes, les ouvriers, réduits au chômage, survivaient dans les conditions les plus pénibles. Quelques philanthropes s'efforçaient d'adoucir leur sort mais personne, en dehors de catholiques sociaux et de socialistes, ne s'indignait d'une situation qui s'accordait à la nature des choses.

    Tout changea lorsque l'introduction du travail à la chaîne permit la production de masse. Ford et non Lénine, fut le grand révolutionnaire du début du siècle. Rompant avec la pratique patronale des bas salaires, il comprit que ses ouvriers étaient aussi ses futurs clients et qu'il convenait qu'ils gagnent assez pour acheter des voitures. La production de masse débouchait sur la consommation de masse. Ce qui allait modifier totalement la structure de l'économie. Ainsi la production de masse suppose l'immobilisation de capitaux considérables que l'autofinancement ne suffit plus à réunir. Entre le moment où le constructeur décide de lancer un nouveau modèle de voiture et le moment où celui-ci sort des chaînes, il s'écoule plusieurs années. De même l'innovation technologique devient l'affaire de bureaux d'études, qui mobilisent des équipes de chercheurs. Les entrepreneurs doivent faire appel aux banques, leurs fonds propres ne suffisant plus. Mais l'appareil financier recherche le profit à court terme. L'argent immobilisé ne « travaille pas » ou du moins trop lentement pour rapporter. Le banquier emprunte les sommes qu'il prête. Il faut que le capital dont il dispose soit toujours disponible. Ainsi l'entrepreneur a besoin de crédits à long terme et le banquier ne peut consentir que des crédits à court terme, sinon le taux d'intérêt deviendrait si élevé qu'il découragerait l'entrepreneur. Comment en sortir ? Par des artifices comptables qui transforment le court terme en long terme.

    Cette contradiction en a engendré une autre. L'investissement ne saurait être supérieur à l'épargne, c'est-à-dire à la part du revenu national soustrait à la consommation, d'une manière ou d'une autre. Cette vérité de bons sens convient à une économie de type classique où l'entrepreneur utilise ses propres capitaux ou ceux qu'il se procure en multipliant le nombre de ses associés grâce à des souscriptions d'actions. Vaut-elle encore, quand il lui faut investir à très long terme ? Il est conduit dans ses choix à anticiper. Le modèle que prépare le constructeur risque d'être périmé avant d'être mis en vente, de ne pas correspondre à l'évolution des goûts et des besoins de la clientèle.

    Et surtout, il est obligé de vendre à crédit. L'acheteur d'une voiture a rarement les moyens de payer comptant. Lui aussi anticipe. Il dépense l'argent qu'il n'a pas encore mais dont il compte disposer, pour autant que ses revenus continuent d'augmenter. Les organismes financiers, en principe, utilisent l'épargne reçue en dépôt d'une manière ou d'une autre (dépôts à vue, emprunts obligatoires, gestion de portefeuilles etc.…) pour financer ces diverses anticipations. Tout semble donc rentré dans l'ordre, mais à condition que les banquiers ne commettent aucune erreur, qu'ils ne se montrent ni trop timorés, car ils casseraient l'expansion, ni trop laxistes car ils cesseraient de la contrôler. En théorie, ces excès inverses devraient se compenser. Ce qui se révélerait exact si chaque opérateur prenait ses décisions par un calcul rationnel. Les risques d'erreur s'annuleraient à peu près. Les choses ne se passent pas ainsi en pratique. Il existe un effet d'entraînement. A certains moments, les banquiers, emportés par l'euphorie, prêtent avec trop de facilité, à d'autres, ils s'effraient et resserrent le crédit, étranglant les entreprises.

    Que s'est-il passé en 1929 ? La prospérité a conduit les industriels, les particuliers et les banquiers à anticiper sur un progrès supposé indéfini tant de la consommation que de la production. Les industriels ont succombé au vertige du gigantisme, les particuliers ont multiplié les achats à crédit - y compris les achats d'actions  et les banquiers ont trop utilisé les artifices comptables qui permettent de transformer le court terme en long terme, si bien que les Etats-Unis investissaient plus qu'ils n'épargnaient. Tout fonctionnait convenablement parce que la bourse de New York drainait les capitaux du monde entier. Il a suffi que le flux d'épargne diminue, même légèrement pour provoquer la catastrophe. Il fallait donc réajuster l'épargne et l'investissement. Les économistes libéraux ont immédiatement présenté une solution d'apparence raisonnable. Il suffisait de diminuer les salaires et même, de l'opinion de Rueff, de supprimer purement et simplement les allocations de chômage, en un mot de pratiquer une politique de déflation. C'était oublier que désormais la consommation de masse fournissait le moteur de la production de masse. Quand on fabriquait quelques milliers de voitures par an, la misère du peuple n'empêchait pas les stocks de s'écouler peu à peu et puisqu'il fallait bien les reconstituer, les commandes relançaient la production. Il n'en va plus de même, quand le stock se chiffre par millions de voitures. L'économie avait changé d'échelle et les libéraux, enfermés dans leurs abstractions ne s'en étaient pas aperçu. La solution fut trouvée non par un théoricien mais par deux hommes de terrain, l'allemand Schacht financier d'Hitler et Morgenthau, le principal conseiller de Roosevelt. L'un et l'autre partirent d'une idée simple. La mécanique libérale ne fonctionnait plus, les stocks ne diminuaient pas parce que les achats des classes aisées n'avaient plus qu'une influence marginale sur le marché. La production de masse ne reprendrait que si l'on donnait à la masse les moyens de consommer d'où une politique de grands travaux financée artificiellement. Il fallut néanmoins la seconde guerre mondiale pour surmonter la crise, les armements constituant une production dont la consommation n'est pas entravée par des considérations budgétaires.

    Ni Schacht ni Morgenthau n'avaient pu s'inspirer de la célèbre « general theory of employment, interest and money » de John Maynard Keynes, publiée seulement en 1936. Cependant, l'inspiration demeurait la même. Les uns et les autres substituaient à une conception statique de l'économie, où les équilibres se rétablissaient automatiquement, une « description dynamique » selon l'expression de Keynes. Les classiques visaient en fait un état quasi stationnaire. Ce qui donnera, sous une forme journalistique, la « croissance zéro » préconisée par le club de Rome, croissance zéro de la production et de la démographie. Mais l'expérience montre assez qu'il n'y a jamais d'état quasi stationnaire. En économie, comme dans les autres domaines, qui n'avance pas recule.   •  

    (A suivre - A venir : « De Caillaux à Giscard : Le système libéral » suite)

     

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    Une politique pour l'an 2000 de Pierre Debray (1)

    Une politique pour l'an 2000 de Pierre Debray (2)

    Une politique pour l'an 2000 de Pierre Debray (3)

  • Une politique pour l'an 2000 de Pierre Debray (20)

    lfar bleu.jpgNous poursuivons la publication de notre série, dont la lecture expliquera à ceux qui ne l'ont pas connu le rôle intellectuel important de Pierre Debray à l'Action Française dans les années 1950-2000. 

    Cette analyse politique, économique, sociologique et historique, menée méthodiquement, à la maurrassienne, comporte de multiples enseignements, utiles aujourd'hui à notre école de pensée. Comme un stimulant de notre réflexion sur la situation présente de la France et sur l'action que nous avons à y mener.

    Même si le lecteur devra tenir compte des événements et des faits intervenus au cours des trois dernières décennies.  LFAR

    Le Collège de France

     

     

    2235704335.jpg2ème partie : Une révolution copernicienne 

    UNE MACHINE à FABRIQUER DES CHÔMEURS

    Il existe néanmoins un ministère plus nuisible encore que celui de la culture. L'Education Nationale fournit aux pédagogues et aux réformateurs un superbe instrument de décervelage. Un pays qui manque d'enseignants trouverait là du beau monde, dont il est permis d'espérer qu'au contact du réel il récupèrerait les quelques grains d'ellébore nécessaires à son bon sens. Le ministère de l'éducation nationale fabrique des illettrés à la chaîne. Un sur quatre des élèves qui entrent en sixième ne maîtrise pas la lecture. Selon la nomenclature officielle, ce n'est pas un lecteur mais un déchiffreur. Il ânonne. Plus grave peut-être un étudiant en lettres sur deux, un étudiant en droit sur trois n'a aucun débouché. Des diplômés se présentent à des concours dont le niveau intellectuel est celui d'un élève de troisième. Des médecins s'inscrivent au chômage. Ce prodigieux gaspillage coûte cher en stages de formation qui, trop souvent ne mènent à rien. Un pays dont l'école, chaque année « produit » cent mille jeunes qui, non seulement ne possèdent aucune qualification mais ont pris le dégoût du travail, se condamne au déclin.

    Le collège de France, consulté par M. Mitterrand, a défini la première, la principale priorité de toute réforme de l'enseignement. Il faut « défonctionnariser » le métier d'enseignant. Déjà Condorcet, à la veille de la Révolution mettait en garde contre le danger d'une « corporation » universitaire, que François 1er, précisément, par la création du collège de France, avait tenté de réduire. L'avertissement ne fut pas entendu. Les républiques successives, d'ailleurs colonisées par les instituteurs et les professeurs, laissèrent se constituer une formidable féodalité, la Fédération de l'enseignement national, qui s'est placée, grâce à son réseau mutualiste, en situation de monopole. Le ministère qui devrait contrôler le corps enseignant s'est transformé en bras séculier des syndicats, seule la défense de ses privilèges mobilise une corporation qui dicte sa loi à l'Etat. Chacun reconnaît que les « grandes vacances » sont trop longues, qu'il vaudrait mieux des journées plus courtes. Qui oserait néanmoins aller contre les « droits acquis » ?

    Les écoles primaires, les collèges, les lycées doivent être gérés comme des entreprises. Les collectivités locales, les groupements de familles, les professions constitueraient des communautés éducatives, que l'Etat agréerait, en fonction d'un cahier des charges dont il contrôlerait le respect... Chaque communauté recevrait en location les locaux existants ou en construirait, grâce à des prêts à faible taux d'intérêt. Elle désignerait un directeur, qui embaucherait le personnel et le cas échéant le licencierait en fonction des règles fixées par le code du travail. Il n'y aurait plus d'écoles que libres.

    Il faut fixer un autre principe. L'enseignement doit être obligatoire. Il ne saurait être gratuit. Si l'on veut que les parents s'intéressent aux études de leurs enfants, ils doivent consentir un effort financier, au moins pour l'achat du matériel pédagogique. Certes chaque famille' recevrait un chèque scolaire qu'elle remettrait, en début d'année à la communauté éducative de son choix mais un complément serait demandé en fonction des ressources familiales. Bien sûr, les communautés éducatives les plus riches s'efforceraient, en offrant des salaires plus élevés, d'attirer les meilleurs maîtres. N'est-ce pas d'ores et déjà le cas ? De toute façon les agrégés recherchent et souvent obtiennent des postes dans les lycées les plus réputés, proches des grandes bibliothèques et des institutions culturelles. Ces lycées-là ne se trouvent que rarement dans les quartiers ouvriers. Les entreprises dont les besoins en techniciens sont rarement satisfaits ouvriraient des établissements techniques de haut niveau, si on leur laissait toute liberté d'en créer, en ajoutant aux sommes réunies grâce au chèque scolaire, une contribution volontaire.

    L'enseignement supérieur serait payant. Chaque étudiant verserait des droits d'inscription qui correspondraient aux frais réels de scolarité. Si sa famille n'avait pas les moyens d'assumer cette charge, il emprunterait à taux réduit, dans des conditions aussi favorables qui se puissent imaginer. Il est aberrant de donner de l'argent à des jeunes pour leur permettre d'obtenir, aux frais du contribuable, une situation qui lui fournira des revenus élevés, qui lui permettraient aisément de rembourser un prêt. Le résultat, on ne le connait que trop : de faux étudiants qui paressent aussi longtemps qu'ils le souhaitent sur les bancs de l'université afin de bénéficier de repas à prix réduits et d'avantages sociaux. L'université doit former des travailleurs capables de gérer leur existence, non des fainéants et des irresponsables. Il faut que la sélection se fasse aussi par, la volonté de réussir, la force de caractère, une exacte appréciation de ses moyens intellectuels.

    Le Collège de France insiste, à juste titre, sur les dangers de la course aux diplômes. Désormais, il semble que l'échec scolaire (ou universitaire) condamne l'individu, le transforme en victime. Certes, la société de demain sera brutalement sélective. Elle ne laissera aucune chance aux paresseux et aux incapables. Cependant Taine dénonçait déjà « cet emploi erroné, cette dépense outrée, cette usure précoce de l'énergie mentale » qu'impose un système qui lie la réussite sociale à l'acquisition d'un diplôme. L'apprentissage apporterait beaucoup plus à certains jeunes qu'une scolarité continuée jusqu'à dix-huit ans. Un artisan d'art vaut bien un ingénieur. De même, le Collège de France s'inquiète de la sélection par les mathématiques. La société de demain aura besoin d'hommes capables de s'adapter rapidement à des changements dont tout indique qu'ils s'accélèreront encore. Ce qui suppose une forte culture générale et la faculté, pour opérer les choix qu'imposera la conduite d'une carrière, de raisonner juste en tenant compte de la multiplicité des paramètres. Il ne sert de rien de surcharger les jeunes de connaissances scientifiques dont tout le monde sait qu'elles seront périmées avant qu'ils aient l'occasion de s'en servir. Ils ont besoin d'une méthode. C'est le rôle de l'enseignement secondaire que de la fournir comme c'est celui du primaire d'inculquer le rudiment. De ce point de vue, les expériences tentées au niveau du technique, pour lier l'enseignement à la recherche sont intéressantes.

    Nous entrons dans un monde où la matière grise devient la principale matière première. Il est plus important pour un pays d'avoir des chercheurs que du pétrole.

    La recherche scientifique n'est pas seulement une affaire d'argent. Certes des efforts financiers s'imposent. A quoi serviront ils si on continue à la gérer bureaucratiquement ? On ne fait pas un chercheur avec un fonctionnaire. Le rapport de la cour des comptes sûr le C.N.R.S. est édifiant. Nous entretenons des gens qui ne trouvent jamais rien et pour cause, certains « chercheurs » se contentant de passer une fois par mois pour « chercher » leurs émoluments. Assurément des changements sont intervenus, surtout depuis 1981. Les liaisons universités - entreprises se sont multipliées. Néanmoins, il conviendrait d'aller beaucoup plus loin et d'adopter la méthode américaine. Une équipe présente un projet. S'il est adopté, son maître d'œuvre reçoit une subvention et des moyens matériels. Si, au bout d'un certain temps, aucun résultat n'est obtenu, l'équipe est dissoute. L'on ne verrait pas, comme chez nous, des laborantins se mettre en grève, au risque de faire échouer une manipulation, si chacun était conscient que de la réussite dépend son avenir.

    Qu'il s'agisse de culture, d'enseignement ou de recherche, l'obstacle est finalement politique. Un peuple fainéant, protégé par son statut, défendu par des syndicats puissants, s'oppose à toute réforme, Il serait injuste de soutenir que tous nos enseignants ou tous nos chercheurs sont des paresseux mais ceux qui veulent travailler en sont parfois empêchés, par les grèves ou les séances de bavardage auxquels ils sont astreints. Certains se découragent, d'autres sombrent dans la dépression. Ce ne sont pas les hommes qu'il faut mettre en cause mais le système. Un exemple suffira : le ministère de l’Education nationale a imposé des « pédagogies d’éveil », qui insistent à promener les enfants pour leur faire visiter, une boulangerie ou un musée. Il est évident que cela est beaucoup coins fatiguant et plus agréable que l'apprentissage de la culture, tâche, reconnaissons-le, extrêmement lourde pour un instituteur, qui exige de la patience, de la persévérance, un [fort soutenu de concentration. Il s'est trouvé des instituteurs pour considérer que les pédagogies d'éveil leur faisaient perdre leur temps et celui des élèves mais il est évident que rien ne pouvait plaire davantage à des garçons et des filles qui n'ont choisi ce métier qu'en raison des vacances qu'il procure. Le ministère a encouragé la paresse en la camouflant sous un vocable flatteur. « Pédagogie d’éveil », cela sonne bien. On connaît les résultats, le pullulement des illettrés. M. Chevènement a fait une petite révolution, en déclarant que la vocation de l'école était d'enseigner, non de distraire. Cette révolution restera toute verbale. Son seul résultat sera de rassurer les parents qui commençaient à s'inquiéter. Rien ne sera changé. Le système est plus fort que tous les ministres, fussent-ils socialistes.

    Il faudrait une volonté politique. Mettre au travail le prolétariat intellectuel est une tâche surhumaine qui dépasse les capacités de M. Chevènement. Ce fils d'instituteurs croit sans-doute, que les maîtres d'école de sa jeunesse existent encore. On n'arrivera à rien aussi longtemps que le métier d'enseignant ne sera pas revalorisé, moralement et matériellement. Cela suppose que les Français, conscients que leur avenir dépend de la quantité et surtout de la qualité de la matière grise produite par la nation, admettent qu'un bon instituteur doit être aussi bien payé qu'un bon médecin de quartier, mieux en tout cas qu'un agrégé incapable de transmettre son savoir. Cela suppose que le métier d'enseignant devienne une profession libérale et que les familles choisissent leur école comme leur médecin.

    Les réformes qui s'imposent, dans tous les domaines, n'ont rien de révolutionnaire. Dans le privé, nos hommes oolitiques admettent volontiers leur bien fondé. Elles se heurtent néanmoins à la formidable résistance des syndicats, du prolétariat intellectuel et de la plèbe moderne, sournoisement encouragée par l'Etablissement et la haute finance internationale. Or nous n'avons plus beaucoup de temps. Le déclin économique de la France et de l'Europe s’accompagne, en effet, d'un déclin démographique, plus rapide encore. En l'an 2000, demain, au train où vont les doses, Marseille sera une ville majoritairement islamique. La France se libanise, avec à terme deux conséquences obligées : les conflits ethniques et religieux, le sous-développement.  • 

     A suivre  (A venir : Les nouvelles invasions barbares).

     

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    Une politique pour l'an 2000 de Pierre Debray     

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    lafautearousseau

  • Une politique pour l'an 2000 de Pierre Debray (11)

    lfar bleu.jpgNous poursuivons la publication de notre série, dont la lecture expliquera à ceux qui ne l'ont pas connu le rôle intellectuel important de Pierre Debray à l'Action Française dans les années 1950-2000.  Cette analyse politique, économique, sociologique et historique, menée méthodiquement, à la maurrassienne, comporte de multiples enseignements, utiles aujourd'hui à notre école de pensée. Comme un stimulant de notre réflexion sur la situation présente de la France et sur l'action que nous avons à y mener. Même si le lecteur devra tenir compte des événements et des faits intervenus au cours des trois dernières décennies.  LFAR

     

    2235704335.jpg2ème partie : Une révolution copernicienne 

    Depuis 1950, sans qu'elle s'en doute l'humanité est entrée, timidement bien sûr, dans le troisième millénaire. Pour autant que l'an 2000 symbolise, dans l'imaginaire collectif, une date-butoir, il est derrière nous, non devant. Nos Diafoirus, encore qu'ils ne cessent dans leurs discours d'évoquer la révolution industrielle continuent de raisonner comme si nous vivions en 1848, où, pour les plus hardis, en 1929. Ils cherchent dans un passé proche mais révolu des exemples et des recettes. Faute de perspectives historiques, ils se rendent incapables de comprendre ce qui s'enfante sous leurs yeux.

    LE DÉCOLLAGE TECHNOLOGIQUE DE L'OCCIDENT SE PRODUIT AU MOYEN-ÂGE

    Sans remonter au néolithique, l'Occident a connu deux révolutions industrielles avant la nôtre, au XIe et au XVIIIe siècle. Leur étude peut nous instruire. En effet elles ont évolué de la même manière, la phase de démarrage s'amorce par un développement rapide de la production agricole avec, pour conséquence obligée, une croissance démographique. Sa population, qui n'est plus décimée par la famine et résiste mieux à la maladie, s'accroît. De ce point de vue, le XIe siècle ressemble plus qu'il ne semble au XVIIIe. L'essor de l'agriculture entraîne celui de la métallurgie. Les innovations techniques sont l'œuvre de forgerons de village : les artisans médiévaux inventent le soc, le coutre, le versoir, couverts de métal. Des haches plus solides permettent à des « ministériaux », véritables chefs d'entreprise, de conduire le défrichage, pour le compte des abbayes ou des seigneurs, prodigieuse aventure, qui préfigure la conquête de l'Ouest par les Américains. Le continent européen se couvre de cultures.

    Mais surtout au XIe siècle comme au XVIIIe, les ressources énergétiques sont beaucoup mieux exploitées. L'Europe multiplie les moulins à eau puis à vent. L'on construit même des usines marémotrices. Le charbon est déjà utilisé, même si l'on ne fore encore que superficiellement, les puits ne dépassant pas quinze mètres. Ainsi en 1325 un navire arrive à Pontoise, chargé de charbon de Newcastle et repart pour l'Angleterre avec une cargaison de blé. L'usage du harnais, ignoré de l'antiquité, permet de mieux utiliser l'énergie animale, facilitant labours et transports. L'on est bien en présence d'une révolution industrielle puisque celle-ci se manifeste par la multiplication de la quantité d'énergie disponible. D'ailleurs la production en série, autre caractéristique de la révolution industrielle, apparaît. Quand il partira pour la croisade, Richard Cœur de Lion fera fabriquer cinquante mille fers à cheval.

    Comme au XIXe siècle toujours, le textile sera à l'origine de l'essor industriel et pour la même raison. Une paysannerie mieux nourrie, disposant d'un surcroît de récoltes qu'elle vend, plus nombreuse aussi, représente un marché et réciproquement la production de masse, qui se développe, lui fournit de nouveaux débouchés, la laine, en particulier. D'où l'amélioration des races de moutons. Mais rien n'aurait été possible sans une avant-garde, qui jouera le rôle qu'exerceront au XIXe siècle ces fils d'artisans ruraux, partis à la ville, dont le dynamisme social se mettra au service du machinisme. Certes, les motifs sont bien différents. Les cisterciens ne cherchent pas la réussite mondaine. Ils la fuient. Soucieux de dépouillement évangélique, de solitude et de silence, ils s'enfoncent au cœur des massifs forestiers. Ils défrichent et, pour survivre, innovent. L'Europe leur doit ses grands vignobles, à commencer par le célèbre Clos Vougeot. L'abbaye allemande d'Eberbach envoyait par bateaux 215.000 litres de vin aux détaillants. Agriculteurs, les moines sont aussi métallurgistes. Leurs forges, équipées de marteaux hydrauliques devenaient des usines. On s'en rend compte à Royaumont.

    Au XVe siècle, l'Europe dispose de ressources énergétiques cent fois supérieures à celles de la Rome antique. Les deux industries de base, métallurgie et textile, ont atteint un niveau technique qu’elles ne dépasseront que dans le dernier tiers du XVIIIe siècle. Les soufflets hydrauliques, destinés à activer la combustion, apparus en 1323, permettent la construction de hauts fourneaux. Vers 1380 la fonte est découverte, les métallurgistes savent fabriquer le fil d'acier, mais aussi des canons. Ils multiplient les machines (la pompe aspirante et foulante, foreuses, aléseuses, système bielle, manivelle) tout comme les objets les plus usuels (l'aiguille d'acier, les clous et les boulons).

    Le textile évolue tout aussi vite. Au XIIe siècle se généralise en Flandre et en Champagne le métier horizontal à pédale, qui remplace le vieux métier vertical des gynécées. Mise en action par deux personnes, cette machine permet de fabriquer des pièces d'étoffes beaucoup plus larges et surtout de qualité constante. Outil de professionnels, elle quintuple la productivité. Le moulin à foulon, qui remplace les hommes, ce qui provoquera d'ailleurs des émeutes ouvrières, fonctionne grâce à l'énergie hydraulique. Le rouet à pédale (vers 1380) qui améliore le simple rouet apparu au siècle précédent, puis le fuseau à ailettes sont autant d'améliorations qui permettent aux fileurs de rattraper les tisserands. Dans la Gênes du XVe siècle, nous constatons l'existence d'un capitalisme industriel qui est assurément très dispersé. Cela tient aux sources d'énergie : les forges, les tissages, les papeteries sont liées aux moulins à eau. D'où une multitude de petites unités de production, encore que certaines emploient plusieurs centaines de travailleurs. Que l'on ne s'y trompe pas néanmoins, le stade de l'artisanat est dépassé depuis longtemps. Un même propriétaire possède, seul ou en commandite, de nombreux moulins ou plusieurs forges. Au demeurant, les petits entrepreneurs travaillent d'ordinaire, en sous-traitance. En fait, l'industrie génoise est dominée par un capitalisme financier qui a su forger les techniques bancaires (lettre de change, chèque, dépôts) et juridiques, que le XIXe siècle se contentera d'affiner et de généraliser. Le capitalisme, qu'ignorait le monde antique, naît au Moyen-Age et l'Eglise, quoi qu'on en ait dit, n'y fait pas obstacle. La notion de juste prix qu'elle défend s'oppose aux coalitions et aux monopoles, qui entravent la libre concurrence. Par l'idéal ascétique des cisterciens, qui annonce celui des entrepreneurs du XIXe siècle, elle s'est placée à l'avant-garde du progrès technologique. L'invention de l'horloge mécanique est-elle due, comme le prétendait Mumford, aux bénédictins ? Sans doute pas. Mais comment ne pas l'approuver quand il affirme que « la machine-clé de l'âge industriel moderne, ce n'est pas la machine à vapeur, c'est l'horloge... Permettant la détermination des quantités exactes d'énergie (donc la standardisation) l'action automatique et finalement son propre produit, un temps exact, l'horloge a été la première machine de l'époque moderne ». Le temps devient une quantité et l'automatisme commande à l'activité des hommes.

    La première révolution industrielle est close au XVème siècle. Certes, le développement technologique continue, mais uniquement en fonction des nécessités de la guerre. La dernière grande invention médiévale, les caractères d'imprimerie mobiles, apparaît vers 1445. Elle sera améliorée, mais le principe est acquis. Après, plus rien, ou presque, jusqu'au milieu du XVIIIe siècle. Ce n'est pas faute d'inventeurs. Ainsi Vaucanson. Cependant la première découverte significative, dans le domaine du tissage, la navette volante de John Kay, date de 1743 et dans celui de la métallurgie le procédé du puddlage d'Henri Cort, est breveté en 1784. Le marteau-pilon, connu du Moyen-Age et le haut fourneau se développent sans doute, mais il faudra la machine à vapeur de Watt (1769) pour que s'impose une source nouvelle d'énergie qui remplace le moulin. Que l'on ne m'oppose pas Léonard de Vinci. Il ne fait que continuer Villard de Honnecourt, prodigieux ingénieur, qui vivait vers 1250, qui nous a permis de connaître l'existence de la première machine automatique, la scie hydraulique, « une scie qui scie d'elle-même » écrit-il sous son dessin. Son album, conservé à la bibliothèque nationale, resté pratiquement inconnu des Français, encore que publié en fac-similé en 1858, prouve que Vinci perpétue une lignée, dont il est l'ultime représentant.

    Une révolution technologique peut donc connaître trois siècles d'interruption. Les marxistes et les libéraux cachent soigneusement la vérité sur le Moyen-Age parce que ce fait dément leur conception d'un progrès, né du « siècle des lumières », et destiné à se poursuivre indéfiniment. Or, ce hiatus gênant permet d'éclairer ce que Rostow nomme la « maturité » de la société industrielle, puisque le XVe siècle fournit le précédent dont nous avions besoin. Bien sûr, la guerre de cent ans, la peste noire, les guerres de religion ont brisé l'élan démographique, qui porte l'Occident depuis le VIe siècle et qui ne reprendra qu'au XVIIIe. Le pessimisme, dont le protestantisme n'est que l'une des manifestations, obscurcit la confiance du Moyen-Age dans la nature. La « renaissance » du XVIe siècle fut, en réalité, une régression, le retour à l'idéal antique. Tout cela joue, sans doute mais la Gênes que décrit Heers, est prospère. Elle donne tous les signes d'une apparente vitalité, et pourtant nous y découvrons la cause véritable du déclin.

    Peu à peu, le capitalisme industriel et le capitalisme marchand se voient soumis au capitalisme financier. L'entrepreneur, qu'il soit producteur ou marchand doit subir la loi du banquier qui décide souverainement, en fonction du profit à court terme. Les investissements dont la rentabilité n'est pas assurée dans l'immédiat, sont écartés. Refusant le risque, le capitalisme bancaire, du moment qu'il domine l'appareil de production élimine l'innovation. Ce sera l'Etat, avec Richelieu puis Colbert, qui tentera de se substituer aux entrepreneurs défaillants mais avec des résultats nécessairement limités. A un moment de crise due aux épidémies, aux guerres et aux disputes théologiques, l'industrie s'est trouvée stérilisée, incapable de réagir et les inventeurs, faute de support économique se sont mis à rêver comme Vinci et non plus à perfectionner l'acquis.   

    A suivre  (A venir : L'age du charbon et de l'acier).

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    Une politique pour l'an 2000 de Pierre Debray     

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  • Une politique pour l'an 2000 de Pierre Debray (11)

    lfar bleu.jpgNous poursuivons la publication de notre série, dont la lecture expliquera à ceux qui ne l'ont pas connu le rôle intellectuel important de Pierre Debray à l'Action Française dans les années 1950-2000.  Cette analyse politique, économique, sociologique et historique, menée méthodiquement, à la maurrassienne, comporte de multiples enseignements, utiles aujourd'hui à notre école de pensée. Comme un stimulant de notre réflexion sur la situation présente de la France et sur l'action que nous avons à y mener. Même si le lecteur devra tenir compte des événements et des faits intervenus au cours des trois dernières décennies.  LFARNous poursuivons la publication de notre série, dont la lecture expliquera à ceux qui ne l'ont pas connu le rôle intellectuel important de Pierre Debray à l'Action Française dans les années 1950-2000.  Cette analyse politique, économique, sociologique et historique, menée méthodiquement, à la maurrassienne, comporte de multiples enseignements, utiles aujourd'hui à notre école de pensée. Comme un stimulant de notre réflexion sur la situation présente de la France et sur l'action que nous avons à y mener. Même si le lecteur devra tenir compte des événements et des faits intervenus au cours des trois dernières décennies.  LFAR

     

    2235704335.jpg2ème partie : Une révolution copernicienne 

    Depuis 1950, sans qu'elle s'en doute l'humanité est entrée, timidement bien sûr, dans le troisième millénaire. Pour autant que l'an 2000 symbolise, dans l'imaginaire collectif, une date-butoir, il est derrière nous, non devant. Nos Diafoirus, encore qu'ils ne cessent dans leurs discours d'évoquer la révolution industrielle continuent de raisonner comme si nous vivions en 1848, où, pour les plus hardis, en 1929. Ils cherchent dans un passé proche mais révolu des exemples et des recettes. Faute de perspectives historiques, ils se rendent incapables de comprendre ce qui s'enfante sous leurs yeux.

    LE DÉCOLLAGE TECHNOLOGIQUE DE L'OCCIDENT SE PRODUIT AU MOYEN-ÂGE

    Sans remonter au néolithique, l'Occident a connu deux révolutions industrielles avant la nôtre, au XIe et au XVIIIe siècle. Leur étude peut nous instruire. En effet elles ont évolué de la même manière, la phase de démarrage s'amorce par un développement rapide de la production agricole avec, pour conséquence obligée, une croissance démographique. Sa population, qui n'est plus décimée par la famine et résiste mieux à la maladie, s'accroît. De ce point de vue, le XIe siècle ressemble plus qu'il ne semble au XVIIIe. L'essor de l'agriculture entraîne celui de la métallurgie. Les innovations techniques sont l'œuvre de forgerons de village : les artisans médiévaux inventent le soc, le coutre, le versoir, couverts de métal. Des haches plus solides permettent à des « ministériaux », véritables chefs d'entreprise, de conduire le défrichage, pour le compte des abbayes ou des seigneurs, prodigieuse aventure, qui préfigure la conquête de l'Ouest par les Américains. Le continent européen se couvre de cultures.

    Mais surtout au XIe siècle comme au XVIIIe, les ressources énergétiques sont beaucoup mieux exploitées. L'Europe multiplie les moulins à eau puis à vent. L'on construit même des usines marémotrices. Le charbon est déjà utilisé, même si l'on ne fore encore que superficiellement, les puits ne dépassant pas quinze mètres. Ainsi en 1325 un navire arrive à Pontoise, chargé de charbon de Newcastle et repart pour l'Angleterre avec une cargaison de blé. L'usage du harnais, ignoré de l'antiquité, permet de mieux utiliser l'énergie animale, facilitant labours et transports. L'on est bien en présence d'une révolution industrielle puisque celle-ci se manifeste par la multiplication de la quantité d'énergie disponible. D'ailleurs la production en série, autre caractéristique de la révolution industrielle, apparaît. Quand il partira pour la croisade, Richard Cœur de Lion fera fabriquer cinquante mille fers à cheval.

    Comme au XIXe siècle toujours, le textile sera à l'origine de l'essor industriel et pour la même raison. Une paysannerie mieux nourrie, disposant d'un surcroît de récoltes qu'elle vend, plus nombreuse aussi, représente un marché et réciproquement la production de masse, qui se développe, lui fournit de nouveaux débouchés, la laine, en particulier. D'où l'amélioration des races de moutons. Mais rien n'aurait été possible sans une avant-garde, qui jouera le rôle qu'exerceront au XIXe siècle ces fils d'artisans ruraux, partis à la ville, dont le dynamisme social se mettra au service du machinisme. Certes, les motifs sont bien différents. Les cisterciens ne cherchent pas la réussite mondaine. Ils la fuient. Soucieux de dépouillement évangélique, de solitude et de silence, ils s'enfoncent au cœur des massifs forestiers. Ils défrichent et, pour survivre, innovent. L'Europe leur doit ses grands vignobles, à commencer par le célèbre Clos Vougeot. L'abbaye allemande d'Eberbach envoyait par bateaux 215.000 litres de vin aux détaillants. Agriculteurs, les moines sont aussi métallurgistes. Leurs forges, équipées de marteaux hydrauliques devenaient des usines. On s'en rend compte à Royaumont.

    Au XVe siècle, l'Europe dispose de ressources énergétiques cent fois supérieures à celles de la Rome antique. Les deux industries de base, métallurgie et textile, ont atteint un niveau technique qu’elles ne dépasseront que dans le dernier tiers du XVIIIe siècle. Les soufflets hydrauliques, destinés à activer la combustion, apparus en 1323, permettent la construction de hauts fourneaux. Vers 1380 la fonte est découverte, les métallurgistes savent fabriquer le fil d'acier, mais aussi des canons. Ils multiplient les machines (la pompe aspirante et foulante, foreuses, aléseuses, système bielle, manivelle) tout comme les objets les plus usuels (l'aiguille d'acier, les clous et les boulons).

    Le textile évolue tout aussi vite. Au XIIe siècle se généralise en Flandre et en Champagne le métier horizontal à pédale, qui remplace le vieux métier vertical des gynécées. Mise en action par deux personnes, cette machine permet de fabriquer des pièces d'étoffes beaucoup plus larges et surtout de qualité constante. Outil de professionnels, elle quintuple la productivité. Le moulin à foulon, qui remplace les hommes, ce qui provoquera d'ailleurs des émeutes ouvrières, fonctionne grâce à l'énergie hydraulique. Le rouet à pédale (vers 1380) qui améliore le simple rouet apparu au siècle précédent, puis le fuseau à ailettes sont autant d'améliorations qui permettent aux fileurs de rattraper les tisserands. Dans la Gênes du XVe siècle, nous constatons l'existence d'un capitalisme industriel qui est assurément très dispersé. Cela tient aux sources d'énergie : les forges, les tissages, les papeteries sont liées aux moulins à eau. D'où une multitude de petites unités de production, encore que certaines emploient plusieurs centaines de travailleurs. Que l'on ne s'y trompe pas néanmoins, le stade de l'artisanat est dépassé depuis longtemps. Un même propriétaire possède, seul ou en commandite, de nombreux moulins ou plusieurs forges. Au demeurant, les petits entrepreneurs travaillent d'ordinaire, en sous-traitance. En fait, l'industrie génoise est dominée par un capitalisme financier qui a su forger les techniques bancaires (lettre de change, chèque, dépôts) et juridiques, que le XIXe siècle se contentera d'affiner et de généraliser. Le capitalisme, qu'ignorait le monde antique, naît au Moyen-Age et l'Eglise, quoi qu'on en ait dit, n'y fait pas obstacle. La notion de juste prix qu'elle défend s'oppose aux coalitions et aux monopoles, qui entravent la libre concurrence. Par l'idéal ascétique des cisterciens, qui annonce celui des entrepreneurs du XIXe siècle, elle s'est placée à l'avant-garde du progrès technologique. L'invention de l'horloge mécanique est-elle due, comme le prétendait Mumford, aux bénédictins ? Sans doute pas. Mais comment ne pas l'approuver quand il affirme que « la machine-clé de l'âge industriel moderne, ce n'est pas la machine à vapeur, c'est l'horloge... Permettant la détermination des quantités exactes d'énergie (donc la standardisation) l'action automatique et finalement son propre produit, un temps exact, l'horloge a été la première machine de l'époque moderne ». Le temps devient une quantité et l'automatisme commande à l'activité des hommes.

    La première révolution industrielle est close au XVème siècle. Certes, le développement technologique continue, mais uniquement en fonction des nécessités de la guerre. La dernière grande invention médiévale, les caractères d'imprimerie mobiles, apparaît vers 1445. Elle sera améliorée, mais le principe est acquis. Après, plus rien, ou presque, jusqu'au milieu du XVIIIe siècle. Ce n'est pas faute d'inventeurs. Ainsi Vaucanson. Cependant la première découverte significative, dans le domaine du tissage, la navette volante de John Kay, date de 1743 et dans celui de la métallurgie le procédé du puddlage d'Henri Cort, est breveté en 1784. Le marteau-pilon, connu du Moyen-Age et le haut fourneau se développent sans doute, mais il faudra la machine à vapeur de Watt (1769) pour que s'impose une source nouvelle d'énergie qui remplace le moulin. Que l'on ne m'oppose pas Léonard de Vinci. Il ne fait que continuer Villard de Honnecourt, prodigieux ingénieur, qui vivait vers 1250, qui nous a permis de connaître l'existence de la première machine automatique, la scie hydraulique, « une scie qui scie d'elle-même » écrit-il sous son dessin. Son album, conservé à la bibliothèque nationale, resté pratiquement inconnu des Français, encore que publié en fac-similé en 1858, prouve que Vinci perpétue une lignée, dont il est l'ultime représentant.

    Une révolution technologique peut donc connaître trois siècles d'interruption. Les marxistes et les libéraux cachent soigneusement la vérité sur le Moyen-Age parce que ce fait dément leur conception d'un progrès, né du « siècle des lumières », et destiné à se poursuivre indéfiniment. Or, ce hiatus gênant permet d'éclairer ce que Rostow nomme la « maturité » de la société industrielle, puisque le XVe siècle fournit le précédent dont nous avions besoin. Bien sûr, la guerre de cent ans, la peste noire, les guerres de religion ont brisé l'élan démographique, qui porte l'Occident depuis le VIe siècle et qui ne reprendra qu'au XVIIIe. Le pessimisme, dont le protestantisme n'est que l'une des manifestations, obscurcit la confiance du Moyen-Age dans la nature. La « renaissance » du XVIe siècle fut, en réalité, une régression, le retour à l'idéal antique. Tout cela joue, sans doute mais la Gênes que décrit Heers, est prospère. Elle donne tous les signes d'une apparente vitalité, et pourtant nous y découvrons la cause véritable du déclin.

    Peu à peu, le capitalisme industriel et le capitalisme marchand se voient soumis au capitalisme financier. L'entrepreneur, qu'il soit producteur ou marchand doit subir la loi du banquier qui décide souverainement, en fonction du profit à court terme. Les investissements dont la rentabilité n'est pas assurée dans l'immédiat, sont écartés. Refusant le risque, le capitalisme bancaire, du moment qu'il domine l'appareil de production élimine l'innovation. Ce sera l'Etat, avec Richelieu puis Colbert, qui tentera de se substituer aux entrepreneurs défaillants mais avec des résultats nécessairement limités. A un moment de crise due aux épidémies, aux guerres et aux disputes théologiques, l'industrie s'est trouvée stérilisée, incapable de réagir et les inventeurs, faute de support économique se sont mis à rêver comme Vinci et non plus à perfectionner l'acquis.   

    A suivre  (A venir : L'age du charbon et de l'acier).

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  • La diversité pour les nuls, par Aristide Renou.

    "Il n’existe aucune base solide pour affirmer que la discrimination est la seule raison, ou même la principale raison, pour laquelle la parité statistique n'est pas une réalité - surtout en 2020. La nature humaine étant ce qu'elle est, la discrimination ne disparaitra jamais complètement. Elle a, cependant, été considérablement atténuée au cours des deux dernières générations. Dans de nombreux domaines, elle a été complètement éradiquée, du moins sous sa forme traditionnelle (les « bien-pensants » et les tribunaux autorisent la discrimination, mais uniquement à l'encontre des hommes, des Blancs et des Asiatiques).

    Les entreprises américaines, les universités et les pouvoirs publics à tous les niveaux se sont de plus en plus donnés pour mission de réaliser l’idéal de la diversité - souvent au détriment de la maximisation des profits, de la transmission des connaissances et du service rendu au public.

    Même si, pour les besoins de l'argumentation, nous admettions que la parité statistique est à la fois juste et réalisable, nous ne pourrions pas nous empêcher de remarquer que personne aux Etats-Unis - et surtout pas les communautaristes qui prétendent être les plus engagés dans l'élimination des disparités - ne semble se soucier des disparités qui touchent les Blancs, les hommes ou les hétérosexuels.

    L'écart de rémunération hommes et femmes a reçu plus d'attention que l'assassinat de Kennedy, mais combien de croisades morales ont été lancées pour éradiquer l'écart du point de vue de la mort par homicide, l'écart d'espérance de vie, l'écart concernant la durée des peines de prison, l'écart en matière d'accidents du travail, ou l'un des nombreux autres écarts qui sont au détriment des hommes par rapport aux femmes ? Mis à part Christopher Caldwell dans « The Age of Entitlement », quelqu'un d'autre a-t-il remarqué que les non-blancs ont gagné dix millions d'emplois, alors que les blancs en ont perdu 700 000, au cours d'une période qui correspond à peu près à celle de l'administration Obama ? Et qui parmi nous a entendu parler de la prime aux gays et aux lesbiennes ? Une étude réalisée en 2017 par C.S. Carpenter et S.T. Eppink de l'université Vanderbilt dans le « Southern Economic Journal » a révélé que les homosexuels gagnent beaucoup plus que leurs homologues hétérosexuels. Il est peu probable que nous entendions parler de l'injustice de cette différence dans un avenir proche.

    En effet, malgré tous leurs discours sur la parité, les communautaristes ne considèrent jamais qu’il puisse y avoir trop de femmes, de personnes de couleur et de personnes LGBTQ dans les domaines désirables de l’existence. Inversement, il ne peut jamais y avoir trop d'hommes, de Blancs ou d'hétérosexuels dans les domaines indésirables. Le principe de la parité statistique est, en réalité, utilisé de manière sélective, comme un gourdin pour cogner sur les groupes « oppresseurs ». Le véritable objectif de la politique communautariste s'avère donc être non pas la représentation proportionnelle, mais une plus grande diversité, c'est-à-dire moins de Blancs, moins d'hommes et moins d'hétérosexuels. Car c'est tout ce que signifie le terme « diversité » : moins de personnes appartenant aux mauvais groupes. Combien en moins, cela n’est jamais précisé, mais il est toujours impératif d’en avoir moins qu’aujourd’hui. Au-delà de ça, le terme « diversité » est essentiellement dénué de sens. Il ne nous dit rien sur la composition réelle d'une population ou d'un groupe.

    Chaque année, par exemple, l'Institut pour la Diversité et l'Ethique dans le Sport publie le score racial des ligues sportives professionnelles. Plus il y a de personnes de couleur - quelle que soit leur couleur, du moment qu'elles ne sont pas blanches - plus la note est élevée. Ainsi, la NBA obtient un A+, en dépit du fait qu’il y a moins de 20 % de Blancs dans ses rangs dans un pays qui en compte 60 %. Bien que cela ne soit presque jamais dit explicitement, tout le monde sait que les hommes blancs hétérosexuels ne contribuent en rien à la diversité. En fait, ils la sapent, ce qui conduit au paradoxe suivant : une organisation qui ne comporterait pas d’hommes blancs hétérosexuels serait considérée comme plus diversifiée qu'une organisation comptant quelques hommes blancs hétérosexuels. (Les seules exceptions à cette règle sont les quartiers ou écoles entièrement noirs - en raison du soupçon de racisme que cela fait naitre - à moins que l'école en question ne soit une université historiquement noire).

    La primauté de la diversité sur la parité est encore confirmée par la jubilation à peine contenue avec laquelle les médias et la gauche accueillent la perspective de la transformation démographique imminente de l'Amérique en un pays dit de « majorité-minoritaire ». En 2015, lors d'un déjeuner en l'honneur de la présidente brésilienne Dilma Rousseff, le vice-président Joe Biden a célébré le « flux incessant d'immigration » qui arrive aux États-Unis - en particulier des musulmans, des Africains, des Asiatiques et des Hispaniques. « Cela ne va pas s'arrêter, et nous ne devrions pas vouloir que cela s'arrête », s'est réjoui M. Biden. « En fait, c'est l'une des choses dont nous pouvons être les plus fiers ». Dans son enthousiasme, Joe Biden a avancé la date du point de basculement démographique de près de trois décennies :

    « Les personnes comme moi, qui sont des Caucasiens d'origine européenne, seront pour la première fois, en 2017, une minorité absolue aux États-Unis d'Amérique. Une minorité absolue. Moins de 50 % de la population américaine sera désormais blanche, d'origine européenne. Ce n'est pas une mauvaise chose. C'est une des sources de notre force. »

    Cette tendance démographique - ce qu'on a appelé « le brunissement de l'Amérique » - est présentée à la majorité blanche de l'Amérique comme une sorte de manifestation de la justice divine à laquelle tous doivent se soumettre. L'Amérique sera moins blanche. Vous ne pouvez rien y faire. Vous ne devriez pas non plus vouloir y faire quoi que ce soit, car une Amérique moins blanche sera une Amérique meilleure - les Blancs étant responsables de l'esclavage, des lois Jim Crow [la ségrégation raciale dans le Sud des Etats-Unis après la guerre civile], de la Piste des larmes [le déplacement forcé de tribus indiennes durant les années 1830], des lois interdisant l’immigration chinoise [votées à la fin du 19ème siècle], de l’internement des japonais durant la seconde guerre mondiale et du racisme systémique qui définit le pays jusqu'à ce jour. Moins il y a de Blancs, plus il y a de diversité, meilleur est le pays, le monde et la planète tout entière.

    Toute tentative de ralentir, d'arrêter ou – A Dieu ne plaise ! - d'inverser cette tendance démographique est, bien entendu, dénoncée comme raciste. Seul un raciste s'opposerait à la transformation démographique rapide de son pays - à moins que ce pays ne soit pas composé de Blancs, auquel cas il faudrait s'opposer au changement de peur qu'il ne submerge les autochtones et leur culture traditionnelle. Les nations occidentales, étant majoritairement blanches, n'ont pas ce droit. Toute politique qui retarde - même de quelques années - le point de basculement démographique des Etats-Unis fait également l’objet d’une opposition farouche, que cet effet ait ou non été recherché par la loi en question. Au début de 2018, par exemple, l'administration Trump a proposé de réformer les lois sur l'immigration du pays et de sécuriser la frontière sud. On ne trouvait aucune mention de la démographie, de la race ou de l'ethnicité dans le plan lui-même ou dans la présentation publique qui en a été faite. Mais Nancy Pelosi, alors chef de la minorité à la Chambre des Représentants, a immédiatement dénoncé ces réformes comme faisant partie d'une « campagne visant à l’évidence à rendre l'Amérique à nouveau blanche ».

    Le Washington Post, après avoir effectué sa propre analyse du plan, a conclu qu'il retarderait le point de bascule démographique de cinq ans tout au plus. « En réduisant considérablement le nombre d'immigrants hispaniques et noirs africains entrant en Amérique, ces réformes remodèleraient les futurs États-Unis », a déclaré Michael Clemens du Center for Global Development au Washington Post. « Dans les décennies à venir, nous serions beaucoup moins nombreux à ne pas être Blancs ou à avoir des personnes qui ne sont pas blanches dans nos familles. Le blocage sélectif de l’immigration change l'identité de l'Amérique ». En d'autres termes, l'Amérique se définit téléologiquement par sa future composition démographique - et non par sa population passée ou actuelle (et encore moins par ses principes fondateurs). Elle n'appartient pas à tous ses citoyens, mais à la future progéniture de sa population non blanche. Ils sont ce que nous sommes.

    Bien entendu, le mouvement national en faveur d'une plus grande diversité raciale ne s'arrêtera pas une fois que les Blancs non hispaniques seront réduits à une minorité. Si la diversité a un principe limitatif, celui-ci n'est pas encore énoncé. Cela ne veut pas dire, toutefois, que la diversité n'a pas de limite. Elle en a une. Malgré toutes leurs diatribes à l’égard des Blancs, les communautaristes restent étrangement attirés par eux. Louis Farrakhan déteste les Blancs et ne veut rien avoir à faire avec eux.
    Nos communautaristes détestent les Blancs mais veulent rester à proximité d'eux. Beaucoup sont eux-mêmes Blancs et prêchent généralement la diversité bien plus qu'ils ne la pratiquent, notamment en ce qui concerne les quartiers dans lesquels ils vivent et les écoles où ils envoient leurs enfants. Leur « conscience des problèmes sociaux » gouverne leurs paroles bien plus que leurs actes. Cela est particulièrement évident dans les universités, où les professeurs blancs titulaires ne semblent pas particulièrement désireux de démissionner pour laisser la place à des professeurs de couleur.

    Quant aux communautaristes non blancs, en particulier les Noirs, beaucoup adoptent une forme étrange de néo-ségrégationnisme. Ils veulent vivre, étudier et travailler parmi les Blancs, mais avec la possibilité de se séparer d’eux à volonté. Ils veulent une intégration ségrégationniste. Comme l'a observé Michael Eric Dyson, professeur à l'université de Georgetown, dans son ouvrage Race Rules (1996) :

    « Ceux d'entre nous qui sont intégrationnistes veulent leur part du gâteau des valeurs dominantes. Mais beaucoup d'entre nous veulent l'acheter à un boulanger noir et le manger dans un restaurant noir dans les quartiers noirs de la ville. D'autres parmi nous veulent le séparatisme racial. Mais nous le voulons souvent dans une société mixte : un dortoir noir dans une université blanche, un mois consacré à l’histoire des Noirs dans un pays à majorité blanche et une maison noire dans une banlieue blanche. »

    Afin de contenter ses personnes de couleur, l'Amérique doit donc conserver un nombre suffisant de Blancs pour en parsemer ses écoles et ses quartiers. La politique communautariste ne promet finalement pas un avenir sans Blancs - même si elle ne censure pas non plus les discours appelant à l’éradication des Blancs. La race blanche peut bien être « le cancer de l'humanité », selon la formulation mémorable employée par Susan Sontag. Mais c'est un cancer que nous ne voulons pas guérir. Nous voulons simplement réduire la taille des tumeurs et les répartir plus uniformément dans le corps."

    David Azerrad, The Social Justice Endgame, The Claremont Review of Books, Spring 2020

  • ”Un coup de grâce pour les Libanais exploités par les puissants”, par Michel Onfray.

    Source : https://michelonfray.com/

    An Nahar - Bonjour Michel Onfray, vous qui étiez au Liban en février dernier pour une série de conférence et un documentaire filmé, quelle réaction aujourd’hui face à l’ampleur de la catastrophe des dernières explosions? Un manque d’indulgence face à l’incurie du gouvernement libanais?

    Michel Onfray - Je crois que cette explosion est une métaphore, une allégorie de ce qui a lieu au Liban depuis des mois: une dilution des responsabilités, une impéritie généralisée, une incurie paroxystique, une catastrophe qui aurait pu être évitée s’il y avait eu un Etat, une autorité, une chaîne de responsabilités identifiables. La mafia qui se trouve au pouvoir n’a d’horizon que de ses petites affaires, de son enrichissement personnel, de ses magouilles, de son business privé. Aucun souci de l’intérêt général et du bien public, aucun souci du peuple.

    Même dans l'hypothèse ou il s'agirait d’un attentat (il y a nombre de pays qui ont intérêt à ce que c’en soit un), l’Etat resterait responsable d’avoir laissé sur place de quoi générer cette explosion. Il suffirait de voir dans les temps à venir à qui profiterait le crime pour avoir une idée de qui aurait pu vouloir ce crime. Pour l’heure, l’argumentaire du président Aoun qui refuse une enquête internationale sous prétexte de dilution de la vérité semble un aveu qu’il a plus intérêt à ce qu’on méconnaisse cette vérité plutôt que l’inverse.

    AN - Comment avez-vous réagi face à ce drame, face à toute la destruction d’un quartier que vous aviez visité quelques mois auparavant?

    MO - J’aime le Liban parce qu’il fut le laboratoire d’une négation de la tectonique des plaques qui rend aujourd’hui compte des relations entre les civilisations. Ce fut le point de jonction d’un Orient arabo-musulman et d’un Occident judéo-chrétien qui se fécondaient mutuellement sur une terre heureuse pour les trois monothéismes.

    Quand j’ai appris cette catastrophe, je me suis dit: «ah non, pas encore, pas eux...». Lors de mon dernier voyage, j’ai vu tellement de gens ravagés par cette crise que j’ai considéré cette explosion comme un coup de grâce pour ce peuple libanais méprisé, humilié, abandonné, exploité par les puissants!

    AN - Le pays est touché en son cœur, en son port. Symboliquement, pour le Liban, fondé par les Phéniciens, et sur l'ouverture, comment pensez à l’avenir quand tout peut s’écrouler à nouveau? Sur quels textes philosophiques s’appuyer face à de tels drames?

    MO - Une chose me sidère, et cette affirmation va me valoir de la haine d’un grand nombre de gens, mais peu importe, c’est la démission de la diaspora libanaise partout sur la planète. Comparaison n’est pas raison, bien sûr, mais si les Français avaient massivement quitté la France et lui avaient tourné le dos après l’invasion de leur pays par les nazis en juin 1940, il est bien évident que la France aurait perdu le droit d’une souveraineté sur elle-même. Le génie du peuple libanais, sa considérable richesse, son talent, sont autant de cadeaux faits à tous les pays du monde, sauf au Liban!

    C’est un remarque que d’ailleurs j’étends au-delà du Liban: les immigrés qui viennent massivement en France travaillent à la destruction de leurs pays d’origine. Or, le souverainiste que je suis ne peut se satisfaire de ce crime contre leurs pays que commettent ceux qui préfèrent en changer plutôt que de le changer.

    Que faut-il lire? La Boétie d’abord et son Discours sur la servitude volontaire: il explique qu’il n’y a pas d’autre servitude que celle d’un peuple qui ne destitue pas le tyran. «Soyez résolus de ne plus servir et vous voilà libres» écrit-il. Mais il y a également Le Prince de Machiavel qu’il faut lire avec ses Discours sur la première décade de Tite Live car on comprend que le Florentin , qui est un républicain, ne fait pas l’éloge du cynisme ou de l’opportunisme afin d’obtenir le pouvoir pour le pouvoir mais pour faire de telle sorte que ce pouvoir permette de réaliser un objectif devant lequel tout ploie: l’objectif du Liban serait de créer une république laïque dont la souveraineté serait obtenue par la construction laïque d’une volonté générale avec laquelle peut ensuite se constituer un gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple. C’est pourquoi le troisième livre à lire et à méditer serait Le Contrat social de Rousseau: le philosophe genevois en finit avec la théocratie, c’est le régime libanais, au profit de la démocratie, le régime qu’on lui souhaite.

    AN - Quel est votre avis sur la venue au Liban d'Emmanuel Macron deux jours après ce drame? Par où commencer au Liban pour pouvoir retrouver une souveraineté? Reconstruire une Nation par le commencement  Le rôle de la société civile? Un peuple peut-il reprendre le pouvoir et s’organiser?

    MO - J’ai eu honte que cet homme qui méprise la colère de son peuple, par exemple lors du mouvement des gilets-jaunes, et y réponde comme un autocrate en envoyant la police, l’armée et les blindés, qui recourt à la haine de ce peuple maltraité par sa politique, s’en vienne ainsi donner des leçons au peuple libanais! Que sur les décombres encore fumantes d’une ville détruite il se fasse le voyageur de commerce du libéralisme de l’Etat européen maastrichtien en exigeant, c’est le mot qui s’impose, des réformes économiques qui appauvriront les plus pauvres et enrichiront les plus riches comme préalable à une aide économique, voilà qui m’a fait honte d’être représenté par un tel homme! A quoi ressemble une prétendue déclaration d’amour au Liban et au peuple libanais si elle se trouve conditionnée à une obligation faites aux plus pauvres de se serrer la ceinture, sinon à une obscénité politique, à une goujaterie politicienne, à une insulte faite au peuple libanais, à une offense impardonnable? Aimer le Liban et les libanais, c’est, eu égard à notre passé commun, l’aider sans condition.

    Le peuple libanais doit mener sa révolution en tournant le dos aussi bien aux politiciens libanais qu’aux politiciens français et européistes.

    AN - Comment expliquer l'état d'incurie d'un pays qui était une telle «promesse», économique, confessionnelle, de liberté, de synthèse entre l'Orient et l'Occident?

    MO - Par la géographie d’abord et l’histoire ensuite. Il suffit de prendre une carte de géographie et de regarder où se trouve le Liban: Israël au sud, mais aussi Palestine, Syrie à l’est, ouverture sur la Méditerranée à l’ouest, autrement dit au carrefour du judéo-christianisme et de l’islam, mais aussi,  sur un axe nord sud, via la mer méditerranée, de tout le commerce entre l’Europe du nord et le Maghreb, le nord de l’Afrique mais également, sur un axe est-ouest, entre l’Orient et l’Occident. C’est le lieu de toutes les convoitises, donc de toutes les conquêtes potentielles.

    Cette situation géographique exceptionnelle exigerait une politique exceptionnelle: en l’occurrence une politique laïque, ce qui est la meilleure façon d’éviter le triomphe d’une théocratie sur une autre et de rendre possible une démocratie dans cette zone géographique où cette forme politique est quasi inexistante!

    L’incurie procède de la forme politique qui triomphe actuellement et qui est théocratique. Avec la multiplicité des communautés, sans la laïcité, c’est le communautarisme qui gagne. Et le communautarisme, c’est la guerre car toute tribu veut l’ascendant sur les autres!

    AN - En mai 1965, de Gaulle avait salué le Liban, «nation indépendante, prospère et cultivée.» Où en est-on aujourd'hui? Quelle solution voyez-vous après cette tragédie, dans un pays si soumis aux intérêts étrangers?

    MO - Il avait tellement raison !

    La solution, aujourd’hui, n’est certainement pas le retour au protectorat, comme il fut dit ici ou là, ou demandé ailleurs par une pétition, mais le recouvrement d’une souveraineté perdue. Il ne saurait être question pour un pays comme le Liban de subir des occupations – israéliennes, syriennes, palestiniennes, sinon françaises ou européennes. Nul pays ne doit être envahi par un autre au point d’en perdre sa souveraineté!

    Quand Macron se prend pour le président du Liban, puis de l’Europe, voire du monde, alors qu’il n’est pas même capable d’être le président de son pays, la France, on ne saurait attendre qu’il prenne la tête de ce qui devrait être fait: une mobilisation européenne ou internationale pour faire de telle sorte que le Liban ne porte pas seul la charge de ces migrations qui détruisent sa souveraineté.

    Israël ne veut plus de la France et de l’Europe dans le règlement du conflit israélo-palestinien, et l’on peut comprendre ses bonnes raisons. Il faudrait que la France redevienne un partenaire fiable et valable, autrement dit crédible, dans ce règlement. Pour l’heure, Trump agit seul dans ce dossier - du moins pour ce qui est su et vu.

    De même, sur la question syrienne, la France illustre sa politique catastrophique de destruction des régimes laïcs - Irak, Libye, Syrie par exemple - au profit d’une anarchie qui fait le jeu des régimes théocratiques islamistes.

    On ne peut arroser d’essence les territoires de conflits dans cette zone du monde sans faire du Liban une variable d’ajustement de ces embrasements. Il faut commencer par calmer le feu israélo-palestinien et le feu syrien, sinon les autres feux néocolonialistes français, sans quoi le Liban ne saurait être, vivre et durer.

    AN - Revenons au succès incroyable de votre revue Front Populaire, une revue qui implique vos abonnés et vos lecteurs aussi bien en théorie qu’en pratique grâce notamment à la création d’une association "Front Populaire, et Compagnie" peut-on envisager une telle initiative au Liban? Une revue souverainiste qui permette enfin aux Libanais de reprendre leur destin en main ?

    MO - Ah mais oui! Et comment! Notre ligne est souverainiste c’est-à-dire qu’elle estime que chaque pays doit faire la loi chez lui et pas chez les autres! Nous défendons les valeurs laïques, féministes et républicaines des Lumières et pensons que ces valeurs sont toujours d’actualité là où elles sont si souvent mises en cause. Au Liban plus que partout ailleurs, elles pourraient constituer un trait d’union entre l’Orient et l’Occident – qui n’est pas tant chose si compliquée qu’on veut bien le dire après de Gaulle !

    Nous sommes disponibles, si ce pouvait être utile, pour tenir une Université populaire à Beyrouth, avecune série de séminaires sur la philosophie politique qui permettrait de transformer la Boétie, Machiavel et Rousseau en leviers pour lever les montagnes !

    AN - Quel regard portez-vous aujourd’hui sur la France en matière de politique interne et externe? Ce drame libanais dû à l’explosion d’entrepôt qui stockait 2.700 tonnes de nitrate d’ammonium à côté d’un quartier résidentiel, ce manque d’indulgence est-il envisageable ailleurs de cet ampleur?

    MO - Une partie non négligeable des élites de la France méprise la France et travaille à sa dilution dans l’acide européiste puis mondialiste. L’Europe maastrichtienne est un rouage dans une machine bien plus complexe: celle du gouvernement planétaire au service du capitalisme mondialisé.

    Tout Etat-nation constitué fonctionne en cellule de base de la résistance à ce plan d’un monde transformé en supermarché dans lequel tout s’achète, se vend, se loue, du corps des femmes au sperme des hommes en passant par les organes des Chinois exécutés lors de leurs condamnations à mort...

  • Robert Ménard : « Estrosi, c'est une droite qui a honte d'elle-même », par Géraldine Woessner.

    Source : https://www.lepoint.fr/

    Le maire de Béziers revendique une parole décomplexée et étrille les leaders de la droite traditionnelle.

    Des étoiles à nouveau alignées… Et une ambiance morose. Quelque 200 élus du Rassemblement national se réunissent à Fréjus (Var) ce week-end, pour une rentrée politique qui marque le lancement de la campagne de Marine Le Pen.

    Officiellement, le parti se sent les voiles gonflées : la sécurité, angle mort de la politique d'Emmanuel Macron, est à nouveau au premier rang des préoccupations des Français, et la droite parle de tant de voix qu'elle reste inaudible. « Ensauvagement », « localisme », « souverainisme »… Les idées longtemps portées par le Rassemblement national sont à la mode.

    Et pourtant, les élus RN ont pris le train, vendredi soir, en traînant des pieds : le parti, financièrement à genoux, a mangé la poussière aux dernières municipales. « C'est un répulsif », tranche le maire de Béziers, Robert Ménard, élu en 2014 avec le soutien du RN (et réélu ce printemps au premier tour), mais qui n'en a jamais été membre. Et qui, aujourd'hui, s'impatiente : si Marine Le Pen et son parti ont longtemps incarné et servi les idées des électeurs les plus à droite, les mêmes plombent aujourd'hui leurs chances, pense-t-il, d'accéder au pouvoir. Entretien.

     
    Le Point : Écouterez-vous le discours de Marine Le Pen dimanche ?

    Robert Ménard : Bien sûr, avec attention. Elle est une actrice incontournable de la scène politique, et j'ai des sympathies avec ce qu'elle dit sur de nombreux sujets, comme l'identité ou l'immigration, même si je n'ai jamais caché mes divergences. Mais je n'y crois plus beaucoup… Je n'arrive pas, aujourd'hui encore, à faire abstraction du débat de l'entre-deux tours, qui a montré un certain nombre de limites. En même temps, je plaide coupable, parce que j'ai cru qu'au fond Marine Le Pen aurait beaucoup de mal à se relever de ce débat-là, or elle a retrouvé le même niveau d'électorat qu'il y a trois ans.

    Si elle est candidate à la présidentielle de 2022, vous lui prédisez une défaite…

    Je pense que, aujourd'hui, elle n'est pas en position de gagner. Ça l'exaspère quand je dis cela, mais cela n'a rien contre elle ; je pense simplement que le courant de la droite qu'elle incarne n'est pas suffisant pour gagner. Le discours qu'elle tient sur les questions économiques n'est pas en phase avec ce dont notre pays a besoin.

    J'ai beaucoup de mal à voir les différences entre les programmes du RN et de M. Mélenchon sur les questions économiques et sociales.

     

    C'est-à-dire ?

    Marine Le Pen n'arrive pas à reconnaître qu'une personne qui n'est pas de son bord politique puisse, parfois, avoir raison. Sur la réforme de la SNCF, même si je serais allé plus loin que lui, Emmanuel Macron a fait de bonnes choses. Et sur les retraites aussi ! Pardon, mais on ne peut pas continuer, comme le fait le Rassemblement national, à faire croire aux Français qu'un statu quo soit envisageable, vivable, ou même souhaitable ! Je ne partage pas les analyses très gauchisantes du RN sur les questions économiques et sociales. Mais cela ne veut pas dire qu'on ne peut pas travailler ensemble.

    Pour vous, Marine Le Pen se « mélenchonise » ?

    J'ai beaucoup de mal à voir les différences entre les programmes du RN et de M. Mélenchon sur les questions économiques et sociales. Il n'y en a quasiment pas ! Or, je pense que la France n'a pas besoin de ce discours un brin racoleur.

    Rien n'est possible sans elle, et rien n'est possible contre elle.

    Quel avenir voyez-vous pour votre courant de pensée ?

    Aujourd'hui, Marine Le Pen occupe un espace qui est suffisamment important pour empêcher l'existence de toute autre candidature à droite de la droite. Rien n'est possible sans elle, et rien n'est possible contre elle. Est-ce que quelque chose est possible avec elle ? C'est la question que je me pose à longueur de temps…

    La droitisation de l'électorat, mesurée dans plusieurs enquêtes, ne profite à aucun parti. Marine Le Pen réfléchit à quitter la présidence du RN pour « prendre de la hauteur », tirant aussi la leçon de la victoire de Louis Aliot aux municipales, qui a conquis Perpignan en fuyant toute mention du Rassemblement national. Est-ce une bonne stratégie ?

    Je me souviens de discussions avec Marine Le Pen avant les élections de 2017. Je lui ai dit : « Tu dois quitter le FN, c'est le meilleur signe que tu puisses donner pour les gens qui ont envie de voter pour une femme solide, capable de nouer des alliances. » C'est une nécessité absolue ! On va voir si elle le fait… Mais est-ce que ce sera suffisant ? Non. La victoire passe par des efforts programmatiques, et par une façon d'être différente. Les gens n'en peuvent plus des partis politiques ! Du sien comme des autres.

    Avec Louis Aliot, êtes-vous en train de construire une notabilité en dehors du parti ?

    Ce que je constate, c'est que Louis a gagné les élections sans le logo de son parti, et qu'il a tout fait pour faire oublier qu'il était au RN. Les dernières élections ont été pour eux un échec total  ! Leur seule victoire, Perpignan, se fait contre eux en termes d'image. Alors oser présenter la victoire à Perpignan comme une victoire du RN, il ne faut pas manquer de culot ! Mais il a eu totalement raison, et c'est ce qu'il faut qu'on fasse dans toute la France.

    Vous voulez dissoudre le RN ?

    Non, mais il faut construire autre chose. Personne ne veut d'un nouveau parti. On veut des gens capables de s'entendre, à la fois avec Marine Le Pen, et avec une droite de gouvernement plus raisonnable, afin de trouver une candidature qui arrive à associer ces deux électorats. Cela s'est vu dans l'Histoire.

    Que préconisez-vous, s'il n'y a plus de parti ?

    Notre courant de pensée est incapable aujourd'hui de gagner des élections, on les perd systématiquement. Que faire ? La première solution est de se dire que puisque aucune personnalité n'émerge, laissons passer notre tour en attendant que, dans sept ans, Marion Maréchal ou d'autres viennent remplir ce vide. On peut, deuxième hypothèse, soutenir une candidature de témoignage, comme celle de Jean-Frédéric Poisson (mais personne ne peut penser sérieusement qu'il puisse gagner les élections). Troisième hypothèse : on regarde du côté de la droite de gouvernement, chez les Républicains, et on en cherche un qui serait moins inexistant, moins insipide que les autres…

    Dans cette galaxie, François-Xavier Bellamy se distingue : il respire l'honnêteté. Mais peut-il incarner un vote populaire, pas uniquement versaillais ? Je n'en suis pas sûr. Quatrième hypothèse : on reconnaît que la politique, ce sont des alliances et des compromis, et on essaie d'aider une nouvelle fois Marine Le Pen. Enfin, dernière hypothèse : on peut imaginer une candidature de rupture, avec une personnalité audacieuse. Une candidature d'envie, de souffle, d'ambition, qui sache se mettre à distance des partis politiques, qui mènerait une candidature de liberté, époustouflante, une campagne qui brûle ses vaisseaux…

    Marion Maréchal ? Le général de Villiers ?

    Je ne vais pas passer ma vie à attendre qu'une jeune fille se décide à vouloir faire de la politique. Et je ne suis pas de ceux qui pensent que parce que tu es galonné, tu es en état de diriger un pays. N'est pas de Gaule qui veut, et on n'est plus en 1940, ni en 1958. Je pense aujourd'hui, mais j'extrapole peut-être, que les expériences et les succès que l'on engrange, certes au niveau d'une ville, certes au niveau d'une agglomération, certes dans le Midi, indiquent qu'il y a quand même un passage possible… À côté du RN, pas contre lui.

    Vous avez eu des mots peu amènes envers Christian Estrosi, qui appelle les élus LR à faire alliance avec Emmanuel Macron. « C'est la droite châtrée », dites-vous…

    Honnêtement, le maire de Nice se fout de la gueule du monde. Il va à la niche ! C'est une droite qui a honte d'elle-même. Sur les questions du terrorisme, de l'identité, de l'immigration, M. Macron n'a rien fait avancer. Leur problème est que, à droite, aucun candidat n'émerge. Qu'est-ce qui différencie M. Baroin de M. Macron ? Rien. Absolument rien, rien de rien. Ils font carrière à droite, à gauche, au milieu : ils font carrière ! Et Mme Pécresse… Elle est de droite, Mme Pécresse ? C'est une douce plaisanterie. Ces gens sont à mille lieues de ce à quoi j'aspire.

    Comment l'ancien fondateur de Reporters sans frontières vit-il le procès des attentats de Charlie Hebdo, de Montrouge et de l'Hyper Cacher ?

    Quand je lis, dans un sondage qu'a commandé Charlie, que 37 % des 15-24 ans aujourd'hui font passer leurs convictions religieuses avant les valeurs de la République (et le taux est de 74 % chez les jeunes musulmans !), je suis effrayé. Mais quel échec pour nous, quel échec ! On constate un recul dans la tête des gens, parce qu'on ne défend pas ce qu'on est. Regardez combien, dans la classe politique, ont des prudences de Sioux, et parlent des caricatures de Mahomet comme d'une « provocation » ? Je dois dire que j'ai trouvé très beaux les mots du Premier ministre, qui a dit : « Toujours Charlie. » C'était juste. Si j'ai envie de détester l'islam et que des gens ont envie de détester le christianisme, ils sont libres de le faire ! C'est ce qui fait notre pays. Dieu sait si ce journal m'a étrillé, mais je me bats pour que les journaux comme Charlie Hebdo existent. La liberté d'expression, de parole, de presse, doit être défendue sans limites. En dehors des appels explicites à la violence, tout est tolérable et tout doit être toléré.

    Y compris une politique-fiction représentant une élue de la République (Danièle Obono) en esclave ?

    Je comprends très bien qu'on puisse être blessé, personnellement, par un certain nombre de choses, mais ce qui peut être dit en est une autre ! À travers ce feuilleton, Valeurs actuelles voulait rappeler que les Africains eux-mêmes ont nourri la traite, et l'esclavage dans les pays musulmans. Des Africains ont vendu des Africains. On peut être maladroit dans la forme. Mais on n'aurait plus le droit de dire cette vérité ? Aujourd'hui, l'émotion est tellement prégnante dans le débat public que toute précision raisonnable, historique, n'a plus sa place. Écrivez ce que je viens de dire, vous verrez les emmerdes que vous allez avoir…

    L'autocensure est un poison. Il n'y a plus besoin de procès : le simple fait d'être montré du doigt et menacé de poursuites par une association fait de vous un coupable, parce que la presse va se jeter dessus, et entraîner l'opinion. La presse est tellement moutonnière, elle chasse en meute… Cinquante articles diront que vous avez été « mis en cause ». Ma femme, députée, a son compte Twitter bloqué depuis un an et demi, pour avoir dit avec humour, au moment du débat sur la fessée, que la petite Greta Thunberg en mériterait une !

    Mais ils nous cassent les couilles, avec leurs éoliennes !

    Vous ne semblez pas fou d'écologie… Il y a quelques jours, vous avez déclaré qu'il faudrait « mettre une bombe et faire péter toutes ces éoliennes ». Bref : vous êtes opposé à

  • Les secrets de l'univers de l'Islam en 4 mots : 3° Islamisme (33), par Jeunesse si tu savais et Poussières d'étoiles.

    Voici quelques poussières pour mieux comprendre ce qui se passe en France et dans le monde aujourd’hui. D'abord les racines du Coran...
    Suite à des interventions que nous avons faites au Conseil de l’Europe et au Parlement Européen, voici quelques poussières pour mieux comprendre ce qui se passe en France et dans le monde aujourd’hui. Pour éviter l’amalgame, mais pas se voiler la face.
    L’univers de l’Islam pourrait se résumer en quatre mots : Coran, Islam, Islamisme et Musulmans.

    En contact avec les mouvements Jeunesse si tu savais et Poussières d'étoiles; voici les liens de leur page FB, de leurs sites officiels et de leur chaîne youtube :

     

    JEUNESSE SI TU SAVAIS

    https://www.facebook.com/jeunessesitusavais/

    https://www.jeunesse-si-tu-savais.fr/

     

    POUSSIERES D'ETOILES

    https://www.poussieresdetoiles.fm/

    https://www.youtube.com/channel/UCvYtt4Ws_Uc4Cj0LeLCoEJQ/videos

     

    Et voici le trente troisième article (aussi en vidéo/audio) qu'ils nous ont adressé, en attendant la suite...

    https://www.poussieresdetoiles.fm/uploads/newscast/0/0/66/3dc75f95-7e6f-4193-8d84-9665080d49a8.mp3

    Les secrets de l'Univers de L'Islam: le 3° sur les origines de l'Islamisme et son action à travers le monde. États soumis à la charia, groupes terroristes, Djihad, attentats, exécutions,...

    Suite à des interventions que nous avons faites au Conseil de l’Europe et au Parlement Européen, voici quelques poussières pour mieux comprendre ce qui se passe en France et dans le monde aujourd’hui. Pour éviter l’amalgame, mais pas se voiler la face. L’univers de l’Islam pourrait se résumer en quatre mots : Coran, Islam, Islamisme et Musulmans.

    3° ISLAMISME

    De nos jours on voit se développer l’islamisme aussi bien dans les pays musulmans avec des groupes politico-religieux djihadistes que dans des Etats qui appliquent à nouveau de manière de plus en plus rigoureuse des éléments de la charia. En France (avec des attentats : Charlie et Paris, 13 novembre, Nice, etc.), en Europe et dans une partie du monde c’est la version terroriste, exportée du Moyen-Orient ou avec des soldats recrutés sur place.

    L’islamisme est une version fondamentaliste à la fois du texte du Coran et des « hadiths » et aussi de la politique. Le principe de base, dès les origines, de l’islam est une fusion du religieux, du politique et du guerrier. Illustré par la vie même du prophète de l’islam, Mahomet. Pour amener cette religion nouvelle aux confins de la terre, pour soumettre les infidèles ou les mécréants, voire s’ils résistent les tuer, et instaurer la loi et le règne d’Allah sur terre.

    Ce fondamentalisme islamiste peut s’appliquer déjà dans des groupes islamistes révolutionnaires qui sèment la révolution (par rapport aux régimes en place) et la guerre, et qui se constituent quelquefois des territoires comme on le voit en ce moment avec « l’État islamique en Irak et au Levant » (Daesh) entre la Syrie et l’Irak. Ou des zones d’influence de groupes rebelles comme au Nigéria (Boko Haram), en Libye, au Yémen, en Afghanistan,… Et qui exportent leur action révolutionnaire islamiste à travers le monde (et particulièrement dans les pays chrétiens) par le terrorisme.

    Mais cet islamisme fondamentaliste s’est aussi appliqué, depuis le VIIe siècle jusqu’à nos jours, dans des Etats qui ont appliqué à la lettre un certain nombre de principes du Coran et de la « charia » (issue du Coran, de la « sunna » et de la jurisprudence,). C’est le cas aujourd’hui encore dans divers pays musulmans, et par exemple en Arabie Saoudite ou en Iran où on n’hésite pas à lapider les femmes adultères, à couper la main à un voleur ou à condamner à 1000 coups de fouet et emprisonner un blogueur qui serait un petit peu trop récalcitrant. C’est ainsi que ces dernières années on voit se développer en plus de l’islamisme révolutionnaire de groupes qui répandent la terreur, un islamisme d’Etat. Dans certains sultanats on n’a plus le droit de célébrer telle ou telle fête chrétienne sous peine d’être emprisonné ou condamné à des coups de fouet. En Arabie saoudite on ne peut pas construire d’église, ni célébrer le culte librement. Au Pakistan on peut être condamné à mort pour « blasphème » (c’est le cas de la jeune chrétienne Asia Bibi) ou pour avoir changé de religion Et les persécutions de chrétiens ne font qu’exploser dans ces pays qui en reviennent au fondamentalisme. Les chrétiens sont pris en étau entre les nouvelles lois d’Etat basées sur la « charia » (que l’on tente d’appliquer à la lettre) et les attentats des groupes islamistes.

    Bien sûr cette application est encore plus rigoureuse dans les zones contrôlées par les groupes islamistes où l’on gouverne par la terreur avec lapidations, têtes tranchées, crucifixions, esclavage, viols : sous couvert de mariage – en fait forcé, seulement pour une nuit ou une semaine, suivi d’une « répudiation » selon les prescriptions de la « charia » dont on applique que la lettre en éliminant l’esprit ! et même « revente » de l’objet sexuel après usage…

    REVENONS UN PEU AUX ORIGINES.

    Depuis la première conquête arabe du VIIe siècle et l’expansion islamique les siècles suivants ont oscillé entre stabilisation, puis morcellement en divers Etats, et reconquête en plusieurs vagues par des califes successifs. Jusqu’à la dernière vague avec l’empire ottoman qui a régné sur l’ensemble du monde musulman de l’Arabie au Maroc, aux confins du Moyen-Orient, de l’Asie et d’une partie orientale de l’Europe. En quelques siècles l’empire ottoman a réussi à conquérir tout l’empire romain d’Orient jusqu’à la chute de Byzance au XVe siècle, et une partie de l’Europe jusqu’à mettre le siège par deux fois devant Vienne.

    Avec le recul de l’empire ottoman et sa disparition au XIXe et XXe siècle, les états musulmans ont repris leur indépendance pour un certain nombre et pour les autres, il a été beaucoup plus facile aux pays occidentaux de prendre un protectorat ou de coloniser les vestiges de l’empire ottoman. C’est ainsi qu’au XIXe et jusqu’au milieu du XXe siècle une grande partie des pays arabes musulmans ont été sous l’autorité des pays occidentaux. A la suite de la décolonisation une vague laïque s’est emparée de ces pays nouvellement indépendants ; vague inspirée par les anciens colonisateurs occidentaux. Après quelques années plusieurs de ces pays laïcs ont sombré dans l’autoritarisme et dans le goût de l’argent et de la richesse pour les dirigeants, tout en oubliant les valeurs d’indépendance de la patrie des origines. Puis ces dernières années des « printemps arabes » ont eu pour effet un retour aux sources de ces pays musulmans, un retour à l’islam et pour certains à un islamisme très radical. Ce qui a provoqué de vraies révolutions dans un certain nombre de ces pays musulmans. C’est cette vague de retour, de « ré-enracinement » dans l’islam qui génère dans nombre de pays musulmans arabes, turques ou asiatiques des gouvernants qui sont eux aussi issus de cette mouvance islamiste. A la suite de l’Arabie saoudite qui dès le début du XXe siècle a été fondée par une dynastie fondamentaliste (appelée wahhabite) ou des « Frères musulmans » en Egypte.

    Ces doctrines ont ainsi irrigué l’ensemble des pays musulmans afin de retrouver des valeurs fermes dans l’islam et la « charia », voire pour un certain nombre d’entre eux par la guerre sainte, le « djihad ». Face d’abord à la colonisation (du 19e et 20e siècle des pays musulmans) et puis en opposition aux valeurs occidentales de ces dernières années jugées comme décadentes, axées sur la société de consommation, l’argent-roi et la pornographie. Toutes valeurs à l’opposé de l’islam. *Et plus encore depuis que *les pays chrétiens abandonnent les valeurs du christianisme au profit de l’athéisme, du matérialisme et de la dégradation des mœurs.

    Ce courant islamiste a été repris de manière révolutionnaire, et donc plus violente et terroriste par des groupes qui sont issus de certains pays musulmans comme l’Arabie Saoudite et l’Afghanistan (avec Ben Laden, Al-Qaïda et les talibans), dans des pays déstabilisés comme l’Irak et la Syrie (avec Daesh), l’Algérie, la Libye ou le Yémen. Tout en utilisant les oppositions latentes et conflits d’influence entre sunnites et chiites. Comme en Irak et en Syrie où les sunnites islamistes (Daesh, Al-Quaïda) ont au départ été soutenus (officiellement ou secrètement) par les pays sunnites comme l’Arabie Saoudite, le Qatar, la Turquie, etc. face aux chiites soutenus par les gouvernements, à présent chiites, d’Irak et de Syrie, ainsi que par l’Iran et le Hezbollah libanais. Quitte à ce que leurs « créatures » - comme pour Frankenstein- leur échappent et se retournent contre leurs créateurs…

    Ce courant islamiste révolutionnaire maintenant se développe aussi dans des mouvances musulmanes de pays occidentaux. Puisque depuis la décolonisation il y a eu des millions de musulmans qui sont venus s’implanter dans les banlieues des pays occidentaux et qui eux aussi sont parcourus par des courants islamistes révolutionnaires. Des jeunes – que ces mouvements arrivent à radicaliser par internet, par action directe ou dans des mosquées – sont envoyés pour certains vers les zones contrôlés par ces groupes - autrefois en Afghanistan ou au Pakistan - et à présent en Irak ou en Syrie. Et qui dans le sens contraire les renvoient pour commettre des attentats et instiller la terreur dans ces pays de mécréants, de « koufar » que seraient les pays « chrétiens » ou occidentaux. Jusqu’au jour où ils deviendront - selon leurs dires- majoritaires ou en tout cas auront une minorité suffisamment importante pour prendre le contrôle d’une ville - en donnant par exemple un maire musulman à une capitale européenne - ou en prenant le contrôle de secteurs entiers ou de banlieues. Tandis que les autres populations auront abandonné leur foi, leur religion, leurs convictions ; et eux qui auront une conviction, une foi très vive et fondamentaliste pourront instaurer un régime islamiste même dans des pays anciennement chrétiens. Un vrai islamiste révolutionnaire ne voit pas où il doit arrêter sa conquête pour instaurer le règne et le royaume d’Allah sur terre. Avec à sa tête un calife qui soit à la fois chef religieux, chef politique, chef militaire (à l’exemple d’Abou Bakr Al-Baghdadi, le chef de Daesh, qui s’est auto-proclamé le nouveau calife).

    Et ce à la différence de l’enseignement de Jésus - que l’on voit dans les Évangiles-: « Rendez donc à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu » (Luc 20,25),séparation fondamentale entre le religieux et le politique : « mon royaume n’est pas de ce monde » (Jean 18,36). Dans la vision de l’islam c’est tout le contraire : il s’agit d’instaurer le royaume de Dieu dans ce monde et donc d’instaurer une théocratie avec une loi qui est inscrite dans les principes du Coran et les principes musulmans que l’on appelle la « charia » à appliquer dans tous les pays du monde qui seraient soumis à l’islam.

    D’un point de vue doctrinal ce sont trois grands courants qui composent l’islamisme :

    - le courant plus religieux et spirituel mais aussi juridique (développé depuis le 19e siècle par l’Arabie saoudite wahhabite et en France diffusé par les mosquées salafistes ou financées par l’Arabie saoudite) où il est question d’appliquer ce fondamentalisme à la société et aux personnes par la charia, sans toucher aux institutions.

    - le courant plus politique (inspiré par les « Frères musulmans » nés en Egypte, et en France diffusé par l’UOIF) où on doit changer de régime politique (pour une « république islamique »), avec des maires, des élus, ou des présidents musulmans proches de ces idées qu’ils peuvent dissimuler (« takiya ») dans un premier temps, puis exprimer pleinement quand ils auront le pouvoir.

    - le courant politico-religieux et révolutionnaire (représenté par Al-Qaïda et Daesh, et en France par des groupes et des individus radicalisés) où on prend le pouvoir par la guerre et le djihad, on règne par la terreur et on intimide les autres pays par des attentats les plus meurtriers possible, tout en essayant de provoquer des troubles ou une guerre civile.

    (A Voir aussi les autres mots de l'Islam: Coran, Islam, Musulmans. Sur notre site)

  • Le cas Georges Floyd : drame, drogue, deep state, par Marc Obregon.

    Source : https://lincorrect.org/

    Pauvre Georges Floyd. Non content d’être assassiné devant les caméras, le voilà qui devient l’emblème de la majorité hurlante des minorités, de ces foules psittacistes, de ces communautés glapissantes qui s’emparent cycliquement de l’opinion pour asséner leurs convictions d’enfants bornés, faites de mythologies abstruses et de repentir malsain.

    2.pngMuray dénonçait dès 1991 l’avènement de l’Empire du Bien, et nous y voilà toujours, barboteurs à jamais de ce petit bain où la démocratie fait taire ses plus douloureuses varices. « Qui était Georges Floyd ? » s’interroge avec componction la presse hexagonale, ou encore « De quoi Georges Floyd est-il le nom ? ».

     

    « Qui était Georges Floyd ? » s’interroge avec componction la presse hexagonale, ou encore « De quoi Georges Floyd est-il le nom ? ». D’un nègre mort, serait-on tenté de répondre pour paraphraser cette réplique culte de Pulp Fiction…

     

    D’un nègre mort, serait-on tenté de répondre pour paraphraser cette réplique culte de Pulp Fiction… Attention, que l’on soit bien clair : oui, la ségrégation raciale existe aux Etats-Unis, oui, une partie de la police s’en donne sans doute à cœur joie dès qu’il s’agit de molester un crackhead pour lui faire expier sa couleur de peau en sus de quelques chicots…

     

    Il y a bien un mal qui réside dans ce pays, un mal profond, séculaire, qui en fait une terre maudite, infestée par la violence, les rapports de force : nation fondée sur le génocide des peuples autochtones, puis sur la traite des africains, les Etats-Unis ont le meurtre dans le sang, et cette terre sur laquelle ne poussent désormais plus que des banlieues pavillonnaires sans fin, des Dunkin’ Donuts peuplés de blattes obèses et des campus pour hologrammes est une terre mauvaise, bourbeuse de sang et de viols, ce qu’avalise toute une tradition de l’horreur domestique, de Lovecraft à Stephen King. Mais alors, enfin, saperlotte, de quoi Georges Floyd est-il vraiment le nom, ô Incotidien ?

    Avec sa mort, et la récupération systématique de cette tragédie par les phalanges démocrates, c’est en réalité un nouveau drame de sa propre mise en spectacle que vit la population afro-américaine : les Etats-Unis, en particulier dans les années Obama, se sont  pensé politiquement et socialement comme une Nation post-raciale (c’était là les mots même d’Obama lors de son investiture), mais chassez la race, elle revient au galop : c’est précisément parce que la tradition philosophique états-unienne est fondée sur la critique rationaliste et arminienne, et sur le legs pesant de la révolution luthérienne, puis évangélique, que sa spécificité structurelle s’est transformée en dogme communautariste, qu’en cherchant à tout prix à fédérer les peuples sous la houlette d’un nationalisme prométhéen, elle a en réalité révélé toutes les coutures les plus grossières et toutes les impasses. Car oui, n’en déplaisent aux pleureuses de la Novlangue étatique, les races existent bel et bien.

     

    Elles existent et elles sont belles, parce qu’elles appartiennent à des terres, à des pans du cosmos, à des configurations précises de l’espace et du temps, qui les ont savamment faites évoluer comme dans des athanors, distillant les exceptions et les pugnacités de chacune avec la patience infinie que le travail des particules donne parfois aux millénaires. Les Etats-Unis, ce pays éprouvette de l’extinction des races, ont justement cherché par tous les moyens possibles, à taire la mystique raciale propre à chaque peuple afin de valoriser ses aspects les plus crapuleusement capitalistes.

     

    Grâce à une  ingénierie sociale constante, qui a commencé avec Angela Davis et qui a culminé avec l’investiture d’Obama, faux noir intégral, en passant par les opérations d’infiltration ordonnées par Hoover au sein des Black Panthers (via le fameux COINTELPRO, ou Counter Intelligence Program, qui s’est révélé être une véritable usine à dissidences contrariées) le pouvoir états-unien a modelé et a subjugué toujours un peu plus les afro-américains, et cette récupération n’en est que la phase terminale : après les avoir parqués dans des zones de non-droit, leur avoir distribué du crack pour qu’ils s’entretuent, leur avoir fait miroiter une réussite facile en valorisant le capitalisme sauvage grâce à la culture hip hop, cette musique frauduleuse qui n’a servi en réalité qu’à les bâillonner un peu plus, qu’à les conforter dans leur image de crétins violents et à les investir rituellement  dans une insertion au forceps ;

     

    Les Etats-Unis, ce pays éprouvette de l’extinction des races, ont justement cherché par tous les moyens possibles, à taire la mystique raciale propre à chaque peuple afin de valoriser ses aspects les plus crapuleusement capitalistes.

     

    voilà toutes ces foules de babtous écœurantes qui scandent le nom de Georges Floyd, ce nouveau mantra destiné à faire chuter Trump de son piédestal, pour mettre à sa place une tête de gondole un peu plus vendeuse, un peu plus aimable et un peu plus soumise à l’Etat Profond, qu’il s’agisse de l’éléphant de mer Michelle Obama ou du perv Joe Biden. Une nouvelle façon de réduire les afro-américains à leur couleur de peau, et surtout à taire les revendications sociales de toute une Amérique oubliée, pour laquelle Trump a pourtant œuvré depuis le début de son investiture en tentant de rétablir un productivisme qui a porté ses fruits.

     

    On oublie également, de notre point de vue français, le rôle déterminant joué par la drogue dans la ségrégation raciale et dans la violence quotidienne qui s’exerce dans les grandes villes américaines : dans les années 80 et 90 c’est l’épidémie de crack, touchant majoritairement les classes déshéritées, qui a forcé les pouvoirs publics à consolider leur appareil juridique : de nombreuses lois permettant des peines plancher systématiques ont abouti à des milliers d’incarcérations parmi les afro-américains.

     

    En effet, les lois sur les peines plancher autorisent encore aujourd’hui une disparité de 1 pour 100 pour le crack et la cocaïne, c’est-à-dire qu’une personne possédant 5 grammes de crack reçoit la même peine plancher qu’une personne possédant 500 grammes de cocaïne…une loi qui a entraîné une énorme discrimination raciale et qui a contribué depuis 25 ans à remplir les prisons fédérales, tout en provoquant une véritable bataille politico-juridique jusqu’au sommet du pouvoir… On  commence seulement à comprendre qu’il s’agissait davantage d’une crise sanitaire organisée que d’une cartellisation des quartiers, à l’heure où la crise des opioïdes tue aujourd’hui 60 000 américains par an, entraînant pour la première fois depuis 1918 une baisse de l’espérance de vie dans le pays. Ici la drogue légale ou semi-légale s’exerce comme un pouvoir ultime qui permet d’anesthésier une population entière pour éviter qu’elle ne se révolte.

     

    Avec la bénédiction des laboratoires, des médecins généralistes et même de la culture populaire, à commencer par ce bon vieux hip hop, qui en fait cyniquement les louanges, jusqu’en nos contrées. En célébrant ce qui détruit les quartiers, la culture rap ferme la boucle : aujourd’hui on apprend que Georges Floyd lui-même était drogué au fentanyl et que sa mort a probablement été précipitée par la détresse respiratoire qu’entraîne cet opioïde dix fois plus puissant que l’héroïne… Dans American War Machine l’universitaire Peter Dale Scott accuse l’État Profond américain, par la main de la CIA,  d’avoir facilité et organisé une partie du trafic de drogue afin de soumettre les populations les plus rétives : il parle d’une « connexion narcotique globale » qui aurait permis à l’État américain de s’enrichir, en passant des alliances contre nature avec les cartels et certains gouvernements mafieux (Birmanie, Venezuela), tout en s’assurant la soumission des communautés noires et latino-américaines.

     

    Dans American War Machine l’universitaire Peter Dale Scott accuse l’État Profond américain, par la main de la CIA,  d’avoir facilité et organisé une partie du trafic de drogue afin de soumettre les populations les plus rétives

     

    Un système d’oppression qui culmina selon lui avec le Triangle d’Or et qui a dû se repenser après son démantèlement : la crise des opioïdes, contre laquelle Trump a déclaré l’état d’urgence sanitaire en 2018, ne serait que la continuation officielle, à peine cachée, de cette tentative de soumettre un pays entier par la chimie. C’est évidemment une thèse fort débattue, et Scott fait partie des auteurs bien connus et rabâchés par la complosphère. Le cas Georges Floyd peut-il se voir sous ce prisme, comme une énième tragédie de cette domestication forcée du peuple par la sujétion narcotique ? On vous laisse le soin d’y réfléchir : l’Amérique questionne constamment son propre mythe, et si certaines théories ont été validées in fine par la déclassification des archives (l’opération Paperclip, le programme MK Ultra), l’implication de la CIA dans le trafic mondial de drogues reste une marotte conspirationniste un peu éculée.

     

    Trump joue probablement sa présidence, et on ne peut que saluer sa prestance dans une situation aussi complexe : il lâchait récemment lui-même qu’il se battait contre un état profond, sans doute parce que le thème fait florès au sein de même de son électorat, rompu aux vocables conspirationnistes. Néanmoins, parler d’état profond n’est pas totalement dépourvu de sens lorsqu’on sait que Trump est menacé d’impeachment depuis le premier jour de son investiture : aujourd’hui encore son élection constitue un drôle de bug dans la matrice, une sorte de dérèglement que certains ont encore du mal à gober.

    L’Etat américain n’a semble-t-il jamais été aussi complexe, stratifié, travaillé par le sempiternel complexe militaro-industriel, par les cartels pharmaceutiques et par le nouveau pouvoir transverse que représentent les tech-évangélistes de la Silicon Valley, qui constituent encore une véritable inconnue dans l’équation. Contre le bégaiement mongoloïde de la contestation démocrate, il tente une poigne de fer à la Nixon, et une parole « nativiste » qui a déjà porté ses fruits lors de son élection, dans le sillage paléo-conservateur d’un Pat Buchanan : c’est quitte ou double.

     

    Au sein même de l’administration Trump le conflit fait rage : d’un côté son conseiller Jared Kushner le supplie de ne pas se couper de l’électorat noir américain, de l‘autre son chef de cabinet Mark Meadows semble prêt à faire l’impasse dessus. Ce qui se joue, finalement, c’est l’avenir des Etats Unis comme pays ou comme simple « intégrateur de contenus » : si Trump cède face aux communautaristes de tous bords, face à la percée des démocrates dont l’utopie se résume à une sorte de Silicon Valley géante, les Etats-Unis perdront probablement la seule chose qui leur restait : la possibilité d’une nation.

  • Michel Maffesoli : “Du bal masqué à la danse macabre”.

    Source : https://linactuelle.fr/

    Et si la gestion répressive de la crise sanitaire n’avait eu pour but que d’assurer la mainmise des gouvernants sur les masses, afin de broyer dans l’œuf les révoltes populaires en voie de gestation, comme dans une danse macabre ? Telle est la thèse de Michel Maffesoli.

    Un monde entièrement stérilisé, promouvoir une vie sans microbe, ce qui, bien entendu, induit la nécessité de se laver les mains le plus souvent possible, de développer les gestes barrière et la distanciation sociale, le tout selon l’injonction connue : « pour votre protection » voilà bien l’objectif de l’oligarchie au pouvoir et de sa macabre fantasmagorie !

    Répétées sur un ton macabre et ad nauseam, de telles recommandations et autres impératifs catégoriques de la même eau, soulignent bien ce qu’est, en vérité, la société de contrôle qui risque de s’imposer à tous et à tout un chacun. Qui risque, car à l’encontre de ce que croient les esprits chagrins, le pire n’est pas certain.

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    La domination médiatique.

    Le danger cependant est bien réel. Les protagonistes de la domination médiatique s’emploient, de par le pouvoir qu’ils détiennent, à convaincre que les règles, préparant une telle aseptie de l’existence, généralisée, soient acceptées, voire intériorisées, ce qui rend bien difficile la rébellion contre le totalitarisme en train d’émerger.

    Ces tenants du pouvoir médiatique, perroquets de l’oligarchie politique, déversent, sans aucune vergogne un Niagara de vérités approximatives et divers lieux communs afin de justifier le port du masque, le confinement et autres préconisations vaines, qui, semblables aux agents pathogènes d’une authentique pandémie, tendent à contaminer, de proche en proche, une multiplicité de gogos trouvant dans la mascarade généralisée une manière de donner du sens à une vie en étant de plus en plus dépourvue.

    Songeons à cet égard à ce que Max Scheler (Nature et formes de la sympathie) nommait, fort simplement, les processus de la « contamination affective ». Plus proche de nous, Jean Baudrillard a longuement développé les puissants et inéluctables mécanismes de la « viralité ».

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    La dictature de l’argent.

    Ces contaminations, cette viralité sont utilisées pour maintenir voire consolider la dictature de l’argent, réduisant l’homme « animal politique » à l’animal économique. C’est cela que le système s’emploie à générer. Et ce pour durer encore un moment. Pour survivre. Et cela le pousse à mettre en place une réglementation de plus en plus minutieuse, de plus en plus stricte. Au nom toujours de la protection des populations. Big Brother, le Grand Frère, veille sur la santé de tous !

    Le déterminisme économique de l’oligarchie au pouvoir la conduisant, paradoxalement, à susciter une crise économique de grande ampleur. Mais le paradoxe n’est qu’apparent, car l’objectif d’une telle crise, est, en réalité, de susciter une domestication stricte des masses. On en donnera pour exemple le sort cruel et peu médiatisé réservé à tous les métiers de « l’anormalité » : prostitution, travail au noir, échange de services voire mendicité. Ceux-là ne mourront peut-être pas du virus, mais de faim et de misère.

    L’objectif d’une telle crise, est, en réalité, de susciter une domestication stricte des masses.

    Car aucune des mesures prises par un État soudain très généreux ne leur est destinée. Seuls les participants au « contrat social » bénéficient de la protection sociale, fondée sur les réflexes de peur et de repli.

    Cette stratégie de la peur est on ne peut plus perverse. Perverse, car en son sens étymologique, per via (par voie détournée) : par la crainte du chômage, de l’appauvrissement, des traites en cours à payer, le système poursuit inexorablement son objectif essentiel : mettre au pas un peuple toujours prompt à se rebeller. Assujettissement urgent, car on voit, un peu partout de par le monde, la « révolte des masses » (Ortega y Gasset) revenir à l’ordre du jour.

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    La mascarade généralisée.

    La voix de l’instinct populaire devient de plus en plus tonitruante quand l’on pressent, plus ou moins confusément, que le fondement de toute démocratie authentique, à savoir la puissance du peuple, puissance instituante, n’est plus prise en compte par le pouvoir institué, c’est-à-dire par le pouvoir d’une élite en perdition.

    C’est pour contrer une telle rébellion instinctuelle que l’oligarchie utilise les habituels outils de la politique : tactique et stratégie. Tactique à court terme : mascarade généralisée, mise à distance de l’autre, imposition des précautions de divers ordres, interdiction des rassemblements et manifestations de rue. Stratégie sur le long terme : isolement de chaque individu, uniformisation galopante, infantilisation de plus en plus importante. Et ce, afin de conforter un pouvoir on ne peut plus abstrait. C’est toujours ainsi que celui-ci a procédé : diviser pour mieux régner.

    Comment peut-on vivre une telle « réalité » en avançant masqué, en maintenant une barrière entre l’autre et moi, en refusant les câlins propres à cet « Ordo amoris » qu’est toute vie sociale ?

    Abstraction du pouvoir, car ainsi que le savent les plus lucides observateurs sociaux, c’est le primum relationis, la relation essentielle qui constitue le vrai réel de l’humaine nature. Ainsi que l’indique Hannah Arendt, « c’est la présence des autres, voyant ce que nous voyons, entendant ce que nous entendons, qui nous assure de la réalité du monde », qui conforte notre propre réalité.

    Comment peut-on vivre une telle « réalité » en avançant masqué, en maintenant une barrière entre l’autre et moi, en refusant les câlins propres à cet « Ordo amoris » qu’est toute vie sociale ? Mais cette tactique et cette stratégie du pouvoir oligarchique s’emploient dans un monde apparemment non totalitaire à préparer à une réelle domination totalitaire. Et c’est bien un tel totalitarisme qui est l’objectif ultime et intime d’un État de plus en plus obèse.

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    Le « spectaculaire intégré » de Guy Debord.

    Puis-je rappeler ici la lucide analyse de Guy Debord dans ses Commentaires sur la société du spectacle. Il montrait que les deux formes du spectaculaire : concentrée (nazisme, stalinisme) et diffuse (libéralisme) aboutissaient immanquablement à un « spectaculaire intégré ». Celui du pouvoir médiatique, celui de la technocratie et des divers experts leur servant la soupe. Le tout, bien sûr, s’appuyant sur une Science tout à fait désincarnée, science n’étant plus qu’une industrie soit-disant scientifique. Ce qui donne une nouvelle Caste, celle des scientistes qui sont avant tout ce que l’on peut appeler « des savants de commerce » ou représentants de commerce, légitimant l’oligarchie en lui fournissant , en bons commerciaux,  les arguments, les éléments de langage et divers poncifs servant à endormir le bon peuple au moyen de leurs solennelles futilités .

    C’est bien cela l’essence du totalitarisme en train de s’élaborer. Non seulement maintenir la distance entre l’élite et le peuple, mais également imposer une distanciation entre les membres de ce dernier.

    Politiques, journalistes, experts, toujours entre-soi et constituant, pour reprendre une prémonitoire remarque de Guy de Maupassant, « une société délicate, une société d’élite, une société fine et maniérée qui, d’ordinaire, a des nausées devant le peuple qui peine et sent la fatigue » (La Vie errante). Nausée devant un peuple sentant mauvais et qu’il faut donc, de ce fait, tenir à distance. C’est bien cela l’essence du totalitarisme en train de s’élaborer. Non seulement maintenir la distance entre l’élite et le peuple, mais également imposer une distanciation entre les membres de ce dernier.

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    La reconnaissance de l’autre.

    Distanciation sociale, gestes barrière aidant, ayant pour seul objectif d’assurer la mainmise sur un peuple toujours potentiellement dangereux. Il y a en effet, une étroite relation entre la violence totalitaire, celle de la technocratie et l’idéologie du service public, la bureaucratie. Celle-ci ne sert nullement le peuple, mais met le peuple à son service. Analysant le rapport tétanique existant entre technocratie et bureaucratie j’avais en son temps parlé d’un « totalitarisme doux » (La Violence totalitaire, 1979). J’aurais pu également dire « totalitarisme intégré ».

    Intégré par tous ces « imbéciles » hantant tels des zombies masqués les rues de nos villes. Imbéciles, stricto sensu, ceux qui marchent sans bâton (bacillus), ces bâtons que sont le discernement et le bon sens. Comment, étant masqué peut-on connaître ou reconnaître l’autre, c’est-à-dire, en son sens fort, naître avec (cum nascere) ou connaître (cum nocere) avec cet autre, ce qui est le b.a.-ba de tout être ensemble.

    La mascarade généralisée, la distanciation clamée à temps et à contretemps, voilà les armes principales du Big Brother étatiste.

    La mascarade généralisée, la distanciation clamée à temps et à contretemps, voilà les armes principales du Big Brother étatiste, qui en aseptisant à outrance suscite un climat irrespirable, où à court terme, il ne sera plus possible de vivre. De vivre, tout simplement en syntonie avec la parentèle, les amis, les voisins, les proches et les lointains déterminant l’habitus, ces principes pratiques, qui selon St Thomas d’Aquin fondent toute vie sociale.

    Le totalitarisme si doux soit-il, au travers des injonctions dont il vient d’être question a la prétention (l’ambition ?) de dénier le mal, le dysfonctionnement ou même le transhumanisme aidant l’idée de finitude et de mort.

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    Apprendre à mourir.

    Les principes pratiques de l’habitus, bien au contraire s’emploient à dénier la mort, mais à s’ajuster, à s’accommoder, tant bien que mal avec elle. Et pourquoi cela ? Tout simplement parce que cette accommodation, qui est une aptitude à s’adapter à ce qui est, est le fondement même de l’expérience ordinaire et du savoir incorporé qui en est issu. En bref la sagesse populaire, que les élites arrogantes nomment populisme, sait que la tâche de l’espèce humaine est d’apprendre à mourir. Tâche qui concerne tout à la fois l’être individuel et l’être collectif. Tâche qui fait la grandeur de l’humaine nature et qui, sur la longue durée, a été au fondement de toute création digne de ce nom.

    En écho à cette sagesse populaire, il convient de se souvenir que selon le philosophe, natalité et mortalité sont bien les conditions ultimes caractérisant l’existence humaine. Et c’est en déniant cette dernière que l’on atrophie singulièrement, « l’élan vital » qu’induit la première. Les grands moments culturels, ceux où la vie était célébrée intensément, se sont toujours élaborés « sub specie mortis ».

    C’est en sachant regarder en face cette mort inévitable qu’on est capable de vivre avec intensité la vie commune.

    C’est en sachant regarder en face cette mort inévitable qu’on est capable de vivre avec intensité la vie commune. Car, on ne le redira jamais assez, l’essence du Zoon politicon est la communicabilité.

    C’est bien ce caractère relationnel que s’emploient à nier, à dénier les divers gestes barrières que l’oligarchie tente d’imposer. Ces injonctions de la bienpensance sont de véritables machines de guerre contre le peuple. Très précisément parce qu’elles induisent des manières de penser et d’agir totalement aseptisées conduisant immanquablement au délitement du lien social miné par l’hystérie et les fantasmes cause et effet d’une supposée pandémie.

    J’ai dit l’imbécillité de ceux qui avancent masqués. En se pliant à la mascarade généralisée, ceux qui trouvent leur place dans ce bal masqué ne font que rejouer la danse macabre d’antique mémoire. Dansez musette !

    Michel Maffesoli

  • Le 4 septembre 1870, une journée dans l'Histoire de France, par Frédéric de Natal.

    Source: https://www.actionfrancaise.net/

    « Ce que vous me pro­po­sez, Mes­sieurs, je ne puis, je ne dois pas y consen­tir. Croyez-moi, les épreuves que je viens de subir ont été si dou­lou­reuses, si hor­ribles, que dans ce moment, la pen­sée de conser­ver cette cou­ronne à l’empereur et à mon fils me touche très peu. Mon unique sou­ci, la seule ambi­tion est de rem­plir dans toute leur éten­due, les devoirs qui me sont impo­sés. Si vous croyez, si le Corps Légis­la­tif croit que je suis un obs­tacle, que l’on pro­nonce la déchéance, je ne me plain­drais pas.

    frédéric de natal.jpgJe pour­rais quit­ter mon poste avec hon­neur, je ne l’aurais pas déser­té. Mais je suis convain­cu que la seule conduite sen­sée, patrio­tique, pour les repré­sen­tants du pays serait de se ser­rer autour de moi, de lais­ser de côté, quant à pré­sent, toutes les ques­tions inté­rieures et d’unir étroi­te­ment nos effort pour repous­ser l’invasion ».
    Dans la mati­née du 4 sep­tembre 1870, l’impératrice des Fran­çais, Eugé­nie de Mon­ti­jo, écon­duit une délé­ga­tion de par­le­men­taire venue lui deman­der de remette son pou­voir à l’assemblée.

    Contraint à l’exil en 1830, le comte de Cham­bord, Hen­ri d’Artois, écrit le même jour au Kai­ser Guillaume Ier dont les troupes ont défait à Sedan l’empereur Napo­léon III, désor­mais pri­son­nier de l’ennemi prus­sien. « Je suis donc prêt si mon pays m’appelle, à rem­plir la mis­sion qu’un devoir sacré m’impose. De la res­tau­ra­tion de ce prin­cipe en France, dépend, j’en ai la convic­tion, le sort de l’Europe. Que Votre majes­té le sache bien, la nation a été sur­prise, elle ne sera jamais abat­tue. (…) Si la vic­toire à ses exi­gences, c’est à la sagesse des princes qu’il convient de les refer­mer dans de justes limites (…). ». Guillaume Ier ignore la sup­plique et laisse son chan­ce­lier Otto von Bis­marck, celui qui a mani­pu­lé les fran­çais en pro­dui­sant un faux afin de mener le Second empire dans une iné­luc­table chute, s’empresser de dou­cher les espoirs du petit-fils de Charles X. Il n’entend pas « contri­buer à encou­ra­ger la droite monar­chique en France » et pré­fère une « faible répu­blique à une forte monar­chie » confesse t‑il. La pro­cla­ma­tion du Reich, dans la gale­rie des Glaces au châ­teau de Ver­sailles, n’est plus qu’une ques­tion de temps.

    Aver­ti de tout cette agi­ta­tion, les évé­ne­ments s’enchaînant rapi­de­ment, le dépu­té Léon Gam­bet­ta, chef de l’opposition, prend la déci­sion de mon­ter à la tri­bune de l’assemblée natio­nale … « (…) Atten­du que tout le temps néces­saire a été de don­ner à la repré­sen­ta­tion natio­nale pour pro­non­cer la déchéance, Nous décla­rons que Louis-Napo­léon Bona­parte et sa dynas­tie ont à jamais ces­sé de régner sur la France. Le peuple a devan­cé la Chambre qui hési­tait. Pour sau­ver la Patrie en dan­ger, il a deman­dé la Répu­blique : elle est pro­cla­mée, et cette révo­lu­tion est faite au nom du droit et du salut public ».
    Paral­lè­le­ment à cette chute, les fils de Louis-Phi­lippe Ier d’Orléans, le duc d’Aumale et le prince de Join­ville, arrivent à la fron­tière fran­çaise après avoir quit­té Bruxelles. Ils sont refou­lés. Gam­bet­ta, qui craint une insur­rec­tion roya­liste, ordonne leur arres­ta­tion en cas de réci­dive. Le comte de Paris, Phi­lippe d’Orléans, ten­te­ra d’ailleurs à son tour de débar­quer depuis l’Angleterre, quelques jours plus tard mais en vain. C’est un vrai coup d’état qui viennent d’o­pé­rer les répu­bli­cains qui n’ont fina­le­ment de légi­time que leur seule illé­gi­ti­mi­té. Preuve en est, que la déchéance de Napo­léon III ne sera offi­ciel­le­ment acté, presqu’un an plus tard, après l’écrasement dans le sang de la Com­mune de Paris qui s’est sou­le­vée contre le nou­veau régime. L’ul­time uto­pie auto­ges­tion­naire tra­gique de la France avec ses figures incon­tour­nables.

    L’im­pé­ra­trice Eugé­nie de Mon­ti­jo n’a plus d’autres choix que de par­tir en exil, où elle et son fils vont écrire un nou­veau cha­pitre du roman bona­par­tiste.
    Une répu­blique qui, durant ses 7 décen­nies d’existence, va s’échiner à réécrire l’Histoire de France, ten­tant de trou­ver de nou­veaux héros afin de mieux s’incarner à tra­vers eux, mal­me­nant son héri­tage capé­tien qu’elle manque pour­tant de res­tau­rer sur son trône (affaire du dra­peau Blanc). Un régime par­le­men­taire mar­qué par de nom­breux scan­dales de cor­rup­tion (affaire de Pana­ma, Sta­vis­ky..) et d’instabilité par­le­men­taire, bafouant le prin­cipe même de suf­frage uni­ver­sel. Une répu­blique sans liber­té, ni éga­li­té ou fra­ter­ni­té, ce cre­do qu’elle enseigne pour­tant dans ses écoles, une réus­site et une fier­té de modèle laïc. Un régime qui sera défi­ni­ti­ve­ment ter­ras­sé par les alle­mands en 1940, ayant lui-même contri­bué à semer les graines d’une seconde guerre mon­diale.

    Une répu­blique, loin de ce prin­cipe de Res Publi­ca qui a carac­té­ri­sé nos 1000 ans de monar­chie, fon­dée en toute illé­ga­li­té, il y a 150 ans. Avons-nous réel­le­ment quelque chose à célé­brer alors que sa cin­quième consœur, en fin de vie, nous offre ce triste visage iden­tique et quo­ti­dien de divi­sions et de crises en tout genre, met­tant à mal autant notre his­toire , notre iden­ti­té fran­çaise désor­mais mena­cée de l’in­té­rieur ? Quelque soit la teneur et la sym­bo­lique du dis­cours que pro­non­ce­ra le chef de l’é­tat ce matin, qui entend s’ins­crire dans la conti­nui­té de la IIIème Répu­blique afin de dénon­cer « ce sépa­ra­tisme » qui pour­rait nous faire bas­cu­ler dans une guerre civile, elle a déjà les mêmes saveurs que ce 4 sep­tembre 1870 : Celle de l’é­chec.

    Fre­de­ric de Natal

    « Les Rois ont fait la France ! Elle se défait sans Roi. Si tu veux ta déli­vrance, Pense clair et marche droit ! Fran­çais, nous vou­lons une France, Mais à la France il faut un Roi !  »

  • Pascal Bruckner et le mal blanc Le bouc émissaire de notre temps, par Bérénice Levet.

    Avec Un coupable presque parfait, Pascal Bruckner nous invite dans ce « chaudron de sorcières » du XXIe siècle où on fabrique le monstre absolu : l’homme blanc hétérosexuel. Une cuillère de féminisme identitaire, une cuillère d’indigénisme et un bouc émissaire tout chaud est offert à la vindicte des victimes professionnelles.     

    6.jpgLe titre a des accents hitchcockiens, et l’essai, tout d’une haletante enquête policière. Dans l’ouvrage qu’il fait paraître aujourd’hui, Un coupable presque parfait : la construction du bouc émissaire blanc (Grasset), Pascal Bruckner se fait le fin limier de l’infiltration, en Occident et d’abord en France, de deux idéologies estampillées « made in USA », le féminisme identitaire, non seulement étranger, mais contraire au féminisme universaliste à la française, et l’indigénisme ou le décolonialisme, faisant de la couleur de peau et de l’appartenance raciale la base et le ciment des communautés humaines. Deux idéologies dont les haines et les luttes cristallisent autour d’une seule et même figure : l’homme blanc.  Bruckner veut comprendre. Comprendre comment nous en sommes arrivés là, là c’est-à-dire à « la prédominance du racial sur le social, de l’ethnique sur le politique, du minoritaire sur la norme, de la mémoire [et très exactement des mémoires] sur l’histoire ». Comment l’antiracisme et le féminisme ont pu se fourvoyer et se dévoyer pour ne plus consister que dans un combat mené contre l’homme blanc.

    Le mâle blanc, ennemi à abattre

    Bruckner nous fait ainsi pénétrer dans le laboratoire de fabrication de cette créature inédite et singulièrement maléfique : le mâle blanc hétérosexuel et plus maléfique encore, si tant est que cela soit possible, s’il a plus de 50 ans et s’il est juif – et c’est ainsi que Polanski a pu devenir l’incarnation même de l’homme à abattre, ou, à l’heure de la « cancel culture », à « annuler », à « effacer » de l’histoire du cinéma et des instances du septième art, comme au temps de Staline, on biffait des photographies officielles les personnalités tombées en disgrâce.

    Le mâle blanc hétérosexuel est l’aimant qui attire à lui toute la limaille des idéologies ; il est la clef qui ouvre toutes les serrures. Il est au carrefour, à l’intersection de toutes les luttes, celles des féministes naturellement, des « diversités ethniques », des minorités sexuelles, des mouvements LGBT, mais non moins des écologistes, des végans, des animalistes. Car ces luttes ne racontent jamais qu’une seule et même histoire, celle de la domination masculine, toute la complexité du réel se résolvant dans l’antagonisme d’un bourreau, l’homme blanc, et de ses victimes aux visages multiples et infinis. Qui chasse ? Qui s’obstine à demeurer carnivore et se montre le plus rétif à se convertir au régime végan ? Qui conduit « sa bagnole et roule au diesel » ? Et de Greta Thunberg à Alice Coffin, en passant par Grégory Doucet ou Éric Piolle (les maires EELV respectivement des villes de Lyon et de Grenoble), c’est autour de cette créature infernale qu’est l’homme blanc que se fomentent les petits crimes, crimes symboliques pour le moment, mais jusqu’à quand, car, ainsi que le rappelle Pascal Bruckner, « il n’est pas d’exemples dans l’histoire d’un groupe ethnique ou culturel qui, désigné à la vindicte générale, ne finisse par être malmené »

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    Manifestation à l’occasion de la Journée internationale des droits de la femme, Toulouse, 8 mars 2020. ©Frédéric Scheiber/ Hans Lucas/ AFP

    L’imprégnation des esprits par la propagande néoféministe

    Inspiré par Racine, Bruckner a intitulé un de ses chapitres « Vers l’Occident compliqué, avec des idées simples », mais c’est d’abord vers l’humaine condition dans son entier que ces idéologues s’avancent avec des idées simples. Ainsi, pour ne prendre qu’un exemple, de la fine et subtile grammaire du désir féminin, qui ne se résout pas dans la claire alternative du oui et du non, mais où toutefois le oui est un oui, et non, comme le voudraient les néoféministes, un « peut-être » susceptible le lendemain ou des années plus tard d’être requalifié en viol – on saluera le courage de Bruckner de se risquer sur ce terrain éminemment glissant du « consentement ». Sous l’influence du féminisme américain, au pays de Colette, cette romancière dont Philip Roth disait que « pour un Américain, c’est l’acceptation du sexe » et une exaltation du « plaisir pris et donné » inconnue de la littérature américaine, une femme jamais ne se donnerait, toujours elle serait prise et malgré elle. [Livre : Cliquer sur l’image pour en savoir plus]

    Ces idéologies sont bêtes et méchantes, on aimerait pouvoir les ignorer, les mépriser, ne pas leur consacrer une seconde de notre vie, mais elles sont prises au sérieux, très au sérieux, et font des adeptes dans les plus hautes sphères de la société. « Il serait présomptueux, écrivait Pascal Bruckner en 1994 dans La Tentation de l’innocencede se croire immunisés pour toujours de la contagion américaine. » La France semblait en effet, de par son histoire, de par son entente de la vie, de par sa personnalité, mieux armée que toute autre nation pour faire barrage aux activistes du féminisme identitaire, de l’indigénisme et du décolonialisme. Mais en France, il n’est guère que contre Marine Le Pen et le RN qu’il convienne de faire barrage.

    Et les citadelles tombent les unes après les autres. La logique identitaire a acquis en France une autorité et un crédit tout à fait exorbitants, dans les médias et jusque dans les universités et les grandes écoles où elle trouve audience et chaire. L’histoire s’est singulièrement accélérée ces trois ou quatre dernières années. « Il ne faut jamais résister aux gens qui sont les plus forts. » De toute évidence, nos élites ont fait leur la devise du comte de Bréville dans Boule de suif. Et les forts aujourd’hui, ce sont les femmes, les Noirs, les musulmans, bref les minorités et la diversité.

    Une rupture culturelle et civilisationnelle

    Il faut mesurer à quel point parler la langue des identités, s’orienter selon les catégories du « genre », de la « race », de la « sexualité », réclamer la « visibilité » en tant que « femme », « Noir », « gay », « lesbienne », « trans », que sais-je encore, représente une rupture civilisationnelle pour la France. Sans doute tous les pays sont-ils affectés par ces offensives identitaires, mais la question prend un tour singulièrement brutal et cuisant dans un pays comme le nôtre, longtemps fier de son universalisme, c’est-à-dire de son indifférence aux différences, et de sa laïcité, qui est d’abord une exigence sinon d’invisibilité, du moins de discrétion, portée par la conscience vive de ce que les particularités peuvent être des brandons de discorde (leçon des guerres de religion du XVIe siècle). Ces deux idéaux, universalisme et laïcité, sont corrélés et sont ensemble sous-tendus par une certaine idée de l’homme. La France fait, a longtemps fait, en effet, c’est sa singularité et sa noblesse, le pari de la liberté humaine, elle postule en chacun la possibilité de faire un pas de côté par rapport à ses appartenances. La France ne prêche pas l’arrachement, mais elle éperonne la marche du cavalier, comme on dit au jeu d’échecs. Elle n’abandonne pas l’individu au vide identitaire, elle le rattache – et par là même l’agrandit et l’élargit – à cette réalité plus vaste qu’est la patrie, douée d’une personnalité propre, irréductible à la somme des parties. Aux indigénistes et aux décoloniaux, nous rappellerons le mot de l’historien Jacques Bainville : « Le peuple français […], c’est mieux qu’une race. C’est une nation. »

     Nous étions fiers de cette exception française, mais aussi loués, admirés, aimés pour cette singularité que nous portions haut. Pascal Bruckner cite Joséphine Baker (qu’il ne dédaignerait pas de voir entrer au Panthéon) et le romancier James Baldwin, rendant l’un et l’autre hommage aux vertus émancipatrices de l’universalisme à la française. Si les jeunes générations se révèlent si poreuses aux idéologies diversitaires, si le féminisme identitaire trouve ses adeptes parmi les moins de 50 ans, c’est que voilà quatre décennies que nous ne cultivons plus cet idéal. Que nous n’en goûtons plus la saveur. Qui conçoit encore qu’il soit possible de vivre dans un monde où l’identité ne joue aucun rôle dans l’espace public et politique ? Les identités particulières séparent, l’identité nationale unit.

    Un appel courageux à une prise de conscience de l’Occident

    Si l’Occident est « désigné à l’opprobre alors que son rôle décline », c’est que « rien n’excite plus la rage qu’un homme à terre », explique Bruckner ; c’est aussi, doit-on ajouter, que ces mouvements identitaires sentent que le fruit est mûr, qu’il ne demande plus qu’à tomber et qu’ils n’auront plus, bientôt, qu’à le ramasser. Ils ont raison, sans mobilisation collective, il tombera.

    Ce livre est un grand coup de pied dans la fourmilière. Un coupable presque parfait ne saurait en effet être lu comme un simple état des lieux désolé et désolant, une énième déploration de la France comme elle ne va pas, mais bien comme un énergique appel à nous réveiller, à recouvrer la raison et les raisons de nous estimer. Les avancées de ces idéologies sont sans doute fulgurantes, mais elles ne sont pas inexorables, veut croire Bruckner, et nous avec lui. [Livre : Cliquer sur l’image pour en savoir plus]

    Sa confiance procède de sa foi dans les ressources françaises. Si nous aspirons réellement à faire rentrer dans leur lit les identités, à triompher de cette tyrannie dissolvante et potentiellement meurtrière, servons-nous de la France, comme dirait Bernanos, servons-nous en l’occurrence de notre idéal universaliste à la française. Déjà en 2019, Bruckner déclarait dans Le Figaro : « Ce n’est pas le Royaume-Uni multiculturaliste ou l’Allemagne qui gagneront face aux islamistes, la France est seule capable de leur tenir tête en Europe » – et ce n’était pas péché de vanité hexagonale, mais conscience ardente des trésors que nous recelons. Confiance portée également par l’écart que l’essayiste observe entre une partie des élites communiant dans la détestation de l’Occident et manifestement travaillée par un « désir d’extinction », et les peuples – non le peuple, idole à laquelle Bruckner ne sacrifie guère, on a pu le vérifier lors du mouvement de Gilets jaunes – attachés à leur civilisation et mus par « un véhément désir de résurrection ». 

     

    Bérénice Levet

    Bérénice Levet est docteur en philosophie et professeur de philosophie. Elle a fait paraître Libérons-nous du féminisme !  aux éditions de l’Observatoire, 2018. Elle avait publié précédemment « Le Crépuscule des idoles progressistes » (Stock, 2017) et « La Théorie du genre ou Le Monde rêvé des anges », préfacé par Michel Onfray (Livre de poche, 2016). 

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    Source : https://www.causeur.fr/

  • Un nouveau front, poujadiste ?, par Michel Corcelles.

    L’establishment est ébran­lé : de crise sani­taire en menace sécu­ri­taire, de mon­tée du chô­mage en pau­pé­ri­sa­tion, le sys­tème et son socle idéo­lo­gique sont sou­mis à rude épreuve.

    Dans un tel contexte peut paraitre déri­soire la réflexion sur un phé­no­mène daté et contem­po­rain d’une socié­té que moder­ni­té et post moder­ni­té sem­blaient avoir défi­ni­ti­ve­ment enter­ré : le pou­ja­disme. Et pourtant !

    Le Mou­ve­ment des gilets jaunes a été qua­li­fié de « pou­ja­diste » , terme com­mode pour dési­gner tout mou­ve­ment des classes moyennes infé­rieures trop liées au « sys­tème » pour bas­cu­ler dans un gaucho/syndicalisme post mar­xiste mais suf­fi­sam­ment mar­gi­na­li­sé par le « sys­tème » pour bas­cu­ler dans une contes­ta­tion vio­lente. Une révolte « petite bour­geoise » pour reprendre la ter­mi­no­lo­gie léni­niste, située à l’intersection des artisans/commerçants, des lais­sés pour compte de la socié­té d’abondance et, pour l’avoir consta­té sur les ronds-points « des petits blancs déclas­sés » avec en prime une domi­nante rurale.

    Quoique approxi­ma­tif le terme de pou­ja­disme per­met de situer, d’une manière évo­ca­trice pour tout le monde, ce mou­ve­ment dans le pay­sage poli­tique français.

    Peu à peu la marque de fabrique rurale s’estompait et le mou­ve­ment se poli­ti­sait sous une influence par­ta­gée en cor­po­ra­tisme et gau­chisme mais aus­si se consti­tuait au fil des semaines un enca­dre­ment spon­ta­né plus en phase, du point de vue de sa struc­tu­ra­tion, avec ce que fut le pou­ja­disme des années 50 ou les révoltes pério­diques des « petits commerçants ».

    Cette poli­ti­sa­tion était en passe de se concré­ti­ser alors même que la masse de manœuvre ten­dait à s’effilocher. Sur­vint le COVID. Le pay­sage chan­gea et les « Gilets jaunes » furent appa­rem­ment englou­tis dans la tem­pête sani­taire lais­sant tou­te­fois une cendre sous laquelle conti­nuait de bru­ler la braise.

    La crise sani­taire peut à pre­mière vue sem­bler étran­gère à des consi­dé­ra­tions sur un pou­ja­disme archaïque, réel ou phan­tas­mé. Et pour­tant la crise aura frap­pé en toute prio­ri­té une par­tie de ces caté­go­ries sociales qui ont his­to­ri­que­ment four­ni des troupes au pou­ja­disme et aux Gilets Jaunes. A contra­rio, même si toute la socié­té subit le choc éco­no­mique, résistent mieux à la crise les popu­la­tions rétives tant au pou­ja­disme qu’aux Gilets jaunes à com­men­cer par les sala­riés cen­sés être (pour l’instant) cou­verts par les plans d’aide à l’entreprise, les ensei­gnants, fonc­tion­naires et retraités.

    En revanche les classes moyennes infé­rieures, les com­mer­çants (avec des nuances sui­vant les com­merces), les indé­pen­dants, et tous ceux qui pour des rai­sons médi­cales, cultu­relles, éco­no­mi­que­ment se retrouvent au propre ou au figu­ré, à la rue : à com­men­cer par les hôte­liers sur­tout mais aus­si res­tau­ra­teurs ou tenan­ciers de bars et dis­co­thèques, coif­feurs, fleu­ristes … . Une belle masse de manœuvre qui sau­ra le cas échéant (re)faire la jonc­tion avec les anciens Gilets Jaunes.

    LE MONDE COMMERCANT SE MOBLISE

    La deuxième vague covi­dienne a plus encore révé­lé la pré­sence des com­mer­çants au cœur de la crise, comme vic­times col­la­té­rales. On a pu consta­ter, soit à l’occasion de décla­ra­tions indi­vi­duelles ou col­lec­tives, de mani­fes­ta­tions de rues (500 com­mer­çants déter­mi­nés à Bayonne …) que les pro­fes­sions évo­quées ci-des­sus étaient en ébullition.

    Les pré­si­dents des quatre fédé­ra­tions repré­sen­ta­tives des pro­fes­sions com­mer­ciales – Fran­cis Palom­bi, pré­sident de la Confé­dé­ra­tion des com­mer­çants de France (CDF) ; Jacques Ehr­mann, pré­sident du Conseil natio­nal des centres com­mer­ciaux (CNCC) ; Jean-Claude Delorme, pré­sident de la Fédé­ra­tion fran­çaise des asso­cia­tions de com­mer­çants (FFAC) et Jean-Pierre Leh­mann, pré­sident de la Fédé­ra­tion natio­nale des centres-villes « Vitrines de France » (FNCV) – ont déci­dé de « faire front » en deman­dant notam­ment que les ventes en lignes soient limi­tées aux seuls pro­duits de pre­mière néces­si­té » excluant de toute les ventes de pro­duits habi­tuel­le­ment ven­du par des maga­sins fer­més par voie admi­nis­tra­tive. Éga­le­ment deman­dées l’interdiction de Black Fri­day et la réou­ver­ture toute pro­chaine de la plu­part des commerces.

    Le pou­voir tout à son confi­ne­ment fait la sourde oreille et les 4 fédé­ra­tions de sou­li­gner que ces dis­po­si­tions sani­taires ont pour effet « de trai­ter de manière inéga­li­taires les com­mer­çants phy­siques et les mar­chands du web, au péril des pre­miers et au pro­fit exclu­sif des seconds ».

    Le com­mu­ni­qué des 4 fédé­ra­tions pour­suit « la fer­me­ture des com­merces dits « non essen­tiels » avan­tage dan­ge­reu­se­ment les pla­te­formes de com­merce en ligne déjà régu­liè­re­ment accu­sées de concur­rence déloyale, comme Ama­zon et Ali­ba­ba qui redoublent désor­mais de pro­pa­gande pour atti­rer les clients, nos clients »

    Il est à noter que ces fédé­ra­tions n’ont pas l’habitude de signer des com­mu­ni­qués com­muns et que la crainte d’une explo­sion sociale n’est pas étran­gères à leur sou­daine uni­té car si aucun des signa­taires ne se sent héri­tier du pou­ja­disme tous en craignent la renaissance.

    Reste encore que ces orga­ni­sa­tions jouent le jeu des ins­ti­tu­tions et sont un fac­teur de « main­tien de l’ordre ». Jusqu’à quand ?

    DE LA RUE AUX BARRICADES ?

    Cela dépen­dra de l’ampleur des dégâts, de ce qui est rat­tra­pable et de ce qui ne l’est pas. Cer­taines pré­vi­sions font état d’un anéan­tis­se­ment de 40% de la pro­fes­sion hôte­lière, d’autres envi­sagent 30% de dépôt de bilan dans la res­tau­ra­tion et des dégâts majeurs dans la plu­part des commerces.

    Beau­coup de per­sonnes donc à la rue (crise sociale) mais com­bien … dans la rue (révolte) et com­bien …sur les bar­ri­cades (révo­lu­tion) ? La réponse dépend d’abord de la déter­mi­na­tion de cette popu­la­tion, ensuite de son enca­dre­ment, enfin des alliances qui se noue­ront ou ne se noue­ront pas avec les autres vic­times des oligarchies.

    A pro­pos des Gilets Jaunes un obser­va­teur proche du pou­voir avait remar­qué « nous avons été vic­time d’une illu­sion : nous avons cru que ce mou­ve­ment était le sur­saut d’une popu­la­tion qui ne vou­lait pas mou­rir ; ce n’était que le sou­bre­saut d’une popu­la­tion déjà morte ». Se trou­ve­ra-t-il un mou­ve­ment pour le détromper ?

     

    Source : https://www.actionfrancaise.net/

  • Vers un monde de cauchemar dont nous aurions pu éviter l'avènement, par Yves Morel.

    Le XXIe siècle commence aussi mal que le XXe. Car il partage avec lui le même aveuglement sur les causes des maux qui nous menacent : le Progrès refuse de considérer ses erreurs.

    Le XXIe siècle commence mal, à dire le moins. Comme d’ailleurs avait mal commencé le XXe.

    Ce dernier avait débuté par une situation internationale tendue, puis par une Grande Guerre européenne de près de quatre ans et demi qui se solda par huit millions de morts, des dommages économiques incalculables, un bouleversement de la carte politique de notre continent et une crise de civilisation. Le nôtre a commencé par une épidémie de SRAS (novembre 2002-mai 2004) et continue avec la pandémie mondiale de coronavirus qui multiplie ses victimes, détériore complètement notre économie, aggrave les problèmes sociaux et bouleverse dramatiquement notre vie tant professionnelle que privée.

    Et, comme si cela ne suffisait pas, nous sommes par ailleurs confrontés à une crise environnementale sans précédent, caractérisée à la fois par une pollution planétaire et un réchauffement climatique qui, tous deux, mettent en péril tous les écosystèmes terrestres et la survie même de l’humanité.

    Des formes d’adversité nouvelles

    Ces formes d’adversité nouvelles qui nous assaillent se distinguent des précédentes (les guerres, les grandes crises économiques, la misère ou les krachs boursiers aux conséquences désastreuses) par le fait qu’elles ne procèdent pas directement des initiatives humaines, et n’opposent pas des hommes à d’autres hommes, des groupes (nations, classes sociales) à d’autres groupes, des intérêts à d’autres. Le coronavirus (qui n’existait pas il y a moins d’un an) n’est pas notre ennemi, en ce sens qu’il détruit notre santé et parfois notre vie en nous ignorant, puisqu’il n’est pas un être intelligent et conscient. La nature et le climat, eux, deviennent menaçants et dangereux pour nous, tout aussi inintentionnellement. Sauf qu’en l’occurrence nous avons tout de même l’impression d’y être un peu pour quelque chose. Nous savons que nous sommes responsables de la pollution, de la destruction de notre environnement, du bouleversement des écosystèmes et, partiellement, des changements climatiques d’ampleur.

    Une prise de conscience tardive

    Il nous reste à acquérir la même conscience de notre responsabilité dans la production et la mutation des gènes qui nous apportent la maladie et la mort. Jusqu’à présent, cette conscience reste vague. Autant nos semblables ont pris conscience de la responsabilité du genre humain dans la catastrophe environnementale qui a d’ores et déjà commencé, autant ils ont le sentiment de n’être pour rien dans les épidémies successives (SRAS, Covid 19) qui affectent tout ou partie de la population mondiale. Au sujet du coronavirus, on a évoqué, comme on l’avait fait naguère pour expliquer l’apparition du virus du SIDA, la fabrication volontaire, en laboratoire, à des fins plus que douteuses, d’un germe qui aurait échappé à ses créateurs et manipulateurs. Une telle explication n’est nullement prouvée, mais elle présente l’avantage de nous exonérer de notre propre responsabilité dans l’éclosion de ces épidémies. La plupart des gens se persuadent aisément de n’être pour rien dans l’apparition de tel virus dangereux ; et tantôt ils rejettent la responsabilité du fléau sur un petit groupe de savants fous, de militaires fanatiques et de dirigeants politiques aussi irresponsables que malintentionnés et criminels, tous créateurs de germes nocifs, tantôt ils attribuent l’apparition de ces derniers à un caprice de la biologie indépendant de l’homme.

    Une inaction délibérée et dangereuse des dirigeants politiques et économiques

    Or nos dirigeants (politiques et économiques) savent très bien, depuis déjà plusieurs décennies, que la présence et l’activité de l’homme favorisent puissamment la mutation des virus, et que des germes qui, autrefois, affectaient les animaux (biologiquement capables de les neutraliser) se portent désormais sur nos semblables qui, eux, sont naturellement vulnérables et en subissent les effets pathologiques. Ils le savent, certes, mais ils n’ont rien tenté, rigoureusement rien, pour conjurer les risques de contamination dangereuse et prévenir le mal. Le danger, ils l’ont délibérément ignoré, en s’efforçant de ne pas y penser ou de se persuader qu’il ne se manifesterait pas ou qu’il ne se traduirait que par des maux mineurs et assez facilement surmontables. Dame ! Il ne fallait pas entraver le business, il ne fallait pas déranger le grand nouvel ordre planétaire de l’économie, qui engendre continuellement des investissements lointains à l’étranger, des implantations bancaires, industrielles et autres dans le monde entier, des délocalisations, des opérations et spéculations financières sur toutes les grandes places boursières, des voyages professionnels et des déplacements incessants de salariés, de cadres supérieurs ou dirigeants, de chefs d’entreprises, et, bien entendu, les voyages et séjours de millions de touristes sur tout le globe et en tous sens. Cette formidable agitation, ces multitudes humaines en mouvement constant, dans le monde entier, ces concentrations d’hommes et de femmes, ont puissamment stimulé la mutation des virus, lesquels ont fait de nos semblables leurs hôtes privilégiés.

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    Le “miracle” économique chinois a un coût environnemental que les activistes climatiques dénoncent peu.

    Il en va de même pour le problème environnemental qui – tout le monde s’accorde à le reconnaître – revêt aujourd’hui un caractère d’urgence. Et, à ce sujet, nous avons encore moins d’excuses qu’en ce qui concerne les épidémies, car, depuis au moins cinq décennies, n’ont manqué ni les alarmes résultant de catastrophes à caractère écologique, ni les avertissements et objurgations émanant d’écologues, d’océanographes, de géologues, de climatologues, de zoologistes et botanistes de tous pays sur le risque que notre surdéveloppement effréné, notre pollution {tant industrielle que domestique et tant individuelle que collective), notre gaspillage des ressources, nos industries polluantes, notre consumérisme débridé, faisaient courir aux écosystèmes des diverses régions ou parties du monde, et en définitive à celui de la planète, transformant cette dernière en un enfer. Tous ces avertissements, ceux de la nature comme ceux des hommes, sont restés vains. Il a fallu attendre les canicules qui se sont régulièrement succédées à partir de 2003, la fonte continue des calottes glaciaires du Groenland, de la Sibérie septentrionale et de l’Arctique, la montée du niveau des mers, l’apparition de gigantesques nuages de pollution au-dessus de l’Inde et de gaz toxiques dans les grandes villes chinoises, l’accentuation sensible de l’effet de serre, la pollution totale de cours d’eau et de lacs, l’assèchement important de certains de ces derniers, la destruction d’une partie de la faune sous-marine, la quasi-extinction d’espèces animales terrestres, pour que se produisît une prise de conscience.

    Un accord de Paris insuffisant, non contraignant et largement bafoué

    Cette prise de conscience s’est traduite formellement – et laborieusement et tardivement – par les accords dits de Paris du 22 avril 2016 (en fait adoptés au Bourget, puis signés à New York) unissant 195 pays du monde entier contre la réduction de l’émission des gaz à effet de serre, et en faveur du renoncement aux énergies fossiles, de multiples initiatives tendant à ralentir (avec l’espoir de l’arrêter, à long terme) le réchauffement climatique. Mais on sait que cet accord ne présente rien de contraignant et laisse les États signataires seuls juges et maîtres de leurs initiatives pour répondre aux objectifs fixés par le texte. Et, de fait, les États-Unis, le Brésil, l’Inde, la Russie et le Canada ne semblent guère pressés de prendre des mesures conformes à la réalisation des objectifs de l’accord. Les États-Unis se sont même retirés de l’accord le 1er juin 2017, ont décidé de rouvrir et de faire fonctionner à plein régime leurs vieilles mines de charbon (« J’adore les mineurs », a même lancé Donald Trump). Le Brésil de Jair Bolsonaro ne dénonce pas l’accord de Paris, mais le critique ouvertement et la bafoue en permanence. La Chine affirme vouloir réduire considérablement la part des énergies fossiles dans son total énergétique, la faisant passer de 89 % en 2016 à 76 % en 2040 (cependant que la part des énergies renouvelables monterait de 9 à 16 %). Elle prévoit de faire de l’électricité la première de ses sources d’énergie, et de développer les secteurs des énergies hydraulique, nucléaire, solaire et éolien. Mais son objectif sera de toute façon difficile à atteindre, et on peut s’inquiéter quand on sait que son objectif, dans le domaine énergétique, est de devenir le premier producteur mondial d’énergie nucléaire. Et, en attendant, elle reste le premier émetteur mondial de CO2 dans le monde (sa part représente 29,4 % du total).

    Des mesures qui ne feront que limiter les dégâts, à supposer qu’elles soient intégralement appliquées

    On le voit, les initiatives en matière de réduction de la production de gaz à effet de serre restent bien modestes, timides, fragiles et aléatoires. Et, de toute façon, seraient-elles mises en œuvre intégralement et par la grande majorité des États (à commencer par les plus pollueurs) qu’elles ne feraient, en fin de compte, que limiter les dégâts : tous les climatologues (de tous pays et de toutes sensibilités politiques) s’accordent pour prévoir que, même dans cette heureuse hypothèse, le réchauffement climatique augmentera – certes à une vitesse sans cesse décroissante – durant trois bonnes décennies, et ne s’arrêtera qu’autour de 2050. Et il en va de même pour la réduction des autres formes de pollution et des perturbations des écosystèmes. Autrement dit, même dans l’hypothèse la plus favorable d’une prise de conscience mondiale et très forte de l’urgence du problème environnemental, nous sommes assurés de voir notre planète devenir un chaudron et un cloaque.

    Ces mesures seront donc à la fois insuffisantes et très difficiles à mettre en œuvre car, beaucoup trop tardives, elles exigeront, dans tous les domaines – au plan des libertés individuelles, au niveau des préjudices matériels que leur application exigera des particuliers, et dans tous les secteurs de l’économie – des sacrifices considérables qui ne pourront être obtenus que par la contrainte.

    En résumé, nous nous préparons de belles années, voire un beau siècle, de contraintes, de sacrifices et de conditions de vie difficiles, entre risques de contaminations virales diverses, chaleur écrasante et atmosphère dangereuse, sur une planète pourrie et surchauffée (sans parler des traditionnels problèmes sociaux). Mais il est navrant de penser que tout cela eût pu être évité si nous avions été assez sages pour conjurer un danger dont nous connaissions la certitude.

     

    Illustration : L’Inde a basculé dans le progrès, c’est-à-dire dans le smog, qui tue plus d’un million d’Indiens chaque année.

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    Source : https://www.politiquemagazine.fr/