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Rechercher : Rémi Hugues. histoire & action française. Rétrospective : 2018 année Maurras

  • GRANDS TEXTES (38) : ”Une Patrie...” par Charles Maurras

     

    TRAVAUX DIVERS - Largeur +.jpgIl ne nous semble guère utile d'ajouter un long commentaire au texte de Maurras que nous publions aujourd'hui. Il date de la fin de sa vie, est extrait d'un livre publié après sa mort, et l'époque à laquelle il l'écrit, le Bel Aujourd'hui auquel il se réfère - dont il fait aussi le titre de son livre - est la France de Vincent Auriol, de la IVe République, des lendemains de la Libération. C'est aussi le temps de son ultime captivité, où il songe à l'avenir de la France et des idées qui ont été toute la matière de sa vie.

    Justement, le texte qui suit nous parle; il tombe, si l'on peut dire, à point nommé, au moment précis où toutes les composantes du Système s'emploient à nous prêcher, à nous seriner, même, le dogme des valeurs républicaines, dont on nous dit aussi qu'elles seraient en danger bien que, au fond, personne ne sait vraiment en quoi elles consistent, si ce n'est en de pures et utopiques abstractions. L'argument électoraliste stigmatise le danger que le Front National ferait courir à la République. Mais il ne s'agit, en fait, que de sauver des sièges ! Plus redoutable est la contestation de ceux, de plus en plus nombreux, de plus en plus puissants, de plus en plus audibles, qui s'aperçoivent et écrivent que les Lumières sont éteintes, que les valeurs républicaines ne sont pas un absolu, que la République, elle-même, n'est qu'une modalité, qu'elle peut finir, que la France est un vieux pays, chargé d'une très longue histoire et qui ne commence pas en 1789. Ce sont là, en effet, des idées qui tuent; qui mettent la République en danger. Viendrait-elle à disparaître ? Houellebecq conclut son livre par cette phrase : je n'aurais rien à regretter.

    Aux valeurs républicaines, qui ne sont que des idées abstraites et fausses, Maurras oppose une conception radicalement autre. Il leur oppose la France réelle, fait d'histoire, fait de naissance et, avant tout, dit-il, phénomène de l'hérédité. Ici, nous sommes au cœur du débat d'aujourd'hui. Ce débat est maintenant largement ouvert. Il n'est pas sûr que les valeurs de la République, la République elle-même, en sortent indemnes.

    Au moment précis où toutes les composantes du Système s'emploient à nous prêcher, à nous seriner même, en tout cas à nous imposer, les dogmes mondialistes, européistes, immigrationnistes, consuméristes... pour construire une France hors sol, une société liquide, multiculturelle et diversitaire, noyée dans le grand marché mondial, Maurras oppose à cette « politique » une conception radicalement autre : il leur oppose la France réelle, fait d'histoire, fait de naissance et, avant tout, dit-il, phénomène de l'hérédité. Ici, nous sommes au cœur du débat d'aujourd'hui. Ce débat est maintenant largement ouvert. En Europe même, les patries ne s'effacent pas, nombre de nations resurgissent, s'opposent au nivellement. Comme sur les autres continents. En ce sens, c'est le triomphe de  Maurras.  

    En ce sens, c'est le triomphe de Maurras.  Lafautearousseau   

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    Charles Maurras, Votre bel aujourd’hui, Paris, Librairie Arthème Fayard, 1953

    « Une patrie, ce sont des champs, des murs, des tours et des maisons ; ce sont des autels et des tombeaux ; ce sont des hommes vivants, père, mère et frères, des enfants qui jouent au jardin, des paysans qui font du blé, des jardiniers qui font des roses, des marchands, des artisans, des ouvriers, des soldats, il n’y a rien au monde de plus concret.

    Le patriotisme n’est pas seulement un devoir. C’est un plaisir. « Pour ma part, disait Ulysse aux bons Phéniciens, je ne sais rien de plus agréable à l’homme que sa patrie. » Il le disait d’un pauvre rocher sur la mer. Comment parlerons-nous de la nôtre ? En est-il de plus belle, plus digne d’être défendue ? Qui, un jour se penchant dans l’embrasure d’une haute colline ou vers quelque vallon ouvrant sur le fleuve et la mer, ne s’est pas arrêté, suspendu, presque sidéré par un chœur imprévu de couleurs et de formes demi-divines ?…

    2745637212.jpgLa patrie est une société naturelle ou, ce qui revient absolument au même, historique. Son caractère décisif est la naissance. On ne choisit pas plus sa patrie – la terre de ses pères – que l’on ne choisit son père et sa mère. On naît Français par le hasard de la naissance. C’est avant tout un phénomène d’hérédité.

    Les Français nous sont amis parce qu’ils sont Français ; ils ne sont pas Français parce que nous les avons élus pour nos amis. Ces amis sont reçus de nous ; ils nous sont donnés par la nature… Rien ne serait plus précieux que d’avoir des Français unis par des liens d’amitié. Mais, pour les avoir tels, il faut en prendre le moyen et ne pas se borner à des déclarations et à des inscriptions sur les murs.

    Certes, il faut que la patrie se conduise justement. Mais ce n’est pas le problème de sa conduite, de son mouvement, de son action qui se pose quand il s’agit d’envisager ou de pratiquer le patriotisme ; c’est la question de son être même, c’est le problème de sa vie ou de sa mort… Vous remercierez et vous honorerez vos père et mère parce qu’ils sont vos père et mère, indépendamment de leur titre personnel à votre sympathie. Vous respecterez et vous honorerez la patrie parce qu’elle est elle, et que vous êtes vous, indépendamment des satisfactions qu’elle peut donner à votre esprit de justice ou à votre amour de la gloire. Votre père peut être envoyé au bagne : vous l’honorerez. Votre patrie peut commettre de grandes fautes : vous commencerez par la défendre, par la tenir en sécurité et en liberté.

    981355649.jpgLe patriotisme n’a pas besoin d’un idéal, socialiste ou royaliste, pour s’enflammer ; car il naît de lui-même, du sang et du sol paternels. Ce qu’il faut saluer, c’est le suprême sacrifice de la vie fait sur le sol qu’il s’est agi de défendre. Ce sol sacré serait moins grand, moins cher, moins glorieux, moins noble et moins beau si les Français de toute origine et de toute obédience n’y payaient pas en toute occasion nécessaire la juste dette de leur sang. Plus haut que l’armée et que le drapeau, plus haut que la plus fière conscience de la patrie, vit la patrie même, avec les saintes lois du salut public. Ce sont elles qui font consentir à de durs sacrifices pour défendre l’intégrité du reste et préserver son avenir. Qu’elle vive d’abord ! » 

     

     

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    Retrouvez l'intégralité des textes constituant cette collection dans notre Catégorie

    "GRANDS TEXTES"...

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  • Regard jeune sur un Maurras ... un peu revisité

     Maurras autour de ses vingt ans ... Le Maurras historique.
     

    2293089609.14.jpg220px-Maurice_Barrès_7.jpg« Les poètes tiennent des discours divers aux générations diverses ».  Cette formule de Barrès s'applique certainement à Maurras qui s'était lui-même défini comme « simple poète ».

    Il s'en explique, parlant de son « vieux cœur de soldat », dans ces vers très célèbres : « Le combat qu'il soutint fut pour une patrie, pour un roi, les plus beaux qu'on ait vus sous le ciel ». Et ce combat fut aussi de l'ordre de la poésie. Poésie de la France, du Roi, des beautés françaises et des beautés du monde. 

    Cette poésie tient semble-t-il un discours nouveau à la jeune génération. Discours nouveau et discours ancien d'ailleurs très mêlés, discours pérenne retrouvé et intact en tout cas. 

    On pourra en juger en lisant le tout premier numéro de « Création » consacré justement à Maurras. Voir, feuilleter, lire l'exemplaire ci-dessous s’impose. 

    On sera d'abord saisi par son portait de couverture où il a la dégaine d’un jeune d'aujourd'hui. Un Maurras évidemment non historique, anachronique et revu à leur image par des jeunes qui en ont fait leur maître mais lui attribuent leurs codes. Maurras s'en fût amusé. Générations diverses, imagerie diverse. Il n’est pas sûr du tout, d’ailleurs, qu’il n’y ait pas quelque chose de cette image aux traits appuyés dans ses portraits de jeunesse. La vraie, l’historique. 

    Ce premier numéro maurrassien se veut satirique. Il l'est sans doute. Il entend amuser mais aussi apprendre, transmettre, en amusant. Nous trouvons que c’est assez réussi. 

    « C'est notre maître et c'est un as ». Telle est, d'entrée l'affirmation centrale de ce numéro sur Maurras, somme toute assez classique sur le fond. Formule sympathiquement reprise d'un vieux chant des Camelots du Roi (du Roi, non du Roy) chanté des milliers de fois et en des milliers d'occasions depuis un siècle et quelques années.  

    Pour le reste, on lit ce numéro sur Maurras par et pour des jeunes avec sympathie et contentement. Nous ignorons qui sont ses auteurs mais nous comprenons bien qu'ils veulent comme nous que l'œuvre de Maurras continue et arrive à ses fins qui sont nationales et royales. Et plus … Comme ils disent. 

    Nous n'ajouterons pas grand-chose. Qu'on fasse l'effort de lire. 

    Deux remarques toutefois pour finir : 

    . Une petite erreur historique s'est invitée  à l'intérieur de ce premier numéro de Création.Non le Maréchal Joffre n'était pas présent à la réunion du Vel' d'Hiv'. La raison est simple : Joffre est mort en 1931. C'est la maréchale Joffre qui était présente au Vel' d'Hiv'. 

    . Deuxième remarque. Création nous indique que Maurras  aurait mis à profit ses années de prison pour admettre et confesser ses erreurs. Seule question : a-t-on des textes ? Lesquels ? Ce serait une découverte ! 

    Ne boudons pas notre intérêt. Ce diable de Maurras, sous forme relookée se débrouille encore de forcer le respect, l'admiration et la sympathie. Il suscite toujours des fidélités.  

     
    Cliquez sur l'image pour lire en pleine page 
  • Notre feuilleton : Une visite chez Charles Maurras (80)

     

    (retrouvez l'intégralité des textes et documents de cette visite, sous sa forme de feuilleton ou bien sous sa forme d'Album)

     

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    Aujourd'hui : L'art poétique de Maurras (II/II), remarquable réflexion sur l'art poétique - et politique - de Charles Maurras, par Luc-Olivier d'Algange :

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    Les confusions et les malheurs du temps proviennent, pour Charles Maurras, de la dissociation de la beauté et de la vérité.
    Aristotélicien par son recours à Saint-Thomas d’Aquin et à l’empirisme organisateur d’Auguste Comte, Maurras est platonicien dans sa poétique et les raisons d’être qu’il accorde à l’Idée.
    Les adeptes d’un Maurras "tout d’une pièce" n’ont peut-être pas assez médité le jeu de cette contradiction créatrice.
    Au voisinage d’Homère et de Platon, Maurras entretient une conversation soutenue avec le limpide mystère des Idées et des Dieux, alors qu’aussitôt paraît-il s’accorder au Dogme et à l’Eglise que son argumentation se fait pragmatique. Sans doute ne voit-il dans le Dogme qu’une limite opportune à la confusion, alors son âme frémit à l’incandescente proximité des Idées.

    Hôte du Banquet en compagnie de Diotime, Maurras entrevoit la métaphysique dont il se défia, au contraire de Léon Daudet, lorsqu’elle lui advint par l’entremise des œuvres de René Guénon ; alors qu’apologiste du Dogme, la métaphysique et le Mystère semblent céder la place à des considérations organisatrices.
    S’il est, pour Maurras, un Mystère vécu, un Mystère éprouvé, ce n’est point le Mystère christique de l’Eucharistie et de la Résurrection des corps, mais, ainsi que le nomme son poème, Le Mystère d’Ulysse :


    "Guide et maître de ceux qui n’eurent point de maître
    Ou, plus infortuné, que leur guide trompa,
    Donne-leur d’inventer ce qu’ils n’apprirent pas,
    Ulysse, autre Pallas, autre fertile Homère,
    Qui planta sur l’écueil l’étoile de lumière
    Et redoubla les feux de notre firmament !"

     

    "La beauté parfaite, écrit Maurras, est tel un signe de la vérité qu’il devient presque superflu de se demander si la poésie d’Horace est sincère".

    N’étant guère enclin à nous faire procureurs en poésie ou en métaphysique, les postulants à ces titres douteux ne manquant pas, nous nous contenterons de percevoir, à travers les incertitudes maurrassiennes, dissimulées sous un ton péremptoire, le beau signe de la vérité qui nous est ainsi adressé. Cette vérité est la connaissance de nos limites.
    Le paradoxe de cette connaissance est d’être à la fois humble et orgueilleuse.
    Elle est humble, car elle présume que nous sommes essentiellement redevables de ce que nous sommes à notre tradition, à notre Pays et à notre langue.
    Ecrivain, moins que tout autre je ne peux oublier que ma pensée circule comme une sève dans le grand arbre héraldique et étymologique de la langue française et que ma liberté est constituée par celle de mes prédécesseurs.
    Chaque mot dont s’empare notre pensée s’irise de ses usages révolus. Notre orgueil n’est alors que la juste mesure de notre humilité : il nous hausse, par la reconnaissance que nous éprouvons, à la dignité d’intercesseurs.
    Maurras ne cesse de nous redire que notre legs est à la fois fragile et précieux.
    Si Maurras se fourvoie quelquefois lorsqu’il tente de définir ce qui menace, il discerne bien ce qui est menacé.

    "On est bon démocrate, écrit Maurras, on se montre bon serviteur de la démocratie, dès que l’on apporte aux citoyens des raisons nouvelles de quitter la mémoire de leurs pères et de se haïr fermement." »
    Maurras ne voit pas seulement que la démocratie "servira les factions, les intérêts, la ploutocratie, enfin cette cacocratie devenue maîtresse de tout", il comprend aussi qu’exaltée en démagogie, la démocratie prépare un totalitarisme indiscernable à ceux qui le subissent :
    "La démagogie, c’est la démocratie lorsque la canaille a la fièvre ; mais quand la canaille est sans fièvre, qu’au lieu d’être exaltée, elle est somnolente, torpide, son gouvernement n’est guère meilleur. Un peu moins violent peut-être ? Oui, mais plus vil, plus routinier et plus borné."

    La décomposition du Pays en factions rivales présage cette grande uniformisation qui sera le triomphe de l’informe, du confus et du vulgaire, le mépris de la mémoire et l’obscurcissement de l’entendement humain dans une goujaterie généralisée.
    Maurras ne nous induit pas en erreur lorsqu’il voit dans la perpétuité dynastique un remède à la guerre de tous contre tous et une chance de subordonner le pouvoir à l’Autorité. Si nous dégageons l’œuvre de la gangue des préjugés de son temps, il nous est même permis d’y choisir ce qui n’est point frappé d’obsolescence :


    "Vivre proprement c’est choisir ; et l’activité intellectuelle est, de toutes les activités permises à l’homme, celle qui renferme la plus grande somme de choix, et de choix de la qualité la plus raffinée."



    Les civilisations ne sont pas plus issues du seul hasard que de la seule nécessité.
    Elles sont, selon la formule de Henry Montaigu, "des dispositions providentielles" que soutient l’effort humain.
    Cet effort est moral, esthétique et métaphysique et la moindre défaillance menace de réduire ses œuvres à néant.
    La civilité est un savoir qui distingue. "L’individu qui vient au monde dans une civilisation trouve incomparablement plus qu’il n’apporte."
    Lorsque le sentiment contraire l’emporte, la civilisation est déchue.

    Charles Maurras, s’il lui est arrivé de la pressentir, n’a pas connu l’extension planétaire de la démocratie totalitaire, avec son infatuation et sa pruderie, sa brutalité et ses leurres publicitaires. Face à ce "libéralisme" culminant en une société de contrôle secondée par l’informatique et la génétique, face à cette barbarie technologique, accordée à la soumission, peut-être eût-t-il renoncé à ses anciennes inimitiés pour nous inviter à d’autres formes de résistance.
    J’en vois la preuve dans ce qu’il écrivait le 8 août 1927 dans les colonnes de l’Action française, à propos de l’exécution des anarchistes Sacco et Vanzetti, après sept ans d’emprisonnement dans les geôles américaines :

    "L’aventure présente montre que cette race sensible et même sentimentale, profondément élégiaque, a du chemin à faire, it is a long way, oui, une longue route, pour devenir un peuple classique. Ni le progrès matériel représenté par le perfectionnement illimité du water-closed, ni la traduction puritaine de The Holy Bible dans toutes les langues du monde n’ont encore créé, là-bas, cette haute et subtile discipline du sourire et des larmes qui entre dans la définition du génie latin."


    Cette "haute et subtile discipline du sourire et des larmes", certes, nous la reconnaissons également chez Novalis, Hölderlin, Nietzsche ou Heine, mais nous n’oublions pas davantage que cette reconnaissance, nous la disons en français.
    De même que Léon Daudet rendit un magnifique hommage à Shakespeare, Maurras sut prolonger dans son œuvre les résonnances du Colloque entre Monos et Una d’Edgar Poe.
    Pourquoi être français plutôt qu’autre chose ?
    La réponse est dans le Colloque qui se poursuit entre les vivants et les morts, entre les prochains et les lointains.
    Que ce Colloque se poursuive, d’âme en âme, c’est là toute la raison d’être de la tradition, et de la traduction, dont surent si bien s’entretenir Pierre Boutang et Georges Steiner.

    Que retenir de l’œuvre de Charles Maurras ?

    Peut-être cette obstination à défendre les limites où l’universel se recueille.


    "Ai-je découvert plusieurs choses ? Je ne suis sûr que d’une, mais de conséquence assez grave : car de ce long Colloque avec tous les esprits du regret, du désir et de l’espérance qui forment le Chœur de nos Morts, il ressortait avec clarté que l’humaine aventure ramenait indéfiniment sous mes yeux la même vérité sous les formes les plus diverses."
    Cette vérité, pour Charles Maurras, fut celle des "métamorphoses de l’amitié et de l’amour" de ses Maîtres platoniciens.
    La véritable leçon de ces Maîtres, à qui sait les entendre, n’est point dans l’abstraction, mais dans la métamorphose.
    La phrase, ou, plus exactement, le phrasé maurrassien, dans ses périodes les mieux inspirées, s’entrelace à ce mouvement d’inépuisable diversité.
    Ce sont "de rapides alternances de lune et de soleil, or liquide, argent vif, qui me réchauffaient le cœur, me déliaient l’esprit, et, d’un seul coup, m’ouvraient la conscience et la mémoire toutes grandes."
    L’espace à défendre est celui où cette extase est possible, où ni la conscience, ni la mémoire ne sont obscurcies ou avilies.

    (Fin)

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  • Grandes ”Une” de L'Action française : Marseille, dimanche 19 novembre 33, ”Grande réunion” et ”Banquet médical”, autour

    (retrouvez notre sélection de "Une" dans notre Catégorie "Grandes "Une" de L'Action française")

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    Voici l'annonce de cette réunion dans L'Ordre provençal, qui précise : 

    "Nos amis sont invités à faire la plus active propagande pour cette réunion qui s'annonce, d'ailleurs, comme un très grand succès. Les portes seront ouvertes à neuf heures et l'on commencera à dix heures, exactement. On peut se procurer des invitations au local de la section, 60 rue Grignan."

    Et, en effet :

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    Comme on peut le voir sur cette "Une" de notre mensuel de l'époque, le local de la section de Marseille était au 60 rue Grignan; notre mensuel en était à sa neuvième année (sa première parution est indiquée, par Gallica, "en 1925") et se présentait comme l' "organe mensuel de la Fédération provençale des Sections d'Action française"...

    La réunion et le Banquet eurent lieu à la Place Jean Jaurès, connue des Marseillais sous le nom de "La Plaine"...

    Voici la "Une" de L'action française du lendemain, lundi 20 novembre, qui rapporte l'évènement en première page, avec un "lire la suite en 2ème page)

    https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k765429k/f1.item.zoom

    (le texte est lisible tel quel, mais, en cliquant sur l'image, vous l'agrandirez encore...)

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    et voici le lien amenant vers la "suite et fin" du compte-rendu, en page deux :

    https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k765429k/f2.item

    (idem : le texte est lisible, mais, en cliquant sur l'image, vous l'agrandirez encore...)

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    (ici, il faut remonter à la colonne de droite des deux photos précédentes pour avoir la suite)

    Sinon, dans le reste de la Une et du Journal, on est surpris de voir qu'il n'y a pas de Bainville ce jour-là; par contre il y a Maurice Pujo, Pierre Héricourt, J. Delebecque; et Maurras partage sa "Politique" avec G. Larpent; l'article de Daudet ("La course à l'abîme") précède le "pavé" suivant :

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    Et, en page trois, la Revue de presse (signée "Intérim") étrille (déjà !) les journaleux de "la presse baillonnée" de l'époque, leur conformisme intellectuel, leur parti-pris et leur manque d'objectivité, tournant à la des-information; et appelle Georges Claude "un des plus grands savants du monde..." :

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    -------------------

    Pour lire les articles...

    En bas de page, une courte "barre de tâches" vous permet d'utiliser le zoom (tout à gauche de la barre) et de changer de page (flèche tout à droite); une fois appuyé sur "zoom", vous aurez, cette fois tout en haut de la page, une autre "barre de tâches" : en cliquant sur le "+", il ne vous restera plus, avec votre souris, qu'à vous promener sur la page, puis passer à la deuxième pour lire la suite...

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  • Désigné partout, par tous : Charles Maurras, ”homme de la semaine”...

    MAURRAS 12.jpg        Après la déclaration ahurissante de NKM, tout le monde en a parlé, ou presque, d'Alexis Brézet dans Le Figaro Magazine jusqu'à Patrice Bertin sur France info : l'évocation de Charles Maurras a bien mis en émoi l'ensemble de la classe politique et médiatique française pendant une bonne semaine, et c'est tant mieux.

           Non parce que tous les propos tenus à cette occasion auraient été exempts d'inexactitudes ou de simples sottises, mais parce que, à côté d'indéniables caricatures, certaines choses très correctes ont été dites; et aussi parce qu'il est bon - surtout en cette année du soixantième anniversaire de sa mort, en 1952 (1) - que Maurras soit évoqué, lui qui a eu raison, pour ne s'en tenir qu'à ces deux points majeurs, sur la Nation et l'Âge de fer que nous subissons, dû à la prise du pouvoir par l'Argent, dû à l'Argent partout.....

            Ce battage médiatique inattendu est ainsi une bonne occasion - à saisir... - de mettre en lumière un Charles Maurras authentique. Profitons-en donc, pour au moins deux choses, entre autres... !

    1. Pour inciter à assister au rendez-vous de Martigues, autour de Nicole Maurras et des Amis de la maison du Chemin de Paradis, le 1er septembre (Présidence d'honneur de Michel Déon, présence de Jean-Françosi Mattéi, Jean-Baptiste Donnier....).

           Le matin, à 9 heures, ceux qui le désireront pourront aller se recueillir au cimetière de Roquevaire devant le caveau familial. A 11 h 15, une messe sera célébrée à Martigues, en l’église de la Madeleine, quartier de l’Ile. Un déjeuner réunira les participants dans un ou deux restaurants proches de l’église.  

            A l’issue du repas, le jardin de la Bastide du Chemin de Paradis s’ouvrira  à la visite pour y écouter les évocations de brillants orateurs qui rendront hommage à Charles Maurras. La journée se cloturera à la Villa Khariessa pour y partager le verre de l’amitié. 

    ( N.B. Le nombre de places sera limité pour les restaurants et la Villa Khariessa : ne tardez pas à vous inscrire : BULLETIN REPONSE JOURNEE MAURRAS.pdf ) 

    2. Pour re-présenter notre Album, Une visite chez Charles Maurras (95 photos) qui n'est que le début d'un travail en cours, plus important et plus complet; et qui sera peut-être, comme la Basilique de Saint-Denis, mis en musique et en mouvement par Neige (et puis la cathédrale de Reims, le Mont Saint-Michel...).... 

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     Cliquez sur l'image.....

     

    (1) : Rendez-vous à Martigues, autour de Nicole Maurras et des Amis de la maison du Chemin de Paradis, le 1er septembre (Présidence d'honneur de Michel Déon, présence de Jean-Françosi Mattéi, Jean-Baptiste Donnier....).

           Le matin, à 9 heures, ceux qui le désireront pourront aller se recueillir au cimetière de Roquevaire devant le caveau familial. A 11 h 15, une messe sera célébrée à Martigues, en l’église de la Madeleine, quartier de l’Ile. Un déjeuner réunira les participants dans un ou deux restaurants proches de l’église.  

            A l’issue du repas, le jardin de la Bastide du Chemin de Paradis s’ouvrira  à la visite pour y écouter les évocations de brillants orateurs qui rendront hommage à Charles Maurras. La journée se cloturera à la Villa Khariessa pour y partager le verre de l’amitié. 

    N.B. Le nombre de places sera limité pour les restaurants et la Villa Khariessa : ne tardez pas à vous inscrire : BULLETIN REPONSE JOURNEE MAURRAS.pdf

  • Et pourquoi pas la maison de Maurras dans le réseau des ”Maisons des Illustres” ?

    maisons des illustres.jpgMardi dernier, en fin d'année 2014, nous reprenions le souhait de voir Jacques Bainville "pléiadé" (comme disait Céline...). Aujourd'hui, en ce début d'année 2015, nous reprendrons un autre voeu que nous avons déjà formulé dans ces colonnes, et qui concerne, cette fois-ci, la très belle maison de Charles Maurras, Chemin de Paradis, à Martigues...

    C'était juste après la magnifique journée d'hommage organisée "chez lui", le 1er septembre 2012, pour le 60ème anniversaire de sa mort par l'Association des Amis de la Maison du Chemin de Paradis. A la suite de notre compte-rendu (I, II, III, la vidéo de la partie II permettant de retrouver Jean-François Mattéi et sa magistrale analyse des neuf contes du livre de Maurras : Le Chemin de paradis.), Claude Bourquard, journaliste au Dauphiné Libéré avait pris contact avec nous pour savoir si nous accepterions de répondre à quelques unes de ses questions sur Maurras et sur sa Maison, ce que nous avons, évidemment accepté. On trouvera en Note l'intégralité de la teneur de notre entretien avec Georges Bourquard, portant sur les trois questions qu'il nous avait lui-même proposées, ainsi que quelques informations sur l'état actuel de la maison, du jardin et sur les travaux en cours, lancés par la Mairie de Martigues. Nous remettrons simplement ici, en clair, la réponse à sa dernière question, qui est la plus "facile" et la moins "politique" des trois :

    * Vous autres, royalistes, qu'aimeriez-vous voir en ce lieu ? Cette maison, qui vous est si chère, que souhaiteriez-vous la voir devenir ?
     
    Nous avons d'abord rappelé à notre interlocuteur que, désormais, depuis 1997, et conformément au vœu formellement exprimé par Maurras, "sa" maison de Martigues a été donnée à "sa" chère ville de Martigues ("Mon Martigues plus beau que tout" écrit-il dans l'un de ses plus beaux poèmes, Où suis-je ?).
     
    Maurras avait d'ailleurs réglé lui-même, dans les détails, cette donation, faisant même le compte de sièges que devraient occuper les différents partis (MRP, Socialiste, Communiste...) dans le Conseil d'administration !
     
    C'est Jacques Maurras, son neveu, qui remit les clés de la maison au maire de l'époque, Paul Lombard, qui, non seulement accepta la donation, mais vint en personne à la réception donnée dans le jardin, et prononça pour l'occasion un discours de remerciement aimable, et même chaleureux, décernant au passage un brevet de patriotisme à Jacques
    Maurras.
     

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    La "maison du Chemin de Paradis" appartient donc à la ville de Martigues, depuis que son maire, communiste mais en l'occurrence martégal avant tout, a accepté le don
    de Charles Maurras, motivé - pour reprendre son expression - par son "patriotisme municipal".
     
    Nous ne pouvons donc évidemment, en aucune façon, nous substituer en quoi que ce soit
    à la Mairie de Martigues, doublement légitime propriétaire des lieux : légitime par la possession du titre de propriété, et légitime par la volonté expresse de Charles Maurras. Et nous ne pouvons en rien nous attribuer l'une quelconque de ses prérogatives.
     
    Nous ne pouvons avoir qu'un souhait, mais il est très fort: que la paix et la sérénité reviennent, enfin, sur Charles Maurras et sur cette maison. Personne n'imagine ni ne souhaite - et nous pas plus que quiconque - que cette maison devienne une sorte de centre de diffusion des idées royalistes.
     
    Mais, oui, nous souhaitons fortement qu'elle devienne, à l'instar de la bonne centaine d'autres existant en France, l'une de ces Maisons des Illustres qui fleurissent dans tout le pays. Un lieu de calme, voué à l'étude, à la recherche, à la connaissance ou, tout simplement, pour ceux qui y viendraient, à la découverte d'une parcelle de notre patrimoine, à travers la visite de la maison et du jardin d'un grand poète, d'un penseur, d'un homme d'action...
     
    Nous souhaitons que Martigues retrouve son Académicien, dont elle est privée, du moins dans la sphère "officielle", depuis plus d'un demi- siècle.
     
    Nous souhaitons que ce lieu soit rendu à l'Intelligence, au savoir, à la poésie, dans le dépassement de toute polémique, vaine et dépassée.
     
    Qu'elle soit ouverte à tous, en permanence, chacun se faisant, évidemment, comme partout ailleurs, sa propre opinion par lui-même, après l'avoir visitée.
     
    Et qu'ainsi, elle vive, qu'elle rayonne, à la façon, par exemple, de la maison de Chateaubriand :
     
    Serait-ce trop demander ?...
     

    maurras maison en entrant.jpg

     

    (1) : Juste quelques informations concernant les travaux actuellement en cours dans la Maison...

    * Les travaux de mise hors d'eau complète de la maison ont débuté; s'agissant d'un monument historique, la restauration est faite "à l'ancienne" (matériaux et techniques de pose), ce qui est un gage de qualité évident. On pourra, ensuite, passer au reste de la maison, mais - chacun le comprend - la réfection totale de la toiture est absolument prioritaire. Le montant des travaux pour la seule toiture est de plusieurs centaines de milliers d'euros...

    * La restauration des livres de la bibliothèque a également débuté : étant donné le nombre d'ouvrages qu'elle contient, et les problèmes d'infestation de termites qu'a connu il y a quelques temps l'ensemble de la ville de Martigues (bâtie "non pas au bord de la mer, mais dans la mer", comme le disait Alexandre Dumas), ce sera long, mais, du moment que cela a commencé...

    * Le jardin est dans un état globalement satisfaisant. Sauf un arbre arrivé en fin de vie, et qu'il faudra bien remplacer, l'ensemble des végétaux se portent bien, et même très bien pour certains; la plupart des cyprès sont beaux, quelques un superbes; même chose pour les lauriers-roses, les oliviers et "le myrte fidèle"; seuls manquent les rosiers, totalement disparus : les replanter sera la chose la plus aisée, la plus rapide et la moins onéreuse à réaliser... Il faudra aussi "reprendre" les inscriptions des stèles et du Mur des Fastes, dont certaines commencent à devenir difficilement lisibles...Un seul regret : la restauration du puits, si le crépi a probablement conforté l'ensemble, est manifestement d'un goût surprenant, mais bon...

     

    (2) : On peut lire ici notre entretien avec Georges Bourquard : rien à modifier, seuls sont à changer les chiffres de fréquentation de notre quotidien, qui ont augmenté - depuis ce jour-là - de plus de 25% pour les Visiteurs uniques mensuels, passant de 16.000 à l'époque à 21.000 aujourd'hui; et de 50% pour les connexions, passant de 30.000 mensuelles à l'époque à 45.000 aujourd'hui...)

  • Grandes ”Une” de L'Action française : (1/3) Munich, dernière occasion pour la France, à nouveau perdue par le Système...

    (retrouvez notre sélection de "Une" dans notre Catégorie "Grandes "Une" de L'Action française")
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    Voici la "Une" du jeudi 29 septembre 1938, jour de "Munich" :
     
    L'Action française - avec les militaires et tous les patriotes, à quelque bord qu'ils appartinssent - demandait le démembrement de l'Empire Allemand, en 1918, après notre victoire si chèrement acquise (un million et demi de jeunes Français, "couchés froids et sanglants sur leur terre mal défendue").
    • Clemenceau et le Système ne le voulurent pas : ils démembrèrent l'Empire catholique Austro-hongrois - par haine féroce du catholicisme, "essentielle" chez les révolutionnaires - mais, par prussophilie, conservèrent l'unité allemande, persuadés ("Les Princes des nuées" qu'ils étaient !) que le simple fait d'être placée en démocratie rendrait l'Allemagne "normale". La République idéologique, le Système, continuaient donc, comme depuis les Encyclopédistes, la Révolution, les Républiques et les Empires à oeuvrer contre l'intérêt national (qui était la division des Allemagnes, obtenue par nos Rois aux Traités de Westphalie) et en intelligence avec l'ennemi...
    • les Anglo-saxons non plus, ne voulurent pas démembrer l'Allemagne : ils craignaient de voir la France reprendre sa marche en avant, accéder à la rive gauche du Rhin et augmenter grandement sa puissance (ce qui aurait été le cas). Ils nous empêchèrent de recueillir les fruits de notre victoire...
     
    Par la suite, follement, le Système céda toujours tout devant le pouvoir allemand puis, très vite, devant Hitler, laissant l'Allemagne se ré-armer, violant toutes les clauses du calamiteux Traité de Versailles. Lorsqu'il apparut clairement que la guerre redevenait inévitable (comme avant 14), selon la prédiction de Jacques Bainville, il apparut également que les Français - victorieux en 18 - avaient perdu leur avantage militaire mais que les Allemands, eux, l'avaient repris.
    Et cela, uniquement par la faute du Système, là comme ailleurs toujours anti-national...
     
    Voilà qui explique le gros titre, barrant toute la "Une" :
    PAS DE GUERRE ! NON ! NON !
    car, n'étant pas prête, la France devait absolument gagner du temps, le temps de remettre ses armées à niveau face à une Allemagne redevenue bien plus forte que nous. "Munichois", donc, oui, mais uniquement dans le sens où, le simple bon sens dictant la conduite à tenir, des accords - même avec un monstre, un minotaure dont nous dénoncions les camps et la persécution d'Israël - nous permettaient de gagner ce temps précieux nécessaire pour supporter la guerre qui arrivait...
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    Bainville.jpg• Dans cette "Une", évidemment pas d'article de l'immense Jacques Bainville, décédé deux ans et presque huit mois auparavant, le 9 février 36. Il avait tout prévu ("la guerre pour dans vingt ans", disait-il en 18, se rendant compte que Clemenceau allait "tout lâcher" et être le "perd la Victoire", selon le mot de Maurras). Il aura assisté à la montée du nazisme, qu'il dénonça le premier, dès 1930 (voir ici, et ici aussi) mais n'aura pas vu le cataclysme final...
     
    DAUDET.jpg• L'article de Daudet, "Fausses nouvelles et fausses actions" occupe toute la première de colonne de gauche, sur les six de la "Une". Il renvoie aux clauses insensées du calamiteux Traité de Versailles et commence par ces mots : "Il n'y aurait rien de plus fou, de plus imbécile, de plus criminel, que d'engager une guerre européenne sur la question aux trois quarts acceptée, aux trois quarts résolue des Allemands sudètes réunis de force à cette formation hétérogène : la Tchécoslovaquie de MM Bénès et Philippe Berthelot..." Il s'achève par cet avertissement : "... Ce qu'il importe actuellement, c'est de poursuivre à fond la bande de la guerre, par la plume et par la parole. Je compte que tous les patriotes français vont s'y employer. Cette terrible alerte doit nous servir de leçon."
     
    maurras.jpg• "La Politique", de Maurras, s'étend sur la moitié inférieure des quatre colonnes centrales et presque toute la sixième et dernière colonne. Après avoir consacré son deuxième paragraphe au "temps que "nous" avons perdu", voici ce qu'il écrit dans le troisième ("Voeux, avis, appréhensions") : "...il faudrait jouer serré et, dans l'hypothèse favorable d'un règlement heureux de la crise,  si une trêve nous est ainsi accordée, ne rien oublier des principes vitaux qu'il faut ajouter aux principes de la paix :
    Réarmer,
    Refaire nos alliances,
    Réorganiser toute l'économie et toute la politique du pays..."
     
    Sinon, dans le reste du journal du jour, qui paraît sur six pages :
     
    • la revue de presse, signée "Intérim", est plus importante que d'habitude : elle couvre les deux colonnes de la page quatre et s'achève en page six, où elle couvre les deux tiers des deux premières colonnes de gauche...
    • et surtout, si Bainville est absent du journal (et pour cause !) sa Mémoire et ses leçons ne le sont pas : un excellent article de Jean d'Elbée, intitulé "En relisant Bainville", commence sur les deux tiers des deux premières colonnes de gauche de la page cinq : son sujet ? La leçon du "chef-d'oeuvre de Jacques Bainville : L'Histoire de deux Peuples, continuée jusqu'à Hitler", qui, dit Jean d'Elbée, "ne pouvait pas paraître d'avantage à son heure"... (dans notre Album Maîtres et Témoins (II) : Jacques Bainville..., voir la photo "Histoire de deux Peuples, continuée jusqu'à Hitler").
     
    (cliquez sur les trois images pour les agrandir...)
     

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    ...pour s'achever sur le haut des deux premières colonnes de gauche de la page six :

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    Pour lire les articles...

    En bas de page, une courte "barre de tâches" vous permet d'utiliser le zoom (tout à gauche de la barre) et de changer de page (flèche tout à droite); une fois appuyé sur "zoom", vous aurez, cette fois tout en haut de la page, une autre "barre de tâches" : en cliquant sur le "+", il ne vous restera plus, avec votre souris, qu'à vous promener sur la page, puis passer à la deuxième pour lire la suite...

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  • Cinéma • Rémi sans famille

     Par Guilhem de Tarlé 

    A l’affiche : Rémi sans famille, un film français d’Antoine Blossier, avec Daniel Auteuil (Signor Vitalis), Maleaume Paquin (Rémi), Virginie Ledoyen (Mme Harper), Ludivine Sagnier (Barberin), Jacques Perrin (Rémi âgé), adapté du roman d’Hector Malot, Sans famille.

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    Rémi sans famille, un film à voir… en famille.

    Je me rappelais avoir bien aimé le livre lu à mon enfance… mais j’avais complètement oublié l’intrigue et les personnages dont mon épouse égrenait les noms avant d’entrer dans la salle, à commencer par Capi (elle a toujours aimé les chiens) ; le seul qu’elle avait oublié, c’est Joli-Cœur (sans doute, parce que j’ai pris sa place !).

    J’ai donc non pas redécouvert cette histoire, mais plus simplement découvert car elle n’a éveillé en moi aucun souvenir…

    Capture d’écran 2018-06-18 à 16.19.12.pngA vrai dire, elle m’a plutôt déçu par rapport à l’idée que je m’en faisais, et l’émotion que j’en éprouvais. J’ai notamment trouvé Daniel Auteuil médiocre avec sa barbe postiche (ce n’est pas l’avis de mon épouse). 

    Le seul intérêt de cette fiction est dans l’actualité et le respect que l’on doit à Vitalis, ancien violoniste de réputation internationale, qui refuse de se faire reconnaître et se camoufle en saltimbanque tant il se sent coupable de l’incendie de sa maison où périrent sa femme et son fils. J’ai pensé à certain chanteur qui n’a pas eu de tels scrupules avec le noir désir de remonter sur scène après avoir violenté sa compagne jusqu’à la mort… 

    J’émets le vœu que ce film incite les enfants à lire Hector Malot.    

    PS : vous pouvez retrouver ce « commentaire » et plusieurs dizaines d’autres sur mon blog Je ciné mate.

  • Les Appendices IX et IXbis de Kiel et Tanger, par Charles Maurras. 2/2 : l'appendice IXbis, Les puissances de l'avenir.

              Il constitue le deuxième de notre série des Grands textes, cet inoxydable 24ème chapitre de Kiel et Tanger :

              http://lafautearousseau.hautetfort.com/archive/2008/07/24/le-24-chapitre-de-kiel-et-tanger.html

              Mais l'ouvrage est suivi de plusieurs appendices, dont les IX et IX bis sont les plus étonnants : la lucidité et les vues pénétrantes qui sont celles de Maurras dans ces deux annexes ne sont-elles pas, en effet, confondantes ? Si, sur tel ou tel point, ses vues ont été infirmées, il n'en demeure pas moins que sur le plus grand nombre, et les plus importants, ses prévisions et intuitions ont, au contraire, été confirmées par la suite.

            Ces deux appendices mériteraient, donc, en toute logique, de figurer à la suite du deuxième Grand Texte, mais leur longueur risquerait alors d'alourdir l'ensemble. Et, si on les propose séparément, faut-il les considérer, pris en eux-mêmes comme des Grands Textes ? Quoi qu'il en soit, il paraît utile, au moins, de les présenter à la lecture, en remerciant au passage le site Maurras.net qui les a numérisés, un aspect parmi tant d'autre de l'énorme travail qu'il a accompli, et qu'il continue d'accomplir.....       

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    II : Appendice IX bis : Les puissances de l'avenir

            Dans les premières années du XXe siècle, un écrivain qui fit le tour du monde pour le compte du Temps, M. Gaston Donnet, a ratifié purement et simplement les vues d'Amouretti et les nôtres : il admettait la coexistence future de quelques grands empires avec une poussière de principautés et de républiques, ainsi qu'on peut le voir par mon article du 1er mai 1904, à la Gazette de France, que je reproduis textuellement ci-dessous tel qu'il parut à une époque où pas une ligne de Kiel et Tanger n'avait été écrite.

            Je crois bien que M. Gaston Donnet est ce journaliste républicain qui reçut trente mille francs de M. Adrien Hébrard pour faire le tour du monde et en publier ses impressions dans Le Temps. Le journal de route de M. Donnet paraît arrêté pour le moment au Chili, et quelques-unes de ses remarques sur la constitution et la destinée de cette république nous avaient paru bien frappantes par leur extrême concordance avec les doctrines historiques et politiques qui ont servi de bases à l'Enquête sur la Monarchie. Il n'y avait pas de quoi s'étonner ; pourquoi les renseignements de l'histoire de l'ancien monde seraient-ils démentis par la géographie du nouveau ? M. Gaston Donnet regardait, observait avant d'écrire et de construire, et c'est de la méthode d'observation que nos maîtres se sont constamment inspirés.

            Mais voici qui est plus amusant. Publiant (où ? mais dans L'Aurore !) un sommaire des conclusions générales de son voyage, qui pourra servir d'épilogue à l'Itinéraire de Paris à Paris via Pékin et Santiago, M. Gaston Donnet en arrive à développer certaines vues d'avenir dont les plus différentes concordent avec toutes les inductions que nous avons faites cent fois, sans en choquer directement aucune. Étrange leçon des voyages ! Le rédacteur de M. Hébrard, qui devient collaborateur de M. Clemenceau, rapporte, en manière d'album, à son double public, public dreyfusien modéré, public dreyfusien radical, les idées de L'Action francaise. Que ne sommes-nous aussi riches que M. Hébrard ! Nous mettrions tous les ans deux ou trois bourses de voyage à la disposition des républicains distingués. Ces messieurs se formeraient le long de la route. Au retour, un léger coup de pouce leur donnerait figure d'excellents royalistes.

            M. Gaston Donnet a exposé en quatre articles ce que sera, ou pour mieux dire, ce que pourra être le monde dans cent ans. Les trois premiers sont consacrés à l'hypothèse qui se présente d'abord à l'esprit, car elle s'accorde avec le mouvement qui paraît le plus général. Comme dirait M. Anatole France c'est l'hypothèse qui « prolonge la courbe commencée ». Nous voyons se développer un impérialisme effréné. Donc l'impérialisme triomphera partout ! Nous voyons se former de grandes unités ethniques. Donc ces grandes unités se maintiendront ; il s'en formera d'autres, et de plus en plus grandes ! C'est ce qu'un disciple de Spencer peut appeler, dans un langage affreux, l'intégration européenne et universelle. « L'Angleterre, l'Allemagne, la France, les États-Unis, la Russie s'empareront du monde entier et l'exploiteront comme une ferme. » Tous les cerveaux de formation sémitique, dominés par l'idée de l'unité, ou encore tous ceux que hantent d'inopportunes réminiscences mathématiques, se placent naturellement à ce point de vue.

            Les vrais Européens, les vrais occidentaux y répugnent : ils savent ce que c'est que la prévision politique. Une chose est constante en histoire, c'est la merveilleuse inconstance des « tendances » les plus prononcées, des « séries » les mieux définies. L'historien, le critique savent qu'une formule est interdite à qui interroge l'avenir : la formule de plus en plus. Elle n'est jamais vraie. Les choses ne se développent jamais que jusqu'à un certain point. Et à ce point, c'est tantôt un retour brusque, tantôt une dégression lente, tantôt une déviation qui peut être également insensible ou très prononcée.

            Dès lors, la prévision n'est plus affaire de calcul. Il ne s'agit point de continuer une courbe, mais de se livrer au plus délicat travail d'appréciation et de conjecture. On interroge non seulement le nombre et la masse des phénomènes, mais leur force (si variable !) et leur qualité (si mystérieuse) en vue de former, non une réponse unique en forme d'oracle, mais un faisceau de réponses conditionnelles destinées à suggérer un ensemble de précautions. De telles réponses, à multiples détentes, renseignent médiocrement sur ce qui sera. Elles proposent ce qui pourra être. Elles excluent ce qui, à la réflexion d'un esprit pratique et sensé, ne paraît ni viable, ni seulement possible.

            M. Gaston Donnet exclut de la sorte l'hypothèse des grandes intégrations futures et des unités maîtresses du monde. « Il est impossible d'y croire », dit-il rondement, et il dit pourquoi. Un vaste mouvement désintégrateur s'accomplit partout. M. Gaston Donnet l'appelle individualiste. C'est un terme mal employé. Nous dirions, nous, « nationalistes ». Mais le nationalisme de l'avenir ne sera pas très étendu. Les relations entre peuples pourront s'accroître, par le mouvement naturel de la science, des industries, du commerce : il ne se formera pas un sentiment international comme il s'est formé des sentiments nationaux, et ceux qui le croient sont les dupes de la figure géométrique donnée à la succession des faits historiques.

            De ce que l'homme est allé de la famille à la cité et de la cité à l'État, il ne s'ensuit en aucune manière qu'il ira de l'État à la fédération d'États et à l'unification de la race humaine. Nous ne cessons de dire et d'écrire depuis cinq ans que l'unité du genre humain, loin d'être en progrès, est en décadence. Le genre humain est moins uni que sous Titus, où toutes les races civilisées se groupaient sous les mêmes faisceaux. Le genre humain est moins unifié que du temps de saint Louis, où toutes les couronnes chrétiennes étaient fédérées sous la tiare. La Réforme du seizième siècle et en conséquence la guerre de Trente ans ont constitué les nationalités comme autant de schismes.

            Encore subsistait-il une Europe. Depuis la Révolution et l'Empire, il n'est plus d'Europe et le mouvement des nationalités qui a unifié l'Allemagne et l'Italie, a décidé ou préparé bien des scissions. Sans compter que la Belgique s'est séparée de la Hollande, que la Serbie, la Grèce, la Roumanie, la Bulgarie et le Monténégro ont quitté l'Empire ottoman, il est facile d'observer sur tous les points de l'Europe les différences qui se creusent entre nationalités, entre races: Catalogne et Espagne, Irlande et Angleterre, Suède et Norvège , Finlande et Russie, et, tandis que la petite Belgique est elle-même travaillée par les tiraillements entre Wallons et Flamands, la grande Autriche souffre de querelles autrement graves entre les trois ou quatre éléments qui la constituent, germaniques, slaves, magyars et latins. La forte Allemagne commence elle-même à s'apercevoir, malgré l'orgueil de ses grands rêves presque accomplis, qu'un Poméranien diffère d'un Bavarois, et un catholique rhénan d'un saxon protestant. Cet État merveilleusement décentralisé éprouve d'obscures poussées de séparatisme. Que dire de l'immense et disparate Russie !

            M. Donnet fait une induction trop rapide et, à mon goût pleine de périls, lorsqu'il déclare que « la critique sociale » a tellement diminué « l'idée de pouvoir » que les pays de pure formation dynastique sont appelés à disparaître. Le pouvoir n'est pas une idée, c'est un fait, et l'on croit à ce fait quand il se fait sentir, et toute la critique sociale du monde ne peut rien contre la force d'un conquérant. Dire qu'il n'y aura plus de conquête ni de conquérant, c'est ne rien dire et tomber dans la même erreur que ceux qui vaticinent le développement régulier et simultané de la politique de conquête dans cinq ou six grandes puissances à la fois. Des impérialismes menaçants se ralentiront tout d'un coup (par exemple, peut-être celui de la Russie). D'autres, inattendus, se feront jour soudainement et croîtront avec une vitesse inopinée.

            C'est le train normal de l'histoire. La Prusse n'était rien, au milieu du règne de Louis XIV, et ce qu'elle paraissait être en 1865, après le grand Frédéric et après Blücher, pouvait bien inquiéter l'Autriche et la France non leur donner l'idée précise des progrès foudroyants accomplis pendant les cinq années qui suivirent. Des nouveautés nombreuses sont promises à nos neveux. Je doute que l'avenir change rien au rythme insaisissable de ce jeu d'intérêts et de passions utilisés par les intelligences et par les volontés.

            La guerre subsistant, il y aura toujours des chefs de guerre.

            La famille subsistant (M. Donnet, on le verra, cède ce dernier point) les chefs de guerre fixeront le pouvoir dans leur descendance. Les nations où l'ordre de la succession du pouvoir sera le mieux réglé auront des chances supérieures de se constituer et de se maintenir. L'expérience historique en est la garantie. Si les lois dynamiques des sociétés sont obscures, leurs lois statiques sont tout au contraire très faciles à vérifier, et M. Donnet les vérifie à son insu, quand il écrit des nations latines « dont l'unité est achevée, cicatrisée, depuis des siècles », c'est-à-dire sans doute de la France et de l'Espagne, qu'elles seront les seules à ne pas se dissoudre, à ne pas se désintégrer dans un avenir très prochain.

            Sauf dans les deux nations chez lesquelles une longue habitude de l'unité crée une seconde nature, M. Donnet assure que « le monde civilisé de demain se divisera sans doute en autant d'États que de groupes ethniques ». Il faut tempérer cette assurance par l'oracle qui veut que tous les groupes existants soient demain ou après-demain fondus en deux ou trois groupes tout-puissants, sinon en un seul. Tout grand État n'est certes pas appelé à disparaître. Mais les petits semblent devoir recommencer à pulluler. Raison : le mouvement nationaliste, utilisera, les passions démocratiques et les passions démocratiques le mouvement nationaliste, ce qui n'empêchera, en aucune manière, telles nationalités de profiter de la décomposition du voisin pour se manifester sous la forme unitaire et impérialiste…

            Et maintenant, lecteurs de L'Aurore, membres du peuple souverain, écoutez la leçon de M. Gaston Donnet. Instruisez-vous, bons citoyens qui allez voter pour l'Internationale et contre la patrie :

    La « patrie », loin de disparaître, s'accroîtra, à ce point, que le monde ne se composera que de petites patries. Et ce sera le triomphe de la famille qui reste, malgré tout, dans la vulgarité de sa morale, le pivot de l'humanité. On s'aime soi ; on aime sa famille qui est le prolongement de soi. Mais rien plus. Et rien ne nous fera aimer par nous, Français, un Afghan ou un Siamois, c'est-à-dire un être en dehors de notre conception sociologique et linguistique. Et ceux qui espèrent qu'un temps viendra où la vie sociale sera supérieure à la vie individuelle, ceux-là nous voient avec des lunettes roses.

            Il convient de bien lire ceci, de lire en comprenant. Les organes de large unification, les créateurs de grandes nationalités, ce ne sont pas les individus, le troupeau immense des petites volontés autonomes. Celles-ci bornent leur champ à l'intérêt particulier de chacune d'elles et à celui, tout limitrophe, de la famille qui est le « prolongement de soi ». C'est tout ce que l'on peut demander à l'individu librement consulté. En histoire, tout le surcroît vient d'une race d'êtres bien différente, il vient des individus, des personnes, de la petite poignée des chefs : fondateurs, directeurs, organisateurs.

            Ils ont créé une vie sociale qui est supérieure à la vie individuelle. Ôtez-la, supprimez les cadres fixés par eux, détruisez leurs organisations, essayez de tout fonder sur l'individu, donnez tout au nombre, enlevez tout à la qualité et vous verrez naître des formations nouvelles qui vaudront juste ce que vaut la moyenne individuelle. L'Italie vaut mieux que les individus composant aujourd'hui le peuple italien, de même la France vaut mieux que nos Français ; mais c'est que ni notre France, ni l'Italie n'ont eu pour principe générateur le suffrage universel et le régime égalitaire. L'une et l'autre reposent sur des générations de maîtres, de héros et d'artistes, de demi-dieux et de saints. (On me pardonnera de rappeler à un Français ces antiques idées françaises qu'un Nietzsche a tenté vainement de gâter. Mais les impressions si justes de M. Donnet mériteraient d'être inscrites dans un vocabulaire précis.)

            Il continue, avec une lucidité féroce, son chapitre de l'individu désencadré, désorganisé et par là démoralisé :

    Les vertus que commandent les religions et les philosophies, le sens de l'idéal altruiste, existent peu. Nous sommes tous difficilement sociables, égoïstes, répugnant au partage, à la propriété commune et, sans doute, créés pour vivre en petites subdivisions basées sur l'unité des coutumes et non en fraternité élargie. Comme le dit nettement un sociologue contemporain, l'amour n'a rien fondé, rien vraiment.

            L'amour a pourtant fondé les États, dit Aristote. Mais il se combinait, dans une proportion subtile, avec la haine. L'amour du Germain pour sa Germanie, exclusif et haineux de tout ce qui n'était pas germain, l'amour de l'Italien pour son Italie, parfaitement traduit par le cri de haine historique, Fuori barbari, fuori Tedeschi, ne peuvent être appelés des passions stériles. C'est peut-être affaire d'application, de direction. L'amour des hommes quand il s'adresse à nos voisins les plus proches, peut créer ou sceller l'unité des grands États, mais aussi déterminer la guerre étrangère ; quand, passant par-dessus les têtes fraternelles, l'amour ne s'adresse qu'aux nations les plus éloignées, il détermine la guerre entre citoyens, à la suite de quoi les plus vastes États peuvent connaître morcellement et dissolution.

            C'est au fond ce que semble dire M. Gaston Donnet :

    La collectivité universelle exige des hommes plus que des hommes, des moitiés d'anges, justes et bons, des chefs-d'œuvre de cœur. Alors qu'au contraire, le principe des nationalités s'accommode des hommes tels qu'ils sont avec leurs facultés de renoncement, de charité, très courtes. La médaille humaine vue de la sorte est moins belle ; mais plus vraie. Et ce n'est pas ma faute si elle n'est pas plus belle et si les collectivistes prêchent à des sourds.

            Il est piquant de lire un tel morceau de réalisme politique en tête de L'Aurore. Vous n'êtes pas au bout de vos étonnements. M. Donnet précise son tableau de la désintégration universelle. Le monde dans cinquante ou cent ans pourra se présenter comme « une suite de petits propriétaires aux murs mitoyens, ces murs mitoyens que nous appellerons des frontières ». Il ne craint pas de mettre les points sur les i et d'appeler par leurs noms les pays destinés à se désagréger :

    Une Autriche qui ne sera plus une Autriche ; une Allemagne qui ne sera plus une Allemagne, mais un ragoût de petits États : État slovaque, État tchèque, État hongrois, État bavarois, État prussien, etc., etc.

    Une Russie travaillée par une action libérale et qui se cassera, elle aussi, en plusieurs États échappant à l'omnipotence d'un tsar universel.

    Une Angleterre qui perdra

  • Patrimoine cinématographique • La révolution française

    Le procès du Roi 

    Par Pierre Builly

    La révolution française de Robert Enrico et de Richard T. Heffron (1989)

    20525593_1529036520490493_4184281983923317414_n.jpgLes buveurs de sang 

    C’est la Mission de commémoration officielle de 1789 qui, deux siècles après La révolution française a commandé à deux réalisateurs, le français Robert Enrico (Les aventuriers, Le vieux fusil) et plus bizarrement à un Étasunien, Richard T. Heffron une longue fresque en deux époques, Les années lumière et Les années terribles. 

    71MtHt8N3SL._SY445_.jpgCraignant que le film soit un panégyrique bêlant, je ne l’avais pas vu à l’époque. Je l’ai enregistré un jour par hasard sur une chaîne de télévision et, le regardant, j’ai été tout de suite heureusement surpris. Mais – malédiction ! - mon enregistrement s’arrêtait malencontreusement au milieu des Années terribles avec le départ de la Reine vers l’échafaud le 16 octobre 1793. Autant dire que je n’avais pu voir, après cette immolation, ce qui m’aurait fait plaisir : le découpage sur ce même échafaud de toutes les canailles dont trop de nos places et nos rues portent le nom. Car il y a, en France des rues Danton, Robespierre et même Marat (oui, des rues Marat : à Ivry sur Seine et à Decines, dans la banlieue lyonnaise ; pourquoi pas des rues Alfred Goebbels ou Heinrich Himmler du côté de Stuttgart et de Munich ?)… 

    Heureusement, le DVD existe qui permet de rattraper les balourdises et de découvrir un film de six heures qui, sans être une œuvre de propagande me paraît montrer assez bien la logique implacable du déroulement des événements, de l'entraînement vers la Terreur des apprentis sorciers. Sans doute le film, qui aurait dû alors s’enfler dans des dimensions trop importantes, ne peut naturellement pas évoquer les vingt dernières années de l'Ancien régime, marquées par l'effort désespéré de briser les rigidités et les blocages du pays (réformes Maupéou de 1771) et la coalition contre nature de la bourgeoisie, classe montante et de la noblesse, classe figée. (On voit bien avec le regard d’aujourd’hui que réformer la France a toujours été aussi compliqué). C'est dommage, d'une certaine façon, parce que la Révolution paraît surgir ex nihilo d'un mécontentement presque conjoncturel (les très mauvaises récoltes des années 87/88/89), alors qu'elle émerge des fariboles idéologiques des Encyclopédistes et de l'avidité des marchands. 

    Dès la mise à sac des Tuileries, en août 1792 et le carnage de la garde suisse, on voit bien qu'il y a de la part des Révolutionnaires une course effrénée vers l'effusion de la plus grande quantité de sang : Faites tomber 100.000 têtes, et la Révolution sera sauvée comme dit plaisamment Marat (Vittorio Mezzogiorno). 

    desmoulins_robespierre.jpgLe deuxième segment du film montre de façon très convaincante l'engloutissement, la course à l'abîme de tous ces fous furieux qui ont déchaîné les enfers et qui seront tous, ou presque, avalés par leur folie. Si la terreur cesse, tout ce que nous avons construit s'écroulera ! assène Robespierre (Andrzej Seweryn) à Camille Desmoulins (François Cluzet) (photo) qui commence - bien tard ! - à s'inquiéter des flots de sang versés. Et Desmoulins, brusquement conscient, éveillé du cauchemar Peut-être n'avons-nous rien construit : c'est juste un rêve... 

    Un rêve d'épouvante : horreur des Massacres de septembre, des prisonniers égorgés, éventrés, poignardés, saignés dans les cellules qui en portent encore aujourd'hui la marque comme à la prison des Carmes, rue de Vaugirard à Paris ; horreur des exécutions publiques place de la Concorde, de l'échafaud en perpétuel fonctionnement devant la foule avide, béate d'admiration devant le spectacle (ne noircissons pas trop le tableau : je gage qu'elle le serait à nouveau, ravie et complaisante, si ces holocaustes étaient à nouveau pratiqués).

    revolution-francaise-1989-15-g.jpgHorreur du sang, horreur de la haine : le chef des Enragés, Hébert (Georges Corraface) tentant d'accuser la reine Marie-Antoinette (Jane Seymour) d'avoir perverti et pollué le Dauphin Louis-Charles (Sean Flynn)... Abomination de ces gens... Au fait je lis sur Wikipédia que Dans les années 1980, la municipalité (alors socialiste) d'Alençon (...) a discrètement nommé en l'honneur de Hébert une cour piétonnière donnant accès à un groupe de maisons anciennes rénovées au centre du vieil Alençon, entre la Grande-Rue, la rue des Granges et la rue de Sarthe. Cette cour Jacques-René Hébert n'est signalée sur aucun plan de la ville. Il y a des canailles qui n'ont pas le courage de leurs immondes fiertés. 

    Des apprentis sorciers, donc. Des envieux et des aveugles qui ouvrent la boîte de Pandore et, pour le bonheur d'un peuple mythique (ce brave populo qui marche à tout et qui se fera consciencieusement massacrer pendant les guerres sanglantes de l'Empire) inventent, à la fin du siècle le plus civilisé de notre histoire, la loi des suspects et le premier génocide systématique, celui des Vendéens. 

    original-12598-1434028659-6.jpgLa révolution française fait malheureusement un peu l'impasse sur ce dernier point et ne l'évoque qu'allusivement, ce qui est bien dommage. Mais comment ne pas se féliciter de voir enfin évoqués les massacres de Septembre (92) leur sauvagerie, les bandes de canailles et de poissardes assassinant des prisonniers et demandant toujours plus de sang, le procès du Roi, ses dernières paroles d'apaisement couvertes par le roulement des tambours ordonné par l'infernal Santerre (Marc de Jonge), encore une de ces canailles dont une rue de Paris porte le nom ; et la merveilleuse, lumineuse idée d'avoir confié à Christopher Lee (photo) le rôle de Sanson ! Qui d'autre pouvait mieux incarner le bourreau que le plus grand des buveurs de sang du cinéma, immortel Dracula ? 

    Au fait, comment ne pas s'interroger sur l'esprit de cette Révolution française, financée dans les cadres du bicentenaire de 1789 ? Manifestement, compte tenu de l'éclat et de la qualité de la distribution, les moyens n'ont pas manqué à Robert Enrico et Richard T. Heffron (au fait, pourquoi cet inconnu ?). Et personne, au sommet de l'État, n'a lu le scénario, si manifestement contre-révolutionnaire ? 

    À moins que le président François Mitterrand, dont la jeunesse fut proche de L'Action française et qui avait pour la monarchie l'inclination de tous ceux qui connaissent un peu notre Histoire, n'ait voulu, en pied-de-nez qui lui ressemblerait assez, montrer le peu de goût qu'il avait pour l'affreuse période de la Terreur…   

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    Le coffret DVD est d'un prix abordable, autour de 20 € et il vaut la peine de le posséder, de le diffuser, de le recommander, de le prêter pour que chacun puisse voir les affreuses origines de notre bel aujourd'hui, les crimes sur quoi il s'est constitué et les impostures sanglantes qui le fondent.......

    Retrouvez l'ensemble des chroniques hebdomadaires de Pierre Builly sur notre patrimoine cinématographique, publiées en principe le dimanche, dans notre catégorie Culture et Civilisation.
  • Notre feuilleton : Une visite chez Charles Maurras (49)

     

    (retrouvez l'intégralité des textes et documents de cette visite, sous sa forme de feuilleton ou bien sous sa forme d'Album)

     

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    Aujourd'hui : Les trente beautés de Martigues ( en français)

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    (Ce texte est paru en septembre 1888 dans la Revue félibréenne, puis dans l'Armana Prouvençau pour l'année 1890; il a enfin été repris en 1915 dans L'Étang de Berre et ses différentes rééditions, dont celle des Œuvres capitales)



    Aux félibres de Paris.

    Savez-vous ce que me rappellent vos causeries, savez-vous ce qu'elles me disent et me retracent ? Puisque nous sommes ici pour parler de nos pays d'origine, je puis bien vous le dire : c'est Martigues que je vois dans ces moments-là, quelques disques de terre entourés par la mer, trois petites îles qui font la chaîne au couchant de l'étang de Berre, avec un ruban de maisons qui flotte sur les deux rives ; on dirait qu'elles sont là pour amarrer au continent les trois perles que l'eau emporterait, ou qu'elle engloutirait.

    J'aime mon village mieux que ton village, nous chante Félix Gras. Je le crois bien, que je l'aime ! Et tous mes compatriotes sont comme moi. Nos hommes de mer en savent quelque chose. Autrefois, qu'un vaisseau sortît de Marseille et qu'un des nôtres y commandât, avec le meilleur vent, la mer juste assez émue pour le charrier tout doucement à Cette (1), à Barcelone ou à Majorque, croyez-vous que notre capitaine pût s'éloigner ainsi ? Ah ! mais non ! Là-bas, miroitaient les trois clochers de la patrie ; vite un coup de barre sur Bouc (2), vite, le canot à la mer pour le mener jusqu'à Martigues, et embrasser une dernière fois les places vives de son cœur !

    De là viennent, peut-être, les sornettes que l'on a racontées sur nous. Les Marseillais chansonnèrent nos capitaines, qui n'en furent que plus fiers. Sur cet article-là, vous serez avec nous, Félibres, puisque le Félibrige consiste à maintenir l'amour du pays.

    Et si je vous disais notre histoire, si ancienne, qu'elle a commencé près de deux mille ans avant que naquît notre vieux croisé Gérard Tenque (3), le fondateur des Moines hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem. Si je vous déployais notre bannière qui, du temps du roi de France Henri III, en quinze cent quatre-vingt-trois, arborait les trois couleurs de nos quartiers, qui sont le bleu, le blanc et l'écarlate, alors que le drapeau français n'avait pas encore usé ses grands plis liliaux, où seraient-ils, les insensés pour me soutenir que Martigues n'est pas dans le train du progrès !

    Ah ! toutes ses beautés, si j'en faisais le dénombrement et le compte, vous seriez ici jusqu'à demain. Pour vous faire plaisir, mettons que Martigues soit seulement doté de trente beautés. Le plus joli morceau de la création, qui est la femme, n'en a pas davantage.

    Je prouve tout ce que je dis.

    La première beauté de mon Martigues, c'est l'Étang de Berre, qui, le matin, blanchit et qui le soir s'azure, quand je regarde de ma maison ; l'Étang qui, de ses mille langues vertes, lèche amoureusement le sable des calanques et ronge les rochers où l'on pêche le rouget.

    La seconde, c'est l'étang de Caronte, qui le rejoint à la grand'mer. Les tartanes et les autres barques y font gonfler leurs larges voiles aux angelots joufflus.

    La troisième, ce sont nos collines nues, qui se gonflent comme mamelles et qu'embaume l'arôme chaud des thyms, des fenouils, des romarins et des sarriettes.

    La quatrième, ses champs de pierres plantés d'oliviers, où vient l'odeur du sel, dans la brise.

    La cinquième, cette petite chapelle de la Bonne Mère, si haut perchée, sur laquelle un boulet anglais est venu s'aplatir, qui sait quand ?, et que les ex-voto des pauvres gens étoilent comme des fleurs d'amour.

    La sixième, nous avons le mistral pour balayeur municipal.

    La septième, nous avons pour fosse d'égout la grande mer.

    La huitième, le Saint-Christ, qui est à l'entrée d'un canal et dont, le soir, une lanterne rouge ensanglante les jambes rompues.

    La neuvième, les grandes arrivées de caïques, en hiver, à coups de rame, pleins de grands diables aux cabans qui ruissellent de pluie et d'eau de mer.

    La dixième, les vastes corbeilles où remue le poisson comme du vif-argent ; qui peut dire combien il y a de bouillabaisses, là dedans !

    La onzième, les monceaux de sel, aux salines, qui attendent le chaland, et les douaniers, qui font un peu moins que d'attendre, les fainéants !

    La douzième, le coup d'aile des goélands qui raye le ciel.

    La treizième, la cabriole des mulets hors de l'eau, dès qu'ils sentent le grain.

    La quatorzième beauté, c'est le galbe parisien des vagons (4), de notre chemin de fer (5), ce qui fait voir une fois de plus que personne ne nous a jamais fait notre part.

    La quinzième, c'est, pour Noël, l'anguille qui se mange entre deux chandelles.

    La seizième, les pénitents qui, sous le grand soleil, vont à la Sainte-Terre (il y a deux lieues de mauvais chemin), les blancs devant, les bleus derrière, pour chanter messe à Sainte-Croix.

    La dix-septième, c'est, le jour de Pâques, la tartane de la Vierge, celle qui a le plus pêché de tout l'an, qui se fleurit comme une mariée.

    La dix-huitième, nos pêches de nuit, quand l'étang, couvert de flambeaux, est un ciel qui répond aux splendeurs de là-haut, limpide, doux et clair.

    La dix-neuvième, nos joutes colorées, le port comblé de bâtiments, de pavillons, et les beaux jeunes gens, au chant des tambourins et des flûtes, qui partent demi-nus, debout à l'arrière, et donnent et reçoivent des coups de lance comme des héros de Toloza (6).

    La vingtième beauté de Martigues, c'est bien sûr notre poutargue. Pour manger sa pareille, il faut aller jusque là-haut, chez les Russes pâles (7).

    La vingt et unième, nos prud'hommes si honorés, qu'on a fait ce proverbe : «  Que toute barbe d'homme s'incline, le prudhomme va parler.  » C'est le reste dernier de ces consuls puissants qui, par toutes les pêcheries du Midi, furent renommés, à preuve Calendal à Estérelle, vantant son aïeul :
    — Qui a été consul de Martigues.

    La vingt-deuxième beauté de Martigues, c'est la marmaille qui nage entre les quais, dans le costume d'Adam, montrant de petits culs bronzés au commissaire qui jure et qui sacre.

    La vingt-troisième, les quatre ponts jetés d'île en île, d'où les badauds regardent la tour de Bouc en aspirant leurs calumets.

    La vingt-quatrième, c'est le sang cramoisi de ces pêcheurs et de leurs brunes filles.

    La vingt-cinquième, c'est la fontaine de Ferrière, où les filles vont, le soir, puiser l'eau fraîche avec des brocs et bavardent tant qu'elles peuvent, et se font chatouiller par leurs amoureux.

    La vingt-sixième, c'est la grand'rue qui passe sur les ponts chargés d'hommes et qui charrie, au soir, comme un ruisseau d'amour, les centaines de couples enivrés.

    La vingt-septième, c'est cette folle de lune, qui jette dans nos lagunes tant de bijoux diamantins et fait courir sur l'eau ses blancs frémissements.

    La vingt-huitième, c'est la douzaine de moulins qui attendent Alphonse Daudet et où les lapins se rassemblent dans la solitude.

    Élégante et monstrueuse, la vingt-neuvième beauté, c'est la haute fleur qui éclate et s'ouvre au milieu des poignards (8), une fois, dit-on, tous les cent ans ; il ne lui faut pas cinq semaines pour élever son candélabre au ciel émerveillé.

    La trentième… Sainte bonne Mère, nous y sommes ! Et je ne vous ai rien dit de ses trois églises, non plus que de ses trois curés et de ses trois congrégations de filles !

    Il faut savoir qu'à Martigues nous allons volontiers par trois ; mais que nul ne s'en raille, parce que le nombre trois est sacré dans toutes les religions et les philosophies. Je n'ai rien dit, pauvre de moi, ni de nos salles vertes, ni des feux que l'on fait pour sainte Madeleine ! Mais si j'ai voulu abréger ce mauvais portrait des beautés de mon pays, messieurs les Félibres, c'est pour vous dire :

    — Allez le voir, car vous ne pourrez pas finir le compte que j'ai commencé.

    Notes :

    1. La graphie actuelle « Sète » ne sera adoptée qu'en 1927.

    2. Le port de Bouc, embouchure de l'étang de Caronte canalisé, qui sert de station sur la Méditerranée aux bâtiments de Martigues, situé à cinq kilomètres, sur la mer intérieure de Berre.

    3. « L'an du Saint-Christ 1040 », dit l'inscription provençale de l'hôtel de ville, en l'honneur de Gérard Tenque.

    4. Graphie en usage à l'époque. (n.d.é.)

    5. Ils avaient alors deux étages, comme dans les trains de la banlieue parisienne.

    6. Poème épique de Félix Gras, composé en 1882.

    7. Ils fabriquent leur caviar de manière très différente, mais comme nous avec des œufs de poisson.

    8. Nos paysans donnent ce nom aux belles plantes hérissées de piquants et recourbées en forme de glaives barbares que l'on appelle vulgairement aloès. En réalité c'est l'agave d'Amérique, qui depuis le XVIe siècle s'est répandue sur tous les rivages de la Méditerranée ; on la retrouve également sur les pentes du vieux Monaco et sur la montée de l'Acropole d'Athènes.

     

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  • Grandes ”Une” de L'Action française : Janvier/Février 1910, dans Paris inondé, les Camelots du Roi au secours des sinist

     

    (retrouvez notre sélection de "Une" dans notre Catégorie "Grandes "Une" de L'Action française")

     

    Voici la "Une"  Vendredi 28 Janvier 1910 :

    https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k756795f

    Maintenant, c'est quasiment toute la "Une" qui est consacrée au "fléau" (comme quasiment cinq des six colonnes de la deux) :

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    et l'on voit (on a commencé à présenter leur action hier) :

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    Le Pape, Le Tsar, le Roi des Belges... envoient des dons pour les sinistrés...

    La nouveauté vient du double fait que, parallèlement à l'entrée en scène des Camelots du Roi, l'opinion commence à être exaspérée par l'inaction et/ou les insuffisances et incompétences des "autorités" (?) face à l'ampleur du drame...

    • Comme la veille, Maurrras et Daudet se partagent les deux premières colonnes de cette "Une", mais Maurras (très court) parle de l'Alsace-Moselle, de Barrès et de l'Allemagne, à propos d'une comédienne (Madame Bartet) qui a refusé "les présents de l'Empereur et ceux de l'ambassadeur. Elle n'est pas allée à Berlin..."

    • Par contre, Daudet charge à fond le "régime criminel" et pointe "les responsabilités dans le drame qui se déroule, avec son article virulent :

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    • Dans les deux colonnes centrales, comme d'habitude, on a la rubrique "Dernière heure" :

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    • Juste en-dessous de cette rubrique, une partie de la rubrique "Èchos" (signée "Rivarol"), est consacrée au "fléau", à "l'effroi sur les visages" et revient sur cette colère qui "apparaît dans le public"; elle s'achève par un inattendu, mais juste, éloge du vin !...:

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    • Le don du Pape Pie X est signalé une seconde fois, en haut de la sixième colonne... :

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    ... ainsi que la visite rendue aux sinistrés par Monseigneur Amette, Archevêque de Paris, relatée juste après :

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    • Une bonne moitié (inférieure) de la colonne cinq est consacrée à l'action des Camelots du Roi :

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    Les premières rondes en barque des Camelots "sauveteurs volontaires" ont donc commencé par Alfortville, après leur passage par Charenton,, où ils furent bien accueillis...

    Pour le reste, et les autres, et ensuite :

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    • Enfin, pour terminer cette "Une" quasiment toute entière consacrée au "fléau", c'est dans la moitié inférieure de la dernière colonne (de droite) que commencent les informations générales, qui se poursuivront sur quasiment cinq des six colonnes de la page deux) :

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    Passons maintenant à la page deux, où les nouvelles s'étalent, donc, quasiment sur les cinq premières colonnes (sur six !)...

     - D'abord, les deux premières colonnes, dans leur intégralité... :

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    - ... puis les colonnes trois et quatre, également dans leur intégralité... :

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    - ... et enfin la plus grande partie de la colonne cinq :

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    • Juste à côté de ces informations, dans la chronique "Ligue d'Action française", on lit ce compte-rendu, émouvant lorsque l'on connaît la suite :

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    Robert de Terline était probablement le père de Jehan Macquart de Terline, à qui nous rendons l'hommage qu'il mérite dans notre "Grande Une" suivante :

    Grandes "Une" de L'Action française : 27 Juillet 1916, Jehan Macquart de Terline, premier kamikaze de l'histoire, membre de la section d'Action française de Saint-Omer, meurt au cours d'un combat aérien en rentrant en collision avec son adversaire...

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    Pour lire les articles...

    En bas de page, une courte "barre de tâches" vous permet d'utiliser le zoom (tout à gauche de la barre) et de changer de page (flèche tout à droite); une fois appuyé sur "zoom", vous aurez, cette fois tout en haut de la page, une autre "barre de tâches" : en cliquant sur le "+", il ne vous restera plus, avec votre souris, qu'à vous promener sur la page, puis passer à la deuxième pour lire la suite...

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  • Action Française : action, camaraderie, formation, militantisme

    Durant cette semaine d'hommage au Roi LouisXVI, les militants d'AF n'ont pas chômé pour diffuser le message royaliste aux Français.

    Au programme : collages d'affiches, commémorations, tractages et cercles de formation !

    Étudiant patriote, rejoins l'Action Française !

  • Histoire & Mémoire • C'étaient les Camelots du Roi, à Marseille sur la Canebière dans les années 1930 [2]

     L'Action Française sur La Canebière, Marseille, 193.

    blue-wallpaper-continuing-background-wallpapers-bigest-images - Copie.jpgL'un des participants à la conférence-débat avec André Bercoff du 21 janvier dernier à Marseille, lui-même Camelot du Roi*, nous a remis la photographie en en-tête. Il s'agit d'un défilé d'Action Française d'avant-guerre (seconde moitié des années 1930). C'est un document d'archive. Il est bon que nous gardions nos traditions, que nous nous souvenions de quelle histoire nous sommes les héritiers et les continuateurs ; et que les jeunes qui nous rejoignent le sachent eux aussi !  

    IMG - Copie (2).jpgLes Camelots du Roi défilent en tête sur la célébrissime Canebière non encore envahie et défigurée par l'Afrique. Les premiers sont venus avec leur bicyclette. Si l'on y regarde de plus près, on remarque que tous portent à la boutonnière de leur veston l'insigne des Camelots du Roi. Celui-là même que, pour certains d'entre nous, nous portons aussi aujourd'hui encore et que nous remettons au fil du temps à des jeunes qui ont fait la preuve de leur engagement à l'Action Française, de leur disponibilité, et de cette libre discipline que nous acceptons tous comme condition d'efficacité.

    Le Camelot en tête du cortège est Georges Boulon, lui-même fils de Marcel Boulon, lui aussi Camelot du Roi - des toutes premières générations. Ainsi va la fidélité à l'Action Française. Quelques-uns d'entre nous ont connu les deux hommes. Marcel Boulon, déjà âgé et son fils Georges, notre aîné. Mais, par surcroît, leur petit-fils et fils, Yves Boulon, Camelot de troisième génération, était présent à la soirée Bercoff où cette photo nous a été remise. Il y a reconnu son père ... La fidélité et la transmission sont elles aussi des valeurs fondatrices qu'il faudra bien réapprendre ! 

    Autres photos déjà publiées sur Lafautearousseau ... Regroupées ici

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    Les plus anciens reconnaîtront au premier plan à droite de la photo ci-dessus, Jean Lavoëgie, qui fut l'avant-dernier chef des Camelots du Roi de Provence. Il a été après guerre (1960-1990), Secrétaire Général de l'Union Royaliste Provençale, la fédération régionale de l'Action Française. Pierre Chauvet, qui fut, avant-guerre, le dernier Chef des Camelots du Roi de Provence, fut, après-guerre, président de la même Union Royaliste Provençale. 

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    À remarquer que les Camelots du Roi des années trente, défilaient en ordre, correctement habillés, souvent chapeautés, y compris les plus jeunes, quoique toutes les classes sociales y fussent mêlées. Nous ajouterons qu'ils défilaient en silence, sans cris ni folklore ni agressivité quelconque. C'étaient des gens sérieux, portés par l'amour de la France.  LFAR  

    *Merci à Didier Arnoux 

    Voir aussi dans Lafautearousseau ...

    Histoire • Action Française : Les royalistes sur la Canebière
    Histoire • Action Française : Les affrontements des années 30 à Marseille
  • Sur le site officiel de l'Action française, Municipales : le pays réel doit se faire entendre !, l’éditorial de François

    Rarement élections municipales auront été aussi imprévisibles et, craignons-le, aussi illisibles, ce qui fera évidemment la joie de la République en marche, que de mauvais esprits rebaptisent déjà La Raclée en marche. Ce n’est pas faute, pourtant, pour Castaner, le ministre de Macron chargé des basses œuvres politiciennes, d’avoir tout fait pour rendre la lecture des résultats aussi difficile que possible, afin d’atténuer la défaite du parti présidentiel, dans des élections que le pays réel affectionnent particulièrement, tout simplement parce que ce sont, du moins dans l’immense majorité des communes françaises, les moins politiciennes.

    françois marcilhac.jpgCastaner avait ainsi tenté de faire passer une circulaire n’autorisant l’attribution de nuances politiques qu’aux listes des seules communes de plus de 9 000 habitants. Cela excluait d’emblée de la présentation des résultats près de la moitié des électeurs, de plus, dans les communes où le vote, voire la simple présence LRM sont le moins probables. Et ce pour deux raisons : création de l’oligarchie internationale, le parti de Macron n’a aucune ancrage territorial, surtout (seconde raison) dans cette France dite périphérique, ou profonde, que la politique macronienne a délibérément agressée, d’où la révolte des Gilets jaunes. Devant une bronca généralisée, et surtout la censure du juge des référés du Conseil d’État, le ministre avait dû revoir sa copie et abaissé ce seuil à 3 500 habitants.

    Un autre facteur contribuera à rendre difficile la lecture de ces municipales : le parasitage tous azimuts auquel, tel un bernard-l’hermite, s’est livré — encore lui  ! — le parti présidentiel. Certes, de nombreux maires, notamment issus des Républicains, qui n’ont plus rien à perdre faute d’avoir encore quelque chose à conserver, s’étaient eux-mêmes donnés à Macron, dans une tribune au lendemain des européennes. En effet, non seulement LR y avait subi le revers le plus cinglant de l’histoire de la droite parlementaire, mais le RN avait été impuissant à humilier En marche, qui, en dépit de Loiseau, ne s’en était pas si mal sorti que cela ! Aussi, rien ne sera plus simple, pour LRM, que de s’attribuer la victoire, dans les villes dont les maires de droite auront décidé de s’acoquiner avec le parti présidentiel. D’autant que, parfois, LR prête la main au holdup des suffrages. Ainsi, alors qu’Édouard Philippe et Gérald Darmanin se présentent aux municipales, le premier au Havre, le second à Tourcoing, LR ne présente aucun candidat face à eux, ce qui peut être surprenant puisque, officiellement du moins, LR se situe dans l’opposition — une opposition pour le moins Canada Dry — et que, de plus, ils ont trahi en 2017 leur mouvement d’origine, avec Le Maire, pour rejoindre Macron. Mais le mot de trahison a-t-il encore un sens à LR  ? Quand on n’a plus rien à conserver, qu’a-t-on encore à trahir ? Est-il besoin de préciser que les défaites aux municipales de Philippe et de Darmanin, ainsi que de quelques autres, sont d’intérêt national ? Nous pensons qu’il en est de même, même si c’est pour d’autres raisons — la survie de Paris, tout simplement —, de celle d’Hidalgo.

    Une phénomène conjoncturel pourrait également influer sur l’abstention. On sait que les électeurs se déplacent habituellement pour les municipales, en raison même de la proximité de l’enjeu. Or, si la peur de l’épidémie pourrait évidemment jouer un rôle dans une augmentation de l’abstention, elle pèsera certainement moins que les différentes lois de décentralisation, dont la calamiteuse loi NOTRE, qui n’ont pour seul objectif que d’éloigner le pays réel des pouvoirs de décision en aggravant les effets des regroupements de communes et en favorisant la métropolisation. Le pays légal républicain, et bien que Chirac ait inscrit la décentralisation en 2003 dans la Constitution, n’aime rien tant que conserver ou (re)concentrer le pouvoir entre ses mains ou entre celles de ses féaux. Maurras avait raison : la République est incapable de décentraliser, en l’occurrence de laisser le pays réel s’administrer à cet échelon essentiel que constituent les communes. La quasi-mise à mort du panachage (qui n’est plus possible, depuis 2013, que dans les communes de moins de 1000 habitants, quand il l’était auparavant dans celles de moins de 3 500) en est un des nombreux signes. Le pouvoir communal a été une conquête de la fin du XIXe siècle contre une République farouchement centralisatrice. Ce n’est que de 1884 que date l’élection directe du conseil municipal, après que la Révolution eut mit fin aux libertés locales en 1789.

    3.jpegTout est fait par l’oligarchie pour favoriser l’abstention à toutes les élections : une démocratie sans peuple, n’est-ce pas l’idéal ? Ne pouvant recréer en droit un suffrage censitaire auquel il s’identifiait au XIXe siècle, le pays légal cherche par tous les moyens à lasser les Français de leur participation aux élections, semble-pouvoir, il est vrai, qui est laissé au pays réel, mais celui-ci, pour l’heure, n’en dispose pas d’autre qui, du moins, réponde aux critères officiels. Que faire alors, sinon voter  ! Voter, là où l’enjeu politique est secondaire, pour l’équipe sortante, quelle que soit sa couleur politique, si elle n’a pas démérité, voter pour le changement, s’il le faut. Mais partout où l’enjeu est d’importance, c’est-à-dire peut avoir une répercussion nationale (il faut penser également que les municipales fournissent le contingent principal des grands électeurs pour le Sénat), voter pour les candidats des listes patriotes. 

    François Marcilhac