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Rechercher : qu'est-ce que le Système

  • Guadeloupe : Domota, Elie Ier , Tyran révolutionnaire de la Guadeloupe ?….

                « Les entreprises devront appliquer l’accord ou quitter l’île » a déclaré le plus naturellement du monde le meneur du LKP. En français dans le texte ! Mais qui est-il pour parler ainsi ?

                Il n'est pas inintéressant de voir ce qu'il y a de révolutionnaire chez lui, et ce qui fait qu'il s'inscrit dans la lignée de Robespierre et de Danton, de la Convention et de la Terreur....

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    Le leader du LKP Elie Domota, le 7 mars 2009 à Pointe-à-Pitre.

                D’abord par l’emploi systématique qu’il fait du mensonge, comme ses grands ancêtres : « ils » veulent rétablir l’esclavage (« ils » c’est-à-dire les bekés, les blancs, dans cet odieux racisme de fait que s’autorisent les gens comme Domota  vis-à-vis de ceux qui n’ont pas la même couleur de peau qu’eux…). Mais soyons sérieux une seconde : qui veut rétablir l’esclavage ? L’outrance du propos et son exagération aussi manifestement grotesque s’inscrivent bien dans la tradition révolutionnaire du mentir par les mots et du mentir sur les mots. C’est bien connu : plus c’est gros plus ça passe ! Les sans-papiéristes osent parler de rafle, de déportation et de nouveaux  justes en parlant des hors la loi, alors pourquoi ne pas faire aussi fort, toujours plus fort, et ne pas parler de la restauration programmée de l’esclavage ? Après tout, puisque certains gogos, décidémment indécrottables, se laissent prendre et manipuler comme des idiots utiles qu’ils sont (pour reprendre l’expression de Lénine…), les gens comme Domota auraient bien tort de se gêner…..

                Ensuite l’intimidation : partez, ou ….. Ou quoi ? On a très bien compris. On a même tellement bien compris qu’Elie Ier, qui souhaite être le régénérateur de la Guadeloupe comme l’ont été ses grands ancêtres à Paris, n’a pas eu besoin de préciser la menace, de la dire explicitement : tout le monde a très bien vu ce qu’il voulait dire ! Avec une différence d’intensité malgré tout, n’exagérons tout de même pas, c’est bel et bien, dans la tête de Domota et des siens, le même processus d’intimidation et de Terreur, par la violence, que le LKP essaye de mettre en place sur l’île. Avec un certain succès.

                La seule question reste donc, non pas mais que fait la police ? Elle est plutôt : mais que fait le pouvoir, que fait l’Etat ? On apprenait le 8 mars, par une dépêche AFP, que le parquet de Pointe-à-Pitre avait annoncé annoncé le samedi 7 l'ouverture d'une enquête judiciaire, notamment pour provocation à la haine raciale et tentative d'extorsion de signature, après des déclarations du leader du "collectif contre l'exploitation" LKP, c’est-à-dire Elie Domota lui-même.

               Fort bien. Mais outre qu’il faut attendre pour voir ce que tout cela donnera, le problème n’est pas avant tout un problème d’ordre dans la rue (il l’est bien sûr), mais d’abord et avant tout un problème d’ordre dans les esprits.

                On aura beau faire charger des Crs autant qu’on voudra, et faire donner la matraque, tant qu’on n’aura pas remis de l’ordre dans les esprits, on ne remettra pas de l’ordre dans les rues. Tant qu’on ne combattra pas intellectuellement les façons de penser et de pratiquer des révolutionnaires, on sera singulièrement désarmés pour s’opposer à eux.

                Question, à dix centimes d’euros : notre système, qui est l’héritier lui-même d’une violence et d’une Terreur dont se réclament Domota et les siens, est-il le mieux à même de s’opposer là-bas à une violence et à un état d’esprit qui ont présidé à sa naissance, ici ? On peut en douter…

                Reste aussi, si l'on veut être complets, que, pour réformer un système où bien des choses sont pourries, et pas seulement le LKP, mais aussi les moeurs économiques de l'île et, bien souvent, ses entrepreneurs, ses fonctionnaires, son administration; et où chacun ne songe depuis fort longtemps, qu'à tirer de la France de substantiels et souvent éhontés avantages, il ne sera aisé de remettre de l'ordre ni dans les esprits ni dans les pratiques en usage. En Guadeloupe, en particulier, mais aussi dans les Dom-TOM, en général...

     

  • Le français, c’est aussi bon pour la science...

              On a beaucoup entendu, ces derniers temps, les chercheurs se mobiliser, voire manifester, pour défendre la Recherche et demander d'avantage de crédits. Ce en quoi ils ont, évidemment, tout à fait raison. Un autre sujet passionne, et inquiète, la communauté scientifique dans son ensemble, et on en a un peu moins parlé, du moins pour l'instant. Il s'agit de la défense de la langue française "comme langue de recherche".

              En effet, "La recherche française a besoin de publications en français", affirme une Lettre ouverte aux responsables de l’évaluation scientifique, lancée le 15 février sur Internet par les éditions Hermès, et qui a recueilli 2 600 signatures en cinq jours.

              Affrontant la domination de l’anglais comme langue de la recherche mais aussi comme langue d’évaluation de leurs travaux, les chercheurs ont demandé au président d’Hermès Science, Sami Ménascé, de se mobiliser. D'où la pétition que l'on pourra lire par la suite, et qui fait suite à la Lettre que nous venons de citer.

              "Un bon livre, un article de revue et même un manuel écrits en français sont le plus souvent ignorés par les critères d’évaluation utilisés par nos agences. Les conséquences de cette politique sont malheureusement évidentes : publier en français devient tout simplement du temps perdu pour l’évaluation d’un enseignant ou d’un chercheur et donc pour leur carrière. C’est à terme la chronique de la mort annoncée des publications en français", regrettent les signataires de la lettre.

              Ils demandent donc que ces publications soient prises en compte par les agences telles que le CNRS, le Conseil national des universités et l’Agence d'évaluation de la recherche et de l'enseignement supérieur.

              "Les contribuables doivent avoir un accès en français à ce qu’ils ont soutenu par le biais de leurs impôts, la transmission des savoirs doit se faire dans la langue où est dispensé l’enseignement ; et enfin, le meilleur moyen d'accéder à la pensée d'un auteur est de discuter avec lui dans sa propre langue", avancent-ils.

              Jean-Luc Schwartz (directeur de recherche au CNRS), Jean-Charles Pomerol (président de l’université Pierre et Marie Curie), Albert David (Directeur du "M-Lab", ENS Cachan), Jean-Marie Pierrel (Jean-Marie Pierrel, directeur du laboratoire Atilf du CNRS) figurent parmi les 2 600 signataires de cette pétition, dont voici le texte intégral.  

     LETTRE OUVERTE AUX RESPONSABLES DE L’EVALUATION SCIENTIFIQUE

                                                     LES SCIENTIFIQUES DOIVENT-ILS CONTINUER À ECRIRE EN FRANÇAIS ?

               Il est largement admis que la lingua franca de la recherche scientifique est aujourd'hui l’anglais. Pourtant, il existe au moins trois bonnes raisons de penser qu'il est indispensable que les scientifiques continuent d’écrire en français.

              – Puisque la recherche repose essentiellement sur des financements publics, une considération élémentaire voudrait que les contribuables aient un accès en français à ce qu’ils ont soutenu par le biais de leurs impôts.

              – La deuxième raison concerne l’enseignement. La production de livres de synthèse et de manuels en français est une tâche extrêmement honorable et même nécessaire pour compléter un enseignement dispensé en français. Comment faire aimer une discipline en n'offrant que des livres en anglais qui ne sont en général pas adaptés, ni au niveau, ni aux habitudes que nous avons de structurer nos enseignements ?

              – La troisième raison relève de l'apprentissage. Il faut un grand entraînement pour pouvoir s’exprimer dans une autre langue que sa langue maternelle avec le même sens de la nuance, avec la même richesse. Quel meilleur moyen d’accéder à la pensée d’un auteur que de discuter avec lui dans sa propre langue?

              La publication en français apparaît donc comme une nécessité. Pour que cette production continue, il est urgent de valoriser notre activité de recherche dans notre langue. En effet, les systèmes de référencement des publications (dont le principal est une filiale d’un éditeur privé) reconnaissent prioritairement les publications en anglais ! Soit notre système national valorise cette production, soit cette dernière disparaîtra.

              Reconnaître à leur juste valeur les publications en français, suppose que les sections du comité national du CNRS, du CNU et de l’AERES prennent en compte, en fonction de leurs exigences de qualité, les revues en français mais aussi les livres et les manuels. Il n’est pas normal qu’à l’heure actuelle, un bon livre écrit en français ne soit pas considéré dans l’évaluation d’un chercheur.

              L’objectif de cette pétition adressée à L’Agence d’Evaluation de la Recherche et de l’Enseignement Supérieur (AERES) est de montrer que notre communauté scientifique française ou francophone a encore la capacité de penser par elle-même et qu’il ne faut pas rejeter, comme insignifiant, tout ce qui s’écrit en français.

              Nous vous remercions pour votre soutien.                         

  • Deux ”humeurs” sur ce ballon rond, qui tourne de moins en moins rond.....

    Humeur n° 1 : L'équipe de France (?) qualifiée d'une façon "non sportive". Ou : Dans le sport non plus, l’idéologie ça ne marche pas….

                Pitoyable prestation de la pitoyable équipe idéologique du pitoyable Domenech. Une fois de plus….

                On sait  le rôle que la nomenklatura du Pays Légal a assigné à Domenech, qui l’a accepté… : montrer à la France et aux Français que la France n’est pas ce qu’en disait de Gaulle (1) mais que c’est une équipe où domine une certaine couleur et/ou une certaine ethnie et/ou une certaine religion. Parce que, pour « eux », la France c’est « ça ». Malheureusement pour les idéologues qui l’ont inventée et imposée, depuis qu’elle existe, cette équipe ( ?), elle rame. Elle est poussive (on reste gentils….), elle est tout sauf championne. On est bien loin du grand niveau, du vrai niveau.

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                Et elle en est réduite, pour rester en course, à profiter de la moindre faille : en l’occurrence "on" est tout content parce que, après un match nul de plus, qui fait suite à tant d’autres, on est qualifiés grâce à une faute ! Et parce que l’arbitre ne l’a pas vue ! Lamentable ! A quel niveau sont- « ils » descendus, et à quel niveau ont- « ils » amené ce sport, naguère sympathique ! Quelle différence avec la classe, l’esprit sportif (le vrai), l’élégance d’un Arsène Wenger qui, un jour, ayant remporté une victoire non méritée dans le Championnat d’Angleterre, demanda que l’on rejoue le match (pour le gagner à nouveau, mais « bien », cette fois…). Là, on était dans le sport, et puisqu’on parle de l’Angleterre, dans le « fair play », le beau jeu ».

                Avec Domenech, on n’est pas dans le beau jeu mais dans l’idéologie. Et comme il faut à tout prix que la fumeuse entreprise montée par les immigrationnistes tienne ou semble tenir la route, on est réduit à prendre n’importe quoi, y compris une qualification imméritée.

                « Ils » auront même tué le sport !.....

    (1)    "…Il ne faut pas se payer de mots. C'est très bien qu'il y ait des français jaunes, des français noirs, des français bruns. Ils montrent que la France est ouverte à toutes les races et qu'elle a une vocation universelle. Mais à condition qu'ils restent une petite minorité. Sinon la France ne serait plus la France. Nous sommes avant tout un Peuple européen, de race blanche, de culture grecque et latine, et de religion chrétienne."

     

    Humeur n° 2 : L’arbre de la délinquance, planté par le Pays Légal, pousse ses racines, croît et embellit…..

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                La semaine dernière, « ils » ont tout cassé parce que leur équipe avait perdu. Cette semaine, « ils » ont tout cassé parce que leur équipe avait gagné. Dans les deux cas, il s’agissait d’un match joué chaque fois en terre étrangère et entre deux pays étrangers : on voit donc mal en quoi nos abribus, nos voitures, nos boutiques etc…. étaient concernées et pourquoi ils et elles ont brûlées, mais bon…..

                La preuve est donc faite une fois de plus -mais les plus sourds des sourds et les plus aveugles des aveugles l'entendront-ils et la verront-ils ?- : le Pays Légal, par sa folle politique d’immigration a bel et bien implanté chez nous –sans que le peuple français ne soit jamais consulté- une délinquance chronique d’origine étrangère, qui ne cesse de croître et d’embellir, de se structurer et de pousser ses racines de plus en plus profondément. Jusqu’à ce qu’elle devienne aussi puissante que la Mafia en Italie, et qu’il soit peut-être trop tard ?

                Nous préférons croire que la république idéologique (le Système…) agit comme la belle jardinière, croquée par Forain, et que sa politique (!) insensée aura pour conséquence l’appel au Recours, rendu nécessaire, précisément, par les folies du Système et par la réaction de ce qu’il reste de sain dans notre société.

                C’est à cette réaction et à ce sursaut que nous devons travailler....

  • Pourquoi il est vain de croire à une véritable reprise, par Jean-Michel Quatrepoint

                Journaliste, Jean-Michel QUATREPOINT a travaillé au Monde pendant onze ans, puis dirigé les rédactions de l’Agefi, de La Tribune et du Nouvel Économiste avant d’animer, quinze années durant, la Lettre A. Il a donc observé et commenté la vie économique à des postes de premier plan et sa longue expérience lui a permis de publier un premier livre qui annonçait en 2008 la Crise globale - ce qui lui a valu le Prix de l’excellence économique.

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                Dans le nouvel ouvrage qu’il vient présenter, dans le cadre des Mercredi de la NAR (1), La dernière bulle, Jean-Michel Quatrepoint explique le déroulement de la crise et montre pourquoi il est vain de croire à une véritable reprise. Au cœur de son analyse, le démontage du « Piège de Wall Street » dans lequel Barack Obama est tombé et qui l’empêche d’organiser la refonte générale du système qui a provoqué la crise. L’analyse, passionnante, conduit à envisager une nouvelle politique économique et financière...

    (1) : mercredi 9 décembre, 17, rue des Petits-Champs, Paris 1er, 4e étage. La conférence commence a 20 heures très précises.

     

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    Le service librairie de la NAR vous propose le livre de Jean-Michel Quatrepoint, "La dernière bulle " 

    au prix promotionnel de 17,50 euros (frais de port inclus).

    Commande et chèque a adresser a Royaliste, 17 rue des Petits-Champs, 75001 Paris 

    ou bien commande en ligne (paiement securisé) en cliquant sur ce lien.

     

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    Voici l'entretien de Jean-Michel Quatrepoint avec Ivan Radja, paru le 26 septembre 2009, dans Le Matin Dimanche:

    Le G20 est impuissant et les banques s'enrichissent déjà sur le dos des Etats qui les ont sauvées, avertit l'économiste Jean-Michel Quatrepoint

    Auteur de «La crise globale» (Ed. Mille et un nuits, 2008), et de «La dernière bulle», qui vient de paraître, l'économiste français Jean-Michel Quatrepoint déplore que le sommet du G20 à Pittsburgh se tienne sur fond de fausse reprise, purement financière.

    Jean-Michel Quatrepoint, vous dénoncez les lobbies financiers américains qui auraient organisé une fausse reprise. De quelle façon?
    Après la faillite de Lehman Brothers il y a un an, la Fed ( Réserve fédérale américaine, ndlr ) et les banques centrales européennes ont «fait l'hélicoptère». Rien qu'aux Etats-Unis, la Fed a arrosé le marché financier de 5000 milliards de dollars pour éviter une panique. Les grandes banques commerciales reçoivent donc de l'argent à taux zéro, qu'elles reprêtent, uniquement aux bons risques, à des taux qui vont de 4% à 25%.

    A qui prêtent-elles?
    Mais aux Etats, qui se sont endettés lourdement pour les sauver! Résultat, elles mettent sur le marché de nouveaux produits à caractère spéculatif, des nouvelles variantes de «subprime» qui panachent un peu de dette italienne, un peu de dette allemande pour faire bien, de la dette russe, garantie par des richesses naturelles considérables, le tout saupoudré d'un peu de dette grecque. C'est la titrisation de la dette.

    Comment ont-elles réussi ce tour de passe-passe?
    Un faisceau de facteurs leur a été favorable: elles ont pu se débarrasser de leurs actifs toxiques, garantis par l'Etat. Ensuite la concentration a placé les survivantes dans une situation de puissance jamais égalée. Goldman Sachs et JP Morgan sont les piliers de Wall Street. Avec d'autres, elles ont organisé leur propre reprise sur le marché boursier, lorsqu'il était à son point le plus bas, en mars, et qu'elles en étaient les seuls acteurs. Elles ont fait remonter les cours de la bourse, et le mécanisme s'est enclenché. Goldman Sachs a engrangé des bénéfices, puis d'autres banques, et tout le monde fait semblant de croire à une reprise, car aucun gouvernement ne veut prendre le risque d'affirmer le contraire. Or il ne s'agit que d'une reprise financière, et non d'une reprise économique.

    Barack Obama est pourtant dur envers les milieux financiers...
    Dans ses discours, oui. Et je le crois sincère. Mais le problème est que Tim Geithner (le secrétaire d'Etat au Trésor, ndlr) ou Lawrence Summers ( conseiller économique, ex-secrétaire au Trésor dans les années 1990, ndlr ) sont proches de Hillary Clinton. Lawrence Summers a été le chantre de la dérégulation sous Clinton et fait exploser le Glass-Steagall Act ( acte de 1933 interdisant à une banque de cumuler activités de dépôt et d'investissement, ndlr) . Il faut savoir que Wall Street est davantage tenu par les Démocrates que par les Républicains. Avec ces relais, le lobby financier a pris Obama en otage en lui promettant une reprise pour 2010 afin qu'il puisse faire passer sa réforme du système de santé, à condition qu'il ne nationalise pas les banques, même temporairement, et ne touche pas aux fondamentaux de Wall Street. Obama a fait le mauvais choix en privilégiant la finance à l'économie réelle, en punissant Detroit (siège de General Motors, ndlr) et non Wall Street. Il aurait dû cogner et virer les banquiers qui ont failli.

    La sphère financière dicte sa loi?
    Dans l'économie occidentale, et anglo-saxonne en particulier, oui. La finance a remplacé l'économie basée sur la production de biens. Aux Etats-Unis, elle représente 21% du PIB, 40% de la totalité des profits des sociétés, mais seulement 6% de l'emploi... La Chine produit à des coûts incroyablement bas, ce qui profite un peu aux Chinois qui développent une petite classe moyenne, mais surtout aux grandes multinationales, qui engendrent des profits considérables, réinjectés aux Etats-Unis via des centres offshore. Ce sont aujourd'hui les opérateurs qui font le marché. Prenez le pétrole: la chaîne compagnies-pays producteurs-acheteurs est court-circuitée par les opérateurs des «places spots», qui fixent les cours. Il leur suffit d'anticiper, par exemple un hiver rigoureux, pour acheter du gasoil et le revendre le moment voulu. La seule manière de rogner les ailes des financiers est de taxer les transactions sur les produits dérivés.

    Le retour de la fameuse taxe Tobin, prônée par Nicolas Sarkozy?
    En quelque sorte. La taxe imaginée par James Tobin ( Prix Nobel d'économie, ndlr ) dans les années 1970 visait plutôt les changes. Taxer les produits dérivés, même sur de petits écarts, freinerait un peu la dérive spéculative car les volumes sont énormes.

    A vous entendre, le G20 ne se réunirait que pour la galerie?
    Son principal mérite est d'exister. Il ne peut pas être un échec, car ce genre de sommet doit être habillé de quelques mesures, sur les bonus, les mesures prudentielles, ou l'augmentation des fonds propres.

    Et les garde-fous censés éviter que la faillite d'un maillon n'entraîne toute la chaîne, voulus par l'UE et son projet de Conseil européen du risque systémique?
    Qui serait composé de 40 représentants de la Banque européenne et des banques centrales... Comment vont-ils surveiller que telle banque commerciale n'ait pas inventé tel nouveau produit financier? Ce n'est pas très sérieux.

  • Un accord historique, vraiment ?, par François Reloujac*

    Le 11 janvier dernier, le Medef et trois syndicats représentatifs du personnel (CFDT, CFTC et CFE-CGC) ont signé un accord qualifié d’ « historique ». En introduisant une certaine flexibilité sur le marché du travail, cet accord devrait permettre de faire baisser le taux de chômage grâce à une relance de la croissance. Mais ce texte long et complexe portera-t-il les fruits que l’on attend de lui ?

     

    Enfin « un dialogue social apaisé », pouvait se féliciter le chef de l’état, qui a fait de « l’inversion de la courbe du chômage » sa priorité absolue. Certes, le Medef a cédé sur des points qui paraissaient jusqu’à présent non négociables. Mais il a obtenu en échange davantage de « flexibilité » pour adapter les effectifs et la durée du travail aux conditions de la conjoncture. De ce point de vue, les syndicats représentatifs du personnel ont beaucoup lâché. C’est d’ailleurs ce qui explique que ni la CGT ni FO n’ont accepté de signer l’accord. Et, si le monde politico-économique en a immédiatement salué l’aspect « audacieux », l’ancien conseiller social de Nicolas Sarkozy, Raymond Soubie, a toutefois émis une réserve dans ce concert de louanges. Cet accord débouchera-t-il sur la création d’emplois nouveaux ? « La flexibilité pour les entreprises n’est pas la seule donnée du problème », a-t-il expliqué dans Le Figaro du 14 janvier. Il a parfaitement raison ! 

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    Les négociateurs du Medef... 

    Car l’une des causes fondamentales – même si elles sont nombreuses – du sous-emploi chronique dont souffrent les pays occidentaux, est rarement analysée. Si l’histoire nous apprend en effet que, jusqu’au xxe siècle, les hommes travaillaient pour gagner leur vie et celle de leur famille, ceux d’aujourd’hui ne font que « chercher du travail » ! Différence de taille : les lois sociales sont ainsi faites qu’il est particulièrement difficile de commencer à travailler en développant simplement ses propres aptitudes et d’être payé en vendant le fruit de son travail. Quiconque veut se mettre à son compte doit ainsi commencer par payer des charges sociales et des impôts et taxes de toute nature qui lui interdisent toute progressive montée en puissance. Pour travailler et vivre de son travail, il est donc presque indispensable d’entrer dans une structure préexistante. Sous le gouvernement précédent, une mesure, à proprement parler révolutionnaire, avait été mise en place : le statut d’auto-entrepreneur qui remettait à l’endroit la relation entre la rémunération du travail et les charges sociales. L’auto-entrepreneur commençait par être payé avant de supporter des charges. Le seul reproche que l’on pouvait faire à cette réforme était de n’avoir pas généralisé ce statut et d’avoir laissé subsister comme régime de droit commun le système fiscal et social frappant les entrepreneurs individuels qui se trouvent dès lors soumis à la concurrence « déloyale » des auto-entrepreneurs !

     

    L’inversion de la relation entre croissance et chômage

    De fait, le travail n’est plus aujourd’hui l’aboutissement d’une volonté individuelle de mettre ses talents au service de la société, mais résulte de la rencontre d’un demandeur d’emploi avec une proposition émanant d’une entreprise déjà installée. On a ainsi inversé la relation entre la croissance et l’emploi. Ce n’est plus le travail accompli qui permet la croissance de la production, c’est l’augmentation des indices de production qui pousse les entreprises à embaucher de nouveaux salariés. L’imagination créatrice et la confiance dans l’avenir ont cédé la place aux statistiques ! De plus, la relation ainsi inversée introduit une inertie considérable dans le système puisque la création d’un emploi ne résulte plus d’une simple volonté individuelle d’une personne physique mais de la « pente des courbes » qui, elle, résulte de la somme de toutes les volontés des personnes morales et des administrations.

    Or, pour que ces volontés convergent vers la création d’emplois nouveaux, il faut que ces personnes morales puissent espérer une amélioration de leurs résultats qui ne découle pas seulement et immédiatement de ces emplois nouveaux. Il faut que la production nouvelle soit vendable – alors qu’auparavant elle ne l’était pas –, c’est-à-dire qu’il faut modifier les conditions de cette production. Et comme le marché du travail est terriblement réglementé, cette modification ne peut résulter que de la loi.

     

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    ...et la réaction de la CGT !

     

    Un accord qui est inapplicable sans une loi nouvelle

    C’est bien pourquoi personne ne peut se risquer à dire quel sera le résultat réel de l’accord signé. Pour être applicable, il doit d’abord être transposé dans la loi. Or les vingt-huit mesures contenues dans l’accord, bien que se voulant équilibrées, sont très complexes et difficilement transposables en termes juridiques. De plus, des syndicats comme la CGT et FO, qui peuvent compter sur de nombreux appuis parmi les parlementaires qui soutiennent l’action du gouvernement, ont refusé d’approuver certaines d’entre elles. Le secrétaire général de la CGT a d’ores et déjà « exigé » du Premier ministre que l’accord signé le 11 janvier ne soit pas intégralement retranscrit dans le futur projet de loi qui sera examiné au printemps. Bernard Thibault a mis en garde : « Nous allons avoir des séances de travail très concrètes avec le ministère du Travail pour regarder le texte dans le détail », ajoutant que « le Premier ministre ne peut pas ignorer l’opinion de la première organisation de salariés. »

    Dans un contexte économique difficile, où, après le groupe PSA, c’est Renault qui annonce de nombreuses suppressions d’emploi, où, après avoir été mis en redressement judiciaire, le groupe volailler Doux se heurte à la décision unilatérale de la Commission européenne de diviser par deux les subventions octroyées pour l’exportation, le gouvernement peut-il se fâcher avec une partie de son électorat ? Faut-il dès lors considérer que le Président a déjà perdu son pari sur l’emploi ? Non, car il n’a pas dit qu’il ferait baisser le nombre des chômeurs ; il a simplement promis qu’il inverserait la « courbe du chômage ». Mais de quelle courbe s’agit-il ? Celle du nombre des demandeurs d’emploi ou celle de l’accélération permanente de la croissance du nombre des chômeurs ? En fait, la question que l’on devrait se poser n’est pas celle de savoir comment permettre aux entreprises – et aux administrations – de créer plus d’emplois mais celle de savoir comment permettre à un plus grand nombre de Français de travailler et de vivre de la vente des fruits de leur travail. Le combat pour l’emploi ne saurait se limiter à la bataille du salariat !  

    * Analyse économique parue dans le n° 115 de Politique magazine, Février 2013.

  • Aujourd'hui, fin du feuilleton de notre 20ème Album : ”Maîtres et témoins (III) : Léon Daudet”...

    L'homme est un héritier, c'est bien connu. Sauf pour les Révolutionnaires, les doctrinaires, eux qui, par idéologie, "du passé font table rase". Nous, c'est tout l'inverse : nous savons d'où nous venons, ce que nous avons reçu, et à qui nous le devons... 

    Notre filiation intellectuelle, nous la revendiquons pleinement, et sans équivoque, de toutes les façons possibles. Mais d'abord, et avant tout - nous efforçant, en cela, de suivre, chaque jour, le conseil de Gustave Thibon... - en la pratiquant quotidiennement sur ce Blog qui, bien plus qu'un simple Blog est devenu un véritable quotidien royaliste sur le Net, dont l'audience continue à grandir :        

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    Cliquez sur l'image pour visualiser l'Album...

           "Vous êtes, vous et vos amis, les héritiers spirituels de Charles Maurras. Mais vous savez bien qu'un héritage n'est pas un talisman ni une baguette magique : c'est un outil. Et un outil qu'il faut savoir manier et adapter en fonction du mouvement de la vie qui ramène toujours le semblable, jamais l'identique. Épouser la pensée d'un maître, cela veut dire s'unir à elle pour lui faire des enfants et non pas la stériliser sous prétexte de lui conserver je ne sais quelle intégrité virginale. Il n'y a pire trahison qu'une certaine fidélité matérielle et littérale qui, en durcissant les principes en système, n'aboutit qu'à congeler ce qui était le jaillissement d'une source vive. Les exercices de patinage qu'on peut faire sur cette glace ne m'intéressent pas. La vraie fidélité est celle qui prolonge, qui corrige et qui dépasse. Et le meilleur héritier n'est pas celui qui fait de son héritage un musée ou une exposition rétrospective. "Le bien gagné reste à défendre" : le capital de la sagesse que Maurras vous a légué, vous ne le conserverez qu'en le fécondant, en le recréant sans cesse".

            Reste que, "corriger, prolonger, dépasser", tout cela doit aussi s'accompagner d'un effort intense pour faire connaître nos Maîtres et notre école de pensée, dans notre monde où règne le mensonge, la désinformation, le conformisme, l' "historiquement correct".. et tous les travestissements de la réalité auxquels s'est livré le Système, qui gouverne si mal, mais se défend si bien...

            Cela passe par la publication de Grands Textes, de Dossiers, de Vidéos.

            Cela passe aussi par la constitution d'Albums. Et, aujourd'hui, c'est à nouveau par le biais d'un Album que nous nous acquittons - un peu - de notre dette, en cherchant, cette fois, à mieux faire connaître Léon Daudet. "Maîtres et témoins de ma vie d'esprit", tel est le titre d'un ouvrage de Maurras, qui nous a servi pour nommer déjà - à côté de Une visite chez Charles Maurras...  - deux Albums :

    1. Maîtres et témoins...(I) : Frédéric Mistral.

    2. Maîtres et témoins...(II) : Jacques Bainville.

             Il était logique, et indispensable, qu'un troisième Album fût consacré à Léon Daudet, au compagnon inséparable, qui appelait Maurras son "frère", et dont seule la mort put le séparer, comme elle les sépara d'abord tous deux du troisième homme de la trilogie : Jacques Bainville. En attendant le quatrième Album, qui récapitulera l'oeuvre commune...

            Voici donc 243 documents, accompagnés de textes de Daudet lui-même, tirés de ses "Souvenirs". Chaque fois que cela était nécessaire, nous avons ajouté quelque chose de notre cru, pour expliquer ou rappeler le contexte de tel ou tel document qui, sans cela, serait peu clair ou difficilement compréhensible, aujourd'hui. Mais, pour l'essentiel, nous nous sommes effacés au maximum, laissant le plus possible la parole a Léon Daudet.

             On va donc tâcher de présenter, d'une façon correcte et juste, cette longue vie de 75 ans dans un travail qui, soyons-en sûrs, réservera bien des surprises à beaucoup, mais surtout, nous l'espérons, redressera bien des idées reçues, et corrigera bien des mensonges :

    Déjà paru :

    1. L'enfance et l'adolescence heureuse;

    2. : Un jeune homme insouciant, potache, voyageur...;

    3. : Un esprit ouvert, curieux de tant de choses, intéressé par tant de gens...;

    4. : jusqu'à "la" rencontre de sa vie, celle avec Charles Maurras...;

    5 : les sièges du mouvement, et les portraits de dirigeants;

    6 : "Tranches de vie...";

    7 : L'avant-guerre (I), les débuts du journal...;

    8 : L'avant-guerre (II), tout pour éviter la guerre...;

    9. La Guerre, "la pluie de sang" (I)...;

    10. La Guerre, "la pluie de sang" (II)...;

    11. Député de Paris, quatre années bien remplies (I)...;

    12. Député de Paris, quatre années bien remplies (II, 14 photos)...;

    13. De Paris à Paris, en passant par... la Belgique ! (17 photos)...;

    14. Dernières années, derniers combats, jusqu'au bout (24 photos)...;

    Aujourd'hui<

  • Après Chypre, au tour de la Slovénie…, par François Reloujac*

    (La suite économique de François Reloujac)

    Il ne fait pas bon être un petit pays en Europe. Après Chypre, la Slovénie est dans l’œil du cyclone des financiers internationaux et des autorités européennes : exemple frappant qui illustre les dangers de l’euro pour la souveraineté des nations. 

    Début avril, alors que l’on commençait à peine à entrevoir la solution à mettre en œuvre pour « sauver » l’économie chypriote, les opérateurs financiers ont montré des signes d’inquiétude sur la situation des banques slovènes. Depuis l’entrée de la Slovénie dans l’Union européenne, ses entreprises industrielles se sont considérablement endettées afin d’investir dans de nouvelles chaînes de production pour alimenter les nombreux marchés qui s’ouvraient à elles (italien et allemand en priorité). Ces investissements ont encore augmenté lorsque le pays est entré dans l’euro en 2007. Mais la crise économique qui frappe l’Europe a rendu ces investissements démesurés et fragilisé les entreprises industrielles qui les avaient réalisés. 

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     Alenka Bratusek, président du gouvernement slovène, et José Manuel Barroso, président de la Commission européenne. Les discussions sont engagées...

    Vers la faillite ?

    Les autorités européennes ont ainsi constaté que les créances fragiles des banques slovènes représentaient près de 20 % du total des crédits qu’elles avaient accordés. Si ces créances ne sont pas remboursées à leur échéance, celles-ci perdront plus de 7 milliards d’euros. La faillite assurée ! Le FMI, l’agence de notation Fitch, la Bank of America ou encore Merrill Lynch, s’accordent à penser que, pour sécuriser le système bancaire, il convient d’augmenter le capital des trois principaux établissements publics slovènes.

    Le problème est que, selon ces observateurs internationaux, le gouvernement slovène n’a pas les moyens de faire face à cette obligation. Le secrétaire général de l’OCDE, Yves Leterme, a cependant une solution : il suffirait de « privatiser » – c’est-à-dire de placer sous contrôle étranger – les établissements viables et de démanteler les autres.  

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    Les raisons d’un échec

    Comment la Slovénie s’est-elle trouvée dans une telle situation ? A-t-elle, comme Chypre, un système bancaire surdéveloppé ? Non ! Ses actifs bancaires ne représentent qu’à peine plus que son PIB contre huit fois pour Chypre et trois fois pour la moyenne des pays européens (plus de vingt fois pour le Luxembourg). Par ailleurs, les trois principales banques, dont le capital est détenu par l’état, ont essentiellement prêté aux entreprises industrielles slovènes. Son taux de chômage est-il, comme celui de l’Espagne, très élevé ? Non ! Il n’était même que d’un peu plus de 5,8 % au moment où la crise a commencé à atteindre le pays, en 2009. Son endettement public est-il, comme celui de la France ou de l’Italie, proche de la valeur de son PIB annuel ? Non ! Avec moins de 60 % d’endettement (moins de 40 % en 2010), la Slovénie est même encore l’un des rares pays de la zone euro à respecter les critères de Maastricht. Sa politique économique est-elle aventureuse ? Non ! Depuis plus de trois ans, le gouvernement a adopté la politique de rigueur imposée par l’Europe. Alors de quels maux souffre donc l’économie slovène ?

    Anne Cheyvialle a donné une première réponse dans Le Figaro, daté du 11 avril 2013 : « économie très ouverte, la Slovénie souffre d’une trop forte dépendance aux exportations (véhicules, pièces détachées, machines…) dont l’essentiel est destiné à la zone euro avec l’Italie comme deuxième partenaire commercial derrière l’Allemagne. » La bonne santé de l’économie slovène provenait donc de ses exportations vers l’Europe, notamment vers l’Italie et l’Allemagne. Mais ses clients – y compris ses clients allemands – sont aujourd’hui touchés par la crise. Facteur aggravant : le plan d’austérité adopté dès février 2012 – qui a entraîné la suppression du 13e mois de salaire de tous les fonctionnaires avant d’être déclaré illégal par le tribunal de Ljubljana le 8 avril 2013 – a cassé la demande intérieure. En a résulté une triple conséquence : baisse du PIB qui pourrait atteindre aux alentours de 2 % en 2013, augmentation rapide du taux de chômage qui pourrait grimper jusqu’à plus de 9,5 % et déficit budgétaire qui, dans ces conditions, devrait atteindre au moins 3,5 % du PIB. Sans compter un changement de gouvernement et un mécontentement social loin d’être apaisé.

    La priorité du nouveau gouvernement est de faire face à la dégradation de la situation des banques qui ne peuvent plus répondre aux demandes d’investissement des entreprises, lesquelles ont pourtant un urgent besoin de nouveaux débouchés. D’où la pression des opérateurs financiers qui refusent désormais de prêter aux banques et à l’état à un taux supportable. Et, compte tenu de la situation générale, faire porter sur les contribuables de nouvelles charges est inenvisageable.

    Depuis son entrée dans la zone euro en 2007, la Slovénie a pourtant mis en œuvre toutes les réformes prônées par l’Union européenne, notamment en ce qui concerne les retraites et le fonctionnement du marché du travail. Mais l’état n’ayant pas les moyens de relancer seul la machine économique et ses banques n’ayant plus véritablement accès aux marchés financiers internationaux, la « sortie de crise » dépend en fait du seul bon vouloir de la BCE.

     

    Trouver de nouveaux investisseurs

    La marge de manœuvre du gouvernement est faible. C’est pourquoi le Président de la République socialiste slovène, Borut Pahor, a confirmé que le capital de l’une des trois grandes banques nationales allait être ouvert aux investisseurs étrangers : « Entre garder une mauvaise banque nationale ou avoir une banque solide appartenant à l’étranger, je préfère la seconde solution », s’est-il justifié. Cela ne suffira cependant pas à relancer l’économie des principaux clients de la Slovénie qui, au-delà de l’Italie et de l’Allemagne, sont actuellement la Croatie, la Hongrie et la Serbie. Vivant d’exportations industrielles mais n’ayant pas la puissance de frappe de l’Allemagne, la Slovénie doit avant tout diversifier ses partenaires économiques, au risque que les investisseurs étrangers qui auront consolidé temporairement une de ses banques nationales la liquident.

    L’exemple slovène, après l’exemple chypriote, montre combien il est devenu impossible à un petit pays membre de la zone euro de mener une politique économique indépendante. Et, pour autant, la solidarité des grands ne leur est pas automatiquement assurée ! 

     

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    * Analyse économique parue dans le n° 118 de Politique magazine, Mai 2013.

  • Où est l’union européenne ? Par François RELOUJAC

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    La victoire du parti Syriza aux élections grecques a mis en lumière les difficultés de l’Union européenne à proposer des plans de sauvetage économique : elle semble, désormais, à court d’idées. 

    Les élections législatives grecques ont été profondément marquées par la politique européenne et l’ingérence des états étrangers. Elles traduisent la faillite totale des régimes de partis et d’une « Union » qui prive les pays de leur propre souveraineté. Elles révèlent aussi le triomphe de la sphère financière sur l’économie réelle dont le plan imaginé par Mario Draghi est la manifestation la plus symptomatique. 

    Depuis près de cinq ans, maintenant, la Grèce est entrée dans une crise grave et le « plan de sauvetage » appliqué en force par les autorités européennes n’a pas donné les effets annoncés. Il n’est pas question ici de revenir sur les causes de la déroute grecque, ni sur les astuces comptables et les lâchetés politiques qui ont conduit à l’admission du pays dans la zone euro, ni sur la politique monétaire européenne qui a permis à l’Allemagne de développer son système économique au détriment de ceux de ses « partenaires ». Force est cependant de constater que le programme d’austérité imposé au pays a conduit au démantèlement du droit du travail, à l’explosion du chômage, à la réduction des pensions de retraite, à la disparition quasi totale des mécanismes de protection sociale, à l’effondrement de la valeur des biens immobiliers, à la contraction du produit intérieur brut et à l’explosion de la charge de la dette que ce programme était censé rendre supportable. Le seul résultat positif de ce plan drastique a été de permettre aux banques – essentiellement allemandes et françaises, lesquelles avaient cru trouver en Grèce un nouvel eldorado – de céder directement ou indirectement une grande partie du risque qu’elles portaient à leur gouvernement.  

    Aussi le résultat des élections grecques du dimanche 25 janvier n’a-t-il rien d’étonnant. Il fallait s’y attendre. Le parti Syriza d’Alexis Tsipras n’a fait que coaguler les révoltes grecques et il a préféré s’allier avec le parti AN.EL., de Panos Kammemos, souverainiste, pourtant par ailleurs conservateur, pour bien marquer une volonté grecque de s’en sortir en dépit des autres politiciens et des partenaires européens. La pression sur l’Europe sera forte et l’Union européenne n’a plus d’autre politique que financière.

     

    Une Europe financière qui cherche à sauver ses régimes de retraite 

    Aujourd’hui, le système d’« assouplissement quantitatif » (« Quantitative Easing » ou « QE ») mis en place aux états-Unis, et dans une moindre mesure en Grande-Bretagne, arrive au bout de ses possibilités. Mais, s’il est arrêté, il risque, d’une part, de pousser les taux d’intérêts à la hausse – ce qui ferait chuter les cours des titres cotés en Bourse, mettant alors en difficulté les fonds de pension, compagnies d’assurance-vie et autres caisses de retraite – et, d’autre part, de peser sur le cours du dollar, ce qui aurait pour effet de nuire un peu plus aux exportations européennes. D’un point de vue psychologique, cet effondrement de la valeur de l’épargne, ajouté à une baisse du prix du pétrole et des autres matières premières échangées en dollars sur les marchés internationaux et à un ralentissement des ventes à l’étranger, ne pourrait avoir qu’un effet dépressif sur les populations européennes. Le président de la Banque centrale européenne a décidé de réagir. Adieu le mythe de l’euro fort, cher à Jean-Claude Trichet ; aujourd’hui, la priorité est à la baisse de l’euro par tous les moyens. Plusieurs années après les Anglo-Saxons, la BCE se lance donc dans une politique d’assouplissement quantitatif sans chercher à expliquer les résultats qu’une telle politique entraînera sur le long terme ni ce qui a véritablement été obtenu outre-Atlantique par une telle méthode. 

    Dans une première analyse, on peut donc considérer que l’objectif poursuivi par le président de la BCE est de faire baisser le cours de l’euro par rapport au dollar, fût-ce au prix d’une déstabilisation complète des partenaires européens, qu’ils « bénéficient » ou non de la monnaie unique. Cette déstabilisation, quant à elle, est bien réelle et a été immédiate. Ce fut d’abord le franc suisse qui, dès que le plan de la BCE a été considéré comme inéluctable, a subi une pression à la hausse qui a rendu la Banque nationale suisse incapable de suivre la politique économique adaptée à l’économie de son pays. Accessoirement, cet échec de la politique suisse a conduit à mettre en difficulté les collectivités publiques françaises qui avaient fait le pari de se financer en francs suisses. Pour les mêmes raisons, la Banque nationale du Danemark a aussi été contrainte de réagir, mais elle a choisi de le faire différemment : désormais les dépôts effectués auprès d’elle sont soumis à un taux d’intérêt négatif (-0,35 %) ! Une façon de dire aux spéculateurs : « si vous placez votre argent chez moi, je vous volerai »… Mais une telle politique ne peut réussir que si les spéculateurs sont persuadés que le « vol » de la Banque nationale danoise est inférieur aux risques que leur font courir les manipulations de cours des principales monnaies internationales (dollar et euro).  

     

    Des « tests de résistance »  

    Dans une seconde analyse, on ne peut pas ignorer les mesures d’accompagnement qui sont réclamées par toutes les « Autorités ». Depuis le début de la mise en condition de l’opinion publique européenne pour lui faire accepter ce nouveau plan de la BCE, on explique que cette stratégie ne pourra être opérante que dans la mesure où les états adopteront les « réformes » nécessaires, c’est-à-dire le démantèlement de leur droit du travail, comme en Grèce.  

    Dans un troisième temps, il faut se demander s’il n’existe pas des causes moins avouables ou moins faciles à expliquer. Il y a quelques semaines, la BCE a effectué ce que l’on a appelé un « stress test » ou « test de résistance ». Il s’agissait officiellement de « modéliser » les conséquences, pour chaque grande banque, d’un accident sur les marchés financiers internationaux. La plupart des banques ont satisfait au test… mais l’on sait que les hypothèses retenues pour ce test étaient particulièrement douces. On a mis la moyenne à tout le monde de peur de traumatiser les déposants. Mais les notes attribuées à chacune n’ont pas trompé la BCE. Ce n’est pas pour rien que le plan mis en place par Mario Draghi – sous la pression d’Angela Merkel – a prévu que 80 % du risque serait à la charge de banque centrale nationale pour financer les banques de son propre pays… Ce qui permet d’aider plus les banques allemandes et françaises qu’italiennes, espagnoles ou portugaises. à chacun ses mauvaises créances… Et, en fait, ses mauvaises dettes. 

     

    Politique magazine

     

  • Valeurs actuelles a peut-être raison mais ce serait quoi une Révolution en 2015 ?

     

    A noter que Valeurs actuelles dans sa livraison d'hier jeudi ne dit pas révolte mais Révolution. Son titre l'annonce pour demain. C'est à dire pour bientôt. Or les mécontentements catégoriels (salariés, paysans, profs, policiers, retraités, médecins, artisans ...), si puissants soient-ils, peuvent créer un mouvement de révolte; et, s'ils se conjuguent, cette révolte peut devenir générale. Mais cela ne fait pas une Révolution. Du moins, au sens profond. S'il s'agit de remplacer le roi fainéant tristement figuré sur la couverture de Valeurs actuelles, par un de ses clones, la dite révolte ne constituera pas une Révolution. Une révolte n'est pas une Révolution. A moins que ça n'en soit que le simulacre. Boutang aurait dit : une semble-Révolution, comme nous avons, aujourd'hui, un semble-Etat.

    Quel visage pourrait prendre une Révolution dans la France d'aujourd'hui ? Dans le monde d'aujourd'hui ? Donc, de quelle nature, cette Révolution ? La question se pose et ne se résout pas en un titre. Ni en quelques manifs. Ni en quelques lignes ...

    Il y a un peu plus de deux siècles, la Révolution consistait à abattre la monarchie, guillotiner le Roi et la Reine, tuer le Dauphin, éradiquer la Famille de France; combattre la Religion, détruire l'ordre ancien : l'aristocratie et le peuple, l'Eglise, les corporations et les provinces; instaurer tout à la fois l'individualisme en lieu et place de l'esprit communautaire ancien, et le jacobinisme féroce. Nous avons vécu sur cet héritage déconstructeur, y vivons encore, et subissons ses effets pervers. Cet héritage, aujourd'hui, pour le dire de façon très modérée, ne fait plus l'unanimité... 

    Au XXe siècle, le Révolution ce fut l'Internationale communiste, sous idéologie marxiste. Et le rêve planétaire qu'elle fit germer partout dans le monde. Ce devait être la société sans classes, ce fut le marxisme-léninisme, les soviets, le stalinisme, le maoïsme et ses terrifiants succédanés asiatiques, la nomenklatura, l'archipel du goulag, l'oppression de masse, les grands procès, la ruine économique et l'effondrement final. Il n'y a de cela que vingt-cinq ans ... 

    La Révolution d'aujourd'hui a pris des formes douces. Elle se nomme mondialisme, consumérisme, abaissement des frontières, effacement des nations et réduction des Etats à la quasi-impuissance, formatage et indifférenciation des peuples, dislocation de la famille et même négation des sexes, métissage universel et multiculturalisme. Cette Révolution établit par là, faute d'un autre, le règne exclusif de l'Argent, de l'argent hors sol, celui que condamnent les Papes, et, sous couvert de multiculturalisme, elle installe partout une terrible et quasi universelle inculture. Au peuple est laissé, autant qu'il se peut, peut-être plus pour très longtemps, assez de moyens pour consommer et vivre selon son caprice. Sans raison de vivre et de mourir. Telle est, nous semble-t-il, la modernité ou postmodernité.

    Les trois véritables Révolutions que nous venons à très grands traits de caractériser sont aujourd'hui mal vues et contestées par de nombreux esprits libres. Edgar Morin, lui-même, se refuse désormais à utiliser le mot et à souhaiter la chose. Le courant bien ou mal nommé des néo-réacs ou néo-conservateurs, pour hétéroclite qu'il soit en effet, comme Alain de Benoist le signale à juste titre, s'oppose à la plupart des caractéristiques des révolutions passées ou présente, que nous venons de rappeler. On voit bien que ce courant - qui ne contrôle ni les médias, ni l'Université, ni les pouvoirs établis - suffit à affoler médias et politiques. Le Système  ...

    Il n'y aura pas de Révolution future véritable qui se situe dans la lignée des trois autres. Qui ne soit qu'un changement de majorité ou de présidence. Qui ne soit qu'une alternance de plus avec son lot de déceptions et son inefficacité. Qui ne remette pas en cause l'ensemble des erreurs et des faux principes que nous n'avons fait ici qu'évoquer et qui ont ruiné la France et, par surcroît, l'Europe.

    Alors quoi ? Disons-le tout net : il n'y aura pas de Révolution véritable qui ne soit en quelque façon une contre-révolution, ou, si l'on veut, car on ne remonte jamais le temps, une alter-révolution. Henri Guaino, sous le quinquennat précédent avait soufflé à Sarkozy le mot Renaissance. Il avait raison. La grande ambition, l'entreprise ainsi nommée nous eût ramenés à notre culture, notre Histoire, nos racines, notre souveraineté, notre ordre, notre excellence. Il présupposait de la part du peuple français et de ses dirigeants une forme de retournement, de métanoïa. C'eût été, pour le coup, une Révolution de fond, une Révolution salvatrice. C'était évidemment peine perdue.

    Alors, va pour une Révolution ! Mais la vraie. Celle que nous venons de dire. Le reste ? C'est l'esprit politicien qui perpétue le mouvement du Système. L'inverse de la Révolution légitime que l'on doit souhaiter à la France. Lafautearousseau  

     

  • Envahisseurs : l'immense campagne de bourrage de crâne des médias

     

    Par Academos

     

    cover_je_pense.jpgEt c'est reparti comme en janvier : les manipulateurs recommencent leur impressionnante campagne de manipulation ! Consolation de taille : elle avait réussi pour l'essentiel - mais pas totalement quand même... - en janvier, elle ne marche pas cette fois-ci : 56% des Français sont devenus assez lucides entre temps pour ne plus se "faire avoir". On peut espérer qu'au troisième coup, ce genre de campagne d'intoxication à contre-courant ne marchera plus du tout.

    Il faudrait des lignes et des pages pour clamer sa répulsion face à l'immense hypocrisie de cette moraline dégoulinante qui masque le coup porté à l'Europe et à la France : elle ferait sourire, cette alliance du fric et de la révolution; de Mélenchon / Besancenot et consorts avec les intérêts de la fortune anonyme et vagabonde; cette sainte alliance du grand capital allemand (qui se "paye" des esclaves à bas prix) et des révolutionnaires qui veulent diluer l'Europe et la France dans n'importe quoi pourvu que ce ne soit plus un continent blanc, à l'héritage gréco-latin et aux racines judéo-chrétiennes : oui, elle ferait sourire si elle n'était le cheval de Troie...

    Alors, plutôt que d'assommer les lecteurs de Lafautearousseau  de lignes et de lignes, il m'est venu l'idée de, simplement, comparer, et sans commenter, les ahurissantes déclarations actuelles (Apathie et les Français « coeurs de pierre » par exemple...) avec ce qui s'est passé en 1962 quand un million de  nos compatriotes, qui, eux, étaient vraiment des réfugiés, contraints de quitter leur terre natale, sont arrivés en métropole. Eux ne criaient pas "Allah akbar" (sur les quais de la gare de Budapest, comme on l'a vu et entendu à la télé : ça promet pour quand ils seront douillettement installés en Europe !...), mais il faut se souvenir de la façon dont la gauche de l'époque les a reçus : en l'occurrence, Gaston Defferre, jamais sanctionné pour ses propos abjects, au contraire devenu par la suite ministre de l'Intérieur !

    La seule lecture du court document que j'ai trouvé dans les éphémérides de lafautearousseau dispense d'autres commentaires que ceux qui précèdent.

    Sauf celui-ci, malgré tout : Apathie, pourquoi tu tousses ? 

     

    Ephéméride du 23 mai
     
    1962 : Le paquebot de la Transat, "Ville de Marseille", débarque les premiers réfugiés d'Algérie à Marseille 

     

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    Pour la quatrième génération de Français d'Algérie, cette année 1962 c'est le cataclysme : depuis 1830, la France a fait d'un immense espace vide et désolé le pays le plus prospère, le mieux équipé, et celui qui a les perspectives d'avenir les plus brillantes de toute l'Afrique; elle lui a même donné son nom, Algérie, en l'administrant, en l'organisant, en le traitant exactement comme tous les autres territoires de France métropolitaine ou d'Outre-mer.

    Et, d'un coup, le Système va donner les clés de ce pays prospère, à l'avenir prometteur, à une bande terroriste, le FLN, qui n'aura rien de plus pressé que d'aligner ce malheureux pays sur les visions idéologiques dépassés d'une URSS qui se croit encore, à l'époque, avant-garde consciente des prolétaires du monde entier alors qu'elle n'a même plus trente ans à vivre !

    Le résultat calamiteux de cette nouvelle domination sera la ruine pure et simple du fruit d'un travail acharné d'un siècle et demi; l'installation, partout, de l'arbitraire, de la nonchalance et de la corruption; de l'analphabétisme et de la pauvreté de masse : un gigantesque et cataclysmique bond en arrière...

    Et, pour les Français d'Algérie, brutalement, un choix très simple : "la valise ou le cercueil !". Quelques uns choisiront de s'établir dans l'Espagne de Franco, surtout dans la région d'Alicante, ce qui peut s'expliquer à la fois par des motifs idéologiques et par le fait que, historiquement, une ville comme Oran, par exemple, a été plus longtemps espagnole que française. Mais l'immense majorité des réfugiés (et non des rapatriés, terme impropre) referont leur vie - aux prix de mille difficultés et d'amères déconvenues - en métropole, où ils débarqueront sur la côte, de Port-Vendres à Nice mais essentiellement à Marseille, un certain nombre arrivant en avion.

    Et c'est précisément à Marseille qu'un personnage va s'illustrer - si l'on peut dire ! - d'une façon qui ne l'honore certes pas, ni lui ni ses compagnons d'idéologie qui, jamais, ne condamneront ses propos : le député-maire de Marseille de l'époque, Gaston Deferre, fit preuve d'une sécheresse de coeur, d'une dureté et d'une inhumanité proprement stupéfiante dans un pays réputé civilisé. Et, le pire, c'est qu'il ne formula jamais le moindre regret, ne renia jamais ses propos et, a fortiori, ne fit jamais rien pour tenter de réparer un tant soit peu... Il fut même récompensé, si l'on ose dire, puisqu'il devint, plus tard, Ministre de l'Intérieur !

    Qu'on en juge...

    Dans un entretien accordé au Figaro, le 26 juillet 1962, il répond aux questions de Camille Gilles (ses mêmes propos seront tenus ailleurs, dans d'autres journaux - notamment Paris-Presse, repris par le quotidien marseillais de droite Le Méridional - et devant d'autres journalistes) :

    * (à propos de la scolarité des enfants des Pieds-Noirs) : "Il n'est pas question de les inscrire à l'école car il n'y a déjà pas assez de place pour les petits marseillais..."

    * (question) : Voyez-vous une solution au problème des rapatriés de Marseille ?

       (réponse)  : Oui ! Qu'ils quittent Marseille en vitesse ! Ils fuient ? Tant pis ! En tout cas je ne les recevrai pas ici. D'ailleurs nous n'avons pas de place, rien n'est prêt. Qu'ils aillent se faire pendre où ils voudront. En aucun cas et à aucun prix je ne veux des pieds-noirs à Marseille..."

    Le moins que l'on puisse dire est que ce représentant éminent du Parti socialiste et de la Gauche française, si volontiers moralisatrice et moralisante, si prompte à donner des leçons de droits de l'homme à la terre entière, avait une bien curieuse conception du troisième terme de la devise du Système : "Fraternité" ! 

     

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    A bord du Ville de Marseille, ce 23 mai 1962, "1068 passagers et 53 enfants de moins de 3 ans", détaille le journal socialiste local Le Provençal. Sur les 700.000 Pieds-noirs qui gagnèrent la métropole cette année-là, 450.000 débarquèrent à Marseille.

  • MEDIAS • Libération, ONPC : l'honneur fait à Michel Onfray !

     

    Par Philippe Bilger 

    Philippe Bilger estime, dans l'excellente tribune qui suit, que le dossier à charge consacré à Michel Onfray par Libération honore davantage cet intellectuel qu'il ne le disqualifie. En réalité, la réflexion de Philippe Bilger tendrait plutôt à démontrer l'insignifiance de Laurent Joffrin, personnage peu sympathique, suffisant, et en fin de compte relativement négligeable. Mais, dans le Figaro magazine de cette semaine, Eric Zemmour écrit une lettre remarquée « à Michel Onfray, mon nouvel ami ». Et ainsi se forme, par delà leurs différences, parfois leurs oppositions, leurs personnalités contrastées, une pléiade d'intellectuels que réunit leur refus du formatage que voudrait imposer le Système. Et que réunit aussi, malgré tout, leur commun attachement à un certain nombre de réalités historiques, culturelles, charnelles aujourd'hui menacées. Certes le dit Système tient encore les principaux leviers de commande. Mais face aux crises qui s'avancent et aux oppositions qui se forment, il n'a, comme on dit dans le langage populaire, qu'à bien se tenir ! LFAR  

     

    6830bcccdd66568bec1c72c800487f2b lfar.jpgLibération a publié « Nos réponses à Michel Onfray » sur « Migrants, FN, Médias » et a consacré quatre pages - en sélectionnant des extraits d'un entretien paru le 10 septembre dans Le Figaro - à lui répliquer, à le contredire.

    En page 2, en gras et en caractères immenses, cette affirmation: « Comment Michel Onfray fait le jeu du FN ».

    C'est Laurent Joffrin qui a assumé la lourde et ingrate charge de cet exercice et, comme c'était prévisible, il a donné encore plus de force et de vigueur à l'argumentation prétendument choquante de ce philosophe.

    Si Michel Onfray était vaniteux, il pourrait s'enorgueillir de cet hommage pervers qui fait parler de lui et le place, à nouveau, au centre d'un débat qu'il n'a pourtant pas initié.

    Je suis persuadé que le quotidien du 15 septembre a été énormément vendu, ce qui autorise l'interprétation évidente que la personnalité, les propos et l'aura de Michel Onfray ont beaucoup plus attiré les lecteurs que « Nos réponses » de Libération. L'absurdité du procès que sa pertinence.

    Il est vrai que sont navrantes cette page 2 présentant comme une certitude ce qui est tout au plus une élucubration indécente, et les deux pages suivantes où Laurent Joffrin s'essouffle à demeurer à la hauteur, même critique, même partiale, de convictions face auxquelles il rend les armes en croyant les vaincre.

    Aucune de ses répliques n'est décisive et on a de la peine pour lui, tant il cherche désespérément à trouver des motifs pour instiller de la contradiction à l'égard de propos à la limpidité rude, âpre et sans fard.

    On est obligé de s'interroger sur les causes d'un tel masochisme médiatique, entraînant Libération dans un gouffre de banalité idéologique: Michel Onfray, avec lequel on est en désaccord, fait forcément le jeu du FN !

    Je savais qu'un jour la pensée convenue se servirait de cette pique qui n'a plus le moindre effet corrosif tant c'est devenu un poncif que de «sortir» le FN quand on est dépassé et que l'impuissance vous guette. Je ne peux pas ne pas voir dans cette étrange entreprise menée par un quotidien vantant pourtant sa liberté et son anticonformisme la manifestation d'une connivence, entre le pouvoir et lui-même. Il n'est pas indifférent en effet que le journal prenne la relève du Premier ministre qui s'était ridiculisé en enjoignant à Michel Onfray d'avoir tort avec BHL et avec la gauche plutôt que raison avec Alain de Benoist.

    Il n'est pas anodin non plus que dans le corps de l'une de ses piètres rectifications, Laurent Joffrin cite, pour le soutenir, BHL dont le comportement boutefeu, notamment pour la honteuse catastrophe libyenne avec ses suites terrifiantes, avait été dénoncé par Onfray de manière plus que cinglante.

    On a donc à l'évidence, dans ces quatre pages, la mise en oeuvre d'un processus moins destiné à battre en brèche les affirmations d'Onfray qu'à donner un signal complaisant et soumis à ceux qui ne supportent pas ses éclats et son insupportable sincérité et lucidité.

    Comment ce pouvoir et ceux qui le servent pourraient-ils admettre d'être ainsi déboussolés ? Comment un homme, dont le destin et les constances intellectuelles ont manifesté qu'il avait le droit de blâmer la gauche de ne plus l'être, se permet-il en même temps des fulgurances, des provocations et des évidences dont les esprits libres, de droite et de gauche, font leur miel ?

    Il y a dans cette alliance entre une légitime dénonciation, selon Onfray, et une adhésion courageuse à la vérité du réel, quoi qu'il en coûte, une logique, une rectitude, non pas une contradiction mais une concordance, impossibles à accepter pour des dogmatiques et des idéologues préférant se crever les yeux et l'esprit en faisant silence plutôt que d'observer, réagir, protester et cibler les responsabilités.

    Michel Onfray est un intolérable mystère pour les sentiers battus et les tiédeurs d'aujourd'hui, il a l'aplomb de ne rien renier de ce qu'il a été et de ne pas s'excuser en permanence de ce qu'il a l'audace - parce que le déplorable est de devoir considérer qu'il y a en effet un risque - de nommer, de décliner et de pourfendre.

    Quand Laurent Joffrin, sans enthousiasme ni élan, défend les médias dont Onfray souligne le caractère manipulateur, parfois, et la criminalisation qu'ils opèrent de toute réflexion profonde, notamment sur les migrants, il adopte une posture qui serait comique si elle ne prêtait pas à conséquence au quotidien, pour l'information, la politique et la société.

    Ce qu'on reproche à ce philosophe est la liberté de sa pensée et de son expression. Pensant juste, il dit ce qu'il pense. Rien de plus mais c'est beaucoup aujourd'hui. C'est un honneur fait à Michel Onfray que ce numéro pour détourner de lui. Mais qui lui donne raison. 

     

    Philippe Bilger est magistrat honoraire et président de l'Institut de la parole. Son dernier livre Ordre et Désordres vient de paraître aux éditions Le Passeur. Retrouvez-le sur son blog Justice au singulier.

     

  • Vu du Québec : Vive le drapeau français !

     

    Une tribune de Mathieu Bock-Côté

    Alors que François Hollande a appelé les Français à pavoiser lors de la journée  d'hommage national aux victimes des attentats du 13 novembre, Mathieu Bock-Côté estime, dans une tribune du Figaro du même jour (27.XI.2015)  que cette agression a fait rejaillir un patriotisme refoulé depuis des années. Refoulé, d'ailleurs, par qui et pourquoi ? Nous retiendrons, sinon tous les détails, mais surtout le fond de cette réflexion où abondent remarques ou critiques justes et essentielles : « En fait, une crise comme celle provoquée par les attentats de 2015 nous force à sortir d'une théorie superficielle qui croyait pouvoir effacer les nations simplement en décrétant leur caractère périmé ou leur inutilité globale. » Pour ce qui est de pavoiser, et du drapeau, nous ajouterons, pour conclure, pour partie seulement  en forme de boutade, que le drapeau du Québec nous paraît porteur d'un symbole - quatre fois répété - qui nous parle de nos racines les plus profondes, les plus anciennes et les plus vraies.  Lafautearousseau 

     

    Mathieu Bock-Coté.jpgÀ la grande surprise d'un système médiatique qui a mis du temps à le comprendre, et qui n'hésite pas à confesser de temps en temps sa perplexité, les Français, suite aux attentats du vendredi 13 novembre se tournent vers leur drapeau et le brandissent bien haut. Pire encore, ils chantent la Marseillaise sans même s'en excuser. François Hollande en a rajouté en invitant à pavoiser le pays alors que la gauche française, depuis un bon moment, déjà, confessait son grand malaise devant les symboles nationaux, qu'elle peinait à associer positivement à l'avenir de la France. Le propre d'un sursaut national, c'est d'emporter ceux qui, la veille encore, parlaient de leur pays avec désinvolture.

    Certains journalistes ont sondé les Français pour savoir ce que le drapeau tricolore représente pour eux ? Cette question en masque une autre, moins aisément avouable : comment osent-ils renouer avec ces symboles associés depuis une trentaine d'années à « l'extrême-droite » - faut-il préciser qu'on lui avait aisément concédé son monopole ? Pire encore, ces symboles ne sont-ils pas pour cela définitivement souillés ? Le mot est pourtant simple : le retour aux symboles nationaux est une manifestation pure et simple de patriotisme. L'appel au drapeau témoigne pourtant du lien absolument intime entre un homme et son pays, et plus encore, la part existentielle du lien politique.

    En un mot, l'élan vers le drapeau témoigne d'un patriotisme spontané, qui se dérobe aux constructions philosophiques sophistiquées ou à son enrobage universaliste. On parle ici simplement d'une revendication d'appartenance clairement revendiquée. La philosophie politique contemporaine lorsqu'elle en reconnaît l'existence, réduit ce patriotisme à une forme de d'attachement primitif et à une communauté historique dégénérant presque inévitablement en xénophobie. Le progressisme a voulu amincir au possible la communauté politique en la réduisant à un pur système de droit exclusivement régulé par des valeurs universelles. Il s'agissait à terme de rendre toutes les sociétés interchangeables pour avancer vers une société mondiale.

    Comment, dès lors, cultiver un lien presque sacré avec le pays qui est le sien, lorsqu'on le réduit à une surface plane où peuvent se déployer librement des flux mondialisés ? Car il y a bien de telles choses que des liens sacrés, au nom desquels, au fil de l'histoire, des hommes ont donné leur vie. Il semble pourtant que l'appartenance nationale soit bien plus forte que ne le croyaient certains sociologues qui n'y voyaient qu'une construction sociale assez récente et terriblement friable. En fait, une crise comme celle provoquée par les attentats de 2015 nous force à sortir d'une théorie superficielle qui croyait pouvoir effacer les nations simplement en décrétant leur caractère périmé ou leur inutilité globale.

    On dissertait depuis un bon moment sur le retour du tragique. Mais il faut probablement qu'une société fasse l'expérience brutale de l'agression et de la mort violente pour en prendre vraiment conscience. L'agression fait rejaillir le refoulé patriotique, et plus largement, tout ce qui, dans la communauté politique, l'enracinait dans des couches de réalité imperceptibles pour ceux qui ne veulent voir le monde qu'à travers une citoyenneté limitée au statut de simple artifice juridique. Même si les citoyens n'ont plus les mots pour traduire cette appartenance, ils ont un drapeau à brandir pour l'afficher. C'est ainsi qu'on comprendra l'augmentation massive de l'enrôlement sous les drapeaux de jeunes Français qui découvrent la part sacrée de l'identité collective, qui réhabilitent, par ce fait même, la possibilité du sacrifice patriotique.

    Mais un patriotisme vivant doit être éduqué, transmis et entretenu, sans quoi le sursaut n'aura qu'un temps. Car si le patriotisme est une pulsion vitale, il doit, pour irriguer vraiment les institutions, être inscrit au cœur de la culture, et non plus refoulé dans les marges sociales et idéologiques. Comment la nation a-t-elle pu, pendant un quart de siècle, être concédée à des formations protestataires ? On aime rappeler la fonction civique de l'enseignement de l'histoire. Paradoxalement, l'enseignement de l'histoire a servi, depuis plusieurs années déjà, à déconstruire le sentiment national et à disqualifier le patriotisme. On favorisait une pédagogie de la pénitence et de la repentance. Apprendre l'histoire, c'était apprendre à désaimer son pays. La fidélité aux grands ancêtres était remplacée par ce que Michel de Jaeghere nomme justement la haine des pères. Comment faire en sorte qu'elle redevienne source de vitalité identitaire ?

    Les grands ancêtres sont pourtant plus nécessaires que jamais pour comprendre le bon usage du patriotisme. De Gaulle comme Churchill, au moment de la deuxième guerre mondiale, se firent les défenseurs admirables des libertés civiles et de la démocratie. Mais ils le firent au nom de la grandeur de la France, dans le premier cas, et de la civilisation occidentale et chrétienne, dans le second. En un mot, la démocratie ne fonctionne pas en lévitation, elle ne survit pas de manière stratosphérique, et doit s'alimenter de sentiments humains fondamentaux sans lesquels elle est condamnée à l'assèchement. La démocratie, sans la nation, est impuissante. Le patriotisme ouvre à une forme de transcendance qu'il faut reconnaître comme telle et savoir réinvestir. 

    Mathieu Bock-Côté            

    Mathieu Bock-Côté est docteur en sociologue et chargé de cours aux HEC à Montréal. Ses travaux portent principalement sur le multiculturalisme, les mutations de la démocratie contemporaine et la question nationale québécoise. Il est l'auteur d'Exercices politiques (VLB éditeur, 2013), de Fin de cycle: aux origines du malaise politique québécois (Boréal, 2012) et de La dénationalisation tranquille: mémoire, identité et multiculturalisme dans le Québec post-référendaire (Boréal, 2007). Mathieu Bock-Côté est aussi chroniqueur au Journal de Montréal et à Radio-Canada.

  • Le chômage intéresse-t-il encore les économistes ?

     

    Par Jean-Philippe Chauvin 

    Le chômage intéresse-t-il encore les économistes ? J'en doute de plus en plus, et j'ai constaté que, dans les classes préparatoires et en particulier dans les filières qui mènent à HEC, la question du chômage est traitée en quelques lignes sibyllines dans les manuels disponibles, au point que poser des sujets d'oraux sur ce thème déstabilise facilement les étudiants : la croissance semble être, ou presque, le seul but à atteindre, et qu'importent les moyens et les dommages collatéraux ! Rien d'étonnant alors que la période de forte croissance économique des années 50 aux années 70 ait été baptisée « les trente glorieuses » quand on sait désormais (mais on le savait aussi avant !) qu'elles furent aussi les années les plus destructrices de l'environnement en France, des espaces comme des espèces (et particulièrement celles qui peuplaient les fermes et les champs), et qu'elles ont provoqué cette « seconde Révolution française » qui a bouleversé, et pas forcément pour le meilleur, notre société, ses équilibres et une grande part de ses beautés, tout comme la sociabilité, aujourd'hui bien mal en point... 

    Néanmoins, avec la fin des « trente glorieuses » si mal nommées, le chômage, qui n'avait pas disparu mais s'était fait plus rare, est devenu, en quelques années, un chômage structurel, durable et désormais pérenne, comme un pilier majeur de ce système économique, pilier qui permettrait, étrangement, de maintenir celui-ci en étouffant, par la crainte de l'exclusion sociale que provoque le chômage dans notre société de plus en plus anomique et anonyme, toute velléité de révolte et de révolution : la société de consommation, et Jack London l'avait tôt compris (et si amèrement qu’il se suicida) à la suite de Ford, est le meilleur moyen d'asservir les individus, et la peur de « ne plus y être » désarme toute alternative politique, au moins jusqu'à un certain point... 

    Aujourd'hui, le chômage touche officiellement près de 6 millions de personnes dans notre pays, sans que la République n'en soit ébranlée : la société de consommation « amortit » les chocs, ainsi que les différentes et utiles aides financières pour les chômeurs, même si celles-ci se font plus restreintes avec le temps. Doit-on se contenter de ce constat ? Personnellement, je refuse ce fatalisme qui, depuis la petite formule de M. Mitterrand qui affirmait que tout avait été tenté contre ce fléau, n'a cessé de s'enraciner jusqu'à se banaliser. Mais ce refus ne sert à rien s'il n'est étayé par des propositions : mon intuition est que la solution n'est pas « une » mais plurielle, et qu'elle nécessite une impulsion plus politique que simplement économique. Car s'appuyer sur le seul calcul économique est, en fin de compte, vain, ne serait-ce que parce que l'économie n'a pas pour rôle, aujourd'hui, de réduire le chômage ou de donner du travail à tout le monde, mais de faire fonctionner la mondialisation et d'assurer la croissance, terme polysémique que l'on confond trop souvent avec la prospérité alors qu'elle ne l'est pas exactement pour tous... 

    Si l’État ne peut pas tout et n'a pas pour fonction de tout faire en économie, car l'étatisme est une maladie d'hypertrophie de l’État et non la preuve de son efficacité (bien au contraire!), il peut susciter, motiver et lancer, ou soutenir, de grandes initiatives économiques, productrices et distributrices, et une grande politique d'aménagement du territoire (parler « des » territoires serait d'ailleurs plus juste) qui me semble la clef de l'emploi et du travail au sens le plus large du mot : c'est vrai pour l'agriculture qui pourrait, si l'on veut bien rompre avec un modèle productiviste antisocial par principe, redevenir source majeure d'emplois pérennes et permettre un « redéploiement rural » qui redonnerait vie à des campagnes et des villages aujourd'hui en danger de mort par dévitalisation et désertification ; c'est vrai aussi pour des activités artisanales et industrielles qui, combinées avec un système de commercialisation « de proximité », peuvent se déployer au plus près des grands centres de consommation des Français ; etc. 

    Encore faudrait-il que l’État soit assez fort et volontaire pour jouer efficacement son rôle, et qu'il dispose d'une autorité politique suffisante pour s'imposer à des puissances économiques et financières qui ont tendance, de plus en plus, à s'émanciper des territoires et, au-delà, de leurs devoirs sociaux. La République n'est plus aujourd'hui crédible en ce domaine, ayant renoncé depuis longtemps à infléchir le cours de la mondialisation et préférant n'être que le gouvernorat d'une Union européenne trop « libéraliste » pour être vraiment sociale... Or, la lutte contre le chômage nécessite de rompre avec les logiques de la seule croissance et d'un libéralisme qui, en pratiquant le « laisser faire, laisser passer », oublie trop souvent les personnes, leur mode de vie et leur enracinement, en somme leur humanité propre...   

    Le blog de Jean-Philippe Chauvin

     

  • Tandonnet, un Macron de droite ? Le régime actuel, selon lui : « un monstrueux boulet pour notre pays »

     

    Après la survenue des déclarations surprise d'Emmanuel Macron, paraît maintenant cette chronique de Maxime Tandonnet, de droite quant à lui et ancien conseiller de Nicolas Sarkozy. Et voici du même coup relancé ce qui aura été le débat de cet été  - que Le Figaro résume en titrant : « La France, République ou monarchie ? ». Débat ouvert par Emmanuel Macron début juillet et que Péroncel-Hugoz a caractérisé de façon simple  : « Soudain le mot magique de « Roi » est réapparu comme une grosse pierre jetée dans la mare politique parisienne… Il a suffi de quelques propos du plus en vue des ministres socialistes actuels… » Maxime Tandonnet réitère ce geste, un mois plus tard. La droite n'est désormais plus en reste dans la remise en cause du régime républicain. Et voici de nouveau le mot magique de « Roi » qui réapparaît dans la mare politique parisienne… L'ensemble est d'importance. Il sera temps d'y revenir. LFAR

     

    Alors que l'on fête les trois cents ans de la mort de Louis XIV, Maxime Tandonnet estime que la France souffre de n'avoir pas su choisir entre République et monarchie. 

     

    131.jpgAilleurs en Europe, de ce que je vois ou entends dire, la vie politique ne donne pas ce sentiment de vaudeville, d'impuissance et de prétention tournant au ridicule, qui se dégage de la situation en France. En Allemagne, au Royaume-Uni, en Italie, en Espagne, par exemple, la vie publique fonctionne, tourne plus ou moins bien mais avance, des décisions sont prises, des choix parfois douloureux accomplis, un gouvernement existe. Les citoyens n'éprouvent pas cette sensation d'une fuite des dirigeants dans l'imposture de la communication à outrance, les polémiques, les manipulations, postures, mises en scène dans la seule perspective de la préservation ou de la conquête des postes.

    La France souffrirait-elle de n'avoir pas choisi entre République et Monarchie ?

    La République idéale confie le pouvoir aux citoyens. Elle a été définie dans la Constitution de 1793, restée lettre-morte. Ce texte, rédigé par les Girondins, mérite d'être relu. Il rejette la personnalisation ou l'accaparement durable du pouvoir. Celui-ci est impersonnel au sens où il n'existe pas de détenteur nominatif permanent de l'autorité (une exception est possible en période de crise). Le seul souverain est le peuple. Toutes les décisions importantes sont prises par référendum populaire. Des assemblées de citoyens dans les quartiers effectuent les choix locaux. Les députés sont élus pour un an renouvelable, donc sous le contrôle étroit des citoyens. Le pouvoir exécutif est responsable devant les citoyens qui peuvent destituer les ministres par une pétition. « La France n'a jamais eu qu'une bonne Constitution, celle de 1793, qui malheureusement n'a jamais été appliquée » a pu dire un professeur de droit public. Utopique ? Sans doute en partie, mais l'esprit de ce texte est intéressant.

    La Monarchie constitutionnelle est aussi une possibilité. Après tout, nous sommes un pays européen et plusieurs grandes nations européennes de tradition démocratique sont des monarchies : le Royaume-Uni, l'Espagne, les Pays-Bas, la Belgique… Ce n'est pas un régime honteux dès lors que la réalité du pouvoir au quotidien incombe à une assemblée élue au suffrage universel et un Premier ministre responsable devant elle. Une famille incarne la continuité nationale. Un souverain héréditaire est placé au sommet de l'Etat, même s'il n'est pas en charge de l'exercice du pouvoir au quotidien, sa mission étant avant tout symbolique. Cette formule à l'avantage d'éviter le basculement de la vie publique dans la frénésie mégalomaniaque : la place au sommet est déjà occupée, quoi qu'il arrive et elle n'est donc plus à prendre… 

    La France a un système hybride, ni République, ni monarchie. Elle n'est pas une République, au sens de la Constitution de 1793, dans la mesure où sa vie publique échappe aux citoyens et à la recherche du bien commun pour devenir l'otage des calculs carriéristes et narcissiques d'une poignée d'individus qui l'ont ainsi confisquée. Mais elle n'est pas non plus une monarchie car ces personnages sont en concurrence permanente, ce qui vaut au pays une surenchère dans la démagogie et l'imposture. En outre, faute d'un roi incontesté - qu'il soit le peuple souverain ou le monarque héréditaire - des roitelets ou postulants roitelets, médiocres sur le plan humain comme intellectuel, sont animés avant tout par une vanité aveugle, et non par des sentiments d'honneur et de dévouement au bien commun.

    L'ère du général de Gaulle a permis de masquer ces contradictions pendant une décennie. Lui bénéficiait d'une légitimité historique, issue du 18 juin 1940, lui conférant un statut particulier de personnage de l'histoire, comme il en vient un tous les deux siècles. Mais lui une fois parti, ce système bancal ne pouvait que sombrer dans le chaos et la comédie grotesque qui devient un monstrueux boulet pour notre pays. 

     

    Maxime Tandonnet décrypte chaque semaine l'exercice de l'État pour FigaroVox. Il est l'auteur de nombreux ouvrages, dont Histoire des présidents de la République, Perrin, 2013. Son dernier livre Au coeur du Volcan, carnet de l'Élysée est paru en août 2014. Découvrez également ses chroniques sur son blog.

     

  • Face à la crise agricole, le point de vue de Jean-Philippe Chauvin

     

    Comme nous l'avons fait nous-mêmes ces jours derniers, Philippe Chauvin ne se contente pas de demander pour nos agriculteurs et éleveurs quelques mesures immédiates de sauvetage. Le monde agricole français se meurt de cette succession d'aides étatiques ou européennes dont il est comme drogué. Comme nous, Philippe Chauvin veut que l'on aille au fond des choses. Et le fond des choses, c'est la remise en cause d'un certain nombre de fondements idéologiques de l'économie contemporaine : le libre-échangisme systématique, la concurrence par le binôme infernal baisse des prix / baisse de la qualité, concurrence par le bas qui appauvrit, massifie, disqualifie, et encore le consumérisme, la financiarisation, de la filière agro-alimentaire notamment. Or la critique est particulièrement fondée en matière alimentaire et agricole qui touche à l'existence même de la France charnelle. Aussi bien, d'ailleurs, que d'autres pays, notamment européens. Refaire une agriculture française, reconstituer une population agricole nombreuse, productive - avant tout de qualité - et aisée : cela suppose que cette critique de fond soit menée.  LFAR  

     

    arton8470-7b8cd.jpgLe monde agricole est à nouveau en crise : en fait, il n'a jamais cessé de l'être depuis ces dernières décennies, et la baisse régulière, dramatique en fait mais révélatrice, du nombre d'exploitations agricoles en France (comme en Europe), en administre la preuve la plus visible tout comme la disparition de la présence paysanne dans les campagnes, de plus en plus désertifiées dans celles qui, néanmoins, gardent une vocation d'abord agricole. En même temps, le chômage qui touche les zones rurales entraîne le départ des populations les plus jeunes vers les villes ou leurs périphéries, ce qui accentue encore ce mouvement de désertification. 

    Aujourd'hui, c'est la question des prix de la viande et du lait qui jette les éleveurs dans la rue, ou plutôt sur les routes. Mais, au-delà, c'est ce sombre désespoir et cette peur de mourir qui animent la colère des éleveurs, victimes d'un système absurde et mortifère pour les plus faibles, ce système agroalimentaire mondialisé et libéralisé qui privilégie l'argent et la manipulation des cours et des prix plutôt que le labeur et la peine des hommes : est-il normal que des agriculteurs qui travaillent parfois plus de 70 heures par semaine soient réduits à mendier des subventions et ne puissent pas vivre des produits de leur ferme ? 

    Surprise par la vivacité d'un mouvement qui embrase tout l'Ouest et bien au-delà, le gouvernement de la République cherche d'abord à éteindre l'incendie mais il avoue vite son impuissance devant des règles économiques qui le dépassent et dont il ne peut pas se déprendre, prisonnier d'une Union européenne trop libérale pour être favorable aux travailleurs de la ferme et d'une société de consommation qui privilégie toujours le bas coût et le court terme à la qualité, autant des produits que de la vie des campagnes et de ses bras. La grande distribution n'a guère de sentiment quand il s'agit de faire des affaires (à quelques exceptions près, certains directeurs de magasins privilégiant des produits locaux et des producteurs proches), et elle favorise des méthodes de production indignes de notre civilisation et du nécessaire respect autant de la nature que des hommes ! 

    Quand j'entends un éditorialiste télévisuel déclarer qu'il faut « moderniser l'agriculture française », je bondis ! Car, après tout, n'est-ce pas ce que l'on a fait depuis les années 1950, pour le meilleur mais aussi (et au final, surtout...) pour le pire ? Et il faudrait continuer sur cette voie d'une agriculture qui, désormais, sacrifie les agriculteurs aux profits de quelques grandes sociétés, et qui ne voit la nature que comme une source de revenus financiers alors qu'elle est d'abord nourricière, vivante mais aussi fragile et digne d'être respectée, aimée et non violée ! 

    Alors, quelles solutions à la crise actuelle ? Certes, des mesures conjoncturelles sont nécessaires, tout d'abord, pour éviter le drame d'une faillite massive d'exploitations agricoles en France et, à terme, le déclassement de l'agriculture française : des aides financières, des hausses de prix agricoles et des remises de dettes et de charges, entre autres. Mais il faut surtout repenser rapidement et sûrement l'agriculture en France, pour éviter d'autres crises et redonner à ce secteur du souffle tout en le pérennisant : un néocolbertisme agricole est possible en France, pratiqué par un État qui doit permettre aux agriculteurs de vivre de leur métier tout en produisant en quantité et de bonne qualité pour de multiples marchés et, d'abord, ceux qui concernent les consommateurs français eux-mêmes. Favoriser au maximum les circuits courts ; aider les producteurs à diversifier leurs sources de revenus en privilégiant, au-delà de leurs grandes spécialités, des formes de polycultures locales ainsi que l'agroforesterie ; mettre en place, avec les producteurs locaux, de véritables aires de production autour des villes, aires qui fournissent les commerces de bouche locaux (y compris de la grande distribution, avec obligation pour celle-ci d'acheter une part significative de la production agricole locale à de bons prix) ; pratiquer une politique de « redéploiement rural » pour accompagner un mouvement plus général de revitalisation agricole et villageoise... Voilà quelques propositions, et c'est une liste bien incomplète assurément (ce ne sont pas les idées qui manquent !), mais rien ne peut se faire de concret et de durable sans une politique d’État qui rappelle celle de Sully quand, au sortir des guerres de religion, il fallait reconstruire l'agriculture en France. Une politique sur le long terme, audacieuse et ferme face aux grands acteurs financiers de la mondialisation, aux multinationales de l'agroalimentaire et aux pressions des partisans d'un Libre marché globalisé qui n'est rien d'autre qu'un vaste champ de bataille de tous contre tous... Un État qui soit actif sans être intrusif, qui soit ferme sans être dictatorial, qui soit fédéral sans être dispersé... 

    Il ne s'agit pas de faire de l'étatisme (qui serait aussi dévastateur et vain que le libéralisme sans limites) mais de promouvoir, de soutenir, d'arbitrer, de protéger l'agriculture française et ses acteurs, tout en leur laissant « libre voie » pour s'organiser eux-mêmes pour mieux s'intégrer (et, cette fois, dans de bonnes et justes conditions) aux circuits économiques contemporains sans en être les esclaves ou les victimes. 

    La République a toujours été ambiguë avec le monde paysan : les amis de Jules Ferry employaient un terme d'origine coloniale, la « cambrousse » pour désigner la campagne, tout en faisant les yeux doux aux agriculteurs électeurs pour gagner les élections... Aujourd'hui, cette même République ne sait comment résoudre la « question agricole », par fatalisme, acceptation totale du libéralisme, ou simple impuissance politique. Là encore, la République n'est pas la mieux placée pour préserver l'agriculture française tout en la rendant à ses fonctions et ses qualités premières : une monarchie qui romprait avec les féodalités financières et l'esprit d'abandon, qui retrouverait le souffle et la pratique d'un Sully et valoriserait l'agriculture « à taille humaine » sans négliger les enjeux de l'économie, serait plus efficace que cette République aux abois qui ne sait que faire des agriculteurs...

    Le blog de Jean-Philippe Chauvin