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  • Déchéance de la nationalité : « la patrie n'est pas qu'un artifice juridique »

     

    « la patrie n'est pas qu'un artifice juridique » : C'est ce qu'affirme Mathieu Bock-Côté dans cette chronique *.

    La nationalité,   dit-il, relève au contraire d'une réalité historique et identitaire plus profonde. Conception traditionnelle avec laquelle nous sommes en accord de fond. LFAR   

    Mathieu Bock-Coté.jpgÀ sa manière, l'année 2015 a été terriblement logique. Elle a commencé pour la France sous le signe de l'agression islamiste, avec les attaques contre Charlie Hebdo et le marché Hyper Casher. Les attentats du 13 novembre ont confirmé que de telles agressions étaient en fait des actes de guerre, et qu'ils étaient menés au nom de l'islam radical, même si le premier réflexe politique a consisté à dénoncer un terrorisme générique plutôt que le terrorisme islamiste. Ces attentats étaient menés généralement par des « Français », ou du moins, par des individus qui avaient la nationalité française. Fallait-il parler dès lors d'une guerre contre la France, ou d'une guerre civile ne disant pas son nom ? À tout le moins, il fallait bien reconnaître l'existence d'un problème ne relevant pas seulement de l'exclusion sociale dont la France serait coupable.

    Il n'est pas étonnant que l'année se termine avec une discussion sur la déchéance de nationalité des terroristes. Ce débat en sous-tend un autre : la nationalité n'est-elle qu'un artifice juridique ou réfère-t-elle à une réalité historique et identitaire plus profonde, dont elle est la traduction politique et institutionnelle ? Peut-on comprendre quelque chose à la nation si on l'enferme dans les seules catégories du contractualisme moderne ? On a beau répéter qu'elle se confond avec les valeurs de la République, on constate bien que ces dernières ne suffisent pas à caractériser la spécificité française. Les nations ne sont pas toutes interchangeables et à moins de consentir à leur dissolution dans une forme de grand peuple mondial, il faut chercher à comprendre en profondeur l'identité de chacune d'entre elles. Il faut renouer avec la culture.

    C'est à cette lumière qu'il faut analyser le déploiement de la question identitaire dans la vie politique française, et plus largement, dans celle de toutes les sociétés occidentales. Elle permet de penser la part invisible de la citoyenneté moderne, et plus largement, de la modernité politique. Depuis plusieurs années, des intellectuels ont cherché à la faire valoir en rappelant les droits de l'histoire et de la culture dans la définition d'une communauté politique. En faisant valoir ces évidences étouffées par le progressisme dominant, ils subirent des attaques médiatiques à répétition et même quelques procès. Certains pans de réalité ne sont tout simplement plus admis dans la vie publique, puisqu'ils représentent un désaveu sans ambiguïté de l'impasse du modèle diversitaire.

    On a beau redouter plus que jamais les amalgames dans le système médiatique contemporain, cette peur des associations malheureuses ne tient plus lorsqu'il s'agit de stigmatiser publiquement les représentants d'une certaine dissidence conservatrice, qui sont systématiquement ramenés à Vichy. Soudainement, la prudence lexicale ne tient plus, et il s'agit surtout d'exclure le plus possible de la vie publique ceux qui ne participent pas au consensus multiculturaliste et progressiste. De même, on hystérise le débat public en laissant croire à un retour des années 1930, ce qui est une manière d'écraser la situation présente sous une comparaison historique effrayante. Cela permet évidemment aux accusateurs de se réclamer de la mémoire de l'antifascisme et de s'enduire de vertu médiatique. La stratégie est éculée mais n'est pas inefficace.

    On ne doit pas oublier que pendant une bonne partie de l'année 2015, le système médiatique s'est questionné ouvertement sur la prétendue hégémonie culturelle et intellectuelle des conservateurs et des réactionnaires dans le débat public. On s'inquiétait de leur progression, on leur prêtait la capacité de manipuler l'opinion à partir de leurs quelques tribunes médiatiques, comme s'ils disposaient d'un pouvoir d'hypnose à grande échelle. On oubliait, au même moment, que ces quelques voix étaient finalement bien rares dans un paysage médiatique où domine encore l'orthodoxie néo-soixante-huitarde. Mais c'est justement parce qu'elles étaient rares qu'on les entendait autant. Le progressisme a tellement l'habitude de l'hégémonie qu'il lui suffit d'être contesté pour se croire assiégé.

    C'est le drame d'une nation qui s'est laissée intoxiquer par la rectitude politique : plus on l'attaque et plus elle se sent coupable. Plus on l'agresse et plus ses élites s'en prennent à ceux qui en appellent à la riposte politique et à sa renaissance historique. On en revient alors à la déchéance de nationalité pour les terroristes binationaux : on peut y voir une rupture non seulement politique, mais philosophique, dans la mesure où elle réintroduit dans la nation certains éléments qui ne relèvent pas du simple artifice juridique. On dit de la mesure qu'elle est symbolique mais c'est justement pour cela qu'elle semble plébiscitée par l'opinion, qui devine bien ce que représente cet enjeu, même si elle ne parvient pas nécessairement à l'expliciter. Peut-on s'attendre à ce qu'en 2016, le réel fasse définitivement éclater la gaine de la rectitude politique ? C'est moins certain. Une nation ne sort pas facilement de ses mauvaises habitudes. 

    * FigaroVox

    Mathieu Bock-Côté           

    Mathieu Bock-Côté est docteur en sociologie et chargé de cours aux HEC à Montréal. Ses travaux portent principalement sur le multiculturalisme, les mutations de la démocratie contemporaine et la question nationale québécoise. Il est l'auteur d'Exercices politiques (VLB éditeur, 2013), de Fin de cycle: aux origines du malaise politique québécois (Boréal, 2012) et de La dénationalisation tranquille: mémoire, identité et multiculturalisme dans le Québec post-référendaire (Boréal, 2007). Mathieu Bock-Côté est aussi chroniqueur au Journal de Montréal et à Radio-Canada.

  • Le mammouth est un cancre… et un cancre jaloux !

     

    par Olivier Pichon

     

    On savait l’Éducation nationale une machine aux piètres performances scolaires, mais voilà qu’au pays de l’égalité proclamée, les inégalités scolaires progressent à grands pas. Et, pendant ce temps, le commissaire Vallaud-Belkacem entend bien mettre au pas l’enseignement hors contrat. « Nous avons échoué, continuons, mais surtout empêchons ceux qui pourraient réussir d’exister ! » Une logique typiquement soviétoïde.

    Le niveau : de Pisa en Pisa

    Tous les trois ans, le programme PISA évalue les élèves de 15 ans (un échantillon de plus de 500 000 élèves a été testé) dans le monde. Sur 65 pays comparables, la France a encore reculé : elle figure au 25e rang de la dernière enquête (2013). Dans ce classement, l’Asie domine en sciences. Pour la compréhension écrite, Shangaï, Hong-Kong et Singapour se disputent les premières places. Parmi les pays en tête, les Pays-Bas, la Suisse, mais aussi la Pologne, le Mexique et Israël sont aussi assez bien placés. Dans les critères de performance, on aura noté que la taille des classes importe peu (cf. la revendication des syndicats sur le nombre des élèves), les systèmes éducatifs les plus performants mettent l’accent sur la sélection et la formation des enseignants. Ce qui compte aussi, dit le rapport, c’est l’empathie qui se crée entre professeurs et élèves.

    Cela passe par l’autorité, car il ne peut y avoir de bon rapport avant l’exercice de la discipline mais après (note de l’auteur). Le rapport établit aussi que, en France, la corrélation entre le milieu socio-économique et la performance est bien plus marquée que dans les pays de l’OCDE. Bref, si l’on appartient à un milieu défavorisé… on connaît la suite. Le pays de l’égalité, valeur affichée tel un oxymore au fronton de nos monuments, est aussi le pays de l’hypocrisie, où politiciens et pédagomanes continuent d’appliquer des méthodes pour lutter contre cette inégalité, méthodes qui se sont révélées justement préjudiciables aux plus défavorisés. Lecture globale, autodictée, pédagogie de la non-contrainte et tout le cortège des élucubrations des pédagomanes des années 70 dont P. Bourdieu fut le gourou.

    Quand l’UNICEF enfonce le clou

    Et voila que ce mois d’avril 2016 vient nous apporter un nouveau dossier à charge contre l’EN. L’Unicef nous apprend que la France est un cancre en matière d’égalité scolaire : 35e sur 37 pays à haut revenu, de quoi faire rougir de honte nos ministres. Que nenni ! Sans doute, se consolent-ils en se disant que nous devançons… la Belgique (36e) et que ceci n’a rien à voir avec Molenbeek, quoique… Plus intéressant encore, le rapport montre que les écarts scolaires ne sont pas proportionnés aux écarts de revenus. En effet, dans les catégories les plus défavorisées, l’écart de revenu entre les enfants les plus pauvres et les enfants moyens est faible, l’impact des politiques de transfert sociaux jouant largement. Autrement dit, la vieille lune marxiste de la pauvreté ne saurait être invoquée en l’occurrence, mais bien encore une fois l’abandon forcé de l’élitisme républicain par la massification éducative.

    Réduire la concurrence faute de pouvoir s’améliorer

    Les progrès du hors-contrat étaient importants depuis quelques années à juste mesure, d’une part, de l’effondrement de l’école publique et, d’autre part, des tentations d’alignement idéologique (ses performances n’étant pas en cause) de l’enseignement sous contrat. Le pouvoir s’inquiète de ce progrès du hors-contrat. Pour lutter, il mise sur ses moyens : le contrôle matériel et le contrôle idéologique. Il ne pouvait pas, dans l’état de faiblesse budgétaire où des décennies de déficit l’ont mis, supprimer l’avantage fiscal aux associations qui président aux fondations d’écoles. Il a donc décidé de se porter sur l’autorisation d’ouverture, ayant déjà, par le biais normatif, (la norme outil de répression ?) tenté d’enrayer le phénomène. Mais là où l’hypocrisie du commissaire en jupon est totale, c’est qu’elle s’inquiète de la montée des écoles… salafistes « contraires aux valeurs de la République ». Le concept de valeur de la dite-ministre n’étant pas défini, on peut y mettre à peu près ce qu’on veut. Et l’on peut s’étonner que le gouvernement montre un si grand empressement à combattre « l’extrémisme musulman » qu’il a laissé s’installer partout sur le territoire de la République en question. 36 établissements privés musulmans, dont quatre sous contrat.

    L’ouverture d’un établissement privé hors-contrat relève du régime déclaratif, demandes déposées auprès du maire, du procureur du préfet et du recteur, il peut y être fait opposition « dans l’intérêt des bonnes mœurs ou de l’hygiène » Parce que, bien entendu, la dite-hygiène et les bonnes mœurs sont reines dans l’Éducation nationale ! Insupportable prétention de l’Etat, disait Taine, à se faire l’éducateur de la nation, une imposture ! Voila maintenant que quatre inspecteurs généraux sont diligentés pour travailler sur le hors-contrat : « la liberté de l’enseignement ne connaît qu’une limite : le respect de valeurs de la République ». Mais qu’on nous dise, enfin, ce que sont ces valeurs qui, en l’espèce, deviennent des instruments de contrôle de type totalitaire, ce que l’on savait un peu déjà.

    Dans les chiffres les établissements hors-contrats catholique (ou israélites) sont d’un nombre à peu près comparable aux établissements musulmans, et s’il ne faut pas sous estimer le risque, on ne saurait accepter, de l’État, la restriction des libertés… Surtout lorsqu’il doit balayer devant sa porte concernant ses propres performances dans le système monopolistique démontrant qu’il faut en finir avec ce cancre-là !   

  • Après Juvisy : L'explosion générale de violence redoutée, vue par Thibault de Montbrial

     

    Par Vincent Tremolet de Villers           

    ENTRETIEN - Samedi soir, des jeunes ont semé la terreur dans un quartier calme de Juvisy. Thibault de Montbrial expose [Figarovox du 16.01] comment ces bandes mues par la haine de notre pays atteignent un degré de violence paroxysmique. Et pourraient conduire à une explosion communautariste généralisée. Face à quoi l'incompétences des politiques est manifeste. Il y a là, pour la France, un danger majeur. Une explosion en gestation. Et un système politique inefficace.  LFAR

     

    XVM0daf6508-dc02-11e6-8620-c271acfe3201.jpgUne bande venue d'Athis-Mons a semé la terreur samedi soir dans un quartier calme de Juvisy. Ce type de violence semble s'installer dans le pays. Est-ce le cas ?

    Les violences commises en bande se multiplient sur le territoire national.

    Ces phénomènes sont le plus souvent observés dans les transports. Certains TER de la région PACA en sont ainsi régulièrement la cible, comme d'autres en Rhône-Alpes et en région parisienne.

    Mais les forces de l'ordre sont les premières victimes de ces violences de groupe.

    Tout le monde conserve à l'esprit la dramatique attaque de deux équipages de police survenue à Grigny le 8 octobre 2016, au cours de laquelle deux policiers avaient été grièvement brûlés.

    Depuis le début 2017 et pour ne s'en tenir qu'aux seuls événements dont j'ai pu avoir connaissance, des policiers ont été victimes de violences graves et ont dû battre en retraite avec des blessés lors du tournage d'un clip de rap à Mantes-la-Jolie, après un contrôle à Bobigny, ou encore dans une banlieue de Nancy.

    La tendance est donc nettement à l'accentuation de ce phénomène de « bandes ». Leur violence toujours plus désinhibée n'est guère freinée par des moyens policiers très vite submergés par le nombre. Quant au système judiciaire, il est dépassé, d'une part du fait de la difficulté de rassembler les preuves contre les participants à ces razzias, et d'autre part, en raison de l'entrave que constitue l'ordonnance de 1945 applicable aux nombreux participants mineurs : lorsque ceux-ci sont arrêtés, leur remise en liberté assortie d'une lointaine convocation chez le juge des enfants n'a en effet pas grand-chose de dissuasif.

    Certains des casseurs seraient rentrés dans un appartement privé pour le saccager. N'y a-t-il pas un risque d'un basculement collectif dans l'autodéfense ?

    Non seulement la propriété privée n'est pas un frein à la violence, mais elle constitue manifestement une incitation.

    Comme certains des commentaires recueillis par la presse auprès de riverains de Juvisy concernés le montrent, de tels phénomènes ne peuvent sur la durée qu'inciter les résidents à envisager leur sécurité différemment.

    Plutôt que le terme péjoratif d'autodéfense, je préfère l'expression légale de légitime défense, qui permet à un individu qui est soumis à une agression d'utiliser la violence pour se défendre ou défendre des tiers (famille, voisins…). À cet égard, il est intéressant de rappeler que le Code pénal prévoit une présomption de légitime défense spécifique pour « celui qui accomplit l'acte pour se défendre contre les auteurs de vols ou de pillages exécutés avec violence » (article 122-6-2e).

    Lorsque l'irruption dans un appartement se produit la nuit, cette présomption se combine à celle prévue par le 1er alinéa de ce même article 122-6 du Code pénal, qui présume de la légitime défense de « celui qui accomplit l'acte pour repousser, de nuit, l'entrée par effraction, violence ou ruse dans un lieu habité ».

    Il va de soi que si, dans un monde idéal, il appartient à la police et à la gendarmerie de protéger les populations, personne ne pourra sérieusement reprocher à un père de famille de défendre sa famille y compris par la violence si les forces de l'ordre n'ont pu empêcher l'agression subie, qu'elles aient été débordées ou que, trop peu nombreuses, elles soient tout simplement absentes.

    Les politiques proclament leur refus des zones de non-droit mais ont-ils selon vous pris la mesure de cette violence endémique ?

    On sent un embarras politique autour de cette question. Si certains ont la lucidité de reconnaître l'existence de « zones de non-droit » sur notre territoire, d'autres dans un mélange d'angélisme, de déni et d'incantation, prétendent toujours qu'elles n'existent pas.

    La réalité permet de jouer sur les mots : s'il n'existe aucun endroit du territoire qui soit totalement et en permanence inaccessible aux forces de l'ordre et aux services de secours, certaines zones ne font plus l'objet que d'intrusions ponctuelles d'effectifs en nombre, pour les besoins d'une opération précise et pour une durée limitée. Mais en pratique, les forces de l'ordre n'y sont plus présentes au quotidien, état d'urgence ou pas.

    D'une façon générale, les hiérarchies préfectorales et policières n'hésitent plus à décourager, voire à interdire verbalement aux équipages de sécurité publique de se rendre dans tel ou tel quartier, sous le prétexte édifiant de ne pas « provoquer ». La même logique conduit à stationner les unités de CRS ou de gendarmes mobiles à l'extérieur des périmètres les plus chauds. La crainte quotidienne des autorités est qu'un « incident », comme on appelle pudiquement les guets-apens contre les policiers, gendarmes ou pompiers par des bandes agressives et souvent armées, ne conduise les fonctionnaires à ouvrir le feu pour se dégager, ce qui constituerait l'étincelle que chacun redoute avant un enchaînement de grande violence.

    Il faut avoir la lucidité de comprendre deux choses. D'abord, ces bandes sont constituées autour d'une logique ethnico-territoriale, et leur développement est une des nombreuses conséquences néfastes de la communautarisation de la société. Ensuite, corollaire du point précédent, ces bandes sont mues par une haine de notre pays, qui s'exerce contre ses représentants (les forces de l'ordre) et ses habitants, comme dans les transports ou bien à Juvisy samedi.

    Il s'agit donc d'un phénomène d'une gravité extrême, à la fois par ses causes éthiques et par son expression.

    À cet égard, je suis sidéré de constater que la question de ces violences en bandes ethnico-territoriales est quasiment absente des débats politiques actuels, qu'il s'agisse des primaires de droite ou de gauche ou des déclarations publiques des autres candidats. À supposer que l'explosion générale de violence redoutée par la plupart des professionnels ne survienne pas d'ici à la prochaine élection, il est crucial que notre prochain président de la République prenne conscience de ce que les tensions ont désormais atteint sur différents points de notre territoire un degré paroxysmique, et nécessiteront d'autres initiatives que les éternelles condamnations de circonstance pour éviter une réaction en chaîne dont chaque jour nous rapproche. 

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    Spécialiste des questions de terrorisme, Thibault de Montbrial est avocat au barreau de Paris et président du Centre de réflexion sur la sécurité intérieure. Son premier livre, Le sursaut ou le chaos, est paru en juin 2015 aux éditions Plon. Il a préfacé le livre La France djihadiste d'Alexandre Mendel, paru en avril 2016 aux éditions Ring.

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    Vincent Tremolet de Villers           

  • Péroncel-Hugoz à L’Action Française : « Le Roi du Maroc bénéficie d’une popularité illimitée »

     

    Ancien correspondant du Monde dans les pays arabes, collaborateur du principal quotidien en ligne marocain, Le360, Péroncel-Hugoz est l’auteur de « Deux mille ans d’histoire marocaine » aux éditions Casa-Express. Nos lecteurs n'ignorent pas qu'il collabore régulièrement à Lafautearousseau. Il vient d'accorder cet intéressant entretien à L’Action Française 2000.

     

    PERONCEL 3.jpgComment peut-on qualifier la monarchie chérifienne du Maroc, avec à sa tête le roi Mohammed VI ?

    C’est une monarchie traditionnelle et familiale qui n’est ni absolue, ni très démocratique. La force de ce système réside dans l’amour de la population pour le roi. Récemment, un sondage qui plébiscitait le roi et le Gouvernement à 99 % n’a pas été publié. Pourquoi ? Un autre sondage pourrait tomber à 49 % un jour ou l’autre, et la monarchie en serait affaiblie. Pour l’heure, le roi bénéficie d’une popularité illimitée, presque irrationnelle, bien que les problèmes existent : pauvreté, bidonvilles, imbroglio à la frontière du Sahara... De ma vie de reporter, j’ai n’ai vu une telle popularité qu’une seule fois : au Pakistan pour Benazir Bhutto, Premier ministre, que les islamistes ont assassinée en 2007. Il fut un temps où les Marocains craignaient Hassan II ; aujourd’hui ils craignent pour Mohammed VI.

    Comment qualifieriez-vous les membres du Parti de la justice et du développement (PJD), dont le mode d’exercice du pouvoir ne semble pas refléter l’extrémisme qui vient à notre esprit d’européens ?

    Le PJD est un parti islamiste particulier, le même que celui d’Erdogan en Turquie. Il se compose de gens pieux et est clairement monarchiste. S’il a remporté autant de succès, c’est parce qu’il a la réputation d’être honnête, contrairement à la plupart des autres partis. À mon sens, c’est assez juste. Est-ce à tort ou à raison ? En outre, et c’est unique dans un pays musulman, les membres de ce parti ne parlent pas l’arabe classique quand ils s’adressent au peuple mais le darija, qui est le dialecte arabe du pays. Cela plaît énormément.

    Quelles sont les prérogatives du PJD, le parti majoritaire ? Et quel est le rôle du roi, Mohammed VI ?

    Même si ce système des partis est une façade pour plaire à la France et aux pays occidentaux, le PJD aura tout de même une influence en matière sociale et législative. Quant au pouvoir de Mohamed VI, c’est un pouvoir régalien ; il a un rôle arbitral, comme le roi de France l’avait en son temps. Depuis son palais, même s’il n’y est pas beaucoup, passant le plus clair de son temps à parcourir le royaume à la rencontre du peuple, le roi décide en dernier ressort. Il garde la main sur les questions capitales telles que les affaires étrangères ou la défense. Son épouse, Lalla Salma, mère du prince héritier Moulay El-Hassan et de la princesse Lalla Khadija, se montre en public non voilée et s’active en faveur d’oeuvres sociales. Elle n’est pas cachée comme le fut en son temps la mère du roi. Mohammed VI n’a qu’une épouse, contrairement à son père Hassan II qui avait deux femmes et dix-neuf concubines. Sa succession est assurée avec son fils qui deviendra Hassan III. Il a quatorze ans, l’âge de régner. Il est éduqué en quatre langues (arabe, anglais, français et espagnol). Voilà une monarchie qui flirte avec la modernité et la tradition.

    Le roi du Maroc est aussi commandeur des croyants… Peut on parler d’un islam marocain ?

    Oui. Comme on le dit un temps de la France, il existe une exception marocaine. Les musulmans marocains sont différents des autres. Le Maroc n’a pas connu la colonisation par les Turcs et c’est un islam qui diffère de celui de l’Arabie saoudite. L’islam du Maroc se tisse au travers de nombreuses confréries plus ou moins mystiques qui, rappelons- le, ont été jadis protégées par le maréchal Lyautey. Elles jouent un rôle éducatif et culturel dans les mosquées et les écoles. Ainsi, le roi, commandeur des croyants, gère un islam à sa guise.

    Pourtant, les Marocains ne sont-ils pas nombreux à rejoindre l’État islamique  ? L’attentat du Bataclan n’a-t-il pas été perpétré par un Marocain ?

    Oui, c’est vrai, ils seraient deux mille. Mais au Maroc, les islamistes sont très surveillés, et contrairement à ce qui se passe en France, on ne les a pas laissé faire. Plusieurs attentats ont été déjoués depuis ceux de Casablanca en 2003 et de Marrakech en 2011. Les cinquante mille mosquées sont toutes sous surveillance, contrôlées par l’État. Le roi a ainsi ses sujets bien en main. À l’inverse de la France qui a laissé faire depuis plusieurs décennies et qui se réveille trop tard. Bien sûr, dans la lutte engagée contre le terrorisme, il existe une collaboration étroite avec la France. C’est d’ailleurs grâce aux services de renseignement marocains que le principal instigateur de l’attaque du Bataclan a été retrouvé et tué à Saint-Denis.

    Dans quelle mesure le royaume du Maroc s’engage-t-il dans la lutte contre le terrorisme islamiste ?

    Le Maroc se positionne dans le monde musulman, en particulier en Afrique, comme le maillon fort de la lutte contre le djihadisme. Le roi appelle régulièrement ses concitoyens à pratiquer un islam pacifié. Ainsi, après l’assassinat du père Hamel, il a déclaré la guerre totale à Daesh lors de son discours du 20 août. Il a parlé d’un acte illicite contre la loi divine et qualifié ce meurtre commis dans une église comme une folie impardonnable. C’est un acte courageux, et le mot n’est pas galvaudé, car Mohammed VI est désormais très exposé.

    Propos recueillis par Irène Magny

    L’Action Française 2000

    A lire - notamment - dans Lafautearousseau ...

    Journal d'un royaliste français au Maroc [Publication hebdomadaire]

  • Lettre ouverte à Florian Philippot

     

    Par Pierre de Meuse

     

    4172691570.jpgVous voilà maintenant hors du front National. Ce n’est pas, en soi, un drame Mais si les développements de la crise qui vous a amené à en démissionner ont été regardés de l’extérieur en ce qui nous concerne, une analyse de notre part s’impose car le FN a dominé pendant 40 ans les choix des Français attachés au sort de leur patrie. 

    La question principale s’énonce ainsi : pourquoi avez-vous tant d’ennemis dans ce parti ?

    Résumons votre profil politique. Vous êtes antilibéral et patriote, et, répétez-vous, gaulliste. Pourquoi pas ? Vous auriez pu trouver au Front National de nombreux antilibéraux patriotes, pas tous gaullistes il est vrai.  Mais il aurait fallu jeter le regard sur une frange de la droite intellectuelle que vous n’aimez pas tellement : les contre-révolutionnaires, les identitaires et les catholiques sociaux. Ceux-là, croyez-le, ne portent pas dans leur cœur la finance mondialisée, les multinationales et la trilatérale chère à Macron. Il est vrai qu’ils sont minoritaires, mais après tout, vous aussi. Vous auriez pu dialoguer et vos propositions auraient pu être discutées, de façon amicalement critique.  Or, vous avez considéré que ces familles politiques ne méritaient même pas un regard. Lorsque vous avez été interrogé par un animateur de télévision, dans un type de dialogue où vous excellez, sur le sort à réserver au mariage prétendument « pour tous » si le Front gagnait les élections, vous avez répondu en rangeant cette préoccupation avec la « culture des bonzaï ». C’était une grave erreur, d’une part parce que la présidente s’était prononcée clairement sur le sujet, mais surtout parce que ceux qui avaient manifesté contre la loi Taubira et bravé les lacrymogènes pour cela vous ont classé au niveau de leur pire ennemi.

    Vous avez également pris une position fort audacieuse sur la monnaie européenne, soutenant comme une bonne part des économistes que l’euro n’était pas conforme aux intérêts français.  Techniquement, votre analyse était juste, mais elle n’a pas été appréciée par les électeurs, et c’est l’une des raisons pour laquelle le FN n’a pu atteindre le niveau de 40% auquel il pouvait prétendre.  Faut-il admettre que les français sont toujours enthousiasmés par le fédéralisme européen ? Certainement pas, mais votre argumentaire n’attaquait pas l’Europe dans sa conception ni dans ses méthodes, mais seulement son monétarisme. En bref, vous estimiez, comme Jacques Sapir, que la position de moindre productivité de la France exigeait des ajustements monétaires afin de conserver les emplois en France. Il aurait donc fallu dévaluer régulièrement afin d’ajuster la monnaie au marché. Vous proposiez donc implicitement de revenir à la politique de dévaluations qui a marqué la France de 1921 à la fin du XX° siècle.  Vous comprendrez cependant que la perspective de voir l’épargne et les revenus fixes fondre chaque jour un peu plus pouvait ne pas plaire à ceux de vos électeurs qui ont quelques Économies.  Surtout que dans le même temps le FN militait pour le retour de « la retraite à 60 ans ».

    Dans le même temps, vous recommandiez de mettre une sourdine à la dénonciation de l’immigration, dont vous estimiez qu’elle était « anxiogène ». Les premières semaines de campagne de Marine Le Pen ont été menées selon vos directives. Or les sondages firent apparaître un déclin constant des intentions de vote en faveur de la candidate. Il fallut donc redresser la barre pendant les quinze jours précédant le premier tour, faute de quoi elle aurait été éliminée.

    Cette stratégie était en effet absurde pour plusieurs raisons évidentes :

    D’abord elle visait à atteindre un électorat de gauche, grosso modo celui de Mélenchon, avec lequel vous désiriez nouer des contacts, repoussés d’ailleurs de manière blessante par les dirigeants de « La France Insoumise ». Tentative sans espoir parce que l’électorat de Mélenchon, en grande partie composé d’immigrés de la seconde génération, ne pouvait que rester étanche au FN, même « repenti ».

    Ensuite parce qu’elle ébranlait le pilier principal du FN, qui n’existerait plus depuis trente ans s’il n’avait pas su être et demeurer le seul parti politique s’opposant de face à l’immigration de masse.

    Enfin parce qu’au lieu de s’attaquer à la politique de soumission de l’Union européenne à l’égard de ces flux incontrôlés de population, source véritable du brexit, vous vous attaquiez à une question monétaire, sur laquelle les effets d’une rupture n’étaient guère prévisibles. Or cette politique d’ouverture systématique des frontières prônée par Bruxelles avait son origine, de manière très profonde, dans les principes fondateurs des institutions en question, et à l’influence des grands décideurs du capitalisme mondialisé. C’était donc à ces postulats qu’il fallait s’attaquer.

    Mais surtout elle était insensée parce que comme le dit très justement JY Le Gallou, le point nodal qui entraîne la « diabolisation » du FN est justement l’opposition à l’immigration. Et sur ce point, il ne suffit pas de nuancer dans les mots ou dans l’inflexion des phrases. Pour désarmer le parti-pris médiatique. Le système considérera le FN comme fréquentable seulement le jour où il se sera totalement soumis à la société indifférenciée. Autant dire le jour où il se sera suicidé sans retour. A quoi servirait une souveraineté de notre pays, d’ailleurs, si celui-ci n’existe plus ? Cette évolution était comprise par tous ceux qui, à l’intérieur ou à l’extérieur du FN, vous écoutaient et vous lisaient avec inquiétude, mais non par vous-même qui continuiez à incriminer les « rageux », animés par l’envie et la rancune.

    Le Gallou estime que la scission de Mégret n’est pas à comparer avec celle que vous auriez pu faire…si vous aviez eu plus de monde derrière vous. Je pense tout de même qu’il y a une similitude : ni Mégret ni vous ne savaient à quel genre de public ils avaient affaire. Ni sur les tempéraments, ni sur les idées, vous n’étiez averti de la mentalité et de l’héritage intellectuel des hommes dont vous sollicitiez le dévouement et le vote. Pire encore, vous les méprisiez ouvertement, reprenant à leur égard les mots dépréciatifs que les médias du système utilisent quotidiennement. Dès lors, votre sort lors du prochain congrès ne faisait pas de doute, et c’est pour éviter un investissement trop lourd en adrénaline que Louis Alliot et Marine Le Pen ont brusqué la décision en vous acculant à la démission.

    C’est dommage car beaucoup d’efforts ont été perdus. Le choix « ni gauche ni droite » n’était pas nécessairement une impasse, à la condition bien sûr de ne pas céder sur la pensée, y compris et surtout quand elle était frontalement en opposition avec la vulgate construite depuis 1945, et même bien avant. Il est évident en revanche que le modèle que vous cherchiez à imposer n’était qu’une illusion. Il n’y a plus de place en France pour un républicanisme sociétalement individualiste, politiquement étatiste et redistributeur, mais national. Ce rêve de technocrate keynésien avait 50 ans de retard. Philippe Séguin pouvait faire entendre sa voix dans les années 60 ; en 2017, il a atteint depuis longtemps la date de péremption.  •

  • 16 Octobre 1914 ... Le vieux Clemenceau, enfileur de lieux communs, débitant d'idées reçues

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    Derrière les beaux dehors, il y a de tristes réalités. On dit avec recueillement et enthousiasme, en parlant des Anglais, des Belges et de nous : "les alliés". Cependant il est sût que tout ne va pas toujours pour le mieux au sein de l'alliance. Je suis informé aujourd'hui avec plus de précisions que le mois dernier qu'au moment des intrigues menées par la faction de Joseph Caillaux, Lord Kitchener et sir John French ont voulu rompre leurs relations avec la France et menacé d'aller porter les opérations de l'armée anglaise pour son propre compte en Belgique et peut-être au Danemark. Rien n'eut été plus agréable aux Allemands, dont le plan a toujours consisté à battre les alliés en détail. Heureusement le bon sens aura prévalu. Mais comme la cuirasse en est fragile ! Quand on pense que La Guerre sociale de ce grossier ignorant d'Hervé est devenue quotidienne depuis que la guerre fait rage, et qu'il se trouve un nombre considérable de Parisiens pour acheter cet organe d'anarchistes petits-bourgeois, on peut se demander si la bêtise de nos concitoyens n'est pas incurable. D'ailleurs le vieux Clemenceau, enfileur de lieux communs, débitant d'idées reçues, jouit également d'un crédit, trouve des lecteurs pour son journal qu'il appelle L'Homme enchaîné depuis que L'Homme libre a été huit jours interdit. Ces plaisanteries de boutique ne révoltent pas le public, et Maurras est seul à avoir donné à Clemenceau le nom qui lui convient pour les grognements que le vieux plaisantin a fait entendre contre les chefs depuis le commencement de la guerre : Thersite*.

    Pour être juste, il convient d'ajouter que Clemenceau a rendu un service en s'opposant à l'entrée de Joseph Caillaux dans le ministère. Le président Poincaré aurait tout cédé et, pour arranger les choses, proposait de dédoubler les ministères : ainsi Ribot aurait eu les Finances et Caillaux le Trésor. On m'assure que Delcassé aurait dit au président : "Alors vous allez, poursuivre votre combinaison, donner les Affaires étrangères à Doumergue et à moi les protectorats ?".

    Delcassé serait résolu à exiger à la paix la rive gauche du Rhin pour la France. Lavisse** et Victor Bérard*** - réconciliés pour la circonstance - organisent un grand mouvement d'opinion en faveur de cette idée pour que, le moment venu, la presse française soit unanime à la soutenir.

    Ce soir, nous apprenons la mort du marquis de San Giuliano. Décidément, la mort travaille contre l'Allemagne et lui enlève, les uns après les autres, ce qu'il lui restait d'amis. Après le Hohenzollern qui régnait à Bucarest sous le nom de Carol, voilà que disparaît le ministre italien qui avait renouvelé la Triplice. 

    La censure nous a demandé de ne pas commenter la mort du marquis sicilien. J'avais déjà écrit un article où je rappelais qu'à ceux qui s'étonnaient de sa fidélité à la Triplice, San Giuliano avait coutume de répondre : "Che vuole ! En cas de guerre les Allemands seraient à Paris dans les trois semaines !" La censure n'a pas souffert que ce souvenir fût rappelé. Pourtant, il est bien encourageant pour nous. Les Allemands n'ont pas été à Paris dans les trois semaines fixées, et l'Italie est restée neutre.

    Le système de la censure, le système purement négatif du caviar, mais du caviar en blanc, est d'ailleurs bien maladroit. La censure coupe des articles, des paragraphes dans les articles, des phrases dans les paragraphes, des mots dans les phrases. On s'ingénie à chercher ce qui a été supprimé et l'on trouve souvent. Quand on en trouve pas, la peur ou la malveillance font lire des choses infiniment plus graves que celles qu'on a voulu cacher. Comment n'interpréterait-on pas, à Rome par exemple, les blancs d'un article nécrologique sur le marquis de San Giuliano ! D'ailleurs la preuve que, si la censure est nécessaire et légitime, l'usage qu'on en fait est gauche, se tire d'un article du Lokal Anzeiger (de Berlin) du 5 octobre, qui déduit de l'aspect des journaux français , avec leurs coupures et leurs pages blanches, que la guerre civile dévaste la France dont les régions non envahies sont à feu et à sang et révoltées contre le gouvernement. 

    Sans transition nous sommes passés du régime de la liberté absolue de la presse à un régime de restriction et de prohibition. Il faut approuver bien haut le régime de la censure. Mais il est bien visible qu'on l'applique sous sa forme la plus primitive et même la plus barbare : en ceci comme en bien d'autres choses, cette guerre est une guerre subie, une guerre qui n'a pas été préparée et où l'improvisation a joué un rôle beaucoup plus grand qu'il n'eût fallu.   u  

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    * Thersite, personnage grotesque de l'Iliade, qui s'en prend aux héros Achille et Patrocle.

    ** Ernest Lavisse (1842-1922), historien, membre de l'Académie française, directeur de l'Ecole normale supérieure, directeur de La Revue de Paris.

    *** Victor Bérard (1864-1931), heléeniste, chroniqueur de politique étrangère à La Revue de Paris de 1904 à 1911, titulaire de la chaire de géographie historique à l'Ecole des hautes études; Lavisse et Bérard s'étaient séparés en 1911 sur l'affaire marocaine, Bérard reprochant à Lavisse d'être trop lié aux milieux coloniaux.

  • Le progressisme de Macron par Gérard Leclerc

    Le président de la République a relancé dans le débat public le mot de progressisme, en invitant lors de sa campagne présidentielle les progressistes de toutes tendances à le rejoindre. Il est possible que du point de vue du marketing et de l’efficacité de la communication, c’était judicieux. Est-il sûr pour autant que le contenu du concept de progressisme avait été travaillé avec tout le soin nécessaire ?

    13584804_1050497325039319_7100176010205014433_o.jpgL’histoire des idées met en évidence sa malléabilité et on n’est pas forcément convaincu par les débuts d’explication de certains proches du chef de l’État. Doit-on penser à une idéologie, c’est-à-dire un système organisé pouvant se réclamer de certains courants de la pensée ou à un simple mot d’ordre ayant l’avantage de ringardiser son opposition ou ses opposants ?

    Il est un domaine privilégié où le progressisme semble mieux marquer ses intentions émancipatrices, c’est celui des réformes dites sociétales. C’est d’ailleurs celui que la gauche s’est approprié depuis qu’elle a rompu avec son anticapitalisme marxisant. Faute de révolution économique, le changement décisif des modes de vie avec ce qu’ils supposent de rupture anthropologique est devenu un objectif essentiel. Que retiendra-t-on du quinquennat de François Hollande en dehors du mariage pour tous ? Emmanuel Macron a poursuivi dans le même sens avec des réformes que son prédécesseur n’avait pas osé mener à terme, comme la PMA élargie. Il semble, pour le moment, avoir exclu de son programme la légalisation de l’euthanasie, en faveur de laquelle milite pourtant un leader de la République en marche, le professeur Jean-Louis Touraine, le plus déterminé des partisans d’un tournant décisif en matière de transgression des limites.

    C’est peut-être que le progressisme bute sur certains interdits, même lorsqu’ils sont obsolètes pour les plus idéologues. Ces interdits sont d’ordre moral, et une figure aussi emblématique pour la gauche que celle de Philippe Meirieu peut exprimer ouvertement sa crainte « d’un changement radical du rapport anthropologique de l’humain à la procréation ». Oui on non, le pouvoir progressiste est-il déterminé à suivre l’exemple de la Belgique et des Pays-Bas en matière sociétale, avec le test décisif de l’euthanasie ? On ne pourra échapper à un débat là-dessus, au terme duquel le progressisme sera mis en demeure d’énoncer son véritable contenu idéologique.

    Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 23 janvier 2020.

     

    Emmanuel Macron se veut progressiste selon son mot d’ordre de la présidentielle. Mais quel est le contenu de ce progressisme ?
    © Rémi Jouan, CC-BY-SA, GFDL, Wikimedia Commons
     

    Le président de la République a relancé dans le débat public le mot de progressisme, en invitant lors de sa campagne présidentielle les progressistes de toutes tendances à le rejoindre. Il est possible que du point de vue du marketing et de l’efficacité de la communication, c’était judicieux. Est-il sûr pour autant que le contenu du concept de progressisme avait été travaillé avec tout le soin nécessaire ? L’histoire des idées met en évidence sa malléabilité et on n’est pas forcément convaincu par les débuts d’explication de certains proches du chef de l’État. Doit-on penser à une idéologie, c’est-à-dire un système organisé pouvant se réclamer de certains courants de la pensée ou à un simple mot d’ordre ayant l’avantage de ringardiser son opposition ou ses opposants ?

    Il est un domaine privilégié où le progressisme semble mieux marquer ses intentions émancipatrices, c’est celui des réformes dites sociétales. C’est d’ailleurs celui que la gauche s’est approprié depuis qu’elle a rompu avec son anticapitalisme marxisant. Faute de révolution économique, le changement décisif des modes de vie avec ce qu’ils supposent de rupture anthropologique est devenu un objectif essentiel. Que retiendra-t-on du quinquennat de François Hollande en dehors du mariage pour tous ? Emmanuel Macron a poursuivi dans le même sens avec des réformes que son prédécesseur n’avait pas osé mener à terme, comme la PMA élargie. Il semble, pour le moment, avoir exclu de son programme la légalisation de l’euthanasie, en faveur de laquelle milite pourtant un leader de la République en marche, le professeur Jean-Louis Touraine, le plus déterminé des partisans d’un tournant décisif en matière de transgression des limites.

    C’est peut-être que le progressisme bute sur certains interdits, même lorsqu’ils sont obsolètes pour les plus idéologues. Ces interdits sont d’ordre moral, et une figure aussi emblématique pour la gauche que celle de Philippe Meirieu peut exprimer ouvertement sa crainte « d’un changement radical du rapport anthropologique de l’humain à la procréation ». Oui on non, le pouvoir progressiste est-il déterminé à suivre l’exemple de la Belgique et des Pays-Bas en matière sociétale, avec le test décisif de l’euthanasie ? On ne pourra échapper à un débat là-dessus, au terme duquel le progressisme sera mis en demeure d’énoncer son véritable contenu idéologique.

     

  • Technocrature, maladie sénile de la démocratie, par Philippe Germain.

    C’est dans le mensuel Le Bien Commun n°4 de février 2019 que le spécialiste des sciences de la gestion, Baptiste Rappin, Maitre de conférences à l’Université de Lorraine a pu expliquer que «  le régime oligarchique et ploutocratique dans lequel nous vivons depuis l’avènement de la révolution industrielle s’est enfin montré en toute transparence avec «  l’élection  » du Président Macron  ».

    En 2017, lorsque le suffrage universel à élu Emmanuel Macron Président de la République, l’expression de «  Hold-up démocratique  » a très vite circulée  ! Pour qu’il y ait hold-up, encore faut-il qu’il y ait butin. En l’occurrence en démocratie, le butin c’est l’appareil d’État.

    philippe germain.jpgPuis est arrivée une seconde expression, celle de «  la prise du pouvoir par les technos  », c’est à dire les technocrates (qu’il ne faut pas confondre avec les techniciens) dont Macron est l’icône par son parcours exemplaire  !– 2004, Sorti de l’École nationale d’administration (ENA) devient inspecteur des finances.– 2009, rejoint la banque d’affairesRothschild et devient associé-gérant en 2010. Emmanuel Macron a été poussé, dans sa campagne présidentielle, par un groupe de hauts fonctionnaires, les «  Gracques  ».

    L’élite politique républicaine a dû quitter le navire de l’État pour laisser la place à la «  technocrature  ». C’est elle qui maintenant conduit l’appareil d’État chaque lundi en réunissant quatre énarques, dont deux issus du Trésor (Macron, Kohler) et deux autres du Conseil d’état (Philippe, Ribadeau-Dumas). Cette technocrature maîtrise totalement les trois grands corps d’État que sont– La Cour des comptes,– Le Conseil d’État,– L’Inspection des finances .

    Ce Hold-up démocratique réalisé par la technocrature aurait permis le «  dégagisme  » de «  l’ancien monde  ». Celui des vieux parti politiques, de centre-gauche et de centre-droit qui gouvernent en alternanceComme le communisme s’est écroulé en une soirée au Mur de Berlin, le Vieux Parti Républicain (le V.P.R. disait Maurras) qu’on croyait lui aussi indestructible a été balayé en une soirée d’élection.

    En réalité la technocrature a sauvé in-extremis le Système représentatif républicain gravement disqualifié. Un Système représentatif dont les élus du V.P.R étaient massivement rejetés par les français (moralité de Cahuzac, Fillon, DSK et tant d’autres…. Mais aussi piètres statures de Sarkozy, Hollande….). Macron c’est un peu Bonaparte sauvant la Révolution….

    Pour nous – néo royalistes formés à l’école de l’empirisme organisateur et des analyses de Pierre Debray – la technocrature au pouvoir finalise la dégénérescence de l’élite politique républicaine. L’évènement de 2017 est de taille dans l’évolution du cycle démocratique français. C’est à la fois la défaite de l’élite politique et la victoire de l’élite technocrate. Une victoire espérée de longue date par  :– Pierre Mendès-France, le «  Jeune Turc  » modernisateur du vieux Parti Radical,– Jacques Chaban-Delmas, le gaulliste social,– Jacques Delors,  le démocrate-chrétien,– Michel Rocard, le socialiste-protestant.

    C’est pourquoi il faut impérativement éviter de tomber dans le piège de la personnalisation. Celui d’un pseudo «  pouvoir macroniste  ». Le président Macron n’est que le maillon final qui a réussi le coup de force de la technocrature. Certes l’amuseur monarchiste Thierry Ardisson n’a pas tort de railler cette bande de «  stagiaires qui n’y connaissent rien. Qui on fait le lycée Henri IV, l’ENA, Science-Po mais sont des puceaux ne connaissant pas la vraie vie  !  ». Pourtant cette technocrature des «  stagiaires  » a maintenant la totalité du pouvoir politique entre ses mains. Ce changement est un événement aux conséquences lourdes pour la France. Nous verrons prochainement pourquoi….

  • Urgent ! Comment guérir de la crise du coronavirus... (1ère partie) (9), par Jeunesse si tu savais et Poussières d'étoil

    En contact avec les mouvements Jeunesse si tu savais et Poussières d'étoiles; voici les liens de leur page FB, de leurs sites officiels et de leur chaîne youtube :

     

    JEUNESSE SI TU SAVAIS

    https://www.facebook.com/jeunessesitusavais/

    https://www.jeunesse-si-tu-savais.fr/

     

    POUSSIERES D'ETOILES

    https://www.poussieresdetoiles.fm/

    https://www.youtube.com/channel/UCvYtt4Ws_Uc4Cj0LeLCoEJQ/videos

     

    Et voici le neuvième article (aussi en vidéo/audio) qu'ils nous ont adressé, en attendant la suite...

    de petites « Poussières d’étoiles », pour qu’au lendemain de cette crise nous soyons vraiment guéris, sans faire de rechute…

    https://www.poussieresdetoiles.fm/uploads/newscast/0/0/128/8614e456-ae78-4fa2-a7bd-4e88c839c1ef.mp3

    A la fin de la Première Guerre Mondiale mon grand-père a survécu à la grippe espagnole qu’il avait contracté (il a eu tout au long de sa vie une petite pension militaire à cause de cette maladie). Un siècle après j’espère bien, comme la plupart d’entre vous – avec la grâce de Dieu - survivre à cette nouvelle épidémie mondiale. Mais voici quelques réflexions, de petites « Poussières d’étoiles », pour qu’au lendemain de cette crise nous soyons vraiment guéris, sans faire de rechute… (Vous avez aussi une version audio ci-joint.)

    LE CORONAVIRUS ET LE VEAU D’OR

    « Nous sommes en guerre », telle est la phrase répétée, même par le Chef de l’Etat français, qui caractérise la situation de notre monde d’aujourd’hui. Un petit virus « couronné » (comme le dit le mot coronavirus) est à l’origine de cette guerre que nous menons aujourd’hui ici en France et à travers le monde entier. Comment un petit virus peut-il déstabiliser toutes nos sociétés occidentales, si bien équipées, si bien « préparées », si bien mondialisées ? Un petit virus beaucoup moins mortel que les grandes épidémies des siècles passés (peste, choléra, grippe espagnole) comment se fait-il que nos économies soient à l’arrêt, que nous soyons confinés comme si nous étions sous un bombardement pendant la dernière guerre mondiale ?

    LE VEAU D’OR AUX SABOTS D’ARGILE…

    La mondialisation fait que nos économies sont totalement dépendantes les unes des autres : dépendantes du commerce international dont un tiers vient de Chine. Qui fut le point de départ de cette grande épidémie. Ce qui eut pour effet d’arrêter une grande partie du commerce mondial. Et au bout de la chaîne en France nombre d’usines ne peuvent plus fonctionner puisqu’un certain nombre de leurs pièces détachées venait de Chine. Les bourses mondiales se sont misent à s’effondrer avec l’arrivée de cette pandémie en Europe et aux États-Unis. Les bourses ont vu plus d’un tiers de leur valeur se volatiliser. Et ce n’est que le début… Les milliardaires ont perdu des milliards et l’économie est à l’arrêt pour plusieurs mois. Cette mondialisation est un jeu de dominos, chaque élément touche l’autre et une pandémie, par exemple, fait s’effondrer une partie de cette économie mondialisée.

    Cette crise sanitaire(la plus grande depuis un siècle et la grippe espagnole) qui devient aussi économique permet enfin à beaucoup d’observateurs de poser les vraies questions. Ne serait-il pas indispensable de relocaliser les masques, les médicaments de base, les produits de première nécessité, dans le cadre protecteur de notre nation. On retrouve la valeur de la nation, vers laquelle tous se replient en temps de crise, parce que c’est la plus grande et protectrice communauté humaine naturelle, une amitié au service du bien commun. Et non un grand « machin » ouvert à tous vents et au service d’on ne sait qui. Relocaliser donc les biens essentiels plutôt que de les produire à l’autre bout du monde, en Chine par exemple, pour le plus grand profit de quelques milliardaires (et au détriment de l’emploi national). Dès qu’un grain de sable grippe le mécanisme de la fabrication en Chine ou du transport - ce qui est le cas avec ce coronavirus - et toutes nos économies occidentales sont bloquées. On se pose à présent la question du retour de ces éléments économiques fondamentaux vers nos pays. La réimplantation, la relocalisation de tout ce qui est vital à l’économie et à l’indépendance d’une nation. Ce n’est plus un monde ouvert à tous vents (et à toutes les tempêtes) qui devrait être le modèle, mais un monde où on s’enracine à nouveau, où - pourquoi pas – « vivre et produire aux pays » (un vieux slogan de Mai 68, un des rares qui fut réaliste) deviendrait la règle. A l’époque c’était une espérance, mais que l’on a vite oubliée ou sacrifiée sur l’autel de la société de consommation, de la société où l’argent est roi et où l’on adore le « veau d’or ».

    « Veau d’or » qui est aujourd’hui à terre. Un « veau d’or » aux sabots d’argile pour lequel il a suffi d’un tout petit élément vivant, un virus pour qu’il s’effondre. Toute la société d’aujourd’hui, la société occidentale - des États-Unis à l’Europe – ainsi que la Chine (la fabrique du monde) repose sur le principe de « la société de consommation ». Et le moteur de la société de consommation c’est l’argent et l’on adore le veau d’or. Le tout au profit de quelques milliardaires qui en sont les principaux bénéficiaires. Puisque, par exemple, 26 milliardaires possèdent autant de richesses que la moitié la plus pauvre de l’humanité (cf. étude Oxfam 2019). Dans ce système de la mondialisation libérale ce sont à chaque fois des milliards qui vont aux milliards.

    Les Hébreux adoraient ce veau d’or au pied du Mont Sinaï, il fut abattu par Moïse. Aujourd’hui à nouveau ce veau d’or est à terre : ici c’est la société de consommation qui est en panne, à l’arrêt la plupart des commerces internationaux, les commerces locaux ont fermé (sauf alimentation ou exceptions). L’argent disparaît lui aussi puisque le système nerveux de cette société de consommation sont les établissements financiers et la bourse qui a perdu déjà plus d’un tiers de sa valeur en moins de 2 mois. Et la crise est loin d’être finie. On en a encore pour de longues semaines, de longs mois…

    C’est mondialisation est sur pause… Les échanges mondiaux sont quasiment stoppés, nous somment à l’arrêt dans toute la société de consommation. A l’arrêt aussi cet appétit du gain, cette volonté de gagner toujours plus, d’avoir toujours plus de milliards. Jusqu’à cette crise, la fortune des milliardaires augmentait de 2,2 milliards d’€/jour. Même les milliardaires ont perdu un tiers ou plus de leur fortune.

    COMTE DE FRANKENBOURG

  • Espagne : l'extrême-gauche veut la mort de la monarchie, par Frédéric de Natal

    L’extrême-gauche espagnole réclame un référendum sur le maintien de la monarchie. Partie prenante de la coalition au pouvoir, le parti Podemos (« Nous pouvons ») a d’ores et déjà annoncé la couleur sur les réseaux sociaux, ces derniers jours. Le mouvement d’extrême-gauche a invité ses militants à se rassembler vendredi prochain à Madrid afin d’assister à un colloque au thème évocateur et qui en dit sur ses futures intentions : « Au revoir monarchie, bonjour la démocratie ».

    « Nous soutiendrons les associations qui organiseront un référendum contre la monarchie en mai 2020 et qui seront en faveur de l’installation d’une république en Espagne ». L’attaque est violente contre la monarchie. L’état -major de Podemos ne s’en cache pas. Cette réunion vise à faire de l’Espagne, « un pays sans rois ni reines » et à mettre fin à une institution « dont le fondement est la corruption et le gaspillage » peut-on lire sur le compte twitter du porte -parole de Podemos, Isa Serra. Et qui explique que cette réunion politique souhaite mettre en place des jalons qui leur permettront de « sortir de la monarchie et construire une république démocratique, juste et féministe ».

    On est désormais loin des poignées de main entre Pablo Iglesias, le fondateur du mouvement, et le roi Felipe (Philippe) VI de Bourbon, désormais menacé par toutes les mouvances d’extrême-gauche du royaume. Il y a deux jours, Roger Torrent i Ramió, membre de la Gauche républicaine de Catalogne (ERC) et président de la Catalogne a fait voter, en toute illégalité, avec ses alliés JxCat, et CUP une proposition de résolution qui affirme pouvoir débattre et voter sur l'autodétermination. Et contourner ainsi la cour constitutionnelle.

    Fort de 35 députés aux Cortès, Podemos annonce même mettre en place une plateforme explicative en ligne concernant leur projet afin de proposer aux espagnols (« citoyens » dans le texte) «la possibilité de voter pour le type de modèle d’État de leur choix lors d’un référendum ». Isa Serra en a aussi profité pour dénoncer le système monarchique comme étant « une pierre d'achoppement qui interdit tout développement démocratique en son sein » et « un barrage aux droits et des libertés dans les secteurs populaires ». Une rhétorique qui renvoie l’Espagne aux pires heures des années trente et dont les conséquences à l’époque ont mené le royaume vers une violente guerre civile qui a fait des centaines de milliers de morts de part et d’autre des camps en présence.

    L’Espagne souhaite-t-elle vraiment un référendum sur la question. Bien que la monarchie ait été ébranlée par l’affaire Nóos et la condamnation du mari de l'infanta Cristina, Iñaki Urdangarin, le roi Felipe VI reste encore populaire. Toutefois l’écart entre républicains et monarchiste est assez serré. 51% des espagnols souhaitent toujours le maintien de la monarchie contre 46% en faveur de la république (dont 70% des 18-24 ans) selon un sondage sur le sujet publié en juin 2019. Parmi les premiers soutiens de la monarchie, on retrouve d’ailleurs le Parti Populaire (91%), Ciudadanos (83%) et Vox (82%). Suivi de loin par 45% des adhérents et sympathisants du Partis Socialiste.

    Accusé par le parti de la droite conservatrice, Vox, de vouloir fragiliser la monarchie, Pedro Sanchez affirme toujours qu’il n’est pas question de remettre en cause ce système qui a restauré la démocratie après la mort du Caudillo Francisco Franco. Une constitution rétablie en 1978, qui avait fait à l’époque consensus et qui permet justement la pluralité politique et des idées en Espagne. Celle-là même que dénonce très curieusement Podemos à ses propres fins. Depuis un an les consultations locales sur le sujet, sans aucune reconnaissance juridique, se sont multipliées. Et c’est sur ces mini-référendums, qui ont surtout connu des succès mitigés dans les principales universités du pays, que se base Podemos (dont Iglesias est pressenti pour être le numéro 2 du gouvernement,) pour justifier ce colloque de deux jours qui va réunir pas moins de 37 organisations politiques, syndicales et de jeunesse ensemble. Faisant ainsi fi d’une décision de la cour suprême cette année qui a déclaré inconstitutionnelles toute tentative de « référendum pour le droit l'autodétermination » ou « de rejet de la monarchie».

    Journal de l'aristocratie et de la bourgeoisie, de tendance conservatrice et monarchiste, le quotidien ABC a tiré à boulets rouges sur le parti Podemos accusé d’avoirs mis en place avec ERC un « plan commun visant à détruire ce qu'ils appellent « le régime de 1978 » et « faire régresser le royaume sous sa forme républicaine le plus néfaste de notre histoire ».

    59.jpg« En deux ans, leurs dirigeants sont devenus des petits bourgeois, faisant sans cesse des purges internes afin de se faire une place dorée sur les listes électorales pour être élu » a dénoncé ABC qui a levé une fois de plus le drapeau sang et or en faveur la défense de la monarchie ; Avant de rappeler aux populistes de gauche, que le « roi est le « garant et symbole de l'unité de l'Espagne » et que Felipe VI peut volontiers se targuer d’un bilan réussi depuis sa montée sur le trône en 2014.

    Pas sûr que les deux républiques de l'histoire espagnole peuvent revendiquer un tel héritage de stabilité auquel peut toujours prétendre et légitimement la monarchie Bourbon.

  • Les retraites ? A quel point le Référendum nous manque ! par Christian Vanneste

    La semaine qui commence va être une nouvelle épreuve pour notre pays. Une fois de plus, va se poser le problème de la capacité de la France à mettre en oeuvre des réformes nécessaires. La question des retraites n’est pas nouvelle. Elle tient essentiellement à deux problèmes distincts : celui du financement de retraites capables d’assurer une vie digne à tous les retraités ; celui de l’équité des situations entre les retraités. L’espérance de vie, la démographie et le chômage ont creusé des déséquilibres entre les cotisations et les prestations. Les 42 régimes fondés sur la solidarité interne à une profession ont créé des inégalités issues de caractéristiques professionnelles qui ont changé et qui vont encore évoluer.

    3309368304.jpgLa solution la plus paresseuse consistait à allonger progressivement la durée de la vie au travail. Il était plus ambitieux de passer à un nouveau système : celui qui permettrait une plus grande équité, qui poserait la base d’une solidarité nationale plus que professionnelle, et tiendrait davantage compte de l’économie du pays. Pour autant, il fallait aussi que soit pris en compte le parcours personnel du travailleur, souvent rendu plus complexe aujourd’hui qu’à l’époque où l’on pouvait n’exercer qu’une seule profession dans une seule entreprise durant toute sa vie. C’est encore souvent le cas dans le secteur public, et ça ne l’est plus dans le privé, cette inégalité criante de la société française à laquelle il faut mettre fin, sauf, en ce qui concerne les métiers à risques inscrits dans la fonction régalienne de l’Etat.

    Un système universel par points est donc une bonne idée. C’est le choix de la Suède et j’y avais fait référence à l’Assemblée, en évoquant les « comptes notionnels à la suédoise » lors du débat sur les retraites, en septembre 2010. Je considérais qu’une réforme structurelle était indispensable, et que celle qui nous était proposée était insuffisante. C’était il y a presque dix ans. A l’époque, je défendais aussi l’instauration de la TVA sociale, autre modèle scandinave, qui est logique avec le premier, puisqu’il fait glisser le financement des dépenses sociales de la cotisation sur l’impôt, son coût de la production sur la consommation, ce qui dope la compétitivité des entreprises nationales, et favorise leurs produits aussi bien sur le marché intérieur qu’à l’exportation. Cette mesure d’autant plus indispensable en France que l’Euro nous interdit toute dévaluation me paraissait à la fois la seule à lutter efficacement contre le chômage et à pouvoir davantage financer en partie la protection sociale sur la solidarité nationale, et donc sur des choix de politique nationale. Dès lors que ce n’est plus une cotisation qui paie une prestation à un autre cotisant passé ou présent, celle-ci peut à mon sens inclure, une préférence nationale. J’observe que le pouvoir actuel a préféré la CSG à la TVA, et s’en est déjà pris pour ce faire aux retraités. C’était bien maladroit avant d’annoncer une réforme « systémique » des retraites.

    Celle-ci sera présentée dans deux jours. Si on compare la méthode suivie par le gouvernement français à celle du gouvernement suédois, on mesure la différence. En Suède, entre l’annonce du projet en 1991, et sa mise en oeuvre définitive en 2001, dix ans ! Une concertation politique entre majorité et opposition pour obtenir avec succès un consensus, de 1991 à 1994, trois ans ! Le projet actuel a donc trente ans de retard dans sa conception et plus de vingt ans pour sa mise en oeuvre. Il arrive alors que beaucoup de retraités suédois considèrent qu’ils y ont perdu, d’une part parce que pouvant choisir l’âge du départ, ils sont pour la plupart obligés de le repousser en raison de la diminution de leur pension à l’âge légal où le choix est possible, en second lieu, parce que la valeur du point dépend de l’état global de l’économie suédoise, et que celle-ci connaît des hauts et des bas. Et, il tombe sur un pays qui a connu un an de crispation sociale qui a miné la confiance dans son gouvernement. Ce qui pouvait être proposé et lancé dans une concertation politique en 2017 le peut d’autant moins aujourd’hui que la rugosité des affrontements politiques et syndicaux de notre pays n’a rien à voir avec le climat de la politique suédoise. Une fois de plus, c’est la défiance et non la confiance qui règne en France : chaque profession se sent ciblée et évalue les pertes que ses membres subiront par rapport à la situation actuelle. Chacun entrevoit la mesure d’équilibre budgétaire dont il va être la dupe, et peu la tentative d’établir plus d’égalité entre les retraités. La maladresse suprême a résidé dans l’incertitude sur le point de départ du nouveau régime : dans cinq ans ou seulement pour ceux qui rentrent sur le marché de l’emploi. Il n’en fallait pas plus pour insuffler l’inquiétude et susciter la réticence. C’est la raison pour laquelle, si beaucoup de Français perçoivent aujourd’hui le caractère injuste et scandaleux de certains régimes spéciaux, ils n’en soutiennent pas moins une grève désastreuse, qui est la protestation par procuration à laquelle la majorité ne peut se livrer.

    Une fois encore, le seul moyen qui subsiste pour la France de procéder à des réformes structurelles indispensables est ce que proposaient les « gilets jaune », et que j’avais défendu par une Proposition de Loi, l’instauration d’un Référendum d’Initiative Populaire. Le projet est présenté par le gouvernement. Une pétition est lancée et le débat s’instaure durant un an, avec le souci d’un parfait équilibre entre le soutien et l’opposition, puis les Français décident de leur avenir, comme une vraie nation, et non comme une addition de « communautés » professionnelles et d’intérêts égoïstes.

  • Retraites : La grève ou la trêve ? par Christian Vanneste

    Paris est devenu un enfer, sauf pour la garde verte d’Hidalgo. Des foules compactes de piétons se bousculent sur les trottoirs, ou guettent avec angoisse la surprise d’un vélo ou d’une trottinette qui slaloment à toute vitesse et dans tous les sens, et bien sûr ne s’arrêtent pas aux feux rouges. Le passage d’une rive à l’autre est une aventure, soit parce que les voitures, et plus encore les motos, tentent d’échapper aux embouteillages, soit parce que le flux étant figé, il faut passer entre deux voitures en zigzagant et en évitant les deux roues qui font la même chose, mais en sens inverse.

    VANNESTE.jpgDes piétons chargés et épuisés, une génération spontanée et envahissante de deux-roues, et des automobilistes punis par des heures d’immobilité ou de conduite chaotique et périlleuse : le cauchemar des Parisiens est le rêve des écologistes enfin réalisé. La Mairie de notre capitale ne semble pas se soucier des écoles publiques fermées, et encore moins des commerçants, des hôteliers ou des restaurateurs qui voient s’effondrer leurs espérances pour la période enchantée de la trêve des confiseurs. Quant à l’image dégradée de notre pays qu’offre Paris, d’une manifestation l’autre, tandis que les atteintes physiques aux personnes y ont augmenté de 9%, elle s’en désintéresse. La délinquance comme la réforme des retraites sont le fait de l’adversaire municipal, qui est au pouvoir national !

    Il faut avouer que cet adversaire, le pouvoir macronien, a fait très fort en voulant lancer une réforme systémique à la hussarde à la veille des Fêtes. Qu’il faille adapter le système des retraites à un contexte que l’espérance de vie, la longueur des études et la situation économique bousculent est une évidence, sauf pour ceux qui pensent que l’on peut encore augmenter la dépense publique et alourdir les charges dans un pays qui détient les records de la part de la dépense publique dans son PIB, et des prélèvements obligatoires qui ruinent sa compétitivité et expliquent le chômage. Pour autant, était-il prudent de voir trop grand et d’aller trop vite ? Le modèle suédois a agi sur Macron comme un mirage, séduisant de loin, et trompeur de près. La Suède, après une crise économique provoquée par l’emballement de la social-démocratie, a voulu s’adapter au réel et délaisser l’utopie socialiste du « toujours plus ». Elle a notamment procédé à une réforme des retraites destinées à adapter celles-ci aux changements, et surtout à l’allongement de l’espérance de vie , de 84 ans pour les femmes et de 77 ans pour les hommes, facteur évident de déséquilibre entre les cotisations et les pensions. Face à un problème beaucoup plus simple qu’en France, avec un seul système à l’origine, fondé sur les 15 meilleures années de revenus et 30 ans d’activité pour tout le monde, les gouvernements suédois ont posé les principes en 1991, pratiqué un dialogue parlementaire entre 1991 et 1994, fait voter la réforme en 1998, et décidé la mise en oeuvre en 2001. 10 ans de concertations et d’améliorations pour établir un consensus, avec aujourd’hui un résultat qui est loin de ne faire que des heureux. S’il y a un minimum garanti, la valeur du point ne l’est pas. Les pensions peuvent diminuer si l’espérance de vie s’accroît et si la croissance ralentit. Les Suédois peuvent certes prendre leur retraite à 61 ans, mais beaucoup travaillent au moins jusqu’à 65 ans pour obtenir un nombre de points suffisant pour une retraite décente. Certains cumulent un emploi avec leur retraite. Par ailleurs, si les cotisations représentent 18,5 % des salaires, elles sont pour 2,5% destinées à des fonds de pension qui ajoutent à la retraite par répartition, une part de capitalisation.

    On mesure l’outrecuidance française qui après une concertation menée depuis Octobre 2017 par Delevoye, prétendait voter la réforme dès le début 2020, alors que nos 42 régimes et le traditionnel manque de réalisme économique des Français rendent les choses beaucoup plus compliquées. Allez donc parler de capitalisation dans notre cher pays, sans soulever la réprobation de tous ceux que le mot « capital » révulse. La précipitation et la complexité ne font pas bon ménage. Aujourd’hui, les retraités sont favorables au projet qui ne les concerne pas. Tous les autres sont contre car ils pensent, non sans raison, qu’ils y perdront. Une seule question se pose pour eux : à partir de quand cela s’applique ? Vais-je être concerné ? On ne peut mieux faire pour qu’un pays se morcelle en de multiples égoïsmes dans un vaste « sauve-qui-peut ». Le gouvernement a tenté de se servir de ces divisions : on observera la priorité apportée au problème du régime spécial de la police : que se passerait-il si sa garde prétorienne le lâchait ? Avec moins de succès, il annonce des cadeaux pour les enseignants. Plus généralement, il retarde le plus possible l’application de la loi, afin d’en sortir le maximum de futurs retraités, ce qui du même coup efface les conséquences économiques positives d’une réforme qui se voulait urgente. En revanche, l’âge-pivot avec bonus malus, carotte et bâton, est une maladresse de technocrate. L’idée que l’âge du départ en retraite ne bougera pas est une utopie ou un mensonge. Donc l’âge pivot était bête mais honnête, la stabilité du point est un gros mensonge : comme en Suède, le niveau de vie des retraités va diminuer, et le pouvoir en place tente de marier la réforme avec des exigences qui lui sont contraires. Toute cette affaire aura été un travail d’amateur !

  • Le petit virus, grand pédagogue ? (III) – La mort de l’exception française ?, par Christian Vanneste.

    La plus grande des illusions françaises tient dans un paradoxe : alors que l’identité française est submergée par la mondialisation des produits et des comportements, mondialisation tronquée d’ailleurs, car si les produits sont souvent chinois, les comportements sont toujours américains, avec une invasion du « globish » dans notre langue, comme si une idée était plus claire et plus forte « in English », les discours officiels, eux, continuent à souligner l’exemplarité française, l’exception française que le monde entier nous envie, éperdu d’admiration pour le pays des droits de l’homme. Ainsi, en était-il de notre système de santé ! Le Covid-19 nous a réveillés au beau milieu de ce vieux rêve.

    christian vanneste.jpgCertes, l’accès aux soins est regardé avec beaucoup d’intérêt par les étrangers qui viennent se faire soigner gratuitement grâce à l’AME ( Aide Médicale d’Etat). Celui-ci constitue une véritable « préférence étrangère » puisque un immigré clandestin, sans titre de séjour, est soigné dans des conditions dont un Français ne bénéficie pas : couverture totale sans avoir contribué à la dépense par ses impôts ou ses cotisations ! En revanche, on se rend compte que notre système de santé est loin d’être le meilleur du monde. Il jouit toujours de son héritage et de ses traditions, ses praticiens déploient en ce moment même des trésors de dévouement, de courage et de compétence, mais les faits sont là : la France, loin de faire mieux que les autres, se situe plutôt parmi les pays les moins performants, avec des chiffres qui suivent ceux de l’Italie d’une dizaine de jours, alors que l’Allemagne, qui copie la stratégie de la Corée du Sud, obtient de bien meilleurs résultats.

    Cette déconvenue tend à générer une grande nostalgie socialiste de la dépense publique en faisant porter la responsabilité du désastre sur les économies qui auraient affaibli la protection sanitaire des Français. Il faudrait donc, là-aussi, plus d’Etat ! C’est un contre-sens ! Le problème de l’Etat en France, c’est celui de l’obésité : la graisse inutile, nuisible, étouffe les muscles et le coeur. L’accumulation des technostructures, le poids de la bureaucratie augmentent la dépense improductive tandis que les outils efficaces, les muscles, s’affaissent et que le coeur, le courage qui doit animer les acteurs, les soignants, les policiers, les soldats, risque de s’anémier. La décentralisation a multiplié les strates administratives redondantes qui se sont empressées de recruter des fonctionnaires superflus. L’Etat central a collectionné les fromages destinés à accueillir les copains du pouvoir, brillants énarques parisiens en mal de fonctions superbement rémunérées, tandis qu’il supprimait des emplois de proximité beaucoup plus utiles, dans les hôpitaux, les écoles ou les commissariats. La dépense publique, et les impôts qui ne la financent qu’en partie, devraient être diminués, mais en les orientant vers ce qui est opérationnel. L’addition des organes de décision et de contrôle n’a pas permis de prévoir l’arrivée de la pandémie en France, ni de préparer le pays à la recevoir. Elle entraîne parfois au contraire des blocages et des contre-ordres qui ralentissent l’action et ruinent son efficacité. C’est l’appareil nécessaire aux tests commandé par le médipôle de Tours, et réquisitionné par la Préfecture, c’est le bus transportant huit malades de Reims à Tours obligé de rebrousser chemin sur injonction de l’ARS, parce que le PC de crise de Paris, à la DGS, n’a pas donné son feu vert. Alors qu’on perçoit beaucoup d’improvisations dynamiques à la base, un carrossier qui fournit des masques à des médecins, des clients qui leur en apportent, des entreprises qui en fabriquent, en commandent ou offrent les leurs, pris sur les réserves, au sommet là où l’organisation devrait régner, c’est bricolage dans la gestion et cafouillage dans la communication. Les mensonges d’Etat sur l’utilité des masques ou l’étendue des tests pour cacher le retard et la pénurie, le « cinéma », comme disent les Suisses, du transfert des malades par avion pour dissimuler l’insuffisance des lits et des respirateurs, l’incroyable polémique sur l’hydroxychloroquine, sont autant de variations sur le thème du « mal français », celui d’un Etat centralisateur, imprévoyant et néanmoins dirigiste. On sait très bien que l’application des 35 heures en dehors des entreprises de production capables d’accroître leur productivité, dans le service public notamment, a puissamment surchargé et désorganisé l’hôpital.

    Alors, en dehors des conférences technocratiques quotidiennes de M. Salomon qui nous inondent de chiffres pour créer l’illusion de la maîtrise, c’est depuis trois semaines gestion du désarroi et panique à bord. Lors de la première, le 24 Janvier, Mme Buzyn déclarait : » Pour la France, les analyses de risques d’importation sont modélisées régulièrement par des équipes de recherche. Le risque d’importation de cas depuis Wuhan est modéré, il est maintenant pratiquement nul parce que la ville est isolée. » Depuis elles servent à établir les courbes montantes des malades et des décès. L’Etat-stratège qui avait annoncé que la guerre n’aurait pas lieu en est à faire le bilan quotidien de ses victimes. Or, celui-ci révèle, lorsqu’on le compare à celui de la Corée du Sud ou de l’Allemagne, l’inanité d’une stratégie absurde qui a consisté à isoler les gens chez eux plutôt que de les protéger les uns des autres par des masques, parce qu’il n’y avait pas de masques et qu’on ne voulait pas le dire. Cette politique de Gribouille aura deux conséquences désastreuses : la mise en sommeil de notre économie et celle de nos libertés. L’Etat-stratège est en déconfiture et l’Etat de droit en sommeil.

  • Bioéthique : La France confrontée à une culture de mort (5), par François Schwerer

    Le sénat va connaître dans les jours à venir le projet de loi de bioéthique. Notre ami François Schwerer nous a adressé - avec un message de sympathie - l'ensemble des textes qu'il été amené à écrire sur cette question.

    Cet ensemble constitue une véritable somme, aussi bien par son importance que par son intérêt.

    Nous en avons commencé la publication le vendredi 10 janvier, et nous la poursuivrons du lundi au vendredi inclus, comme nous l'avons fait, par exemple, pour l'étude de Pierre Debray, Une politique pour l'an 2000.

    Et, pour suivre et retrouver ces textes plus commodément, nous regrouperons la totalité de cette étude, vu son importance, dans une nouvelle Catégorie : François Schwerer - Bioéthique : culture de mort : vous pourrez donc retrouver donc l'ensemble de cette chronique en cliquant sur le lien suivant :

    François Schwerer - Bioéthique : culture de mort...

    Voici le plan de l'étude (hors Annexes et textes divers, qui viendront ensuite); nous le redonnons chaque jour, afin que le lecteur puisse correctement "situer" sa lecture dans cet ensemble :

     

    1. Les étapes de la décadence
    • Un processus téléologique

    1/. « Qui n’avance pas recule »

    2/. De la pilule à la GPA : l’asservissement des femmes

    3/. La révolte des femmes et les mouvements féministes

    4/. Le transhumanisme, stade ultime de la destruction

    • La stratégie progressiste

    1/. La campagne médiatique préalable

    2/. La modification de la loi

    3/. Le recours à une novlangue

    4/. Le discrédit de l’adversaire

    5/. La politique des petits pas

    6/. Le viol de la conscience des enfants

    1. « Pour une nouvelle croisade »

    A - Une faible résistance

    1/. Des hommes politiques sans conviction

    2/. Des manifestations apparemment inefficaces

    3/. Un refus de mettre en danger son propre confort

    4/. Un faux respect de l’apparente liberté d’autrui

    5/. Si le Seigneur ne bâtit pas, c’est en vain que s’agitent les bâtisseurs

    B – Un combat dont l’enjeu dépasse le fonctionnement de la vie sociale

    1/. Il est plus facile de descendre une pente que de la remonter

    2/. Un combat ayant une dimension eschatologique

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    Schwerer.jpg4/. Le transhumanisme, stade ultime de la destruction

     

    Parmi les aspects les plus subtils de tous les mensonges proférés pour promouvoir ces avancées sociétales, il y a la multiplication des faux « droits » et l’anihilation de la pensée par la confusion du sens des mots. Cela a conduit à faire disparaître toute hiérarchie des valeurs et, finalement, à bouleverser tout système ordonné, pour le ramener à un chaos de nature plus que primitive. Les enfants de demain ne sauront plus quels sont leurs parents, ni même qu’ils ont des parents (1). La société aura enfin atteint le stade suprême que Renan n’entrevoyait que sur le plan politique ; celui où l’homme naît enfant trouvé et meurt célibataire.

    Mais quelle importance puisque l’homme de demain ne sera plus un homme simple. Comme l’a fait remarquer l’abbé Guillaume de Tanoüarn, « au fond, l’homme refuse sa nature ». Le transhumanisme – selon le mot créé par Julian Huxley pour faire avancer, de façon camouflée, la cause de l’eugénisme – est une pensée libertarienne qui s’est fixée pour but de dépasser, grâce au recours à la technologie, les limites imposées par la nature humaine.

    Comme l’a souligné Joël Hautebert dans L’Homme nouveau du 26 juin 2019, « le préfixe trans, plus souvent employé que post, indique qu’il s’agit d’un mouvement, donc d’une étape dans un mouvement, sans aboutissement définitif précis. Les transhumanistes se présentent comme les héritiers du progressisme et de l’humanisme modernes. Cela peut paraître paradoxal, étant donné que l’homme disparaît. Mais à notre sens, la continuité est réelle dans la mesure où ils s’inscrivent dans la lignée intellectuelle de la prétention de l’homme de s’émanciper de tout ordre hétéronome, y compris aujourd’hui de sa nature biologique » (2).

    Dans Marianne du 24 juin 2019, Jacques Luzi a lié cette soif d’immortalité que véhicule mal la pensée transhumaniste, avec le règne de l’argent, ce qui est logique dans la mesure où le plus avoir s’est substitué au mieux-être. « Concrètement, la technoscience sert aussi bien l’accroissement de la puissance des Etats dominants, en compétition permanente dans la course technologique préventive, que l’expansion du capitalisme industriel ».

    Et d’expliquer : « Derrière la liberté de choix du consommateur et le débat sur l’égalité d’accès aux technologies reproductives, derrière la confusion entre pathologie et handicap, entre différence naturelle et inégalité sociale, on trouve la volonté techno-capitaliste de normaliser la marchandisation du vivant, quitte à susciter en chacun, pour le monnayer, le désir de devenir le contraire de ce qu’il est ».

    C’est ce qui permet à François-Xavier Bellamy de conclure dans le Journal du Dimanche du 15 septembre 2019 : « La promesse du transhumain, c’est la certitude de l’inhumain ».

    Pour bien comprendre le mécanisme mis au service de cette révolution, il faut examiner plus en détail les stratégies suivies tant par les tenants de cette évolution sociétale que par ceux qui s’y opposent (3). Il n’y a aucune subtilité dans le système mis en place qui s’apparente à la technique du rouleau compresseur. Le mécanisme est toujours le même, il est celui mis au point par le serpent au début de l’humanité. Il repose sur deux « pieds » : la vanité intelligente de l’homme et la confusion entre l’impossible et l’interdit. Seuls évoluent les points d’application et les conséquences. Adam et Eve ont été chassés du Paradis terrestre après avoir pris du fruit de l’arbre de la connaissance du Bien et du Mal, de peur qu’ils ne cherchent à maltraiter le fruit de l’arbre de la Vie. Aujourd’hui, l’homme qui a réussi à s’imaginer un paradis aussi limité qu’artificiel s’en prend désormais à ce fruit.

     

    (1) : Le pédopsychiatre, Christian Flavigny, tire de son côté une véritable sonnette d’alarme, dans Valeurs Actuelles du 27 juin 2019 car en vidant le mot « parent » « de son sens (parent, du verbe latin parere, enfanter), on le déleste […] du principe régulateur de la vie familiale (les interdits familiaux de l’inceste et du meurtre) qui s’appuie sur une cohérence de la filiation depuis l’enfantement du couple ». Il laisse ainsi entrevoir un nouveau risque, celui de la banalisation de l’inceste.

    (2) : Il ajoute quelques lignes plus bas : « L’utopie de l’homme augmenté va servir de justification à la liquidation, déjà entamée mais progressivement étendue, de tous les hommes jugés inaptes à vivre, parce que dépassés. La promotion d’un nouvel idéaltype de surhomme renvoie dans la catégorie des déchets jetables ceux qui ne pourront jamais être augmentés ». 

    (3) : En soi, cette présentation du sujet est biaisée car, inconsciemment celui qui s’oppose à un « progrès » est quelqu’un de négatif. Au moment du vote de la loi Pelletier, sur lequel nous reviendrons, Pierre  Sudreau m’avait dit : « vous les catholiques, vous êtes toujours contre » !

    (A suivre)

  • Sur France info : Où en est la force de dissuasion nucléaire en France...

    En vol, en juin 2018, un Rafale B porteur du missile nucléaire ASMP-A (sous le ventre) 

    Intéressant reportage, bien qu'un peu court, sur France info, ce vendredi matin 7 février, vers 7h15. On y apprend, entre autres choses, que la force nucléaire coûte au contribuable français la somme de ... 70 euros par an !

    On peut comparer cela aux dizaines de milliards (aux centaines ?... ) déversés et gaspillés en pure perte depuis des décennies dans de fumeux autant que dérisoires "plans banlieues" par tous les gouvernements successifs, de droite comme de gauche. De soi-disant "plans" consistant à changer les ascenseurs ou repeindre des cages d'escaliers dans ces zones pudiquement dites "de non-droit", où règne la seule loi de qui l'on sait, qui y impose les trafics et le genre de vie (!) que l'on sait...

    Voilà l'occasion de redire notre position constante : il faut à la France un budget militaire annuel de 4% du PIB (hors salaires et pensions de retraites) : 1% pour chacune des trois armes, et 1% pour l'arme nucléaire...

    Ce qui, rappelons-le, ne ferait que nous ramener au budget de... 1960 !

    Il faut savoir ce que l'on veut : une France grande puissance, ou une France que le Système "efface"...

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    (Résumé du reportage de France info) :

    Neuf pays font partie du "club atomique" : la Russie, les Etats-Unis, la Chine, la Grande-Bretagne, le Pakistan, l'Inde, Israël, la Corée du Nord et la France. Ces neuf pays détiennent les 14.200 têtes nucléaires en service dans le monde.

    Ce n'est plus que le quart de ce qui était recensé pendant la guerre froide, mais il y a là de quoi "faire sauter en une seconde quarante fois la planète, sans bouger les oreilles", comme l'écrivait Pierre Desproges en 1982. 

    La France, à côté des géants russe et américain (respectivement 7.000 et 6.500 têtes nucléaires), dispose de 300 têtes, équipant 48 missiles M51 pour les sous-marins, et 54 missiles ASMP-A pour l'Armée de l'air. Néanmoins, un ASMP-A possède une puissance de destruction comparable à 20 fois celle de la bombe larguée sur Hiroshima en août 1945. Maintenir en état de marche et améliorer la dissuasion nucléaire coûte chaque année près de 4 milliards et demi d'euros, soit 20% du budget des Armées françaises. Ramenée aux 66 millions d'habitants de l'Hexagone, la dissuasion coûte 20 centimes d'euros par jour et par Français.

    FAS et FOST, avions et sous-marins

    La dissuasion nucléaire est divisée en deux "composantes", comme disent les militaires : aéroportée et océanique.

    Les Forces aériennes stratégiques (FAS) ont fêté en octobre dernier leur 20.000ème jour de permanence opérationnelle, sans aucune interruption. 48 Rafales B, basés à Saint Dizier et emportant avec eux le missile ASMP-A, sont chargés de maintenir cette alerte ininterrompue (photo en tête d'article).

    Les FAS regroupent 1850 personnes au sein de l'Armée de l'Air.

     

    Un sous-marin lanceur d'engins (SNLE), de retour en rade de Brest, le 19 décembre 2019
    Un sous-marin lanceur d'engins (SNLE), de retour en rade de Brest, le 19 décembre 2019 (MARINE NATIONALE)

     

    L'autre composante relève elle de la Marine nationale, et est baptisée Force océanique stratégique (FOST), composée de quatre sous-marins lanceurs d'engins (SNLE) : le Triomphant, le Terrible, le Téméraire et le Vigilant.

    Il y a toujours un SNLE en patrouille, lesté par ses 12 missiles M51 (120 millions d'euros l'unité), quand les trois autres sont en entretien, en entraînement ou en refonte (travaux lourds). Selon des chiffres obtenus en octobre dernier à l'Île-Longue, la base brestoise des SNLE, 2.000 personnes sont engagées au sein de la FOST, parmi lesquels 700 sous-mariniers. Et sous-marinières, puisque depuis deux ans, les femmes ont le droit d'embarquer.

    Lorsque le sous-marin patrouille, jamais au cours des 70 à 90 jours de mission, plus de deux personnes à bord ne connaissent la destination du submersible. Même pas le président de la République, pourtant seul à pouvoir ordonner au sous-marin de lancer une frappe nucléaire.

    Autre anecdote : le SNLE ne fait que recevoir des messages, jamais il n'en envoie. Son mutisme est la garantie de son invisibilité. Depuis 1972, les SNLE français ont conduit 700 patrouilles. 

    La Marine pilote aussi la FANu, la Force aéronavale nucléaire : le missile ASMPA peut en effet être embarqué à bord du porte-avions Charles de Gaulle, afin d'équiper ensuite les Rafales. 

    La dissuasion ne peut être que nucléaire

    En France, la pertinence de la dissuasion nucléaire n'est pas discutée, ou très rarement. Seules quelques voix critiques se sont fait entendre ces dernières années, dont celle d'un ancien ministre de la Défense. L'arme atomique n'est pas pour le socialiste Paul Quilès la "garantie ultime de la sécurité". Il précisait, lors d'une conférence en 2018, que "le vrai danger était la cyber-menace. Et le hacker ne signe pas. S’il détourne un système de communication d’un sous-marin, que faites-vous avec votre arme nucléaire ? À qui lancez-vous des représailles ?

    Interrogés sur une dissuasion 2.0, basée sur des virus informatiques, plusieurs officiers généraux français ont réfuté cette idée. Pour eux, la dissuasion ne peut-être qu'atomique. Car les têtes nucléaires s'utilisent en état "d'extrême légitime défense", pour causer des "dommages inacceptables". En résumé, une attaque cybernétique désorganise, une attaque nucléaire détruit et vitrifie. Le bouton nucléaire est installé pour faire peur, pas pour appuyer dessus. 

    lafautearousseau