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  • Europe réelle ? Europe légale ?

    Les 629 migrants de l'Aquarius en route vers Valence

     

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    Somme toute, peu ou prou, l'Europe réagit. 

    A l'heure où nous écrivons, l'Espagne immigrationniste s’apprête à accueillir les 629 migrants de l'Aquarius en route vers Valence.

    Mais c'est après que Malte et l'Italie les eurent refoulés, que la France les eut ignorés,  que les Corses, comme s'ils avaient statut d'Etat, leur eurent fait sans risque l'irréelle et dérisoire proposition de les recevoir. On sourit quand on se souvient que les immigrés ne bénéficient guère en Corse, où ils n'ont plutôt qu'à bien se tenir, de l'esprit de soumission dont ils sont trop souvent entourés sur le Continent ...   

    Ainsi, l'Espagne qui jadis expulsa les morisques en masse et qui élève encore aujourd'hui des murs de barbelés anti-migrants aux limites de ses enclaves marocaines de Ceuta et Melilla, se range dans le club de ceux qui « accueillent » encore mais dont le nombre ne cesse de se restreindre. De plus en plus de pays se ferment aux migrants. Il leur restera certes le choix de quitter l’Espagne s’ils le veulent, d’aller ailleurs en Europe, mais ce choix se réduit beaucoup. La nouvelle donne italienne, malgré ses faiblesses et ses ambiguïtés, n'est-elle pas emblématique de ce resserrement que l'on observe déjà dans plusieurs autres Etats et qui peut encore s'étendre ?

    Au reste, l’on nous dit que les bureaucraties bruxelloises s’y seraient résignées. Effrayées par l’extension du nombre des critiques qui montent vers elles et par la vigueur des dites critiques, elles se replieraient sur la seule défense de l’euro, le cœur du Système menacé. Le réduit où défendre chèrement les carrières et les sinécures de leurs fonctionnaires.  

    Car l'Europe réagit. Une Europe des peuples, des nations et une Europe des États en rupture de conformité  dont le nombre ne cesse de croître. Une Europe des identités héritées. Façonnées par leur  géographie et par leur histoire. Donc tout à la fois différenciées et liées par une civilisation commune. 

    690209123.jpgEn somme, une Europe réelle en train de se construire sur les décombres d'une Europe légale en train de s'effondrer ? Un processus de ce type semble en tout cas engagé. 

    Le vieux concept maurrassien, la vieille dialectique d'AF des milliers de fois répétée - Pays Réel - Pays légal - étendue au continent européen ... Quelle destinée, pour les idées de Maurras ! Quelle  revanche, mes amis !  ■ 

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    En deux mots, réflexion sur l'actualité

  • « Le peuple souverain s’avance »*

     

    par Louis-Joseph Delanglade

     

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    On le savait adepte du « en même temps », voilà que M. Macron pratique maintenant le ni-ni.

    Alors que l’Union européenne est « fendue en deux blocs sur les migrants » (La Croix, 21 juin) et/ou « s’écharpe sur la question migratoire » (Le Figaro, 22 juin), il vient ainsi de renvoyer dos à dos et le « nationalisme qui renaît » et les « donneurs de leçons ». Mais, s’il tombe sous le sens que ces derniers ne sont que des utopistes dangereux, prêts à accueillir tout le monde et à n’importe quel prix, ce qui n’est tout simplement pas possible, la métaphore insultante utilisée par M. Macron pour jeter l’anathème sur les « populismes » européens ne constitue en aucun cas un argument recevable. Il eût été plus responsable, donc plus politique, donc plus conforme à sa fonction de chef de l’Etat, d’admettre que ce populisme honni est d’abord la conséquence de la violence, migratoire mais pas seulement, faite aux peuples européens.

    M. Macron et Mme Merkel veulent s’en tenir à leur « triptyque » (action dans les pays d'origine, renforcement du contrôle aux frontières européennes et révision du système d'asile européen). Fort bien. Mais, outre qu’on a déjà trop attendu, cela restera toujours insuffisant. S’il n’y a pas débat et consensus au niveau même de l’Union européenne, ce qui est le plus probable malgré les éventuels replâtrages de façade, ladite Union aura vite fait d’atteindre ses limites, celles de l’antiphrase. Le débat souhaitable et les mesures indispensables ne devraient en effet pas porter seulement, comme c’est au fond le cas actuellement, sur la forme (comment gérer l’immigration sauvage ?), mais aussi sur le fond (quel est l’intérêt de l’immigration pour l’Europe et quelle doit en être la nature ?). 

    Comme l’explique M. Védrine (France Inter, 21 juin), le divorce entre les peuples d’Europe et les [prétendues] élites remonte au moins à une trentaine d’années. A titre d’exemple, rappelons qu’en France la quasi-totalité des partis et médias du pays légal se sont coalisés en faveur de l’Union à l’occasion de deux référendums : l’adoption du traité de Maastricht ne l’emporte pourtant que de justesse (51,04% des suffrages exprimés) en septembre 1992 ; treize ans plus tard, 54,67% des votants rejettent le projet de traité établissant une Constitution pour l’Europe. On connaît la suite et M. Macron aussi, qui ferait donc mieux de ne pas s’ériger à son tour en donneur de leçons dans ce domaine. 

    Les populismes sont plutôt une fièvre salutaire, la manifestation organique d’un désir, parfois inconscient mais toujours irrépressible, de survie. Il faut y voir d’abord la crainte, le refus et la dénonciation du changement radical dont rêvent certaines « élites » qui souhaitent par idéologie une transformation profonde de la nature même de la population de l’Europe. M. Macron se serait donc grandi en faisant preuve de plus de discernement et d’honnêteté intellectuelle.   

     

    *Marie-Joseph Chénier, « Chant du départ » (strophe 1)

  • Nîmes - La romanité aux prises avec « la diversité » [1]

     Nîmes : le tout nouveau Musée de la Romanité, les Arènes

     

    Par Péroncel-Hugoz

     

    IMG - Copie.jpgDimanche 10 juin 2018

    150 km d’autoroute tôt le matin, le jour du Seigneur, de Saint-Maximin-la-Sainte-Baume à Nîmes, ce n’est rien ; notre époque a parfois des avantages.

    Après une messe quelconque à Sainte-Perpétue-Sainte-Félicité, face aux Arènes, nous jetons un 870x489_nimes-statue-nimeno-francebleu.jpgœil habitué à cet insigne monument bi-millénaire et où, Dieu merci, les corridas sont toujours autorisées malgré les vociférations des  antispécistes. C’est au roi François 1er, de passage à Nîmes en 1533, à ce monarque féru d’Antiquité qu’on doit le tout premier sauvetage des Arènes, trois siècles avant la fameuse tournée de Prosper Mérimée, dépêché en province par l’un des descendants du roi-chevalier, Louis-Philippe.

    crocodile-nimes.jpgIl apparait aussi que c’est le grand prince de la Renaissance qui donna à Nîmes l’idée de ses armes : un crocodile attaché à un palmier. Le Valois savait que Nemausus, future Nîmes, avait été fondée par des légionnaires romains, vétérans de cette Egypte qui comptait encore nombre de sauriens. 

    Ci-contre : Le crocodile, symbole de Nîmes dans une fontaine en pierre à l'eau rouge sang !  

    Auguste et Antonin

     

    porteauguste_aug3.JPGDeux monarques de cette haute époque marquent encore fortement la physionomie nîmoise du XXIème siècle par deux statues en pied  bien mises en évidence : Auguste, premier imperator après la république et ré-introducteur de l’hérédité (par filiation ou adoption) dans le système monarchique latin ; et surtout  Antonin le Pieux (au pouvoir de 138 à 161), l’un des sept princes de cette dynastie dite antonine ( 96 – 192 ) parmi lesquels Machiavel en 1503, discerne les « cinq meilleurs empereurs romains » : Nerva, Trajan, Hadrien, Antonin, Marc-Aurèle.

    Statue de l'Empereur Auguste.

    9d1966a69d322f4002bb377a748ced01--neoclassical-sculptures.jpgAntonin avait été adopté par Hadrien et il adopta à son tour Marc-Aurèle. Quand on lit l’histoire romaine, chez les auteurs latins ou bien dans Gibbon, on voit vite que l’apogée de l’empire, de la Pax Romana, de la grandeur romaine se situe bien sous Antonin et un peu avant et un peu après lui. Né en Italie mais issu d’une famille de propriétaires terriens nîmois, des « colons » donc, si je peux me permettre d’employer ce terme aujourd’hui si mal connoté… Antonin fut surnommé le Pieux non point à cause de son assiduité dans les temples mais de son zèle constant en faveur des traditions latines, patriarcales, terriennes.

    Si vous allez à Rome, en passant près du château Saint-Ange, ne manquez  pas d’y saluer les mânes d’Antonin car ce fut là le tombeau de ce Languedocien avant la lettre, de cet Occitan qui a dû se retourner d’aise dans son sarcophage , en apprenant que le mot Occitanie a fait récemment son retour dans notre vocabulaire administratif.  ■   

    Ci-dessus, statue d'Antonin

    A suivre demain, vendredi …

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  • Une Europe sans boussole

     

    par Gérard Leclerc

     

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    Il est désormais bien loin le temps où un universitaire américain pouvait tranquillement énoncer sa thèse de « la fin de l’histoire », grâce à l’avènement universel du capitalisme et de la démocratie. La chute du Mur de Berlin en 1989, avec l’effondrement du système soviétique semblait donner quelque crédit à cette idée d’une paix universelle avec la constitution d’un État de droit à l’échelle mondiale. D’ailleurs certains économistes libéraux plaidaient dans le même sens, en expliquant que désormais il était impossible de sortir du cercle de raison de l’économie mondiale, générant une prospérité générale. Ce bel optimisme s’est trouvé contrarié par des facteurs auxquels on n’avait guère pensé sur le moment. Mais il y eut un premier réveil brutal, le 11 septembre 2001, avec les attentats spectaculaires de New York et de Washington. On connaît la suite avec les guerres du Proche-Orient et l’offensive généralisée du fondamentalisme islamiste.

    Et puis il y a l’Europe elle-même. Ne devait-elle pas constituer l’exemple d’un espace de paix, assuré par son organisation politique ? Sa situation privilégiée ne devait-elle pas favoriser une extension du bien être et de la sécurité ? On a dû déchanter, non seulement à cause des attentats qui ont meurtri le sol européen mais à cause de la déstabilisation qui s’est emparée, depuis quelques années, du continent. Partout, on a assisté à la montée des populismes et au recul des formations de centre droit et de centre gauche. On parle pour l’Europe centrale, qui fut délivrée du communisme, de l’établissement d’un régime illibéral. Les vagues migratoires consécutives aux guerres et aux malheurs d’autres peuples ont suscité la crainte des populations locales, par ailleurs inégalement touchées par les retombées de la croissance mondiale.

    L’Italie est l’exemple même de cette incertitude qui s’est emparée surtout des classes moyennes et des classes défavorisées marquées par le chômage. Après les élections de dimanche on va jusqu’à parler de cataclysme électoral. Mais n’était-ce pas prévisible ? L’Europe semble avoir perdu la boussole qui avait orienté sa marche au lendemain de la guerre. On a peut-être aussi, du côté des élites, un peu trop pris de haut des gens qui n’étaient pas conquis par principe au bel avenir qu’on leur assurait. D’une façon ou d’une autre, il faudra bien répondre à un désarroi qui n’a pas trouvé, jusqu’ici, de réponse adéquate.   

    Gérard Leclerc

    Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 6 mars 2018.

     

    Lire aussi dans Lafautearousseau...

    Italie : l'extension de l'euroscepticisme à l'aire des pays fondateurs

  • Italie : l'extension de l'euroscepticisme à l'aire des pays fondateurs

     

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    A quoi assistons-nous au fond, d'une journée électorale européenne l'autre, depuis le Brexit ?

    Il se pourrait bien que ce soit tout simplement à la déconstruction de l'Union Européenne, étape par étape. Chacune nationale. Pays après pays. On peut s’en féliciter ou le regretter, il devient difficile de ne pas le constater. 

    L'Union Européenne se défait donc elle aussi, du moins telle qu'elle avait été rêvée puis mise en route par les vieux messieurs qu'étaient déjà, dans les années 50 et 60 du siècle dernier, Konrad Adenauer, Robert Schumann, Alcide de Gasperi et Jean Monnet. Tous quatre avaient vécu deux guerres mondiales, deux tragédies immenses, et pensaient devoir faire en sorte qu'elles ne se renouvellent pas. Leur vision - celle qui prévalut - fut celle que Jean Monnet incarnait : économique et marchande.  Regis Debray disait dimanche matin sur France Inter qu’ils mirent la charrue avant les bœufs : il eût fallu commencer par la culture qui unit et non par l’argent qui divise. Nous avons toujours dit la même chose. Il faudrait sans-doute ajouter que la menace d'invasion soviétique commandait alors le regroupement. Cette menace, si inquiétante et mobilisatrice en ce temps-là, où Staline et les Bolcheviques régnaient au Kremlin, s'est aujourd'hui évanouie. Nous l’avons oubliée. La CECA, le Pool Charbon Acier, le traité de Rome, le Marché Commun, ce ne sont plus là eux non plus que des souvenirs d'une époque déjà lointaine. Il ne serait pas surprenant que l'idée européenne perdure car elle a toujours survécu au fil des siècles depuis la fin de l'empire romain et l'éclatement de l'unité chrétienne médiévale au XVIe siècle*. Mais sous sa forme strasbourgo-bruxelloise il n'est pas impossible qu'elle ait vécu, que ce ne soit plus qu'une survivance d'un passé révolu. Les peuples l’ont rejetée, le désenchantement n’a fait que grandir. Il s’est installé. Une autre Europe reste à construire. Il faut espérer que ce sera avec bon sens et réalisme. 

    Est-ce là la leçon qu'il conviendrait de tirer des élections italiennes ? Il nous paraît assez clair qu'après la sécession britannique, la dissidence polonaise, tchèque, hongroise et slovaque, la singularité autrichienne, l'Italie à son tour, quelle que soit l'anarchie de son système politique et les combinaisons palliatives qui pourraient être tentées, consacre l'extension de l'euroscepticisme à l'aire des pays fondateurs.  Ce dernier est de toute façon majoritaire désormais en Italie. Il se pourrait bien que les prochaines élections européennes confirment la tendance plus nettement encore.  

    * Sur ce sujet, nous recommandons la lecture d’un livre ancien instructif et toujours parfaitement pertinent, Survol de l’Histoire de l’Europe de René Sédillot, Fayard - Les Grandes Études Historiques, 1967.

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    En deux mots, réflexion sur l'actualité

  • Des lectures pour l’été : Les neiges bleues de Piotr Bednarski, 1994, par Antoine de Lacoste.

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    Boulevard Voltaire vous propose, cet été encore, des idées de lecture hors des sentiers battus, avec notre contributeur Antoine de Lacoste

    En Sibérie, pendant la , une petite ville vit au rythme du goulag, tout proche. Ses habitants sont des Sibériens, mais aussi des relégués, notamment ceux qui ont leur père ou leur mari dans le camp tout proche et qui sont donc des éléments « hostiles ».

    LACOSTE.jpgLe narrateur est un Polonais de 8 ans. Son père est au goulag et il vit avec sa mère qui est si belle que toute l’appelle Beauté. Par petits chapitres, presque des nouvelles, il nous conte la vie quotidienne des adultes et des enfants de cette ville, sévèrement encadrés par les hommes du NKVD (ancêtre du KGB) qui ont tout de même une faille : ils tombent tous amoureux de Beauté.

    Dans cet univers de haine et de dénonciation, il faut survivre sans perdre son âme. Ce n’est pas facile : « Ou tu vas au goulag ou tu dénonces, il n’y a pas d’autre choix » clame Kolia, un des enfants qui ne concède rien. Malgré les coups et les menaces, il refuse de renier ses parents. Le narrateur, pour exorciser sa peur de Staline, grime un buste du guide en clown, provoquant une hilarité générale, mais aussi quelques déportations de plus. Les enfants sont les plus tenaces : ils savent qu’ils sont confrontés au mal absolu et résistent farouchement. La lecture par le narrateur du Sermon sur la montagne (appris par cœur dans une Bible cachée) les fascine.

    Le burlesque côtoie le tragique. Beauté essaye de résister aux multiples assauts sentimentaux dont elle est l’objet. Mais plusieurs meurtres seront commis à cause d’elle. Elle succombe parfois, mais pas avec les hommes du système.

    Malgré la faim, la peur et les poux, on sourit souvent. Le misérabilisme n’a pas sa place dans ce petit roman, où gravité et dérision font bon ménage.

    Sous des apparences légères voire naïves, l’écrivain polonais Piotr Bednarski a écrit un roman très profond, largement autobiographique, qui nous emmène au cœur de l’affrontement terrestre entre le bien et le mal. Même les bourreaux le savent. L’un d’eux va d’ailleurs dire aux enfants qu’il ne supporte plus son rôle et va les aider à construire un cimetière pour rendre leur dignité aux morts. Ce changement de camp lui coûtera cher.

    Beauté et la cohorte des enfants qui refusent de se soumettre constituent des personnages très frappants et font de ce livre un roman rare sur le goulag.

    Les neiges bleues Broché – Grands caractères, 15 septembre 2004 de Piotr Bednarski (Auteur), Jacques Burko

     

    Le blog d’Antoine de Lacoste.

     

    Antoine de Lacoste

    Source : https://www.bvoltaire.fr/

  • Qui jugera les juges ?, par Henri Rey-Flaud.

    Image d'illustration Unsplash

    Pour expliquer et justifier le fait que l’assassin du père Maire n’avait pas été expulsé, on invoque le respect des procédures. Ce sont donc les responsables des procédures, les juges, qui sont coupables de cette mort.

    2.jpgL’assassinat du père Olivier Maire a ravivé un débat récurrent : celui des incohérences d’un système judiciaire qui a permis la mise en liberté d’un individu émigré sans papiers, plusieurs fois débouté du droit d’asile et jamais expulsé grâce à de nombreux recours, devenu incendiaire et naviguant depuis cet acte malheureux entre hôpital psychiatrique, détention provisoire et remise en liberté conditionnelle – pour aboutir in fine au dénouement que l’on sait. Pourtant l’essentiel n’est pas là.

    L’assurance tranquille et satisfaite du Ministre de l’Intérieur, exposant devant les caméras, à la place de son collègue de la Justice, que la procédure avait été parfaitement respectée, évacue en effet une question importune : celle de la responsabilité des auteurs de la dite procédure et des acteurs chargés de l’appliquer, réglée une fois pour toutes par l’aphorisme : on ne commente pas les décisions de Justice. Reste en suspens toutefois une interrogation : « Qui jugera les juges ? »

    On répondra sans doute qu’il existe pour cette tâche un Conseil Supérieur de le Magistrature composé de magistrats éminents : autant faire juger par un Conseil de renards un prédateur de poules. Investis de tout l’appareil du droit, les juges sont aussi intouchables que les militaires en temps de guerre, dont aucun, fût-ce le Général Nivelle, ne fut traduit devant aucune juridiction.

    Le « Petit Juge » de Bruay-en-Artois qui ruina la réputation et la vie d’un notaire de village cloué au pilori pour sa notabilité suspecte, le juge borné et acharné de l’affaire d’Outreau qui fit des ravages dans toute une communauté, celui qui s’acharna sur Nicolas Sarkozy dans l’affaire Liliane Bettencourt (désavoué par le non-lieu obtenu par l’accusé mais sans conséquences pour l’accusateur), l’escouade de juges lancée à grands frais contre le même dans l’affaire des « fadettes » pour un résultat nul, le zèle véloce déployé pour abattre François Fillon, la nomination d’un Ministre de la Justice peu cher à leur cœur considéré comme une « déclaration de guerre », sans parler du placard du « mur des cons », ravalé au rang de plaisanterie de potaches et resté sans lendemain, autant de faits qui attestent que les juges ne sont plus les garants du droit, mais l’incarnation de la Loi, d’une Loi absolue, héritière de celle qui fut dictée par Jéhovah à Moïse sur le Sinaï ou à Mahomet par l’Ange Gabriel, dont Paul disait qu’elles étaient gravées dans la pierre par le ministère de la mort.

    Cette Loi ininterrogeable, c’est celle de Créon, le tyran grec, qui condamne ceux qui se dressent contre elle à être emmurés vivants dans un ostracisme sans appel. Quand un verdict (proprement un voir dit, un dit de vérité) s’énonce sans contre-dit, c’est que la Parole est gelée comme dans l’apologue célèbre de Rabelais (dans le Quart Livre) et la Pensée avec elle. À ce terme, la démocratie est un danger.

     

    Professeur émérite à l’Université de Montpellier
     
  • Royaliste n°1217 (27 Septembre 2021).

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    Un nouveau numéro de “Royaliste” (numéro 1217, daté du 27 Septembre) vient de paraître.

     
    Au sommaire de ce numéro :
     
    Page 2 – Relance ? Vous avez dit relance ? – Sur le mur de Jean Chouan.
    Page 3 – Montebourg remonté. – L'écho du net.
    Page 4 – Brèves de campagne. – La quinzaine sociale.
    Page 5 – Tsunami sur l’Alliance atlantique.
    Page 6 – Russie : un système très largement bloqué. – Voix étrangères. – Les Faits majeurs.
    Page 7 – Kaboul, Islamabad et Srinagar : la crise afghane dans son environnement géopolitique.
    Pages 8 et 9 – Synthèse : La force de la morale.
    Page 10 – Nostalgériades. – Dans les revues.
    Page 11 – Converser avec Jean-Luc Marion.
    Page 12 – Osez le communisme.
    Page 13 – Le Moyen Âge de Jean Verdon. – Exposition Ferdinand Philippe. – Hommage à Saint-Saëns.
    Page 14 – Royalistes contre nazis : Marcel Joyeux.
    Page 15 – Le mouvement royaliste.
    Page 16 – Éditorial : Illusions et renoncements.
     

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    Bloc C, BAL 13 – 36,38, rue Sibuet, 75012 PARIS
     
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    La Rédaction
  • Covid-19 : la Cour de justice de la République étouffe sous les milliers de plaintes déposées !, par Marie Delarue.

    C’est François Molins, procureur général près la Cour de cassation et deuxième magistrat de France, qui l’a révélé, dimanche soir, sur LCI : « Il y a des milliers de plaintes qui arrivent. »

    5.jpgInterrogé par Darius Rochebin dans son journal de 20 heures, le haut magistrat explique, en effet, que des milliers de plaintes sont déposées devant la Cour de de la République (CJR), cette instance chargée de poursuivre et juger les ministres en exercice. C’est elle qui, en octobre dernier, a ordonné les perquisitions des bureaux et domiciles de l’ex-Premier ministre Édouard Philippe et du ministre de la Santé Olivier Véran. Elle, encore, qui instruit les plaintes contre Agnès Buzyn et autres hautes personnalités impliquées dans la gestion de la crise sanitaire.

    Sur ces milliers de plaintes déposées, peu, en réalité, sont suivies d’effet : la commission des requêtes qui juge de leur bien-fondé en élimine la plupart, mais il en reste suffisamment pour engorger le système. « C’est un phénomène qui est nouveau, qui est dû certainement au développement des modes de communication et d’Internet, et qui affecte la Cour de de la République », précise François Molins, ajoutant que « le même phénomène se produit au Pôle de santé publique de Paris. […] C’est un phénomène qui concerne la problématique dans son ensemble : le volet droit commun ou le volet ministériel. »

    Très souvent critiquée, la CJR s’est vu reprocher son emballement dans des dossiers récents (affaires Fillon, Dupond-Moretti, etc.), nombreux étant ceux qui dénoncent la trop forte intrusion de l’institution judiciaire dans la politique. À cela, François Molins répond que « la Cour de de la République fait la fonction pour laquelle elle a été créée, de poursuivre des infractions reprochées à des ministres dans l’exercice de leur fonction, même si c’était dans le cadre d’une action politique ». Toutefois, il concède qu’un « certain nombre de projets de réformes de la CJR » sont sur la table : « S’il y a un problème là-dessus, il faut que le modèle évolue. C’est la volonté nationale qui soit s’en saisir. »

    Les plaintes qui arrivent en nombre émanent aussi bien de particuliers que de collectifs de victimes, d’associations ou de syndicats (commerçants, enseignants, parents d’élèves, médecins, syndicats de policiers, syndicats pénitentiaires…) et visent à peu près tous les ministères, depuis le Premier ministre jusqu’au ministre de l’Éducation en passant, évidemment, par la Santé.

    Même si le risque de voir aboutir la plupart de ces procédures est quasi nul, il est évident que la peur des poursuites conditionne grandement les décisions des politiques en exercice. Le parapluie s’ouvre aujourd’hui à tous les étages. Il en résulte une mise en coupe réglée de tous nos faits et gestes, un contrôle permanent qui s’est traduit, notamment, par la mise en place du passe sanitaire, tracasserie administrative dont nul ne conteste aujourd’hui l’inefficacité totale en matière sanitaire mais bien la grande utilité en matière d’ingénierie sociale.

     

    Marie Delarue

    Ecrivain, musicienne, plasticienne

    Source : https://www.bvoltaire.fr/

  • Société & Modernité • On se croirait en 1789 ... Cahier de doléances d’une famille provençale en 2019

    Artigues (Var)

    Ce sont des doléances de type concret qui s'expriment ici.  Foin d'idéologie ! La mise en cause pragmatique de ce que nous appelons Le Système n'en a que plus de poids, nous semble-t-il.  LFAR

    Cahier-Doleances.jpgDOLÉANCES

    Mi-janvier 2019

    Contribution de la famille PERONCEL-HUGO2 et CHATELAIN (7 personnes dont 4 électeurs, Hameau des Bellons, 83560 ARTIGUES) aux cahiers de doléances ouverts à la demande du Gouvernement, suite à la crise des Gilets-Jaunes (décembre 2018 - janvier 2019).

    Le 25 juin 2014, les habitants d'Artigues et environs furent invités à une « réunion d'information sur Internet à haut débit ». Devant la foule assemblée à la mairie, plusieurs de nos élus, dont la plupart sont toujours là, annoncèrent officiellement, et sans ambiguïté, que désormais, grâce à leurs efforts et à ceux des techniciens de la Société Xi'an (basée à Lille et dont nous n'avons plus entendu parler par la suite, malgré les sommes importantes qui lui auraient été versées par nos communes...), notre zone était désormais irriguée en haut débit. Notre joie fut grande car nous utilisons surtout notre ordinateur à titre professionnel.

    La déception fut rapide et profonde devant nos ordinateurs (alors branchés à nos frais sur nos téléphones fixes) restés en fait en très bas débit... Mi-janvier 2019 la situation ne s'est pas améliorée même si nous sommes maintenant branchés, toujours à nos frais, sur un boitier Nomad qui nous permet seulement un accès au très bas débit, à certaines heures de la journée qu'on ne peut prévoir à l'avance.

    Le 30 mai 2018, nous avons écrit au président de notre Communauté de communes, pour lui rappeler l'annonce du 25 juin 2014, non suivie d'effet depuis lors. A ce jour, nous n'avons même pas reçu d'accusé de réception de la part de la Communauté de communes...

    mail-1050x600-1024x585.jpgNéanmoins, il nous faut continuer à subir dans les médias, les vaines incantations de nos politiciens locaux ou nationaux sur I'  « égalité des territoires » etc, etc. Des mots, des mots vides pendant que, pour taxes et impôts, là nous sommes bien à « égalité des territoires »...

    Plusieurs d'entre nous travaillent en Europe ou en Afrique, dans des États moins développés que la France mais où l'accès au haut débit est généralisé depuis 10 ans et plus déjà... Nous, il nous faut souvent batailler plusieurs heures sur nos ordinateurs pour ouvrir nos messages puis y répondre. Un vrai calvaire. Nous estimons avoir été désinformés, trompés même par les annonces non fondées de nos élus.

    Var-Matin, journal en général peu critique à l'endroit de nos élus, a titré, le 12 janvier 2019 : « Tout le Var en haut débit d'ici à 2023, d'ici à cinq ans ». Qui peut y croire quand on pense à l'annonce, non suivie d'effet pour notre secteur, du 25 juin 2014 ?

    Si vous réagissez à nos doléances, prière de le faire sur le courriel collectif suivant :

    hugoz@orange.fr

    Merci et salut  

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  • L’ultime manœuvre du clan Bouteflika pour tenter de prolonger le quatrième mandat présidentiel

    Le président Bouteflika en compagnie de Gaïd-Salah New Press.

     
    Par Bernard Lugan
    Historien et spécialiste de l’Afrique 

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    Ultime coup de poker

    Charles Maurras disait de la République qu’elle gouverne mal mais qu’elle se défend bien. L’on peut dire la même chose d’un régime algérien aux abois qui vient de tenter une ultime manœuvre pour prolonger sa survie.

    Car, en somme, ce qu’ont obtenu les millions d’Algériens qui manifestaient contre un cinquième mandat d’Abdelaziz Bouteflika, c’est tout simplement le prolongement de son quatrième… Avec un report des élections et un régime maître du temps qui va désormais utiliser toutes ses courroies de transmission pour embrouiller la situation, diviser les contestataires et tenter toutes les provocations. Y compris celles qui pourraient conduire à un bain de sang afin de lui permettre d’apparaître comme le garant de la stabilité.

    La manœuvre réussira-t-elle ? Il est permis d’en douter car la ficelle est bien grosse. L’opinion algérienne n’est pas dupe et elle n’a plus peur ; d’autant plus que la police a déjà largement fraternisé avec la foule. Quant à l’armée, elle n’est plus le bloc monolithique des décennies passées et, à force de vouloir « finasser », le vieux général Gaïd Saleh  a fini par en perdre le contrôle. Désormais, en son sein, la nouvelle génération n’en peut plus du « chibanisme » ancré sur les références à une histoire que tous savent être fabriquée*.

    En définitive  cet ultime coup de poker du régime pourrait bien au contraire précipiter sa chute avec une épuration totale du système FLN et de ses prébendiers. 

    L’Algérie qui vient de sauter de l’avion avec un parachute en torche se demande si le ventral va s’ouvrir…   

    * Voir à ce sujet mon livre Algérie, l’histoire à l’endroit.

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    Le blog officiel de Bernard Lugan  

    Quelques articles sur le sujet dans Lafautearousseau ...

    Inquiétante fin de règne en Algérie
    Tristes nouvelles d'Algérie
    Bouteflika veut livrer l’Algérie aux islamistes
    Algérie : l’heure de vérité approche pour le clan Bouteflika
    Un ancien ministre algérien prédit l’effondrement de l’Algérie en 2019
    L'Algérie bientôt une urgence française ?
    Éric Zemmour : « Bouteflika, symbole du mal-être de l'Algérie »
  • Humeur • Un Roi ? Pourquoi faire ?

    Par Guy Adain 

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    Quelle idée saugrenue, passéiste, extrêmement droitière que de penser restaurer la monarchie !

    Que ferait-on d’un Roi ?

    Le nôtre, nous l’avons raccourci, jeté lui et sa famille aux orties de l’Histoire, il y a déjà bien longtemps.

    LA LIBERTÉ, une de nos plus belles valeurs, était à ce prix ; nous ne voulions plus être des Sujets assujettis !

    Les Français veulent être libres et égaux.

    L’ÉGALITÉ, voilà notre seconde valeur phare, pivot de notre République. Merveilleux principe qui nous classe comme modèle mondial, et précurseur en la matière. En France, les Français sont égaux et nul ne peut se prétendre supérieur à l’autre.

    e70752a4f8a97c4b5345fcfbeae2a2ac.jpgEt face à ces deux piliers qui soutiennent notre Panthéon national, nous pouvons cultiver la troisième et immense particularité française : « LA FRATERNITÉ. »

    Libres, égaux et fraternels : le Monde nous envie, nous cite en exemple. Nous sommes : « Les Lumières du Monde ! »

    Nous avons instauré la réalité terrestre des obscurantistes de la Religion : Le Paradis en France.

    Avec la Démocratie, de loin le meilleur système de gouvernement, par le Peuple, et pour le Peuple ; Un Homme, une voix ; tout est dit : Egalité, Équité parfaite. 

    Il n’y a que des attardés, nostalgiques de régimes anciens qui regrettent, imaginent ou souhaitent  une France nationaliste, populiste ou pire encore monarchiste !

    La Droite revancharde, la Droite à réaction !

    Pas de ça chez nous ! 

    Alors gentes dames et messires royalistes allez rêver :

    Au Bon Vieux Temps des lampes à huile et de la marine à voiles dans vos châteaux hantés et poussiéreux.

    La France est tout sauf un Royaume en décrépitude, c’est La République Une et Indivisible ! 

    cyrano1.jpgEt pourtant, « Ailleurs en France », après le troisième rond-point du mimosa, il subsiste quelques vieilles âmes, quelques Belles Dames, quelques Gentilshommes armés de leur seule gentillesse, qui eux, rêveurs de beauté, espèrent voir refleurir des… Marie pleine de grâce, des Clotilde, des Jeanne d’Arc, des Grande Mademoiselle (quand ce titre existait encore), et des Bayard, des d’Artagnan, des Cyrano, des Manants du Roi, des croyants, des animés, qui espèrent tout de la Grâce ; des coeurs ouverts, des fous d’amour sans doute…

    Que peuvent-ils peser face au sérieux, à la rigueur de la science des économistes rationnels d’une République En-Marche ? 

    D’un coté, la Raison et sa Déesse… Et de l’autre :

    « La Fantaisie, la Courtoisie, le Panache, l’Honneur…

    La Foi, le Roi, la Loi ! »

    Notre Chevalerie paraît faible et inadaptée face à ces intelligences artificielles. Nous les Rois de coeur, les Dames de coeur, tous en recherche, les uns du Graal et les autres assoiffés de pouvoir d’achat.

    Y aurait-il deux France irréconciliables ?

    Bien sûr que non !

    Il n’y a qu’une France, elle est diverse, et notre temps semble révolu…Révolution oblige !

    gens-de-france.jpgA nous de reprendre notre place et de le claironner :

    « Haut et Fort » !

    Amis royalistes, l’heure est venue d’afficher nos convictions, de ne pas en avoir honte, d’être persuadés que les Gens de France seraient plus nombreux que nous le pensons à les partager…

    Alors, saturons la Toile et partageons à outrance !

    Montjoie Saint Denis !  

  • Notre souveraineté nationale morte et enterrée ?, par Iris Bridier.

    Un gouvernement démocratique pour sauver la planète ? s’interrogeait déjà dans son livre Demain qui gouvernera le monde ? Face aux crises économiques, sociales ou écologiques, il décrivait « un monde impossible à vivre, qu’il nous faut donc d’urgence oser rêver tout autre », imaginant les contours d’un gouvernement mondial, d’un projet fédéral géré par un exécutif planétaire.

    6.pngAu micro de France-Culture, l’économiste et écrivain ajoutait « sans une grave crise, un gouvernement supranational du monde ne sera jamais mis en place ». C’était en 2011.

    Dix ans plus tard, la grave crise est bel et bien là. Elle met en lumière notre interdépendance internationale, ne serait-ce qu’en matière de souveraineté pharmaceutique : pour mémoire la rupture de stocks du printemps dernier puisque la majorité des principes actifs venait de Chine, mondialisation heureuse oblige. De cette crise mondiale allait advenir cette utopie du « monde d’après ». « Déléguer notre alimentation, notre protection, notre capacité à soigner […] à d’autres est une folie » annonçait Emmanuel Macron dans sa « déclaration de guerre » promettant un retour aux relocalisations et aux circuits courts.

    En matière de nationale, notre président maastrichtien (tel que le nomme Onfray chez Christine Kelly dans une diatribe éloquente sur notre à revoir) est inféodé à la Commission de Bruxelles et ses directives venues d’ailleurs. « L’UE est une machine qui permet de déresponsabiliser les élites françaises, qui, en passant par l’échelon européen, n’ont plus besoin de décider et d’assumer leurs décisions, ce qui est pourtant l’essence même du pouvoir », écrit le spécialiste en géopolitique Jean-Loup Bonnamy dans Le Figaro, reprenant à son compte l’analyse d’Emmanuel Todd. Et la gestion de la pandémie l’illustre quotidiennement.

    Mais ce multilatéralisme s’apprête à s’étendre désormais au niveau planétaire puisque vient d’être proposé « un leadership mondial pour bâtir un système de santé mondial à la hauteur de ce millénaire ». Point de théorie du complot ou d’arguments illuminés mais bien « un partage des responsabilités » réclamé par vingt-six chefs d’Etat et de gouvernement (dont Emmanuel Macron) et le directeur de l’OMS qui viennent de signer une tribune pour garantir « un accès universel et équitable aux , aux médicaments et aux diagnostics en cas de pandémie ». L’idée d’un gouvernement mondial est lancée, nous promettant de vivre “normalement”, sortir, retrouver nos proches ou voyager grâce à la vaccination de masse, les QR codes et les certificats sanitaires. A moins d’habiter dans un village d’irréductibles Gaulois réfractaires ?

     

    Iris Bridier

    Journaliste

    Auteur

    Source : https://www.bvoltaire.fr/

  • Le meilleur des mondes est pour demain, en vert, par Yves Morel.

    Le peuple écologique se réduit au petit troupeau de convaincus. Les autres sont exclus de la légitimité populaire. Ce comportement sectaire et satisfait est le résultat de la faillite des autres représentants politiques, qui n'ont pas voulu s'alarmer face aux dangers environnementaux de nos modes de vie. Un blanc-seing dangereux donné à une idéologie radicale…

    Nous n’aurons pas attendu longtemps les tentations terroristes de l’écologisme militant. Depuis leur percée lors des dernières municipales, les Verts semblent croire leur règne arrivé, et ne prennent pas de gants pour faire sentir leur férule. Il n’est que de considérer les initiatives provocantes prises par certains de leurs maires récemment élus pour en juger. À la fin de l’année dernière, Pierre Hurmic, nouveau maire EELV de Bordeaux, interdisait le traditionnel sapin de Noël municipal pour des raisons à la fois économiques (trop coûteux selon lui) et écologiques (il convient de respecter la nature, et donc de ne pas abattre et instrumentaliser de pauvres arbres innocents pour une fête archaïque). Sa décision suscita un véritable tollé, et maints élus et représentants d’associations, exigèrent une consultation de la population locale par référendum. Réponse d’Hurmic : « L’opinion des fachos, je m’assois dessus ! » Belle leçon de démocratie de la part d’un homme qui s’en réclame tant, comme tous nos politiciens ! Belle leçon, également, de tolérance et de respect des autres. Selon Hurmic, ses adversaires ne sont que des « fachos », donc infiniment méprisables, et dont l’avis ne saurait être pris en considération, dans l’intérêt même de la démocratie, et au nom des sacro-saintes « valeurs de la République ». Que cette décision de ne pas installer le traditionnel sapin de Noël, place Pey-Berlan, ait provoqué l’indignation de Bordelais de tous bords (et pas seulement de la droite nationale, loin de là) n’a aucune importance pour le premier magistrat de la cité girondine : tous ses opposants sont les tenants d’une France rétrograde, enkystée dans ses traditions surannées, et relèvent, par là même, de la mouvance réactionnaire, donc fasciste et vichyste. Merci, Monsieur le Maire, pour cette grande leçon de respect et de tolérance, qui augure assez de ce que pourra être un pouvoir écologiste, si jamais il advient un jour.

    À Lyon, le maire EELV, Grégory Doucet, a récemment imposé, pour une durée de trois semaines, un menu unique sans viande dans les cantines scolaires, au nom de la lutte contre la pandémie actuelle. On se demande en quoi une telle initiative freinera la propagation du coronavirus au sein de la population lyonnaise. Mais on a tort de se le demander. En fait, la question n’est pas là. Ce n’est pas la propagation de la Covid 19 qui motive la décision prise par le nouveau mai(t)re de Lyon. Ce dernier, comme beaucoup de ses camarades écolos, est un partisan convaincu du végétarisme, du végétalisme, voire du veganisme et de l’antispécisme. Pendant des années, et durant sa campagne électorale de 2020, il n’a cessé de prôner la diminution générale de la consommation de viande, la diminution de la proportion de viande dans les menus des cantines publiques, l’instauration obligatoire d’un menu optionnel végétarien, chaque jour, dans les cantines scolaires, et l’agriculture bio envisagée sous le seul angle de la production d’aliments végétaux.

    L’écologisme est la seule des idéologies politiques à avoir survécu

    La présente mesure vise à préparer l’instauration d’un régime végétarien obligatoire. Nous exagérons ? Que non, hélas ! Et combien nous souhaiterions avoir tort ! Mais tel n’est pas le cas. L’écologisme est, de nos jours, en Occident, la seule idéologie encore vivace et influente au sein de la population, et capable de séduire des électeurs. Les autres (socialisme, sous toutes ses formes, radicalisme, libéralisme conservateur, nationalisme, démocratie chrétienne) sont toutes mortes, ne comptent plus d’adeptes sérieux, n’inspirent plus les partis politiques d’aujourd’hui et indiffèrent les citoyens.

    Cette capacité de résistance de l’écologisme n’a rien d’étonnant. Pour la comprendre, il suffit de considérer le monde actuel et son histoire depuis quatre décennies. L’échec du socialisme marxiste, sous ses diverses formes, s’est révélé aussi patent qu’effroyable et sanglant. Le socialisme non communiste, « humaniste », social-démocrate, keynésien ou autre, est tout à fait révolu dans l’ordre économique mondial d’aujourd’hui, et n’est plus au pouvoir nulle part, ayant disparu avec la croissance effrénée des économies occidentales durant les années 1960 et 1970, quand les pays riches, sans concurrents, se partageaient le gâteau mondial sur le dos d’un tiers-monde sous-développé. La droite conservatrice modérée s’est convertie au libéralisme hédoniste et amoral, et a accepté le sacrifice de ses valeurs de civilisation à la loi du marché et à la société de consommation la plus débridée ; les catholiques sont devenus « droits-de-l’hommistes » et gauchisants. Les nationalistes ont été impitoyablement marginalisés et jetés aux oubliettes, quand ils ne se sont pas convertis tant bien que mal au système.

    Les désastres environnementaux et sanitaires engendrés par notre système néolibéral incontrôlé explique le succès actuel de l’écologisme

    Il y a peu, encore, on affirmait couramment que le nouvel ordre mondial planétaire, sans frontières ni régulation, néolibéral, régi par la seule loi de la Bourse, avait balayé toutes les idéologies d’autrefois, et s’était imposé comme la philosophie morale et politique immanente de l’humanité, depuis la fin des années 1980. Or, le problème écologique mondial, et la présente pandémie le remettent radicalement en cause.

    Et comment en irait-il autrement, puisqu’ils en sont les conséquences ? C’est, en effet, à notre modèle économique et social néo-libéral, étayé sur la loi du marché et les seules valeurs financières, à notre capitalisme sans frein, impliquant une industrialisation et une urbanisation démentielles, ainsi que des déplacements incessants d’individus et de populations, que nous devons les grands problèmes auxquels nous sommes actuellement confrontés : la pollution planétaire, le réchauffement climatique et la pandémie coronovirale. Délibérément ignorées pendant plus de cinquante ans par les détenteurs du pouvoir économique et financier, pour des raisons mercantiles évidentes, par les pouvoirs publics, soucieux de ne pas compromettre l’essor économique de leurs pays et l’efflorescence de la société de consommation qui en résultait – et d’ailleurs bien incapables de pouvoir réguler ou contraindre le système –, et par le gros de la population mondiale, alors insensible à des problèmes environnementaux qui ne l’affectaient que peu – et subjugué par le modèle individualiste et hédoniste de société en lequel il vivait –, ces questions sont devenues primordiales aujourd’hui, et appellent des réponses urgentes. D’où le succès politique des écologistes. Nous savons tous, aujourd’hui que, pour éviter la transformation de notre planète en un cloaque invivable et en un chaudron infernal, pour éviter également des pandémies mondiales comparables à celle de la Covid 19, il faudra adopter des mesures drastiques particulièrement pénibles et privatives de liberté, et qui modifieront très profondément, dans un sens contraignant et restrictif, le mode vie auquel nous sommes habitués depuis une soixantaine d’années en Occident. Encore ces mesures auront-elles pour effet, non d’éviter, mais de limiter les dégâts, d’ores et déjà nombreux et certains irréversibles. Mais, parce que leur nécessité est une évidence, parce que leur adoption ne peut plus attendre, elles seront « plutôt bien acceptées », comme disent nos journalistes de télévision des mesures destinées à lutter contre la propagation du coronavirus (port du masque, confinement, gestes barrières, distanciation). Nous savons tous que nous devons nous préparer à des lendemains qui déchantent. Et il est particulièrement rageant de penser qu’ils eussent pu être évités si, pendant cinq ou six décennies, nous ne nous étions pas complus dans un système libéral mondial que personne ne pouvait ni ne voulait réguler, et si nous n’avions pas délibérément sacrifié les questions environnementales et sanitaires au culte de la croissance et du profit, aux délices et aux poisons de la société de consommation.

    Des ballons d’essai destinés à préparer l’avènement d’un totalitarisme écologiste

    Mais, en dehors des nécessaires mesures environnementales auxquelles nous devrons bien nous résigner, il est une calamité à redouter : celle de l’idéologie de l’écologisme et du terrorisme moral et politique auquel il donne déjà lieu. Et ceci nous ramène aux mesures récemment prises par certains maires écologistes, que nous critiquions plus haut. Lorsque le maire de Bordeaux prive ses administrés de sapin de Noël, par souci d’économie (dit-il) et au nom d’un respect de la nature, il entend nous imposer une morale écologiste de type religieux soustraite à tout débat public et à l’agrément des citoyens. Lorsque le maire de Lyon impose un repas végétarien dans les cantines scolaires, il lance un ballon d’essai visant à tester les réactions de l’opinion à de futures mesures visant à imposer partout le régime végétarien. À l’évidence, les écologistes, les animalistes et les antispécistes mettent à profit la situation actuelle pour avancer leurs pions et tenter d’imposer une société ordonnée autour d’une religion de la nature, et végétarienne par obligation. Les véganistes et les antispécistes redoublent d’ailleurs d’audace, et les attaques contre les boucheries, les charcuteries et les poissonneries se sont multipliées depuis quelques années. À quand les repas de Noël et les fêtes de famille à base de galettes de soja arrosées d’une bonne bouteille de Cristalline ? Si les initiatives des maires de Bordeaux et de Lyon ont provoqué les critiques de MM. Denormandie et Darmanin (d’ailleurs sans effet), elles ont reçu la chaleureuse approbation de Barbara Pompili, ministre de l’Écologie (et ancienne élue EELV), cependant que le Premier ministre et le président de la République ont « calmé le jeu », faisant ainsi taire les critiques au plus haut niveau, ce qui rend service aux deux édiles mis en cause. La bien-pensance et le politiquement correct, relayés par le matraquage médiatique et le terrorisme de la pensée unique, feront le reste.

    Il est décidément à craindre que la recherche de solutions aux graves problèmes environnementaux et sanitaires devienne le vecteur d’un écologisme intégriste qui transformera le dur avenir qui nous attend en une forme inédite de totalitarisme. La bonne conscience universaliste s’appuiera sur une deep ecology faisant de la nature l’objet d’un véritable culte, et un antispécisme aboutissant à ériger l’animal en égal de l’homme.

     

    Illustration : Grégory Doucet, en élégante tenue de urban gentleman farmer, plante un verger en plein Lyon. Ça pourrait paraître grotesque si ce n’était inquiétant : la révolution verte multiplie les grands projets et les petits gestes, imposant son calendrier et ses méthodes.

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    Source : https://www.politiquemagazine.fr/

  • Un rapport administratif accable Sciences Po Grenoble, par Christian de Moliner.

    Un rapport administratif de l’inspection générale de l’éducation, du sport et de la recherche sur l’affaire de l’institut des sciences politiques de Grenoble vient d’être remis à Frédérique Vidal, le ministre de l’Enseignement supérieur. S’il pointe les « maladresses » des deux professeurs visés par les accusations d’, il est surtout accablant pour leurs adversaires.

    5.jpgLe rapport dénonce un « de terreur » instauré par l’Union syndicale, un groupement étudiant. Ses membres émettent, à l’encontre de tous ceux qui ne partagent pas leurs convictions, de graves accusations sur les ; soit ils dénoncent systématiquement le racisme de leur opposant, soit (plus grave) ils lancent des rumeurs de violences sexistes sans aucun témoignage, sans qu’aucune plainte ni auprès de la police ni auprès de la direction ne soit enregistrée. Le but étant d’exclure de la vie sociale voire de l’IEP lui-même des étudiants désignés comme cibles.

    Il y a eu une stratégie de « harcèlement moral » qui a instrumentalisé l’islamophobie et les violences sexuelles afin de compromettre des adversaires politiques. Ce système a marché à plein régime tout en contournant la loi et la morale. La présomption d’innocence a été systématiquement bafouée et a même été qualifiée d’« outil d’une de classe qui muselle la parole des victimes ». Fouquier-Tinville ne renierait pas ces jeunes intolérants qui se croient, il faut le souligner, de grands démocrates.

    Le rapport établit l’enchaînement des faits. N’obtenant pas gain de cause dans le conflit l’opposant à Klaus Kinzler, la chercheuse qui a débattu avec lui a envoyé un courriel à sa directrice du laboratoire de recherche, s’estimant insultée, et a affirmé qu’à travers elle, l’ensemble de leurs collègues travaillant dans le laboratoire (voire l’ensemble des chercheurs en ) était diffamé. La directrice, prenant fait et cause pour sa subordonnée, aurait, selon le rapport, usurpé l’autorité du président de l’université en signant un communiqué en son nom et en se mêlant de la gestion des ressources humaines de l’IEP, ce qui n’est pas de son ressort. Ces faits seront inscrits dans son dossier administratif. Il résulte de l’enquête que les étudiants et les professeurs du laboratoire ont beaucoup échangé entre eux au sujet de l’affaire et que les premiers ont été les relais des seconds.

    Les étudiants, ou plutôt leurs organisations syndicales, ont pris depuis quelque temps beaucoup d’importance dans la gestion des en coprésidant l’université ou en gérant les fonds destinés à la vie étudiante ainsi que les subventions aux associations. Tout cela pèse sur la vie et les orientations budgétaires des universités.

    Ce rapport est inquiétant. Pour un établissement mis sous le feu des projecteurs, combien d’universités sont sous le joug d’une minorité qui impose sa loi et fait la chasse aux « dissidents » ?

    On parle d’islamo-gauchisme, mais ce terme n’est pas nécessairement adéquat. Il vaudrait mieux parler de fascisme et de totalitarisme qui se répandent dans les facultés : des jeunes biberonnés depuis leur plus jeune âge au gauchisme refusent tout jugement discordant, toute pensée déviante. Ils se croient investis de la vérité, la seule et unique. Ils constituent une menace grave qui sera difficile à contrer.

     

    Christian de Moliner

    Professeur agrégé et écrivain