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  • Surchauffe idéologique, par Gérard Leclerc.

    1A.jpg Source : https://www.france-catholique.fr/

    La contagion idéologique américaine traverse l’Atlantique pour imprégner notamment notre université et certains de nos journaux. Elle se renforce du fait de l’élection présidentielle aux États-Unis qui tourne autour de « la fracture raciale ». Il importe d’échapper à une surchauffe idéologique dangereuse.

    Hier, évoquant le climat d’insécurité qui règne dans le pays, je mettais en cause une surchauffe idéologique, qui n’est pas près de de concourir à l’apaisement. Certes, la France n’est pas les États-Unis, elle n’a pas la même histoire, elle n’est pas l’héritière des mêmes traumatismes, issus de l’esclavagisme et de la ségrégation raciale. Il n’empêche que tout se passe comme si un nouveau phénomène de contagion traversait l’Atlantique, pour inculquer aux Français les hantises des Américains. C’est particulièrement vrai pour l’université. L’université française semble de plus en plus marquée par les motifs du politiquement correct qui est propre à l’ensemble du monde universitaire américain. Sciences Po Paris ne recommande-t-elle pas sur son site Internet une série d’ouvrages à tonalité racialiste ? L’obsession de l’opposition des races en est le trait majeur. Sciences Po n’a pas le monopole d’une telle obsession qui se répand à mesure que se produit une racialisation idéologique, dont on perçoit aussi des accents dans une presse, qui fut naguère plus prudente.

    Ce n’est sûrement pas l’allure que prend l’élection présidentielle américaine qui ralentira la contagion. Les correspondants aux États-Unis martèlent que la fracture raciale est au cœur de la compétition entre Donald Trump et Joe Biden. Cette thématique, au-delà des discours des deux champions, est liée à un engrenage de violences redoutable, dont le candidat Républicain joue à plein pour stigmatiser son adversaire. Celui-ci est bien conscient du danger, puisqu’il vient de condamner sans équivoque, toute violence, d’où qu’elle vienne, de la gauche ou de la droite. Jusqu’alors, Joe Biden privilégiait la mauvaise gestion de Donald Trump face au coronavirus. Désormais, le duel semble se présenter sous l’unique angle de la violence entrainée par la question des discriminations raciales.

    Ce n’est pas une bonne nouvelle. La surchauffe idéologique va s’en trouver encouragée. Et nous risquons d’en recevoir les effets. Car nous aussi, nous sommes engagés dans un processus de radicalisation où, par exemple, la racialisation du discours provoque des réactions identitaires, avec des risques de violence d’autant plus probables que la véhémence idéologique n’est pas mesurée par un débat intellectuel raisonnable. Certes, il ne faut pas parier pour l’hypothèse du pire. Ce débat demeure encore possible. Il doit être encouragé à tout prix.

    Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 1er septembre 2020.

  • L’AFP refuse de signer la lettre de solidarité avec Charlie Hebdo “pour ne pas mettre ses équipes en danger dans des pay

    Nous avons découvert avec consternation, comme de nombreux collègues, que l’AFP avait décidé de ne pas s’associer à la lettre ouverte, intitulée « Ensemble défendons la liberté », publiée ce mercredi 23 septembre par une centaine de médias (du plus petit aux plus grands, comme Radio France et France Télévisions) en solidarité avec Charlie Hebdo, objet de nouvelles menaces.

    Ce faisant, la direction de l’AFP a tourné le dos à l’histoire de l’Agence France-Presse et aux principes qui la guident depuis plus de sept décennies, et qui devraient continuer à l’animer.

    Selon les comptes rendus des conférences de rédaction, le directeur de l’information a justifié cette décision par la volonté « de ne pas mettre nos équipes en danger dans des pays musulmans où ce droit est considéré comme une provocation ». « L’AFP défend avec force la liberté d’expression, a-t-il souligné, mais les signataires de cette lettre ouverte ne sont pas aussi exposés que nous dans ces pays. »

    L’argument de la sécurité de nos salariés partout dans le monde, qui est évidemment un souci partagé par tous, n’est ici pas recevable. Quand on prétend défendre la liberté de la presse, il ne saurait y avoir de « mais », ou alors c’est que l’on a une piètre conception de cette liberté fondamentale.

    Ce même argument de la protection de nos journalistes avait été invoqué début septembre pour expliquer que l’AFP diffuse en images une version tronquée, camouflée, de la Une du numéro de Charlie republiant des caricatures du prophète de l’islam. L’opération visait à dissimuler un dessin de Cabu – tué dans les attentats de janvier 2015 – « considéré comme une insulte pour les fidèles musulmans », selon la note rédactionnelle relayant la position de la direction de l’information.

    Depuis quand l’AFP prend-elle ses décisions en fonction du ressenti prêté à tel ou tel groupe communautaire, ou de l’accueil attendu dans tel ou tel pays ? Qui peut sérieusement croire que le choix du renoncement – renoncement à montrer un dessin, à se joindre à une pétition – peut contribuer à accroître la sécurité de nos équipes ?

    En janvier 2015, quelques jours après les attentats, l’AFP, fondée à la Libération de Paris, invitait les survivants de Charlie à rejoindre l’événement organisé pour son 70e anniversaire, au palais Brongniart, dans un beau geste de solidarité et de foi en la liberté malgré la douleur du moment. Cinq ans et quelques mois plus tard, la direction de la même Agence maltraite la Une de Charlie et boycotte une lettre de soutien à sa rédaction. Cette évolution, qui est une abdication, nous attriste et nous fait honte.

    snj-afp.org

    Source : https://lalettrepatriote.com/

  • Saint Louis et nous, par Gérard Leclerc.

    Blanche de Castille et Saint Louis

    Détail d’une miniature de la Bible moralisée de Tolède, 1240.

    Jean-Luc Mélenchon ne veut pas seulement que la France se créolise à l’image du Brésil. Comparaison discutable. Il s’attaque aussi à la hache à notre histoire, en marquant sa répulsion à l’égard de Saint Louis.

    gerard leclerc.jpgHier, je me suis intéressé brièvement au concept de créolisation que Jean-Luc Mélenchon entend projeter sur l’avenir de la France, non sans manifester quelque scepticisme, mais avec le désir de mieux comprendre de quoi il pourrait s’agir. Imaginer ce que pourrait être notre pays confronté à de multiples défis, pourquoi pas, même si on perçoit les pièges et les défauts de la manœuvre. Mais il est un point sur lequel je dois affirmer mon radical désaccord avec le leader des Insoumis, c’est l’attaque violente qu’il a conduite dans le fil du même discours à l’égard du roi Saint Louis, en qui il ne veut reconnaître qu’un Louis IX maudit, à exclure de l’imaginaire national, après que sa statue ait été expulsée de l’enceinte du palais du Luxembourg.

    Cette violence ne participe pas seulement d’une haine personnelle à l’égard d’un personnage du passé, elle se rapporte à ce qu’on pourrait appeler une volonté éradicatrice à l’égard de l’ensemble de notre histoire. On y retrouve la rage révolutionnaire, celle qui s’acharna contre la sépulture des rois de France à la basilique Saint-Denis. On peut aussi y discerner l’inspiration idéologique, qui, hier, sous l’emprise du léninisme, voulait du passé faire table rase pour inventer un futur mirifique, qui tourna d’ailleurs au cauchemar. Jean-Luc Mélenchon ne procède pas en historien qui reconnaît, par exemple, en quoi la mentalité médiévale diffère de la nôtre et explique certains écarts de sensibilité et de conduite. Il détruit tout à la hache, en nous rendant orphelins d’un passé qui nous a façonnés.

    À ceux qu’une telle hargne a justement blessés, je conseille de lire ou de relire la belle biographie de Saint Louis que le grand médiéviste qu’était Jacques Le Goff a publié en 1996 [1]. Il ne cache rien de ce qui peut nous choquer ou nous déconcerter aujourd’hui. Mais la rectitude du chercheur, sa proximité critique avec Saint Louis nous permettent de comprendre comment le passé nous construit. En le reniant, c’est nous-mêmes que nous détruisons.

    Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 24 septembre 2020.

    [1Jacques Le Goff, Saint Louis, NRF Gallimard.

    Source : https://www.france-catholique.fr/

  • Sur la Convention climat, par Gérard Leclerc.

    La Convention climat, qui vient de rendre ses conclusions, suscite des réactions diverses, allant de l’enthousiasme au scepticisme. Pourtant, il ne s’élève aucune voix pour dénier l’importance de l’impératif écologique. Le problème est de savoir si ces 150 citoyens tirés au sort pour présenter aux pouvoirs publics les mesures nécessaires afin de répondre à ce formidable enjeu, ont su être à la hauteur de l’objectif. Pour les uns, le pari a été réussi. Des propositions précises pour réduire de 40 % les émissions de gaz à effet de serre ont été formulées « dans un esprit de justice sociale ». Mais pour d’autres rien de vraiment original n’est sorti de ces délibérations.

    gerard leclerc.jpgN’importe quelle instance compétente auraient pu accomplir un travail analogue. Pour Guillaume Tabard, du Figaro, manque cet effet « Waouh » après lequel courent en vain les responsables politiques et qui ferait dire « Ça, on n’y avait pas pensé, on ne l’aurait pas imaginé ».

    Quoi qu’il en soit, la Convention aura eu le mérite d’exister, avec cette invention d’un mode de participation qui renouvelle quelque peu les procédures ordinaires. Certes, il y a des précédents, tel, sous la présidence de Nicolas Sarkozy, un Grenelle de l’environnement qui avait été entouré d’une grand publicité. Hélas, la crise de 2008 en avait annulé les effets positifs. La Convention va-t-elle au moins bénéficier du même retentissement ? Retentissement non négligeable puisqu’il s’agit de rallier l’opinion à ces propositions, en ce moment si particulier où il faut faire redémarrer toute une économie qui s’est trouvée paralysée d’une façon vraiment inédite.

    Emmanuel Macron pourra envisager avec sérénité le plan de relance qu’il a annoncé, s’il dispose de l’accord général et s’il est vraiment décidé à agir pour que l’avenir ouvre vraiment des perspectives différentes du modèle passé. Nous connaîtrons dès juillet les premières décisions concrètes qui attesteront de cette volonté. Les propositions de la Convention pour le climat seront-elles reprises dans leur ensemble ? Ce sera un test important, qui témoignera aussi d’un changement radical de paradigme. Un changement que des penseurs comme Jacques Ellul et Edgar Morin (celui-ci toujours présent parmi nous) préconisaient depuis au moins un demi siècle. Je conserve dans ma bibliothèque l’essai d’Edgar Morin précisément intitulé Le paradigme perdu : la nature humaine, qui préconisait la réconciliation de la nature avec la culture. Ce n’était guère dans la mentalité des Trente glorieuses, attachée à une croissance indéfinie. On sait aussi que l’Église catholique appuie de toutes ses forces ce changement de paradigme. Le pape François s’en est expliqué dans son encyclique Laudato si’.

    Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 23 juin 2020.

  • L’exemple de Marc Fumaroli, par Gérard Leclerc.

    On apprenait, jeudi 24 juin, la mort de Marc Fumaroli, qui, parmi ses multiples titres, appartenait à l’Académie française où il avait succédé à Eugène Ionesco. Tout de suite, m’est revenu à la mémoire ce beau moment passé avec lui à Saint Malo et au château de Combourg, où l’on honorait son magnifique livre sur Chateaubriand, Poésie et Terreur. Si quelqu’un méritait le prix Combourg, c’était bien lui à cause de sa connaissance précise de l’œuvre de l’enchanteur, avec une puissance de pénétration qui lui permettait de voir très loin.

    gerard leclerc.jpgPour Marc Fumaroli, l’auteur des Mémoires d’Outre-tombe avait aussi compris la charge de terreur que comportait la rupture révolutionnaire pour l’avenir et notre XXe siècle. Mais son exploration de notre littérature était sans limite, et le beau nom d’humaniste, dans sa véritable acception, lui convenait à merveille. L’humaniste, c’est celui qui s’est approprié l’essence même de la culture humaine et qui est capable d’en rendre compte.

    La mort de Marc Fumaroli correspond à un très étrange moment, et elle le dispensera peut-être des fâcheux développements d’une hystérie dont on peine à discerner les limites. Car c’est bien notre culture qui est en danger, dans cette entreprise de démolition du passé à laquelle nous assistons. Si seulement il s’agissait de faire preuve de discernement, de contextualisation, de toutes les fonctions intellectuelles qui permettent de mieux percevoir les différentes strates de notre histoire ! Il serait d’ailleurs d’un précieux secours pour nous y aider. Mais tout se passe comme s’il s’agissait de procéder à un travail de table rase. Lorsque Marc Fumaroli s’opposait aux réformes imposées par Mme Vallaud-Belkacem dont il dénonçait « le fanatisme égalitariste », c’était à cette entreprise d’éradication de la culture qu’il s’opposait.

    Or, la fièvre iconoclaste, à laquelle nous assistons en ce moment, s’inscrit dans la même logique, ne serait-ce qu’à cause de l’anachronisme furieux qui constitue son premier moteur, mais aussi cette volonté d’effacer ce qui ne convient pas à l’idéologie du moment et qui risque de toucher, malgré elles, toutes les familles intellectuelles et politiques. Comme le fait remarquer Michel Onfray, il n’y a plus de raison de ne pas aussi débaptiser les rues ou les lycées Aragon et Éluard, puisque nos deux poètes épousèrent la cause stalinienne en leur temps. Il reste à souhaiter que l’œuvre et l’exemple de Marc Fumaroli nous gardent de tout crime contre l’intelligence.

    Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 25 juin 2020.

  • Comment la Turquie infiltre le Liban, par Antoine de Lacoste.

    Dans le monde moderne envahi d’anglicismes (merci à Radio Courtoisie d’être une sentinelle implacable), il y a le soft power et le hard power pour qualifier certains comportements dans le cadre des relations internationales.
    Les nouvelles routes de la soie chinoises par exemple constituent une manière pacifique d’étendre sa puissance (soft power). L’invasion de l’Irak par les États-Unis relève bien sûr de la deuxième attitude (hard power).

    antoine de lacoste.jpgToutes les grandes puissances savent alterner les deux stratégies. Notre bon sultan par exemple : guerrier en Libye ou en Syrie, mais pacifique au .

    Depuis plusieurs années, la communauté sunnite est ainsi l’objet de toutes les attentions de la part de la Turquie. Un hôpital financé par Ankara doit bientôt être inauguré dans le sud du pays, à Saïda nous apprend par exemple le grand quotidien libanais L’Orient-Le Jour.
    Les Turkmènes sont également courtisés. Cette communauté est importante en Syrie et plusieurs milices islamistes présentes dans la province d’Idleb et sous contrôle turc sont composées de Turkmènes. Moins implantés au Liban, ils y comptent toutefois quelques dizaines de milliers de membres et Erdogan leur a proposé de leur accorder la nationalité turque sur simple demande. Près de dix mille d’entre eux ont fait la démarche.
    Au fil du temps, l’influence turque se développe et devient agressive. Ainsi, plusieurs rassemblements arméniens (nombreux au Liban) ont fait l’objet de contre-manifestations, drapeaux turcs en tête. Un comble pour ces Arméniens dont beaucoup descendent de rescapés du génocide qui avaient trouvé refuge au pays du cèdre lors du mandat français. Des slogans très menaçants ont été entendus par les médias libanais.

    On peut d’ailleurs noter en passant qu’un phénomène similaire s’est passé en France cet été : à Décines, près de Lyon, des manifestants turcs ont perturbé et menacé un grand rassemblement arménien…
    La Turquie investit aussi pour l’avenir en offrant notamment des bourses pour des étudiants sunnites.
    Politiquement, elle reste encore relativement prudente. Ainsi, le parti libanais affilié aux Frères musulmans (la confrérie islamiste préférée d’Erdogan), Jamaa islamiya, n’est pas officiellement soutenu par Ankara qui préfère développer un réseau plus large. La Turquie a par exemple proposé son aide après l’explosion du 4 août qui a ravagé Beyrouth et Erdogan a vivement critiqué lors de ses déplacements dans la capitale libanaise, l’accusant de vouloir restaurer l’influence coloniale de la France. Quelle ironie quand on se souvient que pendant des siècles toute cette région a subi un joug ottoman qui n’était guère suave…

    Erdogan tisse sa toile et entretient des relations personnelles avec plusieurs hommes politiques importants. L’ancien premier ministre sunnite, Saad Hariri, a ainsi été témoin du mariage de la fille d’Erdogan.
    L’enjeu est de taille. La Turquie a conquis la Tripolitaine en Libye, occupe la province d’Idleb en Syrie, a des bases militaires et navales au Qatar, en Somalie et tente de spolier le gaz au large de Chypre… Et cela ne fait que commencer. C’est l’occasion pour la France de s’affirmer à nouveau comme la protectrice du Liban.

  • Sur Sacr TV, l'avenir à l'ère de Tesla.


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    https://www.tipeee.com/sacr-tv

    Format PDF : https://fr.calameo.com/read/000869313...

    Savez-vous par exemple qu’en 1899, alors que la technologie automobile ainsi que la maîtrise de l’électricité n’en étaient qu’à leurs balbutiements, ce fut cette année-là qu’une voiture électrique, la « Jamais contente », en forme de torpille sur roues, établi le record de vitesse ? La vitesse atteinte fut de 105,98 km/h, le 29 avril 1899 à Achères. C’était la toute première voiture à franchir les 100km/h, et elle était électrique ! Avec l’évolution logique des technologies au fil des années, on imagine parfaitement le genre de voitures électriques dont nous aurions pu bénéficier alors, si les constructeurs et les financiers avaient misé sur la motorisation électrique plutôt que le moteur à combustion interne. On aurait des voitures 100% électriques non polluantes et ayant les mêmes capacités que nos véhicules diesel ou à essence actuel. C’était sans compter le pétrole ! Il était plus facile de s’enrichir avec cette matière première indispensable pour les moteurs à combustion, plutôt que de se soucier d’écologie ou d’énergie propre, pour un avenir plus sain !

    Nikola Tesla a découvert la radio avant Edison, le courant alternatif, la lampe à pastille de carbone, les bases de la robotique, la commande à distance. Il a expérimenté un navire télécommandé, décrit l'avion à décollage et atterrissage vertical, la fusée, élaboré le concept du microscope électronique, détecté la force de résonance des vibrations harmoniques, le principe du radar, la radiodiffusion mondiale, imaginé et réalisé les premiers essais de la transmission d'énergie électrique sans fil, l'onde stationnaire...

    C’est au cours de la conférence « Experiments with Alternating Currents of High Frequency » du 20 mai 1891 à l’université Columbia de New York que Tesla envisage pour la première fois le concept d’énergie libre : « Dans quelques générations nos machines seront animées grâce à une énergie disponible en tous points de l’univers.[…] [En effet,] dans l’espace, il existe une forme d’énergie. Est-elle statique ou cinétique ? Si elle est statique, toutes nos recherches auront été vaines. Si elle est cinétique – et nous savons qu’elle l’est –, ce n’est qu’une question de temps, et l’humanité mettra en harmonie ses techniques énergétiques avec les grands rouages de la nature. »

    Imaginons un peu ce qu’aurait pu être le monde actuel si l’énergie libre avait été utilisée comme Tesla l’aurait voulu. On aurait eu un vingtième siècle bien plus propre que celui que l’on nous a imposé. Jamais nous n’aurions connu la pollution liée au dégagement des pots d’échappement. Nous n’aurions pas connu non plus ces guerres incessantes pour le pétrole, ni connu ces désastreuses marées noires issues des naufrages des pétroliers. Nous n’aurions pas connu non plus les désastres de Tchernobyl et Fukushima dont les conséquences dureront encore pour des siècles. Les océans, les rivières et les forêts ne seraient plus menacés d’être à nouveau contaminés par des déchets radioactifs, des pollutions de pétrole ou des pluies acides. Jamais nous n’aurions connu également tous ces pylônes à hautes tensions qui cicatrisent nos paysages en rejetant leur pollution électromagnétique.

  • L’université en procès ?, par Gérard Leclerc.

    Siège principal de l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS)© Celette / CC by-sa

    Est-il vrai, comme le veut Le Monde qu’Emmanuel Macron s’est aliéné les sciences sociales, en s’en prenant au monde universitaire ? Tout est parti de quelques phrases prononcées en privé par le président de la République et rapportées par le quotidien du soir : « Il – le monde universitaire – a encouragé l’ethnicisation de la question sociale, en pensant que c’était un bon filon. Or, le débouché ne peut être que sécessionniste. Cela revient à casser la République en deux. »

    gerard leclerc.jpgOn comprend qu’une telle assertion ait provoqué un bel émoi du côté des intéressés, d’abord ceux qui se sont sentis visés à juste titre, et les autres qui ont estimé injuste le caractère général de l’accusation. Il n’empêche que le président a posé une question judicieuse et que, sur ce point précis, j’ai de bonnes raisons de penser qu’il a été bien conseillé.

    À plusieurs reprises, j’ai moi-même dénoncé le danger d’une racialisation de la société, encouragée par ceux qui, prétendant combattre les discriminations raciales, imposent, de facto, une lecture des rapports sociaux en terme d’ethnicité. On va jusqu’à énoncer le principe d’un suprémacisme naturel à l’homme blanc. Cela nous donne une idéologie, souvent importée des universités américaines, qui n’est pas sans conséquences directes sur certains comportements et certaines manifestations. Bien sûr, on peut s’insurger contre le lien établi entre la contagion universitaire et le mouvement déclenché autour de la mort d’Adama Traoré. Mais on est bien obligé de relever des analogies troublantes.

    Par ailleurs, il serait parfaitement hypocrite d’ignorer qu’il existe des tropismes idéologiques qui caractérisent une époque. Hier, Raymond Aron pouvait dénoncer l’opium des intellectuels, alors qu’une inspiration marxiste travaillait tout le milieu de l’intelligentsia. Aujourd’hui, il est aussi évident que tout le secteur des sciences sociales demeure largement dépendant de l’influence de Pierre Bourdieu et de son analyse des faits de société en terme de domination et d’exclusion. Sans doute y a-t-il des oppositions, des débats à l’intérieur des disciplines en cause, et il y a lieu de garder à la vie intellectuelle sa pleine autonomie. Mais il n’est pas possible de ne pas réagir face à des menaces précises, et le label scientifique que l’on s’accorde ne saurait paralyser de justes ripostes, surtout lorsqu’il s’agit d’orientations d’extrême importance pour l’avenir de nos sociétés.

    Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 1er juillet 2020.

  • Le débat n’est plus possible, par Gérard Leclerc.

    Source : https://www.france-catholique.fr/

    « Aujourd’hui, la vie publique se résume a des polémiques médiatiques où l’on se contente d’asséner des affirmations dont la véhémence fait preuve. Cela ne laisse plus beaucoup de place pour une argumentation développée. » Cette déclaration de Marcel Gauchet à l’hebdomadaire L’Obs est d’autant plus à recevoir avec sérieux qu’elle explique la cessation de parution de la revue Le Débat, dont le philosophe fut, pendant quarante ans, l’animateur infatigable aux côtés de Pierre Nora, son directeur.

    gerard leclerc.jpgLequel d’ailleurs confirme totalement les propos de son rédacteur en chef. L’historien constate « un gauchissement de l’idéologie radicale ». Car « la radicalité est devenue un trait majeur. Les sensibilités des communautés et des minorités imposent leurs revendications. »

    Voilà qui confirme ce que dans les précédentes chroniques j’appelais « la surchauffe idéologique », que j’aurais pu aussi bien traduire en « hystérie intellectuelle ». Étais-je trop optimiste en appelant à la poursuite du débat, précisément au moment où la revue appelée Le Débat cesse sa parution, faute de trouver un climat propice à l’échange approfondi des idées ? C’est la passion qui prévaut aujourd’hui, et plus encore l’agressivité communautaire ou communautariste, notamment sur les questions liées au féminisme et à la colonisation. « L’histoire, dit Pierre Nora, s’efface et ne devient qu’un prétexte, récupérée, fétichisée pour des raisons idéologiques. » Marcel Gauchet aggrave le diagnostic en affirmant que « les élites dirigeantes sont devenues incultes ».

    L’actualité la plus récente confirme, ô combien, les convictions des dirigeants du Débat. On s’en est aperçu, ces jours-ci, avec une affaire que j’ai eu scrupule à évoquer ici-même. On pourrait l’appeler l’affaire Obono, du nom de cette députée de La France insoumise, bousculée par l’hebdomadaire Valeurs actuelles, à travers une fiction qui la transforme en esclave africaine au milieu du XVIIIe siècle. Il est vrai qu’avec une telle fiction, aucune distance n’est prise. L’implication personnelle est immédiate, brutale. Peu de possibilité de problématiser pour une discussion argumentée. Il n’y a de débouché que dans la plainte judiciaire, les tribunaux devenant les arbitres des différends politiques et idéologiques. Curieuse époque. Époque qui oblige à arrêter le débat. Il faudra tout de même en sortir !

    Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 2 septembre 2020.

  • L’Amérique en flammes, par Gérard Leclerc.

    Rassemblement, le 30 mai 2020, suite

    à la mort de George Floyd.

    © Rhododendrites / CC by-sa

    Que la première puissance mondiale soit en flammes, pour reprendre l’expression des médias, a de quoi nous inquiéter et nous interroger. Tout de même, que le président des États-Unis soit contraint de se réfugier, avec sa famille, dans le bunker prévu en cas de danger direct, parce que l’émeute gronde aux abords immédiats de la Maison-Blanche, c’est quand même surprenant.

    gerard leclerc.jpgCela ne veut pas dire que le régime soit en danger, car il n’y a nulle révolution à l’horizon. Cela veut dire que la société américaine ne va pas bien et qu’elle est toujours la proie de vieux démons que l’on aurait pu croire exorcisés, depuis la fameuse croisade en faveur des droits civiques des noirs américains.

    Tout est parti de ce qu’il faut bien appeler un meurtre, celui de George Floyd, tué à Minneapolis, il y a huit jours, pendant son interpellation par la police municipale. Les conditions brutales de cette mort ont provoqué une révolte, qui s’est progressivement étendue à l’ensemble du territoire américain. Il est vrai que de la révolte on est passé à l’émeute, avec son cortège de violences extrêmes, de pillages et de destructions. Toutes les autorités légales, même lorsqu’elles reconnaissent le bien fondé de la révolte, ne peuvent admettre le désordre qu’elles peinent à contenir. De son côté, le président Trump a bien marqué que l’on était passé à une autre étape : « Je me tiens devant vous du côté de tous les Américains en quête de justice et de paix. Mais je me tiens aussi devant vous en ferme opposition à quiconque exploite cette tragédie pour piller, voler, attaquer et menacer. »

    Pourtant, l’opposition démocrate reproche au président de ne pas tenir un discours d’unité et de réconciliation, et de désigner au contraire un ennemi à combattre et à réduire. Des analystes politiques remarquent que toute la stratégie de Donald Trump est fondée sur la désignation d’un ennemi, ce qui pousse à la division du pays, au prix de la tolérance et de la civilité. Quoi qu’il en soit, on observera comment la première puissance mondiale va se sortir de cette vague d’émeutes. Les blessures vont-elles s’inscrire encore plus profondément dans la chair du pays ? Ce serait au détriment du mythe américain au sens positif, et aussi de l’équilibre d’une planète qui ne se porte pas très bien.

    Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 2 juin 2020.

  • Le Burkina Faso en guerre, par Gérard Leclerc.

    Contact avec la population dans le Sud du Mali.

    « Le sort du Mali ne se sépare pas de celui du

    Burkina Faso »© TM1972 / CC by-sa

    Que les yeux du monde entier soient braqués en ce moment sur les États-Unis d’Amérique, rien de plus normal. J’ai moi-même consacré ma chronique d’hier à ce sujet, et j’aurais pu poursuivre aujourd’hui l’analyse. Mais un autre foyer de violence attire mon attention. C’est la correspondante du Monde à Ouagadougou, Sophie Douce, qui signale « au moins cinquante morts dans une série d’assauts terroristes au Burkina Faso ». J’ai des raisons personnelles pour me préoccuper de ce pays où j’ai vécu plus d’une année autrefois.

    gerard leclerc.jpgMais la raison essentielle de mon intérêt pour ce qui se passe en ce moment là-bas tient à la gravité extrême de la situation de toute cette partie du continent africain, qui est en train de tomber dans le chaos, car le Burkina Faso n’est pas seul en péril. C’est lui qui subit les plus durs assauts d’un djihadisme qui est en train de s’implanter, alors que le gouvernement burkinabé tente vainement de le contrer.

    Ces cinquante morts de samedi dernier s’ajoutent aux 1300 civils qui ont déjà perdu la vie. Sophie Douce signale aussi que 860 000 personnes ont dû fuir leur foyer. C’est donc tout un pays qui se trouve déstabilisé par un ennemi qui ne cesse de lancer ses opérations meurtrières, que les forces intérieures ont le plus grand mal à prévenir, vu la configuration du territoire et l’impossibilité pratique d’un maillage efficace. C’est ainsi que plusieurs dizaines de villages seraient passés sous l’emprise des groupes armées dans l’Est du pays, ces derniers mois.

    C’est la France qui, en premier chef, du fait de ses liens avec cette partie de l’Afrique, se trouve solidaire de ces populations et en relations étroites avec les autorités locales. Mais il ne semble pas que l’opinion chez nous ait pris vraiment conscience de la gravité des événements. Pourtant, périodiquement, le chef de l’État s’incline, dans la cour des Invalides, devant nos soldats morts au combat sur le territoire malien. Le sort du Mali ne se sépare pas de celui du Burkina Faso et des pays voisins. La menace djihadiste, à laquelle nous devrions pourtant être très attentifs parce qu’elle a frappé durement notre pays, n’a cessé de gagner en influence sur toute l’Afrique de l’Ouest. Elle est désormais un enjeu géopolitique capital qui risque de peser de plus en plus fort sur nous-mêmes et nos alliés, si ceux-ci sont vraiment nos alliés.

    Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 3 juin 2020.

  • La joie de la Pentecôte, par Gérard Leclerc.

    Réouverture du parvis de Notre-Dame de Paris,

    le 31 mai.

    © Michel Pourny

    Dimanche, nous fêtions donc la Pentecôte, c’est-à-dire l’effusion du Saint-Esprit sur les apôtres, les premiers disciples de Jésus, et par voie de conséquence sur l’Église et donc nous-mêmes. Jésus l’avait annoncé : « Et moi, je prierai le Père, et il vous donnera un autre consolateur, afin qu’il demeure éternellement avec vous, l’Esprit de vérité, que le monde ne peut recevoir, parce qu’il ne le voit point ; mais vous, vous le connaissez, car il demeure avec vous, et il sera en vous » (Jn 7, 8). Je ne me risquerai pas à un commentaire théologique d’un texte d’une telle densité, sauf à remarquer l’enracinement trinitaire de l’Église et de l’existence chrétienne, qui nous ouvre des perspectives inouïes sur notre vocation humaine.

    gerard leclerc.jpgUne vocation qui nous entraîne à participer à la vie même de Dieu et à respirer au-delà de nos limites biologiques et psychiques. C’est ce qui faisait dire au cardinal Daniélou qu’« il y a une joie d’exister dans le christianisme qui est incommensurable ».

    Cette joie d’être habité par l’Esprit ne devrait-elle pas se manifester d’une façon particulière en ce moment ? Que nos Église s’ouvrent à nouveau, que nous puissions participer à l’Eucharistie, c’est une joie d’autant plus forte que nous en avions été privés pendant deux mois. Une autre occasion de nous réjouir, le jour même de la Pentecôte, c’est le parvis de Notre-Dame de Paris enfin libéré, pour nous permettre d’admirer la façade de la cathédrale, qui, à elle seule, ne peut que soulever un élan intérieur à force de tant de beauté et de tant de signification inscrite dans la pierre. Oui, la joie chrétienne se manifeste aussi extérieurement et il faut souhaiter que la période des vacances permette à un vaste public de faire connaissance avec le prodigieux patrimoine religieux qui est le nôtre. Un patrimoine qui nous invite à découvrir tout l’enseignement de l’Évangile, avec le Christ en majesté au portail et le cortège des saints qui ne cessent d’en actualiser la puissance.

    En cette période de déconfinement, il y a ainsi un témoignage particulier des chrétiens qui est ouverture à la beauté et à l’espérance. Le temps est venu de s’éveiller pour découvrir en nous les sources de la joie. Et c’est l’Esprit saint qui les fera jaillir en nous.

    Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 1er juin 2020.

  • Contre le racisme, l’amitié sociale, par Gérard Leclerc.

    © Philippe Lissac / Godong

    Il fallait s’y attendre. Le drame survenu à Minneapolis et les retombées qu’il a eues en France avec le rebond de l’affaire Traoré suscitent une énorme controverse, qui n’est pas près de s’éteindre. Cette controverse se décline sur différents tons, les uns suraigus, les autres plus modérés. C’est sans doute en raison de l’appréciation que l’on a du phénomène. Pour ceux qui sont persuadés qu’il existe dans notre pays un racisme solidement installé, qui structure les comportements, le problème est dramatique, et il n’y a pas assez de mots pour qualifier une pathologie qui plonge profondément dans la psyché collective.

    gerard leclerc.jpgQue les Américains soient confrontés à ce type de phénomène, on peut l’admettre à cause de leur histoire et de ses séquelles. Mais en ce cas, quel remède apporter ? Certains sont d’avis qu’il faut une médication sévère, seule apte à purger les consciences, débusquer les instincts innés.

    Cela nous donne le vaste empire du politiquement correct, avec sa surveillance constante. Ses redressements vigilants. Mais on peut se demander si le remède n’est pas pire que le mal, dès lors qu’on considère la situation de beaucoup d’universités américaines, où règne une véritable hystérie qui ressemble beaucoup à l’univers décrit par George Orwell. C’est un totalitarisme mental qui se met en place, avec un système de contrôle universel et une pratique du lynchage particulièrement raffinée. Il circule en ce moment sur le net un document sur une université américaine, littéralement terrifiant.

    Est-ce pour autant qu’il faut renoncer à améliorer la situation, corriger les injustices, voire s’opposer aux violences évidentes ? Heureusement, il faut le répéter, notre situation n’est pas comparable à celle des États-Unis, mais elle est à considérer avec attention. Ce qu’on appelle les quartiers perdus de la République relève d’un registre particulier qu’il est de notre responsabilité de traiter au plus vite, même si ce n’est pas évident. Mais d’une façon générale, ce n’est pas la surenchère idéologique qui nous sortira de nos difficultés, mais une stratégie qui développe des rapprochements aptes à reconstituer un tissu social. J’oserais même dire de l’amitié sociale. Si j’observe ce qui se passe dans beaucoup de nos paroisses, il pourrait bien y avoir là une école intéressante de convivialité. Je n’en parle pas en l’air. Le curé de ma paroisse est d’origine africaine, et à la messe, hier matin, on se saluait entre paroissiens de toutes les couleurs avec chaleur, en dépit des gestes barrières.

    Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 8 juin 2020.

     

  • Les traites négrières, par Gérard Leclerc.

    Le lycée Colbert-Sophie Germain de Thionville,

    renommé Rosa Parks.

    © Google Street View

    Ainsi, la région Grand Est vient de valider le changement de nom du lycée Colbert-Sophie Germain de Thionville, qui s’appellera désormais Rosa Parks, du nom d’une militante afro-américaine, cette personne ayant vécu de 1913 à 2005. Il semble que les élèves de ce lycée aient été associés à ce choix, que l’on peut juger hautement politique et idéologique. Est-il sage et raisonnable d’entraîner les élèves dans ce type de controverses, au risque de les engager dans un militantisme passionnel, sans le contrepoids d’une véritable formation historique, voire philosophique.

    gerard leclerc.jpgCertes, l’esclavage constitue, humainement, un des aspects les plus violent de notre passé et de notre héritage. Il y a lieu que l’enseignement lui donne sa juste place dans le cursus des études, mais avec toute la contextualisation nécessaire. Il est périlleux d’associer cet enseignement à une cause contemporaine, ainsi que le montrent les dérapages actuels des études post-coloniales, qui inquiètent, à juste titre, les plus éminents de nos universitaires.

    C’est que le sujet est brûlant et que les travaux les plus déterminants à son propos donnent lieu à des polémiques d’une extrême vivacité. On s’en est aperçu, il y a une quinzaine d’années, avec la publication du grand ouvrage d’Olivier Pétré-Grenouilleau sur Les traites négrières qui a été immédiatement dénoncé par des organisations militantes anti-racistes, parce que l’historien n’entrait pas dans leur cadre idéologique. Ainsi affirmait-il que le but des traites n’avait pas de fins meurtrières, puisqu’il s’agissait de promouvoir un négoce. Un négoce, qui avait certes des conséquences meurtrières, notamment à cause des dommages de la traversée de l’Atlantique. Mais pour les militants, il fallait absolument que l’esclavagisme soit foncièrement de nature génocidaire. Et puis il y avait aussi le fait qu’il y avait eu trois formes d’esclavagisme, avec des traites orientales, occidentales et internes à l’Afrique. Le militantisme exigeait qu’il soit uniquement un crime occidental.

    J’ai connu pour ma part un Africain, dont je garderai toujours le souvenir et dont j’espère ardemment la future béatification, qui avait été emmené comme esclave, adolescent, depuis sa région natale, le pays Samo dans l’actuel Burkina Faso, jusque sur les rives du Niger. Il avait pu échapper à son maître et avait été recueilli par des Pères blancs et ramené par eux au pays natal. Puisse la figure d’un Alfred Ki-Zerbo nous éclairer pour un juste discernement de cet immense dossier des traites négrières.

    Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 24 juin 2020.

  • Contre la transgression des normes de notre civilisation, par Gérard Leclerc.

    Congélateur pour conserver les cellules souches.© Fred De Noyelle / GODONG

    J’accordais hier un bon point à Emmanuel Macron pour sa lucidité face à la dérive ethniciste d’un secteur important des sciences sociales. C’est quand même nécessaire d’être lucide, au sommet de l’État, sur des enjeux de société étroitement liés à des impératifs anthropologiques. Malheureusement, je suis dans l’obligation de contrer vigoureusement la loi de bioéthique qu’il veut faire voter au plus vite par le parlement, et loin des remous de l’opinion publique, car les impératifs anthropologiques qu’elle bafoue sont d’une exceptionnelle gravité.

    gerard leclerc.jpgLeur déni est d’ailleurs en étroite correspondance avec une évolution intellectuelle, dont on ne mesure pas assez combien elle défie les normes de la raison, en atteignant notre dignité humaine. Il m’est arrivé, à plusieurs reprises, de mentionner à ce sujet l’essai extrêmement important de Jean-François Braunstein intitulé La philosophie devenue folle (Grasset).

    J’espère que parmi les conseillers du président de la République quelqu’un pourra attirer son attention au moins sur le message de ce livre très informé sur un courant parti encore des universités américaines, et qui exerce ses ravages jusque chez nous, depuis quelques années. Si l’on hésite plus dans les pays occidentaux, à transgresser les normes, qui jusqu’alors structuraient notre civilisation, c’est notamment aux études de genre que nous le devons. Études qui font de l’identité sexuelle une construction arbitraire et ôtent toute signification à la différence homme/femme. D’où l’incroyable obsession à propos de la transsexualité dont témoignent des journaux comme Le Monde et Libération. Mais il n’y a pas que la différence sexuelle qui soit en cause. Le même courant transgresse aussi la différence homme/animal et affirme l’indignité de vivre à ceux qui ne correspondent pas à ses critères. D’où une autre obsession tenace, celle de l’euthanasie.

    La volonté de faire passer, comme en cachette, la nouvelle loi de bioéthique correspond à une adhésion à cette subversion absolue de nos normes civilisatrices. L’archevêque de Paris était donc parfaitement fondé à énoncer, dans Le Figaro de mardi, une protestation solennelle contre cette décision qui entend profiter de la parenthèse estivale pour faire passer un ensemble de dispositions qui touchent à l’essence même de notre humanité. Pour notre part, impossible de nous démobiliser alors que l’on veut nous imposer des dispositions injustes et absurdes.

    Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 2 juillet 2020.