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Saint Louis et nous, par Gérard Leclerc.

Blanche de Castille et Saint Louis

Détail d’une miniature de la Bible moralisée de Tolède, 1240.

Jean-Luc Mélenchon ne veut pas seulement que la France se créolise à l’image du Brésil. Comparaison discutable. Il s’attaque aussi à la hache à notre histoire, en marquant sa répulsion à l’égard de Saint Louis.

gerard leclerc.jpgHier, je me suis intéressé brièvement au concept de créolisation que Jean-Luc Mélenchon entend projeter sur l’avenir de la France, non sans manifester quelque scepticisme, mais avec le désir de mieux comprendre de quoi il pourrait s’agir. Imaginer ce que pourrait être notre pays confronté à de multiples défis, pourquoi pas, même si on perçoit les pièges et les défauts de la manœuvre. Mais il est un point sur lequel je dois affirmer mon radical désaccord avec le leader des Insoumis, c’est l’attaque violente qu’il a conduite dans le fil du même discours à l’égard du roi Saint Louis, en qui il ne veut reconnaître qu’un Louis IX maudit, à exclure de l’imaginaire national, après que sa statue ait été expulsée de l’enceinte du palais du Luxembourg.

Cette violence ne participe pas seulement d’une haine personnelle à l’égard d’un personnage du passé, elle se rapporte à ce qu’on pourrait appeler une volonté éradicatrice à l’égard de l’ensemble de notre histoire. On y retrouve la rage révolutionnaire, celle qui s’acharna contre la sépulture des rois de France à la basilique Saint-Denis. On peut aussi y discerner l’inspiration idéologique, qui, hier, sous l’emprise du léninisme, voulait du passé faire table rase pour inventer un futur mirifique, qui tourna d’ailleurs au cauchemar. Jean-Luc Mélenchon ne procède pas en historien qui reconnaît, par exemple, en quoi la mentalité médiévale diffère de la nôtre et explique certains écarts de sensibilité et de conduite. Il détruit tout à la hache, en nous rendant orphelins d’un passé qui nous a façonnés.

À ceux qu’une telle hargne a justement blessés, je conseille de lire ou de relire la belle biographie de Saint Louis que le grand médiéviste qu’était Jacques Le Goff a publié en 1996 [1]. Il ne cache rien de ce qui peut nous choquer ou nous déconcerter aujourd’hui. Mais la rectitude du chercheur, sa proximité critique avec Saint Louis nous permettent de comprendre comment le passé nous construit. En le reniant, c’est nous-mêmes que nous détruisons.

Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 24 septembre 2020.

[1Jacques Le Goff, Saint Louis, NRF Gallimard.

Source : https://www.france-catholique.fr/

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