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  • Liberté individuelle et indépendance nationale, par l'ASAF.

    La pandémie du coronavirus fait prendre conscience aux Français de la dépendance de leur pays dans de nombreux secteurs. La « mondialisation heureuse » n’était, jusqu’à présent, remise en question que pour des raisons de réchauffement climatique.

    Depuis des années, les entreprises délocalisaient pour rester compétitives et maintenir leurs profits. Mais depuis quelques semaines, elles prennent conscience des risques d’une trop grande dépendance de l’étranger.

    Dans la même logique, les Français, dits individualistes, pressent le gouvernement de donner des directives pour les rassurer, les protéger et anticiper les risques à venir. Ils découvrent que l’homme, seul, ne peut rien. La liberté individuelle ne peut exister qu’au sein d’une communauté organisée et puissante, c'est-à-dire soudée.

    2.jpgLa Nation et les Français

    Deux millions de Français vivent hors de l’Hexagone sans parler des touristes qui partent en vacances à l’étranger. Nous avons tous en mémoire ces deux compatriotes « en vadrouille » au Bénin pour la liberté desquels deux membres des forces spéciales sont récemment morts. De nombreuses interventions militaires ont été lancées en Afrique pour « extraire » des Français menacés. L’exemple le plus emblématique reste l’opération Léopard sur Kolwezi, en 1978, qui a permis de sauver près de 2 000 Européens et plusieurs centaines d’Africains pris en otage et dont le massacre avait commencé. Ces « miraculés » ont mesuré très concrètement ce que représentait la France.

    Aujourd’hui, notre pays a rapatrié plusieurs centaines de ses ressortissants vivant en Chine. Ils ont été accueillis et ont bénéficié d’un suivi médical bien supérieur à celui dont ils auraient pu bénéficier dans les « hôpitaux 10 jours » de Wuhan. Ainsi, quand nos expatriés sont en danger, ils mesurent très vite la chance qu’ils ont d’être les ressortissants d’un pays indépendant et puissant qui accepte de risquer la vie de ses soldats et de ses médecins pour les sauver.

    L’État et les entreprises

    Cette crise du coronavirus illustre aussi notre dépendance à l’égard de nombre de produits stratégiques. Elle nous a ainsi révélé que plus de 80 % des molécules importantes nécessaires à l’industrie pharmaceutique conçues en Occident et, en particulier en France, sont fabriquées en Chine et en Inde.

    Dans le domaine militaire, cette dépendance technologique est d’autant plus inquiétante qu’elle est de nature à remettre en question les capacités de dissuasion et d’action de nos systèmes d’armes les plus puissants. Nous connaissions déjà celle vis-à-vis des États-Unis pour le maintien en condition des catapultes du porte-avions Charles de Gaulle, pour le recueil des renseignements au Sahel à partir des drones Reaper, qui nous appartiennent mais dont la mise en œuvre complète nous échappe, et aussi, depuis la vente d’Alstom Énergie, pour les turbines des réacteurs des sous-marins à propulsion nucléaire, qu’ils soient lanceurs d’engins ou d’attaque ! Chaque jour, dans ce domaine, des pépites françaises sont menacées de rachat conduisant notre pays à risquer de perdre la maîtrise de la chaîne de production d’équipements de haute technologie, au point d’être vulnérable aux chantages et embargos, ou interdit d’exportation de matériels y compris par des pays alliés.

    Notons que, déjà, toutes les armes individuelles de nos soldats - fusils d’assaut et de précision, pistolets - sont d’origine étrangère : allemande, belge et autrichienne. Aussi nos armées doivent reconstituer leurs capacités et notre industrie doit renforcer la maîtrise de la fabrication de nos armes. Cela concerne en priorité les matériels majeurs : sous-marins et frégates, avions de chasse et drones, missiles et blindés avec leurs milliers de sous-ensembles et de composants, sans oublier les nombreux moyens de renseignement et de transmission.

    Fragilités et cohésion

    Nos sociétés sont devenues plus fragiles et présentent des vulnérabilités accrues en raison de l’urbanisation. Ces concentrations humaines, devenues les poumons économiques des nations, sont très dépendantes des réseaux d’eau, d’énergie, de transport, faciles à neutraliser. De plus, les points d’entrée sur le territoire sont nombreux. Outre les frontières terrestres et maritimes, ce sont les ports et aéroports dont le volume de trafic ne cesse de croître.

    Des mouvements de relocalisation d’usines s’opèrent car le coût de la main-d’œuvre comme celui du transport (générateur de carbone taxable) augmentent vite dans les pays en développement et l’impératif de réactivité et de qualité rend la sous-traitance moins attrayante dans certains secteurs. Il faut aller au-delà et retrouver la notion de communauté nationale fondée sur une prise de conscience d’un bien commun supérieur. La liberté individuelle n’est pas l’individualisme. La solidarité dans l’épreuve ne peut s’exercer qu’au profit de ceux qui acceptent de partager et servir la communauté à laquelle ils veulent appartenir. Elle seule est en mesure de leur procurer la sécurité et la protection.

    Face à cette situation, la France veut-elle recouvrer son indépendance ?

    Cela n’exclut pas les coopérations en priorité avec des pays européens. Le système satellitaire Galileo, réalisé à 27, qu’aucun pays n’aurait pu développer seul, permet au contraire à chacun d’entre eux de n’être plus dépendant du seul système GPS américain. Pour la France il est urgent de préserver et développer son excellence technologique, dans les grands projets européens particulièrement en matière de défense et dans le numérique. L’enjeu est le renforcement de notre autonomie stratégique tout en favorisant celle de l’Europe. Pour nos concitoyens, il convient de privilégier l’achat de produits conçus et fabriqués en France sous réserve qu’ils soient au meilleur niveau.

    Cela représente un coût, mais c’est le prix de notre souveraineté. Comme le rappelle Jacqueline de Romilly à propos des Grecs : « Être libre, était avant tout appartenir à une cité libre, c'est-à-dire indépendante» (extrait de La Grèce antique à la découverte de la liberté. Coll. Bouquins 2019).

     

     
    LA RÉDACTION de l’ASAF

    www.asafrance.fr

     

  • Un entretien avec Pierre Debray : « Construire l'arche qui permettrait aux Français de survivre au déluge des barbaries

    Discours de Pierre Debray aux Baux de Provence, en 1973

     

    2293089609.14.jpgNous avons achevé hier la publication de l'étude magistrale de Pierre Debray parue en novembre 1985, sous le titre Une politique pour l'an 2000. On s'y reportera avec profit en utilisant les vingt-six liens ci-dessous.

    A l'issue de la parution de cette étude, Pierre Debray nous avait encore donné un entretien complémentaire et conclusif.

    Nous l'avons publié en deux parties, c'est à dire hier mardi et aujourd'hui mercredi.  LFAR

     

    2235704335.jpg

    Vous êtes sévère pour les socialistes mais moins que pour l'actuelle opposition. Pourquoi ?

    Le socialisme debout a sur le socialisme rampant un avantage. Il se montre à découvert. Les Français perçoivent mieux le danger qu'il y a cinq ans.

    Vous annoncez, d'ailleurs, la disparition de la démocratie.

    La démocratie est fondée sur le quantitatif pur. Est élu qui réunit la plus grande Quantité de suffrages. Or notre société tend à restaurer l'élément qualitatif, et ce par nécessité. Il y a contradiction entre l'évolution sociale et le système politique. En politique nous vivons au XIXe siècle pour les institutions, au XVIIIe pour les idées. Cette contradiction est l'une des causes de la crise.

    Vous allez plus loin. Vous soutenez que la crise actuelle est du même ordre que celles qui ont détruit le monde antique au Ve siècle et le monde médiéval au XVe.

    Je ne fais qu'appliquer l'empirisme organisateur à l'histoire de la civilisation. Le monde moderne va céder la place à un autre monde aussi différent que le sont de lui le monde antique et surtout le monde médiéval. Que sera ce monde nouveau ? Certainement pas le paradis sur terre. Il serait imprudent de tenter de l'imaginer. Ce que l'on peut dire c'est qu'il se construira en réaction contre le monde que nous nommons moderne. Celui-ci avait pris pour modèle le monde antique. Saint-Just se prenait pour un spartiate. Je crois que cette fois le Moyen-Age fournira la référence.

    Un nouveau Moyen-Age ?

    Pas plus que la France de 1793 n'était la nouvelle Sparte mais considérez les écologistes. Leur utopie cherche un modèle de type médiéval, les énergies douces, la santé par les plantes. Le succès du thème «moins d'Etat» va dans le même sens. C'est d'ailleurs dangereux. Le passé nous fournit des leçons, pas des solutions toutes faites.

    Votre pensée est tournée vers l'avenir. On peut se demander pourquoi vous êtes également un « réactionnaire ». N'est-ce-pas, pour beaucoup, contradictoire ?

    C'est l'avenir qui est réactionnaire. Pas moi. Je me contente de constater.

    Vous posez pourtant des jugements de valeur. Ainsi vous condamnez la « massification » de la société, ce que vous nommez « l'homme-masse ».

    Je suis bien obligé de constater que l'humanité a acquis la capacité de s'auto-détruire.

    La bombe atomique ?

    Il y a plus grave. Les crises, quand elles mettent en cause la civilisation, ouvrent un temps de troubles. La barbarie revient, comme au VIe siècle, comme au XVe et au XVIe, qui furent terribles. La splendeur esthétique de la Renaissance en masque la cruauté. Sait-on que la population européenne n'a retrouvé qu'au milieu du XIXe siècle le niveau de vie qu'elle avait au XIIIe ?

    C'est donc une erreur de réduire la crise au seul domaine de l'économie ?

    Bien sûr, encore que j'ai, dans cet essai, surtout insisté sur le problème du chômage, qui inquiète, à juste titre, l'opinion. Il fallait prouver que, dans ce domaine aussi, nous pouvions présenter des solutions. J'aurais pu aussi bien étudier la crise de la culture. Le Tchèque Kundera, un romancier de talent, soutient que « la culture en Europe poursuit la parabole du déclin » et une intellectuelle de gauche, Madame Macciocchi, que « l'Europe, du point de vue culturel est aphasique ». L'art est tombé dans le formalisme, phénomène commun au début des temps barbares. Au VIe siècle le monde antique ne produisait plus que des rhéteurs. Le XVe siècle, l'un des plus noirs de l'Occident, voit triompher les « grands rhétoriqueurs ». Nous n'avons que des scoliastes. Il est significatif que l'on ait accordé le Nobel à M. Simon, un romancier qui n'ayant rien à dire pratique l'art du non-dit.

    Ce que Maurras annonçait dans « l'avenir de l'Intelligence ».

    Avec en plus l'apparition des «mass média», des moyens de communication de masse. La technique permet la massification de la culture.

    Il s'agit de perpétuer « l'homme masse ».

    Le rêve des démocrates c'est de constituer une élite de techniciens à haut niveau de vie, qui contrôlerait les ordinateurs, l'augmentation prodigieuse de la productivité permettant de nourrir à ne rien faire des millions d'assistés, qui passeraient leur journée devant la télé. Je pourrais vous citer vingt textes de « futurologues » qui vont dans ce sens. L'identité culturelle du peuple français leur importe peu. La télé diffuserait une « culture mondiale » à base de bandes dessinées, immédiatement assimilable par le Bantou, l'Indien, le Chinois ou l'Européen.

    C'est commencé.

    Un jeune Français sur quatre est actuellement promis au chômage définitif, chômeur à vie, en quelque sorte. Un homme tel que M. Barre serait favorable à un système de type soviétique mais amélioré par une forte dose de libéralisme économique, destinée à le rendre efficace. Grâce à la massification culturelle, la nomenklatura tiendrait en tutelle les travailleurs chassés par la machine des ateliers et des bureaux. On a connu un système analogue dans les derniers siècles de l'Empire romain.

    Panem et circenses.

    C'est compter sans l'apparition des « intégrismes religieux ». On songe à l'Islam mais l'hindouisme lui aussi se réveille. Il y a là une réaction de survie de cultures menacées par le projet mondialiste.

    Cette réaction se manifeste aussi au sein du catholicisme.

    Dans la mesure où le « modernisme » n'a pas totalement gangréné l'Eglise. Celle-ci, pendant trois siècles, avait résisté aux assauts du monde moderne, le sachant anti-chrétien par essence. Elle s'est livrée à lui au moment où il entrait en agonie. Il semble que de nombreux évêques rêvent d'intégrer leur religion, convenablement vidée de la substance, à la culture de masse. C'est le « supplément d'âme » de Bergson. Une vague teinture de religiosité... Il faut, bien sûr, combattre, à l'intérieur de l'Eglise, le modernisme mais dans la perspective d'une espérance surnaturelle. Au plan humain, je suis plus que jamais convaincu de la vérité du « politique d'abord ». Les prochaines décennies seront atroces. Il faut que nous bâtissions l'arche, qui permettrait aux Français de traverser, sans trop souffrir, le déluge des barbaries, l'américaine comme la soviétique ou l'islamique.   •  FIN 

     

    Lire les articles précédents ...

    Une politique pour l'an 2000 de Pierre Debray     

    (1)  (2)  (3)  (4)  (5)  (6)  (7)  (8)  (9)  (10)  (11)  (12)  (13) (14) (15)  (16)   (17)   (18)   (19)   (20)   (21)   (22)   (23)   (24)   (25)   (26)

    Un entretien avec Pierre Debray : « Construire l'arche qui permettrait aux Français de survivre au déluge des barbaries »

    lafautearousseau

  • Un entretien avec Pierre Debray : « Construire l'arche qui permettrait aux Français de survivre au déluge des barbaries

    Discours de Pierre Debray aux Baux de Provence, en 1973

     

    2293089609.14.jpgNous avons achevé hier la publication de l'étude magistrale de Pierre Debray parue en novembre 1985, sous le titre Une politique pour l'an 2000. On s'y reportera avec profit en utilisant les vingt-six liens ci-dessous.

    A l'issue de la parution de cette étude, Pierre Debray nous avait encore donné un entretien complémentaire et conclusif.

    Nous l'avons publié en deux parties, c'est à dire hier mardi et aujourd'hui mercredi.  LFAR

     

     

    2235704335.jpg

    Vous êtes sévère pour les socialistes mais moins que pour l'actuelle opposition. Pourquoi ?

    Le socialisme debout a sur le socialisme rampant un avantage. Il se montre à découvert. Les Français perçoivent mieux le danger qu'il y a cinq ans.

    Vous annoncez, d'ailleurs, la disparition de la démocratie.

    La démocratie est fondée sur le quantitatif pur. Est élu qui réunit la plus grande Quantité de suffrages. Or notre société tend à restaurer l'élément qualitatif, et ce par nécessité. Il y a contradiction entre l'évolution sociale et le système politique. En politique nous vivons au XIXe siècle pour les institutions, au XVIIIe pour les idées. Cette contradiction est l'une des causes de la crise.

    Vous allez plus loin. Vous soutenez que la crise actuelle est du même ordre que celles qui ont détruit le monde antique au Ve siècle et le monde médiéval au XVe.

    Je ne fais qu'appliquer l'empirisme organisateur à l'histoire de la civilisation. Le monde moderne va céder la place à un autre monde aussi différent que le sont de lui le monde antique et surtout le monde médiéval. Que sera ce monde nouveau ? Certainement pas le paradis sur terre. Il serait imprudent de tenter de l'imaginer. Ce que l'on peut dire c'est qu'il se construira en réaction contre le monde que nous nommons moderne. Celui-ci avait pris pour modèle le monde antique. Saint-Just se prenait pour un spartiate. Je crois que cette fois le Moyen-Age fournira la référence.

    Un nouveau Moyen-Age ?

    Pas plus que la France de 1793 n'était la nouvelle Sparte mais considérez les écologistes. Leur utopie cherche un modèle de type médiéval, les énergies douces, la santé par les plantes. Le succès du thème «moins d'Etat» va dans le même sens. C'est d'ailleurs dangereux. Le passé nous fournit des leçons, pas des solutions toutes faites.

    Votre pensée est tournée vers l'avenir. On peut se demander pourquoi vous êtes également un « réactionnaire ». N'est-ce-pas, pour beaucoup, contradictoire ?

    C'est l'avenir qui est réactionnaire. Pas moi. Je me contente de constater.

    Vous posez pourtant des jugements de valeur. Ainsi vous condamnez la « massification » de la société, ce que vous nommez « l'homme-masse ».

    Je suis bien obligé de constater que l'humanité a acquis la capacité de s'auto-détruire.

    La bombe atomique ?

    Il y a plus grave. Les crises, quand elles mettent en cause la civilisation, ouvrent un temps de troubles. La barbarie revient, comme au VIe siècle, comme au XVe et au XVIe, qui furent terribles. La splendeur esthétique de la Renaissance en masque la cruauté. Sait-on que la population européenne n'a retrouvé qu'au milieu du XIXe siècle le niveau de vie qu'elle avait au XIIIe ?

    C'est donc une erreur de réduire la crise au seul domaine de l'économie ?

    Bien sûr, encore que j'ai, dans cet essai, surtout insisté sur le problème du chômage, qui inquiète, à juste titre, l'opinion. Il fallait prouver que, dans ce domaine aussi, nous pouvions présenter des solutions. J'aurais pu aussi bien étudier la crise de la culture. Le Tchèque Kundera, un romancier de talent, soutient que « la culture en Europe poursuit la parabole du déclin » et une intellectuelle de gauche, Madame Macciocchi, que « l'Europe, du point de vue culturel est aphasique ». L'art est tombé dans le formalisme, phénomène commun au début des temps barbares. Au VIe siècle le monde antique ne produisait plus que des rhéteurs. Le XVe siècle, l'un des plus noirs de l'Occident, voit triompher les « grands rhétoriqueurs ». Nous n'avons que des scoliastes. Il est significatif que l'on ait accordé le Nobel à M. Simon, un romancier qui n'ayant rien à dire pratique l'art du non-dit.

    Ce que Maurras annonçait dans « l'avenir de l'Intelligence ».

    Avec en plus l'apparition des «mass média», des moyens de communication de masse. La technique permet la massification de la culture.

    Il s'agit de perpétuer « l'homme masse ».

    Le rêve des démocrates c'est de constituer une élite de techniciens à haut niveau de vie, qui contrôlerait les ordinateurs, l'augmentation prodigieuse de la productivité permettant de nourrir à ne rien faire des millions d'assistés, qui passeraient leur journée devant la télé. Je pourrais vous citer vingt textes de « futurologues » qui vont dans ce sens. L'identité culturelle du peuple français leur importe peu. La télé diffuserait une « culture mondiale » à base de bandes dessinées, immédiatement assimilable par le Bantou, l'Indien, le Chinois ou l'Européen.

    C'est commencé.

    Un jeune Français sur quatre est actuellement promis au chômage définitif, chômeur à vie, en quelque sorte. Un homme tel que M. Barre serait favorable à un système de type soviétique mais amélioré par une forte dose de libéralisme économique, destinée à le rendre efficace. Grâce à la massification culturelle, la nomenklatura tiendrait en tutelle les travailleurs chassés par la machine des ateliers et des bureaux. On a connu un système analogue dans les derniers siècles de l'Empire romain.

    Panem et circenses.

    C'est compter sans l'apparition des « intégrismes religieux ». On songe à l'Islam mais l'hindouisme lui aussi se réveille. Il y a là une réaction de survie de cultures menacées par le projet mondialiste.

    Cette réaction se manifeste aussi au sein du catholicisme.

    Dans la mesure où le « modernisme » n'a pas totalement gangréné l'Eglise. Celle-ci, pendant trois siècles, avait résisté aux assauts du monde moderne, le sachant anti-chrétien par essence. Elle s'est livrée à lui au moment où il entrait en agonie. Il semble que de nombreux évêques rêvent d'intégrer leur religion, convenablement vidée de la substance, à la culture de masse. C'est le « supplément d'âme » de Bergson. Une vague teinture de religiosité... Il faut, bien sûr, combattre, à l'intérieur de l'Eglise, le modernisme mais dans la perspective d'une espérance surnaturelle. Au plan humain, je suis plus que jamais convaincu de la vérité du « politique d'abord ». Les prochaines décennies seront atroces. Il faut que nous bâtissions l'arche, qui permettrait aux Français de traverser, sans trop souffrir, le déluge des barbaries, l'américaine comme la soviétique ou l'islamique.   •  FIN 

     

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    Une politique pour l'an 2000 de Pierre Debray     

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    Un entretien avec Pierre Debray : « Construire l'arche qui permettrait aux Français de survivre au déluge des barbaries »

  • Bernanos........La Société des machines contre les hommes, par Frédéric Poretti-Winkler.

    Nous savons et nous voyons les dangers d’une robotisation poussée autour de nous. Le monde professionnel subit la loi des techniques qui, au service du profit, soumettent les êtres humains à leur rythme mécanique : « les régimes jadis opposés par l’idéologie sont maintenant étroitement unis par la technique ». Nous le constatons chaque jour et de futurs drames humains arriveront. C’est face à ces périls que Bernanos est un révolutionnaire « intégral » …

    frédéric winkler.jpg« La chose est à la fois plus simple et plus compliquée. Quand la société impose à l'homme des sacrifices supérieurs aux services qu'elle lui rend, on a le droit de dire qu'elle cesse d'être humaine, qu'elle n`est plus faite pour l'homme, mais contre l`homme. Dans ces conditions, s'il arrive qu'elle se maintienne, ce ne peut être qu`aux dépens des citoyens ou de leur liberté ! Imbéciles, ne voyez-vous pas que la civilisation des machines exige en effet de vous une discipline chaque jour plus stricte ? Elle l'exige au nom du Progrès, c'est-à-dire au nom d'une conception nouvelle de la vie, imposée aux esprits par son énorme machinerie de propagande et de publicité. Imbéciles ! comprenez donc que la civilisation des machines est elle-même une machine, dont tous les mouvements doivent être de plus en plus parfaitement synchronisés ! Une récolte exceptionnelle de café au Brésil influe aussitôt sur le cours d'une autre marchandise en Chine ou en Australie ; le temps n'est certainement pas loin où la plus légère augmentation de salaires au Japon déchaînera des grèves à Détroit ou à Chicago, et finalement mettra une fois encore le feu au monde. Imbéciles ! avez-vous jamais imaginé que dans une société où les dépendances naturelles ont pris le caractère rigoureux, implacable, des rapports mathématiques, vous pourrez aller et venir, acheter ou vendre, travailler ou ne pas travailler, avec la même tranquille bonhomie que vos ancêtres ? Politique d'abord ! disait Maurras. La Civilisation des Machines a aussi sa devise : « Technique d’abord ! technique partout ! » Imbéciles ! vous vous dites que la technique ne contrôlera, au pis-aller, que votre activité matérielle, et comme vous attendez pour demain la « semaine de cinq heures » et la foire aux attractions ouverte jour et nuit, cette hypothèse n'a pas de quoi troubler beaucoup votre quiétude. Prenez garde, imbéciles ! Parmi toutes les Techniques, il y a une technique de la discipline, et elle ne saurait se satisfaire de l'ancienne obéissance obtenue vaille que vaille par des procédés empiriques, et dont on aurait dû dire qu'elle était moins la discipline qu'une indiscipline modérée. La Technique prétendra tôt ou tard former des collaborateurs acquis corps et âme à son Principe, c'est-à-dire qui accepteront sans discussion inutile sa conception de l'ordre, de la vie, ses Raisons de Vivre. Dans un monde tout entier voué à l`Efficience, au Rendement, n'importe-t-il pas que chaque citoyen, dès sa naissance, soit consacré aux mêmes dieux ? La Technique ne peut être discutée, les solutions qu'elle impose étant par définition les plus pratiques. Une solution pratique n’est pas esthétique ou morale. Imbéciles ! La Technique ne se reconnaît-elle pas déjà le droit, par exemple, d'orienter les jeunes enfants vers telle ou telle profession ? N'attendez pas qu`elle se contente toujours de les orienter, elle les désignera. Ainsi, à l`idée morale, et même surnaturelle, de la vocation s’oppose peu à peu celle d'une simple disposition physique et mentale, facilement contrôlable par les Techniciens. Croyez-vous, imbéciles, qu'un tel système, et si rigoureux, puisse subsister par le simple consentement ? Pour l`accepter comme il veut qu'on l'accepte, il faut y croire, il faut y conformer entièrement non seulement ses actes mais sa conscience. Le système n'admet pas de mécontents… Il n'y a rien de plus mélancolique que d'entendre les imbéciles donner encore au mot de Démocratie son ancien sens. Imbéciles ! Comment diable pouvez-vous espérer que la Technique tolère un régime où le technicien serait désigné par le moyen du vote, c'est-à-dire non pas selon son expérience technique garantie par des diplômes, mais selon le degré de sympathie qu'il est capable d'inspirer à l`électeur ? La Société moderne est désormais un ensemble de problèmes techniques à résoudre……chaque progrès de la Technique vous éloigne un peu plus de la démocratie rêvée jadis par les ouvriers idéalistes du faubourg Saint-Antoine. Il ne faut vraiment pas comprendre grand-chose aux faits politiques de ces dernières années pour refuser encore d'admettre que le Monde moderne a déjà résolu, au seul avantage de la Technique, le problème de la Démocratie. Les Etats totalitaires, enfants terribles et trop précoces de la Civilisation des Machines, ont tenté de résoudre ce problème brutalement, d'un seul coup…On peut être sûr que c'est parmi leurs anciens adversaires, dont elles apprécient l'esprit de discipline, qu'elles recruteront bientôt leurs principaux collaborateurs; elles n'ont que faire des idéalistes, car l'Etat technique n'aura demain qu'un seul ennemi : « l'homme qui ne fait pas comme tout le monde » - ou encore : « l’homme qui a du temps à perdre » - ou plus simplement si vous voulez : « l'homme qui croit à autre chose qu'à la Technique » » (La France contre les robots). Librement consenti au départ, voir même encouragé, l’homme par négligence, par confort, va mettre en place les outils de son malheur, de son esclavage. Il va par ingéniosité, promouvoir des techniques qui, non seulement le remplaceront à terme, mais feront de lui, un être dégénéré, que l’inutilité de son savoir, perdu avec le temps, feront disparaître. C’est déjà ce que l’on constate au travers des supermarchés, des banques, des industries, l’intelligence artificielle, les robots ménagers, les drones et futures chiens-robots de combat ! Que deviendront les hommes devenus inutiles ? Quelle sera la part charitable, sociale pour une ménagère, aux fins de mois difficiles, face à un ordinateur chargé de lui réclamer un découvert ?
    « La Civilisation des Machines a-t-elle amélioré l’homme ? Ont-elles rendu l’homme plus humain ? Je pourrais me dispenser de répondre, mais il me semble cependant plus convenable de préciser ma pensée. Les machines n’ont, jusqu’ici du moins, probablement rien changé à la méchanceté foncière des hommes, mais elles ont exercé cette méchanceté, elles leur en ont révélé la puissance n’avait pour ainsi dire pas de bornes. Car les limites qu'on a pu lui donner au cours des siècles sont principalement imaginaires, elles sont moins dans la conscience que dans l’imagination de l'homme. C ‘est le dégout qui nous préserve souvent d'aller au-delà d'une certaine cruauté - la lassitude, le dégoût, la honte, le fléchissement du système nerveux – et il nous arrive plus souvent que nous le pensons de donner à ce dégoût le nom de pitié. L'entrainement permet de surmonter ce dégoût. Méfions-nous d'une pitié que dieu n'a pas bénie, et qui n‘est qu'un mouvement d'entrailles. Les nerfs de !'homme ont leur contradiction, leurs faiblesses, mais la logique du mal est stricte comme l’Enfer; le diable est le plus grand des Logiciens - ou peut-être, qui sait ? – la Logique même ? » (Georges Bernanos, La France contre les robots)
    F. PORETTI-Winkler (http://boutique-royaliste.fr/index.php…) à suivre..

  • Ce libéralisme sans frein qui écrase les pays et les producteurs.

     
    Par Jean-Philippe Chauvin
     

    1262631406.jpg

    Le libéralisme mondialisé paraît aujourd'hui si dominateur que rien ne semble devoir l'ébranler, et la cinglante réplique de Margaret Thatcher aux partisans du keynésianisme, « There is no alternative », a désormais valeur d'idéologie officielle à la tête de l'Union européenne, si bien incarnée par la rigidité technocratique d'un Pierre Moscovici qui s'en prend aujourd'hui aux États espagnol et italien parce que ceux-ci, après des années d'austérité, souhaitent redistribuer plus justement (même si l'on peut discuter des aspects de cette redistribution) les fruits des efforts précédents : après tout, il n'est pas injuste de vouloir redonner un peu d'air à des populations « de base » sur lesquelles ont longtemps reposé les politiques de restriction budgétaires tandis que les grandes sociétés multinationales locales, elles, se sont avérées parfois fort généreuses avec leurs actionnaires... Mais la Commission européenne ne l'entend pas de cette oreille, arguant que les dettes publiques de ces deux États sont trop élevées pour se permettre de faire des « cadeaux » aux contribuables espagnols et italiens, et elle a même rejeté le budget de l'Italie ce mardi. La France pourrait bien, d'ailleurs, faire les frais de cette intransigeance européenne, au risque d'accentuer encore un mécontentement social et populaire qui ne se limite pas aux seuls retraités. La « promesse de l'Europe » semble bien s'être noyée dans les considérations comptables, celles-la mêmes que méprisait de Gaulle, non pour les nier mais pour les remettre à leur place qui ne doit pas être la première. 

    euro-ombre.jpgLe libéralisme actuel de la Commission européenne a, il y a quelques années et encore aujourd'hui, empêché les États de défendre efficacement leurs industries nationales, au nom des droits des consommateurs qui, en définitive, s'apparente plus à ce « devoir de consommation » qui s'impose en société de consommation au détriment, souvent, des producteurs comme de l'environnement. La mondialisation est souvent vantée comme le moyen d'avoir les prix les plus bas, au risque d'en oublier la justice sociale et l'intérêt national bien compris, ce que le royaliste social et corporatiste La Tour du Pin a, dès la fin XIXe siècle, dénoncé avec vigueur à travers articles et publications nombreux. Son monarchisme était « illibéral », non par idéologie mais par souci social, et il serait peut-être encore plus sévère avec un libéralisme contemporain qui, comme hier, veut absolument s'émanciper de toute contrainte et refuse toute notion de limites, au seul profit de l'égoïsme individuel et oublieux de toute réalité environnementale. 

    Bien avant que la mondialisation libérale soit devenue la « norme », La Tour du Pin avait discerné les risques de celle-ci pour les activités productives de notre pays et pour les conditions de travail comme de vie des exploités de ce système qui, en définitive, s'avère l'un des plus grands dangers pour l'équilibre des sociétés et la justice sociale, malheureusement si négligées désormais par les oligarques qui gouvernent l'Union européenne. 

    En quelques lignes, parues dans les années 1880, tout, ou presque, est dit et annoncé : « Le système de la liberté sans limites du capital a-t-il développé la production, comme on le prétend, aussi bien qu'il l'a avilie? Nullement. Il l'a laissée dépérir sur le sol national, en émigrant lui-même, là où il trouvait la main d’œuvre (...) à meilleur marché (...). Les conséquences du système lié à la multiplicité des voies de communication (...) seront de ne plus pourvoir le marché que par les produits des populations les plus misérables; le coolie chinois deviendra le meilleur ouvrier des deux mondes, parce qu'il n'aura d'autre besoin que ceux de la bête. Puis, comme l'ouvrier, l'ingénieur, l'agent commercial, le banquier lui-même seront pris au meilleur marché. (...) Voilà comment une décadence irrémédiable attend, dans l'ordre économique,la civilisation de l'Occident au bout de cette voie de la liberté du travail où elle s'est engagée avec la doctrine de ses philosophes pour flambeau, la science de ses économistes pour guide, et la puissance de ses capitalistes. » 

    la tour du pin gar.jpgExtrait du livre "Vers un ordre social chrétien", rédigé par René de La Tour du Pin, qui fût toute sa vie un ardent défenseur de la Cause monarchique sociale, et qui voyait loin, ce texte paraît aujourd'hui prémonitoire... Pour autant, il n'est pas un appel au fatalisme mais, au contraire, un appel à réagir en condamnant ce capitalisme libéral, règne d'une « fortune anonyme et vagabonde » : réagir, non par l'imposition d'un étatisme tout aussi, bien que de manière différente, dévastateur pour les libertés des producteurs ; réagir par la renaissance du politique qui doit imposer, de par sa présence tutélaire et de par son essence publique, le nécessaire esprit de « devoir social » aux forces économiques et financières de ce pays, et à celles qui prétendent y faire affaire...   

    Le blog de Jean-Philippe Chauvin

  • Après le krach, réévaluation de l’or et « Gold Exchange Standard » multidevises

    Par Marc Rousset    

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    « En fait, on va tout droit vers la récession avec un krach à la clé. »

    Olivier Blanchard, l’ancien chef économiste du FMI, avec des propos toujours surprenants pour défendre le Système, a découvert l’eau chaude début janvier 2019, devant l’Association des économistes américains : puisque les taux d’intérêts sont bas, la dette publique de 250.000 milliards de $ dans le monde, soit 3 fois le PIB mondial de 80.000 milliards de $, et, selon le FMI, 103 % du PIB des pays riches au lieu de 71 %, il y a 10 ans, n’est peut-être qu’un problème accessoire ! Mais quid des « gros problèmes en cas de remontée des taux » ? selon Christine Lagarde, DG du FMI.

    Georges Ugeux, ancien VP du NewYork Stock Exchange, qui prédit « une descente aux enfers de la finance » vient de déclarer : « Je crois que nous sommes de nouveau dans une période de déni. » Villeroy de Galhau, ancien Président de BNP-Paribas, aujourd’hui président de la Banque de France, lui aussi défenseur du Système, ne trouve rien de mieux à nous dire que la politique monétaire doit rester laxiste avec un taux directeur de la BCE à 0 % qui ruine les épargnants et va installer durablement les taux publics d’emprunts allemands en territoire négatif tandis que les taux d’obligations des entreprises en zone euro s’élèvent en moyenne à 0,6 %, soit dix fois moins qu’un taux juste et normal.

    En fait, on va tout droit vers la récession avec un krach à la clé. L’indice PMI flash manufacturier en zone euro s’est contracté pour le deuxième mois consécutif en avril à 47,8, l’Allemagne se situant encore plus bas à 44,5. Le PIB allemand devrait progresser de seulement 0,5 % en 2019. Le sauvetage bancaire de la Deutsche Bank, avec un bilan de 48.000 milliards de $, soit 24 fois le montant de la dette publique allemande, ferait exploser la dette de 64,1 % à environ 90 % du PIB. Quant à la France, incapable avec Macron de faire des réformes structurelles, d’élever l’âge de départ à la retraite, elle doit s’inquiéter aussi de son endettement privé de 133 % du PIB (59,1 % pour les ménages et 74,1 % pour les entreprises. Selon le ministre russe des finances, Anto Silouanov, « le risque d’une récession mondiale est très élevé ».

    C’est peut-être dans une Chine qui soutient la croissance de 6 % en 2019, comme un pendu sur son tabouret, que tout va se jouer. Le marché automobile chinois a reculé pour la première fois en 2018 à 26,3 millions de véhicules, avec un taux d’utilisation des usines inférieur à 57 %. La pression fiscale et sociale sur les entreprises va être abaissée de 265 milliards d’euros tandis les banques chinoises ont prêté au premier trimestre la somme record de 766 milliards d’euros, soit davantage que le PIB de la Suisse, pour les infrastructures. Le surendettement des entreprises atteint déjà 150 % du PIB. La croissance chinoise est, en fait, gonflée artificiellement à coup de crédits garantis par l’État et l’on peut aussi avoir des doutes sur les statistiques officielles camouflant les fragilités structurelles.

    Pendant ce temps, les banques centrales (Chine, Russie, Kazakhstan, Turquie) continuent d’accumuler du métal jaune (90 tonnes durant les deux premiers mois de l’année 2019). Après le krach ou l’effondrement monétaire à venir, il est probable qu’un panier de plusieurs monnaies adossées à l’or réévalué remplacera l’étalon $. La révolution silencieuse Bâle III par les « gnomes de Zurich » a déjà commencé le 29 mars 2019 puisqu’il a été décidé de placer l’or de l’actif des banques centrale, non plus en troisième catégorie, à 50 % de sa valeur, mais en première position à 100 % de sa valeur, soit une première réévaluation comptable du métal jaune plaçant l’or avant le dollar. Et dès le 1er janvier 2022, les banques centrales auront le droit de garder jusqu’à 20 % de leurs actifs en or, argent ou platine. Le loup du système de change fixe avec l’or comme monnaie internationale est donc déjà bel et bien entré dans la bergerie dollar. Soyons certains que L’Amérique fera tout pour défendre bec et ongles le privilège de l’étalon $ mis en place à Bretton Woods en 1945.

    Un calcul simpliste démontre cependant que la crise de l’hyper-endettement public de 250.000 miliards de $ ne peut être résolue qu’en multipliant le prix de l’ensemble des réserves mondiales d’or, soit environ 6.500 Milliards $, par 40 ! Ce n’est pas pour rien que les Allemands (ménages 5.548 tonnes et Bundesbank 3.370 tonnes) possèdent aujourd’hui une quantité record de 8.918 tonnes d’or physique. N’oublions pas que l’or valait 35 $ l’once en 1971 et qu’il vaut aujourd’hui 1.300 $ l’once ! Si l’or devait être réévalué, la France et l’Italie seraient aussi grandement avantagées.   

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    Économiste
    Ancien haut dirigeant d'entreprise
  • Mathieu Bock-Côté : « L'occupation touristique planétaire est une dépossession »

    Le Mont Saint-Michel rongé par les masses de touristes

     

    soleil.jpgMathieu Bock-Côté s'alarme des méfaits du tourisme de masse qui produit une véritable dénaturation tant du voyage lui-même que des villes et des pays visités, en réalité à la manière d'un flot invasif. [Le Figaro, 10.08]. Peut-on « espérer que le tourisme se civilise après s'être démocratisé. » Force est de constater que nous n'en prenons pas le chemin. Il faudrait, nous semble-t-il, que l'ensemble de l'édifice social se recivilise après s'être démocratisé...  LFAR

     

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    D'une année à l'autre, la belle saison confirme le statut de la France comme première destination touristique mondiale. On a d'abord tendance à s'en réjouir: n'est-ce pas le plus beau compliment que le monde puisse lui adresser ? On se rue vers elle pour admirer l'incroyable travail des siècles sur un territoire modelé par l'homme, qui a su à la fois fonder villes et villages, élever des cathédrales et dessiner des paysages. Si l'Amérique fascine spontanément qui veut contempler la nature sauvage et les grands espaces, l'Europe attire ceux qui s'émeuvent à bon droit de l'empreinte humaine sur la planète. S'ajoutent à cela des considérations prosaïques élémentaires : le tourisme est une industrie extrêmement lucrative. Qui serait assez bête pour se désoler de son expansion et des milliards qui l'accompagnent ?

    Mais on se désenvoûte assez rapidement de ce beau récit pour peu qu'on pense le tourisme de masse non plus seulement comme une opportunité économique mais 9782081365452.jpgcomme un phénomène politique. D'ailleurs, dans La Carte et le territoire, Michel Houellebecq s'était déjà inquiété de ce qu'on pourrait appeler le devenir touristique de l'Europe, soit celui d'une civilisation s'offrant à l'humanité comme parc d'attractions, comme si elle n'avait plus que des vestiges monumentaux mais vidés de toute sève à présenter au monde. En se réinventant par sa promotion du tourisme de masse, elle consentirait à sa muséification définitive. Elle ne serait plus qu'un décor déshabité, témoignant d'une gloire passée qu'il ne viendrait à personne l'idée de restaurer. La gloire témoigne de temps tragiques et nous souhaitons plus que tout habiter une époque aseptisée.

    La logique du circuit touristique planétaire est facile à reconstruire. Lorsque le système du tourisme mondialisé happe un lieu, celui-ci est progressivement vidé de sa population, comme s'il fallait effacer une présence humaine résiduelle, datant de l'époque où la ville était d'abord habitée avant d'être visitée. Les derniers résidents sont de trop, sauf s'ils savent se plier à la nouvelle vocation du lieu.

    Globalement, les habitants seront remplacés par des employés convertis à la logique du capital mondialisé qui sont souvent d'ailleurs habitués à tourner dans son circuit. La population locale en vient même à reconnaître implicitement un statut d'extraterritorialité symbolique aux lieux sous occupation touristique. Elle devient elle-même touriste en son propre pays lorsqu'elle fréquente ces lieux.

    Sans surprise, ce sont les plus beaux quartiers qui sont ainsi arrachés de la ville où ils ont été construits pour accueillir les touristes qu'on peut se représenter comme l'armée de la mondialisation, qui partout, impose ses codes. C'est peut-être une figure nouvelle du colonialisme. Paradoxe : d'un côté, la ville vidée de son peuple est invitée à conserver ce qui la caractérise, à la manière d'un folklore pour ceux qui sont en quête d'authenticité, mais de l'autre, elle doit offrir les mêmes facilités et les mêmes enseignes qu'on trouve partout sur la planète, du magasin de luxe au Starbucks. Il ne faudrait surtout pas que le touriste se sente trop loin de chez lui. S'il égrène fièrement les destinations où il est passé, il ne cherche la plupart du temps qu'un dépaysement soft. S'il était vraiment ailleurs, ce serait probablement pour lui l'enfer. Le moderne vante les mérites de l'autre mais ne le voit jamais qu'à la manière d'une copie du même.

    C'est bien une dynamique de dépossession qui caractérise le tourisme de masse. Et ses ravages sont indéniables. Des masses humaines se jettent à un pas rythmé par les chansons mondialisées à la mode sur des destinations choisies et en viennent à les défigurer complètement. Elles n'ont souvent qu'un objectif: « immortaliser » leur passage avec un selfie destiné aux réseaux sociaux, au point même où la première chose qu'on croise aujourd'hui en voyage, ce sont d'exaspérants badauds qui se prennent en photo. Devant cette sauvagerie molle et souriante, certains en appellent à une résistance politique. On apprenait ainsi récemment que Venise, Barcelone, Dubrovnik ou Santorin cherchent activement des mesures pour contenir le flot humain qui les engloutira. Une chose est certaine : si le monde entier devient une destination touristique, plus personne ne sera chez lui et tout le monde sera chassé de chez soi.

    On voit là comment le système de la mondialisation s'empare du monde. On a beaucoup parlé ces dernières années du concept de France périphérique, formulé par Christophe Guilluy, qui sert à désigner les populations laissées de côté par la mondialisation. On pourrait en élargir la signification en parlant plus simplement des populations qui sont refoulées non seulement territorialement mais symboliquement à l'extérieur du système de la performance mondialisée parce qu'elles ne sont pas suffisamment adaptables, mobiles et interchangeables. On les juge mal préparées aux règles du nouveau monde de la mobilité maximale. Ce sont des populations retardataires, attachées à un lieu, une langue et peut-être même une tradition. Un tel enracinement ne se pardonne pas. On ne saurait jamais, sous aucun prétexte, être en décalage avec les exigences de ce qui passe pour la modernité.

    Ici et là, la critique du tourisme de masse se fait heureusement entendre, même si elle peut aussi devenir agaçante. On brandit facilement, en prenant la pose dandy, une éthique du voyageur qui saurait se glisser subtilement dans la ville, en laissant entendre que le voyage devrait être le privilège exclusif du petit nombre. Mais ce réflexe aristocratique porte une leçon intéressante. Le génie du voyageur authentique tient moins dans la consommation des destinations recherchées où il vivra des expériences préformatées que dans sa capacité à habiter plus d'un endroit dans le monde, en y développant ses habitudes, ce qui implique de prendre le temps de se familiariser avec les mœurs locales. Il n'est pas interdit d'espérer que le tourisme se civilise après s'être démocratisé et que les hommes se rappellent que le monde n'a pas pour vocation à se plier aux désirs de ceux qui fardent leur pulsion de conquête en sophistication cosmopolite.   ■

    Mathieu Bock-Côté        

    XVM7713ddbc-9f4e-11e6-abb9-e8c5dc8d0059-120x186.jpgMathieu Bock-Côté est docteur en sociologie, chargé de cours aux HEC à Montréal et chroniqueur au Journal de Montréal et à Radio-Canada. Ses travaux portent principalement sur le multiculturalisme, les mutations de la démocratie contemporaine et la question nationale québécoise. Il est l'auteur d'Exercices politiques (éd. VLB, 2013), de Fin de cycle: aux origines du malaise politique québécois (éd. Boréal, 2012) et de La dénationalisation tranquille (éd. Boréal, 2007). Son dernier livre, Le multiculturalisme comme religion politique, est paru aux éditions du Cerf [2016].

     

    Sur le même sujet lire aussi dans Lafautearousseau ... 

    Marin de Viry : « Comment le tourisme de masse a tué le voyage »

  • Contre le règne des partis, quelles institutions ?

    Les Etats-Généraux tels qu'ils se sont ouverts en 1789
     
    Par Jean-Philippe Chauvin
     

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    Les partis politiques sont épuisés, si l'on en croit le nombre d'adhérents à jour de leur cotisation, et l'opposition, sous ses diverses étiquettes, ne semble pas mieux se porter que le mouvement du président actuel : la seule évocation du cas du parti des Républicains, qui est censé regrouper les restes des formations qui se réclamaient du gaullisme et de la droite conservatrice ou libérale, est éloquent, comme le démontre un article paru dans le quotidien L'Opinion ce lundi 24 septembre 2018, sous le titre « A Paris, à peine 6 % des adhérents LR ont moins de 30 ans » : sur 6.099 adhérents parisiens (pour une métropole de plus de 2 millions d'habitants...), certains arrondissements comptent moins d'une dizaine de membres anté-trentenaires ! Et pourtant, ce parti est considéré comme le parti modéré le plus représentatif de la Droite et celui qui peut être appelé à diriger à nouveau le pays dans quelques temps. Mais que dire, aussi, du Parti Socialiste, encore au pouvoir il y a deux ans, ou des autres partis dits de gouvernement ? Quant aux partis contestataires, leurs effectifs ont fortement diminué depuis leurs échecs respectifs de l'année 2017, année durant laquelle le « dégagisme » a porté M. Macron à la présidence de la République, sans troupes véritables mais avec des ambitions certaines. 

    Et pourtant ! La démocratie représentative contemporaine accorde aux partis une place prépondérante, au point que l'on peut supposer que, dans ce système, la démocratie est bel et bien, et uniquement, le règne des partis et de leurs servants, mais aussi de leurs financiers et commanditaires. Cela peut pourtant sembler exagéré et illogique au regard de la faible adhésion à ces partis et de la vacuité de leurs programmes, réécrits à la veille de chaque élection, au gré d'une adaptation permanente qui apparaît plus comme une nécessité électorale que comme un engagement vraiment politique... Il y a de quoi être perplexe devant les réunions d'avant-campagne durant lesquelles il est fait appel aux propositions des militants, celles-ci étant, en définitive, supplantées par des textes rédigés par des comités d'experts ou des technocrates, voire par des communicants pour lesquels la forme importe plus que le fond : en fait, il s'agit de conquérir le pouvoir, parfois sans idée précise de son exercice, ce que signalait, en son temps, François Mitterrand dont le livre fameux (et terriblement bien écrit tout autant qu'injuste pour le fondateur de la Cinquième République...) « Le coup d’État permanent » trouvera sa meilleure illustration durant le double septennat (1981-1995) de l'ancien lecteur de L'Action Française et rédacteur du bulletin royaliste L'Action angoumoise des années 30...

    incident1-1.jpgLe ras-le-bol français s'exprime souvent par une forme, plus verbale qu'active, d'antiparlementarisme et d'antipartisanisme qui, pour être compréhensible, n'en est pas moins proprement inefficace, et cela depuis fort longtemps, ne trouvant pas de débouché politique et confinant à une forme de désespérance qui, en définitive, permet au système d'éternellement perdurer sans trop d'inquiétude... L'abstention, que certains revendiquent comme une forme d'action politique de désaveu du système politicien, si elle peut être parfois fort sympathique et légitime, reste désespérément sans effet sur les politiques menées et les institutions : elle est juste révélatrice du malaise, et elle est évoquée en début de soirée électorale pour être totalement oubliée la minute d'après... Constatons qu'elle représente presque 60 % aux élections européennes sans que cela n'empêche ni la légitimation des élections ni les déclarations de victoire des partis, ni les élus de se déclarer les seuls représentants de la Vox populi, ceux ne votant pas (ou plus) étant renvoyés à leur « absence » et au silence. 

    La tradition royaliste ne refuse pas les partis, mais elle s'inquiète du règne de ceux-ci sur l’État, règne consubstantiel à la démocratie représentative : c'est une des raisons fortes de la nécessité royale pour la magistrature suprême de l’État, ainsi libérée des jeux de partis et des alliances politiciennes par la transmission héréditaire, la naissance ne s'achetant pas et le nouveau-né ne se choisissant pas plus que le jour de la mort de son prédécesseur n'est connu, a priori, de celui-ci et des autres... Cette « incertitude temporelle » qui est bien encadrée par des lois fondamentales de succession tout en restant profondément liée à la nature de l'homme elle-même, est sans doute une manière simple, la plus naturelle qui soit, de ne rien devoir aux partis et d'être le recours à ceux-ci lorsque la situation leur échappe et que le pays est menacé. 

    1654052_731908013552215_8115551183139222608_n.jpgAinsi, au regard de l'histoire tragique de la France au XXe siècle, s'il y a bien eu un de Gaulle en juin 1940 pour dépasser la défaite, il a manqué un roi en novembre 1918 pour gagner cette paix qui aurait permis d'éviter les malheurs du printemps 1940, malheurs dont les partis se sont vite exonérés en refilant le pouvoir défait à un vieux maréchal qu'ils étaient allés chercher dans son ambassade de Madrid... 

    Bien sûr, la Monarchie n'est pas un « sceptre magique », mais elle autorise à penser à une forme de démocratie qui ne doive pas tout aux partis, et qui n'en soit pas la prisonnière et, parfois, la victime expiatoire.  ■  

    Le blog de Jean-Philippe Chauvin

  • Restaurer l’autorité demande une révolution !, par Christian Vanneste.

    Source : https://www.christianvanneste.fr/

    On peut rêver d’une démocratie idéale où chacun vise le bien commun de la Cité et où les partis proposent une vision cohérente et réaliste de ce bien commun, laissant aux électeurs le soin de décider laquelle a leur préférence. En fait les partis sont des machines à prendre et à conserver le pouvoir, à en mobiliser les avantages, et aussi, plus à gauche qu’à droite, à faire triompher des préjugés idéologiques que l’on imposera ensuite à l’ensemble de la société. La dégénérescence du système dans les démocraties actuelles est marquée par deux phénomènes.

    christian vanneste.jpgLe premier consiste à privilégier la possession du pouvoir par rapport à la défense des idées ou des valeurs. Cela conduit soit à des alliances contre nature comme c’est devenu l’habitude en Belgique par exemple, qui les désigne par leurs couleurs réunies : arc-en-ciel, suédoise, vivaldi, soit quatre saisons… On pourrait imaginer que cela aille dans le sens d’une plus grande union et d’une politique plus attachée aux problèmes concrets. C’est exactement le contraire. La technocratie, c’est d’abord l’art de se partager le gâteau, et ensuite d’éliminer les questions de valeurs au profit des solutions techniques, comme par exemple de ne plus embarrasser le débat politique avec des sujets comme l’avortement ou l’euthanasie, la PMA, la GPA qu’il faut autoriser le plus vite possible… Et l’on voit surgir le second phénomène : l’idéologie est bien présente dans ce choix, mais c’est une idéologie en creux, libératrice de l’individu et progressiste, une course au nihilisme qui peu à peu gagne l’ensemble des formations politiques, une idéologie qui les rassemble souterrainement à défaut de les opposer. On le voit en France où Les Républicains s’opposent à la majorité sur les questions de sécurité, ou sur la loi de bioéthique, mais sans beaucoup de vigueur, tandis que les députés du Rassemblement National oublient même de venir voter contre elle.

    Or le « progressisme » dont le président actuel est le porteur est un poison mortel pour notre nation. Fondé sur l’illusion qu’un mouvement est en oeuvre dans nos sociétés qui doit abattre les conservatismes et les résistances pour accroître nos libertés et notre égalité, il ne se rend nullement compte qu’il détruit la réalité même de l’édifice social. En favorisant l’immigration, il croit donner leur chance de participer à la démocratie à des étrangers qui vont miner un système politique dont ils méprisent sans trop les connaître les présupposés nécessaires. En émancipant les minorités, en mettant les « marges » au centre de ses préoccupations, il désespère la majorité qui assurait l’identité du pays et servait de modèle à l’intégration. En confondant la libération des caprices avec la liberté responsable, l’égalité avec le refus des hiérarchies indispensables, il rend impossible l’exercice de l’autorité légitime. En privant la nation de sa mémoire positive, il empêche les générations de transmettre leur héritage avec fierté.

    Les signes de cette dilution des repères et de l’autorité sont nombreux. Les exemples les plus symboliques nous ont été offerts, cette année, par les meurtres de membres de forces de l’ordre, victimes d’individus pour qui la mort d’un homme ou d’une femme, qui plus est investi d’un pouvoir légitime, compte moins que l’impulsion du moment de ne pas obéir, d’éviter la sanction, et de s’émanciper d’une situation désagréable. Face à la force qui a le droit de s’exercer parce qu’elle a la loi pour elle, la violence illégitime va se déchaîner. L’euphémisme de « l’incivilité » ou du « connu des services de police » , la litote du « non-droit », la volonté de cacher les noms des auteurs, le renversement des rôles entre la victime et le coupable, « effondré » et condamné au lynchage médiatique, forment un tout cohérent destiné à masquer le problème, et à empêcher, voire à culpabiliser la réaction logique de la majorité. « Ensauvagement d’une partie de la société » est encore bien faible pour désigner des actes de sauvagerie, de barbarie qui tendent tout simplement à imposer la loi du plus fort physiquement y compris à celui qui représente la force publique, c’est-à-dire morale. C’est ainsi qu’un garde-pêche de Condé-Folie, dans la Somme, a été roué de coups, pour avoir demandé à un groupe de « jeunes » fumeurs de « chicha » de nettoyer leurs détritus. Le lynchage était là réel, et celui du conducteur de bus de Bayonne a été mortel.

    La bataille est à mener sur les mots, bien sûr, parce que le langage orwellien qui nous est imposé témoigne de l’idéologie qui est à l’oeuvre, mais c’est une bataille qui ne peut pas être remportée dans le cadre du système actuel, avec ses règles, sa caste dirigeante, sa justice orientée, ses médias complices. Il est nécessaire de renverser la table, de procéder à une révolution conservatrice, si c’est encore possible. Tant qu’il y aura une presse qui niera l’évidence, qui cachera la vérité aux Français, comme ce canard dont le titre est une antiphrase, « Libération », osant résumer les violences à Grenoble par ce commentaire : « une situation grave, mais pas hors-normes », et appelant une fois de plus les Français de ne pas s’émouvoir si leur pays s’effondre, rien ne sera possible… Tout va très bien, Madame la Marquise…..

  • Les monarchies, modèle actuel, par Frédéric de Natal.

    Dans le monde entier, la monarchie est aujourd'hui le système politique de nombreux pays ; surtout, son principe même connaît un vif regain d'intérêt.

     

    Source : https://www.politiquemagazine.fr/

    En 1988, l’archiduc Otto de Habsbourg-Lorraine, prétendant à la double couronne austro-hongroise, écrivait : « On parle beaucoup de nos jours, des monarchies, présentes et passées. Cette vogue montre le désir d’une génération placée en face de problèmes en apparence insolubles – l’expansion de la bureaucratie, les nouvelles technologies ou l’endettement global – de retrouver ses racines historiques et, à travers elles, un élément humain de sécurité. » Rien n’est plus vrai aujourd’hui.

    frédéric de natal.jpgFace aux crises politiques qui se multiplient un peu partout dans le monde, l’idée monarchique connaît un nouveau regain. Aucun continent ne semble échapper à ce qui, pour beaucoup d’Européens, Africains ou Sud-Américains, représente encore une institution d’avenir et un symbole moderne, garant de la démocratie.

    En Europe, les rois n’ont pas disparu. Douze monarchies, dont deux électives, ont survécu à toutes les tempêtes politiques et autres bouleversements révolutionnaires auxquels le « vieux continent » a dû faire face au cours des siècles précédents. Un système politique basé sur le principe de succession par hérédité qui recouvrait l’intégralité du continent jusqu’en 1914 et qui s’est réduit comme une peau de chagrin peu après la fin de la seconde guerre mondiale, dans des conditions souvent contestables. Avec ou sans pouvoir, les monarchies comptent encore des millions de partisans qui ne jurent que par ce type de régime qui leur apparaît comme le meilleur garant du respect de la démocratie. Face aux crises en tous genres, sans cesse aggravées, les peuples, privés de toutes alternatives possibles ou épuisés par des classes politiques qui trustent le pouvoir, se tournent désormais vers ces royautés qui restent populaires, incarnations d’unité et de stabilité, au-dessus des partis.

    Monarchies absolues devenues constitutionnelles, elles revêtent des habits plus traditionnels ailleurs. Loin d’être un épiphénomène, la majorité des médias observent un regain du monarchisme un peu partout dans le monde où souffle un même « vent du changement ». Hier encore fantasme, la restauration des rois est à l’ordre du jour. Entre nostalgie et réalité, des pays ont déjà pris la décision dans le passé de rappeler leurs rois, parfois sous des formes diverses inattendues. Espagne en 1975, Ouganda ou Cambodge en 1993, les monarques ont ceint de nouveau des couronnes dont ils avaient été privés par les soubresauts de l’Histoire. Quand ils n’ont pas accédé à d’autres postes comme Siméon II : enfant-roi entre 1943 et 1946, le souverain de Bulgarie, chassé par les communistes, a fait un retour triomphal comme premier ministre entre 2001 et 2005. Enfin, d’autres ont accepté des statuts protocolaires qui, sans pour autant remettre en cause la forme républicaine des nations dont ils sont les prétendants, sont devenus peu à peu des états dans l’état comme en Roumanie ou au Monténégro. Dans cette partie des Balkans, ces dynasties, autrefois exilées, ont désormais de vrais pouvoirs diplomatiques, recevant membres du gouvernement ou ambassadeurs comme au temps de leur splendeur d’antan.

    Les monarchies, gage d’avenir

    Loin de toutes caricatures et autres anachronismes, les maisons royales, régnantes ou non, ont toujours su s’adapter à travers les siècles afin de ne pas disparaître de l’Histoire dont elles sont les gardiens de la mémoire. Les divers sondages démontrent que l’idée monarchique est loin d’appartenir au passé mais continue bien de s’inscrire dans un présent. En France, dans un pays qui n’en finit pas de panser les plaies de la révolution française, 17 % des français sont favorables à un retour du roi. Au Portugal, c’est 30 % de la population qui plébiscite ce type de régime aboli en 1910. Même en Allemagne, les Hohenzollern ont le vent en poupe avec près de 20 % des Allemands qui souhaitent le retour de l’empire. Des familles royales qui ont réussi à s’imposer naturellement comme des références incontournables.

    L’Afrique n’échappe d’ailleurs pas à cette règle. L’ancienne famille royale d’Ouganda est devenue en moins de deux décennies un véritable contre-pouvoir au régime en place. Si les anciennes maisons royales ne président plus aux destinées de leurs peuples, à quelques exceptions près comme au Maroc, en Eswatini ou au Lesotho, elles sont courtisées dans un but électoral et demeurent partie intégrante du processus démocratique. Jetées aux oubliettes de l’Histoire, ces dynasties, qui ont participé à la lutte contre la colonisation et aux combats pour les indépendances, ont retrouvé toutes leurs regalia. Au Rwanda, au Burundi, en Éthiopie, aux côtés de partis monarchistes, elles sont désormais associées étroitement aux pouvoirs en place qui les ont pleinement réhabilitées ou bénéficient de Chambre de représentation comme en Côte d’Ivoire (depuis 2015).

    Contrairement à l’idée reçue, les monarchies ne coûtent pas cher : 1 euro 30 au Royaume-Uni contre 3 euros en France par habitants pour entretenir le locataire de l’Élysée et sa cour. Et elles font toujours rêver. Plus de 80 % des Britanniques plébiscitent la reine Elizabeth II, devenue une icône mondiale dans son rôle et le symbole monarchique par excellence pour tous. Même la France régicide n’échappe pas à ce souffle monarchique. Sous l’impulsion du prince Jean d’Orléans, chef de la maison royale, qui multiplie les apparitions médiatiques et diplomatiques depuis deux ans et à qui on a prédit un destin national, les lys pourraient refleurir dans cette France marquée par une longue tradition de révolutions et de conflits sociaux. Monarchies et démocraties n’ont rien d’antagoniques mais sont bel et bien complémentaires. On est désormais loin des caricatures distillées habituellement par certains médias qui jugent le système ringard ou désuet. Les monarchies, régnantes ou non, se sont adaptées à l’évolution des société, s’imposant comme une solution naturelle pour des peuples en quête d’identité et d’un visage politique plus humain et attirant. Un visage qui n’est plus l’image d’une relique d’un passé révolu mais celle d’un modèle moderne, une source d’espoirs, une solution possible, un gage d’avenir.

    Illustration : En Europe, en Afrique, en Asie, des pays vivent en monarchie et s’en portent bien. En France, l’expérience serait peut-être à retenter.

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  • Le caméléon Macron, par Natacha Polony.

    Au moment d’arbitrer, quelle est la couleur du caméléon ?

    Cette semaine, Natacha Polony, directrice de la rédaction de "Marianne", questionne la conversion idéologique d'Emmanuel Macron et la plasticité dont il a fait montre sur certains sujets ces derniers mois. "Quand la technostructure et les lobbys pèsent de tout leur poids pour perpétuer le système – ce pour quoi ils ont soutenu Emmanuel Macron en 2017 –, qui l’emporte ?"

    Il y eut Saül, soldat romain tombant de son cheval en un éblouissement sur le chemin de Damas et se convertissant au christianisme sous le nom de Paul. Et puis il y a Emmanuel Macron. Et le moins qu’on puisse dire est que la conversion est tout aussi spectaculaire. À ceci près que saint Paul a finalement modelé le christianisme alors que nul ne peut savoir si le Macron nouveau durera plus d’une saison.

    Dans un très long entretien donné à la revue le Grand Continent Emmanuel Macron embrasse l’ensemble des sujets essentiels pour dessiner une vision de la place de la France dans le chaos du monde et des enjeux pour les générations à venir. Il y est question, bien sûr, des tensions internationales qui ont fait de la France une cible et le prétexte, pour nombre de dirigeants, d’une guerre d’influence pour apparaître comme le premier défenseur des musulmans, mais aussi des rapports entre l’Afrique et l’Europe, de l’impérialisme américain, de la stratégie à adopter vis-à-vis de la Turquie ou de la Russie, de la relance du multilatéralisme, du défi écologique, de la nature du capitalisme, des dégâts de la mondialisation et des valeurs fondatrices de la civilisation européenne. Vaste programme.

    Mue

    Sur tous ces points, ou presque, la mue est étonnante. Heureusement pour lui, plus personne ne se souvient de ce que fut la campagne présidentielle du candidat Macron, encore moins la politique menée par le secrétaire général adjoint de l’Élysée ou le ministre de l’Économie. Ceux qui ont alors applaudi le techno-libéral adepte des poncifs modernistes du langage managérial et des dérégulations censées permettre la « destruction créatrice » théorisée par Schumpeter et rêvée par des élites hors-sol continueront donc à le trouver génial alors qu’il défend désormais le contraire absolu.

     

    Ceux qui traquaient avec lui les « déclinistes », coupables d’alerter sur la destruction des classes moyennes occidentales par le libre-échange et la division mondiale du travail, ceux qui voyaient un adepte de Poutine dans quiconque alertait sur le tropisme atlantiste des élites européennes ou sur le dépeçage d’Alstom (avec la bénédiction du ministre de l’Économie de l’époque) ou ceux qui se satisfaisaient que ledit ministre ne se donne même pas la peine d’examiner une seconde les enjeux écologiques derrière les demandes des multinationales pour exploiter le sous-sol ou arroser les sols de pesticides feront comme si de rien n’était et continueront à montrer du doigt les dangereux « souverainistes », parmi lesquels on compte donc désormais le président de la République.

    Constater que l’extraterritorialité de droit américain a coûté à la France et à l’Europe des fleurons industriels et qu’elle est l’arme d’une guerre commerciale impitoyable enclenchée non par Donald Trump mais par les démocrates, déplorer la posture de certains pays européens qui soutiennent aussi peu la France sur sa volonté de construire une Europe indépendante que sur sa défense de la liberté contre l’obscurantisme, rappeler que la simple observation géographique fait apparaître les intérêts divergents des États-Unis et de l’Europe au Proche-Orient comme en Afrique, et tenter de dessiner une politique de coopération avec cette dernière pour désamorcer la bombe démographique, voilà autant de points sur lesquels Emmanuel Macron esquisse une doctrine lucide et raisonnable.

    Au moment d’arbitrer, quelle est la couleur du caméléon ?

    Évidemment, celui qui s’est coulé dans le moule de la technostructure pour faire carrière ne peut pas totalement se dédire, mais il va tout de même jusqu’à tempérer son concept si vague de « souveraineté européenne » pour énoncer la seule chose tangible : la nécessite d’une indépendance stratégique de l’Europe. Certains pourront ironiser sur son indéfectible foi en une Angela Merkel qui a pourtant martelé – et démontré en actes – que l’Allemagne choisirait toujours les États-Unis et l’Otan (et son propre intérêt) contre l’UE et la France, d’autres regretteront l’incapacité du président à nouer des alliances avec ces pays du sud de l’Europe indispensables pour sortir la France de l’isolement et mener à bien ses projets. Mais l’orientation est là. Et même la dimension de combat culturel.

    "Quand la technostructure et les lobbys pèsent de tout leur poids pour perpétuer le système – ce pour quoi ils ont soutenu Emmanuel Macron en 2017 –, qui l’emporte ?"

    On saura gré à Emmanuel Macron d’énoncer ce que ses prédécesseurs ont été incapables de mettre en avant et ce que nos partenaires européens oublient : il y a une vision européenne du monde et de l’être humain. Un modèle fondé sur la liberté individuelle par l’exercice de la raison, qui n’existe nulle part ailleurs sur la planète, et qui est attaqué de toute part, en une offensive à la fois culturelle et géostratégique. Dans ce combat non plus, les États-Unis ne sont pas nos amis. Et c’est en effet le combat d’une génération.

    Tout cela est fort bien. Une fois de plus, les mots sont là. Mais que penser de leur interprète ? Au moment d’arbitrer, quelle est la couleur du caméléon ? Quand la technostructure et les lobbys pèsent de tout leur poids pour perpétuer le système – ce pour quoi ils ont soutenu Emmanuel Macron en 2017 –, qui l’emporte ? La limite du discours d’Emmanuel Macron est sans doute à chercher dans sa façon de gouverner, dans son absence totale de réponse aux aspirations démocratiques. Qui gouverne sans les citoyens défend rarement leurs intérêts.

    Source : https://www.marianne.net/

  • Réunions non mixtes : sortir du piège, par Natacha Polony.

    "Puisque le racisme est partout, puisqu’il est « systémique », toute personne de couleur est embrigadée de fait dans cette communauté des « racisés »."
    © Hannah Assouline 

    Il se trouvera des gens pour considérer qu'évoquer la polémique autour des réunions « en non-mixité » de l’Unef est bien la preuve d’une obsession malsaine et d’une volonté de cliver la société. C’est pourtant l’inverse qui pousse un hebdomadaire comme "Marianne" à traiter d’un tel sujet, dont nous estimons pourtant qu’il prend une place totalement délirante dans l’espace public.

    Car une telle hypertrophie révèle l’effacement progressif de la question sociale dans une part croissante du champ politique.

    Prenons un pari : alors que tout Marianne est consacré à des sujets économiques essentiels, comme l’indépendance industrielle de la France, la question de l’inflation ou l’éventuel retour d’une spéculation boursière comparable à celle des années 1920, il se trouvera des gens pour considérer que consacrer une page du journal à la polémique autour des réunions « en non-mixité » de l’Unef est bien la preuve d’une obsession malsaine et d’une volonté de cliver la société. C’est pourtant l’inverse qui pousse un hebdomadaire comme Marianne à traiter d’un tel sujet, dont nous estimons pourtant qu’il prend une place totalement délirante dans l’espace public. Car une telle hypertrophie révèle l’effacement progressif de la question sociale dans une part croissante du champ politique. Cette question sociale que le mouvement des « gilets jaunes » avait tout à coup remise sur le devant de la scène est à nouveau reléguée au profit des questions identitaires, qui ont l’avantage d’hystériser encore un peu plus le débat pour masquer le vide absolu de tous ceux qui ont renoncé à bousculer le système.

    Juste milieu et mise au ban de l'universalisme

    Quand Audrey Pulvar répond, sur BFMTV, à propos des réunions de l’Unef, que « si une personne, un homme ou une femme blanche se présente, on ne va pas le ou la jeter dehors, en revanche on peut lui demander de se taire », elle tente, de son point de vue, de définir une sorte de juste milieu. Dans la logique d’une partie de la gauche, face à des militants indigénistes radicaux, le juste milieu consiste à comprendre la nécessité de « groupes de parole » non mixtes organisés par un syndicat étudiant, mais de considérer qu’on ne doit pas en interdire l’entrée officiellement à une part de la population. Les réactions outrées d’une droite dont les arrière-pensées électoralistes n’auront échappé à personne n’aident évidemment pas à comprendre où se situe le problème. Mais, de toute évidence, une partie de la gauche, d’Audrey Pulvar à La France insoumise, qui, il y a encore deux ans, récusait ce genre de dispositif au nom de l’universalisme, estime désormais qu’un positionnement équilibré consisterait à en valider le principe tout en prévenant qu’il ne faut exclure personne…

    On a bien compris que le terme « racisé » voulait désigner l’expérience vécue par ceux qui, victimes de discriminations, sont ramenés à leur couleur de peau par le regard d’autrui. Et l’on a bien compris également que l’idée des réunions « en non-mixité » consiste à permettre à des gens partageant une même expérience de parler sans être réduits au silence par ceux qui pourraient nier leur expérience et, par là, leur statut de victime. Mais tel est bien le problème. Premier point, ce terme censé décrire un processus, une expérience sociale, devient dans la bouche de ceux qui l’utilisent une identité englobante. Puisque le racisme est partout, puisqu’il est « systémique », toute personne de couleur est embrigadée de fait dans cette communauté des « racisés ». Et quiconque tente de s’en extraire au nom de l’unicité de son expérience et au nom de la multiplicité de ses identités est immédiatement accusé de minimiser le racisme. Bref, « racisé » devient un équivalent de « non-Blanc », et donc une identité figée, une assignation, dans la bouche même de ceux qui l’emploient.

    Déconstruire ces évidences assénées à coups de références sociologiques

    D’autant que le racisme exercé par un non-Blanc n’est pas considéré comme du racisme puisque n’étant pas « systémique ». CQFD. Second point, le partage d’expériences dans un espace « sécurisé » – les groupes de parole – est une pratique qui relève de la psychologie et qui s’adresse à des victimes de traumatisme. Le transposer dans le champ du politique n’est pas neutre. La conséquence principale est de constituer l’individu comme victime, face à d’autres individus exclus car potentiellement bourreaux, quelle que soit leur expérience vécue. Il s’agit avant tout de refuser la confrontation avec une forme de contradiction, et donc de faire échapper la notion de « racisme systémique » à l’ordre du débat politique. Les victimes, entre elles, peuvent donc se conforter dans l’idée que ceux qui ne sont pas admis dans cette réunion font partie des bourreaux.

    Déconstruire ces évidences assénées à coups de références sociologiques prend du temps et nécessite de poser les termes de la discussion sans postuler que l’autre est un raciste, un racialiste, un indigéniste, ou quelque autre nom d’oiseau. Ce qui devrait nous inquiéter sérieusement est de voir un syndicat étudiant réduire peu à peu son champ d’action à la « lutte contre toutes les discriminations », quand son rôle politique devrait être de s’inquiéter de l’état dramatique de l’enseignement universitaire en France, miné par les inégalités et le décrochage de masse, de s’alarmer de la proportion de jeunes gens titulaires de diplômes sans aucun débouché, d’exiger des politiques une remise à plat d’un système en bout de course. Tout simplement parce que c’est la promesse républicaine qui sombre dans ce naufrage. Et ce qui est vrai pour l’Unef l’est pour toutes ces organisations syndicales et politiques dont on comprend qu’il leur est plus facile de manier des concepts flous et de se constituer en association de victimes que d’analyser un système économique et de porter les revendications de citoyens libres.

    Source : https://www.marianne.net/

  • Faire sortir les élections du brouillard !, par Christian, Vanneste.

    Les élections régionales puis l’élection présidentielle émergent du brouillard covidien. Malheureusement, celui-ci en se dissipant, peut-être, va faire apparaître le piège dans lequel la politique a enfermé les Français. La succession des intérêts partisans a ôté à notre système électoral toute cohérence. On remarquera que le Royaume-Uni avec son mode de scrutin uninominal par circonscription à un seul tour s’offre au contraire  la stabilité du fonctionnement et  la capacité de dégager des majorités de gouvernement. 

    christian vanneste.jpgLe Premier Ministre est le réel conducteur de la politique du pays. Le monarque n’a qu’un rôle institutionnel et symbolique. Les élections législatives sont sans conteste le scrutin essentiel de la démocratie britannique. Une monarchie constitutionnelle et un régime parlementaire assis sur une Assemblée élue par un vote uninominal auraient parfaitement convenu à la France. Les Britanniques ont subi la proportionnelle avec l’élection de leurs députés européens. Ils ont heureusement tourné la page.

    La France a choisi sous l’impulsion du Général de Gaulle une autre voie : un régime parlementaire où le gouvernement soutenu par la majorité des députés conduit la politique pendant le mandat législatif. Le scrutin est uninominal à deux tours pour permettre à la diversité des opinions de s’exprimer au premier tour. Depuis 1962, le Président de la république est lui-aussi élu au suffrage universel et doit théoriquement jouer un rôle d’arbitre en assurant le respect de la constitution et la continuité de l’Etat. Il a un rôle privilégié en politique extérieure puisqu’il est en charge de l’indépendance nationale, de l’intégrité du territoire et du respect des traités. Tant que le mandat du Président était de sept ans, et celui de l’Assemblée de cinq ans, tout le monde savait que le Président détenait l’essentiel du pouvoir si la majorité parlementaire lui était acquise, et n’en gardait qu’une part pendant les cohabitations, avec toutefois l’arme de la dissolution. Cela pouvait créer un flottement dans la conduite du pays et brouiller son image à l’extérieur : on a vu récemment les risques d’un binôme pour présenter la même “puissance” dans les relations internationales. Le septennat fut donc réduit en quinquennat sans qu’on en mesure les conséquences : l’élection des députés est devenue une formalité qui conduit à des “chambres introuvables” dans la foulée de la présidentielle. Fort d’une assemblée d’enregistrement de ses décisions, le Président bénéficie d’un régime non pas présidentiel, avec un équilibre à l’américaine entre Congrès et Présidence, mais carrément autocratique : Macron intervient tout le temps, y compris sur des sujets qui ne sont pas du niveau de la Présidence. Le Parlement est prié de suivre. Quant au gouvernement, il est chargé dans la théâtrocratie macronienne des mauvaises nouvelles et des annonces technocratiques ennuyeuses. Avec l’actuel locataire de Matignon, Macron a trouvé son homme.

    Les raz-de-marée législatifs comme celui de 2017, peu légitime en raison d’une abstention record, conduisent à vouloir instaurer une dose de proportionnelle pour redonner du pouvoir au peuple, le vrai souverain. Certains imaginent ce mode de scrutin plus démocratique car il permet de représenter la plupart des opinions. En fait, il conduit à faire élire les chefs des partis de manière continue sans qu’ils aient à rendre des comptes à leurs électeurs en chair et en os, dans leur circonscription. Une proportionnelle intégrale conduit à des coalitions instables ou dangereuses, puisque le plus petit parti d’une majorité faible peut se livrer à un chantage et donc jouer un rôle “disproportionné”. Une “dose” de proportionnelle est une mesure décorative et démagogique. Dans notre système à deux tours, un parti peut émerger grâce au premier tour et devenir l’un des grands ensuite. Cela est vrai d’ailleurs même avec un seul tour, puisque les travaillistes ont supplanté les libéraux au début du XXe siècle au Royaume-Uni. Les partis sont des outils nécessaires. La proportionnelle accroît inutilement leur importance. Le caractère bipartisan qui est donné aux élections uninominales par circonscriptions conduit à installer le débat idéologique à l’intérieur des grands partis tout en gardant une place pour la dimension personnelle des élus choisis directement par les électeurs. Pour l’élection présidentielle, l’organisation de primaires au sein des grands partis est une excellente procédure. C’est ainsi que Fillon avait été désigné. Son éviction par un coup d’Etat judiciaire a permis le succès d’une opération qui relève de la manipulation, voire du complot.

    En fait, avec des élections proportionnelles pour les Européennes d’une part, avec prime majoritaire, pour les régionales et les municipales, d’autre part, tandis que les législatives et les départementales gardaient le processus par circonscription, avec cette idée baroque d’un duo pour les cantons, on a inutilement brouillé l’esprit des Français qui devraient pouvoir toujours voter de la même manière : une circonscription, un élu. Les contorsions des dernières régionales ont permis d’exclure la victoire de la liste arrivée en tête grâce au retrait de la troisième dans le cadre d’une alliance objective entre des partis que rien ne conduit à gouverner ensemble. Autrement dit, on a détourné la proportionnelle de son but, et volé les électeurs. Le maintien voire l’augmentation du nombre des élus malgré un nouveau découpage montrent que pour beaucoup la politique est devenue un métier et l’engagement une carrière.

    Le retour au septennat avec une distinction plus nette des domaines de la Présidence et du gouvernement, en gros l’extérieur et l’intérieur, est nécessaire. L’instauration d’un mode de scrutin unique pour toutes les élections, uninominal à deux tours est indispensable. Le risque d’un affadissement de la vie politique selon la loi de Downs qui veut que la droite et la gauche se recentrent, a été conjuré par Sarkozy en 2007. Il a malheureusement commis la bêtise de l’ouverture à gauche après son élection, quand cela était inutile et même nuisible. Et pour couronner ce système efficace, il faut introduire en France le Référendum d’Initiative Populaire qui permet au peuple souverain de se faire entendre sans passer par les partis, et donc l’oligarchie.

    Source : https://www.christianvanneste.fr/

  • Dans le monde, et dans notre Pays légal en folie : la revue de presse de lafautearousseau...

    ÉIndigne, lamentable et -surtout - d'un point de vue strictement professionnel, tout simplement raté et sans aucune hauteur, le très mauvais "entretien de Procureur" du très mauvais Gilles Bouleau démoli par Kévin Bossuet (Zemmour, par contre, nous a paru excellent, habile et prêt pour l'arène...) :

    https://twitter.com/kevinbossuet/status/1465949606014070784?s=20

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    Kevin Bossuet :
    "Gilles Bouleau a tout fait pour saboter le début de campagne d’Eric Zemmour. Il a lancé lamentablement des petites boulettes trouvées ici et là. Il n’a pas été à la hauteur. Beaucoup de gens ont été déçus. Cette interview a été volontairement ratée !"

    1. Et, puisque notre entame d'aujourd'hui parle de ce pseudo entretien, manifestons notre accord avec Gilbert Collard sur un journaliste qui a mal fait son travail, ou qui a été sectaire, ou malhonnête (chacun choisira son mot...) :

    https://twitter.com/GilbertCollard/status/1465943295926931459?s=20

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    1 BIS. Là, par exemple, où l'on a un terrorisme de fait à la fois "intellectuel et pratique", si l'on nous passe l'expression, que disent les journaleux de tout poil face à cette inadmissible prétention d'empêcher quelqu'un d'exprimer ses idées ? Rien ! Pourquoi ? Parce que, qu'ils l'avouent ou non, et, même, qu'ils le sachent ou non, ils sont les enfants de Robespierre et Saint Just, les héritiers des terroristes de 89/93 et les représentants actuels de ce Système que les "pères fondateurs" ont créé dans l'émeute, la violence, le Génocide : "Ce qui caractérise une République, c'est la destruction de tout ce qui lui est opposé", disait Saint Just. Comment voudrait-on que les héritiers des terroristes luttent contre... le terrorisme ?

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    Gustave Thibon parlait avec justesse du "chaos figé des conservateurs du désordre" (aujourd'hui, Macron et son Système, tous des "Robespierre en cravate"...), héritiers du "chaos explosif des révolutionnaires" (hier, 89/93, 1848, la Commune, l'Épuration de 45...)

     

    3. (Dans Figaro Vox) : pour Israël Nisand: "L'extension du délai de l'IVG est une mauvaise nouvelle pour la santé des femmes"... :

    https://www.lefigaro.fr/vox/societe/israel-nisan-l-extension-du-delai-de-l-ivg-est-une-mauvaise-nouvelle-pour-la-sante-des-femmes-20211201?utm_source=app&utm_medium=sms&utm_campaign=fr.playsoft.lefigarov3

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    4. Zoo de Vincennes : La Tribune de l'Art dénonce :

    "Après avoir détruit une grande partie de l’œuvre de L’architecte Art déco Charles Letrosne et largement coupé les arbres, le zoo de Vincennes demande la charité. C’est assez lamentable

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    5. Le "haro sur Zemmour " hallucinant d'une caste médiatico-politique, qui ne dit jamais rien de la violence terroriste de gôche/extrême-gôche : le "deux poids/deux mesures" du Système justement dénoncé par Charlotte d'Ornellas, bien appuyée par un Pascal Praud qui parle juste... :

    https://twitter.com/ChdOrnellas/status/1465688148025905160?s=20

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    Avant-hier (ci-dessus), hier (ci-dessous, le restaurant où a déjeuné Zemmour); et demain ?

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    6. Et pour conclure cette série d'aujourd'hui, on relaiera l'annonce de Gilles-William Goldnadel, qui annonce la sortie de son livre (on regrettera juste l'emploi de "timing", là ou "calendrier" ou "bon moment" auraient été parfaits, mais bon...) :

    "A l’heure où les Antifas sont la seule violence légitime, tacitement encouragée pas certains médias. A l’heure où l’occultation des violences antiblancs continue de régner , mon livre sort aujourd’hui. Tragiquement bon timing."

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    112 pages, 10 euros

     

    6 BIS : Quatrième de couverture du livre :

    Selon Gilles William Goldnadel : "Ce manuel est interdit à la vente pour tous ceux qui n'ont pas encore compris que le fascisme était aujourd'hui situé à l'extrême gauche de l'échiquier politique et intellectuel."  
    Il écrit "fascisme", car il démontre que "malheureusement, à force de matraquage par l'extrême gauche en majesté médiatique, ce mot, historiquement précisément marqué, a été dénaturé, dévalué, galvaudé. Mais j'ai écrit fascisme d'extrême-gauche, pour me faire comprendre immédiatement et émotionnellement, par souci premier d'efficacité." 
    C'est tout le sens et la finalité de ce manuel. Celui qui l’a écrit s'inscrit dans le combat culturel. 
    Il sait la gauche habile à l'extrême dans ce combat où gagner la bataille de l'émotion est essentiel. 
    La bataille des idées, la gauche sait qu'elle l’a peut-être perdue depuis quelque temps. 
    Elle n'ose plus nier comme elle le faisait effrontément la laideur ou les dangers cruels de l'islamisme. Raison pourquoi elle ne se bat plus que sur le terrain de l'émotion où elle peut encore l'emporter en quelques instants, par la grâce disgracieuse de ses médias, sans faire appel à la raison. 
    La bataille culturelle qui se joue est une bataille existentielle. Puisqu'il va de notre identité comme de notre sécurité. 
    Ce manuel est un vade-mecum. Il propose des recettes simples telles que de traiter l'adversaire par la dérision plutôt que par la colère. De ne pas s'offusquer des étiquettes ( "fachos" !, "extrême-droite !" , "raciste !" etc…) dont l'extrême gauche fasciste vous affuble puisque elles ne peuvent plus piquer profondément, ayant largement perdu son magistère intellectuel et moral. 
    Il préconise de pratiquer le cambronisme tranquille. 
    De rendre coup pour coup : on vous parle chaque jour de la traite transatlantique ? Rappelez donc l’esclavage arabique et les razzias barbaresques en France. De dénoncer une imposture morale qui tient davantage de l'escroquerie de l'art contemporain que de la politique rationnelle. 
    Enfin : "N’'ayez aucun complexe de supériorité ou d'infériorité : Que vous soyez blancs ou noirs, soyez le sans honte. Ni vanité. N'aimez pas votre adversaire d'extrême-gauche, mais ne pratiquez ni la haine ni la vulgarité. Ce serait faire un cadeau à l’ennemi. N'ayez plus peur. C'est la leçon numéro un du manuel qui commence." 

     

     

    À DEMAIN !

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  • Abstention au premier tour des régionales : un mea culpa médiatique, c’est possible ?, par Natacha Polony.

    Le désintérêt pour une démocratie dont politiques et éditorialistes en vue ont tout fait pour qu’elle ne permette pas de changer le système ne peut pas nous étonner.
    © Hannah Assouline

    Une démocratie digne de ce nom a besoin d’une agora, rappelle Natacha Polony. Les médias devraient en être une, les réseaux sociaux auraient pu en être une autre. Encore faut-il acclimater les téléspectateurs aux débats de fond, à la contestation farouche mais argumentée, encore faut-il leur donner le goût de la démocratie, parce qu’on ne naît pas citoyen, on le devient.

    Si l’on songeait à interroger les citoyens pour savoir qui ils jugent responsable du naufrage démocratique dont ces élections régionales, avec leur abstention à 66,7 %, ne sont qu’un épisode de plus, nul doute qu’ils citeraient en bonne place « les médias ». Avec des guillemets, parce qu’il ne faut pas généraliser, et parce que chacun se considérera comme à part, faisant correctement, ou du mieux qu’il peut, son travail, et ne méritant pas l’opprobre. Mais arrêtons d’ergoter. Les médias sont aussi blâmables que les politiques quand tant de citoyens considèrent que les élections ne les concernent pas car leur résultat ne changera strictement rien à leur vie. Quiconque prétend continuer à commenter, à analyser doctement, les « rapports de force » des partis politiques, dans ce contexte, participe d’une formidable escroquerie.

    Le problème n’est pas tant, comme l’imaginent certains adeptes des vérités cachées et des manipulations de masse, que « les médias » seraient aux ordres et les journalistes soumis à « ceux qui les paient ». Rares sont les journalistes (assez facilement identifiables car peu discrets) qui font profession de servir consciemment un pouvoir. La connivence ne naît pas, le plus souvent, de la soumission – sinon de la soumission au jugement de la profession – mais de l’entre-soi. La fracture croissante entre les médias et les citoyens ne vient pas des manigances du pouvoir mais d’une mécanique aux multiples ressorts dont les plus puissants sont le conformisme et la pression imposée par des dirigeants qui réclament des rendements.

    « Média d’opinion » et petit écran

    Qui se repasse le film des dernières semaines, avec son lot de paroles politiques affligeantes et irresponsables, de polémiques absurdes ou délirantes, ou d’épisodes montés en épingle, se dit que la campagne présidentielle qui s’ouvre va nous mener de Charybde en Scylla. Encore faut-il comprendre pourquoi les médias amplifient cette dégradation de la vie publique, cette montée des haines et de l’intolérance, au lieu d’apporter un peu de raison, le sens du débat argumenté et la capacité d’identifier les véritables blocages qui expliquent la relégation des classes populaires et des classes moyennes, le chômage de masse, la désindustrialisation, la paupérisation de l’État…

    « Le dégoût des citoyens vient plus généralement de cette pléthore de débats dans lesquels ne sont sélectionnés que les plus caricaturaux. »

    Se focaliser sur CNews serait un peu trop simple, même si la chaîne a explicitement importé un modèle américain de « média d’opinion » qui, en France, n’existait que pour la presse écrite, mais certainement pas pour une chaîne dite d’information. Le dégoût des citoyens vient plus généralement de cette pléthore de débats dans lesquels ne sont sélectionnés que les plus caricaturaux (et non les plus radicaux, la nuance est de taille). Il s’agit de créer de l’opposition facilement compréhensible pour qu’il se passe quelque chose sur le plateau. D’où la nécessité de sélectionner les sujets immédiatement « clivants » : « pour ou contre l’écriture inclusive », c’est tout de même plus facile à développer qu’une réflexion sur l’assiette de l’impôt sur les multinationales ou la possibilité de relance de la production française par le jeu de la commande publique en contournant les contraintes européennes…

    Bateleurs de plateaux vs. éditorialistes

    À la décharge des rédacteurs en chef et des producteurs d’émissions, les audiences jouent les juges de paix. Il faut avoir une foi immense en l’intelligence humaine pour maintenir que l’on peut installer des débats pédagogiques sur le temps long quand Cyril Hanouna est le mètre étalon. La dérive est lointaine. Quand sont arrivées les premières émissions de divertissement, abrutissantes à souhait, pour offrir à Coca-Cola et aux autres annonceurs du « temps de cerveau humain disponible », nombreux sont ceux qui estimaient qu’on « touchait le fond ».

    Nous avons sorti les tractopelles. Et nul ne peut en vouloir à ces travailleurs fatigués qui rentrent chez eux et veulent se vider la tête. Le problème est d’avoir soumis l’ensemble des chaînes à ce modèle commercial. D’avoir peu à peu réduit les espaces non soumis à l’audience. Qui se souvient qu’un Frédéric Taddeï, avec « Ce soir (ou jamais) », proposait tous les soirs des plateaux d’universitaires, d’intellectuels et de politiques, et réunissait 600 000, 1 million, et même jusqu’à 2 millions de téléspectateurs ? Un peu trop pluraliste, au goût de certains (Patrick Cohen trouvait scandaleux qu’on y invitât ceux qui pensaient mal).

    Le désintérêt pour une démocratie dont politiques et éditorialistes en vue ont tout fait pour qu’elle ne permette pas de changer le système (2005 restera de ce point de vue la trahison par excellence) ne peut pas nous étonner. Les citoyens n’ont finalement le choix pour s’informer qu’entre les combats de catch des bateleurs de plateaux de télé et les démonstrations très doctes des éditorialistes gardiens du temple, pour qui toute remise en cause du système relève du complotisme, du populisme, ou d’un quelconque crime en « isme ». Une démocratie digne de ce nom a besoin d’une agora. Les médias devraient en être une, les réseaux sociaux auraient pu en être une autre. Encore faut-il acclimater les téléspectateurs aux débats de fond, à la contestation farouche mais argumentée, encore faut-il leur donner le goût de la démocratie, parce qu’on ne naît pas citoyen, on le devient.