UA-147560259-1

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Rechercher : Rémi Hugues. histoire & action française. Rétrospective : 2018 année Maurras

  • Documents pour servir à illustrer une histoire de l'URP (34)...

    (Documents pour servir à illustrer une histoire de l'URP : contribution, commentaires, informations, renseignements, prêt de photos etc... bienvenus; retrouvez l'ensemble de ces documents dans notre Catégorie : Documents pour servir à illustrer une histoire de l'URP)

     

    1AZZZ.jpg

     

    34 : de 2010 à 2014, quatre saisons de Cafés politiques de lafautearousseau...

    Aujourd'hui (2/4) : les vidéos des Cafés de la deuxième saison, 2011/2012

    1A.png

    Huit Cafés et neuf intervenants pour cette deuxième saison : nous avons reçu Annie Laurent, Alain Bourrit, Patrick Barrau, Axel Tisserand, Danielle Masson, Jean-François Mattéi, Jean-Baptiste Donnier, Gérard Leclerc et - pour un débat/dialogue  entre ces deux cousins - Hilaire et Antoine de Crémiers...

    Le Café avec Danielle Masson eut lieu à Toulon : nous nous étions en quelque sorte "délocalisés/associés" aux quatre Cafés de Toulon, cette année-là. Voilà pourquoi vous voyez apparaître dix intervenants, mais il n'y eut bien "que" huit Cafés à Marseille cette saison...

    Huitième Café (et dernier de la 2ème Saison) : samedi 9 juin 2012 : L'avenir du monde arabe, notamment la question syrienne, par Annie Laurent.

    Annie_Laurent.jpg

     

    Septième Café : samedi 12 mai 2012 : La leçon de Jeanne, par Alain Bourrit.

            La vidéo de ce septième Café politique s'ouvre par quelques images de la minute de silence observée, devant l'église des Réformés, après le dépôt de gerbe au pied de la statue de Jeanne; puis (malgré quelques imperfections mineures de la 10ème à la 12ème minute) elle montre Alain Bourrit, concis, clair et tout à fait pertinent, qui resitue brillamment l'action et la leçon de Jeanne. 

           Nous mettons ensuite en ligne la vidéo qui permet de voir - ou de revoir - ce qui est maintenant un document d'archive : le très beau film de Paul Barba Negra diffusé par FR3, dont les images et les commentaires n'ont rien perdu de leur puissance, de leur profondeur et de leur beauté ...

    4.jpg

     

    Sixième Café, samedi 14 avril 2012 : La Révolution, mythes et conséquences, par Patrick Barrau, Vice-président de l'Université d'Aix-Marseille.

    1A.jpg

     

    Cinquième Café, samedi 10 mars 2012 : Le Royalisme, le Prince, une autre vision de la France et du monde, par Axel Tisserand. 

    1A.jpeg

     

    * Cinquième Café : vendredi 3 février 2012, Toulon : Illusions du Progrès et Littérature, par Danielle Masson. À Toulon, le thème des quatre Cafés de cette saison, choisi par Philippe Lallement, est "Illusions du Progrès...". Danielle Masson ouvre ici le débat avec "Illusions du Progrès et Littérature". Les trois prochains intervenants aborderont le même thème, mais sous l'angle de la religion, puis de la philosophie, et enfin de la Crise.... 

    1A.jpg

     

    Quatrième Café : samedi 7 janvier 2012 : Le déclin de la Civilisation européenne est-il irréversible ?, par Jean-François Mattéi....

    MATTEI 1.jpg

     

    Troisième Café : samedi 10 décembre 2011 : Présidentielles, le grand piège, par Jean-Baptiste Donnier.

    1A.jpg

    Deuxième Café : samedi 5 novembre 2011 : Crise ou effondrement du Système ? (Débat/Dialogue entre Antoine et Hilaire de Crémiers).

     

    1A.jpg

    1A.jpg

     

     

     

     

     

     

     

    Premier Café : samedi 8 octobre 2011 :  La théorie du Genre, destruction sociale, morale, politique... (par Gérard Leclerc).

    1A.jpg

    Vous trouverez, en cliquant sur le lien ci-dessous, l'ensemble de ces Cafés, le dernier en date (celui d'Annie Laurent) apparaissant comme d'habitude le premier, suivi par celui d'Alain Bourrit puis Patrick Barrau et ainsi de suite, en remontant jusqu'au premier, qui apparaît en dernier : La théorie du Genre, par Gérard Leclerc...

    2. Vidéos des 8 Cafés FRP/lafautearousseau, deuxième saison, 2011/2012...

  • Livres & Histoire • Jean Sévillia : « Notre dernière victoire »


    Par Jean Sévillia

    Une recension à lire parue dans la dernière livraison du Figaro magazine [7.09]. Une remarquable leçon d'histoire. Qui conduit à une inéluctable prise de conscience de notre terrible déclin. Pourquoi ?  LFAR

     

    1400806989.jpg

    En 1918, la France était la première puissance militaire au monde, position qui lui a permis de gagner la Première Guerre mondiale. 

    À l'occasion du centième anniversaire de l'armistice de 1918, tous les chefs d'Etat ou de gouvernement des pays ayant participé à la Première Guerre mondiale doivent se retrouver à Paris le 11 novembre prochain.

    Donald Trump ayant annoncé sa venue, la présence du président des Etats-Unis confortera sans aucun doute l'idée selon laquelle la guerre de 14-18 aurait été gagnée par les Alliés grâce aux troupes de l'Empire britannique et surtout grâce aux Américains, entrés tardivement dans le conflit, mais dont l'arrivée sur le terrain aurait décidé de la victoire finale. Or, cette idée est fausse, comme le rappelle Michel Goya, un ancien officier, docteur en histoire contemporaine, dans un livre parfaitement documenté.

    Le 14 juillet 1919, deux semaines après la signature du traité de Versailles, le grand défilé de la victoire avait lieu à Paris avec toutes les armées alliées, mais c'était 1 000 « gueules cassées » de l'armée française qui ouvraient le défilé, et trois maréchaux français (Joffre, Pétain et Foch) qui chevauchaient en tête des troupes.

    diapo_francais_char_premiere_guerre_mondiale_11.jpgSans diminuer en rien l'extraordinaire endurance des Britanniques, engagés au feu pendant quatre ans, ou la bravoure des Américains, montés en ligne à partir du printemps et de l'été 1918, la vérité de l'Histoire oblige à dire que ce sont les forces françaises, parce qu'elles étaient les plus nombreuses, qui ont supporté le plus gros de l'effort de guerre, et qu'elles possédaient, à la fin du conflit, des capacités de manoeuvre que n'avaient pas leurs alliées. Chars jpg_aquarelle_francois_flameng.jpgRenault, avions Breguet, (photos) camions militaires, réseau de télégraphie sans fil : l'industrie française, de plus, avait fait de « l'armée française de 1918, écrit Michel Goya, la plus moderne du monde », offrant aux combattants des moyens inconnus de ceux de 1914, moyens qui ont largement contribué au résultat final. Par conséquent, c'est bien la France, première puissance militaire au monde, qui a gagné la Grande Guerre.

    Pourquoi cette puissance s'est-elle ensuite délitée, pour aboutir à l'effondrement de 1940, c'est une tragique histoire sur laquelle l'auteur revient brièvement. Pour les nations aussi, la roche Tarpéienne n'est jamais loin du Capitole.   

    Les Vainqueurs. Comment la France a gagné la Grande Guerre, de Michel Goya, Tallandier, 348 p., 21,50 €. 

  • Histoire & Actualité • Etonnant ! « La rébellion cachée », un film sur le génocide vendéen diffusé à l’Assemblée nationa

     

    Qui aurait pu imaginer un seul instant ce qui s’est passé, jeudi 14 décembre 2017 dans un bâtiment de l’Assemblée nationale ?  On le verra en regardant, en diffusant même, cette vidéo.

    Incroyable ! « La rébellion cachée », un film sur le génocide vendéen diffusé à l’Assemblée nationale from Reinformation.tv on Vimeo. 

     

    TRAVAUX DIVERS - Largeur +.jpgReconnaissance des crimes de la Révolution, du génocide commis en Vendée par la Convention, des horreurs vécues par nos ancêtres sous la Terreur, récompense du travail des historiens, réparation d'une ou plusieurs injustices, tout cela est bien. Tout cela est surtout significatif de cet effort de reconquête intellectuelle et culturelle accompli par nombre d'auteurs et de penseurs ces dernières années au sein de notre famille d'esprit. Que la République se soit fondée en inventant, comme le montre Patrick Buisson, un terrorisme d'Etat nous renseigne surtout sur notre aujourd'hui, où s'exerce dans la même ligne, sous des formes certes moins violentes mais tout aussi destructrices, tout aussi efficaces et, en un sens, tout aussi totalitaires, est ce qui nous importe le plus de savoir. Prendre conscience de cette filiation entre hier et aujourd'hui, la révéler à nos concitoyens c'est cela qui est fécond et qui est important. La Révolution matrice des totalitarismes modernes, c'est ce dont nous aurons à nous souvenir le 21 janvier en commémorant l'exécution du roi Louis XVI.   Lafautearousseau

     

    Reportage à l’Assemblée nationale d’Armel Joubert des Ouches

    Qui aurait pu imaginer un seul instant ce qui s’est passé, jeudi 14 décembre 2017 dans un bâtiment de l’Assemblée nationale ? Certainement pas les écrivains, les historiens, les amoureux de la vérité qui, depuis des décennies, cherchent à faire reconnaître publiquement les crimes commis par l’Etat lors de la révolution dite « française » de 1789, Reynald Secher en tête. Jeudi dernier, c’est donc « La rébellion cachée », le film-documentaire du réalisateur franco-américain Daniel Rabourdin qui a été diffusé à l’Assemblée. Une projection devant une petite quarantaine de personnes. Dans l’assistance, Guillaume de Thieulloy, le directeur du Salon beige, les assistants parlementaires des députés Marie-France Lorho et Emmanuelle Ménard, Philippine Rambaud et Charles de Meyer, des amis. Et c’est sous l’impulsion de ses deux députés que la chose a été rendue possible.

    L’Etat va-t-il enfin reconnaître ses crimes ?

    « La rébellion cachée », le film courageux et très touchant de Daniel Rabourdin, révèle, en une heure et quart, l’histoire d’un massacre de grande dimension. Le massacre de plus de 150.000 Français, en 1794, de paysans, d’ouvriers, de prêtres, de religieuses, des amoureux de la monarchie. Ils étaient Vendéens mais aussi Bretons. Mais les massacres ne se sont pas cantonnés à la seule région ouest de la France. Les républicains commirent des atrocités dans les régions de Lyon, Marseille et Paris. C’est donc ce film, ignoré des grands médias et de la classe politique dans sa presque totalité, qui fut diffusé dans une des salles de l’Assemblée nationale. Incroyable quand on sait que c’est la Convention, l’ancêtre de l’Assemblée nationale, qui décida de l’extermination des Vendéens parce qu’ils se battaient pour défendre leur Roi mais aussi leur foi ! Les preuves matérielles existent. Il suffit juste de les reconnaître…

    Une injustice considérable

    Si ce serait un miracle que l’actuelle législature reconnaisse enfin les crimes commis par ceux-là mêmes qui ont voté l’extermination sur cette terre chrétienne qu’était la Vendée, la diffusion d’un film sur le génocide pourrait être un premier pas. Car depuis plus de 220 ans, l’injustice envers les victimes défuntes et ceux qui ont contribué à l’exhumation de cette page de l’histoire de France est considérable. Reynald Secher est l’une d’elles. L’historien et écrivain breton – il est docteur d'État ès lettres et sciences humaines – est le spécialiste français des guerres de Vendée. Auteur de nombreux ouvrages sur le sujet, il fut aussi victime d’un complot manifeste visant à le discréditer et surtout à le priver de sa chaire à l’université. Son combat très courageux qui a démarré il y a plus de 25 ans contre un déni d’Etat, sera peut-être un jour enfin récompensé.   

  • Documents pour servir à illustrer une histoire de l'URP (8)...

    (Documents pour servir à illustrer une histoire de l'URP : contribution, commentaires, informations, renseignements, prêt de photos etc... bienvenus; retrouvez l'ensemble de ces documents dans notre Catégorie : Documents pour servir à illustrer une histoire de l'URP)

     

    1AZZZ.jpg

     

    8. Jérôme (Jérôme Pignet), un bon militant, franc camarade, parti beaucoup trop tôt...

    5.jpg

    Je ne dispose que de ces deux photos, de piètre qualité, pour maintenir Jérôme à la place qui est la sienne. Il est parti beaucoup trop tôt (vers sa trentième année) et de façon brutale et tragique, mais aussi longtemps qu'il a été avec nous, il fut un militant efficace, dynamique et fidèle.

    On le voit ci dessous dans la partie gauche de la photo : il est à la droite de Dominique Lesteven, femme de Franck, dont je vous parlais récemment (Documents pour servir à illustrer une histoire de l'URP (5)...) et à la gauche de Pierre de Gérin, qui a tant aidé aux Rassemblements (mais pas seulement, loin de là !...);il regarde en souriant le photographe, et il porte sa montre au bras gauche; de dos, au premier plan, vous avez, à droite, Jean-Louis (Hueber) et votre serviteur...

    1AA.jpg

    Pour notre premier Camp de Capty (en 78, le second fut en 79 : Documents pour servir à illustrer une histoire de l'URP (2)...) ce fut Jérôme qui m'accompagna chez Vidal-Manégat, une entreprise basée dans les Quartiers nords de Marseille, pour retirer les deux grandes tentes "Marabout", puis pour les monter sur place...

    C'est lors de ces deux Camps que nous eûmes confirmation de ce que nous avions cru remarquer au local de la rue Pavillon : le "fort faible" de Jérôme pour Sophie Pellicot, elle aussi de la Section de Marseille (avec sa soeur Anne, qui, elle, devint religieuse...).

    En plus de l'AF, la moto nous réunissait, Jérôme et moi. Malheureusement, il aimait beaucoup trop la vitesse... Muté dans l'Académie d'Amiens (à Beauvais) après avoir passé mon Capes, je fus bien obligé, pendant toutes mes années "nordiques", de n'être à Marseille que pour les vacances. Je m'arrangeais pour "Les Baux", mais, forcément, on ne roulait plus autant qu'avant avec Jérôme, en Provence ou en Espagne...

    En plus, ses parents (qui étaient plutôt de tendance Giscard/libéral) n'appréciaient pas son engagement chez nous.  Brillant, Jérôme avait fait de solides études dans l'économie, et ses parents rêvaient d'autre chose pour lui ! C'est pourquoi, chaque fois que l'on passait à son domicile (c'est-à-dire plusieurs fois par semaine) dans nos virées mécaniques, je l'attendais en bas, dans le hall d'entrée du 50 rue Jean Mermoz, car il valait mieux que je ne monte pas dans l'appartement ! Je me souviens parfaitement de chaque centimètre carré de ce hall, tellement j'y ai attendu souvent, avec, en plus, la mauvaise humeur du concierge : c'est bien connu, quand on fait de la moto, il y a toujours quelque chose qui vient salir le hall, n'est-ce-pas ?...

    Ce n'est qu'en rentrant pour l'une de ces vacances que j'appris, mais bien après, comme les autres, la disparition tragique de notre ami à tous; donc avec retard, indirectement et sans aucun détail...

    .5.jpg

    Sur cette autre photo, Jérôme est à droite, dos à la fenêtre, l'air pensif et toujours sa montre au bras gauche

    J'ai quelque chose de beau à faire savoir, pour clôturer cette rapide présentation du bon militant et franc camarade que fut constamment Jérôme. À un moment, à l'époque, j'ai proposé "au groupe" de nous engager tous à verser chaque mois à la caisse de l'URP, par le biais du virement automatique, 100 francs chacun. Nous fûmes une bonne dizaine à accepter, dont, bien sûr, Jérôme.

    Et, lorsqu'il nous eût quitté, son prélèvement continua à arriver, au jour fixé, pendant plusieurs mois : recevoir le relevé, c'était à la fois poignant et réconfortant. Nous parlions de tout avec lui mais pas des tensions avec sa famille, ni des détails pratico-pratiques; j'ai donc subodoré qu'il avait ouvert un compte dont ses parents n'avaient pas connaissance, qu'il l'avait abondé à une certaine hauteur et qu'il aurait continué à le faire si le cours des choses ne s'était pas interrompu brusquement et tragiquement; et puis, un jour, à la date habituelle, le virement n'est plus tombé; forcément... 

    Quand un groupe de vrais amis lance avec force un mouvement qui portera de beaux fruits, même si l'un d'entre eux est ravi prématurément à l'amitié militante des autres par un de ces évènements tragiques que réserve, parfois, la vie, n'est-il pas juste de l'associer aux résultats et aux succès de ce à quoi il a activement contribué ? De lui garder toute sa place au milieu de ceux avec qui il a activement travaillé,  même s'il n'a pu voir tous les résultats de nos actions, connaître toute la suite de nos activités (par exemple... lafautearousseau) ?...

    Comme le chante Brassens, dans Les Copains d'abord : "... Oui mais jamais au grand jamais/Son trou dans l'eau n'se refermait/ Cent ans après, coquin de sort !/Il manquait encor !"

  • Dans notre Éphéméride de ce jour : ”L'âge d'or du Maurrassisme”, de Jacques Paugam...

    1971 : Parution de "L'âge d'or du Maurrassisme", de Jacques Paugam.
     

    11 octobre,parachute,charles vii,versailles,le vau,toulouse,pierre fermat,mauriac,vaux le vicomte,jeanne jugan,sanch,perpignan

     

    Lorsque Jacques Paugam a publié sa brillante étude consacrée aux débuts du maurrassisme – cet "Âge d’or" qu’il situe entre 1899, date de la création de la revue de l’Action française, et 1908, année où fut lancé le quotidien –, il s’agissait de mettre en lumière les complexités d’une pensée qui a nourri des hommes aussi différents que Bernanos, Montherlant, de Gaulle... et qui fut admiré par Proust, Apollinaire, Péguy, Malraux, Gide, Maritain, Althusser, Lacan, Dumézil...

    Partant des textes et s’y tenant toujours, l’auteur s’attache à montrer comment, en neuf ans, l’Action française va élaborer sa doctrine, établir ses choix et construire une véritable philosophie de l’État qui, dans beaucoup de ses aspects, rend un son très actuel.

    L’on voit alors combien il est pernicieux de réduire le maurrassisme à des facettes indéfendables – la plus souvent invoquée, la principale : l’antisémitisme... – et de ne retenir qu’elles. Mais comment ne pas les dissimuler sans étouffer ce que cette pensée compte par ailleurs de richesses ?

    Maurras est-il un mal-compris ? Ses conceptions de l’État, de la Nation, ont-elles été déformées par les luttes partisanes et les passions politiques ? Ces questions demeurent d’actualité. Dépassant les controverses, Jacques Paugam contribue à réintroduire Maurras dans le passé et le présent de la France.

    Et à faire entendre l’apport spécifique de l’Action française à l’histoire des idées, au-delà des vaines et stériles polémiques.

    À l'occasion du coup d'éclat de l'Empereur d'Allemagne, qui débarqua spectaculairement à Tanger, en 1905, l'ouvrage de Paugam est brièvement présenté dans notre Éphéméride du 31 mars...
     
    Et Jean Sévillia, dans un excellent article paru dans Le Figaro magazine du 4 mai 2018, intitulé "Charles Maurras : à lire avant de juger", fait également référence au livre de Paugam...
  • Racines & Histoire • Le cheval dans la diplomatie [1/2]

    jeanlouis-gouraud (1) cartouche.jpgPar Jean-Louis Gouraud

    Conférence prononcée par Jean-Louis Gouraud au XIe Salon du Cheval à Mazagan-Eljadida (Maroc) en octobre 2018. Parution en 3 parties dimanche 17, lundi 18 et mardi 19 mars. 

     

    téléchargement.jpgLorsque le président Mao Tse Toung, soucieux de réchauffer les relations – jusqu’ici glaciales – entre son pays, la Chine, et les États-Unis, offrit au président américain Richard Nixon venu lui rendre visite (c’était en 1972) un couple de ces gros oursons qui ressemblent à des peluches portant des lunettes de soleil, on se mit à parler d’une « diplomatie du panda ».

    The_Qianlong_Emperor_in_Ceremonial_Armour_on_Horseback.jpgDeux siècles auparavant, se pratiquait en Chine une autre façon de témoigner sa bonne volonté et son désir de nouer de bonnes relations : en offrant non pas des nounours mais des chevaux.

    Le musée Guimet, à Paris, possède un splendide rouleau panoramique dû à un peintre de cour montrant ainsi l’empereur Quianlong [Photo], sous le règne duquel la Chine connut son apogée (c’était au XVIIIe siècle), recevant trois magnifiques chevaux des mains d’ambassadeurs kirghizes ou kazakhs venus faire allégeance.

    Ainsi, lorsque le président Macron, croyant sans doute bien faire, offrit récemment (en janvier 2018) au président Xi Jinping un cheval, certaines mauvaises langues – dont la mienne – se demandèrent si le président français avait ainsi voulu marquer son allégeance au président chinois.

    Sans doute pas, mais à cette ambiguïté s’ajouta dans cette affaire une maladresse : le cheval offert, prélevé sur les effectifs de la Garde républicaine (qui est d’environ quatre cents chevaux) en effet, était un hongre !

    1034662968.jpgOr, entre souverains et hommes de cheval, on le sait bien, on ne s’offre que des chevaux entiers. Donner un cheval qui ne peut pas reproduire équivaut à refiler une pendule qui ne marque pas l’heure : c’est presque une insulte.

    Heureusement, il semblerait que le président chinois se soit montré malgré tout très satisfait du cadeau, ce qui tendrait à prouver qu’en Chine aussi les bons usages se perdent.

    Dans le cas d’Emmanuel Macron, on avait eu déjà la preuve de son manque d’éducation en la matière lorsque, à peine élu, il avait réservé sa première visite en dehors de France au corps expéditionnaire envoyé dans le nord du Mali pour tenter d’en éradiquer la menace islamiste. Apprenant cette visite, le président du Mali, Ibrahim Boubacar Keïta – dit IBK – était venu à la rencontre du président français, qui avait fait poser son avion non pas à Bamako, la capitale, mais à Gao, la principale ville du nord. Pour honorer son hôte, le président malien non seulement fit l’effort de le rejoindre à Gao mais lui proposa un bel étalon gris de race locale. Ce que Macron – je ne sais pas en quels termes exactement – refusa. Gentiment, j’espère ! Autrefois, ce genre d’affront aurait provoqué une rupture des relations diplomatiques.

    gettyimages-161558892-1024x1024.jpgCette histoire me rappelle un peu celle du cheval offert au milieu du XVIIIe siècle par le bey de Tunis, Hussein Ben Ali, au roi de France, Louis XV. Une histoire bien connue, puisqu’elle a été merveilleusement racontée (et enjolivée) par deux grands écrivains populaires : Eugène Sue en 1846 et Maurice Druon [Photo] en 1957. L’animal, appelé Cham, n’avait pas eu l’heur de plaire à Louis XV, qui avait ordonné d’en débarrasser ses écuries. La pauvre bête se retrouva alors sur le pavé parisien à tirer une carriole, jusqu’à ce qu’un Anglais, de passage à Paris, discerne un formidable potentiel dans la misérable haridelle qu’était devenu ce cheval.

    Pour une poignée d’avoine, il l’achète, l’amène à Londres où, après mille péripéties, le bestiau se retrouve dans le haras d’un aristocrate passionné de courses, Lord Godolphin. L’endroit est prestigieux mais Cham y est relégué au simple rôle de souffleur. On disait, à l’époque, agaceur, ou boute-en-train. Un job assez frustrant : il s’agit pour le cheval d’aller renifler l’arrière-train d’une jument afin de déterminer si la dame est disposée, ou non, à recevoir l’hommage d’un étalon. Si c’est non, la femelle proteste vigoureusement en décochant à celui qui la renifle quelques belles ruades. Si c’est oui, on ramène le malheureux souffleur à l’écurie, pour laisser la place à un étalon de prix, auquel on ne voulait pas faire prendre le risque d’un coup de pied malencontreux.

    hqdefault.jpgUn jour, il faut le comprendre, Cham finit par se révolter. Rompant ses liens, il alla honorer une belle alezane qui passait par là. De cette union imprévue naquit onze mois plus tard un poulain extrêmement rapide à la course. Du coup, si je puis m’exprimer ainsi, le propriétaire débaptisa Cham pour lui donner son propre nom, Godolphin, qui devint le principal reproducteur de son élevage, ainsi que l’un des fondateurs d’une race appelée à un bel avenir, que les Britanniques ont le culot d’appeler le « pur-sang anglais » [Photo](À suivre, demain lundi et mardi)  

    Voir dans Lafautearousseau ...

    De Péroncel-Hugoz : JEAN-LOUIS GOURAUD, « LA PLUS BELLE CONQUÊTE DU CHEVAL »

  • 2017 n'est pas allée dans le sens de la fin de l'Histoire...

     

    En deux mots.jpg

    L'année qui vient de finir aura au moins apporté deux surprises qui ont un sens : l'élection de Donald Trump à la présidence des Etats-Unis, début janvier, et, début mai, celle d'Emmanuel Macron à la présidence de la République française.

    Le premier, honni de la classe politique et médiatique du monde entier, était donné perdant jusqu'au dernier moment. Il arrive donc que ces gens-là se trompent ; qu'ils ne voient pas venir l'événement qui démentira leurs prévisions et décevra leur attente, puisqu'ils avaient choisi leur camp et diabolisé le camp adverse. 

    Trump pour le meilleur et pour le pire n'est rien d'autre qu'un retour du vieux nationalisme américain, égoïste si l'on veut, libéral quand cela fait les affaires de l'Amérique, protectionniste quand ça ne les fait pas. Trump et une large frange de l'opinion américaine, lassée de l'idéalisme d'Obama et de l'universalisme belliqueux du clan Clinton, se sont rencontrés et reconnus dans ce nationalisme simple et brut qui n'a nulle honte à s'affirmer comme tel et se trouve heureux d'avoir rangé ses complexes au placard des hypocrisies, seconde nature des dirigeants américains depuis bien longtemps. Trump est à cet égard tout à fait libéré et l'Amérique, semble-t-il, s'en trouve plutôt bien. Cela ne signifie pas que les conséquences soient forcément bénéfiques pour le reste du monde, par exemple pour l'Allemagne qui n'est plus l'interlocuteur européen privilégié de l'Amérique de Trump ; pour l'Iran après l'abandon de la politique de détente inaugurée par Obama ; pour les Palestiniens depuis que Trump a plus ou moins reconnu Jérusalem comme capitale d'Israël : pour la Chine elle-même, de plus en plus concurrent n°1 des Etats-Unis malgré les protestations d'amitié, en attendant de devenir peut-être un jour, bien plus que la Corée du Nord ou que la Russie, l'adversaire principal de l'Amérique.

    Mais le chef du Kremlin, s'il a, à la différence de Trump, des idées politiques et géopolitiques de grande ampleur, n'a pas de complexe non plus dès lors qu'il s'agit des intérêts de la Russie ni de doutes ou de scrupules lorsqu'il s'agit de la gouverner.  Ainsi, le politique n'a-t-il pas disparu partout. En tous cas, il n'a pas disparu des deux pays les plus puissants du monde. Y ajouterait-on la Chine ou l'Inde que la remarque vaudrait tout autant. Entre ces grands Etats nationalistes croit-t-on que la compétition se limite à l'économie et à la finance comme la doxa aimerait à le croire ? Alors, que l'on observe les budgets militaires de ces puissances, leur redéploiement opérationnel à travers les points stratégiques du globe, leurs bases, les armements qu'ils y installent, toujours plus nombreux et plus sophistiqués, parfois loin de leur territoire. Rien ne dit que tout cela est investi, déployé pour ne jamais servir. Pour qui croirait à la fin du politique et / ou de l'Histoire, ce ne sont pas des confirmations que 2017 a apportées. 

    L'improbable élection d'Emmanuel Macron à la présidence de la République n'a pas consacré la fin de ce que nous appelons souvent - comme jadis De Gaulle - le Système. Peut-être même cette élection l'a-t-elle sauvé pour un temps. Mais elle est résultée de l'extrême lassitude des Français envers les présidences guignolesques qui venaient de se succéder, des partis discrédités et même méprisés, des politiciens médiocres et corrompus. Ils ont ainsi consenti, non sans jubilation, en attendant de voir, à ce que tout cela soit pulvérisé et dégagé en un rien de temps et que s'installe à la tête de l'Etat un homme nouveau, un brin étrange, jeune et décidé, d'apparence digne et avantageuse, ayant compris qu'il manque un roi à la France depuis quelques deux siècles et se montrant déterminé à en endosser les habits... Emmanuel Macron a surtout démontré comment l'on prend le pouvoir en France, comment un « coup » peut être tenté et réussi.

    Après sept mois, le Système, dans ses fondements, perdure sous Macron, Les bons résultats économiques proclamés partout sont en réalité plus qu'incertains. Sans-doute illusoires. Le terrorisme reste une menace. L'immigration ne diminue pas et selon toute probabilité devrait au contraire grandement s'accroître notamment en provenance d'Afrique, l'inquiétude identitaire des Français, malgré le verbe présidentiel, demeure intense. Les questions dites sociétales continuent de les diviser... 

    La foi la plus clairement affirmée d'Emmanuel Macron semble être surtout européenne, mais systématiquement fédéraliste, en dépit de l'opposition déterminée de nombre de pays de l'Union et, secrètement, de l'Allemagne. La question des migrants et celle des souverainetés et des volontés identitaires de nouveau fermement affirmées devraient dominer pour longtemps l'évolution de la politique européenne. Elles jouent à l'encontre du projet Macron.

    Pour la première fois depuis bien longtemps, les Français n'ont plus honte de leur président mais ils ignorent toujours qui il est, quel est le fond de sa politique. Pourra-t-il rester toujours une énigme ?  

    On le voit : si l'on était tenté d'accorder quelque crédit à cette fumeuse théorie, 2017 n'est pas allée dans le sens de la fin de l'Histoire.  

    Retrouvez l'ensemble de ces chroniques en cliquant sur le lien ci-dessous

    En deux mots, réflexion sur l'actualité

  • ESSAI • LEÇONS D'OUTRE-TOMBE

     

    thUKZO41O8.jpgCette recension du livre d'Axel Tisserand, Actualité de Charles Maurras a été publiée dans le Figaro magazine du 24.05.  En quelques remarques concises, elle nous semble dire l'essentiel sur l'ouvrage d'Axel Tisserand et, par là-même, sur la pensée anthropologique et politique de Charles Maurras.  Raison de plus, d'ailleurs, pour lire les publications de Rémi Soulié lui-même. [Voir ci-dessous]LFAR 

    Par Rémi Soulié

    R. Soulié.jpg Si l'inscription de Charles Maurras (1868-1952) aux Commémorations nationales de 2018 a provoqué la polémique, son inscription dans l'histoire de la pensée, elle, est acquise.

    Axel Tisserand le démontre remarquablement dans un essai très argumenté mais, plus encore, il analyse l'actualité de l'anthropologie du Martégal car « Maurras, écrit le philosophe, c'est une anthropologie avant d'être une politique » - dont il affronte d'ailleurs les aspects les plus contestables, en particulier l'antisémitisme.

    A l'heure du transhumanisme, de la PMA et de la GPA - soit de la marchandisation des corps et de la déshumanisation en cours -, n'avons-nous pas besoin d'une pensée de la « loi naturelle » qui borne les insatiables désirs individuels et garantit le bien commun de la cité ? C'est elle, contre les nuées rousseauistes, que défend Maurras.

    Pas de contrat à l'origine de la société, mais un petit d'homme qui reçoit tout de sa famille, notamment, la « grâce » de « l'amour », le langage et la protection.

    C'est à partir de ce donné de la naissance et de l'amitié politique des familles rassemblées que Maurras pense le « nationalisme intégral ».

    C'est-à-dire la monarchie.  

    I-Grande-9447-actualite-de-charles-maurras.net.jpg

    ACTUALITÉ DE CHARLES MAURRAS, d'Axel Tisserand, Téqui éditeur, 456 p., 24 C.

    Rémi Soulié, écrivain, essayiste, critique littéraire, collaborateur du Figaro Magazine, est, entre autres, l'auteur de Nietzsche ou la sagesse dionysiaque, Pour saluer Pierre Boutang, De la promenade : traité, Le Vieux Rouergue. Et Racination, Paris, Pierre-Guillaume de Roux, 2018.

    À lire ...

    Pour saluer Pierre Boutang, Rémi Soulié, éd. Pierre-Guillaume de Roux, 140 pages, 21€ 
  • ”La réécriture et la manipulation de l’histoire par les politiciens fait rage en France” : Devoir de Mémoire, par Champs

    1er Août 1914 : Ordre de mobilisation générale en France et seconde levée en masse de son Histoire

    5 – 12 Septembre 1914 : Bataille de la Marne

    21 Février 1916 : Premier jour de la bataille de Verdun

    1er Juillet 1916 : Premier jour de la bataille de la Somme 

     

    Dans la somme dirigée par Jean Favier « Histoire de France », René Rémond qui a rédigé le sixième et dernier Tome (950 p.), « Notre siècle, 1918 – 1988 », ouvre son travail avec cette évocation :

    defilevictoire.jpg«  … 11 Novembre : une date dont l’identification n’exige l’adjonction d’aucun millésime … Dans la mémoire du peuple français , elle a d’emblée pris place dans la série des quelques journées historiques qui ont constitué la personnalité de la France, et cette place, aucun évènement depuis , ne la lui a ravie …Signe de l’évènement – la fin de cette guerre à laquelle les contemporains accolèrent spontanément la qualificatif de grande, superlatif absolu – n’a cessé depuis de hanter la conscience de trois générations de Français. Le 11 Novembre fut en effet un grand moment d’unité nationale : le canon dont le grondement annonce à la France l’arrêt des combats fait pendant au tocsin d’Août 1914 … Conduits par les trois grands chefs dont les noms sont sur toutes les lèvres et qui chevauchent botte à botte – Foch, qui a commandé toutes les Armées alliées, Joffre, le vainqueur de la Marne, et Pétain, le héros de Verdun à qui des millions de poilus sont reconnaissants d’avoir mis fin à d’inutiles et sanglantes offensives - , défilent sous l’Arc de Triomphe, qui justifie pour la première fois son appellation … des détachements de toutes les unités combattantes et des délégations de toutes les armées étrangères apportant à la France immortelle l’hommage de ses alliés et du monde … Mais l’allégresse n’est pas sans mélange. Tous ne peuvent la partager : des milliers de demeures gardent leurs volets fermés sur le deuil de leurs occupants ; des centaines de milliers de familles ont perdu un ou plusieurs des leurs. Toutes les communes de France comptent leurs morts … Beaucoup trouvent une atténuation passagère à leur chagrin dans la conviction que l’être qu’ils pleurent n’est pas mort pour rien et éprouvent de la fierté à la mention « Mort pour la France » … Avec le temps, à mesure que s’estompera la fierté de la victoire, que ses fruits paraîtront plus amers, le deuil et l’horreur de la guerre prendront le pas sur la fierté et la satisfaction. Le souvenir des morts éclipsera les autres sentiments … »

    Ce texte a été écrit en Juillet 1988. Mais comment René Rémond regarderait-il aujourd’hui, vingt-cinq ans plus tard, la polémique imbécile qui a été déclenchée avec l’idée non moins imbécile d’accoler le souvenir du tocsin du 1er Août 1914, à la Libération de 1944. Vingt-cinq ans … ! C’est plus que l’intervalle entre le 11 Novembre 1918, et l’ordre de mobilisation générale du 3 Septembre 1939, faisant mentir le peuple de France et ses anciens combattants, que la Grande Guerre était « la der des ders ». Et imaginons le président de jury à l’entrée à Sciences Po, sa maison ; il y rencontrerait des jeunes bacheliers incapables de positionner les trois maréchaux ci-dessus cités, ni de citer les alliances entre belligérants, ni de décrire en quoi cette conflagration fut mondiale, ni les principaux théâtres d’opération, ni les conséquences de ce drame. Résultat du saccage de l’enseignement de l’Histoire par une succession de Bayrou, Darcos, Chatel, aujourd’hui Peillon, tous interchangeables. Rendons nous à l’évidence, pour des générations de galopins, le 11 Novembre ne signifie plus rien …

    Situation d’autant plus insupportable que dans le même temps les effets de manche n’ont pas manqué pour soigner un supposé devoir de mémoire. Et le dernier exercice en date, ce Livre Blanc sur la Défense en 2008, avec un chapitre spécial sur le devoir de mémoire.

    Pendant tout le mois de Novembre les Britanniques portent à leur boutonnière, sur les voitures, le coquelicot rouge, seule plante qui avait résisté à l’apocalypse de la bataille de la Somme. Du Souverain au plus humble, un peuple entier communie avec une profonde piété dans le souvenir de leurs soldats sacrifiés. 

    L’objet de ce billet est de rappeler succinctement quelques grandes dates du conflit sans entrer dans les détails disponibles dans une immense bibliographie et une filmographie tout aussi riche, première guerre où la camera a joué un rôle important. Nous essayons d’établir à la manière d’un programme de commémoration, ce que tout citoyen français devrait avoir devant les yeux, et tout bachelier avoir étudié.

    Origines de la guerre

    Si l’ordre de mobilisation générale en France fut donné le 1er Août 1914 à 15h45, Paris reçut la déclaration de guerre de l’Allemagne le 3 Août à 18h15. Cent ans après le désastre, nous sommes encore très loin de saisir tous les détails de cet atroce engrenage, dans une Europe que l’histoire deux fois millénaire aurait dû préserver d’un tel holocauste, le premier de l’humanité à cette échelle. La lecture la plus complète et synthétique qui nous est offerte nous semble être l’ouvrage de Henry Kissinger « Diplomatie ». Ce qu’il nous dit :

    Guillaume_II POTSDAM.jpg« Une machine de destruction politique : la diplomatie européenne avant la Première Guerre mondiale … Au début du XXème siècle, on pouvait encore déclencher les conflits avec une touche d’insouciance. Certains penseurs européens croyaient d’ailleurs aux vertus cathartiques de saignées périodiques, hypothèse creuse que dégonfla cruellement la Première Guerre mondiale. Les historiens débattent depuis des lustres de la question de savoir qui doit porter la responsabilité du déclenchement de la Première Guerre mondiale. Or aucun pays ne peut être tenu isolément pour responsable de cette course démente à la catastrophe … Les nations européennes transformèrent l’équilibre des forces en course aux armements, sans comprendre que la technologie moderne et la conscription massive faisait désormais de la guerre la principale menace à leur sécurité et à la civilisation européenne toute entière. Mais si toutes les nations d’Europe contribuèrent à la catastrophe par leurs politiques, ce fut l’Allemagne et la Russie qui sapèrent tout sens de la modération par leur nature même … » (photo : le kaiser, Guillaume II, qui a voulu la guerre...)

    Et Kyssinger poursuit dans le chapitre suivant :

    « Dans le tourbillon : la machine de destruction militaire. Le plus stupéfiant lorsque la Première Guerre mondiale éclata, n’est pas qu’une crise plus simple que toutes celles qu’on avait déjà surmontées ait fini par déclencher une catastrophe mondiale, mais que ce ne soit pas arrivé plus tôt. En 1914, l’affrontement entre l’Allemagne et l’Autriche-Hongrie d’une part et la Triple-Entente de l’autre ne pouvait plus être différé. Les hommes d’Etat de toutes les grandes puissances avaient mis la main à la construction du mécanisme de destruction diplomatique qui rendait chaque nouvelle crise de plus en plus difficile à résoudre. Leurs chefs militaires s’en étaient largement mêlés en y ajoutant des plans stratégiques qui obligeaient à accélérer la prise de décision … La planification militaire avait pris son autonomie … Le casus belli échappa au contrôle politique. » 

    Les premiers mots de Sir Basil Liddell-Hart (History of the First World War): « Cinquante années furent consacrées à rendre l’Europe explosive, Cinq jours ont suffi pour provoquer la détonation ». Lui aussi rend la Prusse de Bismark, et la Russie largement responsables.

     

    Un effarant bilan humain

    Pour la France, ses colonies, et sa marine, le démographe Jacques Dupâquier, parvient à un total de 1.397.000 tués et disparus, soit pour les fantassins de la métropole, 1.345.000.

    La facilité regrettable de souvent ne pas détailler les chiffres nous dispense d’examiner la répartition dans le temps, pourtant éloquente et combien tragique. Autour de la moitié de ces tués et disparus, tombèrent dans les 8 premiers mois d’un conflit qui dura 51 mois. Dès Mars – Avril 1915, le haut commandement et le gouvernement français ne pouvait plus parler de « guerre fraîche et joyeuse ».

    Le diplomate israélien Abba Eban ouvre ses mémoires avec une comparaison qui résume bien l’état de sidération devant ces nouvelles armes, l’artillerie, dont on ne soupçonnait pas l’effet meurtrier. « Entre Waterloo, 1815, et le début de la Grande Guerre, cent ans se sont écoulés, avec 2.5 millions de soldats tombés sur des champs de bataille, en outre sans que la population civile ne soit particulièrement touchée. Sur les trois décades de 1914 à 1945, on compte 100 millions de morts militaires et civils » (The New Diplomacy, 1983).

    La Grande Guerre fut une véritable cassure, une tragédie européenne, la destruction de l’Europe.

     

    La bataille de la Marne

    Les premiers jours du conflit se conclurent par la retraite des troupes françaises. La responsabilité du commandement était totale, et Joffre dut se rendre à l’évidence, avec 162 généraux sanctionnés, ou relevés de leur commandement (certains parlent de 180), dont 71 brevetés de l’École de Guerre (envoyés à Limoges ?)

    bataille-de-la-marne-bray-sur-seine.jpgAyant décidé de cesser de reculer et d’une volte-face, et avec la présence des Britanniques, « le 6 Septembre au matin, la plus formidable empoignade de la guerre commença … » (J-B. Duroselle). Cette bataille fut menée par une armée en retraite, qui, malgré l’exploit d’être restée en très bon ordre, était harassée. Ce qu’en a dit un respectable adversaire dans ses mémoires, le général Von Kluck: »… que des hommes ayant reculé pendant quinze jours, que des hommes couchés par terre et à demi morts de fatigue, puissent reprendre le fusil et attaquer au son du clairon, c’est une chose avec laquelle nous autres Allemands n’avons jamais appris à compter ; c’est là une possibilité dont il n’a jamais été question dans nos écoles de guerre … ». Le miracle de la Marne tient en ces quelques mots. Et vient la sécheresse des chiffres. Nous sommes 35 jours après le début du conflit, quand du 6 au 12 Septembre sur 200 Kms de Meaux à Verdun, Joffre lance la contre-attaque. Deux millions et demi d’hommes se font face, 80.000 morts et disparus pour les Français, en six jours de combat ! C’est la première guerre où les combattants furent confrontés à une telle monstrueuse intensité des pertes.

     

    La bataille de Verdun

    Le 21 février 1916 à 5h30 le matin, 1.225 pièces d’artillerie allemande ouvraient le feu sur un front réduit de 8 kms. La bataille de Verdun venait de commencer, qui devait durer jusqu’au 15 décembre avec un total de 714.000 tués, disparus et estropiés dans les deux camps, soit 2.400 hommes chaque jour pendant dix mois sur un front de 40 kms. Et des lieux imprimés à jamais dans la mémoire collective, les forts Douaumont, Vaux, le Bois des Caures, la forêt d’Argonne, la cote 304, le Mort-Homme.

    « Si tous les hommes qui sont morts ici se levaient, ils n’auraient pas la place de tenir parce qu’ils sont tombés par couche successive » (Henri de Montherlant).

    Et l’hommage de Paul Valéry gravé à l’entrée du musée :« Tous vinrent à Verdun comme pour y recevoir je ne sais quelle suprême consécration. Ils semblaient par la voie sacrée monter pour un offertoire sans exemple à l’autel le plus redoutable que jamais l’homme eut élevé. »

                                                                                                       

    Bataille de la Somme

    Le 1erJuillet de la même année 1916, les Britanniques, le Commonwealth (Australie, Nouvelle Zélande, Canada, Terre Neuve, Afrique du Sud, Irlande), et les Français engagent une attaque pour tenter de percer les lignes allemandes. Bapaume, Péronne, Albert, soit 45 Kms. La bataille prit fin quatre mois et demi plus tard, le 18 Novembre. Certains historiens la considèrent comme la plus sanglante de l’histoire humaine. Elle le fut sans contexte pour les Britanniques qui virent tomber la première journée, le 1er Juillet le nombre effarant de 20.000 tués, 40.000 blessés et disparus, sur 320.000 soldats engagés. Au 18 Novembre 1916, on aligne des chiffres là aussi inimaginables. En cinq mois les alliés ont progressé de 12 Kms au nord de la Somme, et de 8 au sud. Les pertes admises sont de 420.000 hommes hors de combats pour les Britanniques (dont 127.751 morts et 78.531 disparus) et 202.567 pour les Français (39.187 morts et 27.501 disparus). Chiffres arrondis à 400.000 Britanniques, autant d’Allemands, et 200.000 Français, tués, blessés, ou disparus, soit un total d’un million. Restent les vers du poète britannique Laurence Binyon, (For the Fallen) lus à chaque commémoration:

    «…Ils ne vieilliront pas, comme nous, qui leur avons survécu ;
    Ils ne connaîtront jamais l'outrage ni le poids des années.
    Quand viendra l'heure du crépuscule et celle de l'aurore,
    Nous nous souviendrons d'eux … » 

    Ces quelques lignes sur les trois engagements les plus meurtriers de la guerre ne nous font pas oublier beaucoup d’autres tentatives de « percer le front » ou de « faire diversion » qu’un bachelier devrait connaître. Batailles de l’Artois, Champagne et Flandres, de Février à Octobre 1915, et ses 100.000 tués, largeur de front inférieure à 40 Kms, et progression jamais supérieure à 5 Kms, le Hartmannswillerkopf (le vieil Armand) 25.000 morts pendant toute la guerre pour les deux camps et un résultat insignifiant, les Dardanelles et l’échec de Gallipoli en Août 1915, qui couta aux Britanniques 117.000 tués et aux Français 27.000. Atroce litanie dont on se demande où elle prend fin … On aurait dû apprendre à nos jeunes lycéens que 1915 fut l’établissement de la guerre de position et les tranchées. La vie dans cet enfer a fait l’objet de nombreux livres par des auteurs témoins : Dorgelès, Barbusse, Genevoix, Duhamel. Le froid, la boue, la saleté, les poux, l’odeur des charniers, de l’urine et des déjections, la puanteur des abris. L’écrivain Georges Duhamel médecin au front nous décrit « La Vie des Martyrs », ceux qui peupleront les villages de France, estropiés à vie, grands invalides de guerre, « les gueules cassées », qui auront des places réservées dans les transports en commun des grandes villes.

    VERDUN 1.jpgCitons le remarquable travail des archives de la Défense, en ligne depuis quelques années, où sont enregistrés les noms des « Morts pour la France » lien : http://www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr/ 

    Nous ne pouvons pas faire l’économie de citer tous les billets rédigés sur ce site de LFAR, au sujet du jeu ignoble de Clémenceau, personnage outrageusement glorifié (pour les retrouver taper Clémenceau dans la zone « recherche »), dont il ne peut plus être nié qu’il refusa de parler à l’Autriche dès 1916 pour arrêter le carnage. 

    Dans un contexte aussi émotionnel et riche pour l’Histoire glorieuse de notre Patrie, on ne voit pas le but recherché par les promoteurs de cette initiative insensée. Beaucoup commencent à réellement s’émouvoir. Un lien vers un article de journal : http://www.lemonde.fr/politique/article/2012/10/26/grande-guerre-et-liberation-en-2014-le-choc-des-memoires_1781550_823448.html 

     

    Exemple de texte qui circule dans des associations d’officiers :

    « … Elle reste toutefois une guerre amère, même s’il y eut « victoire » : en témoignent les milliers de monuments aux morts et de stèles dans les églises et les cathédrales, mais aussi justement les mémoires, les livres et les témoignages. Aujourd’hui elle est décrite avec raison comme une guerre civile européenne, « le suicide de l’Europe », la fin des monarchies et comme une infâme et horrible boucherie où des millions d’hommes furent immolés. L’horreur racontée par Dorgelès ou Barbusse, mais aussi par le cinéma notamment ces dernières années à propos des fraternisations entre les combattants ou des films à grand public comme Un long dimanche de fiançailles montrent comment l’historiographie a évolué, comment les propagandes nationalistes sont retombées et comment l’histoire a été retravaillée.

    Mais aujourd’hui c’est pour des raisons politiciennes et internationales que l’Etat français s’apprêterait à tronquer les cérémonies du centenaire de 14-18. Les premiers éléments indiquent que sous les pressions de franges politiques de gauche, mais aussi sous les pressions européennes et de l’Allemagne, la France au garde à vous collera sous un tapis les commémorations autant que faire se pourra …

    … La réécriture et la manipulation de l’histoire par les politiciens fait rage en France, terrain d’une guerre souterraine où les médias jouent un important rôle, il s’agit en effet de gommer l’histoire nationale et ses gloires pour faire place à une atomisation historienne, une dissolution des événements historiques dans un tout, un creuset européen où il est question de casser les reins à toute forme de patriotisme, pour faire place à une société lessivée par de nouveaux standards où l’histoire doit se trouver comme dans les grandes années de la IIIème République une auxiliaire sans cesse malmenée et violée, mais confortablement organisée pour servir une idéologie dominante et lénifiante.

    Pour toutes ces raisons, nous avons déjà assisté à des coups médiatiques que chaque président du passé s’est efforcé d’exploiter à fond, : ce fut le bicentenaire de 1789 sous Mitterrand, les médailles pour les anciens des brigades internationales et les repentances de Chirac, la lettre de Guy Moquet pour Sarkozy et déjà en moins de six mois de nouvelles repentances au sujet de la Shoah et de l’Algérie pour Hollande. Toutes ces « cérémonies » médiatisées à outrance furent l’objet d’oublis mémoriels consentis et plus ou moins camouflés, à savoir les horreurs de la Révolution française, la terreur jacobine et la guerre civile, la lâcheté des gouvernements français entre 1936 et 1938, la collaboration des communistes français avec les nazis jusqu’en 1941, sans parler de l’épineux problème de la Guerre d’Algérie : la guerre des mensonges et des cadavres que les deux camps se lancent à la figure !

    S’il s’avère normal de revisiter l’histoire de la Première Guerre mondiale pour en offrir un tableau plus véritable et plus conforme à l’honnêteté intellectuelle, il est moins normal de transformer en silence un événement tel que ce centenaire qui revêtait une importance aussi grande que le bicentenaire de 1789 et qui suivra probablement ce dernier dans les impasses. Celles-ci sont dictées par le politiquement correct de toute une caste politicienne et nous assisterons donc probablement à une nouvelle mascarade qui sera concentrée sur le début de la guerre. Les cérémonies se dérouleront donc surtout en août 2014, pour ensuite verrouiller politiquement l’événement à des fins pendables. Les Français dans ces temps de crise auront sans doute autre chose à penser de toute façon. Quant à l’Europe elle se serait bien passée de ces dates historiques, l’Allemagne en particulier mais Paris est déjà prêt à l’escamotage final selon une formule bien rôdée … ».

     

    Qui pourra admettre que l’on maltraite ainsi le souvenir de l’origine de toutes les tragédies européennes depuis ce jour fatal du 3 Août 1914 ? Comment peut-on attendre que nos bacheliers saisissent l’enchainement de l’Histoire de l’Europe depuis cent ans, sans connaître l’incontournable ouvrage visionnaire de Bainville « Les conséquences politiques de la paix » ? Va-t-on continuer à laisser remodeler l’Histoire au gré des fantasmes idéologiques, dans un monde où la facilité d’accès aux connaissances et aux bibliothèques devrait au c

  • Histoire longue : constante des peuples et des nations, par Hervé Juvin

    Hier, nous évoquions la nation comme l'une, sinon la première, des conditions de notre survie. ("La nation, voilà la survie !" par Bernard Pascaud). Ceci, après que, lundi dernier, Louis-Joseph Delanglade ait traité des menaces qui pèsent, aujourd'hui, sur la nationalité française (immigration massive, question des binationaux, islamisme radical, etc.).

    Nous donnons aujourd'hui la parole à Hervé Juvin, observateur aux vues larges et néanmoins concrètes des évolutions du monde actuel, qui insiste ici sur un autre aspect des choses : le retour de l'Histoire longue.

    Le monde, analyse-t-il, est, en effet, en train de renouer avec l’Histoire longue, avec les constantes des peuples, ces courants lents et profonds qui déterminent l’Histoire. Hervé Juvin en donne quelques exemples au hasard avant de revenir sur le cas de l’Ukraine et de la Russie (Vidéo - 7'37'').

     

    realpolitiktv

     

    À propos d'Hervé Juvin

    Hervé Juvin

    Hervé Juvin est écrivain et conférencier. Auteur d'essais sur l'économie, la société et la mondialisation, il est spécialiste de la banque et des marchés financiers. Grand arpenteur du monde, il a publié plusieurs centaines d'articles, notamment dans Le Débat (Gallimard), L'Expansion, Agir, et préside par ailleurs une société de conseil aux gouvernements, aux institutions et aux entreprises.

     

  • Histoire • Grands hommes : le choix de Churchill

    Elizabeth II accueillant le couple Churchill

     

    Par Péroncel-Hugoz

    Notre confrère a épluché le texte dans lequel le fameux homme d’Etat britannique sélectionne en toute liberté ses « grands contemporains ».

     

    peroncel-hugoz 2.jpgDans des pages qu’il commença à rédiger dès 1937, le plus connu des chefs de gouvernement de Sa Gracieuse Majesté, et qui fut toute sa vie un monarchiste de conviction, a choisi de distinguer, parmi une vingtaine de figures, seulement trois monarques, face à quatre présidents. 

    Il en a néanmoins profité pour définir la principale raison de son attachement à la royauté héréditaire: « Une dynastie attachée aux traditions du passé et soucieuse d’assurer l’avenir fournit un élément de sécurité à la liberté et au bonheur des nations ».  

    Sur sa lancée royaliste, Churchill s’en prend aux pays qui, « en chassant les monarchies héréditaires ont cru s’engager sur la voie du progrès, mais en réalité sont allés trop loin ». 

    Le Kaiser vaincu

    Parmi les souverains sélectionnés, outre les rois anglais Georges V et Edouard VIII, Churchill ne craint pas de nommer l’empereur allemand déchu en 1918, Guillaume II (1849-1941), cousin des princes britanniques qui contribuèrent à le vaincre et à le détrôner… Churchill estime que l’Histoire ne peut accuser Guillaume II d’avoir oeuvré en vue de provoquer la Première Guerre mondiale. En revanche, le mémorialiste pointe la « jalousie » et le « mépris » du Kaiser pour son parent et pair Edouard VII de Grande-Bretagne. 

    Le second Roosevelt

    Parmi les hommes d’Etat républicains, Churchill a élu le second président Roosevelt des Etats-Unis dans lequel il voit un « explorateur » politique, ayant conçu son action à la Maison-Blanche (1933-1945) « du strict point de vue des intérêts américains ». Les puissances vraiment conscientes de leur force, n’ont que des « intérêts » et jamais de « sentiments » ; la conclusion  de ce profil d’un dirigeant avec lequel Churchill fut en contact direct est une question : « Vaut-il mieux avoir l’égalité au prix de la pauvreté ou le bien-être au prix de l’inégalité ? ». 

    On aura compris que Churchill, en bon aristocrate respectueux des hiérarchies, opta, mais avec discrétion, pour la seconde situation, même s’il a eu la pudeur de ne pas le proclamer Urbi et Orbi. 

    Lawrence d'Arabie 

    Parmi les figures romanesques, quoique également politiques, chères à Churchill, on trouve deux légendes vivantes de l’impérialisme britannique restées debout jusqu’à nos jours : Lawrence d’Arabie (1888-1935) et Rudyard Kipling (1865-1936). Dans le premier, que Churchill rencontra en Angleterre, vêtu à l’arabe, l’homme d’Etat britannique vit surtout l’arabophile exacerbé, attaché à cet émir Fayçal le Hachémite, dont la France républicaine n’avait pas voulu comme roi de Syrie mais dont Londres allait faire un roi d’Irak faible et contesté. 

    Churchill le cynique, le faux jovial, ne cache pas sa compassion pour Lawrence l’arabophile insatisfait auquel il promit qu’il vivrait longtemps dans la conscience nationale britannique au rayon Guerre mais aussi, et peut-être surtout, au rayon Littérature, grâce aux Sept piliers de la Sagesse, son maître-livre. 

    Quant à Kipling, chantre sans complexe de l’Empire britannique, « le plus vaste de tous les temps », Churchill, lui-même colonial dans l’âme, depuis qu’il servit la Couronne aux Indes puis en Afrique-du-Sud, n’en pense pas moins que ce qui survivra, et de l’écrivain et de l’homme d’action Kipling, c’est surtout « le génie de sa plume ». 

    Churchill lui, reste surtout dans la mémoire universelle comme un décideur politique sans jamais le moindre état d’âme, multipliant par exemple les brimades envers son « allié » le général de Gaulle, chef de la France libre réfugié à Londres ou bien abandonnant aux féroces communistes les résistants royalistes yougoslaves en guerre contre l’Allemagne nazie… Les intérêts britanniques avant tout, toujours … 

    Lire: Winston Churchill, Mes Grands Contemporains. Tallandier, 2017. 

    Péroncel-Hugoz

    Repris du journal en ligne marocain le360 du 28.04.2017

  • Fêtera-t-on le Tri-centenaire de la révolution ? Le Livre noir de la Révolution française fait son chemin... (1/3).

          couv7741g_260.jpg                                             Ce livre a d'ores et déja fait du bruit. Les ahurissants propos tenus par un Jean-Clément Martin, Professeur d'Histoire de la Révolution française à l'Université Paris I - Panthéon Sorbonne et directeur de l'Institut d'Histoire de la révolution farnçaise (CNRS) en témoignent. La roue tourne, elle a tourné, et c'est maintenant le camp d'en face qui est sur la défensive. Ses armes ? Mensonges et enormités, comme au bon vieux temps de la Révolution. Deux exemples, tirés du-dit Martin: la Terreur ? "Une invention pure et simple" ! ou: "La Terreur est une arme employée par l'Ancien Régime..."  A quoi "ils" en sont réduits !.....

                Voila pourquoi il faut lire, faire lire et donner un maximum de diffusion à cet ouvrage.

               Jean Tulard l'a brillamment présenté, dans "Valeurs Actuelles" (1), en contrepoint d'une "sorte d'histoire convenue de la Révolution qui négligeait le sang, les massacres, le génocide Vendéen". Et ce livre est écrit non par des polémistes, en vue d'alimenter simplement la polémique, mais bel et bien par des historiens, dans un souci avant tout d'objectivité et de vérité historique....

              Tant pis pour ceux que cela dérange dans leurs douillettes certitudes, tant pis pour le conformisme, et tant mieux pour ceux qui refusent le conformatage des esprits par une vérité officielle, quelle qu'elle soit. Coïncidence: ce livre collectif est sorti au moment même où l'on a ré-édité Jules Michelet. Mais Michelet c'est aussi précisément, au moins pour une bonne part, l'histoire officielle, telle qu'on l'a enseignée pendant si longtemps dans nos écoles, avec ses mensonges, ses omissions, ses travestissements de la Vérité. C'est un bon représentant de cette époque et de cette façon de voir les choses qui a fait dire à des historiens étrangers que l'Histoire de France semblait avoir été écrite par des ennemis de la France. La roue tourne: livres, films, émissions de télévision: on ne présente plus la Royauté comme on l'a fait si longtemps, on remet les choses à leur vraie place. En un mot la Vérité est en train de reprendre droit de cité, et toute sa place: ceci est un fait nouveau, majeur, et qui ne pourra pas rester sans conséquences...

    Place à Jean Tulard...

    (1): Le livre noir de la Révolution Française, Editions du Cerf (2008), 882 pages, 44 euros (poids: 1085 grammes !).

              La chute du mur de Berlin se produisit la même année que la célébration du bicentenaire de la Révolution. La coïncidence était fortuite mais les deux révolutions, la française et la russe, avaient été intimement liées. Albert Mathiez, spécialiste à la Sorbonne de la première, se plaisait à dresser un parallèle avec la seconde, citant Lénine qu’il admirait profondément. Les révolutionnaires russes avaient d’emblée fait référence à la Révolution française, donnant le nom de Marat à l’un de leurs navires.

              Il était donc logique, qu’après un Livre noir du communisme, paru en 1997, suivit un Livre noir de la Révolution française, onze ans plus tard, livre noir rédigé par plus de quarante collaborateurs. N’en attendons pas un réquisitoire passionné contre dix ans de notre histoire, mais une remise en perspective de faits dont la violence parle d’elle-même et la réhabilitation d’idées qui ont été jusqu’à ces dernières années soigneusement occultées.

              Au cœur de l’ouvrage, revenant sans cesse dans les contributions, un mot : la Terreur. Elle symbolise la Révolution. C’est elle qui sauve en 1793 le gouvernement révolutionnaire face à la guerre civile et à la coalition des monarchies européennes. Mais c’est elle qui le condamne aux yeux de la postérité.

              La Terreur a été voulue, pensée et proclamée par le gouvernement révolutionnaire. Elle n’est pas un accident, un dérapage involontaire.

              La Terreur est mise à l’ordre du jour le 5 septembre 1793. Ce jour-là, la Convention, envahie par les émeutiers des faubourgs parisiens, vote l’arrestation des suspects, l’épuration des administrations, la création d’une armée révolutionnaire. La Terreur devient le mode de fonctionnement d’un gouvernement défini comme « révolutionnaire jusqu’à la paix ». La Terreur n’est qu’une politique de circonstance mais qui s’étend à tous les domaines, de la conduite des armées à l’économie, des finances aux arts. Elle donne une cohérence idéologique à des mesures improvisées et sans lien entre elles, et surtout sert de justification à l’élimination brutale des adversaires du gouvernement révolutionnaire.

              En réalité, les instruments de la Terreur avaient été mis en place bien avant le mois de septembre 1793. Chargé de juger des attentats contre la liberté, l’égalité et l’indivisibilité de la République, le Tribunal révolutionnaire, dont les jugements étaient sans appel, date du 10 mars 1793. Les comités de surveillance, qui ont pour mission de découvrir les suspects, sont établis le 21 mars. C’est au cours de ce même mois que l’envoi de représentants de la Convention dans les régions de guerre civile devient systématique.

              Les grands procès politiques débutent en octobre : Marie-Antoinette, les girondins, Philippe Égalité, Bailly, Barnave… sont condamnés à mort et aussitôt exécutés. Hébert célèbre dans son journal, le Père Duchesne, « la sainte guillotine ».

              Il s’agit de "terroriser" au sens propre l’ennemi politique. Déjà, en juillet 1789, les têtes coupées du gouverneur de la Bastille et du prévôt des marchands, portées au bout de piques, avaient semé l’épouvante et paralysé les résistances. Par la suite, les condamnés conduits à la guillotine doivent aller en charrette de la Conciergerie au lieu de l’exécution. Ce trajet dans les rues de Paris dure souvent plus d’une heure. Pourquoi ? Pour faire peur aux opposants. (à suivre.....)

  • La nation française, tentative d'une définition. Partie 1 : Une nation plurielle contre la Nation jacobine, par Jean- Ph

    La prochaine élection présidentielle va-t-elle relancer l’éternel débat sur la nation et sa définition, certains souhaitant substituer au drapeau tricolore l’étendard étoilé de l’Union européenne, tandis que d’autres voient dans ce dernier un véritable blasphème à la République, y compris un Jean-Luc Mélenchon qui y reconnaît une opposition de principe entre nation laïque et Europe chrétienne ?

    jean philippe chauvin.jpgEn fait, ce débat mérite d’être abordé et toujours renouvelé car, par nature, si la nation est un « être », elle est donc également vivante et mortelle à la fois. La nation, dans son acception française « historique » (ce dernier qualificatif devant être bien distingué de celui d’hystérique), celle qui précède l’idéologique chère aux jacobins des années révolutionnaires, n’est pas un absolu « fini » et indépassable, mais, bien au contraire, une médiation au monde et au temps pour ceux qui y appartiennent et en sont le corps démographique et civique. Et elle n’est pas non plus un « bloc » mais un ensemble pluriel, une marqueterie de communautés et de personnes, dont les identités se superposent et se croisent, voire se mêlent et s’emmêlent, dans la maison commune de la nation française.

     

    Fruit d’une histoire politique fort mouvementée, la nation française apparaît comme une unité politique et géopolitique organisée par (et autour de) l’État central qui, au fil des siècles, se transformera en État centraliste après avoir été centralisateur quand il n’était, à l’origine, que le centre dominant et ordonnateur, plus ou moins efficace au Moyen âge, et s’incarnant dans un roi, d’abord suzerain féodal avant que de devenir souverain national. Quand la Monarchie s’est voulue fédératrice et fédérative, la République se pensera immédiatement comme centraliste, et les Girondins, qu’une lecture un peu rapide de la Révolution française oppose aux Jacobins, ne seront pas moins centralisateurs que les autres futurs bonapartistes, même si leurs racines provinciales pouvaient les amener à critiquer certains excès de la centralisation en cours. Mais tous les partisans de la Révolution transformée en République considèrent la nation comme un bloc « Un et indivisible » et renient les provinces, découpées en départements (en décembre 1789) dont l’artificialité correspond à une volonté de simplification administrative, cette dernière devant faciliter l’exercice de la souveraineté d’une « volonté générale » concentrée dans les assemblées parisiennes.

    Ainsi, il faut bien distinguer la Nation avec majuscule de la nation au sens ancien (et nôtre…) ou, plutôt, au sens historique du terme, une nation qui n’a pas besoin de majuscule pour être et durer… La « Nation » est plus une idéologie qu’une réalité historique et politique : les Jacobins en feront même un mythe et un système tout à la fois, au risque de la couper des racines fondatrices de la France, et la négation chez les plus républicains des fondations capétiennes, négation traduite par la formule anhistorique « la France est née en 1789 », se marquera par l’adoption (temporaire) d’un calendrier commençant à la chute de la Monarchie en 1792 ! Or, remarqueront les historiens, l’on ne peut parler de Révolution française que parce que, justement, il y a une France préexistante à cet événement révolutionnaire. C’est la Troisième République qui, plus intelligemment que les partisans de la Première, réintégrera (récupérera ?) l’histoire ancienne de la France, en effaçant dans le même temps les histoires particulières des provinces de France, comme si elles n’avaient jamais existé indépendamment de la France. Ainsi, depuis Jules Ferry, les écoliers bretons n’apprennent rien du passé de leur propre terre avant la duchesse Anne de Bretagne et le rattachement du duché au royaume de France, à la fin du XVe siècle. Au nom de cette même conception de la « Nation majusculaire », les langues de France non-francophones furent implacablement chassées des lieux d’enseignement et de l’histoire même de la France, jusqu’à disparaître (ou presque) des paysages sonores de nos villes et campagnes. Cette épuration linguistique et historique se fit au nom d’une conception uniformisatrice et égalitariste, loin de la souplesse monarchique et de sa prise en compte, parfois complexe et controversée, des identités et des traditions locales.

     

    (à suivre)

    Source : https://jpchauvin.typepad.fr/

  • Histoire • Marie-Thérèse d’Autriche

     

    par Anne Bernet

     

    938307326.pngPour un Français, peu de noms émergent de la longue liste des souverains Habsbourg et, leur poserait-on la question, sans doute serait-ce celui de Marie-Thérèse qui leur viendrait d’abord à l’esprit. Peut-être parce que l’impératrice, épouse d’un duc de Lorraine, fut la mère de Marie-Antoinette et qu’elle exerça sur sa fille, comme sur tous ses enfants, -elle en eut seize- une influence fâcheuse. Montée sur le trône en 1740, la jeune femme n’avait pas été préparée à régner par son père, Charles VI, qui espérait la naissance d’un fils et négligea l’éducation politique d’une princesse prête à hériter d’un empire amputé de l’Espagne, revenue aux Bourbons, et d’une partie de ses territoires italiens et balkaniques. Si la France demeurait hostile, le vrai péril venait désormais de la Prusse de Frédéric II. Les premiers mois du règne furent désastreux, au point que tout sembla perdu. Mais Marie-Thérèse fit face, avec une détermination étonnante. Lorsqu’elle s’éteignit, en 1780, elle avait préservé ses possessions et, au prix de retournements d’alliances spectaculaires dont elle fut l’unique bénéficiaire, repris sur la scène internationale une place prépondérante. Pour y parvenir, elle avait froidement sacrifié sa progéniture, fidèle à la devise ancestrale : « les autres font la guerre ; toi, heureuse Autriche, marie-toi ! »

    Jean-Paul Bled donne de la vie et de l’œuvre de l’impératrice une analyse remarquable, qui éclaire toute l’histoire du XVIIIe siècle. Travail d’autant plus nécessaire qu’il n’existe pratiquement aucune biographie française de ce personnage crucial. 

    Marie-Thérèse dAutriche, de Jean-Paul Bled, Perrin Tempus. 

    Politique magazine -  Consulter ... S'abonner ...

  • HISTOIRE & TRADITIONS • TRESOR … TRESOR DES ARCHIVES FAMILIALES

     

    3578948983.jpgLe représentant d'une famille royaliste, de bonne roture haut-provençale, et qui demande à conserver l'anonymat, est venu récemment à Marseille nous montrer quelques petits « trésors » conservés dans le coffre de sa maisonnée. Au premier chef une pièce de monnaie en argent datée 1831, d'une valeur de 1 franc, à l'effigie du jeune Henri V (1821-1883), plus connu sous ses titres de duc de Bordeaux ou de comte de Chambord (le château de François 1er lui avait été offert par souscription nationale) car il ne régna jamais effectivement.

    De Charles X à Henri V

    L'existence de cette pièce de monnaie qui n'eut jamais cours, s'explique par l'action de légitimistes au sein de la Monnaie royale, après la Révolution de 1830, laquelle avait chassé de France le roi Charles X et sa famille, dont le petit Henri V, en faveur duquel le vieux monarque avait abdiqué. Lesdits légitimistes croyaient à une restauration bourbonienne, et il y eut d'ailleurs, en 1832, l'héroïque et malheureuse  expédition de la duchesse de Berry, mère d'Henri V, expédition commencée dans une crique à l'ouest de Marseille.

    Fidèles Henriquinquistes

    Ces espoirs ne se concrétisèrent pas et la branche Orléans des Bourbons resta sur le trône, en la personne de Louis-Philippe 1er, jusqu'à la Révolution de 1848. Beaucoup de fidèles henriquinquistes, dont, dit-on, les parents de Jean Jaurès, conservèrent précieusement une de ces pièces qui n'eurent jamais cours. La collection de Raymond JANVROT (1884-1966), entièrement consacrée à Henri V, et toujours montrée à Bordeaux, au Musée des Arts décoratifs, dans une section à part, comprend plusieurs de ces monnaies « illégales ». Cette section vaut la visite.

    Héritier légitime

    Autre petit trésor politico-sentimental dans les tiroirs de la même famille haut-provençale, cette médaille en cuivre rouge, à l'effigie du roi Louis-Philippe mais donnée par son petit-fils, le comte de Paris (1838-1894), qui faillit régner en 1848, dans le cadre d'une régence et qui, plus tard, fut reconnu comme héritier unique et légitime, par Henri V, qui n'avait pas de postérité.

    m__dailles royales - Copie.jpg

    Orphéon : un mot du XVIIIème siècle

    Ladite médaille fut donnée par le jeune prince le 21 mars 1847, moins d'un an avant la date fatidique du 24 février 1848; donnée à un orphéon, c'est-à-dire une fanfare qui s'était produite devant lui. Le mot « orphéon », apparu en France en 1767, fut très en vogue au XIXème siècle, par référence à la figure de la mythologie grecque, Orphée, dont la voix et la lyre charmèrent aussi bien les Sirènes que Cerbère.   •