UA-147560259-1

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Rechercher : Rémi Hugues. histoire & action française. Rétrospective : 2018 année Maurras

  • D'accord avec Mathieu Bock-Côté : Soljenitsyne n'était pas un libéral !

     

    blue-wallpaper-continuing-background-wallpapers-bigest-images - Copie.jpg

    Également dans le Figaro, Soljenitsyne a été défini comme « conservateur libéral » (Chantal Delsol). Cette tribune de Mathieu Bock-Côté n'est certes pas une réponse à cette affirmation à tous les sens du mot hasardeuse. Mais sa réflexion au fil des lignes et des idées conduit à une tout autre compréhension de la pensée du grand Russe. Beaucoup plus profonde et plus juste selon nous. [Le Figaro, 23.11]. Nous faisons suivre cette tribune du discours intégral d'Alexandre Soljenitsyne aux Lucs-sur-Boulogne - en 1993, il y a 25 ans - où il dit le fond de sa pensée sur toute forme de révolution. LFAR

     

    tile00x02.jpg

    La commémoration des 100 ans de la naissance de Soljenitsyne permet de revenir sur une existence qui a incarné de la manière la plus exigeante qui soit la figure de la dissidence au XXe siècle.

    Elle permet aussi de revisiter l'œuvre d'un homme qui a théorisé la résistance au totalitarisme, en décryptant de quelle manière il pervertit l'âme humaine et déstructure les repères fondamentaux de la conscience. Soljenitsyne ne s'imaginait pas en lutte contre une forme radicalisée de la dictature mais contre un régime politique inédit, broyant la part la plus intime de l'être humain.

    On le sait, pour Soljenitsyne, l'institutionnalisation du mensonge est la marque distinctive du totalitarisme. Orwell l'avait noté, il veut forcer l'homme à dire que 2 + 2 = 5. À la manière d'un régime idéocratique, il pose une vérité officielle, à laquelle tous doivent souscrire, surtout lorsqu'elle est contraire à la vérité effective des choses. Le totalitarisme oblige l'homme à dire le contraire de ce qu'il pense, et même le contraire de ce qu'il voit. Plus encore, il doit le dire avec enthousiasme. Devant les savants officiels du régime,il doit répéter les «vérités» décrétées, même si, au fond de lui-même, il lui arrive encore de les savoir fausses. Milosz avait noté que ce dédoublement de l'être provoque une forme de schizophrénie.

    « La piété, qu'elle soit patriotique ou religieuse, n'est pas l'ennemie de la liberté : elle peut même l'alimenter »

    La première forme de résistance au totalitarisme consiste alors à oser dire la vérité, en appelant un chat un chat. Mais où trouver la force pour résister au totalitarisme? Comment tenir devant un dispositif qui prétend confisquer le sens de l'histoire et qui ne veut voir dans ses opposants que le bois mort de l'humanité ou des résidus historiques insignifiants? Pourquoi lutter quand on en vient à se croire vaincu d'avance? La dissidence n'est-elle qu'un témoignage moral sacrificiel à classer sous le signe du martyre? C'est ici que Soljenitsyne se distingue: l'écrivain n'a jamais douté de sa victoire. Même en exil, il était persuadé de pouvoir un jour revoir son pays libéré et ayant renoué avec ce qu'on appellerait aujourd'hui son identité.

    Plusieurs l'ont noté, la philosophie de Soljenitsyne était ancrée dans un patriotisme russe et une foi orthodoxe profondément enracinés - elle ne se réduisait pas à un libéralisme fade, étranger à la transcendance, enfermant l'homme dans une conception aussi matérialiste qu'horizontale de l'existence. Si on préfère,elle s'enracinait à la fois dans un ensemble de traditions nationales et religieuses, comme ce fut souvent le cas dans la dissidence des nations d'Europe de l'Est, qui conjugua le plus naturellement du monde identité et liberté. La piété, qu'elle soit patriotique ou religieuse, n'est pas l'ennemie de la liberté: elle peut même l'alimenter.

    Le totalitarisme entend soumettre l'homme intégralement, pour fabriquer ensuite l'homme nouveau à travers le contrôle complet de tous les mécanismes de socialisation. Mais l'homme n'est pas intégralement manipulable. Sa naissance dans une nation historique particulière qui demeure pour lui une source précieuse d'identité et sa quête spirituelle qui le pousse vers les fins dernières révèlent une nature humaine que le pire ordre social ne peut jamais complètement écraser et à partir de laquelle l'aspiration à la liberté peut rejaillir. La conscience de sa filiation comme celle de sa finitude fondent paradoxalement pour l'homme la possibilité de sa liberté. C'est parce qu'il était rattaché au monde par les racines les plus profondes et par ses aspirations les plus élevées que Soljenitsyne a su résister au communisme.

    « Soljenitsyne l'avait vu avant tout le monde : l'Occident n'est pas lui-même immunisé contre le totalitarisme »

    Soljenitsyne l'avait vu avant tout le monde: l'Occident n'est pas lui-même immunisé contre le totalitarisme. La démocratie contemporaine en reconduit certains schèmes à travers le fantasme d'une pleine maîtrise du vivant ou de l'existence sociale, où se laisse deviner encore une fois la figure de l'homme nouveau, qu'on voudrait aujourd'hui sans sexe, sans parents, sans patrie, sans religion et sans civilisation. Il est bien possible que nos traditions les plus profondes soient encore une fois celles qui nous permettront de résister à l'hubris d'une modernité qui assujettit l'homme en prétendant l'émanciper.

    Et comme on lisait hier la Pravda en apprenant à la décoder, on lit aujourd'hui entre les lignes de certains journaux pour décrypter la part du réel que le régime diversitaire ne peut dévoiler sans se fragiliser. Qu'il s'agisse de l'idéologie du genre, du multiculturalisme qui déracine les peuples et les expulse mentalement de chez eux en diabolisant le désir d'avoir un chez-soi ou de la névrose du politiquement correct qui enferme le monde de la pensée dans un monde parallèle, fondé sur la falsification du réel, il faudra aussi retrouver le courage de dire la vérité.  

    Mathieu Bock-Côté 

    À lire aussi dans Lafautearousseau ...    

    D'accord avec Arnaud Guyot-Jeannin : Soljenitsyne n’était pas un conservateur libéral, mais un antimoderne radical !   
    Le-nouveau-regime.jpgMathieu Bock-Côté est docteur en sociologie, chargé de cours aux HEC à Montréal et chroniqueur au Journal de Montréal et à Radio-Canada. Ses travaux portent principalement sur le multiculturalisme, les mutations de la démocratie contemporaine et la question nationale québécoise. Il est l'auteur d'Exercices politiques (éd. VLB, 2013), de Fin de cycle: aux origines du malaise politique québécois (éd. Boréal, 2012) et de La dénationalisation tranquille (éd. Boréal, 2007). Ses derniers livres : Le multiculturalisme comme religion politiqueaux éditions du Cerf [2016] et le Le Nouveau Régime (Boréal, 2017). 
  • Livres • Cicero redivivus

     

    Par Hilaire de Crémiers

     

    1841978860.5.jpg

    Jacques Trémolet de Villers a la plume aussi agile et plaisante que la parole. Et, comme sa parole, sa plume sait se faire aussi sérieuse qu’agréable.

    Dramatiquement claire aussi quand il le faut ! Ainsi de son Procès de Jeanne d’Arc, publié en 2016 aux Belles Lettres, où l’avocat n’intervenait dans la défense de son héroïne que pour mieux la comprendre, l’aimer et l’admirer.

    Marcus Tullius Cicero

    De même aujourd’hui, encore aux Belles Lettres, évoque-t-il, dans tous les sens du terme – une évocation, ce n’est pas rien ! – juridique aussi bien que magique et psychologique, la personne, l’âme vivante de Cicéron. Elle apparaît et s’exprime grâce aux charmes enchanteurs du subtil avocat qui se met à l’école de son prestigieux prédécesseur. L’homme s’explique devant le tribunal de l’histoire, celui des hommes et des dieux ; mais, au-dessus de tout, devant le Jupiter supremus, ce Deus optimus maximus, dont la présence – lumière et puissance selon l’étymologie – surplombe la philosophie et le drame antiques – même la comédie, cher Plaute ! Cicéron vient nous redire ainsi la haute raison qui guidait sa vie et, tout simplement, avec ses propres mots, il vient se dire lui-même.

    Son talent avait dominé les siècles ; la latinité chrétienne en était imprégnée. Jérôme le savant et l’ascète se confessait en gémissant plus cicéronien que chrétien et Macrobe en faisait une sorte de chrétien avant l’heure. Le XVIe siècle y puisait son phrasé ; le XVIIe se coulait dans son rythme ; nos grands-pères y cueillaient leurs humanités et savaient leur Pro Milone par cœur. Et puis ce fut une mode de le décrier ! Taisons les noms de ses contempteurs qui nous sont si familiers et qui lui reprochaient ce qu’on pourrait appeler son tempérament conservateur dont, certes, il n’était pas dupe – sa correspondance en témoigne. Par détestation des aventures personnelles – c’est de tous les temps – qui usurpent et ensanglantent la légitimité politique, celle qu’auraient dû incarner les optimates, il se refusa à envisager, à discerner, à voir – bien malgré lui – l’heureuse issue possible du principat, cette monarchie si nécessaire, si salutaire pour sortir Rome des maux de la République qui n’était plus qu’une guerre civile permanente dont d’ailleurs, il périt, fort noblement pour lui, fort ignoblement pour ses assassins.

    Pierre Grimal avec justice rétablit l’homme qui fut l’un des plus cultivés de son temps et qui rassembla dans son esprit tout l’héritage hélleno-romain, dans son statut de Romain, de plus romain des Romains.

    L’amitié romaine

    XVM825c3e2e-7609-11e8-9988-c6152e0685ac.jpgEt voici que Jacques Trémolet de Villers (photo) en refait un modèle. Pour aujourd’hui. Et c’est pourquoi il l’évoque et Marcus Tullius Cicero se rend à cette évocation avec cette bonté et cette magnanimité qui le caractérisent. L’orateur répond à l’orateur comme dans le De oratore ; la disputatio se met en forme comme dans le De Republica et le De officiis. Sommes-nous à Tusculum, dans la villa du maître ou dans celle de son ami Crassus, l’avocat, l’autre grand orateur du temps, quand ils discutaient des pensées et des paroles des hommes – à l’époque, c’est tout un : penser, parler, agir – pour en mieux cerner le divin secret ? Eh bien non, nous sommes à Vivario, dans les montagnes corses, à l’heure des soirées estivales quand le ciel favorise toutes les poésies de la terre, majoresque cadunt altis de montibus umbrae.

    Cicéron se rend au rendez-vous que lui fixe chez lui Jacques Trémolet de Villers ! Quelques grandes ombres le suivent. Scipion en est, évidemment, pour redire son songe.

    Les habitants de Vivario sont autour des tables où se boit l’apéritif ; ils ajoutent leurs remarques. Le bon sens d’un village corse rejoint la plus belle latinité.

    L’homme est fait pour l’amitié, c’est la leçon des siècles ; et, en dépit de tout, malgré les folies furieuses qui ravagent les sociétés humaines, c’est l’amitié qui constitue le fondement de toutes les unions, les plus sacrées comme les plus utiles, car l’amitié est faite pour le Bien, même si le bien est difficile à réaliser ; lui seul donne du sens à la vie, ut virtus ad beate vivendum sit se ipsa contenta – la vertu se suffit à elle-même pour réaliser la vie heureuse – ; et nous voici grâce à cette réflexion philosophique chez les Grecs, dans ce platonisme fortement teinté de stoïcisme romain, mais très humain, où se complaisaient Cicéron et les meilleurs de son temps. Cette quête du Bien conjoint heureusement les finalités de l’homme et de la cité, l’homme – et surtout l’homme politique – œuvrant pour la chose commune, cette « république » qui se doit d’être conforme à toutes les règles de la sagesse divine et humaine, au point que la cité terrestre ne saurait être – pour qui pense justement – que le palier d’une cité céleste qui en espérance ne peut manquer d’exister.

    Jacques Trémolet de Villers en faisant parler Cicéron a su exprimer la naturelle harmonie de cette raison si humaine qu’elle en est plus qu’humaine et qui est en surnaturelle attente d’immortalité et d’éternité, dans ce demi-siècle qui précéda la venue sur terre, en une incarnation charnelle et temporelle, du Logos divin, Maître de toute sagesse.

    Nous le savions : « Les pas des légions avaient marché pour lui. »

    Cicéron, aussi et à sa manière, avait parlé pour Lui !  ■   

    62566.1531792824.jpg

    En terrasse avec Cicéron, Jacques Trémolet de Villers, Les Belles Lettres, 160 p, 15,90 € 

    Hilaire de Crémiers

  • Le comte de Paris donne sa position sur la question européenne dans Marianne

    Visuel La Couronne

    Le chef de la Maison de France s'est exprimé une nouvelle fois dans la presse nationale. A la veille des élections européennes, il vient de publier dans Marianne une tribune intitulée Nos enjeux européens.[13.05] Il convient de lire son analyse avec attention de façon à en discerner les lignes de force. Parmi ces dernières, nous relevons que l'Europe ne peut consister qu'en « des relations de coordination entre nations souveraines  et non des rapports de subordination » et qu'elle ne peut exister sans l'assentiment populaire. « Les problèmes structurels de l’Union européenne se sont aggravés » constate le Prince parce qu'elle a ignoré ces deux conditions. Une réflexion riche de sages enseignements. Dans la tradition capétienne.  LFAR   

    portrait-2.jpg« Je tiens à faire part aux Français, engagés ou non dans cette campagne, des réflexions que m’inspire la tradition millénaire que j’incarne. »

    La campagne en vue des élections au Parlement de Strasbourg mêle les considérations sur l’avenir de l’Union européenne et les affrontements entre les formations politiques de notre pays. Ma vocation à l’arbitrage dans le souci primordial du bien commun et de l’unité du pays me place au-delà des affrontements partisans. Je n’en méprise pas l’importance pour la vitalité de notre système politique mais je tiens à faire part aux Français, engagés ou non dans cette campagne, des réflexions que m’inspire la tradition millénaire que j’incarne.

    Français de toutes religions, classes et origines, nous appartenons à la même nation souveraine. Nous n’avons pas à revendiquer cette souveraineté, qui est une réalité historique et juridique. Depuis le roi de France se proclamant "empereur en son royaume" jusqu’au Préambule de notre Constitution réaffirmant que "le principe de toute souveraineté réside essentiellement dans la nation", la France n’a cessé de défendre son indépendance - dont nous avons si souvent et si durement payé le prix.

    Quand nous étions un royaume et depuis que nous sommes devenus une nation, dans les tourmentes de l’histoire mais toujours avec l’État sous la forme de la monarchie royale, du régime d’Assemblée puis de la monarchie élective, nous n’avons jamais conçu notre souveraineté dans l’isolement. Hormis la parenthèse napoléonienne, la France s’est toujours pensée et voulue comme partie prenante du concert des nations ; par ses alliances et à défaut par la guerre, la France a toujours cherché à préserver ou à rétablir l’équilibre européen face aux volontés de puissances hégémoniques.

    Tandis que notre pays renforçait son État selon une conception rigoureuse de la souveraineté au sortir des guerres de Religion, Henri IV et Sully imaginaient le premier projet de confédération européenne fondé sur l’égalité des États qui en seraient membres. Aujourd’hui, l’Union européenne se définit comme un ensemble de nations également liées par des traités qui ne sauraient établir que des relations de coordination, à repenser sans cesse, et non des rapports de subordination. Au sein de cette Union, des intérêts communs sont poursuivis mais les États-membres ne cessent néanmoins d’y défendre, avec plus ou moins d’intensité et toujours sous forme de compromis, leurs légitimes intérêts nationaux.

    Comme ses partenaires, la France a souverainement consenti des délégations de compétences, notamment dans les domaines de l’agriculture, du commerce et de la monnaie. Nos gouvernements successifs espéraient pouvoir contrôler ces délégations tout en entretenant la fiction d’un "Parlement" pourtant dépourvu de pouvoir législatif, et tout en acceptant, au mépris de la séparation des pouvoirs, une Commission qui est un organe exécutif disposant de l’initiative législative. Depuis 2007, les problèmes structurels de l’Union européenne se sont aggravés :

    Le traité de Lisbonne est la copie conforme, à quelques détails près, du "Traité constitutionnel" rejeté par les peuples français et hollandais. Le "déficit démocratique" que mon grand-père déplorait après le traité de Maastricht s’en est trouvé considérablement accru.

    La zone euro, en vérité un système rigide de taux de changes fixes, s’est instituée de manière autonome au sein de l’Union. Elle fonctionne la plupart du temps selon les injonctions du gouvernement allemand, selon les choix d’une Banque centrale totalement indépendante des Etats, et selon les décisions de l’Eurogroupe, structure dont le caractère "informel" a été reconnu par traité en 2009. Cela signifie que ces trois organes de décisions sont hors de contrôle des États-membres qui se retrouvent tous peu ou prou intégrés dans des mécanismes régis par des groupes d’experts.

    Les politiques menées au nom de l’Union ne produisant pas les effets annoncés ou correspondant de moins en moins à la volonté des peuples, il n’est pas surprenant que la plupart d’entre eux, en réponse aux multiples crises qu’ils doivent affronter, souhaitent s’en affranchir et reprendre le plein exercice de leur souveraineté nationale.

    Le référendum aboutissant au Brexit est l’exemple le plus frappant et l’Allemagne n’a quant à elle jamais hésité à faire prévaloir les règles qui lui conviennent dans l’ordre économique et monétaire par le biais du nouveau traité signé en 2012 et par son influence politique, tandis que les gouvernements français, de droite comme de gauche, continuent à œuvrer en faveur d’une "construction européenne" prétendument supérieure aux nations.

    Je vois dans la confusion bruxelloise des pouvoirs et dans cette "gouvernance" bureaucratique indifférente à l’affaiblissement économique et industriel de nombreux pays et aux souffrances sociales endurées par de nombreux peuples, les causes immédiates de la grande colère qui porte au rejet d’une "Europe" d’ailleurs fort réduite par rapport au continent européen.

    Malgré les invocations rituelles à Jérusalem, à Athènes, à la Rome ancienne et à la Rome chrétienne, aux Lumières et à l’universalisme, l’Union n’a pas la politique de justice que devrait lui inspirer la pensée européenne. Elle organise la compétition entre les peuples, elle favorise le morcellement des nations, elle prive les États des moyens leur permettant de conduire des politiques publiques qui pourraient porter remède à nos multiples fractures sociales et territoriales. Elle néglige la culture européenne, conservant aux moindres coûts un patrimoine monumental dont elle a perdu le sens. Comment pourrait-elle se faire aimer ? 

    20160427152446!MARIANNE_LOGO.png
     

     

  • Les européennes, le referendum dont Macron ne voulait pas

     

    296519203 - Copie.jpgUne tribune de Régis de Castelnau

    Nous savons les idées de Régis de Castelnau éloignées des nôtres. Peut-être bien opposées sur de nombreux sujets. Mais nous trouvons fort à propos les réflexions qu'il vient de publier dans Causeur [22.05]. Même si nous devrions en discuter ou rejeter un certain nombre.  LFAR   

     

    3957877889.jpg

    Voulez-vous oui ou non faire battre Emmanuel Macron ?

    Les élections européennes sont massivement considérées par les Français comme sans intérêt. Il est vrai que leur portée institutionnelle et opératoire est indiscernable.

    Le fonctionnement de la formidable usine à gaz qu’est devenue l’Union européenne reste tout à fait opaque, et ne persiste que le sentiment confus d’avoir affaire à une bureaucratie lointaine, où le parlement élu au suffrage universel n’est là que pour faire joli. Et comme d’habitude on va aller voter, ou pas, pour des raisons de politique intérieure. Et cette fois-ci, les enjeux du scrutin du 26 mai prochain sont sur ce point particulièrement intéressants.

    Ce que révèlent les européennes

    Revenons sur celui du 25 mai 2014 pour rappeler que le Front national y fut premier avec près de 25 % des suffrages exprimés, laissant l’UMP quatre points derrière et le PS à 14 %. Si cette « victoire » du FN, contrairement aux avertissements des Cassandre, n’a pas abouti à l’instauration d’un régime fasciste dans notre pays, elle a eu d’importantes conséquences politiques. Se sont imposées alors plusieurs évidences.

    Tout d’abord que la catastrophe Hollande rendait impossible sa réélection. Ensuite que Marine Le Pen serait au deuxième tour de la présidentielle 2017, mais ne pourrait l’emporter au deuxième. Que le candidat de droite qualifié avec elle serait assuré d’être président. Il fallait donc se préparer, et pendant que l’UMP, qui avait pourtant un boulevard devant elle, trouvait astucieux d’organiser une primaire imbécile, les grands intérêts représentés par l’alliance de la haute fonction publique d’État et de l’oligarchie économique mettaient semble-t-il en branle le processus qui allait aboutir à l’installation d’Emmanuel Macron à l’Élysée.

    Des élections nationales

    Nous ne reviendrons pas en détail sur ce qui s’est passé, mais cette illégitimité initiale a évidemment nourri aussi la crise politique et institutionnelle très grave que connaît la France depuis maintenant six mois. Elle voit un président solitaire mener une politique contraire aux intérêts du pays, brader son patrimoine, instrumentaliser justice et police pour protéger ses amis et mettre en œuvre une répression sans précédent depuis la guerre d’Algérie. Sans oublier le plus inquiétant : l’instauration systématique de dispositifs répressifs portant atteinte aux libertés publiques fondamentales.

    C’est bien dans ce contexte national qu’interviennent les prochaines élections européennes. Qui auront pour seul enjeu politique la réalisation d’un sondage grandeur nature et la cristallisation d’un rapport de force politique en France. Emmanuel Macron, se jetant personnellement dans l’arène, a consacré le caractère binaire du choix, où le verdict au soir du 26 mai sera simple pour lui : gagnant ou perdant.

    Le Rassemblement national en Marche ?

    Soit la liste dirigée par la calamiteuse Nathalie Loiseau termine première, et dans ce cas le président de la République se sentira renforcé et légitimé pour reprendre de plus belle la politique mise en œuvre depuis deux ans – avec poursuite du démantèlement de l’État-providence, aggravation de la crise sociale et dérives liberticides.

    Soit la liste LREM est seconde ou – on ne sait jamais – troisième, et dans ce cas Emmanuel Macron essuiera une vraie défaite. Rapport de force, perspectives nouvelles et étape franchie dans la marche pour effacer les conséquences de l’opération de 2017, et fermer le plus tôt possible la parenthèse de l’installation au sommet de cet homme.

    Essayons d’imaginer les conséquences politiques d’une telle situation. Il n’y a pas actuellement de front anti-Macron et c’est bien le problème. S’il s’agit de le constituer, le Rassemblement national (RN) est et restera une force incontournable. Certes, il y a l’objection non négligeable selon laquelle le RN et Macron seraient des jumeaux symétriques, et que le président, rêvant de rejouer avec son meilleur ennemi le match de 2017 en 2022, ferait tout pour le mettre en avant.

    En est-on si sûr ? N’est-ce pas là enrober ses échecs des formules consolatrices ? Car enfin, si le pouvoir, comme l’avait fait François Mitterrand avec le Front national en 1983, cherchait à valoriser le Rassemblement national, on en trouverait quelques traces. Or, que constate-t-on, sinon le traitement judiciaire pas vraiment tendre infligé au RN par la justice. À base de convocations chez le psychiatre, de saisies des dotations d’État, de perquisitions et collections de mises en examen qui relèvent d’un singulier acharnement. Notons aussi la confortable mansuétude judiciaire dont semblent bénéficier les amis d’Emmanuel Macron.

    Quelle défaite pour Emmanuel Macron ?

    Il y aurait ensuite une différence majeure entre 2017 et 2022 avec une offre similaire. Macron a révélé son projet de dévastation sociale, de liquidation de la souveraineté et de répression des libertés. Le peuple français en a fait l’expérience. Tout le monde sait bien, Marine Le Pen et ses amis en tête, qu’elle ne peut l’emporter dans cette configuration, sauf avec la constitution d’un rassemblement qui serait tout autre chose que le RN tout seul. D’ici 2022, reclassements et changements sont inéluctables.

    Alors comment se présente le scrutin du 26 mai pour ceux qui combattent la politique du président de la République ? Comme un choix à deux branches :

    Faut-il voter contre Macron ? Si oui, n’importe quel choix hors de LREM fera l’affaire.

    Faut-il battre Macron ? Le mettre en minorité et lui faire subir une lourde défaite politique, porteuse d’avenir ? Dans ce cas il n’y a pas 36 solutions…

    Front républicain ?

    S’il reste – en termes de fonctionnement et d’organisation – une épicerie familiale déplaisante, le RN, tout en n’étant pas un parti de masse, bénéficie d’un électorat populaire solide. Qui représente un Français sur quatre, voire sur trois. Ce sont ceux-là qui comptent et il serait peut-être opportun d’arrêter de les insulter et de les diaboliser pour commencer à les écouter. Et aussi à leur parler.

    Ceci n’est pas un appel à voter pour la liste conduite par Jordan Bardella, ni un ralliement à un mouvement ou une renonciation au « no pasaran » qui a structuré les engagements d’une vie. Pas même une information sur ce que fera l’auteur dans l’isoloir. Mais un appel à la réflexion à partir de l’exposé de la réalité d’une situation politique particulière, conséquence de l’opération de 2017. Faut-il choisir de refuser cette évidence ? De faire d’un aveuglement une vertu cardinale ? Est-il vertueux de s’inventer des périls imaginaires pour ne pas affronter des menaces bien réelles ? Il vaut mieux participer au combat de l’époque en se donnant les moyens de le livrer. Ce n’est qu’à cette condition que l’avenir politique reste ouvert. Le 26 mai il ne s’agira pas de voter contre Macron, mais bien de battre Macron. Ce qui nous engagera ensuite, assurés de nos priorités, de construire une force qui évite aussi bien un ralliement au RN qu’une sortie de l’histoire politique.   

    Régis de Castelnau
    Avocat
  • « Tout va basculer ! ». L'Europe de Nathalie Loiseau a vécu ...

     

    580234331.2.jpg

    « Le monde actuel : le face à face des puissances. L'Europe ne peut se construire que sur les peuples, les nations, les États »

    Il fallait entendre,  jeudi soir (4 avril), autour de minuit, lorsque son tour fut venu, Nathalie Loiseau prononcer sa conclusion à la fin du grand débat de lancement de la campagne des européennes, sur France 2. Organisé, soit dit en passant, dans les formes terriblement contestables qu'on connait.  

    Nathalie Loiseau parle ... La succession des phrases apprises par cœur a comme toujours en pareil cas un air de récitation inconvenante. Cette parole artificieuse égrène la mécanique des arguments de telle sorte qu'ils ne peuvent guère convaincre, fussent-ils justes ... Ils ont été trop rabâchés et cette intellectuelle hors normes n'en a pas trouvé de nouveaux. L'écoute en devient ennuyeuse. dérangeante. Sans compter le phrasé monocorde. Y-t-il au moins un fond ? Ne sont-ce que des mots creux ? 

    Nathalie Loiseau porte la parole majoritaire au parlement. Minoritaire dans le pays. Si c'est un honneur, c'est un honneur redoutable. Elle exprime surtout la pensée présidentielle. Celle des oligarques hors sol et des élites mondialisées.  

    CarteRoutesdelaSoie.jpg.560x300_q85_box-0,146,5501,3088_crop_detail.jpgJustement, mondialisation, globalisation : où en est-on ? Nathalie Loiseau se rend-elle compte de ce qu'elle va dire ? Les arguments s’enchaînent, dont la mécanique l'entraîne. Mais aussi celle des mots. Pourquoi l' Europe est-elle si indispensable ? Pourquoi les États-nations n'ont-ils plus la taille pertinente ? Pourquoi vouloir une «  Europe-puissance » ? Qu'importe qu'elle ne puisse l'être que par la taille, la masse inerte, et non par la cohésion, la volonté, la dynamique d’un patriotisme ! L'Europe, il la faut à tout prix. Parce qu’elle doit faire front. Front commun. Contre qui ? Et là les «  face à » se succèdent. «  Face à la Chine ». «  Face aux Etats-Unis ». «  Face à la Russie ». « Face aux GAFA ». Quoi encore ? Elle pourrait ajouter quelques autres vraies puissances, c'est à dire nationales. Pourquoi pas «  Face à l'Inde » ? « Face au Japon » ? Cela fait beaucoup de face à face. Et beaucoup de monde. Le monde ... Tel qu’il est. 

    87d15281-7b63-475e-bc79-23e2472dc735.jpgNathalie Loiseau ne mesure pas qu'elle sonne ainsi le glas des idéologies, des artefacts institutionnels ou autres, des illusions, sur lesquels le monde a été sommé de vivre depuis 1945 et bien davantage encore depuis l'effondrement du bloc communiste autour de 1990. De quoi sonne-t-elle le glas ? La mondialisation ou globalisation, le multilatéralisme, l'embryon de gouvernance mondiale - façon Attali - que l'on croyait constituer et que l'on ne tarderait pas à «  finaliser » ... En bref, la fin de l'Histoire que l'on avait actée. L’avènement du Grand Marché globalisé. Et tout cela se conclut par de classiques « face à face ».  C'est le constat de Nathalie Loiseau. Le monde n'est plus constitué de sages « partenaires » parfaitement humanistes, œuvrant au Bien Commun Universel, se réunissant pour cela, mais bel et bien par des « concurrents ». Cela change les choses. Cela sonne aussi le glas de tout futur G20 qui maintiendrait ses prétentions universalistes passées. Si elle poussait un peu plus avant sa théorie des face à face, Nathalie Loiseau s'apercevrait que le champ intra européen en est tout aussi empli. 

    Etude-et-voyage-en-Allemagne.jpgPar exemple lorsque l'Italie au bord du krach financier négocie en solitaire avec la Chine l'ouverture de ses ports - à commencer par Trieste sur l'Adriatique - à cette route de la soie en construction par laquelle l'Empire du Milieu compte accéder en force aux marchés européens. Les exemples de telles entreprises en solitaire ne manquent pas en Europe et des plus importantes. Nathalie Loiseau devrait savoir que tel est précisément le cas de la Grande-Bretagne qui s’en va mais tout autant de l'Allemagne qui reste. Pour l’instant. Son nationalisme réel et très profitable est démo-compatible…  

    ob_1628b7_tout-va-basculer.jpgEn somme, volens nolens, Nathalie Loiseau a utilisé les mots qui confirment que nous sortons  d'une ère. ou, si l'on veut, d'un cycle, pour un autre. Ce que dit François Lenglet dans un ouvrage* qui vient de paraître dont il développe la thèse sur toutes les antennes. Et ce que Pierre Renucci a montré pareillement dans une remarquable tribune ** sur lafautearousseau. 

    Nathalie Loiseau trahie, la pauvre, par les mots ? Eh bien ! peut-être l'ignore-t-on à l'ENA, il faut donner un sens plus pur aux mots de la tribu. C’est-à-dire veiller, c'est la moindre des choses, à ce qu'ils correspondent autant que faire se peut à la simple réalité du monde actuel. Tel qu'en lui- même ....  lafautearousseau

    * François Lenglet, Tout va basculer ! – Albin Michel, 2019, 16€90 

    ** Pierre Renucci, Fin de cycle, lafautearousseau, jeudi 4 avril 2019
    Retrouvez l'ensemble des chroniques En deux mots (123 à ce jour) en cliquant sur le lien suivant ... 
    En deux mots, réflexion sur l'actualité
  • Espagne/Vox : Un portrait de Santiago Abascal, par Frédéric de Natal

    (ndlr : article rédigé par notre ami une semaine avant les élections législatives, qui viennent de voir le triomphe du mouvement d'Abascal, Vox, il y a onze mois sans aucune représentation, dans aucune institution, aujourd’hui, la troisième force politique en Espagne, avec plus de 3,5 millions de votes et 15 % des voix, passant de 24 à 52 sièges au Parlement espagnol...) 

     

    Santiago Abasacal s’érige en défenseur de la monarchie espagnole. Il est celui vers qui, tous les regards se tournent aujourd’hui à la veille d’importantes élections législatives. L’homme incarne l’image de la nouvelle droite conservatrice monarchiste dont il s’est fait le porte-bouclier officiel. Proche du prince Louis-Alphonse de Bourbon, Santiago Abascal pourrait bien être un faiseur de roi au lendemain de ce scrutin crucial, prévu le 10 novembre.

    Les sondages lui prédisent déjà plus de 45 députés dans l’hémicycle, soit 15% des voix.

    Le mouvement Vox, fondé en 2013, n’a cessé de s’imposer peu à peu sur la scène politique d’un royaume en proie à une importante crise économique et politique. Il lui faudra deux ans pour obtenir ses premiers résultats crédibles (notamment en Andalousie où Vox a fait récemment son entrée au parlement régional avec 12 sièges). Rien ne va plus alors arrêter son ascension au fur et à mesure que le pays s’enfonce dans la crise institutionnelle avec en fond de toile, un Parti socialiste (PSOE) et un Parti populaire (PP) qui se partagent tour à tour le pouvoir.

    Et face aux séparatistes catalans, Santiago Abascal leur oppose le drapeau de la monarchie. « Le meilleur ambassadeur de notre pays à l’étranger c’est le roi » confie-t-il à « Monarquia Confidencial ». «Croire que la monarchie est le problème de l’Espagne, est une erreur » affirme cet ancien transfuge du Parti Populaire qui entend « défendre l’ordre constitutionnel ». L’ombre du général Franco plane depuis un an sur le royaume d’Espagne dont l’atmosphère n’est pas sans rappeler certains événements qui précipitèrent le pays dans une guerre civile de trois ans en 1936.

    Tout est lié pour Santiago Abascal qui a été reçu par le roi Felipe VI en septembre dernier, dans le cadre des négociations pour la formation d’un gouvernement stable. Jamais depuis la mort du Caudillo, un leader de la droite populiste n’avait été reçu au palais de la Zarzuela. Pour Santiago Abascal, le drapeau national n’est pas un vain mot. La Patrie, le roi et Dieu avant tout. Le triptyque d’un système qu’il défend comme la mémoire du dictateur. Proche de son arrière-arrière-petit-fils, le prince Louis-Alphonse de Bourbon, il va se battre à ses côtés pour éviter que le corps du généralissime soit exhumé de la Vallée de Los Caïdos. En vain.

    Pour celui qui a été élu député des Cortès, le parlement, le 14 mai 2019, il ne fait aucun doute que le Parti socialiste tente de déstabiliser le pays avec le projet de proclamer une république. Le premier ministre Pedro Sanchez lui répond que « la monarchie parlementaire représente les valeurs de la seconde république (…), ces droits et libertés qui ont malheureusement été entachés par la dictature franquiste ». L’exhumation de Franco ? « Ce n'est qu’une excuse, car l'objectif est tout autre: détruire la réconciliation nationale, réécrire l'histoire, délégitimer la monarchie, renverser Felipe VI, et nous l'avons compris » lui rétorque-t-il au cours d’un discours, début octobre. « Aucun parlement n'est légitime pour définir notre passé, et encore moins exclure les Espagnols qui diffèrent de ses définitions ». «On ne peut pas utiliser le passé pour diviser » rappelle-t-il encore.

    A défaut de convaincre le roi lui-même, il a reçu le soutien du jeune Felipe Juan Froilán de Todos los Santos de Marichalar y Borbón, 21 ans et fils de l’infante Elena, qui a participé à une manifestation de la droite nationaliste avant d’être promptement rappelé à l’ordre par le « royal tonton » (mars 2019).

    Si Santiago Abascal qui arbore facilement la croix de Bourgogne, un symbole carliste (ci dessous), a déclaré personnellement au roi sa « loyauté envers la Couronne, symbole de l'unité et de la permanence de l'Espagne », il refuse catégoriquement l’étiquette « fasciste » que ses adversaires lui assènent. C’est un catholique convaincu qui a pour personnage de référence, Isabelle la Catholique. Cette reine qui en 1492 avec son mari Ferdinand d’Aragon, a achevé l’unité de l’Espagne en chassant les derniers califes musulmans du pays.

    800x400.jpg

    D’ailleurs, il réclame la fermeture des mosquées fondamentalistes et l’expulsion du royaume de tout imam radicalisé. La Turquie dans l’Europe. Hors de question pour l’ancien député basque qui ne cache pas qu’il souhaite une « reconquista ». Ici, la monarchie est étroitement associée aux valeurs traditionalistes qu’il prône. A commencer par la défense de la famille et le rejet de toutes réformes qui mettrait à mal cette composante sociale, indissociable de la royauté. Le mariage pour tous n'est pas sa tasse de thé. Et il n’hésite pas à dire ce qu’il pense au souverain. L’annonce du prochain voyage de Felipe VI à Cuba a fortement déplu à Santiago Abascal qui a qualifié cette visite de « folie », accusant la gauche espagnole de se servir du monarque pour promouvoir leur « programme bolivarien » et le premier ministre Sanchez d’avoir « usurpé les pouvoir du roi ». Oublié curieusement les dons reçus de la part de l'Organisation des moudjahiddines du peuple iranien (OMPI) lors des élections européennes de 2015 ; un mouvement (jugée un temps comme terroriste et antimonarchique) qui aurait couvert plus de 80% des dépenses de VOX d’après la presse. Et qui soutient, à contrario d’autres partis de la droite nationaliste espagnole, l’existence de l’état d’Israël.

    Tout va se jouer à un mouchoir de poche pour cette élection. La gauche comme la droite (le Parti Populaire et Ciudadanos n’excluent pas de s’allier à Vox afin de former un gouvernement) sont au coude à coude.

    Pour Abascal, il reste convaincu. Une victoire de la gauche ne serait que les prémices de l’avènement d’une république par voie référendaire. Les portraits du roi Felipe VI, brûlés à Barcelone, le 4 novembre, sont l’exemple de ce que redoute ce « conquistador macho ».

    « La monarchie, c’est l’unité ! » martèle cet ardent patriote à ses partisans qui se déplacent par dizaine de milliers lors de ses congrès ! « ¡Viva el Rey! ¡Viva España! » peut-on lire sur son compte twitter. Tout est résumé. Bon « sang et or » ne saurait mentir.

  • Europe : La France n'a-t-elle le choix qu'entre le statu quo et le Frexit ?

     

    En deux mots.jpgDans une Europe où les peuples sentent de plus en plus le sol se dérober sous leur pied, où monte partout une vague « populiste » surtout inquiète de perdre son identité, une autre politique européenne de la France pourrait bien s'imposer à court ou moyen terme comme une option nouvelle et salvifique. Il n'est pas sûr en effet que la France n'ait d'autre choix qu'entre le statu quo (berlino-bruxellois) et le Frexit ... 

    Sans-doute ne serait-il ni utile ni opportun de rompre à grand fracas le « couple franco-allemand » qui est depuis le traité de l'Elysée la base de notre politique européenne. Mais peut-être serait-il temps de prendre la mesure de son délabrement et de se préparer à y parer. Sur le plan des échanges économiques, chacun sait que le solde du commerce extérieur franco-allemand s'est excessivement déséquilibré en notre défaveur. Que ce soit en grande partie de notre faute ne change rien à l'affaire. Ces déficits pluriannuels récurrents ne pourront pas durer éternellement. Si la France avait une volonté industrielle et commerciale, elle s'attacherait sans tarder à redresser cette situation pour les résorber et revenir à moyen terme à l'équilibre. Ce serait au détriment du bénéfice que tire aujourd'hui l'économie allemande de nos échanges... 

    Quant à la politique migratoire de l'Allemagne structurellement liée à son effondrement démographique, elle lui a aliéné les pays de l'ancienne Mitteleuropa, le cœur battant du continent, et une partie de son propre peuple, inquiet lui aussi de perdre son identité germanique, comme nous, au profit de l'Islam. Angela Merkel vient d'en faire l'expérience, sinon mortelle pour l'instant, du moins amère.  

    L'Allemagne, notamment après que le monde communiste s'est décomposé, a toujours considéré ses voisins de l'Est comme ses prolongements, ses marches, pour ne pas employer de termes plus péjoratifs. Pays utiles à son industrie, surtout comme sous-traitants, à son commerce, à sa puissance et d'une certaine façon liés à elle par leur commun atlantisme et leur appartenance conjointe à l'Union Européenne. Union où, par ailleurs, s'exerce de facto l'évidente suprématie allemande.  

    Ce système clos est peut-être en train de s'éteindre pour différentes raisons convergentes. La principale est la renaissance d'un puissant sentiment national et identitaire de ces pays d'Europe centrale ou danubienne, ayant tous plus ou moins appartenu à l'empire austro-hongrois, puis, sauf l'Autriche qui en fut sauvée de justesse, au glacis soviétique : Autriche, Pologne, Hongrie, République Tchèque et Slovaquie, sans aller plus à l'Est ou plus au Sud ... Ces nations qui ont sauvé leur âme du communisme dont elles ont subi le joug le long de près d'un demi-siècle tragique, n'entendent pas risquer à nouveau de la perdre du fait de la politique des institutions de Bruxelles et des exigences allemandes : accueil massif de migrants majoritairement africains et musulmans, imposition de quotas, politique et idéologie libérale-libertaire, multiculturaliste et diversitaire. Ces peuples refusent aujourd'hui de se voir imposer un modèle politique et sociétal à l'opposé de leur identité, de leurs aspirations et de leurs votes. Certes, leur refus de s'y plier est suivi de rappels à l'ordre, menaces de sanctions, leçons moralisantes, etc. mais pour l'instant sans effets sur eux. 

    Pourquoi la France au lieu de s'associer au concert des donneurs de leçons et des preneurs de sanctions, ne se rapprocherait-elle pas de ces Etats estimables entre tous ? Ce sont de longue date des pays amis qui forment au centre de l'Europe un bloc de cinq Etats et de soixante-dix millions d'habitants, avec une suite de capitales prestigieuses (Varsovie et Cracovie, Vienne, Bratislava, Budapest et Prague), d'indiscutables racines européennes, un immense capital de civilisation, celui que, précisément, ces Etats veulent préserver ? Oui, pourquoi la France en quelque manière ne se joindrait-elle pas à eux ? De par la nature des choses et de l'Histoire, elle y exercerait évidemment une sorte de prééminence. Du même coup, elle équilibrerait sans le rompre son partenariat trop inégal et trop exclusif avec l'Allemagne ...  

    XVM74092d9a-e190-11e7-9511-98d62490889b.jpgPourquoi pas, en effet, une initiative de la France envers les pays de Višegrad, plus l'Autriche qui vient de se doter d'un gouvernement de coalition des droites ? Une tournée du Chef de l'Etat dans les capitales de cette Europe-là, y compris Varsovie cette fois-ci, la réaffirmation des liens d'amitié séculaires qui les lient à la France, de notre soutien à leurs efforts de développement, de notre compréhension envers leur volonté de défense de leurs identités et de leurs patries respectives, constituerait sans nul doute de la part de la France non pas ce « repli sur soi » que dénonce Macron mais tout au contraire notre retour à une politique d'influence et d'ouverture pour une Europe des nations. 

    Faudrait-il redouter des sanctions ? Mais lesquelles donc ? L'Europe n'existe pas sans la France. Sans elle ce qui subsiste de l'U.E. après le départ britannique s'effondrerait. Son rapprochement avec Vienne, Bratislava, Budapest, Prague et Varsovie rendrait la chose plus improbable encore, d'autant qu'une telle politique ne serait sans-doute pas sans écho et sans adhésion à Sofia et à Bucarest où l'on n'entend pas non plus succomber aux flux migratoires... 

    En inaugurant cette politique, la France insufflerait à l'Europe une dimension nouvelle, celle qui lui fait défaut, celle des peuples, des nations, celle des retrouvailles avec sa civilisation profonde. Cette politique rendrait progressivement caduques des institutions artificielles, inutiles et faillies. Elle contribuerait à restaurer le politique et rendrait aux Etats leur rôle majeur.  

    Ci-dessus : vendredi 15 décembre à Bruxelles, MM. Macron et Morawiecki nouveau premier ministre polonais.

    Retrouvez l'ensemble de ces chroniques en cliquant sur le lien ci-dessous

    En deux mots, réflexion sur l'actualité

    Lire aussi dans Lafautearousseau ...

    Pourquoi le nouveau gouvernement autrichien peut changer la donne en Europe

    Sommes-nous donc contre l'Europe ?

  • Solère - Urvoas : tiens, la justice va moins vite que pour Fillon

     

    Une tribune de Régis de Castelnau

    Nous croyons les idées de Régis de Castelnau assez éloignées des nôtres. Peut-être bien opposées sur de nombreux sujets. Mais nous trouvons fort justes et à propos les réflexions qu'il a publiées dans Causeur [14.12] sur l'affaire  Solère - Urvoas. Ce dernier est un démenti supplémentaire à la prétendue République exemplaire de François Hollande qui a décidément tout raté. Quant à l'ineffable Thierry Solère, il risque tout simplement d'être exclu de LREM moins d'un mois après y être entré...  LFAR

     

    3957877889.jpg

    D’après Le Canard enchaîné, Jean-Jacques Urvoas, alors ministre de la Justice, aurait informé Thierry Solère, ancien député LR aujourd’hui en marche, d’une enquête le concernant.

    Alors comme ça, le garde des Sceaux violerait ses obligations qui sont celles de diriger une administration chargée du contrôle du respect de la loi dans un État de droit. Comment ? Si l’on en croit les gazettes, Jean-Jacques Urvoas, alors ministre de la Justice en exercice (janvier 2016-mai 2017) aurait sollicité de ses services une information sur une enquête préliminaire en cours. Il en a le droit, et c’est ainsi qu’une note émanant du parquet de Versailles, et  « blanchie » pour que n’y apparaisse aucune référence, est arrivée sur son bureau.

    Elle concernait Thierry Solère, ci-devant parlementaire LR soupçonné d’avoir pris des libertés avec un certain nombre de règles fiscales et financières. Le contenu de cette note lui aurait été prestement adressé par le ministre. Celui-ci commettant à cette occasion, si les dires du Canard sont avérés, une violation de la loi protégeant le secret de l’enquête.  

    Probité à géométrie variable

    Bel exploit de la part d’un garde des Sceaux. Et d’une ! Transmission supposée dont Urvoas connaissait le caractère rigoureusement illicite puisque, soucieux de discrétion, il aurait utilisé la messagerie cryptée Telegram, vous savez celle dont précisément raffolent les terroristes, car elle met leurs échanges à l’abri de la curiosité policière. Et de deux ! Et pourquoi cette faute lourde, doublée d’une infraction pénale ? Si l’on en croit les médias, pour permettre à Thierry Solère d’organiser sa défense, et éventuellement de ne pas être gêné dans la mise en œuvre de la trahison politique de ses amis. Et de trois !

    Sans illusion sur ce qui se passe dans les cuisines d’un État où il arrive que l’on prépare des tambouilles malodorantes, force est de constater que nos Filochard et Ribouldingue, par ailleurs grands pourvoyeurs de cours de morale, viennent de nous donner une jolie leçon d’exigence de probité à géométrie variable. En affichant un sentiment d’impunité nourri de la bonne conscience du camp du Bien. Camp du Bien auquel Urvoas appartient depuis longtemps, et que Solère s’efforce sinueusement de rejoindre, de préférence en gardant ses armes et ses bagages dès lors qu’ils sont lucratifs, comme l’a montré l’épisode de la questure.

    Solère, Macron, Fillon : chacun son rythme !

    Ajoutons quelques remarques, histoire d’épicer le plat. Jean-Jacques Urvoas, on nous l’a assez répété lors de son arrivée place Vendôme, est un fin juriste. Il aura du mal à plaider l’ignorance lorsqu’on lui demandera quelques explications sur sa fulgurante innovation visant à donner à l’enquête préliminaire un caractère contradictoire. Le présumé receleur Thierry Solère nous avait déjà fait une démonstration de l’élasticité de ses convictions politiques, les malintentionnés prétendent que cette élasticité serait également présente dans ses pratiques fiscales et financières. Eh bien cette fois-ci, la (supposée) violation à son profit de la loi par un ministre, « adversaire » politique par ailleurs, lui apparaît banale. Tellement banale qu’il aurait pieusement conservé le message crypté sur son téléphone et que sa défense nous fait aujourd’hui savoir qu’en fait tout cela était légitime, puisque des éléments de l’enquête le concernant avaient été transmis à la presse, et publiés. Et pour compenser une violation du secret de l’enquête, il fallait en faire commettre une autre au ministre de la Justice lui-même ! Normal on vous dit, où est le problème ?

    Continuons à céder à nos mauvais penchants, pour constater qu’en matière de justice politico-médiatique, le deux poids deux mesures règne en maître. Lors des polémiques sur les conditions fulgurantes, concertées et parfaitement inhabituelles, dans lesquelles avait été lancée l’opération judiciaire de destruction de la candidature Fillon à la présidentielle, le premier président et le procureur général de la Cour de cassation, pour justifier la célérité compulsive du parquet national financier (PNF) et du Pôle du même nom, nous avaient expliqué, dans un communiqué commun qui constituait une grande première, qu’en matière de procédure c’était chacun son rythme. Effectivement, chacun son rythme. On sait depuis plusieurs mois que le déplacement à Las Vegas du candidat Macron aurait donné lieu à la commission d’un délit de favoritisme. L’organisation en avait été confiée à une agence sans mise en concurrence et en violation des règles du code des marchés publics. Fait qui a été reconnu par l’agence publique France business dans un communiqué. D’autres informations ont filtré dans la presse selon lesquelles madame Muriel Pénicaud, aujourd’hui ministre du Travail, aurait quelques comptes à rendre. Le dossier qui, paraît-il, comprendrait en plus quelques éléments préoccupants concernant le financement de la campagne présidentielle d’Emmanuel Macron, dort d’un sommeil paisible.

    Concernant celui d’Urvoas et Solère, les faits seraient connus depuis le 26 juin, et le parquet de Versailles les aurait transmis… le 5 décembre dernier au procureur général de la Cour de cassation qui a la compétence pour saisir la Cour de justice de la République !

    Tout doux, chacun son rythme on vous dit. Et puis, ne soyez pas de mauvaise foi, regardez pour Richard Ferrand, le classement sans suite est arrivé très vite.

    Vous voyez bien.    •

    Régis de Castelnau

    Avocat.

    Régis de Castelnau anime le blog Vu du Droit depuis 2012. En consacrant sa vie professionnelle d’abord au Droit social puis au Droit Public dont il fut un des premiers praticiens actifs au sein de la profession d’avocat. Il y ajouta une activité universitaire, doctrinale ...

  • La politique autrement ? Un slogan creux, creux, creux !

     

    Par  Mathieu Bock-Côté

     

    TRAVAUX DIVERS - Largeur +.jpgDans cette tribune du Journal de Montréal [12.01] Mathieu Bock-Côté pointe la réduction du politique à la seule gestion et même bien souvent à un simple leurre. « Avant de faire de la politique autrement, nos politiciens auraient intérêt à faire de la politique, tout simplement. » A condition de savoir ce qu'il y a dans le politique, au sens plein, de supérieur et même de sacré.   LFAR  

     

    501680460.5.jpg

    Chaque fois que j’entends quelqu’un nous annoncer qu’il fera de la politique autrement, je me demande qui, dans la foule, le croit vraiment ou fait même semblant de le croire. 

    Je ne connais pas de slogan plus vide, plus creux, plus usé. On ne sait jamais à quoi il réfère et ce que veulent dire ceux qui nous le servent, sinon qu’ils semblent vouloir dire qu’ils seront plus gentils et respectueux que ceux qu’ils veulent remplacer. Et j'avoue que me méfie de ces politiciens qui se veulent tellement vertueux qu'ils se révèlent finalement impuissants et incapables d'avoir une emprise sur la société.

    La politique, quoi qu’on en pense, a quelque chose d’éternel. Il s’agit de prendre le pouvoir, de l’exercer, de lutter pour le conserver, et cela, idéalement, pour servir le bien commun, même si ce dernier reste difficile à définir puisqu’on en trouve plusieurs conceptions dans une société. La politique n’est jamais purement transparente et a toujours quelque chose de conflictuel. Car il y a toujours plus d’une personne à se vouloir chef et plus d’une équipe qui veut gouverner. Celui qui redoute le conflit et ne tolère pas d'être critiqué n'a pas grand chose à faire dans la vie publique.

    Évidemment, il y a de bons politiciens et de mauvais politiciens. Ils n’exercent pas tous leur art avec le même talent. Il y a des politiciens qui ont une autorité naturelle et le charisme correspondant. Il y en a qui ne parviennent pas à se faire aimer mais qui ont un talent véritable pour bien administrer la société. C’est comme cela depuis toujours et il en sera toujours ainsi. Cela ne changera pas tant que la bête humaine ne changera pas.

    Évidemment, qui reste au pouvoir trop longtemps s’encrasse. C’est à ce moment que se développe une tendance au népotisme. Quand un clan s’empare de la cité, qu’il la gère en fonction de ses avantages exclusifs, il corrompt presque inévitablement les institutions. Il faut alors faire le ménage, remplacer une élite par une autre, changer de personnel politique et donner de nouvelles orientations collectives. Tout cela relève de la politique éternelle.

    De temps en temps, il faut un pouvoir d’expérience. De temps en temps, il faut rajeunir le pouvoir. De temps en temps, il doit s’exercer fermement. De temps en temps, il doit s’exercer plus consenssuellement. De temps en temps, il faut le contester ouvertement. Évidemment, au fil de l’histoire, le pouvoir s’est exercé à travers différents régimes, et la démocratie est celui que nous privilégions puisqu’il est fondé sur l’indispensable consentement populaire, que nous tenons avec raison pour quelque chose de sacré.

    Mais il s’agit toujours, néanmoins, d’exercer le pouvoir, et le pouvoir relève non seulement de la participation et de la délibération mais aussi de la décision. La rhétorique sur la politique autrement sert en fait à occulter une question bien plus importante: que veut-on faire avec le pouvoir ? En d’autres mots, en parlant toujours dans le vide de processus et de méthode alternative de gouvernement, on oublie de parler des finalités et du projet que l’on souhaite mettre de l’avant. C’est pourtant de cela dont on devrait parler en politique. La politique est-elle encore capable de porter un projet et d'inspirer à un peuple une mobilisation collective pour un avenir différent?

    En d’autres mots, avant de faire de la politique autrement, nos politiciens auraient intérêt à faire de la politique, tout simplement. C’est-à-dire qu’ils ne se contentent pas de gérer la société au rythme de l’actualité médiatique, qu’ils ne se soumettent pas aux juges ou aux fonctionnaires et qu’ils s’emparent des enjeux de fond qui traversent la société. Des politiciens qui sont à la hauteur des questions qui façonnent notre temps et qui croient en la politique. C’est cela qui nous manque, aujourd’hui.   

    Mathieu Bock-Côté

    Mathieu Bock-Côté est docteur en sociologie, chargé de cours aux HEC à Montréal et chroniqueur au Journal de Montréal et à Radio-Canada. Ses travaux portent principalement sur le multiculturalisme, les mutations de la démocratie contemporaine et la question nationale québécoise. Il est l'auteur d'Exercices politiques (VLB éditeur, 2013), de Fin de cycle: aux origines du malaise politique québécois (Boréal, 2012) de La dénationalisation tranquille (Boréal, 2007), de Le multiculturalisme comme religion politique (éd. du Cerf, 2016) et de Le Nouveau Régime (Boréal, 2017).

  • À l’école, la « génération j’ai le droit », ou la dictature du moi, fait désormais la loi

     

    Par Gabrielle Cluzel

    Une excellente chronique qu'on ne peut qu'approuver, parue dans Boulevard Voltaire du 17.01. 

    Rappelons pour ceux qui l'ignoreraient que Gabrielle Cluzel a participé - d'ailleurs brillamment - au colloque du Cercle de Flore « Refonder le bien commun », du 13 mai dernier, à Paris (Illustration ci-dessous).  LFAR

     

    2654943674.jpg

    Parfois, on assiste à des règlements de comptes dans la presse dite mainstream. Ainsi Les Inrocks accusent Le Parisien d’avoir publié, ce mardi matin, un « dossier anti-jeunes ». Allez, pourquoi pas un dossier jeunophobe, tant qu’on y est ?

    Sur Twitter, Christophe Carron, de slate.fr, en remet une louche : « Petit délire réac de @Le_Parisien contre ces branleurs de jeunes. » Parce que les idées d’en face sont toujours un délire – un fantasme, du grand n’importe quoi -, et « petit », en plus. Mesquin, quoi. Dérisoire.

    En cause, une double page intitulée « Génération j’ai le droit », à l’instar du quatrième livre de Barbara Lefebvre, professeur d’histoire-géo étiquetée « réac » depuis qu’elle a contribué, il y a quinze ans – mais, dans ce domaine, la prescription n’existe pas, on est toujours condamné à perpète -, à l’ouvrage collectif Les Territoires perdus de la République. Elle a également fait parler d’elle en affrontant Emmanuel Macron sur le plateau de « L’Émission politique », en avril dernier.

    Qu’est-ce que la « génération j’ai le droit » ? « Une génération d’élèves et une génération de parents qui considèrent que leurs droits individuels prévalent sur l’intérêt général. On glorifie les identités particulières au détriment du bien commun », explique Barbara Lefebvre dans Le Parisien. Le « moi haïssable » de Pascal s’est mué en moi intouchable. Et « cet individualisme fait le jeu de deux courants : d’une part, le modèle ultralibéral, avec le culte de l’argent ; d’autre part, le communautarisme ». 

    « Oui. Dès la 6e, les élèves se lèvent en plein cours, tutoient et interrompent l’enseignant… », décrit-elle, pointant « deux rejets, deux crises : une crise de l’autorité et une crise de la culture », en même temps qu’une école qui a perdu le « sens de sa mission ». 

    On ne voit pas bien où est le « dossier anti-jeunes », car chacun en prend pour son grade : parents, professeurs et surtout gouvernants, qui ont laissé lâchement l’école se vider de sa substance. On ne voit pas bien, non plus, où est le « petit délire » : les faits que rapporte Barbara Lefebvre n’ont, hélas, rien de nouveau. C’est à peu près le même tragique constat qu’a fait Anne-Sophie Nogaret dans Du mammouth au Titanic, dénonçant une école maternante et démagogique à l’envi – « La victime[l’élève] n’est pas un adulte responsable mais un éternel enfant à qui il convient d’accorder une éternelle indulgence, l’infantilisant à vie » -, ou encore Florence Ehnuel, dans Le bavardage, parlons-en enfin, dépeignant une génération du bruit qui porte sa logorrhée en bandoulière comme son Eastpak, pour laquelle la parole est un besoin naturel – ils ne maîtrisent pas plus leur langue que, dans leur prime enfance, leur sphincter – et dont l’incontinence n’émeut pas les parents (« En luttant pour que l’attention l’emporte sur la distraction, suis-je un dinosaure qui appartient à un monde révolu ou suis-je en train de défendre des valeurs universelles qui restent d’actualité pour toute activité intellectuelle […] ? »).

    Une génération de syndicadolistes, revendiquant ses droits et déniant ses responsabilités : « Yapakmoi ! » et « Jparlèpa ! » roulent toujours des yeux indignés.

    Alors, on fait quoi ? On laisse se construire cette immense tour de Babel du moi où, « privés d’un accès exigeant à la langue, [les élèves] ne sont plus en capacité d’avoir une conversation avec quelqu’un qui vient d’un autre milieu », et dont ne parviendront à s’extraire que ceux ayant les moyens d’aller chercher ailleurs… ou l’on se retrousse les manches en cessant de nier l’évidence ?    

    Ecrivain, journaliste

    Son blog

  • Frappes en Syrie ? Il est urgent que la France se tienne scrupuleusement à l'écart de ces manœuvres oiseuses

    Syrie, un jardin sur l'Oronte

     

    En deux mots.jpg

    Ce sont des événements graves qui se déroulent en ce moment d'un bout à l'autre du monde, notablement en Syrie. Et qui alimentent comme s'il en était besoin, ce climat de lourde tension internationale qui se développe dangereusement en diverses régions du globe. Et qui, même si l'on trouvera que nous employons de grands mots, évoquent comme une avant-guerre.

    Les présidents Trump et Macron se téléphonent beaucoup ces jours.ci à ce que l'on dit, et nous craignons fort que ce ne soit pas pour de sages décisions. L'envoi de missiles sur la Syrie pour détruire de supposés stocks d'armes chimiques nous paraît être une sottise de plus venant de pays - dont malheureusement le nôtre - qui en ont déjà accumulé un certain nombre et des plus graves. Par exemple en Irak et en Libye. Nous avons eu les conséquences du chaos qui s'y est établi consécutivement aux interventions dites occidentales et sans-doute les aurons-nous encore pour longtemps. 

    On se souvient que pour intervenir en Irak les Américains avaient répandu sans vergogne de très gros mensonges. Les « armes de destruction massive » que Saddam Hussein était censé détenir et qu'il n'avait pas se sont transmuées en « stocks d'armes chimiques » syriennes dont on n'a pas de preuves formelles mais seulement de « fortes présomptions » que le régime de Damas les aurait vraiment lui-même utilisées il y a deux semaines.

    Trump, Macron et sans-doute Theresa May, sans besoin d'aucun mandat dit international, sans-doute impossible à mettre en place, envisagent donc de faire justice, de frapper la Syrie de Bachar el Assad, à titre punitif, et pour lui marquer les limites que les puissances en question lui interdiraient de franchir : la fameuse « ligne rouge » qu'elles ont elles-mêmes fixée. On ignorera longtemps à quel titre. 

    Des paroles martiales viennent d'être proférées et des menaces guerrières échangées. La tweet-diplomatie, dont Trump s'est fait le dérisoire spécialiste, s'est surpassée. Trump a annoncé des tirs de missiles sur la Syrie ; Moscou a répliqué qu'il les intercepterait, affirmant avoir les moyens de les détruire en vol. Trump a surenchéri, claironnant que ses missiles sont « intelligents ». Mais on sait qu’il faudrait en tirer beaucoup pour que quelques-uns peut-être atteignent leur cible... Paris n'est pas en reste sur ces rodomontades. Quoique plus discrètement, Londres est de la partie. A quoi conduit-elle ? Tout bonnement à un risque de confrontation directe avec la Russie ... Nous n'avons rien à y gagner, beaucoup à y perdre. La France n'a pas de conflit d'intérêts avec la Russie. Et aurait au contraire bien des avantages à s’en rapprocher.

    A ce stade, il est probable que ces épisodes ne sont rien d'autre que des gesticulations. Des coups de com' selon la délicate expression en usage dans nos régimes d'opinion. Et il n'est pas tout à fait impossible que les tirs annoncés soient renvoyés aux calendes grecques, d'un moratoire l'autre, ou qu'on finisse par leur substituer à titre compensatoire quelque autre mesure ou sanction moins risquées ...

    Mais c'est une erreur de croire que la gesticulation est signe d'exclusion du conflit ; que les armes n'auront pas à parler ; que la folie de la guerre n'est plus à l'ordre du jour.  L'Histoire montre que les gesticulations semblables à celles dont nous avons en ce moment le spectacle, en sont parfois les prodromes. Vient un moment où un geste de trop finit par déclencher l'engrenage fatal qui conduit au conflit, à la catastrophe, à la guerre, dont peut-être personne n'avait vraiment voulu.

    Notre avis est que la France devrait rester scrupuleusement à l'écart de ces manœuvres oiseuses. Elle n'a ni intérêt à frapper la Syrie ni les moyens d'une guerre de principe, d'une guerre idéologique, morale ou humanitaire. Son intérêt premier est la destruction de Daech et la stabilisation de la Syrie, son retour à une situation d'ordre et de paix relative capable de contenir l'islamisme radical. Frapper Bachar el Assad concourra-t-il à l'un comme à l'autre de ces objectifs ? Nous ne le croyons pas. Au demeurant, les va-t-en-guerre anglo-saxons et français ont-ils trouvé en Syrie quelque force organisée, sérieuse, puissante, non suspecte de plus ou moins secrètes complicités islamistes, qui puisse se substituer au régime d'Assad ? On serait curieux de savoir laquelle, avec un minimum de précision et de détail. Ou bien, comme ils l'ont fait en Irak et en Syrie n'ont-ils songé à aucune perspective d'avenir autre que d'y laisser s'installer l'anarchie et le chaos ?  

    Lire aussi ...

    Notre avant-guerre ? 

    Retrouvez l'ensemble de ces chroniques en cliquant sur le lien suivant ... 

    En deux mots, réflexion sur l'actualité

  • Le français est-il de trop à Montréal ?

     

    Par  Mathieu Bock-Côté

    Cette tribune [22.11] est de celles que Mathieu Bock-Côté donne sur son blogue du Journal de Montréal et que nous reprenons volontiers, souvent, tant elles sont pertinentes, proches de nos propres idées, et collent, de façon vivante, intelligente et claire, à l'actualité la plus intéressante. Il s'agit ici de la situation menacée du français au Québec et comment cela ne nous toucherait pas, ne nous concernerait pas ?  En soi, d'abord.  Mais aussi parce qu'en ce moment même chez nous en France, défaite de la pensée et stupidités linguistiques mortifères que l'on tente de nous imposer, vont funestement de pair.  ?  LFAR  

     

    501680460.5.jpg

    La scène s’est passée aujourd’hui à Montréal, mais soyons honnêtes, des scènes comme celles-là, il y en a tous les jours. Après quelques mois de fermeture, la boutique Adidas rouvrait ce matin au centre-ville, sur la rue Sainte-Catherine. L’essentiel de la présentation s’est déroulé en anglais. Certains nous diront probablement, en haussant les épaules, que c’est normal dans une ville qui s’anglicise et où le français est de plus en plus considéré comme une langue de second ordre. Pourquoi s'indigner devant l'inéluctable ? Pourquoi résister à un mouvement qu'on nous présente comme irréversible et poussé par le sens de l'histoire? La plupart du temps, les Québécois se couchent devant cela. Mais le gérant de la boutique, au moment de s’adresser aux gens présents dans la salle, a senti le besoin d’en rajouter en disant : « je vais dire un mot en français pour accommoder la ville de Montréal et les médias francos ». C’était peut-être la provocation de trop. Sur les médias sociaux, ils sont nombreux à avoir exprimé leur écœurement devant une manifestation aussi décomplexée de mépris à l'endroit de ceux qu'on appelle souvent pudiquement les francophones ou les gens d'ici.

    Comment ne pas rager, hurler et gueuler quand on lit une telle saloperie ? Comment ne pas voir dans cette phrase une insulte ? Désolé d'exister ! Désolé de vous embêter, vous qui rêvez d'un monde mondialisé où notre peuple en trop ne vous embêterait plus. Certains annoncent qu'ils feront la grève du magasin. Comment le leur reprocher ? On aurait presque envie d’aller faire un tour à la boutique et de parler français au personnel simplement pour les troubler et les désorienter. En d’autres mots, le gérant s’est plié avec un mélange de mépris et de dédain, à une formalité linguistique locale, avant d’en revenir à l’anglais et de mener une entrevue en anglais avec un invité français – oui, deux francophones ont échangé en anglais dans une ville francophone pour s’assurer que tous les comprennent. Il est beau le progrès ! En d’autres mots, il fallait bien faire une phrase ou deux en français, pour contenter les locaux, et on se surprend probablement qu’ils ne s’en satisfassent pas. En d’autres mots, toujours, on a fait une petite prière linguistique pour saluer les anciens québécois, puisqu’il fallait bien le faire, et on a vite oublié leur présence. Le gérant lui-même était un Québécois francophone. C'est ce qu'on appelle renier les siens.

    Cet événement n’a rien d’une anecdote et tout d’un symptôme. En d’autres mots, il est révélateur. Il nous en dit davantage sur l’état du français à Montréal que bien des études statistiques cherchant à documenter les tendances linguistiques. Résumons : les Québécois francophones, à Montréal, sont désormais traités comme une minorité agaçante, qu’on veut bien accommoder, mais qui ne doivent pas trop en demander. Ils sont des étrangers chez eux et leur langue, pour laquelle ils se sont tant battus, agace désormais ceux qui veulent vivre selon les codes de la modernité nord-américaine, où la différence québécoise est considérée de plus en plus comme folklorique, avant de devenir tôt ou tard inconcevable. Notre minorisation démographique a des effets politiques. Nous sommes passés de bonjour, à bonjour/hi, à hi. Et maintenant, qui dit bonjour commet presque une incivilité. Qui exige d’être servi en français passe pour un rustre, un provincial borné ou même un xénophobe. Et les Québécois francophones eux-mêmes s’assimilent à ce nouveau peuple montréalais qui se définit essentiellement par son rejet du Québec historique, décrété homogène, frileux et ennuyant. C’est peut-être le prix à payer pour ne pas avoir choisi l’indépendance. Quand ils étaient sérieux, les souverainistes n’hésitaient pas à le dire : l’indépendance est essentielle à la survie du peuple québécois.

    Les Québécois sont désormais traités comme un vieux peuple résiduel appelé à se dissoudre grâce au passage du temps. Dans le Canada, le peuple québécois en vient à faire de son autodestruction une marque de progrès. Tôt ou tard, et plus tôt que tard, ils seront appelés à se dissoudre dans la modernité anglophone, mondialisée et diversitaire. L’assimilation s’accélère dans une métropole qui se détache mentalement du Québec. On s’anglicise souvent en franglisant. Puis un jour, on s'anglicise tout simplement. Et ceux qui refusent ce mouvement et y résistent sont présentés comme des retardataires historiques ou des réactionnaires déphasés incapables de s’adapter à une époque qui fait de la-diversité-une-richesse, pour reprendre le slogan consacré. Faut-il s’en surprendre? L’idéologie dominante nomme souvent racisme le simple instinct de survie des peuples qui ne veulent pas se laisser dissoudre par la mondialisation, l’américanisation ou le multiculturalisme à la canadienne. Un jour, défendre la prédominance ou la simple présence du français à Montréal sera assimilé à une position d’extrême-droite. Et ce jour est proche.  

    Mathieu Bock-Côté

    Mathieu Bock-Côté est docteur en sociologie, chargé de cours aux HEC à Montréal et chroniqueur au Journal de Montréal et à Radio-Canada. Ses travaux portent principalement sur le multiculturalisme, les mutations de la démocratie contemporaine et la question nationale québécoise. Il est l'auteur d'Exercices politiques (VLB éditeur, 2013), de Fin de cycle: aux origines du malaise politique québécois (Boréal, 2012) de La dénationalisation tranquille (Boréal, 2007), de Le multiculturalisme comme religion politique (éd. du Cerf, 2016) et de Le Nouveau Régime (Boréal, 2017).

  • Ceuta et Melilla : l’assaut du limes entre l’Europe et l’Afrique va-t-il réveiller les Espagnols ?

     

    Par Javier Portella

    Nouveau Microsoft Publisher Document.jpgAu plus chaud de la crise catalane, l'été et l'automne derniers, nous avons souvent accompagné nos analyses des événements de Catalogne des articles compétents et autorisés de Javier Portella parus dans Boulevard Voltaire. Voici aujourd'hui l'Espagne de nouveau menacée, cette fois-ci par l'afflux des migrants qui chassés d'Italie ou de Malte la prennent désormais pour cible. Menacée aussi, disons-le, par la naïveté et le laxisme de sa politique d'accueil. Javier Portella - notre confrère espagnol - donne ici son analyse de la situation [Boulevard Voltaire, 4.08] non sans quelque espoir d'une possible réaction du peuple espagnol. Comme il s'en produit partout en Europe.   LFAR

     

    77dae4cee53d71a6de676a118bdb1379.jpeg.jpg

    Comme tout le monde le sait, les légions qui, sous le nom de Guardia Civil, défendent le limes séparant (encore) l’Europe de l’Afrique aux enclaves espagnoles de Melilla et Ceuta ont récemment fait l’objet, dans cette dernière ville, d’un assaut brutal avec des sprays transformés en jette-flammes et jets de chaux vive, pierres et excréments.

    L’attaque s’est soldée par la victoire sans coup férir des assaillants. Comment aurait-il pu en être autrement alors qu’il est interdit à nos légions d’employer tout moyen de défense, y compris les instruments propres aux forces anti-émeutes ?

    Tout cela s’est passé alors que les barbelés qui couronnent les murailles plus que fragiles protégeant l’enclave n’ont pas encore été enlevés, comme il avait été promis par le nouveau gouvernement socialiste, désireux, c’est évident, d’en faciliter l’assaut. Mais il a suffi qu’une telle mesure soit annoncée pour que « l’effet d’appel » soit immédiat. Un « effet d’appel » qui s’est également produit grâce à l’accueil donné par l’Espagne aux « auto-naufragés » du bateau Aquarius (un « auto-naufragé » est celui qui, faisant preuve d’une imprudence plus que téméraire, se lance à la mer sur un bateau de fortune qui finira souvent par naufrager). De même, il a suffi de décréter le libre accès de tout immigrant illégal à la Sécurité sociale espagnole pour que « l’effet d’appel » se voie renforcé par une mesure qui s’ajoute à l’ensemble de facilités et d’aides diverses octroyées à quiconque vient grossir la main-d’œuvre bon marché souhaitée par l’oligarchie.

    On dit, cependant, qu’à quelque chose malheur est bon. Un grand bonheur pourrait, en effet, découler de tant de malheur : celui permettant que se dessillent enfin les yeux de la société espagnole, la seule dans toute l’Europe qui lève encore les épaules face à ce qui, ailleurs, soulève rage et indignation ; la seule dont les forces dirigeantes ne doivent même pas se déranger pour essayer de justifier l’injustifiable ; la seule, enfin, où les options patriotiques ne sont pas encore représentées au Parlement (ce qui pourrait, pourtant, bientôt changer, des sondages pronostiquant pour les prochaines élections l’entrée à la Chambre du parti Vox).

    Seule l’aggravation de la pression migratoire, seul le pourrissement d’une situation qui devient de plus en plus intenable pourront faire que, surmontant la bouillie visqueuse du sentimentalisme que les médias du Système déversent à flots sur la population, celle-ci finisse par prendre conscience du véritable enjeu. Un enjeu – celui du plus grand transvasement de populations jamais accompli dans l’Histoire – qui n’est constitué, quelle qu’en soit l’importance, ni par les violences et délits commis, ni par le risque d’attentats terroristes, ni par les maladies qui, disparues depuis belle lurette, sont en train de réapparaître, ni par les sommes folles dépensées afin d’accueillir, soigner et loger les populations arrivées en vue, non pas de survivre, mais d’obtenir les bienfaits matériels qu’elles sont incapables de créer chez elles. (Seul le sentimentalisme angélique peut imaginer qu’est en train de crever de faim quelqu’un capable de payer 4.000 euros à un trafiquant pour traverser la Méditerranée et arriver au pays de cocagne.)

    Le grand, le véritable enjeu n’est pas d’ordre matériel. Le grand, le véritable enjeu est le remplacement, au bout de quelques générations, de tout le socle ethno-culturel sur lequel repose notre être, notre identité, notre civilisation.

    Le grand, le véritable enjeu est ce que Renaud Camus appelle – d’un nom qui a fait fortune méritée – le Grand Remplacement.    

    Écrivain et journaliste espagnol

     

    A lire dans Lafautearousseau ...

    En deux mots : Barcelone : « No tinc por »

    Le paradoxe de la Catalogne, identitaire et ... remplaciste

    Catalogne : Mariano Rajoy deviendra-t-il Mariano Kerenski ?

  • Quand la manif pour Traoré fait chou blanc. Il n'y avait en fait pas grand monde samedi!, par Céline Pina.

    Samedi 13 juin 2020 à Paris

    © LEWIS JOLY/SIPA

    Numéro de reportage: 00967154_000011

    Source : https://www.causeur.fr/

    Même si la manifestation a fait du raffut, seulement 15 000 personnes ont répondu samedi à l’appel du comité Adama, selon la préfecture de police. Les sornettes d’Assa Traoré sont reprises avec beaucoup de complaisance par les médias et nombre de politiques, mais les Français ne s’y trompent pas et ne rejoignent pas massivement le mouvement.

    3.jpgLa manifestation organisée par le comité Adama le 13 juin, officiellement contre le racisme et les violences policières a fait un bide. Est-ce à dire que la France et les Français seraient indifférent face au racisme ? Absolument pas. Ce qui est arrivé à Georges Floyd a choqué et ému le monde entier. Mais cette histoire n’a pas eu lieu en France et ceux qui essaient de l’exploiter, famille Traoré, militants gauchistes, indigénistes et plus discrètement mouvance islamiste, n’ont rien à voir avec le combat antiraciste. Ils en sont même la négation puisqu’ils ne voient les êtres humains qu’à travers le prisme de leur couleur de peau et n’imaginent entre eux qu’un seul lien, celui de la domination. Si le monde médiatique dans sa majorité n’y a vu que du feu et si les politiques se sont montrés incapables de défendre la police injustement attaquée, les Français, eux, n’ont pas été dupes : ils ont compris la manipulation et ne se sont pas déplacés.

    Rentrez chez vous les gauchistes!

    Avoir le soutien des médias et exploiter un drame qui a ému le monde entier pour ne réunir que 15 000 manifestants… Moins encore que lors du rassemblement devant le Palais de Justice ! En politique, on appelle cela un échec cinglant. Cela montre que cette tentative de radicalisation et de mise en accusation de la société par une famille de caïds et toute la mouvance gauchiste ne prend pas.

    2.jpg

    En sacrifiant sa police à des exaltés sans influence réelle, l’exécutif a donc paniqué devant un tigre de papier. Il a mis à mal la séparation des pouvoirs et humilié la police parce qu’il ne prend la mesure ni des situations ni de ses obligations. Ces comités Adama et consorts ne représentent rien. Ce qui leur donne du pouvoir, c’est la peur des politiques face à leur chantage et l’espace que l’État leur cède en les laissant mettre sous coupes réglées certains territoires. Cela montre aussi que les storytellings médiatiques ne fonctionnent plus quand elles sont aussi éloignées de la réalité. Certains journalistes étaient allés loin en occultant la violence endémique de la famille, pour renforcer la dimension de victimisation. La couleur de peau de certains membres des forces de l’ordre ayant procédé à l’arrestation a été tue, car certains étant noirs ou métis, ils mettaient à mal la théorie d’un dérapage raciste lors de l’arrestation d’Adama Traoré. Pareil pour la tentative de faire passer la police pour systématiquement raciste, alors que le racisme y est combattu, fait l’objet de procédures en cas de constat et que rares sont les commissaires qui apprécient les policiers qui jouent les cowboys et ne savent pas se tenir. S’il est normal de combattre toute forme de racisme dans les institutions, il est tout aussi normal de refuser les accusations infondées et les manipulations grossières. Cet échec de la manifestation ne parle pas d’une France qui refuserait de combattre le racisme, mais d’une France qui refuse la guerre des races et rejette ceux qui veulent l’entraîner là-dedans.

    Christophe Castaner nous met dans le pétrin

    Le comité Justice pour Adama détourne la juste cause de l’antiracisme. Adama Traoré n’est pas Georges Floyd et la France n’a pas l’héritage ségrégationniste, raciste et communautariste des États-Unis : la tentative de déstabilisation politique dont rêve le comité Adama et l’extrême-gauche ne prend pas, et si Christophe Castaner n’avait pas stupidement tiré dans le dos de la police (symboliquement !), l’État ne se serait pas mis dans un tel pétrin.

    Rappelons que l’antiracisme n’est pas la volonté de faire de la couleur de la peau une appartenance qui oblige. C’est au contraire la conviction que la couleur de la peau ne compte pas, ne dit rien sur ce qui fait un être humain, sa capacité à aimer, à apprendre, à comprendre, à construire et à agir, elle ne nous définit pas, ne nous enferme pas. On juge un homme à ses actes, pas à sa couleur ou à son sexe… L’inverse de ce qu’essaient de vendre ceux qui s’autoproclament antiracistes alors que leur pensée est essentialiste. Et c’est justement le cas des décoloniaux, proches du comité Adama, dont le meilleur exemple est Houria Bouteldja qui, dans son livre Les Blancs, les Juifs et Nous, indiquait par exemple qu’une Noire se faisant violer par un Blanc devait le dénoncer et en faire un argument politique. En revanche si elle se faisait violer par un Noir, elle devait se taire pour protéger son clan, sa race, sa famille. L’appartenance raciale passant donc avant toute quête de justice.

    Voilà à qui nous avons affaire : des gens qui brandissent la bannière antiraciste mais pour qui la couleur de peau est l’alpha et l’omega de l’appartenance. Et nos médias vont continuer longtemps de les présenter comme des représentants de l’antiracisme ? Il est peut-être temps d’appeler un chat, un chat et de dire que ces soi-disant antiracistes vont aujourd’hui plus loin dans le rejet de l’autre et la violence ethnique que l’extrême-droite. Le dire est risqué alors qu’attaquer l’extrême-droite, même quand elle est très en deçà du discours violent des décoloniaux, voire même quand elle se tait, vous vaut des points de pureté morale et de noblesse d’âme.

    Non au modèle de société américain !

    Espérons que ce pouvoir aux abois va enfin comprendre qu’il n’est victime aujourd’hui que de sa propre faiblesse et de son inconsistance, et qu’il n’y a pas un vent qui se lève en France en faveur du communautarisme et du séparatisme. Au contraire, c’est un grand ras-le-bol que l’on constate, celui d’une majorité des Français qui voudrait que leurs dirigeants défendent leur modèle de société.

    C’est le 16 juin, que se tiendront symboliquement la France et les Français, aux côtés des soignants. C’est là que nous pourrons défendre ce que nous sommes et ce modèle social qui soigne et soutient tous les malades sans se soucier de leur couleur de peau, de leur sexe, de leur philosophie, de leur religion, ou de leur âge (sauf quand il est sous-tension). La France, c’est ce modèle intégrateur qui recherche et trouve la concorde dans la fraternité, qui refuse les appartenances ethniques, la soumission aux dogmes religieux ou à la race. Le 13 juin, nous pouvons être fiers de ne pas être descendus dans la rue. Le 16 juin, la France qui manifestera sera celle aux côtés de ceux qui ont pris des risques pour elle, soignants et travailleurs qui ont beaucoup donné et sont toujours au front.

  • Le contre-sens suicidaire de la prétendue « écologie », par Christian Vanneste.

    Le grand paradoxe ou plutôt l’énorme mensonge de « l’écologie » politique repose sur une idée : la vie. La pandémie du Covid-19 a accentué au-delà du raisonnable la peur de la mort. Ni le nombre de morts, ni les tranches d’âge assez logiquement les plus touchées n’auraient du conduire à pareille panique planétaire augmentée dans notre pays par la gesticulation d’un gouvernement dépassé par la question. Sans doute la priorité donnée à la protection de la vie a-t-elle facilité un glissement de l’opinion vers ceux dont le fonds de commerce se confond avec l’exploitation politique de la peur face aux menaces chimique ou nucléaire.

    christian vanneste.jpgEntre pollution et contamination, l’amalgame sémantique a été depuis longtemps utilisé par les marxistes repeints en vert qui se sont emparés de « l’écologie ». Le climat mental créé par la crise sanitaire a donc développé surtout chez les urbains des grandes villes l’idée qu’il fallait améliorer la qualité de l’air, de l’alimentation, et se méfier davantage des produits d’une grande industrie cynique prête à jouer sur notre santé pour augmenter ses profits. Le rôle des grands laboratoires pharmaceutiques dans « l’étrange défaite » de notre système de santé et en particulier dans le navrant débat autour du « protocole Raoult » a donné du crédit à cette hostilité et permis la réunion contre le capitalisme du gauchisme assoiffé de révolution et des bobos soucieux de leur santé. Le taux d’abstention avec sans doute une mobilisation plus sélective des électeurs a fait le reste. On remarquera seulement que l’autre bénéficiaire politique potentiel de la pandémie, le souverainisme, qui dénonce lui de manière plus précise, et l’excessive circulation des biens et des personnes, et la délocalisation de notre production, qui expliquent à la fois la propagation rapide du virus et l’absence des moyens matériels pour le combattre, n’a pas su utiliser cette carte pourtant maîtresse.

    Ce n’est certainement pas en fermant Fessenheim et en diminuant notre production d’électricité nucléaire, en ruinant nos industries automobile et aéronautique par une pluie toxique de taxes et de réglementations que nous vivrons mieux. La France produit peu de gaz à effet de serre : 0,9% du total mondial de CO2, deux fois moins que l’Allemagne. Cette question ne devrait en aucun cas être sa priorité, et on se demande par quelle aberration le président accidentel que nous subissons en fait tout un fromage. Que le confinement ait baissé l’émission du CO2 de seulement 8%, comme il le souligne, est anecdotique par rapport au marasme économique et social que l’incarcération sanitaire des Français va entraîner en raison de l’impréparation de notre pays. ll voulait montrer par là que la décroissance n’améliorerait pas la qualité de notre air de façon significative. Certes, mais elle tuerait à coup sûr notre économie, nos emplois, notre pays. Et c’est dans cette contradiction que réside le grand mensonge vert : sous prétexte de mieux protéger la vie de chacun, sauf les avortés et les euthanasiés, bien sûr, les « verts » veulent surtout tuer notre vieille nation, comme si la survie de celle-ci n’était pas la première protection de la vie de chacun de ses membres, comme si la vie d’une nation ne pouvait pas être prolongée sans limite alors que tel n’est pas le cas pour les individus.

    Zemmour s’est fait brocarder récemment pour un de ses raccourcis tellement rapide qu’il risque de paraître ridicule. « Complotiste » s’est écriée en choeur la « bienpensance »…. Voilà que Zemmour confond le vert écologique, le vert gentil avec le vert islamiste, le vert méchant : aucun rapport, il délire ! Et pourtant non : s’il est vrai que la même couleur est le fruit du hasard, la convergence des luttes, elle, ne l’est pas ! Les ennemis de nos ennemis sont nos amis. Tous ceux qui veulent affaiblir, puis tuer la France, ensevelir son histoire sous un tombereau de honte, remplacer sa population, ravager sa culture, y répandre l’insécurité à force de laxisme, se liguent naturellement contre elle. Peu importent les oppositions cruelles sur les droits des « lgbt », sur l’égalité hommes/femmes, l’immigration africaine et musulmane est bienvenue, le multiculturalisme est l’avenir, le cannabis est bon pour la santé et il fait vivre un certain nombre de quartiers hors-la-loi. Notre société connaît une menace mortelle : c’est l’addition des communautés minoritaires unies pour renverser plus qu’un pays, une civilisation. L’intersectionnalité entre les groupes féministes, lgbt, antiracistes, anticapitalistes, indigénistes, végan, antifascistes, islamistes, antivoitures, écologistes, va faire que malgré les divergences considérables, on ne va pas se combattre, ni se critiquer, qu’on va même parfois défiler ensemble pour défendre la Palestine ou une famille de délinquants. Cette effervescence-là est le côté obscur des tribus d’internautes célébrées par Maffesoli. Comme un canard sans tête qui continue à courir, la gauche, privée du prolétariat ouvrier qui a compris qu’il n’avait rien à attendre d’elle, a choisi la stratégie prônée par les démocrates américains ou par Terra Nova : la majorité de demain sera l’addition des minorités. C’est un choix mortifère qui est celui de nos prétendus écologistes, de nos « pastèques », vertes à l’extérieur et rouges à l’intérieur, d’autant plus dangereusement mortelles qu’elles avancent en prétendant défendre la vie. Un signe ne trompe pas : le fond totalitaire transparaît avec l’intolérance et cette prétention exorbitante d’une politique fondée sur une science, sur une connaissance absolue. Le marxisme se voulait « socialisme scientifique ». Ses orphelins embrassent « l’écologie ». Or la politique n’est pas une science et la science elle-même est fondée sur le doute plus que sur la certitude. Raoult n’a cessé de le répéter à des journalistes obtus dont l’inintelligence et l’inculture sont pour beaucoup dans le suicide de notre pays.