UA-147560259-1

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Frappes en Syrie ? Il est urgent que la France se tienne scrupuleusement à l'écart de ces manœuvres oiseuses

Syrie, un jardin sur l'Oronte

 

En deux mots.jpg

Ce sont des événements graves qui se déroulent en ce moment d'un bout à l'autre du monde, notablement en Syrie. Et qui alimentent comme s'il en était besoin, ce climat de lourde tension internationale qui se développe dangereusement en diverses régions du globe. Et qui, même si l'on trouvera que nous employons de grands mots, évoquent comme une avant-guerre.

Les présidents Trump et Macron se téléphonent beaucoup ces jours.ci à ce que l'on dit, et nous craignons fort que ce ne soit pas pour de sages décisions. L'envoi de missiles sur la Syrie pour détruire de supposés stocks d'armes chimiques nous paraît être une sottise de plus venant de pays - dont malheureusement le nôtre - qui en ont déjà accumulé un certain nombre et des plus graves. Par exemple en Irak et en Libye. Nous avons eu les conséquences du chaos qui s'y est établi consécutivement aux interventions dites occidentales et sans-doute les aurons-nous encore pour longtemps. 

On se souvient que pour intervenir en Irak les Américains avaient répandu sans vergogne de très gros mensonges. Les « armes de destruction massive » que Saddam Hussein était censé détenir et qu'il n'avait pas se sont transmuées en « stocks d'armes chimiques » syriennes dont on n'a pas de preuves formelles mais seulement de « fortes présomptions » que le régime de Damas les aurait vraiment lui-même utilisées il y a deux semaines.

Trump, Macron et sans-doute Theresa May, sans besoin d'aucun mandat dit international, sans-doute impossible à mettre en place, envisagent donc de faire justice, de frapper la Syrie de Bachar el Assad, à titre punitif, et pour lui marquer les limites que les puissances en question lui interdiraient de franchir : la fameuse « ligne rouge » qu'elles ont elles-mêmes fixée. On ignorera longtemps à quel titre. 

Des paroles martiales viennent d'être proférées et des menaces guerrières échangées. La tweet-diplomatie, dont Trump s'est fait le dérisoire spécialiste, s'est surpassée. Trump a annoncé des tirs de missiles sur la Syrie ; Moscou a répliqué qu'il les intercepterait, affirmant avoir les moyens de les détruire en vol. Trump a surenchéri, claironnant que ses missiles sont « intelligents ». Mais on sait qu’il faudrait en tirer beaucoup pour que quelques-uns peut-être atteignent leur cible... Paris n'est pas en reste sur ces rodomontades. Quoique plus discrètement, Londres est de la partie. A quoi conduit-elle ? Tout bonnement à un risque de confrontation directe avec la Russie ... Nous n'avons rien à y gagner, beaucoup à y perdre. La France n'a pas de conflit d'intérêts avec la Russie. Et aurait au contraire bien des avantages à s’en rapprocher.

A ce stade, il est probable que ces épisodes ne sont rien d'autre que des gesticulations. Des coups de com' selon la délicate expression en usage dans nos régimes d'opinion. Et il n'est pas tout à fait impossible que les tirs annoncés soient renvoyés aux calendes grecques, d'un moratoire l'autre, ou qu'on finisse par leur substituer à titre compensatoire quelque autre mesure ou sanction moins risquées ...

Mais c'est une erreur de croire que la gesticulation est signe d'exclusion du conflit ; que les armes n'auront pas à parler ; que la folie de la guerre n'est plus à l'ordre du jour.  L'Histoire montre que les gesticulations semblables à celles dont nous avons en ce moment le spectacle, en sont parfois les prodromes. Vient un moment où un geste de trop finit par déclencher l'engrenage fatal qui conduit au conflit, à la catastrophe, à la guerre, dont peut-être personne n'avait vraiment voulu.

Notre avis est que la France devrait rester scrupuleusement à l'écart de ces manœuvres oiseuses. Elle n'a ni intérêt à frapper la Syrie ni les moyens d'une guerre de principe, d'une guerre idéologique, morale ou humanitaire. Son intérêt premier est la destruction de Daech et la stabilisation de la Syrie, son retour à une situation d'ordre et de paix relative capable de contenir l'islamisme radical. Frapper Bachar el Assad concourra-t-il à l'un comme à l'autre de ces objectifs ? Nous ne le croyons pas. Au demeurant, les va-t-en-guerre anglo-saxons et français ont-ils trouvé en Syrie quelque force organisée, sérieuse, puissante, non suspecte de plus ou moins secrètes complicités islamistes, qui puisse se substituer au régime d'Assad ? On serait curieux de savoir laquelle, avec un minimum de précision et de détail. Ou bien, comme ils l'ont fait en Irak et en Syrie n'ont-ils songé à aucune perspective d'avenir autre que d'y laisser s'installer l'anarchie et le chaos ?  

Lire aussi ...

Notre avant-guerre ? 

Retrouvez l'ensemble de ces chroniques en cliquant sur le lien suivant ... 

En deux mots, réflexion sur l'actualité

Commentaires

  • Les Etats Unis d'Amérique ont un besoin permanent de mensonge. Le "story telling" leur est indispensable, tout simplement parce qu'ils ne peuvent pas se mobiliser sans avoir conditionné leur opinion publique. Et cette nécessité de forgerie est présente à chaque étape de leur histoire. Ainsi l'invention de l'agression mexicaine contre David Crockett à Fort Alamo, l'invention de la canonnade du "Maine" par les espagnols, ou encore la sinistre manipulation avec le torpillage du Lusitania, qui transportait au moment de l'attaque 5 248 caisses d'obus, 4 927 boîtes de 1 000 cartouches chacune et 2 000 caisses de munitions. Dans cette affaire, la Royal Navy était complice, puisqu'elle ordonna au destroyer chargé d'escorter le navire de revenir au port. Le but étant de soulever l'opinion américaine car la grande majorité des passagers était américaine. De même l'attaque contre l'Irak avec les armes de destruction massive et les faux bébés massacrés par Saddam. Toute l'Histoire des USA n'est que mensonge... et oubli car le peuple américain n'a pas de mémoire. Cela dit, rappelons que, parmi les chefs d'Etats réunis dans le cadre de l'OTAN, Mitterand fut le seul à pointer du doigt les contre-vérités préparées par les services américains, avec une apostrophe ironique, du style "vous n,'avez pas besoin de nous conditionner par des salades invraisemblables pour que nous acceptions votre politique". Il semble que M. Macron n'ait pas cette lucidité gouailleuse. Tant pis.

  • http://www.lefigaro.fr/vox/monde/2018/04/12/31002-20180412ARTFIG00215-syrie-pour-peser-la-france-doit-s-affranchir-de-l-alliance-atlantique.php

    https://francais.rt.com/opinions/49708-france-doit-resister-folie-belliqueuse-donald-trump

  • A Mezri Haddad
    Merci, Cher Monsieur, de ces transmissions dont nous ferons bon usage.

  • Ces manoeuvres ne sont pas tant oiseuses que dangereuses et bellicistes qui ne reposent comme pour l'agression américaine de l'Irak par les USA que par des mensonges et de la propagande grossière. Macron, le caniche de Trump, comme ses 2 prédécesseurs le furent d'Obama s'aligne sur ses maîtres Nous avons perdu tout notre crédit international en nous alignant sur les USA depuis que le néoconservateur US à passeport français nous a fait réintégrer le commandement militaire de l'Otan.
    Les USA n'ont pas changé depuis la fin de la guerre froide qui vît la chute de l'URSS et de ses alliés dans la mesure où ils ont toujours besoin d'un méchant pour se justifier eux et leurs actions comme étant "le camp du Bien". Quitte à recréer artificiellement un adversaire en la Russie de Poutine qui depuis 1991 ne mène aucune guerre extérieure à la notable différence des US.

  • Oui Antiquus fait bien à propos ces rappels historiques concernant la façon de faire des USA pour intervenir en ayant l'air d'avoir été victime ; pour la fourberie à l'anglaise , l'élève a dépassé le maitre .

    Pour la crise des années 30 , c'est davantage la deuxième guerre mondiale que le " new deal " qui aurait permis de la résoudre , pour les USA du moins . Ensuite prêt ( et non un don ) pour l'aide à la reconstruction de l'Europe de l'Ouest largement bombardée ( y compris la France ) par ces bonnes âmes ." La Fayette nous voila " . Qu'ils restent chez eux !

  • Je ne pense pas qu'ils seront assez stupides pour prendre le risque d'un affrontement avec la RUSSIE. N'oublions pas Napoléon et Hitler qui étaient bien meilleurs stratèges s'y sont cassés les dents. C'est certainement une opération à usage interne, pour montrer à leur opinion qu'ils sont les Chefs.
    Mathieu EPINAY dans le dernier Politique Magazine l'a très bien démontré: impossibilité d'attaquer les positions Russes, il ne restera que quelques cibles sans importance.

  • Et si ! Ils le sont !

  • Quelle virée s'est offerte " l'équipée sauvage " !

  • Il aurait été intéressant qu'Antiquus dans son rappel des manipulations des cercles dirigeants USA nous précise la date exacte où Mitterrand a lancé son apostrophe ironique, du style "vous n,'avez pas besoin de nous conditionner par des salades invraisemblables pour que nous acceptions votre politique". J'imagine que c'était pendant la première guerre du Golfe avec Bush Père, en 1990. mais je peux me tromper.. En tous cas la saillie bien envoyée de Mitterrand est aussi un aveu d'impuissance; renoncer à lutter contre un Empire qui n'a pas vocation à imposer au monde son modèle., mais à s'y confronter. D'où l'actualité de Kiel et Tanger. Il existe toujours une marge de manœuvre pour se reconnaitre et se faire reconnaitre. .

  • Cher Henri, cette remarque de Mitterand est bien antérieure à la guerre du Golfe. Elle date de l'époque ou la politique extérieure française revenait dans le rang "occidental". Comme vous le soulignez, elle marquait clairement un renoncement essentiel de la France à soutenir sa propre partition. Du moins le faisait-il en exigeant un minimum de considération pour lui-même et les français. Avec Macron, cette dignité a disparu.

Écrire un commentaire

NB : Les commentaires de ce blog sont modérés.

Optionnel