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  • A propos des publications de Lafautearousseau : nos archives sont faites pour être consultées ...

    Quelques informations concernant notre fonctionnement et nos publications :

    ♦ Les lundis de Louis-Joseph Delanglade (politique intérieure et extérieure généralement alternées) vous sont proposés chaque semaine (hors vacances). Vous pouvez consulter l'ensemble des chroniques déjà parues, en cliquant sur l'icône les lundis de Louis-Joseph Delanglade. (Page d'accueil, colonne de droite). 

    ♦ Grands auteurs ou acteurs de l'Histoire s'enrichit, chaque semaine, de pensées et réflexions particulièrement pertinentes. Déjà cités : Edgar Poe, le Dalaï Lama, Tocqueville, Baudelaire, Vaclav Havel, Claude Lévy-Strauss, Charles Péguy, Dostoïevsky, Goethe, Anouilh, Malraux, Unamuno, la Satire Ménippée, George Steiner, Shakespeare, Frédéric II, Jacques Perret, Georges Bernanos, Anatole France, Auguste Comte, Balzac, Racine, Pierre Manent, Louis XIV, Charles Maurras, Alexandre Soljenitsyne, le Pape François, Wintson Churchill, Alfred de Musset, Michel Houellebecq, Jean Giraudoux, Gustave Thibon, Choderlos de Laclos, Jacques Ellul, Simone Weil et Jacques Bainville. Vingt-quatre Français, neuf grands esprits européens, anglais, allemand, espagnol, russe et tchèque. et trois non-européens, Edgar Poe, le Dalaï Lama et le pape François. Bien d'autres grands auteurs éclectiques et profonds sont à venir. « Du bonheur d'être réac ? » C'est ce qui les rassemble. N'hésitez pas à consulter cette bibliothèque qui s'étoffe et se construit ! (Icône en page d'accueil, colonne de droite). 

    ♦ Vimeo vous offre une sélection exceptionnelle de 128 vidéos : Documents d'archives, conférences anciennes et récentes, débats, cafés politiques, évènements et activités, etc.  (Icône en page d'accueil, colonne de droite).  

    ♦ Enfin, les habitués des réseaux sociaux, ne manqueront pas de participer à la vie de notre page Facebook (à ce jour plus de 4.000 amis) et de notre compte Twitter (1 237 abonnés). L'un et l'autre sont vraiment très actifs et en plein progrès. Progrès qualitatif notamment, car dans le nombre - déjà significatif, en soi - d'amis ou d'abonnés que nous venons de noter, il y a tout un ensemble de personnalités - parfois fort connues - qui comptent particulièrement : hommes politiques, maires, députés, économistes, universitaires, militaires, entrepreneurs, écrivains, scientifiques, hommes ou femmes de télévision; etc. La réactivité est, aussi, sur notre page Facebook comme sur notre compte Twitter, un facteur qualitatif à relever : nombre de clics J'aime; nombre et intérêt des liens partagés. Nous y reviendrons plus en détail.    

    ♦ Pour nous adresser un courriel, vous pouvez cliquer directement sur notre adresse de messagerie (page d'accueil, colonne de droite, partie haute) : lafautearousseau@outlook.fr

    Dernier point : La Lettre de Lafautearousseau est servie quotidiennement aux abonnés. (Inscription gratuite).

    Voilà donc, en bref, quelques informations sur les composants de la nébuleuse Lafautearousseau.

    Que les esprits pessimistes ou chagrins y trouvent du réconfort : nous ne faisons pas rien ! Nous travaillons tous les jours, sans esprit de chapelle, dans la nébuleuse lafautearousseau !

    Bonne lecture à vous tous  ♦

  • Loisirs • Culture • Traditions ...

  • LIVRES & HISTOIRE • Éric Zemmour : Les leçons à retenir de Law, premier banquier central de l'histoire de France

     

    Zemmour s'amuse, ici - et nous amuse - au jeu des comparaisons. Qui ne sont jamais tout à fait raison mais peuvent avoir leur morale. Pour nous, par exemple. En tout cas pour ceux qui aujourd'hui voient dans la planche à billets le salut économique. Lorsque Zemmour s'amuse à écrire que Law fut le premier banquier central de l'histoire de France. il nous montre surtout comment le genre d'audace dont Law et ses contemporains crurent faire preuve se terminent en catastrophe. A méditer ? Lafautearousseau 

     

    XVM6312673a-de1a-11e4-b137-20089febc440.jpgOn est dans les Mémoires de Casanova : « Une vie de dandy, un duel, une évasion, une fuite à l'étranger.» Ou dans ceux de Saint-Simon: complots de courtisans et afféteries fielleuses. Ou dans Barry Lyndon: tables de jeu pour aventuriers retors, fêtes galantes et guerres en dentelles. Ou dans Que la fête commence: régent libertin et cardinal Dubois cynique. Ou dans Le Bossu: «touchez ma bosse, Monseigneur ! »

    Magie du XVIIIe siècle : on ouvre un livre sur John Law et notre imagination vagabonde aussitôt. À l'époque, on francise tout en maître: John Law devient Jean Las (qui rime avec hélas); aujourd'hui, on se soumet en esclave à la prononciation anglaise : John Lo (qui sonne comme loi en anglais). On rêvait de retrouver Marisa Berenson dans Barry Lyndon et on retrouve Keynes avec sa théorie économique  Les courbes que l'on nous montre ne sont pas celles auxquelles on avait songé. Et les billets ne sont pas aussi doux qu'on l'avait imaginé.

    C'est la première habileté de l'auteur, Nicolas Buat : il nous fait atterrir de la salle obscure de cinéma à l'amphi d'économie avec suffisamment de douceur, pour qu'on ne soit pas trop secoué. Mais ça secoue quand même; la matière est aride et on est dans la soute. Sous les ors et dentelles, c'est la théorie économique qui naît au forceps: John Law est le premier banquier central français, qui met au point les leviers de la création monétaire et du soutien à l'économie.

    L'Écossais avait vu quelques années plus tôt l'émergence de la Banque centrale anglaise, qui avait permis de financer sans risques les guerres de la Couronne d'Angleterre contre le Roi-Soleil. « En pleine guerre de Succession d'Espagne, le contraste était éclatant entre une France pratiquant la cavalerie financière et une Angleterre maîtresse de ses taux et de son endettement. » Napoléon s'en souviendra lorsqu'il fondera la Banque de France en 1800. Mais il était dit que le génie financier serait l'apanage de la perfide Albion. En vieil allié de la France, l'Écossais nous en livra pourtant ses secrets. Mais sa déconfiture finale nous fit prendre un siècle de retard. Et coûta son trône à une monarchie surendettée. 

    John Law  de Nicolas Buat, Les Belles Lettres, 259 p., 21€.

    FIGAROVOX

     

  • HISTOIRE • Bainville a eu à commenter aussi un Sommet des Amériques, comme celui qui se tient au Panama ...

    Comme tout un chacun nous avons suivi, par médias interposés, les nouvelles du Sommet des Amériques qui vient de s'ouvrir au Panama. Nous avons écouté - sans surprise - le président Obama réaffirmer avec de fortes, traditionnelles et même assez martiales paroles, le rôle universel des Etats-Unis et leur fierté d'avoir à l'assumer pour la paix du monde, la démocratie et - naturellement - pour le bonheur des peuples. Des peuples, des sociétés civiles, a-t-il ajouté très impérial, avec lesquels les Etats-Unis se doivent de dialoguer directement, comme, accessoirement, ils le font aussi avec les Etats qui les représentent ... Ces derniers ne sont-ils pas d'ailleurs, en quelque sorte, comme jadis Rome avait les siens, des Etats vassaux dont on tolère la survivance, pour ne vexer personne ? 

    Alors nous nous sommes souvenus de la description et du commentaire que Jacques Bainville avait donné en son temps d'un semblable sommet panaméricain et, lors du même sommet, du comportement d'un Obama de l'époque, aujourd'hui bien oublié, le président Coolidge. Sommet et président tellement ressemblants à ceux d'aujourd'hui ! Le lecteur n'a pas grand mal à transposer. Et nous avons eu envie de relire ce texte si bainvillien et si actuel. Et, mieux encore, comme l'on trouve tout dans Lafautearousseau, ce qui rend ce blog irremplaçable, nous l'avons retrouvé d'un clic. Le voici. Lisez, réjouissez-vous ! 

     

    Du Journal, Tome III (1927/1935); Note du 18 janvier 1928, pages 34 à 36)

    etats unis,coolidgeOn ne peut manquer d'être frappé de l'assurance avec laquelle le président Coolidge s'est exprimé dans son discours d'ouverture du congrès panaméricain. Cette assurance paisible est celle que donnent la puissance et la richesse. De loin, une vue superficielle des choses laissait croire que les États-Unis, à l'assemblée de La Havane, seraient jugés par les Républiques latines, qu'ils auraient des comptes à rendre ou des excuses à fournir pour leur politique d'intervention au Nicaragua, en Haïti et ailleurs. La grande République de l'Amérique du Nord a tout de suite paré le coup. Tout au moins, en présence du président Coolidge, la question ne sera pas posée.

    La grande République des États-Unis a la majesté de la république romaine. M. Coolidge s'est rendu à La Havane avec un déploiement de force, un appareil de luxe qui font penser au voyage d'un proconsul. Il a derrière lui le Sénat de Washington, qui rappelle le Sénat romain. Et il parle aussi de paix, comme en parlait Rome, qui a, en effet, pendant plusieurs siècles, donné la paix au monde d'alors, mais en intervenant partout où cette "paix romaine" était troublée. 

    Virgile avait donné la formule d'une doctrine de Monroe lorsqu'il conseillait aux Romains de se souvenir qu'ils étaient destinés à gouverner les peuples. Cet orgueil tranquille est l'accompagnement de la grandeur. A quoi sert de se dissimuler que les États-Unis sont très grands, qu'ils ont en hommes et en ressources des disponibilités immenses et qu'ils n'ont à subir le contrôle de personne ? On ne peut, en somme, que rendre justice à leur modération. C'est celle d'Auguste disant a Cinna : "Je suis maître de moi comme de l'univers." 

    Le respect - le Code dit très bien "la crainte révérentielle" - que les États-Unis inspirent, se traduit, à chaque instant, par des soumissions imprévues. On croyait que le Mexique, très avancé et un peu bolchévisant du président Calles, tenait tête à la République voisine. Il est devenu doux comme un agneau. Il y a un parti yankee au Nicaragua, et ce n'est peut-être pas le moins influent. Ne dites pas aux citoyens de la République de Panama qu'ils sont sous influence étrangère; ils  se fâchent. Ne dites pas aux citoyens de la République de Colombie que la politique du dollar, aidée par la politique du gros bâton, a séparé d'eux les citoyens de Panama; vous les offenseriez. Le récent manifeste de M. Romain Rolland et de quelques autres défenseurs de la liberté des peuples à disposer d'eux-mêmes court grand risque de n'être pas entendu.

    Mais on s'explique aussi que les Etats-Unis, habitués à trouver autour d'eux si peu de résistance, n'acceptent pas de discussion avec la vieille Europe, qu'ils se tiennent dédaigneusement à l'écart de la Société des Nations, que, pour les dettes, dites de guerre, ils proposent des chiffres qui sont à prendre ou à laisser, qu'ils construisent autant de navires de guerre qu'il leur plaît dès que l'Angleterre n'admet pas leur formule de limitation des armements navals, qu'ils aient leur conception du "bannissement de la guerre" et qu'ils l'imposent, bref qu'on ne gagne jamais à vouloir ruser ou finasser avec eux.

    On a trop encensé autrefois la liberté américaine. On la comprenait comme la liberté civique, l'idéal de la démocratie etc... Mais, être libre c'est être fort. Parce qu'ils sont forts, les États-Unis possèdent une liberté souveraine qui en arrive à ne pas se distinguer beaucoup de l'impérialisme, sinon par le fait que le président Coolidge, à la différence du président Hindenburg, ne porte pas d'épaulettes, d'éperons ni de sabre. 

    Illustration ci-dessus : le président Coolidge

     

  • Loisirs • Culture • Traditions ...

  • EXPOSITION • Pie VII face à Napoléon... Par Raphaël de Gislain*

    Pie VII et Napoléon

     

    Le palais impérial de Fontainebleau accueillit le pape Pie VII à deux reprises, dans des circonstances radicalement différentes… Il était le lieu idéal pour présenter cette exposition originale qui confronte l’empereur Napoléon au pape. Entre les deux hommes, l’éternelle querelle du pouvoir et de l’Église…

    Le château de Fontainebleau a reçu par deux fois le pape Pie VII, comme hôte sur le chemin du sacre en 1804, puis comme prisonnier entre 1812 et 1814. L’appartement des Reines-Mères, baptisé depuis lors “appartement du Pape”, en conserve aujourd’hui le souvenir. Fontainebleau est à cet égard l’un des lieux qui incarne le mieux les relations tumultueuses entre Rome et Paris, dont l’une des expressions est la “guerre d’image” que se livrent les deux puissances, de 1796 à 1814. L’exposition évoque d’abord la mainmise des Français sur quelques-uns des trésors de la collection pontificale, la célébration du concordat de 1801 par l’imagerie officielle ou encore l’iconographie subtile des cadeaux diplomatiques lors du sacre de 1804.

    La guerre de propagande, qui atteint son paroxysme avec l’invasion des États pontificaux en 1808 et l’arrestation de Pie VII en 1809, est ensuite décryptée à travers l’image d’une Rome antique renaissant grâce au “César moderne”. Le Pape, retenu à Savone depuis 1809, est conduit à Fontainebleau en 1812, où les deux protagonistes s’affrontent. L’Empereur parvient à arracher en janvier 1813 un éphémère concordat au Pape qui, libéré en 1814, est accueilli à Rome par une imagerie triomphaliste.

    Près de 130 oeuvres, parmi lesquelles des acquisitions inédites, ainsi que des prêts exceptionnels des musées du Vatican ou de la Sacristie pontificale, illustrent un affrontement où se combinent enjeux religieux, politiques et artistiques. En écho, sur les lieux mêmes de sa détention, les éléments retrouvés et restaurés du mobilier qu’a connu Pie VII sont rassemblés pour la première fois depuis le Premier Empire.

    L’éclairage neuf du catalogue


    Au-delà de la confrontation entre deux personnalités hors du commun, l’ancien bénédictin élu pape et le lieutenant d’artillerie proclamé empereur des Français, l’ambition du catalogue de l’exposition est plus largement d’explorer les relations tourmentées entre l’Église et l’État, des débuts italiens de Bonaparte en 1796 au rétablissement du pouvoir temporel du pape en 1814, en passant par le Concordat de 1801.

    Cet affrontement entre les deux pouvoirs eut d’emblée une traduction artistique : des œuvres d’art furent confisquées et restituées, tel le monumental Jupiter d’Otricoli exceptionnellement prêté par les musées du Vatican, ou commandées et offertes, telle la somptueuse tiare exécutée par l’orfèvre Auguste et le joaillier Nitot, cadeau de l’Empereur au pape en 1805 au temps de la concorde, ordinairement conservée dans le trésor de la Sacristie pontificale des Sacrés Palais.

    Par ailleurs, une ample moisson iconographique rassemble, rapproche et confronte des œuvres exposées au Salon à Paris en 1810 et 1812 ou conçues en Italie. À Rome, déclarée « seconde capitale de l’Empire », la décoration du Quirinal, devenu palais impérial de Monte-Cavallo, multiplia les références antiques au service du César moderne, tandis qu’à Paris, où foisonnaient les projets à la gloire de l’Empereur, le Salon des artistes vivants était une scène où se livrait une guerre des pinceaux. Après la chute de Napoléon en 1814 se poursuivit, par une explosion de créations graphiques, cette guerre d’image entre les deux souverains rivaux, l’un restauré, l’autre déchu, chacun également habile à mobiliser à son profit l’opinion par les arts.

    Au terme d’une décennie d’expositions napoléoniennes souvent redondantes l’une par rapport à l’autre, voici enfin un sujet neuf, traité sous un angle inédit. Le propos est solidement structuré, appuyé en regard du sommaire par une carte des itinéraires de Pie VII dans l’Europe dominée par Napoléon. Qu’on en juge par quelques titres de sections qui s’articulent vigoureusement : « Rome à la merci de Paris. De la lutte à mort à la réconciliation, 1796-1801 », « Accord entre Rome et Paris. En quête d’une image officielle : le concours de l’an X, 1802», « Paris et Rome liées par un Concordat. L’Eglise dans l’Etat, 1801-1814 », « Rome à Paris. Pie VII auprès de la fille aînée de l’Eglise, novembre 1804-mai 1805 », « De Rome à Savone. Le Pape aux prises avec l’aigle : montée des tensions et ruptures, 1808-1812 », « Fontainebleau, geôle dorée.Le Pape dans les serres de l’Aigle, juin 1812-janvier 1814 »…

    Le catalogue fait sortir de l’ombre de nombreuses œuvres jamais interrogées pour leur charge historique ou totalement inédites, puisées dans les réserves des musées de province ou récemment acquises par le musée Napoléon Ier  du château  – rien moins que 39 sur les 136 du catalogue. Le rôle de la maçonnerie est bien restitué et les notices décodent le sens des tableaux et des estampes, qui s’affrontent dans une véritable guerre d’images.

    L’iconographie révèle le visage d’une autre Rome, « deuxième capitale de l’empire français », et l’affrontement entre le pape et l’empereur, violent, se traduit par les œuvres : les bustes des deux protagonistes rapprochés au début du livre, s’opposent tout à la fin. Une divergence en guise d’adieu… Un catalogue à lire pour une exposition à voir sous les premiers feux du printemps, qui vont si bien à Fontainebleau. 

    Pie VII face à Napoléon. La tiare dans les serres de l’Aigle, Rome-Paris-Fontainebleau, 1796-1814

    Château de Fontainebleau Exposition jusqu’au 29 juin.

    Catalogue édité avec le concours de la Fondation Napoléon, sous la direction de Christophe Beyeler, château de Fontainebleau et Réunion des musées nationaux, 248 p., 39 euros.

    *  - Politique magazine

  • CULTURE • Le MuCEM de Marseille : le musée de la Bien Pensance ?

     Le MuCEM, vue de nuit 

    Le Musée des Civilisations de l’Europe et de la Méditerranée à Marseille, avec un titre aussi prometteur, me fascinait depuis longtemps, et je m’étais promis de « monter à la capitale régionale » pour m’enrichir de tous les chefs d’œuvre des différentes cultures méditerranéennes qu’il devait présenter. Diantre, le premier musée national installé hors de Paris, à Marseille, avec de tels moyens financiers, ce ne pouvait être que fascinant. De surcroît son architecture très originale due à Rudy Ricciotti, architecte de talent, pied noir d’Algérie installé à Bandol, vaut en elle-même la visite.  

    Mucem_Marseille_3.jpg

    Chariot processionnaire sicilien

    De fait on peut très bien rester à l’extérieur, tellement le musée en lui-même est pauvre. C’est plus grave encore que cela, ce n’est pas un musée où l’on vient découvrir ou admirer des chefs d’œuvres rares, c’est plutôt une exposition de bric et de broc. À part quelques pièces originales (un chariot processionnaire sicilien ou de magnifiques astrolabes — voir nos deux illustrations), le fonds du musée est misérable, d’autant qu’il s’agit d’un musée national. Très vite le visiteur comprend que ce lieu n’a pas grand chose à voir avec les civilisations méditerranéennes. Si les pièces méditerranéennes sont rares, on trouve pêle-mêle une guillotine, un fragment du Mur de Berlin ou plusieurs œuvres d’art contemporain, très conceptuelles, des interviews de femmes méditerranéennes en vidéo sur grand écran. Mais qu’est-ce que cela peut bien faire dans un musée ?

    C’est qu’il ne s’agit pas d’un musée, il s’agit d’un outil de propagande droit-de-l’hommiste ! Tous les canons de la Pensée Unique sont déclinés au mépris du nom du lieu : citoyenneté, œcuménisme des trois religions du Livre (on en oublie le polythéisme antique ou l’Égypte), droit de la femme, progrès, immigration-bonheur, abrogation de la peine de mort, droit des homosexuels. 

    Mucem_Marseille_4.jpg

    Astrolabes

    Le message est asséné par le guide bobo qui récite sa leçon. « N’hésitez pas à intervenir », nous avait-il prévenus. Lorsque je lui dis que je ne partageais pas son analyse sur la situation en Syrie, présentée dans la grande salle de la citoyenneté, comme une révolte populaire spontanée contre le tyran Bachar Al Assad, il me répondit que je n’étais « pas obligé de rester si je ne partageais pas son point de vue » [sic]. Bel exemple de tolérance. En outre j’avais payé pour la visite guidée, je voulais donc boire ma coupe jusqu’à la lie.

    Cette ambiance bobo est présente partout dans le bâtiment, avec ses innombrables bureaux, et ses affichettes omniprésentes « Je suis Charlie ». C’est sûr, si on n’est pas Charlie, on n’a pas de boulot au MuCEM !

    Ma visite à Marseille s’est déroulée la veille du second tour des élections départementales qui ont anéanti la gauche, et fait basculer à droite le département des Bouches du Rhône. En écoutant notre guide, je présageais bien que tout cela sentait la fin de règne. Les pouvoirs en place ont tellement peur de perdre le contrôle des esprits qu’ils transforment des musées en centre de propagande. Si le MuCEM n’est pas — comme il s’en targue — le Musée des Civilisations de l’Europe et de la Méditerranée, il est bien le musée d’une pensée qui est en perte de vitesse partout, d’une pensée archaïque, et qui ne vit plus que dans des musées. Il convient de le renommer : Musée de la Bien Pensance. 

     

    NICE PROVENCE Info - Georges Gourdin

  • D'un colloque l'autre : « Dessine-moi un Roi ... » Samedi 9 mai à Paris

     

    COLLOQUE D’ACTION FRANÇAISE

    Forum de Grenelle - 5, rue de la Croix-Nivert - 75015

    Métro Cambronne

    SAMEDI 9 MAI 2015, de 14h à 18h

    Dessine-moi un Roi

     

    Le royalisme, au XXIe siècle, est confronté à une situation originale : le système démocratique a montré ses limites, le régime républicain est contesté de toute part, et simultanément la France, ses territoires, son histoire, ses traditions et ses peuples s'effacent. Bien au-delà de la critique du régime républicain, le royalisme doit poser les bases de son exercice. Comment, aujourd'hui, gouverner la France avec une puissance affaiblie, des frontières abolies, une économie mondialisée et une population renouvelée, pour ne citer que ces points ? Avec quels principes, selon quelles méthodes ? Le colloque Dessine-moi un Roi entend entamer une réflexion sur les conditions réelles d'exercice du pouvoir. Une réflexion que l'Action française veut partager avec tous les acteurs du royalisme en France.

     

    INTRODUCTION

    Un royalisme contemporain ou le cadre empirique d'une politique monarchique française aujourd'hui.

    Par François Marcilhac, Directeur éditorial de L’Action française 2000

     

    AUX FONDEMENTS DE L’ETAT

    D'un État de droits à un État de libertés, ou la politique monarchique comme l'anti-Hobbes.

    Par Gérard Leclerc, Ecrivain et journaliste

    Le peuple et sa représentation

    Par Stéphane Blanchonnet, Président du Comité Directeur d’Action française 

    Territoire, nation et régions

    Par Frédéric Rouvillois, Ecrivain et professeur des universités

     

    LA SOCIETE

    Réinventer les Biens communs

    Par Pierre de Meuse, Historien et docteur en droit 

    Réintroduire l'homme dans la nature

    Par Jean-Philippe Chauvin, Professeur d’histoire

    Les religions en Royauté

    Par Hilaire de Crémiers, Directeur de Politique Magazine

     

    DOMAINES REGALIENS

    La Justice et l'autorité du droit naturel

    Par Philippe Pichot-Bravard, Ecrivain et professeur des universités 

    L'articulation des fonctions souveraines, législative et judiciaire

    Par Guillaume Bernard, Ecrivain et professeur des universités 

    Diplomatie nationale et village mondial

    Par Elie Hatem, Avocat et enseignant à la Faculté Libre de Droit 

    Indépendance militaire et mondialisation des conflits

    Par Bruno Castanier, Historien

     

    CONCLUSION

    La fécondité de la prospective royaliste

    Par François Bel-Ker, Secrétaire général de l’Action française

     

    A la suite du colloque, un BANQUET D’ACTION FRANÇAISE sera organisé : Militants, sympathisants, curieux et intervenants échangent, dans une ambiance festive, après les conférences; occasion de partager un moment d’amitié d’Action française.

     

    TARIFS

    Colloque seul :  • Lycéens, étudiants et chômeurs : 6 € • Tarif normal : 10 €

    Colloque + banquet : • Lycéens, étudiants et chômeurs : 20 € • Tarif normal : 30 €. Chèque à l’ordre du CRAF - 10, rue Croix-des-Petits-Champs -75001 Paris

    Renseignements & inscriptions : contact@actionfrancaise.net

     

  • Les mouvements royalistes • Activités • Nouvelles annonces

    Pour plus de détails, cliquez ICI 

    Nouvelles annonces :  

    FEDERATION D'ILE DE FRANCE (Restauration nationale) 

    PARIS
     
    Mardi 14 avril 2015 à 20h : Conférence mensuelle du Cercle Histoire, Culture et Patrimoine à l’ASIEM  6, rue Albert de Lapparent, Paris 7ème.  Hilaire de Crémiers, directeur de Politique magazine, parlera de : « Dans la crise politique actuelle, que faire ? ».Participation aux frais.
     
    Mardi 12 mai 2015 à 20h : Conférence mensuelle du Cercle Histoire, Culture et Patrimoine à l’ASIEM  6, rue Albert de Lapparent, Paris 7ème. Maitre Jacques Trémolet de Villers, avocat à la Cour, parlera de : « La vraie leçon de Jeanne d’Arc ». Participation aux frais.

     

     
    Suivez ces informations, qui sont régulièrement mises à jour. Pensez à nous transmettre les annonces de vos activités importantes. Cette rubrique est destinée à les faire connaître ! 
  • Bernard Lugan, invité de TV Libertés : toute la vérité sur l’Afrique. Passionnant !

    « Les Africains ne sont pas des Européens pauvres à la peau noire »

     

    Osons dire la vérité sur l’Afrique ! Et la voir dans ses réalités. C'est ce à quoi Bernard Lugan se consacre.

    Tout récemment TV Libertés a reçu Bernard Lugan, historien réputé et spécialiste de l’Afrique, pour un entretien sans concession sur l’état d’un continent sous le feu des projecteurs : pression démographique, désir d’indépendances, guerres, instabilités… Tout est abordé sans langue de bois. À voir d’urgence si l'on veut être informé ! 45 minutes d'un entretien passionnant.   

     

     Cliquer sur l'icône rectangle pour agrandir (Bas d'écran, à droite)

     

    TVL

     

  • Dans un entretien exclusif qu'il vient de donner à Valeurs actuelles ...

    Jean Raspail : « J'ai conservé l'esprit d'adolescence jusqu'aux rivages de mes 80 ans ». Photo © Patrick Iafrate

    Dernier volume : Là-bas, au loin, si loin…, de Jean Raspail, Robert Laffont, coll. “Bouquins”, 1 184 pages, 30 €.  

     

    VALEURS ACTUELLESBruno de Cessole

  • Afrique d'hier et d'aujourd'hui : Quand Albert Schweitzer interpelle De Gaulle, dialogue avec Alain Peyrefitte

     

    Après le Conseil, le Général me dit : « On n'a pas laissé aux Noirs le temps de mûrir. Ce sont encore de grands enfants. Il faut leur parler comme on parle aux grands enfants : en respectant leur dignité et en se faisant respecter d'eux. C'est le seul moyen de garder leur confiance. »

     

    Le Général est très détendu. J'en profite pour lui raconter ce que m'avait dit le docteur Schweitzer *, auprès duquel, en août 1959, j'avais passé quatre jours à Lambaréné dans son village de paillotes appelé « hôpital » : « De Gaulle se trompe. Pourquoi veut-il décolo­niser si vite ? Il veut traiter les nègres comme s'ils étaient des Blancs. Pourquoi veut-il les mettre dans des bureaux ? Ce sont des chasseurs, des pêcheurs, à la rigueur des paysans, des manuels. Ils le resteront. Les masses africaines en sont encore au néolithique. De Gaulle ne se rend pas compte qu'ils ne sont pas mûrs pour la démocratie. Encore moins pour l'indépendance. Elle sera pour eux une tragédie.»

     

    « Ce qui aurait dû s'étaler sur cinquante ans,
    s'est déroulé en deux ou trois ans »

     

    GdG. — Vous croyez que je ne le sais pas, que la décolonisation est désastreuse pour l'Afrique ? Que la plupart des Africains sont loin d'être arrivés à notre Moyen Age européen ? Qu'ils sont attirés par les villes comme les moustiques par les lampes, tandis que la brousse retournera à la sauvagerie ? Qu'ils vont connaître à nouveau les guerres tribales, la sorcellerie, l'anthropophagie ? Que quinze ou vingt ans de tutelle de plus nous auraient permis de moderniser leur agriculture, de les doter d'infrastructures, d'éradiquer complète­ment la lèpre, la maladie du sommeil, etc. C'est vrai que cette indé­pendance était prématurée. C'est vrai qu'ils n'ont pas fait encore l'apprentissage de la démocratie. Mais que voulez-vous que j'y fasse ? Les Américains et les Russes se croient la vocation de libérer les peuples colonisés et se livrent à une surenchère. (…) Un vent de folie a soufflé sur le monde. Ce qui aurait dû s'étaler sur cinquante ans s'est déroulé en deux ou trois ans. Mais on ne pouvait pas s'y opposer. Nous ne pouvons pas nous offrir le luxe de nouveaux affrontements.

     

    « Et puis (il baisse la voix), vous savez, [nous devions] nous débarrasser de ce fardeau, beaucoup trop lourd maintenant pour nos épaules, à mesure que les peuples ont de plus en plus soif d'égalité. Nous avons échappé au pire ! Il n'est pas possible que, dans le même ensemble français, on puisse trouver des citoyens qui aient un des niveaux de vie les plus élevés du monde, et d'autres citoyens qui aient un des niveaux de vie les plus bas. J'ai fait justement la Communauté, pour qu'elle prenne tout doucement le chemin de l'indépendance. Au Gabon, Léon M'Ba voulait opter pour le statut de département français. En pleine Afrique équatoriale ! Ils nous seraient restés attachés comme des pierres au cou d'un nageur ! Nous avons eu toutes les peines du monde à les dissuader de choisir ce statut. Heureusement que la plupart de nos Africains ont bien voulu prendre paisiblement le chemin de l'autonomie, puis de l'indépendance.

     

    AP — Vous n'empêcherez pas que des distances se creusent entre les élites qui atteignent le niveau européen, et les masses qui restent à l’âge de pierre.

     

    « Le malheur, c'est que les Africains
    ne s'aiment pas entre eux »

     

    GdG. — Non, nous ne l'éviterons pas ! Mais ce sera leur affaire. Vous verrez que leurs médecins s'agglutineront dans les villes. Vous verrez que la brousse, au lieu de progresser, reculera. C'est encore une chance si, ensuite, ils ne quittent pas leurs pays pour venir s'ins­taller en France. Mais là, au moins, nous pourrons dire non.

     

    « Jusqu'au jour où les masses regretteront le temps où nos méde­cins coloniaux allaient dans la brousse, où nos missionnaires les évangélisaient, où nos troupes coloniales les protégeaient des guerres tribales... Le malheur, c'est que les Africains ne s'aiment pas entre eux. Les intellectuels abandonneront leur peuple, et leur peuple sera rejeté au fond du puits. Que voulez-vous que j'y fasse ? Nous leur distribuerons des piécettes, mais nous ne serons plus responsables de leur destin. (…) Ce n'est pas moi qui pleurerai ! Un jour viendra sans doute, où ils pleureront eux-mêmes d'avoir voulu partir si vite. » 

     

     

    * Médecin français installé à Lambaréné au Gabon.

     

     

    Alain Peyrefitte

     

    C'était De Gaulle, Fayard, 1997

     

     

  • Coralie Delaume, à FIGAROVOX : Et si les Grecs préparaient leur sortie de l'Euro avec l'aide de... Poutine ?

    Crédits photo : YVES HERMAN/REUTERS

    Diverses informations intéressantes, des réflexions originales et des hypothèses - rien que des hypothèses - sont la trame de cet entretien. Un net penchant pro-grec y est sous-jacent, apparemment sans trop d'égard pour les contribuables français et européens qui n'ont pas forcément envie ni intérêt à payer la dette imprudemment contractée par la Grèce. Sortira-elle de l'Euro ? Les Français s'obstinent à disserter - et à s'opposer - sur la sortie de la France de la monnaie unique. Mais est-ce là la vraie question ? Il n'est pas du tout certain que nous ayons à prendre cette initiative. Et pas du tout impossible que le « détricotage » de l'Euro par tout autres que nous ne soit d'ores et déjà en vue. Peut-être même avant 2017. Ce qui, soit dit en passant, arrangerait bien les affaires de Marine Le Pen. On sait que les projets de sortie de la dite monnaie effraie une partie de son électorat et, bien-sûr, choque les modérés de tous types. Attendons la suite.  Lafautearousseau    

     

    picture-2540921-61yhv5dr.jpgLe 9 avril, l'État grec devra débourser 458 millions d'euros au FMI. Le 8 avril Alexis Tsipras rencontrera Vladimir Poutine. Coralie Delaume y voit le début d'un bouleversement économique et géopolitique majeur. Coralie Delaume est journaliste. Elle a notamment publié « Europe. Les Etats désunis » (Michalon, 2014). Découvrez ses chroniques sur son blog.


    PROPOS RECUEILLIS PAR ALEXANDRE DEVECHIO @AlexDevecchio


    Difficile d'y voir clair dans les tractations entre la Grèce et le reste de l'Europe. Que se passe-t-il exactement? Alexis Tsipras a-t-il capitulé ou est-il au contraire en train de retourner la situation?

    Coralie Delaume: Je ne peux pas encore vous dire s'il a retourné la situation. Mais il n'a pas capitulé. Et tout semble indiquer qu'il ne le fera pas, à la grande déception, sans doute, de ceux qui espéraient le voir rapidement «dégrisé par les réalités du pouvoir».

    Cette semaine, la Grèce devait une fois de plus envoyer une liste de réformes à ses «partenaires» européens, pour examen par le «groupe de Bruxelles», le nouveau nom donné à l'ex-Troïka. Un accord sur lesdites réformes devait permettre au pays d'obtenir une aide supplémentaire de 7,2 milliards d'euros. Mais l'accord n'a pas eu lieu. Le gouvernement grec a certes fait des concessions. On a beaucoup parlé, par exemple, de la reprise de la privatisation du port du Pirée au profit de la société de fret maritime chinoise Cosco. Et on l'a évidemment présenté comme le signe avant-coureur d'une reddition grecque.

    Mais ce n'est pas si simple. En fait, Athènes a envoyé par ce biais un signal amical à la Chine, à la suite de quoi Pékin s'est empressé de racheter 100 M€ de bons à court terme (T-Bills) grecs. Or il faut savoir que la Banque centrale européenne, qui joue dans ces négociations un rôle extrêmement trouble, avait demandé quelques jours auparavant aux banques commerciales hellènes de ne plus acheter de bons du Trésor du pays ). Il était donc urgent qu'Athènes trouve une solution substitutive pour se maintenir à flot!

    Toujours est-il que la situation semble bloquée entre la Grèce et ses créanciers, avec deux points d'achoppement principaux. Les Grecs ne veulent ni d'une réforme des retraites, ni d'une nouvelle entreprise de libéralisation du marché du travail. Pour l'instant, seuls contre tous - il faut noter qu'aucun pays de l'Union européenne ne leur apporte le moindre soutien, pas même ceux gouvernés «à gauche» - ils tiennent bon là dessus, avec un courage qui force le respect.

    A la date cruciale du 9 avril, l'État grec devra débourser 458 millions d'euros au FMI. Le 8 avril Alexis Tsipras rencontre Vladimir Poutine, hasard ou coïncidence?

    Si la Grèce est tentée, faute d'alliés en Europe, de se tourner vers la Chine, elle doit l'être d'autant plus de jouer la carte russe. Car les liens entre les deux pays sont anciens, chose qu'a récemment rappelée Alexis Tsipras. Interrogé par la presse russe et faisant référence au nazisme, il a affirmé «qu'un rapprochement entre les deux pays (...) trouve ses racines dans les relations fraternelles que (les) deux peuples ont fondées, parce qu'ils ont mené un combat commun, à un moment critique de l'histoire».

    Donc les relations s'intensifient. Cette semaine par exemple, le ministre de l'énergie grec Panagiotis Lafazanis était à Moscou. Le but était de discuter avec les Russes de la question gazière, notamment du tracé du futur pipeline «Turkish stream». On se souvient qu'entre autres âneries lourdes de conséquences, «les Européens» se sont crus malins en infligeant des sanctions à la Russie au sujet l'Ukraine. A titre de représailles, Poutine a annulé le projet de gazoduc South stream, puis s'est rapproché de la Turquie pour mettre en route un projet alternatif, Turkish stream. Nécessairement, ne serait-ce que pour des raisons géographiques, la Grèce sera de la partie.

    Autre sujet de rapprochement possible: l'armement. Sur ce point et selon la presse grecque , le ministre de la Défense Panos Kammenos semble courir deux lièvres à la fois. Il discute avec les États-Unis et avec la Russie - où il devrait se rendre bientôt - toujours pour la même raison: trouver des partenaires substitutifs à ceux, défaillants, de l'Union européenne. En effet, alors que le nouveau gouvernement hellène est en train de rouvrir quelques vieux dossiers et que plusieurs scandales de corruption impliquant des entreprises allemandes en Grèce font surface, il semble logique qu'Athènes cherche à diversifier quelque peu ses fournisseurs...

    Les raisons d'un rapprochement Grèce-Russie sont donc nombreuses, et résultent directement de la manière inamicale dont «les Européens» traitent chacun de ces deux pays. Quant à dire qu'il y a un lien entre la visite de Tsipras à Moscou le 8 avril et le remboursement dû au FMI le 9.... je ne sais pas. En tout cas, The Telegraph note que la Grèce n'a pas les moyens de faire face à toutes ses obligations. Elle ne peut vraisemblablement pas payer les traitement de ses fonctionnaires tout en remboursant le Fonds. Et le journal britannique rend compte de cette déclaration d'un officiel grec: «nous sommes un gouvernement de gauche. Si nous devons choisir entre faire défaut au FMI et faire défaut à notre propre peuple, il n'y aura pas d'hésitation».

    Un Grexit est donc de nouveau une hypothèse crédible?

    Plus que jamais. En essayant tout ce qui semblait possible d'essayer sans se renier, Tsipras a montré à la population grecque à quelle point l'Union européenne est dogmatique et déraisonnable. Il a ainsi œuvré à préparer les esprits. Même si la sortie de l'euro ne figurait pas dans le programme électoral de Syriza et même si les Grecs n'y sont pas majoritairement favorables, ils doivent être en train de s'apercevoir à cette heure qu'ils n'ont le choix qu'entre le Grexit et la capitulation. Or le refus d'être davantage humiliés par l'UE a beaucoup joué dans la victoire électorale de la gauche radicale....

    En outre, on prépare également les esprits dans le reste de l'Europe. Il y a déjà plusieurs jours, le très informé journaliste Jean Quatremer annonçait sur son compte Twitter la mise en place d'un contrôle des capitaux en Grèce pour une date située aux alentours du 10 avril. On y arrive...

    De même, un site grec, To Pontiki, relayait il y a quelques jours l'information selon laquelle des responsables européens planchaient sur l'introduction en Grèce d'une «double monnaie» . Autrement dit, à défaut de pouvoir émettre des euros, le pays pourrait se mettre à imprimer des reconnaissances de dette ou «IoU» («I owe you» ) pour faire face à ses échéances internes, payer les traitements, payer les retraites. Une partie du chemin serait alors faite: la Grèce aurait un pied dehors.

    Ce Grexit se doublerait donc d'un rapprochement avec la Russie. Quelles pourraient être les conséquences sur le plan géopolitique pour l'Europe?

    Les conséquences géopolitiques: voilà bien une chose à laquelle personne ne s'intéresse! Tout le monde semble convaincu que la géopolitique - voire la politique tout court - est un résidu du XIX° siècle, et que nous serions désormais à l'ère de l'économie et de comptabilité. Les ratios d'endettement, les taux de déficits public semblent les seules choses dont se préoccupe cette Europe, devenue un trou noir politique!

    Mais il se pourrait qu'on assiste à d'étonnantes recompositions. On a parlé de l'intensification des discussions russo-grecques, du rapprochement russo-turc autour du projet Turkish stream, mais il faut aussi se rappeler que la Russie est traditionnellement liée à Chypre. Or il est probable qu'aucun de ces deux pays n'ait goûté la manière dont Chypre a été «sauvée» en 2013. L'Europe, on s'en souvient, avait alors décidé de faire payer les déposants de plus de 100 000 €, parmi lesquels nombre de Russes. Cela se fit via la mise en place d'un contrôle des capitaux dans l'île, afin que ces déposants ne puissent rapatrier leurs fonds. Aujourd'hui, les deux pays amorcent une petite revanche: Poutine et Nicos Anastasiades ont signé au mois de mars un accord relatif à la possibilité pour la marine russe d'utiliser les ports de Chypre.

    Bref, l'Union monétaire européenne s'effiloche chaque jour davantage. Hébétés, «les Européens» ne comprennent plus ce qui leur arrive. Du coup, eux qui n'attendaient la Russie qu'en Ukraine la laissent tranquillement s'installer en Méditerranée. Économiquement, politiquement, cette Union européenne est un «fiasco sphérique»: quel que soit l'angle sous lequel on la regarde, on constate l'uniformité parfaite du désastre. 

  • Déchristianisation des jours fériés : 90 % des Français y sont opposés ! Excellent article de Gabrielle Cluzel sur Boulevard Voltaire

    Jésus et Judas, dans le film de Mel Gibson

     

    6a5f58eaa6107945b448b426f88749e4.jpgLundi, ce n’était pas férié pour tout le monde. Le « politologue » Thomas Guénolé a travaillé d’arrache-pied. Et pour cause : son dada, sa marotte, son créneau, c’est la déchristianisation des jours fériés. Il l’a défendue sur RMC au micro de Jean-Jacques Bourdin, avant d’enfoncer le clou sur « Le Plus » du Nouvel Observateur.

    La théorie de ce maître de conf’ à Sciences Po, ancien consultant de Jean-Louis Borloo, est simple : « Alors que les Français de confession chrétienne profitent des jours fériés […], les citoyens d’autres confessions doivent encore demander des jours de congés pour vivre pleinement leur religion. Une inégalité qui prouve que le principe de laïcité est à géométrie variable. » Selon lui, ces six jours fériés devraient pouvoir être pris à des dates variables, pour satisfaire « musulmans », « juifs », « athées », « francs-maçons », etc.

    Qu’on ne lui oppose pas les « traditions chrétiennes de la France », car Thomas Guénolé le dit tout de go : elles n’existent pas. Parfaitement. il s’agit là d’une fable « d’obsédés », et il en apporte immédiatement la preuve : le fils d’Hérode vivait en Gaule, l’islam est présent en France depuis le XIIIe siècle.

    Tout cela – dit sur un ton ironique et distancié – doit fortement impressionner ses étudiants à l’IEP qui, l’an dernier encore, collectionnaient les posters de chevaux et surlignaient Le Monde des ados. Lequel d’entre eux osera lui demander par quel miracle biologique sans y avoir de « racines » – ou en tout cas, pas plus de racines que les autres cultures – l’arbre chrétienté a réussi à faire fleurir en France tant d’églises, de cathédrales, de monastères, d’écoles, de calvaires, de saints et de martyrs, à donner tant de fruits artistiques et philosophiques, jusqu’à étendre ses ramifications à l’autre bout du monde ?

    Tout cela, surtout, risque bien de faire son chemin. À la suite de ces déclarations tonitruantes, plusieurs organes de presse y sont allés de leur sondage : « Faut-il déchristianiser les jours fériés ? » La réponse est « non » à près de 90 % mais, dans les commentaires, les sondés peinent à s’expliquer, se contentant de trouver cela « absurde ». Car le croque-mitaine laïcité que l’on a ressorti du grenier, il y a quelques années, pour l’agiter devant l’islam et ses rites par trop voyants, a en réalité tétanisé la chrétienté, parvenant à la convaincre que son antériorité, sa consubstantialité avec ce pays ne lui conféraient aucun privilège : ne se devait-elle pas, au contraire, de donner l’exemple ? Parce que le scrupule est dans ses gènes, elle l’a cru. 

    Si l’on considère que la France est un pays hors-sol, un mobil-home, un hôtel Formule 1 neutre et aseptisé comme une page blanche, dans lequel chacun rentre et sort à sa guise avec sa religion dans son cabas, comme un petit chien que la direction veut bien tolérer à condition qu’il ne fasse pas trop de bruit, la théorie de Thomas Guénolé est séduisante.

    On ne voit pas ce qui pourrait l’empêcher de continuer doctement à tirer le fil : pour l’Ascension, il devrait réclamer la fin du calendrier grégorien, pour la Pentecôte, que l’on rebaptise tous les villages, rues, stations de métro, hôpitaux fleurant l’eau bénite, et pour l’Assomption, que l’on rende l’église de chaque bourgade polyvalente et multicultuelle. Dans un esprit d’équité.

    Sauf que la maison France n’est pas un hôtel low cost préfabriqué dont la laïcité serait le vigile obtus. C’est ce que pensent une majorité de Français, mais sans savoir, pouvoir ou vouloir l’exprimer. Alors c’est Thomas Guénolé qu’on laisse pérorer.