Urgence politique, par Jean-Baptiste d'Albaret
Il y a urgence. Urgence à réformer. En cette période estivale qui s'ouvre, tous les indicateurs sont au rouge. Au plan économique, rien dans les mesures prises par le gouvernement n'a permis à la croissance de réapparaître. Des entreprises ferment tous les jours. La barre des 5 millions de chômeurs a été franchie au mois de mai et l'Insee ne prévoit pas de baisse du chômage pour l'année zor4. Au plan politique, les querelles intestines et les scandales qui éclaboussent l'opposition achèvent de déconsidérer la classe politique. La récente mise en examen de Nicolas Sarkozy pour « corruption active » est le dernier épisode en date du jeu de dupes qui se joue autour de l'Élysée. Le chef de l'État est totalement discrédité et sa majorité ressemble à une cour de fin de règne où tous les couteaux sont tirés. La vie politique française, sur fond de dérives économiques et de scandales politiciens, donne ainsi l'impression d'un délabrement rarement atteint.
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À gauche, les deux cinglants revers électoraux des municipales et des européennes n'ont fait qu'ajouter l'indécision à l'improvisation. Passées les peu coûteuses - mais politiquement suicidaires - réformes sociétales, on bricole un redécoupage administratif sans prendre la peine de consulter les principaux citoyens concernés. Et tandis que la majorité parlementaire se déchire sur le sujet, ce qui était plus que prévisible, on apprend que les ABCD de l'éducation seraient finalement abandonnés... tout en comprenant par ailleurs qu'ils seront, en fait, généralisés sous une autre appellation à la rentrée 2014 ! Pendant ce temps, à droite, les rebondissements de l'affaire Bygmalion n’ont pas fini de produire leurs effets. Au point que l’avenir même de I'UMP est incertain. Juppé, Fillon, Sarkozy se disputent la propriété d'un cadavre qui ressemble de plus en plus à un squelette, décharné de tout projet d'avenir.
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Dans ce paysage politique dévasté, seul le FN tire son épingle du jeu. Il est même devenu l'unique parti d'opposition à un gouvernement moribond. Mais que veut-il ? Sauver le régime ? Au vrai, c'est tout un système vermoulu qui s'effondre comme un château de cartes. La Ve République, qui n'est plus représentée que par des dirigeants à la légitimité contestée, est atteinte dans son existence même. Tout est à reconstruire. L'État, la justice, la diplomatie, l'éducation et même, à l'heure où les Français semblent surtout dégoûtés de leur classe politique, l'esprit public. Amis lecteurs, c'est ce que vous lirez dans les pages de ce magazine qui a osé inscrire au fronton de sa « une » le mot « Politique ». Ce numéro d’été propose des réflexions qui, pour ne pas être en forme de futur programme, entrent dans le vif du sujet. Car tous les scénarios deviennent envisageables. À commencer par l'émergence d'une formation politique d'alternance capable d'assumer le pouvoir au pied levé.
« La politique consiste à rendre possible ce qui est nécessaire », disait le cardinal de Richelieu. Dans ce contexte de pourrissement avancé de la sphère publique, une restauration du politique est possible et donc nécessaire : c'est à une réforme en profondeur que la France est appelée.
Jean-Baptiste d'Albaret, rédacteur en chef de Politique magazine

Quelle serait la réaction des médias, des partis politiques, des ligues antiracistes, du gouvernement et des Français en général si un groupe d’activistes venait insulter une cérémonie commémorative du massacre d’Oradour sur Glane ou de la rafle du Vel d’hiv et la perturber par des gestes obscènes sous le regard indifférent des forces de l’ordre ? Je pense que cela soulèverait, à juste titre, une énorme vague de protestations indignées et de manifestations de colère. C’est pourtant un événement semblable qui s’est produit le 5 juillet dernier à Marseille sans que cela ne suscite la moindre émotion. Ce jour-là, comme chaque année, à l’appel de l’Amicale des Oraniens, Pieds-Noirs et anciens combattants honoraient la mémoire du millier d’innocentes victimes civiles françaises enlevées, torturées et massacrées par le FLN le 5 juillet 1962 à Oran. Au cours la cérémonie, un groupe de gauchistes renforcé par des manifestants échappés de la Gay Pride se mit à insulter les anciens combattants et l’ensemble des personnes présentes à cet hommage puis à mimer des actes obscènes. Non seulement la police n’est pas intervenue mais un journal local a rendu compte de cet événement en le qualifiant de « polémique » à propos du 5 juillet 1962, renvoyant dos à dos Gay pride et Oraniens, ces derniers étant accusés d'exprimer leur homophobie



On sait que le gouvernement de Berlin a décidé, jeudi après-midi, de sanctionner sèchement la CIA, en raison de de ses activités d'espionnage, notamment industriel, en RFA ; on sait qu'Angela Merkel, en termes apparemment modérés, a rappelé qu'il n'était pas convenable de "s'espionner entre alliés" et que le porte-parole du gouvernement allemand a informé de la décision prise par un bref communiqué "froid et factuel", rédigé comme suit : "il a été demandé au représentant des services secrets américains à l'ambassade des Etats-Unis d'Amérique, de quitter l'Allemagne"; enfin, il est significatif que, de son côté, Der Spiegel s'est autorisé à traiter de cet incident en termes beaucoup moins diplomatiques, qui traduisent bien l'exaspération allemande : "que va faire le basset allemand ? Accepter sa vie de chien ou réagir ?".
Nous avons aimé cette "leçon de Chambord", qui est aussi une balade estivale, des références à l'Histoire, des souvenirs personnels, et une réflexion politique, royaliste, qui n'est pas théorique mais vécue. On sait que ce genre d'engagement, commencé souvent très jeune et poursuivi toute une vie, est, souvent, plus convainquant que les meilleurs des raisonnements... D'aucuns se souviendront que c'est là ce que disait Péguy à propos de Maurras : ses démonstrations les plus rigoureuses n'emportaient pas forcément l'adhésion; mais, disait Péguy, quand on savait que cet homme là était prêt à mourir pour ses idées, pour ce Roi qu'il voulait pour la France, alors là, on s'arrêtait, on écoutait, on devenait attentif ... C'est en quelque sorte en ce sens que nous publions, en toute amitié d'esprit et convictions partagées, ces lignes de Jean-Philippe Chauvin.






