Jean-Pierre Pernaut et les gens ordinaires, par Gérard Leclerc.
Jean-Pierre Pernaut s’est voulu l’écho de la France profonde.
Cordes-sur-Ciel, Tarn. © Paulline86
Le départ de Jean-Pierre Pernaut de son journal de Tf1 est une sorte d’évènement national. Ses scores auprès des téléspectateurs étaient impressionnants et il représentait une sensibilité qui agréait à une sorte de France profonde mais révulsait ceux qui le traitaient de populiste.
Il s’est produit, vendredi dernier, un événement national d’une nature particulière. Jean-Pierre Pernaut a fait ses adieux aux téléspectateurs de TF1, après plus de trente-deux ans de présentation du journal de 13h. Avec un succès d’audience garanti. Succès dont tout le monde s’accorde à reconnaître la raison. Jean-Pierre Pernaut s’est voulu l’écho de la France profonde, celle des régions et des terroirs. Comment celle-ci ne lui aurait-elle pas manifesté sa reconnaissance et son attachement ? Ce romancier, observateur sagace des réalités sociales qu’est Michel Houellebecq avait tenu à le saluer dans La carte et le territoire, en insistant non sur le caractère passéiste du journal de TF1 mais au contraire son caractère paradoxalement futuriste : « Pernaut, disait-il, c’est l’avenir économique de la France : le terroir français, qui vaut très cher et que les étrangers vont nous acheter très cher. »
Reste que le regard, on pourrait dire anthropologique, que pose Pernaut sur la réalité française ne convient pas à tout le monde. Le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il ne participe pas d’une mentalité bobo. On l’accuse d’ailleurs de populisme, ce dont il se moque. Parmi ses détracteurs de toujours, se distingue la rédaction de Libération, qui a, d’ailleurs, tenu à rappeler son hostilité tenace à l’occasion du départ de notre populiste. Parmi les morceaux choisis du journal, on retiendra cette phrase de Philippe Lançon, quelqu’un dont j’apprécie pourtant le talent : « Il est (Pernaut), le bec petit blanc d’un coq gaulois déplumé, sans couleurs, mais plein d’ergots. »
Sans couleur ? C’est très discutable. Mais il pourrait bien y avoir une dimension politique à ce populisme. Celle que le géographe Christophe Guilluy souligne dans son dernier essai : Le temps des gens ordinaires. Il faudrait développer, mais en une formule : les gens ordinaires n’ont pas dit leur dernier mot !
Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 21 décembre 2020.
Sources : https://www.france-catholique.fr/