Activisme féministe ou retour des tricoteuses ?, par Marie Delarue.
De l’année 1793, l’Histoire a gardé une image terrible : celle de femmes assoiffées de sang et de vengeance, accros à la guillotine tranchant la tête des « ennemis de la Révolution » ; on les appelait « les Tricoteuses ». Loin de la tendresse, la fragilité et la soumission dont on prétend toujours affubler l’éternel féminin, elles ont aujourd’hui des héritières. Des féministes tendance virago qui pensent que la justice – leur justice – se fait dans la rue.
C’est Le Parisien qui rapporte la chose. Lundi soir, alors que se tenait le premier conseil de rentrée dans la mairie du XVIIIe arrondissement de Paris, une trentaine de féministes issues de diverses associations sont venues vociférer, brandissant des pancartes sur lesquelles on pouvait lire : « Pas de violeurs d’enfants payés par nos impôts », « La honte ! », « Pédo en commun », « Déni à la mairie de Paris », « Pas d’adjoint à la culture du viol ».
Leur cible : Christophe Girard, ex-adjoint à la Culture d’Anne Hidalgo, « démissionné » avec fracas, le 23 juillet dernier, en raison de ses liens avec l’écrivain Gabriel Matzneff et, depuis – opportunément ? –, accusé de « viol par personne ayant autorité » pour des faits qui remonteraient à 1990, donc prescrits. La révélation vient, cette fois, des États-Unis, le violé ayant entretenu avec son violeur une relation d’une dizaine d’années, commencée lorsqu’il avait quinze ans.
Si Christophe Girard a démissionné de son poste d’adjoint à la Culture, il a conservé ses mandats de conseiller à la mairie de Paris et la mairie du XVIIIe. D’où la fureur des féministes qui réclament que les élus accusés de viol ne perçoivent pas d’indemnités. « Nous ne faisons pas justice, nous réclamons justice. Nous respectons la présomption d’innocence. Nous demandons simplement que les élus accusés de viol soient suspendus de leurs fonctions le temps d’une enquête, qu’ils ne perçoivent pas d’indemnités. Ça s’appelle de la déontologie, de l’éthique, de la logique », déclare, au Parisien, Amélie Hennes.
Cette dame est la fondatrice du collectif Les Attentives, « visant à défendre les droits des femmes à travers le théâtre ». Pas « au théâtre », comme je l’avais lu trop vite, mais « à travers » le théâtre. J’imagine que Les Monologues du vagin est sa pièce fétiche…
Je n’ai aucune affection particulière pour Christophe Girard que la justice, jusqu’ici, n’a reconnu coupable de rien. Je n’en avais pas plus que pour l’ex-candidat LREM aux municipales Benjamin Griveaux. Si je cite ce zozo qui n’a rien trouvé de mieux que d’envoyer la photo de son anatomie à une jeune femme diplômée en droit, c’est parce que son cas est exemplaire. Non pas d’inconscience et de bêtise, hélas, ces deux maladies étant fort répandues, mais parce que la plaignante, Alexandra de Taddeo, demande aujourd’hui l’annulation de l’enquête. En vertu de quoi « l’activiste » Piotr Pavlenski (petit ami officiel de Mlle de Taddeo qui a balancé les photos sur Facebook) pourrait échapper à toute poursuite.
L’ex-porte-parole du gouvernement, ex-candidat à la mairie de Paris, a disparu de la scène. Si j’osais une vilaine blague, je dirais bien qu’il est rentré dans son pantalon. Entre nous, je n’ose imaginer l’atmosphère familiale durant le confinement qui a suivi le scandale… Benjamin Griveaux a retrouvé son siège à l’Assemblée nationale, début juin, assorti d’un poste à la BITD (Base industrielle et technologique de défense). Interrogée par Libération, Mlle de Taddeo déclarait alors : « J’ai eu une minute de célébrité, même pas un quart d’heure… Ma vie n’est pas détruite du tout, je suis hyper contente de cette affaire. »