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Les communautés de métier, diversité, par Frédéric Poretti-Winkler.

On parle aujourd’hui de reflexe « CORPORATIF » pour indiquer une défense identitaire professionnelle, en général ce terme est devenu péjoratif mais autrefois on entendait : confrérie, ghilde, maîtrise, charité, hanse, collège, fraternité, jurande…
Il reste difficile de donner une définition définitive tant les disparités existaient entre lieux, époque et professions…
Devons nous parler du Moyen-âge ou du XVIème siècle ?
« Vous avez le choix entre huit siècle d’histoire et entre plusieurs dizaines de provinces…D’une ville à l’autre et, dans chaque ville, d’une profession à la profession voisine, elles diffèrent plus que les amples bliauts du XIIIème siècle et les justaucorps collants du XVIème, que les draps riches et lourds des communes du Nord et les tissus légers du Midi moderne.»(E.Coornaert)

frédéric winkler.jpgCelles-ci sont de vrais petites républiques autonomes dont les différences sont accentuées encore par le fait qu’elles soient réglés ou libres, c'est-à-dire jurés ou non. L’uniformisation n’est pas de rigueur. Les métiers jurés font des assemblées, le devoir du chef-d’œuvre, de la juridiction professionnelle, du droit du sceau, du contrôle de la production, avec plus de discipline…La différence essentielle entre juré et libre ne réside pas dans les conditions de travail mais dans les rapports avec l’Etat. « La réglementation est une garantie contre les excès de la concurrence, un gage de solidarité pour les producteurs.L’autorité en fait aussi le plus souvent une garantie pour les consommateurs, pour la collectivité.Mais elle y ajoute un autre gage de sécurité pour les premiers en élevant leurs communautés au dessus du droit privé, en leur donnant une personnalité juridique, d’ailleurs plus ou moins parfaite selon les cas, et en leur conférant une autorité propre sur leurs membres. » (E.Coornaert)
On peut d’ailleurs faire un parallèle avec l’organisation territoriale entre ville franches et communes libres. Les métiers libres sont quelquefois plus contraignants que les métiers réglés. L’organisation autonome fonctionne par serment, qui à l’époque est respecté…Les métiers libres sont sous contrôle des pouvoirs publics ou religieux et leurs recettes sont versés sur un compte municipal ou à l’Eglise. Les chefs plaident avec un échevin ou un agent urbain. Il faut toujours se garder de prendre ses indications pour une stricte observance générale, on dira que ce sont les grandes lignes.Toute organisation dans l’ancienne France reste sur le modèle de la famille élargie avec le principe d’autorité…
On trouve quelques révoltes sociales, les tisserands, les foulons et autres travailleurs de la laine, au XIIIème et XIVème siècle dans les Flandres. En France, grève des bouchers d’Evreux en 1244 (confrères de St Jacques) sous Charles VI au temps de Caboche et avec les canuts lyonnais en 1744…
La France était alors hérissé de libertés bien réelles (devoirs avec droits et privilèges), on avait pas besoin alors de le marteler sur les mairies pour y croire. Nous sommes loin alors de l’univers gris des conflits incessants d’aujourd’hui…
« Ne parlons pas de l’université parisienne du XIIIème siècle :maîtres et étudiants de la Montagne Sainte-Geneviève formaient alors une authentique corporation. Mais, au cours de l’ancien régime, on reunit parfois avec les corps de métiers, sous les mêmes noms de corps et communautés, les universités, collèges, chapitres, monastères et confréries et on tend, aujourd’hui, à allonger cette liste autrefois limitée : ensemble disparate, où les artisans pouvaient trouver, au vrai, des parentés inattendues à nos regards modernes. Leurs groupements sont confondus ainsi plus ou moins avec les « corps intermédiaires » qui contribuaient à assurer à la société d’autrefois hiérarchie et organisation. Ainsi associés à d’autres communautés, ils se rattachent, plus intimement encore qu’il ne paraît à première vue, à un aspect général de la société d’ancien régime, à ses tendances sociales, si différentes de l’individualisme du XIXème siècle. Ils témoignent bien de la place qu’elle accordait à l’homme, de l’idée qu’elle se faisait de la liberté, des rapports qu’elle établissait entre l’économie et les autres formes de la vie collective. »

« Nous parlions, il y a un instant, des différences provinciales : elles imposent une discipline plus étroite dans le Nord, elles laissent plus de jeu à la liberté dans le Midi ;Toulouse et Montpellier en sont largement pourvues dès le XIIIème siècle ;Bordeaux, Nimes, Marseille se défendront encore au XVIIème siècle contre l’établissement de jurandes ; très tôt, les « chonffes » de Montbéliard, qui empruntent leur nom aux Zünfte, participeront étroitement à la vie artisanale allemande ; la vie corporative ne s’implantera en Franche-Comté qu’au XVIIème siècle. Au vrai, c’est d’une ville à la ville voisine que le décor change : de Saint-Omer, par exemple, à Abbeville, qui en est distante d’une vingtaine de lieues seulement, on passe d’un milieu industriel à un autre, d’une ville riche de traditions, de sève et de vigueur, et de libertés efficaces, à une ville longtemps médiocre où les corporations ont poussé plus tard, et moins librement. Mieux encore, dans la même ville, c’est successivement, métiers par métiers, que l’ambition est née parmi les travailleurs de constituer des corps autonomes ou que le moyen leur en a été procuré : à Lyon, où quelques communautés sont organisées dès la fin du XIIème siècle, c’est au XVème et au XVIème seulement que se propage la conquête corporative ; à Poitiers, c’est de la façon la plus irrégulière au cours de deux ou trois siècles, du XVème au XVIIème, qu’elle gagnera la plupart des professions. » (E.Coornaert)
C’est un sujet très vaste et ces deux citations sont là pour expliquer qu’il ne faut pas systématiser la structure sociale de l’ancien régime.

GREVE et CONFLITS
Loin d'avoir tout inventer, comme nous essayons de le démontrer notre temps semble découvrir aujourd'hui ce qui hier était monnaie courante. La grève existait déjà sous Saint-Louis.Les organisations ouvrières s’organisent avec leurs Saints et fêtes chômés, leurs blasons avec privilèges et devoirs, leurs justice, police et coutumes.Quelques conflits naissent des rivalités entre maîtres et ouvriers car les premiers cherchent à se distinguer des seconds, nous sommes dans les temps dits classiques ou la bourgeoisie s’affirme, loin de l’humilité du Moyen-âge…
_Maçons et ouvriers du bâtiment à Paris, 1660-62,
_les papetiers en Auvergne, 1664 les garçons boulangers à Bordeaux, 1666-67 à Lyon…
_Guerres et disettes en 1694.
Plus tard il est important d’étudier les problèmes économiques liés aux temps de colères sociales comme l’inflation du système de Law de 1719 à 1721 et la déflation de 1724…
Les artisans prennent l’habitude de se regrouper par profession et par rue (voir les noms de rues dans Paris…) présent. Un trafic intense se développe en Occident et l’aisance nouvelle permet à un marchand de St Omer de faire construire à lui seul, une Eglise…
L’ascension des humbles se poursuit et certaines fois les consommateurs se liguent contre le monopole d’une corporation comme en 1267 à Pontoise avec les boulangers.
_A Paris en 1250, les valets protestent contre les maîtres des foulons.
C’est à la suite de ces divers conflits que St Louis demandera à Etienne Boileau de codifier les us et coutumes des métiers, jusqu’ici orales dans un livre. Cela n’empêchera pas d’autres conflits comme les tisserands contre les drapiers à Paris en 1270
_ les valets contre les maîtres foulons en 1277-79.
Frederic PORETTI - Winkler (Les Communautés de Métier, à suivre)

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