Le séparatisme est en marche, des paroles ne l’arrêteront pas !, par Christian Vanneste.
Le procédé est usé jusqu’à la corde : à défaut d’agir, le président élu par défaut en 2017 a parlé. C’est son seul talent qui n’opère plus qu’auprès de la poignée de ses derniers admirateurs et des chroniqueurs serviles qui sévissent dans nos médias. D’abord, il faut un nouveau concept pour s’emparer d’un sujet rebattu et le faire sien : on jette donc à la foule celui de « séparatisme », pour le montrer sous un jour apparemment nouveau, alors qu’il permet au contraire de le maintenir dans le discours aseptisé de la République neutre par rapport à toutes les religions, quand la réalité est beaucoup plus effrayante.
Avec des moyens considérables, une forme de religion incompatible avec la République, peut-être, mais avec la France sans aucun doute, développe chez les immigrés une détestation de notre pays, une préférence nationale pour les pays d’origine, une territorialité où les lois et les moeurs ne sont plus les nôtres. Ensuite on dénonce quelques exemples de comportements « inacceptables », comme le refus de serrer la main d’une femme, ou les exigences de virginité avant mariage. Il s’agit là de moeurs privées dont on sait depuis Montesquieu que la loi n’a pas à s’occuper, sous peine d’être inopérante et de se ridiculiser. Comment en effet faire respecter la loi à l’intérieur des familles et des domiciles, quand on est incapable de la faire respecter dans des quartiers entiers, quand on tolère le voile intégral dans l’espace public alors que la loi le prohibe et le réprime pour des raisons de sécurité ? Enfin, on lâche une série de mesurettes destinées à freiner l’arrivée d’imams étrangers et les enseignements contraires à l’intégration. Elles sont sans proportion avec le mal. Elles cueillent quelques fruits nocifs sans le couper à la racine. Ceux qui applaudissent en disant « enfin », ne se rendent pas compte qu’il est trop tard et que cette poudre aux yeux de la communication n’aura pas le moindre impact sur la réalité.
Si M. Macron avait été un élu de terrain dans une région où la population immigrée est importante, il prendrait conscience de l’inanité grotesque de son discours. Ne pas favoriser le séparatisme islamiste sans stigmatiser les musulmans ? L’islam pourrait devenir une religion de la République ? Non plus l’islam en France mais l’islam de France, comme disait Sarkozy, en lançant le CFCM, pour mettre le culte musulman au même niveau que le catholique, les protestants et le juif ? Cette politique a échoué depuis longtemps parce que l’islam n’est en rien comparable aux autres religions. Certes beaucoup de ceux qui se disent musulmans ont une distance par rapport à leur foi et à ses préceptes (30% considèrent néanmoins que la Charia est supérieure aux lois du pays dans lequel ils vivent !), mais d’une part cette réserve, au lieu de s’épanouir avec le temps, tend au contraire à se réduire de génération en génération. L’assimilation recule, l’islamisation progresse. D’autre part, la religion musulmane offre des particularités qui sont aussi des dangers : elle ne fait pas de distinction entre la politique et la religion. Elle place celle-ci au-dessus de celle-là. Le « calife » est le souverain temporel en même temps que le successeur du Prophète, qui lui-même a été un créateur d’empire. L' »Oumma » des croyants transcende les nations. On doit être musulman avant d’être Français. La laïcité et la République n’y ont aucune place. Comme cette religion est pointilleuse sur les détails de la vie quotidienne, du vêtement à l’alimentation, elle se heurte sans cesse à la manière de vivre des peuples chez lesquels elle s’introduit. Bref, le séparatisme est en marche, et il possède les moyens d’aller de l’avant, sans que l’absence d’imams venus d’ailleurs l’entrave outre mesure.
Ces moyens sont de trois ordres : d’abord, ils relèvent de la démographie. Plus la part des musulmans sera importante dans la population française, plus elle deviendra majoritaire sur des territoires, plus il sera difficile, voire impossible d’imposer la loi républicaine aux moeurs religieuses. L’inversion de la politique migratoire, la fin du regroupement familial, la suppression de la double nationalité, l’abrogation du droit du sol, l’élargissement de la déchéance de nationalité, la limitation étroite de l’immigration à des quotas par pays et en fonction des compétences seraient des mesures sérieuses, mais on voit combien nous en sommes loin. En second lieu, l’islam est en France une religion d’importation récente, contrairement aux autres cultes pour la plupart intégrés à notre histoire autrement que par des conflits et des invasions repoussées. Il y a, d’une manière paradoxale et perverse, une multiplication du séparatisme religieux par le séparatisme national. Les mosquées, avec ou sans imam étranger, se répartissent en obédiences « algérienne », marocaine », « turque ». Et ces pays ont une influence sur ceux qui les fréquentent. Le roi Hassan II le disait, le président Erdogan en tire parti, les ressortissants de leurs pays resteront avant tout des Marocains ou des Turcs. Le laxisme moral que vient encore de révéler l’affaire « Griveaux » ou le dénigrement stupide de son propre pays par Macron osant parler de crime contre l’humanité de la France en Algérie attisent la différence voire l’hostilité. On ne peut intégrer des étrangers si on suscite un esprit de revanche fondé sur un sentiment de supériorité morale. Enfin, avec ou non des moyens financiers considérables venant des pays du Golfe avec lesquels nos gouvernants on tissé des liens fructueux, de puissantes organisations sont déjà à l’oeuvre en France. Il suffit de citer l’UOIF devenue Musulmans de France en 2017, la branche française des Frères Musulmans dont l’habileté manoeuvrière soulignée récemment dans « Le Projet » par Alexandre del Valle et Emmanuel Razavi, se jouera des mesurettes macroniennes.
Commentaires
Macron donne une fois de plus la preuve de son insuffisance, en pensée, en déclarations et an actes. Tout en communication, il est devant un lac à vider avec une cuillère à café, alors qu'il faudrait des pompes de haut débit. Il ne traite pas le problème, il n'en n'a d'ailleurs jamais eu l'intention, il l'esquive par un pas de deux lexical, déviant le concept qui permettrait de le nommer. A son niveau c'est simplement infâme, car il ne peut ignorer les conséquences de la stase dans laquelle il se complet, et le degré de trahison auquel il accède ainsi vis à vis des devoirs de sa charge. la question est le pourquoi de cette immobilité conceptuelle et décisionnelle à un niveau quasi ontologique chez ce phraseur boulimique. Les raisons possibles sont nombreuses, mais la plus probable est le nœud d'obligations contradictoires dans lesquelles il s'est enfermé pour accéder à sa position actuelle. Macron est simplement prisonnier de ses choix politiques, et sociétaux, et des soutiens allant de pair, qui se heurtent aujourd'hui à l'évolution pourtant prévisible, mais qu'il pu considérer à tort comme surmontable, d'un séparatisme organisé par des groupes antinomiques de la société française. Son refus de l'admettre est comme celui d'un alcoolique ou d'un drogué qui ne peut renoncer, sans se perdre lui-même, à son paradis artificiel, celui de son monde irréel post-moderne. C'est un mal construit, notoirement insuffisant, et c'est la France qui en souffre.