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  • Paris : Gilles Ardinat au Cercle Aristote, c'est ce soir...

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     Gilles Ardinat, Faire l'Europe, c'est faire le poids.

    Ce lundi 24 février, 20h, Le François Coppée, 1 boulevard du Montparnasse (6ème, Métro : Duroc/Falguières)
     
     
     
     
     
  • Tunisie, Egypte, Libye : mirage et châteaux de sable, par Gilles Varange

           Cet article de Gilles Varange est paru dans le numéro 24 de La Nouvelle Revue Universelle. Nous le publions, ici, tout simplement parce que, outre la pertinence de ses analyses, il exprime exactement notre position sur le sujet...

            Est-ce bon ou mauvais pour nous ? Si c’est mauvais, comment en corriger les effets négatifs ? Si c’est bon, comment en amplifier les aspects positifs ? Ces questions élémentaires face aux événements qui secouent depuis un bon trimestre l’Afrique du Nord et une partie du monde arabe, il ne faut compter ni sur nos médias ni sur nos responsables politiques pour les poser. Il serait incongru sinon condamnable de les formuler. 

    tunisie,egypte,libye 

            Toute révolution accomplie sous couvert des idées de « démocratie » et de « liberté » étant considérée par principe comme profitable à l’ensemble de l’humanité, il paraîtrait indécent, à ceux qui nous gouvernent ou nous informent, de manifester la moindre prudence devant un cours des choses inscrit dans le sens radieux de l’Histoire. Signe des temps : la théorie libérale et individualiste de la « main invisible » d’Adam Smith qui voit la prospérité commune découler par miracle des actions égoïstes de chacun est transposée de la sphère économique à celle du politique. Quels que soient le lieu et les circonstances, toute agitation conduisant au renversement d’un despote, fût-il modernisateur chez lui et pacifique envers ses voisins, doit être obligatoirement saluée comme un bienfait de portée universelle. Pas question de se demander si ses successeurs ne se révéleront pas pires à l’intérieur et plus dangereux à l’extérieur.

     

            Cette lâche soumission à de si navrantes conceptions n’amène pas seulement nos dirigeants à traiter en parias des homologues étrangers qu’ils accueillaient la veille encore sur le perron de leurs résidences officielles avec d’amicales bourrades dans le dos ; elle les contraint aussi à d’hilarantes palinodies et acrobaties pour faire oublier ces complaisances. Mais c’est-là une situation qui ne semble guère coûter à nos hiérarques républicains tant leurs innombrables conseillers en communication ont su les préparer à ces retournements et reniements. Cicéron prétendait que deux devins ne pouvaient se dévisager à Rome sans éclater de rire. Il en va de même pour nos chefs d’État ou de gouvernement occidentaux qui peinent à cacher leur réciproque hilarité à chacune de leurs fréquentes retrouvailles. C’est qu’ils savent trop bien, les uns et les autres, de quels boniments et tours de passe- passe ils sont capables ! Tout cela serait de peu d’importance si ces mœurs, propres à nos démocraties médiatisées, fondées sur l’esbroufe et le superficiel, n’avaient fini par atrophier les capacités de jugement et de décision de personnages dont les responsabilités historiques, en dépit de leur insignifiance propre, demeurent considérables.

     

    Un phénomène de contagion psychologique

     

            La succession haletante des chambardements nord-africains et proche-orientaux des derniers mois nous aura ainsi permis d’assister à un spectacle aussi désopilant que cruel. Celui offert par des dirigeants occidentaux, effarés par des situations dont ils n’avaient jamais imaginé la possibilité, mais se croyant tenus d’accueillir avec d’indécents transports de joie ces bouleversements qui les plongeaient en réalité dans un sentiment de stupeur navrée. Que les chutes brutales des présidents Ben Ali et Moubarak, survenues à quelques semaines d’intervalle, – la première entraînant la seconde par l’un de ces effets de contagion psychologique de peuple à peuple dont l’histoire offre maints exemples – aient été source de plus d’inquiétude que de satisfaction dans les capitales occidentales, il serait pourtant vain de le nier. Non qu’à Paris, Londres, Berlin ou Washington, on ignorât rien des turpitudes des proches du président tunisien ni de la coupable inertie de son homologue égyptien face au lent travail de sape des fondamentalistes islamistes et au martyre de la minorité copte. Mais l’idée s’était insidieusement imposée que ces régimes représentant après tout « un moindre mal », il n’était d’autre choix raisonnable que de s’en accommoder sans trop penser à l’avenir.

     

            Qu’une forte pression exercée sur ces régimes par leurs alliés et pourvoyeurs financiers pût se révéler salutaire en les contraignant à temps au sursaut nécessaire, George W. Bush aura été le dernier à le penser et à le tenter, notamment à l’égard d’Hosni Moubarak qu’il ne ménagea guère au cours de son second mandat . Mais l’empressement des Européens à plaider la cause du président égyptien fut si vif et si constant que le chef de la Maison Blanche finit par baisser les bras. Quant à son successeur, Barack Obama, il n’eut rien de plus pressé au contraire que de se précipiter au Caire, moins de six mois après son accession au pouvoir, pour y prononcer son complaisant « discours de réconciliation » avec le monde musulman. Après quoi, il reçut le dirigeant égyptien à Washington, en août 2009, avec un faste réservé d’ordinaire aux « Grands » de la planète. S’il eût été plus intuitif, la pensée fugitive aurait pu effleurer alors le vieux Moubarak qu’il n’y a jamais loin du Capitole à la Roche Tarpéienne et qu’il n’est pire destin, pour un chef d’État, que d’être fêté par les Américains comme l’un de leurs précieux alliés. Depuis le Shah d’Iran jusqu’à Augusto Pinochet, la liste est longue de ceux qui l’ont appris à leurs dépens.

     

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    Un machiavel de congrès démocrate

     

            Dans ces deux affaires, la tunisienne et l’égyptienne, le principal sujet d’étonnement réside dans l’attitude proprement aberrante observée, du début à la fin, par les responsables de la diplomatie américaine. Il n’est nul besoin de posséder la perspicacité d’un Talleyrand pour comprendre qu’un geste mesuré mais ostensible de soutien américain au président Ben Ali, dans les premiers temps d’agitation populaire, aurait suffi à dissuader les partisans d’un renversement du régime de poursuivre plus avant leur entreprise révolutionnaire. Quitte ensuite, pour la Maison Blanche, à user des arguments susceptibles d’inciter son allié tunisien à entreprendre certaines des réformes pertinentes réclamées dans la rue par les manifestants. Ainsi eût sans doute été étouffé dans l’œuf l’incendie qui n’a pas manqué au contraire de s’enfler et d’enflammer toute la région jusqu’au Caire. Stratégie sans doute trop peu tortueuse pour un Barack Obama, Machiavel de Congrès démocrate, qui a jugé préférable, comme le fit jadis le piteux Jimmy Carter à Téhéran, de jouer des factions au sein du pouvoir tunisien pour pousser son allié à l’exil dans l’espoir de reprendre ensuite la situation en main au profit des États-Unis. Sans percevoir un seul instant que, dans un monde arabe politiquement figé depuis des décennies dans une sorte d’immobilité minérale, la chute du château de sable tunisien risquait de provoquer celle de tous les autres.

     

            Aussi bien à Tunis qu’au Caire, tout n’aura dépendu en effet que des seuls États-Unis. Il faut bien le remarquer ­: dans les premiers développements d’une crise qui s’est désormais propagée à une large partie de l’Afrique du Nord et du monde arabe, le rôle de la France et des autres pays européens (Grande-Bretagne, Italie, Espagne), qui se targuent d’une longue influence dans la région, a été insignifiant sinon inexistant. De bout en bout, c’est Obama et lui seul qui a décidé du sort de ses deux protégés, le Tunisien puis l’Égyptien, sans tenir le moindre compte de l’avis de ses partenaires européens. Et les tergiversations, dont a témoigné à plusieurs moments décisifs le chef de la Maison Blanche, ne s’expliquent nullement par sa volonté de vérifier l’accord préalable de l’un ou l’autre de ses alliés du Vieux Continent, mais par les influences radicalement opposées de ses principaux ministres et conseillers. George Bush se plaignait de ne pas disposer d’un numéro de téléphone unique qui lui eût permis de connaître instantanément l’avis des Européens en cas de crise grave. En vérité, ce numéro de téléphone ne lui aurait servi à rien puisque les Européens sont structurellement incapables de s’entendre sur quelque sujet extérieur que ce soit. Cette fois, non seulement ils étaient encore aux abonnés absents, mais le président américain n’a même pas jugé utile de les appeler, sinon pour les informer de ses choix. Preuve que les cercles dirigeants américains ont intégré dans leur philosophie politique cette évidence que les Européens se refusent à admettre avec obstination : l’Union européenne a définitivement échoué à exister en tant qu’entité politique et militaire. Devant tout défi de quelque importance, elle explose en cent avis variés et contradictoires et fait entendre une cacophonie dérisoire. Elle donne, aux yeux du reste du monde étonné, l’exemple d’un mode inédit d’organisation politique : celui de l’impuissance institutionnalisée.

     

    Nouvelle faillite diplomatique des européens

     

            Est-ce pour faire oublier cette nouvelle faillite diplomatique des Européens que le président français et le Premier ministre britannique ont, par une sorte de réaction tardive et disproportionnée, décidé de se lancer côte à côte dans l’aventure libyenne où Obama répugnait au contraire à s’engager ? En coquetterie avec leurs opinions publiques, l’un et l’autre caressaient peut-être surtout l’arrière pensée de renouveler la prouesse de Margaret Thatcher à qui l’équipée des Malouines avait si bien réussi. Mais, si la « Dame de fer » était sortie grandie de pareille épreuve, c’était pour avoir pris un risque véritable en envoyant un puissant corps expéditionnaire britannique défendre les intérêts et l’honneur bafoué de son pays contre un Etat et une armée qui n’étaient pas de pacotille. Tandis que nos deux Tartarins de Londres et de Paris savaient n’avoir à affronter en Libye qu’une illusion d’État soutenu par quelques bandes de branquignols armés. Les bénéfices éventuels de l’opération en seront forcément diminués : « À vaincre sans péril, on triomphe sans gloire ». De plus, l’initiative commune de Nicolas Sarkozy et de David Cameron aura provoqué toute une série de conséquences imprévues par ses protagonistes, les plus négatives étant d’indisposer l’ensemble des puissances dites émergentes (Chine, Inde, Russie, Brésil) farouchement attachées à la notion de souveraineté nationale, d’accentuer un peu plus encore les divisions entre Européens et de démontrer surtout que Paris et Londres – du fait de la réduction drastique de leurs budgets militaires et de la dépendance politique envers les États-Unis qui en résulte – n’étaient plus en mesure de mener même un conflit d’importance mineure sans avoir à se placer sous la tutelle de l’OTAN. 

    tunisie,egypte,libye

     

     

            Le phénomène le plus étonnant tient pourtant à l’espèce d’enthousiasme sacré qui a saisi la majeure partie de notre classe politique et de ce qui nous tient lieu d’intelligentsia face à cette aventure libyenne. Ceux-là qui n’avaient pas trouvé de mots assez virulents pour condamner la guerre irakienne de George Bush et l’idéologie néo-conservatrice qui la justifiait se sont mis soudain à se coiffer de bérets rouges et à réclamer des parachutes pour sauter sur Tripoli derrière le redoutable colonel Bernard-Henri Lévy ! Stupeur : on se souviendra même d’avoir entendu un Dominique de Villepin, dont toute la renommée tenait à son fracassant refus de l’interventionnisme américain en Irak, appeler sans honte à l’intervention franco-britannique en Libye. C’est qu’en quelques heures, par une sorte de magie oratoire digne des Contes des Mille et une Nuits, la très prosaïque guerre civile entre quelques obscures tribus de Tripolitaine et de Cyrénaïque avait pris l’allure d’une formidable croisade de la démocratie contre le totalitarisme abhorré. Nos dirigeants, nos intellectuels, qui n’avaient rien prévu des événements de Carthage et des bords du Nil, et craignaient d’y perdre leur réputation de voyants extralucides, ont réussi à retrouver un peu de crédit en inventant une fable pour auditoires naïfs : des déserts du Yémen aux rivages de l’Atlantique, le monde arabe tout entier s’était brusquement mis en marche à la lumière des éblouissants flambeaux de la Liberté et de la Démocratie et on assistait-là à quelque chose d’aussi prodigieux et lourd de conséquences que l’effondrement du Mur de Berlin.

     

    Des révolutions sans peuple

     

            Des esprits moins portés aux abstractions lyriques ne manqueraient pas de relever qu’il n’était pas forcément nécessaire de torturer à ce point l’Histoire ni de recourir à d’aussi grandioses rapprochements pour éclairer des événements dont les causes paraissent d’une confondante banalité. Qu’on y songe : des dirigeants vieux et malades, souvent installés au pouvoir depuis plusieurs décennies dans des pays où, du fait d’une démographie galopante, une immense majorité de la population a moins de vingt ans. De minces oligarchies politiques et financières, enrichies comme partout ailleurs par l’usage intensif des pratiques douteuses d’une mondialisation débridée et affichant un luxe insolent au milieu d’un océan de pauvreté. De vieilles bourgeoisies à la culture raffinée, jadis influentes, pleines de rancœur et avides de reconquérir leur prestige perdu. Enfin, des armées dont une majorité des jeunes officiers, soucieux de promotions rapides, sort des rangs de la paysannerie misérable. À bien y réfléchir, le plus surprenant n’est pas dans les explosions qui viennent de se produire en série mais dans le fait qu’elles n’aient pas eu lieu plus tôt. Il manquait un détonateur que la crise économique mondiale s’est chargée de fournir avec la hausse vertigineuse des prix des produits alimentaires.

     

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  • Gilles-William Goldnadel : « Emmanuel Macron, bravo l'artiste ! »

     

    Par Gilles William Goldnadel
     
    On n'est pas forcément d'accord avec tout ce qu'écrit ici Gilles William Goldnadel [Figarovox, 9.05]. Sévère pour Marine Le Pen, en partie à bon droit, cette chronique nous semble contenir aussi de puissantes vérités. Sa conclusion pessimiste souligne surtout que, si rien n'est jamais trop tard, il y a aujourd'hui, comme en d'autres temps et circonstances de notre longue histoire, une urgence pour la France. Raison de plus pour proposer nos idées. Et, si possible, mieux encore : une doctrine.  LFAR
     

     

    I1762865742.jpgl n'est pas interdit, ni irrévérencieux de crier: Bravo l'artiste!

    Car la victoire d'Emmanuel Macron est avant tout artistique, médiatique et esthétique.

    Elle aura été scénarisée de main de maître communicant, à l'instar de cette traversée pharaonique du Carrousel du Louvre sur fond d'hymne européen joyeux et d'éclairages mystérieux.

    Le monde virtuel existe. Il influence les esprits. Il les séduit. Il les galvanise. Il les télé-transporte. Il les effraie. Il les impressionne. Il les intimide. Il les embellit. Il les contraint. En ce sens, il peut agir sur le réel électoral.

    Il n'est pas sérieusement contestable que l'ensemble quasiment unanime du monde médiatique français, à commencer par son service public audiovisuel, aura puissamment contribué à la victoire de l'ancien ministre de François Hollande.

    Il est difficile de ne pas y déceler un soubassement idéologique au moins réflexe.

    Au premier tour, en focalisant l'attention sur les problèmes judiciaires du candidat de droite, au détriment des sujets de sociétés controversés et sciemment occultés.

    Au second tour, en contribuant au retour du débat névrotique autour de la seconde guerre mondiale, comme à la culpabilisation de ceux qui, taxés implicitement de collaborationnisme, refusaient de choisir entre l'erreur économique de l'une et l'horreur multiculturaliste de l'autre.

    Cela n'enlève évidemment rien à l'audace et au talent du gagnant, ni aux errements et aux manquements de la perdante.

    On notera, toutefois, que cette prégnance de l'influence médiatique idéologisée au détriment des droites ne fait toujours pas l'objet d'une véritable réflexion critique argumentée de la part de ses victimes, en dehors de malédictions aussi véhémentes que stériles.

    La victoire de M. Macron, n'est pas seulement médiatique, elle est aussi esthétique.

    Faire profession d'optimisme océanique est plus beau, plus populaire, plus gratifiant que de décrire de manière ingrate cette laideur du monde réel contre laquelle il conviendrait de se protéger ou de se colleter.

    Le programme du jeune gagnant, sorte d'Obama blanc, misant sur sa verdeur, était aussi lisse que son visage juvénile qui lui servait d'affiche.

    La seule véritable stratégie du candidat d'En Marche était de pouvoir donner la réplique gagnante à la méchante représentante officielle des vilains.

    Celle du monde ingrat, qui marche lourdement avec ses gros sabots crottés sinon fourchus.

    Il convenait pour y arriver, d'utiliser élégamment les creux et de remplir par l'air du temps, le vide sidérant laissé par un mentor définitivement déconsidéré par ses logorrhées vespérales, qui n'avait plus les moyens ni de le reconnaître ni de le déshériter.

    Pas question donc dans le monde virtuel de raconter des histoires tristes avec des terroristes islamistes. Pas question, dans le décor en technicolor de dessiner des murs, des douanes ou des frontières.

    Et encore moins des barbelés.

    En ce sens, on peut effectivement encore décrire après sa victoire, M. Macron comme une bulle médiatique, n'ayant pas éclaté, mais, précisément, s'étant élevée grâce à sa légèreté.

    La revanche, avais-je écrit dans une précédente chronique dans ces mêmes colonnes, de l'antimatière sur la matière, conformément aux dernières découvertes de la physique quantique.

    Ce cadre enchanteur et utopique ne pouvait que séduire le monde artistique et cinématographique sans frontières dont le virtuel est la réalité. Un monde aérien de beauté, de légèreté, de paix et de volupté, qui ne connaît ni limites, ni fin, ni petitesse. Dans ce monde ironique, la poésie est politique et la politique, onirique. En ce sens, la victoire d'Emmanuel Macron est aussi la sienne.

    Certes, la victoire artistique d'Emmanuel Macron , au-delà des dithyrambes de la presse internationale de papier, n'a rien de triomphal.

    Le monde virtuel a eu beau agir sur le monde réel, la fâcheuse sphère électronique en a limité considérablement les effets.

    Les foules, sans doute dans leur souvenir confus des meurtres de masse, n'ont pas eu le cœur à faire la liesse.

    La parenthèse magique et anesthésique va bientôt se refermer.

    Déjà, dans quelques jours, une autre consultation aura lieu, où la part artistique sera plus congrue.

    La pleine saison va reprendre pour la délinquance et l'immigration forcée de masse, et l'islam radical comme la dette n'accorderont aucun délai de grâce.

    Le multiculturalisme n'a pas encore définitivement gagné la partie, mais en dépit de l'opposition d'une majorité du pays, par la grâce médiatique et artistique, il n'a pas perdu.

    Quand l'heure sera venue de lui dire vraiment non, c'est peut-être parce qu'il sera trop tard. 

  • Paris : la conférence de Gilles Varange, c'est ce soir...

     Cercle Histoire, culture et patrimoine :

    Mardi 18 novembre 2014 

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    La nouvelle guerre froide

    Les tensions américano-russes décryptées, Comment l’Europe se fait piéger.

    Par Gilles Varange

    Journaliste à Politique magazine et à la Nouvelle Revue Universelle, ancien grand reporter à la Voix du Nord, Ecrivain 

    Rendez-vous à partir de 19H30 - Conférence à 20H00 précises - Libre participation aux frais

    Salle Henry de Seilhac de l’A.S.I.E.M. - 6, rue Albert de Lapparent - 75007 Paris - Métro : Ségur, La Motte-Piquet, Cambronne

     

  • Sur TV Libertés, le cancer du gauchisme intersectionnel dans les facs - Gilles Ardinat - Le Zoom.


    Gilles Ardinat, coordinateur du Forum Ecole & Nation, dénonce l’arrivée dans les universités françaises du discours intersectionnel.

    Cette idéologie venue des Etats-Unis après la chute de l'Union soviétique, débarrassée de ses références marxistes, s'apparente une américanisation de l'extrême gauche en France.

    Ses militants radicaux considèrent qu'il faut dorénavant une vision beaucoup plus globale de la révolution en connectant toutes les luttes les unes avec les autres : lutte des classes, des sexes, des races...

    Et si ce mouvement reste encore minoritaire, l'histoire montre que des minorités agissantes, ultra virulentes et fanatisées arrivent à imposer leurs idées mêmes si elles sont aberrantes.

  • Sur TV Libertés, Macron : le ”totalitarisme” mou - Le Zoom - Gilles Gaetner.


    Le 7 mai 2017, Emmanuel Macron entre à l'Elysée. Il se croit tout à la fois Jupiter et Bonaparte. Quatre ans ou presque ont passé. Il n'est plus qu'un président normal. Dans une lettre sans complaisance, Gilles Gaetner interpelle le chef de l'Etat sur les sujets qui fâchent : insécurité galopante, laïcité en péril, libertés publiques malmenées, lutte contre le terrorisme, copinage, verticalité du pouvoir, etc. Les Français pensaient avoir élu un président social-démocrate avec un zeste de Rocard et de Mendès France... ils ont désormais un président libéral mâtiné de Thatcher et de Sarkozy. Est-ce à dire que la réélection du plus jeune président de la Ve République n'est plus que du domaine de l'irréel ?

  • Gilles-William Goldnadel: «Théo est mort dans le silence des “antiracistes” sélectifs».

    Gilles-William Goldnadel AFP

    Alors que le jeune Théo a été assassiné par un ressortissant sénégalais disposant d'un titre de séjour valable jusqu'en juillet 2021, une partie du monde culturel et médiatique rabâche la même vulgate indigéniste. L'essayiste et avocat Gilles-William Goldnadel dénonce un antiracisme qui choisit ses victimes et ses coupables.

    La dilection pour l'altérité non-occidentale, ou pour le dire plus crûment, la préférence pour cet Autre qui n'est pas blanc me paraît, au prix de me répéter inlassablement, le marqueur indélébile de la débilité du temps. Trois exemples tirés de l'actualité de la semaine.

    À Claye-Souilly, Théo, 18 ans, a été poignardé à mort par un délinquant sénégalais en situation régulière en France, disposant d'un titre de séjour en bonne et due forme, valable jusqu'au 20 juillet 2021, déjà connu des services de police... Ce martyr innocent est également victime de l'occultation délibérée par la presse conformiste ordinairement antiraciste.

    Au rebours du Figaro, Le Monde et France Inter ont tu soigneusement le statut et l'origine du meurtrier. Des tartuffes pourraient objecter qu'il est dangereux de focaliser racialement.

    Il faudra nous expliquer dans ce cas leur insistance chromatique obsessionnelle sur les couleurs de peau de Derek Chauvin et de sa victime Georges Floyd.

    Pauvre Théo, définitivement disparu et passé à la trappe médiatique. Son célèbre homonyme, toujours en vie, aura occupé durant des jours l'espace médiatique jusqu'à voir son cas évoqué par le Conseil des droits de l'homme de l'ONU. Obscénité de la différence de traitement du fait de société. Le fait divers n'est édifiant que s'il concerne la diversité.

     

    (...) l'invitation faite à Spike Lee de présider le jury du festival de Cannes est la preuve la plus emblématique de cet antiracisme sélectif qui montre l'indulgence pour l'Autre en même temps que le mépris des siens.

     

    Jeudi dernier, huit heures et douze minutes sur France Inter. Reportage empathique sur Khaled, migrant algérien qui tente de pénétrer illégalement sur le territoire français en suite de la faillite économique de son pays. Khaled décrit son «rêve». Il ne viendrait pas à l'idée du journaliste de service public d'interviewer avec la même empathie Pierre qui raconterait son cauchemar de voir pénétrer tous les Khaled au mépris de la souveraineté et de la sécurité de son pays.

    Mais pour être moins dramatique, l'invitation faite à Spike Lee de présider le jury du festival de Cannes est la preuve la plus emblématique de cet antiracisme sélectif qui montre l'indulgence pour l'Autre en même temps que le mépris des siens.

    L'homme noir au smoking rose a été accueilli en héros sur la Croisette.

    Il commence évidemment son discours par la stigmatisation des violences policières dans son pays et la victimisation de ses frères de couleur : «quand vous voyez le roi George Floyd, tué, lynché, vous pourriez croire et espérer que plus de 30 putains d'années après, les personnes noires ne soient plus chassées comme des animaux».

    Et l'AFP de résumer : «Spike Lee a placé d'emblée le festival sous le signe de la lutte, dénonçant les discriminations raciales et de genre».

    C'est donc sur ce territoire hagiographique que Libération évoque «sa stature de guérillero» tandis que le Monde rend hommage à un «infatigable militant».

    Sauf que sous ce statut gratifiant, gît un individu autrement moins reluisant.

    C'est ainsi que dans son film Get on the Bus (1996), où le méchant de l'histoire est un chauffeur juif, Spike Lee célèbre la Marche du Million, une manifestation organisée un an auparavant à Washington par Louis Farrakhan, le leader raciste noir, antisémite, négationniste et homophobe de la Nation de l'Islam, organisation suprémaciste, noire et islamiste. Prêcheur de haine, Farrakhan a traité les blancs de «diables aux yeux bleus», Hitler de «très grand homme» et les juifs de «sangsues» accusées d'avoir fomenté le trafic d'esclaves et de diriger le gouvernement, l'économie, Hollywood et les médias. Pas gêné pour si peu, Spike Lee déclare: «Je suis allé voir le ministre Farrakhan pour avoir sa bénédiction». Lee fait même appel aux miliciens violents de l'organisation raciste pour sécuriser les plateaux de ses films.

    Péchés de jeunesse de Spike aujourd'hui prescrits ? En 2014, Farrakhan considère le judaïsme comme un «mensonge trompeur» et évoque encore ces «juifs sataniques qui contrôlent tout».

    Cela n'empêche pas Lee de l'embrasser voluptueusement à l'avant-première de son film Chi-Rak à Chicago en 2015.

    La sollicitude bienveillante de Spike Lee est identique à l'égard d'un autre raciste et antisémite noir, son «ami» Al Sharpton qui aura servi de modèle à Tom Wolff dans son Bûcher des Vanités pour camper son sulfureux révérend Bacon. Al Sharpton s'est rendu célèbre lorsqu'en 1991, après qu'un conducteur juif d'une ambulance tue accidentellement un garçon noir, il encourage de violentes émeutes dans le quartier de Crowh Heights à Brooklyn. : «Les juifs sont des «marchands de diamants» avec «du sang de bébés innocents sur les mains». Un étudiant israélite est même tué par une bande qui le poignarde à cette occasion. Cet épisode qui le discrédita fut narré en décembre 2014 dans Le Monde qui l'oublia lorsqu'il évoqua sans esprit critique l'homélie du pasteur en hommage à Georges Floyd.

    Cela n'empêcha pas l'antiraciste Spike Lee de faire l'apologie de Sharpton en 2020 : «Mon frère a été à l'avant-garde de nos batailles encore et toujours. Depuis très longtemps jusqu'à cette révolution actuelle dans laquelle se trouve le monde. Le révérend a parlé de Black Lives Matter dès le début ... J'ai hâte, d'être debout à ses côtés…»

    Le réalisateur «antiraciste» encensé a également relayé une théorie conspirationniste extravagante selon laquelle le gouvernement américain a créé le virus du sida : «tout d'un coup une maladie surgit de nulle part …qui cible spécifiquement les gays et les minorités. La maladie mystérieuse, ouais, à peu près aussi mystérieuse que le génocide… je suis convaincu que le sida est une maladie conçue par le gouvernement», déclare-t-il au magazine Rolling Stone.

    Autre morceau de bravoure: après avoir visité l'Afrique du Sud «l'antiraciste» déclare: «je voulais sérieusement prendre une arme et tirer sur des blancs. La seule façon de résoudre les problèmes est un bain de sang».

     

    Est-il imaginable que les organisateurs du festival de Cannes demandent à un réalisateur blanc, admirateur du Klu Klux Klan , de présider le jury ?

    Gilles-William Goldnadel

     

    Racialiste jusqu'au bout des ongles, Spike Lee avoue son dégoût pour les couples mixtes :

    «Je ne vois jamais d'hommes noirs avec de belles femmes blanches… Et vous voyez toujours des hommes blancs avec de belles femmes noires». Lui-même a promis de ne jamais entretenir de relations avec des femmes blanches : «Je ne trouve pas les femmes blanches attirantes. C'est tout. Il y a beaucoup trop de belles femmes noires» dans le même entretien à Playboy, il ajoutait sans complexe : «les Noirs ne peuvent pas être racistes».

    À ce stade terminal, une question : est-il imaginable que les organisateurs du festival de Cannes demandent à un réalisateur blanc, admirateur du Klu Klux Klan , de présider le jury ?

    La réponse est dans la question : Inimaginable.

    Pourquoi donc en conséquence avoir rendu à Spike Lee cet hommage indu alors que les faits ci-dessus relatés étaient notoires ? On pourrait évidemment expliquer cette inconséquence assez répugnante par l'insoutenable légèreté de l'être artistique progressiste. Cette explication est convaincante car elle cache en creux l'insoutenable préférence « progressiste » pour l'Autre.

    On signalera que cette préférence raciale est mortelle, sans doute pourquoi Théo est mort dans le silence mortel des racistes sélectifs.

     

    Gilles-William Goldnadel est avocat et essayiste. Chaque semaine, il décrypte l'actualité pour FigaroVox.

    Source : https://www.lefigaro.fr/

  • Paris : Gilles Ardinat aux Mercredis de la Nar, c'est ce soir...

    mercredi.jpgChaque mercredi, 38, rue Sibuet, 12ème, rez-de-chaussée; la conférence commence à 20h très précises (accueil à partir de 19h45 - Entrée libre, participation aux frais de 2€ ), elle s'achève vers 22h. Un dîner amical est servi pour ceux qui le désirent (participation 7€).

    Aujourd'hui, Gilles Ardinat, pour Géopolitique et souveraineté.

  • Chronique de la France qui souffre (II/II) : Quand Gilles Kepel ”démolit” la folle politique immigrationiste du Système.

    gilles kepel.jpgGilles Kepel est sociologue et spécialiste du monde arabe. Il a mené une enquête fouillée - avec l'Institut Montaigne - auprès des candidats aux élections issu de l'immigration, surtout à Marseille.

    Et qu'en dit-il ? Avant de lire le court extrait suivant de  son entretien avec le journaliste Laurent d'Ancona, juste une précision : Gilles Kepel n'écrit pas dans lafautearousseau !...

    "...Le modèles des quartiers nord (de Marseille, ndlr) c'est au contraire l'expression de la déchéance de la République. Celle d'un Etat qui n'est pas capable de fournir des emplois à une population et la laisse s'enfoncer dans le trafic parce que cela assure, paradoxalement, une sorte de paix sociale. Au prix des 20 morts par règlement de compte qu'on a connu l'année dernière et de la putréfaction de la société..."

    "Putréfaction de la société" : bigre ! Il n'y va pas de main morte, ce Kepel qui n'est certes pas un extrémiste !...

    Mais, écrivons-nous autre chose, dans ces colonnes ? Pourquoi des naturalisations en hausse de 51% alors qu'on a 6 millions de chômeurs, 8 millions de pauvres, 3 millions et demi de mal logés, des Restaus du coeur qui ouvrent de plus en plus tôt, ferment de plus en plus tard, et pour un nombre toujours croissant de gens qui ont faim, etc... etc... etc... ?

    "Putréfaction de la société" : il y va fort, Kepel ! Le drame est qu'il a raison, malheureusement. Et nous avec lui, et tous ceux qui disent la même chose, à quelque bord qu'ils appartiennent...

  • Les puissances émergentes, l'Europe, la France : entre idées reçues et réalités, par GILLES VARANGE

            Avons-nous été assez attentifs aux analyses géo-politiques de Gilles Varange ? En tous cas, les articles qu'il donne à Politique magazine et à La Nouvelle revue universelle sont dans la manière d'un Jacques Bainville, ou, pour ce qui est d'aujourd'hui, dans la manière de Marie-France Garaud ou d'Hubert Védrine. C'est-à-dire que sa réflexion se fonde sur les réalités, que vient éclairer, de surcroît, l'expérience de l'Histoire. Cette méthodologie donne moins de chances de se tromper que lorsqu'on ne se nourrit que d'idéologie ou que l'on ne respire que l'air du temps et ses conformismes.

            De Gilles Varange, nous trouvons utile de mettre en ligne, aujourd'hui, une remarquable réflexion, qu'il a publiée dans un numéro récent de La Nouvelle revue universelle, sur ce que sont vraiment ce que l'on nomme couramment les pays émergents et, corrélativement, bien sûr, notre rapport à ces différents pays. Le sujet est d'actualité, mais, surtout, il est d'importance, car il concerne, directement, l'avenir de la France et de l'Europe.       

    PUISANCES EMERGENTES.JPG

    Quatre de ces puissances ont fondé le B.R.I.C, acronyme désignant  : le Brésil, l'Inde, la Chine et la Russie..... (devenu par la suite BRICS, avec l'Afrique du Sud)

             Les puissances dites « émergentes » sont à la mode. On ne parle que d'elles. Dans les colloques internationaux aussi bien que dans les dîners en ville, qui veut briller ne saurait faire autrement que de vanter leur ascension — forcément irrésistible — avant de terminer par une complainte obligatoire sur le déclin programmé de nos pauvres nations occidentales. La plupart du temps, aucun de ces éloquents bavards ne songe à honorer son auditoire d'une définition précise du sujet évoqué, ce qui serait pourtant fort utile. Car, à quoi reconnaît-on une puissance émergente ? À son poids démographique ? À sa capacité d'influence politique ou culturelle ? À sa force militaire ? Aux progrès de son économie et de son commerce ? À moins que ce ne soit à l'addition réussie de l'ensemble de ces critères ? Si l'on se rallie à cette dernière hypothèse, une certaine hiérarchie s'impose alors en fonction du critère retenu, car il y a forcément des puissances plus émergentes que d'autres dans chacun des domaines considérés. La Russie, par exemple, héritière du passé soviétique, dispose d'une force militaire, nucléaire, stratégique, avec laquelle, pour l'instant, aucune des autres puissances « émergentes » ne peut rivaliser. Mais il en va tout autrement en matière de développement économique. Certes la Russie bénéficie de richesses naturelles prodigieuses que la politique de Vladimir Poutine a permis de remettre entre les mains de l'État. Mais les structures administratives et économiques du pays demeurent archaïques et le système entier apparaît miné par une corruption endémique qui est, en grande partie, elle aussi, un héritage de l'ancienne nomenklatura soviétique.

            Dans ce domaine de l'économie et du commerce, c'est la Chine que n'importe quel observateur impartial hissera sans hésitation sur le pavois. Et si l'on parle maintenant de la matière grise, des potentialités intellectuelles, du nombre et de la compétence des futures élites techniques et scientifiques, c'est l'Inde qui sera désignée le plus souvent comme porte-drapeau. Sans modestie excessive, les Indiens se voient d'ailleurs comme la vraie superpuissance mondiale de la fin du XXIème siècle. Quant à la quatrième de ces puissances dites émergentes, le Brésil, on le range d'autant plus volontiers dans cette catégorie que les experts nous annonçaient son ascension depuis des décennies, sans que leurs prédictions se réalisent jamais. « Le Brésil, grande puissance d'avenir et qui le restera », proclamait déjà de Gaulle, avec un humour dont on ne sait s'il était volontaire ou non — lors d'une visite à Brasilia, il y a près d'un demi-siècle. Mais si le Brésil possède effectivement l'étendue, les richesses naturelles, la population suffisante pour prendre rang parmi les puissances émergentes, il lui manque la force militaire. En ce domaine, avec un budget squelettique par rapport à son poids économique, le Brésil reste un lilliputien. 

    « ÉMERGENTES » OU RENAISSANTES ? 

            Il est pourtant le seul auquel pourrait s'appliquer vraiment la notion de puissance émergente. Car, pour les trois autres nations qui constituent avec lui le fameux BRIC (Brésil-Russie-Inde-Chine) dans le jargon des diplomates et des fonctionnaires internationaux, il serait plus avisé de les qualifier de puissances « renaissantes ». Voilà qui éviterait de sombrer dans une dangereuse confusion intellectuelle. Prenons, à nouveau, l'exemple de la Russie : dans le cadre de l'Union Soviétique, elle était l'une des deux superpuissance mondiales il y a vingt ans à peine. Après une brève éclipse, il n'est pas étonnant qu'elle revienne sur le devant de la scène, en renouant avec les lignes constantes de sa politique internationale. C'est qu'à l'inverse de la France dont la politique étrangère connut une rupture violente après 1789, rupture dont elle n'a pas fini de payer le prix, l'Union Soviétique, elle, n'a cessé de poursuivre avec opiniâtreté la diplomatie traditionnelle de la Russie tsariste : contrôle de l'Ukraine, de la Biélorussie et des pays baltes, progression vers l'Orient avec la prise en main de la Mongolie extérieure et des îles Kouriles arrachées au japon en 1945, politique d'expansion vers les mers chaudes avec l'invasion de l'Afghanistan en 1979. Après l'effondrement gorbatchévien et la période d'anarchie eltsinienne, il n'est guère douteux que le hommes du Kremlin soient animés la volonté de recoudre ce qui peut l'être, puis de repartir un jour de l'avant.

            Tournons-nous à présent vers la Chine. En dépit de son volontaire isolement, elle était l'une des grandes puissances mondiales il y a moins de deux siècles. Au moment de la Révolution française, elle concentrait encore sur son territoire la moitié de la richesse mondiale. Elle était considérée à nouveau comme une puissance majeure dès le début des années cinquante du siècle dernier. Il faut rappeler que le généralissime Jiang Jieshi (Tchang Kaï-Chek) figurait parmi les « Grands » aux côtés de Churchill, de Roosevelt et de Staline en novembre 1943 à Téhéran, quand cet honneur avait été refusé à de Gaulle. Et dès 1973, alors que la Révolution culturelle n'était pas encore terminée, le succès phénoménal du livre d'Alain Peyrefitte, Quand la Chine s'éveillera, montrait que tout le monde en était déjà conscient : seules, les excentricités du maoïsme empêchaient la Chine de décoller. Autant dire que la Chine n'a rien d'une puissance « émergente ». Elle est une puissance majeure depuis deux millénaires au moins. La leçon vaut pour l'Inde, même s'il est vrai que l'éphémère domination britannique a modifié considérablement sa physionomie Au nord, les États majoritairement musulmans ont fait sécession pour former le Pakistan, le « Pays des purs », tandis que le reste du sous-continent a retrouvé pleinement sa vocation hindouiste, laquelle n'avait été préservée sous la dynastie moghole que dans les royaumes du sud, royaume de Vrijryanagar, royaume de Golconde et empire marhate sur la côte ouest. Là encore, l'Inde avait retrouvé un statut de grande puissance dès la conférence de Bandoung en 1954. 

    LA REVANCHE DE L'HISTOIRE 

            La Russie, la Chine, l'Inde : plutôt que de s'émerveiller sur leur « émergence » fictive, il serait plus simple de relever que ces grandes puissances politiques et militaires qui avaient déjà pour elles la superficie, le nombre, les ressources naturelles et une force militaire respectable en plus d'une longue histoire, sont en train de retrouver un poids économique significatif. C'est seulement en ce domaine qu'elles peuvent être qualifiées d'émergentes. Mais le plus important n'est sûrement pas là.

            L'événement d'une portée immense pour l'avenir tient au fait que ces grandes puissances ont commencé à renouer, à mesure qu'elles acquéraient un poids économique enviable, avec leurs plus anciennes traditions historiques, culturelles et religieuses. Et c'est précisément la réappropriation de leur culture traditionnelle qui donne à chacun de ces peuples l'élan et la force nécessaires pour se projeter résolument en avant. Après soixante-dix années de glaciation marxiste, la Russie se redécouvre orthodoxe. Elle honore la mémoire de ses tsars et vénère le dernier d'entre eux comme un martyr. Après un demi-siècle de révolutionnarisme maoïste, la Chine se veut à nouveau confucéenne et partiellement bouddhiste. Elle a réhabilité ses anciennes dynasties, y compris la dynastie mandchoue. Elle se plaît à célébrer la figure du premier unificateur de l'Empire du Milieu, le génial et implacable Qin Shihuangdi. Quant à l'Inde, depuis l'indépendance et la partition de 1947, et plus encore depuis une quinzaine d'années, elle n'a cessé de renouer de plus en plus activement avec ses racines hindouistes. Si l'on ajoute à ce tableau le Brésil catholique, voilà tout un univers fort éloigné de notre laïcité étriquée et militante.

            Une remarque encore : alors que des bataillons d'experts œuvrent à affoler les opinions occidentales sur le thème obsédant d'une prétendue poussée irrésistible de l'islam, pas une seule des puissances dites « émergentes » n'est musulmane. Le Pakistan, la seule puissance, islamique qui aurait pu prétendre jouer un rôle mondial, est désormais plongé, du fait même de l'influence de ses milieux fondamentalistes, dans un chaos qui paraît irréversible et menace jusqu'à son unité. Quant à la Turquie de l'AKP, malgré des progrès économiques incontestables, son PIB ne la place même pas au niveau des Pays-Bas.

    PUISSANCES EMERGENTES 1.jpg

    Les présidents brésilien Luiz Inácio Lula da Silva, russe Dmitri Medvedev, chinois Hu Jintao et le premier ministre indien Manmohan Singh à Iekaterinburg le 16 juin 2009 lors du premier sommet du B.R.I.C

     

    DES CHIFFRES ÉCLAIRANTS 

            De manière générale, si les succès de ces puissances émergente sont indéniables, ils méritent néanmoins d'être fortement relativisés et remis en perspective. Les chiffres ci-dessous, tirés des dernière statistiques disponibles du FMI, celles de 2010, sont fort éclairants :

     PIB en milliards de dollars

    USA

    14 624

    Chine

       5745

    Japon

       5390

    Allemagne

       3305

    France

       2582

    Royaume-Uni

       2258

    Italie

       2036

    Brésil

       2023

    Canada

       1563

    Russie

       1476

    Inde

      1430

    Espagne

       1374

    Australie

       1219

    Mexique

       1004

    Corée du Sud

        986

    Pays-Bas

        770

    Turquie

        729

    Indonésie

        695

    Suisse

        522

    Belgique

        461

    Taiwan

        424

     


     

    Autres : * Afrique du Sud : 354 - * Iran : 337 - * Singapour : 217 - * Nigéria : 206 - * Algérie : 158 - * Syrie : 55 - Luxembourg : 52 - * Tunisie : 43 - * Pays africains : entre 1 et 5 milliards de dollars chacun. 

    UNE RÉSISTIBLE ASCENSION 

            On retiendra que les 15 pays les plus riches sur les 27 de l'Union européenne pèsent ensemble plus que les États-Unis et 40% de plus que la Chine et le Japon réunis. Un simple regard sur les statistiques du FMI permet aussi de constater que l'Allemagne et la France possèdent à elles deux un PIB quasiment équivalent à celui de la Chine et très supérieur à celui du Japon. Plus remarquable encore : malgré la masse énorme de ses 1 300 millions d'habitants et son ascension vertigineuse des vingt dernières années, l'Empire du Milieu ne représente que les 4/5e des PIB conjugués des trois grands pays latins0 de l'Europe : la France, l'Italie et l'Espagne. Et les PIB additionnés de la France et de l'Italie suffisent pour faire jeu égal avec ceux de l'Inde, du Brésil et de la Russie rassemblés, c'est-à-dire trois des quatre puissances « émergentes » appelées, selon les analystes, à bouleverser l'ordre du monde. Sur le plan économique, il faudra assurément encore du temps et bien des efforts avant que les grenouilles émergentes atteignent la taille du bœuf européen. Voilà qui contribue à remettre les choses en place. Et à nous rappeler que le déclin impressionnant de l'économie française (passée de 6% des exportations mondiales à 3,9% en dix ans) n'a pas pour cause unique — ni même pour cause principale — la montée de ces fameuses puissances émergentes. Les raisons de notre déclin économique et commercial sont à rechercher bien plus près de chez nous. À cet égard, commençons par une question : de quel pays la France est-elle le premier client mondial, le client qui absorbe une part considérable des productions de ce pays et lui apporte depuis une décennie l'assurance d'us balance commerciale formidablement excédentaire ? S'agirait-il de la Chine ? Des États-Unis ? Du Japon ou de quelque autre puissance lointaine et exotique ? Pas du tout. C'est avec l'Allemagne, notre voisine et notre principale partenaire européenne que nous enregistrons, année après année, des déficits de plus en plus dramatiques. Il est entré en France, en 2010, pour 79 milliards d'euros de produits allemands quand nos exportations outre-Rhin n'atteignaient pas 57 milliards. Soit, en douze petits mois, un trou de plus de 22 milliards à notre désavantage. Remarquons encore que les autres principaux pays exportateurs en France sont également européens : la Belgique (avec 41 milliards !) l'Italie (39,2 milliards) l'Espagne (31, 6 milliards). Contrairement à une idée reçue, c'est en effet le commerce avec nos proches voisins qui est la source principale de notre gigantesque déficit commercial. Seules 14% de nos importations proviennent d'Asie quand 60% nous arrivent des pays de l'Europe des 27. Retenons l'extraordinaire disproportion entre ces deux chiffres, alors qu'une propagande insistante s'obstine à nous présenter l'Union européenne comme un bouclier face à la menace commerciale extérieure.

            La Chine ne vient modestement qu'en cinquième position. Cc qui n'empêche pas notre déficit avec Pékin de se révéler, lui aussi. abyssal : 31 milliards d'importations pour 9 milliards seulement d'exportations françaises en Chine, l'équivalent de ce que nous vendons à l'Autriche. Soit un déficit annuel de notre balance commerciale de 22 milliards avec Pékin. Par une troublante symétrie, notre déficit avec la Chine s'avère être exactement le même que notre déficit avec l'Allemagne. La France se trouve ainsi écrasée deux fois : écrasée par le proche et écrasée par le lointain. Or, si les exportations entrent pour 40% dans le PIB allemand, elles ne représent

  • Cossé-en-Champagne : Conférence de Gilles Varange. C'est ce soir !

     

    FÉDÉRATION ROYALISTE DU MAINE ET DE L'ANJOU

    LA RESTAURATION NATIONALE 

    861075255.jpg

    VENDREDI 6 NOVEMBRE 2015 à 19 h.

     (17 km nord de Sablé-sur-Sarthe et 9 km ouest de Brûlon - (cartes Michelin 60 pli 11 et 232 pli 8)

    La salle socio-culturelle est située à la sortie du bourg de Cossé en direction d’Avessé-Brûlon, sur la droite (prendre la 1ère ruelle à droite après la place située devant l’école - pancartes "Pont muletier", "chemin de la Ragottière"). 

    Inscription & renseignements  ICI

     

    CONSULTER AUSSI LA RETAURATION NATIONALE

     

  • Société • Gilles Kepel : « L'attentat de Westminster sonne le glas du rêve communautariste britannique »

     

    Répondant ici aux questions d'Alexandre Devecchio pour Figarovox [25.03] Gilles Keppel revient sur l'attentat de Londres. Pour lui, les attentats qui frappent le sol européen pourraient être annonciateurs d'une fracture sociale à grande échelle. On en retiendra l'aggravation des problèmes que pose la présence de fortes communautés musulmanes sur le sol français et européen. Et leur traduction du point de vue des nations et des Etats. Aurons-nous affaire à une reféodalisation de l'espace européen ? LFAR 

     

    1630167502.jpgUn attentat terroriste revendiqué par l'État islamique a fait trois morts à Londres ce mercredi. Après la France et l'Allemagne, c'est donc l'Angleterre qui est visée par Daech. Que cela dit-il de l'évolution du terrorisme islamiste en Europe ?

    Les Britanniques se sont un peu endormis sur leurs lauriers depuis les attentats de Londres de juillet 2005. À l'époque, les terroristes étaient passés par les camps de formation du Pakistan, mais étaient nés et avaient grandi en Angleterre. Cela marquait une rupture par rapport aux attentats du 11 septembre ou de Madrid commis par des étrangers ou des immigrés de passage. C'était le début de la transition entre la phase pyramidale du djihad et la phase indigène européenne. Bien qu'Ayman al-Zawahiri, le chef d'al-Qaïda, s'était réclamé de cette opération, elle s'était produite alors qu' Abou Moussab al-Souri venait de théoriser cette année-là le djihad de troisième génération à bas coût. Dans son « appel à la résistance islamique mondiale », ce dernier prévoyait de faire de l'Europe le ventre mou de l'Occident et la cible par excellence des attaques terroristes. Depuis lors, le Royaume-Uni a mené une politique de prévention, mais aussi de dévolution de quartiers entiers aux islamistes, tolérant notamment les tribunaux islamiques, dans le but d'acheter la paix sociale. Birmingham où vivait l'auteur de l'attentat de Wesminster, Khalid Masood, est l'illustration de cette politique.

    deux-tchadors.jpgLe fameux quartier de Small Heath, où près de 95% de la population est musulmane, se voulait le contraire absolu du modèle français laïque et universaliste. En confiant à des salafistes la gestion de l'ordre public et de la communauté, les autorités britanniques espéraient ne pas avoir à affronter un djihadisme qui en France serait, selon eux, exacerbé par une gestion laïque de la société. L'attentat de Wesminster sonne le glas de cette illusion comme les attentats de 2005 avaient sonné le glas de ce qui était à l'époque le Londonistan, c'est-à-dire la politique de refuge systématique à Londres de tous les dirigeants de la mouvance islamiste internationale arabe. La différence, c'est qu'à Birmingham, il y a peu d'arabes, mais essentiellement des Indo-Pakistanais. Khalid Masood lui était un jamaïcain converti à l'islam. L'âge de ce dernier, 52 ans, est frappant. Cela indique que son acte n'est pas le rite de passage par la violence d'un jeune non intégré, mais le geste de quelqu'un qui a été socialisé très longtemps par une contre-société. Khalid Masood s'est probablement construit contre la société britannique et a choisi de passer à l'acte. Ce qui frappe également, c'est le mode opératoire qui rappelle celui des attentats de Nice et Berlin : un véhicule à vive allure qui fauche des piétons. Il s'agit d'un djihadisme low-cost absolu qui peut passer sous les radars de la police. On remarque enfin que l'attentat visait le parlement symbole par excellence de la démocratie européenne. Ironie volontaire ou involontaire pendant la cession où le parlement discutait du Brexit. L'agenda terroriste est ainsi venu percuter l'agenda politique institutionnel contraignant le processus à s'interrompre, les députés à être enfermés et le Premier ministre à être évacué en urgence.

    Le fait que Londres soit dirigé par un maire musulman a-t-il joué un rôle dans cet dérive communautariste ?

    Les autorités britanniques ont considéré que le fait d'avoir un maire musulman, qui de surcroît a été proche par le passé d'organisations islamistes dans la mouvance des Frères musulmans, permettrait de mieux contrôler les réseaux et d'éviter la violence. Cependant Sadiq Khan apparaît comme un traître pour les plus radicaux. De manière générale, c'est une illusion que de penser que les accommodements raisonnables peuvent apaiser une société. Au contraire, ils favorisent la fracture. Le cas de la Hollande est paradigmatique puisqu'aux Pays-Bas l'exacerbation multiculturaliste s'est traduite en une xénophobie tout aussi virulente.

    La France n'a donc pas été visée spécifiquement à cause de son modèle universaliste et laïc…

    La laïcité, le passé colonial et le chômage de masse en France sont des facteurs aggravants, mais en aucun cas structurants. Et l'Allemagne, qui n'a pas de passé colonial, un modèle où la religion est reconnue, et le plein-emploi, pouvait sembler à l'abri, elle ne l'est plus, notamment parce que le modèle a changé du fait de l'afflux de migrants. On peut aussi penser qu'à l'avenir l'immigration turque, qui est bien intégrée depuis longtemps en Allemagne, ne pourra pas rester à l'abri des soubresauts que connaît son pays d'origine avec la politique d'Erdogan qui tente de mobiliser les foules en Europe.

    Il faut aussi noter qu'en France depuis le 26 juillet 2016 et l'assassinat du père Jacques Hamel, les services de renseignements ont fait des progrès considérables en cassant le réseau Télégramme, en arrêtant préventivement les gens susceptibles de passer à l'acte, en tuant le « contremaître des attentats » de 2016 Rachid Kassim abattu par un drone américain il y a deux mois. Cela a rendu plus difficile aujourd'hui la perpétration d'attentats sur le territoire français.

    La France est une cible plus difficile aujourd'hui comme on peut le voir sur les réseaux en ligne où les djihadistes français considèrent qu'ils subissent aujourd'hui une épreuve. Beaucoup décident ainsi de se renfermer dans l'étude en attendant que la situation soit meilleure. C'est ce qu'on appelle dans la stratégie islamique théorisée à l'époque du prophète: la phase de faiblesse par rapport à la phase de force pendant laquelle il faut se ressourcer et ne pas se lancer dans des opérations suicidaires qui se retournent contre elles. C'est ainsi que le bilan des attentats de 2016 a été fait par un certain nombre de dirigeants de l'État islamique comme le montre le testament très amer de Rachid Kassim qui incrimine la hiérarchie de l'État islamique pour ne pas l'avoir soutenu. De ce fait, Allemagne, Belgique, Hollande, Angleterre ou peut-être demain Italie où les services de renseignements sont beaucoup moins aguerris, car ils n'ont pas été confrontés aux attentats depuis 2012, apparaissent comme des cibles plus aisées aujourd'hui.

    Quid de l'attaque d'Orly ou de celle du Louvre ?

    L'attaque d'Orly n'a pas été revendiquée par Daech. Elle est symptomatique d'un terrorisme low-cost qui n'est même plus contrôlé par des réseaux. L'individu avait déjà été arrêté pour braquage et trafic de stupéfiants et a fréquenté des islamistes en prison. Ces derniers expliquent aux délinquants que leurs crimes crapuleux sont en réalité un combat contre l'impiété, un djihad. Ziyed Ben Belgacem, l'auteur de l'attentat raté d'Orly, a habillé de références religieuses son banditisme. Il agresse au nom d' Allah, se réclame de l'islam lorsqu'il passe à l'acte, a un Coran dans son sac à dos, mais aussi des cigarettes, est sous l'emprise de l'alcool et consomme de la cocaïne. Ziyed Ben Belgacem peut ainsi être considéré comme «un mélange individuel détonnant», le «produit dérivé» d'un djihadisme plus structuré. Ce type de djihadisme est d'autant plus dangereux pour la société qu'il est difficile à déceler, mais fait généralement moins de dégâts. Son attaque a été un échec. Il a été abattu comme le djihadiste du Louvre il y a quelque semaines.

    En outre ce type de terrorisme est inefficace politiquement car il ne permet pas la mobilisation des masses. Les défaites que subit «le califat» sur son territoire sont un facteur anxiogène et dépressif pour les djihadistes. Nous ne sommes plus dans la logique triomphaliste d'autrefois, dans la mascarade d'otages torturés, décapités, et qui donnait le sentiment que l'État islamique était dans une «marche triomphale» pour conquérir l'humanité, mais dans l'intériorisation d'une défaite inéluctable, perçue comme une épreuve envoyée par Allah. En conséquence, les djihadistes n'ont plus le temps pour planifier soigneusement des attentats en Europe et tente de mûrir leur réflexion pour après. Nous sommes entrés dans une phase transitoire. Les djihadistes sont en train de réfléchir à la phase suivante.

    « Comment peut-on éviter la partition ?» s'interrogeait Hollande dans un incroyable aveu rapporté par Gérard Davet et Fabrice Lhomme dans leur livre, Un président ne devrait pas dire ça. Plus que le risque terroriste, à terme le risque majeur est-il celui de la partition?

    C'est ce que j'explique dans mon livre La Fracture, (Gallimard 2016). Si rien n'est fait, la société française sera de plus en plus sujette à des rétractions identitaires que ce soit autour du salafisme ou autour de l'idéologie de l'extrême droite. L'acceptation d'une forme de séparatisme, d' « apartheid » comme c'est le cas à Birmingham avec des juges chariatiques qui prononcent des sentences, pose le problème beaucoup plus profond des valeurs. Doit-on insister sur le partage d'un bien commun ou sur nos différences comme c'est le cas au Royaume-Uni où le Brexit est une sorte d'exacerbation de ce phénomène ?

    Le Royaume apparaît plus désuni que jamais comme le montrent les velléités d'indépendance de l'Écosse ou de l'Irlande du Nord, mais aussi la sécession culturelle de certains quartiers ou le sentiment d'abandon de l'Angleterre périphérique. Cet enjeu se pose aussi en France : l'effondrement social et l'échec de l'école font que le processus est en cours. Malheureusement le sujet est tabou aujourd'hui et largement esquivé du débat de la présidentielle. D'un côté le FN dénonce le communautarisme sans voir qu'il exacerbe lui-même la question identitaire. De l'autre côté, la plupart des candidats cachent la tête dans le sable sans que le problème soit analysé comme il le devrait et sans qu'aucune mesure ne soit prise pour enrayer le phénomène. Personne ne veut avouer que la situation dans un certain nombre de quartiers n'est plus maîtrisée. Pourtant, celui qui sera élu devra nécessairement se confronter à cet enjeu. Il faudra poser le problème de l'éducation, de l'apprentissage et de l'emploi. Ce sont des causes structurantes de la désaffection aussi bien d'un grand nombre d'enfants d'immigrés que d'enfants de paysans ou d'ouvriers dits de souche envers ce qu'ils appellent « le système». La superficialité du débat présidentiel s'explique par l'explosion du clivage droite/gauche et l'émergence d'un clivage système/antisystème. C'est une recomposition très profonde dans notre paysage politique derrière laquelle se profile la fracture. 

     
    XVM3e9f2b06-10b6-11e7-9ba8-d43cdbef99cb-120x154.jpgProfesseur à l'Institut d'études politiques de Paris, spécialiste internationalement reconnu du monde arabe et de l'islam, l'auteur de Terreur dans l'Hexagone (Gallimard, 2015) et de La Fracture (Gallimard, 2016) est aussi l'un des meilleurs connaisseurs des banlieues françaises, qu'il a arpentées durant de longues années. En 2010, avec une équipe de chercheurs, Gilles Kepel s'installe à Clichy-Montfermeil où sont nées les émeutes urbaines qui ont embrasé la France cinq ans plus tôt. Il en tire deux livres prophétiques, Banlieue de la République et Quatre-vingt-treize (Gallimard 2012), dans lesquels il montre la montée en puissance de l'islam politique dans les cités difficiles.
     
     
    Alexandre Devecchio           

    XVMd82e8388-f21c-11e6-a80c-3dc5aaa52285-120x184.jpg

    Al.exandre Devecchio est journaliste au Figaro, en charge du FigaroVox. Il vient de publier Les Nouveaux enfants du siècle, enquête sur une génération fracturée (éd. du Cerf, 2016) et est coauteur de Bienvenue dans le pire des mondes (éd. Plon, 2016)

  • Paris, ce soir ... • Conférence d'Hilaire de Crémiers et Gilles Varange : « 2017, et après ? »

    *

    Les mardis de Politique magazine

    Conférence mardi 14 juin 2016

    2017, et après ?

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    par Hilaire de Crémiers,
    directeur de Politique magazine,
    et
    Gilles Varange,
    chroniqueur de politique étrangère

    Rendez-vous à partir de 19h00 - Conférence à 19h30 précises
    Participation aux frais : 10 euros -  Etudiants et chômeurs : 5 euros

    Salle Messiaen
    3, rue de la Trinité  75009 Paris  Métro: La Trinité, Saint-Lazare

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  • Gilles-William Goldnadel : « La Belgique, c'est la France multiculturaliste, en pire »

     

    L'élue écologiste Sarah Turine, islamologue de formation, déclarait dans Libération, dimanche 20 mars : « Salah Abdeslam n'a pas de soutien de la communauté de Molenbeek ». Pour Gilles-William Goldnadel, un tel aveuglement est coupable. Il a évidemment raison. [Figarovox - 22.03] LFAR 

    Ne sentez-vous pas dans l'air, ce parfum capiteux de capitulation qui s'insinue, nonobstant l'air du temps, dans toutes les sphères ?

    Mme El Khomri a vidé sa loi de toute sa substance, en y ajoutant pour les jeunes une vaine assistance. Et pourtant, on avait connu les troupes de Martine, Martinet et Martinez autrement plus nombreuses.

    En revanche, il y a peu de risque de modification de l'article 6 de la loi, qui prévoit que dans l'entreprise « la liberté du salarié de manifester ses convictions y compris religieuses, ne peut connaître de restrictions…». Apparemment, le fait de glisser délicatement un tapis de prière sous le pied des islamistes ne dérange plus personne. Vous ne sentez rien ?

    François Hollande a choisi le jour de la défaite et des accords violés pour commémorer la guerre d'Algérie. Manifestement, la tristesse des harkis et des rapatriés pèsent moins lourd dans la balance politique et idéologique que le ressentiment entretenu d'une Algérie à la dérive.

    Dans le même temps, l'Europe a accepté de payer une capitation au sultan ottoman pour la reprise sur son sol de milliers de migrants, principalement musulmans, échoués sur les côtes grecques.

    Le sultan a beau être mal aimable et versatile, bref n'inspirer aucune confiance, il a beau nourrir, en bon frère musulman, le désir contraire de voir islamiser l'Europe, rien n'y fait.

    Tout est mieux que de devoir assumer soi-même la défense de ses frontières.

    Vous ne sentez rien ?

    Pourtant, notre Commissaire européen aux affaires économiques, Pierre Moscovici, impavide, préfère morigéner dans Le Figaro (le 17 mars) : « l'Europe rabougrie, peureuse et cloisonnée des populistes » et y opposer : « une Europe progressiste et pleinement assumée, comme les sociaux-démocrates réunis à Paris samedi autour de François Hollande ont commencé à le faire »…

    C'est vrai qu'avec des hommes d'une telle trempe et d'une telle vision, les peureux rabougris se sentent rassurés.

    Comme on se sent rassuré de savoir que le pouvoir socialiste et sa mairie de Paris ne capituleront jamais devant ces jusqu'au-boutistes du XVIème qui refusent de voir installer un camp de migrants à l'intérieur du bois de Boulogne. Mme Cosse, au micro de France Inter (le 17 mars) ne décolérait pas de voir des salauds de riches se prendre pour des zadistes devant le préfet de police. Bien sûr, pour la bonne cause, notre gracieuse ministre a dû prendre quelques libertés avec la vérité pour prétendre, contre l'évidence, qu'on n'installerait que de braves SDF sous les feuillus. Ou que la concertation avait joué puisque le permis de construire « datait de trois ans »… alors qu'il n'avait pas trois jours. Bien sûr encore, telle une féministe gauchiste à Cologne, l'ancienne patronne démissionnée des Verts a-t-elle dû, une nouvelle fois, trahir ses idées écologiques en oubliant qu'on avait déjà arraché 75 arbres pour mener à bien le projet punitif. Et peu importe que les gens du quartier - et leur maire Goasguen - demandent simplement que le centre soit installé dans un meilleur endroit du 16e.

    Le pouvoir, avec eux, ne capitulera pas…

    Pas de quoi non plus tellement pavoiser après l'arrestation de M. Abdeslam.

    Je ne sais si Alain Marsaud, député républicain et ancien responsable du parquet antiterroriste, a raison de pointer l'inefficacité et la lenteur de la police belge et de ses services de renseignements dans l'arrestation d'un terroriste qui planquait sa barbe sous leur nez. Ce que je sais, c'est que le gros poisson a vécu longtemps paisiblement dans l'eau de Molenbeek. Ce que je sais c'est que la Belgique, qui a brutalement fermé ses frontières il y a quelques semaines, c'était encore hier la France xénophile, en pire. Je conseille à celui qui s'agace devant certains éditoriaux de notre vespéral parisien de lire le Soir de Bruxelles. Je conseille également à celui qui s'énerve devant le monolithisme latéral de l'audiovisuel de service public français de regarder la RTBF. La dernière fois que j'ai tenté douloureusement cette expérience masochiste, un islamiste expliquait gentiment à son intervieweuse qu'il espérait voir prochainement la charia appliquée en Belgique. À aucun moment la dame ne l'a interrompu ni ne s'est étonnée. Le propos semblait relever de la banalité. Ce que je sais encore, c'est que pendant la capture de ce poisson, dont on ne sait encore si il est pilote ou poltron, les policiers belges ont été insultés ou caillassés. Mais dès le lendemain, l'air de la stigmatisation était redevenu un refrain à la mode et un article de Libé titrait joyeusement, contre l'évidence aveuglante, qu'à en croire une élue écolo du cru : « Salah Abdeslam n'a pas de soutien à Molenbeek ». Vous ne sentez pas l'odeur de poisson de la capitulation des esprits ?

    Pendant qu'à Calais tout opposant, fût-il général, à l'immigration clandestine est promis à l'emprisonnement, le préfet de Paris autorisait samedi, malgré l'état d'urgence, une manifestation organisée notamment par le collectif des sans-papiers (dépêche AFP). Les manifestants pouvaient, eux, librement stigmatiser les violences policières, les frontières qui tuent, et appeler en passant « au boycott d'Israël ». Ce qui est paraît-il un délit. Vous ne sentez vraiment rien ?

    À la télévision, le même soir, sur la seconde chaîne nationale, on vantait l'initiative antiraciste de l'association « tous unis contre la haine » qui se propose de lutter contre « l'islamophobie » et, de manière très légitime, contre les actes anti musulmans. Des images de fiction montraient, pour les stigmatiser, des agressions violentes. Mais la bande-son, insidieusement, faisait parler des Français de souche qui disaient leur peur de l'islamisation de leur pays. Cet amalgame-là ne semble gêner personne. Ceux qui veulent résister résolument contre l'immigration islamique forcée sont forcément des anti-immigrés, islamophobes et d'extrême droite.

    Il est, par ailleurs, étrange de se prétendre « tous unis contre le racisme » et oublier le racisme anti-blanc et anti-chrétien, vecteur principal de la haine islamiste.

    Malgré la résistance passive du peuple, moi je sens que la capitulation médiatique et politique se poursuit activement.

    Et vous ? 

    Gilles William Goldnadel           

    Gilles-William Goldnadel est avocat et écrivain.

  • Sur Figaro Vox, de quoi la foi en Didier Raoult est-elle le nom?, par Gilles William Goldnadel.

    Symbole d’un bon sens populaire qui se heurterait au «dogmatisme» des puissants, le professeur marseillais, qu’il ait raison ou tort, est devenu l’emblème d’une défiance du peuple envers ses élites, estime l’avocat et chroniqueur.

    On voudra bien exclure de ce questionnement toute réflexion sur les éventuels bienfaits de la chloroquine, sur lesquels je confesse bien volontiers mon absence complète d’expertise.

    Bien mieux, à l’époque des sachants en tout genre, je revendique mon ignorance.

    3.jpgDidier Raoult, au-delà d’une compétence scientifique que ses pires contempteurs n’osent lui contester, n’est pas qu’un microbiologiste controversé aux allures christiques: c’est un symbole, un concept. Il est le réceptacle humain de tous les mécontentements, les colères et les rancoeurs populaires.

    En ce sens, il n’est pas faux de le considérer comme le totem du populisme principalement provincial contre les tabous de la notabilité parisienne. À ce titre, la chloroquine est une manière d’amulette inconsciente, de grigri pour exorciser les fantasmes irrationnels et les angoisses qui ne le sont pas.

    Cet article se concentrera sur tout ce qui peut expliquer rationnellement l’engouement pour le personnage considéré par d’aucuns, non comme un saint mais comme plus sain que certains.

    Dans la chronologie, la popularité du médecin marseillais doit sans doute beaucoup à Daniel Cohn-Bendit et à un événement minuscule autant que ridicule.

    On nous explique que nous serions incapables de renoncer à nos « habitudes culturelles » alors que la maison brûle !

    C’est lui il y a 15 jours qui demandait aimablement à la télévision au scientifique de «fermer sa gueule». Venant d’un homme reconverti dans le macronisme de gauche et dont la gloire ancienne est issue d’un mouvement foutraque qui se proposait d’interdire d’interdire, la sommation au silence venu du microcosme médiatique et mondain ne pouvait que rendre populaire le phocéen.

    Mais, plus profondément, les deux agents puissants de la «Raoultmania» sont l’insuccès français dans le combat contre le virus et l’exaspération qu’inspirent au peuple les pontes pontifiants.

    S’agissant de ces derniers, une véritable culture de la défiance pour les experts s’est installée en France qui ne doit rien au complotisme venu s’y greffer.

    Les Français savent parfaitement faire la différence entre le dévouement des médecins de terrain, des infirmières et des soignants, et la suffisance des notables qui auront fait la preuve de leur insuffisance. Chacun sait ou devrait savoir que dans les aréopages professionnels, qu’il s’agisse d’avocats, de médecins ou d’agriculteurs, ceux qui siègent aux bonnes places ne sont pas forcément les meilleurs.

    Un bêtisier est à écrire sur les sornettes qui ont été proférées depuis le magistère de Mme Buzyn au ministère. Aucun risque d’épidémie n’était à craindre de cette grippette, nous disait-on. Les frontières nationales et les masques n’étaient pas des barrières. Je n’ai pas suffisamment de cruauté pour citer nominativement fadaises et coquecigrues émanant de médecins sinon reconnus au moins en quête de reconnaissance. Et pourtant, il n’y avait aucune honte et même quelque grandeur, s’agissant d’un phénomène viral nouveau, à reconnaître son ignorance.

    Mais c’est évidemment sur le terrain de la défaite en rase campagne contre le virus malin que le succès du marseillais est à entendre.

    On nous explique que nous serions incapables de renoncer à nos « habitudes culturelles » alors que la maison brûle !

    Il n’est que de comparer les résultats enregistrés en Allemagne et en France pour ne pas avoir guère envie de plastronner. Les chiffres sont d’une rare cruauté. Cinq fois moins de morts chez le voisin germain. Cinq fois plus de tests (70 000 par jour contre 12 000). Aucune pénurie de masques à l’est.

    Notre gouvernement est testé négatif et cette défaite n’a rien d’étrange.

    Si l’on veut encore comprendre dans la douleur que le chantre de la chloroquine puisse être considéré par certains comme un sauveur par un peuple légitimement angoissé plutôt que courroucé, il suffit de prendre connaissance de la pénétrante interview donnée par William Dab, ancien Directeur Général de la Santé et épidémiologiste (d’après Le Monde du 11 avril).

    La sentence est terrible et sans appel: «Tous les soirs à 20 heures, nous applaudissons nos soignants. Je me demande si nous ne devrions pas tous les midis siffler les carences de la prévention de terrain jusqu’à ce qu’elle devienne efficace.»

    La condamnation est parfaitement motivée: «On ne dit pas clairement à la population quand les masques et les tests arriveront. Si on ne sait pas, il faut le dire. Aucun déconfinement n’est envisageable sans ces outils.…Nous entrons dans une période où le confinement aura plus d’inconvénients (économiques, psychologiques, familiaux, médicaux) que de bénéfices.»

    L’explication est limpide: «Il faut un commandement unifié et moins de bureaucratie…Le Président de la République a déclaré la guerre, les services continuent de fonctionner comme en temps de paix.»

    «En 1917, la première chose qu’a faite Georges Clemenceau en devenant Président du Conseil et ministre de la guerre, c’est de se débarrasser des bureaucrates sans valeur ajoutée, voire à valeur négative. Ensuite, il a obtenu des Alliés un commandement unifié. On multiplie les instances, les conseils, les comités qui font de leur mieux, mais il n’y a pas de souci des détails, ils n’ont pas de rôle opérationnel. Quand Clemenceau visitait le front au péril de sa vie, ce n’était pas seulement pour soutenir le moral des troupes. C’était aussi pour vérifier que l’intendance suivait.»

    Au passage, et touchant à la chloroquine, M. William Dab est également cinglant: «Il y a des dizaines de milliers de patients qui prennent quotidiennement de l’hydroxychloroquine pour des maladies rhumatismales. Cela fait plus de deux mois qu’il y a un débat sur ce traitement. Pourquoi ne sait-on pas si ces patients sont moins atteints par le coronavirus et que les autres? Nous avons des bases de données accessibles pour faire ce travail et une agence du médicament pour le faire.»

    Le succès de popularité de Raoult, vécu comme un homme seul et fort en gueule, trouve ainsi sa source bouillonnante dans l’échec des bureaucrates.

    La «Raoultmania» vient de là. Quant à la «Raoultphobie», son exact pendant, elle siège dans la détestation du peuple et du populisme dans son aspect le plus détestable et dans la méfiance pour la démagogie dans son côté le plus nécessairement légitime.

    Nul ne sait à cette heure si la chloroquine est plus un bénéfice qu’un risque. Mais une chose est certaine: la popularité du docteur haut en couleur, au-delà de ses mérites personnels, est à rechercher dans les échecs du ceux qui aujourd’hui, plutôt que de railler, devraient se faire modestes.

    Gilles-William Goldnadel est avocat et essayiste. Chaque semaine, il décrypte l’actualité pour FigaroVox. Son dernier ouvrage, Névroses médiatiques. Le monde est devenu une foule déchaînée est paru chez Plon.