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Rechercher : Rémi Hugues. histoire & action française. Rétrospective : 2018 année Maurras

  • Trump et l'axe sunnite

    Trump à Ryad, le 21 mai

                                                             

     Par Antoine de Lacoste

     

    2966618915.2.pngLa récente tournée de Donald Trump au Proche-Orient est riche d'enseignements.

    Le 21 mai, à Ryad, capitale de l'Arabie Saoudite, devant 37 chefs d'Etat ou de gouvernement, le Président américain a tracé sa route géopolitique au Proche-Orient.

    Comme on pouvait le craindre, il s'est aligné sans la moindre ambiguïté sur les positions les plus classiques des Bush, père et fils et de leurs inspirateurs de toujours : les faucons néo-conservateurs. Hillary Clinton n'aurait pas fait pire ; c'était bien la peine...

    Le mal est clairement désigné : l'Iran « principal financeur et organisateur du terrorisme international ».

    On croit rêver ! Tous les attentats des dernières années au Proche-Orient, aux Etats-Unis et en Europe ont été le fait de sunnites. Tous les terroristes, tous les kamikazes, tous les djihadistes sont sunnites. Toutes les mosquées salafistes du monde sont sunnites, tous les imams appelant à la guerre sainte contre l'occident sont sunnites.

    Mais rien n'y fait : le mal c'est la grande puissance chiite, l'Iran.

    Trump rejoint ainsi la grande cohorte des présidents américains et leurs mensonges d'Etat, dont Bush junior fut un grand symbole avec l'invention des armes de destruction massives de Sadam Hussein, qui n'ont bien sûr jamais existé. Mais elles ont justifié l'invasion de l'Irak qui a semé la ruine et le chaos au Proche-Orient.

    Le plus cocasse de l'affaire, c'est ce que c'est à Ryad que Trump a tenu ces propos. Ryad qui a engendré Ben Laden, finance chaque année la construction de milliers de mosquées salafistes dans le monde entier, arme les pires milices islamistes en Syrie (en concurrence avec le Qatar il est vrai).

    Que l'on ne s'y trompe pas : les propos du Président américain sont tout à fait réfléchis et annoncent la poursuite de l'immuable stratégie américaine depuis 1945 : soutien inconditionnel à la dynastie saoudienne. Le fait que le premier voyage diplomatique de Trump ait eu pour destination Ryad puis Israël n'est pas fortuit.

    Bien sûr, il y a des raisons économiques à ces propos : 300 milliards de dollars de contrats sont prévus entre les Etats-Unis et l'Arabie Saoudite. Cela vaut bien quelques compensations verbales. Mais de là à faire de l'Iran l'organisateur du terrorisme international il y avait tout de même un semblant de vraisemblance qui aurait pu être sauvegardé...

    Obama, avec l'aide de la Russie et en dépit des efforts désespérés de Laurent Fabius avait remis l'Iran dans le jeu diplomatique. Les protestations d'Israël et de l'Arabie Saoudite n'y avaient rien changé.

    On assiste aujourd'hui à un revirement ou, plus exactement, à un retour aux sources. C'est bien ce que laissait prévoir le bombardement symbolique d'un aéroport militaire syrien il y a quelques semaines.

    Dans le même temps, on observe une augmentation des effectifs des membres des forces spéciales américaines en Syrie, vers Raqqa, capitale de l'Etat islamique, pour encadrer leurs affidés kurdes, et le long de la frontière irakienne, à Al-Tanf en particulier.

    Des soldats syriens ont même été attaqués par des avions américains pour s'être un peu trop approchés d'une base de ces forces spéciales.

    Est-ce à dire que les Américains prévoient une occupation partielle de la Syrie ? Il est encore trop tôt pour en être sûr, mais une telle hypothèse réjouirait assurément l'Arabie Saoudite et Israël en coupant l'arc chiite Est-Ouest que veut mettre en place l'Iran.

    Il se pourrait donc que l'on assiste au retour de l'interventionnisme américain au Proche-Orient et, compte tenu de son bilan, ce n'est vraiment pas une bonne nouvelle.

    Fort heureusement, par rapport à l'ère Bush, un grand changement s'est opéré entre-temps : la présence des Russes. Les Américains ont cette fois en face d'eux une puissance militaire qui tient le terrain et le connait mieux. Les deux états-majors se parlent d'ailleurs beaucoup en ce moment.

    Poutine n'a pas fait tous ces efforts pour laisser la place à l'Amérique dont la stratégie en Syrie est loin d'être définitivement arrêtée.

    Les Russes ont incontestablement plusieurs coups d'avance en Syrie et Trump devra en tenir compte. 

     

    Lire aussi dans Lafautearousseau ... 

    Que cherchent les Américains en Syrie ?

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    La reprise de Palmyre

    Que de monde sur le front nord syrien !

  • En Israël, la tentation de l'exil : rester ou partir, le doute s'installe

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    Ce sujet, généralement passé sous silence, est aujourd'hui souvent évoqué ouvertement jusque dans la grande presse. Ainsi, nous avons lu avec intérêt l'article du Monde* que vous pourrez consulter ci-après. Nous avons jugé intéressant de le donner à lire ici, au moment où George Steiner publie un nouvel ouvrage (Un long samedi, chez Flammarion) dans lequel il récuse le sionisme, au fond au nom d'une haute éthique juive, universelle, a-territoriale; et où Aymeric Chauprade refuse que l'anti-sionisme puisse être un élément déterminant de notre politique étrangère. Somme toute, un Intéressant débat ! Lafautearousseau   u 

     

    Dans quelques jours, Nitzan Cohen quittera Israël, le pays où elle est née, avec un billet aller simple, direction New York. Pour combien de temps ? Rien n'est encore tranché. Cette jeune femme de 27 ans, diplômée de psychologie, veut surtout prendre un peu le large. Détentrice d'un passeport américain, elle mûrit depuis plusieurs mois sa décision. L'opération "Bordure protectrice" menée cet été à Gaza n'a fait que renforcer son choix.

    "Israël est un petit pays avec une guerre tous les deux-trois ans, décrit-elle. La pression est constante." Nitzan a fait ses études à Beersheba, la capitale du Néguev, régulièrement exposée aux tirs de roquette du Hamas à Gaza. A chaque confrontation, l'alarme ne cessait de retentir, précipitant tout le monde aux abris. "J'aime mon pays, mais je ne trouve pas vraiment normal de vivre ainsi", explique-t-elle.

     

    « MAUVIETTES MÉPRISABLES »

    Quelque 30 % des Israéliens se disent aujourd'hui tentés par l'émigration, selon un sondage diffusé début septembre par la chaîne de télévision israélienne Channel 2. Pour en savoir plus sur les motivations des candidats à l'exil, il suffit de consulter la page Internet Quitter Israël, un site en hébreu délivrant conseils et témoignages. Les uns citent l'insécurité et la tension causées par un conflit qui n'en finit plus. Les autres évoquent une trop grande implication du fait religieux dans le quotidien. Pour beaucoup parmi les jeunes, c'est aussi le coût de la vie qui sert d'aiguillon au départ : depuis cinq ans, les salaires ont stagné tandis que les prix de l'immobilier ont explosé. "J'ai beaucoup de mal à trouver un appartement décent à un prix normal, rapporte Danna Frank, une résidente de Tel-Aviv qui vient de terminer son école de cinéma. Quand je lis ce que racontent sur Facebook mes contacts partis à Berlin, ça me fait sérieusement réfléchir : il est clair qu'on y vit mieux avec beaucoup moins."* 

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    L'émigration existe depuis la création de l'Etat hébreu. Mais elle reste un phénomène qui fait débat dans un pays construit par ses immigrants. La langue reflète ce malaise : les Israéliens partis à l'étranger sont surnommés yordim, "ceux qui descendent", par opposition aux nouveaux venus, les olim ("ceux qui montent"). Dans les années 1970, le premier ministre Yitzhak Rabin n'avait que mépris pour ces déserteurs traités de "mauviettes méprisables". A l'automne 2013, un documentaire filmant le quotidien de jeunes Israéliens établis en Europe et aux Etats-Unis a relancé la polémique. Le ministre des finances Yaïr Lapid avait fustigé "ces gens prêts à jeter à la poubelle le seul pays qu'ont les Juifs parce que Berlin est plus confortable".

     

    « PARTIR SERAIT COMME TRAHIR »

    Pour le démographe Sergio Della Pergola, en dépit du tam-tam médiatique, le taux d'émigration est en réalité très faible. "Plus faible qu'en Suisse et dans la plupart des pays développés, précise-t-il. Et parmi ceux qui disent vouloir partir, il est difficile de distinguer ce qui relève de la discussion de salon ou du projet concret." Ce professeur à l'université hébraïque de Jérusalem affirme aussi que la question s'est banalisée : "Israël est une société plus mûre et la mobilité internationale y est devenue une donnée comme une autre." C'est ce que semble montrer l'enquête de Channel 2 : chez 64 % des sondés, le sujet de l'émigration suscite des réactions de bienveillance ou d'indifférence. Seuls 36 % y sont hostiles.

    Pourtant, les Israéliens tentés par l'exil confessent souvent une ambivalence face à leur projet. Michal et Avi (les prénoms ont été changés) ont vécu neuf ans à Londres. En janvier 2013, à la naissance de leur fille, ils sont revenus à Jérusalem. L'enchaînement de violences de l'été – kidnappings, meurtres et offensive sanglante à Gaza – les fait aujourd'hui douter. "La situation politique me désole et me donne envie de repartir, raconte Michal d'un ton voilé par l'émotion. Mais mes grands-parents ont choisi de quitter l'Allemagne et les Pays-Bas pour venir ici au début des années 1930. Partir définitivement après deux générations serait comme trahir un engagement."

     

    * Par Marie de Vergès - Le Monde, 20 septembre 2014            

  • HuffPost Maroc : Les 7 meilleures répliques et réponses de Mohammed VI à des journalistes

     

    Lu sur le site du HuffPost Maroc [17.05]* ces quelques répliques de ce bon roi méconnu, Mohamed VI. Leur modestie, leur réalisme, leur sagesse, leur lucidité offrent un frappant contraste avec le style et le fond des déclarations systématiquement verbeuses des dirigeants occidentaux, notamment français. Le lecteur ne manquera pas de se livrer au jeu des comparaisons...  LFAR 

     

    Connu pour être peu prolixe, et n'accordant que de très rares interviews, le roi Mohammed VI a, néanmoins, assené quelques réponses mémorables aux journalistes qui l'ont interviewé. Répliques cinglantes, réponses construites ou encore réflexions générales sur la vie d'un roi, retour sur les 7 meilleures de Mohammed VI.

    "J'ai choisi la voie la moins spectaculaire"

    Lors d'une interview accordée au Figaro, et réalisée par l'ex-directeur adjoint de la rédaction, Charles Lambroschini, le roi s'est vu demander, en 2001, d'établir le bilan de ses deux premières années de règne. Mohammed VI a répondu qu'il préférait "utiliser un autre mot que celui de bilan. Bilan, cela semble à la fois prématuré et prétentieux, tout en suggérant la fin de quelque chose". Et de poursuivre: "j’ai délibérément choisi la voie la moins spectaculaire qui consiste à fonder mes choix sur les acquis et le socle de la continuité. Vous savez, je ne me réveille pas tous les matins en me disant: tiens, aujourd’hui, pour plaire ou pour faire la Une des journaux, je vais changer les choses. Ce serait ridicule et démagogique. Mon approche est à la fois plus pragmatique et plus réfléchie. Mon rythme est celui du Maroc."

    "Je ne suis pas candidat au Hit Parade"

    Au même journaliste, qui disait que le roi donne l’impression de cultiver le mystère, Mohammed VI a rétorqué qu' "au Maroc, on me connaît parfaitement. Les Marocains connaissent mon caractère et mes idées, ils savent absolument tout de moi". Pour le roi, "cette notion de mystère est entretenue par une certaine presse: pour vendre, il faut mettre une étiquette. On m’a donc collé une étiquette, celle du mystère, simplement parce que j’ai décidé que, avant de parler, j’attendrais de mieux savoir. Alors, cette attitude a peut-être surpris, déçu, ceux qui attendaient ou souhaitaient une démarche plus médiatique". "De toute façon, je ne suis pas candidat au Hit Parade".

    "Tous les Afghans ne sont pas Talibans, tous les Talibans ne sont pas Afghans"

    Lors d'une interview accordée à Paris Match, en 2001, il a été demandé au roi s'il craignait "que certains, dans le monde, fassent l'amalgame entre Islam et terrorisme."

    Réponse de Mohammed VI: "tous les Afghans ne sont pas Talibans, tous les Talibans ne sont pas Afghans, tous les Afghans ne sont pas islamistes, mais ils sont tous musulmans. C'est une réalité compliquée, mais il faut qu'en Occident on accepte de comprendre et de vivre cette complexité. S'il y a un risque d'amalgame, c'est d'abord par ignorance."

    "Le trône des alaouites est sur la selle de leurs chevaux"

    "Ici, on entend parfois dire que le roi n'est plus jamais à Rabat", affirmait le journaliste de Paris Match.

    "Mais le Roi n'a jamais été seulement à Rabat. Je me souviens qu'une année, pendant ma jeunesse, mes parents ont séjourné dix huit jours à Rabat, sur 365. Mon père, que Dieu ait son âme, avait coutume de dire que 'le trône des Alaouites est sur la selle de leurs chevaux'. J'ai bien l'intention de ne pas déroger à ce principe", a clarifié Mohammed VI.

    "Et puis, vous savez", poursuit le roi, "j'aime bien me rendre compte par moi-même, sur le terrain, de ce que sont les réalités de mon pays."

    "Le Cheikh Yassine se plaint"

    Au Figaro, le journaliste constate que "le paradoxe de la liberté, c'est qu'elle s’accompagne toujours de la critique. Vous avez permis à Cheikh Yassine, le contestataire islamique, de s’exprimer. Cela ne l’empêche pas de vous attaquer".

    Réponse de Mohammed VI: "je lui ai permis de mener la vie de tout citoyen marocain". Le journaliste de rebondir: "en somme, le revers de votre tolérance, c’est que Cheikh Yassine proteste." "D’avoir été libéré, peut-être ?", questionne, non sans ironie, Mohammed VI.

    "La burqa est une prison"

    À Paris Match, Mohammed VI a déclaré que "le sort fait aux femmes en Afghanistan est infâme et intolérable. Cette burqa qui les emprisonne est certes une prison en tissu, mais c'est plus encore une prison morale. Les tortures imposées à des petites filles qui ont osé montrer leurs chevilles ou leurs ongles peints, c'est effroyable. C'est inacceptable et insupportable", a déclaré Mohammed VI.

    "La sérénité fait que vous n’oubliez jamais vos responsabilités professionnelles"

    Trois ans plus tard, en 2004, Mohammed VI a accordé une nouvelle interview à Paris Match. À la question de savoir si la sérénité absolue existait chez les rois, le souverain répond: "je pense que l’insouciance, qu’on soit roi ou pas, disparaît à partir d’un certain âge. Elle laisse la place à la sérénité, celle qui vous rend plus solide face aux événements". Et de poursuivre que "cette sérénité fait que vous n’oubliez jamais vos responsabilités professionnelles, vous y pensez tout le temps. Je n’ai ni horaire, ni jour de repos fixe, encore moins de vacances planifiées longtemps à l’avance, c’est là d’ailleurs le propre du métier de roi." 

     

     
  • L’Europe en train de perdre son âme…

     

    Alerte de François d'Orcival dans Valeurs actuelles

    La crise des migrants qui, volens nolens, peut s'analyser aussi comme une invasion de fait du continent européen, est devenue la grande affaire. Ses conséquences sont incalculables. Elles peuvent prendre des formes contradictoires. Par exemple susciter une riposte européenne unitaire, coordonnée, ou à l'inverse opposer les peuples, faire craquer le peu qui reste de l'UE, déjà minée par les effets ravageurs de la crise économique. Sans compter les bouleversements politiques, les troubles sociaux, les menaces - évidemment graves - pour l'ordre public, la sécurité, la paix civile, qui peuvent s'en suivre en France et partout en Europe. Y compris à l'Est. Sans compter enfin, surtout, le risque qui pèse sur la pérennité de nos identités, de notre existence en tant que peuple maître chez soi. On lira ici l'analyse  - à notre avis très remarquable - que François d'Orcival vient de donner dans Valeurs actuelles sur ce grand sujet. Suivra dans notre deuxième note de ce jour un intéressant article de Jean-Paul Brighelli qui dresse un tableau saisissant, très concret, de la façon dont Marseille vit cette situation particulière où la présence des immigrés domine largement l'existence de la cité phocéenne. Deux textes, somme toute, mobilisateurs. LFAR     

     

    François%20d'Orcival_0_0.jpgÀ leurs peuples angoissés et fébriles devant la vague migratoire, les dirigeants européens appellent tous au courage. Mais lequel ? Résister à la vague ou s’effacer ?

    Lampedusa ne sera bientôt plus qu’un souvenir. Les digues sautent partout. Ce sont maintenant, après la Grèce et l’Italie, la Macédoine, la Serbie, l’Allemagne, Nice et Vintimille, Paris et Calais qui se transforment en immenses Lampedusa. Des flots ininterrompus d’immigrants débarquent par terre et par mer. Les Européens ont rassemblé une flotte en Méditerranée pour sauver les naufragés venus de l’autre rive ; se rendent-ils compte qu’ils pourraient bien eux-mêmes lancer à leur tour des appels de détresse et réclamer l’assistance de leur flotte ?

    À Berlin, Angela Merkel et François Hollande expliquent que cette crise d’une ampleur exceptionnelle est appelée à durer. Plus grave que l’euro, plus grave que la Grèce. Thomas de Maizière, le ministre allemand de l’Intérieur, prévient que le nombre de demandeurs d’asile (seulement les demandeurs d’asile !) va atteindre les 800 000 cette année outre-Rhin, quatre fois plus que l’an dernier… À Rome, le ministre des Affaires étrangères, Paolo Gentiloni, membre de la gauche italienne, s’émeut : la crise des migrants, dit-il, peut conduire l’Europe « à redécouvrir son âme ou à la perdre pour de bon »

    Perdre son âme… Oui, les peuples européens sont anxieux, oui, ils sont fébriles, angoissés, devant ces foules étrangères qu’ils redoutent de voir venir non pas s’assimiler mais bouleverser un peu plus leur mode de vie et leur identité. Les dirigeants appellent tous au courage. Mais quel courage ? Résister à la vague ou s’effacer devant elle ? Allons, « soyons collectivement courageux », plaidait (dans le Figaro du 24 août) le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, dont la seule expérience est d’avoir eu à gérer les banques luxembourgeoises. Pour lui, le courage consiste à convaincre les opinions publiques, « même si ce n’est pas facile, même si ce n’est pas populaire », que le devoir de l’Europe est d’ouvrir des « voies migratoires légales » en dénonçant la peur et le populisme qui « ne mènent à aucune solution ». Quelles sont donc les siennes ? Leur confrontation avec la réalité suffit à en montrer l’illusion : devant l’afflux de migrants en Italie et en Grèce, « la Commission, dit-il, a proposé de relocaliser 40 000 personnes vers d’autres États membres » — 40 000 dans l’année, alors que l’agence Frontex vient de nous indiquer que durant le seul mois de juillet, 107 500 immigrés étaient arrivés aux frontières de l’Europe, trois fois plus que l’été précédent ! De deux choses l’une : ou bien on se paie de mots pour masquer son impuissance, ou bien on prend cette réalité à bras-le-corps et le courage consiste à y faire face, comme dit Éric Ciotti, élu d’une circonscription, la 1re des Alpes-Maritimes, où l’on sait ce que les mouvements d’immigrés signifient.

    Ce n’est pas à Calais, à l’entrée du tunnel sous la Manche, que l’on résoudra cette crise. Les ministres français et britannique de l’Intérieur peuvent s’y donner rendez-vous aussi souvent qu’ils le veulent, doubler les rondes et les circuits de protection du tunnel en dépensant 5 millions d’euros de plus par an, le flot de clandestins décidés à passer ne sera pas arrêté par des policiers et des gendarmes armés de consignes de prudence. C’est à la source qu’il faut prendre les choses. Traiter les causes au lieu de tout perdre à traiter les conséquences.

    Les causes sont connues : le chaos en Afrique orientale et méditerranéenne, la guerre civile en Irak et en Syrie, l’incendie de l’islam fondamentaliste. Ce qui manque là-bas ce sont d’autres Al-Sissi, le maréchal égyptien qui a ramené l’ordre dans son pays et mérite d’être aidé (comme il l’est par la France) pour l’étendre à ses frontières. Ce qui manque chez nous, sur le continent européen, ce sont les signes de résistance de ceux qui ne veulent pas perdre leur âme.

    L’Australie a-t-elle perdu la sienne en barrant les routes à l’immigration clandestine ? Et le Japon ? Hubert Védrine, l’ancien ministre des Affaires étrangères qui, lui, ne s’est jamais payé de mots, écrivait (le 13 mai, dans le Monde) : « Il n’y a évidemment pas de solution militaire [à la crise des migrants], mais ne rêvons pas : un recours à la force sera à un moment ou à un autre inévitable. » Ce sont les passeurs, ces modernes trafiquants d’esclaves, qu’il faut détruire là où ils sont. Combien de leurs cargos rouillés et de leurs embarcations de fortune ont-ils été détruits ? Combien de leurs réseaux démantelés ? S’il y a une dissuasion, elle est là. La voulons-nous ?

    Devant le danger quand il est là et qu’il vous éclate à la figure, il y aura un jour, comme dans le Thalys, vendredi dernier, un homme, des hommes courageux qui surgiront pour dire : « Let’s go, please ! » — “Allons-y, s’il vous plaît…” Et l’Europe redécouvrira son âme. 

    À l’antenne : le lundi, à 20 heures, sur France Info, dans “les Informés de France Info” ; le mercredi, à 12 h 40, sur iTélé ; le jeudi, à 10 heures, sur LCI.

  • François Hollande en Algérie : entre realpolitik et auto humiliation : L'analyse de Bernard Lugan

    A la veille du déplacement de François Hollande à Alger, Bernard Lugan a publié le communiqué qui suit. Chacun sait qu'il est actuellement l'un des meilleurs connaisseurs de l'Afrique. Son analyse documentée rejoint notre souci s'agissant de la situation en Algérie et de ses évolutions prévisibles. Toute explosion politique et sociale en Algérie aurait en effet pour La France, au plan intérieur comme extérieur, de gravissimes et incalculables conséquences. LFAR 

    46878456-jpeg_preview_large.jpgLundi  15 juin, durant quelques heures, François Hollande sera en Algérie, pays en état de pré-faillite, "dirigé" par un président moribond et gouverné par l'« alliance des baïonnettes et des coffres-forts »[1].

     
    L'Algérie est en effet au bord du précipice économique, politique, social et moral. Elle est dévastée par des avalanches successives  de scandales comme ceux des détournements de fonds du programme de l'autoroute trans-algérienne (5 milliards de dollars de dessous de table pour un chantier de 17 milliards...), de la Sonatrach ou encore de la banque Khalifa; or, il ne s'agit là que des plus médiatisés.
     
    L’équilibre politique algérien repose sur un modus vivendi entre plusieurs clans régionaux et politiques qui se partagent les fruits du pouvoir au sein des deux piliers de l’Etat qui sont l’ANP (Armée nationale populaire) et la DRS (Département du renseignement et de la sécurité). Quant à l'ordre social national, il résulte d'un singulier consensus :
     
    • à l'intérieur, les dirigeants  qui vivent de la corruption et des trafics en tous genres achètent le silence d'une population qui n'ignore rien de leurs agissements, par de multiples subventions,
     
    • à l'extérieur, ils entretiennent des mercenaires, journalistes et hommes politiques stipendiés, qui font fonctionner d'efficaces réseaux de communication permettant de donner une image rassurante du pays.
     
    Or, ce système qui fonctionnait grâce à la rente pétrogazière est aujourd'hui bloqué par l'effondrement des cours du pétrole. En un an, le prix du Sahara blend algérien est ainsi passé de 110 dollars le baril  à moins de 60; or, selon le FMI (mai 2015), dans l'état actuel de l'économie de l'Algérie, le prix d'équilibre budgétaire de son pétrole devrait être de 111 dollars le baril.
     
    Résultat: au premier trimestre 2015, les recettes cumulées du budget de l'Etat  ont baissé de 13% par rapport à la même période de 2014; quant aux recettes de la fiscalité pétrolière, leur recul fut de 28%. Dans ces conditions, les 200 milliards de dollars de réserves de change dont disposait l'Algérie avant la chute des cours du pétrole fondent comme neige au soleil et  le Fonds de régulation des recettes (FRR) alimenté par les ventes des hydrocarbures et dans lequel l'Etat puise pour tenter de prolonger la paix sociale n'est plus alimenté.
     
    La situation est donc gravissime[2]. D'autant plus que les parts de marché de la Sonatrach en Europe  vont baisser en raison de la concurrence de Gazprom qui fournit le gaz russe entre 10 à 15% moins cher que celui produit par l'Algérie. Sans compter que depuis 2014, devenu autonome grâce à ses gisements non conventionnels, le client américain qui représentait  entre 30 et 35% des recettes de la Sonatrach a disparu...
     
    Autre phénomène angoissant pour les autorités algériennes, le prix du gaz naturel liquéfié lié au prix du pétrole et des produits raffinés va de plus en plus être aligné sur le prix du gaz naturel américain, ce qui, selon les experts devrait mettre le GNL algérien entre 30 et 40% de ses prix antérieurs. L'Algérie est donc bien au bord du précipice.
     
    Dans ces conditions, face au double phénomène de baisse de la production et de baisse des cours, l'Etat-providence algérien est condamné à prendre des mesures impopulaires: suspension des recrutements de fonctionnaires, abandon de projets sociaux indispensables, de projets transport comme de nouvelles lignes de tramway ou la réfection de voies ferrées. Il est également condamné à  rétablir les licences d'importation afin de limiter les achats à l'étranger, ce qui va encore amplifier les trafics. Le coût des produits importés n'est en effet plus supportable; d'autant que, même les productions traditionnelles (dattes, oranges, semoule pour le couscous) étant insuffisantes, leur volume d'importation est toujours en augmentation. Pour ce qui est des seuls  biens de consommation, la facture est ainsi passée de 10 milliards de dollars en 2000 à une prévision de plus de 65 milliards de dollars pour 2015. Quant aux subventions et aux transferts sociaux, ils atteignent 70 milliards de dollars par an, soit environ 30% du PIB.
     
    L'Algérie va donc devoir procéder à des choix économiquement vitaux mais politiquement explosifs. Le matelas de 80 milliards de dollars de son fonds de régulation (FFR) et ses réserves de change  qui étaient tombées à un peu plus de 180 milliards de dollars au mois de janvier 2015, ne lui permettront en effet de faire face que durant deux années puisque les dépenses inscrites au budget 2015 sont de 100 milliards de dollars...
     
    L'Algérie est donc dans la nasse car, elle qui ne produit rien est pourtant condamnée à continuer d'importer afin de nourrir, soigner et habiller sa population. Comme dans les années 1980, l'explosion sociale semble donc inévitable. Avec en toile de fond les incertitudes liées à la succession du président Bouteflika.
     
    C'est donc dans un pays en faillite dans lequel les islamistes sont en embuscade et dont l'équilibre est vital pour notre sécurité, que se rend François Hollande, porteur d'un singulier message rédigé par des associations dont la représentativité prêterait à sourire si elles ne constituaient pas le noyau dur de l'actuel régime français. Pour l'Association des anciens appelés en Algérie et leurs amis contre la guerre (4ACG), pour l'Association nationale des pieds-noirs progressistes et leurs amis (ANPNPA) et pour l'Association des réfractaires non violents (ARNV) " le moment est venu pour la France de reconnaître, du plus haut niveau politique (...) les crimes et les horreurs commis pendant les 132 ans que dura la colonisation de l'Algérie".
     
    Au mois de décembre 2012, lors de son précédent voyage à Alger, François Hollande était déjà allé à Canossa mais, comme les Bourgeois de Calais, il avait tout de même gardé sa chemise. La conservera-t-il aujourd'hui alors que, candidat aux prochaines élections présidentielles, il est prêt à tout afin de tenter de regagner les précieux suffrages des électeurs franco-algériens qui s'étaient détournés de lui avec le « mariage pour tous » ?
      
    NB : Les rentiers de l'indépendance qui forment le noyau dur du régime prélèvent, à travers le ministère des anciens combattants, 6% du budget de l'Etat algérien, soit plus que ceux des ministères de l'Agriculture (5%) et de la Justice (2%)... 
     
    Bernard Lugan
    14.06.2015
     
  • Le mammouth est un cancre… et un cancre jaloux !

     

    par Olivier Pichon

     

    On savait l’Éducation nationale une machine aux piètres performances scolaires, mais voilà qu’au pays de l’égalité proclamée, les inégalités scolaires progressent à grands pas. Et, pendant ce temps, le commissaire Vallaud-Belkacem entend bien mettre au pas l’enseignement hors contrat. « Nous avons échoué, continuons, mais surtout empêchons ceux qui pourraient réussir d’exister ! » Une logique typiquement soviétoïde.

    Le niveau : de Pisa en Pisa

    Tous les trois ans, le programme PISA évalue les élèves de 15 ans (un échantillon de plus de 500 000 élèves a été testé) dans le monde. Sur 65 pays comparables, la France a encore reculé : elle figure au 25e rang de la dernière enquête (2013). Dans ce classement, l’Asie domine en sciences. Pour la compréhension écrite, Shangaï, Hong-Kong et Singapour se disputent les premières places. Parmi les pays en tête, les Pays-Bas, la Suisse, mais aussi la Pologne, le Mexique et Israël sont aussi assez bien placés. Dans les critères de performance, on aura noté que la taille des classes importe peu (cf. la revendication des syndicats sur le nombre des élèves), les systèmes éducatifs les plus performants mettent l’accent sur la sélection et la formation des enseignants. Ce qui compte aussi, dit le rapport, c’est l’empathie qui se crée entre professeurs et élèves.

    Cela passe par l’autorité, car il ne peut y avoir de bon rapport avant l’exercice de la discipline mais après (note de l’auteur). Le rapport établit aussi que, en France, la corrélation entre le milieu socio-économique et la performance est bien plus marquée que dans les pays de l’OCDE. Bref, si l’on appartient à un milieu défavorisé… on connaît la suite. Le pays de l’égalité, valeur affichée tel un oxymore au fronton de nos monuments, est aussi le pays de l’hypocrisie, où politiciens et pédagomanes continuent d’appliquer des méthodes pour lutter contre cette inégalité, méthodes qui se sont révélées justement préjudiciables aux plus défavorisés. Lecture globale, autodictée, pédagogie de la non-contrainte et tout le cortège des élucubrations des pédagomanes des années 70 dont P. Bourdieu fut le gourou.

    Quand l’UNICEF enfonce le clou

    Et voila que ce mois d’avril 2016 vient nous apporter un nouveau dossier à charge contre l’EN. L’Unicef nous apprend que la France est un cancre en matière d’égalité scolaire : 35e sur 37 pays à haut revenu, de quoi faire rougir de honte nos ministres. Que nenni ! Sans doute, se consolent-ils en se disant que nous devançons… la Belgique (36e) et que ceci n’a rien à voir avec Molenbeek, quoique… Plus intéressant encore, le rapport montre que les écarts scolaires ne sont pas proportionnés aux écarts de revenus. En effet, dans les catégories les plus défavorisées, l’écart de revenu entre les enfants les plus pauvres et les enfants moyens est faible, l’impact des politiques de transfert sociaux jouant largement. Autrement dit, la vieille lune marxiste de la pauvreté ne saurait être invoquée en l’occurrence, mais bien encore une fois l’abandon forcé de l’élitisme républicain par la massification éducative.

    Réduire la concurrence faute de pouvoir s’améliorer

    Les progrès du hors-contrat étaient importants depuis quelques années à juste mesure, d’une part, de l’effondrement de l’école publique et, d’autre part, des tentations d’alignement idéologique (ses performances n’étant pas en cause) de l’enseignement sous contrat. Le pouvoir s’inquiète de ce progrès du hors-contrat. Pour lutter, il mise sur ses moyens : le contrôle matériel et le contrôle idéologique. Il ne pouvait pas, dans l’état de faiblesse budgétaire où des décennies de déficit l’ont mis, supprimer l’avantage fiscal aux associations qui président aux fondations d’écoles. Il a donc décidé de se porter sur l’autorisation d’ouverture, ayant déjà, par le biais normatif, (la norme outil de répression ?) tenté d’enrayer le phénomène. Mais là où l’hypocrisie du commissaire en jupon est totale, c’est qu’elle s’inquiète de la montée des écoles… salafistes « contraires aux valeurs de la République ». Le concept de valeur de la dite-ministre n’étant pas défini, on peut y mettre à peu près ce qu’on veut. Et l’on peut s’étonner que le gouvernement montre un si grand empressement à combattre « l’extrémisme musulman » qu’il a laissé s’installer partout sur le territoire de la République en question. 36 établissements privés musulmans, dont quatre sous contrat.

    L’ouverture d’un établissement privé hors-contrat relève du régime déclaratif, demandes déposées auprès du maire, du procureur du préfet et du recteur, il peut y être fait opposition « dans l’intérêt des bonnes mœurs ou de l’hygiène » Parce que, bien entendu, la dite-hygiène et les bonnes mœurs sont reines dans l’Éducation nationale ! Insupportable prétention de l’Etat, disait Taine, à se faire l’éducateur de la nation, une imposture ! Voila maintenant que quatre inspecteurs généraux sont diligentés pour travailler sur le hors-contrat : « la liberté de l’enseignement ne connaît qu’une limite : le respect de valeurs de la République ». Mais qu’on nous dise, enfin, ce que sont ces valeurs qui, en l’espèce, deviennent des instruments de contrôle de type totalitaire, ce que l’on savait un peu déjà.

    Dans les chiffres les établissements hors-contrats catholique (ou israélites) sont d’un nombre à peu près comparable aux établissements musulmans, et s’il ne faut pas sous estimer le risque, on ne saurait accepter, de l’État, la restriction des libertés… Surtout lorsqu’il doit balayer devant sa porte concernant ses propres performances dans le système monopolistique démontrant qu’il faut en finir avec ce cancre-là !   

  • Noieront-ils le Poisson ?

     

    par Louis Vick

    La polémique lancée par le Conseil représentatif des institutions juives de France contre le député Jean-Frédéric Poisson met en lumière la réalité complexe du pouvoir en France et aux Etats-Unis.

     

    Figure montante de la mouvance UMP (renommée « Les Républicains»), passerelle potentielle entre la droite européiste et le Front national souverainiste, le député Jean-Frédéric Poisson était suivi avec attention.

    Dans un entretien au quotidien Nice-Matin dont le sujet a dévié sur la politique américaine et les affaires internationales, le candidat à la primaire des partis LR-UDI-PCD a jugé dangereux les rapports étroits qu’entretient la candidate Clinton avec « les super-financiers de Wall Street et sa soumission aux lobbies sionistes ».

    Qui est le président du Crif ?

    Le Conseil représentatif des institutions juives de France a vu rouge et les gros médias ont relayé la polémique. Dénonçant dans un communiqué des « propos nauséabonds », le mouvement communautaire a invité à mots à peine couverts les partis LR et UDI à exclure Jean-Frédéric Poisson de la primaire.

    Dans la foulée, le patron du comité d’organisation de la primaire, Thierry Solère, a dénoncé les propos du député et assuré que l’affaire serait discutée lors d’une réunion le 26 octobre prochain.

    La réaction virulente du Crif ne saurait étonner au regard du parcours de son président, Francis Kalifat *. Dans les années 90, celui-ci a en effet dirigé la Fédération des organisations sionistes de France, et il a fondé en 2002 les Amis du Likoud d’Israël, une association ayant pour objet de promouvoir une « solidarité indéfectible avec l’Etat d’Israël ».

    La Fed présidée par l’ex patron de la Banque d’Israël

    Cette « solidarité indéfectible » s’exerce-t-elle également au sein de l’hyper-puissance américaine, comme le suggérait le député français ? La question se pose :

    L’actuel vice-président de la Banque centrale américaine (Fed) – Stanley Fisher – a été gouverneur de la Banque centrale d’Israël entre 2005 et 2013. (http://www.federalreserve.gov/aboutthefed/bios/board/fischer.htm)
     
    La stratégie internationale de JP Morgan Chase, une banque américaine souvent considérée comme le principal spéculateur sur le marché des matières premières, est aussi dirigée par un ancien gouverneur de la Banque centrale israélienne : Jacob Frenkel l’a présidée entre 1991 et l’an 2000.
     
    Pourvoyeur officiel de millions de dollars à la candidate Hillary Clinton, fournisseur de plusieurs secrétaires au Trésor des Etats-Unis, Goldman Sachs a jadis financé l’empire des médias du britannique Robert Maxwell, dont l’appartenance aux services secrets israéliens est supposée. A noter qu’après la crise financière de 2008, le président de la banque, Lloyd Blankfein, a évoqué à plusieurs reprises « le travail de Dieu » pour expliquer la tournure des événements financiers.

    Créateurs de dollars

     Ces établissements bancaires sont les principaux créateurs de dollars, une monnaie qui est utilisée dans le monde entier. Leurs responsables peuvent faire – ou ne pas faire – la fortune des spéculateurs souhaitant lever de l’argent.

    En France, leur principal relais est assuré par la banque d’affaires Rothschild, financier historique de la réimplantation des communautés juives au Proche-Orient. Son vice-président assurait au début des années 80 que « l’Etat d’Israël, pour le juif, est devenu la réalisation de la parole divine ».

    Le patron actuel de la banque d’affaires dispose d’un accès direct à Wall Street et au président américain, révélait en 2012 la journaliste Martine Orange, à qui David de Rothschild avait accordé des entretiens.  

    Notes

    * Francis Kalifat est par ailleurs administrateur de Groupe Vaneau (commerce de chaussures)

    * La biographie de Stanley Fisher http://www.federalreserve.gov/aboutthefed/bios/board/fischer.htm

    * Le parcours de Jacob Frenkel https://en.wikipedia.org/wiki/Jacob_A._Frenkel

    * Sur Goldman Sachs, voir notamment http://www.albin-michel.fr/ouvrages/la-banque-9782226206268

    * Les écrits et discours d’Alain de Rothschild https://www.amazon.fr/juif-dans-cit%C3%A9-Alain-Rothschild/dp/B004WCMZD2/ref=sr_1_6?ie=UTF8&qid=1477306244&sr=8-6&keywords=un+juif+dans+la+cit%C3%A9

    * L’enquête fouillée de la journaliste Martine Orange sur la banque Rothschild http://www.albin-michel.fr/ouvrages/rothschild-une-banque-au-pouvoir-9782226243836 

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  • Qui ne voit que c'est la source d'un très grave malaise !, par Frédéric Winkler.

    « Il me paraît indispensable de favoriser, d'un point de vue fiscal, les transmissions familiales qui peuvent éviter bien des soucis aux dirigeants de ces entreprises. Au-delà, il convient d'encourager ce capitalisme familial qui emploie près d'un Français sur trois ! » (Un Prince Français). C'est, à notre sens, l'idée très actuelle que développait le Comte de Paris quand il dénonçait les « Féodalités nouvelles dont le règne est fondé sur la peur qu'elles inoculent au peuple pour le faire douter de son droit et de son destin, pour lui faire accroire que ses intérêts sont liés à leur puissance ».

    frédéric winkler.jpgL'étatisme étouffe le pays, les prélèvements directs et indirects, plus ou moins dissimulés appauvrissent les citoyens. Cette dictature fiscale (locaux, nationaux, essence, TVA, cotisations sociales…) dépasse les 50% et va dans les poches d'une République que l'on pourrait qualifier de bananière. La consommation et l'épargne privée en sont d'autant diminuées. Nous ne parlerons pas du pillage des héritages, que l'État se permet, sans y avoir aucun droit d'ailleurs, que celui qu'il s'arroge par le législateur. Le salaire ne peut constituer de patrimoine car la subdivision successive l'en empêche. Cela à un coût et d'abord sur la natalité découragée car un seul enfant, évite la dispersion des héritages ! « L'urgence dans ce domaine, c'est de réformer les finances publiques pour pouvoir diminuer les prélèvements obligatoires. À force d'intervenir tous azimuts, sans vision politique globale, l'État s'est dilué. Il n'est plus capable de résister aux nombreux « lobbies » qui l'assaillent. En a-t-il d'ailleurs la volonté ? Les plus acharnés à demander tou¬jours plus sont les ministres... L'état est prisonnier d'une clientèle qu'il s'est constituée à des fins politiques et dont il est aujourd'hui l'obligé. D'où l'accroissement de la dette. » (Jean de France, Un Prince Français). La société est ainsi éclatée pour le plus grand profit des thèses rousseauistes de l'individualisme. Et, pendant ce temps-là, le citoyen est consulté mais pas écouté, une fois tous les cinq ans pour donner sa voix à celui qui aura le plus investi dans la publicité. Sur les thèmes de proximité, on impose plus que l’on consulte, alors qu’autrefois, le citoyen s’intéressait comme la politique familiale, les écoles, le métier et les conditions de travail, les communes… Le citoyen d’aujourd'hui subit, sous les sourires des candidats qui cachent toujours de nombreuses déconvenues. La pauvreté gagne et les files d'attente devant les restos du coeur s'allongent de mois en mois !
    Maintenant l’Etat nous parle de la retraite à 67 ans, mais on oublie que l'espérance de vie en bonne santé n'est que de 62 ans en France, et qu'elle a même tendance à diminuer ces dernières années : alors, pourquoi vouloir à tout prix retarder l'âge légal de départ à la retraite dans ces conditions ?
    L'uniformisation se cache sous le terme d'égalité, pour mieux nous berner depuis plus de 200 ans... Alors que la juste égalité, que l'on peut nommer justice sociale, consisterait à respecter les différences professionnelles permettant à chacun de profiter quelques temps d'une retraite bien méritée !
    Qu'un agriculteur ou un marin pêcheur soit à la retraite à 50 ou 55 ans, rien de plus normal. Qu'un mineur (puisqu'il est question de relancer des activités d'extraction en France) ou un ouvrier constamment à l'extérieur, soumis aux intempéries et aux difficultés physiques du travail, soit en retraite dix ans avant les autres, qui pourrait décemment le contester, au regard de l'usure du métier ? Après tout, n'est-il pas normal de prendre en compte la pénibilité du travail et les différences d'espérance de vie entre catégories socio-professionnelles ? Qu'une mère doive avoir une retraite décente pour avoir élevé ce qui fait la richesse d'un pays, les hommes, personne ne le conteste mais la démocratie républicaine ne veut pas de la décision du peuple !!!
    Quelle est l'égalité quand un bureaucrate s'arrête de travailler au même âge qu'un paysan ? Sait-on qu'un ouvrier a une espérance de vie moyenne de presque 10 ans inférieure à celle d'un cadre supérieur ? L'âge de la retraite doit être avancé selon la pénibilité professionnelle. Pourquoi faire payer aux travailleurs, les conséquences d'une mauvaise gestion politique en définitive antisociale ?
    Pourquoi faire payer au monde professionnel le manque de jeunes sur le marché du travail, alors que nous vivons depuis des années sous une politique antifamiliale ? On ouvre les frontières à la misère du monde, où l'on donne sans recevoir, mirage dangereux et pénible d'une « stabilité démographique » ubuesque, alors que naissent d'autres problèmes annonçant l'univers inquiétant d'un futur Liban. En république, point d'indépendants et d'hommes libres, les agriculteurs comme les marins pêcheurs en savent quelque chose : « Ce gouvernement, je le caractérise d'un mot : la police partout, la justice nulle part. » ( Victor Hugo, Choses vues, 8 avril 1851). Mais que le système républicain, sous la pression de Bruxelles et du patronat, cherche à imposer à tous l'âge de 67 ans pour pouvoir avoir le droit de prendre sa retraite, ou simplement en allongeant encore et toujours la durée de cotisation, c'en est trop !
    Il est temps de laisser les professionnels reprendre leur destin en les laissant s'auto-organiser socialement à l'image des corps privilégiés que sont les ordres des avocats et médecins...
    F. Winkler(Projet de Société, à suivre)

  • Etat des lieux le « Meilleur des mondes » et ses déchets..., par Frédéric Winkler.

    Faut-il craindre le pire sur les risques d'accidents dont les conséquences sont mal maîtrisées, en particulier à l'avenir dans des pays émergents qui n'auront pas forcément les moyens de réagir rapidement. Réfléchissons sur les conséquences, pour les plus graves dans le passé comme Tchernobyl (avril 1986). Ce fut des milliers d'irradiés, aux conséquences terribles voir incalculables, sur une population condamnée. La multiplication des cancers de la tyroïde, comme des maladies dégénératives, les malformations dans les naissances, avec ses zones devenues invivables, quel triste bilan à subir. Puis ce fut Fukushima, au Japon, mais avons-nous oublié de nombreux cas dont on parle moins, comme à Forsmark en Suède en 2006.

    frédéric winkler.jpgFaudrait-il parler des populations près des centrales nucléaires dont l'air comporte de la radioactivité entraînant selon certaines études une hausse de plus de 110% de leucémies chez les enfants. Mais cette énergie nucléaire pose d’autres problèmes, par une accumulation et un stockage de déchets volumineux dont le vieillissement reste assez préoccupant. Ne retrouve-t-on pas des résidus de la Hague jusqu'en Arctique ? Comment peut-on stocker sous terre pour des milliers d'années, de telles « bombes » à retardement, sans craindre aucune modification géologique, comme catastrophe naturelle voir d'attentat ou guerre, avec les infiltrations et pollutions irrémédiables des nappes phréatiques ? Quand on sait l'importance de l'eau pour ce siècle et les prochains. C'est du tragi-comique d’imaginer ces apprenti-sorciers manipulant l'atome, se trompant, comme se justifiant. Tandis que nous regardons les espaces de vie se rétrécir, les amoncellements de corps torturés par les maladies dégénératives à plus ou moins brève échéance, les cadavres, les zones contaminées et l'environnement sacrifié. Comment allons-nous accepter de voir demain nos enfants mourir en temps de paix, parce que la finance du lobby nucléaire lié au système qui nous gouverne, nous a vendu une énergie dite « propre » et incontournable. Parce que celle-ci est profitable aux intérêts de quelques-uns, mais redoutablement dangereuse et finalement incontrôlable, au moindre incident. La république nous transforme en robot acceptant tout sans réfléchir aux conséquences avant de faire de nous, en cas d'accident toujours possible, des légumes radioactifs !!
    Inhalées ou ingérées, on peut mourir en quelques jours, mois ou années… Ces substances de mort se fixent sur les organes et c'est la fin de toute vie à plus ou moins brève échéance. Les chiffres parlent d'eux-mêmes, quand on sait que des milliers de personnes intervenues sur Tchernobyl sont décédées, auxquelles il faudrait ajouter les milliers de morts inconnus des suites de cet accident dans le monde…Quelle réussite en temps de paix que l'atome tuant plus, peut-être demain, qu'en temps de guerre… Le nucléaire civil montre comment le crime des nucléocrates s'installe sur les générations futures. Cela, les polichinelles de la politique le savent mais ils le cachent aux citoyens pour se remplir les poches tant que c'est possible mais, à la fin, que feront-ils de leur argent dans un monde irradié ?
    Certains vont penser que nous ne faisons pas d'effort et que nous dénigrons. Ce serait presque comique si ce n'était tragique.

    LE NUCLEAIRE C'EST :
    - aborder le problème énergétique sans tenir compte de l'avenir de nos enfants ;
    - condamner et retarder une audacieuse politique énergétique pour la France alors que notre pays pourrait exploiter de manière plus efficace et moins risquée pour les populations les multiples énergies renouvelables propres dont notre territoire, terrestre comme maritime, dispose ;
    - créer un abyssal trou financier du fait de l'entretien et du futur démantèlement des centrales à venir, extrêmement coûteux ;
    - la falsification de certaines données techniques et environnementales pour autoriser les constructions de centrales, dangers pour toutes formes de vie…
    - un stockage énorme de déchets se dispersant dans l'air, l'eau et la terre ;
    - une dévalorisation de nos paysages par ces « centrale-champignons » implantées pour des siècles ;
    - les risques de catastrophe aux conséquences incalculables ;
    - le développement de cancers et maladies dégénératives ;
    - des territoires entiers n'acceptant plus de vie pour cause de radiations en cas d'accident ; etc.
    Devra-t-on attendre un Tchernobyl ou un Fukushima en France pour réagir ?

    Fukushima

    Les cuves isolant le combustible nucléaire furent percés, les 17 premières heures du tremblement de terre. Longtemps cette vérité fut cachée. Pourquoi ? Avait-on peur de parler des conséquences, lorsque ce combustible en fusion atteindra les nappes phréatiques ?
    Qu'arrivera-t-il alors ? Qui peut répondre ?
    Ecoutons l'experte Australienne en nucléaire, Helen Caldicott : « Jamais auparavant, six réacteurs nucléaires d'une centrale n'ont été gravement endommagés au même moment. Ces réacteurs sont condamnés… Il ne faut pas oublier la dangerosité de ces barres : elles sont tellement radioactives que si vous les approchez, vous décédez en quelques minutes. Vos cheveux tombent, des hémorragies internes se déclarent et vous mourrez comme un malade du sida… Mais Tchernobyl n'est rien par rapport à ce qui s'est passé à Fukushima. L'un des éléments les plus meurtriers est le plutonium… Un millionième de gramme vous donne le cancer, si vous l'inhalez. Si vous répartissez un demi-kilo de plutonium à travers le monde, c'est toute la population mondiale qui souffrira d'un cancer. Fukushima contenait 250 kilos de plutonium… C'est suffisant pour dire adieu à l'hémisphère nord. » Bref il est difficile d'imaginer cela. Une inconscience totale mais des profits certains pour ceux qui continuent de nous vendre du développement technologique « soi-disant » fiable. Mais de qui se moque t-on, alors même que, en juillet 2013, des fuites radioactives continuent de polluer les terres et les eaux avoisinantes, océan compris. Ichiro Ozawa déclarait le 29 mai 2011 : « il est ridicule de mettre en place une équipe qui soit exclusivement composée de personnes qui dépendent professionnellement du nucléaire. Avez-vous vu tous ces experts à la télévision qui affirment que la « crise n'est pas si terrible » et que « cela ne représente aucun danger pour la santé ». Ils font tous partie de la mafia nucléaire. Ce qu'ils affirment est du non sens car leur vie dépend de l'industrie nucléaire. Mais les medias Japonais et les gens ne comprennent pas ce qui se passe. Les media Japonais sont impuissants. » Ce qui n'est pas clair n'est pas français, s'exclamait Rivarol, alors comment imaginer l'incidence, voir la catastrophe sur l'écosystème et la chaîne alimentaire qui sera fortement perturbée… L'eau, le plancton, les plantes comme les crustacés, les oiseaux qui transporteront l'atome et le rejetteront sous forme de déjection sur nos côtes. Mais pas que, les poissons contaminés et les algues que nous mangerons, bref une succession de drames s’échelonneront. Pourquoi les médias ne parlent pas du taux de radioactivité qui semble augmenter sur notre territoire ? (Corroboré par cet article : http://www.enviro2b.com/…/fukushima-meme-faible-la-radioac…/). Ne serait-ce pas une conséquence de la catastrophe du Japon ? Croirait-on que le « nuage » passé, tout serait, comme par enchantement, rentré dans l'ordre... Il y a de multiples raisons pour se battre, mais il en est une plus que d'autres, c'est celle qui menace nos enfants et les vies futures. Nous sommes monarchistes d'abord et surtout parce que le roi incarne la protection de tous les citoyens comme du Bien commun. Celui-ci représente, un pouvoir équilibré voir minimum, nous octroyant par nécessité de continuité, des libertés étendues dans la gestion de nos communes, familles et professions. Bref moins de contraintes et plus de libertés, moins de féodalités et plus de sécurité.
    F. PORETTI - Winkler (Projet de Société, à suivre)

  • Ce sera 1929, puis l’hyperinflation et l’effondrement du Système, par Marc Rousset.

    La remontée passagère des Bourses est due uniquement à l’intervention immédiate, et beaucoup plus rapide qu’en 2008, des banques centrales et des gouvernements, celle de la Fed pour les achats de bons du Trésor et les titres hypothécaires n’ayant plus de limites, avec des innovations telle que le rachat de créances privées (obligations gagées sur des prêts à la consommation). La Fed ouvre les vannes monétaires et fait tapis face à la crise du coronavirus. C’est ce que fait, également, la BCE lorsqu’elle rachète les dettes publiques irremboursables de la France et de l’Italie. La BCE, avec son nouveau bazooka de 750 milliards d’euros, porte son effort de rachat de titres, pour 2020, à 1.000 milliards d’euros. Quant aux règles comptables pour les banques, elles disparaissent ou sont assouplies.

    marc rousset.jpgL’ensemble des mesures gouvernementales des pays du G20 représente 5.000 milliards de dollars. Les mesures du gouvernement américain s’élèveront à 2.000 milliards de dollars et, si l’on additionne l’ensemble des mesures des États européens, dont 1.100 milliards d’euros pour l’Allemagne, un plan sans précédent depuis la Deuxième Guerre mondiale, on se rapproche du chiffre américain. Les États-Unis, qui n’ont pas les lois sociales du chômage partiel, ont décidé de se rallier à la politique de « l’argent par hélicoptère, » avec un chèque du gouvernement fédéral d’environ 3.000 dollars pour une famille avec deux enfants.

    Aux États-Unis, le chômage augmente à la verticale. À très court terme, selon James Bullard, président de la Réserve fédérale de St. Louis, 46 millions d’Américains pourraient se trouver au chômage. Le taux de chômage pourrait atteindre 30 %, un chiffre plus élevé que lors de la Grande Dépression de 1929 et trois fois supérieur à celui de la récession de 2008-2009. Goldman Sachs anticipe un plongeon du PIB américain de 24 % au deuxième trimestre, alors que Morgan Stanley l’évalue à 30 %. Pendant le dernier trimestre de la crise 2008, la contraction n’avait été que de 8 %. On est donc clairement dans les années 1930.

    À Wuhan, la diminution d’activité a été de 42 % au premier trimestre 2020. En France, selon l’INSEE, un mois de confinement coûte 3 % de PIB. Le coût du confinement en France pour deux mois serait donc, au minimum, de 140 milliards d’euros, soit une perte d’activité de 35 %, plus vraisemblablement 200 milliards d’euros, soit une réduction d’activité de 50 %, qui viendront s’ajouter à notre endettement déjà démentiel de 2.400 milliards d’euros. Il ne faudrait pas que la France meure, guérie du coronavirus, car les milliards distribués pour le chômage partiel vont être empruntés et il faudra les rembourser ! De même l’endettement public de l’Italie devrait passer, fin 2020, de 135 % à 161 % du PIB, selon Goldman Sachs. La BCE, « prêteur en dernier ressort », va se retrouver avec des montagnes de créances irrécouvrables, comme dans les économies de guerre, ce qui entraînera la perte de confiance dans la monnaie et l’inflation.

    Sur les marchés obligataires, il y a aussi risque de tempête, style 1929, pour les dettes des entreprises zombies hyperendettées en raison de la baisse des taux. Les banques centrales essaient d‘intervenir sur les marchés à risque high yield mais les digues pourraient céder dans la durée et les taux s’envoler, avec risque de krach obligataire. L’écart du taux public d’emprunt français avec l’Allemagne s’élargit, tandis que celui avec l’Italie grimpe d’une façon accélérée. Une crise dans la zone euro n’est pas à exclure, d’autant plus que les Allemands, réalistes, ne veulent pas entendre parler à juste titre des emprunts mutuels « coronabonds » rêvés par Macron.

    Les napoléons d’or, en France, sont en pénurie totale ou se vendent avec des primes très élevées par rapport au cours officiel. Il est probable que l’or va s’envoler très bientôt, comme en 2008, dans les trois années suivantes, au fur et à mesure que des dépressions économiques apparaîtront et que les banques centrales se rapprocheront de la faillite, de la perte de confiance dans la monnaie, avec des taux d’inflation qui pourront être élevés.

    La stagflation pourrait, à terme, laisser la place à l’hyperinflation. Les États-Unis inquiètent et la Chine, avec un système financier branlant et une possible nouvelle contamination, ne rassure pas, d’autant plus que sa reprise sera très vite freinée par la récession si le reste du monde se met à l’arrêt. Il est probable que nous assistions au début de la pire dépression économique mondiale jamais survenue en temps de paix, tant les dettes des États, des entreprises et des particuliers sont démentielles partout dans le monde, et tant les bilans des banques centrales (Fed, BCE, Japon) ont de plus en plus à leur actif des créances gigantesques irrécouvrables.

  • Covid-19 : Se libérer d’une obsession paralysante ?, par Christian Vanneste.

    Le professeur Raoult est-il un génie ou un fou ? C’est plutôt un original d’une banalité exceptionnelle ! A l’aube de la grande peur du Coronavirus, il déclare : « Le virus ? Fin de partie ! » Les informations qu’il avait reçues de Chine et l’usage de la chloroquine apportaient selon lui la solution à l’épidémie. Depuis, il a persévéré dans sa thérapie, avec des succès évidents, immédiatement contestés par tout un aréopage de sommités médicales, installées plus que lui dans les institutions.

    christian vanneste.jpgSur les plateaux, des « autorités » médiatiques, comme Alain Duhamel ou Maurice Szafran sont allées jusqu’à l’injurier. Lui a tranquillement, mais avec une certaine rudesse dans le ton, continué à s’affirmer comme le « docteur » qui soigne toujours des malades et qui n’a pas de leçon à recevoir de ceux qui depuis vingt ans n’en ont pas vu un seul, un chercheur de renommée mondiale, mais qui préfère aux méthodes académiques, un empirisme d’autant plus nécessaire qu’il vise à guérir des hommes et des femmes en danger de mort, et non à considérer ceux-ci comme des objets d’expérience destinés à découvrir un remède, ou un vaccin, lorsque le virus aura peut-être disparu. Quant aux vedettes des plateaux et aux journalistes qui parlent de sujets dont ils ignorent tout, et entretiennent la panique mondiale, c’est peu dire qu’il se moque totalement de leurs bavardages ! Le grand paradoxe de Didier Raoult est d’être anticonformiste par excès de bon sens ! C’est un scientifique qui a lu Popper, qui croit avoir découvert une solution, mais ne la tient nullement pour une vérité définitive, pas plus qu’il ne prétend tout connaître d’un virus alors qu’il est un virologue reconnu.

    Dans un échange avec Guillaume Durand, qui a été prudent et déférent, contrairement à Patrick Cohen, renvoyé dans sa niche sans ménagement, Didier Raoult a fait allusion à « Simulacre et simulation » de Jean Baudrillard. Cette référence indique chez le « docteur » marseillais un degré de réflexion particulièrement rare dans l’ambiance actuelle. Avec son sens aigu de la provocation, il souligne que des épidémies sont passées inaperçues, alors qu’elle étaient comparables à celle du covid-19. En 2017, une épidémie de grippe identifiée majoritairement au virus H3N2, avait tué près de 15 000 personnes en France, la surmortalité dépassant les 20 000 décès cette année-là. Elle avait touché en priorité des personnes âgées de plus de 75 ans, souvent atteintes d’autres pathologies. La comparaison des chiffres peut surprendre, car ce phénomène, dont on a à peine parlé, a laissé peu de traces dans les mémoires, et n’a pas mis la planète en panne. On parle actuellement de 150 000 morts dans le monde, alors que la grippe saisonnière tue 650 000 personnes par an. Par ailleurs, on observe l’absence d’une surmortalité cette année, en raison de facteurs, comme la rareté des accidents de la route, expliquée par le confinement.

    Cette prise de distance par rapport à l’ambiance obsessionnelle dans laquelle nous sommes plongés crée un certain vertige. Quelle est la réalité de cette menace qui a conduit le monde entier à vivre différemment ? Nous avons franchi le miroir et sommes installés dans un univers parallèle où énormément de choses sont inversées. Tandis que policiers et gendarmes taxent lourdement les récalcitrants à l’enfermement général des honnêtes gens, on libère massivement les délinquants qui risqueraient d’incendier les prisons. Toutes les caméras sont braquées sur la conférence quotidienne du grand maître de l’épidémie, tandis que l’assassinat de deux personnes par un islamiste soudanais, est rangé dans la rubrique « faits divers », l’acte d’un déséquilibré. Les violences anti-policières dans certains quartiers sensibles sont carrément ignorées des grands médias. Nous vivions depuis près de trois ans sous un régime qui se voulait progressiste appuyé sur un parti « en marche », et il a mis la France aux arrêts, donnant la possibilité à un homme jeune qui n’a guère la figure d’un père de la nation de prononcer un discours paternaliste d’union nationale, qui fait penser davantage à Pétain qu’à De Gaulle ou à Mendès-France. Nous avions le souci de rétablir les équilibres financiers du pays, et une sorte de planche à billets magique fait espérer que le monde d’avant sera retrouvé avec une grosse enflure de la dette, comme si l’argent n’avait aucune réalité.

    Le débat sur la chloroquine a pris une étonnante coloration politique. Aux Etats-Unis, les Républicains, derrière Trump sont pour, les démocrates contre. En France, on observe que les macroniens y sont plutôt hostiles et les opposants favorables. Le président, bien sûr, flatte « en même temps » les deux camps. Bref, on sent sur la pandémie se projeter un conflit idéologique, pour le coup virulent, qui n’a pas grand chose à voir avec la science, comme si le simulacre du jeu politique cachait la vérité scientifique, laquelle n’est d’ailleurs pas clairement établie. Une telle réflexion sera déclarée « complotiste… » . Les hypothèses de « complot » ne manquent pas, en effet entre celle de Luc Montagnier d’une fabrication du virus, jusqu’à celle d’une opportunité sur le chemin vers un gouvernement mondial. Le Covid-19 ne serait-il qu’une grande illusion collective stimulée par la peur et le déni de la mort, absents des esprits à la fin de la Grande Guerre, une vraie guerre, celle-là, lorsque la grippe espagnole expédia 50 millions de Terriens dans l’autre monde ? Le débat, en France particulièrement, sur la sortie de crise, outre qu’il a l’avantage de faire oublier le caractère calamiteux de l’entrée, nous ramène dans une réalité moins relative : devant ce genre de défis, la réponse est-elle plus d’autonomie, plus d’indépendance ou plus d’intégration européenne voire mondiale ? De la coopération, certes, mais sans être dépendant d’Etats et de peuples qui manifesteront toujours leur égoïsme. Le réalisme politique doit subsister même lorsque la philosophie nous apprend à douter du réel.

  • Il le dit, mais le fera t'il vraiment ? Macron veut ”rebâtir notre souveraineté”...

    Macron nous a trop habitué aux belles paroles et aux incantations; en face des faits -  qui sont têtus - il se réfugie régulièrement derrière des formules bien tournées qui n'ont qu'un défaut : celui de n'être jamais en accord avec les réalités... Voilà pourquoi aujourd'hui, alors qu'il a sa part personnelle de responsabilité dans la crise sanitaire, lui qui n'a pas voulu, lorsqu'il était ministre, pérenniser notre stock d'un milliard de masques, nous sommes très peu enclins à lui faire confiance, à croire encore à ce qu'il dit...

    Nous relayons donc - par devoir d'objectivité, mais sans la moindre illusion - ce qu'on peut lire sur Figaro Vox à propos des déclarations d'intention d'Emmanuel Macron : il n'a à s'en prendre qu'à lui-même si de moins en moins de gens - et nous en faisons partie - ne croient plus un seul mot de ce qu'il dit...

    Sur le site de la PME Kolmi-Hopen, dans la banlieue d'Angers, le chef de l'État a dit vouloir atteindre «l'indépendance pleine et entière» de la France dans la production de masques «d'ici la fin de l'année».

    Simple changement de ton ou véritable changement de pied ? En marge d'un déplacement sur le site de l'usine de masque de la PME Kolmi-Hopen, dans la banlieue d'Angers (Maine-et-Loire), Emmanuel Macron a renoncé à ses traditionnels accents libéraux, et opté pour un discours nettement plus souverainiste. Conscient de la «très forte tension» à laquelle nous sommes mondialement «soumis» en matière d'équipements de protection contre le coronavirus, le président de la République a pris plusieurs engagements sur le plan national.

    Concrètement, le chef de l'État a dit souhaiter «l'indépendance pleine et entière» de la France «d'ici la fin de l'année» dans la production de masques, qu'ils soient FFP2, chirurgicaux, ou de catégories 3 et 4. «Fin avril nous serons à plus de 10 millions» de masques fabriqués en France, a-t-il ainsi indiqué, et «nous continuerons cet effort». De même, il a confirmé qu'un consortium de quatre grands groupes industriels venait de se créer, avec l'objectif de fabriquer «d'ici mi-mai 10.000 respirateurs» pour équiper les hôpitaux débordés par les cas graves de malades. Ce groupement d'entreprises, mené par Air Liquide, est composé du spécialiste des équipements électriques Schneider Electric, de l'équipementier automobile Valeo et du constructeur PSA.

    «Produire davantage en France et retrouver cette indépendance»

    Afin de pouvoir «passer les commandes» dont le pays a besoin, le chef de l'État a notamment annoncé une dotation «exceptionnelle» de 4 milliards d'euros à Santé publique France. «Pour mener ce combat contre le virus, dans un contexte où toutes les certitudes sont balayées? (...) nous avons, bien sûr, eu une stratégie de commande, d'importation. Mais notre priorité, aujourd'hui, est de produire davantage en France. Et de produire davantage en Europe», a-t-il indiqué. «Le jour d'après ne ressemblera pas au jour d'avant. Nous devons rebâtir notre souveraineté nationale et européenne», a-t-il résumé, avant d'assurer qu'il avait toujours été sur cette ligne.

    «Nous avons commencé avant crise, et vous m'avez souvent entendu vous en parler. Nous avons passé des réformes qui permettent à notre pays d'être plus compétitif. Mais il nous faut retrouver la force morale et la volonté pour produire davantage en France et retrouver cette indépendance. C'est ce que nous commençons à faire avec force et courage, sur les produits de première nécessité pour cette crise. C'est ce que nous continuerons à faire le jour d'après. Souveraineté, et solidarité», a détaillé Emmanuel Macron.

    L'opposition «irresponsable» de faire des procès «alors que nous n'avons pas gagné»

    Selon lui, seule la «France unie dont nous avons aujourd'hui ici le visage (et) qui, partout en France, se déploie avec force et qui nous permettra de gagner contre cet ennemi invisible car il n'est pas invincible». «Cela ne serait pas possible sans l'engagement de femmes et d'hommes qui ne comptent pas leurs heures et qui, avec courage, sont là pour faire avancer le pays. (...) C'est cette France unie à laquelle je crois», a-t-il développé, reprenant la formule mitterrandienne, que l'ancien président socialiste avait érigée en slogan sur ses affiches de campagne pour sa réélection en 1988.

    En conclusion de sa prise de parole, Emmanuel Macron a profité de la question d'un journaliste pour régler quelques comptes avec une partie de l'opposition, dont les leaders ne sont selon lui pas à la hauteur du moment. «Mon tempérament n'est jamais de m'exonérer de quoi que ce soit. Mais j'ai un principe simple : quand on mène une bataille, on doit être uni pour la gagner. Et je pense que, toutes celles et ceux qui cherchent déjà à faire des procès alors que nous n'avons pas gagné la guerre sont irresponsables. Le temps viendra de la responsabilité. Et à ce moment-là, la transparence complète devra être faite. Mais j'appelle d'abord à la dignité et à l'esprit de responsabilité celles et ceux qui construisent des certitudes avec les connaissances d'aujourd'hui quand ça n'était pas celles d'hier.»

    «Vous savez, je pourrais retrouver les paroles de toutes celles et ceux qui vous expliquent les grandes difficultés et qui, quelques jours avant ma première allocution du 12 mars, expliquaient qui 'il serait indigne de reporter les élections municipales', qui 'tout cela est une mise en scène du gouvernement et va trop loin'... Donc tout le monde a appris, et nous apprenons tous avec beaucoup d'humilité parce que cette pandémie est inédite».

    Source : https://www.lefigaro.fr/vox

     

  • Société • Bock-Côté : « La cité est périssable, mais c'est la grandeur de l'homme de vouloir faire durer le monde qui

    Par Mathieu Bock-Côté 

    blue-wallpaper-continuing-background-wallpapers-bigest-images - Copie.jpgLe « conservatisme » ainsi défini, nous l'acceptons. Il est nôtre, même si nous n'avons jamais beaucoup aimé le mot s'il signifie « conservation molle de l'existant ». C'est à dire de la modernité y compris en ce qu'elle a de plus détestable. Si on lit cet article, qui est important, on verra que ce n'est pas du tout le sens que Mathieu Bock-Côté donne à conservatisme et encore moins le fond de sa riche pensée. Lafautearousseau reprend ces réflexions parce qu'elles comptent et qu'elles doivent être connues des royalistes. Notamment de nos lecteurs. [Le Figaro, 29.12]LFAR

     

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    On a beaucoup glosé ces dernières années sur le conservatisme, dont la renaissance intellectuelle est indéniable.

    Si tous les intellectuels qu'on y associe ne revendiquent pas nécessairement cette étiquette, ils s'inscrivent néanmoins dans la perspective d'une modernité sceptique, que ce soit en critiquant l'immigration massive, le féminisme pudibond, le bougisme qui arrache l'homme à sa demeure ou le manichéisme historique qui réduit l'aventure des nations à un affrontement bête et stérile entre les gentils et les méchants.

    Ces dernières années, le système médiatique en est même venu à parler, devant ce mouvement, d'un renversement d'hégémonie, en s'alarmant de la montée en puissance des « réacs » qu'il ne serait plus possible de ne pas entendre, ce qui serait apparemment embêtant. La formule était pourtant exagérée et reposait sur une double illusion. La gauche a été si longtemps dominante qu'il lui suffit d'être critiquée pour se croire assiégée. Inversement, la droite a été si longtemps silencieuse, et même humiliée, qu'il lui suffit d'être entendue pour se croire dominante. Dans la réalité, la mouvance conservatrice demeure médiatiquement et intellectuellement très minoritaire, et chacune de ses audaces se paie normalement du prix d'un scandale.

    Qu'est-ce que les conservateurs veulent conserver ? Ce n'est pas d'hier qu'on se le demande, souvent avec un brin de moquerie. Ne sont-ils pas que les héritiers mélancoliques d'un monde déjà perdu, qu'ils enchantent rétrospectivement par la magie du souvenir ? Ce procès est injuste, d'autant qu'il y a une grandeur certaine dans le fait de défendre après la défaite le souvenir de ce qui n'aurait pas dû tomber. Dans Rue Corneille, un beau livre de 2009, Denis Tillinac présentait avec tendresse Régis Debray comme un « gardien des ruines de la civilisation occidentale », un titre qu'il pourrait revendiquer aussi et qui n'a rien de déshonorant.

    Le sentiment de la fin d'un monde hante notre temps et il inspire souvent une posture résignée ou apocalyptique. Les adeptes de la première pleurent un monde perdu mais se font une raison en méditant sur l'œuvre du temps qui use toutes les civilisations, et contre lequel il serait vain de combattre. Les adeptes de la seconde maudissent cette décomposition qui les transforme en exilés de l'intérieur. Mais s'ils ne s'interdisent pas de rompre des lances contre l'époque qui vient, c'est généralement sur le mode du baroud d'honneur, à la manière de la dernière charge héroïque des vaincus.

    Ce sont là les deux pièges psychologiques qui guettent les conservateurs qui ont intériorisé trop intimement le mythe du progrès et qui poussent les hommes à la démission mentale. La modernité tend à dissoudre les sociétés dans le culte du mouvement perpétuel : elle fait déchoir tous les héritages en arrangements temporaires qu'il devient nécessaire de dépasser. Tout ce qui semblait devoir durer sera un jour périmé. Dès lors, quiconque refuse de suivre le rythme de la modernité sera un jour décrété conservateur, puis réactionnaire. Pour éviter la mauvaise réputation, plusieurs préfèrent alors la soumission. Car la modernité ne veut pas seulement qu'on l'accepte mais qu'on l'encense.

    Une nouvelle tentation totalitaire traverse l'Occident: celle d'un monde absolument transparent délivré de ses contradictions, purement malléable et soumis à toutes les formes d'ingénierie sociale, culturelle ou biotechnologique. Elle se réclame de l'émancipation totale du genre humain. C'est en son nom qu'on décrète que les peuples sont des constructions artificielles à dissoudre dans une diversité rédemptrice ou qu'on veut conjuguer la pédagogie avec l'esprit de table rase, pour immuniser l'enfant contre l'héritage au nom de sa supposée pureté virginale. C'est en son nom aussi qu'on décrète que la filiation est une fiction archaïque qu'on doit liquider pour redéfinir la famille dans une perspective exclusivement contractualiste. On pourrait multiplier les exemples.

    Mais l'âme humaine n'est pas d'une plasticité infinie. L'homme nouveau des progressistes ne sera jamais rien d'autre qu'une version mutilée de l'homme éternel. C'est une chose d'accepter la modernité, c'en est une autre de se définir intégralement à l'aune de ses catégories. À travers le conservatisme, l'homme moderne redécouvre les permanences anthropologiques qui structurent intimement la nature humaine et dans lesquelles il peut toujours puiser pour revitaliser ses libertés. De là la nécessité de les reconstruire politiquement. La cité est périssable, mais c'est la grandeur de l'homme de vouloir faire durer le monde qui est le sien. Ce que l'on nomme conservatisme n'est peut-être rien d'autre que la traduction intellectuelle de l'instinct de survie d'une civilisation qui ne voit pas pourquoi elle s'enthousiasmerait à l'idée de sa disparition.   

    Mathieu Bock-Côté 

    Le-nouveau-regime.jpgMathieu Bock-Côté est docteur en sociologie, chargé de cours aux HEC à Montréal et chroniqueur au Journal de Montréal et à Radio-Canada. Ses travaux portent principalement sur le multiculturalisme, les mutations de la démocratie contemporaine et la question nationale québécoise. Il est l'auteur d'Exercices politiques (éd. VLB, 2013), de Fin de cycle: aux origines du malaise politique québécois (éd. Boréal, 2012) et de La dénationalisation tranquille (éd. Boréal, 2007). Ses derniers livres : Le multiculturalisme comme religion politiqueaux éditions du Cerf [2016] et le Le Nouveau Régime (Boréal, 2017). 
  • Mathieu Bock-Côté : « L'occupation touristique planétaire est une dépossession »

    Le Mont Saint-Michel rongé par les masses de touristes

     

    soleil.jpgMathieu Bock-Côté s'alarme des méfaits du tourisme de masse qui produit une véritable dénaturation tant du voyage lui-même que des villes et des pays visités, en réalité à la manière d'un flot invasif. [Le Figaro, 10.08]. Peut-on « espérer que le tourisme se civilise après s'être démocratisé. » Force est de constater que nous n'en prenons pas le chemin. Il faudrait, nous semble-t-il, que l'ensemble de l'édifice social se recivilise après s'être démocratisé...  LFAR

     

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    D'une année à l'autre, la belle saison confirme le statut de la France comme première destination touristique mondiale. On a d'abord tendance à s'en réjouir: n'est-ce pas le plus beau compliment que le monde puisse lui adresser ? On se rue vers elle pour admirer l'incroyable travail des siècles sur un territoire modelé par l'homme, qui a su à la fois fonder villes et villages, élever des cathédrales et dessiner des paysages. Si l'Amérique fascine spontanément qui veut contempler la nature sauvage et les grands espaces, l'Europe attire ceux qui s'émeuvent à bon droit de l'empreinte humaine sur la planète. S'ajoutent à cela des considérations prosaïques élémentaires : le tourisme est une industrie extrêmement lucrative. Qui serait assez bête pour se désoler de son expansion et des milliards qui l'accompagnent ?

    Mais on se désenvoûte assez rapidement de ce beau récit pour peu qu'on pense le tourisme de masse non plus seulement comme une opportunité économique mais 9782081365452.jpgcomme un phénomène politique. D'ailleurs, dans La Carte et le territoire, Michel Houellebecq s'était déjà inquiété de ce qu'on pourrait appeler le devenir touristique de l'Europe, soit celui d'une civilisation s'offrant à l'humanité comme parc d'attractions, comme si elle n'avait plus que des vestiges monumentaux mais vidés de toute sève à présenter au monde. En se réinventant par sa promotion du tourisme de masse, elle consentirait à sa muséification définitive. Elle ne serait plus qu'un décor déshabité, témoignant d'une gloire passée qu'il ne viendrait à personne l'idée de restaurer. La gloire témoigne de temps tragiques et nous souhaitons plus que tout habiter une époque aseptisée.

    La logique du circuit touristique planétaire est facile à reconstruire. Lorsque le système du tourisme mondialisé happe un lieu, celui-ci est progressivement vidé de sa population, comme s'il fallait effacer une présence humaine résiduelle, datant de l'époque où la ville était d'abord habitée avant d'être visitée. Les derniers résidents sont de trop, sauf s'ils savent se plier à la nouvelle vocation du lieu.

    Globalement, les habitants seront remplacés par des employés convertis à la logique du capital mondialisé qui sont souvent d'ailleurs habitués à tourner dans son circuit. La population locale en vient même à reconnaître implicitement un statut d'extraterritorialité symbolique aux lieux sous occupation touristique. Elle devient elle-même touriste en son propre pays lorsqu'elle fréquente ces lieux.

    Sans surprise, ce sont les plus beaux quartiers qui sont ainsi arrachés de la ville où ils ont été construits pour accueillir les touristes qu'on peut se représenter comme l'armée de la mondialisation, qui partout, impose ses codes. C'est peut-être une figure nouvelle du colonialisme. Paradoxe : d'un côté, la ville vidée de son peuple est invitée à conserver ce qui la caractérise, à la manière d'un folklore pour ceux qui sont en quête d'authenticité, mais de l'autre, elle doit offrir les mêmes facilités et les mêmes enseignes qu'on trouve partout sur la planète, du magasin de luxe au Starbucks. Il ne faudrait surtout pas que le touriste se sente trop loin de chez lui. S'il égrène fièrement les destinations où il est passé, il ne cherche la plupart du temps qu'un dépaysement soft. S'il était vraiment ailleurs, ce serait probablement pour lui l'enfer. Le moderne vante les mérites de l'autre mais ne le voit jamais qu'à la manière d'une copie du même.

    C'est bien une dynamique de dépossession qui caractérise le tourisme de masse. Et ses ravages sont indéniables. Des masses humaines se jettent à un pas rythmé par les chansons mondialisées à la mode sur des destinations choisies et en viennent à les défigurer complètement. Elles n'ont souvent qu'un objectif: « immortaliser » leur passage avec un selfie destiné aux réseaux sociaux, au point même où la première chose qu'on croise aujourd'hui en voyage, ce sont d'exaspérants badauds qui se prennent en photo. Devant cette sauvagerie molle et souriante, certains en appellent à une résistance politique. On apprenait ainsi récemment que Venise, Barcelone, Dubrovnik ou Santorin cherchent activement des mesures pour contenir le flot humain qui les engloutira. Une chose est certaine : si le monde entier devient une destination touristique, plus personne ne sera chez lui et tout le monde sera chassé de chez soi.

    On voit là comment le système de la mondialisation s'empare du monde. On a beaucoup parlé ces dernières années du concept de France périphérique, formulé par Christophe Guilluy, qui sert à désigner les populations laissées de côté par la mondialisation. On pourrait en élargir la signification en parlant plus simplement des populations qui sont refoulées non seulement territorialement mais symboliquement à l'extérieur du système de la performance mondialisée parce qu'elles ne sont pas suffisamment adaptables, mobiles et interchangeables. On les juge mal préparées aux règles du nouveau monde de la mobilité maximale. Ce sont des populations retardataires, attachées à un lieu, une langue et peut-être même une tradition. Un tel enracinement ne se pardonne pas. On ne saurait jamais, sous aucun prétexte, être en décalage avec les exigences de ce qui passe pour la modernité.

    Ici et là, la critique du tourisme de masse se fait heureusement entendre, même si elle peut aussi devenir agaçante. On brandit facilement, en prenant la pose dandy, une éthique du voyageur qui saurait se glisser subtilement dans la ville, en laissant entendre que le voyage devrait être le privilège exclusif du petit nombre. Mais ce réflexe aristocratique porte une leçon intéressante. Le génie du voyageur authentique tient moins dans la consommation des destinations recherchées où il vivra des expériences préformatées que dans sa capacité à habiter plus d'un endroit dans le monde, en y développant ses habitudes, ce qui implique de prendre le temps de se familiariser avec les mœurs locales. Il n'est pas interdit d'espérer que le tourisme se civilise après s'être démocratisé et que les hommes se rappellent que le monde n'a pas pour vocation à se plier aux désirs de ceux qui fardent leur pulsion de conquête en sophistication cosmopolite.   ■

    Mathieu Bock-Côté        

    XVM7713ddbc-9f4e-11e6-abb9-e8c5dc8d0059-120x186.jpgMathieu Bock-Côté est docteur en sociologie, chargé de cours aux HEC à Montréal et chroniqueur au Journal de Montréal et à Radio-Canada. Ses travaux portent principalement sur le multiculturalisme, les mutations de la démocratie contemporaine et la question nationale québécoise. Il est l'auteur d'Exercices politiques (éd. VLB, 2013), de Fin de cycle: aux origines du malaise politique québécois (éd. Boréal, 2012) et de La dénationalisation tranquille (éd. Boréal, 2007). Son dernier livre, Le multiculturalisme comme religion politique, est paru aux éditions du Cerf [2016].

     

    Sur le même sujet lire aussi dans Lafautearousseau ... 

    Marin de Viry : « Comment le tourisme de masse a tué le voyage »

  • Alain de Benoist : « L’Union européenne est en train de se casser sur la question des migrants »

     

    Par Alain de Benoist

    TRAVAUX DIVERS - Largeur +.jpgCes derniers jours, Alain de Benoist a donné à Boulevard Voltaire plusieurs entretiens qui nous intéressent à l'évidence. Celui-ci [16.08] traite de l'impact de la crise des migrants sur l'Union Européenne. Une idée intéressante et positive d'Alain de Benoist, que nous avons nous-mêmes développée à plusieurs reprise ici, est que « L’Europe se disloque, mais aussi se recompose ». Même s'il ne faut pas se cacher les difficultés et les limites de cette recomposition embryonnaire, il y a là la perspective d'une Europe des Etats, des nations et des peuples, qui pourrait se construire enfin sur de bons et sains principes.     LFAR   

     

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    En s’amplifiant, la crise des migrants semble en train d’aboutir à une crise institutionnelle en Europe. Quand la fronde anti-migratoire ne concernait que des pays « mineurs » et « lointains » (Pologne ou Hongrie), la Commission européenne pouvait encore traiter cette affaire par le mépris. Mais quand c’est l’Italie, pays fondateur de l’Europe, qui tape du poing sur la table, l’affaire ne prendrait-elle pas une autre tournure ?

    Les historiens de l’avenir retiendront que l’Union européenne, qui avait survécu tant bien que mal à un élargissement hâtif, à un déficit de démocratie permanent et à la crise de l’euro, est aujourd’hui en train de se casser sur la question des migrants. C’est un tournant effectivement historique, mais peut-on s’en étonner ? Au fil des années, les pathologies sociales liées à l’immigration ont fini par occuper la première place dans les préoccupations des Européens. Les gens ne supportent tout simplement plus ce qu’ils perçoivent comme une « invasion » ou une « submersion », et ils le supportent d’autant plus mal qu’ils ont l’impression que les flux ne sont pas près de se ralentir. Plus important encore, ils ne croient plus ceux qui, depuis des années, leur expliquent doctement que l’immigration est une « chance » économique et démographique, et qu’il faut avoir le cœur singulièrement sec pour ne pas y voir aussi une « obligation morale ». Les Français sont volontiers xénophobes, mais absolument pas racistes (les Allemands, c’est le contraire). Ils savent bien que ce ne sont pas les « préjugés » qui leur gâchent la vie. Bref, ils voient ce qu’ils voient, et ils savent qu’ils le voient.

    Initiative-Trois-Mers-Europe-centrale-e1530718860778.jpgL’Europe se disloque, mais aussi se recompose. Les pays d’Europe centrale, qui ne veulent pas se transformer à leur tour en caravansérails, se retirent du jeu. On dit qu’ils se replient sur eux-mêmes, mais ils s’associent entre eux. Non seulement les pays du groupe de Visegrád (Hongrie, Pologne, République tchèque et Slovaquie) s’opposent frontalement aux consignes immigrationnistes de la Commission de Bruxelles, mais ils ont aussi rallié l’Initiative des trois mers, lancée il y a trois ans par le président polonais Andrzej Duda et la présidente croate Kolinda Grabar-Kitarović, qui comprend également les trois pays baltes, l’Autriche, la Slovénie, la Croatie, la Roumanie et la Bulgarie. Ce bloc de douze pays et de 120 millions d’habitants, s’étendant de la Baltique à l’Adriatique et à la mer Noire, pourrait bien constituer l’embryon d’une autre Europe.

    Les sondages montrent que la question migratoire arrive depuis longtemps en tête des préoccupations des Français et des Européens, et que l’hostilité à l’immigration ne fait que croître. Pourquoi les gouvernements n’en tiennent-ils pas compte, alors que cela risque de leur coûter politiquement très cher ?

    D’abord parce qu’ils sont tétanisés par les lobbies associatifs et médiatiques, qui répètent soir et matin les mantras du politiquement correct. Ils ne veulent les affronter à aucun prix. Mais la raison la plus profonde est qu’ils sont eux-mêmes acquis à l’idéologie dominante. Or, du point de vue de l’idéologie dominante, l’immigration n’est pas un problème et ne peut pas en être un, puisque les cultures et les peuples comptent pratiquement pour rien. Seuls comptent les individus. Toute réglementation de l’immigration revient à violer le principe libéral selon lequel on ne peut accepter l’utilisation des aspects contingents de l’identité des individus, à commencer par leur origine ou leur appartenance socioculturelle, pour légitimer des « inégalités de traitement ».

    Le libéralisme aborde la question dans une optique purement économique : l’immigration se résume à une augmentation du volume de la main-d’œuvre et de la masse potentielle des consommateurs. Elle se justifie, en outre, par l’impératif de libre circulation des hommes, des capitaux et des marchandises. Un million d’extra-Européens venant s’installer en Europe, c’est donc seulement un million d’individus qui viennent s’ajouter à d’autres millions d’individus. Le problème, c’est que les habitants du pays d’accueil, eux, ne voient pas arriver des « individus » mais des contingents de Maliens, de Sénégalais, de Maghrébins, de Pakistanais, etc., dont ils constatent qu’ils sont porteurs de mœurs difficilement conciliables avec les leurs. C’est ce qui fait toute la différence.

    En Italie, l’union des populistes de gauche (M5S) et de droite (la Ligue) est une nouveauté par rapport à l’Autriche, par exemple, avec sa coalition droite-extrême droite. Ce phénomène est-il spécifiquement italien ou peut-il survenir dans d’autres pays, dont la France, toujours à la recherche de son éternelle « union des droites » ?

    Les phénomènes politiques de grande ampleur s’exportent rarement à l’identique d’un pays à l’autre, mais y prennent plutôt des formes différentes. Il en va ainsi des mouvements populistes, qui ne cessent aujourd’hui de monter dans toute l’Europe, mais qui s’y configurent de manière variable. Ils ont, cependant, un trait essentiel en commun. C’est que le sentiment d’insécurité culturelle suscité par la vague migratoire ne suffit pas à expliquer le populisme. Il ne commence à y avoir de populisme que là où l’insécurité économique et sociale s’ajoute à l’insécurité culturelle, essentiellement dans les couches populaires et dans une partie (grandissante) des classes moyennes. C’est pour cela que le clivage « exclus d’en bas contre nantis d’en haut » se substitue de plus en plus au clivage gauche-droite. Et c’est exactement ce qui se s’est passé en Italie, pays en première ligne face aux flux migratoires, mais qui a aussi été très gravement touché par la crise financière de 2008. N’en doutons pas, c’est ce qui va se produire de plus en plus ailleurs. 

    Intellectuel, philosophe et politologue

     
     
    Entretien réalisé par Nicolas Gauthier