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Rechercher : Rémi Hugues. histoire & action française. Rétrospective : 2018 année Maurras

  • Cinéma • « Silence » de Scorsese, au cœur des ténèbres

     

    Par Marie-Noëlle Tranchant 

    À l'occasion de la sortie du film sur le martyre des chrétiens au Japon, le Père Guilhem Causse, jésuite, éclaire la vision profonde et complexe du cinéaste américain. Marie-Noëlle Tranchant donne ici [Figarovox, 8.02] une excellente critique de ce qui semble être un très beau film qui traite, l'horizon en fût-il lointain, de nos racines chrétiennes. Les cinéphiles donneront leur avis.  LFAR

     

    139.jpgIl y a déjà près d’un siècle que François Xavier est venu annoncer l’Évangile au Japon (en 1542), lorsque se déroulent les événements qui forment la trame de ­Silence. Les missionnaires jésuites, d’abord bien accueillis, ont suscité de nombreuses conversions, tant parmi les seigneurs que dans la population paysanne. Mais les bouleversements économiques et politiques ont amené la fermeture du pays aux étrangers.

    L’expulsion des missionnaires, en 1587, est suivie du martyre des Japonais chrétiens (les crucifixions de Nagasaki, 1797). Ceux qui ne succombent pas ou ne renient pas leur foi (apostasie) deviendront des « chrétiens cachés ». Et les suspects doivent abjurer régulièrement leur foi en piétinant l’image du Christ.

    La question de l’apostasie est au cœur de l’histoire de Silence, à travers les personnages du jésuite Rodrigues et du Japonais Kichijiro. La foi personnelle peut-elle subsister après un reniement forcé sous la torture ? Le père Guilhem Causse, jésuite, éclaire la vision profonde et complexe de Scorsese.

    Au moment de marcher sur l’image, Rodrigues perd pied, s’effondre : comme Pierre marchant sur les eaux. « Homme de peu de foi » dit Jésus.  Trop peu de foi dans le don de Dieu, trop de foi en sa propre force, jusqu’à l’effondrement et la main de Jésus qui vient le saisir. C’est la foi comme un don, plus fort que la foi en sa propre force. Le chant du coq alors retentit : c’est bien à Pierre que Rodrigues est identifié.

    Dans le film, l’apostasie de Kichijiro et de Rodrigues est le moment où la foi est accueillie. La foi n’est pas un socle qu’on garderait intact au fond de soi : elle est un don, elle est Dieu qui se donne lui-même, sa présence. Mais le film présente aussi la figure de chrétiens qui vivent cette foi comme une force et une voix qui les fait tenir jusqu’au supplice. Les uns comme les autres ont en commun, selon l’espérance chrétienne, d’avoir donné priorité à la volonté de Dieu sur leur volonté propre, sachant que la volonté de Dieu est que tous les hommes vivent de son amour et que le mal dans le monde soit vaincu. 

    Cette universalité de l’Évangile est un autre thème de Silence, qui a des résonances très actuelles. Y aurait-il des civilisations, des cultures, incompatibles avec le message du Christ, comme le prétend Inoué, shogun et grand inquisiteur, pour qui le christianisme est foncièrement étranger à la nature japonaise.

    Selon le père Guilhem Causse, l’écrivain Endo critique l’aspect européen d’un Dieu qui juge et sanctionne.

    Pour la culture japonaise, Dieu est d’abord entrailles miséricordieuses. Ces deux aspects, de justice et de miséricorde, sont présents dans la Bible et la tradition chrétienne : la civilisation japonaise est ainsi non seulement compatible avec le christianisme, mais elle vient rappeler aux Européens une dimension qu’ils risquent d’oublier.

    Le film de Scorsese est davantage attentif à une autre question : qu’est-ce que la foi ? Qu’est-ce que nous dit de la foi, le fait que l’Église - la communauté de ceux qui mettent leur foi en Christ - soit fondée sur Pierre, qui a renié le Christ par trois fois ? Il y a là une question qui ne peut laisser aucun chrétien indifférent, qu’il soit japonais ou français.  • 

    Marie-Noëlle Tranchant     

     

  • Bientôt, nous brûlerons des livres

    « La mode est à la guerre aux statues » 

     

    Par  Mathieu Bock-Côté

    Cette tribune [31.08] est de celles que Mathieu Bock-Côté donne sur son blogue du Journal de Montréal. Il est vrai que nous reprenons volontiers et souvent ses écrits tant il sont pertinents, proches de nos propres idées, et collent, de façon vivante, intelligente et claire, à l'actualité la plus intéressante. Comment n'adhérerait-on pas à ce qui est dit ici ?  LFAR  

     

    501680460.5.jpg

    La mode est à la guerre aux statues. Et je ne parle pas seulement des statues des généraux confédérés de la guerre de Sécession, comme on le voit aux États-Unis.

    Un peu partout, en Occident, des groupuscules militent pour faire tomber celles de personnages qui ne sont plus dans les bonnes grâces de notre époque. Ou alors, tout simplement, ces militants ne les aiment pas. On a même appris qu’à New York, la statue de Christophe Colomb est dans le viseur du maire : elle représenterait la haine. Ah bon.

    Statues

    Dans les prochains temps, on peut s’attendre à la multiplication des cibles.

    Et on ne s’arrêtera pas en si bon chemin. Avant-hier, on apprenait qu’un cinéma de Memphis, au Tennessee, a déprogrammé Autant en emporte le vent, un authentique chef-d’œuvre de l’histoire du cinéma.

    Pourquoi ? Parce qu’il représenterait une vision du passé américain heurtant la sensibilité de certains militants particulièrement zélés.

    Alors vite, on le censure. C’est ainsi qu’on étouffe aujourd’hui la culture et la liberté d’expression. Quel sera le prochain film déprogrammé ? Vive l’interdit !

    Sans trop nous en rendre compte, nous entrons dans ce qu’on pourrait appeler la phase radicale de la révolution multiculturaliste. Et cela ne s’arrêtera pas. Tout ce qui, d’une manière ou d’une autre, contredit les valeurs de la « diversité » pourra désormais être mis en procès.

    Tôt ou tard, on brûlera des livres, ou du moins, on verra des militants rageurs faire le tour des bibliothèques pour les épurer. Au nom de la tolérance, on justifiera le fanatisme.

    À tel philosophe, on reprochera d’avoir justifié le colonialisme. À tel écrivain, on reprochera son « sexisme ». L’anachronisme s’allie au fanatisme. Tous finiront par y passer.

    Peut-être faudra-t-il une permission spéciale pour lire Aristote, Balzac, Flaubert, Houellebecq ou Kundera ?

    D’ailleurs, bien des intellectuels sont déjà jugés infréquentables. On a inventé pour eux un nouvel index. Qui dit leur nom passe pour un monstre.

    Il y aura toujours, ici ou là, un petit esprit pour crier au racisme et pour réclamer une purge.

    En fait, cela existe déjà. On appelle ça le politiquement correct, et il règne à l’université.

    Fanatisme

    C’est un paradoxe fascinant : officiellement, l’université repose sur le culte de la plus grande liberté intellectuelle qui soit. Dans les faits, elle couve un nouveau fanatisme qui s’est révélé ces derniers mois à travers l’annulation de nombreuses conférences.

    Les idées en contradiction avec la gauche multiculturaliste sont stigmatisées. S’il le faut, on misera sur la perturbation pour les interdire.

    D’une statue déboulonnée à un film déprogrammé, jusqu’aux livres qui seront tôt ou tard retirés de la circulation, on assiste à une entreprise d’éradication culturelle.

    Le constat est navrant : si les représentants autoproclamés d’une minorité victimaire pleurent en se disant blessés par une œuvre, nos dirigeants invertébrés se plieront devant eux et l’évacueront de l’espace public.

    Nous vivons dans une société de plus en plus étouffante, de moins en moins libre.  

    Mathieu Bock-Côté

    Mathieu Bock-Côté est docteur en sociologie, chargé de cours aux HEC à Montréal et chroniqueur au Journal de Montréal et à Radio-Canada. Ses travaux portent principalement sur le multiculturalisme, les mutations de la démocratie contemporaine et la question nationale québécoise. Il est l'auteur d'Exercices politiques (VLB éditeur, 2013), de Fin de cycle: aux origines du malaise politique québécois (Boréal, 2012) de La dénationalisation tranquille (Boréal, 2007), de Le multiculturalisme comme religion politique (éd. du Cerf, 2016) et de Le Nouveau Régime (Boréal, 2017).

  • Société • La tyrannie des minorités

     

    PAR MATHIEU BOCK-CÔTÉ

    Cette tribune [20.07] - d'une pertinence toujours égale - est l'une de celles que Mathieu Bock-Côté donne sur son blogue du Journal de Montréal. Il aura été depuis quelques temps déjà, non seulement un observateur lucide des évolutions politiques dans les pays dits encore occidentaux mais aussi de leur situation sociétale qui n'est pas de moindre importance.  L'esprit de ces chroniques, comme de celles qu'il donne au Figaro, est, au sens de la littérature et de l'histoire des idées, celui d'un antimoderne, même s'il n'est pas sûr qu'il accepterait cette qualification. Il s'est imposé, selon nous, comme un esprit de première importance.  LFAR 

     

    2760774407.2.jpgLa scène se passe à Londres, mais elle pourrait se dérouler n’importe où ailleurs en Occident.

    Le métro de Londres a décidé de changer sa manière de s’adresser à ses usagers. Il remplacera le traditionnel « Mesdames et Messieurs » par quelque chose comme « Bonjour tout le monde ». Adieu Ladies and Gentlemen !

    Pourquoi ?

    Transphobie

    Parce qu’il a cédé à la frange radicale de la mouvance LGBT qui considérait que le vocabulaire d’usage dans le métro était trop genré.

    La formule « Mesdames et Messieurs » consacrerait le règne du masculin et du féminin, ce qui exclurait ceux qui, pour une raison ou pour une autre, ne s’identifient à aucun des deux sexes. La rectitude politique triomphe.

    Mais quelle est la signification de ce délire ?

    On notera d’abord que ce changement témoigne du progrès de l’idéologie trans.

    Comme je l’écrivais dans cette chronique récemment, l’idéologie trans consiste à prendre la condition des trans comme nouvelle norme et à l’imposer à l’ensemble de la société.

    Notre société a décidé de s’ouvrir aux gens qui ont un trouble de l’identité sexuelle. C’est très bien. Elle les soutient et les accompagne dans leur quête.

    Mais doit-on, au nom de cette ouverture, censurer la presque totalité des repères de l’immense majorité de la population ?

    Père, mère, monsieur, madame, garçon, fille, ces mots sont-ils vraiment de trop ? Faut-il vraiment construire une société aseptisée ?

    On nous demande avec raison de faire preuve de courtoisie envers l’infime partie de la société qui se sent étrangère à son sexe de naissance.

    Mais il faudrait aussi faire preuve de courtoisie à l’endroit du commun des mortels et ne pas confondre la norme et la marge.

    On notera aussi que le moindre caprice idéologique des minorités radicales s’impose rapidement à nos dirigeants.

    Les différentes minorités autoproclamées, qui aiment se faire passer pour des victimes, sont de plus en plus tyranniques. Elles avancent leurs revendications et accusent d’intolérance ceux qui ne se soumettent pas immédiatement.

    Par exemple, on peut être assurés que si le métro de Londres avait clairement dit non à ceux qui voulaient gommer la référence à Mesdames et Messieurs, ses dirigeants auraient été accusés de « transphobie ».

    Officiellement, ce terme désigne ceux qui seraient intolérants envers les trans. Dans les faits, il sert très souvent à stigmatiser médiatiquement ceux qui ne se plient pas devant les injonctions de l’idéologie trans.

    Majorité

    Osons une question un peu sensible : qui croit que ces lobbies représentent vraiment ceux dont ils se réclament ?

    Ce n’est pas parce qu’un groupuscule se déclare représentant d’une partie de la population qu’il la représente vraiment.

    Dans le cas présent, on peut être à peu près certain que l’immense majorité de la population n’avait aucun problème avec le vocabulaire traditionnel du métro de Londres.

    L’heure est peut-être venue de résister aux lobbies victimaires. Il y a des limites à toujours se coucher par peur d’avoir une mauvaise réputation.

    N’est-ce pas Mesdames ? N’est-ce pas Messieurs ? 

    MATHIEU BOCK-CÔTÉ

  • Retour à Barcelone : Ce qu'en pense Mathieu Bock-Côté

     

    Par  Mathieu Bock-Côté

    Cette tribune [24.08] est de celles que Mathieu Bock-Côté donne sur son blogue du Journal de Montréal. Il revient ici avec de justes réflexions et des inquiétudes, bien-sûr, fondées, sur la tragédie de Barcelone et du terrorisme en général, dont nous avons nous-mêmes traité par deux fois. [Voir liens en fin d'article].   LFAR  

     

    501680460.5.jpgOn a peu parlé, ou du moins, trop peu parlé des attentats de Barcelone.

    Quinze personnes sont mortes, plus d’une centaine sont blessées. Pourtant, une fois la nouvelle connue, nous sommes vite passés à autre chose.

    Peut-être est-ce parce que nous sommes désormais habitués à la violence islamiste ? Autour de dix morts, on ne veut y voir qu’un fait divers. À cinquante morts, on est prêt à s’y intéresser quelques jours. 

    Nous sommes blasés. Nous ne parvenons même plus à nous révolter. Certains s’en réjouissent : ce serait une manière de vaincre le terrorisme que de faire comme s’il n’existait pas.

    C’est la stratégie de l’autruche.

    Terrorisme

    Et pourtant, cet attentat marque une étape supplémentaire dans la guerre de l’islamisme contre l’Occident.

    Il nous rappelle d’abord une chose : tous les peuples sont visés. Même les Catalans le sont. Personne ne peut se croire à l’abri.

    Et les islamistes misent aussi sur le meurtre de masse. Ils sont dans une logique d’éradication. Hommes, femmes, enfants, tous peuvent crever, s’ils sont d’Occident.

    Quand une voiture fonce dans une masse humaine, elle ne fait pas de discrimination : elle écrase sans nuance.

    Mais il y avait quelque chose de plus dans cet attentat. Les terroristes avaient aussi prévu de s’en prendre à la Sagrada Familia, la cathédrale mythique de Barcelone.

    On aura beau tout faire pour relativiser les événements, il faut en convenir : dans la tête des islamistes, c’est une guerre de religion qui se mène. Il s’agit de conquérir l’Europe, de la soumettre, d’y imposer l’islam et d’éradiquer les traces du christianisme.

    Dans leur esprit, il s’agit de nous imposer leur Dieu, de nous y soumettre. Pour eux, le terrorisme n’est qu’un moyen. D’ailleurs, bien des islamistes le condamnent, mais espèrent néanmoins établir une domination globale. C’est une question de stratégie.

    Pourquoi détruire une cathédrale ? Pour humilier l’Europe, et pour faire comprendre aux Européens qu’ils ne sont plus chez eux. Pour faire comprendre qu’une civilisation doit disparaître et qu’une autre doit s’édifier sur les ruines d’un vieux monde épuisé.

    On nous dira que les islamistes ont peu de chances de réussir leur coup. Ce qui est certain, c’est qu’ils peuvent faire d’immenses dommages à notre civilisation et semer la terreur partout où ils passent.

    Je crains qu’un jour, ils ne parviennent à dynamiter la Sagrada Familia, Notre-Dame de Paris ou la cathédrale de Strasbourg. Un jour, ils détruiront un symbole sacré de notre civilisation.

    Occident

    Comment réagirons-nous ?

    La question, dès lors, semble simple, même si elle ne l’est pas.

    Au nom de quoi pouvons-nous nous battre ? Au nom des seuls droits de l’individu ? C’est terriblement insuffisant.

    Au nom de notre prospérité ? Cela manque d’âme.

    Au nom d’une religion ? Ce n’est plus possible. La foi est chose intime. Nous ne sommes plus au temps des croisades.

    Au nom d’une civilisation, de son histoire, de son héritage, des peuples qui l’habitent ? Oui. Mais encore faut-il la comprendre. Encore faut-il vraiment réapprendre à l’aimer.  

    Mathieu Bock-Côté

    Mathieu Bock-Côté est docteur en sociologie, chargé de cours aux HEC à Montréal et chroniqueur au Journal de Montréal et à Radio-Canada. Ses travaux portent principalement sur le multiculturalisme, les mutations de la démocratie contemporaine et la question nationale québécoise. Il est l'auteur d'Exercices politiques (VLB éditeur, 2013), de Fin de cycle: aux origines du malaise politique québécois (Boréal, 2012) de La dénationalisation tranquille (Boréal, 2007), de Le multiculturalisme comme religion politique (éd. du Cerf, 2016) et de Le Nouveau Régime (Boréal, 2017).

    Lire aussi dans Lafautearousseau ...

    De Barcelone à Rotterdam ...

    Barcelone : « No tinc por »

  • Musée des Confluences : la blancheur de l’éléphant, par Olivier d'Escombeau

     

    Au croisement du Beaujolais et du Bourgogne, ou plutôt du Rhône et de la Saône, se dresse désormais un musée gigantesque. Le musée des Confluences où une souris, le conseil général du Rhône, vient d’accoucher d’une montagne. La culture et le patrimoine lyonnais n’en sortent pas grandis.

    La grandeur vue par les petits

    Si vous êtes automobiliste, vous ne pourrez par le rater. En traversant Lyon, non loin du débouché du tunnel de Fourvière, un immense amas de verre et d’acier s’apprête à bondir sous vos roues. C’est le dernier-né des grands musées de province. Plus haut que le Mucem de Marseille, plus cher que le Louvre Lens, plus audacieux que le Centre Pompidou Metz, voici le dernier éléphant blanc sorti tout armé des poches des contribuables lyonnais qui les ont, il est vrai, profondes. Il devait coûter 60 millions d’euros. La somme a juste suffi à ses fondations avec un coût final de 255 millions d’euros ; hors taxes, bien sûr. C’est le testament du conseil général du Rhône bientôt fondu dans la métropole de Lyon.

    Comment une institution qui s’est illustré, honorablement pendant deux siècles de rang dans l’art subtil du vin d’honneur a-t-elle pu engendrer pareille ineptie culturelle, budgétaire, architecturale ? Même l’inauguration a été un fiasco à faire rêver un scénariste de comédie : le préfet de région en vacances, le président du conseil régional excusé, le ministre de la Culture empêché, le président de la République au bois (à Chambord exactement) et, seule représentante du gouvernement, la fidèle Najat Vallaud-Belkacem, muette. Quel tour de force pour inaugurer un musée en chantier, au personnel tout aussi désemparé que celui du Restaurant Royal du film de Jacques Tati, Playtime.

    Culture et brocante

    Ce musée s’inscrit, selon la typologie consacrée, dans la catégorie des musées dits « de civilisation ». Il rassemble en une synthèse approximative le squelette de mammouth et le Minitel, le masque primitif sénoufos et les météorites, une femme âgée de 25 000 ans reconstituée et un camion Berliet. On gage que les écoliers, cible privilégiée de l’institution, apprécieront.

    Le gigantisme stupide que l’on croyait l’apanage des hommes politiques nationaux et des administrations centrales trouve ainsi une nouvelle terre d’élection du côté de Perrache. Quant aux potentats locaux, ils n’ont rien oublié mais ils n’ont rien appris. Alors que les errements initiaux du Centre Pompidou ou de la Bibliothèque nationale de France ont été jugulés, ainsi que le montrent des projets nationaux récents comme le musée des Arts premiers ou le nouveau centre des Archives nationales. Leurs coûts ont été plutôt maîtrisés, leur fonctionnement est correct, leur utilité sociale reconnue.

    Ce péché de grandeur consommé, le paysage culturel lyonnais laisse bien d’autres dossiers en souffrance. Les élus locaux semblent plus attachés à leurs propres métastases culturelles qu’aux legs engrangés par leurs prédécesseurs. À bas bruit, un autre patrimoine s’étiole, se disperse. Ainsi le musée Gadagne, consacré à l’histoire locale et aux marionnettes, se cherche un avenir bien incertain, la Fondation Napoléon Bullukian vend, au profit d’un projet immobilier de standing, son siège historique et disperse ses collections pourtant léguées à la Ville, le musée Malartre du château de Rochetaillée, autre legs, s’oriente vers la réimplantation de sa rarissime collection d’automobiles anciennes dans une banlieue périphérique, « emblème de la diversité ».

    Ainsi le musée des Confluences à Lyon, « ogre mégalo » selon Télérama, est-il en train d’écraser de sa seule ombre le patrimoine local. Lyon capitale de la Résistance ? À d’autres. 

     

    Olivier d'Escombeau - Politique magazine

  • MONARCHIES • Dans Figarovox : Lettre de James Bond à la Reine d'Angleterre

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    À l'occasion du 63e anniversaire de son accession au trône d'Angleterre, le célèbre espion 007rend hommage à sa reine et au flegme tout british dont elle fit preuve, notamment lors d'une excursion mouvementée.

    Par David Brunat, écrivain et conseiller en communication.

     

    Your Majesty,

    Rendue publique il y a peu, l'histoire a fait le tour du monde et des chancelleries. En 1997 ou 1998, au sortir d'un déjeuner en votre château de Balmoral, vous proposâtes à votre hôte, le roi d'Arabie saoudite Abdallah, une innocente excursion en voiture dans la campagne environnante. Le souverain wahhabite accepta du bout des lèvres, mais sa réserve se mua en épouvante lorsqu'il vous vit vous installer à la place du conducteur et démarrer un solide 4 x 4.

    Chacun sait en effet que dans le pays dudit souverain, le beau sexe n'a pas le droit de conduire, en vertu peut-être du peu galant adage: «Femme sur un tapis volant, mort au prochain tournant (surtout s'il est pris à la corde).» Et tandis que le roi d'Arabie, serrant les fesses à mesure que la voiture prenait du champ, roulait peut-être dans son esprit des pensées misogynes et peu amènes à votre endroit, Votre Majesté appuyait tant et si bien sur le champignon qu'il finit, tremblant, par vous enjoindre de ralentir.

    Quelle leçon! So smart! So discreet! Quelle manière élégante d'allier la politique et la mécanique et de dire son fait à votre passager sans élever la voix ni déroger au royal sang-froid.

    Malgré le panache et le self control dont je me crois bien doté, j'avoue n'avoir jamais fait preuve d'une égale maîtrise, du même flegme, d'une semblable élévation au cours des très nombreuses course-poursuites que mes fonctions m'ont amené à entreprendre à Votre Service au volant de mes légendaires Aston Martin. Vous m'épatez, Ma'am !

    Vous conduisez votre Royaume comme vous pilotez vos véhicules et tenez les rênes de vos chevaux: sans aucune faute, sans nul écart ni dérapage. Je suis certain que vous n'auriez fait qu'une bouchée de mes ennemis - un coup de volant autoritaire pour remettre Goldfinger ou le Docteur No à leur place, une virée en 4 x 4 pour montrer au Spectre ou à Hugo Drax qui est le patron…

    J'eus un chaste et respectueux coup de coeur pour vous, déjà, lorsque je vous vins chercher à Buckingham pour vous emmener aux Jeux Olympiques qui se tenaient dans la capitale de votre Royaume. J'avais été ébloui par votre port, votre grâce et l'espèce d'humour allègre qui émanait de chacun de vos gestes.

    L'exploit de Balmoral met à son comble l'admiration que je vous porte et qui est, je crois, bien partagée dans tout l'Empire britannique.

    Je trinque à votre santé avec un gin mêlé de Dubonnet avec deux glaçons et des tranches de citron, le cocktail préféré de Votre Majesté, et vous souhaite un excellent anniversaire de règne (NDLR: Elizabeth II est montée sur le trône le 6 février 1952).

    Votre très humble et très obéissant Sujet,

    James.   

     

    FIGARO VOX  Culture  David Brunat 

     

  • BLOGS & SOCIETE • Le djihadisme : un humanisme, par Aristide Renou*

    Aristide  

     

    Des réflexions et de l'humour sur un sujet grave ...

    La suggestion de créer, pour les « Français » de retour de djihad, des centres de « déradicalisation » ressemble fort à l’un de ces lapsus qui révèlent sur vous bien plus que vous ne voudriez en dire. L’une des prémisses fondamentales du progressisme affleure à la surface de cette proposition : le postulat de la bonté essentielle de l’être humain. Alors que le conservateur est, entre autres choses, celui qui voit en l’homme une créature dangereuse, seulement à demi-sociable, le progressiste croit en la fraternité naturelle du genre humain et considère la paix et la coopération comme la condition normale de l’humanité.

    Dans le débat public, cela donne au progressiste un certain ascendant moral sur le conservateur, qui sera caricaturé comme un misanthrope aigri, rempli de préjugés d’un autre âge ; mais, intellectuellement, cela place aussi le progressiste dans une position inconfortable. Dans la mesure où l’histoire des peuples apparaît plutôt comme le vaste recueil de toutes les folies, de tous les vices et de toutes les horreurs dont l’homme est capable que comme la marche fraternelle et paisible du genre humain vers un avenir radieux, le progressiste doit expliquer pourquoi la condition normale de l’humanité n’est pas sa condition habituelle.

    Une des manières les plus simples de l’expliquer est de supposer que, au fond d’eux-mêmes, les hommes sont tous des sociaux-démocrates en devenir : gentils, coopératifs, tolérants, craignant la guerre par-dessus-tout, et que seules des circonstances malheureuses les empêchent d’exprimer leur bonté native.

    L’aveuglement

    Dès lors, tous les comportements qui ne correspondent pas à cette fiche de poste deviennent des « problèmes sociaux », des aberrations provoquées par la société elle-même et qui ne peuvent donc pas vraiment être imputées à ceux qui les commettent. Sûrement, quelque chose doit expliquer ces horreurs, quelque chose qui permette de disculper leurs auteurs. En voyant, sur les réseaux sociaux, des hommes masqués et vêtus de noir égorger d’autres hommes aux mains liées dans le dos au nom d’Allah, le progressiste frissonne intérieurement. Mais, à part lui, il soupire aussi : « Voilà ce qui arrive lorsque de jeunes déshérités n’ont pas accès aux services sociaux adéquats… »

    Certains progressistes concéderont, peut-être, la responsabilité individuelle des auteurs de ces actes, mais s’empresseront de leur trouver de nobles motifs : soif d’idéal, révolte contre l’injustice, besoin de retrouver ses « racines », etc. Dans un cas comme dans l’autre, l’important pour traiter ces comportements aberrants sera de bien être persuadé qu’ils sont aberrants. Ce que l’on pourrait faire, concrètement, pour « déradicaliser » des assassins fanatiques n’est pas le plus important puisque, comme tous les hommes, ils sont essentiellement bons. Et cette bonté ne demande qu’à réapparaître, pourvu qu’on leur montre un peu de sollicitude. D’ailleurs, n’ont-ils pas dû beaucoup souffrir pour s’éloigner autant de leur nature et en arriver à de telles extrémités ?

    C’est ainsi que le progressiste, qui se flatte d’aimer la diversité humaine, finit par ne voir dans les autres hommes que d’innombrables exemplaires de lui-même, qui ne diffèrent que par leurs vêtements ou leurs spécialités culinaires. C’est ainsi que le progressiste, qui se veut le défenseur de l’humanisme, de la tolérance, de la paix et de la démocratie, finit par trouver des excuses et des justifications à la barbarie, au fanatisme, à la violence et à la tyrannie. C’est ainsi que le progressiste, qui s’enorgueillit d’être du côté des « victimes », finit par porter toute sa compassion et sa sollicitude du côté des criminels et des bourreaux.

    Plutôt que de huer ou de ridiculiser ceux qui ont émis cette idée des centres de « déradicalisation », nous devrions les remercier : il est rare que la face sombre du progressisme se laisse voir aussi nettement. 

     

    * Retrouvez Aristide Renou sur son blog 

  • Depuis le Maroc : Médiocres relations, excellentes expositions • Par Péroncel-Hugoz

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     « Mustapha » de Girodet (1819) © Copyright : DR

     

    Grâce à Péroncel-Hugoz, nous avons chaque jour des nouvelles du Maroc, car.il nous fait adresser le quotidien en ligne marocain indépendant le 360.ma où il tient une chronique renouvelée chaque jeudi soir. Le 360.ma, rappelons-le, est le premier media francophone du Maroc toutes catégories confondues, audiovisuel non compris. Péroncel-Hugoz s'intéresse, ici, aux médiocres relations franco-marocaines, mais aussi et surtout, de nouveau, aux peintres orientalistes français et aux expositions en cours. Ses commentaires nous confirment que l'Histoire, la culture et l'art unissent bien plus aisément et profondément les peuples et les nations que l'économique ou le politique ... Lafautearousseau  ♦

     

    Probablement suite aux intrigues, pour le moment réussies, de l’influent «clan algérien» au sein du Parti socialiste et de l’Etat français, les relations franco-marocaines n’ont cessé de se détériorer depuis début 2014. Ce climat plus que maussade perdure, malgré le geste significatif du Palais de déléguer la sœur aînée du Roi pour inaugurer, avec le président Hollande, les manifestations artistiques sur le «Maroc contemporain» à l’Institut du monde arabe, tandis que le «Maroc médiéval» est illustré au Louvre et que «le Roi Juba II» a été précédemment honoré au MUCEM de Marseille*.

    Ni ces évènements d’envergure internationale ni les médiocres relations actuelles entre Paris et Rabat ne nous permettent cependant d’ignorer une petite expo organisée en ce moment dans l’atelier même du peintre Eugène Delacroix* en plein Saint-Germain-des-Prés, non pas autour des toiles du maître orientaliste (1798-1863) mais des objets locaux rapportés de Chérifie par l’artiste et dont il se servit pour recréer en peinture des décors qu’il n’avait pu souvent voir que fugacement, durant un séjour de cinq mois, de janvier à juin 1832, entre Tanger et Meknès.

    Donc limitée, mais captivante, est cette expo d’une centaine d’objets que Delacroix eut sous les yeux et utilisa durant le reste de sa vie, après le séjour marocain: armes en tous genres, boîtes à poudre, bois enluminés, broderies, harnachements de montures et surtout ces plats fassis dont les irisations se retrouvent dans plusieurs œuvres de Delacroix. C’est un peu l’envers du décor mais un envers dispensateur, lui aussi, de couleurs et formes relevant également de l’Art ou tout au moins d’un Artisanat artistique, d’ailleurs toujours vivant dans le Maroc actuel grâce aux commandes du Palais, des mosquées et d’institutions étatiques (on pense par exemple à l’Institut royal amazigh et au nouveau musée d’Art contemporain, tous deux à Rabat).

    Profitons de cette chronique pour rectifier une erreur bien des fois commise, sans doute de bonne foi, ici ou en Europe, et qui fait de Delacroix le «père de l’orientalisme». Non, il fut un immense créateur mais pas le «père» de cette école! On sait maintenant à coup sûr que la première toile orientaliste est due à un aîné de Delacroix que celui-ci, d’ailleurs,  admirait: Anne-Louis Girodet-Trioson, dit Girodet (1767-1824). Son portrait de « Mustapha de Sousse» (1819), un Turco-arabe de la Régence de Tunis, superbement enturbanné et barbu, se trouve depuis 1988 au modeste musée de Montargis, la très jolie petite ville natale de Girodet, à 100 kilomètres au sud de Paris. C’est «la Venise du Gâtinais», avec ses 130 ponts, d’où venait également la famille du plus fameux des pieds-noirs marocains, Michel Jobert,  et elle vaut donc doublement la visite avec son portrait de « Mustapha*** », pionnier de l’orientalisme pictural. ♦

     

    * Voir notre chronique du 16 juillet 2014 sur le 360.ma

    ** Atelier Delacroix, « Souvenirs du Maroc », jusqu’au 2 février 2015, 6 rue de Furstenberg, 75006- Paris. Tel : 00.33.(0).1.44.41.86.50 / www.musee-delacroix.fr/

    *** Musée Girodet, Montargis. Tel : 00.33 (0).2.38.98.07.81/ www.musee-girodet.fr/

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  • CINEMA • Le voeu de Dominique JAMET : La Palme à Timbuktu !

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    Alors que le film magnifique d’Abderrahmane Sissako sort en salles, on ne peut que souhaiter qu’il soit vu par le plus vaste public.
     
    Sélectionné et présenté au dernier Festival de Cannes, Timbuktu y avait eu droit à un beau succès d’estime. En d’autres termes, il n’y avait bénéficié d’aucune récompense officielle. Trop politique, peut-être, trop fort, trop engagé, trop brûlant ? Alors que le film magnifique d’Abderrahmane Sissako sort en salles, on ne peut que souhaiter qu’il soit vu par le plus vaste public. Actuel au printemps dernier, il n’a fait hélas que gagner en urgence.
     
    Aimable et mystérieuse, endormie dans la touffeur d’un éternel été, perdue au milieu des sables du désert, à l’abri de ses murailles ocre et de ses maisons de pisé, Timbuktu mène une vie inchangée depuis des siècles, à l’écart des agitations du monde lorsqu’un groupe djihadiste armé et motorisé prend le contrôle de la ville.
     
    Les habitants les plus avisés ont eu le temps de fuir. Les autres, tous les autres, ceux qui ne savent et n’ont où aller, sont restés sur place, prêts à courber le dos devant leurs nouveaux maîtres. Musulmans pour la quasi-totalité, devraient-ils craindre des occupants qui se présentent en libérateurs et brandissent le drapeau de l’islam ?
     
    Une terreur aussi abjecte qu’obtuse s’abat sur la malheureuse cité. Ça commence, pour les hommes, par la consigne de raccourcir leurs pantalons qui doivent découvrir le mollet, pour les femmes par l’obligation de se couvrir non seulement le corps et le visage mais les pieds et les mains : chaussettes et gants de rigueur. Les interdictions pleuvent : défense de jouer au football, défense de chanter, défense d’écouter de la musique, défense de fumer. Puis, vient le temps des incarcérations arbitraires, des mariages forcés, des châtiments corporels, des lapidations, des exécutions sommaires. Tout cela au nom d’une lecture dévoyée du Coran, et d’une impitoyable application de la charia combinée avec les traditions ancestrales les plus rétrogrades.
     
    La bande hétéroclite qui a fait main basse sur Timbuktu est constituée pour l’essentiel de jeunes hommes, venus de toutes les cités et de tous les pays d’Europe et du Sahel, commandés par des fanatiques et des pervers, Torquemadas et Tartuffes de l’islamisme qui usent et abusent de la naïveté de leurs recrues. Ces gamins sans repères, meilleurs connaisseurs du football – eh oui – que de la religion, n’y voient pas plus loin que le bout du canon de leurs kalachnikov, et prennent un grand plaisir à jouer avec leurs motos, leurs pick-up, leurs portables, leurs armes flambant neufs et leurs esclaves.
     
    Il est bon, il est salubre, il est exemplaire que le réalisateur de ce chef-d’œuvre soit lui-même mauritanien, de culture et sans doute de religion islamique. Car son film nous rappelle on ne peut plus opportunément que si des Occidentaux, civils ou militaires, fourvoyés ou envoyés dans les pays actuellement en proie à la guerre de civilisation que nous vivons, sont régulièrement pris en otages ou pris pour cibles par les djihadistes, ce sont les populations locales qui fournissent, et de loin, le plus gros contingent des victimes.
     
    La beauté des images et des paysages, le jeu admirable des interprètes, l’authenticité du décor et des sentiments exprimés, l’histoire elle-même confèrent une force et une efficacité exceptionnelles à ce réquisitoire sans faiblesse, mais aussi sans excès, sans pathos, sans mélo, et qui parvient même à teinter d’humour l’étalage de la violence et de la cruauté. Il paraît que le ministère de l’Éducation nationale a du mal à donner un contenu aux nombreuses activités périscolaires que prévoit la mise en place de ses nouveaux rythmes. Une suggestion : ce n’est pas au programme de quelques salles et pour un temps limité mais au programme de tous les établissements d’enseignement français (écoles, collèges et lycées) qu’il serait utile d’inscrire Timbuktu. En attendant cette hypothétique consécration officielle et à défaut de Palme d’or, le film d’Abderrahmane Sissako a d’ores et déjà mérité celle du courage. 
     

     

     

     
    Journaliste et écrivain
    Il a présidé la Bibliothèque de France et a publié plus d'une vingtaine de romans et d'essais. Co-fondateur de Boulevard Voltaire, il en est le Directeur de la Publication
  • Un pavé de plus dans la mare

     

    par Louis-Joseph Delanglade 

     

    C’est un petit pays d’Europe (moins de cent mille km2 et à peine dix millions d’habitants). Un pays souvent malmené par l’Histoire, un pays qui a connu la domination ottomane et le joug soviétique, un pays brutalisé par le traité de Trianon (1920) qui l’amputa des deux tiers de son territoire au profit de ses voisins immédiats. Mais c’est aussi un pays essentiellement européen, situé au milieu du milieu de l’Europe, dont le peuple est toujours chrétien depuis l’an mille, dont les élites souvent brillantes ont toujours été partie prenante de la grande culture de notre continent. Petite par la taille mais grande par ce qu’elle symbolise, c’est la Hongrie. Cette Hongrie incarne désormais l’esprit de résistance. Résistance à l’immigration imposée, d’abord modérée puis envahissante comme on peut le constater dans les pays d’Europe occidentale. Résistance aussi au « multiculturalisme » mortifère tel qu’il est vécu ailleurs, c’est-à-dire à l’implantation forcenée des pratiques religieuses et culturelles de populations manifestement allogènes.

     

    Les hypocrites subtilités lexicales (migrants, réfugiés, persécutés, etc.) n’ont eu cette fois aucun effet. Pourtant, le pape François avait fait de leur accueil un devoir pour les catholiques, l’agence de l’Onu qui leur est dédiée s’était émue de leur sort, l’organisation « Amnesty International » avait dénoncé « l’illégalité » des mesures prises à leur encontre… Ignorant injonctions et menaces, M. Orban, Premier ministre hongrois, a maintenu son référendum. Et, à la question si dérangeante pour les bonnes consciences « Voulez-vous que l’Union européenne décrète une relocalisation obligatoire de citoyens non hongrois en Hongrie sans l’approbation du Parlement hongrois ? », les Hongrois ont donc répondu non. A 92%, tout de même, fût-ce sans que que le quorum de 50% des votants ait été atteint. Au fond, peu importe le nombre de ceux qui ont voté non ce dimanche 2 octobre, seul compte ici le principe.

     

    5005847_7_dd89_le-premier-ministre-hongrois-viktor-orban_26c41939bea66d5be2029435b2515122.jpgC’est ce qu’avaient bien compris ces journalistes et politiciens français qui, dans leur majorité, avaient par avance condamné Budapest. Rien d’étonnant à cela. Une fois de plus, leur malhonnêteté intellectuelle aura été sans limite aucune. Pas du tout remis du vote britannique actant la sortie du Royaume Uni de l’Europe de Bruxelles, ils ont donc ciblé cette semaine notre petite Hongrie et ses dix millions d’habitants, ces racistes qui ont le culot de préférer ce qu’ils sont à ce que sont les autres, ces xénophobes qui par principe détestent les migrants fauteurs de troubles et de violences.

     

    Sur le plan politique, le vote hongrois pourrait bien enclencher une dynamique positive. M. Juncker a bien vu le danger pour l’Union : « Si des référendums sont organisés sur chaque décision des ministres et du Parlement européen, l'autorité de la loi est en danger. » D’autant que la Hongrie n’est pas seule. Déjà Slovaquie, République tchèque et Roumanie avaient, comme elle, voté contre le projet de politique migratoire porté par l’Allemagne dès septembre 2015, faisant valoir, horresco referens, « que leurs sociétés ne sont pas prêtes à accueillir autant d'étrangers, qui, de surcroît, sont musulmans ». De surcroît : comme c’est bien dit. 

  • Il court, il court…

     

    par Hilaire de Crémiers

     

    392282989.3.jpgFrançois Hollande est président de la République ; il est le chef de l’État. Mais il est en même temps candidat à sa propre succession, donc vraisemblablement à la primaire de la gauche. Du moins est-ce l’apparence du moment. Sauf s’il était contraint par les événements à renoncer. Il n’empêche qu’il est entré en campagne électorale et résolument. Toute son activité intérieure est axée sur cette ligne ; de même le budget 2017 tout en trompe-l’œil et en faussetés ; les comptes de la Sécurité sociale pareillement, comme le chômage encore en forte augmentation qui est prétendu en tendance baissière !

    Tous ses discours à l’extérieur, jusqu’ y compris à l’ONU, toute sa politique étrangère et européenne, portent la marque de son unique préoccupation. Il n’a dans la tête que le concurrent auquel il sera opposé : Sarkozy, Juppé, Marine Le Pen. Sans même les citer, c’est toujours eux qu’il vise. Il court partout : visites d’écoles, d’entreprises, de centres sociaux, et ce ne sont que promesses électorales, annonces de projets mirifiques, tentatives de gagner ou de récupérer, fragment par fragment, des électorats perdus. Il se fait gauchard avec la gauche, libéral avec le centre, martial avec la droite.

    Ainsi le dimanche 25 septembre, dans la cour des Invalides, il reconnaît publiquement au nom de la République la responsabilité des gouvernements français dans « l’abandon des harkis », dans « leur massacre » ou dans « les conditions inhumaines de leur accueil », ce qui ne l’a pas empêché de célébrer six mois auparavant le 19 mars 1962, date du cessez-le-feu en Algérie qui donna le signal du carnage et du honteux abandon. Lundi 26 septembre, le lendemain, il était à Calais, une semaine après Sarkozy.

    Il ne visitait pas « la jungle », mais il déclarait solennellement qu’elle « serait démantelée définitivement, entièrement, rapidement », c’est-à-dire que les occupants des lieux seraient dispersés dans des centres d’accueil et d’orientation (!) répartis sur le territoire national. On sait ce que cela signifie. Sourire à Calais, dissémination et dissimulation du problème de fond. Cynisme absolu.

    Alors ? La France ne compte plus. La seule question porte sur le point de savoir s’il sera assez fort pour résister sur sa gauche à la progression de Macron qui s’installe au centre, à la pression de Montebourg qui lui reproche ses renoncements, à la fureur de Mélenchon qui l’invective et fera tout pour l’éliminer. Mais ceux-là, que veulent-ils ? La place, c’est tout. Comment être chef de l’État dans des conditions pareilles ? La France n’est plus qu’une proie à conquérir. Par tous les moyens.

    Ce n’est pas mieux à droite. Sarkozy ne pense qu’à dominer Juppé, mais le « tout sauf Sarkozy » devient une sorte de règle absolue de toutes les campagnes, à droite comme à gauche. Les affaires judiciaires se multiplient autour de lui ; les livres paraissent ; celui de Patrick Buisson auquel il fallait s’attendre, livre en pâture au public sa personnalité d’agité qui n’a rien d’édifiant. Mais les autres valent-ils mieux ? Juppé n’est-il pas un ancien condamné ? Il dit tout et son contraire avec la même absence de conviction que François Hollande.

    L’important, pour lui, c’est de gagner. Fillon avec ses six cents pages de programme, Le Maire avec ses mille pages, n’ont toujours pas compris que l’avenir n’est pas dans des chiffres si nombreux soient-ils, mais dans un esprit, l’esprit de la France, de son histoire, de son identité, puisque ce mot est maintenant au cœur du débat. Jean-Frédéric Poisson est le seul dans cette primaire à droite à en avoir le sens. Quand à Marine Le Pen, elle se trouve confrontée à ce même problème de stratégie électorale qui empêche toute vision véritable.

    La question qui se pose aujourd’hui est la suivante : les institutions de la République sont-elles à la hauteur des enjeux ? L’esprit de parti n’a-t-il pas tout pulvérisé dans la représentation comme dans la direction de la France ? Le quinquennat qui n’est plus qu’une machinerie partisane n’a-t-il pas anéanti la notion même de chef de l’État ? Le résultat est là, tangible. La France perd ses frontières, sa substance, son être, son patrimoine, même ses enfants, et peu à peu toute sa vie économique, politique et culturelle. Ce numéro de Politique magazine en fait son dossier. Le sursaut est possible. Encore faut-il accepter de comprendre la cause de tant d’échecs. 

    par

    [Politique magazine - Octobre 2016]

  • SOCIETE • Gaspard Koenig : et si on arrêtait de transformer les terroristes en stars ?

     

    Pour Gaspard Koenig, dans le Figaro*, la meilleure manière de punir les djihadistes serait de « leur refuser un nom et de les enterrer dans l'anonymat ». Sorte de refus à l'antique d'accomplir pour eux les rites funéraires ... L'anonymat pour les djihadistes, Gaspard Koenig a bien raison ! Mais si la liberté d'expression est une forme d'absolu, qu'est-ce qui pourra empêcher les médias d'en dire tout et le reste ? LFAR

     

    G KOENIG.jpgImpossible de ne pas connaître leurs noms, leurs visages, leurs adresses, leurs habitudes, leurs vacances, les moindres méandres de leurs vies misérables. Les journaux leur consacrent des portraits à longueur de pages, avec interviews de la grand-mère et de l'ami d'enfance. On cite des textos de leur épouse restée en Syrie, toute fière de cette gloire soudaine. Les terroristes sont devenus des stars. Des stars du mal, mais des stars quand même. Malgré le travail de mémoire des réseaux sociaux, malgré la litanie du Président de la République dans la cour des Invalides, qui connaît l'identité de leurs victimes?

    En nommant les assassins, nous leur avons offert une triste victoire. La même que celle d'Erostrate, ce citoyen Grec du 4e siècle avant notre ère qui avait incendié le temple d'Artémis à Ephèse, une des sept merveilles du monde, dans le seul but de devenir célèbre. La postérité a oublié le nom de l'architecte du temple, celui des prêtres et des fidèles, et même celui de la déesse ; mais on a retenu celui de l'incendiaire.

    Incontestablement, Erostrate a réussi son coup. Sartre lui a d'ailleurs consacré une nouvelle dans Le Mur. Il en imagine une version contemporaine : Paul Hilbert, petit employé aigri, misanthrope timide, refoulé sexuel, et reconverti dans le crime de masse. “Je ne sortis plus sans mon revolver, explique ce héros quelconque. Je regardais le dos des gens et j'imaginais, d'après leur démarche, la façon dont ils tomberaient si je leur tirais dessus (…) Je me voyais en train de leur tirer dessus. Je les dégringolais comme des pipes, ils tombaient les uns sur les autres, et les survivants, pris de panique, refluaient dans le théâtre en brisant les vitres des portes.” Comme au Bataclan. Haine du regard inconnu, du sourire gratuit.

    Paul Hilbert se délecte à l'avance de son crime. Il aura son heure de gloire, satisfaction suprême du kamikaze. “Un jour, pense-t-il, au terme de ma sombre vie, j'exploserais et j'illuminerais le monde d'une flamme violente et brève comme un éclair de magnésium.” Les journaux chanteront son nom, le nom de Paul Hilbert, qu'il a pris soin de bien inscrire dans la mémoire collective en envoyant des lettres à tous les académiciens français. L'équivalent Trente Glorieuses d'un post FaceBook.

    La meilleure manière de punir les Erostrate, les Paul Hilbert, les djihadistes de notre monde, serait de leur refuser un nom. De les enterrer dans l'anonymat.

    C'est d'ailleurs ce qu'avaient voulu faire les Ephésiens pour Erostrate. “Ils avaient eu la sagesse, nous dit l'historien Valère Maxime, d'abolir par décret la mémoire d'un homme si exécrable; mais l'éloquent Théopompe l'a nommé dans ses livres d'histoire.” Chers amis journalistes, blogueurs, twittos, citoyens curieux: apprenons de nos erreurs. Cessons de glorifier nos ennemis. Appelons-les Terroriste 1, 2, 3, 10. Donnons-leur des surnoms ridicules. Ne leur faisons pas l'honneur de la postérité. 

     * 3.XII.2015

    Gaspard Koenig

    Ancien élève de l'École Normale Supérieure, agrégé de philosophie, Gaspard Koenig est Président du think-tank GenerationLibre. Son dernier livre, « Le révolutionnaire, l'expert et le geek. Combat pour l'autonomie » vient de paraitre aux éditions Plon.

  • Regard sur « le monde en état de panique » ou le rêve universaliste fracassé

     

    Nous n'ajouterons pas un commentaire superflu à ce qu'on peut, à la fois, lire ou écouter ici de la part d'un clerc de la doxa européo-mondialiste. L'essentiel est dit dans notre titre.

    Nous avons entendu, lundi, Jean-Pierre Raffarin pleurer sur la République à la dérive. Hier matin, sur France Inter, Bernard Guetta a fait le constat exact d'un état du monde qui brise le rêve mondialiste, pacifiste, démocratique, multi-culturaliste, multiethnique, etc. Les idéologues et les marchands n'y triomphent pas. L'Histoire ne finit pas ...

    Plaignons nos élites : elles ont, en ces temps difficiles, intra et extra muros, de redoutables remises en cause à opérer. La faillite de leurs idées - mais il ne fallait pas se faire tant d'illusions ! - leur est sans-doute douloureuse. Pas à nous.  LFAR 

      


    Laissons la France. Laissons le reste de l’Europe où les nouvelles extrêmes-droites connaissent le même essor que le Front national et regardons ailleurs. Candidat aux primaires républicaines, candidat à la présidence des Etats-Unis, M.Trump vient de faire un nouveau coup d’éclat en proposant d’interdire aux musulmans, à tous les musulmans, l’accès du territoire américain.

    S’il l’a fait, c’est qu’il pense pouvoir ainsi plaire à suffisamment d’électeurs républicains pour remporter les primaires et il n’a pas tort car la peur, celle d’un monde devenu aussi incertain qu’incompréhensible, est aussi forte aux Etats-Unis qu’en Europe… et ailleurs.

    Repassons l’Atlantique, allons jusqu’à Moscou. Sur quoi s’appuie M.Poutine pour faire durer sa popularité ? Sur la reconquête de la Crimée, sur l’Eglise orthodoxe russe, sur la Russie de toujours et les forces de sécurité dont il s’est fait l’incarnation depuis qu’il a accédé au Kremlin. Poussons au sud, jusqu’en Turquie, et le tableau est le même. M.Erdogan y a reconquis sa majorité en rallumant les tensions avec la minorité kurde, exaltant la nation et flattant les plus conservateurs des électeurs par ses constantes références aux traditions religieuses et patriarcales.

    Le Proche-Orient, n’en parlons pas. Il éclate et se déchire entre communautés ethniques ou religieuses, chiites contre sunnites, Arabes contre Perses, Kurdes contre tout le monde ou l’inverse. Chacun veut son Etat, ses frontières, sa zone d’influence. L’Inde se cimente dans l’hindouisme et, si l’on revient en Europe, il n’y a pas que la montée des extrêmes-droites. Il y a aussi les Catalans qui voudraient sortir d’Espagne et les Ecossais de Grande-Bretagne, la renaissance des régionalismes et ce divorce, surtout, toujours plus grand, entre les Européens et l’Europe, entre l’ambition d’unité et le repli national.  

    La peur, une peur qui se répand, fracture le monde. Chacun veut se replier sur le monde qui est le sien car il y a soudain, c’est un fait, trop de changements et, donc, d’inconnues dans le grand monde. Depuis la chute du mur de Berlin, nous ne sommes pas seulement sortis de la stabilité de la Guerre froide. En vingt-cinq ans, nous avons vu de nouvelles puissances apparaître, le monde arabo-musulman se réveiller dans un indescriptible chaos, les emplois occidentaux détruits par l’automatisation et les délocalisations vers les pays émergents, les Etats-Unis se tourner vers le Pacifique, se désintéresser de l’Europe et la laisser sans Défense, le terrorisme djihadiste frapper les cinq continents et les grandes forces politiques occidentales s’essouffler, et échouer, à préparer leurs militants, leurs électeurs, leurs pays à des changements d’une telle ampleur.

    Alors, oui  tout le monde craint tout et tout le monde et l’urgence, en Europe, est au remodelage de nos échiquiers politiques, à la formation de grands partis du mouvement, de partis assez solidement majoritaires pour rejeter la folle tentation de la fuite en arrière et construire l’avenir, loin de cette suicidaire panique.  

     

  • Défense d'Erdogan

    Erdogan posant dans son nouveau palais d'Ankara

     

    Par Péroncel-Hugoz

    Moins par esprit de contradiction que par goût de la logique, notre confrère risque un petit coup de dent contre les détracteurs systématiques du président Erdogan de Turquie. Cette position peut surprendre ou agacer, mais elle a sa logique. La détestation d'Erdogan par les Systèmes politico-médiatiques bien-pensants occidentaux ne tiendrait-elle pas simplement au fait que son régime est autoritaire, nationaliste et identitaire ? Après tout, sa politique intérieure est son affaire, pas la nôtre. L'analyser suffit à démontrer que la Turquie n'a pas sa place en Europe. Mais avons-nous à la morigéner parce qu'elle entend suivre sa voie propre souverainement ? LFAR     

     

    peroncel-hugoz 2.jpgOutre Daech, ennemi bien réel, l’Occident s’est trouvé deux autres adversaires de taille, peu ou prou fantasmés, eux : le « tsar » Poutine et le « sultan » Erdogan. Laissons le premier, que nous avons déjà défendu ici et attardons-nous quelques instants sur le second particulièrement, criblé de balles médiatiques depuis la tentative de putsch turque de mi-juillet. 
     
    Nombre de mes confrères euro-américains croient insulter Erdogan en le traitant de « sultan » ou en l’accusant d’« ottomanisme », ce en quoi ils tombent à plat chaque fois car le Sultanat ottoman (XVIe-XXe siècles) a été et reste le plus grand moment de gloire, civilisation et rayonnement de l’Histoire turque. Et il est patent que l’immense majorité des Turcs, y compris les républicains, majoritaires depuis Ataturk (au pouvoir à Ankara de 1922 à 1938), sont fiers des siècles ottomans que les écoliers turcs ne sont pas incités à dénigrer, tout au contraire. 
     
    Quant à l’époque actuelle, le régime établi par le parti politique légal d’Erdogan, est régulier par rapport aux impératifs démocratiques. Oui, vous diront des tas d’Occidentaux, mais Erdogan est « autoritaire » … Oh ! le vilain mot ! Faudrait-il que la démocratie turque, que le président Erdogan, soient « mous » ou « faibles » pour plaire aux commentateurs de Bruxelles, Washington, Londres ou Paris ? …  
     
    Même l’opposant intellectuel Nedim Gürsel, dont les romans en français sont lus à travers la Francophonie, a volontiers reconnu sur France-Inter, au lendemain du récent putsch raté, que la grande majorité des Turcs soutenaient  le président Erdogan, y compris son projet de rétablir éventuellement la peine capitale, abolie en 2004, par une décision souveraine d’Ankara. Et la patronne de la diplomatie bruxelloise, la signora Mogherini, a beau tempêter contre ce projet, la Turquie est pleinement souveraine et elle fera ce que décideront son président, son gouvernement et son parlement.  Les 27 Etats-membres de l’Union européenne n’ont plus, eux, cette liberté depuis qu’ils ont abdiqué une bonne part de leurs droits souverains entre les mains de l’obscure, non-élue et toute-puissante « Commission européenne » … 
     
    Ajoutons à ce tableau que la Turquie en est à 6% de croissance annuelle, que ses exportations ne cessent d’augmenter, que son armée est une des meilleures du monde, etc, etc. J’y ajouterai encore l’aura dont jouit la Turquie erdoganienne à travers nombre de pays d’Islam. Chaque fois que je suis pris pour un Turc à Rabat ou Casa, dans un train, un taxi ou un café, avant même que j’ai eu le temps de démentir, je suis couvert d’éloges et de félicitations pour Erdogan et sa politique de dragée haute à l’endroit des Etats-Unis d’Amérique, d’Israël ou de l’Union européenne. Les nombreux Marocains visitant ces temps-ci la Turquie, qui ne leur demande pas de visa, reviennent en général éblouis par la civilisation ottomane, et aussi frappés par l’ambiance de travail, de sérieux, de dignité, de sérénité émanant du peuple turc. Tout cela ne date pas d’Erdogan bien sûr, mais cet homme d’Etat volontariste et nationaliste, a su s’appuyer sur ces qualités populaires pour installer son pouvoir. « Les chiens aboient, la caravane passe … » Ce proverbe est aussi turc. 

    Péroncel-Hugoz

    Repris du journal en ligne marocain le 360 du 29.07.2016

  • Attentats multiples en Allemagne : plus que l’islamisation, c’est l’immigration qui tue

     

    par Aristide Leucate
     
     
    3266751844.jpgDepuis la semaine dernière, l’Allemagne est en proie à des attentats d’une particulière violence. Les attaques meurtrières se multiplient… et se ressemblent, quoi qu’on dise.

    Ainsi, le 18 juillet, un demandeur d’asile afghan de 17 ans blesse cinq personnes à bord d’un train régional allemand, à Wurtzbourg, en les attaquant à la hache et au couteau, avant d’être abattu par la police.

    Le 22, un « Germano-Iranien » de 18 ans abat neuf personnes dans un centre commercial de Munich et se supprime ensuite.

    La journée du 24 fut doublement ensanglantée, d’abord à Reutlingen, où un réfugié syrien tue une femme et blesse deux autres personnes avec une machette, puis à Ansbach, où un autre réfugié syrien se fait exploser aux abords d’un festival de musique et occasionne un mort et douze blessés.

    La série noire avait pourtant débuté dès février 2015, lorsqu’une adolescente de 15 ans s’en était prise à un policier à la gare de Hanovre, en l’attaquant au couteau. Quelques mois plus tard, en juin, un projet d’attentat impliquant des Syriens et visant le centre de Düsseldorf était déjoué de peu. En septembre, ce fut au tour d’un Irakien de 41 ans, bénéficiant d’une liberté conditionnelle après avoir été condamné à une peine de prison ferme pour appartenance à une organisation terroriste, de blesser une policière à l’arme blanche à Berlin.

    La prudence de Sioux dont font montre les médias « mainstream » est, à cet égard, exemplaire, parce que singulièrement grotesque. France Info avait même annoncé un « attentat présumé » s’agissant de l’attaque d’Ansbach. Et l’ensemble des médias, dans une semblable démarche mimétique pavlovienne, de parler de « violences », à la rigueur d’« attaques terroristes », mais sans jamais désigner quiconque.

    Et, systématiquement, les mêmes éléments de langage aseptisés qui décrivent le tueur comme un « forcené », un « déséquilibré », un « voisin sans histoire », voire un musulman « non pratiquant » (ineptie, quand on sait que l’islam, à la différence du catholicisme, par exemple, ne se réduit nullement à une religion et à des rites mais est foncièrement juridico-politique, l’appartenance de chaque mahométan à l’Oumma lui conférant aussi bien une « citoyenneté » qu’une « nationalité »).

    Le summum de la malhonnêteté est, cependant, atteint quand ces « mutins » de Panurge font état d’un séjour de l’assassin en « hôpital psychiatrique », confondant, à dessein, l’isolement de l’aliéné associé à une éventuelle camisole chimique avec le simple repos d’un dépressif ayant désespérément attenté à ses jours.

    Mais surtout s’agit-il, dans tous les cas, de Charlie Hebdo au Bataclan, de Nice à Munich, d’éviter « les amalgames » avec les musulmans d’ici ou les immigrants de l’autre côté du Rhin.

    Pourtant – sauf à vouloir délibérément prendre les gens pour des imbéciles (bien qu’ils soient, effectivement, légion) -, si tous les attentats précités ne furent pas revendiqués par Daech, l’ombre blafarde de ce dernier plane néanmoins, attendu que ceux qui s’en réclament, fût-ce par pure opportunité pour justifier a posteriori leurs forfaits, sont, curieusement, loin, très loin d’être des Bavarois ou des Niçois de souche. Rappelons qu’en 2015, plus d’un million d’allogènes extra-européens candidats à l’asile foulèrent le sol germanique…

    À cette aune, force est bien d’admettre que, davantage que l’islamisation de nos pays, c’est leur submersion migratoire continue, encouragée et planifiée depuis 40 ans, qui apparaît comme le fléau majeur devant lequel nos élites mondialisées sectaires se voilent criminellement la face par pure idéologie. 

    Docteur en droit, journaliste et essayiste