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Rechercher : Rémi Hugues. histoire & action française. Rétrospective : 2018 année Maurras

  • Roman national contre déconstruction de notre histoire !, par Christian Vanneste.

    Dans son récent débat avec Zemmour, Philippe de Villiers disait l’importance du “Roman national” parce qu’il est indispensable à la construction d’un imaginaire collectif, et que celui-ci est nécessaire pour qu’il y ait un peuple, un “démos”, conscient de son unité et de sa continuité. Faut-il encore préciser que sans ce “démos”, il n’y a évidemment pas de démocratie puisque plus de peuple souverain.

    christian vanneste.jpgLa cohérence du discours du créateur du Puy-du-Fou est sans faille. Et il le montre en faisant valoir l’esprit de résistance identitaire, celui des Vendéens luttant contre la dictature jacobine et ses abstractions sanglantes, mais produisant aussi plus tard d’authentiques défenseurs de la République, de la France dans sa continuité, Clémenceau et De Lattre de Tassigny.

    Face à ce roc, il y a eu l’inconsistant président que les Français subissent. Entré dans un véritable délire de la repentance par rapport à l’Algérie ou au Rwanda, Macron a prétendu dans les pages du Figaro qu’il n’était ni dans la repentance, ni dans le déni. Dans le plus “pur” style mitterrandien du ni-ni, c’est-à-dire d’un mélange de rouerie et d’impuissance, il a voulu rassurer l’électorat modéré dont il souhaite bénéficier de l’aveuglement une nouvelle fois. Mais il est au contraire passé aux aveux sur la chaîne américaine CBS en osant proclamer qu’il fallait “déconstruire” l’histoire de France, autrement dit, qu’il fallait  passer notre roman national, notre identité à la grande lessiveuse de cerveaux.

    La première réaction devant une telle énormité est la stupeur. Comment les Français ont-ils pu élire un homme qui trahit à ce point la mission qui lui a été confiée ? Un homme d’Etat à la tête d’une nation se doit de viser à l’unité et à la continuité de celle-ci, à fierté de ses membres fondée sur la richesse d’une histoire capable de soulever l’espérance, de générer un avenir commun. Les Français découvrent leur “président” allant sur un chaîne étrangère dire qu’il faut jeter leur histoire par dessus bord parce qu’elle est vraiment trop moche. Il est arrivé que le pouvoir en France soit soumis à l’étranger, mais c’était après la défaite et sous le coup d’une occupation. Sans raison, Macron capitule devant la télé américaine, pour montrer à quel point il est dans la ligne, celle qui l’a amené à évoquer la ligne rouge que la Russie ne doit pas franchir, même lorsqu’elle défend ses intérêts dans son environnement proche et alors que les Américains, à des milliers de kilomètres de chez eux viennent lui tailler des croupières.

    La réflexion suggère ensuite une certaine cohérence dans la démarche, et c’est encore plus effrayant. Macron est le porte-parole local d’une idéologie, le mondialisme progressiste qui prétend unifier le monde en l’américanisant. Pour aller dans cette direction, il faut faire sauter le verrou des exceptions françaises, et le culte de l’histoire en est une. Criminels en Algérie, complices du génocide au Rwanda, héritiers de l’esclavage et de la colonisation, il faut que les Français dégurgitent leur histoire, n’en conservent qu’une mémoire souffrante et coupable, afin de devenir de simples humains sur un espace juridique sans frontière pour l’instant plus ou moins limité à l’Europe. L’arrivée massive d’autres humains facilitera le mélange et le broyage des identités. Alors, il n’y aura plus que des particules élémentaires qui pourront faire de ce qu’était la France, une “start-up nation”, comme les autres.

    Avec le terme de “déconstruction”, le “président” se gargarise comme d’habitude d’un mot précieux, philosophique dont il doit être ravi, et sans songer, semble-t-il que ce n’est pas du tout ce qu’on lui demande. Mais derrière ce mot, il révèle une ignorance, une incompétence qui font frémir. Ainsi donc, nous serions comme les Etats-Unis, mais pas tout-à-fait. La France souffrirait comme les Etats-Unis du racisme, mais elle n’y aurait pas répondu de la même manière parce qu’elle est une ancienne puissance coloniale qui n’est pas libérée de son passé colonial. 

    Il est vrai que la France subit l’influence actuelle des modes idéologiques américaines du wokisme, de la cancel culture, du racialisme. Cette importation est artificielle car précisément les Etats-Unis et la France sont totalement différents. La France a été marginalement coloniale, les Etats-Unis sont une colonie où les colons sont devenus la population. Les Noirs sont des descendants d’esclaves pour la plupart qui ont subi longtemps une discrimination y compris juridique alors qu’ils n’ont pas choisi d’être là. Leur “identité” réside au premier chef dans la couleur. A part dans les îles, où les Noirs sont majoritaires et occupent souvent le pouvoir local, rien de tel n’existe en France. La couleur n’est pas une identité. En revanche, dans la diversité des immigrations, qui n’ont rien de nécessaire, il y a des identités différentes, avec une difficulté principale qui repose non sur l’apparence physique, mais sur la culture, essentiellement déterminée par la religion. Et c’est en ne saisissant pas cette différence que Macron se trompe lourdement : on peut lutter contre le racisme lorsque celui-ci est univoque. Lorsqu’il s’agit d’un séparatisme qui dresse des communautés mues par des cultures opposées, l’action unilatérale aura un effet destructeur. Comme le montre Malika Sorel, lorsque l’Occident Chrétien croit faire preuve de compassion en se battant la coulpe et en s’agenouillant, beaucoup d’autres civilisations y voient une faiblesse contraires à la fierté et à l’honneur qui les animent. Qu’un Chef de l’Etat ne comprenne pas ça est affligeant !

    Source : https://www.christianvanneste.fr/

  • Histoire du Pétrole, l'or noir, par Champsaur (III/III).

    REZA SHAH PAHLAVI.jpgLe nouveau centre de gravité

    Il ne faut pas croire que l’installation de ce nouveau centre de gravité, Iran, Golfe, Arabie Séoudite est perçu comme un succès plein d’espoir. C’est même exactement l’inverse qui se produit, l’importation massive de l’huile du Moyen Orient étant vu comme une mortelle concurrence de la production intérieure américaine, Texas en particulier. Il faut de longs mois avant que la population américaine ne comprenne qu’il est de son intérêt de garder ses réserves et d’importer l’huile du dehors. ARAMCO pour Arabian American Oil Company, association de Standard Oil of California et de Texaco est créée en Arabie, entité toujours active, devenue totalement séoudienne relativement tard, en 1980.

     

    Le contrôle de l’Iran

    L’Iran d’après 1945 était écartelé. Entre des Britanniques omniprésents, un parti communiste, le tudeh aux ordres des soviétiques, des religieux fondamentalistes chiites, et la dynastie royale des Palahvi.

    Le seul sentiment créant une véritable unité nationale était le rejet des britanniques jusqu’à la haine, et leurs représentants du monde moderne, en tête de liste l’Anglo-Iranian Oil Company. Les iraniens connaissaient un chiffre simple : entre 1945 et 1950, la société pétrolière fit 250 millions £ de profits, et le pays reçut 90 millions £ de royalties. L’animosité contre les Britanniques devint une obsession nationale. La guerre froide était déclarée, faisant de l’Iran, entre autres, une proie facile pour les Soviétiques. En Avril 1951 le parlement iranien choisit Mohamed Mossadegh comme premier ministre, opposant déclaré aux Britanniques. Churchill parvint à entrainer les Américains dans une opération pour le débarquer (opération Ajax). Avec la réinstallation de la dynastie Pahlavi.

    (Illustration : Reza Shah Pahlavi, fondateur de la dynastie...)

    La crise de Suez

    Le canal de Suez était la voie stratégique pour permettre à l’Angleterre de raccourcir le temps d’accès au joyau de la couronne, Bombay et l’Inde. Avec l’indépendance du sous continent en 1948, on pouvait penser que l’importance stratégique du canal avait été réduite. Alors qu’au même moment il trouve une nouvelle fonction : l’autoroute pour l’accès à l’huile du Golfe et de l’Iran. En 1955 le passage des tankers chargés du précieux liquide représente les deux tiers du trafic du canal et les deux tiers du pétrole arrivant en Europe. En 1952 un groupe d’officiers dépose le roi Farouk et en 1954 le colonel Nasser reste seul au pouvoir. Sa radio nationale s’appelle « la voix des arabes », donnant le programme de son ambition, reçue dans tout le monde musulman : rejet de l’Ouest, nationalisme exacerbé, élimination d’Israel accusé de diviser le monde arabe, et dont la création était qualifiée de plus grand des crimes internationaux. Les pilotes qui guident les navires dans le canal sont tous anglais ou français, reliquat évident du colonialisme du 19ème siècle. Et le droit de passage tombe dans l’escarcelle des Britanniques essentiellement. Dans le contexte de 1955 les jours de cette concession sont comptés. Pour un pays d’une dramatique pauvreté, cette rentrée régulière d’argent est une manne potentielle qui ne peut plus être ignorée. Le traité de 1936 entre Londres et l’Egypte allait jusqu’en 1968. Mais au commencement des années cinquante les égyptiens ne se voient pas attendre si longtemps et des actions violentes contre les Anglais voient le jour. Sans oublier que Washington vit au diapason de la magnifique formule de Woodrov Wilson en 1919 « le droit des peuples à disposer d’eux même ».

    Nasser1956-sm.jpgDans cette situation tendue les Soviétiques jouent leur carte, et à l’automne 1955, l’Ouest découvre que Nasser se fournit en armes dans le bloc de l’Est. Le déclencheur de l’action sur le canal est cependant ailleurs. Les Américains et les Britanniques avaient décidé fin 1955 d’aider l’Égypte avec un prêt conséquent pour construire le barrage d’Assouan. Nasser commence à se pavaner avec cette idée, quand pour des raisons internes aux États Unis, Dulles annule le prêt, prenant Nasser à contrepied. Humilié devant les opinions arabes il ne pense plus qu’à se venger. En Juillet 1956, nom de code « De Lesseps », les armées égyptiennes prennent le contrôle du canal et de ses infrastructures. Et pendant les trois mois suivant autant les Britanniques et les Français sont clairs sur la nécessité de reprendre le contrôle, autant les Américains n’affichent qu’une suite de positions ambigües, illisibles. Et ce qui n’arrange rien, anglais et américains s’opposent sur d’autres sujets diplomatiques (comme la guerre des Français en Indochine). En l’espèce Eisenhower n’est pas en faveur de la force. Et il insiste pour les USA ne soient pas considérés comme les manipulateurs d’une action de style colonial. Et alors que différentes approches diplomatiques sont tentées (visite officielle des Soviétiques à Londres, visite secrète des Américains à Riyadh), ni les Français (cabinet Guy Mollet), ni les Britanniques, ni les Isréliens ne voient plus d’autre issue que celle les armes. Décision prise au cours d’une réunion secrète à Sèvres. La délégation britannique traite les Israéliens avec dédain (MacMillan  lui-même ne cachait pas son mépris pour les Juifs et Israel). Et pendant ces préparatifs, Egyptiens et Syriens font alliance, incluant le lendemain la Jordanie. Et la tension internationale monte d’un cran avec l’écrasement du soulèvement hongrois par les chars de l’Armée Rouge le 24 Octobre 1956.

    Après quelques jours de tergiversations, les Isréliens passent à l’attaque le 29 Octobre, le lendemain Londres et Paris envoient leur ultimatum indiquant l’intention de reprendre le canal. Le même jour les Soviétiques se retirent de Budapest. Le 31 les Britanniques bombardent les aéroports égyptiens, et la totalité de l’opération surprend amèrement les Américains. Eisenhover furieux accuse Anthony Eden de l’avoir trompé, obnubilé par une réaction soviétique potentielle et sa propre réélection. Pendant quatre jours la coalition resta l’arme au pied, délai mis à profit par Nasser pour bloquer le canal avec des vieux bateaux chargés de ciment, de rochers, de bouteilles vides … Là où les Britanniques SUEZ 56.jpgespérent que les Américains évalueront le danger de voir le canal fermé, Eisenhover réplique en laissant cyniquement les intervenants « bouillir dans leur huile ».Seule comptait sa campagne électorale. Le 5 Novembre les Israéliens contrôlent le Sinaï, et les franco-britanniques sautent sur Suez, et Port Saïd. La réaction soviétique est une série de propos violents à la Kroutchev, menaces suffisantes pour sérieusement inquiéter Washington. Le 6 Novembre Eisenhover remporte les élections, et demande sans discussion aux franco-britanniques de cesser leur opération. Ike s’ouvre à ses conseillers « sinon nous allons vers un embargo total du pétrole des pays arabes ». S’en suit un cesser le feu sur place. Les propos du conseiller économique britannique à Washington donnent la tonalité et commencent à être connus « les Américains nous traitent comme des polissons, à qui il faut donner une leçon, car ils ne doivent pas prendre des initiatives sans demander d’abord la permission de leur Nanny ». Ce nouveau contexte international est reçu sans ambiguité par les pays en voie de décolonisation, mettant en exergue que la France et Londres n’ont plus aucun pouvoir. Le FLN algérien reçoit parfaitement le message. Nasser sort de la crise, seul gagnant.

     

    Les chocs pétroliers

    1 - Le premier choc pétrolier 1973

    Les 16 et 17 octobre 1973, pendant la guerre du Kippour, les pays arabes membres de l'OPEP, alors réunis au Koweït, annoncent un embargo sur les livraisons de pétrole contre les États « qui soutiennent Israël ». Car le 6 octobre précédent, la majorité des habitants de l’État hébreu célèbre Yom Kippour, le jour le plus sacré du calendrier juif. C’est le moment choisi par une coalition arabe menée par l'Égypte et la Syrie pour lancer une attaque militaire surprise en réponse à la défaite de la guerre des Six Jours. L’aide militaire américaine, a permis à l’État hébreu de débloquer une situation critique. La réaction arabe face à l'intervention américaine ne se fait pas attendre. Réunis le 16 octobre à Koweït City, les principaux producteurs du Golfe décident d’augmenter unilatéralement de 70 % le prix du baril de brut. Ils imposeront quelques jours plus tard une réduction mensuelle de 5 % de la production pétrolière et un embargo sur les livraisons de pétrole à destination des États-Unis et de l’Europe occidentale. L’embargo ne sera levé que 5 mois plus tard mais la sanction est là. En un an, le prix du baril passe d’environ 3 dollars à 12 dollars.

    Leurs revendications portent sur :

    • l'augmentation spectaculaire du prix du brut et plus précisément la quote-part de ce prix revenant aux « États producteurs » ;
    • le contrôle absolu des niveaux de la production afin de maintenir un prix « artificiellement » élevé du brut ;
    • la participation croissante, de la part de ces pays, aux opérations de production entraînant la disparition progressive du brut revenant aux sociétés concessionnaires (dit « brut de concession ») au profit du brut qui revient à l'« État hôte » (dit « brut de participation »).

    Ce brutal déséquilibre va forcer les économies à se remettre en question, et les effets se feront sentir jusqu’en 1978.

    De fait, l'OPEP ne retrouvera plus avant longtemps, un tel niveau de puissance sur le plan économique et politique et les objectifs affichés de l'embargo ne seront pas atteints. Les politiques d'amélioration du rendement énergétique se mettent en place à partir de ce moment ainsi que la diversification des sources d'énergie, la France, par exemple développant un programme massif de constructions de centrales nucléaires. Le nucléaire ne modifiera pas la dépendance au pétrole, mais permettra une alternative énergétique à cette dépendance qui trouvera un écho dans le monde entier. 

    2 - Le second choc pétrolier printemps 1979

    Sous les effets conjugués de la révolution iranienne, de la guerre Iran-Irak et du redémarrage de la demande mondiale suite au premier choc pétrolier, le prix du pétrole est multiplié par 2,7 entre la mi-1978 et 1981.

    En raison de ces bouleversements politiques dans un des principaux pays producteurs de pétrole, la production mondiale diminue, provoquant une hausse du prix du pétrole. Le prix de l’Arabe Léger qui est de moins de 13$/baril en septembre 1978 atteint 35$/baril en mai 1979 et culmine à plus de 40$ à l’automne de la même année. À Rotterdam, les prix des produits finis flambent.

    Le 22 septembre 1980 la guerre Iran-Irak débute. L’arrêt des exportations iraniennes provoque de nouvelles hausses de prix. Le prix officiel de l’Arabe Léger, redescendu à 26$ au début de l’année 1980, remonte à 32$/bbl le 1er novembre de la même année, après l’ouverture des hostilités entre l’Iran et l’Irak, pour atteindre finalement 39 dollars au début de l'année 1981. L’augmentation de la production saoudienne ne suffit pas à empêcher cette hausse. La tension du marché et le bouleversement des habitudes ne se traduisent pas seulement par une hausse du prix des bruts, ils étirent également l’échelle de prix basée sur la qualité de chacun des bruts.  

    iran irak guerre.JPG

     

    Les pays consommateurs cherchent tout d’abord à faire des économies d’énergie. Les États-Unis contingentent ainsi les consommations. Par la suite, d’autres sources d’énergie sont recherchées par ces pays, ce qui entraîne un ralentissement de la consommation de l’or noir. Face à cette baisse de la demande, les prix repartent à la baisse au printemps 1981. En juin 1981, les producteurs de la mer du Nord abaissaient leurs prix. Le Mexique et le Nigeria procèdent à leur tour, à l'été 1981, à des baisses de prix significatives afin de réaligner leurs prix sur le brut de référence qu’est l’Arabe Léger.

    Cette crise pétrolière a provoqué pour les pays industrialisés:

    • un renchérissement du coût de l’énergie qui les oblige à investir prématurément dans certaines énergies de substitution;
    • une baisse générale des investissements.

    Ces développements affectent particulièrement le Japon, dont l'Iran était la source traditionnelle d’approvisionnement en pétrole. Pour les pays en voie de développement, aux handicaps déjà difficiles à franchir, s’ajoute l’absence de ressource énergétique bon marché.

    Une nouvelle répartition des revenus entre pays producteurs et pays consommateurs s'esquisse également. Les pays producteurs bénéficient d’une rente de situation. Cette manne financière est en partie injectée dans leur économie locale sous forme d’investissements ou plus ou moins redistribuée à leurs habitants. Mais les responsables saoudiens investissent surtout en Occident en y achetant des pans entiers des secteurs du tourisme, de la finance et l’industrie lourde.

     

    Les forages au large

    Ce serait injuste et incomplet de ne pas s’arrêter sur la technique de l’off-shore. Et surtout les exploits auxquels on est parvenu. Mer du Nord, golfe du Mexique, golfe de Guinée avec Nigeria, Congo Brazza, Angola, Gabon.

    C’est TOTAL qui a lancé l’investissement de la plus grande plate forme pétrolière du monde, Pazflor.

    Construite et assemblée en Corée, elle fut tractée vers sa zone de stationnement définitive, à 100 Kms des côtes de l’Angola ! Inaugurée en novembre 2011. Réalise-t-on que les têtes de forage (49 puits) sont entièrement automatisées, à 1.200 m sous la surface de l’eau, pour exploiter un bloc pendant 20 ans.

    Question très insolente : une plateforme se compose de sidérurgie lourde, de tuyaux, d’informatique, de télécoms. N’aurions nous pas tous ces sous ensembles en France ? Pourquoi la Corée ? Quand on demande à TOTAL on nous répond que l’ensemble a coûté 20% de moins que construit dans l’hexagone. Mais c’est un autre sujet … 

    total pazflor.jpg

    http://www.usinenouvelle.com/article/a-bord-de-pazflor-la-nouvelle-barge-petroliere-de-total.N163489

     

     

    Une lutte sans fin …

    Un observateur extérieur ne voit pas aisément que nombre de conflits récents (depuis une trentaine d’années) eurent le pétrole comme préoccupation réelle. Avec ces deux caractéristiques, que les buts sont puissamment camouflés (résolution de l’ONU, intoxication de masse et propagande), et la puissance qui tire les ficelles, toujours la même. Dans ses mémoires, Alan Greenspan, ex patron de la FED pendant dix neuf ans, dévoile abruptement que les agressions contre l’Irak ne visaient qu’à prendre le contrôle des puits. Un grand diplomate indien, qui fut ambassadeur en Irak le confirme dans son livre «The ultimate prize ; par Ranjit Singh Kalha », celui-ci ajoutant que Saddam Hussein s’est condamné à mort le jour où il a souhaité découplé son pétrole du dollar. Il en fut de même pour Gaddafi, et c’est aujourd’hui l’Iran qui est dans le viseur. 

     

    Histoire du baril

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  • Histoire et Mémoire, par la rédac­tion de l’ASAF.

    Ces der­nières semaines, tou­jours mar­quées par la crise sani­taire et les contro­verses qui l’accompagnent, furent l’occasion, si besoin était, de nous rap­pe­ler, via les rap­ports Sto­ra et Duclert sur l’Algérie et le Rwan­da, l’importance de l’étude de l’Histoire.

    Impor­tance car, d’abord, il y va de la véri­té des faits et impor­tance dans la mesure où l’Histoire est deve­nue plus que jamais un enjeu des com­bats poli­tiques et idéo­lo­giques livrés au sein des nations ou menés sur la scène diplo­ma­tique. De ce point de vue nous sommes bien loin de la paci­fi­ca­tion des esprits par le mar­ché que d’aucuns espé­raient ou, pour notre pays, de l’avènement d’une démo­cra­tie apai­sée rêvée par un pré­sident récem­ment décédé.

    Tou­te­fois, au-delà du fra­cas des affron­te­ments, recon­nais­sons de façon posi­tive que ce retour sur des évé­ne­ments pas­sés et leur explo­ra­tion à nou­veaux frais tranchent avec le culte de l’éphémère qui carac­té­rise la socié­té « liquide » post-moderne et où le temps ne vau­drait que par l’acte éphé­mère de consom­ma­tion d’individus esseu­lés et d’une cer­taine façon, amné­siques. On doit même se féli­ci­ter de ce qui appa­raît comme une résis­tance de l’Histoire, avec son épais­seur, sa den­si­té, sa dra­ma­tique et les inter­ro­ga­tions fon­da­men­tales qu’elle nous lance en ce début de XXIe siècle et qui touchent à un « pour­quoi » qui peut nous éloi­gner de l’utilitarisme dominant.

    C’est à la lumière de ces consi­dé­ra­tions et dans la droite ligne des motifs qui ont pré­si­dé à sa créa­tion, et en cohé­rence avec ses sta­tuts, que l’ASAF est pré­sente dans les débats géné­rés par ces rap­ports. Elle est ani­mée du sou­ci pre­mier que soit défen­du l’honneur de l’Armée fran­çaise, dans toute l’acception de ce vieux mot ins­crit sur nos dra­peaux et sur nos bâti­ments de guerre ; l’honneur dont Alfred de Vigny écri­vait qu’il main­tient tou­jours et par­tout la digni­té per­son­nelle de l’homme et dont le phi­lo­sophe Gabriel Mar­cel nous disait qu’il ne peut pas être seule­ment de « sau­ve­garde » mais qu’il doit être aus­si de « géné­ro­si­té », c’est-à-dire ouvert au ser­vice de la com­mu­nau­té nationale.

    Quant à la mémoire, la « can­cel culture » ou culture de l’effacement, est venue, avec une bru­ta­li­té extrême, l’imposer comme objet d’affrontement à une opi­nion publique fran­çaise que l’on sent médu­sée. Ce phé­no­mène venu des États-Unis, très pré­sent dans les uni­ver­si­tés d’outre-Atlantique, n’est pas sans cou­si­nage avec la phi­lo­so­phie de la décons­truc­tion des Der­ri­da, Fou­cault ou Deleuze, maîtres à pen­ser des années 60 à 80 ; il vise à éli­mi­ner de nos pay­sages, de notre his­toire et de nos âmes toute trace d’un pas­sé décrit comme détes­table et dont la mémoire doit être dam­née. Il n’est en réa­li­té pas nou­veau dans l’Histoire mais la puis­sance des moyens de com­mu­ni­ca­tion contem­po­rains lui donne une por­tée et une réso­nance singulière.

    Soyons très atten­tifs à ce phé­no­mène por­té par le rêve d’un monde par­fait et nour­ri d’une idéo­lo­gie frustre étran­gère à tout sou­ci de la véri­té his­to­rique : en ces temps de frag­men­ta­tion de la socié­té, de reven­di­ca­tions mino­ri­taires et de repen­tances mala­dives, il ne pour­ra, en s’étendant par le biais de stra­ta­gèmes ter­ro­ri­sants, qu’amplifier l’ensauvagement ram­pant qui déjà mine notre pays.

    Face à ce péril bar­bare, nous avons le devoir impé­ra­tif de son­der nos mémoires indi­vi­duelles et col­lec­tives pour y retrou­ver, et sans nier ce que l’humaine nature y a dépo­sé de sombre, les traces du Beau, du Vrai et du Bien et les marques du génie, de l’héroïsme et du sacri­fice, obs­curs ou déployés au grand jour : ce sans quoi aucune civi­li­sa­tion ou socié­té ne peut espé­rer durer. Et d’ailleurs, y aurait-il même une armée digne de ce nom qui n’ait pas comme ultime fina­li­té de ser­vir ce qui pré­ci­sé­ment fait tra­ver­ser les siècles à une com­mu­nau­té natio­nale ?  Au moment où l’on s’interroge sur la conser­va­tion de la mémoire des géné­ra­tions du feu qui peu à peu nous quittent, ayons donc la volon­té, face aux nou­veaux ico­no­clastes, de trans­mettre ce que nos anciens, confron­tés aux aléas de l’Histoire, ont fait de meilleur au ser­vice des valeurs et ver­tus les plus hautes.

    « Ce qui a été conser­vé et sau­vé ne l’a pas été en vain. Il est des œuvres et des pen­sées qui se pro­longent au-delà de la tombe. Il est tou­jours des mains pour recueillir et trans­mettre le flam­beau. Et pour les renais­sances il est encore de la foi. » (Jacques Bain­ville, en conclu­sion de son dis­cours de récep­tion à l’Académie fran­çaise, le 7 novembre 1935).

     

    La RÉDACTION de L’ASAF (Asso­cia­tion de Sou­tien à l’Armée Fran­çaise)
    www.asafrance.fr

    Source : https://www.actionfrancaise.net/

  • Hollande et l’Histoire : encore un rendez-vous manqué

     

    Le point de vue de Dominique Jamet

    Pour qui a suivi la conférence de presse de François Hollande, comment ne pas partager le constat lucide de Dominique Jamet ? Et son pessimisme sur la qualité des dirigeants occidentaux ? Bien-sûr, nous savons ici qu'à la médiocrité des hommes s'ajoute la faiblesse des Institutions politiques et conséquemment des Etats. Et que ces deux inconvénients sont dans un rapport dialectique, multiplicateur de nos échecs et de nos déclins.  LFAR 

     

    3312863504.jpgOn allait voir ce que l’on allait voir. La conférence de presse de François Hollande – la sixième de son premier quinquennat – allait marquer le grand tournant, le grand virage, que dis-je, le spectaculaire tête-à-queue de la désastreuse politique menée depuis quatre ans par la France dans le drame syrien. Après avoir soutenu par principe la rébellion des démocrates contre la dictature héréditaire de la famille el-Assad, jusqu’à nier au-delà du raisonnable l’échec cuisant de l’Armée syrienne libre et l’inanité du rêve d’un printemps arabe, après avoir dans un deuxième temps renvoyé dos à dos le régime et ses adversaires djihadistes – Laurent Fabius ne déclarait-il pas il y a quelques jours encore que Bachar et Daech étaient les deux faces de la même médaille ? -, le Président, ayant enfin pris connaissance du dossier et conscience des réalités, avait mesuré l’étendue de son erreur et compris que tenir la balance égale entre les deux camps revenait à assurer le triomphe de la barbarie. Il allait en tirer toutes les conséquences…

    On a vu. Le chef de l’État et des armées, toutes réflexions faites, tout bien pesé, et compte tenu de l’urgence, a résolu de laisser encore un peu de temps au temps. En vertu de l’indécision qu’il a prise, l’aviation française étendra prochainement son inaction à l’espace aérien de la Syrie, où elle procédera à des vols de reconnaissance, qui permettront de recueillir des renseignements, lesquels pourraient servir de base à des frappes aérienne ciblées contre Daech, étant bien entendu que celles-ci seront modulées de telle sorte qu’elles ne concourront en rien à maintenir ou à consolider la position des forces gouvernementales syriennes.

    François Hollande persiste donc dans l’erreur. Les piqûres de moustique dont il brandit la menace ne traverseront pas le cuir de l’éléphant islamiste. Il est clair que la France, réduite à ses seules forces, n’est pas à même de réduire le monstre qu’elle a laissé grandir. Mais comment le président de la République ose-t-il dire qu’il serait « inconséquent et irréaliste » d’envoyer des troupes au sol quand tous les spécialistes, les experts et le bon sens s’accordent pour estimer que c’est notre seule chance d’en venir à bout ? Qui, dans cette affaire, est inconséquent et irresponsable ? Il n’y a pas le feu ? Mais si, justement, il y a le feu.

    M. Hollande n’a pas saisi l’occasion qu’il s’était lui-même donnée de lancer un appel solennel aux soixante pays nominalement engagés dans la coalition contre l’État islamique, en commençant par les États-Unis qui, après être intervenus à trois reprises quand ils auraient dû s’en abstenir, s’abstiennent aujourd’hui alors qu’ils devraient intervenir. Il ne les a pas mis devant leur responsabilité. Il a manqué une fois de plus le rendez-vous d’une haute fonction avec un grand destin. Il a posé un lapin à l’Histoire.

    Celle des mois et peut-être des années à venir est donc d’ores et déjà tracée. Tant que l’Allemagne, qui en a la capacité, continuera d’accueillir des centaines de milliers de migrateurs et imposera à la France, qui n’en a pas les moyens, d’en prendre sa part, le tsunami démographique dont les vagues se succèdent sur nos rivages se poursuivra et s’amplifiera. Des hommes, des femmes et des enfants fuiront leur terre natale dans l’espoir d’échapper à la misère, à la terreur et à la mort. Des enfants, des femmes et des hommes périront noyés, égorgés, décapités, sous la hache, sous les balles, sous les bombes. La Méditerranée restera un cimetière et le Moyen-Orient un champ de bataille, de ruines et de morts. Le régime syrien, ultime rempart de la civilisation, quoi qu’on en pense, chancellera et finira par s’abattre sous les coups de boutoir des barbares.

    Barack Obama, François Hollande, David Cameron, autant d’hommes que leur habileté, leur ambition et le suffrage universel ont portés au sommet et qui ne sont pas à la hauteur. Comme dit la chanson : « T’es ben trop petit, mon ami ! » Dame, oui ! 

  • Livres & Histoire • L’armée de Condé ou les errants du roi

     

    par Anne Bernet

    L’émigration demeure pour un public largement tributaire de l’histoire officielle un épisode répréhensible. Le livre de René Bittard des Portes, réédité, revient sur les mésaventures de l’armée de Condé.

     

    938307326.pngLa réédition du classique de René Bittard des Portes, Histoire de l’Armée de Condé, publié en 1896, est, même s’il lui manque cartes et index, une heureuse initiative, car cet ouvrage, précieux, était difficile à se procurer. En revanche, qu’il n’ait pas « été remplacé » depuis, comme le souligne Hervé de Rocquigny, son préfacier, oblige à s’interroger sur l’état de l’historiographie française et son désintérêt des sujets non conformes à la vulgate universitaire en vigueur.

    L’Émigration, il est vrai, demeure pour un public largement tributaire de l’histoire officielle un épisode répréhensible, à considérer de loin et avec tout le mépris nécessaire s’agissant de « traîtres » passés « au service de l’ennemi ». Réaction d’autant plus cocasse que les contempteurs des émigrés sont souvent d’ardents admirateurs du « Général », de Londres et de l’appel du 18 juin… Pourtant, le vaste mouvement qui poussa une partie de la noblesse, mais aussi quantité de gens issus du tiers état, à s’exiler afin de préparer hors de France, avec l’appui de souverains étrangers crus trop vite favorables à la cause du roi, la pleine restauration du pouvoir monarchique, incarna le summum du loyalisme. D’ailleurs, les gentilshommes qui tergiversaient, hésitant, pour des raisons honorables, à s’en aller, recevaient des quenouilles joliment empaquetées, façon élégante de mettre en doute leur virilité… Charette lui-même, qui n’avait pas envie d’aller à Coblence, y eut droit, et partit, avant de revenir, écœuré de l’ambiance.

    Mésaventures des Condéens

    Bittard des Portes, toutefois, ne souhaitait pas écrire une histoire de l’émigration, vaste sujet couvrant des situations aussi diverses que contrastées. Il se borna à suivre, sans entrer dans le détail des destinées individuelles, les mésaventures des 6 000 hommes qui s’attachèrent à la fortune du prince de Condé et restèrent, pour la postérité, les Condéens.

    Louis Joseph de Bourbon-Condé, prince du sang, né en 1736, avait très glorieusement participé à la guerre de Sept Ans. Depuis, il vivait à Chantilly, entre sa fille, la pieuse princesse Louise qu’une idylle impossible finirait par conduire au couvent, et sa maîtresse, la princesse de Monaco. Bien que retiré du service, Condé jouissait dans l’armée, où il conservait de nombreux contacts, d’une grande popularité. Son départ pour l’exil, au lendemain de la prise de la Bastille, émut, sans toutefois inciter, dans un premier temps, à le suivre. Il reviendrait à la contagion galopante des idées révolutionnaires dans les différents corps de précipiter le mouvement.

    Dès l’été 1789, évidence qui explique en partie l’absence de réaction forte de la part de Louis XVI, l’agitation subversive avait gagné les régiments, jusqu’aux gardes-françaises, une élite, sur lesquels le roi ne pouvait plus s’appuyer pour rétablir l’ordre. À la veille des journées d’octobre, on avait renoncé à rappeler des troupes à Versailles, de peur de les voir prendre le parti de l’émeute. Dans les cantonnements de province, les officiers se heurtaient à des débuts de mutinerie, qui se soldaient parfois, comme à Caen où le jeune major de Belzunce fut abattu par ses soldats, dépecé et mangé, ou Nancy, par des assassinats.

    Même la Marine, réputée pour sa tenue, n’était pas épargnée. Incapables de rétablir la discipline, inquiets pour leur sécurité, les officiers quittaient massivement le service. C’était le but recherché. Si beaucoup, tels la plupart des futurs généraux vendéens, se bornèrent à rentrer, inquiets de l’avenir, dans leurs foyers, d’autres apprirent, alors qu’ils cherchaient à quoi s’employer utilement, que le prince de Condé, à Worms, levait un corps de troupes placé sous commandement direct des Princes.

    Passer le Rhin

    Le désastreux dénouement de l’affaire de Varennes, en juin 1791, décida les hésitants : prisonnier aux Tuileries, le roi n’était plus libre de ses choix et cette évidence soulagea beaucoup de gentilshommes des scrupules qu’ils éprouvaient à s’en aller. En quelques semaines, 50 000 Français, dont de nombreux bourgeois et paysans, passèrent le Rhin. Les officiers ne furent pas les seuls à réagir ainsi ; ce fut parfois par unités entières, ou presque, que l’on partit, à l’instar du régiment de Berwick, composé des « Oies sauvages » d’Irlande et d’Écosse, à Landau, de Colonel-Général Infanterie, ancien régiment du prince de Condé, à Dunkerque et de Colonel-Général Cavalerie à Sedan, qui s’en allèrent en bon ordre, enseignes déployées. Bittard des Portes, et en cela son livre a vieilli, était d’une génération marquée par 70 et habitée par l’esprit de « revanche ».

    Aussi est-il, malgré ses sentiments royalistes, mal à l’aise pour justifier ce qu’il tient sans le dire pour un passage à l’ennemi. En un siècle, les mentalités avaient trop changé pour saisir encore les motivations de ces hommes. Sa germanophobie l’obligea donc, au long de son récit, à un constant exercice d’équilibrisme, partagé entre admiration pour les Condéens et horreur de les voir combattre au service des Allemands… À l’évidence, l’historien projetait sur le monde germanique contemporain de la Révolution les préjugés et rancœurs de son temps. Cela dit, l’hostilité, qu’il souligne d’abondance, d’une majorité de principicules allemands et de leurs sujets à l’égard des Français exista. Force est aussi d’admettre que les émigrés, d’abord convaincus de n’être que de passage en terre étrangère, eurent tendance à le prendre de haut avec leurs hôtes, jusqu’à les exaspérer.

    Si, dans un second temps, les pérégrinations douloureuses des Princes et de leurs soutiens sont à mettre sur le compte de la lâcheté de l’Autriche, des Italiens ou des Russes, affolés des victoires républicaines et désireux de donner des gages à Paris, au début, ce fut l’arrogance des Français, prompts parfois à se conduire comme en pays conquis, qui provoqua les frictions. Cela entraînerait ces privations, misères, souffrances, guet-apens sournois contre les traînards relatés dans les Mémoires de survivants réellement inconscients de l’exaspération qu’ils provoquaient et persuadés d’avoir été maltraités sans raison.

    Un sentiment de gâchis

    La situation n’était pas meilleure dans les états-majors coalisés où l’on s’était battu contre ces mêmes Français, que l’on trouvait maintenant encombrants mais utiles, dans la mesure où, d’année en année, on s’en servait toujours davantage comme de supplétifs mal payés mais sacrifiables sans vergogne car ils étaient braves et se faisaient tuer aux postes les plus exposés sans se plaindre… Or, ni Condé, ni aucun des Princes n’étaient d’humeur à servir ainsi les intérêts de puissances dont l’unique ambition restait l’abaissement de la France.

    C’est le tragique de l’affaire de voir les émigrés, pris entre royalisme et patriotisme, sabotant des tentatives autrichiennes contre Strasbourg et l’Alsace, pour ne pas être complices d’une invasion, ou, à partir de 1796, quand les passions politiques commencèrent à s’apaiser, de sorte que Bleus et Blancs ne tenaient plus à s’entretuer, s’arrangeant, quand ils se retrouvaient face à face, pour éviter l’affrontement ou se borner à des échanges de tirs symboliques. Cela tournait à la complicité, ce que les Autrichiens reprochèrent à Condé, qu’ils obligèrent, en gage de bonne foi, à engager, le 13 août 1796, contre le général Abbatucci avec lequel il s’entendait trop bien, le combat d’Ober-Kamlach, boucherie fratricide doublée d’une défaite…

    Le pire étant que ces faits d’armes, incontestables, ne passeraient pas à la postérité et que l’on a oublié ces batailles. Le fond du gouffre fut atteint en 1797 quand, lâché par l’Autriche et les Anglais, Condé accepta, la mort dans l’âme, l’offre du tsar Paul d’entrer à son service. En Wolhynie, son armée dut abandonner ses drapeaux et uniformes et prêter allégeance à un souverain étranger qui bientôt, d’ailleurs, la renverrait brutalement. Le corps, pourtant, survécut jusqu’en 1801 et l’éphémère paix d’Amiens. À cette date, les Anglais, qui avaient besoin d’hommes pour défendre l’Égypte et la route des Indes, proposèrent de le solder. Et se heurtèrent à un refus quasi unanime. Ne restait qu’à reprendre, dès que cela fut possible, le chemin de France. Non sans un sentiment de gâchis que la certitude d’avoir sauvé l’honneur n’adoucirait jamais complètement. 

    Histoire de l’armée de Condé, René Bittard des Portes, Perrin, 23€

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  • CULTURE & HISTOIRE • Luminessences d'Avignon : quand les murs parlent

     

    Par Richard de Seze*

    Richard de Seze partage son émerveillement pour la ville d'Avignon, narrée par le spectacle de son et lumière Luminessences qui a lieu du 12 août au 3 octobre 2015 au Palais des Papes d'Avignon. Allez-y donc, vous qui habitez la Provence et les terres voisines ou vous qui y passez. C'est notre conseil.  LFAR  

    En Avignon, les murs du Palais des Papes parlent. Ils racontent leur histoire : les Papes et Jean Vilar, Mistral et les Rois, Avignon et la Mort. Ils racontent ce qu'ils ont vu et abrité, du plus magnifique au plus sordide, du plus incroyable au plus beau. Loin de mettre à plat l'histoire, de niveler les époques, d'effacer les références, ils parlent avec la tranquille assurance de leurs sept siècles d'existence, sacrifient volontiers l'écume des dernières années pour se concentrer sur ce qui doit être inoubliable, sur ce qui doit être sauvegardé. Comme le dit Jaccottet,

    « L'ouvrage d'un regard d'heure en heure affaibli

    N'est pas plus de rêver que de former des pleurs,

    Mais de veiller comme un berger et d'appeler

    Tout ce qui risque de se perdre s'il s'endort. »

    Réveillés en 2013, sortis de leur torpeur, les murs ne rêvent plus mais font pleuvoir sur les spectateurs un déluge d'images et de sons, comme s'ils avaient décidé de restituer en à peine trois quarts d'heure la quintessence des siècles où Avignon florissait. Dans la cour, chaque mur se fait écran mais aussi fenêtre ouverte sur ses trésors. Ils racontent leur construction, ils montrent les manuscrits, ils évoquent les fantômes, ils peuplent chaque mètre carré de figures, de couleurs, d'animaux qui bondissent, d'arbres qui s'épanouissent et d'immenses queues de paon ; les étoiles pleuvent, le feu jaillit, les eaux montent. Un bleu céleste qui n'a rien à envier à Chartres transforme chaque paroi en page cependant que chaque fenêtre est soulignée d'arabesques et supporte un saint, un archer ou un lion: des partitions dorées relient les miniatures qui ont pris vie et la musique éclate.

    Les Luminessences sont un spectacle immersif d'une qualité rare. La technique de la projection vidéo est transcendée, avec des images d'une précision stupéfiante, appliquées avec minutie sur des reliefs de quelques centimètres. L'inventivité est permanente: les murs sont présents ou s'effacent, révèlent ce qu'ils contiennent ou s'amusent à devenir une architecture fantastique à la Piranèse, le fleuve du récit prenant plaisir à toujours surprendre en mobilisant rarement deux fois les mêmes effets. “Féérique” serait parfait s'il n'était pas galvaudé car toute la démarche ressemble à un conte, où les objets sont animés, où les visions surgissent, où les génies agissent. L'idée même d'un monument prenant la parole pour se raconter, fantasque à souhait, s'incarne dans cette narration si spéciale, qui tient à la fois de l'exposition et du film pédagogique, de l'évocation historique et du témoignage.

    Les quatre murs sont indépendants, le récitatif unifiant la perception pendant qu'on tourne sur soi-même, attentif à suivre la course d'un motif ou à découvrir ce qui se passe dans son dos. Plongés dans un bain d'images, réellement au cœur de l'action, les spectateurs passent d'Avignon sous le soleil à une bibliothèque fantastique ou à des murs qui s'écroulent. Le commentaire souligne ce qui doit être compris, n'hésite pas à être mélodramatique et insiste avec sagesse sur un devoir de mémoire, sur la nécessité de s'inscrire dans une histoire qui dépasse les spectateurs et leur présent. Un enseignement et une émotion que peuvent partager cette année les touristes étrangers puisque le spectacle leur est proposé en anglais trois fois par semaine, une attention rare et pourtant si nécessaire.

    Les spectateurs - les participants, plutôt, car on ne peut se contenter d'être spectateur - comprennent tous la leçon et ce qui a été réveillé et suscité ne risque plus de se perdre. Ils portent désormais en eux le Palais qui les a accueillis, la France, Avignon, sa foi et ses papes. C'est ce que vise explicitement le créateur, Bruno Seillier, attentif à souligner le ciment spirituel de cette aventure de pierres. Cofondateur d'Amaclio, qui produit et réalise ce spectacle, il vise toujours à toucher le cœur et à solliciter l'intelligence. Au total, avec La Nuit aux Invalides et Les Ecuyers du Temps à Saumur, dont il est également l'auteur, il a séduit et convaincu plus de 330 000 spectateurs en 3 ans. Car la sensation d'émerveillement ne doit pas s'arrêter (et ne s'arrête pas) aux effets, elle doit en pénétrer les causes. Embrassant sept siècles, le texte d'Avignon réussit à exposer les racines, historiques et religieuses, sans pour autant en figer le développement: la magie du lieu, révélée en 1947 par Jean Vilar, est présentée comme le juste prolongement de son génie spécifique, lentement distillé et transformé pourvu que les hommes en aient conscience. Chesterton évoquait « La tradition [qui] signifie donner des votes à la plus obscure de toutes les classes, à nos ancêtres. C'est la démocratie des morts. La tradition refuse de se soumettre à la petite et arrogante oligarchie de ceux qui n'ont fait que de naître .» Les Luminessences retissent un lien social aussi précieux qu'oublié: celui qui nous lie à notre passé et peut étoffer notre présent.

    Les Luminessences d'Avignon, tous les soirs du 12 août au 3 octobre 2015 au Palais des Papes d'Avignon, www.lesluminessences-avignon.com 

    * Richard de Seze    

    Richard de Seze, consultant en communication dans une agence parisienne, fait partie du groupe Jalons. Il est le co-auteur, avec Basile de Koch, du Cahier de vacances catho, paru en 2015 aux éditions du Cerf.       

     

  • Histoire • Dans Causeur : 21 janvier, hommage à Louis XVI

     

    L'article qui suit - signé de Lucie Vilatte - est paru dans Causeur, le 21 janvier.  Il s'agit, selon son titre, que ne dément pas la suite, d'un hommage à Louis XVI. Il a été publié plusieurs hommages à Louis XVI dans d'autres médias en ligne. Par exemple dans Boulevard Voltaire. Nous avons retenu celui-ci parce qu'il émane d'une conscience républicaine. Républicaine au moins en ses enfances. Et, aujourd'hui, plutôt sceptique, on le verra. On pourra débattre de différents aspects de cet hommage bienvenu. N'en retenons qu'un : l'idée selon laquelle Louis XVI serait mort pour rien. Idée que contredit la juste analyse qui précède : au chapitre des conséquences de l'assassinat du roi, le solde, en effet, entre positif (?) et négatif, n'est pas à somme nulle. Lucie Vilatte dresse fort bien, elle-même, la liste des terribles conséquences qu'il est résulté de cette mort singulière, pour la France, l'Europe et le monde. Ce n'est pas pour rien que Louis XVI est mort mais pour une suite de  malheurs dont nous n'avons pas fini de faire l'inventaire et dont nous subissons encore les conséquences négatives.  Lafautearousseau   

     

    L’idée d’une lignée familiale régnant sur un pays a longtemps heurté ma conscience républicaine, dûment  formatée pendant mes douze années de présence sur les bancs de l’école du même nom.

    Instituteurs, puis professeurs, noblement investis de leur mission, mettant le paquet pour nous faire admettre le bien-fondé de la décapitation d’un roi exécuté pour le simple fait d’être roi. Cela avait permis d’en finir avec ce système injuste et absurde qui donnait le pouvoir à une famille régnante, et aux deux castes les moins nombreuses et les plus riches : noblesse et clergé, laissant de côté les représentants du Tiers-Etat, c’est à dire nos ancêtres directs.

    Aucun d’entre nous n’ayant a priori de représentant du clergé dans son ascendance, ni de particule à revendiquer dans son patronyme (les autres faisant profil bas), il était évident que le Tiers-Etat c’était nous, que c’était pour notre Bien et notre Liberté que ce gros benêt de Louis XVI avait été raccourci et que le pouvoir était enfin donné au peuple de France. De toutes façons ce n’était pas un roi qu’on avait tué mais un symbole. Voilà à peu près comment le Peuple en question s’est approprié la Révolution française.

    Mes valeureux professeurs, encore tout imprégnés du formatage qu’ils avaient eux même subi, ne s’arrêtaient pas plus que nécessaire sur les prisons pleines à craquer, les charrettes quotidiennes vers les actuelles places de la Concorde, de l’Hôtel de Ville ou de la Nation, les milliers de cadavres charriés sur la Loire à Nantes, la répression à Lyon, en Provence et ailleurs. Ni, surtout, sur ce qu’il faut bien appeler le génocide vendéen.

    Robespierre était l’Incorruptible, Mirabeau n’était pas beau et le calendrier de Fabre d’Eglantine était si poétique. Tant pis si ces révolutionnaires s’étaient finalement auto-détruits. Tant pis si tout ce sang versé avait eu pour résultat de laisser la place à un individu assoiffé de pouvoir qui, tout en reconstituant une cour et une aristocratie à l’identique avec son propre entourage, avait mis l’Europe à feu et à sang, terrorisant à ce point les monarchies voisines qu’il finit, pour se donner une légitimité européenne, par épouser la fille de l’empereur d’Autriche, accessoirement petite nièce de la Reine décapitée quelque dix-sept ans auparavant.

    La Révolution restait belle, idéale, rêve de tout le XIXème siècle, inspirant quelques soubresauts ici et là et finissant, un peu grâce aux Prussiens, par dégager le dernier tyran qui, comme son oncle, s’était servi d’un accès de fièvre républicaine (la seconde) pour se coiffer d’une couronne impériale.

    Nous étions donc enfin en République, troisième du nom. « On est en république tout de même ! » signifiant dès lors dans le langage populaire le droit de faire ce que l’on voulait. Non mais ! L’idéalisation de la Révolution allait pouvoir commencer, le mythe fondateur s’installer, balayant, sous le tapis des cimetières et du bagne, ses héritiers directs que furent les Communards.

    Malgré quelques voix discordantes, il devint courant pour les hommes politiques de se référer à la Révolution pour légitimer leur engagement républicain, en bons représentants du « Camp du Bien » face aux quelques survivances monarchistes des débuts de cette Troisième République. Le 14 juillet devint fête nationale. L’Exposition Universelle de 1889 célébra brillamment le centenaire de la Révolution, il nous en reste un des plus beaux monuments du pays, la Tour Eiffel.

    Aujourd’hui, 1789 a pris du plomb dans l’aile, il est difficile de se référer à cette époque sanguinaire dans une société qui a voulu gommer toute idée de violence. Seul un Mélenchon ose évoquer son admiration pour Robespierre, ou peut-être seulement pour son incorruptibilité ?

    Par contre, les références à la République, aux « valeurs républicaines » sont quasi quotidiennes depuis quelques années. D’ailleurs, il faudrait que l’on m’explique en quoi les valeurs en question sont spécifiquement républicaines, je n’y vois personnellement qu’un héritage du Christianisme et des Lumières.  Elles n’ont rien d’universel, elles sont notre identité.

    Le XVIIIème, siècle des Lumières portait en lui tous les germes de l’émancipation humaine, on aurait pu en tirer le meilleur. La violence de la Révolution est venue détruire et dénaturer tout cela. N’aurait-il pas mieux valu pour le peuple, un monarque éclairé et paisible plutôt que des ennemis de la liberté se réclamant de la liberté, puis un arriviste obsédé de pouvoir qui mirent l’Europe à feu et à sang ?

    Qui peut dire que notre pays n’a pas payé tout cela au prix fort  au cours des deux siècles suivants ? Et ne le paye pas encore ? Le Royaume-Uni a t-il du retard sur la France avec sa royauté ? Le Danemark, la Suède, la Norvège, la Belgique, les Pays-Bas ?Pouvons-nous nous poser la question sans passer pour des antirépublicains prêts à en découdre avec la « Gueuse » ?

    Louis XVI est mort pour que noblesse et clergé laissent le pouvoir au Peuple et que règne l’Egalité. Ce rêve a vécu. Aujourd’hui, nous avons presque à l’identique une noblesse d’Etat, sortie de l’ENA ou constituée de politiciens professionnels, la morgue de certains n’ayant rien à envier à l’Ancien Régime. Nous avons un clergé médiatique constitué d’animateurs ou d’artistes engagés nous assénant leur idéologie à la moindre occasion, et de journalistes, privilégiés fiscaux, chargés de nous apporter la Vérité à la grand-messe du 20 heures. Tout ce beau monde se chargeant de nous inculquer les Évangiles du politiquement correct.

    Ses membres exercent un pouvoir sans contre pouvoir, étant de plus en plus déconnectés de la réalité quotidienne de la « France d’en bas » expression douteuse, justifiant en elle même l’existence de l’Elite dominant le Peuple. Quant aux milliardaires, de plus en plus milliardaires, est il besoin d’évoquer leur influence sur la vie publique ou politique ?

    L’Histoire est écrite par les vainqueurs. Au fil du temps, la figure de Louis XVI est pourtant apparue sous un autre jour. L’idéologie républicaine en avait fait un balourd inapte à gouverner, ultime représentant d’une lignée d’oppresseurs. De tyran il est devenu victime. Les gens qui l’ont condamné, ont touché quelques mois plus tard le fond de l’ignominie, en osant accuser sa femme de relations incestueuses avec le petit Dauphin. Cela seul suffit à les discréditer, mais on ne nous racontait pas cela à l’école !

    La réalité du personnage (à part sous le bref épisode de la Restauration) aura mis deux siècles à nous parvenir, je veux dire à nous, grand public non spécialiste.

    Le roi horloger (une de ses passions) s’intéressait à son époque et aux progrès de la Science. La cartographie, la chimie, et même les débuts de l’électricité n’avaient pas de secret pour lui. Il avait été éduqué dans cet esprit des Lumières qui voulait le bien des peuples et la fin de l’obscurantisme. C’était un esprit ouvert et cultivé, des textes d’époque en attestent.

    En 1774, il s’était fait inoculer ainsi que toute sa famille le vaccin de la variole, pour donner l’exemple. Il fut sans doute le premier roi fidèle à sa femme. Il vécut comme un bon père de famille bourgeois, effondré de douleur à la mort de son fils aîné, en juin 1789 année décidément bien néfaste pour lui.

    On dit que le jour de son exécution il a demandé si l’on n’avait toujours pas de nouvelles de La Pérouse l’explorateur perdu avec navire et équipage depuis plusieurs années.

    C’était un homme de son temps, le malheur l’avait fait naître roi. Il n’avait pas eu le choix. Mais il choisit de ne pas faire tirer sur la foule pour se protéger. Ses dernières paroles furent « Je prie Dieu pour que le sang que vous allez répandre ne retombe pas sur la France » Si vous passez par la Concorde un 21 janvier, ayez une pensée pour le Roi. Il est mort pour rien. Et il n’est pas le seul.

    *Image : wikicommons/ Raymond Ellis.

    Lucie Vilatte

  • Les vœux du prince Jean pour la nouvelle année....

     

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    Le portail du Site du Prince, nouvelle version.

    Chers amis,

    Avançons ! Voilà ce que je veux affirmer au moment où s’ouvre devant nous l’an 2012. Les Français ont les yeux rivés sur l’élection présidentielle du mois de mai : elle est importante. Pourtant, en ce début d’année, c’est un autre évènement qui retient mon attention : il y a 600 ans, naissait Jeanne d’Arc. Elle allait mener un combat : conduire le roi de France à Reims. Ainsi a-t-elle défini notre destin pour plusieurs siècles. Y compris pour notre XXIe siècle, j’en suis convaincu, et dans les circonstances que nous vivons, pas forcément meilleures ou pires que celle de son temps.

    C’est pourquoi je compte faire en sorte que nous avancions… À partir de Dreux – où nous nous sommes installés avec la princesse Philoména, le prince Gaston et bientôt notre deuxième enfant – je vais continuer à développer mon activité. Face aux pauvretés matérielles et morales, je renforcerai l’action sociale amorcée en 2011. Face aux difficultés économiques et sociales, je parlerai partout où on me le demandera de ce que j’appelle le management capétien. Au cours de 2012, un grand pays d’Afrique s’apprête à accueillir le Sommet de la Francophonie : je me manifesterai à cette occasion.

    J’entends aussi améliorer l’efficacité des outils dont nous nous servons : La Lettre de Gens de France va renouveler sa formule et comme vous le voyez, j’ai pris des initiatives touchant au site Internet. D’autre part, j’ai décidé que, pour la première fois, l’assemblée générale de Gens de France se tiendra dans une grande ville de province.

    Le premier vœu que je forme pour vous tous, chers amis, c’est qu’en 2012, vous puissiez voir ces progrès se réaliser et vous en réjouir avec moi. Le second, c’est que se renouvelle en vous le profond désir de vous y associer : ce sera la meilleure récompense de mes efforts.

    Je vous souhaite également, comme à la France et à chaque Français, de voir apparaître, au-delà de ce qui nous attend, le renouveau dont nous ressentons si fortement la nécessité.

    La princesse Philoména, le prince Gaston et moi tenons enfin à vous souhaiter, chers amis, une bonne et heureuse année 2012 pour vous-mêmes, vos familles et vos proches.

    Jean de France

    Duc de Vendôme 

  • Documents pour servir à une Histoire de l'URP (49) : Dimanche 10 Mai 1942, Marseille : première inauguration de la statu

    (retrouvez notre sélection de "Documents..." dans notre Catégorie "Documents pour servir à une histoire de l'URP"...)

     

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    Voici la statue, dans son état actuel, plus de quatre-vingts ans après son installation; elle est l'oeuvre de Louis Botinelly (1883 - 1962).

    Il s'agit d'une statue en pierre, sur le parvis de l'église Saint Vincent de Paul ("Les Réformés), en haut de La Canebière, représentant Jeanne d'Arc vêtue en bergère, les mains au niveau de la taille. Le piédestal sur lequel repose la statue est décoré de quatre bas-relief représentant :

    •Jeanne d'Arc et Charles VII,

    •  le sacre de Charles VII,

    • la levée du siège d'Orléans,

    • le martyre de Jeanne d'Arc.

    C’est à partir de 1941, que Botinelly travailla à ce monument. Le commandant Louis Dromard, assisté du jeune Pierre Chauvet - qui devait lui succéder comme Président de l'URP - avait lancé une souscription pour l'érection de ce monument à la Sainte de la Patrie. Dromard était devenu président du Comité Jeanne d’Arc après le décès - en décembre 1941 - de Dominique Piazza, Pierre Chauvet devenant secrétaire général du Comité. C'est ce Comité qui, la souscription ayant rapidement atteint son but, offrit cette statue au Conseil municipal, l’archevêque de Marseille, Mgr Delay, acceptant évidemment de la bénir...

    Comité Jeanne d'Arc, Clergé, Municipalité (qui participa pour 5.000 francs à l’érection du monument, estimé à 200.000 francs) : il y eut donc une belle unanimité à Marseille, en cette époque-là, pour honorer Jeanne !

    Le dimanche 10 mai 1942, pour la première fois, donc, le Cortège traditionnel qui se dispersait, jusque là, au monument appelé "Les Mobiles" (1) se dispersa devant la toute nouvelle statue.

    C'est en page deux du mardi suivant, 12 Mai, que L'Action française relate la Fête de Jeanne d'Arc à Marseille, particulière, pour la raison que l'on vient de dire, cette année-là :

    https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k768365z/f2.item

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    (1) Devenu, au fil du temps, lieu de commémoration habituel à Marseille pour les évènements de la première et de la deuxième Guerre mondiale, le Monument des mobiles, construit par le sculpteur Constant Roux, a été érigé en mémoire du sacrifice de plus de mille "enfants des Bouches du Rhône" qui furent enrôlés dans la guerre franco-prussienne de 1870-1871, dont un bon nombre étaient des Gardes mobiles, ne relevant pas du service militaire. Il est situé lui aussi en haut de La Canebière, à une petite centaine de mètres, à peine, de l'église des Réformés et de sa statue de Jeanne d'Arc; mais il se trouve de l'autre côté de la rue...

  • Une nouvelle série de vidéos des Mercredi de la NAR : (saison 2018-2019).

    lfar nar.jpg(Nos amis de la NAR nous ont fait parvenir, avec le petit mot ci-après, les liens de l'an passé donnant accés aux vidéos des Mercredi de leur saison 2018-2019.
    Persuadé que cela intéressera nos lecteurs, c'est avec un grand plaisir que nous vous les communiquons...)
     
     
    Le succès de la mise en ligne des vidéos de la saison 2019-2020 des Mercredis de la Nouvelle Action royaliste nous conduit a publier ceux de la saison passée.
    Les mercredis de la NAR ont fermé leurs portes, le 10 mars dernier, dans le cadre de la lutte contre la propagation du coronavirus. Pour garder le lien pendant cette période si particulière, nous vous donnons une bonne occasion pour aller voir ou revoir les vidéos de la saison 2018-2019 !
     
    Anceau Éric et
     
    Temple Henri
     
    Qu’est-ce qu’une nation en Europe  ?
     
     
     
     
    Arondel Philippe
     
    L'impasse libérale
     
     
     
     
    Boucaud-Victoire Kévin
     
    George Orwell, écrivain des gens ordinaires
     
     
    Bouvet Laurent
     
    La nouvelle question laïque
     
     
    Burel Morvan
     
    La gauche à l’épreuve de l’Union européenne
     
     
    Cayla David
     
    L'économie du réel
     
     
    Collin Denis
     
    Après la gauche
     
     
    Débat
     
    Gilets jaunes
     
     
    Delorme Philippe
     
    La légende de Notre-Dame
     
     
    Delpla François
     
    Pétain et Hitler
     
     
    El Hage Fadi
     
    Sabordage de la noblesse
     
     
    Fleutot François-Marin
     
    Les Rois excommuniés
     
     
    Gauchet Marcel
     
    Robespierre
     
     
    Grigoriou Panagiotis
     
    État actuel de la Grèce
     
     
    Gueniffey Patrice
     
    La Machine révolutionnaire
     
     
    Henninger Laurent
     
    Quelques leçons sur la victoire de 1918
     
     
    Kesler Jean-François
     
    Faut-il supprimer l’ENA ?
     
     
    Kriegel Blandine
     
    Spinoza, l’autre voie
     
     
    Pincon-Charlot Monique
     
    Le président des ultra-riches
     
     
    Raviot Jean-Robert
     
    Poutine 4 : quelle sociologie du pouvoir ?
     
     
    Renouvin Bertrand
     
    Révolte, insurrection, révolution
     
     
    Saint Victor Jacques (de)
     
    Histoire de la République en France
     
     
    Sainte-Marie Jérôme
     
    Macron et le bloc bourgeois face à la révolte des Gilets jaunes ?
     
     
     
     
     
     
    Salgon Jean-Michel
     
    Dictionnaire des souverainismes de droite et de gauche
     
     
     
     
    Sapir Jacques
     
    La question de la stratégie en politique
     
     
    Teyssier Arnaud
     
    De Gaulle en 1969
     

  • Louis XVI 2018 ! Une très, très longue liste ... Et les derniers rendez-vous aujourd'hui ...

     

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    « On est près du grand mouvement de l’inversion ». Lequel ? Celui qui mettra en cause la Révolution, la Révolution historique (« La terreur est dans son ADN ») mais aussi la Révolution agissant aujourd’hui. « Il y a des signes du sursaut ; des gens qui bougent ; des voix qui s’élèvent et qui parlent de plus en plus fort ». Philippe de Villiers 

    Vous trouverez ici, au fur et à mesure qu'elles seront annoncées, les messes et activités prévues dans votre région - du moins, toutes celles dont nous aurons eu connaissance. Vous aurez certainement à cœur d'y prendre part. Il ne s'agit pas de simples commémorations et votre présence, nombreuse, leur donnera leur plein sens actuel.  

    Annonces

    Nous publierons ici la liste des messes, conférences, débats et manifestations dont nous aurons eu connaissance. Une très très longue liste ...

    Les organisateurs de messes et manifestations autour du 21 janvier 2017 peuvent, d'ores et déjà, nous en communiquer les détails, pour être publiés ici. [Courriel : lafautearousseau@outlook.fr]

    VENDREDI 19 JANVIER

     Fontainebleau : 18h45, Eglise du Carmel, 6 bis Boulevard Maréchal Leclerc. 

    • Épinal : 18h30, Église Saint Antoine, 12, rue Armand Colle. 

    SAMEDI 20 JANVIER

    • Paris : 

    →11h, Saint-Germain-l'Auxerrois, paroisse des Rois de France, Messe célébrée à la demande de l’Oeillet Blanc pour le repos de l’âme du roi Louis XVI, en présence des Princes de la Maison de France.  

    → Marche aux flambeaux, rdv à l'Eglise Saint Roch, 296 Rue Saint Honoré (1er arrdt), à 16h.

     Marseille : 

    →11h, Basilique du Sacré-Coeur, 81 avenue du Prado. La Messe, dite à la demande de la Fédération Royaliste Provençale et Action Française Provence, ainsi que du Souvenir Bourbonien, sera célébrée par Mgr. Jean-Pierre Ellul, recteur de la basilique. Une rencontre suivra l'après-midi.

    →18h30, Eglise Saint-Pie X, 44 rue du Tapis Vert.

     Saint Denis : 12h, Basilique royale.

     Toulouse : 11h, Chapelle Saint Jean Baptiste, 7 rue Antonin  Mercié.

    • Dijon : 18h15, Prieuré de la Sainte- Famille, 4 rue Pierre Thévenot.

    • Strasbourg :  16h, Cathédrale Notre-Dame.

     Toulon :

    18h30, Eglise Saint-François de Paule.

     11h, Eglise Saint Pierre ès Liens, lotissement des Oliviers, route du Val d'Ardennes.

     Amiens : 18h30, Chapelle Saint-Vincent-de-Paul, 54 ter rue Jules Barni.

     Angoulême : 11h, Eglise de Roullet .

     Saint-Raphaël - Le Trayas  : 10h30, Chapelle Sainte-Thérèse, 382 boulevard Théodore-Guichard. 

     Chambéry : 19h, Cathédrale, 6 rue Métropole.

     Montélimar : 17h, Chapelle Notre-Dame de la rose. 

     Carcassonne : 17h, Basilique Saint Nazaire et Saint Celse.

    • Fontaine-les-Dijon : 11h00, Basilique de la Maison Natale de Saint Bernard, Place des Feuillants.

    • Quimper : 9 h, Cathédrale Saint-Corentin.

     Équemauville (Calvados) : 10h, Eglise d'Equemauville.

     Louailles (Sarthe) : 11h, Eglise de Louailles.

     Butry-sur-Oise (Val d'Oise) : 10h. Rue de la Division Leclerc.

     La Gaubretière : 10h30, Chapelle de la Sainte-Famille (Ramberge).

    Coligny (Ain) : Église Saint-Martin.

     Rambouillet : 18h30, Église Saint Lubin, Place Jeanne d’Arc.

    • Nantes, 17h, dépôt de gerbe et allocutions au pied de la Colonne Louis XVI.

     Versailles  : A 19h, Messe de requiem en l'église Notre Dame des armées, 4, impasse des gendarmes.

     Béziers : 17h, Chapelle des Pénitents bleus, 4 rue du 4 septembre.

     Lectoure : 11h, Cathédrale Saint Gervais et Saint Protais.

     Merigny (Indre) : 11h, Chapelle de la Fraternité de la Transfiguration, lieu dit Le Bois.

    Belgique

     Bruxelles : 11h, Eglise du Couvent Saint-Anne, avenue Léopold-Wiener.

    • Tournai : 10h Cathédrale Notre-Dame.

    DIMANCHE 21 JANVIER

     Paris : 

    → 10h, Rassemblement Place de la Concorde (statue de Rouen, devant l'Hôtel de Crillon)...

    → 10h30, Chapelle Expiatoire, Square Louis XVI, 29 Rue Pasquier (8ème). 

    → 11h, Eglise Saint Eugène - Sainte Cécile, 4 Rue du Conservatoire (9ème).

    → 18h30, Saint Nicolas du Chardonnet, 2

  • Histoire • Pascalis - victime méconnue de la Révolution - qui mérite la reconnaissance des royalistes et des Provençaux

     

    Par Pierre de Meuse

     

    Image1.pngEn ce début décembre, il ne semble pas inopportun d’évoquer un personnage méconnu mais attachant, qui mérite la reconnaissance à la fois des royalistes et des Provençaux : Jean Joseph Pierre Pascalis qui naquit à Eyguières, dans les Alpilles le 6 février 1732 et mourut assassiné à Aix-en-Provence le 14 décembre 1790, victime de sa fidélité au roi et à la Provence, pour les libertés de laquelle il avait passionnément combattu. Il était né dans une famille d’origine « gavotte », qui s’était haussée à force de vertus dans la moyenne bourgeoisie si typique de l’Ancien régime. Comme son oncle et son grand-père, il avait embrassé la profession d’avocat, où il était renommé plutôt pour ses qualités de juriste que pour son talent oratoire. C’est ainsi qu’il rédige avec quatre autres jurisconsultes un Mémoire pour Mme de Mirabeau née Émilie de Marignane, contre son mari, le célèbre Honoré-Gabriel de Riquetti, comte de Mirabeau, qui lui en gardera une sévère rancune.

    Sa grande faculté d’analyse juridique lui fait obtenir des postes de premier plan : il est assesseur d’Aix (c'est-à-dire représentant des Etats auprès des Consuls de la ville) et Procureur de Provence (porte-parole de ces mêmes Etats au parlement et devant le gouvernement), et il défend avec courage la modernisation et la revitalisation des institutions provençales. Il s’oppose ainsi au maintien des privilèges fiscaux de la noblesse, dans un « Mémoire sur la contribution des trois ordres aux charges publiques », s’appuyant sur l’observation de la situation présente, mais aussi sur la « Constitution provençale » antérieure à l’annexion de 1406. Cependant, ses convictions favorables aux réformes ne l’empêchent pas de lutter contre le centralisme ; en témoigne son « Mémoire pour dénoncer la commission contre la contrebande » (1773) et surtout son « Mémoire sur le projet de rétablir les Etats de Provence » (1787). Il n’est pas un révolutionnaire, n’exige pas l’abolition des ordres, mais seulement l’aménagement de leur représentation. En 1788 il est élu aux Etats généraux en remplacement de Joseph Servan, mais décline cet honneur : il veut rester en Provence car il sent bien que les orages s’approchent pour sa petite patrie avec la révolution. Sa position en vue lui a valu beaucoup d’ennemis, au premier rang desquels se trouve évidemment Mirabeau, et son âme damnée, un prêtre, l’abbé Jean-Joseph Rive, ancien curé de Molegès, ancien bibliothécaire du duc de La Vallière, un homme qui cherche à se venger par tous moyens y compris le meurtre de l’insuffisante rémunération que la vie aurait donnée à son immense talent. La révolution connaît beaucoup de personnages de cet acabit. Cet ecclésiastique multiplie les appels au meurtre contre Pascalis, qu’il appelle un scélérat et un « mortel exécrable », ainsi qu’un énergumène dans des libelles largement diffusés. Dans un pamphlet de 1789, il appelle carrément au meurtre de l'avocat. Il a d’ailleurs recruté une troupe d’hommes de main, composée de gens prêts à tous les crimes. Au moindre signal, ils savent qui doit mourir de leurs mains.

    Or le 20 juillet 1790 l'Assemblée départementale des Bouches-du-Rhône s’établit à Aix-en Provence. Ses premières décisions réalisent la destruction des toutes les anciennes institutions provençales. Les Etats, le Parlement, la protection de la langue provençale, l’existence même de la Provence, tout est promis à la démolition. Dès que Pascalis constate qu’il est impossible d’arrêter ce mouvement, il décide de quitter le barreau. C’est ainsi que le 27 septembre, il se rend en grande tenue au Parlement pour prendre congé. Dans son discours d’adieu, il constate ne plus être en état d’accomplir ses mandats, et tient à alerter les Provençaux sur les dangers du mouvement en cours, car selon lui, il contient le « renversement de la Monarchie », « l’anéantissement de notre Constitution, la destruction de toutes nos institutions politiques », le déni du désir majoritaire des Provençaux. Enfin il termine en formulant l’espoir d’un retour à la raison où nos citoyens rendus à leurs sentiments naturels de fidélité, de franchise et de loyauté, béniront la sagesse de notre Constitution, permettant « l'exécution de nos traités avec la France, le rétablissement de la Monarchie, et avec le retour de nos Magistrats celui de la tranquillité publique. » Ses derniers mots marquent qu’il « veut vivre et mourir citoyen provençal, bon et fidèle sujet du Comte de Provence, Roi de France. » Ce discours nous rappelle celui de Calvo Sotelo, prononcé avant son assassinat. En période révolutionnaire, en effet, tout désaccord avec le flux torrentiel doit être puni de mort. Et c’est ce que décident Mirabeau et l’Abbé Rive. Pendant près de trois mois, par une série d’actions judiciaires et administratives ils accusent Pascalis et ses soutiens d'avoir prêché la guerre civile, ce que précisément les deux compères s’occupent activement à faire. Un procès verbal est envoyé à la Constituante pour l’inculper. La Commune est sommée de le décréter d’arrestation, menaces à l’appui. Et le prêtre indigne de conclure son courrier par cette conclusion : « Il ne faut pas tergiverser, Monsieur le Président, il n'y a à conserver dans le nouvel empire français que de vrais citoyens et d'excellents patriotes. Tout homme quel qu'il soit, par quelques travaux qu'il puisse s'être distingué, s'il devient un jour l'ennemi de la patrie, il doit lui faire sacrifice de sa tête sous une lanterne. » 

    Pendant tout ce temps, que font les royalistes ? Pascalis continue sa vie tranquille, dans l’hôtel particulier qu'il loue sur le Cours, dit aujourd’hui « Mirabeau », au no 34. (Hôtel Barlatier de Saint Julien). Dans la ville, des cercles se constituent au grand jour, comme la « société des amis de l'ordre et de la paix », pour réclamer le soutien au roi et le rétablissement des libertés de la Provence. Ils ne font pas grand’ chose, mais se font remarquer en se réunissant au cercle Guion (actuellement le café « Les deux garçons »).

    Le 12 décembre au crépuscule, le cercle Guion est attaqué, il y a plusieurs blessés par balle. Les « antipolitiques » de l’abbé Rive envahissent le cercle au cri de « fơu toutei leis esgourgea » (1). Le Cercle est saccagé. Ledit abbé donne l’ordre d’arrêter Pascalis afin de l’assassiner. Celui-ci se trouve à ce moment dans le petit château de La Mignarde, construit aux Pinchinats par un pâtissier enrichi, une maison que les aixois connaissent bien encore aujourd’hui. Ses amis lui conseillent tous de s’enfuir car chacun sait quel sort lui réservent Mirabeau et Rive. Pourtant, l’avocat se refuse à fuir. Il n’imagine pas qu’on puisse commettre une telle monstruosité. Il se contente donc de répondre « ils n’oseraient ! » aux amis venus le prévenir. Il est de toutes façons trop tard, car quelques heures plus tard, une petite centaine de voyous attaquent La Mignarde, enlèvent Pascalis et le mettent au cachot à l’hôtel de ville, ainsi que le vieux marquis de la Roquette. Pendant deux jours Rive et Mirabeau attendent. Que se passe-t-il ? Sans doute Mirabeau et Rive s’efforcent-ils d’obtenir des autorités un procès et une exécution immédiate, mais celles-ci restent silencieuses. Alors le mardi 14 décembre, la Garde nationale, qui retourne à Marseille en colonne est stoppée au bas du Cours (Mirabeau) par des activistes de Rive qui exhortent les soldats à se rendre aux prisons des casernes afin de « tuer le monstre ». Malgré les ordres de leurs officiers, une grande partie des troupes en armes se sépare des rangs afin de suivre les mots d’ordre des factieux. Un exemple de plus de ce qui est le quotidien de la révolution depuis 1788 : une armée intérieure en perpétuelle révolte contre ses cadres, et dans laquelle toute velléité de reprise en main est systématiquement sanctionnée, découragée, discréditée.

    A ce moment se produit un des aspects les plus lamentables de cette affaire : les casernes où se trouvent les prisons sont gardées par un demi-régiment suisse : le régiment d’Ernest, anciennement d’Erlach. Le détachement de 400 hommes est commandé par le Maréchal de camp Rodolphe de Diesbach. Les soldats mutinés et la foule des badauds encerclent les casernes où se trouvent les prisons (2) et commencent à démolir les murs, à casser les portes. Le procureur général syndic demande à l’officier suisse de ranger ses troupes en bataille pour leur résister, ce qu’il fait séance tenante. Les magistrats présents sont alors brutalisés, menacés de mort. On envoie trois officiers municipaux pour parlementer avec la populace, qui les maltraite et les oblige à signer une décharge pour « donner Pascalis ». Ils prennent soin d’ajouter à leur signature la mention dérisoire « contraint et forcé ». Puis le cortège sinistre se rend au Cours, et Pascalis, La Rochette et l’écuyer de Guiramand sont pendus aux réverbères, devant la maison de Pascalis, afin que sa femme soit témoin du crime. Leurs têtes seront promenées deux jours durant à Aix et Marseille, au milieu des pillages et des scènes d’ivrognerie. Mirabeau et Rive ont triomphé mais ils ne survivront pas longtemps à leur victime (3). Mirabeau aura même le temps d’être mis en accusation pour « activités contre-révolutionnaires » par Lameth. Les révolutions dévorent toujours leurs enfants, disait Bainville.  

    Quelles réflexions nous propose ce sinistre épisode ? La première est que la Terreur ne date pas de 1793. Elle est consubstantielle à la révolution. A la terreur de la rue qui commence dès 1788 se rajoute en 1792 celle des comités. Il n’y a pas une révolution pacifique des Sieyès, Mirabeau, La Fayette, et une révolution sanglante, celle des Marat, Carrier, Robespierre. La seconde est une question : comment un homme de la qualité de Pascalis peut-il avoir gardé confiance en la légalité de son temps, au point d’attendre ses assassins ? On est forcé d’y voir l’effet d’une illusion sur la nature humaine. Le légalisme est partout, y compris dans l’obstination ridicule des geôliers à obtenir une décharge écrite. Car enfin dans cette affaire, la lâcheté est le principal encouragement au crime. Tout le monde tremble devant l’émeute. Pascalis est devenu un homme seul. Et comment le baron Rodolphe de Diesbach, homme couvert des lauriers de quatre guerres, peut-il laisser son nom souillé par un meurtre aussi infâme ? En répondant à cette question, ne lève-t-on pas un voile significatif sur la période révolutionnaire. Si Diesbach ne prend pas la décision de tirer sur la troupe révoltée, c’est qu’il sait d’expérience que sa décision ne sera pas approuvée par l’autorité, et qu’il sera lourdement puni par le pouvoir même qui l’a nommé. La monarchie traditionnelle ne s’est pas défendue, par horreur de la guerre civile, alors qu’elle lui était imposée sans possibilité de refus. Ce faisant, elle a condamné ses fidèles et s’est livrée à ses ennemis. Quant à ceux qui s’opposaient à la révolution, ils ne pouvaient défendre le pouvoir qu’ils soutenaient qu’en s’opposant à lui. Leçons tragiques et paradoxales, mais qui peuvent nous éclairer aujourd’hui dans des circonstances qui peuvent devenir semblables.

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    Plaque commémorative de l'assassinat de Pascalis - en Provençal - avec un commentaire de Frédéric Mistral  

    (1)  Il faut tous les égorger !

    (2)  Les casernes se trouvaient à quelques centaines de mètres du Cours (Mirabeau), près de la gare routière actuelle.

    (3)   Mirabeau mourra en avril 1791, dans le mépris général, peut-être assassiné par les jacobins.  Rive lui survivra six mois et mourra d’une attaque d’apoplexie en octobre de la même année

  • Année Henri IV : premières informations...

                Afin que vous puissiez d'ores et déjà avoir une petite idée de ce qui se prépare dans votre région et à Paris, et pour pouvoir éventuellement vous organiser en conséquence, nous vous communiquons ci-après, et comme nous les avons reçues, une deuxième listes d'annonces de manifestations déjà prévues dans le cadre de l'Année Henri IV.

                Vous retrouverez notre première liste (du 22 novembre) en tapant "Année Henri IV" dans le cadre "Rechercher", en haut et à droite de la page d'accueil, juste en dessous des cadres "Devises" et "Donnez des moyens à vos idées".....

                Nous vous donnerons d'autres informations, et de plus amples précisions, au fur et à mesure que nous les rcevrons....

    HENRI IV LOGO.jpg
    Logo officiel de l'Année Henri IV
     

    - Février :                      : Paris                           : Exposition Henri IV (Société d'Histoire du protestantisme).

    - 25 mars                      : Béziers                        : Conférence Jacques Perot.

    - Fin mars/début avril     : Paris                           : Lancement du Site internet officiel Henri IV (Palais de Soubise).

    - 30 mars                      : Pau                             : Inauguration Exposition Henri IV.

    - Début avril                  : Paris                           : Conférence Henri IV et le Canada français (Centre culturel Canadien).

    - 6 avril                         : Saint Germain en Laye : Concert à l'Église.

    - 1er mai                       : Chantilly                     : Exposition Henri IV.

    - 14 mai                        : Paris                           : Cérémonie rue de la Ferronnerie.

    - 14 mai                        : Paris                           : Dîner de quartier, Poule au pot des Béarnais (Mairie du 1er arrdt, Béarnais de Paris).

    - 18 mai                        : Paris                           : Messe Chapelle de l'Hôpital Saint Louis.

    - 4/5 juin                       : La Flèche                    : en préparation (Prytanée militaire).

    - 17/18/19 juin               : Pau                            : Colloque international Henri IV (Château de Pau, Société Henri IV).

    - 30 juin                        : Lescar                         : Concert à la Cathédrale.

    - 15 juillet                     : Florence (Italie)            : Inauguration Exposition Henri IV.

    -1er octobre                  : Saint Germain en Laye : Inauguration Exposition Henri IV.

    - 13 octobre                   : Fontainebleau              : Inauguration Exposition Henri IV.

    - Octobre/novembre       : Paris                           : Colloque Henri IV, le Grand dessein (Musée de l'Armée).

    - 17/18/19/20 novembre : Paris                           : Colloque Henri IV (INHA).

  • Le Louis XIV de Stéphane Bern ? Ca, c'est de l'Histoire ! De la grande, de la belle, de la vraie...

    bern,louis xiv,versailles        Il nous l'avait promise, il l'a faite, cette émission pour laquelle on peut employer indifféremment les adjectifs de "superbe", grandiose", "magnifique", ou n'importe lequel de leurs synonymes. Tout était beau, dans cette remarquable émission, tout était vrai, et aussi tout y était, rien n'y manquait : les Lettres et les Arts, la Guerre, les amours, l'enfance et la Fronde, Versailles, bien sûr, titanesque chantier et - au fond - vitrine du savoir-faire français pour "l'exportation" !.... 

            Il y avait aussi, et il fallait qu'il en fût ainsi, les revers, les ombres, les faiblesses les maladies...; la persécution des protestants (mais qui entraîna une adhésion populaire immense...). 

           "Embrasser les 72 ans du règne, corrigeant les clichés parfois faciles attachés à l'Ancien Régime" avec "des explications éclairées de plusieurs historiens" (Jean-Christian Petitfils, Joël Cornette, Simone Bertière...) : c'était ce que nous promettaient les chroniqueurs qui avaient visionné l'émission. Pari tenu (et de quelle façon !) par un Stéphane Bern manifestement de plus en plus à l'aise, de plus en plus mûr. Si on écrivait dans le style des perles du Bac, on pourrait dire "de plus en plus meilleur"...

            Il a dit la vérité, ou il l'a rétablie. Tout simplement. Sans polémique inutile, sans parti-pris "tout noir" ou "rose-bonbon". "La marche en avant" est une expression que l'on entend à un moment : Stéphane Bern a bien montré cette marche en avant du règne et de la France, en parallèlle, en n'oubliant pas la personne, l'homme Louis XIV, et son évolution, émouvante et même poignante, à la fin de sa vie. Là, on est bien d'accord avec cette mauvaise langue de Saint Simon pour dire que, oui, Louis XIV fut grand, dans ses dernières années, de souffrances et de douleurs physiques, de revers et d'inquiétudes majeures aussi bien politiques que militaires....

            Comment dire tout ce qui est "bon" dans une émission où, justement, tout est bon ? C'est de la belle ouvrage que Stéphane Bern nous a donné là : et dire que c'est lui qui, à la fin nous a remerciés de l'avoir suivi ! Mais les mots sont faibles pour lui dire, à lui, combien nous lui sommes reconnaissants de nous avoir emmené sur les sommets, au cours d'une émission passée beaucoup trop vite, et qui honore la télévison en général, le Service public, mais aussi et surtout celui qui l'a conçue, et celles et ceux qui l'ont entourée dans cette belle et bonne action. 

            Voilà l'Histoire comme on devrait l'apprendre au collège et au lycée : "l'élève veut qu'on l'élève", disait Alain; enseignée par Stéphane Bern, l'Histoire est belle, elle plaît, elle élève. Le coeur, l'âme, l'esprit.....    

    bern,louis xiv,versailles

     Et, bien sûr, Versailles !....

    Il y eut bien évidemment des zones d'ombre dans le règne, car rien ni personne n'est parfait, et l'émission ne les a pas cachées. Il n'empêche que, pour la France, le règne de Louis Dieudonnée fut bien une "marche en avant" : le roi pensionna artistes et savants, non seulement français mais, chose rarissime, étrangers; il attira une foule de talents de toute l'Europe et développa "l'industrie française"; il agrandit le royaume du Roussillon (Perpignan), de la Franche-Comté (Besançon), de l'Alsace (Strasbourg), de l'Artois et la Flandre (Lille) : pourrait-on seulement imaginer aujourd'hui la France sans ces villes ?

    "Louis, le grand en tout", disait de lui Pierre Puget, qu'il aimait et qui l'aimait. Et Vauban écrivait : "Le Roi me tenant lieu de toutes choses, après Dieu, j'exécuterai toujours avec joie tout ce qu'il lui plaira de m'ordonner, quand je saurai même y devoir perdre la vie."

  • Documents pour servir à illustrer une histoire de l'URP (23)...

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    (Documents pour servir à illustrer une histoire de l'URP : contribution, commentaires, informations, renseignements, prêt de photos etc... bienvenus; retrouvez l'ensemble de ces documents dans notre Catégorie : Documents pour servir à illustrer une histoire de l'URP)

     

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    23 : À Martigues et Roquevaire, hauts-lieux maurrassiens... (4/5)

    (pour ces cinq livraisons, on pourra se reporter à notre Album (de 125 photos) : Une visite chez Charles Maurras...)

    Comme nous l'avons vu les semaines précédentes, c'est sous le mandat de Paul Lombard que la Bastide fut donnée à la Ville de Martigues. Et, tant que Paul Lombard fut là, même après sa "démission" qu'il avait annoncée, tout se passa bien pour la Maison, et pour nous. 

    C'est en 1968, à la suite de la mort de Francis Turcan, que Paul Lombard devint maire de Martigues. Il fut constamment réélu à ce poste, à chaque fois au premier tour. Aux élections municipales de 2008, il se présenta pour la 7ème fois consécutive, mais en annonçant son départ en 2009 au profit de Gaby Charroux. La passation de pouvoir eut lieu le Paul Lombard demeurant cependant conseiller municipal, donc présent, dans la Ville et dans le Conseil municipal. Il ne mourut que le , à l'âge de 92 ans.

    Voilà pourquoi, même bien des années après la donation de 97, nous pûmes continuer d'utiliser la Bastide.

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    On voit parfaitement bien, sur cette photo, le nouveau Chemin de Paradis élargi, entre le stade et la maison de Maurras, et l'on se rend fort compte de la bonne dizaine de mètres perdus par le nouveau mur d'enceinte de celle-ci, côté "Chemin"...

     

    Je ne prendrai qu'un exemple de la loyauté des intentions de Paul Lombard. En 1965, donc sous le Maire précédent, fut édifié le stade qui porte aujourd'hui le nom de ce Maire, Francis Turcan (et dont Wikipedia mentionne l'adresse, curieusement, au "29 Chemin DU paradis", alors que c'est évidemment "Chemin DE paradis", mais, passons...). Avec le temps, le nombre de spectateurs augmentant, la Ville décida d'élargir le Chemin de Paradis. Il fallut donc "prendre" une bonne dizaine de mètres sur les propriétés situées sur le Chemin, mais de l'autre côté du stade, donc, entre autres, "chez Maurras". Or, la Bastide s'ouvre, de part et d'autre du portail d'entrée, par la double Allée des philosophes, avec ses beaux cyprès, son calme propice à la méditation - d'où le nom... - et ses deux belles tables rondes en pierre, à chacune des deux extrémités. On coupa donc les 72 antiques et "historiques" cyprès et l'on cassa le mur. Mais tout fut reconstruit à l'identique, environ dix mètres plus haut, à l'intérieur du jardin. 

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    "...Ce fut plus tard, beaucoup plus tard, que je pus construire à la bordure du Chemin de Paradis ma double "Allée des Philosophes"; 18 cyprès par ci, 18 cyprès par là, répétés de chaque côté, ce qui fit les 72...." (Charles Maurras)

    Illustration : tout de suite en entrant dans le Jardin, une fois le portail ouvert, on a, à droite et à gauche, la même "Allée des philosophes", s'achevant toutes les deux par une petite table de pierre ronde, chacune avec son banc de pierre; les deux allées sont formées de deux haies de cyprès parallèles, espacées de deux mètres environs, propices à la méditation...

     

    La première fois que je me rendis, avec Chauvet, chez Maurras, après ces travaux d'élargissement, j'exhalai mon amertume, en lui disant que la Mairie avait trouvé un bon moyen, fort mesquin, de rogner un peu sur le patrimoine de la maison. À ma grande surprise, Chauvet me répondit très "philosophiquement" - ce qui était bien la moindre des choses, dans... l'Allée des philosophes ! - et me dit, très calmement : "Tu as tort de critiquer, tu devrais plutôt te réjouir qu'ils aient conservé intact, en le respectant, l'esprit du lieu et qu'ils aient tout refait exactement à l'identique...". Je m'inclinai, et renonçai donc à mon idée selon laquelle la double allée actuelle et le nouveau mur d'enceinte n'étaient que de "faux témoins"...

    Ce fait montre bien que Paul Lombard, tant qu'il fut là, n'eut pas d'intentions hostiles envers la Bastide.

     

    RENDEZ-VOUS A NOS AMIS, CE SAMEDI 1er SEPTEMBRE, A MARTIGUES, POUR LA JOURNEE D'HOMMAGE A CHARLES MAURRAS, A L'OCCASION DU 60ème ANNIVERSAIRE DE SA MORT

     

    2. Le déroulement de la journée...

    Samedi 1er septembre, Martigues, Chemin de Paradis : mieux qu'un "devoir de mémoire", un "bonheur de mémoire"...

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    3. La vidéo des interventions... (une heure vingt minutes) 

    Devoir de mémoire, "bonheur de mémoire" : Charles Maurras célébré et honoré "chez lui", dans sa ville de Martigues et dans le jardin de sa maison du Chemin de Paradis

     

    4. Premières réflexions après la journée...

    Réflexions en guise de conclusion provisoire, après la journée d'hommage de samedi : A ceux qui ostracisent Charles Maurras : la guerre est terminée ! Delenda est injuria !...

     

    5. Petit reportage en trente photos, comme il y a "les trente beautés de Martigues"...

    Martigues, samedi 1er septembre, hommage à Charles Maurras : trente photos, comme il y a "trente beautés", de Martigues...

     

    On me permettra, pour conclure cette livraison d'aujourd'hui, un petit souvenir personnel. Cette journée, ce fut la dernière fois que je rencontrai Guber. Nous évoquâmes ensemble, avec joie, non pas "le bon vieux temps" (expression idiote", mais ces "jours heureux" des Issambres (voir le n° 18 de ces Documents), des Baux : je lui rappelai qu'il avait été mon premier "supporteur", lors de mon premier discours aux Baux : je parlais juste avant lui, qui clôturait toujours les discours, et il me murmura "Jette ton papier !". Après la Royale, il me donna de précieux conseils, lui qui parlait avec tant d'éloquence... 

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    Au premier rang, à gauche, Henri Bec et, à sa gauche, pantalon blanc : "Guber"...

     

    François Davin, Blogmestre