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Rechercher : Rémi Hugues. histoire & action française. Rétrospective : 2018 année Maurras

  • Voilà que ça le reprend ! Bouteflika ”remet ça”, et veut ”criminaliser” l'action de la France en Algérie.....

                Le procédé est courant, et bien connu: dans toutes les dictatures et tyrannies -et l'Algérie en est une...- dès qu'il y a trop de problèmes à l'intérieur, créés par la corruption, la gabegie, l'incompétence... des dirigeants, on distraie l'opinion publique en agitant des chiffons rouges. La ficelle est très, très grosse, mais, bon... C'est ce qui se passe avec Bouteflika, qui nous refait donc, pour la énième fois, le coup de la demande d'excuses pour la colonisation....

                Mérite-t-il la palme de l'ignorance ou celle de la mauvaise foi ? Et pourquoi pas les deux ? Lui qui n'est pas gêné de venir se faire soigner chez nous, mais qui ne ne recule devant aucune outrance verbale, devant aucune contre-vérité historique pour nourrir son propos haineux, et -au sens propre du terme- ab-errant (du latin "ab", loin de, et "errare", divaguer: se dit de celui ou celle, ou du propos, qui divague loin de la raison, du bon sens...).

    ALDO BOUTEF.JPG
    croqué par Aldo

                Adepte du "plus c'est gros, plus ça passe", ce n'est donc pas la première fois qu'il demande réparation pour le "génocide" (sic !) commis par la France en Algérie à partir de 1830.

                Enfin, commis, c'est si l'on s'en tient à "l'évangile selon Saint Abd-el-Aziz", car si l'on s'en tient à l'Histoire vraie, il s'est passé beaucoup de choses en Algérie, pendant la présence française, mais certainement pas de génocide !

                Le piquant de l'histoire vient de ce qu'en réalité, et puisqu'il tient tant à parler des crimes du passé, il semble oublier que lui et les siens sont les héritiers des conquérants musulmans qui, au septième siècle, ont envahi l'Afrique du Nord, qui ont liquidé l'Empire Romain et qui ont, par la force, remplacé le christianisme par l'Islam, et la romanité par l'arabisme. Et qui ont donc imposé à des populations jusque là profondément romanisées et christianisées un changement radical que l'on peut, pour le coup, qualifier de "génocide culturel". Car si aujourd'hui il y avait en quelque sorte parité entre l'Islam et le Christianisme dans ces contrées jadis exclusivement chrétiennes (1) on pourrait tenir la conquête musulmane du septième siècle pour un fait historique comme un autre. 

                Mais voilà, comme en Turquie, comme en Egypte, la victoire militaire de l'Islam a signifié la disparition pure et simple de tout ce qu'il y avait "avant", et son remplacement par la langue, la religion, les moeurs des envahisseurs. Et c'est pourquoi Bouteflika et les siens ne sont évidemment pas crédibles lorsqu'ils accusent la France: on voit bien le terrifiant monolithisme, la désolante uniformité -ou si l'on préfère l'absence totale de réelle diversité: religieuse, culturelle, linguistique...- dans des pays comme la Turquie ou l'Algérie (2). Il est clair que s'il y a eu un "génocide culturel" en Afrique du Nord, c'est bien celui que les envahisseurs arabo-musulmans ont fait subir à la partie sud de l'Empire Romain !....

               Et si la France avait "fait pareil" à partir de 1830, eh bien, justement, Bouteflika et sa clique ne seraient pas là pour pérorer ainsi qu'il le font: ils seraient tous chrétiens aujourd'hui, comme on l'était en Afrique du Nord au temps de Saint Augustin et de sa mère Sainte Monique; au temps de Saint Cyprien.... Les modernes "africains" auraient retrouvé leurs antiques racines, leur antique appartenance culturelle et spirituelle du temps où ils faisaient partie intégrante du grand ensemble romain....

               Plutôt que de débiter ses sempiternelles sornettes, Bouteflika ferait mieux de se remettre en cause, lui et son action; mais aussi son parti et son idéologie politique; et enfin sa société, sa religion, ses moeurs.... Il ferait mieux d'ouvrir les yeux sur la trilogie infernale qui ravage les pays d'Islam -arbitraire, nonchalance, corruption- pour reprendre l'expression de Benoist-Méchin. Et il ferait mieux de se demander pourquoi un pays grand et riche comme l'est l'Algérie vit dans l'oppression, la violence, et (pour une très large part de sa population) la plus extrême pauvreté, pour ne pas dire la misère.

               Et pourquoi les Algériens s'en vont par milliers vers la France, cette France que lui critique tant, mais qu'eux regardent comme un pays de cocagne, comme une "terre promise"..... (3)

    (1): la remarque vaut aussi pour tous les pays musulmans "recouvrant" d'anciennes terres chrétiennes, comme la Turquie ou l'Egypte.....

    (2): qu'on ne vienne pas citer l'Egypte avec sa forte population copte: on sait le martyre quotidien dans lequel vit cette héroïque communauté depuis la conquête musulmane....

    (3): voir la note "Qui attire et qui repousse ?" dans la Catégorie "Islam, Christianisme et France Chrétienne".

  • En français s'il vous plait : la langue française est menacée, par Jean Monneret.

    Source : https://www.actionfrancaise.net/

    Billet d’humeur

    Beaucoup d’entre nous sont abasourdis devant les effets absurdes produits par la nouvelle offensive idéologique faisant la promotion de l’écriture inclusive. Mais l’attaque du « français dans le texte  », s’appuie sur de nombreuses complicités, médiatiques comme universitaires, bien avant cette dernière mise à mal de la langue de Molière. Jean Monneret , écrivain, historien , ancien enseignant d’anglais nous livre dans cette première partie son constat affligeant.(ndlr)

    3.jpgIl est à craindre qu’après avoir lu ce titre, certains lecteurs ne soupirent  : «  Encore cette rengaine  !  »

    Espérons néanmoins qu’il demeurera beaucoup de braves pour m’emboîter le pas. Car, l’heure est tragique. De fait, j’aurais dû écrire  : «  Jamais la langue française n’a été autant menacée de destruction  ». Passées les objurgations d’Etiemble sur le franglais, finie la loi Toubon sur la protection du Français, votée mais jamais appliquée. Désormais, l’abîme nous guette.

    Pourquoi  ?

    D’abord, parce que les media audiovisuels ont considérablement renforcé leur influence sur les populations. Je parle d’influence mais c’est d’emprise qu’il s’agit. Ils l’ont portée à un niveau sans précédent dans l’Histoire. Du matin au soir et même, du berceau au cimetière, un individu lambda est bombardé par une multitude d’images, d’émissions, de publicités, de vidéos, de films, de débats, de reportages qui modèlent sa façon de voir les choses, mais aussi sa façon de s’exprimer. Limitons-nous au domaine du langage  ; que constate-t-on  ?

    Un fait accablant.

    La démultiplication de ces flux audio-visuels gigantesques ne s’accompagne plus, comme ce fut longtemps le cas, d’un strict contrôle de la qualité du Français utilisé. Tout au contraire, le Léviathan médiatique qui pèse sur nos vies, véhicule une langue appauvrie, rabougrie et saturée d’anglicismes.

    Quelques exemples pour fixer les idées  :

    __Les mots sujet et souci sont constamment utilisés comme synonymes de problème. Qui n’a entendu dire ces temps-ci  : «  y a pas de souci  » pour dire  : «  Pas de problème  »  ? Or ces trois mots ont des sens différents. Cet usage absurde a été imposé par les media dont la puissance tentaculaire a propulsé cette erreur au niveau national et même international en deux temps trois mouvements.

    __Les journalistes se croient trop souvent obligés d’annoncer qu’ils vont « décrypter  » l’information  ; il suffirait de dire qu’ils vont l’analyser. (Décrypter est un synonyme de décoder.)

    ___Le participe passé dédié a remplacé consacré à ou destiné à. On vous parlera donc d’un emplacement «  dédié  » à l’accueil des voyageurs ou d’un personnel «  dédié  » à la sécurité. Les media ne reculant devant rien ont même imposé une salle «  dédiée  » sans complément ce qui signifierait donc une salle particulière, et même des fonctionnaires «  dédiés  », comprendre  : spécialisés. Le tout au mépris des dictionnaires et des notions étymologiques les plus élémentaires.

    De telles âneries sont constamment propagées et imposées par les media. Rappelons que dédier a originellement un sens religieux et qui a évolué vers l’idée d’attribuer un lieu, un objet, un livre, en hommage à une personne, ou à une divinité.

    La cause de ces impropriétés à la limite du barbarisme est facile à éclairer  : la déficience de l’enseignement du Français dans nos écoles. Elles produisent des millions de jeunes gens n’ayant qu’une connaissance approximative, fort médiocre de la langue nationale.

    A ce défaut majeur s’ajoute le fléau d’un certain snobisme qui porte des locuteurs francophones à truffer leurs phrases de mots anglais. Ce phénomène est bien connu  : il consiste à parsemer leurs propos d’un semis de termes empruntés à la langue de Shakespeare afin de « laisser entendre »__tout est là__, que cette langue n’a pas de secret pour eux. C’est là pur enfantillage et sans doute l’explication complète est-elle plus compliquée, mais baste, que c’est irritant  !

    Quelques exemples pour fixer les idées  :

    _Une grande publicité pour le Ricard,…born (né) à Marseille.

    __Le coronavirus faisant des ravages, les plus hautes autorités évoquèrent à la télévision des Clusters. Ce mot désigne en anglais un massif de fleurs, un bouquet d’arbres, un régime de bananes, un pâté de maisons ou un groupe d’îles. Pourquoi diable le substituer au terme français foyer infectieux, parfaitement clair  ?

    ___Durant cet épisode, j’entendis, toujours sur les petits écrans, un médecin s’inquiéter de la vulnérabilité des personnes âgées. Il déclara benoîtement ceci  : «  on peut craindre un «  strike  » (choc) dans les EHPADs  »

    Ces sottises et ces faux sens ne datent pas d’aujourd’hui. En 1950 déjà, j’entendais des professeurs expliquer qu’en anglais To Control ne signifiait pas contrôler mais dominer ou maîtriser. «  Pas grave  », diront certains.

    ET pourtant  ! La traduction de birth control est à l’origine d’un faux sens qui s’est perpétué à ce jour. En français correct, contrôle des naissances signifie stricto sensu vérification des naissances. Or, en anglais, birth control signifie maîtrise de la fécondité et l’on aurait dû le traduire ainsi. Entre ces deux expressions, on admettra qu’il y a plus qu’une nuance.

    Le problème ne se limite pas à des traductions bancales, il y a pire. L’emploi de mots anglais dans la phrase française atteint une densité frappante. Qui n’a déjà entendu des phrases du genre  : «  il faut booster les process pour éviter un gap  »  ?

    En français régulier, il est pourtant plus simple de dire  : « il faut renforcer l’action pour éviter un écart…  » (tenu pour trop grand). L’ennui est que pour beaucoup de Français  : booster, process, gap, ne sont déjà plus des mots anglais. D’aucuns vous diront, en toute bonne foi, qu’ils les ont toujours entendus. Le mal est fait. Hélas  ! Il ne sera pas sans conséquence. Nous verrons lesquelles.

    Et alors  ? Que faire  ?

    Nous le verrons aussi prochainement. Jean Monneret.

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  • Histoire : Mai 68 • Les meneurs de la « Commune étudiante » : un paradoxe français [1]

    Quelque chose de contradictoire animait les passions politiques des leaders de Mai, couramment désignés par l’expression de « révolutionnaires professionnels »[1]. Cette contradiction résidait dans l’opposition entre leurs origines et leurs orientations en matière géostratégique, ces dernières étant fondées, guerre du Vietnam oblige, sur un anti-impérialisme américain radical. Ce qui explique ce paradoxe est justement le caractère mondial de leur combat : comme le souligna le président de Gaulle lors du Conseil des ministres du 5 juillet 1967 : « La jeunesse devient internationale »[2]

    Une patrie : la terre 

    Ces jeunes meneurs de Mai 68 se dépouillaient de la culture qu’ils héritaient de leur milieu familial pour se consacrer entièrement à la lutte de libération internationale. « En tant que ʽʽcitoyens du mondeʼʼ, universalistes et cosmopolites, ils étaient en quête d’une ʽʽpatrieʼʼ, des ʽʽracinesʼʼ en des lieux différents, physiquement, idéologiquement et intellectuellement éloignés : en Chine, en Amérique latine, au Vietnam ou en Algérie. »[3]

    Le groupuscule maoïste dont faisait partie Alain Geismar, l’une des figures majeures de la révolte étudiante, « était violemment antisioniste. Ses deux chefs pourtant, l’officiel comme l’occulte, Geismar et Victor (Benny Lévy), étaient juifs. Mais, à l’époque, il n’y avait rien là de paradoxal. On était ʽʽinternationalisteʼʼ. »[4]

    Relativement à cette question, Maurice Szafran relate le fait suivant : « Dès 1967, au lendemain de la guerre des Six-Jours, Tony Lévy, le frère de Benny, avait fondé à la Cité universitaire un comité des étudiants juifs antisionistes. Le terreau idéologique était on ne peut plus simple. Il tournait autour d’une de ces ʽʽévidencesʼʼ qui fondent le gauchisme : Israël n’est qu’un instrument de l’impérialisme américain. […] Les frères Lévy comptent parmi les premiers responsables gauchistes à comprendre que la cause palestinienne peut leur être utile. Et sur deux plans : faire apparaître de nouveaux héros au firmament de la révolution, s’adresser, par ce biais, aux ouvriers immigrés d’origine arabe. Au fellagah du FLN et au vietcong du FNL doit succéder le fedayin du Fath. »[5] Méprisés par les ouvriers français, les militants de lʼUJC(ml) étaient contraints de se tourner vers les travailleurs immigrés, essentiellement d’origine maghrébine, afin de pouvoir espérer recruter de nouvelles ouailles. 

    Ce groupuscule prochinois fut dissous avec d’autres après les élections législatives de juin 1968 : il fut rebaptisé Gauche prolétarienne. Cette organisation s’attelait notamment à diriger son action militante autour du thème de la défense de la cause palestinienne. Par exemple avec la tenue d’un meeting en 1970 : « Hautparleurs, musique orientale, grands discours en arabe, en français. Drapeaux palestiniens déployés, vert, blanc avec croissant rouge. Portraits de Yasser Arafat. Banderoles... On distribue des tracts du Comité Palestine : En Palestine tout le monde se bat pour la liberté. Pas seulement les feddayin mais aussi les femmes et les enfants. Ils se battent pour reprendre la terre que l’occupant sioniste leur a volée. »[6]

    La même année la GP organisait une manifestation en faveur de la cause arabe en rendant hommage à son avocat le plus célèbre. « Le 28 septembre 1970 Nasser meurt. Ses funérailles auront lieu le 1er octobre. Les maos flairent là ʽʽun bon coupʼʼ. La mort du président égyptien, le Raïs, a déclenché en effet une émotion immense dans le monde arabe, et bien entendu chez les immigrés... Porte Zola, dès avant six heures du matin, on installe des panneaux : portraits du Raïs, d’Arafat, photos de feddayin, kalachnikov au poing. En célébrant Nasser, les chefs maos mettent de l’eau dans leur vin. Ils le méprisent en fait. C’est un larbin de Brejnev, se disent-ils en aparté. Il bouffe à la fois au râtelier du KGB et de la CIA ! Il trahit les Palestiniens... L’Egypte est soutenue par l’URSS. Et la Chine joue contre l’URSS au Moyen-Orient. Mais avec les immigrés arabes, qu’on veut séduire, on n’entre pas dans ces considérations...

    – Pour les funérailles de Nasser, on n’a été que deux cents, au départ, à débrayer dans lʼîle Seguin, raconte un mao maghrébin, surtout des Arabes. […] Régulièrement des camarades prenaient la parole. Et puis on est allé déjeuner à la cantine. Pendant le repas et après, on n’a pas arrêté de discuter. Porte Zola, à la sortie de l’usine, les discussions se poursuivent. […] On argumente, on sʼengueule :

    - Un État palestinien ? On n’en veut pas. Qu’est-ce que ça serait ? Un grand camp de réfugiés surveillé par des flics sionistes ! Non... Il faut poursuivre la révolution, renverser les sionistes et tous les États arabes réactionnaires !

    - On libérera aussi les Juifs de Palestine de la dictature sioniste !

    - Pour les immigrés, ici, en France, il est clair que la seule solution ce sont les armes !

    - Les Français ont trop tendance à vouloir régler les choses pacifiquement. Nous, les maoïstes arabes, quand nous luttons ici contre les patrons, nous luttons en même temps contre les réactionnaires arabes. Notre combat est mondial !...

    Un Maghrébin, portant un paquet de journaux, se glisse dans le groupe, criant :

    - Lisez Fedaï, journal antisémite.

    Un lieutenant de Victor le rabroue. Le vendeur corrige alors le tir :

    - Lisez Fedaï, journal antisioniste ! »[7] 

     

    Cette anecdote illustre bien les ambiguïtés auxquelles étaient confrontés les gauchistes, dont les maoïstes en particulier, dans leur combat antisioniste.  (Dossier à suivre)     

    [1]  Hervé Hamon, Patrick Rotman, Génération. Les années de rêve, Paris, Seuil, 1987, p. 313.

    [2]  Alain Peyrefitte, C’était de Gaulle, III, Paris, Fayard, 2000, p. 250.

    [3]  Yaël Auron, Les juifs d’extrême gauche en mai 68, Paris, Albin Michel, 1998, p. 278.

    [4]  Morgan Sportès, Ils ont tué Pierre Overney, Paris, Grasset, 2008, p. 121.

    [5]  Maurice Szafran, Les juifs dans la politique française de 1945 à nos jours, Paris, Flammarion, 1990, p. 188.

    [6]  Morgan Sportès, op. cit., p. 121.

    [7]  Ibid., p. 141-142.

    Retrouvez les articles de cette série en cliquant sur le lien suivant ... 

    Dossier spécial Mai 68

  • Qu'est-ce qu'une cité, une nation, la nation française ?

    Jean-Baptiste Donnier, Hilaire de Crémiers

    Vidéo : Maurras, l’homme de la cité, par Jean-Baptiste Donnier, professeur des universités. [Extrait du colloque Maurras, l'homme de la politique, tenu à Marseille, le 21 avril 2018].

     

    47'19''

    blue-wallpaper-continuing-background-wallpapers-bigest-images - Copie.jpgNous vivons une période très singulière marquée, tout particulièrement pour la France, du signe de la contradiction suivante :

    1. La difficulté croissante du pays à se définir comme nation, à assurer et assumer son unité, tant elle apparaît fracturée et peu assurée de sa légitimité. Tant elle est soumise - du fait, sans-doute d'une nouvelle trahison de ses « élites » - à la tentation du reniement de soi et de l'autodénigrement.

    2. Cependant, ce faisant, la France n'est-elle pas, une fois de plus à contre-temps, en retard d'un train ou d'un cycle, au moment où partout dans l'univers se manifeste un retour des nations, des limites, des frontières, une aspiration des peuples à reprendre leur destin en mains ? «  Tout va basculer* » dans cette direction est le titre et la thèse d'un ouvrage grand public, qui connaît un large succès de librairie et d'influence, sans-doute parce qu'il coïncide avec la réalité des évolutions que connaît le monde actuel.

    Mais qu'est-ce qu'une Cité ou une nation ? Peut-on en donner une définition pertinente ? C'est ce que réussit  Jean-Baptiste Donnier, à travers la pensée de Charles Maurras, dans cet exposé qui n'est point long et qui est, selon nous, fondamental. 

    Il répond au questionnement que nous avons évoqué en commençant. Quand tout devient troublé et incertain, n'est-il pas temps d'en revenir aux fondamentaux ? C'est ce que nous proposons en cette journée du 1er mai dont on nous dit qu'elle est de tous les dangers. Bonne écoute ! lafautearousseau 

    * Tout va basculer de François Lenglet, Albin Michel, 2019

  • Au-delà du brouillard macronien, l’économie française à l’épreuve de la lucidité ! par Christian Vanneste

    Vous avez lu ici-même la chronique de Marc Rousset, lundi dernier; vous apprécierez sûrement celle-ci, de Christian Vanneste, aujourd'hui : elle ne lui fait pas "suite", mais elle traite du même mal profond qui touche notre pays et qui, s'il a des racines "mondiales" tient aussi, pour une très large part, au Système néfaste qui déclasse inexorablement la France depuis son installation en 1875...

    « C’était un désespéré. On le comprend, il avait prévu l’avenir ». C’est ainsi que de Gaulle jugeait Chateaubriand qu’il aimait au point de s’identifier à lui par ce pessimisme néanmoins actif face à un futur désespérant.

    Le premier avait connu la chute irrémédiable de la monarchie légitime, le second le désastre militaire et politique le plus complet de l’histoire de France. L’un comme l’autre ont lutté avec intelligence contre la pente néfaste qu’ils avaient perçue, et ils l’ont fait avec l’orgueil présent chez tous ceux qui aiment la liberté.  Un regard lucide sur l’avenir du monde et de notre pays nous ramène à cet état d’esprit.

    vanneste-christian.jpgLa France recule dans une Europe qui s’efface dans un monde qui se déchire. Voilà un tableau qui n’est guère propre à soulever l’enthousiasme. Et pourtant, il faut en prendre conscience, et lutter contre le confort et la facilité qui consistent à embellir la réalité et à suivre le courant. Alors, faisons d’abord un effort de lucidité : notre gouvernement vient de vendre une partie de ses bijoux de famille avec 52 % de la Française des Jeux. L’Etat préfère se priver de revenus sûrs pour limiter son déficit budgétaire et sa dette. Bien sûr, il conservera les rentrées fiscales liées à l’activité, mais le poids de la fiscalité s’inscrit malheureusement au tableau négatif de notre pays. En 2019, la France a le déficit public le plus élevé de tous les pays de la zone euro, ce qui n’était jamais arrivé (3,1% du PIB contre 0,8% en moyenne).

    La dette publique française passerait selon la Commission européenne de 98,9% du PIB cette année à 99,2% en 2021. De 2017 à 2021, la dette française aura donc encore augmenté de 0,8 point alors que l’objectif du gouvernement était initialement de la réduire de 5 points sur le quinquennat. En dehors de l’Italie, tous nos voisins se seront désendettés sur cette période. Selon Eurostat, le taux de prélèvements obligatoires (impôts et cotisations sociales nettes) a atteint 48,4% du PIB en 2018, en hausse par rapport à 2016 (47,6%). Championne incontestable, la France réussit pour la quatrième année consécutive à devancer tous les pays de l’UE, ainsi que la Suisse, la Norvège et l’Islande. En 2019, notre pays a seulement la 24e croissance sur les 28 pays de l’Union européenne et le 4e taux de chômage le plus élevé de l’Union européenne. Le chômage a certes baissé de 0,9 point en deux ans, mais nettement moins vite que la moyenne européenne (- 1,4 point de 2017 à 2019).

    Les illusions, caressées par cette caste typiquement française d’oligarques formés pour servir l’Etat et qui ruinent des entreprises, se succèdent  sur le champ de mines de la réalité : on voulait des entreprises sans usines, c’est gagné. Elles ferment les unes après les autres. Peut-on espérer garder des bureaux d’études et des sièges quand les ateliers sont délocalisés, quand les grands groupes passent sous pavillon étranger, quand l’idéologie qui règne à l’école ignore l’usine quand elle ne la méprise pas. Alcatel, Alstom, Arcelor, Lafarge, Péchiney, Technip, etc…  mais aussi de prestigieux fleurons de cette excellence française qu’est le luxe devenus chinois comme Baccarat ou Lanvin jalonnent notre déforestation industrielle qui se traduit par des pertes d’emplois. Ainsi dès le 28 mai, le géant américain General Electrics, qui s’était engagé à conserver les emplois de la branche énergie et à créer au moins 1.000 postes pendant trois ans, annonçait la suppression de 1044 postes en France. Le même jour, le repreneur de l’usine Whirlpool à Amiens annonçait le placement du site en redressement judiciaire, mettant en péril le travail de 167 personnes. La fermeture de l’usine Ford à Blanquefort ou le devenir incertain des salariés d’Ascoval à Saint-Saulve viennent assombrir la liste.

    De la cession irresponsable d’Alstom aux reprises hasardeuses, le chef de l’Etat a directement participé à cette Bérézina, mais jamais à court de paroles, il annonce une « start-up nation ». Certes, les investissement étrangers en France connaissent une embellie, le nombre d’entreprises créées atteint un record, 17% de plus en 2018 qu’en 2017.  Mais, ce sont les micro-entrepreneurs (+28%), d’une part, et les entreprises de transport et d’entreposage (+68%) qui augmentent le plus. Quant aux investissements étrangers ils visent notamment des secteurs où les transferts de compétence sont tentants. La fiscalité française encourage la recherche mais décourage l’implantation des sièges, c’est-à-dire des lieux de décision. Les investissements français à l’étranger sont plus importants qu’en sens inverse : ils concernent des groupes de grande taille qui en tirent des revenus supérieurs au déficit de notre commerce extérieur. Dans cette comparaison se situe le noeud du problème : la « France » emploie plus de salariés à l’étranger que l’Allemagne, et elle connaît un déficit commercial croissant (-5,2 milliards d’euros en septembre contre -4,8 milliards au second trimestre). La France a choisi le chômage, et ce n’est pas la numérisation de l’économie qui va le réduire.

  • Rétrospective, en guise de bilan, au moment où approche la fin de l'annnée : un double merci au PS, au gouvernement, à F

    En attendant, vu leur incompétence, les prochains cadeaux qui ne manqueront pas d'arriver...

    Oui, entre le début et la fin de cette année 2013, les erreurs d'appréciation et les maladresses des incompétents qui nous gouvernent sont cause de deux grands bienfaits pour l'opinion publique et, espérons-le, le renouveau des idées d'ordre, face au des-ordre installé.

    Christiane-Taubira-big.jpgCe fut d'abord dame Taubira, qui, avec sa loi remettant en cause le fondement même de la Société a suscité une réaction populaire - de la droite à la gauche, c'est à noter - à laquelle, très certainement, le gouvernement ne s'attendait pas.

    On peut dire que dame Taubira et "sa" loi ont crée une sorte d'armée, manifestant pacifiquement, mais très fermement, pour la défense des fondements de la Société traditionnelle.

    Il reste, certes, à donner des arguments, et, mieux, une doctrine à cette "armée", car telle ou telle déclaration ont pu faire sourire; le port de bonnets phrygiens a montré l'ignorance de certaines participantes (aussi charmantes qu'elles aient été...) etc : donc, il y a encore du boulot, mais, il n'empêche, les "subversifs" ont généré leur contre-poison : à nous d'agir, et d'être le cornac de cette masse, en lui montrant le chemin de ce que Boutang appelait "l'ordre légitime et profond"... 

    leonarda.jpgPuis ce fut "l'affaire Leonarda" (et l'ahurissante bêtise de l'intervention présidentielle) qui a ouvert les yeux de bons nombres de nos concitoyens "abusés", victimes du matraquage médiatique quotidien, hebdomadaire, mensuel et annuel des bobos/gauchos/trotskos : en entendant parler le père de ladite Leonarda, et Leonarda elle-même, ils ont enfin compris ce qu'était l'immigration - du moins pour un grand nombre d'immigrés, pas pour tous, nous ne généralisons pas... - et leurs yeux se sont désillés : c'est "nous y'en a vouloir des sous, beaucoup d'sous, toujours plus d'sous, et la France, c'est rien qu'une vache à lait". Nous on le savait, mais pour eux, ce fut, et cela reste, une révolution copernicienne. Et, pas plus que pour la défense de la Famille, cela ne restera sans conséquence(s)...

    Merci, donc, Christiane, Manu, François et les autres...

    Merci, et encore ! Oui, encore beaucoup de cadeaux comme ceux-là !...

  • Caroline Galactéros : « La décision de Vladimir Poutine déconsidère la diplomatie française »

     

    Par Caroline Galactéros       

    Après que Vladimir Poutine a annoncé le report de sa visite à Paris où il devait rencontrer François Hollande, Caroline Galactéros considère cette décision comme la suite logique d'un amateurisme complet de la France en Syrie et ailleurs dans le monde. [Figarovox 11.10]. Elle publie ici une longue tribune, analyse très documentée, lucide, réaliste, sans concession et d'une extrême sévérité - hélas, fondée - pour le jeu diplomatique et politique français. Nous conseillons sa lecture à tout ceux qu'intéresse l'avenir géopolitique de notre pays, de l'Europe et du monde, à une heure où risques et dangers s'accumulent gravement.  Lafautearousseau 

     

    XVMc888ac08-8fa0-11e6-a7ba-d475ba06051a-100x100.jpgDécouvrant, mais un peu tard, que la guerre tue, qu'elle est laide, injuste et sans pitié, et surtout que l'on pourrait un jour peut-être, au tribunal de l'Histoire, venir demander à Paris des comptes sur son inaction face au drame - à moins que ce ne soit sur ses actions et ses options politiques-, la France a pris les devants. Accusant avec l'ONU le régime syrien et la Russie de crimes de guerre à Alep, elle a déposé en hâte un projet de résolution au Conseil de Sécurité des Nations Unies demandant l'arrêt des combats et des bombardements sur l'est de la ville (dont elle feint de croire qu'il n'est peuplé que de civils innocents qui resteraient là de leur propre gré et que la Russie et le régime pilonneraient par pure cruauté), l'acheminement de l'aide humanitaire et la reprise du processus de négociation.

    Que dire de cette initiative, apparemment inspirée par une indignation vertueuse face au drame bien réel vécu par la population d'Alep-Est, à un moment où la tension russo-américaine monte dangereusement et peut faire craindre un dérapage militaire sur le terrain que certains, à Washington et à l'OTAN, appellent ouvertement de leurs vœux ? S'agit-il d'une nouvelle salve d'irénisme aveugle et de « pensée magique », funeste version 2016 de « Boucle d'or au Pays des trois ours » découvrant une intrusion dans sa maisonnette idyllique ? Ou d'une gesticulation habile mais dangereuse qui n'a pour but, en prétendant débloquer la situation, que de jouer les utilités au profit de Washington en fossilisant un peu plus les positions des deux camps qui s'affrontent désormais ouvertement sur le corps exsangue de la nation syrienne ? Difficile de démêler la part de négation du réel de celle de l'alignement sur ce que l'on présente comme « le camp du Bien » … et de nos intérêts nationaux, si mal évalués pourtant.

    Ce cinéma diplomatique vient évidemment de se solder par un véto russe, attendu par Paris, Londres et Washington qui veulent faire basculer l'indignation internationale contre Moscou à défaut de mettre en cohérence leurs objectifs politiques et militaires avec leur prétendue volonté de paix. Mais prendre la tête du chœur des vierges ne suffit pas et ne trompe plus personne. L'évidence crève l'écran. « L'Occident » ne mène pas la guerre contre l'islamisme sunnite ou alors de façon très résiduelle : il le nourrit, le conseille, l'entraine. DAECH, dont la barbarie spectaculaire des modes d'action sert d'épouvantail opportun et de catalyseur de la vindicte occidentale, permet de juger par contraste « respectable » l'avalanche de djihadistes sunnites d'obédience wahhabite ou Frères musulmans qui ne combattent d'ailleurs pas plus que nous l'Etat islamique mais s'acharnent sur le régime syrien. Et l'Amérique comme la France cherchent avec une folle complaisance, dans ce magma ultraviolent, des interlocuteurs susceptibles d'être intronisés comme « légitimes » et capables de remplacer un autocrate indocile qui a le mauvais goût de résister à la marche de l'Histoire version occidentale et à la vague démocratique censée inonder de ses bienfaits un Moyen-Orient politiquement arriéré.

    Saddam Hussein, Mouammar Kadhafi, cruels tyrans sans doute, n'ont pu y résister et croyaient encore pouvoir argumenter avec leurs adversaires occidentaux (longtemps leurs alliés) quand leur sort était en fait scellé depuis longtemps. Bachar el Assad a bien failli y passer lui aussi. Mais à notre grand dam, Moscou a vu dans cette nouvelle guerre occidentale de déstabilisation par procuration, une occasion inespérée de sécuriser ses bases militaires, de défier l'Amérique qui la méprisait trop ouvertement, de regagner une influence centrale dans la région et de traiter « à la source » le terrorisme qui menace son territoire et ses marges d'Asie centrale et du Caucase. Et l'a saisie.

    Dans ce Grand jeu explosif de reconfiguration de l'équilibre du monde et notamment du nouveau duel cardinal, celui de Washington avec Pékin, la France, je le crains, s'est trompée du tout au tout et démontre à la face du monde mais surtout à l'ennemi - qui observe notre incohérence diplomatique et politique -, qu'elle pratique admirablement le grand écart stratégique... aux dépens toutefois, de nos concitoyens. Comment justifier en effet notre combat au Mali contre les djihadistes sunnites, notre soutien en Irak aux chiites contre les sunnites, et en Syrie notre appui aux groupuscules sunnites les plus extrémistes contre Bachar el Assad... tout en prétendant profiter du marché iranien entre-ouvert …. et vendre des armes aux Saoudiens et Qataris sunnites qui sont by the way les financiers du djihadisme mondial dont nous subissons la haine et la violence terroriste sur notre sol désormais à un rythme soutenu ? C'est de l'opportunisme à très courte vue, mais plus encore un hiatus stratégique béant et la manifestation d'une totale incompréhension du réel.

    De telles contradictions ne peuvent s'expliquer que par notre entêtement à vouloir en finir avec le régime syrien actuel dont nul n'imaginait qu'il résisterait si longtemps aux feux croisés de l'Amérique et de ses alliés sunnites. L'exigence américaine - reprise à son compte par Paris - d'une cessation des bombardements aériens sur Alep-Est « pour raisons humanitaires » aurait permis en fait de laisser les islamistes de la ville (soit rien moins qu'Al Nosra et consorts) se refaire une santé militaire en se servant des civils comme de boucliers humains, de poursuivre leurs tirs d'obus sur la partie ouest de la ville et d'empêcher Damas et Moscou de faire basculer décisivement le rapport de force militaire en faveur de l'Etat syrien dans le cadre d'une négociation ultime. Qui a d'ailleurs fait échouer le cessez le feu signé le 9 septembre dernier à Genève ? Les groupes terroristes qui n'en voulaient pas et les Etats-Unis qui ont bombardé les forces syriennes à Deir el Zor et ouvert la voie aux forces de l'Etat Islamique. Encore un accord de dupes.

    Temps court versus temps long, individu versus groupe, froideur politique versus empathie médiatique (sélective): on se refuse à voir, dans nos démocraties molles, que la véritable action stratégique, pour être efficace, ne peut prendre en compte que des nombres, des masses, des ensembles, des mouvements, des processus, quand toute l'attention médiatique et la gestion politicienne des crises, elles, veulent faire croire que l'individu est central et se concentrent sur la souffrance et le sort des personnes, alors que celles-ci sont depuis toujours et sans doute pour encore longtemps sacrifiées à la confrontation globale et brutale entre Etats. Les images terrifiantes de la guerre au quotidien masquent la réalité d'un affrontement sans scrupules de part et d'autre, dont en l'espèce les malheureux Syriens ne sont même plus les enjeux mais de simples otages.

    L'impensé du discours français n'en reste pas moins le suivant : si Assad, « bourreau de son propre peuple » selon l'expression consacrée, était finalement militairement et politiquement mis hors-jeu, par qui compte-on le remplacer ? A qui sera livrée la Syrie, « utile » ou pas, une fois que DAECH en aura été progressivement « exfiltré » vers d'autres macabres « territoires de jeu », en Libye par exemple ? Quelle alternative pour la survie des communautés, notamment chrétiennes, encore présentes dans le pays qui passe par la survie des structures laïques d'Etat ? Quels individus veut-on mettre au pouvoir ? Les pseudo « modérés » qui encombrent les couloirs des négociations en trompe l'œil de Genève ? Le Front al Nosra, sous son nouveau petit nom - Fateh al Sham -, que les Américains persistent à soutenir en dépit des objurgations russes et qui a fait exploser le cessez-le feu ? Ou peut-être certains groupuscules désormais armés de missiles américains TOW qui n'attendent qu'un « go » pour tenter de dézinguer un avion ou un hélico russe, « par erreur » naturellement ? Ou encore les représentants des Forces démocratiques syriennes, ou ceux de «l'Armée de la Conquête» qui renait opportunément de ses cendres… Ou un mixte de tous ces rebelles - apprentis démocrates férus de liberté et qui libèreront enfin le peuple syrien du sanglant dictateur qui le broyait sous sa férule depuis trop longtemps ?

    Croit-on sérieusement que l'on pourra contrôler une seule minute ces nouveaux « patrons » du pays qui se financent dans le Golfe - dont nous sommes devenus les obligés silencieux -, et dont l'agenda politique et religieux est aux antipodes de la plus petite de nos exigences « démocratiques » ? Ne comprend-on pas qu'ils vont mettre le pays en coupe réglée, en finiront dans le sang avec toutes les minorités, placeront les populations sunnites sous leur contrôle terrifiant, et que tout processus électoral sera une mascarade et ne fera qu'entériner une domination communautaire et confessionnelle sans appel ? … « Anne, ma sœur Anne ne vois-tu rien venir? je ne vois que l'herbe qui verdoie et la terre qui poudroie » … Quelle naïveté, quelle ignorance, quelle indifférence en fait !

    L'interview accordée le 5 octobre dernier par notre ministre des Affaires étrangères à la veille de son départ pour Moscou à Yves Calvi sur LCI est à cet égard, un morceau de bravoure édifiant, qui escamote la réalité et brosse un paysage surréaliste du conflit et de ce qu'il faudrait y comprendre et en attendre.

    Florilège et exégèse…

    « La guerre ne sert à rien. Elle ne fait que renforcer les djihadistes »

    Est-ce à dire qu'il faut les laisser faire, leur donner les clefs du pays et prier peut-être, pour qu'ils ne massacrent pas les minorités qui y demeurent encore et instaurent la démocratie ? Faut-il ne plus agir en espérant qu'ils vont s'arrêter ? De qui se moque-t-on ? Adieu Boucle d'Or. Nous sommes au Pays des rêves bleus de Oui-Oui…

    Les Russes, qui se disent satisfaits de l'efficacité de leurs frappes contre les terroristes d'Alep-Est « sont cyniques » … Qui est cynique ici ? Celui qui déforme la réalité d'un affrontement pour ne pas avouer qu'il est (avec d'autres) à la manœuvre d'une déstabilisation d'Etat par des groupuscules terroristes liés à Al-Qaïda (matrice de Daech) sous couvert d'aspiration à la démocratie ? Ou ceux qui cherchent à réduire l'emprise djihadiste et à renforcer des structures d'Etat laïques avec ou sans Bachar ?

    « La politique de la France est claire… Nous avons une stratégie, une vision. »

    Ah ? ! Laquelle ? Nous avons depuis 5 ans une politique étrangère à contre-emploi et à contre temps, réduite à deux volets : action humanitaire et diplomatie économique. En gros vendre des armes à tout prix aux pays sunnites, les aider à faire la guerre et à s'emparer du pouvoir à Damas… et porter des couvertures aux victimes de cet activisme économico-militaire: les Syriens.

    En dépit de l'excellence de nos forces armées, de la présence du Charles de Gaulle sur zone et de nos missions aériennes soutenues, Paris n'est diplomatiquement et stratégiquement plus nulle part en Syrie, et depuis longtemps. Par dogmatisme, par moralisme, par notre parti pris immodéré pour les puissances sunnites de la région, nous nous sommes engouffrés dans un alignement crédule sur la politique américaine qui s'est en plus retournée contre nous dès l'été 2013, lorsque Barack Obama a dû renoncer à frapper directement Damas au prétexte d'un usage d'armes chimiques qui n'a d'ailleurs jamais été confirmé. Un camouflet d'autant plus lourd à porter que notre ancien ministre des affaires étrangères avait jugé bon, dès août 2012, de dire que « Bachar el Assad ne méritait pas d'être sur terre » et, en décembre 2012, « qu'Al Nosra faisait du bon boulot ». L'Etat Français a d'ailleurs été poursuivi - en vain à ce jour - pour ces déclarations ministérielles qui ont de facto encouragé le prosélytisme islamiste et le terrorisme en présentant le départ pour la Syrie à des apprentis djihadistes français comme une œuvre politique salutaire, avec les résultats que l'on connaît sur le territoire national. N'en déplaise à Monsieur Ayrault, la France n'est ni écoutée, ni considérée, ni attendue sur le dossier syrien. Elle en est réduite à servir de go between entre Washington et Moscou lorsque ceux-ci ne peuvent plus se parler et qu'il faut faire semblant, une fois encore, de rechercher un compromis et d'amener Moscou à lever le pied d'une implication trop efficace à notre goût.

    « Si le choix est entre Bachar et Daech, il n'y a pas de choix. »

    Mais c'est pourtant le cas, ne nous en déplaise. Nous combattons l'Etat islamique pour la galerie, sans grande conviction ni détermination politique, de très haut, par des frappes qui sans présence terrestre demeurent symboliques. Pour Moscou, au contraire, il n'existe pas « d'islamistes modérés » ; combattre le terrorisme revient à combattre l'EI mais aussi ses avatars locaux innombrables à tout prix, y compris au prix de pertes civiles importantes. Et c'est aujourd'hui la Russie qui, dans les airs mais aussi au sol, avec l'Iran et le régime syrien, « fait la guerre », se bat contre le terrorisme islamiste qui menace tout l'Occident, gangrène nos vieilles sociétés repues et pacifiques et nous prend pour cible. Ils « font le job ». Un horrible job. Dans l'immédiat, il faut choisir entre le soutien à l'Etat syrien - que le régime d'Assad incarne-, et DAECH et Cie.

    Le sommet est atteint à la fin de l'intervention ministérielle, lorsque l'on apprend que « la Syrie future devra être unitaire, avoir des structures étatiques stables, être protectrice de toutes ses minorités, mettre en place des institutions solides, contrôler son armée et ses Services… » (sic)! Les bras nous en tombent. Voici décrite…la Syrie d'avant la guerre ! Ce terrifiant carnage n'aurait-il donc été qu'un coup d'épée dans l'eau ?

    Mais le pire était à venir. Ce matin, nous avons franchi un nouveau seuil dans le ridicule et le suicide politique. Au moment où il est d'une extrême urgence de se parler enfin à cœur ouvert, de dire la vérité, d'abandonner les poses et les anathèmes, de ne plus se tromper d'ennemi, de faire front commun - comme l'ont proposé les Russes depuis des lustres -, contre l'islamisme qui a décidé notre perte et s'esclaffe de notre ahurissante naïveté et de notre faiblesse, le président de la République française s'interroge publiquement, de bon matin, dans une émission de divertissement, devant l'animateur Yann Barthes sur TMC, sur l'opportunité de recevoir Vladimir Poutine à Paris le 19 octobre prochain! « P'têt ben qu'oui, p'têt ben qu'non â€¦Â» La réponse de Moscou à cette insulte ne s'est pas fait attendre : le Président russe ne viendra pas. Nous sommes au fond du fond du fond de l'impuissance politique et l'on se laisse couler, saisis par l'ivresse des profondeurs en croyant surnager.

    Hauteur de vue et profondeur de champ, vÃ

  • L’effondrement de la diplomatie française, par Antoine de Lacoste

    L'effondrement de la diplomatie française - Action française

    En avril 2022, Emmanuel Macron supprima le corps diplomatique français. Peu s’émurent de cette nouvelle qui semblait pourtant marquer un tournant, car pour la première fois depuis des siècles, la France allait désormais confier ses intérêts diplomatiques à des non-professionnels venus de tous horizons.

    En réalité, cette décision de notre ubuesque président ne marquait pas un tournant mais constituait plutôt un acte de décès, vocation décidemment tenace chez cet homme qui ne croit pas en la France. Sans racines, sans héritage reçu ni à transmettre, sans convictions spirituelles, il est en effet difficile de croire en ce petit pays qui fut grand mais qui, trahi par ses élites, a renoncé à l’être ne serait-ce que moralement.

    Depuis plusieurs décennies, la diplomatie française navigue à vue, en fonction de « valeurs », plus ou moins définies, de principes dits moraux établies selon des critères subjectifs en oubliant l’essentiel : l’intérêt de la France.

    Lorsque le général De Gaulle décida de sortir de l’OTAN ou de reconnaître la Chine communiste, à rebours de l’opinion occidentale, il donna ainsi un cap : le refus de la tutelle américaine et la main tendue au « sud global », en fait à ce qui n’est pas l’occident. Ce dernier point fut spectaculairement parachevé par le discours de Phnom-Penh, attaquant ouvertement l’impérialisme américain.

    Cela ne signifie nullement que De Gaulle fut un stratège de génie. Lui aussi avait ses incohérences et a commis des fautes graves : donner l’Algérie avec le Sahara aux terroristes du FLN qui n’en demandaient pas tant, fut un abandon sans contrepartie contraire aux intérêts de la France. Et que dire de l’accord d’immigration de 1968 passé avec ce même pays ? Ce n’était pas la peine de craindre que Colombey les Deux-Eglises ne devienne un jour Colombey les Deux-Mosquées si c’est pour ouvrir la porte à tous les Algériens.

    Pour autant, la parole de la France comptait, en Afrique, au Proche-Orient, en Extrême-Orient. Cet héritage fut maintenu tant bien que mal mais, petit à petit, le ver pénétra le fruit. Le froid pragmatisme de Richelieu, les habiletés de Mazarin, la finesse de Talleyrand ne furent plus des exemples mais des vieilleries à remplacer par des comportements plus modernes et plus conformes à la morale républicaine.

    Le délicieux Bernard Kouchner fut un des promoteurs de ce tournant. En 1993, il y eut une famine en Somalie. Le fondateur de Médecins sans frontières prit les choses en main et, toutes caméras déployées, transporta sur son dos un sac de riz. L’image fit le tour du monde (il en faut peu parfois) et le charitable docteur put ainsi démarrer une brillante carrière politique. On aurait pu en rester là, mais non. Il fallut théoriser l’acte pour justifier l’aide militaire fournie à l’occasion. Ce fut le principe d’ingérence humanitaire. Comme toujours, un flou complet entoura cette notion, mais peu importe, ce qui compte c’est l’expression elle-même et non son contenu. Cela permet de garder la main et justifier facilement ce qui relève de l’ingérence humanitaire ou pas.

    Les Américains suivirent cela de près, même si leur intervention militaire en Somalie se solda par un désastre (un de plus), ils retinrent le concept et l’appliquèrent quelques années plus tard contre la Serbie.

    Confrontée à une rébellion albanaise dans sa province du Kosovo, la Serbie n’eut pas le droit de poursuivre sa promenade militaire largement gagnante. On inventa des massacres, « un génocide » se préparait et, au nom de ce même principe d’ingérence humanitaire, la Serbie subit 78 jours de bombardements intensifs. Les bombes avaient pris la suite du sac de riz, mais, comme pour l’enfermement covidien, c’était pour « sauver des vies », n’est-ce pas ?

    La France suivit, Chirac dit oui à Clinton, ce fut un tournant majeur : la diplomatie « des valeurs » prenait le pas sur l’intérêt de la France, vieille amie de la Serbie qui n’en revint pas de la trahison française.

    La France se reprit en 2003 et refusa de participer à l’agression américaine de l’Irak. Ce fut la dernière fois que la diplomatie française fit preuve d’indépendance. « Il faut punir la France » déclara ensuite Condoleezza Rice, la secrétaire d’Etat de Georges Bush. A-t-on eu peur ? En tout cas, on ne recommença pas.

    La présidence de Nicolas Sarkozy fut un festival : nomination de Bernard Kouchner aux affaires étrangères puis réintégration de l’OTAN en 2009. L’Amérique fut satisfaite : la France rentrait définitivement dans le rang. Elle allait même dépasser le maître en organisant la très intelligente intervention en Libye. L’armée de Kadhafi s’apprêtant à massacrer les insurgés islamistes qui avaient pris Benghazi, il fallait absolument sauver ces braves gens. Sarkozy n’écouta ni ses diplomates, remplacés par Bernard-Henri Lévy, ni les pays africains. Ils s’en souviennent encore.  

    On invoqua de nouveau le très commode droit d’ingérence humanitaire qui se mua d’ailleurs en devoir d’ingérence humanitaire. Pourquoi pas en effet ? La Libye est aujourd’hui détruite, les islamistes du Sahel s’y fournissent en armes et les immigrés qui souhaitent découvrir le paradis occidental y transitent volontiers. Le plus cocasse, c’est que ce sont la Turquie et la Russie qui règnent aujourd’hui sur la Libye, l’un à l’est, l’autre à l’ouest. Voilà une brillante démonstration de réussite géopolitique. Il faudra que Nicolas Sarkozy explique un jour où était l’intérêt de la France dans cette affaire.

    La suite n’est qu’une longue descente aux enfers pour notre diplomatie qui n’en n’est d’ailleurs plus une, puisque l’intérêt supérieur du pays ne prime plus.

    Laurent Fabius va inaugurer l’ère des imprécations, insultant le dirigeant syrien Bachar el-Assad qui ne voulait pas que son pays devienne islamiste : « la fin se rapproche pour Bachar el-Assad » s’exclamera notre prophète » qui lui déniera également le droit de vivre. Imagine-t-on François Ier ou Louis XIV traiter ainsi un adversaire, même en pleine guerre ? C’est le contraire même de la diplomatie. Il est vrai que son prédécesseur aux affaires étrangères, Alain Juppé, avait montré la voie en fermant l’ambassade française de Damas au début de la guerre. Là encore, pourquoi ? La France avait une tradition de bonnes relations avec la Syrie, nous y avons mis fin avec une légèreté confondante. Rappelons en outre que nos services secrets échangeaient beaucoup avec leurs collègues syriens. En rompant toute relations avec la Syrie, nous nous sommes privés de précieuses sources d’information sur le terrorisme islamiste. Elles nous feront tragiquement défaut lorsque peu de temps après eurent lieu les attentats de Paris au Bataclan ou aux terrasses des cafés. Ils avaient été organisés depuis la Syrie. Cela aurait mérité une remise en question, ou au moins une réflexion. Mais non, nos diplomates amateurs sont droits dans leurs bottes. Ils siègent maintenant ensemble au Conseil Constitutionnel, au mépris de leurs compétences respectives, la maison est bien gardée.

    Le cas de l’Ukraine est un autre exemple spectaculaire de cette démission diplomatique qui, et c’est intéressant de le souligner, va de pair avec une démission intellectuelle. On ne regarde plus l’histoire (comme celle de la Crimée), on détourne les yeux de la patiente stratégie américaine d’encerclement de la Russie par l’OTAN, on refuse de prêter attention à près de vingt d’avertissements russes. Il est plus facile de s’affirmer le camp du bien et de décréter une fois pour toute que la Russie est l’agresseur ce qui clôt toute discussion. « La Russie ne peut pas et ne doit pas gagner cette guerre » a déclaré notre guerrier chef Emmanuel Macron. Et si la Russie gagne quand même, que fait-on ?

    A rebours de toutes les traditions diplomatiques, nos ambassadeurs ont également de plus en plus tendance à prendre parti lors d’élections, à militer bruyamment au lieu d’observer et d’analyser. Ainsi le sémillant Gérard Araud, ambassadeur de France à Washington, s’exclamera (par Tweet bien sûr), à l’annonce de la victoire de Donald Trump en 2016 : « Un monde s’effondre sous nos yeux. Un vertige. C’est la fin d’une époque ». Qu’il le pense c’est une chose, mais rendre public ses états d’âme est contraire à la réserve nécessaire à son métier. Et après, comment discuter avec une nouvelle administration ? Elle vous regarde de haut et ferme la porte. C’est ce qui s’est passé.

    Heureusement, il y eu la Cop 21 en 2015. Le triomphe de la diplomatie française, car c’est ainsi, et sans rire, qu’on nous présenta cette conférence destinée à faire entendre raison à ce méchant climat qui ose nous agresser.

    Puis les échecs s’accumulèrent, au Liban, en Afrique, où nous perdons tout, en Europe où nous comptons de moins en moins.

    L’ultime symbole de cet effondrement diplomatique fut la nomination de Stéphane Séjourné aux affaires étrangères. Un homme inexpérimenté, à la formation universitaire minimum, au laisser-aller revendiqué, au langage incertain. Mais rassurez-vous, il a tout compris : « La plupart de mes homologues sont de la même génération, on s’écrit directement, ça va très vite. Si vous n’adoptez pas cette réactivité, que vous ne sautez pas dans un avion pour participer à la volée à une réunion, vous vous effacez et vous sortez de l’histoire. » Ce serait trop facile de lui répondre que pour sortir de l’histoire, il faudrait y être entré. Mais surtout, ce qu’il affirme est l’exact contraire de ce que devrait être le chef de la diplomatie.

    La médiocrité a rejoint l’idéologie, il n’y a plus de diplomatie française.   

  • Mercredi de la NAR : la Nouvelle Action Royaliste communique...

    nar.jpgMercredis de la NAR (saison 2019-2020)
     
    Cher(ère) ami(e),

    Les mercredis de la NAR ont fermé leurs portes, le 10 mars dernier, dans le cadre de la lutte contre la propagation du coronavirus. Pour garder le lien pendant cette période si particulière, nous vous donnons une bonne occasion pour d'aller voir ou revoir les vidéos de la saison 2019-2020 !
     
    En cas de succès nous mettrons en ligne les catalogues des saisons passées...
    Arondel Philippe
     
    Avenir du syndicalisme chrétien
     
     
    Boucaud-Victoire Kévin
     
    Le mystère Michéa
     
     
    Cagnat René
     
    Super-puissances et islam dans la région centre-asiatique
     
     
    Castelnau Régis et Gave Charles
     
    Le libéralisme à la française : que faire de l’État ?
     
     
    Colosimo Jean-François
     
    La religion française
     
     
    Dard Olivier
     
    Le dictionnaire des populismes
     
     
    Djaïz David
     
    Slow démocratie - contrôle d’une mondialisation
     
     
    Gerlotto François
     
    Cataclysme ou transition ? : L'écologie au pied du mur
     
     
    Germain-Robin Françoise
     
    Congo. Mémoires à vif
     
     
    Martinez-Gros Gabriel
     
    L’Empire islamique – VIIème – XIème siècles.
     
     
    Palumbo Nicolas – Renouvin Bertrand
     
    La réforme des retraites
     
     

  • Les Chemises Blanches : envie d'ACTION ?

    On en a une en perspective :
    Le Président a dit : "je veux honorer 300 noms issues de la diversité..." On en a pas 300, mais nous avons quelques propositions à lui faire...
    Vous aurez des histoires à raconter à vos petits enfants 
    (Exemples non exhaustifs)

    Pour participer à nos actions inscrivez-vous,
    et lisez vos mails 
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    Sources : https://www.facebook.com/Chemisesblanchesaction

    https://les-chemises-blanches.com/

  • Histoire • Il y a 70 ans le général Mihailović, héros de la résistance monarchiste serbe, était fusillé

     

    Par Jean-Christophe Buisson    

    Il y a exactement 70 ans, le 17 juillet 1946, le général Draža Mihailović, héros de la résistance monarchiste serbe au nazisme et au communisme, était fusillé sur ordre de Tito. Son biographe français, Jean-Christophe Buisson, appelle les Français à honorer dignement la mémoire du « De Gaulle serbe ». Une tribune dont l'esprit nous est proche, parue dans Figarovox le 17.07.

     

    PHOace7ebf0-cac5-11e3-ae1d-fb39e4002cc5-300x200.jpgTandis que certains nostalgiques de la dictature robespierriste réclament des rues de Paris au nom de l'artisan de la Grande Terreur révolutionnaire, la France pèche toujours par l'absence de la moindre statuette, la moindre venelle, le moindre édifice au nom du général Mihailović. Cette indifférence relève d'une grande injustice dont l'écrivain français Michel Déon s'émouvait déjà il y a 70 ans, le jour même de l'exécution à Belgrade du résistant antinazi et anticommuniste serbe, le 17 juillet 1946 : « On peut penser ce qu'on veut de celui qui fut le premier des maquisards, mais l'ignoble est précisément que personne n'en pense rien. (…) Le monde s'en fout. Eh bien, moi je me fous de ce monde ».

    Drôle de monde, en effet, qui hier comme aujourd'hui, prête si peu d'attention à l'homme ayant constitué le premier en Europe occupée une guérilla antiallemande d'envergure tandis que la France vivait à l'heure de Pétain ou de la Wehrmacht, que l'Angleterre se protégeait comme elle le pouvait du Blitz, que l'Amérique attendait le moment opportun pour entrer dans le conflit et que l'URSS se refusait encore à revenir sur son alliance signée avec Hitler en août 1939. Drôle de monde que celui qui refuse d'honorer la mémoire de cet officier serbe qui, à la fin du mois d'avril 1941, à un paysan des bords de la Drina lui demandant s'il savait quelque chose à propos de la capitulation de l'armée yougoslave répondit, sublime : « Capitulation ? Je ne connais pas ce mot. Je sers dans l'armée yougoslave depuis de nombreuses années, mais je n'ai jamais entendu ce mot ».

    Paroles magnifiques immédiatement suivies d'actes. Avec quelques dizaines d'hommes, Draža Mihailović, alors colonel, rejoint le 9 mai 1941, la montagne de Ravna Gora, au sud de la Serbie, et proclame la naissance de l'Armée yougoslave dans la Patrie qui, désormais, au nom du roi Pierre II, exilé à Londres, mènera la vie dure aux Allemands, aux Italiens et aux collaborateurs locaux. Faut-il le préciser: à cette date, le Parti communiste yougoslave et son chef, Josip Broz, dit Tito, se gardent bien de manifester la moindre velléité de résistance à l'occupant, pacte germano-soviétique oblige. Dans le journal communiste yougoslave, Le Prolétaire on peut lire qu'il n'est pas question de se battre au profit « des banquiers français et des lords anglais ». En échange, aucun membre du squelettique PCY n'est arrêté ni pourchassé par les autorités nazies. Et quand est sue l'apparition d'un mouvement de résistance monarchiste, on appelle « le peuple à résister hardiment à ces bandes qui s'organisent pour verser le sang et empêcher les ouvriers et les paysans de former, quand sonnera l'heure, le pouvoir des soviets ouvriers et paysans en s'appuyant sur la grande et fraternelle Union soviétique ».

    Pendant ce temps, Mihailović et ses fidèles tchetniks lancent leurs premières attaques contre les troupes allemandes. Elles seront décisives dans l'issue de la Seconde Guerre mondiale pour deux raisons principales. Avant de partir à l'assaut de l'URSS, Hitler veut à tout prix nettoyer le flanc sud-est de son empire. Il envoie plusieurs divisions en Yougoslavie. Elles mettront cinq semaines à chasser les résistants monarchistes de Serbie, qui se réfugient momentanément en Bosnie. Ce temps perdu se révélera fatal : déclenchée le 22 juin 1941, l'opération Barbarossa a pris du retard et les Panzer ne parviendront aux portes de Moscou qu'en décembre. Trop tard : le général Hiver est déjà arrivé. De même, les nombreuses opérations de sabotage des routes et des lignes ferroviaires reliant le centre de l'Europe et Salonique empêcheront les troupes de Rommel de recevoir à temps suffisamment de renforts et de matériel pour faire face aux contre-offensives en Afrique en 1942.

    Ces faits d'armes glorieux furent salués en leur temps par le général de Gaulle. En novembre 1942, le chef de la France libre déclare que « la résistance yougoslave et l'action du général Mihailovic sont pour le peuple français un réconfort ». En février 1943, il cite à l'ordre de la France combattante l'autre homme qui a dit « non », ce Mihailović qu'il qualifie de « héros légendaire, symbole du patriotisme le plus pur et des vertus militaires yougoslaves les plus grandes ». A ces déclarations, on pourrait ajouter celles d'Anthony Eden, ministre des Affaires étrangères britanniques ou du président américain Franklin Delano Roosevelt : elles sont à peine moins élogieuses. Du moins jusqu'à la fin de l'année 1943. En novembre de cette année-là, à Téhéran, Churchill signe avec Tito un pacte moral diabolique : abusé par un réseau d'espions communistes ayant infiltré les services de renseignements britanniques, gonflé d'un cynisme teinté de naïveté qui lui fait espérer que son nouvel ami, quoique communiste, accordera un peu de place à Albion dans la Yougoslavie d'après-guerre, le Premier ministre britannique choisit, au nom de ce honteux partage de l'Europe qui sera avalisé à Yalta en 1945, d'abandonner Mihailović au profit du chef des Partisans. Le « chouan des Balkans », le « Robin des Bois serbe » est devenu un paria, accusé de collaborer - c'est un comble! -, avec les Allemands ou les Italiens. Quand Tito entrera dans Belgrade libérée par les chars de l'Armée rouge, un an plus tard, l'Occident, trop occupé à en finir avec les Allemands sur le front occidental, se désintéressera du sort de ce petit pays d'Europe du sud-est qui avait pourtant le premier levé l'étendard de la résistance antinazie. Et encore plus du général Mihailović.

    Retourné dans ses chères forêts, le général serbe tint tête aux services policiers et militaires communistes durant un an et demi. Capturé en mars 1946, sans doute après avoir été trahi, il fut condamné à mort au terme d'une parodie de procès au cours duquel aucun Occidental ne fut autorisé à témoigner : de nombreux pilotes d'avion américains sauvés par les tchetniks des griffes allemandes après avoir été abattus dans le ciel yougoslave l'avaient pourtant réclamé. Le 17 juillet 1946, il est fusillé par un peloton d'exécution sur l'île d'Ada Cigalija, qui émerge de la Save, en plein Belgrade. Son corps est jeté dans une fosse et recouvert de chaux. On ignore toujours à quel endroit exactement - les autorités craignaient qu'une sépulture de Mihailović ne devienne l'objet de pèlerinage.

    Aujourd'hui, la Serbie a fait en partie la paix avec cette histoire-là. Après un demi-siècle d'une chape de plomb historiographique à la gloire de Tito, la figure du « De Gaulle serbe » a été officiellement réhabilitée : à la fois par les autorités politiques, les historiens locaux et la Cour de Justice de Serbie. On envisage de bâtir à son nom un pont sur la rivière longeant la capitale serbe. Au regard de ce que la Résistance européenne (donc française) lui doit, comme de ce que pensait « l'homme du 18 juin » de lui, honorer la mémoire de Draža Mihailović en France paraît plus que la réparation d'une injustice morale et historique : un geste nécessaire.  

    Jean-Christophe Buisson 

    Directeur adjoint de la rédaction du Figaro Magazine, spécialiste des Balkans, Jean-Christophe Buisson est l'auteur notamment de Mihailović et Histoire de Belgrade (éd. Tempus).           

  • LIVRES - HISTOIRE • Arnaud Teyssier : « Richelieu fit du pouvoir un sacerdoce », entretien avec Raphaël de Gislain, po

    Arnaud-Teyssier.jpgArnaud Teyssier, haut fonctionnaire et biographe reconnu (Louis-Philippe, Charles Péguy) dresse un portrait du grand ministre de Louis XIII qui renouvelle l’approche de son œuvre politique. Approche qui peut, bien-sûr, être discutée...

    Vous décrivez Richelieu comme un homme d’une piété profonde, à l’opposé du Machiavel en habit rouge que l’on se plaît habituellement à peindre. Est-ce le secret qui éclaire son action politique ?

    Cela permet de l’envisager d’une manière beaucoup plus cohérente. Ce qui me frappe, c’est la façon dont on « exécute » en général toute la première partie de la vie de Richelieu. On explique qu’il fut un bon évêque de Luçon, non par vocation mais par esprit de devoir familial. On néglige le fait qu’il a passé des mois à Rome à une période de religiosité intense, qu’il a consacré beaucoup de temps à son diocèse, écrit un catéchisme pour ses prêtres, composé des traités théologiques jusqu’à son lit de mort. Ses travaux sont, certes, connus mais le doute est jeté sans aucune preuve tangible sur la sincérité de sa foi. Or l’énergie religieuse dont il fait preuve ne s’explique pas par la seule conscience de sa charge. Cette dimension n’a pas encore été vraiment étudiée. Elle met pourtant en lumière que le cardinal n’a rien d’un arriviste ; il accède au pouvoir en 1624, sept ans après ses premières missions, soit à quarante ans, ce qui n’a rien de fulgurant. Je crois que le problème vient du fait que l’on regarde les hommes d’église d’autrefois avec les yeux d’aujourd’hui. à l’époque, la foi est quelque chose de combatif, d’ardent ; cela fait partie du rôle du prêtre que d’agir pour la communauté, que de s’engager sur le terrain politique. Richelieu a cela ancré en lui.

    Lorsqu’il accède aux responsabilités politiques, au Conseil de la reine-mère Marie de Médicis et comme ministre de Louis XIII, quelles menaces pèsent sur le royaume ?

    Le royaume est déchiré. Il y a d’abord des guerres intérieures. Les grands du royaume, qui n’ont cessé de s’agiter depuis la mort d’Henri IV, ont été des acteurs du conflit qui a opposé Marie de Médicis à Louis XIII pendant de longues années ; il y a le problème de la puissance protestante, à la fois politique et militaire, héritage de l’édit de Nantes qui menace de faire vaciller le royaume : La Rochelle, au bord de la sécession, risque de provoquer une rébellion généralisée. Les dangers intérieurs sont donc énormes, surtout si l’on tient compte de l’affaiblissement politique de le France durant la régence de Marie de Médicis. La deuxième menace est d’ordre extérieur. Richelieu en prend conscience dès son passage au Conseil du roi en 1616 ; la stratégie d’unité des Habsbourg et de la monarchie espagnole qui vise à enfermer la France dans un étau lui semble un péril imminent. Entre 1624 et 1630, une partie du Conseil du roi, illustrée par Louis de Marillac rejoint par Marie de Médicis, souhaite se consacrer au rétablissement de l’ordre au sein du pays. Richelieu s’en dissocie. Il lui paraît nécessaire de se battre en même temps sur les fronts intérieur et extérieur, malgré les difficultés diplomatiques. Après la journée des Dupes en 1630, lorsqu’il est confirmé dans ses fonctions, sa politique est pleinement adoptée par le roi tandis que les rivaux sont écartés. 

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    Richelieu présente Poussin à Louis XIII

    Quelle relation se met en place entre Louis XIII et Richelieu ?

    On a beaucoup glosé sur cette question et la véracité des sources est parfois douteuse. Il me semble qu’entre le Richelieu du début et le jeune Louis XIII, l’entente n’a pas été immédiate, dans la mesure où le roi a pu être influencé négativement par son entourage. Cette méfiance s’estompe lorsque Richelieu devient une figure principale du pouvoir. Il apprend au roi à se garder de la calomnie comme de ses propres faiblesses ; il existe des échanges extraordinaires à ce sujet… Richelieu incarne progressivement une sorte de directeur de conscience pour Louis XIII ; on retrouve là le prêtre qu’il a toujours été. Ce lien se renforce au moment du siège de La Rochelle, lorsqu’en butte à la dépression, le roi trouve un appui solide en son ministre. Pour lui qui n’a jamais eu d’entourage fiable, ce soutien est une découverte. La journée des Dupes témoigne peut-être moins de la force de caractère insoupçonnée du roi contre la cour que de cette confiance exceptionnelle qui s’est nouée entre les deux hommes. L’idée répandue selon laquelle Richelieu aurait manipulé Louis XIII est à mon avis contraire à la nature de leur relation. Richelieu avait un respect absolu de l’autorité royale et savait que son œuvre était d’aider le roi à advenir, à être à la hauteur de sa charge.

    Quelle philosophie du pouvoir Richelieu développe-t-il ?

    Pour mettre un terme à la décadence du royaume, la première idée du cardinal est que « chacun doit revenir en sa charge » pour que les institutions soient incarnées comme elles le doivent. Sa deuxième grande réflexion concerne l’administration de la société humaine, l’organisation de la vie collective, qui doivent s’accomplir parallèlement à l’exécution des devoirs du chrétien. Son premier devoir est d’aimer les autres en pratiquant la charité active ; être utile à sa famille, à sa communauté. L’ordre des affaires publiques fonctionne sur le même modèle, il revient à faire passer le service d’autrui et les intérêts collectifs avant les intérêts privés. C’est une leçon très simple. On observe cette correspondance en lisant le Traité de la perfection du chrétien et le Testament politique. Je ne crois pas que Richelieu avait deux dimensions, une politique et une religieuse, mais qu’il en avait une seule : celle du prêtre.

    N’aurions-nous pas besoin de Richelieu dans la France d’aujourd’hui ?

    Je crois que De Gaulle avait dit que de toute façon, si Richelieu revenait, il serait battu aux élections ! Dans un pays comme la France, qui n’a pas rompu avec une conception monarchique du pouvoir, la survivance de l’idée du prince est un facteur essentiel d’unité, étant donnée la faiblesse de nos institutions. Ce dont nous avons besoin aujourd’hui, et que Richelieu nous enseigne, c’est de retrouver une conception sacerdotale du pouvoir. Bien sûr, on imagine mal le retour à la tête de l’état d’un prêtre ardent comme l’était le cardinal, mais il faut que l’on reconsidère cette idée qu’il nous transmet que l’unité du pays et la suprématie de l’intérêt général possèdent une dimension sacrée. Ce qui est étonnant, c’est que cette conception chrétienne de la politique est restée dans la société française laïcisée d’aujourd’hui. C’est un paradoxe et une grande difficulté. Comment l’incarner dans un système moderne et déchristianisé ? Aucun régime, ni la monarchie parlementaire, ni le Second Empire, ni la République, ni même De Gaulle, n’ont réussi à « resacraliser » le pouvoir… 

    Richelieu, l’aigle et la colombe, d’Arnaud Teyssier, éditions Perrin, 24,50 € 

    (Politique magazine - )
  • Histoire & Militantisme • Marseille : Le souvenir du 6 février rapporté à notre lamentable actualité ...

     

    968143949.jpgLa jeune Action française Provence a commémoré le 6 février 1934, lundi dernier, place Castellane à Marseille. Et elle a eu raison de rapporter les événements de cette époque à la situation présente. En janvier et février 1934, jusqu'à la soirée sanglante du 6 février, où le régime fit tirer sur - et tuer - des Français, place de la Concorde, face au Palais Bourbon, les patriotes parisiens avaient manifesté chaque soir au cri de « A bas les voleurs ! » contre les scandales qui secouaient l'Etat. Les scandales d'aujourd'hui ne sont pas moindres; ils sont de même nature et même pires car ils mettent directement en cause un ou plusieurs candidats à la présidence de la République elle-même; ils disqualifient les Institutions. C'est ce qu'explique en termes justes le communiqué publié le 6 février au soir par Action française Provence. En invitant, par surcroît, les Français - de plus en plus nombreux - que la République rend malades, à changer de régime ! [Illustration en titre]  Lafautearousseau

     

    16463762_1094707363972688_3909062254096428178_o.jpgMarseille, le 6 février 2017

    Communiqué de presse

    Fillon, Hamon, Macron, Mélenchon : pièges à cons

    Ce soir, les militants de Marseille se sont rassemblés place Castellane, afin de rendre hommage aux ligueurs d'Action française qui ont donné leur vie pour la France le 6 février 1934. Près de quatre-vingt ans après ces événements sanglants, la corruption républicaine n'en est que plus sensible et insupportable à tous les Français. Pire encore. à deux mois de l'élection présidentielle, les différents candidats semblent moins vouloir se départager sur leur programme que par le nombre de scandales dans lesquels ils sont impliqués. Les apories du régime des partis et de la compétition pour le pouvoir étaient connues : elles ont détourné de la politique et du suffrage un nombre certain de nos compatriotes.

    Mais c'est un fait inédit auquel les événements récents nous préparent : la fonction présidentielle a permis à La Ve République d'éviter les crises mortelles malgré les turpitudes d'un personnel politique plus préoccupé de son intérêt personnel que par le service du Bien Commun ; déconsidérée par le deux derniers quinquennats, la fonction présidentielle pourrait ne pas se relever de la possible élection de candidats délégitimés avant même le sacre des urnes OMM entraînant par là-même l'ensemble des institutions à leur perte.

    L'Action française appelle les Français à ne pas se laisser envoûter par la petite musique d'un certain nombre de personnalités qui prétendent incarner la nouveauté ou la pureté - quand elles ne rêvent que d'appliquer des idéologies périmées - et à s'engager dans un véritable combat pour le redressement de notre pays. Pour que vive la France, vive le Roi !

    Le service presse de l'Action française Provence 

    Contact : provence.presse@actionfrancaise.net

  • A la découverte de l'homme Maurras : Illustrations du Mur des Fastes (II/XIX)...

    C'est donc à une sorte de feuilleton, à la découverte de l'homme Maurras, que nous allons vous entraîner, d'ici les prochaines élections municipales.

    Celles-ci, nous l'avons dit, seront peut-être décisives pour l'avenir de la Maison du Chemin de Paradis, fermé aux Français aujourd'hui par le dernier Mur de Berlin d'Europe : celui, invisible, du sectarisme haineux de la Mairie communiste, qui préfère laisser fermée (en attendant qu'elle ne s'écroule ?) une belle demeure qui pourrait être intégrée au réseau des Maisons des Illustres, et devenir un centre national et international de recherches et débats intellectuels de haut niveau sur Maurras, sa vie, son oeuvre; un lieu culturel vivant et rayonnant...

    Aujourd'hui : Illustrations du Mur des Fastes (II/XIX)...

    "Cent deux ans avant notre ère, d'après Plutarque, le consul Marius combattant les Teutons promenait dans son camp la prophétesse Marthe, elle donna son nom au pays, Marthicum..."

    1003518650.jpg



    Sur un vaste arc de cercle, qui s'étend de Fos à Aix-en-Provence, plusieurs noms portent encore la trace de l'affrontement prodigieux entre Rome et les Barbares qui se produisit en 102 avant Jésus-Christ, et de la victoire totale remportée par le Consul Caïus Marius qui, ce jour-là, sauva Rome et la Civilisation qui devait en naître... :


    * Fos-sur-mer (du latin "Fossae Marianae", c'est-à-dire "les Fosses Mariennes", Marius ayant fait creuser un canal pour amener directement à la mer les eaux divaguantes du Rhône; il créait ainsi un obstacle aux barbares, un "mur liquide", les empêchant de suivre le chemin maritime vers Massalia puis Rome, et les obligeant à remonter le long du Rhône, vers Aix, où il les attendait pour les exterminer...


    * le quartier des Mortisssons, à Saint-Rémy-de-Provence : "Morti sunt !" s'écrièrent les légionnaires romains, après avoir tué quelques barbares, pour la première fois, alors qu'ils vivaient dans la terreur de ces mêmes barbares depuis plus de dix ans...


    * Maillane - la ville de Frédéric Mistral ! - renferme le nom de Marius, mais sous sa désinence grecque Maiana...

    ∗ Aux Baux-de-Provence, on nomme aujourd'hui Costa Pera le haut plateau sur lequel se trouvait le camp de base du consul Marius, qui aurait été le camp ultime, le dernier retranchement en cas de défaite : il se trouvait sur la Costa Per Alta, d'où Costa Pera...


    * Pourrières - non loin d'Aix - fait référence à la quantité inimaginable de morts restés sur le terrain, et s'étant décomposés sur place...


    * La montagne Sainte Victoire : avant de devenir - "récupérée" par l'Eglise catholique... - la Sainte Victoire, la montagne si chère à Cézanne fut d'abord, tout simplement, celle de la Victoire du Consul et de ses Légions sur les Barbares du Nord...


    - Enfin, on appelle toujours, aujourd'hui, en Provence "caïou" ces larges chemins de terre empierrée, qui furent tracés sur l'ordre de Marius afin que puissent arriver à lui, de toutes les contrées de la Massalie, amie et alliée de Rome, les fournitures, armements, munitions, nourriture etc... dont il avait besoin pour son armée...

    Pour mieux connaître cet immense événement que fut l'écrasement définitif des Cimbres et des Teutons à côté de notre actuelle Aix-en-Provence, vous pouvez vous reporter à notre Ephéméride du 17 janvier...

    lafautearousseau

  • Société & Education • Professeur de lycée giflé ou la décomposition française

     

    Par   

    TRIBUNE - Une enseignante a été giflée par un élève dans un lycée professionnel de Gagny, mardi 10 octobre. La scène, filmée par un élève, a été diffusée sur les réseaux sociaux. Barbara Lefebvre, qui a enseigné en banlieue, revient sur cette agression [Figarovox, 18.10]. Et elle le fait non seulement de façon descriptive, détaillant les symptômes du mal qui ronge l'école, mais aussi en remontant aux causes structurelles, idéologiques, sociétales et finalement politiques, les plus profondes et les plus générales. Une très belle analyse qu'on ne peut qu'approuver ici et dont on doit saluer le courage intellectuel et la lucidité. Grâce à de tels auteurs, tout de même, une réaction monte peu à peu du pays et une prise de conscience. Ce ne sera pas sans effets. Bravo ! Lafautearousseau

     

    barbara-lefebvre-1_5858139.jpgIl y a quelques jours, dans un lycée professionnel de Gagny, une enseignante était molestée par un élève qui, l'ayant acculée contre le tableau, lui avait asséné une gifle, pendant qu'un autre filmait et que des rires gras résonnaient dans la classe, constituant la désolante bande-son de cette courte vidéo. 

    Cet événement aurait dû rester inconnu de tous, comme tant d'autres violences physiques et psychologiques déployées dans nos établissements de l'école élémentaire au lycée.

    Bien sûr, des experts en violences scolaires expliqueront qu'il s'agit d'un fait marginal, que les médias - et les néo réacs qui gangrènent la société - focalisent sur ces actes isolés à des fins idéologiques indignes de la noble mission de l'école de la République.

    Ces experts sont formels : il ne faut surtout pas répondre à la violence scolaire par un « discours sécuritaire ». Tout est pédagogie, médiation, travail sur soi… Il paraît en effet que l'immense majorité des élèves sont heureux d'aller à l'école. Circulez.

    Quant à ces vieux barbons de profs qui témoignent quasi unanimement, dans les enquêtes de ces mêmes experts, d'un climat scolaire de plus en plus dégradé, il faut leur faire admettre que tout cela ne relève en rien de la crise de l'éducation dont Hannah Arendt avait analysé les contours dès 1954.

    Encore et toujours, c'est la « violence institutionnelle » qui est tenue pour responsable de la crise de l'éducation, c'est la structure bureaucratique et pyramidale de notre Ecole qui génère ces dysfonctionnements créateurs de violences... Les élèves, l'éducation familiale n'y sont pour rien, ce sont des victimes du système, eux aussi. Circulez.

    Les transformations culturelles subies par l'Homo democraticus postmoderne atomisé par la mondialisation et la métropolisation n'ont rien à voir là-dedans non plus.

    Le lycéen qui se croit autorisé à frapper son enseignante (l'aurait-il fait s'il s'était agi d'un enseignant …) révèle l'état de déréliction du corps social où toutes formes d'autorité légitime et de hiérarchie ont été déconstruites avec minutie et délectation par le gauchisme de salon depuis cinquante ans.

    On ne dira jamais à quel point l'acculturation qui sévit dans notre société a été l'arme de destruction massive de nos civilités et de notre morale civique. Sur ce désert culturel ont poussé des plantes toxiques. Cette acculturation s'est traduite depuis presque trois décennies par une montée ininterrompue des violences dans l'école (et logiquement au-delà).

    Violences entre élèves, violences envers les adultes. Certaines de ces violences trouvent leur origine et leur expression dès la petite enfance. Mais le déni continue. Le réel est réduit à rien ou presque rien, il est donc le signe du Rien.

    Les enseignants démissionnent en plus grand nombre chaque année, la plupart d'entre eux n'iront plus au bout de leur carrière et se réorientent au bout de dix ou vingt ans, alors qu'ils devaient tenir presque quarante ans ; on baisse le niveau des concours pour recruter. Mais tout va bien ! C'est pourtant le déracinement de tout ce qui bâtit une culture commune qui a lentement mais sûrement conduit à une dégradation généralisée du climat scolaire dans nos écoles.

    Sans la littérature française d'abord, la rigueur d'une syntaxe et d'une grammaire appuyée sur l'enseignement des lettres classiques ensuite, sans l'histoire enfin, il n'y a pas d'identité commune sur quoi fonder une cohésion sociétale a minima.

    Les quartiers de l'éducation prioritaire sont loin d'être les seuls concernés par les ravages de l'acculturation et des violences induites. Presque partout, on cherche à y échapper en évitant telle école, tel collège, tel lycée. A Paris même, à quelques rues d'écart, une école peut être désertée au profit d'une autre.

    Les stratégies parentales sont toujours plus complexes. Ces stratégies d'évitement ne sont pas la cause du problème, comme l'ancienne ministre de l'Education le faisait croire en culpabilisant les familles, elles sont la conséquence de la dégradation de notre école publique.

    Combien ai-je entendu de parents d'élèves regretter devoir inscrire leur enfant dans le privé, ou le faire domicilier à dix kilomètres du domicile familial s'obligeant chaque jour à d'épuisants trajets. Ils estimaient que l'Education nationale n'était plus en mesure d'assurer la sécurité de leur enfant ou proposer un niveau d'instruction suffisant.

    Ce déracinement culturel a commencé sous la présidence Giscard d'Estaing, le président jeune et moderne, passionné d'Europe et d'ultralibéralisme. Avec lui, ce fut le collège unique : une massification scolaire qui ne rima jamais avec la véritable démocratisation promise. Sous Giscard, les idéologues du pédagogisme furent promus « experts de l'éducation », ils ont ainsi occupé tous les postes clés, de la formation enseignante à la rédaction des programmes et aux instructions qui les accompagnaient.

    Les décennies mitterrandienne puis chiraquienne auront été leur âge d'or, culminant avec le tunnel des ministères Jospin-Lang-Allègre-Bayrou de 1988 à 2002. La droite ne fut pas plus au rendez-vous : hier comme aujourd'hui, l'éducation est un non sujet pour elle. C'est sans doute pourquoi Xavier Darcos a dû souffrir rue de Grenelle, car pour lui c'était « le » sujet.

    La droite ne connaît qu'une solution aux problèmes de l'école : donner aveuglément toujours plus d'autonomie aux établissements, encourager l'Ecole privée, réduire les effectifs (sauf pour les ZEP qui continuent de bénéficier d'une politique de discrimination positive ruineuse pour les contribuables et sans efficacité pour les publics concernés).

    Le ministère a été contraint de s'exprimer sur l'affaire de Gagny. Cela a été fait sobrement, inutile de faire de grands discours. L'Education nationale a dû réagir depuis le sommet de la hiérarchie uniquement parce que le cas a été révélé par la mise en ligne de cette vidéo sordide sur Snapshat et Twitter, véritables poubelles de la sociabilité postmoderne.

    Mais hélas cet événement n'a rien de surprenant. Ce lycée « qu'il ne faut pas stigmatiser » comme l'institution s'évertue à le clamer, avait déjà défrayé la chronique en 2009 quand une vingtaine d'inconnus cagoulés, armés de barres de fer et de couteaux avaient fait intrusion dans l'établissement. Une douzaine d'élèves avaient été blessés lors de la rixe et une enseignante avait été légèrement blessée avec une arme blanche.

    On avait lu, déjà, que ce lycée était formidable, sans histoire, que personne ne comprenait ce qui s'était passé. Des enseignants insultés, physiquement menacés, ce n'est ni rare, ni méconnu de l'institution scolaire. Des élèves harcelés, qui vont en cours la peur au ventre car leurs agresseurs sont dans l'impunité totale, depuis longtemps voire toujours, ce n'est ni rare, ni méconnu.

    Combien d'élèves dissimulent à leur entourage qu'ils vivent un cauchemar entre ces murs ? Jusqu'au matin où ils ne peuvent plus se lever, écrasés par des douleurs psychosomatiques ou des crises de panique.

    Combien d'enseignants gardent pour eux ces violences intra-muros ? Certains de nos collègues, par discrétion, par honte, par peur du jugement de leurs pairs, ont décidé que les murs de leur classe serviraient aussi à enfermer leur secret.

    Quand un enseignant a « des problèmes pour gérer sa classe » comme on dit pudiquement, il trouve rarement du soutien auprès du chef d'établissement qui a, en général, reçu pour consigne (implicite ou non) du rectorat ou de l'inspection académique le fameux « pas de vague ».

    Le soutien est plus fréquent auprès des collègues, mais il en est toujours pour accabler l'enseignant en difficulté en lui reprochant d'en faire trop, de vouloir trop bien faire...

    Ainsi, cette enseignante qui avait confisqué le téléphone portable (raison pour laquelle le lycéen lui aurait asséné la violente gifle) a fait preuve d'autorité, elle voulait incarner le respect de la règle commune. Certains enseignants penseront qu'elle aurait dû fermer les yeux, laisser l'élève envoyer ses texto tranquillement ou supporter la sonnerie intempestive de cet objet qui devrait être interdit dans tous les établissements.

    Il y a encore une décennie, des millions d'élèves allaient à l'école sans posséder de téléphone. Des millions de parents pouvaient supporter l'idée que leur enfant ne serait pas traçable pendant les sept ou huit heures où ils l'avaient confié à l'institution scolaire ! Cet objet est devenu une obligation sociale, une addiction généralisée qui invente des sociabilités, permet les délations, encourage tout à la fois le voyeurisme et le flicage.

    Le smartphone n'a pourtant rien à faire dans l'espace scolaire. Et cette enseignante a eu raison de le confisquer à l'élève.

    C'est aussi par cet objet que son agression fut connue. Peut-être a-t-elle vécu cette publicité comme une humiliation ? Mais en cherchant à faire respecter la règle et aussi une forme de common decency, elle a osé faire ce que tant d'autres ne font plus, soit qu'ils sont accablés par la tâche, soit qu'ils sont devenus les complices des élèves qu'ils considèrent comme leurs égaux.

    Pour ces enseignants-là, l'acte d'éduquer ne relève plus d'aucune forme de verticalité, ne répond plus à aucun ordre hiérarchique.

    Cette horizontalité pédagogique qu'on a cherché à imposer depuis plusieurs décennies ce n'est pas le calme plat, la paix perpétuelle de l'illusion égalitaire. C'est au contraire la mise en équivalence de toutes les passions, de toutes les impulsivités, de toutes les revendications individuelles au nom d'un « droit à » auquel personne ne veut déroger au profit du bien commun.

    La passion de l'égalité en oubliant la transmission d'une culture exigeante pour tous aura décidément conduit l'Ecole de la République dans l'impasse.   

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    Barbara Lefebvre est enseignante et co-auteur de les territoires perdus de la République (Pluriel, 2002-2015) et Une France soumise (Albin Michel, 2017)