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Rechercher : Rémi Hugues. histoire & action française. Rétrospective : 2018 année Maurras

  • Feuilleton ”Vendée, Guerre de Géants...” (13)

     

    (retrouvez l'intégralité des textes et documents de cette visite, sous sa forme de feuilleton ou bien sous sa forme d'Album)

     

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    Aujourd'hui : Cathelineau

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    De Michel Mourre, Dictionnaire encyclopédique d'Histoire, page 809 :

    "Il exerçait la profession de tisserand lorsque, en 1793, une révolte éclata à Saint Florent parmi les jeunes vendéens appelés à tirer au sort. Cathelineau, quoique exempt de service militaire en tant qu'homme marié, se mit à le tête des insurgés, battit les républicains (10 mars 1793), s'empara de Cholet, de Thouars, puis de Saumur, et devint (12 juin 1793) "Commandant en chef de l'armée catholique et royale".

    Il ne craignit pas de s'attaquer à Nantes, mais fut repoussé et reçut, au cours des combats, une blessure dont il devait mourir." 

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    Son tombeau, à Saint Florent le Vieil...

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    ... et sa statue sur la place de l’église au Pin-en-Mauges.

     

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  • L'aventure France en feuilleton : Aujourd'hui (154), La nouvelle carte des frontières Est après 1870...

     

     

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    Tragique retournement de l'Histoire pour nous...


    Les Traités de Westphalie transformaient l'Allemagne en une mosaïque de plus de 300 micros États (la "croix des géographes"), assurant ainsi à la France la sécurité à ses frontières du Nord et de l'Est, la possibilité de les agrandir, et la prépondérance en Europe.

    Après les folies révolutionnaires, c'est tout l'inverse : un immense Empire, véritable complexe militaro-industriel est à nos portes ! 

    La France a payé cher les lubies révolutionnaires, et l'abandon de la politique traditionnelle de la monarchie...

    Elle paiera encore, et beaucoup plus cher, en 1914 et en 1939...

     

    Pour retrouver l'intégralité du feuilleton, cliquez sur le lien suivant : L'aventure France racontée par les Cartes...

     

    lafautearousseau

  • À lire, lundi, sur lafautearousseau : notre 51ème Grand Texte, de Léon Daudet...

     

    DAUDET ASSEMBLEE.jpgC'est en 1922 que parut "Le stupide XIXème siècle", dont on va lire, ci-après, une courte partie de l' "Avant-propos" ("en manière d'introduction", dit Léon Daudet).

    Daudet, avec sa verve inimitable, y fait preuve d'un sens aigu du raccourci, aussi saisissant que lumineux.

    Cet "Avant propos" est un survol brillant, autant qu'érudit, de quinze siècles d'Histoire et de ces quatre époques que furent les si mal nommés  "Moyen-äge" et "Renaissance" (Daudet explique bien pourquoi, on le lira plus bas...), puis les deux "grands siècles" :

    le XVIIème siècle, d'abord, celui du Roi-Soleil, "Louis, le grand en tout", disait Pierre Puget (que Daudet cite, dans cet Avant propos);

    puis le XVIIIème, celui de Louis XV (et, là, on renverra le lecteur au remarquable "Le siècle de Louis XV", de Pierre Gaxotte).

    Et c'est en se bornant à constater la rupture totale entre le XIXème siècle et les époques fécondes qui l'ont précédé que Daudet emploie le terme de "stupide" : terme, certes, polémique, mais Daudet n'est-il pas, aussi, un polémiste ? Et redoutable ?...

  • Demain, ne manquez pas notre Éphéméride du jour...

    lfar flamme.jpgVous y trouverez le lien donnant accès au monstrueux - mais si instructif ! - discours de Clemenceau, le 29 janvier 1891 :

    "La Révolution est un bloc... J'approuve tout de la Révolution..."

    Clemenceau a raison, lui, l'homme qui nous "donna" Hitler et la défaite de 39, le plus grand désastre de l'histoire de France (après, justement, la funeste révolution de 89...) : la Révolution - comme l'Islam, qui nous menace aujourd'hui - est un bloc : il faut les admettre l'un et l'autre, tout entiers, ou les rejeter, tout entiers; on ne peut pas transiger avec ces deux systèmes totalitaires de fait...

    "...cette admirable Révolution par qui nous sommes n'est pas finie... elle dure encore... nous en sommes encore les acteurs... ce sont toujours les mêmes hommes qui se trouvent aux prises avec les mêmes ennemis.
    Oui, ce que nos aïeux ont voulu, nous le voulons encore.
    Nous rencontrons les mêmes résistances. Vous êtes demeurés les mêmes ; nous n'avons pas changé. Il faut donc que la lutte dure jusqu'à ce que la victoire soit définitive..."
     
    lafautearousseau
  • Au cinéma : La Vie de ma mère, par Guilhem de Tarlé

    La Vie de ma mère - Film 2024 - AlloCiné

     

    A l’affiche : La Vie de ma mère, un film français de Julien Carpentier, avec Agnès Jaoui et William Lebghil (Judith, la mère, et Pierre, son fils)

    La Vie de ma mère… Voilà dix jours que j’ai vu ce film sans intérêt qui ne m’inspirait aucun commentaire, d’autant plus que j’avais par ailleurs un surcroît d’activité – intéressante –.

    C’était le Dimanche de la Passion – « Jean, voici ta mère » - auquel Victor Hugo a en quelque sorte répondu « Oh, l’amour d’une mère, amour que nul n’oublie » ». La Vie de ma mère est effectivement l’histoire d’un amour réciproque d’une mère et son fils, amour néanmoins difficile car la mère est bipolaire et envahissante.
    Le sujet, original, aurait pu vous « prendre aux tripes »… c’est plat, c’est lent, c’est long.
    Ne le soyons pas moi-même en prolongeant mon propos.

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  • Dans le monde et dans notre Pays légal en folie : revue de presse et d'actualité de lafautearousseau...

     

    L’école privée, bouc-émissaire de l’échec de l’enseignement public ? De ses erreurs, de ses échecs, de sa faillite ? Trop facile !...

    L'édito politique de Vincent Trémolet de Villers :

    "Ces offensives contre l'école privée se font à l’ombre de ministres, de consciences morales qui y mettent leurs enfants. Ce mensonge collectif rappelle ces apparatchiks soviétiques qui faisaient l’éloge du collectivisme en profitant, en cachette, de privilèges venus de l’ouest..."
     
    (extrait vidéo 4'05)
     
     

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    1. D'accord avec SOS EDUCATION et Sophie Audugé :

     
    De Sophie Audugé sur les critiques à l'encontre de l'enseignement privé :
     
    "Ce n’est certainement pas en attaquant les écoles privées qu’on aidera les enfants moins favorisés à accéder à l’instruction..."
     
    (extrait vidéo 1'08)
     
     

     

    2. (Sur OpexNews, 1/2Dans la cadre du programme de renforcement de sa défense, l'Estonie pourrait acquérir 12 canons CAESAR auprès de NexterKNDS...

    L'Europe va peut-être - enfin... - se mettre à "acheter français", maintenant que les naïfs qui ne juraient que par la Maison blanche se voient largués comme des chaussettes sales par la même Maison blanche... Seuls quelques pays d'Europe, jusqu'ici, faisaient confiance à la France : ils vont probablement être rejoints par d'autres...

    (l'article est en estonien, mis une fenêtre s'ouvre, en haut à droite, permettant la traduction en français)

    https://www.postimees.ee/7991420/eesti-plaanib-osta-12-ratastel-liikursuurtukki-ja-ehitada-uue-sojalaeva

    Du Ministre des Armées, Sébastien Lecornu : "Le "canon #CAESAr est devenu le symbole de cette coalition artillerie, avec une augmentation significative des capacités de production : deux par mois, désormais six par mois et (...) nous allons réhausser la production jusqu'à 12 canons par mois dans les temps qui viendront."

     

    2 BIS. (Sur Opex News, 2/2Après les Pays-Bas, #NavalGroup vient de décrocher un nouveau contrat, mardi 2 avril 2024, pour la vente de deux sous-marins Scorpène Evolved à l'Indonésie....

    https://actu.fr/normandie/cherbourg-en-cotentin_50129/marche-conclu-pour-naval-group-en-indonesie-pour-la-vente-de-deux-sous-marins-scorpene_60894221.html

     

    4. Alexandre - Newletter  Histoire communique (sur tweeter) : 

    "Jacques Bainville, prophète de l'Histoire. C'est le thème du second live de Morale de l'Histoire à retrouver ici en replay. Une émission passionnante grâce à mon invité, @Ch_DICKES, historien et fondateur de @Storiavoce".

    https://www.moraledelhistoire.com/p/jacques-bainville-prophete-histoire?r=49x0e&utm_campaign=post&utm_medium=web

     

    5. L'édito de Gabrielle Cluzel, dans Boulevard Voltaire, sur le petit Émile :

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    6. Dans Boulevard Voltaire, l'hommage au Professeur Jérôme Lejeune :

    "Mort il y a 30 ans, Jérôme Lejeune avait une vision prophétique des sujets bioéthiques - Par @IrisBridier. Il a été le premier à dénoncer le basculement de la société dans un monde post humain, transhumain, inhumain."

    https://www.bvoltaire.fr/mort-il-y-a-30-ans-jerome-lejeune-avait-une-vision-prophetique-des-sujets-bioethiques/?feed_id=937&_unique_id=660c5937939cd

     

    7. Dans Le JDD : la Tribune à lire d'Alexandre Giuglaris, directeur général du @fond_patrimoine :

    "Le patrimoine en péril n’est pas une charge mais une opportunité". Fédérateur, "le patrimoine est un formidable levier de développement économique des territoires", ne l'oublions pas !"

    https://www.lejdd.fr/culture/alexandre-giuglaris-le-patrimoine-en-peril-nest-pas-une-charge-mais-une-opportunite-143537

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    À DEMAIN !

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  • Le plan de Manuel Valls peut-il réussir ? par François Reloujac*

    Le plan de redressement présenté par Manuel Valls a tout pour frapper les esprits et pour permettre aux médias d’y faire largement écho. Cinquante milliards d’euros d’un côté, 650 000 contribuables exonérés de l’autre ; tous les ingrédients d’une bonne communication sont réunis.

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     Tous veulent y croire...

     

    Le plan de Manuel Valls peut-il remettre l’économie française sur les rails ? Notons, pour commencer, qu’il repose sur une analyse économique approximative, qu’il suppose une maîtrise de l’environnement perdue depuis longtemps et qu’il consacre une faute politique majeure.

    Une fois de plus, le Gouvernement fait semblant de croire qu’il existe une liaison automatique et univoque entre la croissance du PIB – qui vient toujours après une période de stagnation comme, après la pluie, vient le beau temps – et la diminution du chômage. Mais, cela n’a jamais été aussi simple. D’abord parce que la croissance du PIB n’est que la constatation d’une augmentation de la production vendue. Cette dernière peut, certes, être une cause partielle de cette croissance dans la mesure où, lors d’un accident passager, elle permet de renouer avec la confiance du fait que le surcroît de production résultant des embauches nouvelles trouvera à être vendu ; du fait également que l’augmentation des effectifs employés ne sera pas ultérieurement source de difficultés nouvelles, dues à une trop grande viscosité du marché du travail ou à une concurrence extérieure avantagée par des lois sociales et fiscales plus légères. Ensuite, parce que toute croissance du PIB ne traduit pas forcément une amélioration réelle du système économique, tant cet agrégat – comme disent les économistes – mélange les choux et les carottes et que son augmentation nominale peut résulter de multiples causes. Dont l’accroissement du nombre des fonctionnaires ou, ce qui n’est pas à l’ordre du jour, de la hausse de leur rémunération. Dans un système économique mondialisé, n’en déplaise au président de la République, lorsque l’économie « repart », cela ne signifie pas qu’elle reprend le chemin de l’expansion partout, dans tous les secteurs, dans tous les pays et dans les mêmes conditions. L’exemple japonais est là pour le rappeler.

    Au-delà de cet aspect, l’analyse économique actuelle fait la part trop belle à l’arithmétique et pas assez à la psycho-sociologie des populations. Une augmentation du taux de l’impôt n’a jamais conduit à une augmentation proportionnelle des rentrées fiscales. Un taux d’impôt plus élevé peut donner effectivement lieu à un accroissement des recettes mais peut aussi engendrer des effets pervers s’il décourage les forces productives – en particulier les fameuses « classes moyennes » qui sont, en fait, les premières sources de richesse du pays – ou s’il conduit à une délocalisation de la production vers des « paradis » fiscaux ou règlementaires. Mais cela n’est pas tout.

     

    Une absence de maîtrise de l’environnement

     

    L’exemple récent du rachat de SFR par Numéricâble, ou celui de la négociation pour la vente d’Alstom à General Electric – à moins que ce ne soit à Siemens – , montre une fois de plus que la logique entrepreneuriale a, dans les analyses économiques actuelles sur lesquelles reposent les décisions politiques, laissé la place à une simple logique financière qui n’a que faire de l’état des pays dans lesquels elle prospère. Les conglomérats financiers d’aujourd’hui n’ont pas plus de respect des populations – réduites, selon le cas, au rang de simples consommateurs ou de vils facteurs de production – que les grands feudataires d’hier. Pour ceux qui en douteraient encore, il suffit de se remémorer l’exemple de la sidérurgie française dont le Gouvernement a voulu faire un champion européen et qui a simplement fini dans l’escarcelle d’un financier indien. Dans ces conditions, toute décision économique nationale est regardée par les décideurs financiers internationaux à la seule lueur de leurs intérêts propres. La puissance de ces derniers est telle qu’ils peuvent faire échouer les meilleures options en faveur du bien commun ou, à l’inverse, faire triompher les pires solutions à l’encontre de tel ou tel groupe social. Il ne faut donc pas s’étonner si, en France, « les effectifs du secteur industriel se sont effondrés, passant de 5,1 millions en 1980 à moins de 2,9 millions aujourd’hui » (C. Schubert, Frankfurter Allgemeine Zeitung, 27 avril 2014 - cité in Courrier International, n° 1227 du 7 au 14 mai 2014.).

     

    Une erreur politique majeure

     

    De plus, depuis que le financement de l’état ne dépend plus uniquement de la richesse réelle de la population du pays – que ce soit par l’impôt ou par l’emprunt placé auprès des nationaux – mais résulte des dispositions des marchés financiers internationaux et depuis qu’il est tributaire d’une monnaie dont le Gouvernement n’a plus la maîtrise, le montant total de la dette, le poids des intérêts et la capacité de remboursement sont plus qu’influencés par l’appréciation des agences de notation, les règlements de l’administration bruxelloise et les objectifs de la banque de Francfort. Aucune de ces instances n’a pour objectif la réussite du plan du Premier ministre français. Il en résulte que le taux d’intérêt que supporte la dette de l’état (2,2 % en termes nominaux, mais 1,7 % en termes réels) est supérieur au taux de croissance de l’économie du pays. C’est-à-dire que, plus l’état emprunte, plus il appauvrit les Français. Or, hélas, le taux de ces emprunts est susceptible d’augmenter plus rapidement que le niveau de la production nationale.

    Les Français savent mieux que quiconque que l’on ne peut faire de la bonne finance que si l’on fait d’abord de la bonne politique. Autrement dit, le redressement économique de notre pays suppose avant tout que la population ait foi en l’avenir, qu’elle soit prête à accepter les sacrifices qu’on lui demande car elle est solidairement tendue vers un projet commun qui assure son unité. Au lieu de cela, alors que la situation économique est difficile et nécessiterait une unité étroite entre tous, le gouvernement de monsieur Hollande s’ingénie à diviser la société. Ce sont d’abord les lois qui mettent à mal la famille et qui, sous prétexte de lutte contre les discriminations, jettent l’opprobre sur ce qui est le fondement même de la société française ; ce sont ensuite les mesures administrativo-politiques qui divisent jusqu’aux partisans de la majorité et, surtout, jusqu’à leurs représentants ; c’est, enfin, la cacophonie permanente qui règne au sein du Gouvernement où chaque ministre veut faire entendre sa différence…

    Dans ces conditions, on ne peut que souhaiter bon courage à Manuel Valls… et beaucoup de patience aux Français qui ne sont pas près de retrouver l’optimisme nécessaire à l’accomplissement de toute œuvre un peu efficace à défaut d’être grande.

     

    *Analyse économique parue dans le numéro 130 (juin 2014) de Politique magazine

  • Dénoncer un génocide, c'est bien; les dénoncer tous, c'est mieux...

              Le Kybele, battant pavillon turc, est, finalement, bien arrivé à Marseille. Il s'agit là d'une Odyssée qui, on va le voir, mène loin, mais à tous les sens du terme.....

              Le Kybele, c'est ce bateau, cette birème pour être plus précis, de 19m de long et 4m de large, qui se veut une réplique aussi fidèle que possible d’un navire antique (du moins, on nous l'assure...). Sa voile, montée sur un mat de 12m, mesure 7 m de haut et 12m de large. 20 rameurs ont relié l'actuelle Foça -l'antique Phocée- à Marseille, en longeant les 2.800 kilomètres de côtes et en s'arrêtant presque tous les jours, en ne s'éloignant jamais trop du rivage, comme le faisaient les Grecs de Phocée, il y a 2 600 ans; et sans autres repères que les courants, le vent, la course du soleil et celles des étoiles.

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    Début de l'aventure, sous un drapeau turc évidemment anachronique:
    désir de captation d'héritage, comme l'affirment certains ?.....

               Bon, cela c'est la partie qui se veut officielle, consensuelle, politiquement correct -dirons-nous- de la chose. Car la réalité est un peu plus délicate. Ce bateau arbore fièrement son pavillon turc, ce qui est évidemment son droit puisque, de toutes façons, il est turc, comme son équipage. Le voilà donc accusé, par les représenatnts de la communauté arménienne, d'une "opération de charme qui, insidieusement, en usurpant l'image d'une Grèce civilisatrice, veut faire oublier celle d'une Turquie destructrice et conquérante, qui bafoue les droits des minorités".

               C'est vrai que les Turcs auraient dû s'en douter avant. Si l'entreprise a son côté scientifique non dénué d'intérêt, et même franchement intéressant, elle vous a aussi, furieusement, un autre petit côté provocateur qui aurait dû être mieux évalué par les dirigeants d'Ankara. Même si nous ne les apprécions guère, on peut accuser les Turcs de tout, sauf de stupidité. Pourquoi ont-ils donc fait cela ? Mais, après tout, c'est leur problème, qu'ils se débrouillent maintenant, avec leurs contradicteurs, arméniens et autres. Cela ne nous concerne pas outre mesure....

                Mais pourquoi donc en parler, alors ? On y arrive.

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    Dans le canal de Corinthe....

                Parce que, dans le flot de leurs critiques, les représentants français de la communauté arménienne, dont certains sont membres du Pays Légal, oublient que cette république idéologique française -qu'ils représentent, donc, pour partie- encourt elle-même le reproche qu'ils font  aux Turcs. Qu'elle a commis -mutatis mutandis- le même crime, et qu'elle refuse elle aussi de le reconnaître !

                Et, là, cela nous concerne.

                Garo Hovsépian, maire socialiste des 13ème et 14ème arrondissements de Marseille (les fameux Quartiers nord...) a dénoncé dans un communiqué largement diffusé "...le négationnisme d'Etat exercé par la Turquie qui ne reconnaît pas le génocide des Arméniens de 1915...".

                Fort bien. Mais que fait le système actuel, le Pays Légal de cette république idéologique qui gère la France, et dont monsieur Hovsépian, et son parti, sont l'un des rouages ? Elle pratique allègrement "le négationnisme d'Etat" et ne "reconnaît pas le génocide des Vendéens de 1793/1794". Comment donc monsieur Hovsépian gère-t-il cette contradiction, malgré tout ahurissante ? Il va falloir qu'il nous l'explique ! En somme il reproche à la République Turque de faire ce que fait "sa" République (idéologique) Française ! A moins qu'il y ait des peuples ayant plus de valeur que d'autres ? Il faut s'attendre à tout avec des gens qui beuglent cette phrase ignoble -et objectivement raciste- "qu'un sang impur abreuve nos sillons !" Monsieur Hovsépian pense-t-il vraiment -mais alors il faut qu'il le dise, haut et fort- que le sang des Vendéens est moins "pur" que celui des Arméniens ? Ou bien, dit d'une façon différente, qu'on peut génocider les Vendéens, mais pas les Arméniens ? On voit bien dans quelle contradiction insoluble, véritable gouffre sans fin, s'est enfermé monsieur Hovsépian, et le sytème qu'il représente, avec lui.  

                 Pour nous, par contre, les choses sont parfaitement claires: nous dénonçons le négationnisme, le révisionnisme, le mémoricide dont s'est rendu et se rend toujours coupable la République française. Et nous remontons aux sources du mal, à 1789 et 1793, à la Révolution, fondatrice des Totalitarismes modernes.

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    Arrivée à Marseille, fin de l'Odyssée, mais pas de la polémique.....
  • A propos de l' ”affaire” de Massat: réflexions sur l'état du catholicisme en France.....(1/2).

                Massat, c'est cette petite ville du Sud-Ouest où le maire, communiste, qui boit du petit lait, met l'église du village -qui compte aussi deux chapelles- en vente.... Certains ne voient pas l'enjeu, d'autres en sourient, parlant même (on l'a entendu à la télé !...) de Peppone et Don Camillo.

                Patrice de Plunkett livre une analyse intéressante et assez juste de cette "affaire", à laquelle il nous semble que l'on pourrait malgré tout rajouter deux ou trois choses.

                L'analyse de Plunkett, d'abord:

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    Massat, dans l'Ariège, pays de montagnes....

              "...Les rieurs se trompent : à Massat, ce n'est pas Don Camillo. Dans l'Italie de Guareschi (1948), la petite ville de Brescello a une église, qui est pleine chaque dimanche. Dans la France de 2009, le village de Massat a une église et deux chapelles. Elles ne sont pas vraiment pleines chaque dimanche. Cette situation ne justifie pas l'agressivité de M. Galy-Gasparrou, mais elle lui donne beau jeu. D'autre part, Brescello est coupée en deux : la moitié des habitants sont paroissiens, l'autre moitié communistes, même si une partie des communistes (dont Peppone lui-même) paroissianisent en cachette ; le fils de Peppone est baptisé par don Camillo, sous le triple prénom de "Libero-Camillo-Lénine". C'est le charme mélancolique des temps qu'évoque Guareschi : une époque de convictions opposées mais jumelles, enracinées dans les profondeurs de la culture populaire.

                Rien à voir donc avec Massat en 2009, qui ressemble au reste du désert mental français si l'on en croit le maire. Pas de bloc populaire "noir", pas de bloc populaire "rouge"... Mais le vide spirituel et culturel : un vide attesté en d'autres lieux par ces procès (intentés par des bobos néo-villageois) pour faire taire les cloches, les coqs et les tracteurs. Là où on le constate, d'où vient ce vide ? Sur le versant religieux, de la disparition des catholiques. On peut réagir aux esclandres du citoyen Galy-Gasparrou de deux manières. Ou bien dans le registre "cabinet des antiques", en hurlant à la cathophobie, au complot, etc. Ou bien dans le registre réaliste, en tenant compte de l'image qu'offre la chrétienté française en 2009. Relisez l'enquête IFOP toute récente (cf. ici le commentaire de D. Ridder sous la note du 12/08) : une population vieillissante, sociologiquement enlisée, politiquement déséquilibrée... et religieusement si mal formée qu'elle ignore souvent les positions de l'Eglise à laquelle elle est censée appartenir ; et qu'elle cède à des réflexes qui lui aliènent la jeunesse. Pas assez de foi, pas assez d'audace, l'une et l'autre étant liées ! Le jour où les populations catholiques françaises feront un autre effet, les lieux de culte seront plus fréquentés – et les Galy-Gasparrou retrouveront le chemin de la modération...."

     
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                Chapelle de l'Ave maria, Massat

                 Oui, bien sûr, ce que dit Plunkett est juste. Il pose d'ailleurs la bonne question : D'où vient ce vide ?.....

                 Mais, justement,  il nous a semblé qu'il fallait parler aussi de l'une des origines du pourquoi du comment de cet affaiblissement du catholicisme (cette note), et bien voir (note de demain) que la tourmente dans laquelle se trouve la catholicisme est, de toutes façons, une tourmente générale, dépassant de beaucoup le seul catholicisme, et que celui-ci n'est pas le seul à souffrir dans un monde où tout se porterait bien (culture, éducation, moeurs, mouvements politiques etc...).

                 Ce "vide" dont parle Plunkett -qui est le "rien" dont parle Mattéi- ne se sont pas faits tout seuls, ils ne se sont  pas produits tout seuls, par génération spontanée. Ils sont aussi -et peut-être même surtout- le fruit d'une longue et incessante guerre politique de tous les instants menée depuis plus de deux siècles par les Lumières, puis par la Révolution, puis par la République idéologique française, héritière de cette Révolution qui est avant tout et essentiellement antichrétienne. Et cette guerre est dirigée contre le seul catholicisme (observez qu'il ne se passe quasiment pas un jour à la télé ou a la radio sans que l'on aie un sujet sur l'Islam, et le plus souvent laudatif; le christianisme, lui, on en parle le moins possible, et lorsque on en parle, c'est presque toujours en dérision...).

                 La République idéologique n'a que le mot de laïcité à la bouche. Mais c'est un grossier mensonge et une grossière supercherie; sa soi-disant laïcité n'est qu'un laïcisme militant dirigé en permanence contre le seul catholicisme. Et pour faire disparaître ce catholicisme abhorré -ce qui est sa raison d'être essentielle et substantielle- elle est prête à ouvrir toutes grandes les portes à n'importe quelle autre culture ou n'importe quelle autre religion.

                 Et d'ailleurs, elle est elle-même une religion, ce qui dit bien que sa laïcité n'est que de façade: la seule chose qui lui importe, répétons-le, c'est la disparition du catholicisme. Là est sa raison d'être, et qu'on le remplace par ce qu'on voudra, par sa religion à elle ou par l'Islam, cela lui est égal: seul compte l'extirpation du catholicisme. C'est le rôle historique que la Révolution s'est fixée....

                 Qu'il n'y ait donc "pas assez de foi, pas assez d'audace" chez les catholiques, comme le dit Plunkett dans sa dernière phrase, certes. Mais cet affaiblissement a aussi des raisons bien précises.....   (à suivre...).

  • Le français, c’est aussi bon pour la science...

              On a beaucoup entendu, ces derniers temps, les chercheurs se mobiliser, voire manifester, pour défendre la Recherche et demander d'avantage de crédits. Ce en quoi ils ont, évidemment, tout à fait raison. Un autre sujet passionne, et inquiète, la communauté scientifique dans son ensemble, et on en a un peu moins parlé, du moins pour l'instant. Il s'agit de la défense de la langue française "comme langue de recherche".

              En effet, "La recherche française a besoin de publications en français", affirme une Lettre ouverte aux responsables de l’évaluation scientifique, lancée le 15 février sur Internet par les éditions Hermès, et qui a recueilli 2 600 signatures en cinq jours.

              Affrontant la domination de l’anglais comme langue de la recherche mais aussi comme langue d’évaluation de leurs travaux, les chercheurs ont demandé au président d’Hermès Science, Sami Ménascé, de se mobiliser. D'où la pétition que l'on pourra lire par la suite, et qui fait suite à la Lettre que nous venons de citer.

              "Un bon livre, un article de revue et même un manuel écrits en français sont le plus souvent ignorés par les critères d’évaluation utilisés par nos agences. Les conséquences de cette politique sont malheureusement évidentes : publier en français devient tout simplement du temps perdu pour l’évaluation d’un enseignant ou d’un chercheur et donc pour leur carrière. C’est à terme la chronique de la mort annoncée des publications en français", regrettent les signataires de la lettre.

              Ils demandent donc que ces publications soient prises en compte par les agences telles que le CNRS, le Conseil national des universités et l’Agence d'évaluation de la recherche et de l'enseignement supérieur.

              "Les contribuables doivent avoir un accès en français à ce qu’ils ont soutenu par le biais de leurs impôts, la transmission des savoirs doit se faire dans la langue où est dispensé l’enseignement ; et enfin, le meilleur moyen d'accéder à la pensée d'un auteur est de discuter avec lui dans sa propre langue", avancent-ils.

              Jean-Luc Schwartz (directeur de recherche au CNRS), Jean-Charles Pomerol (président de l’université Pierre et Marie Curie), Albert David (Directeur du "M-Lab", ENS Cachan), Jean-Marie Pierrel (Jean-Marie Pierrel, directeur du laboratoire Atilf du CNRS) figurent parmi les 2 600 signataires de cette pétition, dont voici le texte intégral.  

     LETTRE OUVERTE AUX RESPONSABLES DE L’EVALUATION SCIENTIFIQUE

                                                     LES SCIENTIFIQUES DOIVENT-ILS CONTINUER À ECRIRE EN FRANÇAIS ?

               Il est largement admis que la lingua franca de la recherche scientifique est aujourd'hui l’anglais. Pourtant, il existe au moins trois bonnes raisons de penser qu'il est indispensable que les scientifiques continuent d’écrire en français.

              – Puisque la recherche repose essentiellement sur des financements publics, une considération élémentaire voudrait que les contribuables aient un accès en français à ce qu’ils ont soutenu par le biais de leurs impôts.

              – La deuxième raison concerne l’enseignement. La production de livres de synthèse et de manuels en français est une tâche extrêmement honorable et même nécessaire pour compléter un enseignement dispensé en français. Comment faire aimer une discipline en n'offrant que des livres en anglais qui ne sont en général pas adaptés, ni au niveau, ni aux habitudes que nous avons de structurer nos enseignements ?

              – La troisième raison relève de l'apprentissage. Il faut un grand entraînement pour pouvoir s’exprimer dans une autre langue que sa langue maternelle avec le même sens de la nuance, avec la même richesse. Quel meilleur moyen d’accéder à la pensée d’un auteur que de discuter avec lui dans sa propre langue?

              La publication en français apparaît donc comme une nécessité. Pour que cette production continue, il est urgent de valoriser notre activité de recherche dans notre langue. En effet, les systèmes de référencement des publications (dont le principal est une filiale d’un éditeur privé) reconnaissent prioritairement les publications en anglais ! Soit notre système national valorise cette production, soit cette dernière disparaîtra.

              Reconnaître à leur juste valeur les publications en français, suppose que les sections du comité national du CNRS, du CNU et de l’AERES prennent en compte, en fonction de leurs exigences de qualité, les revues en français mais aussi les livres et les manuels. Il n’est pas normal qu’à l’heure actuelle, un bon livre écrit en français ne soit pas considéré dans l’évaluation d’un chercheur.

              L’objectif de cette pétition adressée à L’Agence d’Evaluation de la Recherche et de l’Enseignement Supérieur (AERES) est de montrer que notre communauté scientifique française ou francophone a encore la capacité de penser par elle-même et qu’il ne faut pas rejeter, comme insignifiant, tout ce qui s’écrit en français.

              Nous vous remercions pour votre soutien.                         

  • Christopher Caldwell : « Les intuitions de Houellebecq sur la France sont justes »

     

    Dans son livre, une Révolution sous nos yeux, le journaliste américain Christopher Caldwell annonçait que l'islam allait transformer la France et l'Europe. Pour FigaroVox [25.03] il réagit aux attentats de Bruxelles. Sa réflexion va souvent à l'essentiel. Nous le suivrons presque en tous points. Même son appréciation sur les Lumières est en fait nuancée. Et, de toute façon, Houllebecq, sans-doute à juste titre, les juge éteintes...  LFAR  

     

    Après Paris, Bruxelles est frappée par le terrorisme islamiste. A chaque fois la majeure partie des djihadistes sont nés dans le pays qu'ils attaquent. Cela révèle-t-il l'échec du multiculturalisme ?

    Peut-être, mais je ne suis pas sûr que le mot « multiculturalisme » signifie encore quelque chose. Il ne faut pas être surpris qu'un homme né européen commette des actes de terrorisme européen. C'est pour l'essentiel une question pratique. Le terrorisme requiert de la familiarité avec le terrain d'opération, le “champ de bataille”. C'est une chose très difficile que de constituer une équipe de terroristes en passant plusieurs frontières pour mener à bien une opération dans un pays étranger - même si cela peut être réalisé, comme les attentats du 11 Septembre l'ont montré.

    Au surplus, l'ensemble des droits et libertés constitutionnels de l'Union européenne, en commençant par Schengen, donne un éventail particulièrement large de possibilités à tout jeune Européen en rupture. Regardez ces terroristes belges. L'artificier Najim Laachraoui est allé en Syrie pour se battre aux côtés de Daech, mais personne n'a su comment il était revenu à Bruxelles. Ibrahim el-Bakraoui a été condamné à 9 ans de prison pour avoir tiré sur un policier en 2010. Mais il a également été arrêté plus récemment par la Turquie à Gaziantep, à la frontière syrienne, et identifié comme un combattant de Daech. Et tout cela est resté sans conséquences.

    Diriez-vous que derrière l'islamisme guerrier de Daesh, l'Europe est également confrontée à une islamisation douce un peu comme dans le dernier livre de Houellebecq, Soumission ?

    Quand j'ai lu le livre de Houellebecq, quelques jours après les assassinats à Charlie Hebdo, il m'a semblé que ses intuitions sur la vie politique française étaient tout à fait correctes. Les élites françaises donnent souvent l'impression qu'elles seraient moins perturbées par un parti islamiste au pouvoir que par le Front national.

    La lecture du travail de Christophe Guilluy sur ces questions a aiguisé ma réflexion sur la politique européenne. Guilluy se demande pourquoi la classe moyenne est en déclin à Paris comme dans la plupart des grandes villes européennes et il répond: parce que les villes européennes n'ont pas vraiment besoin d'une classe moyenne. Les emplois occupés auparavant par les classes moyennes et populaires, principalement dans le secteur manufacturier, sont maintenant plus rentablement pourvus en Chine. Ce dont les grandes villes européennes ont besoin, c'est d'équipements et de services pour les categories aisées qui y vivent. Ces services sont aujourd'hui fournis par des immigrés. Les classes supérieures et les nouveaux arrivants s'accommodent plutôt bien de la mondialisation. Ils ont donc une certaine affinité, ils sont complices d'une certaine manière. Voilà ce que Houellebecq a vu.

    Les populistes européens ne parviennent pas toujours à développer une explication logique à leur perception de l'immigration comme origine principale de leurs maux, mais leurs points de vues ne sont pas non plus totalement absurdes.

    Dans votre livre Un révolution sous nos yeux ,vous montriez comment l'islam va transformer la France et l'Europe. Sommes-nous en train de vivre cette transformation ?

    Très clairement.

    Celle-ci passe-t-elle forcément par un choc des cultures ?  

    C'est difficile à prévoir, mais ce qui se passe est un phénomène profond, anthropologique. Une culture - l'islam - qui apparaît, quels que soient ses défauts, comme jeune, dynamique, optimiste et surtout centrée sur la famille entre en conflit avec la culture que l'Europe a adoptée depuis la seconde guerre mondiale, celle de la «société ouverte» comme Charles Michel et Angela Merkel se sont empressés de la qualifier après les attentats du 22 Mars. En raison même de son postulat individualiste, cette culture est timide, confuse, et, surtout, hostile aux familles. Tel est le problème fondamental: l'Islam est plus jeune, plus fort et fait preuve d'une vitalité évidente.

    Certains intellectuels comme Pierre Manent propose de négocier avec l'islam. Est-ce crédible ? Les «accommodements raisonnables» peuvent-ils fonctionner ?

    Situation de la France de Pierre Manent est un livre brillant à plusieurs niveaux. Il a raison de dire que, comme pure question sociologique, l'Islam est désormais un fait en France. Manent est aussi extrêmement fin sur les failles de la laïcité comme moyen d'assimiler les musulmans, laïcité qui fut construite autour d'un problème très spécifique et bâtie comme un ensemble de dispositions destinées à démanteler les institutions par lesquelles l'Église catholique influençait la politique française il y a un siècle. Au fil du temps les arguments d'origine se sont transformés en simples slogans. La France invoque aujourd'hui, pour faire entrer les musulmans dans la communauté nationale, des règles destinées à expulser les catholiques de la vie politique.

    Il faut aussi se rappeler que Manent a fait sa proposition avant les attentats de novembre dernier. De plus, sa volonté d'offrir des accomodements à la religion musulmane était assortie d'une insistance à ce que l'Islam rejette les influences étrangères, ce qui à mon sens ne se fera pas. D'abord parce que ces attentats ayant eu lieu, la France paraîtrait faible et non pas généreuse, en proposant un tel accord. Et aussi parce que tant que l'immigration se poursuivra, favorisant un établissement inéluctable de l'islam en France, les instances musulmanes peuvent estimer qu'elles n'ont aucun intérêt à transiger.

    « Entre une culture qui doute d'elle-même et une culture forte, c'est la culture forte qui va l'emporter... » écrivez-vous en conclusion de votre livre. L'Europe des Lumières héritière de la civilisation judéo-chrétienne et gréco-romaine est-elle appelée à disparaître ?

    L'Europe ne va pas disparaître. Il y a quelque chose d'immortel en elle. Mais elle sera diminuée. Je ne pense pas que l'on puisse en accuser l'Europe des Lumières, qui n' a jamais été une menace fondamentale pour la continuité de l'Europe. La menace tient pour l'essentiel à cet objectif plus recent de «société ouverte» dont le principe moteur est de vider la société de toute métaphysique, héritée ou antérieure (ce qui soulève la question, très complexe, de de la tendance du capitalisme à s'ériger lui-même en métaphysique). A certains égards, on comprend pourquoi des gens préfèrent cette société ouverte au christianisme culturel qu'elle remplace. Mais dans l'optique de la survie, elle se montre cependant nettement inférieure. 

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    Christopher Caldwell est un journaliste américain. Il est l'auteur de Une Révolution sous nos yeux, comment l'islam va transformer la France et l'Europe paru aux éditions du Toucan en 2011. 

    picture-2540921-61yhv5dr.jpgEntretien par

    Journaliste au Figaro et responsable du FigaroVox. Twitter : @AlexDevecchio

     

  • Religions • Un athée face aux religions

     

    Par Péroncel-Hugoz

    Lors de son récent séjour en Europe, notre confrère a été frappé par la véritable « occupation » des médias réalisée par le néo-philosophe Michel Onfray dont les prestations naguère au Maroc ne passèrent pas inaperçues non plus… D'où ce récit vu du Maroc, et cette analyse par les textes.

     

    peroncel-hugoz 2.jpgC’était il y a cinq ou six ans dans l'espace des pas perdus de l’Institut français de Casablanca. Je m’y trouvais en compagnie d'un fameux psychanalyste et essayiste marocain, le docteur Rouchdi Chamcham*, qui m’y présenta l'une de ses connaissances françaises, l’essayiste Michel Onfray, spécialiste de l’athéisme ou, plutôt, selon sa propre formulation, de l’« athéologie ». 

    Changement de thème

    Il nous précisa qu’il était venu à Casa pour « s’y adresser à des étudiants ». Pour leur parler de quoi ? « D’athéologie », nous répondit-il, ce qui me conduisit à lui dire que l’athéisme n’était pas du tout bien vu par le Maroc officiel ou populaire. Pas de réaction de sa part, si ce n’est une moue dubitative, mais rencontrant quelque temps plus tard l'un des étudiants ayant assisté à la conférence de M. Onfray, il m’apprit que ce dernier avait finalement parlé d’une autre de ses spécialités : « l’art de jouir », bref « l’hédonisme »… 

    Une place à part

    Se définissant lui-même, dans ses écrits, comme « d’aucun sérail, d’aucune coterie, d’aucune tribu », Michel Onfray occupe, il est vrai, depuis bientôt vingt ans une place à part au sein de l’intelligentsia de l’Hexagone : issu d’un milieu populaire et provincial, en Normandie, il a créé avec succès dans cette province industrielle et agricole, une « université gratuite », ouverte à tous et très courue. Regardé de haut à Paris par la « gauche caviar » mais ayant conquis de très nombreux lecteurs ou auditeurs grâce à ses textes ou émissions non-conformistes sur Albert Camus, Nietzsche, les Freudiens, les Libertins, il est peu à peu devenu, comme on dit, « incontournable ». Il faut ajouter qu’il est avenant, qu’il sait parler, qu’il est rarement ennuyeux, et puis, il y a eu un phénomène de mode, drainant même des intellos très parisiens vers les percutants cours publics du « Maître » en sa bonne ville de Caen, un lieu peu « branché » jusqu’ici… 

    Près de cent volumes…

    Suivant une tendance de plus en plus marquée de l’édition française actuelle, Onfray l’athée militant, l’hédoniste proclamé, s’est donc mis à publier sur les religions, notamment sur les deux principales fois révélées : le christianisme et l’islam. La bibliographie de cet auteur relativement jeune encore (il est né en 1959) frise déjà la centaine de volumes. Pour nos suiveurs, nous avons sélectionné quelques définitions très « onfreïennes», extraites notamment de trois ou quatre de ses plus récents entretiens ou essais, par exemple Décadence. De Jésus à Ben Laden, vie et mort de l’Occident (Flammarion, Paris) et Penser l’Islam (Grasset, Paris). 

    Du Vatican à Israël 

    « Le Concile Vatican-II (réputé avoir « modernisé » l’Eglise) a évacué la transcendance et le sacré, pour confiner le catholicisme dans un moralisme politiquement correct ».

    « Une civilisation vit tant qu’elle résiste à ce qui veut sa mort ».

    «Le catholicisme triomphe médiatiquement parce que le pape François sait en user, en jésuite, mais (…) le catholicisme est épuisé ».

    « La France blanche et catholique va vers sa disparition ».

    « Si d’aventure un Mélenchon ou une Marine Le Pen arrivaient au pouvoir pour mener une autre politique, ils auraient le même destin que Tsipras et Syriza [en Grèce] ».

    « L’Islam bénéficie d’un jugement favorable : la fameuse religion de paix, de tolérance et d’amour…»

    « Si les droits de l’homme  étaient la véritable raison des attaques françaises, [contre les jihadistes], pourquoi n’attaquerions-nous pas (…) la Chine, Cuba, l’Arabie, l’Iran, le Pakistan ? ou même les Etats-Unis sinon Israël… ? ». 

    De l'Irak à la Libye

    « Le droit d’ingérence, théorisé par (le ministre français) Kouchner, permet à l’Occident de continuer sa politique impérialiste sans en avoir l’air ».

    « Nous avons bombardé des pays musulmans qui ne nous menaçaient pas directement : Irak, Afghanistan, Libye, Mali aujourd’hui, l’Etat Islamique ».

    « La plupart des intellectuels (occidentaux) ayant pignon sur rue ont soutenu les guerres quand ils ne les ont pas voulues ; je songe au terrible rôle de Bernard-Henry Lévy (philosophe parisien ayant poussé le président Sarkozy à intervenir en Libye pour y éliminer Kadhafi) ».

    « Islamophobe au-dehors la France est islamophile au-dedans ».

    « Aujourd’hui l’Islam est une religion exponentielle, en pleine forme, forte de ce que Nietzsche appelait la grande santé ».

    « Islamophobe renvoie, par le suffixe « phobe » à la peur : avoir peur de l’islam n’est pas le détester (…) Est-ce être islamophobe que de préférer la paix à la guerre ? »

    Conclusion provisoire

    Comme le montrent éloquemment les citations ci-dessus, Michel Onfray ne redoute ni les paradoxes, ni les oxymores, ni de bousculer maintes idées présentement dominantes… 

    * Auteur d’essais marquants sur La psychanalyse au Maroc (Eddif, Casablanca) et La circoncision au Maroc (Afrique-Orient)

    Péroncel-Hugoz

    Repris du journal en ligne marocain le360 du 3.02.2017

  • Djihadisme gaulois et syndrome d’Isabelle Eberhardt, vus du Maroc • Par Péroncel-Hugoz

    Isabelle Eberhardt par Malke                   

    Isabelle Eberhardt vue par Malke (2010) . © Copyright : DR 

    Cette chronique est consacrée à une périlleuse tentative d’explication du djihadisme de fils de Gaulois ordinaires partis se battre pour le prétendu Califat de Mossoul.

    Pas question de chercher à excuser les jeunes Français de souche combattant au service du soi-disant calife sunnite Aboubeker. Cependant un tel phénomène mettant en jeu foi et politique, courage et inconscience mérite au moins une tentative d’explication. Voici la mienne : est prioritairement responsable de cette situation qui sidère l’Occident, la déchristianisation à grande échelle du Vieux Continent (les exceptions polonaise et irlandaise ne font que confirmer la règle), applaudie, encouragée, nourrie, depuis Mai-68, au nom d’une fallacieuse « modernité » par politiciens, intellos, et tout le saint-frusquin (1).

    Cet effacement rapide de la foi et de la pratique catholiques s’est, en outre, accompagné en France d’un laïcisme outrancier, frisant l’athéisme d’Etat (attitudes publiquement anti-chrétiennes de Chirac, Jospin, Hollande, etc.) et débouchant en tout cas sur un univers sans rites ni signes religieux, un monde où ne sont plus adorés que la vulgaire déesse Consommation et le glacial dieu Fric, bref le Veau d’or – mais contrairement à celui de la Bible, il est en toc, en plastique… Et il règne sur un monde où l’estomac est plein tandis que l’âme a froid…

    En même temps, dans cette société sans Dieu, un féminisme débridé, dévoyé, d’inspiration nord-américaine, s’est répandu avec le soutien enthousiaste d’une bonne partie des figures culturelles et politiques en vue ; une guéguerre incessante est menée de Bruxelles à Barcelone, de Glasgow à Bordeaux, par des élus, associations, cinéastes, journaux, etc. contre les hommes qui refusent de « reconnaître leur part de féminité » ; une guérilla de médias et salons est menée contre la virilité, volontairement et vicieusement confondue avec le machisme.

    Un jury paneuropéen a choisi, pour représenter la chanson de tout un continent, un monstrueux travesti avec vraie barbe et faux cils, une « chimère », selon notre confrère Slimane Zéghidour, que même le secrétaire général de l’ONU a cru bon de promotionner… A Paris, au Palais-Bourbon, une élue socialiste a obtenu de ses pairs qu’un député de droite soit frappé d’une forte amende pour l’avoir appelée « Madame le président » (d’une commission) au lieu de « la présidente », ce qui d’ailleurs aurait été contraire aux instructions de l’Académie française, traitée elle, du coup, de « ramassis de vieux mâles »… 

    Dans cette société déchristianisée, livrée à la violence d’un mercantilisme exacerbé, des citoyens français de souche, moqués ou brimés dans leur masculinité, endurent en silence.  Chez des jeunes gens, traités de « machos » à chaque manifestation naturelle de leur virilité dans les stades, les collèges ou les ateliers, s’en est ensuivi un vide, une souffrance qui ne sont pas passés inaperçus chez d’actifs propagandistes d’un Islam fier de lui, honorant Allah et donnant le pas aux hommes sur les femmes. D’où des conversions de Gaulois de plus en plus nombreuses ; d’où le départ de centaines d’entre eux vers Mossoul, Alep ou Raqqa.

    C’est un peu le retour du syndrome d’Isabelle Eberhardt (1877-1904), cette toute jeune journaliste russe arabophone que Lyautey remarqua et admira sur les confins algéro-marocains où la « bonne nomade », islamisée dés l’âge de 20 ans, vint se mettre « dans l’ombre chaude de l’Islam » (selon le titre d’un de ses plus fameux récits). Elle retrouva dans les zaouïas, notamment chez la maraboute Lalla Zineb, et avec son époux, le spahi algérien Soliman Ehni, l’atmosphère chaleureuse, familiale et spirituelle qu’elle n’avait pas eue dans sa famille, décomposée et recomposée avant la lettre.

    Les djihadistes gaulois, en déshérence psychologique, se sont sentis d’emblée à l’aise, eux aussi, dans un Islam où « les hommes sont des hommes et les femmes des femmes », où le service d’Allah se présente comme un idéal de vie supérieur, libéré des avilissements consuméristes - mais hélas ! conduisant aussi à des crimes abominables…

    Le pape Benoit XVI avait pressenti cette redoutable évolution, d’où ses prêches en faveur d’une « nouvelle évangélisation » en Europe qui fut comprise, tant par les ultra-laïcistes européens que par nombre de musulmans, y compris au Maroc, comme un appel à une « nouvelle croisade »… Le pape François, que le chef du gouvernement marocain, l’islamiste Abdellilah Benkirane, est allé congratuler à Rome, a préféré, lui, mettre l’accent sur la restauration de ces « valeurs familiales » qui ont sans doute aussi beaucoup manqué à nos néo-djihadistes gaulois… Quant aux djihadistes nés musulmans, c’est une affaire islamo-islamique et je me garderai bien de m’en mêler. •

       

    (1) Vieille expression populaire française signifiant « et tout le reste »• Isabelle Eberhardt « Dans l’ombre chaude de l’Islam » (1921) ; réédité en 2004.• François Pouillon, « Dictionnaire des orientalistes de langue française », IISMM-Karthala, Paris, 2008.  

    Péroncel-Hugoz  

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  • Le petit virus, grand pédagogue ? (II) – La fin des illusions ?, par Christian Vanneste.

    Près de 500 morts en une journée, plus de 3500 au total, la contamination de la population française par le Covid-19 semble suivre la courbe à l’italienne avec une dizaine de jours de retard. Toutefois, le dénombrement n’est pas le même dans les deux pays, et en France, il ne tient pas compte des décès dans les Ehpad et à domicile, En revanche, les chiffres allemands sont beaucoup plus modérés. Ainsi, leur comparaison entre les trois grands pays voisins au coeur de l’Europe suscite l’étonnement : l’talie, la première touchée par l’épidémie recense 97 689 malades et 10 779 décès, la France paraît la suivre avec 52 128 personnes détectées et 3523 victimes, mais l’Allemagne qui pratique massivement des tests, sept fois plus qu’en France, a identifié 68 305 porteurs du virus alors qu’elle ne dénombre heureusement « que » 710 morts.

    christian vanneste.jpgMême si ces données doivent être relativisées en raison de la différence des stratégies et des méthodes, elles conduisent à recevoir une grande leçon de cette épreuve qui nous est imposée. La mondialisation, l’extension de la démocratie, la construction européenne devaient être des moteurs de l’égalité par la convergence. On doit prendre conscience avec lucidité d’une réalité toute autre : si cette triple évolution, en facilitant la circulation des personnes et des biens, a contribué à répandre le virus, elle n’a nullement fait avancer l’utopie, la grande illusion d’une égalité universelle entre les membres de l’humanité.

    Plus que jamais, l’inégalité est une réalité qu’on cherche en vain à ignorer. Il y a toujours des inégalités naturelles : Alors que le nombre d’hommes et de femmes infectés est relativement proche, le taux de décès apparaît très différent. En Chine, il est de 2,8 % pour les hommes, contre 1,7 % pour les femmes. Durant la période étudiée, 63,8 % des décès concernaient des hommes. Le constat est voisin en France, où 58,4 % des décès recensés à date du 15 mars sont masculins. Les hommes sont également deux fois plus nombreux que les femmes à passer en réanimation. Par ailleurs, des chercheurs de Wuhan ont comparé la distribution des groupes sanguins entre malades et non malades : alors que la population non-malade se compose de 32% de groupe A et 34% de groupe O, ces pourcentages sont de 38% pour le groupe A et de 26% pour les personnes atteintes par le Covid-19. Cette même différence est également observée pour les 206 personnes décédées de l’étude : 41% étaient du groupe A contre 25% du groupe O. Certes, on pourra dire que l’inégalité, en faveur des femmes, s’explique par un mode de vie spécifique selon le sexe, mais on peut aussi penser que la supériorité physique de l’homme destiné à chasser et à se battre pour protéger son clan a pour corollaire un avantage biologique de la femme destinée à enfanter. Pour les groupes sanguins, le fait est brut, comme l’évidence de la fragilité qui s’accroît avec l’âge. Là encore, l’inégalité devant la mort, d’un individu à un autre, et d’un âge à un autre, sont des fatalités, mais cessent de l’être lorsqu’un pays, imprévoyant et insuffisamment doté en moyens, est obligé de faire ce que l’on croyait réservé à l’horreur du nazisme : le tri entre ceux qui ont le droit de vivre et ceux qui doivent mourir parce qu’ils constituent une charge que le système ne peut ou ne veut plus supporter.

    Cette inégalité là est insupportable, inacceptable ! L’imprévoyance et l’impréparation dont l’Etat a fait preuve dans notre pays, en faisant croire que l’épidémie n’atteindrait pas la France, en laissant les frontières ouvertes, notamment avec l’Italie, en minimisant le mal, puis en justifiant les pénuries par des mensonges sur l’inutilité des tests précoces, des masques, ou la nocivité de la chloroquine, en organisant des élections avant de fermer précipitamment les écoles, sont des fautes lourdes dont les Français vont payer la note d’abord par un nombre élevé de morts, et ensuite par un désordre économique désastreux par ses conséquences sociales. Le manque de masques, notamment FFP2, pour les soignants, l’insuffisance des tests, le manque de respirateurs dans certaines régions sont autant de preuves que notre Etat si lourd est surtout mal dirigé, de plus en plus mal dirigé. Il est extravagant qu’un spécialiste de la vente de nos entreprises à l »étranger, devenu président de la République, veuille maintenant qu’on produise en France et s’érige en chantre de la souveraineté… française ET européenne, ce qui ne veut rien dire. Les divergences entre l’Allemagne, l’Italie et la France le montrent bien.

    C’est une seconde grande illusion française qui se dissipe, celle de l’Etat omnipotent et protecteur. La France réussit ce paradoxe d’une dépense publique record et d’un Etat inefficace ! Certains pointent la baisse des dépenses dans des domaines prioritaires comme la santé ou la sécurité, et ils ont raison, mais ils s’opposent à l’amaigrissement de l’Etat, et ils ont tort. Dans notre pays, les technostructures étouffent les organes publics efficaces. Le retard dans les commandes de produits essentiels, les réquisitions inutiles, les refus de faire appel à certaines entreprises ou aux cliniques privées, la guerre souterraine contre la chloroquine sans doute orchestrée par des groupes de pression puissants, sont autant de preuves que notre Etat pachyderme incapable d’agir vite pour servir le bien commun est pénétré sournoisement par des intérêts privés.

    Enfin dernière illusion : le regard des Français est aujourd’hui partagé entre deux jugements contradictoires. La popularité du chef de l’Etat augmente, mais la confiance envers Macron et Philippe s’érode. Les Français retrouvant leur tradition monarchiste se rassemblent autour du roi devant l’épreuve, mais en même temps, ils constatent avec bon sens sa mauvaise « gouvernance » de la crise. Selon une enquête Ipsos, 56 % des personnes interrogées se disent insatisfaites de la gestion de la crise sanitaire du gouvernement. Mais, selon une autre étude, le chef de l’Etat gagne des points dans toutes les catégories d’âge, en particulier chez les plus de 65 ans (+17). Il y a fort à parier que beaucoup, une fois la peur oubliée, songeront à lui couper la tête… (à suivre)

  • LIVRES • UN MONARQUE EGYPTIEN FRANCOPHILE EN EXIL : LE KHEDIVE ISMAÏL (1879-1895)

     

    Par Péroncel-Hugoz 

     

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    Construire et déconstruire 

    De la dizaine de princes turcs qui, de Méhémet-Ali à Fouad II (1805-1953), régnèrent sur l’Egypte moderne en construction (le dictateur socialiste Nasser, lui, devait s’évertuer, de 1954 à 1970, à « déconstruire » ce grand œuvre), Ismail-Pacha, khédive régnant au Caire de 1863 à 1879, fut sans doute le plus francophile et le plus entreprenant. Ami de Napoléon III et de Ferdinand de Lesseps (lui-même apparenté à l’impératrice Eugénie), il ouvrit le Canal de Suez, remit bellement en marche l’un des plus vieux Etats-nations du monde, en dormition depuis le XV° siècle, et épaula militairement la France lors de nos expéditions de Crimée et du Mexique. Ajoutons que le khédive Ismaïl, comme les autres souverains de sa dynastie, avant ou après lui, traita bien la minorité chrétienne nilotique - Les Coptes, descendants directs du peuple pharaonique - , contrairement à ce qui s’était passé depuis la conquête de l’Egypte par les Arabo-musulmans, survenue peu après la mort de Mahomet.

    4.jpgTitres changeants, un même pouvoir

    Les princes régnants de la dynastie anatolienne (et non pas albanaise, selon une erreur mille fois reprise) égyptianisée des Méhémetalides portèrent successivement les titres de vice-roi, pacha, khédive, sultan ou roi, au gré de l’évolution de leurs relations avec leur suzerain nominal, le sultan-calife ottoman de Stamboul. « Khédive » est un vieux mot persan signifiant « Seigneur » et qui fut choisi à un moment donné pour ne pas utiliser le terme de « Sultan » ce qui aurait alors risqué de froisser les dynastes ottomans, dont la susceptibilité protocolaire s’estompa ensuite.

    Caroline Kurhan est française et elle a longtemps vécu en Egypte où elle a épousé un descendant colatéral de Méhémet-Ali, d’où son patronyme à consonance turque. Imprégnée de ce milieu, porteur d’une ample tradition historique ayant survécu à la destructrice révolution nasserienne, Mme Kurhan a publié, en France, près d’une dizaine d’ouvrages sur l’Egypte royale moderne, notamment Méhémet-Ali et la France (Maisonneuve et Larose, 2005), Une saga égyptienne 1805-2010 (Riveneuve, 2010) et Le roi Farouk. Un destin foudroyé (Riveneuve 2013).

    Le grand siècle Méhémetalide

    5.jpgLors de ses recherches, l’historienne s’est rendue compte qu’un des personnages-phare du XIX° siècle égyptien, le « Grand Siècle » de la dynastie méhémetalide, disparaissait et de l’actualité et de l’édition, après sa déposition faite à l’instigation de l’Angleterre, alors toute-puissante sur la Route des Indes, et comme toujours, partout, acharnée à nuire aux amis et aux intérêts de la France. Co-administrateur de la Dette égyptienne, consécutive aux immenses dépenses pour la modernisation technique de la vallée du Nil, Paris aurait pu tenir tête à Londres et sauver le trône d’Ismaïl. La Troisième République ne leva pas le petit doigt pour protéger ce prince égyptien qui avait vu un modèle en Napoléon III et invité l’impératrice à co-présider l’inauguration du Canal. Cette politique de « soumission » aux Anglais avait plus ou moins commencé, il faut le reconnaître, dès la Monarchie de Juillet et s’était poursuivie cahin-caha sous Napoléon III. L’empereur, comme le roi des Français, avait pour point faible son « anglomanie ». Sous le régime républicain ce serait, jusqu’à de Gaulle non compris une attitude presque toujours complaisante de la France face aux « perfidies » d’Albion (Fachoda, Dunkerque, Mers-el-Kébir, Communauté européenne): et ça repartit de Giscard d’Estaing jusqu’à Macron compris (1) (mais celui-ci pourrait peut-être revenir à une diplomatie plus indépendante), cette « complaisance » française s’étant déplacée du Royaume-Uni vers les Etats-Unis… De Charybde en Scylla, en somme…

    Réfugié en Italie

    3.jpgToujours est-il que Caroline Kurhan a voulu connaître et nous faire connaître les tribulations du khédive déchu après avoir dû céder le trône à son fils l’émir Toufik et s’exiler. Son livre ou plutôt livre-album d’une centaine de pages grand format est novateur tout à son long. On suit les activités et aléas du monarque déposé de l’Egypte à l’Italie, de l’Italie à la France, et à la Turquie, l’exilé songeant même à un moment à rallier Alger, alors chef-lieu d’une possession française, anciennement turque. Ismaïl était accompagné de plusieurs de ses épouses et concubines (en Islam ces « épouses secondaires », peuvent être aussi nombreuses que le mari peut en entretenir et tous leurs enfants sont automatiquement reconnus par leur géniteur, la loi coranique ne connaissant pas « l’enfant naturel ») ainsi que de nombreux collaborateurs et serviteurs.  Tout ce monde fut d’abord installé à Naples, au palais Favorita puis le ci-devant khédive acquit d’autres résidences dans la 6.jpgBotte, séjourna à Vichy, en cure, dans un ancien « chalet » ayant été utilisé par Napoléon III (photo), enfin dans des hôtels parisiens cinq étoiles. Cette errance fut constamment entrecoupée, ce qu’on ignorait, de tentatives politico-diplomatiques d’Ismaïl pour remonter sur son trône, son fils Toufik devant alors le lui restituer au moins provisoirement. La France républicaine se montra très « molle » en cette affaire. Finalement l’ex-khédive fit de chaleureux adieux à son hôte principal en Europe, le roi Humbert 1er d’Italie, et gagna Constantinople, où il avait encore une résidence. L’exilé emmenait alors avec lui, sur le vapeur italien Regina-Margherita, 70 personnes, 20 chevaux et des tonnes de bagages. Enfin, résigné il devait mourir en 1895 (relativement jeune encore puisqu’il était né en 1830) dans la capitale de l’Empire ottoman. Il eut quand même la satisfaction posthume d’être inhumé au Caire où l’on peut voir son tombeau à six petits étages, de pur style oriental. Le harem du défunt rentra alors aussi au pays, étant composé, in-fine, de 83 épouses, concubines, suivantes et servantes… Le très « européanisé » khédive, le père du Canal des Deux-Mers, était, dans sa vie privée, resté très oriental.  ■ Péroncel-Hugoz

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    Caroline Kurhan. Ismaïl-Pacha, un khédive en exil. 1879-1895. Maisonnneuve et Larose et  Hémisphères Editions. 106 pages illustrées noir et blanc, 15 €

    (1) Le mémorable refus français de participer à l’invasion états-unienne de l’Irak de Saddam Hussein, attribué à tort au président Chirac, fut une idée du seul ministre Dominique de Villepin, mais elle fut sans lendemain, tant les mauvaises habitudes de soumission étaient (et restent) ancrées chez une bonne partie des dirigeants français.

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    Le canal de Suez