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Rechercher : Rémi Hugues. histoire & action française. Rétrospective : 2018 année Maurras

  • Arguments pour la Monarchie en France

     

    Par Jean-Philippe Chauvin

     

    4184008190.2.jpgPourquoi une monarchie en France serait-elle la plus efficace pour affronter les défis du XXIe siècle et dépasser les défauts de l'actuelle République, pourtant « monarchique » dans son esprit mais républicaine dans sa forme ? 

    La Monarchie « à la française », tout d'abord, n'est pas la pâle copie de celles qui peuvent avoir cours dans d'autres pays : ni simplement parlementaire, ni autocratique ou théocratique, elle est d'abord propre à la France et à son histoire, à sa tradition politique et à sa structure nationale. 

    Le roi, par le mode de désignation héréditaire et dynastique, ne dépend d'aucun milieu particulier, d'aucun parti ni d'aucune idéologie (même royaliste), et il n'a pas de clientèle à se faire pour devenir le souverain : il est indépendant par sa naissance, la seule chose qui ne s'achète pas et dont il n'a pas non plus la maîtrise. Le roi n'est pas choisi par des politiciens ou des hommes de parti, et il n'a pas non plus choisi de naître fils de roi et successeur du roi en place. Cette indépendance lui permet d'incarner l'unité même du pays, d'être une sorte de trait d'union entre toutes les communautés, provinces ou opinions, et, non pas d'être neutre, mais d'être un arbitre impartial, ce qui n'est pas négligeable au moment où notre société tend à présenter des fractures parfois inquiétantes. 

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    Le duc et la duchesse de Vendôme avec leurs trois premiers enfants, Gaston, Antoinette et Louise-Marguerite. Depuis, le prince Joseph est venu agrandir la famille.

    Cela lui permet aussi de « dégager » la magistrature suprême de l'Etat de la compétition électorale, aujourd'hui si pesante et si incapacitante pour le faîte de l'Etat et son autorité : ainsi, il peut aussi incarner une continuité qui n'est pas remise en cause à chaque élection quinquennale, et qui est symbolisée par la formule traditionnelle « Le roi est mort, vive le roi », qui fait du passage d'un souverain à un autre une simple formalité, lourde de sens car elle se fait par le drame de la mort d'un roi et par la survie de l'Etat à travers le nouveau roi, et qu'elle rappelle à celui-ci sa condition humaine... 

    De plus, comme le signale Régis Debray, l'ancien conseiller du président Mitterrand, la Monarchie est aussi une famille royale, fort utile pour incarner la France à l'étranger comme le fait la famille royale britannique au sein du Commonwealth, et susceptible de « catalyser » sur elle « le besoin de spectaculaire » de l'opinion publique qui, de plus, peut se reconnaître dans une famille qui représente toutes les familles du pays. Sans oublier également que la dynastie s'inscrit dans une histoire longue et qu'elle assume toute l'histoire (même républicaine) de la nation que, d'ailleurs, elle a construite depuis 987 jusqu'à la Révolution française... Comme le roi Juan Carlos en son temps, un monarque restauré ou « ré-instauré » n'a pas de revanche à prendre sur quiconque mais se doit « d'être » la nation, et c'est ce qui lui permet, justement, de pouvoir dépasser les conflits anciens et de réunir les adversaires autour d'une même table quand le besoin s'en fait sentir. 

    C'est aussi le monarque qui peut écouter tous les premiers ministres et les accueillir, y compris en cas d'alternance politique, tout en garantissant la permanence de l'Etat : que le gouvernement soit de droite ou de gauche, le roi, de par sa position, peut tout écouter et tout entendre, sans, par ailleurs, dévoiler ce qui peut lui être dit par les uns ou les autres. En Europe, les souverains sont réputés pour leur discrétion et un secret ou un doute confié par un ministre au monarque reste un secret, quand, dans le même temps, le monarque peut conseiller, en toute liberté, le ministre reçu. 

    Dans le modèle français de la Monarchie, le roi n'est pas inactif, loin de là, et son rôle d'arbitre peut être appréciable en cas de conflit ou de blocage politique. Un rôle d'autant plus important que, constitutionnellement, le roi est le garant de la Constitution de la nation elle-même, et qu'il est le Chef de l'Etat, autant pour les Français que vis-à-vis des autres nations du monde. 

    Alors que nous sommes, en République quinquennale, toujours en campagne électorale, la Monarchie « libère » la Première place du joug de ceux qui « font » les élections, puissances d'argent ou partis politiques : ce n'est pas anodin et c'est plutôt rassurant car cela force tous les acteurs de l'Etat et du gouvernement à « servir et non se servir »... Dans le même temps, la Monarchie permet de faire des économies importantes et, même, lors des fêtes familiales (mariage royal, naissances, etc.), de rapporter à l'Etat quelques revenus supplémentaires tandis que l'image du pays est valorisée par la couverture médiatique de l'événement ! La Monarchie, à bien y regarder, est moins coûteuse et plus profitable que la République aux campagnes présidentielles onéreuses (tous les cinq ans) et au train de vie souvent fastueux, parfois scandaleux... 

    Le blog de Jean-Philippe Chauvin

  • Procès des attentats du 13 novembre 2015 : vous n’aurez pas notre résilience, par Natacha Polony.

    Depuis 2015, certains nous vendent la « résilience » de la société française, cette formidable capacité à dépasser le traumatisme.
    © Hannah Assouline

    Le 13 novembre 2015 est une date dont on pressent qu’elle sera analysée comme le début de quelque chose. Et pourtant, nous avons tout fait pour l’effacer, déplore Natacha Polony.

    Des chiffres, des visages, et la démesure affichée pour nous convaincre que nous sommes à la hauteur de l’événement. Le procès des attentats du 13 novembre s’ouvre et doit durer neuf mois. Vertige, tout à coup. Neuf mois… Comme une dilution de ce qui fut un paroxysme brutal, un concentré d’horreur sur quelques heures.

    Au moins faut-il se dire qu’un tel procès a la vertu de faire ressortir des limbes ce qui y avait été savamment enfoui. La violence inouïe d’une attaque coordonnée. La monstruosité de ce qu’on ne saurait qualifier d’acte de guerre puisqu’il n’y était pas question de soldats mais d’innocents massacrés par des lâches. Regardons les choses en face : nous nous sommes habitués. Nous acceptons, au fond, la possibilité du 13 novembre. Nous avons absorbé l’événement comme nous avions absorbé le massacre de Charlie Hebdo et de l’Hyper Cacher. Comme nous avions accepté de vivre dans un pays où Mohamed Merah pouvait tuer des enfants juifs à bout portant. Comme nous acceptons aujourd’hui qu’un professeur, en France, ait été décapité pour ce qu’il enseignait.

    Le 13 novembre 2015 est une date qui marque l’histoire de France. Une date dont on sait qu’elle figurera dans les livres d’histoire et dont on pressent qu’elle sera analysée comme le début de quelque chose. Comme un basculement. Et pourtant, nous avons tout fait pour l’effacer. Pas à l’échelle des services de renseignement. Les pouvoirs publics ont au contraire amplifié la surveillance, ont amélioré leurs dispositifs, ont déjoué d’autres attentats. Nous avons amélioré notre protection pour nous offrir le luxe de vivre comme avant, mais surtout de penser comme avant. Pour continuer à faire comme si le terrorisme islamiste n’existait pas.

    Écœurante rhétorique de l’excuse

    Il faut se souvenir de la campagne présidentielle de 2017.Quelques mois après l’horreur, les 250 morts, ceux de Charlie Hebdo, ceux du Bataclan, ceux de Nice. Et nous avons réussi l’exploit de faire comme si tout cela n’existait pas. Aucun débat, lors de l’élection qui engage les destinées de la France, sur la façon dont nous devions envisager collectivement ce fait : des jeunes gens qui ont grandi en Occident, dans nos sociétés, nous haïssent au point de tuer avec une froideur sadique d’autres jeunes gens. Il y a eu les fleurs et les bougies sur les trottoirs, il y a eu les « je suis en terrasse », les « vous n’aurez pas ma haine », tout ce qui permettait de vite revenir à la vie d’avant sans prendre à bras-le-corps cet encombrant et monstrueux défi à notre tranquillité de consommateurs pacifiques : nous avons engendré cette masse de frustration et de nihilisme.

    Prenons garde. Il ne s’agit nullement de dire que « nous » serions coupables. On se souvient des mots du sociologue Geoffroy de Lagasnerie, caricature de petit-bourgeois se vivant comme l’avant-garde éclairée d’un peuple qu’il fantasme : les terrasses de café sont des lieux où les jeunes de banlieue seraient discriminés, où l’on refuserait de les servir, et les assassins du 13 novembre « ont plaqué des mots djihadistes sur une violence sociale qu’ils ont ressentie quand ils avaient 16 ans ».

     

    « Le combat contre le terrorisme est aussi culturel. Voulons-nous le mener ? »
     

    L’écœurante rhétorique de l’excuse, qui efface par magie l’infiltration islamiste dans les banlieues et la formidable entreprise de régression que constitue la radicalisation religieuse partout dans le monde, sert avant tout à amplifier la mécanique du ressentiment qui est en train de détruire nos sociétés. En revanche, ne pas analyser les forces centrifuges qui décomposent la France et détruisent toute forme de communauté politique est une folie. Faire comme si l’entassement dans des banlieues sordides de gens dont les référents culturels, les structures familiales sont à ce point opposés à ce qu’affichent les sociétés occidentales n’allait pas produire chez leurs enfants un vertige mortifère relève d’un aveuglement irresponsable.

    Ne pas poser les questions qui fâchent

    Depuis 2015, certains nous vendent la « résilience » de la société française,cette formidable capacité à dépasser le traumatisme. S’il s’agit de dire que, contrairement aux prédictions de tous ceux qui dénoncent à tour de bras un pays raciste et islamophobe, les Français, malgré 250 morts, n’ont jamais sombré dans la violence ou le rejet, on ne le soulignera en effet jamais assez. Mais on ne parle pas de cela. La « résilience » organisée collectivement consiste à ne surtout pas poser les questions qui fâchent, à se cantonner aux questions sécuritaires – plus ou moins d’état d’urgence, plus ou moins de peines de prison – sans jamais aller sur le terrain miné de notre identité collective et des moyens de la perpétuer.

    Sommes-nous fiers de vivre dans un pays où l’on ne convoque pas Dieu à chaque phrase, où la raison humaine est le fondement de l’organisation collective, où hommes et femmes partagent l’espace public et peuvent même se désirer librement, où, malgré les horreurs et les erreurs de l’Histoire, la vie est plus belle qu’ailleurs ? Alors, demandons-nous comment le transmettre, l’affirmer, le partager, notamment contre tous ceux qui préfèrent le confort moral de la haine de soi, la satisfaction de se sentir quelqu’un de bien parce qu’on explique à l’autre qu’il est une victime. Le combat contre le terrorisme est aussi culturel. Voulons-nous le mener ?

    Source : https://www.marianne.net/

  • Olivier Rey : La politique n'existe plus. Elle s'est évaporée dans la « planétarisation » (2/2)

     

    Par Alexis Feertchak et Vincent Trémolet de Villers     

    Le philosophe et mathématicien Olivier Rey a accordé au FigaroVox [5 & 6.08] un grand entretien dont nous avons publié hier la première partieDans cette seconde partie, il expose comment le monde actuel connaît un processus de planétarisation, à dominante largement économique, où la politique se dissout. Nous n'ajouterons rien à ce déjà long entretien où beaucoup de choses essentielles sont dites. Il s'agit ici d'y réfléchir et, le cas échéant, d'en discuter tel ou tel élément, d'en débattre. Nous avons affaire ici, de toute évidence, à une critique de fond de la modernité ou postmodernité.  LFAR

                

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    Le langage commun dit « on n'arrête pas le progrès ». Est-ce vrai ?

    Ce que désigne ici le mot progrès est le développement technique. Dans un régime capitaliste et libéral, orienté vers le profit, l'appât du gain ne cesse de stimuler ce développement, qu'on appelle désormais « innovation ». Réciproquement, toute technique susceptible de rapporter de l'argent sera mise en œuvre.

    On pourrait penser que les comités d'éthique contrecarrent le mouvement. Tel n'est pas le cas. Jacques Testart (biologiste ayant permis la naissance du premier « bébé éprouvette » en France, en 1982, et devenu depuis « critique de science », ndlr) considère que « la fonction de l'éthique institutionnelle est d'habituer les gens aux développements technologiques pour les amener à désirer bientôt ce dont ils ont peur aujourd'hui ». Ces comités sont là pour persuader l'opinion que les « responsables » se soucient d'éthique, et ainsi désarmer ses préventions. Quand une nouvelle technique transgressive se présente, le comité s'y oppose mais, en contrepartie, avalise d'autres techniques un tout petit peu moins nouvelles ou un tout petit peu moins transgressives. Finalement, les comités d'éthique n'arrêtent pratiquement rien, ils se contentent de mettre un peu de viscosité dans les rouages. Ils ont un rôle de temporisation et d'acclimatation.

    Dans le domaine environnemental, il y a aujourd'hui une certaine prise de conscience. Pourquoi cette prise de conscience dans le domaine écologique n'est-elle pas étendue au domaine sociétal ?

    Le lien entre la destruction des milieux naturels et certaines actions humaines est flagrant, ou à tout le moins facile à établir. En ce qui concerne la vie sociale, beaucoup s'accorderont à penser que la situation se dégrade, mais les causes de cette dégradation sont multiples et les démêler les unes des autres est une entreprise ardue. Les initiatives « sociétales » jouent certainement un rôle, mais compliqué à évaluer, d'autant plus que leurs conséquences peuvent s'amplifier au fil des générations et, de ce fait, demander du temps pour se manifester pleinement. Dans ces conditions, il est difficile de prouver les effets néfastes d'une loi et, y parviendrait-on, difficile également de faire machine arrière alors que les mœurs ont changé.

    En matière d'environnement, la France a inscrit dans sa constitution un principe de précaution : lorsqu'un dommage, quoique incertain dans l'état des connaissances, pourrait affecter de manière grave et irréversible l'environnement, les autorités doivent évaluer les risques et prendre des mesures pour prévenir ce dommage. Ce principe, sitôt adopté, a été détourné de son sens : on l'invoque à tort et à travers pour de simples mesures de prudence - ce qui permet de ne pas l'appliquer là où il devrait l'être. (On parle du principe de précaution pour recommander l'installation d'une alarme sur les piscines privées, mais on oublie son existence au moment de légiférer sur les pesticides ou les perturbateurs endocriniens qui dérèglent et stérilisent la nature.) L'expression « principe de précaution » mériterait de voir son usage restreint aux cas qui le méritent vraiment. En même temps, cet usage devrait être étendu aux mesures « sociétales », dont les effets sur le milieu humain peuvent être graves et irréversibles. La charge de la preuve doit incomber à ceux qui veulent le changement, non à ceux qui s'en inquiètent.

    On parle de plus en plus souvent du clivage entre le « peuple » et les « élites ». Qui est à l'origine des lois sociétales ? Est-ce la société dans son ensemble, le droit ne faisant que s'adapter, ou sont-ce au contraire les « élites » qui tentent de changer celle-ci par le truchement du droit ?

    Je suis réservé à l'égard des partages binaires de l'humanité. Par ailleurs, il me semble que le problème central aujourd'hui tient moins à l'existence d'élites qu'au fait que les prétendues élites n'en sont pas. Je veux dire que certaines personnes occupent des places en vue ou privilégiées. Mais il suffit de les écouter parler ou d'observer leur comportement pour comprendre qu'elles constituent peut-être une caste, mais certainement pas une élite ! Le risque aussi, à opposer frontalement « peuple » et « élites », est d'exonérer trop vite le peuple de maux auquel il collabore. Par exemple, les électeurs s'indignent à juste titre que ceux qu'ils élisent trahissent leurs promesses. Mais quelqu'un qui serait à la fois sensé et sincère serait-il élu ?

    La vérité est que nous sommes tous engagés dans un gigantesque processus de planétarisation (je préfère ce terme à celui de mondialisation, car ce vers quoi nous allons n'a aucune des qualités d'ordre et d'harmonie que les Romains reconnaissaient au mundus, traduction latine du grec cosmos). S'il y avait un partage pertinent de la population à opérer, ce serait peut-être celui-ci : d'un côté les ravis de la planétarisation - en partie pour le bénéfice qu'ils en tirent à court terme, en partie par aveuglement ; de l'autre les détracteurs de la planétarisation - en partie parce qu'ils en font les frais, en partie parce qu'ils voudraient que la possibilité de mener une vie authentiquement humaine sur cette terre soit sauvegardée.

    Il est indéniable que ce qu'on appelle aujourd'hui l'élite compte presque exclusivement des ravis de la planétarisation. Cela étant, ces soi-disant dirigeants dirigent très peu : leur rôle est d'accompagner le mouvement, de le favoriser, d'y adapter la société. C'est le sens, par exemple, du « En Marche ! » d'Emmanuel Macron. En marche vers quoi ? Peu importe, l'important est d'« aller de l'avant », même si cela suppose d'accentuer encore les ravages. Les lois sociétales participent de ce « marchisme ». Par exemple, la famille à l'ancienne est un des derniers lieux de résistance au mouvement de contractualisation généralisée. Tout ce qui peut la démantibuler est donc bon à prendre, « va dans le bon sens ».

    D'où est venu ce processus? Pourrait-il s'arrêter un jour ?

    On décrit souvent la modernité comme un passage de l'hétéronomie - les hommes se placent sous l'autorité de la religion et de la tradition -, à l'autonomie - les hommes se reconnaissent au présent comme les seuls maîtres à bord. Un espace infini semble alors s'ouvrir aux initiatives humaines, tant collectives qu'individuelles. Mais libérer l'individu de ses anciennes tutelles, cela signifie libérer tous les individus, et l'amalgame de cette multitude de libertés compose un monde dont personne ne contrôle l'évolution, et qui s'impose à chacun. Comme le dit l'homme du souterrain de Dostoïevski, dans une formule géniale : « Moi, je suis seul, et eux, ils sont tous ». L'individu est libre mais, à son échelle, complètement démuni face au devenir du monde. Le tragique est que c'est précisément la liberté de tous qui contribue, dans une certaine mesure, à l'impuissance de chacun. La politique se dissout dans un processus économique sans sujet. Comme l'a écrit Heidegger, nous vivons à une époque où la puissance est seule à être puissante. Ce qui ne veut pas dire que tout le monde soit logé à la même enseigne : il y a ceux qui se débrouillent pour surfer sur la vague, beaucoup d'autres qui sont roulés dessous.

    Ce processus est-il maîtrisable par une restauration politique ?

    Politique vient de polis qui, en grec, désignait la cité. Pour les Grecs, les Perses étaient des barbares non parce qu'ils auraient été ethniquement inférieurs, mais parce qu'ils vivaient dans un empire. La politique ne s'épanouit qu'à des échelles limitées, au-delà desquelles elle dépérit. C'est pourquoi le grand argument qui a été seriné aux Européens, que leurs nations étaient trop petites pour exister encore politiquement et devaient transférer leur souveraineté à une entité continentale, où la politique retrouverait ses droits, a été une pure escroquerie. La politique n'a pas été transférée des nations à l'Union européenne, elle s'est simplement évaporée - à vrai dire tel était, sous les « éléments de langage » destinés à le masquer, le but recherché.

    La nation mérite d'être défendue parce que c'est la seule échelle où une vie politique existe encore un peu. En même temps, des nations comme la France, l'Allemagne ou le Royaume-Uni sont déjà trop grandes pour que la politique y joue pleinement son rôle. Dans les années 1850, Auguste Comte déplorait l'unification italienne comme un mouvement rétrograde, et pensait qu'à l'inverse, c'était la France qui aurait dû se diviser en dix-sept petites républiques (soixante-dix en Europe). Selon lui, c'était seulement après s'être ancrées dans une vie à cette dimension que les petites patries auraient été à même de se réunir de façon féconde, afin de traiter ensemble les questions qui outrepassent leur échelle.

    Aujourd'hui la Suisse, avec ses huit millions d'habitants et sa vie cantonale, est l'État européen où la démocratie est la plus vivace. Et historiquement, les cités de la Grèce classique, entre le VIe et le IVe siècle avant notre ère, ainsi que les cités-États italiennes de la Renaissance (Florence comptait moins de 100 000 habitants du temps de sa splendeur) constituent des réussites inégalées, qui montrent qu'en étant ouvertes sur le monde, des patries de petite taille sont capables de resplendir dans tous les domaines.

    Le problème est que même si beaucoup de petits États sont préférables à quelques gros, un gros État dispose d'un avantage : il est en mesure d'écraser un voisin plus petit. De là la tendance à la croissance en taille, quand bien même tout le monde, au bout du compte, devrait y perdre.

    Le processus inverse est-il possible ? Peut-on imaginer que la petitesse devienne la norme ?

    L'Autrichien Leopold Kohr (lauréat du prix Nobel alternatif en 1983) demeure malheureusement très méconnu. En 1957, dans son livre The Breakdown of Nations, il écrivait : « Il n'y a pas de détresse sur terre qui puisse être soulagée, sauf à petite échelle. […] C'est pourquoi par l'union ou par l'unification, qui augmente la taille, la masse et la puissance, rien ne peut être résolu. Au contraire, la possibilité de trouver des solutions diminue au fur et à mesure que le processus d'union avance. Pourtant, tous nos efforts collectivisés et collectivisants semblent précisément dirigés vers ce but fantastique - l'unification. Qui, bien sûr, est aussi une solution. La solution de l'effondrement spontané ».

    Les choses étant ce qu'elles sont, je crains qu'il ne faille en passer par de tels effondrements. Quand je dis cela, je me fais traiter de Cassandre. Je rappellerai toutefois que dans la mythologie grecque, les mises en garde de Cassandre étaient toujours fondées, le problème étant que personne ne la croyait. Ainsi, malgré ses avertissements, les Troyens firent-ils entrer le cheval de bois dans leur ville. On ne peut pas dire que cela leur ait réussi. Par ailleurs, si les effondrements qui se préparent ont de quoi faire peur, car ils engendreront de nombreuses souffrances, la perspective n'est pas seulement négative : ils peuvent aussi être l'occasion pour les peuples d'échapper aux fatalités présentes, et de revenir à la vie. 

    Olivier Rey est un mathématicien et philosophe français né en 1964. Polytechnicien de formation, il est chercheur au CNRS, d'abord dans la section « mathématiques » puis, depuis 2009, dans la section « philosophie », où il est membre de l'Institut d'histoire et de philosophie des sciences et des techniques (IHPST). Auteur de plusieurs ouvrages, il a notamment publié Itinéraire de l'égarement. Du rôle de la science dans l'absurdité contemporaine (éd. Le Seuil, 2003) ; Une folle solitude. Le fantasme de l'homme auto-construit (éd. Le Seuil, 2006) et Une question de taille (éd. Stock, 2014) pour lequel il a reçu le Prix Bristrol des Lumières 2014.      

    A lire ...

    Olivier Rey : « Le discours sur les droits de l'homme est devenu fou » (1/2)

       

  • Vers une nouvelle Grande Dépression 1929, selon la directrice du FMI, par Marc Rousset

    S’exprimant tout récemment au Peterson Institute for International Economics à Washington, la nouvelle directrice du FMI, Mme Gueorguieva, a déclaré que, selon une étude des chercheurs du FMI, l’économie actuelle est à comparer aux « années folles » ayant abouti au krach boursier de 1929.

    631794428.jpgElle voit dans les inégalités et l’instabilité du secteur financier le risque de retour d’une Grande Dépression : « À certains égards, cette tendance troublante rappelle le début du XXe siècle, lorsque l’essor technologique et l’intégration ont conduit à l’âge doré, aux années folles et, finalement, au désastre financier. »

    En septembre 2018, l’économiste américain Scott McDonald déclarait déjà : « Malheureusement, la réalité est qu’il y aura toujours une nouvelle crise. Nous ne verrons peut-être pas une réédition de la faillite des banques hypothécaires en série et ce qui en a suivi. Mais nous avons accumulé une importante dette publique et la dette souveraine ne cesse de croître, que ce soit aux États-Unis, au Royaume-Uni, au Japon ou en Italie, et ce processus ne peut pas être stoppé : la croissance de la masse critique du poids de la dette se poursuit. »

    Les banquiers centraux poursuivent la politique monétaire laxiste de la fuite en avant avec des taux négatifs et l’augmentation non conventionnelle de la masse monétaire par rachat d’obligations publiques et privées (20 milliards d’euros par mois à la BCE). Christine Lagarde, pour l’instant, n’a rien trouvé de mieux que d’arborer une broche en forme de chouette sur sa veste, symbole de la sagesse, pour ne pas être classifiée comme une colombe par les faucons. Mais les Allemands jugent sur les actes et elle va devoir se positionner très vite sur la sortie ou non des taux d’intérêt négatifs.

    Lagarde cherche, d’autre part, à convertir l’Allemagne à une politique budgétaire dépensière ainsi qu’aux réformes de la zone euro qui n’ont pas été faites depuis 2012. Aux États-Unis, l’ancien secrétaire au Trésor Larry Summers remarque que les politiques monétaires seront insuffisantes face à la prochaine récession, qu’il faudra augmenter encore les dépenses publiques et diminuer les impôts, car habituellement, il faut baisser les taux d’intérêt de 5 % et qu’aujourd’hui, les taux sont seulement à 1,5-1,75 %.

    Les gouvernements vont donc continuer, tout comme les banques centrales, les politiques de fuite en avant de déficit et de dépenses publiques. Mais il suffirait d’une petite bourrasque, par exemple un coronavirus agressif chinois ou d’Honolulu, l’assassinat de Ben Salmane, une brusque remontée des prix du pétrole ou des taux d’intérêt, une aggravation des guerres commerciales protectionnistes, un krach correctif boursier ou le retrait de l’Italie de la zone euro pour que l’économie mondiale s’effondre.

    La croissance américaine de 1 % en voie de décélération est, en fait, une illusion de croissance, suite à l’augmentation de la dette et du déficit budgétaire. L’industrie européenne continue structurellement de s’effondrer en Allemagne, en Italie et en France, malgré les cocoricos de Macron. La croissance allemande, en 2019, n’est que de 0,6 % et le FMI prédit une reprise mondiale poussive de 3,3 % en 2020 tandis que le nombre de chômeurs repartira à la hausse (+2,5 millions, selon l’OIT) et que l’accord Chine-USA de Trump n’est qu’une trêve précaire dans l’attente de sa réélection fin 2020.

    Si l’on regarde le cours d’évolution de l’or depuis 1970, sur une période de 50 ans, il est clairement sur une tendance à long terme d’augmentation continuelle. La Russie a augmenté ses réserves de 159 tonnes en 2019 pour atteindre 2.271 tonnes. La Russie et la Chine continent d’acheter et de produire de l’or parce qu’ils savent que le système monétaire international du dollar est condamné à terme. Les investisseurs occidentaux s’intéressent, eux aussi, à l’or et à l’argent puisque les ETF ((Exchanged-traded fund) or et argent physique disposent respectivement, aujourd’hui, d’un stock record de 2.560 tonnes et 19.500 tonnes. Certains envisagent un prix de l’once d’or jusqu’à 12.000 dollars, soit 8 fois son cours actuel !

    Des taux d’intérêt négatifs, des dettes mondiales de 257.000 milliards de dollars, des banques centrales qui impriment des milliards de dollars et d’euros pour éviter l’effondrement immédiat, un Trump qui va s’occuper sérieusement de la Chine et de l’Europe après sa réélection tout en augmentant le déficit des États-Unis… La fuite en avant du « non conventionnel » ne peut que retarder l’explosion à venir, tout en l’aggravant !

  • De la Scène au Prétoire…, par Christian Vanneste.

    Macron avait désiré appuyer son pouvoir sur une mise en scène théâtrale parfaitement maîtrisée et entamée dans les décors somptueux légués par l’Ancien Régime. Trois ans plus tard, dans une ambiance tragique, le spectacle vire à la bouffonnerie. L’homme qui se vantait de chasser du pouvoir les politiciens du passé dont il fustigeait l’incompétence, qui disait avoir une vision de l’avenir avec une France ouverte sur le monde et pétulante de créativité, une « start-up nation », celui qui prodiguait ses conseils aux chefs d’Etats d’Europe et de la planète, le voilà englué dans un scénario où toutes ses promesses deviennent des malédictions.

    christian vanneste.jpgIl ne voulait pas de frontières. Les autres pays, et même les Allemands, les ont voulues pour lui. Alors, ce chantre du « bougisme » a enfermé chaque français dans les frontières de son logement, lui a interdit de traverser la rue sans impératif, même pas celui de trouver un emploi au bistrot d’en face. Le bistrot est fermé et ses employés au chômage. Face au virus, il y a pourtant une frontière individuelle portative que chaque Français peut emporter avec soi : le masque. Le gouvernement et son administration savaient depuis 2018 que le stock n’était plus suffisant pour répondre à une crise sanitaire, et il avait laissé fermer la même année l’usine bretonne de Plaintel qui fabriquait les FFP2 dont les soignants ont manqué au péril de leur vie. Six jours après avoir repoussé la réouverture du site, les machines étant dispersées, le voici qui passe commande à son fantôme… ce qui donne l’occasion au président de l’annoncer comme par hasard lors d’une visite dans un magasin de la région… Le visionnaire est devenu myope et ne voit plus qu’à l’horizon d’une communication coupée en tranches et dénuée de la moindre authenticité, une communication « officielle » entrelardée de contradictions, d’oublis et de mensonges. Le progressiste lyrique lutte contre l’épidémie du XXIe siècle avec les moyens du Moyen-âge ! Celui qui s’apprêtait à célébrer triplement une année de Gaulle a créé une ligne Maginot d’où il faudra bien que les Français sortent un jour sans avoir été testés alors que 75% des porteurs sont asymptomatiques !

    Arrivé grâce à une irruption judiciaire qui ne devait rien au hasard dans le déroulement d’une élection qu’elle a faussée à son profit, il craint maintenant que la justice ne soit actionnée par les Français pour mettre fin à l’usurpation dont ils se croient de plus en plus les victimes. Ainsi donc, le pouvoir savait que l’épidémie atteindrait la France contrairement à ce qu’a dit le ministre de la Santé, Mme Buzyn, au mois de Janvier. Il savait que la France n’était pas préparée à y faire face, mais ce n’est que le 20 Mars que le nouveau ministre M. Veran en a fait l’aveu devant l’Assemblée Nationale, alors qu’il avait affirmé le 18 Février que la France était prête et disposait d’un système de santé solide. Le gouvernement a donc menti sur l’absence de masques et des autres vêtements protecteurs, mais aussi sur les capacités d’accueil des hôpitaux, sur les lits de soins intensifs et sur les respirateurs, sur les moyens de réaliser les tests, enfin. Alors, il a fallu inverser la logique médicale qui consistait à dépister les porteurs du virus avant même qu’ils aient des symptômes, à les isoler, et à les suivre médicalement : tester le maximum de personnes, protéger toute la population grâce à des distributions massives de masques, et soigner les malades. On a enfermé tout le monde, déconseillé le masque comme inutile, empêché l’immunité collective, car l’obsession était de ne pas saturer les trop peu nombreux lits d’hôpitaux déjà remplis dans certaines régions. Faute de combattre la maladie avec une stratégie claire, une thérapeutique efficace, on a seulement pratiqué une gestion hôtelière de la maladie, rythmée par les conférences du grand vizir de la santé qui commente la fin progressive de la pénurie plus qu’il n’annonce celle de l’épidémie. Des malades sont morts, faute d’avoir été informés des risques, des médecins sont morts pour les avoir soignés sans protection. Le pouvoir a laissé la frontière ouverte avec l’Italie, laissé se tenir un match de football Lyon-Turin, maintenu le premier tour des élections municipales, alors qu’il connaissait les dangers. Il y a là les arguments d’un terrible réquisitoire ! Certes, le président est intouchable, mais ses ministres ne le sont pas, et s’ils étaient reconnus coupables de mise en danger de la vie d’autrui, c’est le pouvoir tout entier qui serait ébranlé…

    Emmanuel Macron s’en est inquiété publiquement, le 31 mars, lors d’une visite dans une usine de masques à Angers : « Toutes celles et ceux qui cherchent déjà à faire des procès alors que nous n’avons pas gagné la guerre sont irresponsables… » Sauf qu’une guerre ne suspend ni la démocratie ni la justice, et que la lutte contre un virus n’est pas une guerre où l’ennemi pourrait tirer parti des débats. Entré, côté jardin par la Justice, il se pourrait bien que la sortie se fasse côté cour par la Justice aussi !

  • Aventures en Méditerranée…., par Christian Vanneste.

    En cette année doublement désastreuse pour la santé et pour l’économie, M. Macron dont les Français jugent l’autorité inférieure à celle de ses deux premiers ministres successifs, a décidé de se refaire… une santé sur la scène internationale. C’est une année « de Gaulle » et le voilà parti aux dires de certains sur le chemin de la troisième voie : ni Moscou, ni Washington mais en première ligne en Méditerranée Orientale, au Liban, et aux côtés de la Grèce face à sa tête de Turc : Erdogan.

    christian vanneste.jpgLe président turc est si antipathique que s’attaquer à lui peut susciter l’adhésion d’électeurs « de droite » que Macron rêve de séduire d’ici 2022. Cette posture n’a pas la clarté de celle de Sarkozy qui avait choisi l’Amérique en réintégrant l’OTAN et en participant au prétendu Printemps arabe de l’ère Obama avec une intervention aux conséquences catastrophiques en Libye et une condamnation du président syrien. La France jouait les atlantistes appliquées et se trouvait en compagnie douteuse d’Erdogan et du Qatar, c’est-à-dire des Frères Musulmans, le visage caché de la « révolution » arabe. Pour celui qui avait reçu Kadhafi et Bachar Al-Assad à l’Elysée, le tête-à-queue était impressionnant et n’avait rien de gaulliste !

    « L’Occident derrière les USA en croisade pour la démocratie au profit des musulmans ». Le film hollywoodien avait fait un tabac depuis la Bosnie jusqu’à l’Egypte sur le dos des Orthodoxes et des Chrétiens d’Orient dont l’oncle Sam se moque absolument puisque, lorsqu’ils sont obligés de partir de chez eux, ils deviennent souvent de bons et loyaux Américains, nullement poseurs de bombes. Dans le Western, le Président Poutine était devenu la brute et le truand, guerrier annexant indument des territoires russes depuis des siècles et empoisonnant ses opposants de façon assez maladroite pour que les Occidentaux le sachent. Dans un premier temps, Macron a pris la suite de Sarkozy et de Hollande, avec plus de retenue que le premier, mais moins de mollesse que le second : en Avril 2018, la France avait bombardé, aux côtés de ses amis américains, l’armée syrienne après un hypothétique usage de gaz par celle-ci .

    L’ennui, c’est qu’avec le nouveau président américain, aussi imprévu qu’imprévisible, qui, certes, twitte plus vite que son ombre, on a changé de film, du western au film d’espionnage, où on ne sait qu’à la fin, et encore, qui est qui, qui est avec qui, qui est le méchant ou le faux gentil. Les Turcs dirigés par un Frère musulman étaient bien à l’oeuvre dans le renversement des dictatures laïques arabes, avec plus ou moins le soutien des monarchies du golfe, sunnites et réputées salafistes. En Syrie, ils soutenaient la rébellion de l’autre côté de la frontière, par fraternité religieuse et intérêt national, avec la bénédiction des occidentaux qui eux croyaient qu’il était question de démocratie… En Face, il y avait les affreux : les Russes et les Iraniens, le nationalisme allié au fanatisme. Sauf que le soutien larvé d’Ankara à l’Etat islamique et son cynisme génocidaire cette fois à l’encontre des Kurdes, de même que l’âpreté de la répression après un coup d’Etat manqué a jeté bas les masques. De plus, les monarchies arabes, à l’exception du Qatar, détestent les Frères musulmans. L’Egypte chassait ces derniers du pouvoir à la satisfaction de tous, sauf d’Erdogan. Mais, en Syrie, un processus de paix semblait s’instaurer à Astana avec une entente inattendue entre Russes et Turcs. Depuis, c’est la confusion : Bachar contrôle 70% du territoire mais les Turcs occupent le nord au détriment des Kurdes et protègent le dernier bastion rebelle d’Idlib. Les Américains annoncent leur départ mais empêchent toujours l’armée syrienne de reprendre possession des puits de pétrole laissés aux Kurdes à l’est de l’Euphrate. Cette pression américaine vise plus les Iraniens que les Russes. Il s’agit d’interdire la constitution du croissant chiite qui atteindrait la Méditerranée au Liban avec le Hezbollah, bête noire de Washington et de Tel-Aviv. Par ailleurs, la Libye revient au premier plan et cette fois, la Russie est face à la Turquie, ce qui est plus logique, mais aux côtés de l’Egypte et des Emirats, voire de l’Arabie Saoudite, et même de la France, ce qui l’est moins.

    Si Erdogan s’est contenté de sauver les meubles en Syrie, il vient de marquer un point en Libye en repoussant l’offensive du Maréchal Haftar sur Tripoli grâce à l’envoi de miliciens, d’armement en dépit de l’embargo, et à l’installation de deux bases militaires. Il en a profité pour conclure un traité avec le gouvernement libyen qui lui a accordé une délimitation très favorable des zones méditerranéennes, parfaitement contraire aux traités internationaux. Depuis, les frictions avec les autres Etats riverains, membres de l’Union Européenne, la Grèce ou Chypre se sont multipliées. La brutalité du style est évidente : Erdogan dépêche un navire de forage protégé par des vaisseaux de guerre dans les eaux grecques. Michelle Bachelet, le Haut-Commissaire des Nations unies au Droits de l’Homme, interpelle d’autre part le président turc sur les violations commises par les groupes armés sous le contrôle effectif de la Turquie en Syrie. Nicholas Heras, analyste au Center for a New American Security, dénonce aussi l’utilisation de la rareté de l’eau dans le Nord-syrien, par les Turcs pour asseoir leur autorité sur la région.

    Médiatiquement, le Président Turc devient une bonne cible. Pour autant, la France a-t-elle les moyens d’une politique aventureuse dans un contexte aussi mouvant ? En Libye, faute d’un soutien suffisant, elle a laissé échapper la chance d’une réunification du territoire qui aurait effacé la sanglante boulette de Sarkozy dont les conséquences pèsent lourdement sur les soldats français engagés au Sahel. En Syrie, après avoir joué les supplétifs de l’Amérique, elle n’a plus son mot à dire dans un pays sur lequel elle a exercé un mandat de 1920 à 1943. Elle reprend heureusement pied au Liban mais n’a pas encore obtenu la constitution d’un nouveau gouvernement. M. Macron avait pourtant rencontré le Hezbollah dans ce but : pour les Américains et Israël, il avait déjeuné avec le diable ; les Chiites ainsi reconnus font au contraire une résistance imprévue. Enfin, La France a volé au secours de la Grèce au nom de la solidarité européenne qu’elle semble bien seule à défendre. Qu’est devenue la grande partenaire germanique dont on célébrait l’amitié indéfectible, il y a peu ? Elle conserve ses yeux de Chimène pour le vieil allié turc, et les millions d’électeurs réputés allemands qu’il contrôle. Le Président Trump est en contact permanent avec Erdogan de même que ce dernier, décidément aussi courtisé que détesté, avec Poutine. Certes, il est beau que la France se batte pour les petits, mais est-elle encore un Grand ?

    Source : https://www.christianvanneste.fr/

  • Les réseaux sociaux ont privatisé la liberté d’expression (Editorial du Courrier des Amériques), par Gwendal Gauthier.

    Les réseaux sociaux ont privatisé la liberté d'expression (peinture "Free Speech" réalisée par Maynard Dixon en 1934). 

    Les Etats-Unis ont connu un mois de janvier on ne peut plus agité. Parmi les sujets majeurs de l’actualité, l’un d’entre eux à malheureusement été moins traité aux Etats-Unis qu’à l’étranger : la censure exercée par les réseaux sociaux. Le Courrier ayant consacré toute sa page 2 du mois de janvier aux monopoles des GAFAM, il était bien évident que nous allions aussi, cette fois, parler de la censure qu’ils exercent. Voici mon analyse.

    2.jpgAutrefois, la parole du citoyen était naturellement limitée : elle pouvait s’exprimer dans la rue, au café, plus rarement dans une interview que vous offrait le journal local et, s’il le fallait, parfois devant un juge. La démocratie représentative permettait de combler le problème : des élus vous représentaient et pouvaient exprimer vos opinions collectives.

    Puis Internet est arrivé, permettant à tout le monde – pour le meilleur et pour le pire – de pouvoir directement s’exprimer et de bénéficier d’une audience. Sur ce champ vierge qu’était internet, les GAFAM ont créé des monopoles restreignant l’expression à leurs propres espaces privés : à l’heure actuelle, Facebook, Twitter et Youtube composent l’essentiel de ces espaces où la parole s’exprime dans le monde occidental.

    Le problème de la censure n’y est pas nouveau et, quand il se pose publiquement, les réseaux sociaux répondent : « vous êtes ici chez nous, si vous n’êtes pas content de notre règlement, lancez votre propre réseau social ». Mais quand le milliardaire Donald Trump est interdit de réseaux sociaux, pas même lui n’est capable de lutter ; il est réduit au silence. Certains supporters de Trump sont alors partis sur le réseau « Parler » (que j’ai découvert à cette occasion, et qui techniquement ressemble un peu à Twitter) : mais en quelques heures les GAFAM ont assuré leur survie et leur monopole en faisant interdire ce réseau social Parler. Il est tellement impossible de faire fonctionner un concurrent contre le monopoles des GAFAM que même Google (qui est pourtant le « G » de « GAFAM) n’avait pas réussi en huit ans (2011 à 2018) à rendre compétitif son propre réseau social « Google+ » qui n’existe plus depuis lors.

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    Il était une fois… la liberté d’expression aux Etats-Unis !

    Au XXIème siècle, l’endroit où l’expression des personnes a cours, c’est essentiellement les réseaux sociaux, chacun en conviendra, et pas sous le platane du coin de la rue. Si, en théorie, le premier amendement de la constitution américaine assure que la liberté d’expression est garantie aux Etats-Unis, dans la réalité, c’est désormais faux. L’expression a aujourd’hui cours dans des espaces privés où elle n’est pas libre. Il convient de noter que certains pays, comme par exemple la France et l’Allemagne, poussent justement les réseaux sociaux à pratiquer plus de censure : sous la menace ils obligent Zuckerberg et ses amis à faire leur travail de service public, tout à la fois celui de censeur, de policier, de juge, ce qui fait au final de lui une sorte de « Dieu ». Ca tombe bien, rappelons que toute entreprise a pour essence de vouloir contrôler son environnement (et de gagner de l’argent). En conséquence de ces exigences gouvernementales, le futur proche des réseaux sociaux, ce sera d’aller vers plus de censure, c’est totalement certain.

    Les mêmes réseaux qui ont été si peu rapides à censurer les terroristes ou les pédophiles tombent désormais aussi bien sur le président des Etats-Unis, que sur l’humoriste Jean-Marie Bigard, ou le député (macroniste quand il a été élu) Joachim Son-Forget. Pour eux (entre autres) il n’y a pas d’appel possible. Et pour vous, ceux de nos lecteurs qui n’ont pas l’influence des personnes citées ? Y aura-t-il un appel le jour où les GAFAM auront décidé de vous réduire au silence ? Qui prendra votre défense ? Quand une personne est expulsée de Facebook, elle n’a pas même moyen de discuter avec quelqu’un pour faire valoir ses droits : aucun contact possible, pas de numéro de téléphone, pas d’email pour correspondre : rien ! Et c’est déjà arrivé à des dizaines de milliers ou des centaines de milliers de personnes !

    Vous pensez que les réseaux sociaux ne s’en prennent qu’au plus fort ? Avec la manifestation au Capitole, Donald Trump a certes donné un prétexte parfait aux GAFAM pour le mettre dehors. Néanmoins, chacun aura pu noter qu’ils ont censuré Trump quelques heures seulement APRES que le nom du nouveau président (Biden) ait été prononcé par le Congrès. Ce n’est donc pas au « Trump-tout-puissant » qu’ils s’en sont pris : c’est au perdant de l’élection présidentielle ! Jamais ils ne s’en seraient pris à lui la veille ! Et il s’agit aussi d’une vengeance, car le 28 mai 2020 Trump avait signé un décret interdisant la censure sur les réseaux sociaux.

    Mais jusqu’à cette date Donald Trump et les Républicains n’avaient pas vraiment jugé utile de débuter une vraie réflexion sur les GAFAM. Au nom d’une autre liberté, celle du marché, il ne fallait pas les toucher. Quand la France avait voulu taxer ces GAFAM, la seule chose que Trump avait trouvé à faire, c’était une mesure de rétorsion contre les produits français arrivant aux USA. Les Démocrates semblaient jusqu’alors beaucoup plus soucieux du problème… Ils vont avoir l’occasion de le prouver, mais pour le moment ils semblent surtout se réjouir que leur adversaire ait ainsi été muselé.

    Certes, l’économie du numérique est immense pour les Etats-Unis, et il est difficile pour les élus d’envisager de nuire à leurs entreprises emblématiques. Mais les bonnes questions à se poser sont les suivantes : Est-ce que l’air qu’on respire doit être privatisé ? Est ce que les rues de nos villes doivent être privatisées ? Est-ce que l’expression des citoyens peut être privatisée ?

    Dans quelques années (ou dizaines d’années) la plupart des pays auront répondu « non » à cette question. Après la censure de Trump, le Mexique (pays socialiste) a décidé de lancer son propre réseau social. La Russie et la Pologne ont pour leur part décidé d’interdire les réseaux sociaux qui pratiqueraient de telles censures politiques dans le futur. Facebook et Twitter ne sont déjà plus, loin de là, des normes universelles. Et, on vous l’annonce, Donald Trump ou Donald Trump Jr (ou un de leurs amis) seront élus aux Etats-Unis dans quatre ans, dans huit ans ou dans douze ans. Ce jour-là, aux Etats-Unis aussi, les réseaux sociaux ne seront plus ce qu’ils sont. Plutôt que d’attendre une fatalité brutale, il serait peut-être sage d’envisager d’ores et déjà des alternatives intelligentes : l’enjeu est trop important pour que les gouvernements continuent de fermer les yeux et demandent à des sociétés privées de garantir nos droits.

     

    Le Courrier des Amériques est le journal des francophones vivant (ou séjournant) aux Etats-Unis

     

    Gwendal Gauthier

    Directeur du Courrier des Amériques

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    Source : https://courrierdesameriques.com/

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  • Le numéro 1187 (6 avril 2020) de Royaliste est paru...

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     Royaliste sort désormais avec une pagination renforcée (16 pages au lieu de 12) pour suivre plus complètement l'actualité lié à la crise sanitaire...

     

    SOMMAIRE du numéro :
     
     
    * Page 2 - Énergie : fausses pistes, vraies priorités. – Transition énergétique : affichages et réalités.
    * Page 3 – Covid-19 : les indispensables. – L’Écho du net.
    * Page 4 – La crise de l’université. – La quinzaine sociale.
    * Page 5 – Agriculture : le nerf de la guerre. – Nourritures spirituelles.
    * Page 6 – Espagne : Philippe VI, le roi courage. – Voix étrangères. – Les Faits marquants.
    * Page 7 – Diplomatie Corona.
    * Pages 8 et 9 – Entretien : la crise du monde paysan.
    * Page 10 – Dany-Robert Dufour. – Revue des revues.
    * Page 11 – Guillaume Cuchet, un XIX°siècle religieux.
    * Page 12 – Anatomie d’un centre extrême.
    * Page 13 – Nicolas Offenstadt. – Michel Bernard. – Le Carnet.
    * Page 14 – Philippe VII, le prince méconnu. – Brèves royales.
    * Page 15 – Le mouvement royaliste.
    * Page 16 – Éditorial : la souveraineté, vraiment ?
     
     
    Pour nous s’abonner et nous soutenir: http://nouvelle-action-royaliste.fr/presentation/royaliste
     
    Pour nous contacter : Royaliste, rédaction-administration :
    Bloc C, BAL 13 – 36,38, rue Sibuet, 75012 PARIS
    lejournal@nouvelle-action-royaliste.fr
  • A propos des publications de lafautearousseau, pour mettre nos pendules à l'heure

    L F A R 3 - Copie copie.jpg

    Quelques informations concernant notre fonctionnement et nos nouveautés :

    t  Les lundis de Louis-Joseph Delanglade (politique intérieure et extérieure généralement alternées) reprennent dès demain, lundi. Vous pouvez consulter les chroniques déjà parues, en cliquant sur l'icône les lundis de Louis-Joseph Delanglade, ouvrant le nouveau site où elles se trouvent regroupées. (Page d'accueil, colonne de gauche, partie haute). 

    t  Le Journal inédit de l'année 14, de Jacques Bainville, est mis en ligne au quotidien. Il se continuera jusqu'à la fin de cette année. A ne pas manquer !   

    t  Grands auteurs ou acteurs de l'Histoire, est un site annexe de lafautearousseau (nouveau !). Il s'enrichit, chaque semaine, de pensées et réflexions particulièrement pertinentes. Déjà cités : Edgar Poe, le Dalaï Lama, Tocqueville, Baudelaire, Vaclav Havel, Claude Lévy-Strauss, Charles Péguy, Dostoïevsky, Goethe, Anouilh et Malraux. Bien d'autres grands auteurs éclectiques et profonds sont à venir. N'hésitez pas à consulter cette bibliothèque en construction ! (Icône en page d'accueil, colonne de gauche, partie haute). 

    t  Vimeo vous offre une sélection exceptionnelle de 128 vidéos : Documents d'archives, conférences anciennes et récentes, débats, cafés politiques, évènements et activités, etc.  (Icône en page d'accueil, colonne de droite, partie médiane).  

    t  Enfin, les amateurs de réseaux sociaux, ne manqueront pas de participer à la vie très active de notre page Facebook et de notre compte Twitter. L'un et l'autre très actifs et en plein progrès.  

    t  Dernier point : Pour nous adresser un courriel, vous pouvez cliquer directement sur notre adresse de messagerie lafautearousseau@outlook.fr (Page d'accueil, colonne de gauche, partie haute). 

    Que les esprits pessimistes ou inquiets y trouvent du réconfort : nous ne faisons pas rien ! Nous travaillons dans la nébuleuse lafautearousseau !

    Bonne lecture à vous tous !

     

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    Quelques informations concernant notre fonctionnement et nos nouveautés :

    t  Les lundis de Louis-Joseph Delanglade (politique intérieure et extérieure généralement alternées) reprendront début septembre. Vous pouvez consulter les chroniques déjà parues, en cliquant sur l'icône les lundis de Louis-Joseph Delanglade, ouvrant le nouveau site où elles se trouvent regroupées. (Page d'accueil, colonne de gauche, partie haute). 

    t  Le Journal inédit de l'année 14, de Jacques Bainville, est mis en ligne au quotidien. Il se continuera jusqu'à la fin de cette année. A ne pas manquer !   

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  • Au cinéma, la chronique de Guilhem de Tarlé : ce qui nous lie.

    1.jpg

     

     

    A la télé : Ce qui nous lie, un drame de Cédric Klapisch avec Pio Marmai, Ana Girardot, François Civil et Jean-Marie Winling.

    Film diffusé Dimanche 17 Mai sur France 2 à 21H.

    guilhem de tarlé.jpgCe qui nous lie ! Sans être devin, on comprend qu’il s’agit d’une histoire de sédimentation, des dépôts qui s’accumulent d’année en année, de générations en générations ; à la fois un documentaire sur la fabrication du vin ou le métier de vigneron, un film sur le vin « fruit de la vigne et du travail des hommes », un film sur le travail de la terre « qui nous appartient et à laquelle on appartient » ; un film sur les racines et le retour du « fils prodigue » ; un film impressionniste avec au début une série de photos magnifiques à la Monet ; un film à la fois poignant et plein d’humour.

    Un film malheureusement un peu long, 1H53, qui ne sait pas comment finir… Ne l’imitons pas sur ce point.

     

       Pour mémoire :

    appréciations

    Titre

    Scènes violentes ou scabreuses

    Date

    Art et Essai

    Distributeur

    Il aurait été très dommage de ne pas le voir

    Corporate

    non

    16/05/2017

    Non

    Diaphana

    Une excellente soirée

    Lumière ! L’aventure commence

    non

    25/05/2017

    Oui

    Ad Vitam

    Un très bon film

    Ce qui nous lie

    Oui

    01/07/2017

    non

    StudioCanal

    Un bon film

    Grand froid

    non

    29/06/2017

    Oui

    Diaphana

    Peut-être faut-il le revoir ?

    Emily Dickinson, a quiet passion

    Non

    03/06/2017

    oui

    Paname

    J’aurais pu ne pas le voir

    Ava

    oui

    26/06/2017

    Non

     

    Je m’y suis ennuyé

    Rodin

    oui

    06/06/2017

  • En Irak, François a réalisé le rêve de Jean Paul II, par Denis Lensel.

    Que ce soit par ses paroles, les lieux visités ou ses actes, le pape François a semé l’espérance en Irak lors de son déplacement début mars.

    Par son voyage en Irak, ces jours-ci, le pape François a semé un message d’espérance et de paix au cœur d’une terre dévastée par la guerre.

    3.jpgIl a réalisé le rêve de Jean Paul II en venant dans ce pays affronté à des défis fondamentaux : une tentative d’éradication des plus anciennes communautés de l’histoire du christianisme, et le déchainement d’un terrorisme embrigadé se réclamant de l’Islam.

    Des graines de respect, d’unité et d’espérance

    S’exprimant à l’intérieur d’une église détruite dans une ville en ruines, puis devant une foule de fidèles pleins d’une joyeuse et douce reconnaissance, le Saint-Père a pu dire en toute clarté qu’ »hostilité, extrémisme et violence sont des trahisons de la religion ». Comme on a pu le constater, il a semé des graines de respect, d’unité et d’espérance, en faveur d’un peuple bafoué depuis des décennies par les puissants et par les violents de ce monde.

    François a pu effectuer cette visite au pays d’Abraham sous le signe de la paix fraternelle sans qu’aucune violence ne s’y déchaîne. Il a défini ce pèlerinage sur les pas de l’ancêtre commun des croyants comme « un devoir envers une terre martyrisée depuis tant d’années ». Quelques années auparavant, il était allé en Égypte, autre pays en proie à des persécutions violentes : comme en Irak, il y avait commencé un dialogue avec des autorités religieuses locales issues de la tradition musulmane, en signe de paix, pour s’opposer à la haine et à la guerre.

    Avant lui, Jean Paul II et Benoît XVI étaient venus apporter un message de paix comparable au Liban, cet autre pays souche de l’aventure chrétienne sans cesse menacée. Cet autre pays martyr, dans notre monde en flammes, en quête d’un avenir humain.

    Revivez en images le voyage du pape François en Irak :

    https://fr.aleteia.org/slideshow/en-images-le-voyage-du-pape-francois-en-irak/?from_post=652192

    Source : https://fr.aleteia.org/

  • « Un esprit malsain (La République) dans un corps ”saint” (La France) », par Guy Adain.

    Nous avons trouvé le vaccin salutaire pour nous délivrer de la pandémie de la Covid. Pour le reste, faisons confiance à la Divine Providence. Les chercheurs ont trouvé et le virus finira bien par être éradiqué.

    À notre Santé ! Elle sera sauvée !

     

    Mais il ne s’agit que de la santé des corps ;

    nos âmes n’en seront pas plus guéries !

    La République débarrassée de cette peste Covidienne n’en deviendra pas plus La France ! Elle sera plutôt :

    « Un esprit malsain dans un corps sain ».

    Toutes les tribulations subies n’apporteront aucune amélioration, c’est d’un « esprit saint » dont la France a besoin, et cette sainteté là ne s’acquiert pas par un vaccin !..

    Alors que l’on s’approche d’une date anniversaire douloureuse et sanglante, l’on peut se demander encore :

    « Mais comment les Français ont-ils pu commettre une pareille ignominie ; guillotiner leur Roi Louis XVI un 21 Janvier 1793 ? »

    Il faut absoudre ce crime odieux…Voilà une belle occasion de repentance. S’il en est !

    Reconnaître cette infamie et tourner cette page répugnante de notre Histoire de France.

    Aujourd’hui, la France souffre et pâtit durement des mauvais traitements que les « Docteurs Diafoirus » lui ont fait subir.

    La République en sort, elle, toute requinquée et bananière !

     

    Et si nous faisions de 2021 une année Royale ?

    Faire éclore des lys vaut aussi bien que cultiver des bananes, surtout si ce n’est que pour utiliser que les peaux !

    Oui faisons de 2021 une année Royale, donnons-nous un Roi à aimer, on ne peut pas trouver le bonheur sans se donner un maître.

    Que le notre soit un Roi, représentant de Dieu sur la terre de France !

    La France doit renaître après plus de deux siècles de pandémie républicaine.

    Il faut faire le choix du Roi, l’étoile est encore dans le ciel des Mages, eux se sont mis à trois pour nos entrainer dans leur sillage.

    Suivons-les, ils parlent d’Or et embaument l’Encens et la Myrrhe.

    Alors soyons vintage, soyons nostalgique de la Douce France, soyons Royalistes !

    21 Janvier 1793 !

    Le Roi est mort !

    Vive le Roi !

     

    Guy Adain

    12/01/2021

  • Alain de Benoist : « Hier on avait un métier, aujourd’hui on cherche un emploi »

     

    Par Alain de Benoist et Jean-Paul Brighelli

     

    Dans ce remarquable entretien, la distinction qu'opère Alain de Benoist entre métier et emploi nous paraît essentielle. Métier est de l'ordre du qualitatif. C'était ce que possédaient en propre ceux qui n'avaient rien, les prolétaires de jadis. Emploi est indéterminé, sans substance, sans qualité. C'est tout le reflet du monde moderne ou postmoderne. Cette opposition constitue la trame de la réflexion d'Alain de Benoist, y compris dans les passages où elle peut surprendre. Il faut savoir gré à Jean-Paul Brighelli d'avoir réalisé et publié [Bonnet d'âne & Causeur les 9 & 13.10] ce long et riche entretien qui est aussi un débat, l'amorce d'un débat.  Lafautearousseau   

     

    alain-de-benoist-elements-324x235.jpgJean-Paul Brighelli. Voilà que vous détournez le « grand remplacement » ethnique cher à Renaud Camus par un « grand remplacement » économique : l’ubérisation de l’ensemble des sociétés libérales — française, entre autres. Pouvez-vous expliquer en quoi consiste cette mutation ?

    Alain de Benoist. Le « grand remplacement économique », ce n’est pas tant l’ubérisation que le remplacement de l’homme par la machine, voire par l’intelligence artificielle, à laquelle conduit l’évolution même du travail, évolution dont l’ubérisation ne représente qu’un aspect.

    « On l’oublie trop souvent : le capitalisme, ce n’est pas seulement le capital, c’est également le salariat. C’est aussi le système qui repose sur la force de travail, base de la valorisation du capital, et la transformation du travail concret en travail abstrait, concomitante de la transformation de la valeur d’usage en valeur d’échange. La transsubstantiation du travail en argent, puis de l’argent en capital, produit l’autovalorisation de la valeur. Le travail au sens moderne est une catégorie capitaliste. La généralisation du salariat fut une révolution silencieuse, mais une mutation énorme. Hier on avait un métier, aujourd’hui on cherche un emploi. Le métier et l’emploi, ce n’est pas la même chose. L’avènement du marché où l’on peut vendre et acheter contre salaire de la force de travail implique à la fois la destruction des anciennes formes sociales et la séparation du travailleur d’avec les moyens de production.

    « La contradiction principale à laquelle se heurte aujourd’hui le capitalisme est directement liée à l’évolution de la productivité. Cette contradiction est la suivante. D’un côté, le capital recherche en permanence des gains de productivité lui permettant de faire face à la concurrence, ce qui entraîne des suppressions d’emploi et une diminution du temps de travail global (on produit de plus en plus de choses avec de moins en moins d’hommes). De l’autre, il pose le temps de travail comme seule source et seule mesure de la valeur. La contradiction tient au fait que les gains de productivité aboutissent à supprimer des emplois, alors que c’est justement la forme « emploi » qui a permis au travail d’être le moteur de l’expansion du capital. La contradiction entre le marché actuel du travail et la production réelle de survaleur fait que le système capitaliste est aujourd’hui menacé, non pas seulement d’une baisse tendancielle du taux de profit, mais d’une dévalorisation généralisée de la valeur. 

    « Avec la révolution informatique et le développement de la robotique, la production de richesses se découple par ailleurs toujours davantage de la force de travail humaine, et pour la première fois on supprime davantage de travail qu’on ne peut en réabsorber par l’extension des marchés.

    « L’argument libéral classique est de dire que tout cela n’a rien de nouveau, que le progrès technique a toujours détruit des emplois, mais qu’il en a créé d’autres. On cite l’exemple de la révolte des canuts lyonnais contre les métiers à tisser, celui des luddites anglais ou celui des tisserands silésiens de 1844. On rappelle aussi la façon dont les emplois du secteur tertiaire ont remplacé ceux des secteurs primaire et secondaire. C’est oublier qu’aujourd’hui tous les emplois ne sont pas substituables, et qu’ils le sont même de moins en moins compte tenu de l’importance prise par les connaissances et de l’inégale distribution des capacités cognitives. Si dans le passé un paysan a pu se reconvertir en ouvrier sans grand problème, un ouvrier du bâtiment aura beaucoup plus de mal à se reconvertir en programmateur informatique. C’est pourquoi la robotique détruit aujourd’hui plus d’emplois qu’elle n’en crée.

    « Mais c’est oublier surtout que nous sommes en train de sortir de l’époque où les machines faisaient les choses aussi bien que l’homme pour entrer dans celle où les machines font beaucoup mieux. Cela change tout, car cela signifie que les machines peuvent désormais entrer en compétition avec des fonctions qui ne sont plus seulement manuelles ou répétitives, ce qui pose le problème de la décision : la machine est mieux placée pour décider puisqu’elle peut traiter mieux qu’un humain les informations dont elle dispose. C’est ce qu’avaient déjà biens vu Hannah Arendt et Günther Anders. Voilà pour le « grand remplacement » !

    Vous reprenez le terme de « précariat », introduit en économie alternative par des alter-mondialistes et des anarchistes (italiens à l’origine) à la fin des années 1970 — quelques années à peine après le départ de la crise structurelle dont se nourrit depuis cette époque le libéralisme. En quoi consiste-t-il ?

    La précarité, aujourd’hui, tout le monde la constate autour de soi. Face à la montée d’un chômage devenu structurel (et non plus seulement conjoncturel), la tendance actuelle, parallèlement au remplacement des activités productives par des emplois inutiles, qui sont en dernière analyse des emplois de contrôle, destinés à désamorcer les velléités de révolte sociale, est de chercher à diminuer le chômage en augmentant la précarité. C’est la mise en application du principe libéral : « Mieux vaut un mauvais travail que pas de travail du tout ». D’où l’idée de « flexi-sécurité », qu’il faut comprendre ainsi : la flexibilité c’est pour tout de suite, pour la sécurité on verra plus tard. Le refrain mille fois répété par le Medef est bien connu : plus on pourra licencier facilement, moins on hésitera à embaucher. Mais comment expliquer alors que la précarité ait constamment progressé en même temps que le chômage ?

    « C’est cette montée de la précarité qui a abouti en Angleterre à la multiplication des « travailleurs pauvres » (working poors) et aux contrats « à zéro heure » (on en compte aujourd’hui plus de 1, 4 million), et en Allemagne, depuis les réformes Harz, aux « minijobs » (450 euros sans cotisations et sans couverture sociale) qui, en 2013, concernaient 7 millions de travailleurs, soit près de 20% de la population allemande active, parmi lesquels un grand nombre de retraités.

    « Mais la précarisation, c’est aussi de façon beaucoup plus générale la destruction de tout ce qui dans le passé était solide et durable, et se trouve aujourd’hui remplacé par de l’éphémère et du transitoire. Dans ce que Zygmunt Bauman a très justement appelé la société liquide, tout est à la fois liquéfié et liquidé. Que ce soit dans le domaine professionnel, sentimental, sexuel, éducatif, politique, social ou autre, nous vivons à l’ère du zapping : on « zappe » d’un partenaire à l’autre, d’un métier à l’autre, d’un parti politique à l’autre, comme on « zappe » d’une chaîne de télévision à une autre. Et dans tous les cas, le changement n’aboutit qu’à donner le spectacle du même. On est toujours déçu parce que, sous diverses guises, c’est toujours le même chose qui se donne à voir. L’idéologie du progrès joue évidemment son rôle : avant, par définition, c’était moins bien. Le politiquement correct (qu’il vaudrait mieux appeler l’idéologiquement conforme) joue le sien : en transformant les mots, la « novlangue » transforme les pensées. L’individualisme ambiant fait le reste.

    Un chauffeur de taxi « ubérisé » gagne fort mal sa vie, en moyenne. Serait-ce là l’un de ces « bullshit jobs » nommés pour la première fois par David Graeber pour désigner des « boulots à la con » dans la sphère administrative (privée ou publique) et désormais étendus à l’ensemble de la sphère économique ? À une époque où les employés des grandes surfaces ne sont plus jamais embauchés à temps plein, afin de les tenir en laisse en les faisant vivre avec 800 euros par mois, où un prof débutant touche après 5 à 6 ans d’études 1400 euros par mois, en quoi la précarité concertée est-elle la solution la plus adaptée trouvée par le néo-libéralisme contemporain ?

    Les promesses du « travail indépendant » (l’« ubérisation » de la société) sont de leur côté trompeuses, car la précarité y est la règle plus encore que dans le salariat. Dans le monde post-industriel, qui privilégie les connaissances plus que les machines, chacun se voit convié à « devenir sa propre entreprise » (à être « entrepreneur de soi-même ») pour valoriser ses « actifs incorporels », quitte pour les anciens salariés à devenir des travailleurs multitâches, courant d’une activité à l’autre, cherchant de nouveaux clients tout en s’improvisant juristes ou comptables. L’ubérisation n’est alors qu’un nouveau nom de la parcellisation et de l’atomisation du travail. La précarité devient la règle, car les résultats recherchés se situent sur un horizon de temps de plus en plus court. Plus que jamais, on perd sa vie en tentant de la gagner.
    « Sous couvert de « flexibilité » on recherche des hommes taillables et corvéables à merci, qui doivent sans cesse s’adapter aux exigences d’une économie dont on estime qu’ils doivent être les serviteurs, sinon les esclaves. La généralisation de la précarité, c’est l’avènement de l’homme substituable, interchangeable, flexible, mobile, jetable. C’est l’entière réduction de la personne à sa force de travail, c’est-à-dire à cette part de lui-même qui peut être traitée comme une marchandise. C’est la soumission à l’impératif de rendement, la vente de soi s’étendant à tous les aspects de l’existence.

    Sur l’ensemble du dossier présenté par votre revue, je vous trouve terriblement marxiste — « le facteur économique est bien déterminant en dernière instance ». Peut-on cependant tisser un lien entre la réalité économique à laquelle on est en train de convertir l’ensemble de l’économie mondialisée, et l’homo festivus inventé par Philippe Muray ? Ou si vous préférez, dans quelle mesure l’ubérisation tous azimuts se conforte-t-elle de la société du spectacle — et vice versa ?

    Pas du tout marxiste, mais marxien pourquoi pas ! Deux cents ans après sa naissance, il serait peut-être temps de lire Marx en étant capable de faire le tri entre les nombreuses facettes de sa pensée – en oubliant les « marxismes » et les « antimarxismes » qui n’ont fait qu’accumuler les contresens sur son œuvre. La philosophie de l’histoire de Marx est assez faible, mais il n’y a pas besoin d’être marxiste pour constater, avec lui, que notre époque est tout entière plongée dans les « eaux glacées du calcul égoïste ». Marx est à la fois l’héritier d’Aristote et celui de Hegel. Il a tort de ramener toute l’histoire humaine aux lutte de classes, mais il décrit à merveille celles de son temps. Ce qu’il écrit sur le fétichisme de la marchandise, sur la « réification » des rapports sociaux, sur l’essence de la logique du Capital (sa propension à l’illimitation, au « toujours plus », qui n’est pas sans évoquer le Gestell heideggérien), sur la théorie de la valeur, va très au-delà de ce qu’on a généralement retenu chez lui.

    « L’homo festivus dont parlait le cher Philippe Muray est en effet comme un poisson dans l’eau dans l’économie libérale aujourd’hui déployée à l’échelle mondiale. L’homo festivus ne cherche pas seulement à faire la fête tout en aspirant à se vider le crâne (il ne faut pas se prendre la tête !) grâce aux mille formes de distraction contemporaine, au sens pascalien du terme. Il est aussi celui qui a remplacé le désir de révolution par la révolution du désir, et qui pense que les pouvoirs publics doivent faire droit, y compris institutionnellement, à toute forme de désir, car c’est en manifestant ses désirs, quels qu’ils soient, que l’homme manifeste pleinement sa nature.

    « Cela s’accorde parfaitement à l’idéologie libérale, qui conçoit l’homme comme un être présocial, cherchant à maximiser en permanence son seul intérêt personnel et privé. Comme l’a si bien montré Jean-Claude Michéa, c’est parce que le libéralisme économique et le libéralisme « sociétal » (ou libertaire) sont issus du même socle anthropologique qu’ils ne peuvent à un moment donné que se rejoindre. La société du spectacle, où le vrai n’est plus qu’un moment du faux et où l’être s’efface totalement derrière le paraître, est le cadre idéal de cette rencontre. C’est la société de l’aliénation volontaire, qui croit que les rapports sociaux peuvent être régulés seulement par le contrat juridique et l’échange marchand, mais qui ne débouche que sur la guerre de tous contre tous, c’est-à-dire sur le chaos.

    Vous notez qu’Emmanuel Macron est le chantre de cette ubérisation généralisée. Mais comment diable l’a-t-on élu ? Par un malentendu ? Grâce à l’écran de fumée médiatique ? Par un désir profond d’en arriver à un salaire universel garanti (le seul candidat qui le proposait était Benoît Hamon : un hasard ?) qui permettrait de vivoter dans la précarité sans plus poser de problème à un capitalisme financiarisé qui pourrait alors s’épanouir ? Mais alors, qui achètera les merveilleux produits fabriqués demain par les quelques travailleurs encore en exercice et une noria de machines « intelligentes » ? Bref, l’ubérisation serait-elle le premier pas vers la fin du libéralisme — l’ultime contradiction interne du système ?

    Dans une démocratie devenue elle aussi liquide, Macron a su instrumentaliser à son profit l’épuisement du clivage droite-gauche et l’aspiration au « dégagisme » d’un électorat qui ne supportait plus la vieille classe politique. Il a également compris que l’alternance des deux anciens grands partis de gouvernement ne mettait plus en présence que des différences cosmétiques, et que l’heure était venue de les réunir en un seul. C’est ce qui lui a permis de l’emporter avec au premier tour moins d’un quart des suffrages exprimés.

    « Macron est avant tout un contre-populiste au tempérament autoritaire et à l’ego hypertrophié. Il reprend à son compte le clivage « conservateurs » contre « progressistes », mais c’est pour choisir la seconde branche de l’alternative : réunir les partisans de l’« ouverture » (en clair : les élites libérales de tous bords) contre les tenants de la « fermeture » (en clair : ceux qui s’opposent, instinctivement ou intellectuellement, à l’idéologie dominante). Contre ceux « d’en bas », il est le représentant de la Caste « d’en haut ». On voit bien aujourd’hui qu’il ne supporte pas qu’on lui résiste, qu’il n’aime pas les corps intermédiaires, qu’il est insensible aux aspirations populaires, qu’il n’a rien à dire à la France qui va mal. A un moment où les classes moyennes, menacées de déclassement et de paupérisation, sont en train de rejoindre les classes populaires, il démontre ainsi son intention de construire une « start up nation », en parfaite conformité avec une religion économique qui exige l’absorption du politique par la gouvernance. Cela augure plutôt mal de l

  • La Dizaine de MAGISTRO...

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    Extrait du Laulan (début), La liberté d'expression :

            Gambetta disait en 1872 : "La France n’a jamais demandé que deux choses à un gouvernement : l’ordre et la liberté". La France, de nos jours, a l’ordre, enfin, à peu près. Mais elle a perdu la liberté ou est en passe de la perdre. Je parle de la liberté de parole, qui conditionne la liberté d’opinion, laquelle commande la liberté tout court, celle qui caractérise une démocratie. De ce point de vue, la France a clairement emprunté un chemin inquiétant, celui qui conduit à une pensée totalitaire.
            Comment en est-on arrivé là ? Le processus est simple. Il s’agit de l’action menée depuis des années par un certain nombre d’associations prétendument anti-racistes, qui détournent à leurs fins propres les dispositions de lois conçues à l’origine en toute bonne foi par le législateur. Il  s’agit notamment de l’article 8 de la loi Pléven qui les autorisent à engager à tout propos l’action publique, et aussi et surtout des dérives de la jurisprudence concernant l’interprétation à donner aux articles des lois Gayssot et Pléven, notamment en ce qui concerne les notions "d’incitation" à la "discrimination et à la haine raciale", notions floues et vagues à souhait, qui peuvent donner lieu à toutes les interprétations, même les plus fantaisistes selon l’humeur du moment.
            Dans l’état actuel de la jurisprudence, tout prétexte, même le plus futile, par exemple, tout récemment, la publicité de Banania, ou encore de soi-disants quotas pour le football, ou encore un propos anodin, un jeu de mots, toute plaisanterie de  mauvais goût  ou mieux encore, un ton de voix  qui sera sévèrement jugé "péremptoire", on croit rêver, tout cela est susceptible de tomber sous le coup de la loi et d’être condamné par les tribunaux. Nous sommes en plein dans le délit d’opinion et le déni de la liberté d’expression. Ce ne sont pas, pas encore les grands procès de Moscou, mais ce sont, déjà, les petits procès de Paris...."