Éphéméride du 21 septembre
1792 : Pseudo élection de la Convention
454 : L'Empereur Valentinien assassine Aetius
À la mort d'Honorius, c'est Valentinien III qui devient le nouvel Empereur d'Occident. Avec l'aide du général Aetius, Valentinien lutte pour enrayer la progression des barbares. L'illustre général romain parvient à contenir successivement les assauts de chaque peuple. Il repousse les Wisigoths chez eux, refoule les Francs vers le nord et la rive droite du Rhin, puis écrase les Burgondes.
Enfin, à la tête d'une armée très largement composée de guerriers barbares alliés, il chasse les Huns de Gaule : c'est la victoire des Champs catalauniques (voir l'Éphéméride du 20 juin).
http://his.nicolas.free.fr/Personnes/PagePersonne.php?mnemo=Aetius
http://germanie.wikidot.com/aetius
1640 : Naissance de Philippe, second fils de Louis XIII, à l'origine des représentants actuels de la Famille de France...
Louis XIII et Anne d'Autriche n'auront que deux enfants - mâles - et encore, après 23 et 25 ans de mariage : Louis Dieudonné - le futur Louis XIV - en 1638, et son frère cadet, Philippe, né deux ans plus tard, en 1640.
Ce dernier est à l'origine de l'actuelle Famille de France, couramment appelée "d'Orléans" mais, évidemment, aussi "Bourbon" que les descendants de Louis XIV, ce que certains ont tendance à oublier...
1. C'est à partir de la fin du XVIème siècle que l'on prit l'habitude d'appeler "Monsieur" le frère du Roi, ou l'aîné de ses frères : aussi Philippe devint-il "Monsieur" en 1660, à la mort de son oncle Gaston d'Orléans, frère de Louis XIII. Il épousa d'abord, en premières noces, Henriette d'Angleterre, la fille du roi Charles 1er (le roi décapité, dont le très beau portrait, acheté par Louis XVI - qui devait l'être quelques années plus tard... - fit ainsi son entrée dans les collections royales, donc, plus tard, au Louvre...).
"...Elle devint catholique en 1661 (à 17 ans, ndlr) et épousa la même année Philippe d'Orléans, frère de Louis XIV... Louis XIV la chargea en 1670 d'une mission secrète en Angleterre, auprès de son frère Charles II, qu'elle réussit à détacher de l'alliance hollandaise (traité de Douvres, 1670). Peu après son retour en France, elle mourut presque subitement, après avoir bu un verre d'eau de chicorée, et il est possible qu'elle ait été empoisonnée... (Michel Mourre).
Elle n'avait que 26 ans : c'est pour elle que Bossuet prononça sa célébrissime oraison funèbre (extrait) :
"...Nous devrions être assez convaincus de notre néant : mais s'il faut des coups de surprise à nos coeurs enchantés de l'amour du monde, celui-ci est assez grand et assez terrible. Ô nuit désastreuse ! ô nuit effroyable, où retentit tout à coup, comme un éclat de tonnerre, cette étonnante nouvelle : Madame se meurt ! Madame est morte ! Qui de nous ne se sentit frappé à ce coup, comme si quelque tragique accident avait désolé sa famille ? Au premier bruit d'un mal si étrange, on accourut à Saint-Cloud de toutes parts ; on trouve tout consterné, excepté le coeur de cette princesse. Partout on entend des cris ; partout on voit la douleur et le désespoir, et l'image de la mort. Le Roi, la Reine, Monsieur, toute la cour, tout le peuple, tout est abattu, tout est désespéré ; et il me semble que je vois l'accomplissement de cette parole du prophète : le roi pleurera, le prince sera désolé, et les mains tomberont au peuple de douleur et d'étonnement.
Mais et les princes et les peuples gémissaient en vain ; en vain Monsieur, en vain le Roi même tenait Madame serrée par de si étroits embrassements. Alors ils pouvaient dire l'un et l'autre, avec saint Ambroise : Stringebam brachia, sed jam amiseram quam tenebam : "je serrais les bras ; mais j'avais déjà perdu ce que je tenais"..."
Un an après, en 1671, Philippe épousa Charlotte-Élisabeth de Bavière, dite la princesse Palatine :
"...Au milieu de la cour de Versailles, elle se singularisa par son esprit incisif et sa rude franchise, qui la firent redouter de beaucoup..." (Michel Mourre).
Louis XIV l'aimait beaucoup, et appréciait justement, chez elle, sa spontanéité, son esprit et sa franchise. À la suite des Traités de Westphalie (1648), Charle-Louis de Simmern - dont Charlotte était la soeur - recouvra le Palatinat rhénan (en fait, la rive gauche du Rhin, de l'Alsace jusqu'aux portes de Bonn) et le titre d'Électeur du Saint-Empire. Lorsqu'il mourut, sans enfant, Louis XIV revendiqua le Palatinat pour le duc d'Orléans, son frère, mari de la princesse Palatine, soeur du défunt souverain. Le Dauphin conquit le Palatinat en moins de deux mois, mais la coalition de l'Europe, dans la Ligue d'Augsbourg, nous empêcha de le "réunir" au royaume : la Guerre de la Ligue d'Augsbourg (1689/1697), s'achevant par les traités de Ryswick (1697), obligea Louis XIV à restituer le Palatinat et les autres "réunions", mais nous conservait cependant, et définitivement, l'Alsace. Louis XIV aurait-il réussi dans son entreprise, les villes de Trèves, Mayence, Coblence... seraient, aujourd'hui, des villes françaises...
Comme Henriette d'Angleterre, première épouse de "Monsieur", la princesse Palatine eut trois enfants de lui : elle fut la mère du duc d'Orléans, le futur Régent, qui sera le deuxième de la lignée...
Philippe avait de réels dons de stratège : "...Il se distingua en Flandre et aux Pays-Bas, dans les campagnes de 1667 et 1672, battit le prince d'Orange à Cassel (1677, voir l'Éphéméride du 10 avril, ndlr) et amena la prise de Saint-Omer; ses succès excitèrent la jalousie de son frère, qui ne lui donna plus de commandement. Il protesta en vain contre le testament du roi d'Espagne Charles II, qui, en appelant au trône Philippe, duc d'Anjou, le frustrait des droits qu'il tenait de sa mère Anne d'Autriche sur la couronne espagnole" (Michel Mourre). Faut-il voir dans cette double "déception" le début d'une faille entre les deux branches des Bourbons "de France", qui devait aller en s'élargissant, jusqu'aux conséquences épouvantables que l'on devait voir ?...
2. Bon général, comme son père, Philippe - fils de "Monsieur" et de la princesse Palatine - "se distingua au siège de Mons (1691), à la prise de Namur (1692), fut blessé à Steinkerque et déploya tant de bravoure et d'habileté à Neerwinden (1693) qu'il fit ombrage à Louis XIV et fut quelque temps éloigné des armées. En 1706, on lui rendit cependant un commandement en Italie, puis en Espagne, où il soumit l'Aragon, la Catalogne et prit Lérida (1707/1708). Ayant vu au cours de cette campagne la faiblesse de Philippe V, il se mit à intriguer pour se placer lui-même sur le trône d'Espagne et fut rappelé par Louis XIV, qui l'exila de Versailles..." (Michel Mourre).
François Bluche confirme la bravoure de Philippe : il écrit (dans son magistral Louis XIV, Fayard, page 632), à propos de la bataille de Neerwinden : "...La scène se passe à quelques lieues de Bruxelles. Ici encore, l'acharnement est de mise. Les charges succèdent aux charges, les contre-attaques aux assauts. Luxembourg, M. le Duc, le prince de Conti, le duc de Chartres (futur Régent) prennent des risques, chargeant en personne et à plusieurs reprises..."
Nouvel accroc à la solidarité familiale, Louis XIV, à sa mort, ne donna pas la Régence à Philippe, mais simplement la présidence du Conseil de Régence. Philippe n'eut aucun mal à faire "casser" le testament de Louis XIV par le Parlement de Paris (le 2 septembre 1715, dès le lendemain de la mort du Grand roi). Le Parlement le reconnut comme Régent "pour exercer pleinement l'autorité royale".
"...Il se rallia aux théories de Law, qui préconisait l'appel au crédit et le papier-monnaie : cette tentative permit une relance du commerce et l'allègement de la dette publique, mais s'acheva en banqueroute (1720)... Louis XV, devenu majeur en février 1723, laissa le duc d'Orléans à la tête des affaires, mais celui-ci mourut dès la fin de l'année..." (Michel Mourre).
Pour mémoire, c'est lui qui acheta... "le Régent", peut-être le plus beau diamant du monde (voir l'Éphéméride du 6 juin)...
3. Avec son fils, Louis, duc d'Orléans, troisième de la lignée, il n'y eut aucune discorde entre les deux branches de la Famille des Bourbons de France : "...il donna au contraire l'exemple des vertus et de la piété. Gouverneur du Dauphiné depuis 1719, il se consacra surtout à l'étude, se fit une grande réputation d'hébraïsant et constitua de magnifiques cabinets d'histoire naturelle et de médailles. Il acheva sa vie à l'abbaye de Sainte-Geneviève" (Michel Mourre).
Louis d'Orléans est d'ailleurs couramment surnommé "le pieux"...
4. Son fils, Louis-Philippe, quatrième duc d'Orléans, inaugura la politique démagogique que devait suivre son propre fils, le futur Philippe-Égalité :
"Louis-Philippe se distingua dans plusieurs campagnes et devint lieutenant-général (1744)... protégeant les savants et les gens de lettres... il affectait de la sympathie pour les idées et les découvertes nouvelles, fut un des premiers en France à faire inoculer ses enfants, et consacra d'importantes sommes à des oeuvres de bienfaisance" (Michel Mourre).
5. C'est son fils Louis-Philippe Joseph qui se fit appeler Philippe-Egalité, et joua? sous la Révolution? le rôle ignominieux qui devait, du reste, le conduire à l'échafaud, la Révolution mangeant toujours les révolutionnaires... Bon gestionnaire de la fortune de sa famille, il devint le plus riche des princes français. Anglophile à l'extrême, au point d'en devenir anglomaniaque, il fut exilé par Louis XV, car, lors de la révolution royale de celui-ci, menée avec Maupeou, qui consista à renvoyer les Parlements, il s'opposa à la politique bienfaisante du roi.
Plus tard, il devint l'ennemi acharné de Marie-Antoinette : après sa participation au combat naval d'Ouessant (1778), il se vit refuser la charge de Grand amiral, et ce qu'il considéra comme un affront - qu'il attribua à Marie-Antoinette - fit de lui le chef de l'opposition. Il ouvrit à la foule - à laquelle il répandait ses largesses... - ses jardins du Palais-Royal, qui devint un centre d'agitation permanent. Il appuya, quand il ne les fomenta pas directement (comme les journées des 5 et 6 octobre 1789), tous les mouvements d'agitation révolutionnaires.
Il devint clair pour tous qu'il voulait, sinon devenir roi, au moins être régent : même La Fayette fut obligé de le contraindre à s'exiler, un temps, en Angleterre, et Mirabeau se détacha de lui. À son retour, mais trop tard, Louis XVI tenta de se le concilier en le nommant Amiral... "...Il crut enfin tenir sa chance après la fuite de Varennes (malgré notre estime pour Michel Mourre, le terme de "fuite" est incorrect, et c'est le terme "évasion" qui convient, ndlr) : élu vingtième et dernier député de Paris à la Convention, il prit le nom de Philippe-Égalité (septembre 1792) et n'hésita pas à voter la mort de son cousin Louis XVI. Mais le complot de Dumouriez et la fuite de son fils avec ce général le rendirent néanmoins suspect. Arrêté en avril 1793, il fut condamné en novembre à la guillotine et mourut avec le dédaigneux courage d'un grand seigneur de l'Ancien Régime..." (Michel Mourre).
Recevant ainsi le prix et la récompense de ses forfaits, il fut conduit à l'échafaud le 6 novembre 1793, soit trois semaines exactement après Marie-Antoinette, Place Louis XV, devenue Place de la Révolution, sur le lieu même où avaient été assassinées le roi et la reine; et où le seront, un peu plus tard, ceux qui les y avaient envoyé : Brissot de Warville, Danton, Robespierre, Jacques-René Hébert, Saint-Just...
6. Sixième représentant de la lignée, son fils aîné, Louis-Philippe devait devenir roi en 1830, après l'abdication de Charles X.
Son règne de dix-huit années fut bénéfique, pour la France, car il s'opposa courageusement aux entreprises folles de tous ceux qui voulaient recommencer les aventures démentielles et tragiques de la funeste époque napoléonienne, et Jacques Bainville a justement montré comment la création de la Belgique fut bien "le dernier cadeau de la monarchie".
Mais, Louis-Philippe et Charles X commirent l'erreur de ne pas s'entendre, et cette "scission de 1830" devait avoir les plus funestes effets, comme l'a montré également - toujours lui... - Jacques Bainville... Qui a bien montré, aussi, comment Charles X et Louis-Philippe eurent tort de ne pas instaurer le suffrage universel - comme le fera très peu de temps ap