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Rechercher : Rémi Hugues. histoire & action française. Rétrospective : 2018 année Maurras

  • Dans le monde et dans notre Pays légal en folie : revue de presse de lafautearousseau...

     

    De Nouvelle Alliance, mouvement de jeunesse québécois indépendantiste et nationaliste :

    "20 mars : Journée internationale de la Francophonie. Parler français n’est pas un honneur dû ou acquis. C’est une rébellion face à ce qui nie notre identité, c’est le fruit de la résistance culturelle : ce devoir permanent de chaque Québécois. Demeurons nous-mêmes."

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    VIVE LE QUÉBEC LIBRE !

     

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    1. Forza, Italia ! (De La manif pour tous) "L’inscription à l’état civil italien d’enfants nés de GPA n'est plus possible, relançant avec rage le débat autour de la GPA, interdite dans le pays. Cohérence et fermeté devant une pratique inacceptable pour la dignité des femmes et des enfants..."

    https://www.euractiv.fr/section/non-discrimination/news/ideologie-du-genre-lobby-lgbt-en-italie-les-debats-sur-la-gpa-font-rage/

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    2. (Source : Le Figaro) Défense de la langue française communique :

    "Tout au long de l’année 2022, Défense de la langue française a mené un combat identique, finalement victorieux, auprès de la mairie de Paris, concernant la signalétique de la tour Eiffel."
     
    Après avoir obtenu que l’anglais ne soit pas la seule langue étrangère, à la Tour Eiffel, des défenseurs de la langue française saisissent la justice pour obtenir la même chose autour de la cathédrale Notre-Dame de Paris... Bravo à eux !

    https://www.lefigaro.fr/langue-francaise/francophonie/apres-la-tour-eiffel-les-defenseurs-du-francais-visent-notre-dame-20230320

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    3. Halte à l'éoliénicide ! (Source : Le Tregor) De Sauvegarde Paysages d'Iroise :

    "Éoliennes et artificialisation des sols. Y a pas à dire, c'est respectueux de l'environnement, une #éolienne ! Et encore, ce socle en béton est petit car l'éolienne ne fait que 70m de haut. On les compte dans le ZAN (zéro artificialisation nette) des cnes ?"

    https://actu.fr/bretagne/plouegat-moysan_29183/un-parc-eolien-bientot-en-service-dans-le-tregor-finisterien_58213785.html

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    4. Suites du coup de couteau dans le dos de nos ennemis allemands du Quatrième Reich... L'article de Frédéric Simon, dans Euractiv : Sept États membres écartent l’hydrogène d’origine nucléaire du texte européen sur les renouvelables...

    https://www.euractiv.fr/section/energie/news/sept-etats-membres-ecartent-lhydrogene-dorigine-nucleaire-du-texte-europeen-sur-les-renouvelables/

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    Dans une lettre adressée au "machin" de Bruxelles  (alias la Commission européenne), les sept pays réitèrent leur opposition à l’inclusion de l’énergie nucléaire dans le calcul des objectifs en matière de carburants verts pour les transports. 

    Herr Scholz, il faut te le dire comment ?

    HITLER KAPUT !

     

    5. Bonne réflexion de Michel Onfray... :

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    ...à laquelle font écho ces paroles de Ionesco :

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    6. Breizh-Info relaie l'article de Jared Taylor : "S’il existe un pays blanc qui ne doit rien aux non-Blancs ou aux étrangers, c’est bien l’Irlande !" :

    https://www.breizh-info.com/2023/03/21/217200/jared-taylor-sil-existe-un-pays-blanc-qui-ne-doit-rien-aux-non-blancs-ou-aux-etrangers-cest-bien-lirlande/

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    7. Et l'on terminera cette série d'aujourd'hui en souhaitant un "Joyeux anniversaire !" à saccage paris ! De PanamePropre :

    "21 mars : il y a 2 ans, je lançais le # #saccageparis.  Notre Mouvement citoyen #SaccageParis est toujours plus fort : ce # est le cri de ralliement des Parisiens qui disent STOP à la politique doctrinaire et à l'incompétence de l'équipe #Hidalgo.  Pour #Paris, jusqu'en 2026 !"

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    À DEMAIN !

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  • Dans le monde et dans notre Pays légal en folie : revue de presse et d'actualité de lafautearousseau...

     

    De Clément Weill-Raynal (sur tweeter, source : Le Parisien)

    "C'était un soldat français qui faisait son devoir. Il n'a pas bénéficié de la présomption d'innocence. Il a été incarcéré avant jugement alors qu'il offrait toutes les garanties de représentation. Il en est mort. Il ne sera jamais jugé. Bravo la justice française."
     
    D'accord, sauf que ce n'est pas "la justice française" qu'il faut dire, mais "l'injustice du Système" : se serait-il agi d'un violeur afghan, d'un agresseur de vieille dame déjà condamné et placé sous OQTF etc.., bien des juges pourris auraient trouvé le moyen de le laisser en liberté.
     
    Mais, là, il s'agit d'un bon soldat français, connu pour ses actes de bravoure : crime impardonnable, personnalité indéfendable !
     
     
    SYSTÈME POURRI,
     
     
    QUI A GÉNÉRÉ UNE
     
     
    INJUSTICE POURRIE
     
     
     
    À SON IMAGE !
     

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    « Je ne comprends pas ma présence en prison, je n’ai fait que me défendre dans le cadre de mon service à la France. Ici, je suis placé à l’isolement car plusieurs détenus ont appris que j’étais militaire (…) S’il vous plaît, essayez de faire quelque chose pour me sortir d’ici, je ne pense pas tenir longtemps. » Cette lettre en forme d’appel à l’aide, signée le 15 mai, est celle d’un détenu peu ordinaire : Pierre-Olivier K., un adjudant de l’armée française connu pour ses actes de bravoure sur les théâtres d’opérations extérieures. Elle est parvenue à ses parents ce jeudi par la Poste. Mais il était déjà trop tard. Le militaire s’est entre-temps suicidé, pendu dans sa cellule de la maison d’arrêt de Fresnes (Val-de-Marne)...

     

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    1. De Pierre Gentillet, sur la sur-représentation de la gauche dans l’audiovisuel public ("le sévice public", comme le dit avec humour et justesse Goldnadel) :

    "L’étude de l’Institut Thomas More montre une sur-représentation de la gauche dans l’audiovisuel public. La forteresse service public se radicalise car elle sait que tôt ou tard elle être démantelée pour que ses opinions soient adaptées à ce que pense la majorité des français."
     
    (extrait vidéo 0'59)
     
     

    Enquête sur la mainmise culturelle de l'audiovisuel public par la gauche |  Ojim.fr

     

    2. Dans Le Figaro : Les écoles sont de plus en plus nombreuses à abandonner les célèbres fêtes des mères et des pères. Lui préférant la «fête des familles» ou «fêtes des gens que l’on aime» pour ne pas heurter les sensibilités...

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    3. Posté par Merigi (sur tweeter) :

    "Les subventions aux associations pro-migrants est passé (ndlr : sic !) de 15 millions€ à 1 milliard entre 2015 et 2024. L’argent des impôts des français sert à organiser l’envahissement de leur pays."

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    4. Éoliénicide : mauvaise nouvelle du front... :

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    Belle-île-en-mer va-t-elle rester belle encore longtemps ?

     

    5. Juste réaction de Grégoire de Fournas après l'annonce suivante (parue un peu partout) : "Bruno Le Maire fêtera ses sept ans à Bercy lors d'une réception le 30 mai"...

    "1000 milliards de dette supplémentaire en 7 ans : cela mérite effectivement une réception pour fêter cela !"
     
    Coluche – Je Me Marre (1975, Vinyl) - Discogs
     
     
    6. Fin de vie/Euthanasie : "Dérive parlementaire et nihilisme de l’état", l'édito politique de Vincent Trémolet de Villers :
     
    (extrait vidéo 4'14)
     
    https://x.com/MMeteyer/status/1794424904655507726

     

    7. Dans Le Figaro : Le 64e pèlerinage militaire de Lourdes a attiré ce week-end 15.000 pèlerins venus de 37 pays différents. L’année dernière,120 catéchumènes avaient reçu le baptême...

    https://www.lefigaro.fr/actualite-france/pres-de-180-militaires-recoivent-le-bapteme-a-lourdes-un-record-20240525?utm_content=photo&utm_term=Le_Figaro&utm_campaign=Nonli&utm_medium=Social&utm_source=Twitter

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    À DEMAIN !

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  • Le terrible 20ème siècle et les génocides. Tous les génocides sont-ils égaux ou certains sont-ils plus égaux que d’autre

    Le Japon contre la Chine. Le massacre de Nankin. Décembre 1937.

    En septembre 1931, l'armée impériale japonaise envahit la Mandchourie.

    En 1937, Hirohito donne son accord à l'invasion du reste du territoire chinois, ce qui conduit à la seconde guerre sino-japonaise. En août 1937, l'armée japonaise investit Shanghai où elle rencontre une forte résistance et subit de lourdes pertes. La bataille est sanglante pour les deux camps qui se livrent à un corps à corps en milieu urbain. À la mi-novembre, les Japonais prennent possession de Shanghai. L'État-Major à Tokyo décide dans un premier temps de ne pas étendre la guerre à cause des pertes sévères et du faible moral des troupes. Toutefois, le 1er décembre, il ordonne à l'Armée du centre de la Chine de capturer Nankin, alors capitale de la République de Chine. Le 13 décembre Nankin tombe aux mains des Japonais. 

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    Les rapports des témoins occidentaux et chinois présents à Nankin déclarent que dans les six semaines qui ont suivi la chute de la ville, les troupes japonaises ont perpétré viols, meurtres, vols, incendies volontaires et autres crimes de guerre. Certains de ces témoignages proviennent des étrangers qui ont choisi de rester afin de protéger les civils chinois. D'autres récits sont les témoignages à la première john Magee.jpgpersonne de survivants du massacre, des rapports de journalistes (à la fois occidentaux et japonais), mais également les journaux intimes des militaires. Le missionnaire américain John Magee réussit à tourner un film documentaire en 16 mm et les premières photographies du massacre (photo, ndlr).

    Le tribunal militaire international pour l'Extrême-Orient estime à plus de 200 000 le nombre de victimes des événements. Les chiffres officiels chinois font état de 300 000, se basant sur l'évaluation du tribunal des crimes de guerre de Nankin (Le Tribunal militaire international pour l'Extrême-Orient — TMIEO — fut créé le 19 janvier 1946 pour juger les grands criminels de guerre japonais de la Seconde Guerre mondiale).

    Opérations de « la Politique des Trois Tout »

    Durant cette Seconde Guerre sino-japonaise, conflit militaire qui dura de 1937 à 1945, l’attaque japonaise provoqua une trêve dans la guerre civile qui opposait depuis dix ans le Guomindang et le Parti communiste chinois, ces deux mouvements réalisant une alliance contre l’envahisseur. Le Japon décréta alors les Opérations de la Politique des Trois Tout « tue tout, brule tout, pille tout », une stratégie de la terre brûlée amorcée en mai 1942 par l'armée impériale japonaise et ayant entraîné selon l'historien Mitsuyoshi Himeta la mort d'environ 2,7 millions de civils chinois.

     

    La réunion de Wannsee et « la solution finale » (20 Janvier 1942)

    Réunion ayant formalisé l’assassinat des juifs par moyens industriels, dans toutes les zones occupées par l’Allemagne nazie. Tous les documents de cette réunion ont été détruits sauf l’exemplaire détenu par un haut dignitaire nazi Martin Luther. Retrouvé en 1947 par des enquêteurs américains dans les archives du ministère des Affaires étrangères du raoul hilberg.jpgReich il reste le seul document attestant des discussions tenues lors de cette conférence. Mais à cette date le camp d'extermination de Chełmno fonctionne déjà depuis 1941 (camions à gaz itinérants).  Six camps d’extermination nazis sont répertoriés : Belzec, Chelmno, Majdanek, Sobibor, Auschwitz, Treblinka. La référence la plus fiable sur l’étendue de la catastrophe (Shoa) est l’immense travail de l’américain Raoul Hilberg (dit le greffier de la Shoa) dans son livre « La destruction des juifs d’Europe » (photo, ndlr).

     

    La partition de l’Inde Août 1947

    Les négociateurs britanniques qui tracèrent de leurs bureaux à Londres des frontières à l’intérieur du sous-continent indien, selon des schémas aberrants, pour satisfaire tant l’hindou, le pandit Nehru, que le musulman Mohamed Ali Jinnah, ne se doutaient pas qu’ils déclencheraient une catastrophe humanitaire ayant abouti à la mort d’un million de personnes, là encore, chiffre approximatif.

    Autour de un million de morts dans l’été 1947, massacres qui ont accompagné un gigantesque déplacement de populations de l’ordre de 20 millions de personnes.

     

    La révolution communiste chinoise. Guerre civile entre 1927 et 1950.

    Les évaluations du nombre de victimes sont très variables. Les chiffres, tous camps confondus, de 2 000 000 de pertes Rummel.jpgmilitaires entre 1928 et 1936, puis de 1 200 000 entre 1946 et 1949, ont été avancés. Le professeur américain Rudolph Joseph Rummel (photo, ndlr), en cumulant les pertes militaires avec les massacres de populations commis par le Kuomintang (qu'il estime à 2 645 000 victimes) et ceux commis par les communistes (2 323 000 victimes estimées), en arrive à une évaluation de 6 194 000 victimes environ, dont environ 4 968 000 pour la période post-1945 (lien : http://fr.wikipedia.org/wiki/Guerre_civile_chinoise )

     

    Le grand bond en avant

    Doctrine économique maoïste entre 1958 et 1960, mettant en œuvre intense propagande et coercition. Ce n’est que plus tard que la catastrophe humanitaire fut découverte par des géographes et des démographes. Au point qu’elle est très souvent oubliée dans les malheurs du siècle. Elle fut à l’origine d’une gigantesque famine,  

    Ce n’est que dans le milieu des années 1980 que des démographes américains ont pu avoir accès aux statistiques de la population après la politique d’ouverture de la Chine de 1979. Leurs conclusions étaient stupéfiantes : au moins 30 millions de personnes étaient mortes de faim durant cet épisode de l’histoire de la République populaire – un chiffre jamais envisagé avant cette date.

    Les chiffres varient encore en fonction des ouvrages et des historiens, ce qui traduit bien le mystère entourant cet événement. John Fairbank, qui qualifie le GBA d’« un des plus grands cataclysmes de l’histoire de l’humanité », voire le plus grand, avance les chiffres de 20 à 30 millions de morts imputables à la famine et à la malnutrition. Au moins 15 millions de morts précise quant à elle Marie-Claire Bergère, sinologue française de réputation internationale. En milieu rural, la famine a provoqué la mort de 18 à 23 millions de personnes.

     

    Indonésie 1965

    Des militaires liés au parti communiste se révoltaient contre le président Sukarno, au pouvoir depuis 1945. Dans la nuit du 30 septembre au 1er octobre 1965, six généraux du haut état-major de l'armée de terre indonésienne sont enlevés par des groupes de soldats. Ils sont emmenés à la base aérienne de Halim près de Jakarta, puis abattus.

    Le 1er octobre à 7 heures du matin, un officier de la garde présidentielle, le lieutenant-colonel Oentoeng, annonça à la radio être à la tête d'un « mouvement du 30 septembre » qu'il définit comme « intérieur à l'armée, et dirigé contre le "conseil des généraux" ... qui projetait un coup contre-révolutionnaire... ». L'après-midi, un deuxième communiqué annonça qu'un « conseil de la Révolution » allait assumer l'autorité suprême. Puis la radio diffuse une déclaration de soutien du chef de l'armée de l'air, le général Omar Dhani.

    suharto_indonesian president.jpgC’est alors qu’un général inconnu, Mohammed Suharto (photo, ndlr), réagit violemment et débuta une répression. En quarante-huit heures, les rebelles furent arrêtés. Lors de cette réaction Suharto, l'Armée indonésienne, et le Parti national indonésien commettent des exécutions sommaires contre les communistes, les athées, les hindous, des musulmans modérés et des immigrants chinois.

    L'éradication du puissant PKI, troisième parti communiste au monde en nombre d'adhérents, accusé d'avoir fomenté le mouvement du 30 septembre est achevée après quelques mois, à la suite d'une série de tueries qui entraine la mort de 500 000 à un million de personnes.

     

    Cambodge 1975

    Le mouvement communiste désigné sous le nom de Khmers rouges, qui contrôla le Cambodge de 1975 à 1979 et dont le chef principal était Pol Pot, dirigèrent un régime connu sous le nom officiel de Kampuchéa démocratique, qui soumit la population à une dictature d'une rare violence et dont la politique causa au minimum deux millions de morts. Il n'existe pas de consensus sur le nombre total de victimes ; les estimations allant jusqu’à 3 100 000 morts entre avril 1975 et janvier 1979, soit 40 % de la population.

    Entre avril 1975 et janvier 1979, une petite faction de révoltés dirigés par des "intellectuels" ayant souvent étudié en France, met en œuvre un assassinat de masse contre la population du Cambodge sur une population d'environ 7, 5 millions d'habitants.

    kmer rouge.jpgLe pays devint un vaste camp de concentration. Les Khmers vident les villes et d’abord Phnom Penh, au prétexte d’éradiquer tout noyau d’une éventuelle contre révolution.

    Ce fut l’absurde érigé en système.

    Au début du XXIème siècle, plus de vingt ans après leurs crimes, la plupart des chefs khmers rouges vivent en toute liberté au Cambodge, sans avoir jamais été jugés pour les crimes qu'ils ont commis

     

    Rwanda : les Hutus massacrent les Tutsis

    Du 6 avril au 4 juillet 1994 au Rwanda, un massacre de masse fut commis dans le cadre d'une guerre civile opposant le gouvernement rwandais, constitué de Hutus au Front patriotique rwandais (FPR), accusé par les autorités d'être essentiellement « tutsi ». Le 1er octobre 1990, des Rwandais exilés et regroupés au sein du FPR décidèrent de revenir au pays à partir de l'Ouganda, et de prendre le pouvoir par les armes. En réponse, les autorités rwandaises menèrent une double stratégie : se défendre avec l'armée contre l'agression militaire du FPR et « liquider » tous les Tutsis de l'intérieur du Rwanda. Les autorités rwandaises perdirent la guerre civile au profit du FPR mais atteignirent en revanche leur objectif génocidaire contre les Tutsis.

    L'ONU estime qu'environ 800 000 Rwandais, en majorité Tutsis, ont trouvé la mort durant ces trois mois. Ceux qui parmi les Hutus se sont montrés solidaires des Tutsis ont été tués comme traîtres à la cause hutu.

     

    En parcourant ainsi le siècle, on se sent tristement coupables de ne pas être exhaustifs. Où classer les guerres américaines entreprises depuis 1991 contre l’ensemble arabo-musulman et dont le coût humain n’est pas réellement évalué. Bien que l’on sache que l’on est dans la zone de plus d’un million de victimes, pour les seuls Irak et Afghanistan, la plupart étant des non combattants.

    En filigrboris Souvarine_2369.jpgane de notre énumération, nous pensons avoir montré une nouvelle fois que tous les massacres de masse ne sont pas regardés avec la même réprobation par ce qu’il est convenu d’appeler « la communauté internationale ».

    Progrès de la civilisation ?

    L’historien russe, Boris Souvarine, ex compagnon de Staline, victime d’une chasse aux sorcières quand il passa à l’Ouest, eut ce jugement cinglant : « Les Lumières progressent en raison inverse des conquêtes de l’électricité ». (fin)

  • Benoît XVI, un maître en politique, par Hilaire de Crémiers

    Benoît XVI ne cesse dans ses déplacements de donner un enseignement de haute portée politique. Encore lors de son dernier voyage au Mexique et à Cuba. Y aura-t-il des hommes politiques pour l’entendre ? 

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     Messe célébrée par Benoît XVI à Santiago de Cuba, place de la révolution...

            Il est des paroles qu’il faut savoir méditer. Elles éclairent nos problèmes d’une telle lumière qu’il n’est pas possible d’échapper à la force de leur vérité. Benoît XVI s’est exprimé sur les plus graves sujets au Mexique et à Cuba au cours d’un voyage de cinq jours du 24 au 29 mars avec cette simplicité et cette fermeté qui le caractérisent. Selon son habitude, au-delà même de son discours de foi – car l’essentiel pour lui est là – , il a délivré  un message de charité sociale et d’intelligence politique qui est susceptible de ranimer l’espérance d’un monde désenchanté, livré aux seuls intérêts égoïstes, après avoir épuisé toutes les formes les plus absurdes et les plus cruelles des idéologies.

            C’est à Cuba, devant Raul Castro lui-même, que le Pape a le plus explicité sa pensée sur la crise mondiale que les peuples subissent. 

            Il l’a fait d’autant plus intentionnellement que dans l’avion qui l’emmenait de Rome au Mexique, il avait pris le soin de préciser aux journalistes que le marxisme n’était plus d’actualité, que cette page devait être définitivement tournée et qu’il convenait de trouver pour demain les vraies solutions pour établir une société plus juste.

    Les vraies raisons de la crise

            Alors, comment ne pas saisir la portée des paroles que, de Cuba, le Pontife suprême a adressé, en réalité, au monde entier, comme s’il voulait profiter de l’occasion pour donner plus d’éclat à la seule vision qui, pour lui, peut donner la compréhension du moment. Crise financière, crise économique, bien sûr ; la réalité est plus grave, dit-il. La crise est morale et spirituelle : c’est de cette crise d’abord que le monde est malade. Il ne peut s’en sortir que si apparaissent des hommes droits, ayant de fortes convictions et qui sauraient, par leur rôle dans la société, remettre les priorités et les primautés là où elles doivent être placées. Tel est l’appel puissant du Saint-Père.

            « De nombreuses parties du monde vivent aujourd’hui un moment de difficulté économique particulière, que de  nombreuses personnes s’accordent à situer dans une profonde crise spirituelle et morale, qui a laissé l’homme vide de valeurs et sans protection devant l’ambition et l’égoïsme de certains pouvoirs qui ne prennent pas en compte le bien authentique des personnes et des familles. On ne peut pas continuer à suivre plus longtemps la même direction culturelle et morale qui a causé la situation douloureuse que tant de personnes subissent.

            Au contraire, le progrès véritable nécessite une éthique qui place au centre la personne humaine et prenne en compte ses exigences les plus authentiques et, de manière générale, sa dimension spirituelle et religieuse. Pour cela, dans le cœur et dans la pensée de beaucoup, s’ouvre toujours plus la certitude que la régénération des sociétés et du monde demande des hommes droits, de fermes convictions, des valeurs de fond morales et élevées qui ne soient pas manipulables par des intérêts étroits et qui répondent à la nature immuable et transcendante de l’être humain ».

            Voilà ce que le Pape a dit à Santiago de Cuba. Cette leçon, il l’a répétée pendant tout son voyage. Aucune idéologie, aucun plan politique ou social, aucune domination économique des choses ne sauveront les sociétés de leurs maux dans le monde actuel si les hommes ne reviennent pas à l’essentiel, surtout dans les pays dont l’histoire porte un patrimoine spirituel incomparable. D’où l’espérance que doivent garder les Cubains : « Chers amis, je suis convaincu que Cuba, en ce moment particulièrement important de son histoire, regarde déjà vers demain et s’efforce pour cela de rénover et d’élargir ses horizons, ce à quoi coopère cet immense patrimoine de valeurs spirituelles et morales qui ont formé son identité la plus authentique et qui se trouvent sculptées dans l’œuvre et dans la vie de nombreux et nobles pères de la Patrie, tels le bienheureux José Olallo y Valdès, le serviteur de Dieu Félix Varela ou l’imminent José Marti ».

            Cela dit devant les vieux apparatchiks de la révolution cubaine ! 

            Non, ce ne sont pas eux les pères de la Patrie ! Ni les modèles pour demain ! Eh bien, ils ont écouté fort sagement. Et le Pape, après ces fortes paroles, pouvait s’entretenir en toute sérénité avec Raul Castro et même avec le vieux Fidel. Il avait naturellement exercé son droit à la liberté d’exprimer la vérité. Points sur lesquels il n’a pas manqué d’insister et qui sont pour lui – c’est ce qui ressort de ses paroles –, le plus sûr fondement de la liberté religieuse.

            Telle est la force morale de l’autorité du Saint-Père, le seul homme au monde qui peut tenir un tel langage et qui soulève à son passage un tel enthousiasme des foules. Oui, car ce sont des foules qui écoutent le successeur de Pierre et telles qu’aucun homme politique qui se flatte de ses meetings où il éructe ses slogans, n’en a jamais rassemblé. La présence et les paroles du Pape ne suscitent qu’une atmosphère de paix et de ferveur spirituelle. Quel est le journaliste qui le note ?

    La vérité rend libre, y compris en politique

     

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    Au Mexique, à Leon, le pape s'est adréesé aux enfants...

     

     

            Comment les hommes de pouvoir ne voient-ils pas un tel bienfait, celui qu’ils ne peuvent donner et sans lequel leur programme et leur système ne sont que vanité et finalement échec ? Le Pape a insisté à Cuba, au Mexique – tant marqués par la foi catholique dont se sont détournés avec violence pendant des décennies les partis au pouvoir –, pour faire valoir « l’apport imprescriptible que la religion est appelée à développer dans le domaine public ». 

            Il s’agit en ces terres hispaniques de la religion du Dieu vivant et vrai qui s’est incarné pour le salut des hommes, qui « change de l’intérieur, au fond du cœur, une situation insupportable, obscure et sans avenir », qui est capable de montrer à leurs frères « ceux qui sont marginalisés par la force, le pouvoir ou une richesse qui ignorent ceux qui manquent de presque tout ». (Discours à Notre-Dame de la Lumière au Mexique). Quelle leçon !

            N’est-elle pas valable pour tous les pays, au moins tous ceux qui, à un titre ou à un autre, peuvent revendiquer un tel héritage chrétien ? « Pour cela, a précisé Benoît XVI, l’Eglise ne cesse d’exhorter chacun afin que l’activité politique soit une tâche recommandable et désintéressée en faveur des citoyens et qu’elle ne se convertisse pas en luttes pour le pouvoir ou en une imposition de systèmes idéologiques rigides qui, tant de fois, ont eu pour résultat la radicalisation d’amples secteurs de la population ».

            Comment ne pas mettre en perspective avec notre actualité cet enseignement de foi et de raison et ne pas se souvenir des discours de Benoît XVI en Europe, en France aux Bernardins, en Angleterre à Westminster, à Madrid devant les autorités, en Allemagne au Bundestag même et ainsi dans toute la vieille Europe chrétienne où il tient à chaque fois le même langage de haute portée, rappelant à chaque peuple le meilleur de toutes ses traditions ?

            C’est quand tout va mal qu’il est bon de se rappeler la voie du salut possible. Le drame de Montauban et de Toulouse devrait faire réfléchir les Français soucieux de l’avenir de leur pays. Des incidents pareils n’arrivent pas par hasard. Il est malheureusement probable que ces crimes perpétrés froidement soient un signe révélateur d’une terrible réalité. Sur laquelle rien ne sera dit officiellement que de très anecdotique et sur quoi les discussions reprendront.

    Quel homme politique aura le courage d’aller au fond du problème ? 

            Les partis au pouvoir, quels qu’ils soient, ne sont-ils pas directement responsables de l’état de la société ? Après tout, ce qui se passe, ils l’ont d’une certaine manière voulu… En tout cas, ce n’est que la conséquence de toutes leurs politiques. 

            Des banlieues livrées à elles-mêmes, des trafics organisés dans de vastes zones de non-droit, une immigration non maîtrisée, non contrôlée, d’immenses secteurs de la société abandonnés, de fausses réformes qui ne vont jamais au cœur du mal, des soutiens inconsidérés à des gens qui profitent de ce mal social pour justifier leur existence alors que les hommes de bien ne sont, pour ainsi dire, jamais encouragés, jamais soutenus ; et, maintenant, dans une société qui a banni Jésus-Christ et qui s’en est même fait une fierté, jusqu’à l’insulter publiquement, voici l’apparition d’un sentiment religieux totalement fou qui ne connaît que la cruauté et la vengeance et qui revendique tous les crimes. Ah, le beau résultat !

            Il faut le souligner, nos hommes politiques sont à peu près tous des chrétiens, la plupart des catholiques d’origine, issus de bonnes familles, tous encore sortis de très bons collèges. Vraiment ? 

            Vraiment ! Mais l’ambition les tenaille de ce maudit pouvoir toujours à prendre et à reprendre et qui les rend fous, eux aussi, à leur manière, et dont ils se sont fait leur dieu, à qui ils consacrent une sorte de religion, toute de violence pareillement, bien que feutrée et hypocrite. Où est le bien public ? Où est la paix ? Où est la grande force dynamique qui remettra la France sur sa voie royale ? Qui s’en occupe ? Comme disait l’autre : « D’abord on gagne, après on voit ». Beau programme, en vérité ! 

            Et qui définit parfaitement le régime dans lequel nous vivons.

            Dans ce climat délétère et alors que les échéances se rapprochent d’une crise aux multiples engrenages, tous devenus irréversibles, financiers, économiques, sociaux, culturels, institutionnels et politiques, il est salutaire de se rappeler, surtout en cette année de la célébration du six-centième anniversaire de la naissance de la sainte de la Patrie, Jeanne d’Arc, où se situe le véritable patrimoine de notre pays. Alors que toutes les prétendues solutions s’épuisent, un patrimoine aussi prestigieux peut encore alimenter une foi et une espérance françaises.

     

     

    Politique magazine - avril 2012 - numéro 106

     

  • Médias & Société • Quand Stéphane Guillon et consorts (se) font les Guignols La bien-pensance ne rigole pas

    (Photo : SIPA.00609727_000031)

     
    par Franck Crudo
     
    Journaliste. Il a notamment participé au lancement de 20 Minutes. Il nous donne à passer, ici, un excellent moment.
     
    franckcrudo.jpgUn sketch des Guignols sur le FN aura suffi à faire se boucher le nez, dans un même élan, Stéphane Guillon, Daniel Cohn-Bendit, Philippe Sollers, Alain Soral... Mais de quoi peut-on encore rire aujourd'hui ?
     
    « On peut rire de tout, mais pas avec n’importe qui », disait Pierre Desproges… au siècle dernier. Une époque où l’humour en France ne restait pas, pour des questions de principe, confiné dans la prison étroite du politiquement correct. Peu importe la manière dont on faisait rire, l’important était de le faire. Pas d’enclos idéologique ou de police de la pensée. La liberté de rire, sans être jugé. Un autre temps.

    Aujourd’hui, le siècle n’est plus le même et le pays de la liberté d’expression non plus. Le sketch des Guignols sur Marine et Jean-Marie Le Pen, lundi dernier au Grand journal de Canal+, a fait grincer quelques dents et suscité une petite polémique.

     

     

    A la limite, le plus rigolo dans l’histoire, c’est moins le sketch que la réaction de la plupart des invités sur le plateau. Il faut dire que diffuser ce genre de parodie dans une émission qui rivalise avec celle de Ruquier (le samedi soir sur France 2) pour le titre honorifique d’« émission la plus bobo de gauche du PAF », c’est un peu comme proposer un concert d’André Rieu dans certains quartiers nord de Marseille : le succès n’est pas garanti.

    Maïtena Biraben est mal à l’aise. Daniel Cohn-Bendit confie en riant que « ça ne le fait pas rire » et trouve ça « con ». Histoire d’élever le débat, Philippe Sollers confirme en riant que « c’est con » et l’écrivain Cécile Ladjali regrette que ces marionnettes rendent « très sympathiques » les Le Pen. C’est vrai quoi, affubler Jean-Marie de la gueule d’une gargouille avec de faux airs du garde de Jabba le Hutt dans Star Wars, lui faire brandir une matraque puis ânonner une série de clichés racistes, ça attire illico la sympathie.

    Deux jours plus tard, Stéphane Guillon, qui regarde visiblement Le Grand journal en replay, dégaine un tweet outragé (à l’instar d’Alain Soral peu après) :

    Guillon - Soral.jpg

    L’humoriste de gauche — pléonasme car c’est le seul vrai humour qui fait rire sainement — regrette les anciens auteurs des Guignols. La grande époque, version Bruno Gaccio et consorts, celle où l’on avait le cœur bien placé. Celle surtout où l’on savait sur quels sujets et sur quels individus où pouvait rire ou ne pas rire. Des Guignols emblématiques de cette gauche que Philippe Val juge atteinte de « rouge-brunisme » et qu’il décrit comme « anticapitaliste, antisioniste et qui voit dans l’islam la religion des opprimés ». Ah, c’était le bon temps ! Presque deux décennies pendant lesquels Stéphane Guillon a pu se bidonner grâce aux gags récurrents sur l’église catholique et la pédophilie…

     


    Beaucoup moins souvent sur l’islam, car c’est tout de suite moins drôle et ça risquerait de faire le jeu de qui on sait. C’est un peu plus périlleux également… Guillon a pu tout de même se poiler à maintes reprises grâce à la marionnette de Ben Laden, systématiquement représenté en bédouin débonnaire, espiègle et jovial, limite sympa, qui met tous les rieurs de son côté.



    Evidemment, cela ne choque alors nullement Stéphane car il a le sens de l’humour et le fameux esprit Canal. En plus, Twitter n’existe pas à l’époque. Il n’y a qu’un réac pisse-froid pour s’étonner de la complaisante représentation du terroriste. Ou d’un tel décalage dans le traitement « humoristique » des deux religions.

    Et puis Stéphane s’est sans doute aussi tapé des barres sur les inusables sketchs antiaméricains et anticapitalistes avec la marionnette de Stallone en symbole de la World Company.

     


    Avec les anciens auteurs, non seulement on se marrait, mais on ciblait et hiérarchisait les vrais dangers. On avait (beaucoup) moins souvent l’occasion de se bidonner sur le communisme et l’extrême gauche en général, lesquels il est vrai présentaient un bilan globalement positif et une alternative crédible à Monsieur Sylvestre et ses sbires. Mais sur le capitalisme et les Etats-Unis en revanche, qu’est-ce qu’on se boyautait ! D’ailleurs, lors de la chute du mur de Berlin, les Allemands de l’Est se sont précipités à l’Ouest pour pouvoir rigoler à nos côtés.

    Non, décidément, les anciens Guignols, c’était d’un autre niveau. C’était moins beauf, plus subtil. On riait moins gras. Ah la belle époque où l’on se tordait en matant la marionnette de Bernadette Chirac en train de se masturber avec son sac à main ! Où l’on se gondolait devant Amélie Mauresmo, dépeinte en bodybuilder avec une voix de mâle dominant.

     


    Et puis, surtout, les auteurs des Guignols avaient trouvé la parade pour ne pas faire le jeu du Front national. Ne surtout pas en parler. Ne pas caricaturer Le Pen. Se foutre de la gueule de tous les gouvernements et d’une grande partie du personnel politique, sauf de Le Pen. Stratégie imparable. On persifle quotidiennement sur la gauche et la droite, on traite quasiment toutes les semaines nos présidents de Super Menteur ou de Super Voleur et on épargne la bête. Pour ne pas lui faire de la pub. On divertit le bobo, mais aussi le poujado, le gars du bistrot qui braille « tous pourris ». En vingt-cinq ans, le Front national passe de 10 à 30%. Mais au moins, on s’est marré tous les soirs sur Canal.

     

    Stéphane Guillon ne supporte pas les gags pas drôles et les dérapages honteux. Il a bien raison, il sait de quoi il parle. En mars 2015, il sort une vanne sur Twitter qui provoque l’hilarité générale. Ou presque.

    Tweet 2.jpg

    Pendant des années, avant de se faire virer, ses chroniques matinales sur France Inter sont des exemples de drôlerie et de bon goût. Comme ces vannes sur le physique d’Eric Besson, « une taupe du FN aux yeux de fouine », ou de Martine Aubry, « un petit pot à tabac ». Irrésistible. Dommage que le président de Radio France, Jean-Luc Hees, nous la joue alors bégueule en rappelant à l’humoriste que « l’attaque personnelle, fondée sur le physique de la personne, fait partie de ces valeurs infranchissables ».

    Il y aussi cette chronique hilarante au lendemain de l’accident d’avion du président polonais Lech Kaczynski, où il rêve d’une tragédie du même type pour Nicolas Sarkozy, puis balance une énième vanne sur la taille du président et la tête de fouine d’Eric Besson. Les plaisanteries sur le physique et les accidents d’avion, c’est visiblement l’un des principaux ressorts comiques de l’artiste. Le seul ? Certes, c’est un peu facile, mais en attendant, qu’est-ce qu’on se marre ! Comme le dit Woody Allen : « Il n’y a que deux sortes d’humour : le comique de répétition et le comique de répétition. » Dommage pour Guillon que son patron n’ait, lui, aucun humour. Lassé par ses dérapages répétés et plus ou moins contrôlés, Hees licencie le comique (de répétition) quelques mois plus tard, déclarant notamment : « Si l’humour se résume à l’insulte, je ne peux le tolérer pour les autres mais également pour moi (…). Je considère que cette tranche d’humour est un échec. »

    « L’homme ordinaire est exigeant avec les autres. L’homme exceptionnel est exigeant avec lui-même », disait Marc-Aurèle. Stéphane Guillon n’est ni exceptionnel, ni stoïcien. Il est ordinaire et de gauche. De cette gauche surreprésentée dans la sphère médiatique, coupée de la majorité de la population française aujourd’hui, et qui encadre non seulement la façon de penser, mais aussi la façon de rire. Aujourd’hui, on ne peut pas rire avec n’importe qui, mais on ne peut aussi plus rire de tout. Ou plutôt, tout dépend qui fait rire. Car avec le politiquement correct érigé en gardien du temple, l’égalitarisme et l’antiracisme en horizon indépassable, le rubicon peut être franchi à tout moment. Le rire ne peut plus se contenter d’être drôle, il doit aussi être acceptable. Et tant pis si on étouffe dans ce carcan. Le rieur, surtout s’il est blanc et pas forcément de gauche, devient instantanément un suspect potentiel. Sous sa bouche, toute plaisanterie mal calibrée comme dirait l’autre devient très vite sexiste, antisémite, raciste, homophobe.

    Il n’existe que deux parades : être de gauche ou faire partie d’une minorité. La suspicion s’éloigne d’emblée. Se gausser de tous les clichés racistes en les reprenant à son compte, c’est souvent très drôle dans la bouche des jeunes talents du Jamel Comédie Show, de Thomas Ngijol ou de Fabrice Eboué. On peut même se moquer des Roms de façon très politiquement incorrecte comme le fait avec brio le Comte de Bouderbala :



    Imaginez maintenant le même sketch joué par un humoriste blanc, populaire et franchouillard, disons au hasard Jean-Marie Bigard, et certains sourires se crispent aussitôt. Un avocat du Mrap attend peut-être déjà dans sa loge…

    Quand en 1995, Patrick Sébastien se grime en Le Pen, fredonnant « Casser du noir » sur l’air d’une chanson de Patrick Bruel, il fait scandale :



    Sans doute un tournant. C’est l’une des premières fois où la bien-pensance médiatique se déchaîne. Le célèbre imitateur cumule les handicaps : il est blanc, pas de gauche et parfois grossier. Bref, un beauf potentiel. Le coupable idéal.

    Quand Guy Bedos traite à plusieurs reprises une femme politique de droite de « connasse », c’est décapant, c’est corrosif, c’est tout simplement de l’humour. Imaginons maintenant un comique populaire et franchouillard, disons au hasard Laurent Gerra, qui balance la même insulte, pardons la même vanne sur une femme politique de gauche, disons au hasard Christine Taubira… et le lendemain Libé sort trois pleines pages sur le scandale.

    Remontons le temps un instant et imaginons, pour la déconne, ce que donnerait en 2016 une interview de Coluche sur le racisme, un sketch de Pierre Péchin (le match de tennis), un autre de Fernand Reynaud (le douanier), et de Michel Leeb (l’épicerie africaine), ou encore une satire des Inconnus (Les Envahisseurs). En fait non, on n’ose pas imaginer…

    Plus inquiétant encore, le CSA (Conseil supérieur de l’audiovisuel) se fait aujourd’hui le relais de la bien-pensance en matière d’humour et se montre de plus en plus interventionniste en la matière. A l’instar de ce sketch de Jarry, le 13 octobre dernier sur France 2 dans une émission animée par Stéphane Bern. Pour être honnête, c’est plutôt lourdingue. Mais pas bien méchant non plus. L’autorité audiovisuelle n’a toutefois pas hésité à adresser une mise en garde à la chaîne publique, estimant notamment « que les gestes de l’humoriste envers la chroniqueuse étaient très vulgaires, voire dégradants » et rappelant que « le service public se doit d’être exemplaire en matière de promotion de l’image et de la place de la femme dans les programmes ».

    Le CSA n’existait heureusement pas du temps de Desproges, qui n’a du coup pas été mis en garde lorsqu’il a balancé : « Plus je connais les hommes, plus j’aime mon chien. Plus je connais les femmes, moins j’aime ma chienne ». Encore heureux également que le Conseil supérieur de l’audiovisuel ne supervise pas la littérature. I

  • Esclavage : ”La complicité de monarques africains est une donnée objective”, selon l’anthropologue sénégalais Tidiane N’

    Document d'archives montrant une capture d'esclaves. ©DR
    abolition de l'esclavage du 10 mai

    Source : https://la1ere.francetvinfo.fr/

    Les traites et les esclavages occidental et arabo-musulman n’auraient pas été possibles sans la collaboration active des Africains. Décryptage avec l’historien et anthropologue sénégalais Tidiane N’Diaye.

    5.jpgC’est une réalité sur laquelle historiens, journalistes et militants ont souvent jeté un voile, par lâcheté intellectuelle ou opportunisme idéologique. Mais les faits sont têtus, et il existe assez d’archives pour l’attester. Durant les longs siècles de traite et d’esclavage arabo-musulman puis occidental, des Etats négriers d’Afrique ont participé et se sont enrichis grâce à ce commerce, comme les royaumes d’Ashanti ou d’Abomey (actuels Ghana et Bénin) par exemple (voir cartes ci-dessous).
     
    Auteur d’un ouvrage remarqué sur l’esclavage arabo-musulman, « Le génocide voilé » (éditions Gallimard, 2008), l’anthropologue et économiste sénégalais Tidiane N’Diaye explique à propos de la traite que « la complicité de certains monarques et leurs auxiliaires africains dans ce commerce criminel est une donnée objective ». Interview sans langue de bois.
     
    Ce sont des faits historiques souvent négligés ou occultés par les chercheurs, mais des Africains ont aidé à alimenter la traite transatlantique et le système esclavagiste durant des siècles. Comment cela se passait-il ? Qui étaient les principaux protagonistes ?


    Tidiane N’Diaye :
    Vous savez, dans cette tragédie les prédateurs, d’abords arabes puis occidentaux ont excité la cupidité et la rapacité de nombreux chefs locaux. Les razzias étaient légalement organisées par des chefs ou sultans, pour approvisionner les négociants qui travaillaient pour l’exportation de captifs africains. Par exemple les princes des États voisins de celui du sultan du Bornou (Kanem, Wadaï, Baguirmi et Sokoto) dans l’actuel Nigéria, se livraient au trafic de captifs. Tous, loin de vouloir supprimer une traite dont  ils profitaient, ne songeaient qu’à imposer des taxes de passage lorsqu’ils ne « rackettaient » pas directement les caravanes. Au pays des Fellatas, les chasses à l’homme y étaient dirigées par Ahmadou, fils et digne héritier de El Hadji Omar Seydou Tall, sur le sentier du Jihad. A l’intérieur du continent, l’entreprise était encore plus répugnante avec les monarques dahoméens, dont le plus grand des fournisseurs d’esclaves fut Béhanzin. Car ici l’islamisation n’explique pas leur complicité, ils étaient animistes pour la plupart. Ces usurpateurs sanguinaires crispés sur leurs privilèges, étaient surtout préoccupés par la puissance et le prestige, que seul le verdict des armes pouvait assurer en ces lieux. Ils entrèrent en « collaboration », d’abord avec les Arabo-musulmans, avant l’arrivée des négriers européens. Ils ont vécu du sang, de la sueur et de l’agonie de leurs peuples. Pour gagner en efficacité, tous eurent de plus en plus besoin de moyens aussi sophistiqués que meurtriers. Pour disposer de plus d'armement et de chevaux, gage de leur puissance, ils furent obligés de vendre davantage de captifs en engageant des guerres contre les royaumes voisins pour se fournir. Tout en se faisant des guerres au service des négriers, ces chefs africains furent progressivement piégés par les mécanismes d’échange de la traite. Aussi, beaucoup « d’exportés » étaient le produit de guerres intestines, encore accrues par l’appât des débouchés qu’offrait d’abord cette ignominie. Puis l'arrivée des navigateurs fut providentielle pour le commerce de ces États trop éloignés du Sahara, pour qu'ils y écoulent leur surplus de captifs.

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    ©Hatier-Aupelf/Atlas des esclavages

    Certaines royautés ou nations africaines de l’époque se sont-elles vraiment enrichies grâce à la traite, et dans quelle mesure ?


    Il y avait une offre massive de captifs, moyennant armes, chevaux, textiles ou Cauris  (coquilles de gastéropodes qui servaient de monnaies dans cette partie de l’Afrique précoloniale.) Ce dernier comme on sait, sera progressivement remplacé par l’argent, qui se révélera être le plus pernicieux des instruments de corruption jamais introduits en Afrique. D’autres chefs faisaient aussi des razzias et vendaient des hommes pour avoir des bœufs, des armes, des étoffes ou tout autre bénéfice. La responsabilité de ces roitelets et autres renégats cupides, ne souffre aucun doute. Dans cette tragédie, force est donc, de reconnaître qu’il y eut la collaboration de potentats autochtones qui, pour tirer profit de ce mal, se souciaient peu de la destination ou de la mort de leurs compatriotes. Il n’y eut pas seulement que les négriers berbères, égyptiens, européens et autres ramassis et écume des nations. La complicité de certains monarques et leurs auxiliaires africains dans ce commerce criminel est une donnée objective.

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    ©J. Fakambi, "Route des esclaves au Bénin"/Atlas des esclavages

    L’ex-président du Sénégal Abdoulaye Wade a rappelé récemment, de manière peu élégante il est vrai, l’existence d’un esclavage interne à l’Afrique subsaharienne quand il a traité son successeur Macky Sall de « descendant d’esclaves ». Qu’en est-il exactement sur le plan de l’histoire ?


    En fait, il faut dire qu’isolée du monde méditerranéen pendant des millénaires, l'Afrique noire a ignoré jusqu'à l'ère contemporaine la propriété foncière. La propriété privée n’existait pas dans nombre de pays ou alors de façon très limitée. L’environnement étant propriété commune, beaucoup de familles choisissaient de mettre toutes leurs terres en coopérative, pour les exploiter. L’argent n’existait pas au sens où nous le connaissons aujourd’hui. Mais progressivement l'enrichissement et l'élévation sociale, viendront à dépendre de la possibilité de cultiver un maximum de surface. D'où la nécessité de disposer d'une importante main-d’œuvre. Ainsi dans les sociétés africaines plus un homme possédait de serfs pour cultiver ses terres et de femmes, plus il était riche. Et plus il était riche, plus il était en situation d'accroître son « patrimoine » de femmes et de serfs. C’est ainsi que la voie fut ouverte vers les conflits, pour se procurer de la main-d’œuvre. Des guerres tribales se firent donc plus violentes. Les chefs de clans victorieux, au lieu de se contenter des terres conquises et d’une reconnaissance, obligeaient les vaincus à accepter une position de subordination. Également de vieilles rancunes de familles et des rivalités de tribus provoquaient souvent des conflits tout aussi dévastateurs. Les vaincus devenaient captifs des vainqueurs.

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    L'anthropologue sénégalais Tidiane N’Diaye.

    (Photo à gauche : Tidiane N'Diaye) : Le résultat de ces affrontements était que des famines et des disettes devenaient fréquentes et parfois si dramatiques, que des hommes libres n'hésitaient pas à se vendre eux-mêmes comme captifs ou à vendre leurs propres enfants. Les coupables de certains crimes comme les sorciers, pouvaient être réduits en servage et éloignés de leur région d'origine. Il arrivait aussi que des individus se vendent eux-mêmes à un maître, pour éteindre une dette qu'ils ne pouvaient rembourser. D’autres qui avaient perdu leurs proches, pouvaient aussi par le servage, être socialement réintégrés. Ils abandonnaient leur patronyme pour adopter celui d’un maître. Une constante dans les sociétés négro-africaines, est aussi le système des castes qui a abusivement fourni de nombreux asservis. Du portugais casto (pur), ce système symbole de classes strictement hiérarchisées dans beaucoup de civilisations, est appliqué depuis des milliers d’années en Afrique. Cette hiérarchisation sociale se traduit par exemple au Sénégal, par une division comprenant au sommet, des nobles de sang royal, appelés Bours, Guélawars, Faama, Mwené, Damel, Almamy, Linguers etc. Durant des siècles, les sociétés africaines fonctionnaient suivant cette féodalité souvent d’épée ou de robe. Ce qui a engendré une classe de seigneurs, qui ont toujours dominé et souvent soumis au servage, des hommes appartenant aux autres classes sociales. Ces populations ou le gros de la plèbe, étaient composées de non-castés dits Guers et les autres membres de castes inférieures qui sont appelés Nyénios (Rabb, Mabbo, Woudé, Teug, Laobé, Guéwel, Dions etc.) En fait ces catégories sociales, regroupaient souvent des corporations artisanales longtemps méprisées comme les cordonniers, les forgerons, les tisserands etc. Sachant que l’esclavage ou servage africain relevait de rapports de force très aléatoires et que les « castés » avaient tout aussi absurdement été relégués à ce rang du fait de leurs professions, j’ai trouvé ridicule et irrévérencieuse l’attitude de Wade envers Macky Sall.

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    Pensez-vous que l’Afrique subsaharienne (ou du moins certaines nations, car le continent est immense) devrait reconnaître officiellement sa responsabilité dans la traite et la déportation de millions d’esclaves, comme l’ont fait certains Etats occidentaux ?


    Bien évidemment cette question demeure taboue et divise les intelligentsias africaines et afro-américaines. Mais le président Matthieu Kérékou du Bénin, avait été le premier  à se mettre à genoux devant une congrégation noire de Baltimore, pour demander pardon aux Africains-Américains et à toute la diaspora pour « le rôle honteux que les Africains ont joué durant la traite ». Le 27 avril 2015, pour la première fois un pays africain, le Sénégal, rendait hommage aux victimes de la traite négrière. La date de cette commémoration, qui se veut désormais annuelle, n’a pas été choisie au hasard : elle correspond à celle de l’abolition de l’esclavage dans les colonies françaises, le 27 avril 1848. Bien que les organisateurs de cette manifestation ne se soient pas étendus sur le rôle des Africains eux-mêmes dans cette tragédie, rappelons qu’en octobre 2003, les évêques africains réunis à Gorée avaient publié une déclaration dans laquelle ils demandaient « le pardon de l’Afrique à l’Afrique » en ces termes : « Commençons donc par avouer notre part de responsabilité dans la vente et l’achat de l’homme noir, hier et aujourd’hui… Nos pères ont pris part à l’histoire d’ignominie qu’a été celle de la traite et de l’esclavage noir. Ils ont été vendeurs dans l’ignoble traite atlantique et transsaharienne…» Ceci venait après la déclaration du pape Jean-Paul II qui, en 1985 à Yaoundé, au nom des Catholiques de l’Occident, avait demandé pardon à « nos frères africains qui ont tant souffert de la traite des Noirs ». Ce message sera repris dix ans plus tard à Rome, implorant encore : « le pardon du ciel pour le honteux commerce d’esclaves auquel participèrent de nombreux chrétiens ». Je pense que maintenant la messe est dite, nul ne peut plus ignorer les responsabilités des uns et des autres.  

  • A quand les excuses d’Alger pour la traite des esclaves européens ?, par Bernard Lugan.

    Pères de l’Ordre des Trinitaires négociant le rachat d’esclaves français à Alger au début du XVIIe siècle.
     
    En ces temps de repentance et d’ethno-masochisme, puisque ceux qu’il est difficile de désigner autrement que par le terme d’ennemis, vu leur comportement à l’égard de la France, s’amusent à jongler avec le contexte historique, alors, faisons de même. 
     
    L’Algérie aux abois économiquement, ruinée par les profiteurs du Système qui depuis 1962 se sont méthodiquement engraissés en pillant ses ressources, a donc l’outrecuidance de demander des excuses à la France. Pourquoi pas d’ailleurs, puisque, comme le disait Etienne de la Boétie : « Ils ne sont grands que parce que nous sommes à genoux » ? 

    bernard lugan.jpgDes excuses donc pour avoir tracé en Algérie 54 000 kilomètres de routes et pistes (80 000 avec les pistes sahariennes), 31 routes nationales dont près de 9000 kilomètres goudronnés, construit 4300 km de voies ferrées, 4 ports équipés aux normes internationales, 23 ports aménagés (dont 10 accessibles aux grands cargos et dont 5 qui pouvaient être desservis par des paquebots), 34 phares maritimes, une douzaine d’aérodromes principaux, des centaines d’ouvrages d’art (ponts, tunnels, viaducs, barrages etc.), des milliers de bâtiments administratifs, de casernes, de bâtiments officiels, 31 centrales hydroélectriques ou thermiques, une centaine d’industries importantes dans les secteurs de la construction, de la métallurgie, de la cimenterie etc., des milliers d’écoles, d’instituts de formations, de lycées, d’universités avec 800 000 enfants scolarisés dans 17 000 classes (soit autant d’instituteurs, dont deux-tiers de Français), un hôpital universitaire de 2000 lits à Alger, trois grands hôpitaux de chefs-lieux à Alger, Oran et Constantine, 14 hôpitaux spécialisés et 112 hôpitaux polyvalents, soit le chiffre exceptionnel d’un lit pour 300 habitants. Sans parler d’une agriculture florissante laissée en jachère après l’indépendance, à telle enseigne qu’aujourd’hui l’Algérie doit importer du concentré de tomates, des pois chiches et jusqu’à la semoule pour le couscous… 
     
    Or, tout ce que la France légua à l’Algérie en 1962 fut construit à partir du néant, dans un pays qui n’avait jamais existé et dont même le nom lui fut donné par le colonisateur... Tout avait été payé par les impôts des Français. En 1959, toutes dépenses confondues, l’Algérie engloutissait ainsi 20% du budget de l’Etat français, soit davantage que les budgets additionnés de l’Education nationale, des Travaux publics, des Transports, de la Reconstruction et du Logement, de l’Industrie et du Commerce ! (Voir à ce sujet mon livre Algérie l’Histoire à l’endroit). 
     
    L’Algérie a exigé, et sur ce point comment ne pas être d’accord avec elle, que la France lui restitue les cranes de combattants vaincus par l’armée française lors de la conquête. Mais alors, quid des restes des dizaines de milliers d’esclaves européens dont des milliers de Français enlevés en mer ou par des razzia littorales, morts en Algérie et enterrés dans la banlieue d’Alger dans ce qui, avant la conquête était désigné comme le cimetière des chrétiens ? C’est en effet par dizaines de milliers que des hommes, des femmes et des enfants européens furent pris en mer ou enlevés à terre par les pirates barbaresques. De 1689 à 1697, Marseille perdit ainsi 260 navires ou barques de pêche et plusieurs milliers de marins et de passagers, tous ayant été réduits en esclavage. En 1718, la comtesse du Bourk, ses enfants et ses domestiques qui avaient embarqué à Sète pour rejoindre via Barcelone son mari ambassadeur en Espagne furent capturés en mer. La petite Marie-Anne du Bourk alors âgée de 9 ans, fut rachetée en 1720. 
     
    Grâce aux rapports des pères des Ordres religieux dits de « rédemption des captifs », qu’il s’agisse de l’Ordre des Trinitaires fondé par Jean de Matha et Félix de Valois, ou des Pères de la Merci, les Mercédaires, un ordre religieux fondé par Pierre Nolasque, nous connaissons les noms de milliers d’esclaves rachetés, ainsi que leurs villes ou villages d’origine, cependant que, faute de moyens, des dizaines de milliers d’autres ne le furent pas et moururent dans les chaînes.
     
    En 1643, le Père Lucien Héraut, prêtre de l’Ordre de la Trinité et Rédemption des Captifs, rentra en France avec 50 malheureux Français qu’il venait de racheter aux esclavagistes algérois. Faute de moyens, la mort dans l’âme, il avait laissé derrière lui plusieurs milliers d’autres Français, sans compter les milliers d’esclaves appartenant aux autres nations européennes enlevés en mer ou sur le littoral. 

    Dans une lettre d’une grande puissance de témoignage adressée à Anne d’Autriche, Reine-Régente du royaume de France, le père Héraut se fit l’interprète des captifs, s’adressant à la reine en leur nom, afin de lui demander une aide financière pour les racheter. Une lettre qui devrait clore les prétentions et les exigences d’excuses des descendants des esclavagistes algérois : « Larmes et clameurs des Chrestiens françois de nation, captifs en la ville d’Alger en Barbarie, adressées à la reine régente, par le R. P. Lucien Heraut, Religieux de l’Ordre de la Trinité et Rédemption des Captifs, 1643. 


    « (…) ainsi qu’il arrive ordinairement aux vassaux de vostre Majesté, qui croupissent miserablement dans l’horrible esclavage (…) cette mesme necessité addresse aux pieds de sa clemence et Royalle bonté, les larmes et soupirs de plus de deux milles François de nation Esclaves en la seule ville d’Alger en Barbarie, à l’endroit desquels s’exerce les plus grandes cruautés que l’esprit humain puisse excogiter, et les seuls esprits infernaux inventer. 


    Ce n’est pas, Madame, une simple exaggeration (…) de ceux, qui par malheur sont tombés dans les griffes de ces Monstres Affricains, et qui ont ressenty, comme nous, leur infernalle cruauté, pendant le long sejour d’une dure captivité, les rigueurs de laquelle nous experimentons de jour en jour par des nouveaux tourments: la faim, le soif, le froid, le fer, et les gibets (…) mais il est certain que les Turcs et Barbares encherissent aujourd’hui par-dessus tout cela, inventans journellement de nouveaux tourments, contre ceux qu’ils veulent miserablement prostituer, notamment à l’endroit de la jeunesse, captive de l’un et l’autre sexe, afin de la corrompre à porter à des pechés si horribles et infames, qu’ils n’ont point de nom, et qui ne se commettent que parmys ces monstres et furies infernales et ceux qui resistent à leurs brutales passions, sont écorchez et dechirez à coup de bastons, les pendants tous nuds à un plancher par les pieds, leur arrachant les ongles des doigts, brullant la plante des pieds avec des flambeaux ardents, en sorte que bien souvent ils meurent en ce tourment. Aux autres plus agés ils font porter des chaisne de plus de cent livres de poids, lesquelles ils traisnent miserablement partout où ils sont contrains d’aller, et apres tout cela si l’on vient à manquer au moindre coup de siflet ou au moindre signal qu’ils font, pour executer leurs commandements, nous sommes pour l’ordinaire bastonnez sur la plante des pieds, qui est une peine intollerable, et si grande, qu’il y en a bien souvent qui en meurent, et lors qu’ils ont condamné une personne à six cent coups de bastons, s’il vient à mourir auparavant que ce nombre soit achevé, ils ne laissent pas de continuer ce qui reste sur le corps mort. 


    Les empalements son ordinaires, et le crucifiment se pratique encore parmy ces maudits barbares, en cette sorte ils attachent le pauvre patient sur une manière d’echelle, et lui clouent les deux pieds, et les deux mains à icelle, puis après ils dressent ladite Eschelle contre une muraille en quelque place publique, où aux portes et entrées des villes (…) et demeurent aussi quelque fois trois ou quatre jours à languir sans qu’il soit permis à aucun de leur donner soulagement. 


    D’autres sont écorchez tous vifs, et quantitez de bruslez à petit feu, specialement ceux qui blasphement ou mesprisent leur faux Prophete Mahomet, et à la moindre accusation et sans autre forme de procez, sont trainez à ce rigoureux supplice, et là attachez tout nuds avec une chaine à un poteau, et un feu lent tout autour rangé en rond, de vingt-cinq pieds ou environ de diametre, afin de faire rostir à loisir, et cependant leur servir de passe-temps, d’autres sont accrochez aux tours ou portes des villes, à des pointes de fer, où bien souvent ils languissent fort long temps. 


    Nous voions souvent de nos compatriots mourir de faim entre quatre murailles, et dans des trous qu’ils font en terre, où ils les mettent tout vif, et perissent ainsi miserablement. Depuis peu s’est pratiqué un genre de tourment nouveau à l’endroit d’un jeune homme de l’Archevesché de Rouen pour le contraindre a quitter Dieu et nostre saincte Religion, pour laquelle il fut enchaisné avec un cheval dans la campagne, l’espace de vingt-cinq jours, à la merci du froid et du chaud et quantitez d’autres incommoditez, lesquelles ne pouvant plus supporter fit banqueroute à notre saincte loy. 


    Mille pareilles cruautez font apostasier bien souvent les plus courageux, et mesme les plus doctes et sçavants : ainsi qu’il arriva au commencement de cette presente année en la personne d’un Père Jacobin d’Espagne, lequel retenu Captif, et ne pouvant supporter tant de miseres, fit profession de la loy de Mahomet, en laquelle il demeura environ six mois, pendant lesquels (…) il avoit scandalisez plus de trente mille Chrestiens esclaves de toutes nations (…) il se resolu à estre brullé tout vif, qui est le supplice ordinaire de ceux qui renoncent à Mahomet (…)en suite deqoy il fut jetté en une prison obscure et infame (…) Le Bascha le fit conduire au supplice(…) il fut rosty à petit feu un peu hors de la ville près le Cimitiere des Chrestiens. 


    Nous n’aurions jamais fait, et nous serions trop importuns envers votre Majesté, de raconter icy toute les miseres et calamitez que nous souffrons : il suffit de dire que nous sommes icy traittez comme de pauvres bestes, vendus et revendus aux places publiques à la volonté de ces inhumains, lesquels puis apres nous traittent comme des chiens, prodiguans nostre vie, et nous l’ostans, lors que bon leur semble (…). 


    Tout cecy, Madame, est plus que suffisant pour émouvoir la tendresse de vos affections royales envers vos pauvres subjets captifs desquels les douleurs sont sans nombre, et la mort continuelle dans l’ennuy d’une si douleureuse vie (…), et perdre l’ame apres le corps, le salut apres la liberté, sous l’impatience de la charge si pesante de tant d’oppressions, qui s’exercent journellement en nos personnes, sans aucune consideration de sexe ny de condition, de vieil ou du jeune, du fort ou du foible : au contraire celuy qui paroist delicat, est reputé pour riche, et par consequent plus mal traitté, afin de l’obliger à une rançon excessive, par lui ou par les siens (…) nous implorons sans cesse, jettant continuellement des soupirs au Ciel afin d’impetrer les graces favorables pour la conservation de vostre Majesté, et de nostre Roy son cher fils, destiné de Dieu pour subjuguer cette nation autant perfide que cruelle, au grand souhait de tous les Catholiques, notamment de ceux qui languissent dans ce miserable enfer d’Alger, une partie desquels ont signé cette requeste en qualité, Madame, de vos tres humbles, tres obeyssants, tres fidels serviteurs et vassaux les plus miserables de la terre, desquels les noms suivent selon les Dioceses et Provinces de votre Royaume. » 


    Le numéro du mois de septembre de l’Afrique Réelle sera un numéro spécial consacré à la repentance et à l’esclavage et, le 1er septembre, je publierai un livre intitulé Esclavage, l’histoire à l’endroit, une arme de réfutation de la doxa culpabilisatrice. Les lecteurs de ce blog et les abonnés à la revue seront informés dès sa parution.


    Bernard Lugan
  • Blasphème à l’Université, par Michel Bouvier.

    Fontenelle, présenté comme un précurseur du progressisme, est intouchable. C'est ainsi que l'histoire littéraire, désormais, sanctifie, méprise, ignore ou annule les auteurs selon qu'ils peuvent ou non être enrôlés dans la cohorte des gens bien ; et malheur à qui oserait s'interroger sur leurs mérites réels.

    Il y a quelques années, j’organisai à l’Université catholique de Lille une journée d’études sur Fontenelle. Grâce à l’amitié d’un membre fondateur de la Société Fontenelle, je pus réunir quelques-uns des meilleurs spécialistes de cet auteur. Ma contribution inaugurale consista en une analyse iconoclaste de ses Nouveaux dialogues des morts, parus en 1683, par laquelle je voulais montrer qu’il s’agissait bien de l’œuvre légère et brillante d’un « bel esprit », qui avait par là mérité d’être démasqué par La Bruyère.

    Je n’eus pas si tôt fini qu’une dame éminente, sans s’attarder à contester aucun point de mon analyse, déclara abruptement qu’elle était scandalisée d’entendre présenter Fontenelle de cette façon à nos étudiants : il était, dit-elle d’une voix frémissante d’indignation, honteux et lamentable de leur révéler les roueries d’un auteur qu’il est nécessaire de présenter comme un penseur de haute volée, dont les œuvres ont révolutionné les manières moutonnières de penser en usage, apportant enfin au monde un peu d’intelligence et de liberté d’esprit, bref un libérateur annonciateur des Lumières vénérées.

    J’avais donc blasphémé en osant attaquer une des valeurs sacrées de notre Université éclairée, et je souriais d’aise à voir que la dame allait bientôt se signer à ma vue si on ne m’exorcisait pas.

    Sentant que la chose risquait de tourner à l’autodafé, mon ami intervint pour dire qu’il trouvait fort intéressant qu’on proposât une lecture de Fontenelle qui permettait de comprendre pourquoi La Bruyère l’avait attaqué dans le portrait satirique de Cydias, le bel esprit. Mon discours ainsi envisagé n’avait plus pour but de démasquer un faussaire, mais de mimer l’analyse spécieuse que des gens aussi peu éclairés que Bossuet et La Bruyère avaient faite du chef-d’œuvre sans égal du sieur Fontenelle, phare intouchable de la pensée progressiste.

    Afin de sauver la journée autant que des relations courtoises avec les personnes distinguées qui y participaient, je fis mine de saisir la perche tendue, mettant en œuvre l’accommodement recommandé par nos moralistes classiques. Ainsi, mon texte pu paraître avec les autres interventions dans le numéro 8 de la revue Fontenelle.

    Aux temps anciens, on étudiait la rhétorique

    Le délit de blasphème ayant été supprimé dans la loi française, je ne fus pas poursuivi. Mais on voit que si le délit n’existe plus, il y a toujours des objets sacrés auquel il n’est pas permis de porter atteinte, serait-ce au nom de la rigueur scientifique. On voit aussi comment le système, sans condamner personne, fait régner le consensus au moyen d’une véritable domestication des esprits, par le biais d’une fausse science consacrée, dont les dogmes fondateurs sont solidement enseignés dès le plus jeune âge. La dame offusquée était une brillante universitaire, qui continue sans doute d’enseigner à des foules d’étudiants béats, tout préparés à recevoir ses sermons sans sourciller, puisqu’on ne leur a jamais appris à démonter les rouages des textes, à en mettre à jour les artifices rhétoriques.

    Aux temps anciens, on étudiait la rhétorique, puis on lisait les textes. Ainsi armés, un esprit délié pouvait comprendre la fabrication des livres, adhérer à ce qui était sûr, se méfier de ce qui était trafiqué, rejeter les erreurs habilement habillées de grands mots et de phrases ronflantes. On ne criait pas au génie à tous propos. Depuis, on a transformé la rhétorique en un galimatias à usage diafoiresque, et on a dans la foulée ridiculisé les grands classiques : Corneille n’est plus qu’un bavard pompeux issu d’une tribu d’esclavagistes, Bossuet, un fanatique haineux (voyez comme il a traité ce pauvre Fénelon, ainsi que sa douce agnelle de Mme Guyon !), Racine et La Bruyère, de plats courtisans à l’âme servile ; Molière échappe au massacre, parce qu’il a écrit Dom Juan, qu’on croit être une déclaration de libertinage combattant, et qu’il a eu la chance de ne pas avoir vraiment de sépulture chrétienne, ce qui authentifie une vie héroïque. À l’opposite, on a statufié les précurseurs Bayle et Fontenelle, puis les grands penseurs que sont Montesquieu, Voltaire, Diderot, et surtout le chéri de la bande, le merveilleux Jean-Jacques, appelé très familièrement par son prénom, puisqu’il fait partie de la grande famille de ceux qui prétendent penser droit, et marcher au pas vers l’avenir, toujours radieux comme il se doit.

    Voilà des gens qu’on peut adorer sans même les lire ! Montesquieu ? ah, Les lettres persanes ! ah, Les considérations ! (que l’essentiel soit pris du Discours sur l’histoire universelle de Bossuet est ignoré, et le rappeler est blasphématoire) ! ah, L’esprit des lois ! le travail d’une vie ! (un long travail de compilation et de pillage, en effet, pesant, sans véritable originalité, mais il serait tout aussi blasphématoire de le signaler). Voltaire ? quel esprit ! quelle pensée ! (que ce soit un philosophe pour les archinuls du temps, ce serait une honte de le dire, même à l’oreille de votre maîtresse). Diderot ? mon dieu ! Diderot ! le génial inventeur de l’Encyclopédie ! (que ce soit une laborieuse adaptation d’un ouvrage anglais, auquel l’impécunieux a surtout ajouté tout ce qui pouvait faire du papier facile à vendre, ce serait honteux de simplement y faire allusion). Jean-Jacques ? merveilleux ! éblouissant ! avec lui naît l’homme moderne (que l’homme moderne soit un malade, un peu gueux et fort sot, quelle impertinence d’oser l’insinuer !).

    N’ont-ils pas osé blasphémer contre la République

    – Qu’avez-vous lu de Rousseau, mon ami ? – Un chapitre du Contrat social. – Vous avez raison de ne pas en lire plus, car vous y découvririez la théorie toute frémissante des totalitarismes à venir, et la description enthousiaste de la manière de les faire advenir le plus aisément du monde. Que ce soit plus vicieux et plus effrayant que Machiavel, cela doit rester un mystère couvert, que seuls les initiés méditeront dans leurs veilles de contemplatifs, au fin fond de leurs convents.

    Ensuite, il n’y aura plus qu’à se frapper le cœur où se trouverait le génie, à devenir un enfant du siècle abandonné, à poursuivre des Orients de légende jusqu’à la folie et la mort par pendaison, à annoncer l’avenir « plein ciel ». Et si vous entendez dire que Balzac était monarchiste, retenez bien que c’était un homme de passion un peu dérangé, qui buvait trop de café. Et si Stendhal détestait la démocratie, souvenez-vous que c’était une mauvaise tête. Quant à Renan ou Taine, passez votre chemin. Ces gens-là sont des érudits poussiéreux. Si encore ils s’étaient prénommés Kevin, comme tout le monde ! mais l’un fut baptisé Hippolyte pour son malheur, l’autre est accablé d’un inénarrable Ernest, comme les bouffons du cirque sont des Augustes. Qu’espérer de gens affublés de prénoms aussi ridicules ? Oublions-les. Avez-vous déjà vu une statue de l’un ou de l’autre, une rue qui porterait leur nom ? J’espère que non, sinon, il faut déclencher une campagne pour faire disparaître ces traces monstrueuses d’un fanatisme inadmissible : n’ont-ils pas osé blasphémer contre la République, et plus grave encore, n’ont-ils pas daubé son système d’instruction si miraculeusement moderne ? En voici des preuves accablantes.

    L’Ernest a osé écrire dans sa pitoyable Réforme intellectuelle et morale de la France : « les écoles spéciales, imaginées par la Révolution, les chétives facultés créées par l’Empire, ne remplacent nullement le grand et beau système des universités autonomes et rivales, système que Paris a créé au moyen âge et que toute l’Europe a conservé, excepté la France. » Oublions ce triste imbécile, vous dis-je !

    Être connecté ne rend pas libre de penser par soi-même, mais oblige à penser en réseau.

    L’Hippolyte, plus disert, a prétendu montrer, dans ses Origines de la France contemporaine, au terme d’une analyse si approfondie qu’elle en devient mensongère, comment selon lui « s’achève en France l’entreprise de l’éducation par l’État. » Il explique sournoisement que, « quand une affaire ne reste pas aux mains des intéressés et qu’un tiers, dont l’intérêt est différent, s’en saisit, elle ne peut aboutir à bien […] l’effet principal et final est la disconvenance croissante de l’éducation et de la vie. Aux trois étages de l’instruction, pour l’enfance, l’adolescence et la jeunesse, la préparation théorique et scolaire sur des bancs, par des livres, s’est prolongée et surchargée, en vue de l’examen, du grade, du diplôme […] par l’application d’un régime antinaturel et antisocial […] par l’entraînement artificiel et le remplissage mécanique, par le surmenage […] abstraction faite du monde réel où tout à l’heure le jeune homme va tomber. […] Cet équipement indispensable, cette acquisition plus importante que toutes les autres, cette solidité du bon sens, de la volonté et des nerfs, nos écoles ne la lui procurent pas ; tout au rebours, bien loin de le qualifier, elles le disqualifient pour sa condition prochaine et définitive. » Ce bavard n’est-il pas insupportable ?

    Rien n’a vraiment changé depuis dans notre Université obèse, qui n’a plus pour fonction d’apprendre à penser et à vivre, mais qui doit fabriquer des machines à psalmodier les mantras de la caste installée là-haut. Napoléon a voulu une école faite de telle sorte « que le peuple en masse ne pense pas par lui-même et ne raisonne trop ». C’est pourquoi il a constitué l’instruction comme une autre église, où le blasphème est reparu comme un crime contre le savoir distribué et garanti par l’État. Rien n’a été ébranlé de ce fondement. Chaque pouvoir a maintenu l’essentiel en laissant varier ce qui tient aux modes, et ne compte pas. Introduire les tablettes électroniques à l’école, par exemple, ne nuit pas au bourrage de crâne, au contraire, il le favorise puissamment. Être connecté ne rend pas libre de penser par soi-même, mais oblige à penser en réseau, selon la norme véhiculée par le réseau lui-même. Être diplômé ne garantit pas la connaissance des réalités, mais éloigne presque totalement de la vie vécue, vous donnant permission de vagabonder avec aisance dans de multiples décors d’illusion.

    Vous dites les choses comme elles sont ? Haro sur le baudet : il a blasphémé ! Rien que la mort n’est capable d’expier son forfait ! Mais attention, il sera frappé de cette mort nouvelle inventée par des citoyens tellement humains, mort qui est donnée à l’esprit seul, afin que le corps continue son chemin, en automate parfaitement ressemblant. Il ne manque que la musique pour que ce soit une féerie, mais hélas ! nous ne produisons plus que des bruits, comme les vessies qu’on écrase.

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    Source : https://www.politiquemagazine.fr/

  • Face à l'islamisme. Partie 1 : Liberté d'expression, et liberté de discussion, par Jean-Philippe Chauvin.

    Depuis quelques jours, nombre de personnes, connues ou inconnues, me présentent des vœux de courage et des marques de solidarité, me prouvant, au-delà de ma simple personne, que les professeurs gardent une certaine popularité et une estime certaine au sein de la population, et cela malgré les procès d’intention qui peuvent leur être faits et les comportements de plus en plus consuméristes et individualistes au sein de notre société.

    jean philippe chauvin.jpgCes quelques gestes et ces paroles sympathiques sont-elles suffisantes pour nous protéger des prochains assassinats islamistes ? Il faudrait l’espérer mais, malheureusement, les fanatiques qui frappent n’ont que faire des sympathies et des qualités, aveuglés par ce qu’ils croient être une « mission » motivée par les atteintes à leurs conceptions du monde et du sacré.

    Qu’on le regrette ou non, nous savons qu’il y aura d’autres massacres, d’autres victimes, d’autres meurtriers : rien de réjouissant, certes, mais cela ne doit pas empêcher de réfléchir et d’agir, l’un ne devant pas se faire sans l’autre au risque de tomber dans un activisme stérile ou dans un intellectualisme impuissant. Bien sûr, « il est bien tard », mais il n’est jamais trop tard, dit-on, même si l’histoire est parfois bien cruelle à l’égard de cet adage. Et je ne suis pas certain que toutes les déplorations qui suivent le cercueil du professeur Samuel Paty soient toujours de bon aloi quand elles s’accompagnent de grands mots et de beaux discours déjà mille fois dits et redits depuis 2012, quand un premier professeur est tombé sous les balles de la Bête, et que trois jeunes élèves ont été froidement exécutés, sous les yeux de leurs parents respectifs, par la même froide détermination homicide que celle animant l’islamiste d’origine tchétchène de l’autre vendredi. D’ailleurs, qui se souvient de Jonathan Sandler, professeur de religion, de ses deux fils de 3 et 6 ans (Gavriel et Arié) et de la petite Myriam âgée de 8 ans, tous assassinés devant et dans la cour de l’école juive Ozar Hatora de Toulouse ? Bien sûr, nous objectera-t-on, ce n’est pas « l’école de la République » qui était alors visée, mais c’était bien une école, des élèves et leurs parents, voire leurs professeurs qui étaient ciblés ! Huit ans après, les larmes ont fait place à l’oubli, ou au déni, ce qui me semble plus grave encore.

    M. Samuel Paty est mort, dit-on, d’avoir montré quelques caricatures à ses élèves dans le cadre d’une séance d’éducation civique et morale, et cela donne l’occasion à certains de regretter que celles-ci soient encore montrées, ou simplement visibles : je les entends, mais je ne partage pas leur souhait. Les islamistes arguent de celles-ci pour expliquer la violence meurtrière. Mais, là encore, certains des contempteurs des dessins semblent oublier que le monstre de Toulouse, en 2012, n’avait même pas cette raison pour tuer de sang-froid des adultes comme des enfants, même pas des adolescents, mais presque des bébés ! Caricatures ou pas, les fanatiques frappent qui leur déplaît, de naissance, de parole ou d’actes. Que certains croient que les caricatures sont la raison de tout ce sang versé montrent une erreur de discernement de ceux-ci. Que l’on me comprenne bien : ayant revu les caricatures incriminées par le meurtrier de vendredi, je ne les trouve pas forcément toutes de bon goût, ni même (pour quelques unes d’entre elles) utiles à la réflexion. Mais elles existent, sans que je me sente obligé de les voir ou de les acclamer, et elles ne me semblent pas autoriser le meurtre de qui les montre ou de qui les dessine. A défaut de toutes les apprécier, je considère qu’il ne me revient pas de les dénoncer ou de les effacer : mais l’esprit critique peut s’appliquer à elles comme à toute production intellectuelle, et cela fait partie, dans une société apaisée (celle qu’il faut souhaiter et à laquelle il faut travailler), de la « disputatio », de cette liberté d’expression et de formulation que notre République contemporaine n’est pourtant pas la dernière à maltraiter, de plus en plus aidée (voire précédée en cela) par les plateformes numériques de communication et de loisirs. Et les mœurs anglo-saxonnes qui s’imposent sous le nom de « décolonialisme » ou de « culture de l’effacement » peuvent légitimement nous inquiéter dans sa logique d’interdits multiples pour des raisons raciales, communautaristes ou sociétales… Les cris d’orfraie contre Zemmour, Dieudonné, ou Agacinski (entre autres), ou les attaques contre Colbert, Bigeard (à Dreux la semaine dernière), ou Napoléon (que, personnellement, je n’aime guère, en bon héritier des chouans de Bretagne que je revendique d’être), m’agacent toutes à divers degrés. Cela ne signifie pas que je ne combats pas certains de ceux que j’évoque ici, mais que, quoiqu’ils puissent dire ou faire (ou avoir commis), je souhaite qu’ils puissent, pour les vivants, s’exprimer librement et, pour les défunts, être étudiés et, éventuellement, honorés au regard des contextes historiques et non d’idéologies du moment, destinées elles-mêmes, un jour, à être remises en cause, voire totalement invalidées.

    Mais les dernières années ont marqué un net recul de la liberté d’expression et la montée d’une autocensure qui touche tous les secteurs, toutes les administrations, toutes les sphères de l’éducation et de la formation intellectuelle. La peur… En fait, notre histoire nationale nous explique que, justement, la période de la Première République fut aussi, en quelques mois sombres, celle de la Terreur (avec un T majuscule) et qu’elle a donné le qualificatif de « terroristes » à ceux qui l’avaient dirigée autant que prônée : Robespierre et Saint-Just la justifièrent comme le moyen d’en finir avec les résistances « du passé » dont, d’ailleurs, il fallait faire « table rase »… Que de têtes alors tranchées, légalement, sous le fer de la Louison, surnom charmant donné à la guillotine, quand d’autres terminaient au bout des piques sans-culottes, et cela avait commencé dès le 14 juillet 1789 avec celles du gouverneur de la Bastille et de quelques uns de ses défenseurs. Mais, en 1793, ce n’est plus l’émeute qui tranche les têtes, c’est la République qui les jette en défi à l’Europe entière (comme celle de la reine Marie-Antoinette, un certain… 16 octobre, macabre coïncidence dans laquelle Léon Daudet aurait sans doute vu un sinistre « intersigne ») et qui terrifie la population française pour imposer son règne et sa « régénération » républicaine qui se veut, aussi, anthropique. C’est le même processus qui est à l’œuvre aujourd’hui à travers les actes sanguinaires commis, non pour convertir, mais pour décourager les résistances à l’idéologie des assassins. Et, malheureusement, cela marche, d’une certaine manière !

    Une des preuves de la réussite idéologique des islamistes est le renversement de perspective qu’il entraîne, comme le souligne l’essayiste Caroline Fourest dans le dernier numéro de l’hebdomadaire Marianne : « Un critique littéraire a osé tweeter, au lendemain de l’attentat, qu’il y aurait « des morts atroces » tant qu’on défendra le droit de blasphémer (…). On hésite entre vomir et pleurer. Ce sont les tueurs qui provoquent ces morts, pas l’usage de nos libertés. Faire passer les victimes pour les bourreaux, voilà ce qui encourage les bourreaux à recommencer. Rien n’est plus vital, plus urgent, que remettre la pensée à l’endroit. » Je n’aime pas ce que l’on nomme le blasphème, et j’accorde une grande importance au respect du sacré, tout en considérant que les crachats sur le visage du Christ, le Christ lui-même les a acceptés, non par masochisme mais parce qu’ils étaient une épreuve qu’il se devait, au regard de ce qu’il était et de sa mission, de supporter. Je comprends que tous les croyants, de quelque religion qu’ils soient, n’aient pas forcément la même patience mais je ne leur reconnais aucunement le droit de tuer au nom de Dieu, car, là, est à mon sens le vrai blasphème. Puisque « si Dieu donne la vie, qui es-tu, toi, pour la reprendre en Son nom ? » Bien sûr, je parle aussi en croyant, catholique pour mon cas, au-delà de ma fonction professorale elle-même. Et l’État, lui, se doit de parler, non pas au nom des croyants, mais au nom des sujets/acteurs du droit que sont les membres de la Cité, au sens grec du terme.

     L’islamisme se nourrit aussi de la difficulté de la Société de consommation à fonder « un idéal de l’être », celle-ci se contentant, en fait, d’être « le triomphe de l’avoir » sans beaucoup de conscience. Ce qui manque au matérialisme contemporain, l’islamisme semble le proposer ou l’offrir aux « âmes insatisfaites », même s’il s’agit d’un leurre qui se pare des aspects ou des atours du spirituel pour mieux capter ceux que, trop souvent, notre mode de vie fascine et révulse tout à la fois, celui-ci (malgré ses objets et son temps libre, mais marchand) ne parvenant pas à combler ce besoin de croire qui, qu’on le veuille ou non, est consubstantiel à l’être humain, « être politique tout autant que religieux » comme le pressentait André Malraux. L’islamisme ne sera pas vaincu par la Consommation, contrairement à ce que l’on pouvait, parfois, espérer, mais par ce supplément d’âme qui permet de nous émerveiller devant un simple coucher de soleil ou devant les pierres de notre passé, mémoire des ancêtres élevée vers le Ciel, mais aussi devant l’enfant qui naît, éternel renouvellement de la vie et de la civilisation…

     

    (à suivre)

    Source : https://jpchauvin.typepad.fr/

  • Éphéméride du 12 août

    Cathédrale Notre-Dame de Reims, l'Ange au sourire, du groupe de la Visitation, du portail central...

     

     

     

     

     

    1271 : Couronnement de Philippe III, le Hardi  

     

    Comme Louis XIII, fils de Henri IV et père de Louis XIV, Philippe III est parfois négligé, entre son père Saint Louis et son fils Philippe le Bel, tant leurs deux règnes sont importants.

    Pourtant, comme celui de Louis XIII, le règne de Philippe III fut très loin d'être négligeable. Le Poitou, l'Auvergne et le Comté de Toulouse viennent agrandir le royaume, qui se développe et s'enrichit fortement.

    Les mentalités évoluent, et l'optimisme est général : c'est l'explosion du beau XIIIème siècle.

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    Enluminure des Grandes chroniques de France
     

    I. Le sourire du "beau XIIIème siècle"

     

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    "Ange au sourire", cathédrale de Reims
     
     

    Au cours de la soixantaine d'années qui sépare le début du règne de Louis VIII de la fin de celui de Philippe III, le visage de la France s'est profondément modifié.

    Progrès de la circulation des hommes et des biens, développement du commerce et de la prospérité marchande, épanouissement urbain, tels sont les principaux aspects de la période. Les gens s'accoutument à vivre mieux.

    Dans des maisons plus confortables, dotées d'une cheminée bâtie, les premiers meubles font leur entrée. Comme les greniers sont pleins et qu'on ne redoute pas la famine, on fait davantage attention à la qualité de l'alimentation : le vin, la viande, le poisson et les épices, achetés dans les foires, sont consommés plus fréquemment. L'habillement fait l'objet de soins attentifs : on recherche les tissus lourds aux couleurs chaudes ou violentes, on fait preuve d'élégance dans l'arrangement du costume.

    Les villes, dont la population ne cesse de croître et qui s'entourent de murailles les séparant du "plat pays" voisin, sont le lieu des transformations les plus spectaculaires. Comme la consommation de biens s'est accrue et que les acheteurs sont plus nombreux et plus riches, certaines professions comme les drapiers et les marchands d'eau à Paris se sont renforcées et ont pris une importance nouvelle; dans toutes les villes, les artisans spécialisés dans la fabrication d'un même produit se regroupent et s'unissent dans le cadre des Corporations.

    Disposant de revenus incomparablement plus élevés que ceux des artisans, les riches bourgeois, qui ont fait fortune dans le commerce des produits de luxe, se font construire des "hôtels" en pierre dans le centre des villes. Cultivés et ambitieux, ils consacrent une partie de leur temps et de leurs revenus aux affaires de la communauté urbaine. Ils y accaparent le plus souvent les fonctions municipales : maire, échevin, consul...

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    Il y a dans la civilisation française du XIIIème siècle quelque chose d'épanoui, à la fois de souriant et de fort, qui est le signe d'une grande époque. Les façades et les chapiteaux, que les artistes romans avaient peuplés de bêtes et de monstres inquiétants, sont désormais éclairés par les visages rayonnants d'anges (voir, plus haut, l'Ange au sourire...) ou de Christs.

    Dans les oratoires, comme la Sainte-Chapelle, ou dans les vastes cathédrales, comme Reims (ci dessus) ou Notre-Dame, partout l'élégance s'allie à la puissance de la conception, au jaillissement de l'élan créateur.

    Il émane de ces architectures fortes une plénitude sereine, symbolisant l'accord trouvé entre l'intelligence et la sensibilité, entre le divin et les choses de la terre. 

     

     

    II. De Jacques Bainville, Histoire de France, chapitre V: Pendant 340 ans, l'honorable famille capétienne règne de père en fils :

      

    "...À sa mort (1270) (de saint Louis, père de Philippe III, ndlr), il y a près de trois cents ans que règnent les Capétiens. Les progrès sont considérables, et le plus sensible, c'est que l'État français, dont les traits principaux sont fixés, a pris figure au-dehors. Il est sorti victorieux de sa lutte avec les Plantagenêts, la menace allemande a été conjurée et maintenant l'Angleterre et l'Allemagne sont en pleine révolution. Saint Louis, en, mourant, laissait à son fils (ci dessous), avec des "enseignements" dignes de lui, une situation excellente, mais qui allait comporter des développements imprévus.

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    Ce qui fait la complexité de l'histoire, c'est que les événements sortent sans fin les uns des autres. La dernière croisade de Louis IX, en coûtant la vie à plusieurs princes et princesses, ouvrait des héritages à son successeur Philippe III. La monarchie, depuis Louis VIII, appliquait un système qui avait ses avantages et ses inconvénients. Quand des provinces étaient nouvellement réunies, elles étaient données en apanage à des princes capétiens afin de dédommager les fils puînés et d'éviter les jalousies et les drames de famille où s'était abîmée la dynastie des Plantagenêts. On pensait que cette mesure transitoire aurait en outre l'avantage de ménager le particularisme des populations, de les accoutumer à l'administration royale, tout en formant autour du royaume proprement dit des principautés confédérées, destinées tôt ou tard à faire retour à la couronne à défaut d'héritiers mâles. Ce calcul ne fut juste qu'en partie, ce qui arrive souvent en politique : quelques-uns des apanagés, en petit nombre d'ailleurs, furent ingrats et indociles.

    Toutefois le fils de saint Louis recueillit tout de suite plusieurs héritages, dont celui de Toulouse. Mais le comte de Toulouse avait des vassaux qui refusèrent de reconnaître la suzeraineté du roi de France. Ils appelèrent le roi d'Aragon à leur aide. Philippe III, qui gagna à ces campagnes le nom de Hardi, fut obligé de défendre la frontière des Pyrénées. L'Espagne entrait dans nos préoccupations politiques.

    À peu de temps de là, ce fut la succession de Navarre qui mêla le roi de France aux affaires espagnoles. Nos frontières méridionales ne pouvaient être atteintes sans conflit avec l'Aragon et la Castille.

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    En même temps, Philippe III était attiré en Italie par d'autres circonstances. Nous avons déjà vu que Charles d'Anjou était devenu roi de Naples et de Sicile. Le frère de saint Louis avait été appelé par un pape français désireux de mettre fin en Italie à l'influence gibeline, c'est-à-dire allemande. Charles d'Anjou avait accepté, après de longues hésitations de Louis IX, et son succès fut complet. Pour en finir avec les intrigues allemandes, il fit condamner à mort le jeune Conradin, l'héritier des Hohenstaufen, dont les Allemands, six cents ans plus tard, au dire d'Henri Heine, ne nous avaient pas encore pardonné l'exécution.

    La révolte des Siciliens restée fameuse sous le nom de Vêpres siciliennes commença la décadence du royaume français de Naples. La France elle-même s'en trouvait atteinte et Philippe III dut venir au secours de son oncle. Le roi d'Aragon s'en mêla et l'on eut ainsi la première image des futures guerres d'Italie avec leurs complications germaniques et espagnoles. Pour être tranquille sur les Pyrénées, pour garder la Méditerranée libre, la France se trouvait entraînée trop loin. Il allait falloir se dégager.

    Philippe le Hardi mourut en 1285 au retour d'une deuxième expédition, cette fois en Catalogne. Son fils, Philippe le Bel, n'avait que dix-sept ans, mais il était singulièrement précoce..."

      

     

            III. Philippe III, à l'origine des Mont-joie :

     

    Sept Monts-joie, répartis le long de la route de Notre-Dame de Paris à la Basilique de Saint-Denis, furent élevés aux endroits où Philippe III le Hardi, portant le corps de son père Louis IX - bientôt saint Louis... - le 12 mai 1271, arrêta le convoi pour se reposer.

    Par la suite, tous les cortèges funèbres royaux s'arrêtèrent traditionnellement aux Monts-joie de Saint-Denis. Ce monument (ci dessous) passe pour être une mont-joie, mais il correspond probablement au pinacle d'une culée de l'église abbatiale.

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    On appelait autrefois Mont-Joye un monceau de pierres entassées pour marquer les chemins; la coutume des pèlerins était de faire des Mont-Joyes de monceaux de pierres, sur lesquels ils plantaient des croix, aussitôt qu'ils découvraient le lieu de dévotion où ils allaient en pèlerinage :
     
    Constituunt acervurn lapidum, et ponunt cruces, et dicitur Mons gaudii.
    La même chose est attestée des pèlerins de Saint-Jacques en Galice : Lapidum songeries … Galli Mont-Joyes vocant.

     

    Ce nom de Montjoies fut donné aux sept croix élevées au bord de la route de Paris à Saint-Denis sous le règne de Philippe III (1270 à 1285) : petits monuments gothiques, elles furent démolies comme “signes de la religion et de la royauté” en 1793. Cette gravure anonyme à l’eau-forte de la fin du 17ème siècle (ci-dessous) en restitue l’aspect : hexagonales, trois niches aveugles sur la plaine, trois niches avec trois grandes statues de rois orientés vers la route :

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    1527 : Mort de Semblançay

     

    Jacques de Beaune, baron de Semblançay, Surintendant des finances de François Premier, est pendu à Montfaucon.

    Son supplice, et la fermeté d'âme qu'il manifesta, ont inspiré à Clément Marot son célébrissime épigramme :

     

    Lorsque Maillart, juge d'Enfer, menoit

    À Monfaulcon Samblançay l'âme rendre,

    À votre advis lequel des deux tenoit

    Meilleur maintien ? Pour vous le faire entendre,

    Maillart sembloit homme qui mort va prendre

    Et Semblençay fut si ferme vieillart

    Que l'on cuydoit, pour vray, qu'il menast pendre

  • L'aventure France en feuilleton : Aujourd'hui (159), Le martyre de la cathédrale de Reims...

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    Illustration : emplacement des cinq batteries allemandes bombardant la cathédrale : Forts de Brimont et de Fresnes, villages de Vitry-lès-Reims et de Berru, Fort de la Pompelle...

     

    18 septembre 1914, "...vers huit heures quinze..." : début du martyre de la cathédrale de Reims.

    1. De Jacques Bainville, Journal (Inédit, 1914, page 94) :


    "...En s'acharnant contre la cathédrale de Reims, les Allemands savent bien ce qu'ils font. Nul peuple n'a plus qu'eux l'esprit historique et le sens de la symbolique historique. Détruire la cathédrale où étaient sacrés les rois de France, c'est une manifestation de même nature que la proclamation de l'Empire allemand dans le palais de Louis XIV à Versailles..."

    2. D'Anatole France (La Guerre Sociale, 22 septembre 1914) :


    "Les barbares ont incendié, en invoquant le dieu des chrétiens, un des plus magnifiques monuments de la chrétienté. Ils se sont ainsi couverts d’une infamie immortelle, et le nom allemand est devenu exécrable à tout l’univers pensant. Qui donc, sous le ciel, peut douter maintenant qu’ils sont les barbares et que nous combattons pour l’humanité ?..."

     

    3. De la revue "L'Illustration", numéro 3.734, 26 septembre 1914 : Bombardement de la Cathédrale de Reims, par E. Ashmead Bartlett - Récit d'un Témoin : Un des Plus Grands Crimes de l'Histoire

    Un journaliste anglais bien connu, M. E. Ashmead Bartlett, correspondant de guerre du Daily Telegraph, et trois de ses confrères américains, Richard Harding Davis, écrivain réputé, le capitaine Granville Fortescue, ancien officier de l'armée des Etats-Unis, et M. W. Gerald Dare Morgan, - ont assisté au bombardement de la cathédrale de Reims par l'artillerie allemande et à l'incendie suivi de destruction partielle qui en a été la conséquence.

    Ils ont rapporté à L'Illustration une série de photographies prises à la première heure, quand les vénérables pierres gothiques étaient encore chaudes, et M. E. Ashmead Bartlett, qui fut déjà plusieurs fois pour nous un précieux collaborateur, a résumé ici, pour nos lecteurs, son témoignage et ses impressions :

    Voici huit jours, Notre-Dame de Reims était l'une des plus fameuses et des plus belles cathédrales du monde. Avec ses innombrables sculptures, dont l'abondance n'étouffait pas, cependant, la grandeur des lignes architecturales, la façade occidentale était une merveille unique, et l'on pouvait en dire autant des sculptures qui ornaient les parois intérieures de cette même façade. Les vitraux si admirés des touristes, et principalement ceux de la grande rose de l'Ouest, entre les deux tours, où souriait, au milieu d'une cour d'anges, de rois et de patriarches, la Vierge, patronne de la basilique, comptaient parmi les plus anciens dans les églises de France.
    En ce moment, il ne demeure de cette merveille que le gros œuvre de pierre, les murailles audacieuses et la voûte qui abrite l'église. De l'admirable fouillis de statues qui animaient l'extérieur de la tour du Nord-Ouest, subsistent seulement des tronçons, des fragments; et si quelques-unes des sculptures ont échappé à la destruction, elles ont été à ce point endommagées par l'incendie qu'elles ne sont plus réparables.

    Parmi celles qui ornaient la tour du Sud-Ouest, on en distingue beaucoup qui sont sorties presque indemnes du désastre; mais d'autres se sont écroulées ou sont gravement endommagées. Quant aux belles images qui encadraient les portes, à l'intérieur de la basilique, il n'en reste qu'un amas de pierres calcinées.


    Dans le chœur, les stalles et autres boiseries, y compris la chaire du cardinal, ont été consumées. Sur les bas-côtés, les vitraux des fenêtres supérieures et inférieures ont été presque complètement ravagés; les verrières de ces chefs-d'œuvre, dont plusieurs dataient du treizième siècle, gisent sur le sol à l'état de menus fragments. Tout en respectant son cadre de pierre, la chaleur de l'incendie a endommagé sérieusement la célèbre rosace. Les toits de pierre des bas-côtés sont entièrement détruits. Enfin, des contreforts ont beaucoup souffert. L'un d'eux, sur le côté Nord-Est, a été brisé net par un obus.


    Telle est, exposée en ses grandes lignes, l'œuvre de destruction accomplie par l'armée d'un empereur qui aimait à s'intituler l'apôtre de la civilisation, et qui n'ouvrait jamais la bouche sans traiter l'Etre suprême comme son associé. La destruction de Reims occupera certainement une place des plus honorables dans l'histoire des grands crimes.

    Une question se pose à l'esprit : comment s'est accompli ce forfait et comment ses auteurs chercheront-ils à le justifier ? Je commencerai par résumer la genèse même de l'acte.
    Le 4 septembre, les Allemands pénétraient dans Reims après un premier bombardement qui avait détruit de nombreuses maisons et tué soixante habitants. Cet acte de rigueur provenait d'un malentendu : deux parlementaires allemands, chargés de négocier la reddition de la ville, n'étaient pas revenus en temps voulu. Toutefois, la cathédrale avait été épargnée.
    Le 12 septembre, durant la nuit, les troupes françaises reprirent possession de la ville. Le lendemain, elles installèrent un projecteur sur la basilique, mais l'enlevèrent presque aussitôt, après que les deux états-majors eurent convenu qu'elle ne servirait d'aucune façon aux opérations militaires. Le 37, les batteries allemandes placées près de Nogent-l'Abbesse commencèrent à bombarder Reims, et, les obus tombant dans les quartiers voisins de la cathédrale, on se prit à penser que leurs pointeurs l'avaient prise pour cible. De nombreux habitants furent tués; cependant, l'édifice ne fut que légèrement endommagé. Pour en assurer la protection, on transporta à l'intérieur 63 blessés allemands, qui furent installés sur des couches de paille dans la nef; des drapeaux de la Croix-Rouge furent arborés sur chaque tour. En outre, ces dispositions furent portées à la connaissance du commandant ennemi.
    Néanmoins, le bombardement recommença le 18, vers 8 h. 15. Cette fois, la cathédrale fut atteinte par d'énormes obus de 220, qui endommagèrent gravement les sculptures extérieures et les fenêtres inférieures du transept principal. Les verrières, datant des treizième et quatorzième siècles, volèrent en éclats. Un obus brisa une gargouille dont les débris, pénétrant par une fenêtre, tuèrent un gendarme français, en blessèrent un autre, et achevèrent deux des prisonniers blessés.
    Quand je pénétrai, l'après-midi de ce même jour, dans la cathédrale, la tristesse et la désolation de la scène m'impressionnèrent. En travers du portail gisait un vieux mendiant qui, depuis bien des années, implorait à cette même place la charité des fidèles; comme indifférent à l'effroyable drame qui se déroulait autour de lui, il était demeuré là, à demi enseveli sous les éclats de pierre et de verre, mais attendant toujours l'aumône. Le sol était couvert de débris informes; sur un tas de gravats, brillait un lustre dont la chaîne avait été coupée par un éclat d'obus. Vers le fond, les blessés allemands se blottissaient derrière les énormes piliers pour échapper à la pluie de projectiles. Une flaque de sang précisait l'endroit où le pauvre gendarme avait trouvé la mort, et, tout près, deux cadavres d'Allemands étaient étendus sur la paille. Chaque fois qu'un obus éclatait dehors, les prisonniers frissonnaient de peur, sous la pluie de débris qui tombaient du toit ou des fenêtres.
    Cette journée de vendredi s'était terminée sur un furieux combat d'artillerie. Mais, le lendemain, il parut que les Allemands étaient soudain en proie à une de ces fièvres de vandalisme qui avaient transformé Louvain en un monceau de décombres. Durant toute la matinée, leur tir s'acharna sur la cathédrale. Ce fut alors que souffrit principalement le côté Sud, près duquel sont situés le palais de l'archevêque et la fameuse salle du Tau, où avait lieu, lors du sacre des rois de France, le festin royal. Ces édifices furent complètement détruits. Plusieurs obus atteignirent la cathédrale; s'ils n'entamèrent pas les murailles, ils en détachèrent d'énormes fragments de maçonnerie. Un projectile s'abattit sur l'encoignure Nord-Est, brisant un contrefort et incendiant les poutres du toit. On peut s'étonner que ce monstrueux obus n'ait pas détruit l'édifice de fond en comble. La raison en est qu'il avait été tiré à une distance de 11 kilomètres et sous un grand angle; la force de pénétration des projectiles ainsi lancés était très réduite au moment où ils atteignaient leur but; ils arrivaient là morts, pour ainsi dire, dangereux seulement par leur explosion.
    Pendant ce bombardement, les blessés allemands étaient devenus fous de peur. Les plus valides se traînaient sur les marches des escaliers pour se réfugier dans les tours.
    Nous abordons maintenant la grande tragédie, celle dont les résultats allaient être irrémédiables. Depuis mai 1913, la tour du Nord-Ouest était en réparation, et des échafaudages l'escaladaient presque jusqu'à son sommet. Vers 4 heures, samedi soir, ces charpentes prirent feu. D'après M. l'abbé Chinot, qui se trouvait alors dans l'intérieur avec l'archevêque, le cardinal Luçon, qui, de retour du Conclave, avait regagné Reims sitôt qu'il l'avait pu, un obus serait tombé en plein sur le haut de l'échafaudage. L'incendie qui éclata instantanément aurait pu être éteint; malheureusement, le poste de pompiers le plus proche avait été détruit par un obus. Les flammes se répandirent dans le fouillis de poutres avec une rapidité incroyable; en quelques minutes, elles l'enveloppèrent d'une nappe de feu et gagnèrent les fermes de chêne des toits, qui s'enflammèrent comme des allumettes. La scène présenta un aspect d'une horreur sublime.
    A l'intérieur, le spectacle était peut-être encore plus impressionnant. Affolés, les Allemands cherchaient une issue; mais le plomb fondu qui tombait de la toiture avait incendié la paille. L'archevêque et l'abbé Chinot montrèrent le chemin aux plus valides et entraînèrent les autres vers la porte du Nord. Là, s'était rassemblée une foule qu'exaspérait l'œuvre de destruction, et les deux ecclésiastiques eurent fort à faire pour sauver la vie des prisonniers. La plupart purent être transportés dans une imprimerie voisine; mais d'autres, qui tentaient de se réfugier dans le palais de l'archevêque, furent surpris par les flammes, quelques-uns même furent assaillis par la foule indignée. On estima le nombre de ceux qui périrent à une douzaine, y compris un officier. Les autres durent leur salut au noble dévouement du cardinal et de l'abbé Chinot.
    C'est en compagnie de ce courageux prêtre que, dimanche après-midi, je pus examiner les ruines et constater l'immensité du désastre. En maints endroits, la pierre est à ce point calcinée qu'on peut, sans effort, en détacher de gros fragments. Dans la tour du Nord, une batterie de grandes cloches a complètement fondu, tandis qu'une batterie supérieure est restée intacte.
    La structure de la cathédrale n'a pas trop souffert, et je ne crois pas qu'il y ait à redouter la chute de la voûte de pierre. Certes, ce n'est pas la faute du kaiser si les murailles ne se sont pas écroulées; nous n'en rendrons grâce qu'à la distance qui séparait ses canons de cette merveille historique. Un fait certain, c'est que l'aire de destruction dans la cité rémoise s'étend autour de la cathédrale dans un rayon de 500 mètres au Nord-Est et au Sud-Ouest, et un rayon à peine moindre à l'Est et à l'Ouest. Il apparaît évident que tous les obus tombés dans cet espace étaient tirés sur la cathédrale, la seule cible que pouvaient distinguer nettement les artilleurs allemands.
    Les Vandales modernes ne peuvent apporter à leur acte ni justification ni excuse. Regrettons que l'arsenal des lois humaines n'ait pas prévu un châtiment proportionné à un tel crime. A peine pouvons-nous souhaiter que le Gilded Hun, le « Hun doré », comme nous disons en Angleterre, sente un jour s'éveiller ses remords, sous l'exécration du monde civilisé.

    E. Ashmead Bartlett

     

    Pour retrouver l'intégralité du feuilleton, cliquez sur le lien suivant : L'aventure France racontée par les Cartes...

     

    lafautearousseau

  • Éphéméride du 18 novembre

    1927 : Création de la Coupe du monde de football

     

     

     

     

    1548 : Le Parlement de Paris interdit la représentation des Mystères 

         

    L'évènement aura une grande conséquence car, en disparaissant, ils vont tout simplement céder toute la place... au Théâtre !

    Les Mystères représentaient généralement la Passion du Christ, ou un épisode de l'Histoire Sainte, en se nourrissant également de légendes et d'histoires populaires. Ils étaient écrits pour plusieurs dizaines, voire plusieurs centaines de personnes qu'ils mettaient en scène.

    Le document le plus irréfutable sur les Mystères, c'est la fameuse peinture de Jean Fouquet (ci dessous), une miniature, reproduisant une représentation du "Mystère de Sainte-Apolline" (vers 1450) d'Andrien de la Vigne. La scène se passe, en 249, à Alexandrie où la Sainte fut brûlée vive après avoir été torturée. 

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    Un "procès-verbal" de l'époque, compte-rendu de l'auteur-metteur en scène De la Vigne, corrobore ce que montre l'oeuvre de Fouquet.
    On peut y lire :

    "MJ = le Meneur de Jeu (l'auteur, ndlr), le livre de conduite et la baguette à la main, dirige la séance, soufflant leur texte aux uns, faisant respecter la mise en scène aux autres... L'aire de jeu, le hourt est ici terre battue. Ligotée sur une planche, Sainte Apolline est torturée par quatre bourreaux : 2 lui serrent les chevilles, un autre lui tire les cheveux. Le bourreau B lui arrache les dents avec une longue pince. A gauche, le Fou F s'est déculotté, en signe de dérision. Au fond, les échafauds en demi-cercle. Au "Premier Etage" : des loges dont seulement deux sont des mansions : le Ciel, l'Enfer (dont la Gueule d'Enfer occupe le rez-de-chaussée). Les autres loges sont occupées par le public, sauf une contenant les musiciens. La loge L est un "estal" ou "lieu". Le personnage, ici désigné par R, est sans doute le Roi. Puisqu'il joue, son fauteuil, entouré de public, est vide..."

     

     

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    1659 : Première des "Précieuses Ridicules"

     

    La comédie est représentée sur la scène du Théâtre du Petit-Bourbon, à Paris.

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    1686 : Louis XIV subit avec succès une opération délicate...
     

    Depuis le 15 janvier de la même année, le roi souffrait - de plus en plus... - d'une affection tout à fait bénigne, au départ, et qui, si elle avait été traitée correctement dès le début, n'aurait eu aucune suite : s'étant assis, dans son carrosse, sur un coussin qu'un bout de plume avait transpercé, le roi fut piqué par ce morceau de plume. Personne ne s'en émut, parmi ses chirurgiens, et lui-même, sur le coup, n'y porta pas attention.

    La douleur persistante augmentant régulièrement, on vit bien le roi malade (certains le crurent même mourant à un moment) et l'on se résolut enfin à l'opérer : ce fut son chirurgien, Charles-François Félix de Tassy, qui fut chargé de l'opération, qui s'acheva finalement, malgré quelques petites complications, par un succès total :

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    Des prières furent évidemment dites dans tout le royaume, et les Dames de Saint- Cyr (création de Mme de Maintenon) décidèrent de composer un cantique pour célébrer la guérison du roi, une fois l'opération terminée.

    La supérieure, Mme de Brinon (nièce de Mme de Maintenon) écrivit alors les vers suivant, qu’elle demanda à Lully de mettre en musique :

     

    "Grand Dieu sauve le roi !
    Longs jours à notre roi !
    Vive le roi. A lui victoire,
    Bonheur et gloire !
    Qu’il ait un règne heureux
    Et l’appui des cieux !"

     

    Les Demoiselles de Saint Cyr prirent l’habitude de chanter ce petit cantique de circonstance chaque fois que le roi venait visiter leur école.
    En 1714, Haendel, de passage à Versailles, entendit ce cantique; il le trouva si beau qu’il en nota aussitôt les paroles et la musique, puis, de retour à Londres, il demanda à un homme d'Église, Carrey, de lui traduire le petit couplet de Mme de Brinon.

    Le prêtre composa alors le God save the King (le roi étant un homme, à l'époque : Georges 1er; lorsque "le roi" est... une reine, on change évidemment "king" par "queen")


    "God save our gracious King,
    God save the King!
    Send him victorious
    Happy and glorious
    Long to reign over us,
    God save the King !"

     

     

    18 novembre,moliere,les precieuses ridicules,ledoux,arc et senans,proustHaendel offrit  au roi, comme s'il s'agissait d'une œuvre venant de lui, le court cantique des Demoiselles de Saint -Cyr. Et George 1er déclara que, dorénavant, le God save the King serait exécuté lors des cérémonies officielles.

    À noter, toutefois, que cet air n'est pas, stricto sensu, l'hymne officiel anglais, puisqu'il n'y  a pas d'hymne officiel anglais (pas plus, par exemple, que de Carte d'identité) : le God save the King n'est que l'hymne personnel, pourrait-on dire, de la famille royale britannique, même si, de facto, il joue bien ce rôle d'hymne national...

    Les Anglais peuvent dire merci à Lully !...

     
     
     
     Et, pour en revenir à l'opération elle-même :
     
     
     
     
     

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    1750 : Naissance de Guillaume-Alexandre Tronson du Coudray
     
     
    Avocat brillant et réputé, il demanda, sans pouvoir l'obtenir, l'honneur de défendre Louis XVI. Mais il défendit avec vigueur la reine Marie-Antoinette et un grand nombre de victimes de la fureur révolutionnaire : son éloquence fut telle, lors du pseudo-procès de la Reine, qu'il fut arrêté en pleine séance, ainsi que l'autre défenseur de Marie-Antoinette, Chauveau-Lagarde...
     
    "Les .deux avocats ont plaidé avec autant de zèle que d'éloquence" : ce sont les termes même du Bulletin du tribunal révolutionnaire...
     
    Emprisonné sous la Terreur, libéré, il fut élu député au Conseil des Anciens en 1795, et en devint même secrétaire. Arrêté après le Coup d'État du 18 fructidor an V pour soupçon de sympathie royaliste, et pour s’être opposé au Directoire, il fut envoyé en Guyane - appelée la guillotine sèche - où il mourut après un an de déportation, à Sinnamary.
     

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    1793 : La Convention condamne un chien à mort...
     

    On savait qu'elle n'avait pas besoin de savants (voir Lavoisier...), ni de rhinocéros (voir l'hippopotame de Louis XV tué par un révolutionnaire dans la Ménagerie de Versailles); pas de pitié non plus pour les chiens, comme en témoigne le cas de celui d'un pauvre invalide, nommé Prix, qui vivait rue Saint Nicaise, à Paris...

    Prix fut accusé de "manœuvres contre-révolutionnaires" et condamné à mort le 17 novembre 1793 (28 brumaire an II), ce qui peut encore se comprendre. Mais ce pauvre invalide vivait avec un chien, qui fut accusé de partager les opinions "réactionnaires" de son maître, car il aboyait de façon hostile à l’approche des "habits bleus" des soldats de la République. Voyant son maître mal-traité, il ne faisait que remplir son rôle de protecteur, mais la Raison, en cette époque, menait souvent à... la déraison, et même la plus grande !

    Tant et si bien que le chien fut, lui aussi, condamné à mort !

    Un chien royaliste ? Une autre victime collatérale de la Révolution, en, tout cas, comme le pauvre hippopotame de Louis XV, de la Ménagerie de Versailles ...

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    Savant, hippopotame, chien... pendant la Terreur, rien ne leur échappait ! 

               

    Bainville disait que la seule chose qui rendait supportable le récit des faits révolutionnaire était qu'on pouvait dire à chaque gredin, "toi non plus, tu n'en as plus pour longtemps"...

    Lire les archives nationales qui conservent le dossier du Tribunal révolutionnaire traitant de cette affaire, permet aussi de passer un bon moment, en lisant le procès-verbal de "l'affaire" du chien de Prix : on connaît le proverbe qui dit Mieux vaut entendre cela que d'être sourd; on pourrait l'adapter, en la circonstance: mieux vaut lire "ça" que d'être aveugle !...

    À l'époque, c'était la Guillotine et la Terreur qui tuaient, pas le ridicule !...

    "Au nom de la Loi, Aujourd’hui vingt-huit brumaire, l’an deuxième de la République Française une et indivisible. En vertu d’un jugement rendu par le tribunal révolutionnaire établi par la loi du 4 mars, qui condamne le nommé Prix, dit Saint-Prix, portant peine de mort, également par ledit jugement que le chien dudit Saint-Prix serait assommé, que ledit tribunal ayant envoyé les ordres en conséquence au Comité de surveillance de la section des Tuileries. Ledit comité désirant mettre à exécution ledit ordre, et en vertu de l’arrêté dudit comité, nous nous sommes transportés, nous, Claude-Charles Georges, commissaire dudit comité, accompagné du citoyen Pierre-Louis Hosteaux, inspecteur de police, dans une maison appelée "Le combat du Taureau", tenue par la citoyenne Macquart, où étant nous avons trouvé la citoyenne Macquart, et après lui avoir exhibé l’ordre dont nous sommes porteurs, en l’invitant de nous représenter ledit chien mentionné ci-dessus, à quoi elle s’est soumise, nous avons de suite requis le citoyen Bonneau, sergent de la

  • Chômage : l’erreur du Président, par François Reloujac*

     

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    Grande mesure annoncée pour lutter contre le chômage, la baisse des cotisations familiales, saluée par une partie de la presse, est une fausse bonne idée. Personne, au gouvernement, ne semble savoir comme la financer, sans compter ce qu’elle masque en arrière-fond...

     

    Lorsque le président de la République a présenté ses vœux pour ce début d’année 2014, il a dit vouloir « accélérer » la lutte contre le chômage, ce fléau qui gangrène la société depuis plusieurs décennies. Pour cela, il a paru répondre à une demande incessante des entreprises en annonçant une baisse des charges liées au travail, baisse censée procurer plus de compétitivité. Et il a choisi comme point d’application de cette baisse les cotisations familiales. D’où la question : veut-il vraiment lutter contre le chômage ou porter un nouveau coup à la famille ?

    Depuis plusieurs années, les charges patronales sont désignées à l’opinion publique comme l’une des causes majeures du manque de compétitivité des entreprises françaises. De ce fait, pour les chantres de cette analyse, les entreprises françaises ont du mal à vendre et dès lors ne sont pas incitées à embaucher. Si ces charges baissent, les entreprises produiront moins cher et pourront donc mieux vendre leurs produits. Dès lors elles seront incitées à croître et embaucheront. Les gouvernements successifs, de gauche ou de droite, ont tous admis sans réserve cette analyse dominante dans le monde des économistes mimétiques. Et chaque fois qu’ils ont présenté un plan de lutte contre le chômage dans les années passées, ils ont tous pris des mesures – ponctuelles et passagères – de baisse des charges sociales. Les économistes qui veulent démontrer le bien fondé de leurs travaux ont chiffré les résultats de ces politiques : 100 000 emplois créés par-ci ; 50 000 emplois créés par-là ! Résultats de calculs économétriques et non d’observations concrètes, ces chiffres ont toujours été bien loin des enjeux réels. Mais ils avaient l’avantage de pouvoir être « communiqués » au grand public et d’aller dans le sens des demandes incessantes des chefs d’entreprise. Médiatiquement, ils étaient donc favorables à l’auteur de la mesure… du moins pendant quelques mois : c’est-à-dire le temps que l’on s’aperçoive que la baisse du chômage n’avait été que limitée et temporaire. Il est vrai qu’une légère baisse des seules charges salariales ne peut pas avoir autant d’effet sur les performances des entreprises à l’exportation que pourrait et devrait avoir une baisse de la valeur de l’euro. Une baisse de la valeur de l’euro aurait aussi un effet positif sur les ventes nationales dans la mesure où elle rendrait plus compétitifs les prix des produits français au regard des produits importés. Comme l’explique Gérard Lafay, toute politique de monnaie chère « pénalise les coûts salariaux et facilite la sortie des investissements directs à l’étranger, tout en suscitant abusivement l’importation ». Mais toucher au dogme de « l’euro fort » est interdit. Europe oblige !

     

    Logique, seulement en apparence

    La nouveauté de la mesure projetée par le gouvernement actuel est double : d’une part, François Hollande propose une baisse sans précédent (35 milliards d’euros de charges en moins) ; d’autre part, il cible exclusivement les cotisations familiales. Il avance un argument qui paraît d’une logique implacable et que Les échos du 15 janvier ont présenté ainsi : « Pour le Président, il n’est plus légitime que les ressources de la branche famille proviennent aux deux tiers des cotisations employeurs, alors que les prestations familiales profitent à tous les enfants, que leurs parents soient salariés d’entreprises cotisantes ou non ». Mais cet argument – dont la logique est en fait douteuse (puisque ce sont les enfants qui, demain, consommeront et financeront les retraites) – est-il vraiment celui qui a présidé à la décision ? Trois éléments permettent d’en douter.

    Pour les entreprises de moins de cent salariés, la suppression des cotisations familiales assises sur les salaires n’entraînera aucune baisse sensible du prix de la production. Elle ne favorisera pas plus l’embauche. Tout juste peut-on en espérer une hausse du bénéfice de l’entreprise… et donc de l’impôt sur les sociétés ! Certains députés ont d’ailleurs expressément déclaré qu’ils comptaient dessus pour financer une partie des prestations familiales menacées. C’est bien la preuve qu’ils ne croient pas à l’effet de la mesure sur le niveau de l’emploi.

    Le deuxième élément tient au fait que les cotisations familiales étaient jusqu’à présent revalorisées chaque année en fonction des coûts salariaux, c’est-à-dire en moyenne plus fortement que les prestations soumises à l’évolution du budget de l’Etat tel que votée par le Parlement. Le Figaro du 15 janvier a d’ailleurs explicitement annoncé qu’en indexant les allocations familiales sur les prix, l’état allait pouvoir diminuer son déficit. D’autant plus que, dans ce domaine, il pourra compter sur l’appui de la Commission européenne.

     

    Le problème du financement

    Enfin, troisième élément, François Hollande s’est bien gardé d’expliquer comment il allait désormais financer ces prestations familiales, précisant simplement qu’il n’y aurait pas de « transfert de charges des entreprises vers les ménages », car « ils ne le supporteraient pas ». Mais si ni les personnes morales ni les personnes physiques ne supportent le coût de ces prestations familiales, qui paiera ? Et, si personne ne paie, il y a fort à parier que les prestations vont vite être réduites à peau de chagrin, à l’heure où le président de la République exige que la branche famille de la Caisse nationale des allocations familiales, aujourd’hui en déficit, revienne à l’équilibre en 2017. Cette baisse inéluctable des allocations familiales sera donc une atteinte directe au pouvoir d’achat des familles et, par conséquent, au développement des entreprises qui verront leur marché domestique s’effondrer un peu plus. Il ne pourra en résulter qu’une nouvelle augmentation du nombre des chômeurs. Comme il est hors de question que l’on puisse imputer cette nouvelle dégradation du marché de l’emploi au gouvernement, celui-ci propose aux entreprises un « pacte de responsabilité » qui, pour une fois, porte bien son nom.

    Le seul résultat concret de cette politique sera, demain, le déchirement de la société française : les contribuables ne voudront ou ne pourront pas supporter une augmentation de leurs impôts pour assurer le versement des allocations familiales. Gageons que, dans le nouveau bras de fer qui se profile, les familles ne sortiront pas vainqueur. Quand une telle mesure arrive après la limitation du quotient familial, le bouleversement du régime du congé parental, des mesures qui mettent en cause l’institution du mariage et favorisent les avortements, l’instauration du divorce sans juge et l’obligation d’enseigner « la théorie du genre » à l’école, il ne semble guère douteux que le but officiellement avoué lors de la présentation des vœux présidentiels n’est pas exactement celui qui est véritablement recherché. Il ne s’agit donc pas d’un simple « déni de réalité » comme l’explique cependant fort bien l’ancien président des Associations familiales catholiques, Paul de Viguerie, dans La Croix du 21 janvier. Il s’agit, en fait, d’une volonté de détruire.

    *Analyse économique parue dans le numéro 126 de Politique magazine (février 2014).

  • 16 août 1914 ... La grande guerre des nations !

    Anatole_France,_par_T_A__Steinlein.jpgLe Dr D... qui a quatre galons et qui a l'air d'avoir porté toute sa vie son uniforme de major, soigne à l'hôpital Saint Martin un des premiers blessés de la guerre : un capitaine de cuirassiers, d'une vieille famille parisienne, frère du curé de la Madeleine. Tombé sur le champ de bataille (près de Mézières), il a vu un de ses sous-lieutenants blessés achevé et dépouillé par les soldats allemands. Après ces récits d'horreur, les plus réservés, les plus décents dans leur langage retiennent à peine le cri qui est celui de la rue parisienne depuis quinze jours : "Ah ! les c... ! Ah ! les sales Boches !" Le mot "boches", pour désigner les Allemands, un mot dévié de l'argot, a fait une fortune inouïe en quelques jours.

    Dîner, grave, chez les M... La maîtresse de la maison observe qu'on se fait à l'idée de la guerre. La grosse émotion des premiers jours se calme, et ceux qui ne sont pas partis continuent l'existence : le sang-froid de la nation est admirable... On parle de la Révolte des Anges, le livre inactuel par excellence et qui a paru six semaines avant la guerre...

    Louis C..., avec sa finesse, observe que ce livre est une sorte de comprimé du Paradis perdu de Milton, de la Chute d'un ange de Lamartine, des Questions de Zapata et du Supplément au voyage de Bougainville. L'avenir dira : "Voilà à quoi s'amusait l'un des hommes le plus intelligents de son temps six mois avant la grande guerre des nations !" 

    Si encore, comme Hegel et Goethe au moment d'Iéna, France était indifférent au sort des peuples ! Mais son livre est bourré d'allusions à la politique, d'ironie aux dépens de l'état militaire et du corps des officiers... Son scepticisme, après la guerre, aura besoin d'un sérieux rétablissement sur les poignets. Tout vieux qu'il est, Anatole France est de force à le réussir. Son beau génie latin est toujours vivant. Moins que jamais en ce moment on ne saurait oublier que, comme l'a dit tant de fois Maurras, Anatole France nous aura appris ou réappris à tous à écrire en français. 

     

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  • C'est aussi tout cela (tous ceux-là...) ”la France” : dans les Ephémérides cette semaine...

    Voici ce que vous trouverez cette semaine dans les Ephémérides (et, en permanence : Du passé faisons table rase.pdf )  :

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     Dimanche : 1251 : Dédicace de la cathédrale Saint Maurice de Vienne. 1868 : Naissance de Charles Maurras.

     Lundi : 1581 : Création de la Commune de Martigues. 1671 : Naissance de John Law de Lauriston. 1699 : Mort de Racine. 1745 : Jacques Daviel, chirurgien de peste, réussit la première opération mondiale de la cataracte, à Marseille.

    • Mardi 1370 : Pose de la première pierre de la Bastille. 1794 : Malesherbes guillotiné. 1826 : Jules Dumont d'Urville entame son second tour du monde. 1853 : Naissance de Bertillon. 1915 : Premier emploi des gaz asphixiants par les Allemands durant la Première Guerre mondiale.

    • Mercredi : Vers 305 : Martyre de Saint Georges. 1480 : Consécration de la cathédrale Sainte Cécile d'Albi. 1671 : Suicide de Vatel. 1810 : Naissance d'Eugène Belgrand. 1833 : Frédéric Ozanam fonde les Conférences de Saint Vincent de Paul. 1889 : Mort de Barbey d'Aurevilly. 1918 : Naissance de Maurice Druon. 1932 : Inauguration du Parc des Princes.

    • Jeudi : 1558 : Marie Stuart épouse François II. 1254 : Saint Louis quitte la Terre Sainte pour rentrer en France. 1581 : Naissance de Saint Vincent de Paul. 1617 : Assassinat de Concino Concini.

     Vendredi : 1214 : Naissance du futur Louis IX (Saint Louis). 1507 : Le mot Amérique est employé pour la première fois à Saint Dié. 1566 : Mort de Louise Labé. 1792 : Première exécution au moyen de la Guillotine.

     Samedi : 1248 : Consécration de la Sainte Chapelle. 1842 : Le contre-amiral Du Petit-Thouars prend possession des Îles Marquises.

     

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