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  • Retraites ...

    Par Yves Morel 

    Retraite-800x360.jpgLes leçons de la réforme des retraites par Macron 

    Édouard Philippe a annoncé le gel de la revalorisation des pensions de retraite en 2019. Celles-ci ne seront plus indexées sur l’inflation ; les retraités verront leur pension augmenter de 0,3% seulement, alors que la hausse des prix atteint déjà 2,3%. Leur revenu, déjà rogné par la hausse de la CSG, va donc encore diminuer. Or, on sait que, dans l’immense majorité des cas, il frôle la pauvreté, quand il n’est pas carrément dedans.

    Une réforme des retraites entreprise au détriment des retraités

    Par ailleurs, la réforme des retraites va être mise en chantier. Elle va constituer en l’institution d’une retraite par points de type unique, qui se substituera à tous les systèmes existants et qui fera que chaque euro cotisé « donnera droit » à un point de retraite. Fini, donc le calcul de la retraite sur les six derniers mois de carrière (pour les fonctionnaires) ou les vingt-cinq meilleures années de travail (pour les salariés du privé). Résultat prévisible, selon de nombreux économistes : 90% des salariés atteindront l’âge de la retraite sans pouvoir prétendre à un niveau décent de pension. Un recul social sans précédent. On estime qu’un retraité touchant une pension de 1300 euros va perdre 578 euros annuels, du fait de l’augmentation de la CSG (qui est certainement appelée à se poursuivre) et de la non-indexation des pensions sur la hausse des prix. A cela, il convient d’ajouter les amputations découlant de la suppression de l’abattement fiscal de 10% sur le calcul des revenus imposables, et la suppression de l’avantage accordé à ceux qui ont élevé trois enfants ou plus. Enfin, les pensions complémentaires de retraite risquent bien de diminuer, elles aussi, puisque le système fusionné AGIRC-ARRCO aura la faculté de moduler le niveau des pensions en fonction de la conjoncture.

    Décidément, les retraités ne vont pas connaître des lendemains qui chantent.

    Le choix des forts contre les faibles

    Mais Macron et Philippe assument résolument leur choix, celui – à les en croire – des actifs contre les inactifs (même si les retraités ont travaillé dur pendant plus de quarante ans), du travail productif, de l’investissement « créateur de richesses ». Philippe a déclaré au JDD :

    « Nous assumons une politique de transformation et de maîtrise des dépenses qui privilégie, je le redis, la rémunération de l’activité et qui rompt avec l’augmentation indifférenciée des allocations. C’est par le retour à l’activité et une meilleure rémunération du travail que notre pays sera plus prospère». Donc, tout pour le business, dans le respect de l’orthodoxie budgétaire de Bruxelles. Encourageons les forts et les nantis, pour aller de l’avant, et laissons tomber les passifs, les poussifs, ceux qui se contentent de faire honnêtement leur travail, ceux qui ont le malheur de le perdre (chômeurs) et ceux qui ne peuvent plus travailler (retraités). Vive les winners, à bas les loosers ! »

    Macron est le président des forts, des malins, des délurés, des débrouillards, des futés, des combinards et des bobos, et l’ennemi des inhabiles, des faibles, des fragiles, des distraits, des rêveurs, de ceux qui n’ont pas d’autre ambition que de mener une vie honnête de travail régulier, qui n’ont pas un tempérament d’entrepreneur, qui ne savent pas nager dans le marigot social, qui ne savent pas « s’y prendre », ni « y faire », et qui ont donc besoin d’un filet de sécurité pour ne pas se perdre et connaître la déchéance.

    L’aboutissement social logique d’un monde déshumanisé et individualiste

    Voilà où mène un monde individualiste, déchristianisé, déshumanisé, sans charité, où chacun est seul face aux autres, dans une société qui n’est plus une 590608b6c36188e6718b4615.jpgcommunauté, mais une jungle, dont la seule valeur est l’argent et dont les bourses et les banques sont les temples. Voilà l’aboutissement du grand vent libérateur des sixties et de ce mai 1968, dont Macron s’est fait le laudateur. Il est d’ailleurs révélateur que Daniel Cohn-Bendit, le vieux leader de mai 1968 se sente comme un poisson dans l’eau dans le monde néolibéral d’aujourd’hui, et soit un partisan convaincu de Macron.

    Bientôt, les retraités devront chercher un emploi pour compléter leur maigre pension. Puis, on expliquera qu’il appartient à tout un chacun de se créer lui-même sa propre protection sociale.

    Il y a peu, Macron exprimait son dédain à l’égard d’ « un modèle social qui ne sale plus… et où le summum de la lutte des classes était l’obtention d’une somme modique d’APL ». Son modèle social, à lui, se résume de la façon suivante. On dit aux chômeurs : « créez votre start up ». Vous n’avez pas d’argent : persuadez un banquier de vous accorder un prêt. Vous n’avez pas la fibre d’un chef d’entreprise, ou votre conseiller financier vous refuse un prêt ? Tant pis pour vous. Votre pension de retraite est insuffisante ? Remettez-vous au travail. Laissons tomber ceux qui, n’ayant pas une mentalité d’entrepreneur, se contentent de vouloir un travail et une situation sociale stable. Et préférons les actifs et les « créateurs de richesses » aux retraités.

    L’erreur révolutionnaire et jacobine

    Certes, il convient, ici, d’incriminer le néolibéralisme mondialiste actuel, ce que nous faisons présentement, mais également notre modèle républicain.

    Sous l’Ancien Régime, des corps intermédiaires politiques (municipalités), judiciaires (parlements) et professionnels (corporations) donnaient consistance, souplesse et capacité d’adaptation aux communautés naturelles du royaume, créaient une symbiose entre le pouvoir et la société, et permettait à l’État de remplir ses fonctions régaliennes sans se charger de la responsabilité écrasante de toutes les composantes de la nation. Garant du droit, l’État faisait respecter (définissait, au besoin) les règles de la vie économique et sociale sans se substituer aux agents de celle-ci dans la conduite de leurs affaires. Il existait ainsi un espace social autonome régi par un droit plus coutumier que positif.

    maxresdefault.jpgOr, cet espace disparut sous la Révolution. L’application dogmatique des principes de la souveraineté nationale et de l’égalité de tous devant la loi conduisit à la suppression de ces corps, et institua un face-à-face de l’individu et de l’État. La loi Le Chapelier (14-17 juin 1791) prohiba toutes les formes d’associations que les travailleurs et les employeurs eussent pu créer en vue de défendre « leurs prétendus intérêts communs ». D’une manière générale, la loi ne reconnut que des individus égaux contractant en toute indépendance et seuls responsables de leurs intérêts propres. A ses yeux, les intérêts économiques et professionnels ne pouvaient être que des intérêts individuels. Le champ social se dissolvait dans les deux pôles de l’individu et de l’État. Certes, la situation a bien évolué depuis ce temps. Mais il en est resté quelque chose, une tradition rédhibitoire qui accorde à l’État un rôle essentiel dans le règlement des rapports entre employeurs et salariés, et qui légitime à l’avance son intervention constante et les sollicitations innombrables qui lui sont adressées. Dans son Rapport fait au nom de la commission chargée d’examiner le projet de loi relatif aux coalitions (1864)Emile Ollivier déclare, à propos de la conception que Le Chapelier fit prévaloir 73 ans plus tôt « Nous saisissons à son origine, dans cette théorie exposée par Le Chapelier, l’erreur fondamentale de la Révolution française. De là sont sortis tous les excès de la centralisation, l’extension démesurée des droits sociaux, les exagérations des réformateurs socialistes ; de là procèdent Babeuf, la conception de l’État-providence, le despotisme révolutionnaire sous toutes ses formes ».

    En vain, certains républicains, tels Ferry, puis Gambetta, préconisèrent le règlement ponctuel et pragmatique des problèmes professionnels et sociaux par la libre activité associative et syndicale plutôt que par l’intervention systématique de l’État. Leur conception ne prévalut pas. Les radicaux (Clemenceau) firent ressortir au domaine de compétence des pouvoirs publics le règlement des problèmes sociaux. Grâce à l’adoption, par voie parlementaire, de réformes faisant l’objet d’un programme soumis aux électeurs, les hommes politiques devaient élever la condition matérielle et morale du peuple et engendrer une société égalitaire tenant les promesses de l’idéal de la Révolution. Il est à noter que, dans le camp socialiste, Jaurès fit prévaloir des vues analogues à partir de 1906. Et ce sont elles qui finirent par prévaloir à gauche et chez une majorité de Français.

    Ainsi naquit ce terrible mal français qu’est l’idéologisation et la politisation des questions sociales, et, par voie de conséquence, l’institution d’un pseudo État-providence jacobin, aujourd’hui incapable de remplir sa mission. Et, du coup, toute réforme de notre législation sociale se présente comme un démantèlement de ce dernier et une entreprise de destruction de toute protection des travailleurs, en l’absence de l’existence d’une longue habitude de la pratique de la négociation sociale entre organisations syndicales et patronales dans un esprit dénué d’idées de lutte de classes ou de revanche sociale, et permettant à chacun des partenaires de faire des concessions à l’autre en un souci de défense de l’intérêt commun (celui de l’entreprise et celui de la nation). C’est pourquoi la France échoue, en la matière, là où réussissent (certes difficilement et imparfaitement) des pays où un tel esprit existe, comme les pays scandinaves ou l’Allemagne. Elle échoue parce qu’en 51M2n5qLLML._SX299_BO1,204,203,200_.jpgFrance, la société, c’est l’État, et l’État, c’est la République jacobine avec sa vieille promesse révolutionnaire d’égalité sociale. Cette conception maléfique de l’ordre politique et de la société et de la fusion de l’un et de l’autre a pour conséquence que l’État républicain doit continuer à gérer un système de protection social qui n’en peut plus, qu’il ne peut le réformer qu’en le mutilant ou en le détruisant, et que s’il le fait, il devient, par là même, un pouvoir instaurant délibérément une société inégalitaire, et privilégiant les uns au détriment des autres. Il ne peut se réformer qu’en se niant, en faisant seppuku.

    Voilà à quelle impasse politique et éthique nous a amené notre République, étayée sur le souvenir et les principes de notre grande Révolution, dont nous nous montrons si fiers encore.

    La nécessité de renouer avec l’humain

    La réalisation de la justice sociale dans un esprit communautaire et fraternel compatible avec l’intérêt national ne résidait ni dans un Etat providence jacobin appelé à être condamné par l’ouverture des frontières et la crise économique, ni dans les prétendus effets bénéfiques à long terme d’une politique néolibérale et mondialiste qui favorise les forts et écrase tous les autres (dans le soi-disant intérêt des générations futures, censées tirer parti de ce sacrifice). Elle siégeait dans les corps de métier, les corporations, les associations d’aide et d’entraide, et la pratique d’une négociation inspirée par la solidarité nationale et chrétienne. Cela, nous l’avions sous l’Ancien Régime, et nous l’avons bêtement détruit en 1791. Si nous avions l’intelligence de le retrouver, nous pourrions édifier enfin une politique sociale juste et humaine.   

    Docteur ès-lettres, écrivain, spécialiste de l'histoire de l'enseignement en France, collaborateur de la Nouvelle Revue universelle 
  • La diversité pour les nuls, par Aristide Renou.

    "Il n’existe aucune base solide pour affirmer que la discrimination est la seule raison, ou même la principale raison, pour laquelle la parité statistique n'est pas une réalité - surtout en 2020. La nature humaine étant ce qu'elle est, la discrimination ne disparaitra jamais complètement. Elle a, cependant, été considérablement atténuée au cours des deux dernières générations. Dans de nombreux domaines, elle a été complètement éradiquée, du moins sous sa forme traditionnelle (les « bien-pensants » et les tribunaux autorisent la discrimination, mais uniquement à l'encontre des hommes, des Blancs et des Asiatiques).

    Les entreprises américaines, les universités et les pouvoirs publics à tous les niveaux se sont de plus en plus donnés pour mission de réaliser l’idéal de la diversité - souvent au détriment de la maximisation des profits, de la transmission des connaissances et du service rendu au public.

    Même si, pour les besoins de l'argumentation, nous admettions que la parité statistique est à la fois juste et réalisable, nous ne pourrions pas nous empêcher de remarquer que personne aux Etats-Unis - et surtout pas les communautaristes qui prétendent être les plus engagés dans l'élimination des disparités - ne semble se soucier des disparités qui touchent les Blancs, les hommes ou les hétérosexuels.

    L'écart de rémunération hommes et femmes a reçu plus d'attention que l'assassinat de Kennedy, mais combien de croisades morales ont été lancées pour éradiquer l'écart du point de vue de la mort par homicide, l'écart d'espérance de vie, l'écart concernant la durée des peines de prison, l'écart en matière d'accidents du travail, ou l'un des nombreux autres écarts qui sont au détriment des hommes par rapport aux femmes ? Mis à part Christopher Caldwell dans « The Age of Entitlement », quelqu'un d'autre a-t-il remarqué que les non-blancs ont gagné dix millions d'emplois, alors que les blancs en ont perdu 700 000, au cours d'une période qui correspond à peu près à celle de l'administration Obama ? Et qui parmi nous a entendu parler de la prime aux gays et aux lesbiennes ? Une étude réalisée en 2017 par C.S. Carpenter et S.T. Eppink de l'université Vanderbilt dans le « Southern Economic Journal » a révélé que les homosexuels gagnent beaucoup plus que leurs homologues hétérosexuels. Il est peu probable que nous entendions parler de l'injustice de cette différence dans un avenir proche.

    En effet, malgré tous leurs discours sur la parité, les communautaristes ne considèrent jamais qu’il puisse y avoir trop de femmes, de personnes de couleur et de personnes LGBTQ dans les domaines désirables de l’existence. Inversement, il ne peut jamais y avoir trop d'hommes, de Blancs ou d'hétérosexuels dans les domaines indésirables. Le principe de la parité statistique est, en réalité, utilisé de manière sélective, comme un gourdin pour cogner sur les groupes « oppresseurs ». Le véritable objectif de la politique communautariste s'avère donc être non pas la représentation proportionnelle, mais une plus grande diversité, c'est-à-dire moins de Blancs, moins d'hommes et moins d'hétérosexuels. Car c'est tout ce que signifie le terme « diversité » : moins de personnes appartenant aux mauvais groupes. Combien en moins, cela n’est jamais précisé, mais il est toujours impératif d’en avoir moins qu’aujourd’hui. Au-delà de ça, le terme « diversité » est essentiellement dénué de sens. Il ne nous dit rien sur la composition réelle d'une population ou d'un groupe.

    Chaque année, par exemple, l'Institut pour la Diversité et l'Ethique dans le Sport publie le score racial des ligues sportives professionnelles. Plus il y a de personnes de couleur - quelle que soit leur couleur, du moment qu'elles ne sont pas blanches - plus la note est élevée. Ainsi, la NBA obtient un A+, en dépit du fait qu’il y a moins de 20 % de Blancs dans ses rangs dans un pays qui en compte 60 %. Bien que cela ne soit presque jamais dit explicitement, tout le monde sait que les hommes blancs hétérosexuels ne contribuent en rien à la diversité. En fait, ils la sapent, ce qui conduit au paradoxe suivant : une organisation qui ne comporterait pas d’hommes blancs hétérosexuels serait considérée comme plus diversifiée qu'une organisation comptant quelques hommes blancs hétérosexuels. (Les seules exceptions à cette règle sont les quartiers ou écoles entièrement noirs - en raison du soupçon de racisme que cela fait naitre - à moins que l'école en question ne soit une université historiquement noire).

    La primauté de la diversité sur la parité est encore confirmée par la jubilation à peine contenue avec laquelle les médias et la gauche accueillent la perspective de la transformation démographique imminente de l'Amérique en un pays dit de « majorité-minoritaire ». En 2015, lors d'un déjeuner en l'honneur de la présidente brésilienne Dilma Rousseff, le vice-président Joe Biden a célébré le « flux incessant d'immigration » qui arrive aux États-Unis - en particulier des musulmans, des Africains, des Asiatiques et des Hispaniques. « Cela ne va pas s'arrêter, et nous ne devrions pas vouloir que cela s'arrête », s'est réjoui M. Biden. « En fait, c'est l'une des choses dont nous pouvons être les plus fiers ». Dans son enthousiasme, Joe Biden a avancé la date du point de basculement démographique de près de trois décennies :

    « Les personnes comme moi, qui sont des Caucasiens d'origine européenne, seront pour la première fois, en 2017, une minorité absolue aux États-Unis d'Amérique. Une minorité absolue. Moins de 50 % de la population américaine sera désormais blanche, d'origine européenne. Ce n'est pas une mauvaise chose. C'est une des sources de notre force. »

    Cette tendance démographique - ce qu'on a appelé « le brunissement de l'Amérique » - est présentée à la majorité blanche de l'Amérique comme une sorte de manifestation de la justice divine à laquelle tous doivent se soumettre. L'Amérique sera moins blanche. Vous ne pouvez rien y faire. Vous ne devriez pas non plus vouloir y faire quoi que ce soit, car une Amérique moins blanche sera une Amérique meilleure - les Blancs étant responsables de l'esclavage, des lois Jim Crow [la ségrégation raciale dans le Sud des Etats-Unis après la guerre civile], de la Piste des larmes [le déplacement forcé de tribus indiennes durant les années 1830], des lois interdisant l’immigration chinoise [votées à la fin du 19ème siècle], de l’internement des japonais durant la seconde guerre mondiale et du racisme systémique qui définit le pays jusqu'à ce jour. Moins il y a de Blancs, plus il y a de diversité, meilleur est le pays, le monde et la planète tout entière.

    Toute tentative de ralentir, d'arrêter ou – A Dieu ne plaise ! - d'inverser cette tendance démographique est, bien entendu, dénoncée comme raciste. Seul un raciste s'opposerait à la transformation démographique rapide de son pays - à moins que ce pays ne soit pas composé de Blancs, auquel cas il faudrait s'opposer au changement de peur qu'il ne submerge les autochtones et leur culture traditionnelle. Les nations occidentales, étant majoritairement blanches, n'ont pas ce droit. Toute politique qui retarde - même de quelques années - le point de basculement démographique des Etats-Unis fait également l’objet d’une opposition farouche, que cet effet ait ou non été recherché par la loi en question. Au début de 2018, par exemple, l'administration Trump a proposé de réformer les lois sur l'immigration du pays et de sécuriser la frontière sud. On ne trouvait aucune mention de la démographie, de la race ou de l'ethnicité dans le plan lui-même ou dans la présentation publique qui en a été faite. Mais Nancy Pelosi, alors chef de la minorité à la Chambre des Représentants, a immédiatement dénoncé ces réformes comme faisant partie d'une « campagne visant à l’évidence à rendre l'Amérique à nouveau blanche ».

    Le Washington Post, après avoir effectué sa propre analyse du plan, a conclu qu'il retarderait le point de bascule démographique de cinq ans tout au plus. « En réduisant considérablement le nombre d'immigrants hispaniques et noirs africains entrant en Amérique, ces réformes remodèleraient les futurs États-Unis », a déclaré Michael Clemens du Center for Global Development au Washington Post. « Dans les décennies à venir, nous serions beaucoup moins nombreux à ne pas être Blancs ou à avoir des personnes qui ne sont pas blanches dans nos familles. Le blocage sélectif de l’immigration change l'identité de l'Amérique ». En d'autres termes, l'Amérique se définit téléologiquement par sa future composition démographique - et non par sa population passée ou actuelle (et encore moins par ses principes fondateurs). Elle n'appartient pas à tous ses citoyens, mais à la future progéniture de sa population non blanche. Ils sont ce que nous sommes.

    Bien entendu, le mouvement national en faveur d'une plus grande diversité raciale ne s'arrêtera pas une fois que les Blancs non hispaniques seront réduits à une minorité. Si la diversité a un principe limitatif, celui-ci n'est pas encore énoncé. Cela ne veut pas dire, toutefois, que la diversité n'a pas de limite. Elle en a une. Malgré toutes leurs diatribes à l’égard des Blancs, les communautaristes restent étrangement attirés par eux. Louis Farrakhan déteste les Blancs et ne veut rien avoir à faire avec eux.
    Nos communautaristes détestent les Blancs mais veulent rester à proximité d'eux. Beaucoup sont eux-mêmes Blancs et prêchent généralement la diversité bien plus qu'ils ne la pratiquent, notamment en ce qui concerne les quartiers dans lesquels ils vivent et les écoles où ils envoient leurs enfants. Leur « conscience des problèmes sociaux » gouverne leurs paroles bien plus que leurs actes. Cela est particulièrement évident dans les universités, où les professeurs blancs titulaires ne semblent pas particulièrement désireux de démissionner pour laisser la place à des professeurs de couleur.

    Quant aux communautaristes non blancs, en particulier les Noirs, beaucoup adoptent une forme étrange de néo-ségrégationnisme. Ils veulent vivre, étudier et travailler parmi les Blancs, mais avec la possibilité de se séparer d’eux à volonté. Ils veulent une intégration ségrégationniste. Comme l'a observé Michael Eric Dyson, professeur à l'université de Georgetown, dans son ouvrage Race Rules (1996) :

    « Ceux d'entre nous qui sont intégrationnistes veulent leur part du gâteau des valeurs dominantes. Mais beaucoup d'entre nous veulent l'acheter à un boulanger noir et le manger dans un restaurant noir dans les quartiers noirs de la ville. D'autres parmi nous veulent le séparatisme racial. Mais nous le voulons souvent dans une société mixte : un dortoir noir dans une université blanche, un mois consacré à l’histoire des Noirs dans un pays à majorité blanche et une maison noire dans une banlieue blanche. »

    Afin de contenter ses personnes de couleur, l'Amérique doit donc conserver un nombre suffisant de Blancs pour en parsemer ses écoles et ses quartiers. La politique communautariste ne promet finalement pas un avenir sans Blancs - même si elle ne censure pas non plus les discours appelant à l’éradication des Blancs. La race blanche peut bien être « le cancer de l'humanité », selon la formulation mémorable employée par Susan Sontag. Mais c'est un cancer que nous ne voulons pas guérir. Nous voulons simplement réduire la taille des tumeurs et les répartir plus uniformément dans le corps."

    David Azerrad, The Social Justice Endgame, The Claremont Review of Books, Spring 2020

  • Tout ça pour ça..., par Michel Onfray.

    Source : https://francais.rt.com/

    Quelles conclusions tirer du remaniement ministériel censé apporter un second souffle au quinquennat ? Pourquoi Emmanuel Macron a-t-il poussé vers la sortie Edouard Philippe, pourtant populaire selon les sondages ? Michel Onfray livre son analyse.

    Il est facile d’entrer dans un cerveau simple. On ouvre une porte, et, comme dans un moulin, on entre et on regarde : ce que l’on voit est simple comme le mécanisme simpliste et simplet d’un jouet d’enfant. Le remaniement ministériel du demi-mandat d’Emmanuel Macron en est un.

    michel onfray.jpgPremière leçon : lui qui a perdu les deux élections intermédiaires de son mandat, les européennes et les municipales, s’est débarrassé de son Premier ministre qui, s’il n’était pour rien dans sa première Bérézina, a emporté son Marengo haut la main dans sa ville du Havre. 

    Qu’on se souvienne des effets de menton et du ton de matamore de Macron sur toutes les ondes : il n’était pas question que le Rassemblement national gagne les européennes, c’eût été le retour d’Adolf Hitler et, pour le Jean Moulin qu’il voulait incarner, une offense personnelle. Or, il a perdu. Qu’a-t-il fait? Il a dit que perdre de si peu c’était gagner… Les journalistes, aux ordres, ont acquiescé et repris ad nauseam les éléments de langage fournis par l’Elysée. Dont acte. 

    Bien sûr, ce jeune garçon qui ne perd pas une occasion de prétendre que le général de Gaulle est l’un de ses modèles n’a rien fait ! Il est certain que, dans la même configuration politique, le général aurait entendu ce que lui disait le peuple et répondu à son propos de façon adéquate : soit un changement de Premier ministre avec remaniement ministériel aux couleurs du parti gagnant ou, plus probable, une démission et une dissolution de l’Assemblée nationale, sinon un référendum, pour reconstituer un pacte entre le peuple et lui. Que fit le gaulliste en peau de lapin qu’est Macron ? Rien… Mais, quand on connaît le personnage, et on ne peut plus l’ignorer tant il s’est répandu, on ne s’étonnera pas qu’entre le courage et la couardise il n’ait pas choisi le premier ! 

    Les sondages étaient bons pour Edouard Philippe. Sa cote de popularité faisait honte à la sienne. Plus le Premier ministre grimpait, plus le chef de l’Etat chutait. L’Edouard caracolait en tête ; l’Emmanuel courait, poussif, derrière le char de son subordonné. Le second était premier ; le premier, très largement son second. Le second crut qu’en jetant l’attelage de son rival au fossé il serait premier à sa place. Le président de la République a trop regardé Ben-Hur et pas assez lu les historiens romains (ce qu’Edouard Philippe, lui, a fait, du moins : il connaît les livres sur Rome de mon vieux maître Lucien Jerphagnon, il l’a écrit…). Il y a du Néron chez Macron et du Marc-Aurèle chez Edouard Philippe. 

    Du Marc-Aurèle ? Oui, car cet homme, dont je ne partage pas la ligne politique, semble avoir une ligne existentielle droite et verticale qui fait plaisir à voir. En plus de deux années d’exercice du pouvoir, il ne s’est rendu coupable d’aucun doigt d’honneur, même par procuration, d’aucune grossièreté, d’aucun mépris, d’aucune vulgarité, d’aucun mensonge, d’aucun narcissisme, d’aucun égotisme, d’aucun travestissement. Feue Sibeth Ndiaye n’a jamais eu besoin de lui tricoter une quantité de panoplies de rechange pour faire avaler l’une de ses insultes, l’un de ses dérapages, l’un de ses propos méprisants, l’un de ses changements de pied… On ignore le visage de sa femme et l’on ne sait rien de sa famille, il ne nous a pas gratifié de publireportages dans Gala ou Voici sur son chien et ses enfants, sa maison de campagne et ses lectures, on ne l’a vu ni en short ni en maillot de bain, il n’a pas tenu par la main son épouse un jour d’obsèques nationales – je songe à celles de Simone Veil… 

    Si Edouard Philippe disposait de cette cote c’est probablement parce que, au-delà de la politique qu’il menait, il a été un homme digne et élégant. Or, depuis Sarkozy et Hollande, les Français en ont assez de l’indignité et de l’inélégance. Ils ne veulent plus forcément changer l’ordre du monde, encore que, mais ils souhaitent que ceux qui les représentent, même s’ils ne peuvent plus faire grand-chose depuis 1992, manifestent de la hauteur, de la grandeur, de l’éducation, de la distinction. Ils ne veulent pas d’un président faisant son footing en short et grimpant les marches de l’Elysée en sueur comme Sarkozy, ils refusent un François Hollande livreur matutinal de pain au chocolat en scooter à sa maîtresse, ils ne désirent pas un Macron validant les photos obscènes qui le représentent aux Antilles dans des postures indignes d’un chef de l’Etat. Ils souhaitent un homme debout. Avec Edouard Philippe, nous avions un homme debout. 

    Et c’est parce que le peuple avait en Edouard Philippe un homme debout que le président de la République, qui n’en est pas un, l’a congédié. A moins, on le saura peut-être un jour, que ce soit le Premier ministre qui n’en pouvait plus de devoir composer avec ce genre de chef de l’Etat et qu’il ait pris l’initiative, lui, de retourner dans sa bonne ville du Havre. 

    Car, on peut légitimement se le demander : pour quelle raison Emmanuel Macron s’est-il séparé d’Edouard Philippe, qui était le seul atout de son gouvernement ? Qu’il se sépare de Castaner, un ministre de l’Intérieur qui donne le baiser mafieux aux délinquants en même temps qu’il accable la police, de Sibeth Ndiaye qui affirme haut et clair que son métier consiste à enfiler les mensonges pour préserver le chef de l’Etat, ou de quelques autres ânes morts de son gouvernement, on le comprend. Mais Edouard Philippe ? 

    La résolution de cette fausse énigme est simple : Macron ne veut pas d’un homme qui lui fait hypothétiquement de l’ombre tout de suite et, pour ce faire, il fait tout ce qu’il faut pour qu’il lui en fasse vraiment demain ! Voire : pas même demain, car, dès cette démission, Edouard Philippe devenait un présidentiable crédible qui rejetait Macron loin derrière – parlons vulgairement : au moins en troisième position après Edouard Philippe et Marine Le Pen aux prochaines présidentielles… 

    Macron croit tuer Philippe, mais c’est lui qu’il frappe. Sauf à ce que ce Philippe ait pris l’initiative de partir, ce qui serait alors le geste d’un Brutus sans poignard qui, élégant une fois encore, tue plus sûrement qu’avec une lame. 

    Personne ne croit à cette mission que le Président lui aurait donnée, pendant les deux années à venir, de constituer une majorité présidentielle en ordre de marche pour travailler à la réélection du chef de l’Etat ! Qui peut croire qu’un subordonné pourrait donner ce genre d’ordre à son supérieur ? 

    Car, c’est la seconde leçon de ce remaniement : à quoi ressemble l’après Edouard Philippe ? A un spectacle de chaises musicales dans la salle polyvalente d’un village de province… Jean Castex est un perroquet qui va répéter le texte que Macron, dans le trou du souffleur, lui dictera. Ce Pyrénéen a beau rouler des épaules en disant qu’il ne sera pas un faire-valoir ou un collaborateur : or, il a été choisi pour ça. Pour quoi d’autre sinon ? Son passé ? Sa trace dans l’histoire ? La renommée de son nom ? Sa réputation au-delà des frontières de la France ? Il va vers soixante ans : qu’a-t-il fait de notable pour la France dans ce dernier quart de siècle ? Emporter la mairie de Prades ? Soyons sérieux, il n’a même jamais été élu député… 

    Quelques jours plus tard, Emmanuel Macron lui inflige son premier camouflet : Castex dit qu’il va parler dans quelques jours, et quand ; Macron le reprend : il parlera après lui, donc après l’allocution du 14 juillet. C’est la première humiliation, il y en aura d’autres. 

    Si Macron avait voulu s’inspirer du général de Gaulle, la chose était simple : soit il estimait, c’est mon cas, que la première leçon était une abstention à 60 % et il décidait alors, pour y répondre, d’une véritable révolution en changeant la constitution pour fonder un nouveau contrat social avec démocratie directe, recours aux référendums, instauration de la proportionnelle intégrale, élection du président de la République au suffrage universel à un tour. Soit il nommait Premier ministre l’un des grands gagnants de cette élection perdue pour lui, franchement perdue pour lui : un écologiste. Cette écologie urbaine et mondaine n’est certes pas la mienne, mais je suis un démocrate et un républicain : ils ont gagné, le président devait leur remettre le pouvoir. 

    La raison noble, gaullienne et gaulliste, l’aurait voulu, elle l’exigeait même : le chef de l’Etat, élu au suffrage universel direct, doit entendre ce que lui dit son peuple d’ici la fin de son mandat lors des élections intermédiaires. Le contrat social rompu par un vote contre lui (une fois aux européenne, une seconde fois aux municipales, et ce en deux ans seulement…) oblige le chef de l’Etat, qui n’a de droits que ceux que les devoirs envers son peuple lui dicte : répondre à la demande du peuple. A défaut de refonder la République, un trop grand chantier pour le petit chef de l’Etat qu’il est, Macron pouvait, devait même, nommer ceux qui, en dehors des abstentionnistes, avaient gagné cette élection : les Verts. 

    La raison ignoble et mitterrandienne l’aurait voulu aussi. Car c’eût été, en plus, une bonne opération électoraliste pour lui, mais pas forcément pour le pays : Macron aurait ainsi mis les écologistes urbains au pied du mur et montré à la face du pays leur impéritie à conduire les affaires de l’Etat dans un monde qui est loin d’obéir à leur idéologie simpliste. Il aurait ainsi mis à jour le fait qu’il y a autant d’écologies que d’écologistes ; que le spectre va des écologistes mondains et bobos à la Borloo ou Juppé aux islamo-gauchistes radicaux genre Esther Benbassa, en passant par les apocalyptiques du style Cochet ou les ultra-motorisés allumés genre Hulot, sans oublier les idiots utiles du capitalisme mondialisé tel Cohn-Bendit ; que l’éolien est plus polluant que le nucléaire ; que la religion de l’écologisme indexée sur Greta Thunberg n’a pas grand-chose à voir avec les petits calculs électoralistes des dévots de la trottinette à Paris… C’eût été l’occasion pour Macron de montrer aux écologistes qu’ils n’étaient jamais aussi forts et désirables que dans l’opposition. Il aurait pu ainsi aborder les prochaines présidentielles débarrassé de cette menace que, par son incapacité à faire ce choix, il va nourrir et engraisser pendant deux ans ! Il aurait laissé derrière lui un cadavre exsangue, il aura devant lui un géant aux mains d’autant plus propres qu’il n’aura pas de mains – que les mânes de Péguy me pardonnent le détournement de son image… 

    Or la constitution de ce nouveau gouvernement, la chose a été dite sur toutes les ondes, procède du classique équilibrage de politique politicienne… Celui qui se veut de Gaulle agit comme un vulgaire président du conseil de la IVe République. Macron, c’est Pinay. Guère plus, guère mieux, guère au-delà.  

    Car ce nouveau gouvernement recycle de mauvais ministres (Riester passe de la culture au commerce extérieur, Schiappa passe des femmes à la citoyenneté), il en écarte tout de même de francs mauvais (Castaner, Ndiaye, Belloubet, Pénicaud), il promeut des opportunistes (Pompili qui fut EELV, puis Parti écologiste, puis socialiste chez Valls et Cazeneuve, puis LREM, est enfin macroniste ; la pharmacienne Bachelot, qui fut chiraquienne sous Chirac, sarkozyste sous Sarkozy, fillioniste sous Fillon et désormais macroniste sous Macron, prend la suite de Malraux), il maintient un apparatchik du parti socialiste très efficace en matière de ventes d’armes aux monarchies pétrolifères du Golfe (Le Drian), il confirme des traitres passés des Républicains à Macron (Le Maire, Darmanin), il valide même un ovni qui, contre la règle imposée à tous, a le droit d’être maire et ministre, puis nommé à l’Intérieur bien que poursuivi en justice pour une affaire de viol (Darmanin), il en frustre un qui fut bon en son temps dans son domaine mais qui, en se faisant par trop courtisan, a épousé la chute de son maître en pensant qu’il travaillait à sa nomination à Matignon (Blanquer), il promeut un va-de-la-gueule à la justice (Dupond-Moretti) présenté comme un Jean Valjean défenseur des pauvres, mais qui fut celui du président congolais, de Balkany et de Cahuzac. 

    C’est probablement ce que Macron appelait «se réinventer» et «emprunter un nouveau chemin» ! Mais c’est un chemin qui ne mène nulle part ! 

    Michel Onfray

  • ”Un coup de grâce pour les Libanais exploités par les puissants”, par Michel Onfray.

    Source : https://michelonfray.com/

    An Nahar - Bonjour Michel Onfray, vous qui étiez au Liban en février dernier pour une série de conférence et un documentaire filmé, quelle réaction aujourd’hui face à l’ampleur de la catastrophe des dernières explosions? Un manque d’indulgence face à l’incurie du gouvernement libanais?

    Michel Onfray - Je crois que cette explosion est une métaphore, une allégorie de ce qui a lieu au Liban depuis des mois: une dilution des responsabilités, une impéritie généralisée, une incurie paroxystique, une catastrophe qui aurait pu être évitée s’il y avait eu un Etat, une autorité, une chaîne de responsabilités identifiables. La mafia qui se trouve au pouvoir n’a d’horizon que de ses petites affaires, de son enrichissement personnel, de ses magouilles, de son business privé. Aucun souci de l’intérêt général et du bien public, aucun souci du peuple.

    Même dans l'hypothèse ou il s'agirait d’un attentat (il y a nombre de pays qui ont intérêt à ce que c’en soit un), l’Etat resterait responsable d’avoir laissé sur place de quoi générer cette explosion. Il suffirait de voir dans les temps à venir à qui profiterait le crime pour avoir une idée de qui aurait pu vouloir ce crime. Pour l’heure, l’argumentaire du président Aoun qui refuse une enquête internationale sous prétexte de dilution de la vérité semble un aveu qu’il a plus intérêt à ce qu’on méconnaisse cette vérité plutôt que l’inverse.

    AN - Comment avez-vous réagi face à ce drame, face à toute la destruction d’un quartier que vous aviez visité quelques mois auparavant?

    MO - J’aime le Liban parce qu’il fut le laboratoire d’une négation de la tectonique des plaques qui rend aujourd’hui compte des relations entre les civilisations. Ce fut le point de jonction d’un Orient arabo-musulman et d’un Occident judéo-chrétien qui se fécondaient mutuellement sur une terre heureuse pour les trois monothéismes.

    Quand j’ai appris cette catastrophe, je me suis dit: «ah non, pas encore, pas eux...». Lors de mon dernier voyage, j’ai vu tellement de gens ravagés par cette crise que j’ai considéré cette explosion comme un coup de grâce pour ce peuple libanais méprisé, humilié, abandonné, exploité par les puissants!

    AN - Le pays est touché en son cœur, en son port. Symboliquement, pour le Liban, fondé par les Phéniciens, et sur l'ouverture, comment pensez à l’avenir quand tout peut s’écrouler à nouveau? Sur quels textes philosophiques s’appuyer face à de tels drames?

    MO - Une chose me sidère, et cette affirmation va me valoir de la haine d’un grand nombre de gens, mais peu importe, c’est la démission de la diaspora libanaise partout sur la planète. Comparaison n’est pas raison, bien sûr, mais si les Français avaient massivement quitté la France et lui avaient tourné le dos après l’invasion de leur pays par les nazis en juin 1940, il est bien évident que la France aurait perdu le droit d’une souveraineté sur elle-même. Le génie du peuple libanais, sa considérable richesse, son talent, sont autant de cadeaux faits à tous les pays du monde, sauf au Liban!

    C’est un remarque que d’ailleurs j’étends au-delà du Liban: les immigrés qui viennent massivement en France travaillent à la destruction de leurs pays d’origine. Or, le souverainiste que je suis ne peut se satisfaire de ce crime contre leurs pays que commettent ceux qui préfèrent en changer plutôt que de le changer.

    Que faut-il lire? La Boétie d’abord et son Discours sur la servitude volontaire: il explique qu’il n’y a pas d’autre servitude que celle d’un peuple qui ne destitue pas le tyran. «Soyez résolus de ne plus servir et vous voilà libres» écrit-il. Mais il y a également Le Prince de Machiavel qu’il faut lire avec ses Discours sur la première décade de Tite Live car on comprend que le Florentin , qui est un républicain, ne fait pas l’éloge du cynisme ou de l’opportunisme afin d’obtenir le pouvoir pour le pouvoir mais pour faire de telle sorte que ce pouvoir permette de réaliser un objectif devant lequel tout ploie: l’objectif du Liban serait de créer une république laïque dont la souveraineté serait obtenue par la construction laïque d’une volonté générale avec laquelle peut ensuite se constituer un gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple. C’est pourquoi le troisième livre à lire et à méditer serait Le Contrat social de Rousseau: le philosophe genevois en finit avec la théocratie, c’est le régime libanais, au profit de la démocratie, le régime qu’on lui souhaite.

    AN - Quel est votre avis sur la venue au Liban d'Emmanuel Macron deux jours après ce drame? Par où commencer au Liban pour pouvoir retrouver une souveraineté? Reconstruire une Nation par le commencement  Le rôle de la société civile? Un peuple peut-il reprendre le pouvoir et s’organiser?

    MO - J’ai eu honte que cet homme qui méprise la colère de son peuple, par exemple lors du mouvement des gilets-jaunes, et y réponde comme un autocrate en envoyant la police, l’armée et les blindés, qui recourt à la haine de ce peuple maltraité par sa politique, s’en vienne ainsi donner des leçons au peuple libanais! Que sur les décombres encore fumantes d’une ville détruite il se fasse le voyageur de commerce du libéralisme de l’Etat européen maastrichtien en exigeant, c’est le mot qui s’impose, des réformes économiques qui appauvriront les plus pauvres et enrichiront les plus riches comme préalable à une aide économique, voilà qui m’a fait honte d’être représenté par un tel homme! A quoi ressemble une prétendue déclaration d’amour au Liban et au peuple libanais si elle se trouve conditionnée à une obligation faites aux plus pauvres de se serrer la ceinture, sinon à une obscénité politique, à une goujaterie politicienne, à une insulte faite au peuple libanais, à une offense impardonnable? Aimer le Liban et les libanais, c’est, eu égard à notre passé commun, l’aider sans condition.

    Le peuple libanais doit mener sa révolution en tournant le dos aussi bien aux politiciens libanais qu’aux politiciens français et européistes.

    AN - Comment expliquer l'état d'incurie d'un pays qui était une telle «promesse», économique, confessionnelle, de liberté, de synthèse entre l'Orient et l'Occident?

    MO - Par la géographie d’abord et l’histoire ensuite. Il suffit de prendre une carte de géographie et de regarder où se trouve le Liban: Israël au sud, mais aussi Palestine, Syrie à l’est, ouverture sur la Méditerranée à l’ouest, autrement dit au carrefour du judéo-christianisme et de l’islam, mais aussi,  sur un axe nord sud, via la mer méditerranée, de tout le commerce entre l’Europe du nord et le Maghreb, le nord de l’Afrique mais également, sur un axe est-ouest, entre l’Orient et l’Occident. C’est le lieu de toutes les convoitises, donc de toutes les conquêtes potentielles.

    Cette situation géographique exceptionnelle exigerait une politique exceptionnelle: en l’occurrence une politique laïque, ce qui est la meilleure façon d’éviter le triomphe d’une théocratie sur une autre et de rendre possible une démocratie dans cette zone géographique où cette forme politique est quasi inexistante!

    L’incurie procède de la forme politique qui triomphe actuellement et qui est théocratique. Avec la multiplicité des communautés, sans la laïcité, c’est le communautarisme qui gagne. Et le communautarisme, c’est la guerre car toute tribu veut l’ascendant sur les autres!

    AN - En mai 1965, de Gaulle avait salué le Liban, «nation indépendante, prospère et cultivée.» Où en est-on aujourd'hui? Quelle solution voyez-vous après cette tragédie, dans un pays si soumis aux intérêts étrangers?

    MO - Il avait tellement raison !

    La solution, aujourd’hui, n’est certainement pas le retour au protectorat, comme il fut dit ici ou là, ou demandé ailleurs par une pétition, mais le recouvrement d’une souveraineté perdue. Il ne saurait être question pour un pays comme le Liban de subir des occupations – israéliennes, syriennes, palestiniennes, sinon françaises ou européennes. Nul pays ne doit être envahi par un autre au point d’en perdre sa souveraineté!

    Quand Macron se prend pour le président du Liban, puis de l’Europe, voire du monde, alors qu’il n’est pas même capable d’être le président de son pays, la France, on ne saurait attendre qu’il prenne la tête de ce qui devrait être fait: une mobilisation européenne ou internationale pour faire de telle sorte que le Liban ne porte pas seul la charge de ces migrations qui détruisent sa souveraineté.

    Israël ne veut plus de la France et de l’Europe dans le règlement du conflit israélo-palestinien, et l’on peut comprendre ses bonnes raisons. Il faudrait que la France redevienne un partenaire fiable et valable, autrement dit crédible, dans ce règlement. Pour l’heure, Trump agit seul dans ce dossier - du moins pour ce qui est su et vu.

    De même, sur la question syrienne, la France illustre sa politique catastrophique de destruction des régimes laïcs - Irak, Libye, Syrie par exemple - au profit d’une anarchie qui fait le jeu des régimes théocratiques islamistes.

    On ne peut arroser d’essence les territoires de conflits dans cette zone du monde sans faire du Liban une variable d’ajustement de ces embrasements. Il faut commencer par calmer le feu israélo-palestinien et le feu syrien, sinon les autres feux néocolonialistes français, sans quoi le Liban ne saurait être, vivre et durer.

    AN - Revenons au succès incroyable de votre revue Front Populaire, une revue qui implique vos abonnés et vos lecteurs aussi bien en théorie qu’en pratique grâce notamment à la création d’une association "Front Populaire, et Compagnie" peut-on envisager une telle initiative au Liban? Une revue souverainiste qui permette enfin aux Libanais de reprendre leur destin en main ?

    MO - Ah mais oui! Et comment! Notre ligne est souverainiste c’est-à-dire qu’elle estime que chaque pays doit faire la loi chez lui et pas chez les autres! Nous défendons les valeurs laïques, féministes et républicaines des Lumières et pensons que ces valeurs sont toujours d’actualité là où elles sont si souvent mises en cause. Au Liban plus que partout ailleurs, elles pourraient constituer un trait d’union entre l’Orient et l’Occident – qui n’est pas tant chose si compliquée qu’on veut bien le dire après de Gaulle !

    Nous sommes disponibles, si ce pouvait être utile, pour tenir une Université populaire à Beyrouth, avecune série de séminaires sur la philosophie politique qui permettrait de transformer la Boétie, Machiavel et Rousseau en leviers pour lever les montagnes !

    AN - Quel regard portez-vous aujourd’hui sur la France en matière de politique interne et externe? Ce drame libanais dû à l’explosion d’entrepôt qui stockait 2.700 tonnes de nitrate d’ammonium à côté d’un quartier résidentiel, ce manque d’indulgence est-il envisageable ailleurs de cet ampleur?

    MO - Une partie non négligeable des élites de la France méprise la France et travaille à sa dilution dans l’acide européiste puis mondialiste. L’Europe maastrichtienne est un rouage dans une machine bien plus complexe: celle du gouvernement planétaire au service du capitalisme mondialisé.

    Tout Etat-nation constitué fonctionne en cellule de base de la résistance à ce plan d’un monde transformé en supermarché dans lequel tout s’achète, se vend, se loue, du corps des femmes au sperme des hommes en passant par les organes des Chinois exécutés lors de leurs condamnations à mort...

  • La France est malade – Oser comprendre de quoi –, par Hilaire de Crémiers.

    Source: https://www.politiquemagazine.fr/

    Le virus républicain est la cause véritable de ses malheurs.

    La politique française est un amas de contradictions. Tout le monde le constate. Chacun y va de sa critique. Mais qui ose comprendre ? Oui, ose. En posant le seul, vrai, bon diagnostic : la France est malade de ses institutions.

    hilaire de crémiers.jpgPerversité des institutions

    Oser comprendre que nos institutions sont mauvaises, voire détestables ! Bien sûr que la France est malade spirituellement, mais prioritairement et fondamentalement, c’est politiquement qu’elle est aliénée, infectée, droguée, anéantie, dépressive. Les maux dont notre pays est de jour en jour de plus en plus affecté, ne gagnent en ampleur que par la connivence active ou passive du pouvoir et ne prospèrent que dans le cadre des principes et des pratiques qui constituent l’essence de la puissance publique en France. Depuis l’immigration sans frein qui a repris de plus belle en dépit de tout ce qu’on raconte, avec les accords algériens entre autres, attribuant le droit de séjour à tous les amoureux, jusqu’à l’insécurité quotidienne qui devient un drame lancinant pour les populations ; depuis l’affaissement moral entretenu par l’État avec ses lois de démoralisation systématique, autorisant l’infanticide tout aussi bien que le n’importe quoi sexuel, jusqu’à l’inéducation nationale organisée par l’État avec grand battage médiatique, discours grandiloquents, « Grenelle », enquêtes, questionnaires et consignes contradictoires ; depuis l’effondrement économique, industriel, agricole, commercial, longtemps camouflé sous des flots de promesses électorales, que les explications étatiques attribuent maintenant – c’est facile ! – au coronavirus, jusqu’à la misère sociale dont les gilets jaunes furent le signal alarmant ; depuis les abandons tragiques de souveraineté qui nous coûtent si cher et dont le président et le gouvernement ont fait semblant de s’étonner et même de s’offusquer – il faut le faire ! –, eux qui se flattent d’être antinationalistes, jusqu’aux risques de guerres civiles, transformées pudiquement en phénomènes de communautarisme, et jusqu’aux dangers de plus en plus fréquents de confrontations dans les engagements extérieurs, sans préparation politique et militaire suffisante. Les mêmes qui souhaitaient l’entrée de la Turquie dans l’Europe, s’aperçoivent maintenant de son expansionnisme, mais sont tenus par les incroyables concessions qui lui ont été faites ! Les mêmes qui fustigent le rôle de la France en Afrique, se font déborder sur les territoires que la France est censée sécuriser ! La liste des problèmes peut s’allonger. Elle inquiète à juste titre les quelques bons esprits qui fonctionnent encore en France.

    Ces faiblesses incontestables, la plupart des responsables en poste les connaissent parfaitement sans pouvoir en pointer les véritables causes, ni surtout la véritable cause, sans même en avoir le droit : interdit de parler ! Il faut phraser. Combien, cependant, vous confient la vérité discrètement ? Il y a encore, heureusement, des Français qui pensent et librement, mais c’est en secret. Jusqu’à ce que leur pensée intime soit, elle aussi, un jour censurée : on y vient. Comme dans 1984 et Le meilleur des mondes.

    Des théories idiotes

    Oui, la France est malade. Non seulement du coronavirus, mais, bien plus gravement, de sa République sans foi ni loi, aux principes aberrants, constitutionnellement ineptes, aux concepts abstraits et inefficaces sauf pour détruire, relevant d’une métaphysique terriblement datée, une sorte de rousseauisme robespierriste et sieyésien, revu et corrigé au gré des impératifs gaullistes par Capitant et Vedel, puis par Mitterrand et Chirac, livrant en pâture au monde l’un et l’autre pour leur gloire personnelle la souveraineté et l’honneur de la France, comme firent par la suite les Sarkozy, les Hollande et les Macron, toute une pseudo-métaphysique qui s’achève dans l’affligeante nullité toubonnienne et fabiusienne à la grasse prébende, sans doute pour mieux entériner toutes les atteintes à la France qu’une ridicule suffisance juridico-philosophique enveloppe de sophismes justificatifs. Voilà sur quoi la France vit ou plutôt à cause de quoi elle meurt.

    Il n’y a pas à s’étonner si la déliquescence et la désagrégation de la société française empirent ; longtemps, en effet, les anciennes et bonnes habitudes qui régissaient les Français, leurs mœurs, leur éducation, leur formation, tant dans leur vie quotidienne qu’au travail, et jusque dans la haute administration, comme dans l’industrie, l’agriculture, l’armée, l’hôpital, l’éducation, bref, partout, contrebalançaient heureusement les effets pervers des mécaniques politiques diviseuses et ravageuses ; il était encore possible de prendre de bonnes et sages décisions. Ainsi, encore, dans le nucléaire, cet été, avec l’installation d’Iter, un projet européen et international, mené sous direction française avec des ingénieurs et des savants remarquables, malgré toutes les décisions absurdes, essentiellement politiques, qui cassent notre filière et abîment pour des années encore les montages des EPR. Les saines habitudes, faites de savoir-faire et d’intelligence sociale, qui régnaient dans notre édifice économique, s’affaiblissent et s’effacent à force d’être systématiquement contrecarrées et bafouées.

    Reste alors la bêtise imprévoyante du régime qui ne rencontre plus guère d’obstacle et qui détruit tout sur son passage. Comme les derniers événements l’ont montré cet été, elle impose sa froide domination à tous les niveaux : les Français doivent devenir idiots, de plus en être contents et rassurés, puisque le régime en a décidé ainsi. Il ne manque pas d’esprits sagaces pour avoir perçu ce phénomène de persuasion malsaine et d’infantilisation technocratique, effrayant dans son doucereux et implacable totalitarisme. Se réalise sous nos yeux la société admirablement décrite par Soloviev ou par Newman ou par Benson qui sera la mise en scène préliminaire à la révélation de l’Antéchrist.

    Et voilà comment la Ve République doit affronter ce qui pourrait devenir demain sa crise existentielle, fatalité à laquelle furent soumises toutes les précédentes. Son heure est venue, ça se sent. Ce qui n’empêche nullement tous les ambitieux de la politique, le sommet de l’État étant une proie à saisir, de vouloir s’en emparer en s’imaginant tous des sauveurs – ce qui en fait beaucoup ! –, pour satisfaire en réalité leur envie immodérée de pouvoir. Jusqu’aux Sarkozy et Hollande qui viennent dire leur mot… et pourquoi pas s’essayer encore à jouer un rôle. Ça les rend fous !!! La vérité simple et nue qu’ils ne veulent pas admettre, c’est qu’aucun d’entre eux, absolument aucun, n’est fait pour diriger la France. Insupportable prétention !

    Seulement, ils savent que pour parvenir à leur but, il leur suffit de se servir à bon escient du plus grossier moyen de légaliser leur ambition et celle de leurs équipes : l’élection présidentielle, la plus trompeuse et la plus sotte qui soit ; deux Machiavel le savaient parfaitement : De Gaulle et Mitterrand qui en usèrent avec le plus grand art. L’élection présidentielle qui domine la vie politique tout entière, a l’avantage pour le gagnant de légitimer tout ce qu’il décide en tant que bénéficiaire du pouvoir. Les Français se font complètement avoir dans cette affaire. Élu comme un roi, à la place d’un roi, mais en faux roi – ce qu’ils savent d’ailleurs tous – , n’étant en fait qu’un aventurier de passage, le gagnant ne poursuit jamais que sa stratégie personnelle, fût-ce prétendument devant l’histoire. Même De Gaulle que tout le monde invoque aujourd’hui, et, la plupart du temps, à contresens, n’échappe pas aux traits de cette typologie d’histrion ; encore moins Mitterrand, son adversaire nécessaire qui revêtit le même habit, sans scrupule aucun.

    Et le Moloch tue !

    La machine se manie avec une certaine subtilité qui suppose l’appréhension des ressorts électoraux ; Mitterrand, Chirac étaient des as en la matière. Le baron noir de la série télévisée en montre de bons exemples à tous les niveaux. Les résultats s’anticipent en additionnant et en combinant les voix les plus contradictoires. Comment les Français sont-ils encore dupes ? C’est que le régime a su s’institutionnaliser comme religion officielle ; le citoyen, certes, devient incrédule mais il n’en est pas encore à renverser l’idole !

    Alors, elle demeure dans son temple. Et Macron s’en fait aujourd’hui le grand-prêtre : il prêche, il exhorte, il fulmine, il rappelle dogmes et discipline. Il s’est adjoint un bedeau en chef en la personne de Castex, l’homme qui dit à chaque instant ce qu’il faut faire et ne pas faire, comment processionner en rang et saluer la divinité avec gravité. Il est sérieux comme sa fonction l’y oblige. Il est le chef de tout un ballet de cérémoniaires. Jamais il n’y a eu autant de ministres et de secrétaires d’État – 43 dont les 3/4 sont inutiles pour la France, une dépense folle –, et tous avec leur pléthore de conseillers – là aussi tous les chiffres ont explosé –, mais chacun est affecté désormais à son secteur électoral qu’il est chargé de catéchiser méthodiquement pour le ramener en 2022 dans le giron de la république macronienne, la seule église officielle pour laquelle oeuvrent tous les médias payés par l’État et en dehors de laquelle il n’y a point de salut.

    Ainsi sont présentés le plan santé et le plan de relance à 100 milliards d’euros dont 40 de l’Union européenne, à ce jour non débloqués, et dont les objectifs sont, en fait, de fournir à Macron des arguments pour sa campagne de 2022. Et quelle est donc la raison de la nomination de l’inénarrable Bayrou qui resurgit avec sa tête de gugusse, à un commissariat au plan ressuscité pour l’occasion et qui ne peut faire qu’éclater de rire tous les gens sérieux ? Encore un prix à payer pour l’élection !

    Ajoutez-y la loi de bioéthique votée en urgence dans un hémicycle vide à la fin du mois de juillet : elle sera ainsi passée, ce que voulait Macron. Les nouvelles règles en sont connues. Toutes d’une totale immoralité selon les critères ordinaires de la plus naturelle des éthiques, mais légitimées, comme il a été dit plus haut, par l’autorité de la République qui se substitue ainsi non seulement à Dieu, mais plus gravement encore à la conscience personnelle qui n’existe plus. L’avortement étant admis dorénavant jusqu’à neuf mois – prétendument dans certains cas –, il paraîtrait normal que le président et son Premier ministre qui ont pris personnellement en charge cette loi, pour l’exemple, assistassent au premier avortement qui sera prévu dans un tel cadre, afin d’encourager le médecin à aspirer, étouffer, déchiqueter, écarteler, éjecter et achever l’enfant dans un vide-ordure ou un crématoire – neuf mois biologiques ! –, selon la prescription du Moloch républicain dont ils sont les grands prêtres et les ordonnateurs. Ils ne manqueront pas d’être proprement masqués et républicainement imperturbables ; ils reliront sans doute à cette occasion les pages de Flaubert dans Salammbô sur le sacrifice des enfants au Moloch carthaginois. Cependant, est-il sûr qu’il y aura un médecin pour une telle besogne ? Ils seraient capables de supprimer toute clause de conscience, puisqu’un tel avortement sera inscrit dans leurs chères valeurs.

    Quand donc la leçon portera-t-elle ?

    Baudelaire qui, dans sa noirceur provocante, se savait et se voulait un fieffé réactionnaire, lassé de l’incompréhension bourgeoise où se disputent lâcheté intellectuelle, paresse morale, sottise qui se croit et se dit savante, se laissait aller à cette amère constatation au spectacle d’un siècle usé que Léon Daudet qualifiait de stupide : « Je me suis arrêté devant l’épouvantable inutilité d’expliquer quoi que ce soit à qui que ce soit ».

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  • Guerre idéologique, par Philippe Germain.

    Table des matières

    La technocrature, maladie sénile de la démocratie  : (15/16)

    Elites et Géneration Maurras

    Pourquoi normal «  a minima  »  ? Simplement parce que l’Action française va jusqu’à voir dans la conquête technocratique de 2017 un fait «  justifié  », car contrairement au pays réel, le pays légal possède des élites.

    philippe germain.jpgL’importance attribuée au concept d’élite par l’Action française date de la Génération Maurras. Cette génération «  champignon  » de jeunes monarchistes – ignorante de l’analyse sociale de Pierre Debray sur les «  dynasties républicaines  » – se lança dans l’identification des élites du pays légal. En 1991, le premier numéro de la revue Réaction, dirigée par Jean-Pierre Deschodt et François Huguenin proposa un dossier novateur sur «  L’élite  ». Il prolongeait le numéro 2 des Cahiers d’Action française sur «  Pays légal/pays réel – la rupture  », réalisé sous la direction de Xavier Lepage en 1990. Le comité de rédaction de Réaction fit appel à plusieurs professeurs de Paris II et Paris IV. Il y a trente ans déjà, ils identifièrent les quatre élites du modèle oligarchique sous les noms de «  contre élite politicienne/élite de défense républicaine  », «  oligarchie financière/élite de l’argent  » puis les intermédiaires «  contre-élite médiatique/amuseurs et savoir  » et enfin «  technocratie  ». Les universitaires présentèrent les élites démocratiques comme des «  contre-élites  » dont l’obsession principale «  est de se protéger par tous les moyens contre ceux qui pourraient dénoncer, en utilisant leurs propres canaux, le caractère indu des privilèges qu’elles s’attribuent, et l’immoralité de leur domination.1  » Ils retrouvaient là les travaux maurrassiens d’un universitaire grenoblois réalisés vingt ans auparavant  : «  Le système ne garde une certaine pérennité qu’à la condition d’asservir ces factions “naturelles” au profit des couches sociales qui tirent directement leur subsistance et leur pouvoir de cette forme de régime, ces couches sociales constituent le pays légal. C’est une des clés de la démonstration maurrassienne ; la république, ne se perpétue qu’en désorganisant le pays réel.2  »

    En revanche Philippe Mesnard3 — représentatif de la Génération Maurras —explorait le concept d’élite à travers Pareto en mettant en évidence sa loi d’élimination des élites devenues faibles au profit d’une minorité qui, à son tour, perdra le pouvoir. Une loi vérifiée empiriquement en 2017 par l’élimination de l’élite politique au profit de la Technocratie avec l’aide de l’élite médiatique. Car voilà la première raison pour laquelle l’Action française considère comme justifiée la conquête technocratique du pouvoir politique. Le pays légal dispose encore de deux élites efficaces  : la médiatique et la technocratique. Ce n’est plus le cas du pays réel. La classe moyenne «  basse  » des Gilets Jaunes est loin de constituer une élite, ni d’ailleurs l’archipel catholico-conservateur qui entre en réaction contre le libéralisme sociétal mais vote pour le libéralisme politique  ; on écarte bien que ce qu’on peut remplacer. Le Pays réel ne pourra pas reprendre le pouvoir, suivant la belle formule de Pierre Boutang4, sans disposer d’une élite.

    Guerre  : culturelle ou idéologique

    La seconde raison, pour laquelle l’Action française considère justifiée la conquête technocratique du pouvoir politique, tient à l’analogie qu’elle fait avec l’idée5 d’Alain de Benoist sur un gramscisme de droite. Effectivement l’Action française constate que le pays légal est parvenu, tout en dégageant son élite politicienne disqualifiée, à établir une concordance entre la majorité politique (LREM-progressiste), la majorité sociologique (cadres, retraités, fonctionnaires) et la majorité idéologique (pôle des valeurs républicaines). A suivre le «  Pape  » de la Nouvelle Droite, la victoire-sauvetage du Pays légal serait justifiée, car l’alignement majoritaire réalisé en 2017 constitue la recette gagnante dans le Système. Du moins dans le Système de démocratie représentative dans lequel se place Benoist. L’élite médiatique à emporté la guerre culturelle, justifiant la victoire technocratique de 2017.

    C’est la fameuse guerre culturelle, sur laquelle la Génération Maurras s’est penchée depuis 1988 en rapprochant ses deux théoriciens  : Maurras et Gramsci6. Elle a donc étendu la méthode de physique sociale de la préoccupation de ce qu’elle a préféré nommer «  la guerre idéologique  »7. En réalité, elle retrouvait tout à la fois le souci maurrassien de L’Avenir de l’Intelligence (1903, celui de Jacques Bainville créant l’Institut d’Action Française en 1905), le manifeste d’Henri Massis «  Pour un parti de l’Intelligence  » (1919), la Revue Universelle (1920) et la réflexion stratégique de Michel Michel sur «  Les intellectuels8  » (1979).

    A vrai dire, la primauté du «  culturel d’abord  », permettant à la Nouvelle-Droite de se poser en s’opposant au «  politique d’abord  » maurrassien, est dans la pratique ramenée à la vieille lutte idéologique. On retrouve la vieille tension entre le catholicisme et une religion du «  Progrès  » substituant «  Demain  » au Ciel comme projection idéale polarisant l’espérance. Pendant longtemps, explique Michel Michel, «  la France a vécu dans une diarchie idéologique de type Don Camillo/Peppone  : les conflits avaient été rudes (surtout vers le début du XXe siècle  : séparation de l’Église et de l’État, expulsion des moines, inventaires des églises, affaire des fiches, etc.)  ; mais, après la guerre de 14-18, ces deux idéologies s’étaient assoupies, à peine réveillées par la “guerre scolaire” au début du septennat de François Mitterrand. Il fallut l’irruption d’une grosse immigration musulmane pour venir bouleverser cette guerre de tranchées presque figée dans son rituel.9  »

    Les trois référentiels idéologiques

    Pour l’Action française, la guerre idéologique va donc devoir être réinventée. En 2015 son responsable de la stratégie a effectivement produit une réflexion suite aux grandes manifestations contre la loi pour le mariage homosexuel. Dans son «  Chaos des référentiels  », Michel Michel estime : «  Aujourd’hui et dans les années qui vont suivre, trois pôles sont susceptibles de proposer un système cohérent de valeurs et un projet de société susceptible de structurer notre société  : le pôle “catholique et Français toujours”,, le pôle des “valeurs républicaines” et le pôle “islamiste”10.  »

    Et il précise  : «  Naturellement, on pourra trouver de nombreux cas échappant à cette typologie  : serviteurs de l’État souverainistes, catholiques bretons militants socialistes, maghrébins christianisés ou convaincus par le laïcisme  ; aussi faut-il comprendre ces trois pôles comme des “idéaux-types” qui, à la façon de Max Weber, sélectionnent les traits les plus pertinents pour permettre un raisonnement qui dépasse une vision atomisée et “nominaliste” de la société française.11  » Même si les enjeux des affrontements idéologiques sont surtout symboliques — voile dans les lieux publics, mariage gay, déchéance nationale, crèches de Noël dans les collectivités publiques, destruction de statues —, chaque pôle pourra se prévaloir d’une légitimité entrant en concurrence avec les deux autres  :

    • celle de l’identité et des traditions coutumières françaises  ;
    • celle des institutions légales  ;
    • celle de la conviction religieuse, de la jeunesse et d’un accroissement exponentiel.

    Pour l’Action française, il y a donc, à présent, non plus deux, mais trois projets de société, provoquant dans chaque «  camp  » durcissement et radicalisation réactionnelle. Pour elle, c’est le seconde évolution du temps présent, à prendre en compte après le déséquilibre au sein du pays légal crée par le dégagisme de l’élite politique et la prise de pouvoir technocratique.

    Germain Philippe ( à suivre)

    1 Claude Rousseau, «  Elites démocratiques, ou «  quand les égaux veulent se donner des rois  », Réaction n°1, 1991, p.28.
    2 Miche Michel, «  Pays légal – pays réel  », Amitiés Françaises Universitaires n° 165, mai 1971
    3 Philippe Mesnard, «  La pendule de Pareto «   l’histoire est un cimetière d’aristocraties  », », Réaction n°1, 1991, p.46-51.
    4 Pierre Boutang, Reprendre le pouvoir, Sagittaire, 1978.
    5 Alain de Benoist, «  Les causes culturelles du changement politique  », Pour un «  Gramscisme de droite  » -Actes du XVI° colloque du G.R.E.C.E., Le labyrinthe, 1982, p.11.
    6 Nicolas Portier , «  Deux théoriciens du pouvoir culturel  : Maurras et Gramsci  », Le Feu-Follet n°2 nouvelle série, octobre 1988.
    7 Nicolas Portier , «  La guerre idéologique  », Le Feu-Follet n°2 nouvelle série, octobre 1988
    8 Michel Michel, «  Les intellectuels  », Revue Royaliste n°3, janvier 1979.
    9 Michel Michel «  Les gilets jaunes  : qu’elle idéologie  », Nouvelle Revue Universelle n°57, 2019, p.48.
    10 Au sein de chaque Pôle, on pourra distinguer des «  écoles de pensées  » plus sophistiquées qui visent à rendre le Pôle plus cohérent et plus réactif  ; on donnera en exemple le trotskisme pour le Pôle idéologique républicain, ou l’Action Française pour le Pôle «  Catholique et Français toujours  ». Le risque de la sophistication de l’école de pensée est de ne plus avoir prise sur leur Pôle beaucoup plus fruste (par exemple effrayer les «  conservateurs  ») ; leur chance est de pouvoir se mobiliser et modifier les rapports de force globaux (cf. l’entrisme de l’OCI trotskyste dans le système républicain).
    11 Michel Michel «  Les gilets jaunes  : qu’elle idéologie  », Nouvelle Revue Universelle n°57, 2019, p.51.

  • L’achevement de l’homo démocraticus, par Philippe Germain.

    La technocrature, maladie sénile de la démocratie  : (19/20)

    La combinatoire de trois archipels

    Procédons par ordre. Prudemment, pas à pas. La fin de cycle de la société démocratique, a enclenché une dynamique d’archipelisation. Non pas avec un seul archipel mais en combinant trois archipels.

    philippe germain.jpgCombinaison avant tout démographique avec l’archipel de «  la préservation  », désigné par le géographe Guilluy comme «  la France périphérique  » alors que Jérôme Sainte-Marie préfère le terme de «  bloc populaire  ». Emmanuel Macron le dénomme «  conservateur  » mais on peut aussi y retrouver «  la France profonde  » du général De Gaulle plagiant le «  Pays réel  » de Maurras. Démographiquement Guilluy l’estime à 60 % de la population et le situe géographiquement dans les petites et moyennes villes de Province. Son évaluation se rapporte exactement au taux d’abstention des dernières élections municipales. Cet archipel majoritaire est démographiquement vieillissant avec sa natalité déclinante depuis le fin du baby-boom en  ? ? ?. Il a été dévitalisé par les conséquences de Vatican II mais aussi par la disparition de la sociabilité communiste1.

    Il y a ensuite, bien sur, l’archipel de «  la soumission  » suivant l’expression du romancier Michel Houellebecq. Plutôt parcimonieusement Guilluy et Sainte-Marie préfèrent parler de «  l’immigration  ». Celle-ci, a vrai dire, entre mal dans leur vision privilégiant une polarisation plus qu’une fragmentation de la société démocratique. Démographiquement le terme d’immigration évacue du comptage les clandestins, les naturalisés et les enfants bénéficiant du droit du sol. Estimée officiellement à 10 %, elle approche plus les 15 % de la population avec sa natalité conquérante. Géographiquement c’est la France des banlieues avec ses cités gourmandes d’aides et de subventions. Depuis la révolution iranienne de 1979, l’archipel de la Soumission s’est vitalisé par un retour à l’islam des origines.

    Pour finaliser la combinatoire il y a l’archipel de «  l’américanisation  », nommé par Guilly «  classe dominante  », Sainte-Marie «  bloc élitaire  » et Macron «  les progressistes  ». Démographiquement il représente 23 % des électeurs constitués principalement des déclinants baby-boomers. Sa natalité se caractérise par sa grande faiblesse. Sa vitalité dépend du succès de la mondialisation et la maitrise de l’appareil d’état et de ses puissants moyens de redistribution. En 2019 l’Etat Providence redistribue2 34 % du Produit Intérieur Brut en prestation sociales.

    Cohabitation cote à cote

    Allons au-delà de la combinatoire démographique et géographique. Si l’on s’intéresse au bâti du dispositif on discerne nettement une forme de «  cohabitation  ». Celle-ci ne s’adosse pas au discourt incantatoire sur le «  vivre ensemble  ». L’échec patent de l’intégration républicaine oblige l’archipel de l’Américanisation a se rabattre sur un plus modeste «  vivre cote à cote  », lui permettant de préserver sa position dominante. Pour cela il est prêt à faire alliance électorale avec l’archipel de la Soumission. Ce dernier assurant déjà une part de plus en plus importante de la consommation grâce aux aides et à l’économie parallèle de la drogue, officiellement intégrée depuis 2018 dans le calcul du Produit Intérieur Brut comme contributeur de Croissance. Sinon une alliance, au moins une connivence des deux archipels minoritaires permet de maintenir celui de la Préservation dans son rôle essentiel de vache à lait fiscale.

    Chacun des trois archipels comprend une ile principale, entourée de plusieurs ilots communautaires. Chaque archipel est aimanté par un pole idéologique – d’où l’importance de la guerre culturelle – et tire une force certaine de la cohérence géographique, comme le prouve les succès aux municipales des écolo-bobo des grandes métropoles.

    Séparatisme face à face

    Pourtant la cohabitation ne cesse de se fragiliser. C’est ce qu’expliqua le très bien informé ministre de l’Intérieur Gérard Collomb lors de sa retentissante démission du 3 octobre 2018 : « Aujourd’hui, on vit côte à côte. Moi, je le dis toujours : je crains que demain on vive face à face ». Moins de deux ans après, le pays légal confirme sa crainte en invoquant la menace de «  séparatisme  », chère à la mentalité jacobine. Après le Président Macron en février 2020, le premier ministre Castex veut mobiliser l’Etat républicain contre le danger du «  séparatisme  » lié, dit-il, au risque de communautés ethniques ou religieux à sortir de l’ensemble national.

    Passons sur le fait que tout maurrassien utilisant les critères invoqués par l’énarque Castex se verrait immédiatement accuser d’en revenir à la théorie des quatre états confédérés. Contentons-nous de remarquer que sur la crainte du communautarisme, les démocrates sont dans la position de l’arroseur arrosé car le pays légal républicain, pour maintenir sa domination sur le pays réel, s’est appliqué à systématiquement détruire les communautés naturelles au profit de ses propres communautés d’élection comme les partis et les syndicats, aujourd’hui délitées. La porte est ainsi ouvertes aux nouvelles communautés comme celles de la diversité.

    En agitant la menace séparatiste, les technocrates songeraient-ils aux Canaques de Nouvelle-Calédonie, dont ils préparent pourtant l’indépendance ? Non, les technocrates – nous dit-on – songent aux islamistes. Mais pourquoi oublier les illuminés de l’européisme et du mondialisme pratiquant le culte des droits de l’Homme  ? Pourquoi ignorer les indigénistes, ces contrefaçons de descendants d’esclaves prêchant un racialisme black-beur et autre zulu-nation de contrebande  ?

    Alternative catholique et royale

    Si le pays légal ose tout, c’est qu’il craint le communautarisme maintenant au cœur de la démocratie  ; la chose, pas le mot. Pour le moment la société démocratique n’est pas totalement communautarisée et les différents archipels maintiennent encore des capacités d’échanges. D’où le paradoxe du Pays légal à défendre absolument la cohabitation, le «  vivre cote à cote  » dans une société démocratique de plus deshumanisée et déshumanisante.

    Ce n’est pas la position de l’Action française qui depuis 1951 envisage la possibilité de cette combinatoire «  diabolique  » de la fin de l’histoire, suivant l’expression de Maurras dans sa lettre testament à Boutang. Rappelons aussi les analyses prospectives et quasi prophétiques de Pierre Debray de 1970. Les «  trente glorieuses  » étaient à leur sommet et il osait annoncer : «  Il est certain que la société qui se prépare se révèlera inhumaine. Cette inhumanité ne sera cependant que l’achèvement de l’homo democraticus. Ses structures mentales le contraignent à batir des mégalopoles , à s’abandonner au rêve d’une expansion infinie, à déboucher sur l’inflation généralisée, l’embouteillage, la dictature bureaucratique, la «  programmation  »  » de tous les secteurs d’activité3  ». En 2020 nous y sommes en plein  ! Du moins en dehors de l’inflation généralisée, mais la crise de l’euro guette. Debray, comme son maître Bainville, avait pratiqué l’empirisme organisateur auquel il n’avait pas hésité à ajouter certains éléments de l’analyse structuraliste. Une fois de plus, comme avec Bainville et Les conséquences politiques de la paix , l’Action française avait vu juste.

    Pourtant l’Action française du XXI° siècle évite de sombrer dans la paralysante l’autosatisfaction intellectuelle. D’ailleurs Debray n’avait-il pas cessé, dans les camps C.M.R.D.S. de rappeler aux étudiants nationalistes  : «  Il est bien d’avoir raison. Cela ne suffit pas. Encore convient-il de savoir faire entendre raison4  ». Elle écarte aussi le fatalisme de la décadence qui est étranger à l’univers maurrassien comme l’a bien . rappelé dans la revue Réaction, François Huguenin5. Et ce malgré la synthèse d’une pensée contre-révolutionnaire, pouvant être comprise comme une réflexion sur le déclin de la France.

    Pour contrer la cohabitation – cette inhumanité qui semble achever l’homo démocraticus – l’Action française propose une alternative pour la France. C’est la fameuse arche catholique et royale. Pour que celle-ci ne relève pas du rêve, l’Action française doit amender sa stratégie à partir de l’analyse réalisée en se posant la question  : la cohabitation des trois archipels, ce vivre cote à cote dans une société de plus en plus déshumanisé, est-il encore possible  ? C’est la seule question qui vaille et de la réponse dépend car la stratégie royaliste du XXI° siècle. Cette réponse se trouve dans l’évolution déjà engagée par chacun des trois archipels.

    C’est ce que nous verrons dans notre prochaine rubrique.

    Germain Philippe ( à suivre)

    1 Voir l’indispensable article de Philippe Ariès
    2 Hervé Lebras, entretien à Le Monde , février-avril 2020 : « 40 cartes pour comprendre la France », p3.
    3 Pierre Debray, « L’homme démocratique, mort de l’homme », Aspects de la France n°1.157, 19 novembre 1970.
    4 Pierre Debray, Que faire, Le courrier de l’Ordre français n°1, Bibliothèque nationaliste, 1962.
    5 François Huguenin, « Progrès et décadence dans la pensée de Charles Maurras », Réaction n° 3, 1991.

  • « Arrêter une vie n’est pas une solution à la détresse psychosociale », par Emmanuel Sapin.

    Source : https://fr.aleteia.org/

    Chirurgien pédiatre et néonatalogiste, le professeur Emmanuel Sapin décrypte le mécanisme de transgression continue des lois de bioéthique. Il montre comment les principales mesures du texte adopté par les députés en seconde lecture s’inscrivent dans une logique de relativisme idéologique qui, au nom de considérations humanistes, transforme le mal d’hier en bien aujourd’hui.

    4.jpgPMA sans père, embryons-chimères, avortements tardifs… à chaque révision de loi de bioéthique, le législateur affronte des situations préoccupantes qu’il a créées sans en mesurer les conséquences. La loi définissant comme bien ce qui est permis, ce qui était défendu lors de la loi précédente devient permis. Les frontières sont sans cesse repoussées. Co-auteur de la première chirurgie fœtale réalisée en Europe, le pédiatre Emmanuel Sapin dénonce, en particulier dans le projet de loi voté par les députés, la fausse solution du recours à l’avortement pour libérer une mère en état de détresse psychosociale.

    Aleteia : Quelle est la mesure qui vous paraît la plus discutable dans le texte voté ?


    Emmanuel Sapin : En premier lieu, à cause des conséquences sur la place du père pour l’enfant, la mesure la plus discutable est l’ouverture de la PMA « pour toutes », qui conduit à une dissociation programmée de la notion et de la réalité de la paternité — biologique et éducative — si ce n’est sa disparition, et d’autre part les problèmes liés à la filiation. Il est d’ailleurs paradoxal que simultanément sont ouvertes les possibilités de demande de levée de l’anonymat. Et la prochaine fois, sous l’argument de la discrimination, s’ouvrira la voie de la GPA.

    Ensuite, la permission de l’allongement de la période de développement embryonnaire pour la recherche sur l’embryon humain et la création de chimère homme-animal sont des sujets très préoccupants. Or l’embryon humain, même s’il ne ressemble pas vraiment à l’enfant et l’adulte qu’il doit être plus tard, n’en est pas moins un individu de l’espèce humaine qu’il faut respecter. Le principe de précaution devrait se poser de manière systématique et le protéger. Pour défendre ces changements demandés lors des révisions des lois de bioéthique, des arguments de connaissance scientifique rejoignent en ces domaines de gros enjeux financiers, voire l’argument de ne pas laisser la France à la traîne de ce qui se fait ailleurs. Comme le disait Gustave Thibon, « être dans le vent est une ambition de feuille morte ». La sagesse devrait prévaloir en gardant la perspective du bien commun et la défense du plus faible.

     

    L’amendement surprise visant à l’autorisation de l’avortement tardif des femmes en état de « détresse psychosociale » continue à faire polémique. Quelle est la portée de cette mesure selon vous ?


    La légalisation de l’Interruption volontaire de grossesse (IVG) en 1975 a ouvert la porte à l’acceptation d’arrêter une vie humaine en évolution. Face au problème dramatique de femmes qui perdaient la vie en ayant recours à des avortements clandestins, la réponse apportée par la légalisation de l’IVG a été non de remonter à la source du problème pour tenter de l’éradiquer, mais un solutionisme. Il aurait été sage et logique (politique, au sens noble du terme) de remonter à la cause de ces situations en développant un plan social pour porter secours aux personnes qui en venaient à recourir à l’avortement (pouvant entraîner un risque de 200% de mortalité : le fœtus et la mère), afin d’éviter que de telles situations dramatiques persistent. On aurait pu instaurer une éducation sexuelle durant la scolarité en proposant une meilleure connaissance des particularités féminines et masculines ainsi que l’éducation au respect de l’autre, et développer le combat contre la pornographie (y compris le refus de la femme-objet, par exemple dans les publicités). Or ce qui a été voté avec la loi sur l’IVG consistait à éviter le risque de mortalité de la femme en supprimant la vie de l’embryon qu’elle portait en elle.

    « Ce n’est ni le désir parental ni le ressenti affectif qui fait de lui, d’elle, un être humain appartenant à notre espèce. Le nier est un mensonge. »

    Afin de ne pas culpabiliser les femmes qui recouraient à l’IVG — soit près de 200.000 par an en France — il n’a plus été possible de dire la vérité, que je rappelle à nouveau : un embryon humain est un être humain en développement, possédant déjà une certaine autonomie par rapport à la femme enceinte. Il n’est pas une simple partie du corps de la femme mais il est, dès le stade de développement des premières cellules, un individu qui possède une vie propre.

    Si l’on ne peut plus dire qu’avant la naissance, existe déjà un être humain vivant, même si l’on ne le voit pas, et si, à ses premiers stades, il ne ressemble pas beaucoup au bébé qui doit naître, nous sommes dans la contrevérité : ce n’est ni le désir parental ni le ressenti affectif qui fait de lui, d’elle, un être humain appartenant à notre espèce. Le nier est un mensonge. Pourtant, le progrès des techniques d’imagerie et de la connaissance des influences des événements vécus par la femme durant la grossesse sur le développement du fœtus ne laisse plus de doute sur la réalité de cette humanité. Il est scientifiquement prouvé qu’existe tôt avant la naissance une relation du fœtus en développement avec ce qui l’entoure. Ainsi, il aura déjà à la naissance, outre ce qui découle de son code génétique propre et unique (sauf en cas de jumeaux monozygotes), des acquis qui l’inscrivent dans l’histoire familiale.

    D’où un traumatisme inévitable ?


    Oui, d’un mensonge ne peut naître une délivrance. Il est faux de soutenir qu’arrêter une vie soit une solution à une détresse psychosociale. L’évolution de la société depuis 1975 n’a pas été une éclosion de joie sociale. Au contraire, les études sociologiques rapportent une évolution dépressive de la société française, avec un sentiment général de dévalorisation, une augmentation de la consommation de traitements antidépresseurs, un accroissement de la violence et du non-respect des femmes. Sans doute y a-t-il bien des causes pour expliquer cela, mais je ne peux m’empêcher de voir un lien causal entre la légalisation de l’avortement — qu’une mère soit amenée à accepter, voire à demander, qu’on supprime la vie naissante présente en son corps — et l’état dépressif de nos sociétés. Allonger le délai de légalisation de l’IVG est une forme de glissade irréversible où la société se laisse couler, entraînant la femme et l’homme dans le malheur.

    Vous observez une évolution continue des transgressions dans la révision des lois de bioéthique. Comment l’expliquez-vous ?


    Chaque révision de la loi, prévue par le législateur, finit par avaliser ce qu’elle condamnait la fois précédente. Ce qui fait dire à certains activistes, minoritaires idéologiques, qu’une avancée partielle ou un refus d’avaliser telle proposition considérée comme une dérive à un moment, n’est qu’une étape vers son acceptation lors de la prochaine révision. Et la suite leur donne raison. La vérité n’est plus une donnée fondatrice et stable qui fait sens. Cette logique de révisions fréquentes illustre le relativisme idéologique, surfant sur deux critères : les avancées scientifiques et l’évolution de la société. Celle-ci est influencée par des minorités actives plus ou moins visibles et relayées par les médias, qui font évoluer les mentalités. Les décisions prises et votées, tournant le dos à une démarche éducative, découlent d’un consensus où la recherche du bien commun est supplantée par l’individuel, par l’émotionnel. S’ensuit une sorte de glissement imperceptible consenti par la majorité. La loi, disant ce qu’il faut faire et ce qu’il est interdit de faire, définit comme bien ce qui est permis. En l’occurrence, ce qui était défendu lors de la loi précédente devient permis : un mal devient un bien !

    On a créé des situations dont on n’a pas mesuré les conséquences. C’est toujours le solutionisme à courte vue.

    Quelles sont les conséquences de cette spirale transgressive ?


    Comme toute dérive acceptée aura pour effet de nouvelles situations préoccupantes, lors de la révision suivante de la loi de bioéthique émergeront de nouvelles questions éthiques. Il suffit, par exemple, de se rappeler les discussions qui eurent lieu lors de la proposition de la Fivete en réponse aux problèmes d’infécondité : outre la dissociation entre l’acte sexuel et la fécondation, déjà présente avec la contraception chimique, et l’intervention d’une personne (technicien médical) dans l’intimité du couple, a été soulevée, mais évacuée d’un revers de main, la question de l’avenir des embryons surnuméraires. Les solutions proposées étaient, outre le délai, de savoir s’il fallait les détruire ou les utiliser pour la recherche. On voit clairement que l’alternative ne respecte pas la vie humaine. Pourquoi ? Parce qu’on a créé des situations dont on n’a pas mesuré les conséquences. C’est toujours le solutionisme à courte vue. A-t-on alors réellement réfléchi et voulu apporter des solutions au constat de l’accroissement progressif des situations d’infertilité — féminine et masculine — en dehors des pathologies inhérentes à la personne ? Quelles études rigoureusement scientifiques — non influencées par l’idéologie ou les pouvoirs financiers pharmaceutiques — ont été faites sociologiquement sur les effets de la libéralisation sexuelle, médicalement sur la généralisation de l’utilisation de la pilule, et écologiquement sur les effets des perturbateurs endocriniens en anténatal et ultérieurement ? Pourquoi le « bio » ne s’applique pas en ces domaines ?

    Sans omettre que dès qu’une loi bioéthique est promulguée, des transgressions apparaissent qui seront à la base des données discutées lors de la révision qui suivra : on ne peut interdire ce qui se fait déjà ! On assiste ainsi à l’acceptation des transgressions, sorte de voie de fait enregistrée et faisant loi.

    Quelle réponse peut-on apporter à ces dérives « au nom du bien » qui paraissent irrésistiblement vouées à ne pas s’arrêter ?


    Comme toujours, en effet, ces propositions d’élargissement du cadre des lois précédentes font appel à des considérations humanistes pour apporter des solutions thérapeutiques à des personnes souffrant de graves handicaps. Mais la dérive transhumaniste est sous-jacente, quand elle n’est pas ouvertement exprimée avec des arguments pour un futur radieux. Or combien de promesses pour un meilleur futur se sont soldées dans le passé par des désastres ? 

    Alors, doit-on être défaitistes et grognons ? Non : ne campons pas sur une réaction de repli ou d’autisme sociétal ! Gardons une écoute attentive et bienveillante aux personnes qui souffrent. Restons vigilants et présents dans le débat pour défendre la vérité sur l’homme et sa destinée, pour apporter une voie de sagesse et d’espérance qui manquera si nous restons muets.

  • Cet immigrationnisme des élites qui ruine la France, par Philippe Fabry.

    Source : https://www.causeur.fr/

    La spirale immigrationniste est un pacte tacite entre les grands groupes français et la caste des énarques

    En France, deux tiers des habitants sont opposés à l’immigration de masse : les sondages parus à l’automne dernier montraient que cette proportion de la population estimait que l’intégration ne fonctionnait pas, et qu’il y avait trop d’étrangers en France. La proportion varie quelque peu, mais grosso modo, une nette majorité de la population est défavorable à l’immigration de masse, depuis des décennies. Pourtant, celle-ci se perpétue et, surtout, n’est pratiquement plus remise en question dans le débat public.

    Il arrive certes à des polémistes de soulever la question, mais elle n’est pas politiquement débattue, c’est-à-dire soumise à une consultation démocratique. Lorsqu’elle est évoquée, c’est pour des ajustements à la marge, jamais pour interroger le principe et demander leur avis aux autochtones. De fait, depuis la fin des années 1970, c’est entre 200 000 et 300 000 personnes qui pénètrent chaque année sur le territoire national, dont plus de 60 % viennent d’Afrique.

    Le tonneau des Danaïdes

    Dans un pays qui se prétend démocratique, la contradiction entre une politique constante, aux conséquences si lourdes, si profondes et si durables sur le corps social, et l’hostilité à celle-ci de la majorité de la population ne peut qu’interroger. Il ne s’agit en effet pas d’évolutions sociétales, comme le mariage homosexuel ou la suppression de la peine de mort, qui peuvent être adoptées en dépit des préventions de la majorité et bénéficient ensuite d’un effet cliquet. Il n’y a pas d’effet cliquet en matière d’immigration : c’est une volonté toujours renouvelée. D’où vient-elle ?

    Bien sûr, on est tenté de penser aussitôt aux belles âmes, aux discours sur l’accueil, la vocation universelle de la France, à la repentance post-coloniale, et de se dire que tout ceci est l’effet irrésistible d’une évolution des mentalités, que c’est donc en quelque sorte le sens de l’Histoire, et que toute autre motivation que l’on pourrait identifier ne serait que secondaire, bien loin derrière ce premier moteur du cœur et de l’esprit.

    Mais en vérité, admettre que l’immigration de masse acceptée, sinon encouragée, depuis un demi-siècle par nos élites puisse être l’effet d’un état d’esprit, d’une idéologie qui aurait saisi les cœurs, serait aussi naïf que de croire que le principal motif de la colonisation était à trouver dans les discours comme celui de Jules Ferry sur le devoir pour les races supérieures de civiliser les races inférieures, sans considérer qu’avant tout il y avait des fortunes à faire, et qui furent faites, dans les mines de charbon du Tonkin et de phosphates du Maroc.

    La gloire de l’Empire

    La colonisation. C’est précisément dans ce phénomène passé, si souvent utilisé pour neutraliser la révolte du Français autochtone sous un flot de culpabilisation, que se trouve le modèle de la politique immigrationniste.

    De cette colonisation de masse, les Français ne voulaient pas. Lorsqu’elle a débuté, dans les années 1870, leur cœur allait à l’Alsace et à la Lorraine qu’une défaite venait de leur arracher. Elle fut cependant un grand chantier, et un chantier constant, des élites de la IIIe République.

    Elle le fut parce qu’à la même époque, le monde occidental entrait dans la Grande Déflation (1873-1896) et la stagnation industrielle. Le grand capitalisme français ne trouvait pas, dans la métropole, d’espace de croissance suffisant pour ses profits : les salaires des ouvriers étaient bas, et le monde paysan, encore important, n’était pas porté à la consommation. Il fallait donc trouver des occasions de gros profits, et ces occasions furent trouvées dans la colonisation, et l’investissement du capital dans des activités à haut rendement : mines, exploitations agricoles…

    Durant ce quasi-siècle de l’Empire colonial français, la France dépensa plus que ce que ses colonies ne lui rapportèrent – ainsi que Jacques Marseille l’a montré jadis. Cependant, l’opération fut rentable pour certains, aux dépens des autres : car ce sont bien les deniers publics, l’argent des français métropolitains, à travers l’armée, le maintien de l’ordre, l’investissement dans des infrastructures,  qui permirent l’exploitation de ces ressources dont quelques-uns tirèrent longtemps de gros revenus.

    Cinquante ans de sollicitude

    Tout l’imaginaire colonial, par l’Education nationale, les Expositions, la propagande, réussirent à convaincre les Français, ou une grande partie d’entre eux, que tout cela était non seulement dans leur intérêt économique, mais moral, que c’était leur grandeur.

    Il  est aujourd’hui bien difficile, en tant que petites gens ainsi alarmés par ces vagues souvenirs, de ne pas plisser les yeux, froncer les sourcils et commencer à grogner en comprenant les ressorts de la supercherie, lorsque l’on se remémore les cinquante dernières années.

    1973, choc pétrolier, fin des Trente Glorieuses. La forte croissance s’éloigne, ne paraît plus atteignable. Et le grand capitalisme français se retrouve une nouvelle fois confronté à ce peuple français, resté si paysan dans sa mentalité, avec sa fâcheuse tendance à l’épargne,  à la thésaurisation, à la consommation modérée dans une France qui n’est plus à reconstruire. Que faire pour continuer à garantir une forte rentabilité pour les grandes entreprises, dans le bâtiment, dans la grande distribution en pleine expansion à la fin des Trente Glorieuses ?

    On trouve une idée dans les théories de Keynes : il faut stimuler la demande. On appelle cela « relance par la consommation », c’est le keynésianisme prisé des élites technocratiques, formées à l’ENA. Mais comment faire fonctionner cela quand on connaît la mentalité épargnante des ménages français ? Leur distribuer de l’argent serait risquer de le voir finir en trop grande partie dans des bas de laine. Et puis il y a de nombreux équipements dont la consommation n’est pas extensible : qui a besoin de trois lave-linges, quatre réfrigérateurs, dix services de vaisselle ? qui a besoin de deux, trois, quatre résidences secondaires ? Il faut donc des consommateurs vierges de tout patrimoine, des familles entières qu’il faudrait équiper intégralement en partant de rien.

    Colonisation à l’envers

    Et c’est à ce moment que commence cette colonisation à l’envers de l’immigration de masse, avec le regroupement familial, puis l’ouverture des vannes, et le développement massif du circuit économique de la colonisation à l’envers : les aides sociales, les transferts sociaux permettent de prendre l’argent que les Français trop économes auraient eu tendance à épargner, et de le déplacer non seulement au sein de la population française autochtone, mais aussi (surtout ?) vers de nouveaux arrivants qui sont démunis de tout et, par conséquent, devront tout acheter. Et pour faire bonne mesure, on double les transferts sociaux d’argent pris aux Français par l’impôt avec de l’argent supplémentaire emprunté en donnant en garantie le patrimoine des mêmes Français, grevant les générations futures d’une dette énorme.

    Et qui sont les premiers bénéficiaires de cette masse supplémentaire de consommation ? Les grands groupes français du bâtiment, de la grande distribution, plus tard des télécommunications. Les banques qui soutiennent des investissements immobiliers qui sont majoritairement remboursés par des aides sociales au logement. Etc.

    Et qui sont les dirigeants des grands groupes français, ou peuplent leurs conseils d’administration ?

    Les énarques. Les mêmes énarques qui conduisent la politique d’immigration de masse depuis cinquante ans. Les mêmes qui effectuent fréquemment des allers-retours dans des conseils d’administration de grandes entreprises bénéficiant de cette subvention indirecte qu’est l’immigration arrosée d’argent pour le consommer aussitôt.

    Non au conspirationnisme

    La critique socialo-communiste selon laquelle l’immigration est censée servir à provoquer une pression à la baisse sur les salaires, est fausse : si tel était le cas, l’immigration serait orientée vers de la main d’œuvre qualifiée selon les besoin des entreprises françaises, ce qui n’est pas le cas.

    La critique « conspirationniste » de l’immigration, selon laquelle celle-ci est une immigration de peuplement, qui sert à remplacer les autochtones, est fausse aussi.

    La réalité est que l’immigration est une immigration de consommation, une consommation qui a pour but de doper la rentabilité du grand capitalisme français en connivence avec la haute fonction publique énarchique. Elle a sans doute des effets accessoires sur les salaires, et un effet dramatique sur la composition démographique du pays, mais ce ne sont pas les effets d’abord recherchés.

    Ce modèle, qu’on peut qualifier de consumérisme immigrationniste, est donc fondamentalement un pacte entre les grands groupes français et la caste des énarques. Comme la colonisation, elle ruine la France, mais enrichit une poignée de gens. Comme la pour la colonisation, après quelques décennies de matraquage, on a réussi à faire croire aux Français qu’il s’agit d’une entreprise pratiquement désintéressée qu’ils doivent être fiers d’avoir menée et qu’il serait inhumain de critiquer. Pour protéger ce système de rentes, la presse française, subventionnée par l’Etat énarchique et détenue par les grands groupes, étouffe la dénonciation de « l’ensauvagement » et du terrorisme islamiste, conséquences encore plus graves de cette politique prédatrice.

    Il est temps de dénoncer cette mascarade, cette hypocrisie, cette escroquerie. Il faut comprendre que se battre contre des émotions et des idées qui servent à habiller des intérêts est vain, car c’est laisser intact et bien à l’abri le ressort de la mécanique. Il faut identifier et dénoncer l’intérêt qui la meut. Pour l’immigration de masse, c’est cet intérêt commun qui enrichit les énarques et les grands groupes en spoliant les Français.

    La colonisation n’a pratiquement pas survécu à la IIIe République. L’immigration de masse ne devrait pas survivre à la Ve.

  • Le maurrassisme est-il devenu un simple « objet d’étude historique » ?, par Philippe Lallement.

    Source : https://www.actionfrancaise.net/

    L‘été militant du blog quotidien de l’Action française rencontre un succès certain.

    La première série de Christian Franchet d’Esperey, issue de la revue laboratoire d’idées «  La Nouvelle Revue Universelle  », a été reprise par plusieurs blogs royalistes dont « lafautearousseau   ». Reprise aussi sur les réseaux sociaux dans plusieurs groupes royalistes Face Book comme celui des «  anciens AF – RN  » crée par les anciens de la Génération Maurras ou «  Le cercle des Camelots du roi  » ou «  Les amis de l’Alliance Royale  ».

    philippe germain.jpgC’est sur l’excellent groupe de l’historien Philippe Delorme «  Les compagnons du lys  » qu’elle a donné lieu à un commentaire du sociologue Michel Michel, mesurant à sa juste valeur le caractère stratégique de la rubrique de Christian Franchet d’Esperey  : Une demarche d’aggiornamento c’est-à-dire de mise au jour. Celle-ci est maintenant reprise avec le commentaire de Michel, sur « lafautearousseau ». Succès !

    Michel regrette l’usage du terme «  Aggiornamento  » utilisé par Christian Franchet d’Esperey mais le rédacteur en chef de la NRU n’a fait que reprendre Olivier Dard dans son excellent travail de «  maurrassisme hors les murs  ». Dans le n° 67 de la NRU, Philippe Lallement avait rendu compte de l’approche d’Olivier Dard. Sa lecture permettra d’éclairer le texte de Franchet et le commentaire de Michel. A vous de juger. (NDLR)

    Le maurrassisme est-il devenu un simple « objet d’étude historique » ?
    PHILIPPE LALLEMENT

    Olivier Dard
    Charles Maurras, le nationaliste intégral
    Dunod, 2019, coll. Ekho, 432 p., 11 €

    La réédition en poche de l’ouvrage savant d’Olivier Dard sur Charles Maurras, le nationaliste intégral (paru en 2013 chez Armand Colin sous le titre moins «  vendeur  » mais plus explicite Charles Maurras, le maître et l’action), interpelle la nébuleuse maurrassienne du XXIe siècle. Car cet ouvrage, s’il constitue une remarquable biographie de Maurras, propose en même temps une vision d’ensemble du maurrassisme et de l’Action Française. Il faut d’abord souligner l’énergie et l’esprit pénétrant mis par le professeur Dard à tirer le meilleur parti des nombreuses études maurrassiennes produites depuis 1968. Nous pensons surtout aux six colloques universitaires sur Maurras réalisés à l’initiative de Victor Nguyen1,et aux quatre colloques dirigés ou co-organisés par Olivier Dard lui-même2.Avant lui, le travail de référence sur l’Action française restait celui de l’américain Eugen Weber3, vieux de plus d’un demi-siècle. Olivier Dard a remis cette prééminence en cause. À plusieurs titres. On en privilégiera trois.

    Dans un article marquant4, Pierre Nora reprocha à Eugen Weber de manquer de perspective historique, notamment en ne s’attachant pas à resituer l’Action française dans le cours de la pensée économique et sociale de l’époque. Manque largement réparé par Olivier Dard, qui s’intéresse de près au souci institutionnel de la jeune génération des années 30 : les«  dissidents  » maurrassiens de la Jeune Droite attendaient de leur vision corporatiste de la société et de l’État qu’elle entraîne la renaissance progressive du pays. D’où leur intérêt pour la tentative de «  révolution nationale  » lancée par Vichyet soutenue par l’Action française, qui suscita bien des déceptions. De cette période si abondamment traitée et controversée, cet aspect est paradoxalement délaissé. Olivier Dard l’aborde avec un esprit de distanciation, de discernement et d’objectivité qu’on aimerait voir adopté par tous les historiens spécialistes de la France occupée. Nous osons espérer qu’il poursuivra ses recherches afin de restituer cette expérience dans son authenticité  : elle reprend, en ce temps de crise, une évidente actualité.

    Olivier Dard renouvelle d’ailleurs notre regard par la distinction qu’il opère, chez Maurras, entre le chef politique et le doctrinaire, entre un quotidien soumis aux évènements et la logique d’une pensée en progression. Maniée par lui avec une grande finesse, cette clé d’interprétation nous délivre des habituels jugements à l’emporte-pièce sur le «  grand maudit  », et libère la nouvelle génération de maurrassiens des vieilles postures strictement défensives. Cette distinction lui permet aussi de porter un regard à la fois positif et critique sur ce qui a conduit de nombreux disciples de Maurras à la dissidence. Grâce à elle, nombre de choix s’expliquent, y compris les plus délicats et les plus douloureux, lorsque l’action de Maurras apparaît en contradiction avec sa doctrine. A la périphérie de ces observations, on appréciera l’intérêt que Dard accorde, chez Maurras, au stratège politique, particulièrement à travers l’évocation de la «  bagarre de Fustel  », un combat universitaire et médiatique – le premier du genre  ! – en faveur de ce qu’on appelle aujourd’hui le récit national.

    Se trouve ainsi «  revisité  » le reproche que Nguyen faisait à Eugen Weber de surestimer le poids des évènements au détriment de celui des idées : comme le note Nguyen, cela empêche Weber, lorsqu’il décrit avec justesse la puissance de séduction maurrassienne, d’en discerner la véritable cause. À l’inverse, son étude de l’influence des idées maurrassiennes permet à Olivier Dard une approche novatrice du concept de «  maurrassisme  ».

    Ayant exploré en profondeur la question de l’influence internationale de Maurras (colloque de mai 2008), l’historien a pu évaluer l’utilisation ponctuelle, «  à la carte  », faite à l’étranger de la pensée maurrassienne, et sa capacité d’adaptation aux diverses contraintes nationales. Si souvent taxé de rigidité et de gallocentrisme, le maurrassisme démontre ainsi sa souplesse et son adaptabilité aux circonstances.

    Se voient également intégrés au maurrassisme les divers prolongements effectués par les «  dissidents  », élargissant ainsi considérablement sa surface porteuse. Dard est le premier à prendre toute la mesure «  temporelle  » de l’histoire de l’Action française  : il fait remarquer qu’elle a passé plus de temps sans Maurras qu’avec lui vivant. Le chapitre le plus long de l’ouvrage est consacré aux héritiers de Maurras  : très novateur, il s’appuie sur d’impressionnantes ressources documentaires. (On notera qu’elles comprennent le dossier «  Maurras, le blessé de Dieu  » du n° 49 de la NRU.)

    Le professeur Dard en viendrait-il à formuler un aggiornamento du maurrassisme ?Il s’y refuse, considérant que celui de Boutang avec la Nation française a échoué, de même que celui de la Nouvelle Action française (NAF) qui finit par abandonner toute référence à Maurras en devenant ,contre lui, la Nouvelle Action royaliste. Olivier Dard mentionne le renouveau des années 1990 avec la «  Génération Maurras  », mais ne l’approfondit pas, et se montre peu convaincu par le coup de fouet donné par la Manif pour tous.

    Il semble, à nos yeux, sous-estimer l’influence que continue d’avoir l’école d’Action française, passage obligé pour toute une jeunesse dissidente de “droite”, et seule perspective politique post-libérale et post-libertaire présentant un minimum de cohérence et de crédibilité. Cet aggiornamento inachevé, l’actuelle Action française semble le remettre sur le métier. Elle le fait en se réappropriant Pierre Boutang, l’héritier spirituel, dans le sillage de la Génération Maurras des années 1990. Elle reprend aussi les travaux sur l’anthropologie maurrassienne engagés par Gérard Leclerc au début des années 1970, en vue d’établir un pont avec la nouvelle jeunesse catholique, dynamique et décomplexée, mais dépourvue de vrais repères politiques. Elle le fait enfin, depuis 2017, avec la redécouverte de Pierre Debray et sa capacité à appliquer la méthode maurrassienne aux problématiques d’une société industrielle et scientifique de plus en plus inhumaine, au point qu’elle se veut désormais «  transhumaine  ».

    Ne peut-on penser que l’historien Olivier Dard saura trouver dans cette mouvance de nouvelles et prometteuses pistes de recherche  ? Il croit pouvoir conclure son ouvrage en affirmant que «  le maurrassisme est devenu un objet d’étude historique  », car «  il ne pèse plus guère dans le débat public  ». Belle provocation à l’adresse des maurrassiens  ! Mais ô combien stimulante…La nébuleuse maurrassienne du XXIe siècle n’a-t-elle pas déjà fait le pari de lui donner tort  ?

    1 En 1968, un colloque Maurras fut organisé, à l’occasion de son centenaire, par Victor Nguyen et Georges Souville à Aix-en-Provence. Son succès les amena à en tenir cinq autres en 1970, 1972, 1974, 1976 et 1980. Le septième, sur « Maurras et la Maison de France », ne put se tenir en raison de la disparition de Nguyen en 1986.
    2 De 2007 à 2011, quatre colloques « L’Action française, culture, société, politique »,réunis à Metz et Paris, ont abordé les thèmes : Maurras, les héritages ; Maurras et l’ étranger ; Maurrassisme et culture ; Maurrassisme et littérature.
    3 Eugen Weber,L’Action Française, trad. de l’anglais par Michel Chrestien, Stock, 1964,in-8°, 649 p.
    4 Pierre Nora, « Les deux apogées de l’Action française », in : Annales. Economies, sociétés, civilisations. 19ᵉ année, n° 1, janvier-février 1964, p. 127-141.

  • Robert Ménard : « Estrosi, c'est une droite qui a honte d'elle-même », par Géraldine Woessner.

    Source : https://www.lepoint.fr/

    Le maire de Béziers revendique une parole décomplexée et étrille les leaders de la droite traditionnelle.

    Des étoiles à nouveau alignées… Et une ambiance morose. Quelque 200 élus du Rassemblement national se réunissent à Fréjus (Var) ce week-end, pour une rentrée politique qui marque le lancement de la campagne de Marine Le Pen.

    Officiellement, le parti se sent les voiles gonflées : la sécurité, angle mort de la politique d'Emmanuel Macron, est à nouveau au premier rang des préoccupations des Français, et la droite parle de tant de voix qu'elle reste inaudible. « Ensauvagement », « localisme », « souverainisme »… Les idées longtemps portées par le Rassemblement national sont à la mode.

    Et pourtant, les élus RN ont pris le train, vendredi soir, en traînant des pieds : le parti, financièrement à genoux, a mangé la poussière aux dernières municipales. « C'est un répulsif », tranche le maire de Béziers, Robert Ménard, élu en 2014 avec le soutien du RN (et réélu ce printemps au premier tour), mais qui n'en a jamais été membre. Et qui, aujourd'hui, s'impatiente : si Marine Le Pen et son parti ont longtemps incarné et servi les idées des électeurs les plus à droite, les mêmes plombent aujourd'hui leurs chances, pense-t-il, d'accéder au pouvoir. Entretien.

     
    Le Point : Écouterez-vous le discours de Marine Le Pen dimanche ?

    Robert Ménard : Bien sûr, avec attention. Elle est une actrice incontournable de la scène politique, et j'ai des sympathies avec ce qu'elle dit sur de nombreux sujets, comme l'identité ou l'immigration, même si je n'ai jamais caché mes divergences. Mais je n'y crois plus beaucoup… Je n'arrive pas, aujourd'hui encore, à faire abstraction du débat de l'entre-deux tours, qui a montré un certain nombre de limites. En même temps, je plaide coupable, parce que j'ai cru qu'au fond Marine Le Pen aurait beaucoup de mal à se relever de ce débat-là, or elle a retrouvé le même niveau d'électorat qu'il y a trois ans.

    Si elle est candidate à la présidentielle de 2022, vous lui prédisez une défaite…

    Je pense que, aujourd'hui, elle n'est pas en position de gagner. Ça l'exaspère quand je dis cela, mais cela n'a rien contre elle ; je pense simplement que le courant de la droite qu'elle incarne n'est pas suffisant pour gagner. Le discours qu'elle tient sur les questions économiques n'est pas en phase avec ce dont notre pays a besoin.

    J'ai beaucoup de mal à voir les différences entre les programmes du RN et de M. Mélenchon sur les questions économiques et sociales.

     

    C'est-à-dire ?

    Marine Le Pen n'arrive pas à reconnaître qu'une personne qui n'est pas de son bord politique puisse, parfois, avoir raison. Sur la réforme de la SNCF, même si je serais allé plus loin que lui, Emmanuel Macron a fait de bonnes choses. Et sur les retraites aussi ! Pardon, mais on ne peut pas continuer, comme le fait le Rassemblement national, à faire croire aux Français qu'un statu quo soit envisageable, vivable, ou même souhaitable ! Je ne partage pas les analyses très gauchisantes du RN sur les questions économiques et sociales. Mais cela ne veut pas dire qu'on ne peut pas travailler ensemble.

    Pour vous, Marine Le Pen se « mélenchonise » ?

    J'ai beaucoup de mal à voir les différences entre les programmes du RN et de M. Mélenchon sur les questions économiques et sociales. Il n'y en a quasiment pas ! Or, je pense que la France n'a pas besoin de ce discours un brin racoleur.

    Rien n'est possible sans elle, et rien n'est possible contre elle.

    Quel avenir voyez-vous pour votre courant de pensée ?

    Aujourd'hui, Marine Le Pen occupe un espace qui est suffisamment important pour empêcher l'existence de toute autre candidature à droite de la droite. Rien n'est possible sans elle, et rien n'est possible contre elle. Est-ce que quelque chose est possible avec elle ? C'est la question que je me pose à longueur de temps…

    La droitisation de l'électorat, mesurée dans plusieurs enquêtes, ne profite à aucun parti. Marine Le Pen réfléchit à quitter la présidence du RN pour « prendre de la hauteur », tirant aussi la leçon de la victoire de Louis Aliot aux municipales, qui a conquis Perpignan en fuyant toute mention du Rassemblement national. Est-ce une bonne stratégie ?

    Je me souviens de discussions avec Marine Le Pen avant les élections de 2017. Je lui ai dit : « Tu dois quitter le FN, c'est le meilleur signe que tu puisses donner pour les gens qui ont envie de voter pour une femme solide, capable de nouer des alliances. » C'est une nécessité absolue ! On va voir si elle le fait… Mais est-ce que ce sera suffisant ? Non. La victoire passe par des efforts programmatiques, et par une façon d'être différente. Les gens n'en peuvent plus des partis politiques ! Du sien comme des autres.

    Avec Louis Aliot, êtes-vous en train de construire une notabilité en dehors du parti ?

    Ce que je constate, c'est que Louis a gagné les élections sans le logo de son parti, et qu'il a tout fait pour faire oublier qu'il était au RN. Les dernières élections ont été pour eux un échec total  ! Leur seule victoire, Perpignan, se fait contre eux en termes d'image. Alors oser présenter la victoire à Perpignan comme une victoire du RN, il ne faut pas manquer de culot ! Mais il a eu totalement raison, et c'est ce qu'il faut qu'on fasse dans toute la France.

    Vous voulez dissoudre le RN ?

    Non, mais il faut construire autre chose. Personne ne veut d'un nouveau parti. On veut des gens capables de s'entendre, à la fois avec Marine Le Pen, et avec une droite de gouvernement plus raisonnable, afin de trouver une candidature qui arrive à associer ces deux électorats. Cela s'est vu dans l'Histoire.

    Que préconisez-vous, s'il n'y a plus de parti ?

    Notre courant de pensée est incapable aujourd'hui de gagner des élections, on les perd systématiquement. Que faire ? La première solution est de se dire que puisque aucune personnalité n'émerge, laissons passer notre tour en attendant que, dans sept ans, Marion Maréchal ou d'autres viennent remplir ce vide. On peut, deuxième hypothèse, soutenir une candidature de témoignage, comme celle de Jean-Frédéric Poisson (mais personne ne peut penser sérieusement qu'il puisse gagner les élections). Troisième hypothèse : on regarde du côté de la droite de gouvernement, chez les Républicains, et on en cherche un qui serait moins inexistant, moins insipide que les autres…

    Dans cette galaxie, François-Xavier Bellamy se distingue : il respire l'honnêteté. Mais peut-il incarner un vote populaire, pas uniquement versaillais ? Je n'en suis pas sûr. Quatrième hypothèse : on reconnaît que la politique, ce sont des alliances et des compromis, et on essaie d'aider une nouvelle fois Marine Le Pen. Enfin, dernière hypothèse : on peut imaginer une candidature de rupture, avec une personnalité audacieuse. Une candidature d'envie, de souffle, d'ambition, qui sache se mettre à distance des partis politiques, qui mènerait une candidature de liberté, époustouflante, une campagne qui brûle ses vaisseaux…

    Marion Maréchal ? Le général de Villiers ?

    Je ne vais pas passer ma vie à attendre qu'une jeune fille se décide à vouloir faire de la politique. Et je ne suis pas de ceux qui pensent que parce que tu es galonné, tu es en état de diriger un pays. N'est pas de Gaule qui veut, et on n'est plus en 1940, ni en 1958. Je pense aujourd'hui, mais j'extrapole peut-être, que les expériences et les succès que l'on engrange, certes au niveau d'une ville, certes au niveau d'une agglomération, certes dans le Midi, indiquent qu'il y a quand même un passage possible… À côté du RN, pas contre lui.

    Vous avez eu des mots peu amènes envers Christian Estrosi, qui appelle les élus LR à faire alliance avec Emmanuel Macron. « C'est la droite châtrée », dites-vous…

    Honnêtement, le maire de Nice se fout de la gueule du monde. Il va à la niche ! C'est une droite qui a honte d'elle-même. Sur les questions du terrorisme, de l'identité, de l'immigration, M. Macron n'a rien fait avancer. Leur problème est que, à droite, aucun candidat n'émerge. Qu'est-ce qui différencie M. Baroin de M. Macron ? Rien. Absolument rien, rien de rien. Ils font carrière à droite, à gauche, au milieu : ils font carrière ! Et Mme Pécresse… Elle est de droite, Mme Pécresse ? C'est une douce plaisanterie. Ces gens sont à mille lieues de ce à quoi j'aspire.

    Comment l'ancien fondateur de Reporters sans frontières vit-il le procès des attentats de Charlie Hebdo, de Montrouge et de l'Hyper Cacher ?

    Quand je lis, dans un sondage qu'a commandé Charlie, que 37 % des 15-24 ans aujourd'hui font passer leurs convictions religieuses avant les valeurs de la République (et le taux est de 74 % chez les jeunes musulmans !), je suis effrayé. Mais quel échec pour nous, quel échec ! On constate un recul dans la tête des gens, parce qu'on ne défend pas ce qu'on est. Regardez combien, dans la classe politique, ont des prudences de Sioux, et parlent des caricatures de Mahomet comme d'une « provocation » ? Je dois dire que j'ai trouvé très beaux les mots du Premier ministre, qui a dit : « Toujours Charlie. » C'était juste. Si j'ai envie de détester l'islam et que des gens ont envie de détester le christianisme, ils sont libres de le faire ! C'est ce qui fait notre pays. Dieu sait si ce journal m'a étrillé, mais je me bats pour que les journaux comme Charlie Hebdo existent. La liberté d'expression, de parole, de presse, doit être défendue sans limites. En dehors des appels explicites à la violence, tout est tolérable et tout doit être toléré.

    Y compris une politique-fiction représentant une élue de la République (Danièle Obono) en esclave ?

    Je comprends très bien qu'on puisse être blessé, personnellement, par un certain nombre de choses, mais ce qui peut être dit en est une autre ! À travers ce feuilleton, Valeurs actuelles voulait rappeler que les Africains eux-mêmes ont nourri la traite, et l'esclavage dans les pays musulmans. Des Africains ont vendu des Africains. On peut être maladroit dans la forme. Mais on n'aurait plus le droit de dire cette vérité ? Aujourd'hui, l'émotion est tellement prégnante dans le débat public que toute précision raisonnable, historique, n'a plus sa place. Écrivez ce que je viens de dire, vous verrez les emmerdes que vous allez avoir…

    L'autocensure est un poison. Il n'y a plus besoin de procès : le simple fait d'être montré du doigt et menacé de poursuites par une association fait de vous un coupable, parce que la presse va se jeter dessus, et entraîner l'opinion. La presse est tellement moutonnière, elle chasse en meute… Cinquante articles diront que vous avez été « mis en cause ». Ma femme, députée, a son compte Twitter bloqué depuis un an et demi, pour avoir dit avec humour, au moment du débat sur la fessée, que la petite Greta Thunberg en mériterait une !

    Mais ils nous cassent les couilles, avec leurs éoliennes !

    Vous ne semblez pas fou d'écologie… Il y a quelques jours, vous avez déclaré qu'il faudrait « mettre une bombe et faire péter toutes ces éoliennes ». Bref : vous êtes opposé à

  • Dans le monde à la chinoise qui se dessine, le port du masque deviendra-t-il aussi banal que le port de chaussures ?, pa

    Source : https://www.politiquemagazine.fr/

    Refuser de porter un masque est présenté comme un comportement irréfléchi et irresponsable. Et si cette opposition n'était pas plutôt la réaction nécessaire à un pouvoir qui s'affranchit de tout contrôle ?

    Aujourd’hui, tout est fait pour stigmatiser les opposants à l’obligation du masque, les dénigrer, passer sous silence leurs arguments valables pour ne retenir que les plus aisément critiquables, réduire leurs possibilités d’expression, notamment leur accès à la presse, à la télévision et à Internet, et les enfermer dans un ghetto censément constitué d’extrémistes de tous bords (de droite, surtout, soit l’horreur absolue), de « complotistes » délirants et paranoïaques, tous mauvais citoyens et individus dangereux, souvent irresponsables.

    Un dénigrement bien facile qui procède du terrorisme moral et intellectuel

    Si, sur certains points, les opposants au masque sont critiquables, ils n’en ont pas moins de très légitimes griefs, et des arguments sérieux à faire valoir. L’honnêteté la plus élémentaire consisterait à examiner les uns et les autres impartialement et, pour cela, à permettre aux anti-masques de s’exprimer dans les médias. Mais, cela, le terrorisme moral et intellectuel actuel le refuse. Nous vivons sous la chape de plomb du plus étouffant conformisme, du politiquement correct, de la bien-pensance, de l’intimidation permanente et, pour tout dire, de la peur.

    D’aucuns diront que nous prouvons ici, par ces propos, ce caractère « complotiste », psychopathologique, dont nous prétendons nous défendre.

    C’est faux. Du reste, il est bien facile de dénigrer et entraver continuellement un individu ou un groupe, et, ensuite, de le présenter comme paranoïaque lorsqu’il se plaint de ce traitement.

    L’absence de complot stricto sensu contre les citoyens et les opposants au masque obligatoire

    Cependant, reconnaissons-le, il n’existe pas de complot politique visant à masquer et « distancer » la population (française et mondiale) ; pas plus qu’il n’existe de complot délibérément ourdi contre les adversaires du port obligatoire du masque.

    Dans les débats sur les grands sujets de société, on ne peut jouer sur les mots sans risquer de provoquer la confusion et les plus graves malentendus, et de conforter les préjugés, les idées reçues et l’ignorance, au lieu d’éclairer les esprits.

    Un complot est un plan délibérément concerté entre plusieurs individus conscients et lucides, en vue de nuire à une personne, un groupe ou une institution, pour le discréditer, entraver sa capacité d’expression et/ou d’action, le priver de possibilités d’exercer une fonction d’autorité ou d’influence, et le marginaliser au sein de la société, jusqu’à le faire oublier ; et l’entreprise peut aller jusqu’à détruire la liberté, voire la vie, de celui (ou de ceux) qu’elle vise. En ce sens exact et rigoureux du terme, il n’existe pas de complot contre les Français, ni contre les opposants au port du masque. Ni en France, ni dans le monde, n’existe un plan concerté associant le chef de l’État (ni les chefs d’État), le gouvernement (ou les gouvernements), la haute fonction publique et la classe politique pour asservir la population (française ou mondiale) sous prétexte de lutte contre la pandémie coronovirale.

    Une oppression pourtant bien réelle, relevant de la psychose collective

    Cela suffit-il à nous rassurer contre un risque d’asservissement et de dictature morale ? Nullement. Car l’une des caractéristiques de nos sociétés modernes, en France et en Amérique du nord, est de susciter une pression psychologique, sociale et culturelle, secondairement politique, qui se transforme spontanément – par le jeu de l’intimidation, de la peur de se démarquer du groupe ou d’une prétendue norme, de l’inhibition, du sentiment d’infériorité face au pouvoir et aux élites – en une véritable oppression, du fait d’une soumission à un mode de pensée et de conduite auquel incline la communauté, et qui est érigée en commandement impérieux, en règle absolue et en dogme par nos dirigeants, nos journalistes de presse écrite, de radio et de télévision, nos sites Internet, et une kyrielle d’essayistes et autres intellectuels, dans leurs livres et leurs déclarations. Et tout cela sans que tous ces gens se concertent et arrêtent un plan commun d’action ou de propagande. Nous ne sommes donc pas, certes, en présence d’un complot, mais nous ne trouvons pas moins dans une situation on ne peut plus désagréable en laquelle les individus se trouvent contraints, brimés, oppressés et, en définitive asservis, par aliénation à une effervescence psychosociologique qui leur impose les superstitions, terreurs et idées reçues d’une communauté en proie à une véritable psychose collective, et qui a besoin de repères, et donc de tabous. À quoi s’ajoute l’action des pouvoirs publics qui relève elle aussi, au moins en partie, de cette psychose, et s’efforce de la contenir en apaisant la population par des décisions coercitives présentées comme des mesures de salut public. Entre le pouvoir, les médias, les « intellectuels » et la population, il n’y a pas solidarité de complot, mais plutôt, une continuité psychosociologique. Et si le pouvoir prend et impose des décisions, il ne décide pas de tout comme dans une dictature totalitaire de type fasciste ou communiste.

    L’oppression que nous subissons tous n’est certes pas le fait d’un tyran ou d’un parti unique identifié, mais elle n’en existe pas moins, elle est une réalité et non un fantasme (ou un canular), et d’autant plus redoutable qu’elle est impersonnelle. Et cela justifie pleinement les craintes de certains (beaucoup plus nombreux qu’on ne voudrait nous en persuader) à l’égard des mesures contraignantes prises par nos dirigeants pour juguler la présente pandémie.

    Que l’on cesse de chercher à nous embobiner

    Alors, pour commencer, mesdames et messieurs le Président de la République, le Premier Ministre, les ministres, les parlementaires, les médecins, journalistes et intellectuels médiatiques-rats de plateau (de télévision), cessez de nous raconter des craques et de nous embobiner avec vos propos visant à nous présenter la distanciation et le masque comme des mesures ne diminuant en rien nos libertés (ou notre liberté, tout simplement) et vos slogans loufoquement paradoxaux, mensongers et prétendument rassurants du genre « Masqués mais libres ». Cessez de sous-entendre que nous pouvons vivre heureux quoique masqués et « distancés », de nous répéter que le masque est notre salut, notre sauvegarde, et que son port relève du plus haut degré de civisme. Contentez-vous de nous dire que le port du masque et les mesures de distanciation, bien qu’on ne peut plus contraignants, sont actuellement imposés par les circonstances. Et cessez également cette lamentable et déshonorante politique des petits pas visant à instaurer graduellement le port du masque en tous lieux et en toutes circonstances dès que l’on met le nez hors de chez soi. Rien de plus indigne, sur ce point, que le chemin suivi depuis le début de la crise par nos dirigeants. Résumons-en les phases : 1. Le masque n’est indispensable que pour les soignants, et il est inutile pour le reste de la population. 2. Les non-soignants peuvent porter le masque s’ils le souhaitent, si cela les rassure. 3. Il est assez conseillé de porter le masque. 4. Le masque est obligatoire dans les véhicules de transports en commun, facultatif ailleurs. 5. Le masque est obligatoire dans tous les lieux clos. 6. Le masque est obligatoire dans tous les lieux clos, et peut être imposé dans certains quartiers de certaines villes par les maires et les préfets. 7. Le masque est obligatoire au travail. Et, va bientôt venir : 8. Le masque est obligatoire dès que l’on quitte son domicile.

    Il faut se battre pour obtenir l’assurance que ces mesures ne seront que temporaires.

    Cette dernière mesure sera intolérable. En dépit de toutes les théories lubiques et fantasmatiques ayant actuellement cours au sujet de la possible (?) transmission du virus par aérosol et autres « voies aériennes », il est prouvé qu’en extérieur le port du masque n’est d’aucune efficacité préventive. La seule mesure efficace au-delà des mesures déjà prises serait le reconfinement ; le port du masque partout et en tous lieux n’accroîtrait en rien l’évitement de la contamination. Là encore, qu’on ne nous raconte plus d’histoires.

    Le refus d’un monde de cauchemar et d’une civilisation de la distanciation et du masque

    Que nos dirigeants s’en tiennent donc aux mesures qu’ils ont prises et n’en rajoutent plus. Et qu’ils nous disent aussi clairement (ce qu’ils se gardent bien de faire) que ces mesures ne dureront qu’autant que l’épidémie ne sera pas jugulée ou que l’on n’aura pas découvert et mis en circulation un vaccin approprié. Car si l’on peut comprendre la nécessité de mesures contraignantes pour des raisons de santé publique et d’intérêt général en une situation déterminée et limitée dans le temps, il serait proprement inadmissible que ces mesures devinssent une règle définitive de conduite caractéristique de la société de l’avenir et que nous entrions dans une civilisation où le port d’un masque serait aussi naturel que le port de chaussures, où la circulation des personnes resterait grevée de gestes-barrières et autres pratiques de distanciation, où, à tout jamais, nous nous saluerions par de ridicules jeux de coudes, et où l’éternuement dans le creux du coude – jadis considéré comme sale et malsain – apparaîtrait comme un signe fort d’hygiène, de souci des autres, et de civisme. Il serait intolérable que le monde d’après 1920 fût un monde de cauchemar, un monde de martiens, de mutants masqués et mutuellement « distancés ». Il serait scandaleux qu’alors qu’existerait et serait mis à la disposition du public un vaccin contre le coronavirus, on prétende continuer à nous imposer le port du masque et les mesures de distanciation au motif que le covid-19 n’est pas le seul germe, et qu’il existe d’autres virus vecteurs de maladies.

    Exiger l’abandon du masque et de la distanciation dès qu’un vaccin sera mis en circulation

    C’est pourquoi nous devons nous féliciter de l’existence d’un mouvement croissant d’opposition au port obligatoire du masque, en dépit de la fausseté de certains de ses arguments (pas de tous) et du caractère par trop radical de ses prises de position.

    À notre humble avis, ce mouvement fait fausse route et se voue à l’insuccès auprès du public en soutenant l’inutilité totale du masque et de la distanciation en l’état actuel de la situation sanitaire en France (et dans le monde). Pour devenir crédible, il doit non pas critiquer les mesures actuellement en vigueur, mais se battre pour obtenir l’assurance qu’elles ne seront que temporaires et qu’elles cesseront d’être imposées à partir de la diffusion du vaccin contre le coronavirus au sein de la population.

    Jusqu’ici, notre société libérale, d’ailleurs cause de la propagation du mal actuel, reposait sur un capitalisme mondialiste dont le type achevé se trouvait aux États-Unis. Prenons garde qu’à l’avenir notre société capitaliste soit un peu moins américaine et un peu plus chinoise.

     

    Illustration : Masqués, distancés, alignés au carré dans un grand vide luxueux, le Président et ses ministres décident de masquer la France entière, de Dunkerque à Marseille, sauf les cyclistes et les joggeurs.

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  • Le Prince et la France chrétienne, par Philippe Germain.

    Le 25 octobre 2020, Marine Le Pen s’est publi­que­ment oppo­sée à un Jean Mes­si­ha, éta­blis­sant une incom­pa­ti­bi­li­té entre l’Islam et notre Répu­blique. Du coup ce haut fonc­tion­naire, délé­gué natio­nal aux études, a démis­sion­né d’un Ras­sem­ble­ment natio­nal élec­to­ra­le­ment empê­tré dans la déma­go­gie démo­crate.

    philippe germain.jpgEt pour­tant le chré­tien copte, d’ascendance égyp­tienne, a rai­son contre la bre­tonne laïque. Il y a incon­tes­ta­ble­ment incom­pa­ti­bi­li­té entre la reli­gion laï­ciste et le Coran.

    Les natio­na­listes doivent tirer les consé­quences de cette incom­pa­ti­bi­li­té. La bonne réponse au Dji­had cultu­rel (autre­ment dit, l’Islamisation) néces­site une refon­da­tion de la laï­ci­té répu­bli­caine. Une réelle refon­da­tion n’est envi­sa­geable que dans un cadre monar­chiste. Oui poli­tique d’abord. Oui la solu­tion monar­chique est la seule à per­mettre à la France chré­tienne de mettre en œuvre, les trois moyens néces­saires au com­bat contre l’Islamisation. Trois méthodes dis­tinctes faciles à énu­mé­rer. La plus expé­di­tive d’abord, la re-migra­tion1. La plus sûre ensuite, l’assimilation. La plus dif­fi­cile enfin, l’intégration. La solu­tion monar­chique et une laï­ci­té refon­dée per­mettent de com­bi­ner et ren­for­cer ces trois moyens.

    Oui la solu­tion monar­chique est indis­pen­sable car même si le pou­voir démo­crate s’avérait capable – et il en est loin aujourd’hui – de stop­per le robi­net de l’immigration, celle-ci a dépas­sé le « seuil de tolé­rance ». Ah ! comme cette expres­sion fait mal au « camp du Bien ». Et oui, c’est le Pré­sident Fran­çois Mit­ter­rand qui l’a uti­li­sée et même quan­ti­fiée en 1989 : « le seuil de tolé­rance a été atteint dès les années 1970 où il y avait déjà 4 100 000 à 4 200 000 cartes de séjour à par­tir de 1982. » Il s’en mor­dra d’ailleurs les doigts. Au fait, le seuil de tolé­rance est à com­bien ? Il fut fixé en 1970, par l’Institut natio­nal d’études démo­gra­phiques (INED), à 10% de la population.

    Oui seule la solu­tion monar­chique est capable de refon­der la laï­ci­té et par là même, en mesure de résor­ber le dépas­se­ment du seuil de tolé­rance, par une poli­tique (là aus­si, poli­tique d’abord !) de re-migration.

    Une solu­tion monar­chique avec une laï­ci­té refon­dée sur la base d’une France chré­tienne. Mais qu’en pense le Prince ? Nous natio­na­listes inté­graux, ne serions pas entrain de prendre nos rêves pour des réa­li­tés ? Pour le savoir, retour à son ouvrage Un Prince fran­çais.

    Donc sur la for­mule – en forme de défi disent cer­tains – de France chré­tienne. Que pense le Prince, de cet héri­tage per­met­tant de par­ler de Dieu aux musulmans ?

    « Oui, la France est chré­tienne. Cette convic­tion a tou­jours été celle des princes et des rois, bien avant De Gaulle. » Les étran­gers le savent « Et la famille royale conti­nue d’incarner la France. Mal­gré les aléas de l’histoire, les trois sont indis­so­lu­ble­ment liés dans leur esprit : le chris­tia­nisme, la France et le roi… »

    Il est vrai que pen­dant des mil­lé­naires, les peuples par­ta­geant la même cité trou­vaient logique de par­ta­ger aus­si la même foi. L’Etat était tenu pour le gar­dien de cette foi com­mune. Cela fut aus­si vrai de l’Egypte et de Rome que de la France d’Ancien Régime, ou de l’Israël biblique. C’est depuis le siècle des Lumières que nous avons une concep­tion contrac­tuelle et non plus fidéiste de la socié­té. C’est ain­si que nous nous condam­nons à ne rien com­prendre à l’Islam moderne, qui reste atta­ché à l’idée que pour vivre bien ensemble il est pré­fé­rable de croire aux mêmes choses et d’avoir les mêmes mœurs.

    Mais reve­nons au Prince. Après l’affirmation de sa convic­tion sur : le chris­tia­nisme, la France et le roi, citons le plus lon­gue­ment car il sou­haite la clar­té de la pensée.

    « Mais disons-le clai­re­ment : la France est d’a­bord un pays chré­tien. Le chris­tia­nisme reste la reli­gion la plus pra­ti­quée dans notre pays. Ce n’est pas non plus une reli­gion par­mi d’autres : nous lui devons ce que nous sommes. Nul ne peut igno­rer cet apport his­to­rique et cultu­rel, lié à son anté­rio­ri­té dans le pays. Bien des dif­fi­cul­tés seront apla­nies si les uns s’en sou­viennent et si les autres I ‘admettent. Encore faut-il qu’il y ait des diri­geants pour le rap­pe­ler. Sinon, les Fran­çais ne relè­ve­ront pas cet héri­tage et nous nous ache­mi­ne­rons vers la com­mu­nau­ta­ri­sa­tion du pays. Mais, étant d’un natu­rel opti­miste, je reste confiant. Il y a à Mar­seille, des écoles catho­liques où 80 % des élèves sont musul­mans. Je conçois que cela puisse poser des pro­blèmes, mais n’est-ce pas aus­si le signe que les musul­mans attendent de la France qu’elle reparle de Dieu ? Mais nous ne conju­re­rons les risques dont je parle qu’en étant sûrs de ce que nous sommes. Le vrai dan­ger, c’est le doute de soi. »

    Le prince nous amène à réflé­chir sur la laï­ci­té. La Répu­blique, en France, se pro­clame laïque : c’est écrit dans la Consti­tu­tion. Son évo­lu­tion I’a conduite, dès 1905, à voter la loi de sépa­ra­tion des Églises et de l’E­tat. Est-ce un acquis dont les héri­tiers de nos rois doivent tenir compte ? Qu’en pense le Prince ?

    Ger­main Phi­lippe (à suivre)

    Pour lire les pré­cé­dentes rubriques de la série «  L’Islam enne­mi n° 1 bis », cli­quer sur les liens.

    1. France, mai­son de la guerre
    2. Mai­son de la trêve et ter­ri­toires per­dus de la République
    3. Impact sur la France de la révo­lu­tion isla­miste de 1979
    4. Les beurs et la kalachnikov
    5. Le plan d’islamisation cultu­relle de la France
    6. Islam radi­cal et bar­ba­rie terroriste
    7. Pas d’amalgame mais complémentarité
    8. Pôle idéo­lo­gique islamiste
    9. Pôle idéo­lo­gique des valeurs républicaines
    10. Face au dji­had cultu­rel : poli­tique d’abord !
    11. Prince chré­tien et immigration-islamisation

    1 Ici uti­li­sé comme les démo­graphes de langue anglaise : « retour dans son pays d’o­ri­gine » par des migrants.

    Source : https://www.actionfrancaise.net/

  • Expulsions: l’État de droit dans le mur. Le transfert du pouvoir des élus vers les juges empêche de lutter contre l'isla

    Le centre de rétention administrative (CRA) de Vincennes, 18 septembre 2019.© Stephane de Sakutin/AFP

    Ancien préfet, Michel Auboin connaît de l’intérieur les rouages et chausse-trappes du système administratif chargé de l’expulsion des étrangers dangereux. Son constat: aujourd’hui ces rouages sont grippés à cause d’un transfert de pouvoir des élus et des fonctionnaires vers les juges. Encore un mauvais coup des énarques!

    3.jpgPour répondre à l’émotion légitime des Français, le ministre de l’Intérieur a annoncé des mesures immédiates. Les préfets sont à la manœuvre et la manœuvre est délicate, car les actes de police administrative qu’on leur demande de prendre sont semés d’embûches et de chausses-trappes. L’une de ces mesures concerne la fermeture de la mosquée de Pantin. La fermeture d’un lieu de culte où est prêchée l’incitation au crime terroriste est prévue à l’article L. 227-1 du Code de sécurité intérieure et elle est régulièrement utilisée. Mais, comme elle touche « à la liberté de conscience et au libre exercice des cultes », le Conseil constitutionnel l’a fortement encadrée. Elle ne peut, ainsi, excéder six mois. Dans un pays comme le nôtre qui compte plus de 2 500 mosquées et un grand nombre de salles de prière, on ne voit pas bien en quoi la fermeture de l’une d’entre elles nuit à l’exercice du culte. Personne ne s’émeut de la fermeture d’une gare, qui nuit pourtant à la liberté de se déplacer, ou de celle d’un commerce essentiel à l’alimentation des habitants en milieu rural.

    Le Conseil constitutionnel est animé par d’éminents membres du Conseil d’État, la plus haute instance de la juridiction administrative, dont toute la jurisprudence, depuis des décennies, consiste à défendre les droits des usagers contre l’empiétement de l’administration. Cette jurisprudence a créé un corpus juridique qui verrouille et encadre l’élaboration de la norme, qu’elle émane de la représentation nationale élue par le peuple (la loi) ou du gouvernement en charge de diriger le pays (le règlement). Ce verrou est d’autant plus puissant que les mêmes membres du Conseil d’État, sortis premiers de leur promotion de l’ENA, occupent dans l’administration les postes les plus en vue et que certains finissent même Premier ministre. Tous les directeurs d’administration centrale redoutent le passage d’un texte qu’ils doivent défendre devant cette « haute » assemblée qui gère le dialogue comme un grand oral. Je n’ai pas fait exception à la règle.

    Le Conseil constitutionnel est un verrou puissant

    De décision en décision, le Conseil constitutionnel, faisant de la Constitution une lecture parfois contestable, a déplacé le curseur qui permettait d’assumer le juste équilibre entre la défense des intérêts collectifs – ce que nous appelions auparavant l’intérêt général – et les libertés des individus. Ce faisant, il a privé le décideur politique (le ministre) ou administratif (le préfet ou le maire) d’une grande partie de son pouvoir. Il le soumet à tout moment au contrôle du juge. Il multiplie les voies de recours qui entravent son action. On est arrivé à cette situation absurde où l’administration, convoquée comme coupable dans les procès engagés par des tiers, est contrainte de prendre des avocats pour se défendre.

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    La mosquée radicale de Pantin, qui avait critiqué sur Facebook le professeur assassiné à Conflans Sainte Honorine, est menacée d’une fermeture administrative de 6 mois © CHRISTOPHE SAIDI/SIPA Numéro de reportage : 00986850_000004

    Les autres mesures prises par les préfets à la demande du ministre de l’Intérieur (il n’existe plus beaucoup de mesures que les préfets prennent de leur propre chef) concernent le droit des étrangers. Dans ce domaine, l’action est plus compliquée encore, car la loi a ajouté au contrôle du juge administratif celui du juge judiciaire, investi du rôle de « juge des libertés ». Le ministre a annoncé des expulsions, mais en l’écoutant attentivement, les spécialistes ont compris qu’il ne parlait pas d’expulsion, mais de reconduite à la frontière, ce qui n’est pas la même chose. La reconduite à la frontière concerne les individus de nationalité étrangère vivant en France en situation irrégulière. Ce sont pour l’essentiel des étrangers qui ont passé la frontière sans en avoir été autorisés (des clandestins) ou des déboutés du droit d’asile invités à quitter la France, mais qui y sont restés. L’expulsion concerne, en revanche, des étrangers admis à séjourner en France. Cette confusion a conduit plusieurs commentateurs de la presse télévisée à soulever, par ignorance, la question enterrée de la double peine, sans comprendre que la reconduite de personnes incarcérées n’est pas un effet de leur condamnation, mais de leur situation au regard du droit au séjour. La plupart des prisonniers en situation irrégulière font l’objet d’une mesure de reconduite, parce que l’administration, les ayant sous la main, préfère les cueillir à la sortie de leur détention plutôt que d’attendre qu’ils se soient volatilisés dans la nature. De ce point de vue, la portée de l’annonce est assez relative.

    Répondre aux actes criminels de l’islam politique par des mesures de police des étrangers ne suffit pas à éradiquer le mal, car nous savons, depuis longtemps, le loup dans la bergerie. Une grande majorité des agitateurs, des sympathisants et des exécutants/exécuteurs de l’islam politique est de nationalité française. Beaucoup sont même des Français d’origine française. Mais il va de soi que commettre un crime dans un pays où l’on ne vit que comme invité ne mérite aucune clémence.

    Peu de reconductions pour les étrangers en situation irrégulière

    Les reconduites à la frontière sont mises en œuvre par les préfets et leurs services. Il faut reconnaître que, dans ce domaine, le gouvernement fait mieux que les précédents. Pourtant, les difficultés de procédure ne manquent pas. En 2018 (ce sont les derniers chiffres connus), 110 000 étrangers en situation irrégulière ont été interpellés, 39 400 ont été placés en centre de rétention administrative (dont 25 300 en métropole), mais seuls 15 700 ont été effectivement reconduits, dont seulement 7 300 vers des pays autres que ceux de l’Union européenne. Cette incroyable déperdition est liée à toute une série de facteurs. Dans près de la moitié des cas, l’administration n’a pas réussi à récupérer à temps le laissez-passer consulaire (LPC) qui permet à l’étranger de prendre l’avion ou le bateau, ce dernier ayant pris soin de faire disparaître son passeport. Certains pays rechignent, et on les comprend, à fournir ce document pour ne pas avoir à accueillir chez eux des individus hautement indésirables. Beaucoup contestent même leur nationalité, y compris lorsque tout les désigne. Et la France ne dispose, en la matière, d’aucun fichier fiable.

    Grâce à un meilleur dialogue avec les États concernés, la délivrance des LPC a été améliorée, mais elle est loin d’être satisfaisante. Si l’on prend l’exemple de l’Algérie, pourtant le premier pays d’émigration vers la France, seuls 1 800 éloignements ont été exécutés sur 13 900 mesures prononcées. Le Quai d’Orsay, sur ce point, devrait montrer plus d’empressement à accompagner les démarches du ministre de l’Intérieur.

    Manque de diligence des pays d’origine

    Mais le problème ne tient pas qu’au manque de diligence des pays d’origine, il tient aussi aux délais qu’on leur impose, contraints eux-mêmes par la durée de la rétention. Quand la référence européenne est de dix-huit mois, la France, elle, n’applique qu’une durée maximale de quatre-vingt-dix jours (elle a doublé en 2018). Et si elle ne peut faire mieux, c’est parce que les centres de rétention sont saturés et qu’il n’est pas prévu d’en construire d’autres. Nous sommes là dans la même situation que pour les prisons ou les centres éducatifs fermés, la question des murs conditionne les orientations politiques. La construction coûte trop cher dans un pays qui perd chaque année une partie de ses capacités d’investissement. La question est d’autant plus incompréhensible que les entreprises françaises construisent partout en Europe des centres adaptés et moins coûteux. Avec seulement 23 centres de rétention, en métropole, pour 1 571 places, la France ne possède que 4,7 % des capacités de l’Union européenne, alors qu’elle est le premier pays d’accueil des demandeurs d’asile. Il faut donc en construire et trouver un mode de gestion plus économe (le coût de fonctionnement est de 215 millions d’euros par an), en confiant au secteur privé ce qui ne relève pas stricto sensu de la compétence de la police.

    L’obstacle des LPC n’est pas le seul. Les personnes placées en rétention sont invitées à saisir à la fois le juge judiciaire, sur le fondement de la privation de liberté, et le juge administratif, sur la légalité de la mesure prise par le préfet. En 2018, 4 600 étrangers ont été libérés par un juge judiciaire, 1 750 par un juge administratif. Par ailleurs, même si le droit l’autorise, il devient de plus en plus difficile d’éloigner des familles entières, et donc des parents, cette position de principe étant intervenue pour répondre aux exigences d’associations issues du corps enseignant.

    Comparée à la reconduite, l’expulsion est rarement mise en œuvre. Elle concerne à titre principal les étrangers en situation régulière qui présentent une menace grave pour l’ordre public, qu’ils aient été ou non condamnés. Les activités à caractère terroriste sont précisément visées par le Code. La personne menacée par une procédure d’expulsion est convoquée devant une commission d’expulsion, qui se réunit au tribunal de grande instance et comprend son président, un magistrat de l’ordre judiciaire et un magistrat de tribunal administratif. J’ai un souvenir assez cuisant de cette procédure. Elle concernait un imam considéré comme très dangereux officiant dans une salle de prière de la région parisienne. N’ayant jamais auparavant participé à une commission, je pensais m’y retrouver entre personnes de bonne compagnie. Je fus mis au banc des accusés, mortifié, obligé de justifier une mesure qui tombait pourtant sous le sens, quand le prévenu, de son côté, était interrogé avec égards. Les rapports émis sur l’individu provenaient d’un service de renseignement non autorisé à les signer, et les juges n’entendent pas les arguments formulés par des institutions anonymes. Heureusement pour moi, ce sinistre personnage avait fait violer sa fille de 13 ans pour la marier de force et cet acte odieux a fini par emporter la conviction du juge.

    Il est parfois difficile d’être seul contre tous, quand vous savez de surcroît qu’une mesure prise en application d’un texte de loi peut être contestée par votre ministre lui-même parce qu’entre-temps un groupe de pression influent a fait valoir son point de vue. Tout en sachant qu’on vous reprochera une absence de mesure si cette défaillance conduit à un acte criminel, comme l’a appris à ses dépens un ancien préfet de Lyon.

     

     
    Michel Aubouin est un haut fonctionnaire, essayiste français et ancien préfet. Il a publié une dizaine de livres, dont une Histoire de la police, signée avec Jean Tulard. Ses deux derniers ouvrages sont des biographies, consacrées l'une au révolutionnaire Brissot et l'autre à Madame de Staël.
     
  • En 1926, un évènement capital : les premières ”sanctions vaticanes” contre L'Action française...

    (Extrait de notre Éphéméride de ce jour...)

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    1926 : Premières sanctions vaticanes contre l'Action française, décrétées par Pie XI

     

    • "Premières" car elles seront aggravées le 8 mars suivant : le 29 décembre 1926, c'est "seulement" - si l'on peut dire... - l'ensemble des ouvrages de Maurras ainsi que le quotidien L'Action française qui sont mis à l'Index par décret du Saint-Office; le 8 mars 1927, les adhérents de l'Action française seront carrément interdits de sacrements...

    • "Sanctions" et non "Condamnation", car ni l'Action française, ni Maurras, ni le Royalisme n'ont jamais été "condamnés" par l'Eglise catholique.
    Lorsque l'Eglise catholique "condamne" un mouvement, une doctrine, une théorie, une personne... il s'agit d'un acte définitif et irrévocable, absolument irréversible, sur lequel aucun Pape ne pourra jamais revenir, jusqu'à la fin des Temps.
    Ainsi, le pape Pie XI a "condamné" le nazisme le 14 mars 1937, par la Lettre Encyclique "Mit brenender sorge", et le communisme (mot usuellement employé pour définir le "marxisme-léninisme"), le 19 mars 1937, par la Lettre Encyclique "Divini redemptoris". Aucun Pape n'est revenu sur ces "condamnations", et aucun Pape n'y reviendra jamais : jusqu'à la fin des temps, il est impossible à quiconque se dit chrétien d'adhérer aux théories nazies et marxistes, ou alors il s'exclut par là-même, et de lui-même, de l'Eglise catholique.
    Rien de tel ne s'est passé pour l'Action française en 1926 : aucune Lettre Encyclique n'est venue "condamner" le Royalisme, ni Maurras, ni l'Action française.
    Il y a donc "seulement" eu des "sanctions" pontificales, le 29 décembre 1926, les ouvrages de Charles Maurras ainsi que le quotidien "L'Action française" ont "simplement" été "mis à l'Index", c'est-à-dire interdits de lecture pour les catholiques. Et, un peu plus de deux mois plus tard, le 8 mars 1927, ces "sanctions" furent aggravées : les catholiques qui restaient fidèles au mouvement royaliste se voyaient privés de tout sacrement, y compris au moment de leur mort...

     

    29 décembre,jean goujon,phidias,cariatides du louvre,cour carrée,fontaine des innocents,carnavalet

     

    Le toujours excellent site Maurras.net a consacré à ce sujet un dossier complet, remarquable de rigueur, et qui peut être considéré comme faisant autorité :

    http://maurras.net/textes/159.html

     

     

    29 décembre,jean goujon,phidias,cariatides du louvre,cour carrée,fontaine des innocents,carnavaletDans ses magnifiques "Manants du Roi", Jean de La Varende a bien conté la souffrance qui résulta de ces sanctions iniques : il y consacre trois nouvelles (la septième, "La Fugue", la huitième, "L'enterrement civil" et la neuvième, "La Procession") et dédicaça la huitième de ces nouvelles ("L'enterrement civil") "A la grande mémoire de Jacques Bainville", qui fut lui-même, en 1936, privé d'obsèques religieuses, car ce ne fut que 13 ans plus tard, en 1939, que le nouveau pape Pie XII - dont ce fut l'un des tous premiers actes - leva ces sanctions, sans aucune contrepartie ni rétractation d'aucune sorte de la part de l'Action française, ce qui prouve bien qu'elles étaient injustes et infondées...

    Fait très rare dans l'histoire de l'Eglise : les injustes sanctions vaticanes entraînèrent la démission d'un cardinal, Louis Billot, théologien et prêtre jésuite, créé cardinal par le pape Pie X en 1911, qui démissionna en 1927 en raison de son désaccord avec les sanctions contre l'Action française prises par Pie XI.

    On attribue au cardinal Billot une grande partie de la rédaction de l'encyclique Pascendi, qui condamne le modernisme; ce qui est certain, c'est que le cardinal critiqua sévèrement la conduite du pape, si bien que celui-ci le convoqua au29 décembre,jean goujon,phidias,cariatides du louvre,cour carrée,fontaine des innocents,carnavalet Vatican. C'est le 13 septembre 1927 que Pie XI le reçut en audience : celle-ci fut étrangement brève et silencieuse. Quand Louis Billot sortit de chez le pape, il n'était plus cardinal : il s'était sans cérémonie dépouillé de ses insignes et de son titre cardinalice. Tous les insignes de l'ex-cardinal Louis Billot restèrent dans le bureau du pape, qui accepta officiellement sa démission le 21 octobre. Son geste sera expliqué publiquement, mais après sa mort, par la publication d'une de ses lettres datée du 2 mars 1928 à la revue des Jésuites, Etudes :

    "...J'ai toujours répondu, soit de vive voix, soit par écrit, à tous ceux qui me consultaient sur la ligne de conduite à tenir, qu'il leur fallait non seulement éviter avec soin tout ce qui aurait un semblant d'insoumission ou de révolte mais encore faire le sacrifice de leurs idées particulières pour se conformer aux ordres du Souverain Pontife. Pour ma part personnelle, je me suis, tout le premier, tenu à cette règle..." 

    Comment expliquer ces sanctions vaticanes, venant après les deux règnes très bienveillants vis-à-vis du royalisme français de saint Pie X et de Benoît XV ? Deux règnes qui durèrent tout de même 22 ans, Pie X étant élu le 4 août 1903 (décédé le 20 août 1914) et Benoît XV élu le 3 septembre 1914 (décédé le 22 janvier 1922).

    29 décembre,jean goujon,phidias,cariatides du louvre,cour carrée,fontaine des innocents,carnavaletOn sait que Maurras a écrit, entre autres, un ouvrage au titre éloquent, Le bienheureux Pie X sauveur de la France; et on sait aussi que la mère de Maurras, croyante fervente, et inquiète pour son fils Charles qui s'était éloigné de la religion, était allé à Rome, voir le pape, qui lui avait déclaré, en substance : je bénis son oeuvre, elle aboutira, entrevue racontée par Maurras lui-même, dans son livre Le bienheureux Pie X sauveur de la France, (Plon, 1953, pages 52/53) :

    "Ne parlez pas à votre fils de ce que je vais vous dire... Ne lui en dites jamais rien... Mais je bénis son oeuvre...". Il se tut, pour ajouter : "Elle aboutira". Tel fut le trésor que ma mère emporta de Rome. Elle ne m'en fit jamais part. Pendant les onze années qui lui restaient à vivre, elle n'y fit aucune allusion... J'eus la clef du mystère huit jours après sa mort, survenue le 5 novembre 1922. Deux amies à qui elle s'était confiée, me donnèrent le secret des paroles pontificales : mon oeuvre a été bénie de Pie X. Elle aboutira. J'avais la prophétie et la bénédiction de ce Bienheureux...

    29 décembre,jean goujon,phidias,cariatides du louvre,cour carrée,fontaine des innocents,carnavalet Quant à Benoît XV, critiqué voire haï par les deux camps durant la Guerre (chacun lui reprochant d'être l'ami de l'autre), il fut toujours très bien traité par l'Action française, et il envoya sa bénédiction personnelle à Léon Daudet, le directeur politique du journal : "...Or, trois semaines après, je recevais du Vatican une grande et belle photographie de Sa Sainteté Benoît XV, accompagnée de Sa bénédiction autographe et de Sa signature. Ma famille et moi étions gratifiés d'une indulgence plénière in articulo mortis..."

    Pourquoi, donc, un tel changement de la part du nouveau pontife, Pie XI, qui sera désavoué par son successeur Pie XII, à peine élu ?

    On peut envisager trois types d'explication, toutes très différentes :

    29 décembre,jean goujon,phidias,cariatides du louvre,cour carrée,fontaine des innocents,carnavalet1. Pie XI voyait d'un mauvais oeil les masses catholiques, et les masses tout court, suivre L'Action française de préférence au mouvement de L'Action catholique, qu'il espérait voir reconquérir les esprits, en France, après les fortes persécutions du début du siècle (séparation de l'Eglise et de l'Etat, expulsion des Congrégations etc...). Cet aspect sordide des choses peut surprendre, mais la jalousie n'épargne pas les ecclésiastiques... Il faut se souvenir que L'Action française venait de réunir plus de 60.000 personnes à son Rassemblement royaliste du Mont des Alouettes, en Vendée, que Léon Daudet réunissait régulièrement 20.000 parisiens, et plus, à Luna Park, et que, dans toute la France, le mouvement royaliste progressait, auréolé, entre autres, de son attitude patriotique durant la Guerre.

    Enfin, en 1925, une revue religieuse belge, Les Cahiers de la Jeunesse catholique, publiée à Louvain, ouvrit une Enquête chez ses abonnés : "Parmi les écrivains des vingt-cinq dernières années, quels sont ceux que vous considérez comme vos maîtres."

    Le 5 mai 1925, les résultats étaient publiés. Charles Maurras arrivait en tête avec 174 voix sur 460 suffrages. Le cardinal Mercier, Primat de Belgique, n’arrivait que sixième ! Maurras, non croyant, classé premier et maître de la jeunesse catholique par les jeunes catholiques eux-mêmes, avant le cardinal Mercier, relégué au sixième rang !

    Sans aucun doute, cette sorte de gifle aura, absurdement, pesé dans la balance...

    2. Ensuite, Maurras défendait l'autonomie du politique par rapport au religieux. Il ne les séparait pas, ne les opposait pas, mais il les distinguait, chacun étant autonome et indépendant dans son ordre. Pie XI n'avait pas la même conception. En admettant officiellement cette distinction et cette autonomie, en 1965, le Concile Vatican II  a donné raison à Maurras, et tort à Pie XI. Mais le mal était fait, depuis bien longtemps...

    3. Enfin, il faut replacer ces sanctions vaticanes dans le contexte beaucoup plus large des rapports entre l'Eglise et la Révolution, et la République idéologique qui en est issue.

    29 décembre,jean goujon,phidias,cariatides du louvre,cour carrée,fontaine des innocents,carnavaletPendant un siècle, l'Eglise a fermement condamné la Révolution : dès l'assassinat de Louis XVI, Pie VI (ci contre) a condamné l'acte, ses auteurs et leur idéologie (il mourra d'ailleurs prisonnier, en France) et Pie VII fut obligé par un Bonaparte alors triomphant d'assister à la parodie de  sacre de Notre-Dame.

    L'Eglise et les masses catholiques restèrent donc très largement hostiles à la Révolution et à la République idéologique, même si une part d'entre elles s'accommodaient de leurs idées.

    Mais, après l'échec de la restauration monarchique en 1875, le pape Léon XIII imagina une autre politique vis-à-vis de cette République qui, finalement, semblait s'installer pour durer. Il prôna le Ralliement à la République, pensant que, les catholiques étant majoritaires en France, ils fin29 décembre,jean goujon,phidias,cariatides du louvre,cour carrée,fontaine des innocents,carnavaletiraient par investir le pouvoir, en gagnant les élections.

    Léon XIII (ci contre) prépara les esprits au Ralliement en demandant au cardinal Lavigerie - pourtant traditionaliste - de prononcer son fameux toast d'Alger et, le 16 février 1892, publia son encyclique Inter innumeras sollicitudines, demandant aux catholiques français de renoncer à une opposition systématique au régime en place, d'accepter la Constitution pour combattre "par tous les moyens honnêtes et légaux" les lois anti-chrétiennes, et de peser de tout leur poids sur les nouvelles institutions.

    L'encyclique fut peu suivie, le rallié le plus célèbre étant le comte Albert de Mun (ci contre), qui se repentit 29 décembre,jean goujon,phidias,cariatides du louvre,cour carrée,fontaine des innocents,carnavaletvite - mais trop tard... - de son erreur, et à qui l'Action française n'en tint d'a