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  • Sur le site officiel de l'Action française, la convergence des progressismes, l’éditorial de François Marcilhac.

    C’est Alain Fin­kiel­kraut qui eut l’intuition d’annoncer que l’antiracisme serait le com­mu­nisme du XXIe siècle. Et les évé­ne­ments sur­gis aux Etats-Unis au prin­temps 2020, sous le nom géné­rique « Black Lives Mat­ter » (BLM), et impor­tés presque aus­si­tôt en Europe occi­den­tale, notam­ment en France, n’ont fait que confir­mer, par leur dimen­sion inter­na­tio­nale, le carac­tère qua­si pan­dé­mique de cette nou­velle idéo­lo­gie.

    Oui, l’antiracisme appa­raît bien comme le nou­veau com­mu­nisme, repo­sant comme lui sur un phé­no­mène mon­dial : au XIXe et au XXe siècles, la nais­sance et le déve­lop­pe­ment du pro­lé­ta­riat ; au XXIsiècle, celle du com­mu­nau­ta­risme eth­nique sur fond de mon­dia­lisme.

    On ne s’est tou­te­fois pas suf­fi­sam­ment aper­çu que le trait de génie de Fin­kiel­kraut ne consis­tait pas tant à poin­ter l’antiracisme qu’à voir dans le com­mu­nisme le réfé­rent suprême d’un uni­ver­sa­lisme dévoyé. Pour­quoi ? Parce que l’idéologie mar­xiste fut, de par ses ori­gines mêlées (maté­ria­lisme antique, empi­risme et éco­no­misme anglais, uto­pie libé­rale d’un sens de l’histoire dia­lec­ti­sée par Hegel, hybris d’un nou­vel homme), le para­digme du pro­gres­sisme issu du siècle des Lumières. Et que son implo­sion à la fin des années quatre-vingt, ou son bing-bang, pour employer une méta­phore cos­mo­lo­gique, a, en quelque sorte, libé­ré les élé­ments dont il fai­sait alors la syn­thèse la plus abou­tie. Sur fond de mon­dia­lisme, le consu­mé­risme amé­ri­cain a su les agglo­mé­rer dans une nou­velle dyna­mique.

    Car l’antiracisme n’est pas le seul à pré­tendre au titre peu glo­rieux de com­mu­nisme du XXIsiècle : l’idéologie de la repen­tance et post­co­lo­niale (forme d’antiracisme), le fémi­nisme, la théo­rie du genre, l’écologisme, l’antispécisme (dont le véga­nisme est une pra­tique) ou le trans­hu­ma­nisme, le peuvent éga­le­ment de manière tout aus­si légi­time en ce qu’ils sont d’autres expres­sions du pro­gres­sisme, par­fois contra­dic­toires (ain­si du fémi­nisme et de la théo­rie du genre qui ne font pas tou­jours bon ménage), sou­vent com­plé­men­taires. Un point com­mun : nier la nature humaine, vou­loir trans­for­mer le monde et l’homme au nom de l’utopie (Marx n’a rien inven­té), se libé­rer de toute tra­di­tion pour s’inventer : le pro­gres­sisme est le nom moderne du vieux pro­mé­théisme. Cette aspi­ra­tion à l’autonomie, qui repose sur un sen­ti­ment de déme­sure (« Vous serez comme des dieux ») néces­site tou­jours de « cas­ser les codes », c’est-à-dire, pour faire table rase d’un pas­sé syno­nyme d’hétéronomie, de s’attaquer aux sym­boles dans une vio­lence qui, une fois assi­mi­lée (comme on assi­mile un ali­ment) fait perdre ses défenses immu­ni­taires à l’homme pré­ten­du­ment « ancien » (dans un tout autre sens que biblique), au pro­fit des poten­tia­li­tés indé­fi­nies de l’homme « nou­veau ».

    Car la vio­lence, non pas au ser­vice de la rai­son, mais d’un nou­vel hori­zon, comme tel, inac­ces­sible, est consub­stan­tiel au pro­gres­sisme. Quelles que soient les formes qu’il prend, et leur inten­si­té — il emprunte sou­vent la voie du réfor­misme —, celui-ci est un pro­jet fon­da­men­ta­liste, radi­cal. Aus­si retourne-t-il sa vio­lence intrin­sèque contre ses adver­saires en les dia­bo­li­sant, afin qu’ils appa­raissent comme les agres­seurs. Telle est la fonc­tion des dif­fé­rentes lois « scé­lé­rates » (asso­cia­tives, mémo­rielles, socié­tales) qui visent à inter­dire aux simples « conser­va­teurs » le droit de défendre les prin­cipes tra­di­tion­nels de la socié­té en les cri­mi­na­li­sant a prio­ri. La loi Tau­bi­ra sur l’esclavage est un modèle du genre : vio­lente en soi puisque néga­tion­niste et raciste, en ce qu’elle nie le carac­tère uni­ver­sel de l’esclavage dans l’histoire pour n’en impu­ter la faute (et la repen­tance) qu’aux seuls « Blancs ». Elle a per­mis de har­ce­ler des uni­ver­si­taires dans le seul but d’interdire les tra­vaux his­to­riques au pro­fit de la logor­rhée anti­ra­ciste. La vio­lence du « mariage » homo­sexuel contre la notion même de mariage ? La raf­fa­ri­nade légis­la­tive de 2004 sur l’ « homo­pho­bie » visait à pré­ve­nir toute contes­ta­tion de ce que Tau­bi­ra, en un moment de sin­cé­ri­té qu’elle regret­ta, appel­le­ra elle-même un « chan­ge­ment de civi­li­sa­tion », avant de se conten­ter, par recours au réfor­misme, d’un para­lo­gisme : le mariage devien­drait ain­si enfin « uni­ver­sel », alors qu’il l’était déjà puisque, à l’exception du tabou de l’inceste et une fois les condi­tions d’âge rem­plies (écar­ter la pédo­phi­lie), tout homme pou­vait déjà épou­ser toute femme. Tau­bi­ra ne pou­vait pré­tendre qu’il n’était pas uni­ver­sel qu’en modi­fiant préa­la­ble­ment la défi­ni­tion même du mariage, ouvrant ain­si un ton­neau des Danaïdes, car il est facile, au gré de fan­tasmes divers, appe­lant à ouvrir autant de « droits à », qu’il ne l’est tou­jours pas. Est-il éga­le­ment besoin d’évoquer la vio­lence radi­cale faite à l’enfant et à la paren­té (deve­nue une idéo­lo­gique « paren­ta­li­té ») via la PMA et la GPA pour les couples homo­sexuels ?

    Toutes choses étant égales par ailleurs, les déra­pages (qui n’en sont pas) des maires éco­lo­gistes sur le Tour de France ou la sapin de Noël relèvent de la même vio­lence, ici sym­bo­lique. Une fois n’est pas cou­tume, nous ne pou­vons que don­ner rai­son à Mar­lène Schiap­pa d’avoir trai­té de « rabat-joie » les maires éco­los de Bor­deaux et de Lyon. Mais il faut aller plus loin, ce qu’elle ne sau­rait faire puisqu’elle est elle-même pro­gres­siste. En s’attaquant à une grande mani­fes­ta­tion popu­laire (dont la noto­rié­té déborde du reste lar­ge­ment nos fron­tières), entrée dans la culture fran­çaise, l’écologisme vise direc­te­ment cette réédu­ca­tion du pays réel que les pré­ten­dus tirés au sort de la Conven­tion citoyenne pour le cli­mat ont décli­née en 150 pro­po­si­tions. En trai­tant d’ « art mort » le sapin de Noël, qui sym­bo­lise au contraire la Lumière et la Vie, et cela quelle que soit son ancien­ne­té ou son ori­gine, ils s’attaquent à la joie même de Noël et à l’inscription de cette joie, sur­na­tu­relle pour les Chré­tiens, dans la socié­té.

    Mais l’écologisme ne peut-il pas se pré­tendre à bon droit comme une idéo­lo­gie uni­ver­selle, puisque l’écologie concerne la façon même d’habiter le monde ? Que l’écologisme se mêle aus­si de fémi­nisme (comme les maires de Rennes et de Lyon, qui ont dénon­cé le carac­tère pré­ten­du­ment machiste du Tour de France) est l’indice d’une per­méa­bi­li­té de ces dif­fé­rentes idéo­lo­gies qui com­posent le pro­gres­sisme. On sait aus­si que l’écologisme, enne­mi para­doxal de toute notion de nature humaine, ouvre sur le véga­nisme (visant à trans­for­mer un omni­vore en gra­ni­vore, comme des éle­veurs indus­triels fous ont un temps trans­for­mé des her­bi­vores en car­ni­vores) ; ou que ses mili­tants, en majeure par­tie, sont favo­rables à toutes les « évo­lu­tions » socié­tales visant à détruire la famille, qui serait le lieu d’un patriar­cat hon­ni, le tout sur fond d’un mon­dia­lisme ou d’un cos­mo­po­li­tisme (immi­gra­tion­nisme) pre­nant pré­texte du carac­tère mon­dial des pro­blèmes éco­lo­giques.

    Oui, l’antiracisme est bien le com­mu­nisme du XXIe siècle, mais aux côtés d’autres pro­gres­sismes. Il faut s’attaquer à cha­cun d’entre eux comme à leur conver­gence, qui est celle de tous les fon­da­men­ta­lismes, de tous les fana­tismes, de tous les nihi­lismes.

    Fran­çois Mar­cil­hac

    Source : https://www.actionfrancaise.net/

  • Sur le blog de Michel Onfray : le Président de la République, qu’est-ce qu’un chef? (2)*.

    Venant de la banque, du libéralisme et de la haute fonction publique, personne n’a obligé Emmanuel Macron, huitième président de la V° République, à se réclamer du général de Gaulle, qui n’aimait ni la banque, ni le libéralisme, ni la haute fonction publique -qui le lui ont d’ailleurs bien rendu…

    De la même manière, annoncer une présidence jupitérienne, avec une parole rare, ne relevait d’aucune autre obligation chez lui que de pure et simple communication électoraliste. Dans l’image officielle qu’il se fait et veut donner de lui, il choisit de poser négligemment son fessier sur le bord d’un bureau et de placer bien en vue trois volumes de la prestigieuse collection des éditions Gallimard: la Pléiade. On sait depuis que, dans ces trois volumes savamment choisis et mis en scène par son service communication, on trouve les Mémoires du général de Gaulle.

    Pour l’exercice de cette photo officielle à laquelle il s’est plié sans plaisir, et à laquelle il a consenti par nécessité, le général de Gaulle est debout, comme un phare au beau milieu de la tempête. Il porte les insignes du chef de l’Etat: grand-croix de la Légion d’honneur et grand maître de l’Ordre de la libération. La photographie est prise dans la bibliothèque de l’Elysée: il pose la main sur deux livres qui ne sont rien d’autre que la constitution de 1958 et l’Histoire de la Légion d’honneur. Aucune concession narcissique dans ces choix: par sa fonction, de Gaulle garantit l’être, la fonction et la durée de la France en même temps que la narration de qui l’a faite grande, quand et comment.

    Emmanuel Macron est quant à lui en costume de ville, mais il n’est pas capable d’être debout, son âge ne le lui permet probablement pas, il pose ses fesses sur le meuble dont il tient le rebord à pleine main sur le principe de la crispation. Il a également choisi, en même temps que les Mémoires du général de Gaulle, Le Rouge et le Noir de Stendhal et Les Nourritures terrestres de Gide. Rappelons que le volume de Pléiade du Gide en question contient également Le Traité du Narcisse, L’Immoraliste, Le Retour de l’enfant prodigue et Les Faux-Monnayeurs -ce sont autant de programmes existentiels au choix, mais dont tous sont égotistes et aucun n’est romain… On trouve également sur ce bureau Louis XV deux téléphones portables l’un sur l’autre; l’homme porte également deux bagues, une à chaque main -c’est l’homme du en même temps, autrement dit de la duplicité. Personne n’ignore qu’il aime les signes comme le franc-maçon d’une loge spéculative d’Amiens certain qu’avec ces bibelots il fasse montre de tant d’intelligence concentrée dans sa petite personne!

    On peut comprendre que Macron revendique le narcissisme, l’égotisme, le talent d’un jeune garçon beyliste qui séduit la mère de famille dans la maison qui l’appointe; mais pourquoi le général de Gaulle dans ce fatras d’adolescent pas terminé? Car il n’y a qu’un volume de Gaulle dans la collection prestigieuse de Gallimard. Le président ne peut donc jouer de faux semblant, prétendre qu’il renvoie plutôt au Fil de l’épée ou à Vers l’armée de métier, qui ne figurent pas dans ce volume unique: ce sont ses Mémoires, donc ce que le général fit, fut et dit.

    En fait, Stendhal et Gide, c’est déjà ce qu’il a eu le temps d’être dans sa courte vie: Julien Sorel couchant avec Madame de Rênal, dont le mari l’employait ; et Nathanaël à qui le poète enseigne la ferveur, à savoir l’amour charnel… Quant au général de Gaulle, c’est ce qu’il aurait bien aimé être -mais qu’il ne sera jamais, l’heure est en effet passée depuis bien longtemps pour ce vieux jeune homme qui disposait pourtant de pas mal des cartes nécessaires. Encore eût-il fallu pour cela qu’il sache que le monde existe en dehors de sa petite personne et que l’on nomme Histoire tout ce qui est après en avoir soustrait sa petite personne.

    Quelle arrogance il faut pour que, n’ayant rien réalisé d’autre dans sa vie que de parvenir au pouvoir d’un Etat dévitalisé, comme Sarkozy ou Hollande, pas plus, cette personne compare son existence à celle d’un homme qui eut une théorie des blindés dans les premières années du XX° siècle (laquelle fit le succès des attaques de Guderian dans les Ardennes), fit la Première Guerre mondiale, y fut plusieurs fois blessé, puis prisonnier, prononça l’appel du 18 juin, mit sur pied la France libre, fit de telle sorte que la France fut respectée par les Alliés, empêcha les Etats-Unis de coloniser la France après le débarquement du 6 Juin 1944, créa la V° république et la constitution de 1958, rendit possible l’élection du président de la République au suffrage universel direct, décolonisa notamment l’Algérie en 1962, mit sur pied un projet militaire nucléaire, refusa la sujétion soviétique aussi bien qu’américaine, mena une politique nationale souverainiste, refusa le projet européiste qui visait la dilution de la nation française dans la perspective d’un Etat universel tout entier dévoué au Capital! Quelle arrogance en effet il faut à Macron pour prétendre jouer dans la même catégorie que le général!

    Car cet homme n’a pour guerre que celle qu’il décide et déclare seul contre un virus! Cet individu joue à la guerre mais la guerre se joue de lui. Mépriser un chef d’Etat major, puis faire tout pour l’évincer, rassembler la fine fleur de l’armée française pour lui dire: "je suis votre chef", faire fuiter par un journaliste un propos tenu par un général de manière privée afin d’en faire un casus belli médiatique, remonter l’avenue des Champs-Elysées dans un engin militaire et la redescendre dans un véhicule civil, voilà qui montre une immaturité sidérante quand on dispose du feu nucléaire et qu’on est constitutionnellement le chef des Armées.

    Emmanuel Macron, en tant que chef de l’Etat, porte donc plus que lui puisqu’il est investi, même si chacun a compris les mécanismes faussés de son élection, par l’onction du suffrage universel.

    On a vu récemment qu’il a perdu les élections européennes mais qu’il a estimé que c’était à si peu, selon lui, que cet échec était un franc succès face au Rassemblement national qui, lui, les a gagnées. Or, un chef de l’Etat qui perd des élections, prétend les avoir gagnées, reste au pouvoir, ne modifie en rien la politique française (ni remaniement, ni dissolution, ni nouveau gouvernement) s’avère tout simplement putschiste! En 1969, quand de Gaulle perd le référendum que l’on sait, il s’en va, lui: car le général est démocrate et républicain.

    Si Macron se voulait gaullien ou gaulliste, nul besoin d’afficher les Mémoires du général sur son bureau: il lui aurait suffi d’entendre ce que le peuple lui a dit, soit lors d’élections, soit dans les rues.

    Or, les interminables semaines de plainte des gilets-jaunes ont été tenues par lui pour nulles et non avenues; même chose avec les revendications des personnels hospitaliers dont il se moque depuis plus d’un an; même remarque avec les retraités qui demandaient que l’argent ne fasse pas la loi partout dans leurs vies. Il n’y eut que mépris de la part de celui qui croit comme un enfant que le chef c’est celui qui méprise! Or, le chef c’est celui qui refuse de mépriser quand il en a le pouvoir.

     

    C’est aussi celui qui sait que noblesse oblige, que le pouvoir ne donne pas des droits (celui de parader et de verbigérer sans cesse comme un enfant roi devant la famille réunie le dimanche élargie à la France entière…) mais qu’il confère des devoirs. Et parmi ces devoirs, celui de protéger son peuple.

    Or, depuis le début de la pandémie, mais pas seulement, Emmanuel Macron expose son peuple: dès les premiers jours il a mésestimé et sous-estimé la gravité de la crise; il va chercher des Français expatriés sur les lieux même du foyer infectieux chinois; il répartit les expatriés dans des villages de province; il distribue les permissions aux militaires ayant effectué ce rapatriement sanitaire, libérant ainsi le premier feu du premier foyer; il laisse atterrir quantités d’avions chinois sur le sol français sans qu’un véritable contrôle soit effectué aux atterrissages -une vingtaine par jours à l’époque; il laisse les frontières ouvertes -puis les clôt; il annonce que les écoles ne seront pas fermées -puis il les fait fermer; il déclare nuls et non avenus les masques qui ne serviraient à rien -puis il en commande des millions; il affirme que si l’on n’est pas affectés on n’a pas besoin d’en porter un, mais à Mulhouse il sort en l’arborant ostensiblement; il annonce qu’un strict confinement est nécessaire et qu’à défaut, cette décision s’avérerait inefficace, mais il tolère que dans les territoires perdus de la République la règle ne s’impose pas, ce qui désigne le peuple français à ceux qui se réjouissent de pouvoir l’exposer à la maladie et à la mort.

    Quel chef peut ainsi, dans un état qu’il a décrété de guerre, se montrer si peu chef et exposer autant son peuple de façon régulière et continue?

    Si Agnès Buzyn a bien informé le chef de l’Etat dès décembre de l’étendue des dégâts à venir dans le pays, et qu’il n’en a rien fait, c’est sciemment qu’Emmanuel Macron a laissé se répandre la mort dans le pays dont il a la garde. Qu’il a laissé se répandre et qu’il laisse répandre…

    Si vraiment Macron eut voulu être à la hauteur du général de Gaulle, il lui eut fallu lire Le Fil de l’épée. Lire et comprendre, comprendre et agir en regard de ce qu’il aurait lu et compris.

    Dans cet ouvrage écrit avec une plume du Grand Siècle, le général s’appuie sur Bergson pour effectuer un portrait du chef. Selon lui, ni l’examen, ni le jugement, ni l’intelligence ne suffisent à caractériser le grand homme, le chef. Il faut, dit de Gaulle lecteur de Bergson, l’intuition, qui combine l’instinct et l’intelligence. Sans intelligence, pas d’enchaînement logique ni de jugement éclairé. Sans l’instinct, pas de perception profonde ni d’impulsion créatrice. L’instinct lie à la nature. Il rend ensuite l’action possible.

    Comment peut-on penser une seule seconde qu’Emmanuel Macron disposerait d’intuition, d’instinct et d’intelligence? Chacun a pu le voir depuis deux ans: il n’est que calcul, communication et opportunisme. Quelle liaison cet homme entretiendrait-il avec la nature? Aucune… Il est un produit du théâtre, de la banque, de la finance, de la fonction publique.

    Quelle liaison ce même homme entretiendrait-il avec la culture? Aucune, sinon la relation que chérissent les bourgeois pour lesquels elle se montre un signe d’appartenance de classe -qui sépare les dissemblables et unit les semblables. La culture détend le soir du travail de la banque pendant la journée. Aux heures ouvrables on enrichit les riches et l’on appauvrit les pauvres; le soir venu, on s’habille pour sortir au théâtre.

    Comme cette engeance se trouve loin, bien loin de ce que Bergson et de Gaulle enseignent! Instinct? Intelligence? Intuition? Impulsion créatrice? Saisie de l’élan vital? Inspiration? Connaissance de l’évolution créatrice? Rien de tout cela chez Emmanuel Macron qui est taillé pour le costume du Chef comme un collégien à qui l’on a destiné le vêtement pour la représentation de fin d'année. Il est bon pour les Jésuites de La Providence à Amiens, mais pas au-delà.

    Or il se fait que cet homme se trouve à la tête d’un pays, la France, et qu’il le conduit comme un adolescent perdu. Hier il disait oui, aujourd’hui, il dit non, demain il dira peut-être, après-demain il dira sans vergogne: "je n’ai jamais cessé de vous le dire"... Quelle pitié que ce bateau à la dérive!

    Dans Le Fil de l’épée, de Gaulle parle du chef comme d’un artiste. Or, les circonstances nous le montrent: notre chef est un peintre du dimanche...


    Michel Onfray
     

    *: Suite de "Qu'est-ce qu'un chef (1): Le Professeur"

  • A quand les excuses d’Alger pour la traite des esclaves européens ?, par Bernard Lugan.

    Pères de l’Ordre des Trinitaires négociant le rachat d’esclaves français à Alger au début du XVIIe siècle.
     
    En ces temps de repentance et d’ethno-masochisme, puisque ceux qu’il est difficile de désigner autrement que par le terme d’ennemis, vu leur comportement à l’égard de la France, s’amusent à jongler avec le contexte historique, alors, faisons de même. 
     
    L’Algérie aux abois économiquement, ruinée par les profiteurs du Système qui depuis 1962 se sont méthodiquement engraissés en pillant ses ressources, a donc l’outrecuidance de demander des excuses à la France. Pourquoi pas d’ailleurs, puisque, comme le disait Etienne de la Boétie : « Ils ne sont grands que parce que nous sommes à genoux » ? 

    bernard lugan.jpgDes excuses donc pour avoir tracé en Algérie 54 000 kilomètres de routes et pistes (80 000 avec les pistes sahariennes), 31 routes nationales dont près de 9000 kilomètres goudronnés, construit 4300 km de voies ferrées, 4 ports équipés aux normes internationales, 23 ports aménagés (dont 10 accessibles aux grands cargos et dont 5 qui pouvaient être desservis par des paquebots), 34 phares maritimes, une douzaine d’aérodromes principaux, des centaines d’ouvrages d’art (ponts, tunnels, viaducs, barrages etc.), des milliers de bâtiments administratifs, de casernes, de bâtiments officiels, 31 centrales hydroélectriques ou thermiques, une centaine d’industries importantes dans les secteurs de la construction, de la métallurgie, de la cimenterie etc., des milliers d’écoles, d’instituts de formations, de lycées, d’universités avec 800 000 enfants scolarisés dans 17 000 classes (soit autant d’instituteurs, dont deux-tiers de Français), un hôpital universitaire de 2000 lits à Alger, trois grands hôpitaux de chefs-lieux à Alger, Oran et Constantine, 14 hôpitaux spécialisés et 112 hôpitaux polyvalents, soit le chiffre exceptionnel d’un lit pour 300 habitants. Sans parler d’une agriculture florissante laissée en jachère après l’indépendance, à telle enseigne qu’aujourd’hui l’Algérie doit importer du concentré de tomates, des pois chiches et jusqu’à la semoule pour le couscous… 
     
    Or, tout ce que la France légua à l’Algérie en 1962 fut construit à partir du néant, dans un pays qui n’avait jamais existé et dont même le nom lui fut donné par le colonisateur... Tout avait été payé par les impôts des Français. En 1959, toutes dépenses confondues, l’Algérie engloutissait ainsi 20% du budget de l’Etat français, soit davantage que les budgets additionnés de l’Education nationale, des Travaux publics, des Transports, de la Reconstruction et du Logement, de l’Industrie et du Commerce ! (Voir à ce sujet mon livre Algérie l’Histoire à l’endroit). 
     
    L’Algérie a exigé, et sur ce point comment ne pas être d’accord avec elle, que la France lui restitue les cranes de combattants vaincus par l’armée française lors de la conquête. Mais alors, quid des restes des dizaines de milliers d’esclaves européens dont des milliers de Français enlevés en mer ou par des razzia littorales, morts en Algérie et enterrés dans la banlieue d’Alger dans ce qui, avant la conquête était désigné comme le cimetière des chrétiens ? C’est en effet par dizaines de milliers que des hommes, des femmes et des enfants européens furent pris en mer ou enlevés à terre par les pirates barbaresques. De 1689 à 1697, Marseille perdit ainsi 260 navires ou barques de pêche et plusieurs milliers de marins et de passagers, tous ayant été réduits en esclavage. En 1718, la comtesse du Bourk, ses enfants et ses domestiques qui avaient embarqué à Sète pour rejoindre via Barcelone son mari ambassadeur en Espagne furent capturés en mer. La petite Marie-Anne du Bourk alors âgée de 9 ans, fut rachetée en 1720. 
     
    Grâce aux rapports des pères des Ordres religieux dits de « rédemption des captifs », qu’il s’agisse de l’Ordre des Trinitaires fondé par Jean de Matha et Félix de Valois, ou des Pères de la Merci, les Mercédaires, un ordre religieux fondé par Pierre Nolasque, nous connaissons les noms de milliers d’esclaves rachetés, ainsi que leurs villes ou villages d’origine, cependant que, faute de moyens, des dizaines de milliers d’autres ne le furent pas et moururent dans les chaînes.
     
    En 1643, le Père Lucien Héraut, prêtre de l’Ordre de la Trinité et Rédemption des Captifs, rentra en France avec 50 malheureux Français qu’il venait de racheter aux esclavagistes algérois. Faute de moyens, la mort dans l’âme, il avait laissé derrière lui plusieurs milliers d’autres Français, sans compter les milliers d’esclaves appartenant aux autres nations européennes enlevés en mer ou sur le littoral. 

    Dans une lettre d’une grande puissance de témoignage adressée à Anne d’Autriche, Reine-Régente du royaume de France, le père Héraut se fit l’interprète des captifs, s’adressant à la reine en leur nom, afin de lui demander une aide financière pour les racheter. Une lettre qui devrait clore les prétentions et les exigences d’excuses des descendants des esclavagistes algérois : « Larmes et clameurs des Chrestiens françois de nation, captifs en la ville d’Alger en Barbarie, adressées à la reine régente, par le R. P. Lucien Heraut, Religieux de l’Ordre de la Trinité et Rédemption des Captifs, 1643. 


    « (…) ainsi qu’il arrive ordinairement aux vassaux de vostre Majesté, qui croupissent miserablement dans l’horrible esclavage (…) cette mesme necessité addresse aux pieds de sa clemence et Royalle bonté, les larmes et soupirs de plus de deux milles François de nation Esclaves en la seule ville d’Alger en Barbarie, à l’endroit desquels s’exerce les plus grandes cruautés que l’esprit humain puisse excogiter, et les seuls esprits infernaux inventer. 


    Ce n’est pas, Madame, une simple exaggeration (…) de ceux, qui par malheur sont tombés dans les griffes de ces Monstres Affricains, et qui ont ressenty, comme nous, leur infernalle cruauté, pendant le long sejour d’une dure captivité, les rigueurs de laquelle nous experimentons de jour en jour par des nouveaux tourments: la faim, le soif, le froid, le fer, et les gibets (…) mais il est certain que les Turcs et Barbares encherissent aujourd’hui par-dessus tout cela, inventans journellement de nouveaux tourments, contre ceux qu’ils veulent miserablement prostituer, notamment à l’endroit de la jeunesse, captive de l’un et l’autre sexe, afin de la corrompre à porter à des pechés si horribles et infames, qu’ils n’ont point de nom, et qui ne se commettent que parmys ces monstres et furies infernales et ceux qui resistent à leurs brutales passions, sont écorchez et dechirez à coup de bastons, les pendants tous nuds à un plancher par les pieds, leur arrachant les ongles des doigts, brullant la plante des pieds avec des flambeaux ardents, en sorte que bien souvent ils meurent en ce tourment. Aux autres plus agés ils font porter des chaisne de plus de cent livres de poids, lesquelles ils traisnent miserablement partout où ils sont contrains d’aller, et apres tout cela si l’on vient à manquer au moindre coup de siflet ou au moindre signal qu’ils font, pour executer leurs commandements, nous sommes pour l’ordinaire bastonnez sur la plante des pieds, qui est une peine intollerable, et si grande, qu’il y en a bien souvent qui en meurent, et lors qu’ils ont condamné une personne à six cent coups de bastons, s’il vient à mourir auparavant que ce nombre soit achevé, ils ne laissent pas de continuer ce qui reste sur le corps mort. 


    Les empalements son ordinaires, et le crucifiment se pratique encore parmy ces maudits barbares, en cette sorte ils attachent le pauvre patient sur une manière d’echelle, et lui clouent les deux pieds, et les deux mains à icelle, puis après ils dressent ladite Eschelle contre une muraille en quelque place publique, où aux portes et entrées des villes (…) et demeurent aussi quelque fois trois ou quatre jours à languir sans qu’il soit permis à aucun de leur donner soulagement. 


    D’autres sont écorchez tous vifs, et quantitez de bruslez à petit feu, specialement ceux qui blasphement ou mesprisent leur faux Prophete Mahomet, et à la moindre accusation et sans autre forme de procez, sont trainez à ce rigoureux supplice, et là attachez tout nuds avec une chaine à un poteau, et un feu lent tout autour rangé en rond, de vingt-cinq pieds ou environ de diametre, afin de faire rostir à loisir, et cependant leur servir de passe-temps, d’autres sont accrochez aux tours ou portes des villes, à des pointes de fer, où bien souvent ils languissent fort long temps. 


    Nous voions souvent de nos compatriots mourir de faim entre quatre murailles, et dans des trous qu’ils font en terre, où ils les mettent tout vif, et perissent ainsi miserablement. Depuis peu s’est pratiqué un genre de tourment nouveau à l’endroit d’un jeune homme de l’Archevesché de Rouen pour le contraindre a quitter Dieu et nostre saincte Religion, pour laquelle il fut enchaisné avec un cheval dans la campagne, l’espace de vingt-cinq jours, à la merci du froid et du chaud et quantitez d’autres incommoditez, lesquelles ne pouvant plus supporter fit banqueroute à notre saincte loy. 


    Mille pareilles cruautez font apostasier bien souvent les plus courageux, et mesme les plus doctes et sçavants : ainsi qu’il arriva au commencement de cette presente année en la personne d’un Père Jacobin d’Espagne, lequel retenu Captif, et ne pouvant supporter tant de miseres, fit profession de la loy de Mahomet, en laquelle il demeura environ six mois, pendant lesquels (…) il avoit scandalisez plus de trente mille Chrestiens esclaves de toutes nations (…) il se resolu à estre brullé tout vif, qui est le supplice ordinaire de ceux qui renoncent à Mahomet (…)en suite deqoy il fut jetté en une prison obscure et infame (…) Le Bascha le fit conduire au supplice(…) il fut rosty à petit feu un peu hors de la ville près le Cimitiere des Chrestiens. 


    Nous n’aurions jamais fait, et nous serions trop importuns envers votre Majesté, de raconter icy toute les miseres et calamitez que nous souffrons : il suffit de dire que nous sommes icy traittez comme de pauvres bestes, vendus et revendus aux places publiques à la volonté de ces inhumains, lesquels puis apres nous traittent comme des chiens, prodiguans nostre vie, et nous l’ostans, lors que bon leur semble (…). 


    Tout cecy, Madame, est plus que suffisant pour émouvoir la tendresse de vos affections royales envers vos pauvres subjets captifs desquels les douleurs sont sans nombre, et la mort continuelle dans l’ennuy d’une si douleureuse vie (…), et perdre l’ame apres le corps, le salut apres la liberté, sous l’impatience de la charge si pesante de tant d’oppressions, qui s’exercent journellement en nos personnes, sans aucune consideration de sexe ny de condition, de vieil ou du jeune, du fort ou du foible : au contraire celuy qui paroist delicat, est reputé pour riche, et par consequent plus mal traitté, afin de l’obliger à une rançon excessive, par lui ou par les siens (…) nous implorons sans cesse, jettant continuellement des soupirs au Ciel afin d’impetrer les graces favorables pour la conservation de vostre Majesté, et de nostre Roy son cher fils, destiné de Dieu pour subjuguer cette nation autant perfide que cruelle, au grand souhait de tous les Catholiques, notamment de ceux qui languissent dans ce miserable enfer d’Alger, une partie desquels ont signé cette requeste en qualité, Madame, de vos tres humbles, tres obeyssants, tres fidels serviteurs et vassaux les plus miserables de la terre, desquels les noms suivent selon les Dioceses et Provinces de votre Royaume. » 


    Le numéro du mois de septembre de l’Afrique Réelle sera un numéro spécial consacré à la repentance et à l’esclavage et, le 1er septembre, je publierai un livre intitulé Esclavage, l’histoire à l’endroit, une arme de réfutation de la doxa culpabilisatrice. Les lecteurs de ce blog et les abonnés à la revue seront informés dès sa parution.


    Bernard Lugan
  • Orban répond à l’agression de Soros.

    Nom­breux sont ceux qui pensent que le chef du gou­ver­ne­ment d’un pays n’a pas à débattre avec George Soros. Pour eux, Soros est un délin­quant éco­no­mique, qui a gagné son argent par la spé­cu­la­tion, par la ruine de mil­lions de per­sonnes, et même par le chan­tage exer­cé sur rien moins que des éco­no­mies natio­nales.

    Tout comme les gou­ver­ne­ments ne peuvent pas dis­cu­ter avec des ter­ro­ristes, les chefs de gou­ver­ne­ment ne peuvent pas non plus débattre avec des délin­quants économiques.

    J’y suis tout de même contraint aujourd’hui, parce que George Soros, le mil­liar­daire spé­cu­la­teur d’origine hon­groise, a publi­que­ment impar­ti des ordres aux diri­geants de l’Union euro­péenne dans un article paru le 18 novembre sur le site dénom­mé Pro­ject Syn­di­cate, dans lequel il leur intime de punir sévè­re­ment les Etats-membres qui se refusent à s’intégrer dans un empire euro­péen glo­bal et uni­fié sous la ban­nière de la socié­té ouverte.

    Tout au long de l’histoire, ce sont tou­jours les nations qui ont don­né sa force à l’Europe. Bien que les nations for­mant l’Europe soient d’originesperses, les racines com­munes de notre foi les ont réunies. Le modèle de la famille repo­sant sur la tra­di­tion judéo-chré­tienne a été le fon­de­ment de nos com­mu­nau­tés. C’est la liber­té chré­tienne qui a assu­ré la liber­té de la réflexion et de la culture et a créé une concur­rence béné­fique entre les nations de l’Europe. Le mélange ver­tueux des dif­fé­rences a fait de l’Europe, pen­dant des siècles, la force motrice du monde.

    Toutes les ten­ta­tives visant à cher­cher à uni­fier l’Europe sous l’égide d’un empire ont échoué. C’est pour­quoi l’expérience his­to­rique nous fait dire que l’Europe ne sera de nou­veau grande que lorsque ses nations le seront éga­le­ment, et qu’elles sau­ront résis­ter à toute ten­ta­tive impériale.

    Des forces puis­santes sont de nou­veau à l’oeuvre pour faire dis­pa­raître les nations euro­péennes et uni­fier le conti­nent sous l’égide d’un empire glo­bal. Le réseau Soros, qui imprègne de toutes parts la bureau­cra­tie euro­péenne et les élites poli­tiques, tra­vaille depuis des années à faire de l’Europe un conti­nent d’immigration. Aujourd’hui, le plus grand dan­ger qui menace les Etats de l’Union euro­péenne est repré­sen­té par le réseau Soros et la socié­té ouverte, employés à pro­mou­voir l’élimination des cadres natio­naux. Les objec­tifs du réseau sont clairs : au tra­vers de l’accélération de la migra­tion, créer une socié­té ouverte mul­ti­cul­tu­relle et eth­ni­que­ment mélan­gée, déman­te­ler les pro­ces­sus de déci­sion natio­naux et les remettre entre les mains des élites globalisées.

    L’Union euro­péenne est à la peine. Elle est atteinte depuis 2008 par une crise éco­no­mique inédite, depuis 2015 par une crise migra­toire, et en 2020 par une pan­dé­mie dévas­ta­trice. Elle n’est même pas sor­tie de ses crises pré­cé­dentes qu’elle doit faire face aux consé­quences encore plus lourdes de la pan­dé­mie du coro­na­vi­rus. Les signes en sont déjà là. La dette publique, le chô­mage, l’état de l’économie atteignent des niveaux cri­tiques dans nombre de pays. L’on n’a jamais eu davan­tage besoin de la soli­da­ri­té euro­péenne et du ras­sem­ble­ment des nations euro­péennes pour se venir mutuel­le­ment en aide.

    Lors d’aucune de ces crises le spé­cu­la­teur qui se dit phi­lan­thrope ne s’est pré­oc­cu­pé des inté­rêts des Euro­péens. Il a chaque fois agi en fonc­tion de ses propres inté­rêts. L’on se sou­vient, au moment de la crise éco­no­mique, de son attaque contre le forint et contre la plus grande banque de Hon­grie ain­si que, au moment de la crise migra­toire, de son plan visant à l’accélération de l’implantation, de la répar­ti­tion et du finan­ce­ment des migrants. A pré­sent, au lieu de la soli­da­ri­té et de l’entraide mutuelle, le voi­là qui se pré­sente avec une pro­po­si­tion visant à nous punir les uns les autres.

    Le réseau diri­gé par George Soros ne recule même plus devant l’intervention ouverte. Il veut pla­cer les Etats-nations sous la pres­sion la plus forte pos­sible. Il dresse les uns contre les autres les peuples d’Europe. Les moyens employés par le réseau sont mul­tiples et actifs sur les scènes les plus variées de la vie publique. La liste est longue des res­pon­sables poli­tiques, des jour­na­listes, des juges, des bureau­crates, des pro­pa­gan­distes poli­tiques maquillés en repré­sen­tants de la socié­té civile qui émargent aux fiches de paie éta­blies par George Soros. Et bien que le mil­liar­daire accuse tous ses adver­saires de cor­rup­tion, il est lui-même l’homme le plus cor­rom­pu de la terre. Il paie et achète tous ceux qu’il peut. Ceux qu’il ne peut ni payer ni ache­ter ont droit aux rigueurs de la redou­table arme du réseau : le déni­gre­ment, l’humiliation, l’intimidation, l’annihilation au tra­vers de la presse de gauche.

    De nom­breux bureau­crates de haut niveau de l’Union agissent de concert avec le réseau de George Soros en vue de la créa­tion d’un empire uni­fié. Ils sou­haitent mettre en place un sys­tème ins­ti­tu­tion­nel visant à impo­ser aux nations libres et indé­pen­dantes d’Europe un mode de pen­sée unique, une culture unique, un modèle social unique. En leur ôtant le droit de tout peuple à déci­der lui-même de son sort. C’est le but de leur pro­po­si­tion appe­lée Etat de droit, qui ne recon­naît tou­te­fois pas la pré­do­mi­nance du droit, mais celle du plus fort.

    Les dif­fé­rences sont évi­dentes. Soros veut une socié­té ouverte (Open Socie­ty), nous vou­lons quant à nous une socié­té pro­té­gée (Safe Socie­ty). Pour lui, la démo­cra­tie ne peut être que libé­rale, pour nous elle peut être aus­si chré­tienne. Pour lui, la liber­té ne peut ser­vir que l’affirmation inpi­duelle, pour nous la liber­té peut aus­si consis­ter à suivre l’enseignement du Christ, elle peut aus­si être mise au ser­vice de la patrie et de la pro­tec­tion de notre famille. La base de la liber­té chré­tienne est la liber­té de déci­der. C’est ce qui est mis en dan­ger aujourd’hui.

    Etats-membres vivant du côté orien­tal de l’Union, nous savons très bien ce que signi­fie être libres. L’histoire des nations d’Europe cen­trale a été un com­bat inces­sant de la liber­té contre les grands empires, afin d’arracher jour après jour, face à eux, notre droit à déci­der de notre sort. Nous savons d’expérience que toute aspi­ra­tion impé­riale rend esclave. Nous sommes encore un cer­tain nombre, issus de la géné­ra­tion des com­bat­tants de la liber­té – les pays de l’ancien Bloc de l’Est de l’Estonie à la Slo­vé­nie, de Dresde à Sofia – qui avons encore une expé­rience per­son­nelle de ce que veut dire résis­ter à l’arbitraire, au fait du prince, et à sa ver­sion com­mu­niste. Inti­mi­da­tion, anni­hi­la­tion maté­rielle et morale, vexa­tions phy­siques et spi­ri­tuelles. Nous n’en vou­lons plus.

    Les diri­geants occi­den­taux, qui ont vécu toute leur vie à l’abri de la liber­té et de l’Etat de droit dont ils ont héri­té, devraient main­te­nant écou­ter ceux qui ont com­bat­tu pour la liber­té et qui sont à même, du fait de l’expérience de leur propre vie, de faire la dif­fé­rence entre l’Etat de droit (Rule of Law) et la volon­té d’un seul (Rule of Man). Ils doivent accep­ter que nous ne puis­sions pas sacri­fier au 21ème siècle la liber­té que nous nous sommes gagnée au 20ème.

    L’issue du com­bat pour ou contre le nou­vel empire bruxel­lois n’est pas encore tran­chée. Bruxelles semble tom­ber, mais une bonne par­tie des Etats-nations résiste encore. Si nous vou­lons conser­ver notre liber­té, l’Europe ne peut pas faire allé­geance au réseau Soros.

    Source : https://www.actionfrancaise.net/

  • Prince chrétien et immigration-islamisation, par Ger­main Philippe.

    Au titre de la crois­sance sans limite, la socié­té indus­trielle a lan­cé un pro­ces­sus d’immigration mas­sif. Au titre du sou­tien à la consom­ma­tion, la Tech­no­cra­tie a trans­for­mé cette immi­gra­tion de tra­vail-escla­vage en une immi­gra­tion de peu­ple­ment.

    philippe germain.jpgCelle-ci, à par­tir de la révo­lu­tion ira­nienne (1979) a géné­ré une isla­mi­sa­tion cultu­relle ram­pante consti­tuant la menace prin­ci­pale pour la France.

    Cette menace puis­sante, pres­sante, pesante, la Répu­blique est impuis­sante à y faire face. Les esquives et dénis du pays légal ne trompent plus le pays réel. Dans ses pro­fon­deurs, il gronde. Il est de moins en moins dupe des men­songes et autres entour­loupes de l’élite médiatique.

    Ne tour­nons pas autour du pot, l’unique bonne réponse au dji­had cultu­rel mené par le pole idéo­lo­gique isla­miste, passe par une refon­da­tion de la laï­ci­té répu­bli­caine. Cette solu­tion exige de mettre un terme au Sys­tème poli­tique actuel. Oui, l’histoire de France nous enseigne qu’une refon­da­tion de la laï­ci­té n’est envi­sa­geable que dans un cadre monarchique.

    C’est pour­quoi l’Action fran­çaise tra­vaille au retour du Prince Chré­tien. Mais qu’en pense l’intéressé ? Le plus simple est d’aller à la source, son ouvrage Un Prince fran­çais. Voyons ce que pense Mon­sei­gneur le comte de Paris, Jean IV de France sur l’immigration, l’Islamisation, la France chré­tienne et enfin la laïcité.

    Com­men­çons par la pro­blé­ma­tique migra­toire, source de l’Isla­mi­sa­tion, en sou­li­gnant six axes de la pen­sée du Prince :

    « La France est en effet un pays d’im­mi­gra­tion, ce qui s’ex­pli­quait autre­fois par une démo­gra­phie dépri­mée et, pen­dant les Trente Glo­rieuses, par le dyna­misme de notre indus­trie. De nom­breux étran­gers ont contri­bué acti­ve­ment à la crois­sance fran­çaise, et je crois néces­saire de le sou­li­gner. Mais notre éco­no­mie n’est plus aus­si dyna­mique. La crise ne nous per­met plus d’ac­cueillir digne­ment tous ceux qui vou­draient s’ins­tal­ler ici. Il faut avoir le cou­rage de le leur dire. Je crois utile de ren­for­cer notre poli­tique de coopé­ra­tion avec leurs pays d’o­ri­gine pour qu’ils ne soient plus contraints à I ‘exil et puissent contri­buer au déve­lop­pe­ment de leur propre pays. C’est notre inté­rêt comme c’est le leur. Pour les mêmes rai­sons et dans le même esprit, nous devrions aus­si ren­for­cer les contrôles aux fron­tières, qui ont été exa­gé­ré­ment allé­gés depuis que nous avons rejoint I ‘espace Schen­gen : Nous ne pou­vons pas aban­don­ner à nos voi­sins euro­péens la sur­veillance de nos frontières.

    « J’a­joute que la France a long­temps conduit une poli­tique d’as­si­mi­la­tion des étran­gers qu’elle lais­sait entrer sur son sol. Elle y a renon­cé dans les années 1980. On ne fait plus aimer la France aux Fran­çais, ni à ceux qui veulent le deve­nir. On ne leur apprend plus que la France peut jus­ti­fier cer­tains sacri­fices, en contre­par­tie de l’ac­cueil qu’elle leur a réser­vé. Com­ment alors les inté­grer à la Nation ? Ce renon­ce­ment est une erreur, qu’au­cun gou­ver­ne­ment n’a vrai­ment ten­té de cor­ri­ger et qui pour­rait encore s’ag­gra­ver avec la mise en place subrep­tice de mesures de dis­cri­mi­na­tion posi­tive. Il me paraî­trait aber­rant que la France y ait recours au moment où les Etats-Unis constatent publi­que­ment l’é­chec de telles mesures. La dis­cri­mi­na­tion posi­tive ne pour­rait que favo­ri­ser le mul­ti­cul­tu­ra­lisme, c’est-à-dire la coexis­tence sur notre sol de com­mu­nau­tés sans liens les unes avec les autres, sans pas­sé ni ave­nir com­muns. Ce serait périlleux pour la cohé­sion nationale… 

    « Nos gou­ver­ne­ments ont fait venir en France, sous la pres­sion du patro­nat, de très nom­breux étran­gers, pour des rai­sons éco­no­miques, sans se sou­cier des consé­quences sociales. Ces tra­vailleurs y ont trou­vé un inté­rêt maté­riel et se sont ins­tal­lés en France quand le regrou­pe­ment fami­lial a été auto­ri­sé. Mais, au lieu de les encou­ra­ger à s’as­si­mi­ler à la Nation, nous leur avons dit, dans les années 1980, que la France était un espace mul­ti­cul­tu­rel, où cha­cun pou­vait s’ins­tal­ler sans contre­par­tie. Les droits, mais pas les devoirs. Résul­tat : des com­mu­nau­tés qui se côtoient sans par­ti­ci­per à une his­toire com­mune. Le cadre natio­nal devient flou.

    « Il me semble, dit Jean IV, qu’il faut dis­tin­guer la ques­tion de la reli­gion de celle de ses impli­ca­tions sociales. Il y a sur notre sol des confes­sions dif­fé­rentes : C’est un fait. La ques­tion se pose aujourd’­hui du sta­tut de l’is­lam. Le prince, garant de l’ex­pres­sion reli­gieuse ? Oui ! Mais il ne peut pas tolé­rer les entre­prises de désta­bi­li­sa­tion sociale, que cer­tains vou­draient fon­der sur de fal­la­cieux argu­ments religieux. »

    Cer­tain nous diront : mais nous savions tout cela et cela ne sert à rien de le dire. Certes, mais pour nous maur­ras­siens, ce pha­sage avec les posi­tions du prince nous semble impor­tant à rap­pe­ler. Il récon­forte notre approche stra­té­gique. Citons par exemple le ren­for­ce­ment de notre poli­tique de coopé­ra­tion avec les pays d’o­ri­gine prô­née depuis plus de 30 ans par Pierre Debray ; le ren­for­ce­ment des contrôles aux fron­tières constam­ment défen­du par les natio­na­listes inté­graux face à l’oligarchie euro­péiste ; la néces­saire poli­tique d’assimilation aban­don­née par les socia­listes au pro­fit du foi­reux creu­set d’intégration répu­bli­caine. La dénon­cia­tion du mul­ti­cul­tu­ra­lisme, tou­jours par Pierre Debray, contre les fana­tiques du dif­fé­ren­tia­lisme. La res­pon­sa­bi­li­té des gou­ver­ne­ments répu­bli­cains dans l’immigration escla­va­giste expo­sée par Fran­çois Mar­cil­hac et Fran­çois Bel-Ker. Le cou­rage d’oser poser la ques­tion du sta­tut de l’Islam. Oui de grandes choses pour­raient être faites avec le Prince chrétien !

    Alors main­te­nant pas­sons à la France chré­tienne et à la laï­ci­té.

    Ger­main Phi­lippe (à suivre)

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    1. France, mai­son de la guerre
    2. Mai­son de la trêve et ter­ri­toires per­dus de la République
    3. Impact sur la France de la révo­lu­tion isla­miste de 1979
    4. Les beurs et la kalachnikov
    5. Le plan d’islamisation cultu­relle de la France
    6. Islam radi­cal et bar­ba­rie terroriste
    7. Pas d’amalgame mais complémentarité
    8. Pôle idéo­lo­gique islamiste
    9. Pôle idéo­lo­gique des valeurs républicaines
    10. Face au dji­had cultu­rel : poli­tique d’abord !

    Source : https://www.actionfrancaise.net/

  • Prince chrétien et laïcité, par Philippe Germain.

    Nous connais­sons main­te­nant les pen­sées du Prince sur l’immigration, l’Islamisation et la France chré­tienne. Il nous faut main­te­nant connaitre sa vision de la laï­ci­té, ce mot incon­nu des autres langues.

    philippe germain.jpg« Sans doute faut-il rap­pe­ler, en pré­am­bule, que la laï­ci­té a fait par­tie du bagage chré­tien dès l’o­ri­gine du chris­tia­nisme. « Ren­dez à César ce qui appar­tient à César, à Dieu ce qui appar­tient à Dieu » : la réponse du Christ aux Pha­ri­siens, qui figure dans les Évan­giles, a tou­jours réglé les rap­ports entre I ‘Église et I ‘État dans le monde chré­tien. Les deux pou­voirs sont dis­tincts. Cela me semble sain : d’un côté le tem­po­rel, de l’autre, le spi­ri­tuel. Il y a d’ailleurs eu des conflits, par­fois vio­lents, entre le royaume de France et la papau­té, I ‘un ten­tant d’im­po­ser à I ‘autre sa volon­té. On se sou­vient encore de la que­relle oppo­sant, à la fin du XIIIe siècle, le pape Boni­face VIII à Phi­lippe le Bel, qui se déclare « empe­reur en son propre royaume ». La Prag­ma­tique Sanc­tion de Bourges pro­mul­guée par Charles VII en 1438 puis le Concor­dat de 1516 confirment le gal­li­ca­nisme royal. En 1682, la Décla­ra­tion des quatre articles rédi­gés par Bos­suet pro­clame l’in­dé­pen­dance du roi « dans les choses tem­po­relles ». Mais ne nous mépre­nons pas ! Cette dis­tinc­tion ne signi­fie pas que le roi ignore l’en­sei­gne­ment de l’É­glise. Au contraire, le sou­ve­rain se com­porte en roi « très chré­tien » : il ne s’a­git pas de renier la foi, mais seule­ment d’af­fir­mer son auto­ri­té sur la conduite des affaires du pays.

    Tout autre est le pro­jet de la III° Répu­blique. Jules Fer­ry dit vou­loir « orga­ni­ser I ‘huma­ni­té sans roi et sans Dieu » … C’est dans ce contexte de pas­sions qu’est votée la loi de sépa­ra­tion des Églises et de l’E­tat. Nous sommes bien loin de la laï­ci­té telle que la conce­vaient l’É­glise et les rois de France : il s’a­git d’une laï­ci­té de com­bat, d’une idéo­lo­gie qui, dans ses ultimes déve­lop­pe­ments, inter­dit l’ex­pres­sion publique de la foi. …Et je déplore que res­sur­gisse pério­di­que­ment une laï­ci­té éton­nam­ment agres­sive dont les croyants, en géné­ral, et les chré­tiens, en par­ti­cu­lier, conti­nuent de souffrir ».

    Et, ose­rions nous dire, le prince nous semble faire de l’empirisme orga­ni­sa­teur en uti­li­sant l’Histoire de France, comme un réser­voir d’expériences pour ser­vir le pré­sent. Citons-le lon­gue­ment sur ce qu’il nomme sa « laï­ci­té pragmatique ».

    « Hen­ri IV reste dans la mémoire des Fran­çais comme I ‘homme de la récon­ci­lia­tion. L’É­tat se fait le garant de la paix civile en don­nant aux pro­tes­tants la pos­si­bi­li­té de pra­ti­quer leur culte, pour­vu qu’ils res­pectent les termes de l’é­dit. C’est donc un édit de paci­fi­ca­tion et de tolé­rance qui orga­nise les rela­tions entre I ‘Etat, les catho­liques et les pro­tes­tants dans I ‘inté­rêt du pays. Ce texte peut donc être consi­dé­ré comme l’une des sources de notre laï­ci­té « pragmatique ».

    « Est-ce encore pos­sible aujourd’­hui ? Il existe désor­mais en France de nom­breuses com­mu­nau­tés étran­gères ou d’o­ri­gine étran­gère qui ne font pas la dis­tinc­tion entre le tem­po­rel et le spi­ri­tuel. Nous n’a­vons pas non plus, chré­tiens, juifs et musul­mans, la même concep­tion de la loi. C’est une dif­fi­cul­té qu’il ne faut pas se dis­si­mu­ler si nous vou­lons conju­rer le risque de frag­men­ta­tion du pays. Je ne peux pas me rési­gner à I ‘idée que la France ne soit rien d’autre qu’une jux­ta­po­si­tion de com­mu­nau­tés. Com­ment l’é­vi­ter ? La laï­ci­té de l’É­tat, que je dis­tin­gue­rai d’un laï­cisme idéo­lo­gique et bel­li­queux, est une pre­mière réponse. En garan­tis­sant la liber­té des cultes, elle appelle toutes les confes­sions à faire preuve de res­pon­sa­bi­li­té en tra­vaillant dans I ‘inté­rêt géné­ral et pour le bien com­mun – ce qui leur inter­dit de ver­ser dans I ‘excès. Il est du devoir des pou­voirs publics de s’op­po­ser à toute forme de vio­lence uti­li­sée pour impo­ser auto­ri­tai­re­ment ses idées ou ses convic­tions religieuses.

    « Pour autant, je ne crois pas qu’il suf­fise d’af­fir­mer la laï­ci­té de l’É­tat pour don­ner à cha­cun I ‘envie de par­ti­ci­per à I ‘aven­ture natio­nale, quelle que soit son ori­gine. Là encore, il revient aux chré­tiens de mon­trer l’exemple. La France doit être fidèle aux pro­messes de son bap­tême pour être res­pec­tée dans le monde et par tous ceux qui sont venus y vivre. Si nous déni­grons notre his­toire, si nous renions notre voca­tion, si nous n’é­prou­vons pas la fier­té d’être Fran­çais, pour­quoi des étran­gers adop­te­raient-ils nos lois et nos cou­tumes ? Com­ment leur faire aimer la France si nous ne I ‘aimons plus nous-mêmes ? »

    Certes ce n’est pas un pro­gramme. La Monar­chie n’est pas un par­ti. Ceci rap­pe­lé, cela res­semble bigre­ment à des orien­ta­tions poli­tiques pour une nou­velle « aven­ture natio­nale ». Alors oui, plein d’espérance, lais­sons-nous aller avec Ber­na­nos consi­dé­rant qu’un roi, c’est « un homme à che­val qui n’a pas peur ». Même si cette belle défi­ni­tion du vieux came­lot du roi, n’est pas le tra­cé du qua­dri­la­tère maur­ras­sien, nous la fai­sons notre.

    La France est devant une alter­na­tive ; laquelle ?

    Ger­main Phi­lippe (à suivre)

    7.jpg

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    1. France,  mai­son de la guerre
    2. Mai­son de la trêve et ter­ri­toires per­dus de la République
    3. Impact sur la France de la révo­lu­tion isla­miste de 1979
    4. Les beurs et la kalachnikov
    5. Le plan d’islamisation cultu­relle de la France
    6. Islam radi­cal et bar­ba­rie terroriste
    7. Pas d’amalgame mais complémentarité
    8. Pôle idéo­lo­gique islamiste
    9. Pôle idéo­lo­gique des valeurs républicaines
    10. Face au dji­had cultu­rel : poli­tique d’abord !
    11. Prince chré­tien et immigration-islamisation
    12. Le Prince et la France chrétienne

    Source : https://www.actionfrancaise.net/

  • La disparition, par Frédéric Rouvillois.

    Pour Alice Coffin(e). Où l'audience de notre publication prendra la mesure des horribles tribulations que la cause féministe ferait subir à notre nation si la mauvaise fortune voulait qu'elle triomphe jusqu'à cette extrémité où notre langue serait privée de toute parole, expression ou locution masculine.

    4.jpg– « Bonjour ma chérie ! », susurra Dominique en ouvrant les paupières.

    – « On ne dit pas ça quand on est polie, ma chatte, on dit bonne journée ! », rétorqua Danielle en balançant une claque retentissante sur les fesses excessivement rebondies de sa jeune compagne. « C’est au moins la centième fois que je te répète qu’on ne prononce pas de paroles ni de formules masculines en ma présence, ça me donne envie de vomir, tu avais oublié ? »

    – « Oh, non, pas plus que tes fessées matinales ! »

    – « Tu sais que c’est aujourd’hui la grande journée ! Et en plus, elle fait belle ! J’ai une faim de louve, pas toi? Je file prendre ma douche dans la salle d’eau, et puis je nous prépare à la cuisine une fiesta gastronomique dont tu me diras des nouvelles ! »

    Dix minutes plus tard, dans la luxueuse cuisine américaine aménagée à la dernière mode, les deux amies, à peine moins dévêtues, se retrouvèrent devant une chicorée fumante sucrée à la cassonade et une impressionnante montagne de viennoiseries. Danièle avait toujours eu tendance à abuser des bonnes choses, mais elle s’était laissé glisser franchement sur la pente fatale des voluptés alimentaires dès la minute où elle prit conscience que la minceur, de même que la « beauté », l’élégance ou l’épilation, n’étaient que des contraintes culturelles imposées aux femmes par la violence de l’oppression patriarcale fasciste. À l’époque bénie du matriarcat, la femme ne se souciait pas de ces questions futiles, elle assumait glorieusement sa nature, ses formes épanouies, ses mamelles tombantes et sa pilosité vigoureuse.

    – « Je te disais que c’est la grande journée, ma chatte ! Toute à l’heure, je rencontre la Ministresse pour notre affaire de prolongation ! Et si les choses se passent comme prévu, nous ferons notre entrée en fanfare dans la grande histoire de la libération de la femme ! »

    – « Tu veux que je fasse des courses pour fêter ça demain ? »

    – « Excellente initiative ! Va donc chez la bouchère à l’intersection de l’Avenue Halimi et achète deux douzaines de côtelettes de truie, tu veux, coupées à la feuille, comme j’aime ! Et si elle avait une bonne grosse hampe de génisse pour la fin de la semaine, prends-là aussi ! »

    – « Toi au moins, t’es pas végane ! »

    – « Je les emmerde, ces véganes, elles sont manipulées par les grandes organisations masculines pour faire croire qu’on doit donner la priorité à la dénonciation de la souffrance animale, et non à la lutte contre l’aliénation féminine ! »

    – « Alors, vive la viande ! », s’exclama Dominique, ébouriffant d’une caresse la chevelure rousse et crêpelée de sa compagne.

    Vêtue de flanelle anthracite, une paire de lunettes à grosses montures d’écaille posées sur la hure, sa mallette à la main, Danièle ressemblait à ce qu’elle était devenue, la chairwoman de la très influente Confédération générale des associations de promotion de la Femme. C’est à ses propres qualités, à son énergie et à ses convictions, qu’elle devait d’avoir grimpé si vite jusqu’à la cime de cette organisation puissamment ramifiée où elle avait débuté quelques années plus tôt en exerçant les modestes fonctions de militante de base. C’est là qu’elle avait fait la connaissance de Dominique, une ancienne femen qui en avait conservé l’habitude singulière de se promener toujours toutes poitrines dehors.

    Danièle dut se tortiller pendant trente secondes pour s’installer aux commandes de sa Mini, boucla sa ceinture avec encore plus de difficultés en pestant contre les compagnies automobiles qui ne songeaient qu’à la clientèle des maigrelettes, puis mit en marche la radio. Après deux minutes rituelles sur France Info pour savoir si de nouvelles catastrophes ne s’était pas abattues sur l’Europe, elle changea pour Radio-Sapho, sa favorite. C’était la seule à respecter pleinement la législation sur la discrimination positive, et surtout, à ne diffuser de musiques qu’écrites et interprétées par des femmes : la station en profitait pour rappeler à l’occasion que la musique céleste qu’on écoutait sous la dénomination de Bach avait été écrite par Anna-Magdalena, de même que l’on devait rendre à Clara Schuman, à Cosima Wagner, à Nafissatou Orff et à Rosy Beethoven les œuvres inconsidérément attribuées à leurs moitiés. Elle seule n’hésitait pas à répéter que l’histoire culturelle n’était que celle d’une immense spoliation, doublée d’une usurpation que la tyrannie masculine était parvenue à dissimuler d’époque en époque par la violence et la tromperie. Depuis l’origine, les femmes avaient tout fait, tandis les personnes masculines, sous la menace et par la force, avaient récolté les palmes, les couronnes et la gloire. Sale race ! Heureusement que Radio-Sapho rétablissait la vérité !

    Et voilà que ça bouchonnait dans les rues ! Décidément, même si c’était plus simple en apparence, elle n’aurait pas dû passer par la place Vendôme. Depuis qu’on avait renversé la monstrueuse Colonne, répugnante allégorie de la domination phallique, et qu’on avait décidé de laisser les ruines sur place au nom de l’obligation de mémoire, toute la zone était bloquée. On aurait mieux fait de l’évacuer dans une décharge quelconque, comme on avait fait naguère pour toutes ces statues machistes déboulonnées les unes après les autres, et remplacées par les effigies lumineuses des bienfaitrices de l’humanité. Heureusement qu’elle n’avait plus que quelques centaines de mètres à faire avant d’arriver.

    Saluée respectueusement par les policières de garde, Dominique gara sa Mini dans la cour pavée. Elle était devenue une familière, la conseillère la plus écoutée de la ministresse.

    Elle s’extirpa en ahanant de la voiture, puis monta jusqu’à la porte principale. Là, une personne masculine l’attendait, une énorme chaîne dorée brinquebalant de la nuque jusqu’à l’aine. Dominique lui fit une petite moue moqueuse, s’en approcha et lui demanda : « Alors ma poule, toujours pas bénéficiaire de la loi ablation des testicules, alors que l’opération est intégralement remboursée par la sécu et qu’elle donne droit à toute une série de primes ? » Puis elle traversa l’antichambre à grandes enjambées et, sans toquer à la porte, s’engouffra dans la pièce somptueuse où s’était installée la ministresse.

    – « Bonjour ma chérie ! Je t’attendais pas si tôt ! »

    – « Bonjour Madame la ministresse ! Tu as l’air en forme ! Mes collègues ne devraient arriver que dans une demi-heure, mais je voulais te voir en avance. La question, tu le sais, c’est la prolongation de la durée d’IVG jusqu’à 18 semaines. Tu te souviens de la foire que ça avait fait en 2020 lorsqu’on l’a allongé jusqu’à 14 semaines, puis jusqu’à 16 semaines en 2022, après la réélection ? L’idée, c’était que les limites initiales réduisaient la liberté fondamentale d’IVG et créaient une situation inégalitaire puisque seules les riches pouvaient recourir à des cliniques étrangères ou clandestines à l’issue des douze semaines légales… Malheureusement, je crains que cette sorte d’argumentation ne suffise plus. »

    – « Tu as raison, ma chérie ! »

    – « C’est pourquoi je me suis permis de venir te soumettre ma nouvelle idée… »

    – « Vas-y, je suis toutes ouïes ! »

    – « Voilà : 18 semaines, c’est la date à laquelle a lieu en général la seconde échographie… »

    – « Mais encore ?… »

    – « Or, c’est à l’issue de cette seconde échographie que l’on annonce à la parturiente l’identité sexuelle de son éventuelle progéniture… »

    – « Et alors ? »

    – « Eh bien, j’estime qu’il est scandaleux d’imposer à une femme, éventuellement mariée, pacsée ou en concubinage avec une autre femme, d’accoucher d’une personne mâle et d’avoir ensuite à se la coltiner jusqu’à la fin de sa vie, uniquement parce qu’elle n’a pas eu la possibilité de la faire passer faute d’en connaître l’identité sexuelle. Et comme on ne peut connaître cette identité avant 18 semaines… on est bien obligé de reculer jusqu’à cette date la possibilité de recourir à l’IVG ! CQFD ! »

    – « J’y avais pas pensé, mais je dois reconnaître que c’est convaincant ! »

    – « Surtout si tu songes que la situation actuelle est contraire à la fois à la liberté, à l’égalité et à la sororité, les trois bases de notre république ! À la liberté de ne pas accoucher d’une existence non-désirée, de la même manière que l’on permet aux femme enceintes de progénitures lourdement handicapées de s’en débarrasser jusqu’aux dernières semaines de la grossesse ! À l’égalité, entre celles qui accouchent de filles et les autres, puisque que la chance ou la malchance ne sauraient remettre en cause l’égalité fondamentale entre toutes les femmes et plonger certaines d’entre elles dans une détresse définitive ! À la sororité, enfin, puisque la jeune personne mâle ne pourra en aucune façon s’intégrer dans une famille où elle apparaîtra toujours comme une intruse et une anomalie… »

    Bouche bée, la Ministresse se dit que sa conseillère était décidément une sacrée maline, et qu’elle préférait l’avoir avec elle que comme concurrente. Avec une telle argumentation, la proposition de loi passerait à l’assemblée comme une lettre à la poste.

    Cette nuit-là, Danièle rentra tard, Dominique était déjà couchée et à-demie endormie. Sentant sa compagne entrer avec précautions dans le lit tiède, elle eut tout de même la force de lui demander d’une voix ensommeillée des nouvelles de sa journée.

    – « Oh, toutes les choses vont comme sur des roulettes. Tu sais, ma chatte, plus j’y songe, et plus je me dis que nous serions bienheureuses, et que la vie serait belle, si nous n’étions pas victimes en permanence de l’insupportable oppression patriarcale !… »

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    Source : https://www.politiquemagazine.fr/

  • Islamisme et République, les deux ennemis de la France, par Phi­lippe Schneider.

    L’ÉDITORIAL de la Lor­raine Royaliste

    Dans le numé­ro 3700 du remar­quable heb­do­ma­daire « La France Catho­lique » (1), j’ai –entre autres – rele­vé un article de Fré­dé­ric Guillaud inti­tu­lé : La Répu­blique, l’Islam et Hegel… Il s’interroge sur les réac­tions après les der­niers atten­tats (déca­pi­ta­tion du pro­fes­seur Paty et tue­rie dans une église à Nice) en redou­tant la sur­ve­nue d’autres…

    Ces ter­ro­ristes atta­quaient la France non la répu­blique qui n’est « qu’une somme de droits for­mels et de prin­cipes abs­traits ». Elle n’est que néga­tions : « Son seul sacré, écrit-il, la désa­cra­li­sa­tion. Son seul conte­nu : l’ironie à l’égard de tout conte­nu. La Répu­blique n’a ain­si qu’un pro­gramme à offrir pour nour­rir l’âme et pour com­battre l’ennemi : le vide ». Il rap­pelle ensuite qu’il y a une res­sem­blance éton­nante entre l’islamisme et la nais­sance de la répu­blique : fana­tisme, déca­pi­ta­tions, des­truc­tions des œuvres du pas­sé, du patri­moine his­to­rique… Il conclut son article en écri­vant : « Le deux grands cultes ido­lâ­triques de notre temps – l’islamisme d’un côté et l’égalitarisme abso­lu de l’autre – sont incom­pa­tibles avec la nature des choses et sté­ri­lisent la vie spi­ri­tuelle et morale. Il est donc par­fai­te­ment absurde de sau­ter sur sa chaise en répé­tant que la Répu­blique est le rem­part contre l’Islam : la Répu­blique n’a rien à oppo­ser de concret aux fana­tiques musul­mans. Après avoir fait le vide chez nous et fait de notre pays un ter­rain vague, elle leur pro­pose de faire le vide chez eux. Mais la nature a hor­reur du vide. Le seul rem­part, c’et la France. »

    Tout ceci est très juste mais qui parle encore de la France aujourd’hui chez nos diri­geants ? Ils n’ont que le mot « répu­blique » en tête ou « valeurs répu­bli­caines » ( ?) qu’ils se gardent de défi­nir et pour cause car elles n’existent pas ! Les seules « valeurs » que pré­co­nisent nos gou­ver­nants semblent être que la volon­té de détruire la France en déni­grant son his­toire, sa culture, sa langue… Elle n’est pour eux qu’une région qui doit se fondre dans une Europe supra natio­nale voire dans un mag­ma mondial.

    Quelle réponse au dan­ger ter­ro­riste ? Le gou­ver­ne­ment va faire une loi non contre l’islamisme, ou le sépa­ra­tisme (mot ne vou­lant pas dire grand-chose !) mais loi « confor­tant les prin­cipes répu­bli­cains » ( ?). Pour défi­nir cet inti­tu­lé, on hésite entre « risible », « stu­pide » ou « affli­geant ». Je pren­drai plu­tôt le der­nier pour dési­gner ceux qui ont trou­vé cette nomi­na­tion… Nous voyons bien là le « vide » de leur pen­sée ! Dans cette loi, il n’y a rien de sérieux pour com­battre le ter­ro­risme isla­mique, le seul auquel nous sommes confron­tés aujourd’hui. Rien sur l’immigration en par­ti­cu­lier. Il est amu­sant de consta­ter que nos diri­geants, géné­ra­le­ment athées, rai­sonnent sur l’Islam avec un prisme catho­lique : Ils consi­dèrent l’Islam comme une reli­gion à l’image du Catho­li­cisme. Ain­si ils ne veulent pas voir qu’il n’y a pas chez eux de sépa­ra­tion entre le reli­gieux et le poli­tique, l’Islam étant avant tout une loi civile, une manière de vivre, devant s’imposer à tous. Par ailleurs, ils oublient qu’il n’y a pas de « cler­gé » dans la reli­gion musul­mane (sauf chez le chiites), pas de hié­rar­chie, qu’un Imam peut-être « auto­pro­cla­mé » et que celui qui aurait reçu une for­ma­tion n’est pas « supé­rieur » à un autre qui ne l’est pas… Il n’y a pas de contrôle pos­sible à moins de créer une sorte d’Islam fran­çais diri­gé par l’Etat, ce serait stu­pide et d’ailleurs non sui­vi – à juste rai­son – par les musul­mans français.

    La seule pos­si­bi­li­té d’éviter au maxi­mum le « sépa­ra­tisme » serait déjà (à défaut d’en conver­tir le maxi­mum au catho­li­cisme, ce qui serait l’idéal et, heu­reu­se­ment, beau­coup d’organisations catho­liques s’y emploient par le dia­logue comme les mis­sion­naires de la misé­ri­corde divine) serait de leur faire aimer la France, toute la France avec son his­toire, sa culture. Mais c’est l’inverse que nos gou­ver­nants avec l’Éducation dite natio­nale font. Et, hélas, le pré­sident montre le mau­vais exemple avec ses déclarations.

    Si cette loi échoue­ra dans son objec­tif avoué, elle risque de réus­sir dans son véri­table objec­tif qui est de réduire encore les liber­tés des Fran­çais. C’est en par­ti­cu­lier affi­ché dans la volon­té de sup­pri­mer la liber­té des parents de don­ner un ensei­gne­ment chez eux. Certes, notre gou­ver­ne­ment dit qu’en Alle­magne, c’est déjà le cas, oubliant de signa­ler qu’il s’agit chez eux d’une loi de 1938… Macron serait-il un admi­ra­teur du dic­ta­teur qui y sévis­sait  à ce moment là ? Il est pro­bable que ce n’est qu’un pré­lude, si on le laisse faire, à la sup­pres­sion des écoles libres hors contrat…

    Dans son très bon livre (La France a besoin d’un Roi) que nous évo­quons dans ce numé­ro, le père Michel Viot écrit fort jus­te­ment : « La royau­té héré­di­taire est fon­dée sur le res­pect des règles fami­liales et donc sur le res­pect total de sa struc­ture fon­da­trice : la famille. Y tou­cher pour la défi­gu­rer ou la tra­ves­tir, c’est faus­ser le sys­tème poli­tique lui-même sur qui devrait repo­ser la France. N’oublions jamais que tous les régimes tota­li­taires, aus­si bien que ceux qui ont vou­lu por­ter atteinte aux liber­tés fon­da­men­tales de l’individu, se sont tou­jours ingé­niés à cor­rompre la famille, et à lui prendre ses enfants le plus tôt pos­sible pour les for­ma­ter à son idéo­lo­gie. En France, le roi ne peut être roi que parce qu’il est le chef d’une famille. C’est ain­si qu’il pou­vait appa­raître comme étant aus­si le père de ses sujets…. »

    Tout est dit et notre gou­ver­ne­ment pour­suit bien la poli­tique répu­bli­caine de des­truc­tion des struc­tures même de notre pays et d’abord de la famille.  Il faut pour eux que les indi­vi­dus soient dés­in­car­nés, seuls, inter­chan­geables, faci­le­ment mani­pu­lables par les groupes éco­no­miques et finan­ciers pour leurs plus grands pro­fits. Il faut abso­lu­ment empê­cher les hommes de s’organiser libre­ment. Le même but est pour­sui­vi par toutes les direc­tives concer­nant offi­ciel­le­ment la lutte contre le « COVID 19 » sans comp­ter l’ambigüe loi sur la sécu­ri­té et  les dis­crets décrets  du 4 décembre auto­ri­sant de ficher les Fran­çais selon leur « opi­nions poli­tiques, reli­gieuses ou appar­te­nances syn­di­cales ». C’est la dic­ta­ture répu­bli­caine « en marche » !

    Il est temps que les Fran­çais se rendent compte que ce régime détruit nos liber­tés en même temps que notre pays et que seul notre Roi pour­rait nous sau­ver. Tous nos lec­teurs, tous nos amis doivent par­ti­ci­per acti­ve­ment à ce com­bat de salut public. Il n’y a pas d’espoir dans une « bonne élec­tion » républicaine !

    • 21 rue de Varize, 75016, Paris

    Source : https://www.actionfrancaise.net/

  • Balayons le défaitisme républicain, par Philippe Germain.

    Ce qui était espé­ré est donc main­te­nant démon­tré. La vision poli­tique d’Action fran­çaise sur la menace d’islamisation, est cohé­rente avec les réflexions du Chef de la Mai­son de France.

    philippe germain.jpgQuelle force de ne pas être une école de pen­sée hors sol. Quel espoir d’être un mou­ve­ment poli­tique pou­vant se ran­ger der­rière l’incarnation moderne de l’Histoire de France.

    La chose est d’importance, car de notre propre pole idéo­lo­gique, celui du « catho­lique et fran­çais tou­jours », remonte par­fois la petite ritour­nelle du défai­tisme. Celle que nous avions déjà enten­due entre les deux guerres mon­diales, alors que l’Action fran­çaise était la seule à dénon­cer le dan­ger ger­ma­niste. Très exac­te­ment celui de « l’islam ger­ma­niste[1] » car l’analogie était « en effet frap­pante entre la sombre ardeur des arabes au temps des pre­miers suc­ces­seurs du pro­phète et celle des fidèles du Füh­rer-chan­ce­lier[2] ». Cepen­dant la Droite répu­bli­caine de l’époque pré­fé­ra le « bon sens » et la « modé­ra­tion » aux alertes maur­ras­siennes. Ici trop de « sagesse », de « luci­di­té » mena la France à l’abime.

    La ritour­nelle défai­tiste d’aujourd’hui, tourne autour de deux notes de musique. L’une est répu­bli­caine et l’autre démo­crate. Si nous ne vou­lons pas cou­rir à la catas­trophe comme en juin 1940, il nous faut balayer les argu­ments défai­tistes du pole « catho­lique et fran­çais tou­jours ». Allons y.

    Tout d’abord, la note répu­bli­caine. Elle consiste à admettre le bien-fon­dé de la prio­ri­té du Poli­tique d’abord sur la guerre cultu­relle au long cours, mais en jouant la carte de la laï­ci­té comme bar­rage à l’Islamisation, par la mise en place éta­tique d’un « Islam de France ». Rai­son­ne­ment de « sagesse », car « les épi­sodes migra­toires qu’a connus la France dans les der­nières décen­nies ont ins­tal­lé une pré­sence durable des musul­mans au sein de la socié­té fran­çaise ». Et bien nous, maur­ras­siens, l’affirmons, comme face au ger­ma­nisme dans les années 1930, trop de sagesse conduit à délirer.

    Sou­rions d’abord du saut de carpe avec la loi de 1905 pour ensuite sou­mettre l’argument de « l’Islam de France » à l’histoire de son propre échec. L’échec sur trente ans, de la créa­tion éta­tique d’un inter­lo­cu­teur faci­li­tant « inté­gra­tion » des musul­mans dans la Répu­blique, comme le Vati­can lui à « ral­lié » les catho­liques. Repas­sons le film…

    • En 1989, Pierre Joxe, ministre de l’Intérieur, ins­ti­tua un Conseil de Réflexion sur l’Islam en France (CORIF), pour éla­bo­rer un sta­tut devant régir un Conseil isla­mique de France. L’action demeu­ra sans suite.
    • En 1995, Charles Pas­qua, ministre de l’Intérieur, créa le Conseil Repré­sen­ta­tif des Musul­mans de France (CRMF). Il n’eut qu’une exis­tence éphémère.
    • En 1999, Jean-Pierre Che­vè­ne­ment, ministre de l’Intérieur, lan­ça une Isti­châ­ra (« Consul­ta­tion ») invi­tant à adop­ter une « Décla­ra­tion d’intention rela­tive aux droits et obli­ga­tions des fidèles du culte musul­man en France », qui au final devint : « Prin­cipes et fon­de­ments juri­diques régis­sant les rap­ports entre les pou­voirs publics et le culte musul­man en France ». En fait on ouvrait la voie à une négo­cia­tion d’égal à égal entre la Répu­blique et l’Islam. Sou­mis­sion, sou­mis­sion républicaine !
    • En 2003, Nico­las Sar­ko­zy, ministre de l’Intérieur, après une nou­velle consul­ta­tion abou­tit à la créa­tion du CFCM[3], (asso­cia­tion 1901) bien inca­pable de résoudre la dépen­dance finan­cière envers des pays étran­gers. Qui a dit que la Répu­blique c’est le règne de l’Etranger ?
    • En 2016, Ber­nard Caze­neuve, ministre de l’Intérieur, créa L’Association musul­mane pour un Islam de France pour recher­cher des finan­ce­ments fran­çais pour les mos­quées, la rétri­bu­tion des imams et de garan­tir la trans­pa­rence des fonds étran­gers. Vous allez rire, elle n’a jamais fonctionné.
    • En 2016 éga­le­ment, créa­tion d’une Fon­da­tion de l’islam de France (FIF), recon­nue d’utilité publique, char­gée d’encourager la recherche isla­mo­lo­gique pour pro­mou­voir « un islam com­pa­tible avec le pacte répu­bli­cain ». Quel aveu ; oui c’est une évi­dence l’Islam n’est pas soluble dans la laï­ci­té républicaine.
    • Depuis 2019, la fies­ta conti­nue… et la FIF est concur­ren­cée par l’Association musul­mane pour l’islam de France (AMIF), fon­dée par Hakim El-Karoui, ancien col­la­bo­ra­teur du Pre­mier ministre Jean-Pierre Raf­fa­rin et répu­té proche d’Emmanuel Macron.

    Arrê­tons de tirer sur l’ambulance répu­bli­caine ! Res­tons-en là, sur sa soi-disant capa­ci­té à régler la menace d’Islamisation ! Non la laï­ci­té répu­bli­caine n’est pas effi­cace pour lut­ter contre le Dji­had cultu­rel. Les rodo­mon­tades sur l’intégration laïque sont de la poudre aux yeux, pire, une sorte de ligne Magi­not face aux pro­blèmes posés par l’Is­lam. La laï­ci­té répu­bli­caine n’est que le résul­tat d’un com­pro­mis avec l’E­glise. Com­pro­mis que n’ac­cep­te­ra jamais l’Is­lam, car il nie­rait ce qu’il est. Une loi qui orga­nise la société.

    Indis­cu­ta­ble­ment l’objection, des natio­naux-répu­bli­cains du pole idéo­lo­gique « catho­lique et fran­çais tou­jours », repo­sant sur le pro­jet poli­tique d’un Islam de France, est reje­tée par la réa­li­té. Elle n’est pas sage, elle n’est que défaitiste.

    Seul un état fort en haut, tour­né vers l’avenir mais ados­sé sur la tra­di­tion capé­tienne sera capable de pro­cé­der à la refon­da­tion de la laï­ci­té répu­bli­caine. Le Prince y est prêt. Il s’y est enga­gé solen­nel­le­ment le 27 sep­tembre 1987 au châ­teau d’Amboise : « … je m’efforcerai d’être digne de la haute charge à laquelle m’invitent le des­tin et les lois tra­di­tion­nelles de la France… » Est-ce assez clair ?

    Mais voi­là… le pole idéo­lo­gique joue aus­si sur une seconde note de son cla­vier défai­tiste. La note démocrate…

    [1] Charles Maur­ras, AF du 3 decembre 1933.

    [2] Jacques Dele­becque, AF du 3 mai 1935.

    [3] Conseil Fran­çais du Culte Musulman.

    Source : https://www.actionfrancaise.net/

  • Fortune de France, par Frédéric Aimard.

    L’actualité pour les royalistes français, c’est la décision du comte de Paris d’attaquer en justice la Fondation Saint-Louis que son grand-père avait constituée en 1976. L’essentiel du patrimoine de la famille de France était transmis à la fondation, évitant ainsi d’être réduit en miettes au profit de la multitude de descendants du Prince mais aussi de ses trois sœurs… qui pouvaient réclamer leur part. Notre droit républicain ne reconnaît ni droit d’aînesse, ni privilège à la transmission de mâle en mâle (ni certaines formes de majorat qui existent ou ont existé en Allemagne, en Grande-Bretagne ou en Suisse) .

    On sait ce qu’il est advenu du château d’Ansouis en 2008, vendu à la bougie. Heureusement, la duchesse de Sabran-Pontévès, auteur de "Bon sang ne saurait mentir" où elle racontait ses efforts pour maintenir un héritage millénaire dans sa famille, n’était plus de ce monde !
    Probablement serait-il arrivé la même chose à Amboise, Dreux et Bourbon-l’Archambault et autres immeubles… si Henri VI, comte de Paris, n’avait pas pris cette décision apparemment sage avec la compréhension du président de la République Valéry Giscard d’Estaing.
    On a beaucoup glosé sur la fortune de ce comte de Paris qui s’était trouvé à la tête d’un immense patrimoine à la mort de son père le duc de Guise en 1940 et dont les médias à sensation ont affirmé, à sa propre mort en 1999, qu’il avait tout dilapidé. Cette richesse provenait du roi Louis-Philippe et de ses enfants. Lors du second Empire, Napoléon III avait obligé les princes d’Orléans à s’exiler et à réaliser leurs biens. Mais il avait probablement fermé les yeux sur un système de prête-noms qui avait permis à ceux-ci de garder une bonne part de leur ancrage en France. Cela a été bien raconté très récemment par Yannick Vanacker dans sa monographie sur le château du Nouvion-en-Thiérache ("Un château au cœur de la Thiérache") dont nous avons parlé dans notre n° 36 du 7 octobre 2020. C’est dans ce château, hérité du duc d’Aumale, que le comte de Paris était né le 5 juillet 1908. En lisant ce livre, on comprend que cette transmission n’a été possible que grâce à des juristes et gestionnaires remarquables et remarquablement fidèles à des principes et à une Famille. Ensuite on constate que les bases économiques de telles fortunes ne sont pas immuables. Déjà, du temps du duc de Guise, le domaine du Nouvion ne permettait plus de soutenir le train de vie d’une famille princière et cela ne fut pas sans incidences sur la décision de celle-ci d’aller s’installer au Maroc.
    Du reste, on voit bien que la partie la plus visible de l’héritage du duc d’Aumale, le domaine de Chantilly, léguée à l’Institut de France, et qui était rentable au moment du legs du fait des fermages, de l’exploitation forestière, d’une petite activité industrielle, etc., est devenue un fardeau pour l’Institut car les biens en forêts ou terres agricoles ont beaucoup perdu de leur valeur. Il me souvient d’un scandale vite étouffé, dans les années 1960/1970 où on disait que des administrateurs assoupis et peu scrupuleux avaient laissé le domaine à l’abandon, non sans profiter pour eux-mêmes ou leurs proches d’avantages indus… Qu’en était-il ? Quelque rapport cinglant eut sans doute le sort de tous les rapports de ce genre. Mais Chantilly fut ensuite sauvé par une meilleure valorisation. Le tournage d’un James Bond, sur ses terrasses en fut le symbole. La fréquentation du musée augmenta grâce à des expositions prestigieuses. Or qu’entend-on actuellement ? La crise de la covid a mis par terre ce redressement, la billetterie étant au point mort, le mécénat en berne. Le musée Condé serait ruiné, devra licencier, si l’État ne lui porte secours…

    Pourquoi voudrait-on que la fortune du comte de Paris Henri VI ait connu un meilleur sort ? Je n’ai jamais cherché à savoir quoi que ce soit sur ces questions. Mais il se trouve que lors de mon service militaire j’avais pour compagnon de chambrée un jeune homme dont le père avait été un des gestionnaires de la fortune du comte de Paris. Cela s’était très mal passé. Déjà à l’époque, on disait que le Prince avait été ruiné. Celui-ci pensait-il que son homme de confiance avait outrepassé son mandat et avait pris des risques inconsidérés ? Le soupçonnait-il de s’être enrichi au passage ? C’est ce que m’affirma plus tard un mondain qui connaissait un peu les uns et les autres… Tout ce dont je peux témoigner, c’est de la haine profonde du jeune homme à l’égard du Prince sur lequel il faisait reposer la responsabilité de ces malheurs probablement boursiers et du renvoi de son père…

    Pour expliquer un – relatif – appauvrissement, il ne faudrait tout de même pas oublier que le Prince a financé durant de longues années une action politique très ambitieuse. Contrairement aux hommes politiques ordinaires qui, trop souvent, s’enrichissent dans leur action, il a, lui, payé de ses deniers campagne, journaux, voyages, réceptions…
    Autre histoire dont nous avons entendu parler, sans trop chercher non plus à approfondir : les déboires du comte de Clermont. Le fils aîné du prétendant, s’était lancé, à un moment, dans l’exportation de produits industriels français. Des journaux parlaient de locomotives vendues en Argentine. Imprudent, mal conseillé, voire pire, il se retrouva, semble-t-il, comptable d’une dette énorme. L’histoire dit que son père la combla en vendant un immeuble situé sur l’esplanade des Invalides (rue de Constantine), légué par une dame royaliste dans le but de fournir un logement au Dauphin de France. Le fameux logement de fonction qui fait aujourd’hui défaut au prince Jean.
    La fortune, les affaires, ce sont toujours choses compliquées et fragiles. En témoignent les profils contrastés d’un Vincent Bolloré ou d’un Arnaud Lagardère pour rester dans une actualité chaude très illustrative.
    Les hommes de loi et d’affaires doués et fidèles ont manifestement fait défaut dans la gestion du patrimoine de la Famille de France. En 2015, la justice a estimé qu’une partie des biens meubles – du mobilier, des œuvres d’art, des bijoux… – dont la Fondation Saint-Louis s’estimait dépositaire, devait en fait revenir aux descendants du comte et de la comtesse de Paris (qui ont eu onze enfants dont le prince François tué en Algérie en 1965 à 25 ans, sans héritier, et le prince Thibaut mort en 1983 à 35 ans en laissant un fils, Robert actuel comte de la Marche…) Il paraît que les notaires n’avaient pas fait leur travail correctement ! Cela n’avait pas été faute d’y avoir mis nombre de juristes y compris des services de l’État… Toujours est-il qu’on révéla à cette occasion que cette fortune n’avait donc pas été dilapidée dans les proportions où cela avait été dit complaisamment, mais qu’elle était conservée dans les garde-meubles du Crédit municipal ou dans des salles du château d’Amboise. Pour peu de temps encore, puisque le produit d’une vente aux enchères fut réparti entre les héritiers naturels. Du fait des Enfants de France réclamant leur dû, la Fondation Saint-Louis se trouvait dépossédée de certains biens meubles mais conservait les biens immobiliers. Pour combien de temps ?
    L’actuel comte de Paris estime que la Fondation Saint-Louis, dont il est président d’honneur statutairement, a pour objectif d’apporter un soutien à la Maison de France dont il est le représentant principal de par l’application des anciennes lois dynastiques. À ce titre, il estime notamment qu’il doit pouvoir bénéficier gratuitement d’une sorte de logement de fonction dans une maison qu’il occupait, après sa mère, dans le domaine de la nécropole royale de Dreux. Il vient d’en claquer la porte parce que les administrateurs de la Fondation semblent avoir une vision différente de leur mission et de la réglementation. On voit bien que, par exemple, le château d’Amboise joue cavalier seul, très actif sur les réseaux sociaux, sans jamais une référence à la Famille de France, comme si elle n’existait pas, n’avait aucun rapport avec le monument…
    Le droit républicain joue en principe pour ces administrateurs en roue libre plutôt que pour le Prince. On se souvient trop de l’imprudence judiciaire du comte de Clermont, poursuivant devant les tribunaux français son cousin Bourbon d’Espagne qui prétendait porter un titre français. Les juges refusèrent de lui donner raison, convaincus peut-être par les raisonnements hors sol (c’est le cas de le dire) de l’ancien Garde des sceaux Jean Foyer.
    Que sont les juges ? Il suffit de lire le dernier livre de Me Régis de Castelnau ("Une justice politique") pour se confirmer dans l’idée que le droit qu’ils appliquent est fortement tributaire de l’époque et du milieu dans lesquels ils évoluent. Alors ce procès du comte de Paris contre la fondation Saint-Louis est-il une bonne idée ? Assurément non. Car un arrangement même mauvais vaut toujours mieux qu’un bon procès. Avait-il le choix ? A-t-il de bons avocats ? Ce n’est pas certain.
    Frédéric Aimard
    Photo = Le château d'Amboise © Philippe Delorme
    Chers amis,
    Mon article ci-dessus provient de la lettre de Dynastie, une publication royaliste indépendante qui arrive bientôt à son 60e numéro depuis juillet 2019. Merci de vous rendre sur le site qui héberge les anciens numéros pour voir de quoi il retourne.
    Et si vous pensez que cette initiative mérite votre soutien, merci encore plus d'envoyer un chèque de 20 euros pour un abonnement. A l'ordre de SPFC-ACIP 60, rue de Fontenay 92350 Le Plessis-Robinson (en précisant "abonnement Dynastie 2021").
     
  • Sur le blog ami du Courrier Royal : Tribune : Plaidoyer contemporain pour la Monarchie.

    Le magazine Reines & Rois m’a invité dans ses colonnes à présenter les arguments contemporains pour l’établissement d’une Monarchie en France, et ma tribune a été intégralement et fidèlement publiée dans le numéro de Mai-juin-juillet 2021, ce dont je remercie la rédaction et Olivier C. en particulier. En voici le texte ci-dessous…

    jean philippe chauvin.jpgUn récent sondage nous apprenait que 17 % des Français étaient favorables à l’établissement d’une Monarchie en France, et cela plus de deux siècles après la fracture révolutionnaire et plus d’un siècle et demi après le départ en exil du dernier roi ayant effectivement régné. Entretemps, cinq Républiques sont nées et quatre ont disparu, souvent dans des affres peu glorieuses, du coup d’État à la défaite militaire, sans oublier deux empires et un « État français » : deux siècles durant lesquels la question institutionnelle ne cesse d’être posée, et cela même si l’actuelle République, cinquième du nom, semble avoir réussi une certaine synthèse entre les différentes traditions politiques du pays, synthèse néanmoins remise en question aujourd’hui par les nostalgiques de la IIIe (ou de la IVe) République qui la trouvent « trop monarchique » quand les royalistes la trouvent, eux, trop républicaine ou « monocratique », trop jacobine ou laxiste…

    Plusieurs éléments peuvent, en tout cas, expliquer et motiver la persistance d’un courant d’opinion favorable à la Monarchie royale, même si celui ne se traduit ni dans les urnes ni dans le paysage politique lui-même, apparemment monopolisé par les seuls républicains (ou proclamés tels) de toutes les couleurs du prisme politique. L’actuelle campagne présidentielle, un an avant le premier tour de l’élection, agite déjà les milieux politiques et médiatiques, mais, à bien y regarder, ne sommes-nous pas, depuis que le quinquennat a été établi au début des années 2000, en « présidentielle permanente » ? Or, cette élection à la magistrature suprême de l’État apparaît toujours comme « la reine des élections », la plus courue en tout cas pour les partis et les politiciens, et la plus mobilisatrice des électeurs, désormais fort boudeurs lors des scrutins parlementaires, régionaux ou, même, municipaux. Paradoxalement, cela peut accréditer l’idée que les Français veulent élire un Chef de l’État auquel ils attribuent des pouvoirs importants, quasi-monarchiques, comme s’ils avaient besoin de cette autorité de type monarchique pour sentir qu’ils appartiennent au même peuple, à la même nation… L’élection du président au suffrage universel direct était, jadis, vue par ses opposants comme le signe d’une « monarchisation » du pouvoir, et, du temps du général de Gaulle, Le Canard enchaîné décrivait celui-ci comme un roi versaillais et absolu et son gouvernement comme une Cour à ses ordres, en attendant celui que le journal satirique annonçait comme le « dauphin » : le comte de Paris…

    Quelques autres indices peuvent signaler la persistance d’une opinion monarchiste, et l’actualité nous en a fourni une nouvelle preuve avec l’émotion soulevée dans notre République lors du décès du prince Philippe, époux de la reine Elisabeth d’Angleterre, et les cinq millions de téléspectateurs hexagonaux des funérailles princières, en un après-midi ensoleillé, ne sont pas totalement anodins, y compris politiquement parlant. Car, à défaut de vivre en Monarchie, nombre de Français regardent celle de nos voisins avec des yeux émerveillés pour certains, seulement curieux pour d’autres, et beaucoup de ceux-ci se disent peut-être, au fond de leur cœur, « pourquoi pas la Monarchie chez nous ? ». Après tout, la question mérite bien d’être posée, et cela même si l’advenue d’une instauration royale en France paraît, sinon totalement compromise, encore fort lointaine…

    En ces temps de crises et de trouble, la Monarchie royale « à la française » ne serait pourtant pas si choquante et, même, elle pourrait bien conjuguer espérance et nécessité, tout en renouant avec le fil d’une histoire qui, tranché violemment hier, pourrait à nouveau réunir des Français aujourd’hui soucieux de concorde et de tranquillité, y compris politique… Quelques arguments plaident en sa faveur comme celui de l’unité nationale au-delà des querelles politiques et des grands intérêts de ce qu’il n’est pas incongru de qualifier de féodalités financières et économiques : car le roi ne doit rien à un choix électoral forcément clivant et séparateur qui divise en clans idéologiques, et son indépendance vient du principe même de la transmission héréditaire de la magistrature suprême de l’État, la naissance ne pouvant s’acheter ou se forcer. Bien sûr, c’est l’argument parfois le plus difficile à entendre pour nous qui sommes habitués à choisir le Chef de l’État que nous semblons sacrer de notre vote avant que de le dénoncer dès les mois suivants dans un élan d’ingratitude qui, visiblement, n’appartient pas qu’aux princes… Néanmoins, l’avantage de la succession royale est qu’elle accompagne le temps et qu’elle est l’humilité devant la nature humaine et ses propres limites : dans la tradition française, ce mode de transmission de la magistrature suprême de l’Etat se résume en une formule « Le roi est mort, vive le roi ! ». C’est-à-dire que c’est de la disparition physique du prédécesseur que naît le pouvoir du successeur. D’un drame, la mort, la royauté fait un passage vers une autre vie, une autre personne, celle-là même qui savait qu’un jour elle régnerait mais qui ne savait ni le jour ni l’heure, dans une incertitude qui, pourtant, n’ouvre pas vers l’inconnu mais vers le « prévu ». Cela explique l’autre formule traditionnelle de la royauté en France : « Le roi ne meurt jamais ». En effet, la mort physique d’un monarque n’est pas la mort de l’État, mais son renouvellement : le fils succède au père, naturellement, tel que cela était annoncé depuis sa naissance et son titre de dauphin. Quand la République déchire autour de l’urne, la Monarchie royale unit autour du cercueil, et du trône…

    Bien sûr, certains y verront une injustice ou un risque : injustice (« pourquoi lui plutôt qu’un autre ? ») et risque (« est-il vraiment à la hauteur de la charge ? »). En fait, la pire injustice n’est-elle pas que ce soit l’Argent qui, désormais, fasse les élections présidentielles, au risque d’affaiblir la nécessaire indépendance de l’État ? A l’inverse, cette sorte de « tirage au sort » du destin qui fait de la naissance au sein de la famille royale historique la carte d’entrée à la tête de l’État n’est-elle pas le meilleur moyen de garantir le meilleur pouvoir arbitral possible, au-delà même des passions du moment et des pressions des factions ou des ambitions ? Un ancien ministre centriste d’il y a quelques décennies faisait remarquer qu’en Monarchie, la première place étant prise, cela limitait les appétits de pouvoir des politiques et les forçait à se concentrer sur les questions gouvernementales… Quant au risque d’une incompétence du roi, il est limité pour au moins trois raisons : tout d’abord, ce qui compte pour le roi n’est pas la compétence ni le mérite mais bien plutôt l’indépendance liée à sa position, celle d’un arbitre et non d’un joueur, et qui l’oblige à une impartialité de fait, ce qui n’exclue pas, évidemment et bien au contraire, la liberté de décision dans le cadre des règles du jeu institutionnel et politique ; Deuxièmement, en tant que « roi à venir », l’héritier putatif du trône est préparé tout au long de sa jeunesse (voire un peu plus…) à ses fonctions de monarque et son éducation est organisée en fonction de son règne futur : cela garantit qu’il a, très tôt, les « codes » de la politique ; enfin, en France et malgré la concentration des pouvoirs régaliens entre les mains de l’État royal dès l’époque de François Ier, la Monarchie a une tradition plutôt « fédéraliste », précédant historiquement et pratiquement l’actuelle devise de l’Union européenne qui lui va comme un gant : « Unie dans la diversité ». Cela signifie que nombre de pouvoirs et d’administrations aujourd’hui indûment aux mains de l’État central seraient redistribués aux Régions, Communes et Chambres économiques (entre autres), en application d’une subsidiarité bien comprise et qui aurait évité, sans doute, bien des errements et des incompréhensions depuis le début d’une crise sanitaire sans fin débutée l’an dernier…

    De plus, de par son principe et son histoire, la Monarchie royale a pour règle de servir et non de « se servir », ce que le général de Gaulle avait déjà relevé en son temps et qu’il avait tenté de pratiquer dans une République qui, en définitive, ne lui en sera pas toujours reconnaissante. Marcel Gauchet, quant à lui,  évoquait en 2018 la différence entre la logique macronienne et l’esprit royal : « Mais [Macron] s’est trompé sur ce que l’on attendait d’un roi. Un roi, ce n’est pas un manager, pas un patron de start-up qui secoue ses employés pour qu’ils travaillent dix-huit heures par jour pour que les Français, par effet d’entraînement, deviennent tous milliardaires ! Dans la tradition française, un roi, c’est un arbitre. Quelqu’un qui est là pour contraindre les gouvernants à écouter les gouvernés. Quand les gens accusent Macron d’être le président des riches, ils lui reprochent surtout de ne pas être l’arbitre entre les riches et les pauvres. » N’est-ce pas là, en quelques lignes, la meilleure définition du roi « à la française » ?

    Mais il est, au-delà de toutes les argumentations politiques, un élément fondateur de la Monarchie, élément qui n’est d’ailleurs pas limité à la France : c’est la puissance du sentiment. Tout l’enjeu pour les royalistes est de faire resurgir ce sentiment qui, longtemps, a lié tous les Français, personnes comme communautés, entre eux : que la Monarchie française est d’abord une famille, celle qui incarne la France par-delà les générations et les siècles, au-delà des différences et des antagonismes… Cette famille dont, pour l’heure, la France est orpheline, regardant au-delà des frontières celle des autres avec, parfois, la larme à l’œil et une certaine nostalgie, à moins qu’il s’agisse d’une secrète espérance…

     

    Jean-Philippe Chauvin

    Sources : https://le-courrier-royal.com/

    https://www.facebook.com/lecourrierroyal


  • Le covid, une guerre de religion, par Michel Onfray.

    L’idée se trouve chez Bergson mais c’est à Georges Canguilhem qu’il faut en attribuer la paternité: «La médecine est un art au carrefour de plusieurs sciences.» Autrement dit, le médecin est d’abord un homme de l’art, ensuite un homme de science. Or, il peut être l’un et l’autre, l’un sans l’autre ou bien encore, ni l’un ni l’autre…

    S’il est l’un ou l’autre, il l’est dans un degré dont on ignore tout: celui qui est homme de l’art évolue entre génie et médiocrité, même chose avec l’homme de science. On peut même avoir affaire à un génie en matière de science doublé d’un crétin en matière d’art et vice-versa. On peut aussi avoir affaire à un crétin dans les deux domaines - j’ai documenté tout cela dans un livre intitulé Le Deuil de la mélancolie qui m’a permis de raconter comment cinq médecins sont passés à côté du diagnostic de mon AVC et comment ils ont également manqué de l’humanité minimale qui eut consisté à le reconnaître (ce qui ne fut pas le cas, il y eut même du déni chez l’un d’entre eux, expert auprès des tribunaux de Paris, nul en science et nul en art, qui, après m’avoir diagnostiqué un problème de vitré et, de ce fait, pris un rendez-vous dans une clinique ophtalmologique pour l’après-midi, eut le front de soutenir ensuite qu’il avait bien vu l’AVC mais n’avait pas voulu m’inquiéter…)

    Par ailleurs, précisons que l’effondrement de la connaissance scientifique chez les Français va de pair avec une autorisation que chacun se donne à soi-même en matière de ce que je nommerai la covidologie! 

    Bac plus dix ou bac moins dix, tout le monde dispose d’un un avis sur le sujet: pour ou contre le covid comme une grippette, autrement dit pour ou contre le docteur Michel Cymes; pour ou contre les masques; pour ou contre la distanciation sociale; pour ou contre l’usage de la solution hydro alcoolique; pour ou contre la contamination par les aérosols d’éternuements; pour ou contre la transmission par les mains; pour ou contre l’isolement; pour ou contre le traçage; pour ou contre la fermeture des frontières; pour ou contre le professeur Raoult; pour ou contre «la» ou «le» covid; pour ou contre l’efficacité de l’hydroxychloroquine;  pour ou contre le documentaire Hold-Up!; pour ou contre l’hospitalisation psychiatrique d’un professeur ayant participé à ce film;  pour ou contre les Comités scientifiques qui conseillent le président de la République; pour ou contre le professeur Salomon, jadis pour ou contre Agnès Buzyn, sinon, aujourd’hui, pour ou contre Olivier Veran; pour ou contre l’applaudissement aux balcons du personnel soignant; pour ou  contre le vaccin; pour ou contre la vaccination obligatoire; pour ou contre l’épidémie volontairement créée par les laboratoires pharmaceutiques; pour ou contre Big-Pharma; pour ou contre un «virus chinois» selon l’expression de Trump; pour ou contre le rôle du laboratoire de Wuhan dans l’épidémie; pour ou contre le confinement; pour ou contre le couvre-feu; pour ou contre la peur plus grave que la maladie; pour ou contre la fermeture des restaurants et des bars, des églises et des salles de concert; pour ou contre le repas présidentiel qui ne respecte pas la législation édictée par Macron lui-même; dans le même esprit, pour ou contre le fait que le restaurant de l’Assemblée nationale et la buvette du Sénat soient restés ouverts malgré la fermeture de tous les restaurants français et de toutes les buvettes françaises; pour ou contre l’ouverture des grandes surfaces et la fermeture des petites; pour ou contre le vaccin russe, le vaccin chinois, le vaccin américain; pour ou contre ce que le pouvoir a nommé les commerces «non-essentiels»; pour ou contre la pétrification des stations de ski; pour ou contre le vaccin avec ARN messager; pour ou contre l’application Stop Covid; pour ou contre le test naso-pharingé plutôt que salivaire;  pour ou contre le professeur Machin ou Bidule régulièrement vus à la télévision; pour ou contre la revue The Lancet; pour ou contre le santon à l’effigie de Didier Raoult; pour ou contre tel ou tel éditorialiste qui semble dormir dans les studios des télévisions d’information continue et qui , depuis presque un an, a tout dit et le contraire de tout; pour ou contre le complot mondialiste qui vise le reset économique; pour ou contre les tests avant d’aller au réveillon de Noë ;  pour ou contre l’immunité collective; pour ou contre le port du masque pendant le festin de la modeste Nativité; pour ou contre les grands-parents dans la cuisine, comme jadis les domestiques, pendant que les valeureux bambochent dans la salle au sapin; pour ou contre le contrôle sanitaire effectué à ses frontières par la Corse; pour ou contre ceux qui sont pour ou contre?

    Depuis presque un an, le covid n’a pas infecté que des corps, il a également contaminé des âmes et des esprits, des intelligences et des raisonnements, des consciences et des entendements! Il y a les couleuvres qui ont tout dit et le contraire de tout, dont les membres du gouvernement, mais également les éditorialistes payés pour parler sans jamais s’arrêter ou les journalistes dont le métier consiste à donner des gages au pouvoir afin d’avancer leurs carrières; il y a des médecins, des professeurs, des directeurs de service de ceci ou de cela qui, quand ils s’expriment, ajustent surtout leur tir sur les médecins, les professeurs, les directeurs de service de ceci ou de cela précédemment cités; il y a les intellectuels libéraux libertaires, ceux de droite qui se croient de gauche, les maastrichtiens la plupart du temps, qui minimisent la pandémie, affirment que la peur est pire que la maladie, et, en guise de preuve, estiment qu’il y a peu de morts en oubliant que la raison en est… le confinement qu’ils déplorent! «Pas ou plus de confinement puisqu’il y a peu de morts» disent-ils en oubliant qu’ils activent un paralogisme car c’est parce qu’il y a le confinement qu’il y a peu de morts! Bien que le peu soit relatif…

    Le nihilisme de notre époque est visible dans cette foire aux idées contradictoires: tout est vrai, donc tout est faux, tout est relatif, donc tout vaut tout, à chacun sa vérité, donc il n’y a plus de vérité… 

    Qu’une personne qui ignore ce que fut la croyance millénaire en la génération spontanée, comment et avec quelles expériences Pasteur a pulvérisé cette idée erronée, qui ignore le principe du vaccin, qui ne sait pas comment la rage a été éradiquée par la vaccine, qui  ne sait pas distinguer un vaccin d’un sérum, l’antisepsie de l’asepsie, qui ignore ce qui constitue une cellule, qui ne sait pas comment fonctionne un vaccin, avec ARN messager (qui épargne le noyau de la cellule dans lequel se trouve le code génétique…), qu’une telle personne  puisse tout de même avoir un avis contre les vaccins, voilà un marqueur de notre époque qui permet de juger d’un film qu’on n’a pas vu, de commenter une cuisine qu’on n’a pas goûtée, de parler d’un livre qu’on n’a pas lu, de juger d’un vin qu’on n’a jamais bu, de formuler un avis définitif sur l’œuvre d’un écrivain dont on n’aura pas lu un seul livre! 

    Un récent rapport de l’Académie des sciences et de l’Académie des technologies remis au ministre de l’Education nationale atteste de cette inculture scientifique des élèves: seulement 20% des enseignants du primaire traitent l’intégralité du programme… L’enseignement des sciences est sacrifié. Les élèves français arrivent très en dessous de la moyenne européenne en la matière. Des enseignants se contentent de textes à trous, de recyclage de séquences pédagogiques publiées sur internet, près de la moitié ne réalise aucune expérimentation en classe, quand les sciences sont enseignées, c’est sous la rubrique «informatique» ou «écologie» - Bill Gates et Greta Thunberg sont plus importants que Pasteur… Normal: ils ont la plupart des formations littéraires et seulement 14 % ont suivi un cursus scientifique. Depuis 2014, l’épreuve de sciences et de technologie n’existe plus au concours de professeur des Écoles, elle est optionnelle comme les arts visuels, les langues étrangères ou… l’Histoire! Quant à leur formation continue, effectuée sur leur temps libre, elle concerne plutôt le français et les mathématiques! 

    Nous pourrions faire le même constat avec l’effondrement des mathématiques en France…

    Ne nous racontons pas d’histoires: ce qui se constate dans ce rapport concernant cette génération, c’est également ce qui peut se constater sur d’autres générations en amont, depuis qu’après Mai 68 l’éducation a été confiée aux pédagogues plus soucieux d’un prétendu apprendre à apprendre que d’un apprentissage digne de ce nom! Faire l’épistémologie de sa discipline, c’est bien, mais quand on maîtrise sa discipline! Penser la pédagogie sans enseigner, sans avoir enseigné, éventuellement après avoir échoué à enseigner soi-même quand on est inspecteur ou professeur de «sciences (sic) de l’éducation», sans connaître la vérité de la confrontation avec une classe, c’est apprendre à nager sur un tabouret avec l’aide d’un ordinateur… 

    C’est donc l’inculture en matière de science (mais pas seulement…) qui fait que chacun s’estime expert en covidologie et que, sur ce sujet comme sur tous les autres, tout devient prétexte à un genre de guerre civile: pour Raoult ou contre, pour les masques ou contre, pour le confinement ou contre, pour le vaccin ou contre, et ce ad nauseam depuis presque une année. 

    C’est la grande tradition française de la guerre civile qui se manifeste ici une fois encore. Un mélange de Saint-Barthélemy avec ses couteaux et de Tribunal révolutionnaire à l’ombre des guillotines. 

    La Raison est morte, la réflexion aussi; la culture s’effondre, la lecture également; l’esprit critique a disparu, l’art rhétorique idem; la dialectique n’est plus, même chose pour la conversation; la philosophie a couché les pouces, pareillement avec la logique; le livre a laissé place au journal et l’Encyclopédie papier dans l’esprit de Diderot et d’Alembert a été remplacée par Wikipedia rédigé par tout le monde, car aujourd’hui tout le monde est Encyclopédiste comme Voltaire ou Montesquieu, D’Holbach ou Grimm ; les Lumières sont éteintes, nous entrons dans le nihilisme chaque jour un peu plus…   

    Que la moitié des Français soit contre la vaccination et l’autre prompte à traiter de vendus à l’industrie pharmaceutique quiconque rappelle ce que fut l’œuvre de Pasteur, voilà qui renseigne sur notre époque - elle pue la bêtise… 

    Source : https://michelonfray.com/

  • Blasphème à l’Université, par Michel Bouvier.

    Fontenelle, présenté comme un précurseur du progressisme, est intouchable. C'est ainsi que l'histoire littéraire, désormais, sanctifie, méprise, ignore ou annule les auteurs selon qu'ils peuvent ou non être enrôlés dans la cohorte des gens bien ; et malheur à qui oserait s'interroger sur leurs mérites réels.

    Il y a quelques années, j’organisai à l’Université catholique de Lille une journée d’études sur Fontenelle. Grâce à l’amitié d’un membre fondateur de la Société Fontenelle, je pus réunir quelques-uns des meilleurs spécialistes de cet auteur. Ma contribution inaugurale consista en une analyse iconoclaste de ses Nouveaux dialogues des morts, parus en 1683, par laquelle je voulais montrer qu’il s’agissait bien de l’œuvre légère et brillante d’un « bel esprit », qui avait par là mérité d’être démasqué par La Bruyère.

    Je n’eus pas si tôt fini qu’une dame éminente, sans s’attarder à contester aucun point de mon analyse, déclara abruptement qu’elle était scandalisée d’entendre présenter Fontenelle de cette façon à nos étudiants : il était, dit-elle d’une voix frémissante d’indignation, honteux et lamentable de leur révéler les roueries d’un auteur qu’il est nécessaire de présenter comme un penseur de haute volée, dont les œuvres ont révolutionné les manières moutonnières de penser en usage, apportant enfin au monde un peu d’intelligence et de liberté d’esprit, bref un libérateur annonciateur des Lumières vénérées.

    J’avais donc blasphémé en osant attaquer une des valeurs sacrées de notre Université éclairée, et je souriais d’aise à voir que la dame allait bientôt se signer à ma vue si on ne m’exorcisait pas.

    Sentant que la chose risquait de tourner à l’autodafé, mon ami intervint pour dire qu’il trouvait fort intéressant qu’on proposât une lecture de Fontenelle qui permettait de comprendre pourquoi La Bruyère l’avait attaqué dans le portrait satirique de Cydias, le bel esprit. Mon discours ainsi envisagé n’avait plus pour but de démasquer un faussaire, mais de mimer l’analyse spécieuse que des gens aussi peu éclairés que Bossuet et La Bruyère avaient faite du chef-d’œuvre sans égal du sieur Fontenelle, phare intouchable de la pensée progressiste.

    Afin de sauver la journée autant que des relations courtoises avec les personnes distinguées qui y participaient, je fis mine de saisir la perche tendue, mettant en œuvre l’accommodement recommandé par nos moralistes classiques. Ainsi, mon texte pu paraître avec les autres interventions dans le numéro 8 de la revue Fontenelle.

    Aux temps anciens, on étudiait la rhétorique

    Le délit de blasphème ayant été supprimé dans la loi française, je ne fus pas poursuivi. Mais on voit que si le délit n’existe plus, il y a toujours des objets sacrés auquel il n’est pas permis de porter atteinte, serait-ce au nom de la rigueur scientifique. On voit aussi comment le système, sans condamner personne, fait régner le consensus au moyen d’une véritable domestication des esprits, par le biais d’une fausse science consacrée, dont les dogmes fondateurs sont solidement enseignés dès le plus jeune âge. La dame offusquée était une brillante universitaire, qui continue sans doute d’enseigner à des foules d’étudiants béats, tout préparés à recevoir ses sermons sans sourciller, puisqu’on ne leur a jamais appris à démonter les rouages des textes, à en mettre à jour les artifices rhétoriques.

    Aux temps anciens, on étudiait la rhétorique, puis on lisait les textes. Ainsi armés, un esprit délié pouvait comprendre la fabrication des livres, adhérer à ce qui était sûr, se méfier de ce qui était trafiqué, rejeter les erreurs habilement habillées de grands mots et de phrases ronflantes. On ne criait pas au génie à tous propos. Depuis, on a transformé la rhétorique en un galimatias à usage diafoiresque, et on a dans la foulée ridiculisé les grands classiques : Corneille n’est plus qu’un bavard pompeux issu d’une tribu d’esclavagistes, Bossuet, un fanatique haineux (voyez comme il a traité ce pauvre Fénelon, ainsi que sa douce agnelle de Mme Guyon !), Racine et La Bruyère, de plats courtisans à l’âme servile ; Molière échappe au massacre, parce qu’il a écrit Dom Juan, qu’on croit être une déclaration de libertinage combattant, et qu’il a eu la chance de ne pas avoir vraiment de sépulture chrétienne, ce qui authentifie une vie héroïque. À l’opposite, on a statufié les précurseurs Bayle et Fontenelle, puis les grands penseurs que sont Montesquieu, Voltaire, Diderot, et surtout le chéri de la bande, le merveilleux Jean-Jacques, appelé très familièrement par son prénom, puisqu’il fait partie de la grande famille de ceux qui prétendent penser droit, et marcher au pas vers l’avenir, toujours radieux comme il se doit.

    Voilà des gens qu’on peut adorer sans même les lire ! Montesquieu ? ah, Les lettres persanes ! ah, Les considérations ! (que l’essentiel soit pris du Discours sur l’histoire universelle de Bossuet est ignoré, et le rappeler est blasphématoire) ! ah, L’esprit des lois ! le travail d’une vie ! (un long travail de compilation et de pillage, en effet, pesant, sans véritable originalité, mais il serait tout aussi blasphématoire de le signaler). Voltaire ? quel esprit ! quelle pensée ! (que ce soit un philosophe pour les archinuls du temps, ce serait une honte de le dire, même à l’oreille de votre maîtresse). Diderot ? mon dieu ! Diderot ! le génial inventeur de l’Encyclopédie ! (que ce soit une laborieuse adaptation d’un ouvrage anglais, auquel l’impécunieux a surtout ajouté tout ce qui pouvait faire du papier facile à vendre, ce serait honteux de simplement y faire allusion). Jean-Jacques ? merveilleux ! éblouissant ! avec lui naît l’homme moderne (que l’homme moderne soit un malade, un peu gueux et fort sot, quelle impertinence d’oser l’insinuer !).

    N’ont-ils pas osé blasphémer contre la République

    – Qu’avez-vous lu de Rousseau, mon ami ? – Un chapitre du Contrat social. – Vous avez raison de ne pas en lire plus, car vous y découvririez la théorie toute frémissante des totalitarismes à venir, et la description enthousiaste de la manière de les faire advenir le plus aisément du monde. Que ce soit plus vicieux et plus effrayant que Machiavel, cela doit rester un mystère couvert, que seuls les initiés méditeront dans leurs veilles de contemplatifs, au fin fond de leurs convents.

    Ensuite, il n’y aura plus qu’à se frapper le cœur où se trouverait le génie, à devenir un enfant du siècle abandonné, à poursuivre des Orients de légende jusqu’à la folie et la mort par pendaison, à annoncer l’avenir « plein ciel ». Et si vous entendez dire que Balzac était monarchiste, retenez bien que c’était un homme de passion un peu dérangé, qui buvait trop de café. Et si Stendhal détestait la démocratie, souvenez-vous que c’était une mauvaise tête. Quant à Renan ou Taine, passez votre chemin. Ces gens-là sont des érudits poussiéreux. Si encore ils s’étaient prénommés Kevin, comme tout le monde ! mais l’un fut baptisé Hippolyte pour son malheur, l’autre est accablé d’un inénarrable Ernest, comme les bouffons du cirque sont des Augustes. Qu’espérer de gens affublés de prénoms aussi ridicules ? Oublions-les. Avez-vous déjà vu une statue de l’un ou de l’autre, une rue qui porterait leur nom ? J’espère que non, sinon, il faut déclencher une campagne pour faire disparaître ces traces monstrueuses d’un fanatisme inadmissible : n’ont-ils pas osé blasphémer contre la République, et plus grave encore, n’ont-ils pas daubé son système d’instruction si miraculeusement moderne ? En voici des preuves accablantes.

    L’Ernest a osé écrire dans sa pitoyable Réforme intellectuelle et morale de la France : « les écoles spéciales, imaginées par la Révolution, les chétives facultés créées par l’Empire, ne remplacent nullement le grand et beau système des universités autonomes et rivales, système que Paris a créé au moyen âge et que toute l’Europe a conservé, excepté la France. » Oublions ce triste imbécile, vous dis-je !

    Être connecté ne rend pas libre de penser par soi-même, mais oblige à penser en réseau.

    L’Hippolyte, plus disert, a prétendu montrer, dans ses Origines de la France contemporaine, au terme d’une analyse si approfondie qu’elle en devient mensongère, comment selon lui « s’achève en France l’entreprise de l’éducation par l’État. » Il explique sournoisement que, « quand une affaire ne reste pas aux mains des intéressés et qu’un tiers, dont l’intérêt est différent, s’en saisit, elle ne peut aboutir à bien […] l’effet principal et final est la disconvenance croissante de l’éducation et de la vie. Aux trois étages de l’instruction, pour l’enfance, l’adolescence et la jeunesse, la préparation théorique et scolaire sur des bancs, par des livres, s’est prolongée et surchargée, en vue de l’examen, du grade, du diplôme […] par l’application d’un régime antinaturel et antisocial […] par l’entraînement artificiel et le remplissage mécanique, par le surmenage […] abstraction faite du monde réel où tout à l’heure le jeune homme va tomber. […] Cet équipement indispensable, cette acquisition plus importante que toutes les autres, cette solidité du bon sens, de la volonté et des nerfs, nos écoles ne la lui procurent pas ; tout au rebours, bien loin de le qualifier, elles le disqualifient pour sa condition prochaine et définitive. » Ce bavard n’est-il pas insupportable ?

    Rien n’a vraiment changé depuis dans notre Université obèse, qui n’a plus pour fonction d’apprendre à penser et à vivre, mais qui doit fabriquer des machines à psalmodier les mantras de la caste installée là-haut. Napoléon a voulu une école faite de telle sorte « que le peuple en masse ne pense pas par lui-même et ne raisonne trop ». C’est pourquoi il a constitué l’instruction comme une autre église, où le blasphème est reparu comme un crime contre le savoir distribué et garanti par l’État. Rien n’a été ébranlé de ce fondement. Chaque pouvoir a maintenu l’essentiel en laissant varier ce qui tient aux modes, et ne compte pas. Introduire les tablettes électroniques à l’école, par exemple, ne nuit pas au bourrage de crâne, au contraire, il le favorise puissamment. Être connecté ne rend pas libre de penser par soi-même, mais oblige à penser en réseau, selon la norme véhiculée par le réseau lui-même. Être diplômé ne garantit pas la connaissance des réalités, mais éloigne presque totalement de la vie vécue, vous donnant permission de vagabonder avec aisance dans de multiples décors d’illusion.

    Vous dites les choses comme elles sont ? Haro sur le baudet : il a blasphémé ! Rien que la mort n’est capable d’expier son forfait ! Mais attention, il sera frappé de cette mort nouvelle inventée par des citoyens tellement humains, mort qui est donnée à l’esprit seul, afin que le corps continue son chemin, en automate parfaitement ressemblant. Il ne manque que la musique pour que ce soit une féerie, mais hélas ! nous ne produisons plus que des bruits, comme les vessies qu’on écrase.

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    Source : https://www.politiquemagazine.fr/

  • Plaidoyer contemporain pour la Monarchie, par Jean-Philippe Chauvin.

    Le magazine Reines & Rois m’a invité dans ses colonnes à présenter les arguments contemporains pour l’établissement d’une Monarchie en France, et ma tribune a été intégralement et fidèlement publiée dans le numéro de Mai-juin-juillet 2021, ce dont je remercie la rédaction et Olivier C. en particulier. En voici le texte ci-dessous…

    jean philippe chauvin.jpgUn récent sondage nous apprenait que 17 % des Français étaient favorables à l’établissement d’une Monarchie en France, et cela plus de deux siècles après la fracture révolutionnaire et plus d’un siècle et demi après le départ en exil du dernier roi ayant effectivement régné. Entretemps, cinq Républiques sont nées et quatre ont disparu, souvent dans des affres peu glorieuses, du coup d’État à la défaite militaire, sans oublier deux empires et un « État français » : deux siècles durant lesquels la question institutionnelle ne cesse d’être posée, et cela même si l’actuelle République, cinquième du nom, semble avoir réussi une certaine synthèse entre les différentes traditions politiques du pays, synthèse néanmoins remise en question aujourd’hui par les nostalgiques de la IIIe (ou de la IVe) République qui la trouvent « trop monarchique » quand les royalistes la trouvent, eux, trop républicaine ou « monocratique », trop jacobine ou laxiste…

     

    Plusieurs éléments peuvent, en tout cas, expliquer et motiver la persistance d’un courant d’opinion favorable à la Monarchie royale, même si celui ne se traduit ni dans les urnes ni dans le paysage politique lui-même, apparemment monopolisé par les seuls républicains (ou proclamés tels) de toutes les couleurs du prisme politique. L’actuelle campagne présidentielle, un an avant le premier tour de l’élection, agite déjà les milieux politiques et médiatiques, mais, à bien y regarder, ne sommes-nous pas, depuis que le quinquennat a été établi au début des années 2000, en « présidentielle permanente » ? Or, cette élection à la magistrature suprême de l’État apparaît toujours comme « la reine des élections », la plus courue en tout cas pour les partis et les politiciens, et la plus mobilisatrice des électeurs, désormais fort boudeurs lors des scrutins parlementaires, régionaux ou, même, municipaux. Paradoxalement, cela peut accréditer l’idée que les Français veulent élire un Chef de l’État auquel ils attribuent des pouvoirs importants, quasi-monarchiques, comme s’ils avaient besoin de cette autorité de type monarchique pour sentir qu’ils appartiennent au même peuple, à la même nation… L’élection du président au suffrage universel direct était, jadis, vue par ses opposants comme le signe d’une « monarchisation » du pouvoir, et, du temps du général de Gaulle, Le Canard enchaîné décrivait celui-ci comme un roi versaillais et absolu et son gouvernement comme une Cour à ses ordres, en attendant celui que le journal satirique annonçait comme le « dauphin » : le comte de Paris…

     

    Quelques autres indices peuvent signaler la persistance d’une opinion monarchiste, et l’actualité nous en a fourni une nouvelle preuve avec l’émotion soulevée dans notre République lors du décès du prince Philippe, époux de la reine Elisabeth d’Angleterre, et les cinq millions de téléspectateurs hexagonaux des funérailles princières, en un après-midi ensoleillé, ne sont pas totalement anodins, y compris politiquement parlant. Car, à défaut de vivre en Monarchie, nombre de Français regardent celle de nos voisins avec des yeux émerveillés pour certains, seulement curieux pour d’autres, et beaucoup de ceux-ci se disent peut-être, au fond de leur cœur, « pourquoi pas la Monarchie chez nous ? ». Après tout, la question mérite bien d’être posée, et cela même si l’advenue d’une instauration royale en France paraît, sinon totalement compromise, encore fort lointaine…

    En ces temps de crises et de trouble, la Monarchie royale « à la française » ne serait pourtant pas si choquante et, même, elle pourrait bien conjuguer espérance et nécessité, tout en renouant avec le fil d’une histoire qui, tranché violemment hier, pourrait à nouveau réunir des Français aujourd’hui soucieux de concorde et de tranquillité, y compris politique… Quelques arguments plaident en sa faveur comme celui de l’unité nationale au-delà des querelles politiques et des grands intérêts de ce qu’il n’est pas incongru de qualifier de féodalités financières et économiques : car le roi ne doit rien à un choix électoral forcément clivant et séparateur qui divise en clans idéologiques, et son indépendance vient du principe même de la transmission héréditaire de la magistrature suprême de l’État, la naissance ne pouvant s’acheter ou se forcer. Bien sûr, c’est l’argument parfois le plus difficile à entendre pour nous qui sommes habitués à choisir le Chef de l’État que nous semblons sacrer de notre vote avant que de le dénoncer dès les mois suivants dans un élan d’ingratitude qui, visiblement, n’appartient pas qu’aux princes… Néanmoins, l’avantage de la succession royale est qu’elle accompagne le temps et qu’elle est l’humilité devant la nature humaine et ses propres limites : dans la tradition française, ce mode de transmission de la magistrature suprême de l’Etat se résume en une formule « Le roi est mort, vive le roi ! ». C’est-à-dire que c’est de la disparition physique du prédécesseur que naît le pouvoir du successeur. D’un drame, la mort, la royauté fait un passage vers une autre vie, une autre personne, celle-là même qui savait qu’un jour elle régnerait mais qui ne savait ni le jour ni l’heure, dans une incertitude qui, pourtant, n’ouvre pas vers l’inconnu mais vers le « prévu ». Cela explique l’autre formule traditionnelle de la royauté en France : « Le roi ne meurt jamais ». En effet, la mort physique d’un monarque n’est pas la mort de l’État, mais son renouvellement : le fils succède au père, naturellement, tel que cela était annoncé depuis sa naissance et son titre de dauphin. Quand la République déchire autour de l’urne, la Monarchie royale unit autour du cercueil, et du trône…

     

    Bien sûr, certains y verront une injustice ou un risque : injustice (« pourquoi lui plutôt qu’un autre ? ») et risque (« est-il vraiment à la hauteur de la charge ? »). En fait, la pire injustice n’est-elle pas que ce soit l’Argent qui, désormais, fasse les élections présidentielles, au risque d’affaiblir la nécessaire indépendance de l’État ? A l’inverse, cette sorte de « tirage au sort » du destin qui fait de la naissance au sein de la famille royale historique la carte d’entrée à la tête de l’État n’est-elle pas le meilleur moyen de garantir le meilleur pouvoir arbitral possible, au-delà même des passions du moment et des pressions des factions ou des ambitions ? Un ancien ministre centriste d’il y a quelques décennies faisait remarquer qu’en Monarchie, la première place étant prise, cela limitait les appétits de pouvoir des politiques et les forçait à se concentrer sur les questions gouvernementales… Quant au risque d’une incompétence du roi, il est limité pour au moins trois raisons : tout d’abord, ce qui compte pour le roi n’est pas la compétence ni le mérite mais bien plutôt l’indépendance liée à sa position, celle d’un arbitre et non d’un joueur, et qui l’oblige à une impartialité de fait, ce qui n’exclue pas, évidemment et bien au contraire, la liberté de décision dans le cadre des règles du jeu institutionnel et politique ; Deuxièmement, en tant que « roi à venir », l’héritier putatif du trône est préparé tout au long de sa jeunesse (voire un peu plus…) à ses fonctions de monarque et son éducation est organisée en fonction de son règne futur : cela garantit qu’il a, très tôt, les « codes » de la politique ; enfin, en France et malgré la concentration des pouvoirs régaliens entre les mains de l’État royal dès l’époque de François Ier, la Monarchie a une tradition plutôt « fédéraliste », précédant historiquement et pratiquement l’actuelle devise de l’Union européenne qui lui va comme un gant : « Unie dans la diversité ». Cela signifie que nombre de pouvoirs et d’administrations aujourd’hui indûment aux mains de l’État central seraient redistribués aux Régions, Communes et Chambres économiques (entre autres), en application d’une subsidiarité bien comprise et qui aurait évité, sans doute, bien des errements et des incompréhensions depuis le début d’une crise sanitaire sans fin débutée l’an dernier…

     

    De plus, de par son principe et son histoire, la Monarchie royale a pour règle de servir et non de « se servir », ce que le général de Gaulle avait déjà relevé en son temps et qu’il avait tenté de pratiquer dans une République qui, en définitive, ne lui en sera pas toujours reconnaissante. Marcel Gauchet, quant à lui,  évoquait en 2018 la différence entre la logique macronienne et l’esprit royal : « Mais [Macron] s’est trompé sur ce que l’on attendait d’un roi. Un roi, ce n’est pas un manager, pas un patron de start-up qui secoue ses employés pour qu’ils travaillent dix-huit heures par jour pour que les Français, par effet d’entraînement, deviennent tous milliardaires ! Dans la tradition française, un roi, c’est un arbitre. Quelqu’un qui est là pour contraindre les gouvernants à écouter les gouvernés. Quand les gens accusent Macron d’être le président des riches, ils lui reprochent surtout de ne pas être l’arbitre entre les riches et les pauvres. » N’est-ce pas là, en quelques lignes, la meilleure définition du roi « à la française » ?

     

    Mais il est, au-delà de toutes les argumentations politiques, un élément fondateur de la Monarchie, élément qui n’est d’ailleurs pas limité à la France : c’est la puissance du sentiment. Tout l’enjeu pour les royalistes est de faire resurgir ce sentiment qui, longtemps, a lié tous les Français, personnes comme communautés, entre eux : que la Monarchie française est d’abord une famille, celle qui incarne la France par-delà les générations et les siècles, au-delà des différences et des antagonismes… Cette famille dont, pour l’heure, la France est orpheline, regardant au-delà des frontières celle des autres avec, parfois, la larme à l’œil et une certaine nostalgie, à moins qu’il s’agisse d’une secrète espérance…

     

    Jean-Philippe Chauvin

    Source : https://jpchauvin.typepad.fr/jeanphilippe_chauvin/

  • Et après ?, par Hilaire de Crémiers.

    Il n’y a plus qu’à espérer que l’expérience macronienne amènera à une salutaire réflexion politique.

    Tout ce qui reste d’esprits libres en France en convient : notre civilisation est menacée ; notre pays lui-même est en danger de mort ; nos traditions et nos mœurs sont sur le point d’être définitivement compromises. Le pire : ceux qui gouvernent la France ont pris consciemment le parti de sa disparition. Leur plus grand plaisir est de la déshonorer.

    hilaire de crémiers.jpgTous les jours et à toutes les occasions : Algérie, Rwanda, Europe et Allemagne à qui la France sacrifie constamment ses intérêts historiques, stratégiques, industriels et agricoles, Nouvelle-Calédonie encore française alors que le gouvernement fait tous ses efforts pour qu’elle ne soit plus française, la programmant pour une stupide indépendance malgré deux référendums et malgré, surtout, les puissants intérêts français que ce territoire avec ses zones maritimes représente pour l’avenir, allant jusqu’à chercher dans les honteux accords d’évian de 1962 un précédent historique – authentique !

    L’amour du mal

    Mais aussi bien, au plan intérieur, les inadmissibles abandons de tout ce qui constitue l’ordre national, intellectuel et moral de notre société, telle que l’ont pétrie 2000 ans d’histoire, devant les revendications toujours plus violentes des ennemis de la patrie qui campent insolemment sur notre sol, des contempteurs de toutes les lois divines et humaines, des dévastateurs des règles de la civilité la plus élémentaire, tous ligués dans leur entreprise de démolition, sous des noms extravagants qui qualifient leur barbarie et qui souillent la plume et la langue quand on les répète – ce que font les médias qui nous imposent leurs normes en même temps que leur existence. Tous unis pour achever d’anéantir ce qui subsiste de vie française. Et ce, désormais, avec la complicité active de l’état, de son chef, de ses administrations, de ses magistrats de haute et basse justice. C’est à qui ira le plus loin dans le renoncement au droit primordial de la France d’exister et des Français d’être protégés. Ils se sont donnés à eux-mêmes cette mission d’éradication au nom de la justice, condamnant la France en tant que France, comme jadis Robespierre et Saint-Just condamnèrent Louis XVI en tant que roi. Même idéologie, même logique ! Ils font et refont la société dont ils sont devenus les maîtres par une sorte d’usurpation de pouvoir que les règles de la République permettent de manière récurrente et qu’ils savent utiliser à leur profit avec une terrible habileté. Ce qui ne fait qu’exciter davantage leur goût du pouvoir, leur appétit de domination.

    Quelle jouissance ! Tenir la France en main pour constamment l’humilier ! En revendiquant la loi démocratique à l’encontre même de la mémoire et de la conscience de tout un peuple, sachant qu’il y aura toujours assez de lâcheté, de compromission, d’ambition malsaine, de perversion intellectuelle et morale pour obtenir un semblant d’accord sur des politiques qui ne sont rien d’autre que des suites de crimes perpétrés contre la patrie. Car ce sont des Français qui au nom de la justice et du droit commettent toutes ces iniquités. Ce qui suffit à condamner un tel régime qui livre le pouvoir régulièrement à de telles engeances. Oui, des Français ! Entraînés par cette folie qui les agite à l’idée qu’ils ont à leur disposition, grâce aux dispositifs politiques d’un régime adapté à leur vice, la puissance publique pour réaliser leur chimère qu’ils appellent leur programme et qui n’est que la satisfaction de leur insupportable prétention. Pensez donc ! Au nom du peuple français dont ils ont réussi à devenir les représentants, imposer leur joug à ce même peuple français ! Traîner les Français devant le tribunal de leur prétendue justice ! En faire des ilotes, les rabrouer à longueur de temps, les enchaîner dans des projets d’aliénation générale et de destruction systématique. Macron sait si bien ce qu’il fait qu’il passe son temps à se justifier et à tenter de faire accroire qu’il n’est que sincérité. Dernièrement 20 pages dans Zadig pour s’expliquer sur sa compréhension d’une société complexe qui devrait s’inventer à perpétuité et sur son amour du Lot, de Figeac et des Pyrénées, « en même temps » ! Littéralement grotesque et sophistique : la France n’est pas à réinventer. Et, du même genre, cette ridicule et infamante prestation à l’Élysée de deux zigotos, Mcfly et Carlito, qui sont censés représenter la jeunesse française, au cours de laquelle le chef de l’État s’est prêté à des pitreries du plus mauvais goût, comme lors de la fête de la musique en 2018 où la grossièreté de la mise en scène atteignit l’honneur de l’épouse du Président sur le perron même de l’Élysée et, à travers elle, de la France, « doublement niquée » selon la gestuelle à l’honneur dans ce genre de cérémonie et pour parler le langage conforme à un tel style. Et le Président – qui ne se souvient des photos ? – de rire comme un adolescent immature et irresponsable qu’il fut et qu’il reste en quelques circonstances que ce soit : c’est psychologique.

    La perversité électorale

    Ce qui ne l’empêche pas d’être rusé et subtilement malin. Tout chez lui entre dans une stratégie électorale, y compris ces débordements de démagogie. La campagne de 2022 est commencée ; il sait ce qu’il veut : reproduire le scénario de 2017. Il ne cesse d’y œuvrer tel un imperator sûr de sa victoire. Il va effectuer un tour de France à cet effet, en se servant des meilleurs prétextes du monde. Il a sa fine équipe de stratèges en chambre : Thierry Solère que sa haute vertu recommande comme défenseur attitré de la plus pure des Républiques, à l’image d’un Caton antique, car à l’évidence il n’est guidé dans ses choix que par la sublime idée de sa conception morale de la vie politique qui lui permet de trancher avec autorité entre le Bien et le Mal. Il connaît. L’homme est entouré par la garde rapprochée de la Macronie : les Séjourné, les Attal, les Beaune et tutti quanti. Ce qui nous fait un Caton quelque peu étrange, au service d’un César qui se veut jupitérien, et qui rassemble autour de lui dans ce grand combat d’idées ce que les vieux Romains appelaient des Graeculi, hommes aux âmes d’affranchis que la politique sait combler de places et d’honneurs. L’histoire a de bizarres manières de se répéter.

    Tout ce beau monde est au travail pour transformer les élections régionales en préparatifs de la présidentielle. D’où l’affaire Muselier de Paca ; d’où l’arrivée subite dans les Hauts-de-France d’une kyrielle de ministres sous la direction d’un Dupond-Moretti accoutré en chasseur de Le Pen, ce qui sied éminemment à un garde des Sceaux. On ne lésine sur rien, on se moque des électeurs, mais pareilles interventions risquent de se retourner au final contre le dessein macronien. Il prend son risque, comme il dit !

    Pendant qu’au plus haut sommet de l’État se mène cette puissante stratégie, la France continue de se fracturer. Le désordre est partout : toutes les nuits des émeutes et des luttes de bandes armées, des policiers et des gendarmes caillassés, attaqués, blessés, tués ; des zones entières et qui ne cessent de s’étendre, où la loi française ne s’applique plus, où règnent les caïds avec leur pègre et où édictent leurs ordres les imams ; les Français évincés, obligés d’accepter l’inacceptable chez eux, craignant pour leur famille, leurs enfants, leurs écoles, maintenant leur travail, sans que le chef de l’État n’exprimât la moindre solidarité effective et affective, se contentant de paroles vaines sur les cercueils accumulés où il semble bon de déposer de moment en moment une légion d’honneur dont par ailleurs se trouve honoré n’importe quel zozo qui a les faveurs des services de communication de la République.

    En sortir ?

    Tel est l’état de la France. Et la crise sanitaire si mal gérée n’a servi qu’à dissimuler cette situation qui ne fera qu’empirer quand la crise économique, financière et sociale viendra s’ajouter à un tel désastre. Alors la dernière astuce est de détourner la colère qui monte en désignant des boucs émissaires : les militaires à qui il est reproché de manifester leurs inquiétudes, les hauts fonctionnaires qui regardent sidérés le champ de ruines que laisse Macron sur son passage par la succession des plus absurdes décisions et des lois les plus contradictoires, l’ENA désigné comme le mal essentiel, uniquement pour favoriser tout ce qui va à l’encontre des traditions françaises, les grands corps d’État caricaturés, les Préfets signalés à la vindicte publique et qui seront désormais choisis selon des critères partisans, les policiers qui ont le mauvais goût d’en avoir assez d’être pris pour des lapins bons à flinguer par la racaille, institutionnalisée et promue aujourd’hui comme une chance pour la France par le chef de l’État en personne, les familles françaises qui souffrent et qui s’angoissent à juste titre d’une jeunesse en déshérence et à qui il est répété qu’il faut savoir s’ouvrir et s’adapter, mais à quoi donc, au rêve macronien ? Voilà quand même beaucoup de monde ! Et qu’on a encore le culot de vouloir mener à l’abattoir électoral en hurlant au fascisme, selon la vieille habitude républicaine.

    Ce qui reste de pensée française réagit. Heureusement. Preuve que tout n’est pas perdu. Les dernières parutions de livres en témoignent : La société malade (Stock) de Jean-Pierre Le Goff, si méticuleux dans ses appréciations, Le jour d’après (Albin Michel), flamboyant et vengeur, de Philippe de Villiers où est dénoncée la manœuvre frauduleuse de ceux qui veulent s’emparer non seulement des corps mais des âmes, La fin d’un monde (Albin Michel) de Patrick Buisson qui en 500 pages décrit le processus de déconstruction mené implacablement et où malheureusement l’Église a une grande part de responsabilité ; à quoi il convient d’ajouter tant d’esprits supérieurs qui partagent les mêmes analyses et les mêmes appréhensions, les Manent, les Gauchet, les Finkelkraut, les Onfray, les Houellebecq et tant d’autres, sans omettre, bien sûr, Zemmour et tous ceux qui se dressent face à cette trahison permanente. Une telle conjonction, et qui soulève un tel succès dans le public, mérite d’être remarquée et commence à irriter ceux qui vivent de la chienlit actuelle. Comme il a déjà été écrit dans ces colonnes, les résultats de l’élection présidentielle de 2022 peuvent poser une grave question de légitimité.

    Est-il possible et permis de proposer alors un renouvellement de la pensée et de la pratique politiques ? La France n’a-t-elle pas subi assez de déceptions dans le système de concepts constitutionnels qui lui sert d’ossature et qu’elle a hérité de la Révolution : à chaque fois une série d’échecs s’achevant dans des désastres ? Est-ce qu’il suffira vraiment d’invoquer le peuple, même hypostasié avec une majuscule, et de prétendument lui attribuer tous les pouvoirs par des successions de référendums ? D’opposer un peuple naturellement bon à la Rousseau à des élites corrompues par nature ? Le « dégagisme » n’est qu’un argument d’estrade. La métaphysique constitutionnelle française qui date d’un XVIIIe siècle idéaliste, subjectiviste, utopiste, a suffisamment manifesté ses insuffisances et ses incongruités. Le général Gallois, l’un des pères de la dissuasion française, qui croyait dans la souveraineté de la France et qui honorait Politique magazine de son patronage, me confiait un jour que le général de Gaulle s’était trompé lorsqu’il avait transféré au peuple la désignation du chef de l’État : « nous n’aurons jamais, disait-il, que des chefs de partis qui seront de plus en plus des aventuriers de la politique. » Il faut donc revoir les principes de la souveraineté dans l’intérêt même du peuple, de l’autorité duquel il est si facile d’user et d’abuser comme on ne le voit que trop aujourd’hui. Ce pauvre peuple n’est plus représenté, il est abandonné. Ne serait-il pas temps de chercher un autre mode de représentation que la partisannerie, le jacobinisme, l’éternelle Gironde et l’éternelle Montagne ? La France en crève ! Et de faire aboutir la tentative de réforme de 1969 grâce à un Sénat fort, remodelé, représentatif des territoires français dans leurs éléments concrets, autre chose que ces commissions citoyennes créées par Macron pour satisfaire les idéologues et les rhéteurs.

    Quant à l’autorité judiciaire, elle ne retrouvera sa liberté, sa grandeur et son utilité qu’en acceptant le principe supérieur dont elle tire sa seule légitimité, comme le rappelait avec force Louis XV à ses parlements.

    Ah, pour qui y pense, il est vraiment dommage que la monarchie française n’ait pas su faire aboutir ses réformes nécessaires à la fin du XVIIIe siècle : tout était prêt, y compris le fameux Code civil dont Napoléon fera une de ses gloires. Oui, quel dommage ! La France a pris dès lors une mauvaise voie. Il suffirait pourtant de peu pour reprendre le bon chemin.

     

    Illustration : 27 mai 2021. Macron signe le livre des visiteurs du mémorial de Kigali, où il vient de reconnaître la prétendue responsabilité de la France dans le génocide rwandais.

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    Source : https://www.politiquemagazine.fr/