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  • Dans le monde et dans notre Pays légal en folie : revue de presse et d'actualité de lafautearousseau...

     

    Pour en finir avec deux inepties, ces deux réflexions sur la Nouvelle Calédonie, qui est française et qui doit le rester (sinon, c'est la Chine : merci, mais... non merci !)

     

    1. La France serait une "puissance coloniale" ? Mais alors, chez ceux qui nous font ce reproche (à leurs yeux infâmant) :

    • que la Chine rende sa liberté et son indépendance au Tibet, où le Dalaï Lama pourrait enfin rentrer, et cesse le génocide culturel et spirituel qu'elle y pratique depuis des décennies...

    • que la nouvelle Urss de Poutine rende sa liberté à la ville de Königsberg (et sa région), qui n'a jamais été slave en rien, à aucun moment de l'Histoire, mais qu'elle occupe, de façon tout à fait "coloniale", depuis plus d'un demi siècle. Et qu'elle rende leur liberté à la Tchétchénie, au Daguestan à l'Ingouchie, et autres pays asiatiques, musulmans et "slaves en rien" (ni par la langue, ni par la religion, ni par le groupe ethnique), mais qui sont bel et bien des territoires occupés par la force brute...

    • que l'Azerbaïdjan rende à l'Arménie le Nakitchevan (terre arménienne, "donnée" sous l'URSS) et le Haut-Karabakh...

    • et pour nos excellents ennemis anglo-saxons, grands donneurs de leçons (mais "à l'exportation seulement") :

    - que les États-désunis rendent aux Indiens leurs terres, au lieu de les parquer dans des "réserves"...

    - que les Anglais rendent à l'Irlande le nord de l'Irlande (car "l'Irlande du Nord", cela n'existe pas : c'est seulement un "fait colonial", qui n'a que trop duré...); et tant qu'ils y sont, qu'ils rendent leur liberté aux Écossais et aux Gallois, lesquels, eux aussi, ne font partie du Royaume désuni que par l'effet d'une violence inouïe exercée sur eux dans les siècles passés...

    - que les Australiens et les Néo-Zélandais rendent leurs terres aux aborigènes...

    On y va, les gars ? Contre le colonialisme ? Allez, c'est parti !...

    2. Certains kanaks, extrémistes, indépendantistes, terroristes, (mais qui ne représentent pas tous les kanaks, loin de là) parlent de "peuple premier"...

    Mais, ne serait-ce pas du "fixisme" ? L'Histoire est comme une mer, "que toujours quelque vent empêche de calmer", comme l'a joliment dit notre grand Malherbe. Nulle part, à aucun moment, les choses n'ont été établies "pour toujours", sans qu'aucun changement, aucune évolution (en bien ou en mal) ne vienne, lentement ou brutalement, les changer, les modifier, les transformer, plus ou moins profondément. Nous autres, Français, avons vu arriver des Grecs, puis des Romains, et cela pour notre plus grand bien : tout le monde a été gagnant : nous, les descendants des premiers occupants (les Basques, premier peuplement connu, puis les Celtes, aussi appelés Gaulois) et les "envahisseurs" ou "nouveaux venus, grecs et romains : cela a donné la magnifique éclosion des "gallo-romains" et, dans toute la région provençale - au sens large - des "gallo-gréco-romains". 

    Qu'est-ce que c'est, donc, que cette théorie bizarroïde d'une terre et d'un peuple qui, pour toujours, resterait là, chez lui - certes - mais seul, tel un Robinson multiplié, et sans que jamais personne ne s'approche de lui ?

    Tout simplement, une ineptie historique, qui ne s'est vérifiée et qui n'est attestée nulle par sur terre, depuis l'origine des hommes...

     

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    1. Chez Front populaire :

    "À l'approche des élections européennes, Front Populaire a voulu disséquer l'empire maastrichtien et ses multiples facettes dans son dernier numéro. Sur tous les plans, l'Union européenne étend son emprise sur les nations et prive les peuples de leur capacité à maîtriser leur destin. Y compris sur la question migratoire, à laquelle Pierre-Yves Rougeyron a consacré un article dans Front Populaire n°16 : l'Europe démystifiée – Vie et mort d'un empire. On en parle avec lui...

    "Pour les européistes, « c'est l'existence de la nation #France qui pose problème ». Entretien avec @rougeyronpierre"

     
    Pour écouter les cinq minutes de la vidéo :

    https://frontpopulaire.fr/fpplus/videos/lue-agent-du-chaos-migratoire-emission-speciale-avec-pierre-yves-rougeyron-_vco_30452083

     

    L'UE agent du chaos migratoire : émission spéciale avec Pierre-Yves  Rougeyron sur Front Populaire n°16

     

    2. À Aurélien Véron, qui publie ce message "triste" sur tweeter... :

    "À Nantes, des habitants patrouillent chaque nuit pour éviter de se faire siphonner leur réservoir, de retrouver leur véhicule vandalisé ou de se faire cambrioler par des jeunes qui ne craignent plus la police avec une mairie complètement laxiste. Triste."
     
    ...Noir Lys fait cette réponse de simple bon sens, la seule qui s'impose ici :
     
    "Un État incapable d’assurer la mission première d’un État n’est plus légitime (si tant est qu’il fut un jour légitime)" 
     
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    3. Les éoliennes ? Pour quoi faire ?... De Fabien Bouglé :

    "Quand il y a un climat doux on a trop d'électricité #éolienne conduisant à un effacement du #nucléaire. Quand on a un pic de froid les éoliennes s'arrêtent et ne répondent pas à la demande. Question : pourquoi alors installer plus d'#éoliennes en France ?"

    CQFD ! 

    Puisque l'électricité ne se stocke pas à grande échelle, les prix peuvent tomber en-dessous de zéro en période de forte production d'énergies renouvelables et de faible consommation, lorsque des actifs non flexibles (comme les centrales au gaz et, dans une moindre mesure, les centrales nucléaires) soumettent des offres négatives pour éviter les coûts de redémarrage.

     

    4. Contre cette ARCOM partisane (de la gauche, évidemment...) qui commence sérieusement à nous fatiguer... D'accord avec Gilbert Collard :

    "L’Arcom inflige à #CNews une amende de 50.000 € pour les propos de Geoffroy Lejeune selon lesquels l’antisémitisme et la surpopulation carcérale étaient des conséquences de "l’immigration arabo-musulmane" : En France, il y a une vraie fatwa contre la liberté d'expression ! On étouffe !"

    https://www.rtbf.be/article/amende-de-50-000-euros-pour-cnews-a-cause-de-propos-sur-l-immigration-arabo-musulmane-11377805

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    4 BIS. Du coup, il faut lui mettre une amende à lui aussi, non ? On se retrouve dans le sketche de Fernand Reynaud : "Allô, l'Arcom ? Pourquoi tu tousses ?..."

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    4 TER. Et, pendant ce temps-là (l'Arcom laissant faire et "regardant ailleurs"...)...

    LA DROITE MARGINALISÉE,

    LA GAUCHE SUREXPOSÉE :

    LES RÉVÉLATIONS DE L'INSTITUT THOMAS MORE SUR LE MANQUE DE PLURALISME...

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    7. Au Québec... de Nouvelle Alliance :

    "FÊTE DE DOLLARD X JOURNÉE NATIONALE DES PATRIOTES Une fois encore, nos camarades ont honoré nos traditions militantes en prenant la rue. Nous avons joint la commémoration des Patriotes de 1837-1838 à celle de Dollard des Ormeaux dans un symbole d’unification de nos mémoires."

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    Nous remercions les militants et les sympathisants ayant répondu à l’appel. Nous vous donnons rendez-vous le 19 mai 2025, armés de courage et d’énergie. Les années à suivre en requerront. Tout ne fait que commencer !

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    À DEMAIN !

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  • En 150 ans, dans quel état lamentable le Système a-t-il mis la France, première puissance du monde sous la Royauté !...

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    Vous demandez pourquoi nous sommes royalistes ?

    Parce que nous étions la première puissance du monde lorsque la catastrophique révolution éclata. Et maintenant que les révolutionnaires ont installé la République en 1875, ils ont eu tout le temps - en 150 ans, tout de même !... - d'appliquer au pays le plus en avance, le plus riche, le mieux placé, à l'époque, les - soi-disant - meilleures théories du monde, le régime le plus merveilleux : partant de si haut, avec le meilleur des régimes au monde (soi-disant, la République), nous devrions nager dans le bonheur, et nous trouver quelque part entre Sirius et Jupiter, dans une position de puissance stratosphérique.

    Or, est-ce le cas ? Que voyons-nous, lorsque nous observons l'état calamiteux dans lequel ce Système a mis la France en 150 ans ? 

    • la France est le pays le plus taxé au monde, il ne faut même plus parler de taxes mais de spoliation et, en plus, une spoliation inefficace : l'argent que nous vole le Système, par ses impôts excessifs, n'est pas investi dans la Recherche, par exemple, ou ce qui prépare l'avenir, mais il est gaspillé :

    - dans la sur-administration... (à quoi servent les 243 Sous-préfectures ? Le Sénat ? Le doublon élus départementaux et régionaux...)

    - dans une immigration qui nous coûte  certainement plus de 50 milliards par an (avec ces plans banlieues réguliers qui sont autant de gouffres réguliers, une AME scandaleuse, 2 millions de Carte Vitale "en trop"...)...

    - dans une des-Éducation nationale qui maintient à l'école, au lieu de favoriser l'apprentissage et l'acquisition d'un métier dès 14ans, des dizaines de milliers d'élèves, pendant des années, qui se retrouvent enfin sans rien, sans diplôme, sans formation, direction : Pôle Emploi !...

    Le Système "nous mange la laine sur le dos", comme on dit au Québec : ne prenons que deux exemples : un plein de 1OO euros d'essence c'est à peine 40 euros d'essence mais 60 euros de taxes ! Et ces "Droits de succession", qui sont un vol pur et simple puisque l'héritage, ce sont des biens que les Français ont acquis tout au long de leur vie, et sur lesquels ils ont déjà payé toute sorte d'impôts : le Système les fait encore re-payer à leur mort !

    • il y a 12 millions de pauvres aujourd'hui ("sous le seuil de pauvreté", soit 18.46% de la population française) ! 4 millions de "mal logés" et 14 millions de "fragilisés" en ce domaine (source Fondation Abbé Pierre); plus de 5 millions et demis de chômeurs, et un chômage de masse qui dure depuis plus de quarante ans; une dette publique qui a atteint 3.000 milliards (soit129% du P.I.B.); un tiers de nos concitoyens diminue ses achats alimentaires et reporte ou annule carrément ses soins médicaux; les Français sont devenus les premiers consommateurs d'anti-dépresseurs d'Europe et un étudiant sur quatre a des pensées suicidaires ; les précaires et intermittents sont plus de 9 millions (qui vivent sous le "seuil de pauvreté monétaire", ce taux s'établissant de 14,6%); un déficit du commerce extérieur chronique, qui s'établit à 100 milliards par an, qui est constant depuis quinze ans et augmente même : bientôt, à ce rythme, le Système aura fait de la France un... Zanzibar ! 

    • des quartiers entiers de nos villes sont des zones de "non France" à cause de l'immigration/invasion voulue et imposée par le Système, qui implante de force l'Islam chez nous, dans le but inavoué mais réel de détruire enfin ce qu'il reste de catholicisme vivant...

    •  la culture et la civilisation française, nos moeurs, notre art de vivre sont en grand danger face à l'américanisation, l'islamisation, l'abêtissement et l'appauvrissement culturel qui se propagent et ne cessent d'augmenter : 535 candidats ont passé une épreuve de latin au baccalauréat en 2022, 535 pour toute la France… alors que le latin devrait être enseigné à tous les élèves dès la sixième ! Avec la disparition de son enseignement, c'est une certaine disposition de pensée qui disparaît, c'est notre Eprit, ce sont nos Racines intellectuelles, mentales, morales...

    • et, par-dessus tous ces désastres, il nous faut encore subir la tyrannie du monstre doux qu'a prophétisé Tocqueville, la bien pensance du politiquement correct, la doxa imposée par le Système...

    Encore cette liste est-elle bien loin d'être complète !

    Ne vous étonnez donc pas que nous soyons royalistes : c'est nous qui nous étonnons que, face à un tel désastre, en tous domaines, vous fassiez encore confiance au Régime qui nous y a conduit !

    Et, si vous n'êtes pas satisfaits de l'état du Pays, soyez royalistes ou ne vous plaignez pas ! : car, malgré ce constat calamiteux et loin d'être exhaustif, la France peut rebondir, un nouveau matin français peut se lever pour elle, et elle peut reprendre sa marche en avant vers les hauteurs, vers les sommets : il suffit pour cela de renvoyer ce Régime qui la tue, et de lui redonner son régime traditionnel, qui l'a faite, et qui en a fait la première puissance du monde, "la Grande nation" : sa Royauté traditionnelle...

    Oui, pour parler familièrement, on s'est bien fait avoir avec la Révolution et l'instauration de la République, en 1875...

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  • PEGASUS : Une manœuvre anti-marocaine et anti-française ?, par André BENOIST (Actus news).

    Le Maroc est accu­sé d’avoir infil­tré les télé­phones de per­son­na­li­tés publiques maro­caines et étran­gères, via un logi­ciel infor­ma­tique. Tout d’abord l’affaire dite Pega­sus et les accu­sa­tions pro­fé­rées dès le 18 juillet 2021, notam­ment par le site Inter­net d’extrême-gauche For­bid­den sto­ries (qui comme son nom ne l’indique pas est un site fran­çais signi­fiant « His­toires inter­dites ») et de vieux enne­mis du Maroc comme Amnes­ty Inter­na­tio­nal ou Media­part, appellent une pre­mière réflexion.

    2.gifÀ savoir que l’espionnage est aus­si vieux que le monde et que plus récem­ment on n’a pas fait un tel bat­tage média­tique lorsque les États-Unis, les Israé­liens, les Chi­nois, les Alle­mands ou les Russes se sont livrés à des acti­vi­tés d’espionnage contre des diri­geants fran­çais ou autres. Par exemple, les ser­vices des États-Unis (en par­ti­cu­lier, la Natio­nal Secu­ri­ty Agen­cy) se sont récem­ment appuyés sur les câbles de télé­com­mu­ni­ca­tions danois pour espion­ner des diri­geants euro­péens (France Info, 31 mai 2021). L’affaire Jona­than Pol­lard a révé­lé qu’Israël avait uti­li­sé un espion pour espion­ner des diri­geants des États-Unis…

    On serait donc ten­té de dire « beau­coup de bruit pour rien ». D’autant qu’en l’espèce, il ne s’agit bien de rien puisque, à en croire de nom­breux experts, nous serions en pré­sence d’une manœuvre anti-maro­caine, visant à désta­bi­li­ser ce pays et à nuire à l’excellence des rela­tions fran­co-maro­caines. Car on peut se deman­der si la France n’est pas aus­si vic­time de cette cam­pagne qui ne pro­fite qu’aux adver­saires, concur­rents et enne­mis de nos deux pays. En tout cas, le Maroc a réagi en condam­nant vigou­reu­se­ment la per­sis­tance d’une cam­pagne média­tique men­son­gère, mas­sive et mal­veillante à son encontre et en por­tant plainte.

    Une manœuvre anti-marocaine ?

    En effet, des res­pon­sables poli­tiques comme le pré­sident de la Com­mis­sion des affaires étran­gères, de la Défense et des Forces armées du Sénat, Chris­tian Cam­bon, a dénon­cé le 21 juillet 2021, une « cam­pagnes de presse de déni­gre­ment visant à désta­bi­li­ser le Royaume du Maroc ».

    Le pré­sident Cam­bon ajoute : « quand on porte des accu­sa­tions, il faut en assu­mer les preuves… jusqu’à preuve du contraire, ce ne sont que des his­toires qui traînent régu­liè­re­ment et « on est dans l’absurde. En effet, on voit bien que ces accu­sa­tions sont des mon­tages, et donc nous n’avons aucune preuve, et jusqu’à pré­sent nous n’avions jamais eu aucune ».

    Pour sa part la séna­trice de Paris, Cathe­rine Dumas, a mis en cause, le même jour, une cer­taine dés­in­for­ma­tion qui cir­cule : « On sait très bien que tout ceci n’arrive pas par hasard ».

    Madame Cathe­rine Morin-Desailly, vice-pré­si­dente du groupe d’amitié France-Maroc, et ancienne pré­si­dente de la com­mis­sion de la Culture et de la com­mu­ni­ca­tion du Sénat, sou­ligne qu’Internet est deve­nu un « nou­veau ter­rain d’affrontement mon­dial où des forces obs­cures, des pays qui ne veulent pas que du bien aux rela­tions d’excellence entre le Maroc et la France peuvent s’immiscer pour véhi­cu­ler des accu­sa­tions. Selon la séna­trice, il « faut être extrê­me­ment méfiant face aux mani­pu­la­tions de forces externes ».

    Ber­nard Squar­ci­ni, ancien chef du ren­sei­gne­ment inté­rieur fran­çais (DCRI, aujourd’hui DGSI) a affir­mé sur la radio Europe 1 ne pas « trop croire » aux allé­ga­tions contre le Maroc. Selon Squar­ci­ni, « c’est (une accu­sa­tion) trop facile. Le Maroc est un par­te­naire de la France ».

    Les auto­ri­tés maro­caines n’ont eu de cesse de récla­mer des preuves concer­nant les accu­sa­tions por­tées à l’encontre du Royaume ; c’est éga­le­ment la posi­tion de plu­sieurs experts inter­na­tio­naux qui exigent que For­bid­den Sto­ries et les accu­sa­teurs du Maroc four­nissent des preuves à l’appui de leurs accusations.

    Ain­si, la jour­na­liste d’investigation amé­ri­caine, Kim Zet­ter, s’étonne sur son compte Twit­ter (@kimZetter) du manque de sources de For­bid­den Sto­ries. Elle dénonce éga­le­ment le trai­te­ment à charge de cer­tains médias. Le cher­cheur en cryp­to­gra­phie Nadim Kobeis­si constate que les preuves d’Amnes­ty inter­na­tio­nalet de For­did­den Sto­ries sont « qua­si-inexis­tantes » (@Kaepora). L’experte nor­vé­gienne en sécu­ri­té infor­ma­tique, Runa Sand­vik, res­pon­sable de la sécu­ri­té infor­ma­tique du New York Times, relève « l’incohérence » des accu­sa­tions rap­por­tées par les médias et For­bi­den Sto­ries. Elle note sur son compte twit­ter (@runasand) que « Per­sonne ne sait donc, jusqu’à pré­sent, d’où vient la liste par laquelle le scan­dale Pega­sus Pro­ject a été fabri­qué de toutes pièces pour s’attaquer au Maroc, en particulier ».

    Comme le pro­clame l’avocat fran­çais du Maroc qui a por­té plainte en France contre les deux asso­cia­tions à l’origine de l’affaire, « d’accusateurs, les meneurs de ce pro­jet et les médias de For­bid­den Sto­ries deviennent eux-mêmes des accu­sés. S’il per­sis­tait, leur silence sur les preuves de ce qu’ils avancent confir­me­rait leur culpa­bi­li­té ». Me Oli­vier Bara­tel­li a donc déli­vré deux cita­tions directes en dif­fa­ma­tion contre Amnes­ty Inter­na­tio­nal et For­bid­den Sto­ries.L’avocat a pré­ci­sé que l’Etat maro­cain« sou­haite que toute la lumière soit faite sur les allé­ga­tions men­son­gères de ces deux orga­ni­sa­tions qui avancent des élé­ments sans la moindre preuve concrète et démontrée ».

    Il suf­fit de voir qui est mon­té en ligne contre le Maroc pour com­prendre qu’il y a un com­plot. Les groupes d’extrême-gauche (trots­kystes, com­mu­nistes) qui sont bien orga­ni­sés et qui contrôlent en par­tie des asso­cia­tions de pro­pa­gande comme Amnes­ty Inter­na­tio­nal ou For­bid­den Sto­ries détestent tout par­ti­cu­liè­re­ment le Maroc qui, pen­dant la guerre froide, prit clai­re­ment le par­ti du Monde libre, est une monar­chie et mène, sous la direc­tion du roi Moha­med VI, une dyna­mique poli­tique africaine.

    Il est éga­le­ment clair que la déci­sion des États-Unis de recon­naitre la sou­ve­rai­ne­té du Maroc sur son Saha­ra a créé des ten­sions avec les enne­mis du Royaume, en pre­mier lieu le régime algérien.

    Tout cela explique l’acharnement ciblé de cer­tains médias et grou­pus­cules poli­tiques fran­çais à l’égard du Maroc. De fait, ces agi­ta­teurs bien connus agissent contre la France et selon un agen­da étran­ger même si une cer­taine presse enga­gée peut relayer des com­mé­rages et des allé­ga­tions qui ne sont pas prou­vées alors que le Maroc et la France font face à de nom­breux défis, notam­ment sur le plan sécu­ri­taire et la lutte anti-ter­ro­riste qui sont plus impor­tants que des bruits de cou­loir nauséabonds.

    Comme le dit encore le pré­sident de la Com­mis­sion des affaires étran­gères, de la défense et des forces armées du Sénat : « Le Maroc est un par­te­naire stra­té­gique, et nous sommes recon­nais­sants à ce que l’action, sous la conduite de Sa Majes­té le Roi, nous apporte au Sahel, où la France est très enga­gée et essaie de lut­ter contre le ter­ro­risme et le dji­ha­disme qui ont fait tant de dégâts. Nous appré­cions vive­ment l’appui très effi­cace que nous apporte le Maroc ».

    Ce qui disent beau­coup d’experts et obser­va­teurs impar­tiaux est que la France est visée par rico­chet. On connaît les liens entre les ser­vices alle­mands et cer­tains milieux gau­chi­sants, recon­ver­tis en éco­lo­gistes, qui mènent un com­bat achar­né contre le nucléaire fran­çais et ne perdent jamais une occa­sion de nous poi­gnar­der dans le dos. Mais ils ne sont pas les seuls. Cette affaire inter­vient alors que le Maroc est en train de négo­cier d’importants achats d’armements et bien enten­du cela ne ser­vi­ra pas les inté­rêts français.

    Nous savons bien que le Maroc est un par­te­naire indis­pen­sable de la France qui sait que c’est un État sérieux et com­pé­tent dans la lutte anti-terroriste.

    Is fecit cui prodest

    On connait le vieil adage juri­dique selon lequel le cri­mi­nel est celui à qui le crime pro­fite (Is fecit cui pro­dest). Il convient donc de recher­cher à qui le crime pro­fite pour trou­ver le cou­pable En la matière plu­sieurs grou­pus­cules mili­tants et des États ont inté­rêt à ten­ter d’envenimer les rela­tions fran­co-maro­caines, et s’en prendre soit au Maroc, soit à la France, soit aux deux.

    Par­mi les grou­pus­cules, il y a évi­dem­ment ceux d’extrême-gauche qui nour­rissent une véri­table haine à l’égard du Royaume du Maroc. Il ne fait donc pas s’étonner que l’affaire soit lan­cée par des mou­vances proches de ces milieux et abon­dam­ment reprise par cer­tains médias qui sont tou­jours prêts à jouer un mau­vais coup contre Rabat.

    Les indus­triels ven­deurs d’armes des États-Unis, d’Israël ou de pays moins impor­tants comme l’Italie ont éga­le­ment inté­rêt à jeter de l’huile sur le feu pour ten­ter de mettre à mal la coopé­ra­tion fran­co-maro­caine. Les Etats-Unis de Biden ont démon­tré le peu de cas qu’ils font de la France lors de la récente tour­née de Biden en Europe, en juin 2021, au cours de laquelle il a ren­con­tré tous ceux qui comptent (Vla­di­mir Pou­tine, Boris John­son, la Reine d’Angleterre, Ange­la Mer­kel) mais pas le pré­sident fran­çais Emma­nuel Macron. On sait aus­si que les États-Unis sont un impor­tant ven­deur d’armes au Maroc et qu’ils ne voient pas d’un bon œil la pré­sence fran­çaise dans ce pays et, plus géné­ra­le­ment, en Afrique.

    L’Italie quant à elle ambi­tionne de vendre des fré­gates FREMM de lutte anti-sous-marine au Maroc et Fin­can­tie­ri (sou­te­nu par le gou­ver­ne­ment ita­lien) ne serait pas fâché de voir son concur­rent fran­çais de Naval Group écar­té du mar­ché comme ce fut le cas récem­ment en Indo­né­sie et en Egypte.

    Si l’Espagne socia­lo-gau­chiste (le PS local est allié aux radi­caux de PODEMOS) de San­chez n’a évi­dem­ment pas les moyens d’ennuyer pro­fon­dé­ment ses voi­sins maro­cain et fran­çais, ce n’est pas le cas de l’Allemagne qui est en déli­ca­tesse avec le Maroc et qui ne perd aucune occa­sion de nuire à une France qu’elle consi­dère, depuis le Brexit bri­tan­nique, comme son seul concur­rent dans l’Union euro­péenne. En tout cas cette affaire démontre que la France est aus­si vic­time que le Maroc de ces allé­ga­tions sans fon­de­ments. Si, comme le sou­ligne Pierre Razoux dans Les Échos du 23 juillet : « Il y a une inquié­tude des Maro­cains envers une par­tie de l’élite fran­çaise sus­pec­tée de bien­veillance vis à vis des frères musul­mans et de l’Islam poli­tique et de ceux jugés trop proches des milieux algé­riens », il doit être dit que ni le gou­ver­ne­ment fran­çais ni le gou­ver­ne­ment maro­cain ne veulent que les choses se dégradent entre les deux pays.

    Bien enten­du, le régime algé­rien n’a pas man­qué d’exploiter les allé­ga­tions de ses amis d’extrême-gauche contre le Maroc. Alger a même eu le culot de « condam­ner cette atteinte sys­té­ma­tique inad­mis­sible contre les liber­tés fon­da­men­tales ». Comme par hasard, cette affaire inter­vient alors que les rela­tions entre les deux pays se sont par­ti­cu­liè­re­ment ten­dues ces der­nières semaines en rai­son de l’aide accrue du régime algé­rien aux sépa­ra­tistes du Poli­sa­rio, des innom­brables pro­vo­ca­tions anti-maro­caines et alors qu’Alger a rap­pe­lé son ambas­sa­deur à Rabat  en rai­son du conten­tieux sur le Saha­ra maro­cain. Bien sûr, Alger — dont la poli­tique est fort ambi­guë — voit d’un mau­vais œil la soli­di­té des liens entre les ser­vices de ren­sei­gne­ments fran­çais et maro­cains, en par­ti­cu­lier dans la lutte contre le dji­ha­disme au Sahel.

    En tout cas, le Maroc est une nou­velle une fois au cœur d’un feuille­ton qui relève de « la science-fic­tion ». Il faut en effet rap­pe­ler que ce même consor­tiumde jour­naux avait repris, en juillet 2020, une infor­ma­tion d’Amnes­ty Inter­na­tio­nalselon laquelle le télé­phone por­table d’un jour­na­liste — condam­né le 19 juillet à six ans de pri­son pour atteinte à la sécu­ri­té inté­rieure de l’État — avait été infec­té par Pega­sus. Mais cette fausse infor­ma­tion n’a été cor­ro­bo­ré par aucune preuve…

    On ris­que­rait d’atte

  • Terres de sang : l’Europe entre Staline et Hitler, par Champsaur

    Sur un livre. Entre 1933 et 1945, Soviétiques et nazis ont tué quatorze millions d'êtres humains en Europe de l'Est.

    TERRES DE SANG.jpgCette traduction récente chez Gallimard de l’ouvrage de l’historien américain Timothy Snyder (Yale), « Terres de sang », paru en Octobre 2010 aux États Unis sous le titre « Bloodlands : Europe between Hitler and Staline », vient combler un vide. On ne trouve pas en France un ouvrage aussi documenté (et accusateur) sur la collusion objective, historiquement incontestable, et la complicité entre Staline et Hitler pour avoir procédé au cœur de l’Europe à l’assassinat industriel de populations à une échelle jamais rencontrée jusque-là dans l’histoire de l’humanité. Mao et ses séides feront mieux 15 ans plus tard. Le sujet lui-même a contraint l’auteur à ne commencer son étude qu’après l’installation ferme de Staline au pouvoir, c’est-à-dire, 1930 environ (décembre 1934, assassinat de Serguei Kirov). Et donc ne sont pas considérées les périodes précédentes de Lénine et Trotsky, elles aussi horriblement jonchées de cadavres d’innocents. La géographie des Terres de sang comprenait la Pologne, les pays Baltes, la Biélorussie soviétique, l’Ukraine soviétique, et la frange occidentale de la Russie soviétique. 

    ( Traduit de l'anglais par Pierre-Emmanuel Dauzat, Gallimard, 705 p., 32 € : http://mediabenews.wordpress.com/2012/06/14/timothy-snyder-terres-de-sang-l-europe-entre-hitler-et-staline/ )

    Les ouvrages sur le sujet sont tous britanniques et américains. Quand Snyder s’interroge sur l’absence de référence française, il apporte une réponse qui n’est pas inexacte mais notoirement incomplète. Selon lui, tout ce qui aurait ressemblé à une mise en accusation trop poussée du stalinisme, aurait été assimilé à une apologie du nazisme. C’est oublier comment le communisme s’est installé en France à partir du congrès de Tours, et l’action de l’organisation internationale qui ordonnait. Seuls quelques chercheurs historiens ou journalistes consacrèrent leurs études à ce que Stéphane Courtois vient d’appeler « Le bolchevisme à la française ». Une autre pièce de base est son « Eugène Fried », en collaboration avec sa directrice de recherche, la regrettée Annie Kriegel, biographie excellemment documentée de l’officier traitant de Maurice Thorez, juif slovaque de la IIIème Internationale et du kommitern, installé en France et vivant dans l’ombre, collé à sa marionnette.

    C’était difficile à relater en France avant 1939. Snyder décrit les mises en scène autour du voyage d’Edouard Herriot en Août 1933 à Kiev, d’où il revint enthousiasmé et bouleversé par les réussites du socialisme soviétique. À cette date il avait déjà été 3 fois Président du conseil en France. Il ne fut pas le seul à avoir été ainsi abusé. Mais la mise en cause devint tout à fait impossible après la fin de la guerre et un PCF labellisé grand résistant. Comme le dit très bien Snyder le rideau de fer tomba aussi sur ces Terres de sang, au risque d’engloutir la mémoire.

    hitler,staline,goulag,totalitarisme,revolutionLes quelques témoignages qui furent tentés furent sauvagement combattus, comme celui de Margaret Buber – Neumann. Communiste allemande, née à Postdam, épouse d’un haut responsable communiste allemand Heinz Neumann, ils fuient le nazisme, pensant trouver refuge en URSS. Un jour Neumann est arrêté, disparait à jamais, et Margaret Buber est envoyée en camp. Pour montrer sa bonne volonté à Hitler, Staline renvoie en Allemagne nazie, tous les communistes allemands réfugiés chez lui. Margaret Neumann est envoyée à Ravensbruck, où elle survit. Elle est vilipendée en voulant témoigner au procès Kravchenko en Janvier 1949.

    Avec juste raison Snyder relève que les 50 années de guerre froide bloquèrent l’accès aux archives. Mais autant la documentation sur la terreur stalinienne devint progressivement accessible, autant il ne faut pas exagérer une autorisation d’accès aux archives de l’appareil clandestin. Qui touche directement la France, partiellement la Grande-Bretagne, et un peu les États Unis.

    Le livre se divise à peu près par moitié en une première partie consacrée aux crimes de Staline, et une seconde à ceux des nazis, après le 22 Juin 1941 (agression de l’Allemagne contre l’URSS, Barbarossa). Et l’horreur changea de camp. Un lecteur français n’apprendra rien sur les assassinats de masse perpétrés par les nazis, car déjà objets de dizaine de livres, d’articles de presse et de kilomètres de bobines de films. Tout en étant surpris qu’aucune mention ne soit faite de la réunion de Wannsee en Janvier 1942, où fut décidée « la solution finale ». On en apprend en revanche beaucoup sur les génocides organisés par Staline, avec la famine comme instrument de tuerie. Il est souvent de bon ton en France, chez les chercheurs prétendant étudier la terreur stalinienne d’argumenter sur le nombre des victimes. Après avoir failli participer à cette sordide polémique, le chercheur Nicolas Werth rétablit des vérités, en particulier sur les travaux de l’historien britannique Robert Conquest (Sanglantes moissons et la Grande Terreur, écrits en 1968 et 1985, sans accès aux archives soviétiques). Snyder et ses étudiants avancent le chiffre de 6 millions, dont 4 millions sur les Terres de sang. Chiffres qui concordent avec ceux de Werth dans un de ses derniers livres « L’ivrogne et la marchande de fleurs, autopsie d’un meurtre de masse, 1937 - 1938 ». Mais curieusement Snyder ne retient pas le mot ukrainien de Holodomor. Et cynisme illimité de l’université, probablement au nom de la liberté, il s’est trouvé des intellectuels pour benoitement se demander si la tuerie en Ukraine pouvait être cataloguée comme génocide.

    Snyder nous propose aussi quelques formules que nous tenons pour justes, mais que l’on entend peu en France « La (grande) guerre fit éclater les vieux empires d’Europe, tout en nourrissant les rêves de nouveaux empires. Elle remplaça le principe dynastique du pouvoir impérial par l’idée fragile de la souveraineté populaire … Dans les années 1930 l’URSS fut le seul état d’Europe à mettre en œuvre des tueries de masse. Dans les six premières années qui ont suivi l’accession d’Hitler au pouvoir, le régime nazi ne tua pas plus de 10.000 personnes environ. Dans le même temps le régime stalinien en avait fait mourir des millions et en avait exécuté 1 million …«.

    Il remarque que l'URSS n'a jamais tué autant que lorsqu'elle n'était pas en guerre, alors que ce fut exactement le contraire pour l'Allemagne nazie, qui se surpassa durant le conflit, détruisant plus de vies humaines qu'aucun autre État dans l'histoire - avant la Chine maoïste. Mais on est de nouveau surpris quand Andrej Vychinski, le procureur de Staline, n’est cité qu’une fois, alors qu’il fut le sinistre pourvoyeur des lieux de mort.

    La coopération entre les deux démons atteint son paroxysme pour procéder à la destruction de la Pologne.

    Dans l’un des beaux ouvrages sur la diplomatie européenne au 20ème siècle (Diplomatie, Fayard), Henry Kissinger nous dit dans le style glacé d’une dépêche diplomatique « Jusqu’en 1941, Hitler et Staline avaient poursuivi des buts non traditionnels par des voies classiques. Staline attendait le jour où il lui serait possible de gouverner un monde communiste depuis l’enceinte du Kremlin. Hitler avait tracé dans Mein Kampf les grandes lignes de son projet d’empire racialement pur, régi par la race aryenne. On aurait difficilement pu imaginer deux desseins plus révolutionnaires. Or les moyens que Hitler et Staline mirent en œuvre et qui trouvèrent leur pleine expression dans leur pacte de 1939, aurait pu figurer dans un traité du XVIIIème siècle sur l’art de gouverner. Sur un point le pacte germano-soviétique répétait les partages de la Pologne effectués par Frédéric le Grand, la Grande Catherine et l’impératrice Marie-Thérèse en 1772. A la différence de ces trois monarques, toutefois, Hitler et Staline s’opposaient par leur idéologie. Mais pendant un moment, leur intérêt national commun, en l’occurrence la mort de la Pologne, prit le pas sur leurs divergences idéologiques.» 

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    "...tant qu'il y a une Pologne à partager, Berlin c'est Moscou, Moscou c'est Berlin..." (Jacques Bainville) 

     

    Snyder décrit dans le détail le martyr de ce malheureux pays. Des pages insoutenables. On peut reprocher de quasiment se limiter à un décompte, sans analyse politique plus large. Mais est elle réellement nécessaire ? On ne peut échapper à l’accumulation de chiffres, ce qui rend le développement parfois confus, et la lecture difficile. Mais l’énorme référence bibliographique donne un résultat incontestable.

    Parvenu à la dernière ligne de ce travail, on reste perplexe avec plusieurs questions.

    1. La première est la connaissance que l’on avait « à l’Ouest » de ce qui se passait depuis 1930. Que savait-on et quel pays était susceptible de détenir le plus d’informations ? Snyder cite beaucoup de journalistes, américains et anglais, et toutes les tentatives de témoignages, restées lettres mortes. Nicolas Werth détaille (op. cité) les précautions de secret qui entouraient les ordres des tueries donnés au NKVD. Comme il démontre comment la Grande Terreur fut organisée et suivie dans son détail par Staline lui-même. Une France qui aurait cherché à savoir depuis 1930 aurait pu se poser des questions sur les pays baltes, la Biélorussie et l’Ukraine. On ne peut dès lors qu’être profondément troublé et consterné par l’acharnement mis à incriminer notre pays dans la déportation des juifs pendant l’occupation. Tous les témoignages concordent pour confirmer que la destination finale des malheureux n’était connue de personne, pas plus que l’existence de centres d’assassinats industriels de populations.

    2. La seconde interrogation concerne aussi la France. Pays où toute tentative de travail d’historien ou universitaire de démontrer la complicité entre Staline et Hitler, se heurte invariablement à un barrage. Alors que nous sommes 80 ans après les évènements. Chaunu a fixé le parallèle avec ses «jumeaux hétérozygotes». Pour se convaincre du blocage intellectuel dans l’université et ailleurs, il n’est que de ressortir les hurlements que sa formule a déclenchés. Dans une série traitant des grands évènements du 20ème siècle, les Echos conclut l’année 1999 avec plusieurs pages sur le communisme. Et il titre le 22 octobre 1999 : « Le communisme : une idée généreuse dévoyée en dictatures sanglantes ». Imagine-t-on semblable titre pour parler du nazisme ?

    Snyder rappelle que dans la période de la visite d’Herriot, beaucoup d’informations commençaient à circuler sur le drame qui se jouait en Ukraine (ukrainiens de Pologne, organisations féministes ukrainiennes … etc). Mais Roosevelt ne voyait que son projet d’établir des relations diplomatiques avec Moscou.

    Et troisième question : les choses ont-elles réellement changé quant à l’utilisation de la propagande par la puissance qui la contrôle le mieux aujourd’hui ? Certes nous ne parlons plus de génocide planifié, mais il suffit de trouver la bonne formule, avec la puissance des mots. Comme celle de «conflits à basse intensité», selon la trouvaille de feu Robert McNamara …

  • ”Louis XVI” 2013 !...

    Les Messes pour Louis XVI ne doivent pas être de pure commémoration.....

    Albert Camus le meurtre du roi pretre.pdf

          Les Messes pour Louis XVI, dites partout en France - et à l'étranger - depuis 1793, ne sont plus de pure commémoration. Elles doivent aussi, elles doivent surtout, pour aujourd'hui, nourrir le processus de dérévolution dont la France a besoin pour renouer avec son Histoire, se replacer dans le droit fil de sa trajectoire historique et, s'il se peut, reprendre, un jour, sa marche en avant.

          Pendant bien des années, en effet, tous les 21 janvier, les Messes pour Louis XVI étaient, essentiellement, commémoratives.

          Les dernières de cette longue série, que l’Action française était presque seule à maintenir, ne réunissaient plus, du moins en province, malgré une fidélité remarquable des participants, que peu de monde; elles étaient plutôt tristes; souvent, le célébrant ne disait pas un mot du roi Louis XVI; ces Messes avaient un air de naufrage du grand souvenir qui les motivait.

          Les choses ont bien changé depuis déjà quelques années. 

          Il nous semble qu'elles ont basculé, pour un certain nombre de raisons assez identifiables, autour des années 1987, 1989 et 1993 ... 

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           1987, c'était le millénaire capétien où le comte de Paris prit l'heureuse décision de titrer, avec solennité, ses petits-fils Jean et Eudes, ducs de Vendôme et d'Angoulême ; de désigner le prince Jean comme devant reprendre le flambeau de la Famille de France et de la tradition royale. Par là, il semble qu'il rouvrait à l'hypothèse monarchique un horizon nouveau ...

           1989, ce fut l'échec patent des commémorations de la Révolution.

           1993, deuxième centenaire de l'exécution de Louis XVI, ce fut, grâce à l'action de quelques uns (Jean Raspail, Marcel Jullian, Jean-Marc Varaut ...) l'occasion d'un procès en règle de la Révolution, de ses horreurs, de l’exécution du Roi et de la Reine, du martyre de Louis XVII, de la Terreur, du génocide vendéen ...  

           Quelques uns encore (Jean-Marc Varaut, Alain Besançon, Jean-François Mattéi) ont développé l’idée que cette révolution était la matrice des horreurs révolutionnaires et totalitaires qui ont marqué tout le XXème siècle. Ainsi, le rejet de la Révolution commençait à s’inscrire dans notre modernité. Et aboutissait, de facto, à la remettre en cause. On sait que, depuis, cette remise en cause est pratiquée aussi par des intellectuels issus de la Gauche, parmi les plus éminents.

           Au cours des années qui ont suivi, la redécouverte progressive de notre histoire monarchique par un certain nombre d’intellectuels, mais aussi dans la presse, les médias, et, finalement, une frange non négligeable de l’opinion française, s’est faite, de plus en plus, de façon non plus négative, mais positive.

           De fait, notre hypothèse étant qu’un certain basculement de ce que Barrès nommait « les puissances du sentiment » s’est produit, en France, à partir de 1987 jusqu’à aujourd’hui, l’on ne peut plus parler ni de la Révolution ni de notre passé monarchique, après, comme on en parlait avant…  

           Ce n’est sûrement pas une coïncidence, si, simultanément, dans toute la France, les Messes du 21 janvier ont pris, de façon a priori surprenante, un nouveau visage. Les assistances sont devenues nombreuses, ferventes, priantes ; les prêtres sont devenus sensibles à l’exemplarité du Roi et de la Reine, au sort indigne infligé à Louis XVII, aux conséquences sociales, politiques et, même, religieuses de la Révolution. Ces Messes ont cessé d’être des Messes d’enterrement. Elles ont retrouvé un sens. La liturgie y est, souvent, redevenue très belle et la présence des Princes, à Paris, comme en Province, donne à ce qu’elles commémorent une incarnation qui pourrait être utile au temps présent.

           C’est ainsi que les Messes pour Louis XVI contribuent symboliquement et performativement à ce que nous appelons le processus de dérévolution. Processus dont la France a besoin pour rompre le cycle schizophrène qui, depuis deux siècles, l’a coupée d’elle-même.

           Nous avons la chance historique – pour la première fois depuis fort longtemps – que les Princes de la Maison de France, y soient, à titre éminent, partie prenante.  

           Si nous savons contribuer à activer et amplifier ce processus, tout simplement, nous serons utiles, non à notre propre plaisir, mais à notre Pays.

           Nous publierons ici la liste de toutes les messes dont nous aurons connaissance... 

     Lundi 21 Janvier 2013

     

    Paris : * 12h15, Saint-Germain-l'Auxerrois. Messe célébrée à la demande de l’Oeillet Blanc par le Révérendissime Père Abbé de Kergonan, Dom Piron, en présence de Mgr le Comte de Paris et des princes de la Maison de France

              * 18h, St Nicolas du Chardonnet (5ème).

    Saint-Denis : 12h00, en la Basilique Saint-Denis.

    Marseille : * 19h, Basilique du Sacré-Coeur, 81 avenue du Prado, 8ème. Messe célébrée par Monseigneur Jean-Pierre ELLUL. Avec chants grégoriens, orgues et chorale.

                   * 18h30, Eglise Saint Pie X, 44, rue Tapis Vert (1er).

    Montpellier: 18h, Chapelle des pénitents Bleus, rue des Étuves.

    Béziers : 18h, Église des Pénitents, rue du 4 Septembre.  

    Bordeaux : 19h, Eglise saint-Bruno (tram ligne A).

    Fabrègues : 18h30, Prieuré Saint-François de Sales, 1 rue Neuve des Horts.

    Lyon :  18h30, Église Saint-Denis de la Croix-rousse. 

    Grenoble : 18 h, Collégiale saint-André.

    Toulon : * 18h30, Paroisse Saint-François de Paule. Messe célébrée par Mgr. Rey, évêque de Fréjus-Toulon.

                * 18h30, Eglise Sainte Philomene, 125 bd Grignan, Le Mourillon.

    Mulhouse : 19h30, en l'église Saint-Etienne.

    La Gaubretière (Vendée) : 10h30, en la chapelle de Ramberge.

    Roullet-Saint-Estèphe : 18h30, en l'église de Roullet.

    Ceyssac : 18h30, en l'église (43000 – Le Puy-en-Velay). 

    Saint-Etienne : 19h, à la Chapelle St Bernard. 

    Perpignan : 18h30 au Prieuré du Christ-Roi, 113 avenue du Maréchal Joffre. 

    Caen : 18h30, Chapelle Saint Pie X.

    Fontainebleau :  18 h 45, Eglise du Carmel, 8 Bd. Général Leclerc (Fraternité St Pierre).

    Limoges : 11h15, Saiont-Michel-des-Lions.

    Lille : 19h, Chapelle Notre-Dame-de-la-Treille, 26 rue d'Angleterre.

    Nancy : 18h30, Chapelle du sacré-Coeur, 65 rue du Maréchal Oudinot.

    Rennes : 19h, Chapelle Saint-François, 43, rue de Redon.

    La Rochelle : 18h15, cathédrale Saint-Louis, Place de Verdun.

    Quimper : 18h45, en la cathédrale Saint-Corentin.

    Saint-Paul-de-Jarrat (Ariège) : 18h, église paroissiale.

    Dieppe (Seine-Maritime) : 9h30, église Saint Jacques.

    Toulouse : 18h15, en l'église St Jérôme, 2 Rue du Lieutenant Colonel Pélissier. 

    Avignon : 18h, en la chapelle de la Sainte Croix (Pénitents gris), 8 rue des Teinturiers.

    Nice : 18 h 30, en l'Oratoire St Joseph, 18 rue Catherine Ségurane.

    Rouen : 18h30, Eglise St Patrice.

    Italie :

    Une Messe sera célébrée à Rome; lieu, date et heure seront donnés très prochainement... 

    Belgique : 

         * Bruxelles : 19h, Eglise Conventuelle du Couvent Sainte Anne, Avenue Léopold Wiener, 26 B. Messe célébrée par Mgr Gilles Wach. 

      * Rixensart : 11h, au château, en présence de la Princesse de Mérode, Jeanne de Lur- Saluces et les Membres belges de l’Association Louis XVI (Antenne de Belgique). Messe célébrée par le Père Gregor. S.A.S le Prince Maximilien de Croy-Roeulx donnera lecture du Testament du Roi.

    *A Tournai, chaque année depuis 1844, une Messe pour Louis XVI est célébrée en la cathédrale...

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    Manifestations organisées d'autres jours que le 21 janvier :

    1. Samedi 19 janvier

    Strasbourg : 16h30 en la cathédrale Notre-Dame.

    Fontaines-les-Dijon (Côte-d'Or) : 11, basilique Saint-Bernard.

    Vichy : 10h30, en la chapelle du Sacré-Coeur (Ecole Jeanne d'Arc, 12 rue du Mal Joffre).

    Le Planquay (Eure) : 11h, Messe, Église du Planquay.

    Louailles (Sarthe) : 11h, Messe, Église de Louailles.

                                 Après la messe, déjeuner-débat à 12h30, salle polyvalente de Vion (3,5 km de Louailles) animé par Christian Franchet d’Espèrey, sur le thème "Louis XVI : une politique étrangère française, une leçon pour le temps présent".

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    2. Dimanche 20 janvier

     

    Périgueux :   16 heures, en l'église Notre-Dame-de-Toutes-Grâces, 19, rue du 34e Régiment-d'Artillerie.

    Brive : 10H30, en l'église du Christ-Roi de Brive, rue d'Espagnac.

    Amiens : 10h30, Chapelle, 195 rue Léon Dupontreué.

    Nice : Journée-hommage (Messe, Déjeuner, Conférence) : renseignements 04 93 81 22 27

    Nancy : 9h25, Église Saint Pierre, Avenue du Maréchal de Lattre de Tassigny. 

    Fête des Rois de l’U.S.R.L. et de La LORRAINE ROYALISTE à partir de 12 h. Repas suivi de la galette traditionnelle, Restaurant « Chez Maître Marcel » (au coin des rues Raymond Poincaré et de l’Armée Patton à Nancy). Allocutions de Jean-Marie CUNY, Jean-Paul LUPORSI, Philippe SCHNEIDER. Inscrivez-vous dès maintenant à La Lorraine Royaliste, 22 rue Victor Hugo, 54000, Nancy ou téléphonez au 06 19 19 10 69. Inscription impérativement pour le 15 Janvier au plus tard.

    Nantes : * 12h30 : Dépôt de Gerbe en hommage à Louis XVI et aux victimes de la Révolution . 
                 * 13h15 : Repas à la Taverne du Château : 23 Allée Commandant Charcot (PAF : 23 euros. Inscription obligatoire par mail : urbvm@hotmail.fr )

                 * 15h : Conférence de Gérard Bedel : Louis XVI ou la tragédie de la Vertu. (PAF pour ceux qui ne déjeunent pas sur place : 2 euros).

    Belloy (Oise) : 11h, Messe, Église de Belloy. 

    Paris : Marche aux flambeaux en hommage à Louis XVI. Rendez-vous devant l’église de la Madeleine à 18h00 précises.  

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    3. Mardi 22 janvier :

    Bayonne : 18h30, en la cathédrale de Bayonne. Messe célébrée par Mgr. Aillet, Évêque de Bayonne, Lescar et Oloron. 

                          La Messe sera suivie par un dîner (19 h 45 au Restaurant

  • Eloge au Commandant Hélie Denoix de Saint-Marc par le Général CA Bruno DARY, Gouverneur Militaire de Paris.

    hélie de saint marc

    Le commandant Hélie Denoix de Saint Marc, 89 ans, a reçu des mains du président Sarkozy les insignes de Grand’Croix de la Légion d’Honneur, à l’occasion de la traditionnelle prise d’armes d’automne, ce 28 novembre.

            Voici le texte intégral du bel hommage - amplement mérité... - que lui a adressé le Général CA Bruno DARY, Gouverneur Militaire de Paris.

            Mon ancien, mon commandant, et, si vous le permettez en ce jour exceptionnel, mon cher Hélie ! Nous vivons à la fois une journée exceptionnelle et un moment paradoxal : qui d’entre nous en effet n’a pas lu un seul de vos livres, sans avoir eu, la dernière page tournée, un goût amer dans la gorge ? La guerre est toujours une tragédie et vos livres nous rappellent que l’histoire est souvent une tragédie ; ils m’ont ramené un siècle plus tôt, quand le capitaine de Borelli, officier de Légion, alors au Tonkin, écrivait à ses hommes qui sont morts :

    "Quant à savoir, si tout s’est passé de la sorte, Si vous n’êtes pas restés pour rien là-bas, / Si vous n’êtes pas morts pour une chose morte, Ô, mes pauvres amis, ne le demandez pas !"

            Et pourtant, aujourd’hui, il n’est pas besoin d’interroger tous les présents, pour affirmer que tous sans exception sont très heureux de vivre ici ce moment exceptionnel ; ils sont heureux pour notre pays, incarné par sa République et son Président qui vient de vous décorer ; ils sont heureux pour la France, qui montre aujourd’hui qu’elle sait à la fois pardonner et reconnaître chacun selon ses mérites ; ils sont heureux pour vous, pour l’honneur qui vous échoit, pour le témoin que vous êtes, pour les mystères que vous avez soulevés, pour le courage que vous avez toujours montré ! Alors, permettez-moi d’être leur porte-parole et d’essayer d’exprimer tout haut ce que beaucoup ressentent intérieurement. Je parlerai au nom de ceux qui vous entourent et de ceux qui auraient aimé être là ; je parlerai au nom de tous ceux qui vous ont précédé, ceux qui sont partis, au hasard d’un clair matin, dans les camps de concentration, dans les brumes des calcaires tonkinoises, ou sous le soleil écrasant d’Afrique du Nord. Comme je ne peux les citer tous, j’évoquerai simplement le nom des trois derniers, qui nous ont quittés récemment, le commandant Roger Faulques, héros de la RC4, le major Otto Wilhelm, qui eut l’honneur de porter la main du Capitaine Danjou en 2006 à Camerone, et puis, le caporal Goran Franjkovic, dernier légionnaire à être tombé au combat, voici 15 jours en Afghanistan

            Parmi ceux qui se réjouissent aujourd’hui avec vous, je veux citer en premier lieu, les légionnaires, vos légionnaires, ceux d’hier qui ont marqué toute votre vie et ceux d’aujourd’hui qui étaient sur les rangs et sous les armes durant la cérémonie. Vous avez dit et écrit que vous aviez vécu avec eux, les heures les plus fulgurantes de votre vie ! Eh bien, ils sont tous là, les petits, les sans-grade,  les sans-nom, les oubliés de l’histoire ! Ceux dont les noms ne figureront jamais sur un monument aux morts ! Ceux qui montent à l’assaut sans hésitation, ceux qui se battent la peur au ventre, mais le courage dans le cœur, et ceux qui sont tombés sans un cri ! Ils ont bâti la gloire de la Légion et de notre armée avec leur peine, leur sueur et leur sang. Parmi eux, comment ne pas évoquer vos légionnaires du 1e REP, ceux des champs de braise et des brûlures de l’histoire,  ceux qui, une nuit d’avril 1961, vous ont suivi d’un bloc parce que vous étiez leur chef ! Quand j’exerçai le commandement de la Légion étrangère, nous avons évoqué plusieurs fois ensemble cette aventure, votre sentiment et votre peine à l’égard de la Légion d’avoir entraîné des soldats étrangers dans une affaire française ; car la Légion, elle aussi, a payé le prix fort ! Avec les légionnaires, figurent aussi leurs chefs, vos camarades, vos frères d’armes, ceux de tous les combats, ceux du 2e BEP de Raffalli, du 1e REP de Jeanpierre, et puis, Hamacek, Caillaud et votre cher et fidèle ami, le Cdt Morin, camarade de lycée et compagnon de déportation. Ils ont partagé vos joies, vos peines, vos craintes, vos angoisses, vos désillusions et vos espérances. 

    hélie de saint marc,dary

     

            Sont heureux aujourd’hui, les jeunes officiers, ceux de la 4e génération du feu, ceux qui ont longtemps monté la garde face au Pacte de Varsovie, puis, une fois la menace disparue, une fois la Guerre froide gagnée, sont repartis dans de nouvelles aventures, en opérations extérieures, imprégnés de vos écrits, de votre expérience, de vos interrogations, de vos encouragements et de vos messages d’espoir ; ils sont repartis dans des circonstances bien différentes, mais, comme vous, ils ont toujours cherché à servir de leur mieux, guidés par leur devoir et leur conscience!

            Et puis, parmi ceux qui se réjouissent, il y a ceux qui, un jour dans leur vie, ont dit ‘‘non’’, fatigués des scènes d’horreur, des années d’occupation et des humiliations répétées. Contre toute logique, contre l’air du temps, contre l’attrait du confort et la sécurité du lendemain, ils ont dit non, et ils ont assumé leur décision en mettant leur peau au bout de leur choix ; dans ce long cortège, Antigone a montré le chemin, d’autres ont suivi et habitent encore ici, dans l’aile opposée des Invalides, celle d’Occident ; ce sont les Compagnons de la Libération, vos frères d’armes de la 2e Guerre Mondiale, venus de partout et de nulle part, et qui, comme vous ont dit non, quand ils ont vu la France envahie.

            Se réjouit aujourd’hui avec vous la foule silencieuse de ceux qui ont connu la souffrance, dans leur corps, dans leur cœur ou leur âme ; il existe un lien mystérieux, invisible, profond, indélébile qui unit ceux qui ont souffert. La marque de la douleur vous confère cette qualité de savoir regarder la vie autrement, de relativiser les échecs, même importants, de rester conscients que tout bonheur est fragile, mais aussi de savoir apprécier les joies simples de la vie, le regard d’un enfant ou d’un petit-enfant, le sourire d’une femme, la fraternité d’armes des camarades, l’union des âmes des compagnons.

            Vous rejoignent aujourd’hui dans l’honneur qui vous est rendu, ceux qui, comme vous, ont connu la prison, la prison qui prive de liberté, et surtout la prison qui humilie, isole, brise, rend fou, et détruit l’être dans le plus profond de son intimité ; comment ne pas évoquer ce mineur letton du camp de Langenstein, prisonnier anonyme et qui vous a sauvé la vie ? Entre eux aussi, il existe un lien mystérieux : je me souviens de ce jour de septembre 1995, lorsque je vous ai accueilli au 2eREP à Calvi, je vous ai présenté le piquet d’honneur, et au cours de la revue, alors que vous veniez de vous entretenir avec plusieurs légionnaires, vous avez demandé, avec beaucoup de respect et de pudeur, à l’un d’eux : « Mais, si ce n’est pas indiscret, vous n’auriez pas connu la prison? »  Et, malgré son anonymat,  il vous répondit que c’était bien le cas…

           Et puis, parmi la cohorte immense, il y a ceux qui croyaient au ciel, et ceux qui n’y croyaient pas, tous ceux qui ont été ébranlés dans leur foi et leurs certitudes, pour avoir vu, connu et vécu l’horreur ; ceux qui ont douté qu’il pût exister un Dieu d’amour, pour avoir hanté les camps de la mort, qu’il pût exister un Dieu de fidélité, pour avoir dû abandonner un village tonkinois, qui avait cru à votre parole,  ou qu’il pût exister un Dieu de miséricorde, pour avoir été victime de parjures.  Et pourtant, au soir de votre vie, vous restez persuadé que rien n’est inutile et que tout est donné, que si le passé est tragique, l’avenir est plein d’espoir, que si l’oubli peut envahir notre mémoire, le pardon ne pourra jamais assaillir notre cœur ; c’est ce que vous avez appelé : ‘‘l’Aventure et l’Espérance’’

            M’en voudrez-vous beaucoup si, parmi ceux qui se réjouissent en ce jour, je parle aussi des femmes ? Celles que l’on évoque souvent dans nos chants de légionnaires, Eugénie, Anne-Marie, Véronika ; celles dont les prénoms ont servi à baptiser les collines de Dien-Bien-Phu ; celles qui ont toujours tenu une place particulière dans votre vie de combattant et d’homme de lettres ; celles dont la beauté et le charme ne vous ont jamais laissé indifférent. Je me permettrais d’évoquer la première d’entre elles, Manette, qui comme elle s’y était engagée devant Dieu et les hommes, vous a suivi pour le meilleur, mais aussi pour le pire. Elle et vos quatre filles furent à la peine ; il est bien normal qu’aujourd’hui elles soient à la joie ! 

    hélie de saint marc,dary

    la cuvette de Diên Biên Phu - Nord Tonkin -
    par la route venant de la frontière chinoise.

     

     

            Enfin et au dessus de tout, ceux qui se réjouiront sans doute le plus, même si leur pudeur ne le leur permet pas, ce sont les hommes d’honneur ! Car l’étoile qui vous a guidé dans toute votre vie, restera celle de l’honneur, puisque vous lui avez tout sacrifié, votre carrière, votre famille, votre renommée, votre avenir et vos lendemains ! Et aujourd’hui, cet honneur vous est officiellement reconnu, car la France, dans sa profonde tradition imprégnée de culture chrétienne, a su pardonner et même plus que cela, elle a reconnu votre sens de l’honneur. Avant de conclure, vous me permettrez de citer ce général, qui, au cours d’un des procès qui suivit la tragédie algérienne, déclara : ‘‘ Choisissant la discipline, j’ai également choisi de partager avec la Nation française la honte d’un abandon ! Et pour ceux, qui, n’ayant pu supporter cette honte, se sont révoltés contre elle, l’Histoire dira peut-être que leur crime est moins grand que le nôtre !’’. Aujourd’hui, 50 ans plus tard, à travers l’honneur qui vous est fait, il semble que l’Histoire soit sur le point de rendre son verdict !

            Mon ancien, vous arrivez aujourd’hui au sommet de votre carrière, militaire et littéraire ; mais comme vous le dîtes souvent, vous êtes aussi au soir de votre vie, à l’heure où l’on voit les ombres s’allonger. Tous ceux qui sont là sont heureux d’être auprès de vous sur ce sommet ; et ce sommet n’est pas qu’une allégorie ! Ce sommet est bien concret ; permettrez-moi de l’imaginer en Corse : toutes vos sentinelles du soir sont là, autour de vous, admirant le soleil couchant ; comme partout en Corse, le paysage est sublime, le spectacle intense ; la nuit s’est répandue dans la vallée, le soir monte, et l’on voit s’éclairer peu à peu les villages et leurs églises, les cloches des troupeaux tintent dans le lointain, et l’on admire le soleil qui disparaît lentement derrière l’horizon dans le calme et la paix du soir. Il va bientôt faire nuit et chacun de ceux qui sont là, qui vous estiment et qui vous aiment, ont envie de fredonner cette rengaine, désormais entrée dans l’histoire : ‘‘Non, rien de rien ! Non, je ne regrette rien !’’ 

    hélie de saint marc,dary 

  • Servir Politique Magazine, et s'en servir : le numéro de Janvier 2011

            Nous avons de la chance d'avoir un outil de la qualité de Politique magazine. Encore ne suffit-il pas de l'avoir, mais de le faire rayonner au maximum autour de nous. Lafautearousseau ne s'en prive pas, qui, chaque dimanche, rappelle à ses lecteurs et amis l'intérêt et l'urgence qu'il y a à le diffuser - ainsi que La Nouvelle Revue universelle... - et qui, chaque mois, propose à ses lecteurs au moins deux articles de la revue.

            Voici donc l'analyse d'Hilaire de Crémiers, qui sera suivie, mercredi prochain, par la réflexion économique de François Reloujac, elle aussi toujours très attendue..... 

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    La leçon d'Henri IV

    La France s’engage régulièrement dans des drames inévitables, faute de se donner le moyen politique de son salut.

     

     

            L’Europe est devenue un piège et le piège est en train de se refermer. C’est une nasse. Toute décision est sans issue. Et nul n’y peut rien, n’y pourrait rien, n’y pourra rien. Une série d’effets mécaniques s’enclenchent les uns les autres inéluctablement et achèvent de boucler le cercle infernal des dettes souveraines où les États européens se trouvent définitivement emprisonnés. Plus simplement, c’est une affaire de chiffres, d’additions cumulées ou de soustractions combinées ; des chiffres qui pèsent de plus en plus lourd puisqu’ils traînent, chaque jour qui passe, de plus en plus de zéros derrière eux.

            Les financiers ont l’art de trouver des mots qui dissimulent la réalité. Des dettes irrécouvrables, pour la simple raison que, par leur nombre et leur importance, elles sont devenues, toutes proportions gardées, incommensurables, sont appelées des actifs toxiques ou des créances douteuses. La vérité : tout est faux. Les fameux « stress tests » que les grandes banques européennes ont passé haut la main, il y a six mois, n’ont servi qu’à entretenir l’illusion. Il est question de les recommencer : ça ne servira à rien. Tout le système bancaire européen, à quelques exceptions près, est pourri et il n’est nullement besoin d’une expérience comme celle tentée par Eric Cantona pour en avoir la juste appréhension.

     

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    le mécanisme de la dette

     

            Les banques se tiennent les unes les autres ; elles tiennent les États comme les États les tiennent et ce système qui les relie n’est plus un système de placements, d’investissements, de lignes positives gagées sur des réalités : ce n’est plus, sous le terme de crédit, qu’un système de dettes. Système qui a arrangé tout le monde pendant des mois, des années maintenant, grâce auquel les Etats irresponsables se sont défaussés facilement de leurs déficits colossaux et dont certains acteurs – il faut le préciser –  ont profité surabondamment en jouant de façon éhontée, avec la complicité des Etats et des banquiers centraux, des différentiels de taux d’intérêt. Voilà qu’aujourd’hui ce système apparaît pour ce qu’il est, avec des primes de risques qui sont entrées – il faut le faire ! – elles aussi dans le champ de la spéculation : 

    un vaste jeu de poker, constamment perdant pour tous ceux qui ne retirent pas leur mise à temps. Il est vain de critiquer la spéculation quand on a joué soi-même au poker et, au surplus, au poker menteur. Le problème d’un État endetté comme le sont les États européens, c’est qu’il ne peut plus s’arrêter de miser et de remiser sous peine de faire défaut, ce qui accentue à chaque fois son risque de défaillance ! Et il n’agit ainsi que dans l’espoir fallacieux que la situation va se redresser à terme et qu’il pourra engranger quelques milliards qui lui permettront de redonner quelque « crédit » à sa parole. La catastrophe est au bout de cet entraînement mortel.

            Le terrible de pareilles situations tient à ce que l’activité économique des pays pourrait être relativement saine et même connaître des chances de relance – telle l’Allemagne aujourd’hui – mais partout en Europe pareille relance est suspendue à la formidable incertitude de la dette publique, parapublique et bancaire. La question, l’unique question, lancinante, ne porte que sur un point : que valent les Etats, les obligations d’État, les actifs des banques centrales, y compris la BCE, qui doivent se recapitaliser, ceux de toutes les banques qui sont exposées aux dettes souveraines ou aux dettes quasi-souveraines, autrement dit, celles de toutes les collectivités et entités proches des États, aussi malades que les États ?

            Nul ne s’aventure à répondre de manière claire ou ne se risque à prononcer un diagnostic et encore moins un pronostic, mais les économistes avertis, les financiers qui ne mentent pas et les quelques politiques sérieux qui se comptent en France, n’en pensent pas moins. Chacun sait que dire la vérité publiquement, c’est précipiter l’évènement. Alors ? Nul ne veut en porter la responsabilité. Et, d’ailleurs, les quelques-uns qui osent – « les populistes » comme on dit –, sont aussitôt traités d’irresponsables.

    Quoi qu’il en soit par ailleurs de l’activité économique et des marchés autres que les marchés obligataires, l’année 2011 sera grevée pour les États et les banques de la zone euro par la question cruciale des dettes publiques et parapubliques et surtout par celle de leurs refinancements, de l’ordre maintenant chaque année de plusieurs centaines de milliards. Les marchés ne peuvent que faire monter les enchères des taux : ce qui est arrivé à la Grèce, à l’Irlande, au Portugal, à l’Espagne, arrivera à l’Italie et à la France, peut-être même à l’Allemagne. Les agences de notation seront poussées à dégrader de plus en plus les notes des États européens : après la Grèce et l’Irlande, le tour du Portugal, de l’Espagne et de la Belgique est venu et il n’est pas besoin d’être grand clerc ès finances publiques pour être certain que l’Italie et la France seront inscrites sur cette liste fatale. Si le sac de prétendus actifs sur lequel vous avez installé votre comptoir financier, n’est qu’un paquet de chiffons de papiers, ou plus vulgairement encore si vos lignes d’actifs comptabilisés sur votre ordinateur ne sont plus que du passif dissimulé, qu’est-ce qui se passe ? Ce qui s’est passé pour Lehman Brothers et quelques autres banques anglo-saxonnes, ce qui s’est passé en Islande, ce qui a failli se passer aussi en 2008 en Europe et, de nouveau, en mai 2010, ce qui se passera nécessairement demain, un jour ou l’autre. Quand le papier, ou ce qui tient lieu de titre de dette, ne représente plus rien, c’est tout simplement fini : ainsi rue Quincampoix sous la Régence, ainsi sous le Directoire la banqueroute des 2/3 qui marqua la fin des assignats et la liquidation de la dette, dite liquidation Ramel... Ainsi… Ainsi … Les exemples historiques ne manquent pas.

     

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    vers le mur de la dette

     

            Le mur de la dette se rapproche inexorablement. Il est là, bientôt là ; il est infranchissable. Nicolas Sarkozy, au dernier sommet de Bruxelles, a cru bon de tenir un langage ferme. En réalité et fort concrètement, pour tenter de s’en sortir, il arrime la France à l’Allemagne, du moins l’Allemagne d’Angela Merkel, pour donner l’impression de la stabilité et en espérant ainsi bénéficier de la confiance qu’inspire encore l’Allemagne. Il a été convenu que le traité de Lisbonne serait révisé pour autoriser les fonds de soutien européens… Il n’est pas dit que la Cour constitutionnelle de Karlsruhe qui ne connaît de souveraineté qu’allemande, avalise cette décision. De toutes façons, les Allemands refuseront toujours les euro-obligations, ce qui est dire qu’il n’y a pas d’État européen et qu’il n’est pas question de leur « fourguer » les dettes des autres. Ils se contentent d’exiger de leurs partenaires la rigueur et de leur imposer un contrôle budgétaire a priori. La France, pleine d’illusions, s’imagine encore être la reine en Europe et qu’il lui suffira de proposer des convergences budgétaires, fiscales, économiques et sociales pour qu’enfin apparaisse cette Europe politique unie, vieux rêve des politiciens démocrates-chrétiens et socialo-capitalo-bourgeois, unique pensée politique, intellectuelle et morale de quasi toute la classe dirigeante en France depuis des décennies, Europe grâce à laquelle tous les problèmes – et surtout les problèmes français – seraient facilement résolus ! Il n’en sera pas ainsi. Les dernières rencontres européennes l’ont prouvé amplement. Chacun des partenaires, dans la crise actuelle, ne voit que son intérêt. Si l’Allemagne a consenti à sauver momentanément la Grèce , c’est parce qu’elle était exposée, elle-même, à la dette grecque ; de même son intervention en Irlande se justifie à ses yeux parce que les banques allemandes sont fortement concernées dans les comptes des banques irlandaises ; l’Angleterre intervient pareillement et pour les mêmes raisons. Et, d’ailleurs, l’Irlande joue un jeu dangereux en impliquant à fond sa banque centrale sans prévenir la BCE ni les organes européens. Ainsi agissent les nations et les États.

            L’Europe qui a été faite par des politiciens et des technocrates, n’est pas l’Europe qu’il fallait faire. On le paye aujourd’hui. Les dirigeants français se trouvent dans cette contradiction théorique perpétuelle de toujours pousser à davantage d’intégration européenne, et de protester à chaque moment contre les interventions et les exigences de cette même Europe qui vont et qui iront de plus en plus à l’encontre de intérêts français ! La vérité est qu’il n’y a plus de politique française et par conséquent l’économie française en est elle-même terriblement affectée, même si quelques décisions d’État, reste de vieux réflexes régaliens – c’est-à-dire royaux ! – essayent de sauver encore ce qui peut être sauvé. Des livres paraissent de plus en plus nombreux, de plus en plus décisifs sur la question : entre autres, dernièrement celui de Marie-France Garaud, intitulé comme de juste Impostures politiques (Plon), qui montre que ce que nous vivons est une vieille histoire, celui aussi de Robert Colonna d’Istria, intitulé État, le grand naufrage (Éditions du Rocher), qui est un récapitulatif de toutes les causes du désastre auquel nous assistons et surtout auquel nous allons assister. Même les journaux progressistes comme Le Monde et Libération envisagent l’inévitable : les docteurs ès qualité prennent date ! Il est temps ! Le Figaro s’effraye… en tentant de rassurer le bourgeois ! 

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            Il est vrai que le bilan des quarante dernières années est accablant pour l’ensemble de la classe dirigeante. Cela n’est pas sans rappeler feue la IIIe République et feue la IVe République.

            Qui se souvient encore des bravades de Paul Reynaud en avril 1940 : « La route du fer est coupée »… et dans le mois qui suivit, ce fut le désastre de mai 40. L’histoire recommencerait-elle ? L’erreur serait de croire que « le peuple » – un peuple d’ailleurs bien abstrait – tranchera le débat. Pas plus les élites, ou prétendues telles, que « le peuple », en France, à quelque époque que ce fût, n’ont réussi par eux-mêmes à sortir des crises. Encore moins les partis quels qu’ils fussent !

            Il y fallait une autre force, une autre légitimité historique, celle qui incarne la France dans sa durée et son unité. Puisque se clôt en cette fin décembre l’année Henri IV, pourquoi ne pas se tourner vers cette figure symbolique ? Non pas pour le "folklore", mais pour la leçon politique qu’elle nous suggère, aussi valable aujourd’hui que de son temps. Absurde, irréel, dira-t-on ! Alors l’histoire de France n’est que rêve et absurdité ■

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     L'Europe aujourd'hui ? Politiciens et technocrates m'ont tuer.....

    "L’Europe qui a été faite par des politiciens et des technocrates, n’est pas l’Europe qu’il fallait faire. On le paye aujourd’hui."

     

             Il n’est pas douteux que les esprits commencent à voir. Marine Le Pen, Bruno Gollnisch, Nicolas Dupont-Aignan n’ont aucun mal à dire ce qui est, sauf qu’ils sont dénoncés pour leur volonté supposée de récupérer à leur profit la fureur populaire et ils sont déjà concurrencés à gauche par des Montebourg, des Valls, des Mélenchon. 

  • Le DVD Guerres de Vendée - Combat de Géants de Reynald Secher....

                Les Guerres de Vendée ont saigné toute la région où elles se sont déroulées. Près de 30% de la population de cette région a péri. Si cette guerre a commencé par des batailles entre deux camps armés, elle s’est ensuite dirigée vers un massacre de la population civile. Ce documentaire explique ainsi une page sombre de l’histoire de France.

                Il dure près d'une heure trente. Pour la clarté de l'explication, il se trouve, ici, divisé en cinq parties: division arbitraire, bien entendu, qui n'a d'autre objet et d'autre prétention que de permettre une meilleure appréhension de l'ensemble du sujet, dans sa complexité.... 

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    DVD format 4/3 - Durée 88 mm -19 euros

            I  (18'17") : http://www.wat.tv/video/guerre-vendee-partie-ktfp_ktfs_.html

                 Après une dizaine de minutes consacrées à la présentation du cadre géographique et du contexte historique, Pierre Chaunu explique brillamment que "La Vendée, c'est le crime, le péché mortel de la Révolution. Elle en a commis d'autres, mais c'est là qu'elle est prise la main dans le sac...". Et Chaunu explique bien l'agression, par des "petits ratés de province...", dont a été victime tout un peuple.

                 Ensuite, il démonte la mystification qu'a été la déclaration de guerre à nos voisins: là est "le mensonge et le crime majeur de la république", car c'est bien à une deuxième agression, à l'extérieur cette fois, que s'est livré la république; agression de l'Europe par les révolutionnaires, et non l'inverse.... Une guerre désastreuse qui ne s'achévera qu'en 1815.....

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    Pierre Chaunu
     
     

                Mars 1793: les paysans vont chercher des chefs : Jacques Cathelineau, Jean-Nicolas Stofflet, d'Elbée, Lescure, Sapineau, Bonchamps....

     

                II (16'51") : http://www.wat.tv/video/video-guerre-vendee-partie-ktgq_ktfs_.html

                Des origines du soulèvement jusqu'à l'échec de l'assaut sur Nantes, 29 Juin 1793:

                Pour commander les paysans, 20.000 au début, et plus de 100.000 par la suite, voici Bonchamps, Henri de la Rochejaquelein et Charette, dont Napoléon dira: "Ce chef possédait l'étincelle du génie".

                Jean Meyer, professeur à la Sorbonne donne d'utiles informations sur l'armement des Vendéens.... C'est d'abord une armée de harcèlement, une armée insaisissable car la Vendée protège les Vendéens (les moulins sont leurs complices...)

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    Les moulins du Mont des Alouettes
     
     

                La Convention envoie 2.000 hommes depuis La Rochelle, qui seront défaits à Pont Charault: cette localité étant en Vendée, on appellera désormais "Vendée" tout le territoire insurgé. Du coup la Convention envoie 80.000 hommes, mais rien n'arrête la Vendée: prise de Saumur (15.000 fusils et 80 canons), entrée dans Angers.

                Les chefs vendéens se prennent à rêver: "...Bientôt leur drapeau flottera sur Paris. Bientôt Louis XVII retrouvera le trône de ses pères pour être le garant de leur Foi et de leurs libertés..." Mais Paris est loin pour des paysans: on ira donc sur Nantes, qui sera le premier échec sérieux. Cathelineau est tué et la Grande Armée Catholique et Royale se replie.....

                III  (18'12") : http://www.wat.tv/video/guerre-vendee-partie-ktie_ktfs_.html

               Les troupes de Westermann ("le boucher de la Vendée") sèment la mort. Barrère monte à la tribune le 1° Août 1793: "Détruisez la Vendée !"...

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    Bertrand Barère de Vieuzac

     

     

                Kléber et son armée de Mayence entre en Vendée, mais il est défait à Torfou le 19 Septembre ("L'armée de Mayence est une armée de faïence, et nous l'avons brisée...). Le 17 Octobre, à Cholet, 35.000 Blancs rencontrent 32.000 Bleus. Ce sera la plus grande bataille de la Guerre de Vendée et, d'après Kléber, "un combat de tigres contre des lions". Bonchamps blessé, l'armée blanche se retire vers la Loire....

                Deux moments inattendus et émouvants: une méditation profonde d'Aragon sur Bonchamps (dont David d'Angers, fils d'un des 5.000 prisonniers bleus graciés par Bonchamps juste avant sa mort, a sculpté la statue); et quelques vers de Victor Hugo sur ces soldats, défaits mais héroïques....

                Ensuite, c'est "la grande virée de galerne", les dissensions entre chefs vendéens, et l'organisation méthodique du génocide... "....à l'affrontement militaire, avec ses incertitudes et sa gloire, va faire place l'extermination avec son cortège d'horreurs, l'acharnement dans l'escalade de la terreur: des hommes vont s'illustrer horriblement: Carrier...Turreau....."

     

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    Il n'y a pas que la pollution qui souille l'Arc de Triomphe.....
     
     

                IV (17'54") : http://www.wat.tv/video/video-guerre-vendee-partie-kuch_ktfs_.html

                C'est la partie la plus "accusatrice" pour la Convention et la République......

                Pour exterminer la Vendée, le 17 Janvier 1794 Louis-Marie Turreau de Garambouville - dont le nom est gravé sur le côté est de l'Arc de Triomphe !... - expose son plan: ce seront les Colonnes Infernales. Elles commenceront leur sinistre besogne le 21 Janvier 1794 (jour symbolique, choisi par Turreau lui-même...), pour ne l'achever qu'à la fin mai.....

                Les rapports d'activité des Colonnes Infernales existent, et sont consultables: ils sont déposés aux Archives militaires historiques, au Fort de Vincennes. (Gracchus Babeuf forge le terme de "populicide"....)

                Les Lucs sur Boulogne, 28 février 1794: à Oradour sur Glane, les SS n'ont rien inventé.... On se souvient que c'est aux Lucs qu'Alexandre Soljenitsyne est venu rendre hommage aux Vendéens, et établir la filiation entre la révolution française et toutes celles qui l'ont suivi, dont la bolchévique.

     

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    Samedi 25 septembre 1993, Sojénitsyne est aux Lucs sur Boulogne,
     pour l'inauguration de L'Historial de Vendée
     

                Pierre Chaunu reprend : "...On ne peut pas ne pas s'apercevoir que la façon dont la répression a été conduite en Vendée....c'est l'archétype de toutes les atrocités qui se sont produites au XX° siècle...".

                V (7'05") : http://www.wat.tv/video/guerre-vendee-partie-fin-kudq_ktfs_.html

               1795: seuls restent Stofflet et Charette, mais ils sont désunis..... Le 8 Juin se répand la nouvelle: Louis XVII est mort ! Et la guerre reprend, ou plutôt la guérilla....

                Stofflet mourra le 25 février 1796 (fusillé à Angers) et Charette le 29 Mars (fusillé à Nantes).

                C'est Jean Tulard qui conclut en quelque sorte cette évocation des Guerres de Vendée, en rappelant l'action de pacification menée par Bonaparte en Vendée. Jeune général, il a toujours refusé d'aller servir dans cette guerre qu'il qualifia lui même de "Guerre de Géants". Il ne se rendit en Vendée qu'en 1808 et, raconte Jean Tulard, il fut horrifié par ce qu'il découvrit. D'où sa réelle volonté d'indemniser la Vendée et de l'aider à connaître une véritable renaissance.....

     

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    Récapitulatif :

     




  • Pour ne jamais oublier : 1er Août et 1er Octobre 1793 : Brève évocation du génocide vendéen (1/2). Ou : le Système en ac

              Voir notre Album Totalitarisme ou Résistance ? Vendée, "Guerres de Géants"... , et plus particulièrement les documents de la partie 2 : "...et pour la liberté de l'homme intérieur". pour plus de "détails" (!) sur les atrocités commises en Vendée, notamment l'Oradour 150 ans avant Oradour que fut la monstruosité des Lucs-sur-Boulogne...

     

    lzare.JPG1er Août 1793 : jour funeste ! Devoir d’oubli ou devoir de Mémoire ?....

              Franchement, on préférerait parler d’autre(s) chose(s)…. Et ce n’est bien sûr certainement pas par une espèce de fascination morbide, malsaine, pour cette page noire de notre Histoire que nous revenons là-dessus. Nous préférerions vraiment la tourner définitivement, cette page, et qu’elle reste enfouie dans un oubli total dont, vu sa laideur, nul ne viendrait la tirer.....

              Oui mais voilà : avec cinq autres dates (1) de la même année 1793, cette date funeste du 1er Août fonde le régime qui nous gouverne aujourd’hui.  Elle est l’une de celles qui sont à la base de ce système dont  parle Boutang  lorqu’il évoque cette « désolante pourriture » d’une société qui « n’a que des banques pour cathédrales »  et dont il n’y a au sens propre « rien à conserver »

              Nous sommes donc bien obligés de remonter à la source – aux sources… -, à l’origine de ces maux que nous combattons aujourd’hui, si nous voulons re-fonder en permanence notre Royalisme et notre opposition au Régime républicain idéologique

    Car pourquoi continuer à s’opposer, deux siècles après qu’elle ait eu lieu, à une Révolution qui s’est passée si loin de nous maintenant ? Si ce n’est parce que nous ne pouvons toujours pas accepter – et nous ne le pourrons jamais - ses bases et ses fondements qui s’appellent Totalitarisme, Génocide et, dans un domaine un peu différent, état d’esprit haineux et xénophobe ("l'Autrichienne", "...Qu'un sang impur...") préfigurant l’une des sources du Racisme moderne ?

    (1) : 1. 21 Janvier 1793 : assassinat de Louis XVI, acte fondateur des Totalitarismes modernes.

            2. 1er Août 1793 : première loi de Carnot organisant le Génocide Vendéen, premier Génocide  des Temps modernes.

           3. 1er Octobre 1793: deuxième loi de Carnot....

           4. 16 Octobre 1793 : assassinat de Marie-Antoinette ; on trouve dans les torrents de haine et d’hystérie planifiés et orchestrés contre «  l’Autrichienne » une xénophobie exacerbée qui peut être considéréee comme l’une des sources lointaines du Racisme moderne.

           5. A ces quatre dates doit être ajoutée celle du 3 juillet 1793, le début de la terrifiante descente aux enfers du petit Dauphin, Louis-Charles duc de Normandie, âgé à ce jour de huit ans et quatre mois. Arraché à sa mère, il va être lentement et méthodiquement détruit, son massacre prenant la forme d'un long et douloureux enfermement, au secret dans une chambre obscure, sans hygiène, sans soins et sans visites, souffrant de gale et de tuberculose; pour ne s'achever que le 8 juin 1795: il a alors 10 ans et trois mois. Le message est très clair: plus rien ne "tient" devant l'Etat, plus rien n'est sacré, plus rien n'est au-dessus de la folie des hommes, pas même l'évidente innocence d'un petit enfant, par définition -pourrait on dire- forcément exempt de tout crime: et c'est bien le Totalitarisme.....

              Nous l’avons dit et écrit plusieurs fois (à propos de l’Espagne entre autre…). Il faut savoir oublier. Mais ce devoir d’oubli n’est pas un devoir d’amnésie. S’il faut bien sûr savoir tourner les pages, il faut aussi rester lucides, et connaître bien l’origine de nos maux; savoir d’où ils viennent; où, quand et comment ils ont commencé. Conçu ainsi, le devoir d’oubli ne s’oppose pas au devoir de Mémoire. Maurras ne disait-il pas qu’il fallait s’accommoder de la Révolution-fait mais se dépêtrer de la Révolution-Idée ?

              Voilà pourquoi cinq fois par an, à chacun de ces cinq jours de si triste anniversaire, nous ne pourrons faire autrement que d’évoquer, à côté de l’actualité du jour, cette sorte d’actualité intemporelle, qui ne passe pas, qui nous gouverne encore aujourd’hui, et dont nous subissons encore aujourd’hui les effets néfastes, désastreux et destructeurs. La Révolution-fait est achevée depuis bien longtemps; mais la Révolution-Idée est malheureusement toujours à l’œuvre en France. Dénoncer ses fondements, ses bases mêmes, est le service le plus urgent, le service premier qu’il convient de rendre à la France, à côté des autres et en parallèle avec eux, si l’on veut œuvrer pleinement et sérieusement, et d’une façon essentielle, à ce combat de simple survie de notre Nation qu’évoquait Jacques Bainville lorsqu’il disait : « Pour des Renaissances il est encore de la foi »….. 

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    Les noyades de Nantes, organisées par Carrier :

    "Le nombre des brigands est incalculable... La guillotine étant trop lente, et attendu qu'on dépense de la poudre et des balles en les fusillant, on a pris le parti d'en mettre un certain nombre dans de grands bateaux, de les conduire au milieu de la rivière, et là, on coule le bateau à fond. Cette opération se fait continuellement..."

     

              La définition du Génocide selon le Petit Robert est la suivante: "destruction méthodique d'un groupe ethnique, et par extension : extermination d'un groupe important de personnes en peu de temps".

              Cette définition correspond parfaitement aux actions menées par la Convention à partir du premier août 1793. A ceux qui ne manqueront pas de rétorquer que la population de la Vendée militaire ne constituait pas à proprement parler un groupe ethnique, signalons que l'adjudant général Hector Legros considérait que "le pays que nous appelons Vendée est formé de la presque totalité de la Vendée, de la moitié des Deux Sèvres et de Maine et Loire et d'une grande partie de la Loire Inférieure".

              Deux lois furent préparées par Lazare Carnot et votées par la Convention en préparation du Génocide Vendéen: celle du 1er Août 1793 (que nous signalons aujourd'hui) :

    « Anéantissement de tous les biens…la Vendée doit être un cimetière national... »

    et celle du 1er Octobre 1793 (sur laquelle nous reviendrons ce jour-là) :

    « Extermination totale des habitants… »

    révolution,république,totalitarisme,génocide,génocide vendéen,vendée,lazare carnot          Le point de départ du génocide est le décret du 1er août 1793 voté sur proposition de Barrère de Vieuzac (ci-contre), après un discours incendiaire:

             "...ici, le Comité, d'après votre autorisation, a préparé des mesures qui tendent à exterminer cette race rebelle, à faire disparaître leurs repaires, à incendier leurs forêts, à couper leur récoltes et à les combattre autant par des ouvriers et des pionniers que par des soldats. C'est dans les plaies gangreneuses que la médecine porte le fer et le feu, c'est à Mortagne, à Cholet, à Chemillé que la médecine politique doit employer les mêmes moyens et les mêmes remèdes.

             L'humanité ne se plaindra pas; les vieillards, les femmes et les enfants seront traités avec les égards exigés par la nature. L'humanité ne se plaindra pas; c'est faire son bien que d'extirper le mal; c'est être bienfaisant pour la patrie que de punir les rebelles. Qui pourrait demander grâce pour des parricides. ...

              Nous vous proposons de décréter les mesures que le comité a prises contre les rebelles de la Vendée; et c'est ainsi que l'autorité nationale, sanctionnant de violentes mesures militaires portera l'effroi dans les repaires de brigands et dans les demeures des royalistes..."

              Le décret du premier août 1793 relatif aux mesures à prendre contre les rebelles de la Vendée stipulait dans son article 1er que "Le ministre de la guerre donnera sur le champ les ordres nécessaires pour que la garnison de Mayence soit transportée en poste dans la Vendée

               En voici quelques "articles" :

    -Article VI : "il sera envoyé par le ministre de la guerre des matières combustibles de toute espèce pour incendier les bois, les taillis et les genêts".

    -Article VII : "les forêts seront abattues; les repaires des repaires des rebelles seront détruits; les récoltes seront coupées par les compagnies d'ouvriers, pour être portées sur les derrières de l'armée et les bestiaux seront saisis."

    -Article VIII : "les femmes, les enfants et les vieillards seront conduits dans l'intérieur. Il sera pourvu à leur subsistance et à leur sûreté, avec tous les égards dus à l'humanité."

    -Article XIV : "les biens des rebelles de la Vendée sont déclarés appartenir à la république; il en sera distrait une portion pour indemniser les citoyens qui seront demeurés fidèles à la patrie, des pertes qu'ils auraient souffertes".

              Ce décret, malgré une déclaration de bonne conduite ("avec tous les égards dus à l'humanité"), était un véritable appel au meurtre, au vol institutionnalisé et à la déportation des non combattants, ce que l'on pourrait qualifier de nos jours d'épuration ethnique. 

    (à suivre: voir la note du 1er Octobre).

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    Charnier vendéen...

     

    Le 29 janvier 1881 suite à l’interdiction de la pièce Thermidor de Victorien Sardou, jugée « antirépublicaine », Georges Clemenceau répond à Joseph Reinach :

    « "J'approuve tout de la Révolution : j'approuve les massacres de septembre où, pour s'éclairer, la nuit venue, les travailleurs plantaient des chandelles dans les yeux des morts. J'approuve les noyades de Nantes, les mariages républicains où les vierges accouplées à des hommes, par une imagination néronienne, avant d'être jetées dans la Loire, avaient à la fois l'angoisse de la mort et la souffrance de la pudeur outragée. J'approuve les horreurs de Lyon, où l'on attachait des enfants à la gueule des canons, et les égorgements de vieillards de quatre vingt dix ans et de jeunes filles à peine nubiles.
    Tout cela forme un bloc glorieux et je défends qu'on y touche.
    Je défends que, sur un théâtre qui dépend de l'Etat, un dramaturge illustre vienne, après plus de cent ans révolus, prononcer une parole de pitié qui serait un outrage aux mânes augustes de Robespierre et de Marat".

  • Rémi Brague : « La législation d'origine divine constitue le centre de l'islam »

     

    C'est un entretien très important que Rémi Brague vient d'accorder au Figaro, qui l'a publié sur FigaroVox vendredi dernier, 27 novembre. Membre de l'Institut, spécialiste de la philosophie grecque et de la philosophie médiévale arabe et juive, Rémi Brague* y décrypte, selon Le Figaro, « la doctrine de la religion musulmane. » Et il ne manque pas d'en traiter dans son rapport avec l'actualité française et européenne. On le sent dans un certain désaccord avec les analyses de « son vieil ami Pierre » - Pierre Manent - qui, en effet, ont paru porteuses de grands risques à nombre de lecteurs - dont nous-mêmes. Sur la capacité de la République à affronter l'Islamisme, Rémi Brague a une formule qui mérite réflexion : « Quelle République peut s'imaginer faire le poids contre Dieu ? ». En tout cas, pas la nôtre, nous semble-t-il. Et c'est une grande question. Il n'hésite même pas à mettre en doute que le Pape ait jamais lu le Coran, lorsque le Figaro le questionne : « le Pape a dit que le Coran s'oppose à la violence ... » Enfin, Rémi Brague sait de quoi il parle, il n'avance rien sans référence. Et cela tranche singulièrement avec tant de débats oiseux, qui nous ont été servis ad nauseam, depuis un certain temps, par les médias. Bonne lecture ! Lafautearousseau

    Les djihadistes qui ont mené les attentats de janvier et du 13 novembre en appellent à Allah. Ont-ils quelque chose à voir avec l'Islam ?

    De quel droit mettrais-je en doute la sincérité de leur islam, ni même le reproche qu'ils adressent aux « modérés » d'être tièdes. Rien à voir avec l'islam ? Si cela veut dire que les djihadistes ne forment qu'une minorité parmi les musulmans, c'est clair. Dans quelle mesure ont-ils la sympathie, ou du moins la compréhension, des autres ? J'aimerais avoir là-dessus des statistiques précises, au lieu qu'on me serine « écrasante majorité » sans me donner des chiffres.

    Les djihadistes invoquent eux-mêmes Mahomet, le « bel exemple » (Coran, XXXIII, 21). Ils expliquent qu'avec des moyens plus rudimentaires qu'aujourd'hui, il a fait la même chose qu'eux : faire assassiner ses adversaires, faire torturer le trésorier d'une tribu vaincue pour lui faire cracher où est le magot, etc. Ils vont chercher dans sa biographie l'histoire d'un jeune guerrier, Umayr Ben al-Humam, qui se jette sur des ennemis supérieurs en nombre pour entrer au paradis promis. Il n'avait pas de ceinture d'explosifs, mais son attitude ressemble fort à celle des kamikazes d'aujourd'hui.

    Les imbéciles objectent souvent : « Oui, mais Hitler était chrétien. » Ce à quoi il faut dire que: 1) non seulement il avait abandonné la foi dans laquelle il avait été baptisé, mais il haïssait le christianisme. Les Églises, catholique et protestantes, étaient sur son cahier des charges et devaient, après la victoire, subir le même sort que les Juifs ; 2) à ma connaissance, Hitler n'a jamais été donné en exemple aux chrétiens.

    41cUT53RYYL__SX302_BO1,204,203,200_ (1).jpgLe but des terroristes semble être de déclencher en Europe une guerre civile entre les communautés musulmanes et le reste de la population. Comment éviter que la communauté musulmane soit identifiée au terrorisme ?

    Effectivement, il est prudent de dire ce que ce but semble être. Nous le devinons à partir de cas précédents comme les Brigades rouges italiennes: créer des conditions dans lesquelles la répression atteindra, même sans les viser, l'ensemble des musulmans, afin de créer chez eux un réflexe de solidarité avec les terroristes. Je ne sais d'ailleurs pas si cela a jamais marché…

    Il y a là-derrière un problème de logique : tous les musulmans ne sont pas islamistes, mais tous les islamistes sont musulmans. Donc être musulman est une condition nécessaire pour être islamiste, mais elle n'est pas suffisante. Pour tout musulman, être islamiste est une possibilité mais, heureusement, ce n'est pas une nécessité. Il est stupide de prêter a priori de noirs desseins à tous les musulmans. On a donc raison de ne pas les mettre tous dans le même panier. Les gens qui peignent des slogans hostiles sur les mosquées sont des crétins malfaisants qui font le jeu des islamistes de la façon que je viens de dire.

    Il serait bon que l'effort pour éviter le fameux «amalgame» soit clair des deux côtés. Et que les musulmans trouvent un moyen de faire comprendre haut et fort, par la parole comme par le comportement, qu'ils désapprouvent le terrorisme. Le problème est que personne n'a autorité pour les représenter. Nous aimons mieux les « modérés ». Mais les intellectuels médiatiques qui parlent en leur nom représentent-ils d'autres qu'eux-mêmes ?

    Comment expliquer que la religion musulmane apparaisse plus focalisée sur la forme (vêtements, nourriture…) que sur le fond et qu'elle rechigne à accepter les lois de la République ?

    Ce qui nous semble à nous purement formel dans une religion peut apparaître à ceux qui la professent comme central. Pensez au turban des sikhs. Dans l'islam, la mystique est permise, pas toujours bien vue, mais en tout cas seulement facultative. En revanche, les règles de la vie quotidienne sont obligatoires pour tous. Les lois sur lesquelles la nation musulmane se règle ont été, selon elle, dictées par Dieu en personne et littéralement. Quelle République peut s'imaginer faire le poids contre Dieu ?

    Un islam éclairé a existé au Moyen Âge. Peut-il servir de référence aux musulmans d'aujourd'hui ?

    Il faut distinguer la religion et la civilisation. La conquête arabe avait unifié deux mondes qui se faisaient la guerre, à savoir la partie orientale de l'Empire de Constantinople et l'Empire persan. Avec le Proche-Orient, il avait ramassé dans son escarcelle la partie intellectuellement féconde de l'Empire byzantin. Regardez d'où viennent les grands intellectuels de l'Antiquité gréco-romaine : l'Égypte, la Mésopotamie, l'Anatolie, bien plus que Rome ou même la Grèce. Tout cela passa à la civilisation arabe à travers les écoles du monde syriaque. L'islam comme religion a connu des tentatives qui ressemblent beaucoup à la façon dont l'Occident a réfléchi de manière critique sur sa propre tradition, par exemple chez les mutazilites. Mais cela fait mille ans qu'ils ont été vaincus…

    Le Pape a dit que le Coran s'oppose à la violence. Partagez-vous ce point de vue ?

    A-t-il jamais lu le Coran ? Sa lecture ne fait pas partie de la formation habituelle d'un jésuite, ou même d'un théologien.

    Ce qui est vrai, c'est que l'on trouve dans le Coran des versets pacifiques, appelant à la discussion courtoise, etc. Non sans bien des restrictions. Ainsi, le fameux verset rappelant, après le Talmud (bSanhedrin, 37a), que tuer un homme, c'est comme tuer l'humanité entière (V, 32) ajoute en incise que cela ne vaut pas pour « ceux qui répandent la corruption (fasād) sur la terre ». Or, comment comprendre cette faute ? Et qui va décider de qui s'en est rendu coupable ?

    Les versets pacifiques datent de la première période de la mission de Mahomet qui, prêchant à La Mecque devant un auditoire indifférent ou même hostile, devait composer avec les autres groupes religieux. Une fois à Médine, devenu chef d'une armée, le ton change. L'avertisseur est devenu chef politique et militaire. Il s'agira désormais de combattre, de soumettre l'adversaire, et de lui faire payer l'impôt. Et l'ennui est que, selon la dogmatique islamique, les versets descendus à Médine « abrogent » les versets antérieurs. On continue à les réciter, mais leur contenu normatif n'est plus valable et est remplacé par d'autres, postérieurs.

    Afin de ne pas être repérés, certains terroristes n'hésitent pas à boire de l'alcool, à s'afficher avec des femmes et à ne pas fréquenter les mosquées. S'agit-il de cette ruse qu'on appelle la « taqîya » ? Sur quoi repose cette notion ?

    Il est en effet probable qu'il s'agisse d'une dissimulation par stratagème.

    Le conseil de pratiquer la dissimulation dans certains cas se tire de deux versets du Coran : « Que les croyants ne prennent pas pour amis des incrédules de préférence aux croyants […] à moins que vous ne vous protégiez d'eux » (III, 28) et « Celui qui renie Dieu après avoir cru - non pas celui qui subit une contrainte et dont le cœur reste paisible dans la foi — […], la colère de Dieu est sur lui […] » (XVI, 106). Un autre verset demande aux musulmans de ne pas demander la paix quand ils sont les plus forts (XLVII, 35). Et des hadiths font prononcer au Prophète l'éloge de la ruse, identifiée à la guerre.

    Historiquement parlant, cette dissimulation a surtout été pratiquée par les chiites, tout simplement parce que, minoritaires, ils en avaient besoin. Mais ceux-ci ne sont nullement les seuls à l'autoriser, voire à la recommander.

    Comment le Coran envisage-t-il les rôles de l'homme et de la femme ? Est-ce compatible avec l'égalité occidentale ?

    Notre égalité est encore imparfaite dans les faits. Mais elle est depuis longtemps dans les textes du Nouveau Testament, puis plus tard dans nos législations. Le Coran accorde à la femme la valeur de la moitié d'un homme : il faut deux femmes pour contrebalancer le témoignage d'un seul homme (II, 282), et une fille reçoit en héritage la moitié de la part d'un garçon (IV, 11). On entend souvent que l'islam aurait représenté un progrès dans la situation de la femme. Mais progrès aux yeux de qui ? Dans ma Loi de Dieu, je cite un passage du grand écrivain Gahiz (mort en 869) qui se félicite de ce que l'islam ait mis fin à la licence d'autrefois en interdisant aux filles de parler aux garçons.

    L'obligation de porter un voile est-elle inscrite dans les textes du Coran ?

    Elle repose sur deux versets où Dieu s'adresse à Mahomet : « Dis aux croyantes […] de rabattre leurs voiles (himār) sur leurs poitrines » (XXIV, 31) et « […] Dis à tes épouses, à tes filles et aux femmes des croyants de se couvrir de leurs voiles (ğilbāb) […] » (XXXIII, 59). Saint Paul dit quelque chose de voisin (1 Corinthiens, 11, 5). Seulement, Paul de Tarse était une créature vivant à une certaine époque, dans une civilisation où sortir sans voile était pour une femme une honte. On peut donc remonter de la lettre à l'intention, à savoir s'habiller décemment selon les climats et les modes. Pour le Coran, ce n'est pas possible. En effet, son auteur est censé être Dieu, qui est éternel et qui sait tout, et qui peut donc prévoir la totalité des circonstances. Si Dieu dit « voilez-vous », il s'agira donc d'un voile bien concret, d'un tissu totalement matériel. La seule latitude qui reste sera celle de s'interroger sur le sens très précis des mots qui le désignent et d'en déduire si ce voile voulu par Dieu sera long ou court, opaque ou transparent. C'est souvent à des choses de ce genre que pensent ceux qui disent « interpréter » le Coran.

    Plutôt que de communautarisme islamique on parle de plus en plus souvent d'une montée du fait religieux. Peut-on faire l'amalgame entre la religion catholique, la religion juive et l'islam ?

    Il est vrai que le christianisme, surtout mais pas seulement dans sa variante «évangélique», connaît actuellement un bouillonnement. Ou que l'hindouisme se raidit, ou que le bouddhisme attire de plus en plus de monde. Ce qui est vrai en tout cas, c'est que l'idée d'un effacement inexorable de la religion devant « la science » en a pris un sacré coup.

    On répète « padamalgam ! » comme une sorte de mantra ; d'ailleurs, cela sonne sanscrit… Cette règle doit s'appliquer aussi aux religions. Au lieu de dire que « les religions » sont ou font ceci ou cela, en les mettant dans le même sac, distinguons, traitons au cas par cas. Une religion est nationale ou universelle, naturelle ou révélée, etc.

    Au fond, le mot même de « religion » est trompeur. Il recouvre des phénomènes incomparables. Il est d'origine occidentale et a été fait sur les mesures du christianisme. En conséquence, nous nous imaginons qu'une religion doit être une sorte de christianisme avec quelque chose en plus ou en moins. D'où notre mal à penser le bouddhisme, qui se passe de révélation, voire de l'idée de Dieu. Et notre mal à comprendre que l'idée d'une législation d'origine divine n'est pas accessoire dans l'islam, mais en constitue le centre.

    Êtes-vous d'accord avec Pierre Manent lorsqu'il dit que l'islam peut paradoxalement aider l'Europe à retrouver ses racines chrétiennes ?

    Il est de fait que l'exemple de la piété au quotidien des musulmans marocains a aidé des gens comme Charles de Foucauld ou Louis Massignon à retrouver la foi chrétienne. Mais attention : la dévotion, le scrupule dans l'accomplissement des rites ne sont pas la foi comme la comprend le christianisme. En matière de plaisanterie, je dirais que l'islam est au christianisme ce que mon visage est à son image dans un miroir. Rien ne me ressemble plus, mais tout y est renversé. Le défi de l'islam peut aider à reprendre conscience de l'importance du christianisme pour la civilisation occidentale. Je dirais donc, avec mon vieil ami Pierre, que l'Europe peut s'aider de l'islam pour mieux se voir et mieux comprendre ce qu'elle est. 

    * Professeur émérite de philosophie à la Sorbonne et à l'université de Munich.

    Entretien par Marie-Laetitia Bonavita             

     

  • Histoire & Société • Jean-Christophe Buisson : « 1917 annonce notre époque de plus en plus déshumanisée »

     Un défilé du 14-Juillet marqué par la présence américaine

     

    Le 14 juillet 2017 est l'occasion de se pencher à nouveau sur l'importance de l'année 1917 dans l'histoire : dans un entretien réalisé par Alexandre Devecchio, paru sur Figarovox à l'occasion de la sortie de son ouvrage 1917, l'année qui a changé le monde, Jean-Christophe Buisson explique que cette année cruciale préfigurait notre postmodernité. Les idées, les analyses, sont foisonnantes et toujours intéressantes. Critiques envers notre société. Bienvenues sur ce site ... LFAR 

     

    XVMdf34f3a6-67e2-11e7-8c12-a695e61ec102.jpgDe quelle manière 1917 fut-elle « l'année qui a changé le monde »?

    De toutes les manières, et c'est pour cette raison qu'elle est la seule à pouvoir être ainsi qualifiée. Pour reprendre un adjectif spenglerien, 1917 fut « décisive » sur un plan militaire, d'abord, avec des événements aussi importants dans le déroulement de la Première Guerre mondiale que l'effondrement de la Russie, le débarquement américain, l'arrivée des tanks, la déroute italienne à Caporetto ou la conquête de Bagdad et de Jérusalem par les Britanniques. Mais aussi d'un point de vue politique, diplomatique, social, économique, culturel ou scientifique, Avant ou après, d'autres années ont marqué durablement leur époque mais jamais dans tous ces domaines à la fois. 1815 fut une année cruciale pour la géopolitique de l'Europe et, partant, du monde, mais on serait en peine de trouver des mouvements culturels nés cette année-là qui seraient de l'ampleur de Dada, de l'art conceptuel ou du surréalisme. 1848 fut une année de soubresauts politiques et sociaux majeurs en France et en Europe centrale mais elle ne déboucha pas sur une refondation d'Etats ou la création de structures nationales ou impériales aussi nouvelles que la Russie soviétique ou la Yougoslavie. Plus tard, 1945 verrait la fin d'un monde mais celui qui viendrait après ne s'affirmerait que dans les années suivantes alors que 1917 voit en même temps s'effondrer celui d'hier et émerger celui de demain, c'est-à-dire le nôtre.

    Rédigé sous la forme d'une chronique au jour le jour embrassant tous les continents et tous les domaines, votre livre évoque des centaines d'événements. Quels sont les plus marquants ?

    Tout dépend de votre sensibilité personnelle. Selon que vous êtes un passionné de la chose militaire ou un pacifiste, un conservateur ou un progressiste, un cinéphile ou un sportif, un amateur d'art ou un féru d'exploits aériens, un observateur de la vie politique ou quelqu'un que les destins hors normes fascinent, vous retiendrez l'offensive alliée catastrophique du Chemin des Dames et la bataille d'Ypres ou le mouvement général des mutineries et la chanson de Craonne ; le retour au pouvoir de Clemenceau et de Churchill ou la création du système de délégués d'atelier, ancêtres des délégués du personnel, et les mobilisations des femmes en faveur de meilleurs droits sociaux et citoyens (il est d'ailleurs à noter que le Figaro, sous la plume d'Abel Hermant, n'était alors pas le dernier à militer en faveur du droit de vote et d'éligibilité de ces dames à l'Assemblée nationale…) ; le triomphe de Charlie Chaplin et la projection du premier film d'animation de l'Histoire (argentin!) ou la création de la coupe de France de football (avec quelques clubs ... anglais) ; le ballet « Parade » et les tableaux extraordinaires de Klee, Vallotton, Grosz, Matisse, Kandinsky et Léger ou la disparition tragique de Guynemer et les exploits du « baron rouge » Manfred von Richthofen ; le génie tactique de Lénine et de Trotski réalisant un coup d'Etat qui avait cent fois plus de chances d'échouer que de réussir ou les initiatives si audacieuses de Lawrence d'Arabie et de Gandhi.

    Vous dites que notre monde est le produit de cette année-là. Comment ?

    Prenez les quatre événements internationaux majeurs de 1917. Qui niera que les deux révolutions russes, l'intervention pour la première fois des Etats-Unis sur le sol européen, la déclaration Balfour et la déclaration de Corfou n'ont pas lourdement pesé sur l'histoire du monde au XXe siècle et ce, jusqu'à nos jours ? La chute des Romanov et surtout l'instauration du premier régime totalitaire de l'histoire ont bouleversé le destin de la planète entière, donnant naissance par réaction au fascisme et au nazisme et jetant des peuples entiers dans des chaos et des apocalypses dont on paie encore les conséquences - et pas seulement intellectuelles. En rompant avec leur isolationnisme traditionnel pour venir en aide aux démocraties occidentales et se mêler directement des affaires de l'Europe, les Américains ont inauguré leur leadership mondial et opté pour un statut de « gendarme du monde » qu'ils perpétuent au XXIe siècle - pour le meilleur, parfois ; pour le pire, souvent. En promettant aux Juifs un « foyer national » sur les décombres de l'empire ottoman dont d'autres Britanniques avaient promis les oripeaux aux tribus arabes, le secrétaire au Foreign Office lord Balfour a sans doute, de son côté, participé à la création d'une situation confuse et explosive au Proche-Orient qui n'a jamais semblé plus inextricable qu'aujourd'hui. Enfin, en choisissant d'oeuvrer à la destruction des vieux empires (Autriche-Hongrie et empire ottoman) dans lesquels il vivaient, Serbes Croates, Bosniaques et Slovènes ont opté pour un Etat artificiel commun qui allait s'avérer un tombeau de leurs illusions et un terrain d'horribles massacres dans les années 1940 et les années 1990.

    Ce qui frappe au cours de cette année, c'est aussi l'ampleur prise par le phénomène de mécanisation de la mort...

    Oui et c'est en cela que 1917 sonne véritablement le glas du « monde d'hier » décrit par Stefan Zweig ou Joseph Roth et annonce le XXe siècle, qui sera un temps de progrès, techniciste, rationaliste, déicide, hyperviolent. Naissent ou se développent sur terre, dans les airs et sous les mers, des engins de mort de plus en plus sophistiqués. Au prétexte d'économiser des vies humaines en substituant aux combattants des tanks, des sous-marins et des avions, on industrialise des techniques de tueries de masse. Le gaz moutarde fait son apparition dans les obus allemands. On prépare Auschwitz, Dresde et Hiroshima. N'est-ce pas d'ailleurs encore cette année-là que Ludendorff, numéro deux de l'armée allemande, imagine le concept de « guerre totale » voué à une certaine popularité un quart de siècle plus tard ? A se demander si Cocteau n'avait pas raison en affirmant que « le progrès est peut-être le développement d'une erreur »... Ne pas oublier aussi que moins de deux mois après la révolution d'octobre est mis sur pied la terrible police politique soviétique (la Tchéka) et élaborée, déjà, sous la forme d'un décret de Lénine visant à emprisonner et à envoyer aux travaux forcés « les saboteurs, les fonctionnaires en grève et les spéculateurs », l'idée même de goulag.

    Au milieu de ce contexte aussi brutal émergent pourtant de nombreux mouvements culturels...

    Les deux sont étroitement liés. C'est l'environnement de la guerre, de la brutalisation des êtres, de la mécanisation à outrance qui, justement, provoque cette incroyable effervescence culturelle en 1917. Les artistes se nourrissent de cette monstrueuse boue chaotique pour en faire de l'or pictural, littéraire ou musical. Le premier disque de jazz ne pouvait être enregistré qu'en 1917. Marcel Proust ne pouvait terminer son manuscrit d'« A l'ombre des jeunes filles en fleurs », futur Prix Goncourt, qu'en 1917. Pierre Drieu La Rochelle ne pouvait publier ses premiers poèmes, qui sont à la fois une ode à la force brute, un appel à l'amitié entre les peuples européens jetés dans une atroce « guerre civile » et un long soupir fataliste (bref du fascisme romantico-littéraire avant l'heure) qu'en 1917. Apollinaire ne pouvait inventer le terme de surréalisme qu'en 1917. Freud ne pouvait imaginer le concept du surmoi qu'en 1917. Malevitch ne pouvait peindre ses premiers « carrés blancs sur fond blanc » qu'en 1917.

    Dans votre livre, vous vous attardez aussi sur plusieurs figures qui vont faire le XXe siècle. Quel intérêt de raconter leur vie en 1917 ?

    Parce que 1917 a changé leur vie. Et parfois celle de leurs contemporains. Je pense par exemple à la création du premier centre anticancer par Marie Curie ou aux quatre équations du rayonnement gravitationnel établies par Einstein dans sa chambre glaciale de Berlin dont il ne sort quasiment plus. Quant aux grands leaders politiques du XXe siècle, tous ont vu leur destin s'accélérer cette année-là: convalescent après avoir été blessé au front, Mussolini bascule dans la conviction que les futurs anciens combattants formeront une communauté politique après-guerre et que son pays a besoin d'un homme « qui connaisse le peuple, soit son ami, le dirige et le domine, quitte à lui faire violence » ; Hitler, lui aussi blessé et convalescent, se forge son antisémitisme paranoïaque en constatant qu'il y a, à l'arrière, un « nombre élevé » de Juifs dans les bureaux qu'il met en parallèle avec « leur rareté sur le front » ; Mao Zedong publie son premier article dans une revue pékinoise où il élabore une doctrine visant à établir « un homme nouveau » et un « ordre nouveau » afin de lutter contre «les quatre démons du monde» que sont l'Eglise, l'Etat, le capitalisme et la monarchie ; De Gaulle, prisonnier en Allemagne, tente à plusieurs reprises de s'évader et se jure de plus jamais subir cette humiliation suprême pour un soldat qui est de ne pas pouvoir combattre ; Mac Arthur connaît ses premiers problèmes avec sa hiérarchie ; par son activisme, Gandhi arrache aux Britanniques la promesse de discussions sur une réforme du statut de l'Inde, etc.

    S'il fallait retenir une œuvre qui décrit le mieux 1917 ?

    « 1917: l'initiation d'un homme », de John Dos Passos, immense auteur américain trop souvent sous-évalué en raison de l'ombre de son contemporain et frère d'armes et de plume Ernest Hemingway. Et le tableau de Félix Vallotton que j'ai choisi pour la couverture de mon livre. Presque abstrait, d'un graphisme exceptionnel, il représente un champ de bataille noyé sous des faisceaux lumineux, dans des nuées de gaz, des incendies et des pluies diluviennes. On y voit une nature écrasée et… aucun être vivant. Comme si toute humanité avait été effacée de la surface de la Terre. Il annonce notre époque de plus en plus déshumanisée, où la machine et les robots semblent sur le point de triompher.

    « En rompant avec leur isolationnisme traditionnel pour venir en aide aux démocraties occidentales, les Américains ont inauguré leur leadership mondial et opté pour un statut de gendarme du monde »

    Jean Christophe Buisson est écrivain et directeur adjoint du Figaro Magazine. Il présente l'émission hebdomadaire Historiquement show4 et l'émission bimestrielle L'Histoire immédiate où il reçoit pendant plus d'une heure une grande figure intellectuelle française (Régis Debray, Pierre Manent, Jean-Pierre Le Goff, Marcel Gauchet, etc.). Il est également chroniqueur dans l'émission AcTualiTy sur France 2. Son dernier livre, 1917, l'année qui a changé le monde, vient de paraître aux éditions Perrin.

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    1917, l'année qui a changé le monde de Jean-Christophe Buisson, Perrin, 320 p. et une centaine d'illustrations, 24,90 €.

    Alexandre Devecchio

  • Livres • Le secret de Pierre Boutang : retour sur l'ouvrage de Stéphane Giocanti

     

    Pierre Boutang a été et reste l'un de nos maîtres, comme on eût dit plus volontiers en d'autres temps. Mais un maître au sens de George Steiner, un maître duquel on apprend, mais avec qui l'on dialogue, dans une relation vivante, où parfois s'affirment divergences ou développements. Et à la différence des Maurras, Daudet, Bainville, nombre d'entre nous ont approché, connu, écouté, interrogé un Pierre Boutang de chair et d'os, qualités et défauts confondus. L'excellente recension qui suit du dernier ouvrage de Stéphane Giocanti nous le fait redécouvrir tel qu'en lui-même. Nous la devons à Philitt, un site de réflexion philosophique et culturelle qu'il faut, selon nous, connaître et faire connaître. LFAR   

    Après une biographie consacrée à Charles Maurras (Flammarion, 2006), Stéphane Giocanti s’attaque à l’un des plus talentueux disciples du maître de l’Action française : Pierre Boutang (Flammarion, 2016). Ce livre nous permet de découvrir un personnage complexe et souvent sous-estimé, de l’étudiant facétieux au philosophe virtuose en passant par le talentueux polémiste.

    Une des choses qui ravit lorsqu’on évoque le nom de Pierre Boutang, c’est qu’on sait d’emblée – à la différence des intellectuels d’aujourd’hui – qu’on peut le nommer écrivain ou philosophe. Car Boutang, bien qu’il ne soit pas si loin de nous – il meurt le 27 juin 1998 – était incontestablement les deux. Il avait à la fois l’âme d’un poète et celle d’un métaphysicien. Dans sa biographie consacrée à l’auteur d’Ontologie du secret, Stéphane Giocanti dresse le portrait d’un homme dont la complexité déroutera plus d’un lecteur, trop habitué que nous sommes au monolithisme de nos contemporains. D’abord normalien et militant de l’Action française, maréchaliste puis giraudiste pendant la Seconde Guerre mondiale, soutien de De Gaulle dans l’espoir de voir le comte de Paris succéder à ce dernier, disciple de Maurras renonçant petit à petit à son antisémitisme pour finir fervent défenseur d’Israël… Boutang est insaisissable bien que toujours mû par l’idéal monarchique et par son catholicisme.

    Jeune, Boutang se distingue par sa beauté, par sa force physique et par sa verve. Ce Rimbaud aux mains de paysan est aussi espiègle que charmeur. Il envoûte ses professeurs autant que ses camarades. Giocanti nous dépeint avec talent cette période de la vie du philosophe. On ressent nettement la tension inhérente chez Boutang entre sa curiosité intellectuelle inépuisable et son tempérament dionysiaque – qui va de ses nombreuses conquêtes à son besoin de faire le coup de poing. Ainsi, il manque d’être exclu de l’école Normale pour avoir réservé un accueil très spécial à Jean Zay qui venait donner une conférence en Sorbonne « Pour répondre à cette personnalité politique, qui en 1924 a comparé le drapeau français à un « torchecul » dans un poème antimilitariste, l’étudiant répand de haut en bas des murs de l’École quantité de papier hygiénique », raconte Giocanti. Mais dans le même temps, Boutang est un élève brillant, lecteur compulsif qui impressionne ses professeurs que sont, entre autres, Vladimir Jankélévitch, Gabriel Marcel et Jean Wahl. « […] il recopie ou commente Nietzsche, Kierkegaard, Hegel, Platon, Pascal, Bergson, rédige toute une dissertation sur le langage, commente l’article que Jean Wahl vient de consacrer à Karl Jaspers dans la Revue de métaphysique et de morale », souligne le biographe.

    La vie d’étudiant fut également pour Boutang l’occasion de rencontres décisives : Philippe Ariès, Raoul Girardet – tous deux futurs historiens de renom – Maurice Clavel, qui sera un écrivain et journaliste célèbre, puis celle qui deviendra sa femme, Marie-Claire Canque. Giocanti tient à montrer que, si Boutang est très fidèle en amitié, il l’est moins en amour. Le couple était déjà un petit miracle en soi : lui militant Action française, elle imprégnée d’un humanisme de gauche. Mais Boutang ne peut s’empêcher d’user de son charme sur les femmes. Il multipliera les conquêtes, les trahisons qui seront, en partie, à l’origine d’un de ses ouvrages les plus importants Le Purgatoire, son chemin de croix philosophique. « De son mariage, Boutang dira rétrospectivement qu’il a été heureux autant qu’il était possible », note Giocanti qui veut témoigner de ce pessimisme amoureux propre à Boutang.

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      Stéphane Giocanti                 Boutang parlant à Maurras

     

    S’il faut trouver un défaut au travail remarquable de Giocanti, il concerne le récit de la Seconde Guerre mondiale. L’auteur perd Boutang de vue pour parler en détail de la rivalité entre le général de Gaulle et le général Giraud. Si cette contextualisation a un sens puisque le « maréchaliste » Boutang a choisi le camp de Giraud pendant la guerre avant de célébrer De Gaulle dans les années 60, Giocanti s’éloigne un peu trop de son entreprise biographique pour aller sur le terrain de l’analyse historique. Pendant un chapitre entier, Boutang est un peu délaissé et on ne le retrouve véritablement que quand l’auteur se décide à aborder l’après 1945. On retiendra néanmoins la position complexe de Boutang dans ce conflit. Boutang reste fidèle à Maurras et soutient le maréchal Pétain. Pourtant, il ne se sent pas du tout proche de l’administration de Vichy et abhorre l’esprit de collaboration. Boutang se mobilisera pour faire sortir du camp de Drancy son ancien professeur Jean Wahl qui lui en sera reconnaissant toute sa vie. L’historien Simon Epstein dira de l’auteur d’Ontologie du secret qu’il fut « résistant à sa manière ». En lisant Giocanti, on comprend d’ailleurs que ce n’est pas le « maréchalisme » de Boutang qui lui a posé problème après la guerre mais bien plutôt son giraudisme. Sans doute aurait-il été ministre, comme Malraux, s’il avait rejoint Londres en 1940, dira de lui un ami.

    L’avènement d’un philosophe

    Boutang a 29 ans quand la guerre se termine. Philosophe royaliste et catholique, il doit ferrailler avec les existentialistes, les structuralistes et les marxistes qui dominent la scène intellectuelle française. Il mènera son combat depuis deux revues qu’il dirigera successivement, Aspects de la France puis La Nation française. Avec ce deuxième titre, Boutang veut donner un nouveau souffle à la pensée monarchique affaiblie depuis la mort de Maurras en 1952. « Le projet est de dépasser ce qui a été tenté à Aspects de la France et de tracer une voie intellectuelle et politique nouvelle. Il s’agit de créer un laboratoire d’idées et un espace de débat, de relever le royalisme politique et doctrinal », précise Giocanti avant d’ajouter que Boutang entendait résumer la ligne éditoriale du journal par une boutade : « Ne pas être trop bête. » Longtemps, cette carrière de polémiste va retarder le destin philosophique de Boutang qui éprouve beaucoup de difficultés à se retirer du monde. Il faudra attendre 1973 – il a alors 57 ans – pour que soit publiée sa thèse Ontologie du secret dans laquelle il a mis toutes ses forces. Ferdinand Alquié salue une « prouesse » tandis que Gabriel Marcel, son vieux maître, évoque un « monument ». De son côté, George Steiner parle d’un « rendez-vous décisif ». « Avec Ontologie du secret, Pierre Boutang s’impose comme un penseur à la fois considérable et singulier. Ce traité, qui est aussi le journal de bord d’une pensée qui se construit, aborde les fondements mêmes de l’ontologie et de la métaphysique, en examinant les articulations entre l’être et le secret », explique Giocanti.

    Dès lors, ce Boutang consacré peut envisager de rejoindre la Sorbonne. Il est élu professeur de métaphysique le 12 mars 1976. Mais son passé de militant politique le rattrape et une campagne est lancée pour l’empêcher d’enseigner dans cette prestigieuse université. Jacques Derrida, Pierre Vidal-Naquet, Pierre Bourdieu ou encore Luc Ferry font partie des signataires. Ils mettent en doute le sérieux philosophique de Boutang et lui reprochent d’avoir ressuscité « la presse d’extrême droite ». L’alliance des libéraux, des marxistes et des structuralistes contre le philosophe royaliste et catholique est un échec. Les défenseurs de Boutang sont nombreux, d’Emmanuel Levinas à André Froisard en passant par René Schérer. Avant que François Mitterrand, alors Premier secrétaire du Parti socialiste, ne rappelle : « […] la liberté de nos adversaires n’est-elle pas un peu la nôtre ? » En dernière instance, c’est le talent de professeur de Boutang, sa générosité aussi, qui légitimeront sa place à la Sorbonne. « Pédagogue de la liberté intérieure, Boutang donne aux étudiants l’occasion de rompre avec le conformisme marxiste et freudien ambiants, mais il leur offre surtout la possibilité d’interroger les textes comme ils ne l’ont pu auparavant, avec des recours à l’étymologie, aux comparaisons entre les langues, et des parallèles inattendus qui surgissent pour éclairer une notion, ouvrir un problème… », souligne Giocanti.

    Universitaire controversé mais respecté, Boutang pourra enfin se consacrer à l’essentiel : la philosophie. Après Ontologie du secret (1973), c’est Le Purgatoire (1976), Apocalypse du désir (1979) ou encore Maurras, la destinée et l’œuvre (1981) qui contribueront à forger sa réputation de penseur de premier plan. Cent ans après sa naissance, la biographie de Giocanti apparaît comme un hommage nécessaire à cet homme hors du commun qui aura traversé le XXe siècle comme une comète. 

    Crédits photo : Rue des Archives/mention obligatoire©Louis Monier

    Philitt

  • Culture & Société • Luchini : « Péguy, Zola, Marx et moi... Des cimes de la littérature aux mornes plaines de la politiq

     

    Par Vincent Trémolet de Villers    

    ENTRETIEN - Fabrice Luchini pose sur notre époque [Figaro - 31.01] le regard ébahi d'un exilé dans son propre monde. Tout l'accable, tout l'amuse et, quand il joint aux bonheurs de l'esprit l'acuité du moraliste, notre langue retrouve, comme par miracle, sa pureté cristalline et son propos nous captive. Luchini est un membre éminent de la cohorte grandissante des antimodernes. Et cela n'est pas indifférent pour l'évolution des idées, des esprits de la France contemporaine en crise aigüe. Quant au sujet de son prochain spectacle qui tourne autour de l'argent, est-il utile d'en souligner l'actualité ?  LFAR  

    Est-ce du théâtre, un spectacle, une conversation ? C'est une forme unique : la sienne. Depuis vingt-cinq ans, Fabrice Luchini monte en scène avec pour seule troupe les ombres de nos grands écrivains. Elles lui tiennent compagnie pour une profonde et jubilatoire polyphonie. Poésie ? *, son spectacle construit autour du Bateau ivre, triomphe depuis deux ans et vient d'être récompensé par un Globe de cristal. Au Théâtre du Montparnasse, ils sont près de huit cents, chaque soir, à venir l'écouter dire Rimbaud, Labiche et Céline.

    À la fin du mois de mars, en parallèle de ce spectacle, il débute une lecture autour de l'argent. Péguy, Zola, Marx, Bruckner tracent le profil de l'âme humaine sur le revers d'une pièce de monnaie. Ce sera au Théâtre des Déchargeurs**. Nommé aux César (catégorie meilleur acteur) pour son rôle de bourgeois burlesque dans Ma loute, le film de Bruno Dumont, le comédien poursuit inlassablement son travail sur la puissance du verbe.

     

    Vous entamez à la fin du mois de mars une lecture de textes autour de l'argent. Pourquoi l’argent ?

    La crise des subprimes est à la base de cette lecture. C'était en 2008. J'étais totalement traumatisé par cette crise financière. Je regardais C dans l'air quatre fois par semaine : on nous disait que c'était la guerre, qu'on était en 1929. Dans ce désastre, on voyait apparaître les économistes. On ne les avait jamais vus avant. Depuis, ils sont devenus des stars sublimes : Élie Cohen, Philippe Dessertine, Christian Saint-Étienne, Michel Didier, Bernard Maris. Ils disaient des mots incompréhensibles : « Fonds toxiques », « effet dominos » … Je voulais comprendre.

    Êtes-vous parvenu à comprendre ?

    Pas vraiment. J'appelle Philippe Dessertine, je l'invite à déjeuner. C'était rue de l'Abbaye. Dessertine me dit : « Tout se joue ce week-end » puis, il ajoute : « Heureusement, on a Musca. » Musca ? Je lui demande qui est Musca. C'est un génie, me dit-il, le secrétaire général de l'Élysée, il vole entre Berlin, Londres, Hongkong. Hongkong ! Je le relance sur les fonds toxiques. Il me dit : « Prenons un exemple, la Société générale. » Je blêmis. Je lui demande pourquoi il choisit cette banque. Il me répond que c'est un exemple. Je m'inquiète. Je sors de table pour appeler ma banque, la Société générale. Mon envie de compréhension de la macroéconomie disparaît : je ne pense plus qu'à mon assurance-vie. Je veux vider mon compte tout de suite, maintenant ! Si tous les Français avaient réagi comme moi, nous aurions eu une émeute. « L’argent rend fous les gens », c'est par ces mots de Jules Romains que je commence ma lecture. C'est une vérité indiscutable.

    Comment avez-vous construit cette lecture ?

    Pendant ces année-là, j'ai passé du temps avec Dominique Reynié et d'autres économistes à parler de ces sujets. Je voulais résolument faire un spectacle sur l'argent mais je ne savais pas par quel bout l'aborder.

    Pourquoi ?

    Un spectacle sur l'argent, c'est la fausse bonne idée. On ne peut pas circonscrire le problème. J'ai abandonné le projet. Je l'ai repris il y a quelques mois, en sélectionnant des écrivains qui abordent la question : Péguy, Guitry, Pagnol, Bruckner, Jean Cau… Il y a aussi un texte de Marx qui explique que l'argent vient compenser les impuissances. « Je suis laid », dit Marx, mais je peux avoir la plus belle dans mon lit, donc je ne suis pas laid. Ce qui est terrifiant pour Marx dans l'argent, c'est qu'il réconcilie tous les contraires et donc il déréalise toutes les vraies substances de la personnalité, de l'identité.

    Quel est votre rapport à l’argent ?

    Je n'arrête pas d'essayer d'objectiver ce que gagnent les gens que je vois. Ce qu'ils ont en TVA, en masse salariale. « Masse salariale » : c'est un mot que j'adore. « T’en es où au niveau de la masse salariale ?» Ça crée un contact, ça enclenche une conversation. On manque souvent de sujet de conversation. Si je déjeune avec Finkielkraut et qu'il me renseigne sur Heidegger, je ne lui parle pas « masse salariale ».

    Vous gagnez beaucoup d'argent…

    Je gagne très bien ma vie. J'ai certainement dû être très inquiet jusqu'à 35 ans. Pas tellement généreux. Je viens d'un milieu où le soir mon père terminait ses quinze heures de travail en comptant la caisse. C'était un acte ritualisé. Tout était éteint, il était 9 heures du soir et mon père comptait les pièces que lui avaient rapportées les salades, les pommes de terre, les carottes et les fruits. La caisse était au centre de notre vie. Je ne suis pas du tout né dans une famille de professeurs qui voteraient à gauche et qui trouveraient que l'argent est sale. Pour mon père, l'argent n'était pas sale. Nous habitions rue Bachelet et le soir il lisait en se collant à la fenêtre pour avoir la lumière du lampadaire de la rue, ce qui lui évitait d'allumer nos lampes. Ça faisait des économies.

    Et vous ?

    Je n'ai aucun mythe de l'abondance, du généreux qui invite. En revanche, je ne suis absolument pas avare. J'aimais énormément mon père, il avait tous les droits, mais aujourd'hui je suis allergique à l'avarice. C'est trop violent. Mon père avait une vraie cohérence dans l'avarice. Il ne voyait personne. Il n'avait aucun ami. Une fois, je lui montre deux personnes dans la rue et je lui dis : « Évidemment, vous ne vous invitez pas, mais tu leur parles au square, quand même ?» Il me répond : « Oh oui, c'est les seuls », et arrive cette phrase : « Ils sont aussi cons que nous. » Un silence. Il poursuit : « Ou disons qu'on est aussi cons qu'eux. » C'est du Schopenhauer !

    Au cœur de cette lecture, il y a un long extrait de L'Argent, de Charles Péguy…

    Péguy est la matrice de cette lecture. Pourtant, il était très loin de moi, Péguy. À tort. Je le plaçais à côté de Léon Bloy : le chrétien exalté complètement dément. J'avais une vague référence qui me revenait et qui disait que sa maman empaillait des chaises. Mon professeur Jean-Laurent Cochet répétait : « La paille en dessous était faite comme les cathédrales. » À part cela, je n'avais pas de rapport à Péguy.

    Alors pourquoi Péguy ?

    Pourquoi Péguy ? Parce que dans l'écriture de Péguy, il y a des ressemblances avec Bach. Pourquoi Péguy ? Parce qu'il y a chez lui une haine de la modernité et j'y suis toujours assez sensible. Il y a une langue, de la répétition : il faut aller dans le secret. Dans la tête de quelques-uns, Péguy, c'est poussiéreux, c'est la France moisie. Pour d'autres, c'est le socialiste, le catholique, l'héroïque défenseur de Dreyfus. Mais moi, je me fous des commentaires. L'écume, c'est le travail des intellectuels. Le mien consiste à rejoindre les courants profonds. J'essaye de remonter à l'origine. Comment on arrive à cette écume ? L'acteur doit être dans une innocence qui frise la bêtise. Avant de chercher à commenter Péguy, je cherche à retrouver ses rythmes, son humeur.

    Mais il y a une vision du monde chez Péguy…

    Disons qu'il n'est pas très « revenu universel », le Péguy. C'est même l'anti-Benoît Hamon puisqu'il ne cesse de dire que « travailler, c'est prier ». Alors que je n'ai ni la grâce ni la joie d'avoir la foi, je continue, par Nietzsche, de tourner autour du christianisme ; mais avec Péguy je reconnais qu'on entre dans quelque chose qui est de l'ordre du mystère. Écoutons cette voix qui remonte du fond des âges : « Nos vieux maîtres, nos bons maîtres n'étaient pas seulement des hommes de l'ancienne France. Ils nous enseignaient au fond la morale, je dirai même l'être de l'ancienne France. » Il continue : « Ils nous enseignaient la même chose que les curés et les curés nous enseignaient la même chose qu'eux. » Quand il décrit Paris, on dirait de la sociologie contemporaine : « La population est coupée en deux classes si parfaitement séparées que jamais on n'avait vu tant d'argent rouler pour le plaisir, et l'argent se refuser à ce point au travail. Et tant d'argent rouler pour le luxe et l'argent se refuser à ce point à la pauvreté. » En 1910, Péguy voit l'horreur de la financiarisation du réel !

    Qu'est-ce qui distingue une lecture d'un spectacle ?

    Une lecture n'impose aucune obligation de représentation théâtrale. L'exercice que je vais commencer sera un exercice austère, dans une salle minuscule, à peine 70 personnes. C'est une lecture écologique. Je minimise les émissions de CO2, je réduis mon bilan carbone.

    Vous en êtes à près de 300 représentations pour Poésie ? Comptez-vous arrêter le spectacle ?

    Je ne vais pas arrêter Poésie ? pour une raison simple : depuis une vingtaine de jours, je crois être un peu moins incorrect sur Le Bateau ivre. Tant qu'il y a de la demande, je n'arrête pas, et la demande continue. Manifestement, un certain public a encore le goût des textes de Molière, Rimbaud ou Céline. Et j'éprouve une grande joie à aller au Théâtre du Montparnasse.

    Comment expliquez-vous ce succès phénoménal ?

    Qui sait ce qui motive celui qui réserve son billet pour Poésie ? Si je suis optimiste, je songe à la belle formule de Yasmina Reza, qui me confiait à la fin du spectacle : « J’ai compris pourquoi je suis française. » Si je suis pessimiste, j'imagine que les spectateurs se disent : « Bon, il y a de la culture mais on ne s'ennuie pas. » Pourquoi les gens adhèrent-ils ? C'est un mystère. Dans le spectacle, j'essaye simplement de mêler ma petite vie à la grandeur de nos textes. Le miracle, c'est de faire un spectacle qui a de la drôlerie sans céder au fascisme de l'obligation du divertissement.

    Les spectateurs sortent enthousiasmés !

    Peut-être avaient-ils besoin de se retrouver dans notre langue…

    N'êtes-vous pas lassé ?

    Pas du tout. J'ai la chance de servir Rimbaud, Nietzsche, Molière. Est-ce qu'un interprète se lasse de jouer les Partitas de Bach ?

    Les politiques viennent vous voir. Comment jugez-vous la parole politique ?

    Délicat, comme question. Devenir orateur ou maîtriser l'art du récit demande des décennies. Cela fait trente-cinq ans que j'y travaille. La restitution d'un texte englobe une obsession quasiment mystique. Ce n'est pas avec quatre séances qu'un homme politique peut trouver son médium (qu'il m'arrive moi-même de perdre). Les rythmes, les sons, l’amplitude : là sont les vrais problèmes. Comment être ample sans être grandiloquent ? Comment être entendu pour produire l'écoute et comment ne pas crier pour ne pas produire l’inconfortable ?

    Vous lirez aussi du Jean Cau…

    Les portraits écrits par Jean Cau, ça frôle le Saint-Simon.

    Toujours antimoderne ?

    Toujours aussi insensible au concept de progrès. Quand il y a des discours merveilleusement emphatiques sur l'horreur de cette cochonnerie de société, j'y souscris. Notre société est absurde. L'Amérique a fait gagner un président simplement parce qu'il a fait le buzz sur une coupe de cheveux. Moi, en tant que coiffeur, la présence de Trump, avec sa mèche, ses cheveux qu'il a piqués à des singes en voie d'extinction, cela me pétrifie. Comment voulez-vous croire à la société ?

    Êtes-vous inquiet ?

    Entre le Chinois qu'a pas l'air marrant, Trump et ses cheveux délirants, Poutine et ses airs impénétrables, disons que je ne suis pas optimiste. Mais je ne l'ai jamais été. La seule question, dit Cioran, est la suivante : « Est-ce que l'homme était utile ?» Il raconte que dans les dîners mondains il partait toujours le dernier « parce que celui qui partait en premier, tout le monde le massacrait ». Ce n'était pas des gens méchants, c'était des gens gentils. Mais c'est comme ça, dès que quelqu'un part, « on se le fait ».

    C'est sombre…

    Il faut se méfier du pessimisme aussi. Il peut devenir une convention et un autre conformisme comme l'enthousiasme mécanique. Le pessimisme des écrivains que j'aime tourne parfois à la posture. C'est une autre doxa, un politiquement correct inversé.

    Il vaut donc mieux être Philinte qu'Alceste…

    Mon éthique de 2017 ? C'est pas la faute des autres et je ne juge personne

  • Culture • Quand Alexandre Astruc dialoguait avec Pierre Builly pour Je Suis Français ...

     

    Alexandre Astruc est mort le 19 mai dernier, il y a un mois ... En décembre 1981, il avait donné un long entretien au mensuel d'Action française Je Suis Français. Nous le reprenons aujourd'hui. Nous ne nous doutions pas, alors, qu'il était aussi proche de l'Action française, aussi lié aux milieux maurrassiens qu'on pourra - pour certains - le découvrir ici, dans ce dialogue avec Pierre Builly.  Lafautearousseau  

     

    Je Suis Français : Alexandre Astruc, je ne vous connaissais, comme tout le monde, que pour être un cinéaste connu, un des Pères de la Nouvelle Vague, et puis, un jour, en lisant votre roman « Quand la chouette s’envole », je suis tombé sur une page qui m'a étonné, dans laquelle vous écriviez, en parlant de votre héros, « il n’avait jamais lu une ligne de Maurras mais, bizarrement, c'était toujours avec les maurrassiens qu’il s’entendait le mieux ». Ces lignes m'ont mis la puce à l’oreille : j'ai lu vos autres livres, j’y ai trouvé la même résonance, le même son, les mêmes tendances. Je ne sais si votre fascination - ou, peut-être, votre tendresse - pour Maurras est marquée d'une stricte orthodoxie mais, en tout cas, j’ai trouvé en vous lisant un personnage dont je ne savais pas qu'il était tel, mais qui était … intéressé ? amusé ? fasciné ? par la Monarchie.

    Alexandre Astruc : Il s'est passé dans ma vie une chose extrêmement curieuse. J'ai été élevé dans un milieu de gauche : ma mère dirigeait un journal qui faisait partie des publications de Lucien Vogel, qui était le beau-père de Marie-Claude Vaillant-Couturier. Bizarrement, pendant l’occupation, je me suis mis à lire « Je suis partout » ; je n'adhérais évidemment pas aux idées de ce journal puisque je souhaitais ardemment la défaite de l’Allemagne. Un jour, en remontant la rue Soufflot, quelqu'un s'approche de moi et me dit : « Vous lisez Je Suis Partout ? ». Je lui réponds oui assez agressivement. Il me dit : « Nous sommes si peu ». Je lui indique qui il se trompe, que je ne suis pas un lecteur engagé. Je ne sais s'il m'a cru, mais cette petite aventure m'a marqué !

    Qu'est-ce qui vous intéressait dans « Je Suis Partout » ? La qualité de ses rédacteurs, les idées qu'ils développaient ?

    C'était d'abord la qualité littéraire - Brasillach. Rebatet - ­mais c'était aussi ... Comment dire ? La « forme » de gauche ne me séduit pas : je suis attiré vers la « forme » de droite. A la Libération, j’ai travaillé dans des journaux qui étaient — automatiquement — des journaux de gauche, comme « Combat ». On m'a envoyé couvrir le procès de Brasillach. J'ai été scandalisé, je l’ai dit et j’ai reçu une lettre d’Isorni qui m’a dit que Brasillach avait lu mon article dans sa cellule et qu'il me remerciait.

    Aujourd'hui, quand je fais le point, je m'aperçois que les amis qui me restent sont tous des gens qui viennent du maurrassisme, comme Michel Déon. Jacques Laurent ou Roland Laudenbach, mon ami le plus cher.

    En fait, mes réactions - que je ne peux justement pas dire ataviques — sont toujours des réactions classées à droite : j’ai réagi contre la perte de l’Indochine, contre la perte de l’Algérie ; je n'ai jamais été gaulliste. Actuellement, nous sommes dans un régime socialiste qui me fait peur. Vraiment, je réagis à droite.

    Votre attitude est due au mélange d'un droitisme épidermique et d'amitiés maurrassiennes.

    L'un et les autres sont évidemment liés. Mais je ne dois pas cacher qu'au cours de ma vie, j’ai eu, par moments, des attitudes d'extrême-gauche : lorsque Marcellin a interdit « La Cause du peuple », j'ai trouvé ça absurde et scandaleux. J’ai protesté dans la rue arec Sartre et je me suis fait arrêter — pour quelques heures.

    Avez-vous « conceptualisé » - quel mot pédant – ces « pulsions » - quel mot idiot - ou êtes-vous resté au stade viscéral ? Comment pourrait-on définir en quelques mots votre attitude et votre pensée politique ?

    Je pense que je suis un anarchiste de droite.

    Comme beaucoup d’écrivains ou d'artistes que nous avons rencontrés !

    Mais il faut que j'insiste sur le fait que, pour moi, la Révolution française n'est pas du tout positive.

    Il y a plusieurs acceptions du terme « droite ». Pour reprendre les thèses de René Rémond, il y a la droite orléaniste — qu'on pourrait assimiler, aujourd'hui, au giscardisme - la droite bonapartiste — est-ce le chiraquisme ? — et la droite légitimiste — le royalisme.

    J'hésite entre la droite légitimiste — dont je ne vois malheureusement pas comment elle pourrait accéder au pouvoir — et la droite orléaniste. J'ai soutenu Giscard et j’ai été atterré par son échec.

    Avez-vous soutenu Giscard ou plutôt combattu Mitterrand ?

    J'ai soutenu Giscard. Et j'ai été très choqué qu'une partie de la droite, dont mon ami Pierre Boutang, ait appelé à voter Mitterrand.

    Autrement dit, non seulement Mitterrand vous apparaissait comme quelqu'un de très dangereux mais, de plus, vous aviez de la sympathie pour Giscard. L'homme Giscard ? Les idées défendues par Giscard ?

    C’est difficile à démêler. J'ai une certaine sympathie pour l’homme, bien que je lui reproche beaucoup de choses, mais il y avait plus.

    Nous vivons dans une République. Je ne pense pas que le retour à la Monarchie soit possible. Dans cette République, moi qui n'étais pas gaulliste, qui n'ai jamais été socialiste, ni communiste, j'ai rencontré dans le giscardisme quelque chose qui me convenait.

    Plus que le chiraquisme ?

    Chirac représente effectivement ce qu'on peut appeler la droite bonapartiste. Or je crois que le bonapartisme conduit automatique­ment au fascisme, à la tyrannie. Tocqueville dit très bien cela. Je ne crois pas à l’égalité. Je crois à la liberté, qui était certainement plus protégée sous la Monarchie qu'elle ne l’est dans un régime issu du suffrage universel.

    Changeons de sujet. Je voudrais vous poser une question plus directement en rapport avec votre notoriété : vous n’avez plus tourné de films de cinéma depuis 1968. Est-ce là une décision ou un état de fait ?

    Ce n’est pas une décision. Faire un film est très difficile, vous savez ! J'ai eu la chance de faire un premier film, « Le Rideau Cramoisi » qui a eu un très grand succès de prestige. J'ai fait d'autres films qui ont eu un succès d'estime, mais dont aucun n'a réellement marché, et je me suis trouvé en face d'un vide : ayant du mal à faire un film, je me suis mis à écrire, chose à laquelle j'ai toujours pensé.

    Votre premier roman est d'ailleurs antérieur à votre premier film.

    Oui, mon premier livre date de 1945 et s'appelle « Les vacances ». Mais — nous quittons là complètement la politique — je me suis aperçu que j’étais trop jeune pour écrire, qu'il fallait que j'attende. Bernanos dit qu'on ne peut pas écrire avant 40 ans. Cet ainsi que pour moi c’est venu. J’ai commenté à rédiger « Ciel de cendres »...

    Qui a obtenu le Prix Roger Nimier. Mais vous avez tout de même continué à tourner, sinon pour le cinéma, du moins pour la télévision. Avez-vous rencontré dans ce domaine plus de facilités matérielles ?

    C'est un engrenage. J'avais envie de faire un « Louis XVI » — c'est certainement un penchant monarchiste — et j'ai proposé cette idée à Marcel Jullian, qui l’a acceptée. Puis, sur la lancée, j'ai fait plusieurs autres choses.

    Votre désengagement du cinéma ne concerne-t-il que vous ? Quelles sont les possibilités de créations d'un cinéaste français par rapport aux multinationales du cinéma ?

    Quand on voit le nombre de films de jeunes metteurs en scène qui sortent, on ne peut pas dire que le cinéma français soit étouffé par les multinationales.

    Sans doute. Mais vous faisiez un cinéma particulièrement français. Le fait même d'avoir adapté « Le rideau cramoisi », puis « Une vie » ou « L'Education sentimentale », c'est-à-dire de vous être référé à Barbey d'Aurevilly à Maupassant ou à Flaubert, d'avoir choisi des œuvres imposantes de notre littérature me parait une réaction très particulière. D'autres auteurs vont aller choisir des thèmes très cosmopolites — le roman policier, par exemple - qui peuvent se tourner pratiquement partout. Puis, vous avez été un créateur d'école, avec la caméra-stylo. La Nouvelle Vague...

    Il est certain que, lorsque j’ai décidé de faire du cinéma, automatiquement et tout naturellement, je me suis tourné vers la littérature française.

    Par goût, mais aussi, sans doute, parce que vous étiez Français.

    Oui, c'est vrai. A un moment, je me suis demandé si je n'allais pas essayer d'émigrer aux Etats-Unis. Je ne pense pas que ce soit pour moi possible. Je crois que je suis —bizarrement — trop français.

    Vous avez tourné Louis XI pour la télévision. Si vous alliez voir un producteur de cinéma en lui proposant un tel sujet, il ne marcherait pas. Or, la télévision l'accepte. Le cinéma permet-il aujourd'hui à un créateur de faire une œuvre profondément enraci­née ?

    Désormais, il faut faire des films à bon marché et prendre des sujets « dans le vent ». Tout ça ne me dit rien.

    Vous êtes plus ambitieux.

    C'est vrai. Mais attention ! J'ai la plus grande admiration — et sur ce point je suis en désaccord avec la pensée de droite — pour l'Amérique et le cinéma américain.

    Je ne vous cache pas que, dans nos colonnes, nous écrivons volontiers que si l’URSS est l’ennemi n°1, les Etats-Unis sont l'ennemi n°1 bis — on pourrait même intervertir cet ordre. Pour nous, le plus grand danger est la dépersonnalisation, l'homogé­néisation du monde, le règne des Mc Donald's, du Coca-Cola et de la planche à roulettes.

    C'est une discussion que j'ai déjà eue avec des royalistes. Pour moi, on ne peut mettre en balance le danger soviétique et le danger américain. Je crois que c'est absurde. Il y a d'un côté un danger réel, absolu, un danger de colonisation complète de notre territoire, un danger d’asservissement, et de l'autre côté, quelque chose qui se traduit dans des manières d'être sans doute agaçantes, mais finalement peu graves. J'irai plus loin : je trouve malhonnête de comparer les deux dangers.

    Nous pensons que l’impérialisme culturel américain a une très lourde part de responsa­bilité. Il est évident que ce que nous reprochons aux Etats-Unis n'est pas d'être les Etats-Unis, bien au contraire ; ce n'est pas d'avoir inventé le western, d'avoir Faulkner, Steinbeck ou Hemingway, Dos Passas, Lovecraft ou Edgar Poe. Ce que nous reprochons, c'est le cosmopolitisme exporté —    qu’ils le veuillent ou non — par les Américains. Car l'Amérique ne nous exporte pas Faulkner, mais la drogue, les sectes et la musique pop.

    Je crois que c’est là un petit bout du problème. J'adore l'Amérique et les Américains. Vous ne me convaincrez pas !

    Alors, abordons un autre thème. Dans vos livres, vous mettez dans la bouche d'Hector, un de vos héros favoris, ancien camelot du Roi, un peu cagoulard, giraudiste et antigaulliste, des paroles sur lesquelles je voudrais avoir votre sentiment : « les Allemands se trouveront muselés, mis en état de liberté surveillée, enserrés dans un réseau d'alliances et de traités militaires qui leur ôteront l'envie de recommencer de jouer les guignols. Enfin, il faut faire l'Europe ». C'est la conclusion d'Hector. Est-ce également la vôtre ?

    Si vous me demandez quel est le plus grand danger que court l'Occident, je répondrai que c'est la réunification de l'Allemagne avec la bénédiction russe.

    Nous sommes entièrement d'accord sur ce point-là !

    La pensée d'Hector, qui est de réarmer l'Allemagne, s'inscrit dans cette obsession.

    Vous parait-il absolument nécessaire que ! Allemagne devienne une alliée privilégiée, mais tellement enserrée dans des traités qu'elle ne puisse se réunifie

  • Les Grecs indépendants, une extrême droite ?

    Photo : Panos Kemmenos, leader des Grecs indépendants. 

    Par Yves Morel

    L’accès au pouvoir d’Alexis Tsipras en Grèce n’a été possible qu’avec l’appoint des 13 députés des Grecs indépendants qui a permis à Syriza, la formation du nouveau Premier ministre, d’obtenir la majorité à la Boulè (fixée à 151 sièges, quand elle en disposait de 149). Un ralliement qui, quoique jugé prévisible par quelques politiques et observateurs, a surpris tout le monde. Les deux formations sont, en effet, aux antipodes l’une de l’autre. Coalition de la gauche radicale incluant des alternatifs de sensibilité écologiste, des socialistes anticapitalistes marxisants, proche à la fois, sur l’échiquier politique français, d’Attac, du NPA, du Front de Gauche, des Alternatifs et de l’aile gauche des Verts, Syriza n’a rien en commun avec les Grecs indépendants, nationalistes, conservateurs, favorables à l’entreprise privée, et très liés à l’armée et à l’Église orthodoxe.

    Les deux partis se sont pourtant retrouvés sur leur plus petit dénominateur commun : leur hostilité à l’euro, le refus de la politique d’austérité imposée par Bruxelles et la renégociation du remboursement de la dette grecque. Et la capitulation de Tsipras à Bruxelles ne semble pas avoir entamé cette alliance limitée à ce seul point.

    Un parti souverainiste dirigé par un grec francophile

    Où situer les Grecs indépendants (Anexátítí Éllines, soit ANEL)? Leurs positions souverainistes les apparentent, à l’esprit de beaucoup, à Debout le France de Nicolas Dupont-Aignan. Et, de fait, les deux mouvements sont nés d’une rupture d’avec leur formation d’origine, qui se trouvait être le grand parti conservateur de leur pays : Debout la France (DLF) fut d’abord, et jusqu’en 2008, un courant de l’UMP, et Dupont-Aignan, un élu de cette formation avant de la quitter ; les Grecs indépendants, quant à eux, fondés en février 2012, sont une dissidence de Nouvelle Démocratie, dont Kammenos fut député. De plus, ce dernier affiche ouvertement ses affinités souverainistes avec Dupont-Aignan, lequel ne lui ménage pas son soutien public ; les deux hommes se sont rencontrés, s’apprécient, et Kammenos a pris publiquement la parole lors d’un meeting de DLF.

    Leurs relations sont d’autant plus aisées que Kammenos parle couramment le français et connaît très bien notre pays, sa sensibilité et sa culture ; après avoir été élève d’un lycée français de Grèce, il a effectué ses études supérieures de sciences économiques, de gestion des entreprises et de psychologie à l’université Lyon II, puis à Lausanne, en Suisse romande. Les deux partis et leurs leaders respectifs combattent l’euro, la politique européenne commune pilotée par la Commission européenne, la tyrannie des critères de convergence et la limitation draconienne des déficits budgétaires, le culte monétariste de la devise forte, la mondialisation et le libéralisme sans frontières, la disparition des souverainetés nationales au profit du marché mondialisé, de la technocratie de bruxelloise et de la loi des bourses et des grandes banques.

    Proche de DLF ou du MPF ?

    Cependant la ressemblance s’arrête là. Car quant au reste, les différences et les oppositions apparaissent en nombre. En effet, Dupont-Aignan et DLF sont des républicains laïcs, relativement progressistes, dont le gaullisme orthodoxe se nuance assez fortement de mendésisme, les rapprochant en cela du Pôle républicain et de la gauche chevènementiste. A l’opposé, Kamennos et les Grecs indépendants s’ancrent résolument à droite, défendent la religion et la morale chrétiennes, entretiennent les meilleurs rapports avec l’Eglise orthodoxe, réprouvent les mesures laïques votées ces dernières années en Grèce (mariage civil, partenariat civil pour les couples homosexuels, laïcisation de l’enseignement) et combattent résolument le multiculturalisme et l’immigration. En fait, ils s’apparentent beaucoup plus au Mouvement pour la France (MPF) de Philippe de Villiers qu’au DLF de Dupont-Aignan ; leurs vues coïncident en tous point avec ceux du Vendéen, la seule petite différence résidant en la différence confessionnelle, l’ANEL se réclamant de la religion orthodoxe quand le MPF fait fond sur le catholicisme ; ceci dit, tous deux promeuvent l’idéal d’une civilisation chrétienne. Mais ce n’est pas seulement sur les questions d’éthique et de société que se situent les affinités entre l’ANEL et le MPF : les deux formations se ressemblent également par leur nationalisme économique.

    Toutes deux sont hostiles au grand marché européen sans frontières découlant de l’Acte unique européen et de l’institution de l’euro, des critères de convergences et contraintes budgétaires en découlant, de la Banque Centrale Européenne, se prononcent en faveur du protectionnisme patriotique et revendiquent le droit, pour leurs nations respectives, de mener une politique commerciale extérieure conforme à leurs intérêts propres et à leur parcours et traditions historiques. Ce patriotisme économique était ouvertement revendiqué en France par Philippe de Villiers et Jimmy Goldsmith en 1894-1897, et il l’est aujourd’hui en Grèce par l’ANEL. Kamennos préconise la conclusion d’alliances économiques fécondes de la Grèce avec la Russie et la Chine et considère avec un optimisme allègre la position géographique de son pays qui, selon lui, peut devenir la plaque tournante des exportations chinoises vers l’Europe, le Moyen-Orient et l’Afrique septentrionale. C’est avec enthousiasme qu’il annonce « la résurrection de la route de la soie à la fois sur terre et sur mer ». Et, ministre délégué à la Marine marchande, dans le second gouvernement de Kostas Karamanlis (2007-2009), il a décidé la conclusion d’un accord avec le groupe chinois COSMO attribuant à ce dernier une concession de trente ans dans la station de conteneurs du port du Pirée (30 novembre 2008).

    Un parti d’extrême droite ?

    L’ANEL, parti des Grecs indépendants, est donc, assurément, un parti de droite, nationaliste, chrétien, hostile à l’Europe communautaire. Il est le jumeau intellectuel et moral du MPF français bien plus que l’équivalent approximatif du DLF de Dupont-Aignan, nonobstant les relations amicales entre les deux partis. Doit-on l’assimiler à l’extrême-droite, à l’instar de Daniel Cohn-Bendit, qui voit en Kamennos « un homophobe, un antisémite et un raciste » et considère l’alliance de Syriza avec l’ANEL comme un « scandale » ?

    Il conviendrait d’abord de clarifier cette notion d’ « extrême droite », tout comme d’ailleurs celle d’ « extrême gauche ». Quel(s) critère(s) permet(tent) de qualifier un parti d’ «extrême » ou d’«extrémiste » ? De l’avis général des politologues et des historiens contemporainistes, un parti peut être qualifié ainsi lorsqu’il préconise – idéologiquement, éthiquement et institutionnellement – une rupture radicale avec le régime dont il combat le gouvernement, et l’édification d’un nouveau système politique et social fondé sur des valeurs et une vision de l’homme et du monde en opposition avec lui. Tel n’est pas le cas de l’ANEL qui ne préconise pas un changement de régime et critique les orientations des grands partis habituellement au pouvoir en Grèce sans contester pour autant la démocratie libérale et parlementaire instaurée par la constitution de 1974. Les Grecs indépendants réclament certes un contrôle sévère de l’immigration, l’exclusion des clandestins, défendent une morale chrétienne rigoureuse, plaident la cause de l’exemption d’impôts de l’Eglise orthodoxe, se prononcent contre la banalisation de l’homosexualité et le mariage gay et lesbien, critiquent la « culture » du rap, du tag, du reggae et des tam-tams, défendent la tradition culturelle hellénique, mais tout cela reste parfaitement compatible avec la démocratie libérale.

    Et le fait que M. Kamennos soit décoré de l’Eglise orthodoxe tchèque et du Grand Patriarcat de Jérusalem ne fait pas de lui un champion de la théocratie. Quant à l’accusation d’antisémitisme, lancée à propos de la critique de l’exemption d’impôts des juifs, musulmans et bouddhistes (et, à ce sujet, pourquoi ne pas parler également de racisme anti-arabe ou anti-asiatique ?), elle est bancale : dénoncer le privilège indu d’une communauté (en l’occurrence de trois communautés différentes) au nom de la simple égalité devant la loi ne relève pas du racisme. Du reste, l’ANEL ne conclut guère d’alliances qu’avec des partis reconnus comme démocratiques. Aucun des partis du groupe parlementaire européen auquel elle appartient ne peut être sérieusement et de bonne foi taxé d’opposition à la démocratie et aux libertés publiques. Et nous avons vu quels liens cordiaux l’unissaient au DLF de Dupont-Aignan, indubitablement républicain et laïc. En fait, le seul parti d’extrême droite et antidémocratique de la Grèce actuelle est l’Aube dorée. Rappelons, pour clore ce point, qu’en France, l’ultra gauche elle-même n’a pas critiqué le choix de Syriza de s’allier à l’ANEL, qu’il s’agisse d’EELV (de par son porte-parole Julien Bayou, à Athènes au début de cette année et ardent soutien de Syriza), ou du parti communiste (de par les propos récents de Pierre Laurent), qui ont estimé qu’un tel accord pouvait offrir pour la Grèce des perspectives intéressantes.

    La même relativisation de cette notion d’extrémisme vaut pour Syriza. Cette formation, née de l’alliance de divers partis et associations allant de la gauche marxiste aux représentants d’un idéal humaniste et social-démocrate modéré en passant par les altermondialistes et les écologistes, a été située à l’extrême gauche, alors que rien, dans son programme – au demeurant critiquable sur bien des points – n’indique l’ambition d’édifier une société collectiviste ou anarchiste et une volonté de rupture d’avec la « démocratie bourgeoise » libérale et parlementaire, le capitalisme, la libre entreprise. Le simple fait pour un parti de refuser la mondialisation néolibérale, la financiarisation de l’économie, la soumission aux lois du marché et aux fluctuations boursières, et la tyrannie de la Commission européenne, de la BCE et des « critères de convergence », ne suffit pas à le classer à l’ « extrême gauche » ; de même que l’adhésion à l’idée d’instituer la taxe Tobin sur les transactions financières (critiquable, elle aussi), n’est pas le fait des seuls gens de d’extrême gauche ou simplement de gauche (des centristes comme François Bayrou et des hommes de droite comme Jacques Chirac et Paul-Marie Coûteaux s’y sont ralliés).

    Ni Syriza ni ANEL ne sont des partis extrémistes, ni Alexis Tsipras ni Panos Kamennos ne sont des extrémistes désireux d’instaurer, le premier une république populaire teintée d’écologisme et de libertarisme sociétal, le second une théocratie nationaliste. Ces deux mouvements et leurs meneurs respectifs ne sont que les expressions différentes, certes opposées mais complémentaires, du refus d’une Europe supranationale destructrice des peuples.

    En réalité, l’ANEL et son alliance au pouvoir avec SYRIZA montrent surtout l’inanité de la traditionnelle classification des formations politiques en éventail allant de l’extrême gauche à l’extrême droite, et révèlent que la défense de la civilisation, de la tradition et de la nation excèdent les trop habituels et spécieux clivages politiques et sont parfaitement compatibles avec la défense des intérêts économiques et sociaux du peuple.   

    Docteur ès-lettres, écrivain, spécialiste de l'histoire de l'enseignement en France, collaborateur de la Nouvelle Revue universelle