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  • Les secrets de l'Islam en 4 mots : 1° le Coran (85), par Jeunesse si tu savais et Poussières d'étoiles.

    JEUNESSE SI TU SAVAIS

    https://www.facebook.com/jeunessesitusavais/

    https://www.jeunesse-si-tu-savais.fr/

     

    POUSSIERES D'ETOILES

    https://www.poussieresdetoiles.fm/

    Ouvrez le lien du site à l'aide du moteur de recherche GOOGLE CHROME.

    https://www.youtube.com/channel/UCvYtt4Ws_Uc4Cj0LeLCoEJQ/videos

     

    Et voici le quatre vingt cinquième article (aussi en vidéo/audio) qu'ils nous ont adressé, en attendant la suite...

    Voici quelques poussières pour mieux comprendre ce qui se passe en France et dans le monde aujourd’hui. D'abord les racines du Coran... AVEC UNE NOUVELLE VIDEO 

    https://www.poussieresdetoiles.fm/uploads/newscast/0/0/64/e4325fd0-309b-42ae-b24d-06f650c6312b.mp3

    Suite à des interventions que nous avons faites au Conseil de l’Europe et au Parlement Européen, voici quelques poussières pour mieux comprendre ce qui se passe en France et dans le monde aujourd’hui. Pour éviter l’amalgame, mais pas se voiler la face.

    L’univers de l’Islam pourrait se résumer en quatre mots : Coran, Islam, Islamisme et Musulmans.

     

    1° CORAN

    Le Coran – dont nous n’avons des premiers exemplaires écrits que du IXe et Xe siècle - aurait été rassemblé à partir de documents plus anciens dont on a retrouvé certaines traces qui datent d’avant le Coran complet. Coran qui est cette parole rassemblée ou dictée - à ses disciples - par Mahomet (qui vivait au VIIe siècle) et complétée par des hadiths, c’est-à-dire des commentaires qui dateraient de la même époque.

    Pour les croyants musulmans Mahomet est le Prophète de l’Islam et le Coran inspiré par Dieu ou même enseigné par un ange. On doit l’accepter comme tel ainsi que son contenu sans discussion ou débat.

    Pour ceux qui n’appartiennent pas à cette religion, il est possible d’analyser le Coran comme d’autres écrits religieux (ou non). Selon des découvertes et des analyses récentes, le Coran lui-même et ses hadiths semblent être inspirés par des écrits et des témoignages antérieurs. On voit là rassemblés un certain nombre d’éléments que l’on retrouve pour les uns dans des évangiles apocryphes et pour les autres dans la Torah de l’Ancien Testament ainsi que dans des écrits chrétiens des siècles précédents. A partir de ces études et comparaisons on peut découvrir dans les textes du Coran lui-même qu’il est question de groupes de « Nazaréens » qui auraient eu un contact particulier avec Mahomet. Le Coran ressemble à une synthèse entre l’Ancien et le Nouveau Testament avec des ajouts supplémentaires du temps de Mahomet, au VIIe siècle, voire au-delà, au temps des califes, jusqu’au IXe siècle.

    A l’époque de Jésus un certain nombre de ses disciples voyait en Jésus le Messie, mais un Messie libérateur terrestre qui allait restaurer le royaume d’Israël – en le libérant du joug des Romains – et rétablir la royauté de David. Ils ont été forcément déçus par la crucifixion, la résurrection voire même la montée de Jésus au Ciel. Les laissant seuls avec l’occupant qui allait même détruire toute la ville de Jérusalem moins de 40 ans plus tard… Et ils ont gardé un sentiment d’échec et sont restés dans l’attente d’un Jésus -véritable libérateur du peuple juif et d’Israël- qui allait revenir bientôt. Ils ont imaginé - pour ce royaume que Jésus n’avait pas pu établir, ce royaume enfin libéré qui n’avait pu advenir - que la cause en était que les populations et leurs chefs n’étaient pas encore prêts à l’accueillir (puisqu’ils l’avaient laissé être crucifié) et qu’il fallait travailler d’abord à préparer le chemin du Seigneur, préparer les routes du Messie (comme avait commencé à le faire Jean-Baptiste). Que les populations soient soumises à l’esprit de Dieu, afin que le Messie revienne pour établir un règne de paix pour de nombreuses années. En passant ainsi par un messianisme terrestre, un messianisme où l’on règne sur le monde directement.

    Cette tradition de messianisme terrestre a subsisté chez ceux que l’on a appelé les « Judéo-Nazaréens » pendant de nombreux siècles (et même au-delà du VIIe siècle). C’est cette même inspiration qui semble avoir été transmise à Mahomet et à ses compagnons arabes qui l’ont repris dans leurs écrits du Coran et des hadiths.

    Ils l’ont mis en marche. L’objectif était de « libérer » Jérusalem et ensuite d’aller préparer le monde entier – « Préparez le chemin du Seigneur, aplanissez sa route » (Luc 3,4). Ce projet a commencé à être mis en œuvre à partir de Mahomet et de ses compagnons et continué par ses successeurs notamment les califes. « C’est Nous, en vérité, qui hériterons la terre et tout ce qui s’y trouve, et c’est à Nous qu’ils seront ramenés. » (Sourate 19.40.)

    (A voir en "Poussières d'étoiles" les 3 autres mots: Islam, Islamisme et Musulmans.)

  • Phénomène de masse ? Une société de drogués, c’est déjà presque une société de zombies ! D'accord avec de Benoist !

     

    Par Alain de Benoist

    TRAVAUX DIVERS - Largeur +.jpgCet entretien donné à Boulevard Voltaire [8.02] pointe avec justesse, lucidité et pertinence un facteur important de désagrégation de nos sociétés dites occidentales. Il a raison de noter que ce phénomène a partie liée avec un certain capitalisme, tel qu'il s'est développé dans le monde moderne ou postmoderne. Les analyses d'Alain de Benoist - que nous partageons en l'espèce - intéressent bien-sur l'intérêt national et européen.   LFAR   

     

    3650118671.7.png

    L’éternel serpent de mer revient avec le débat sur une possible légalisation du cannabis. Certaines régions des États-Unis viennent, d’ailleurs, d’en autoriser la vente à « usage récréatif ». En France, le gouvernement annonce un aménagement des sanctions frappant ses utilisateurs. On se souvient que les Américains n’ont jamais autant bu que sous la prohibition. Le combat est-il perdu d’avance ?

    Précisons, d’abord, que la légalisation et la dépénalisation ne sont pas la même chose et qu’en France, les autorités ne s’orientent, pour l’instant, ni vers l’une ni vers l’autre. Selon la législation actuelle, les fumeurs de joints sont, en principe, passibles d’une peine d’un an de prison. Comme on compte environ 700.000 fumeurs quotidiens, si l’on appliquait la loi, il faudrait transformer des villes ou des régions entières en prisons. C’est donc une loi inapplicable – et il n’y a rien de tel, pour discréditer la loi, que de la rendre inapplicable. En rendant l’usage du cannabis justiciable d’une simple contravention, on rend au moins la loi applicable. C’est donc le contraire d’une dépénalisation. (Vous remarquerez que, dans l’immédiat, rien n’est prévu pour les drogués au Nutella.)

    Les stupéfiants sont aussi vieux que l’humanité. Il en était fait, autrefois, un usage religieux, chamanique ou divinatoire. Freud était cocaïnomane, Nabokov morphinomane, Rimbaud et Pierre Loti fumeurs d’opium, Antonin Artaud a eu recours à toutes les drogues, Ernst Jünger a essayé le LSD. Le problème ne commence vraiment que lorsque la drogue devient un phénomène de masse : une société de drogués, c’est déjà presque une société de zombies. Quant aux États-Unis, qu’on y légalise maintenant le cannabis (la coke et le crack s’y consommant déjà à la tonne) alors que fumer une cigarette dans la rue suffit presque à vous faire considérer comme un terroriste, disons qu’ils nous surprendront toujours…

    C’est en grande partie grâce à l’interdiction des stupéfiants, et donc à leur trafic, que nos « cités sensibles » demeurent relativement « tranquilles ». Si ces substances venaient à se retrouver en vente libre, les mêmes « banlieues » exploseraient pour de bon. Le prix à payer pour cette paix sociale vous paraît-il trop élevé ?

    Le principe du racket mafieux, c’est : Tu payes pour ta « protection » ou on casse tout ! La « loi des banlieues », c’est la même chose : Tu laisses faire le trafic ou ce sera l’émeute ! Cela n’a rien à voir avec une éventuelle légalisation du cannabis. Si celle-ci se produisait, les bandits et les voyous se reconvertiraient instantanément dans un autre trafic juteux, et la situation serait la même. Faire reposer la « paix sociale » sur des concessions faites à la pègre, cela revient à reconnaître que c’est elle qui a le pouvoir de décision.

     

    L’INSEE annonce qu’à partir du mois de mai, à la demande de l’Institut européen des statistiques, il va intégrer le trafic de drogue dans le calcul du produit intérieur brut (PIB). Faites-vous partie de ceux qui s’en indignent au motif qu’il est « immoral » de considérer que la drogue fasse partie de la richesse nationale ? 

    Ceux qui s’en indignent sont des naïfs : ils croient encore que l’économie a quelque chose à voir avec la morale ! Mais ce sont surtout des gens qui n’ont absolument pas compris ce qu’est le PIB. Le PIB ne mesure pas la richesse mais la croissance qui résulte de l’activité économique, sans s’interroger sur les causes de cette croissance ni sur la nature de cette activité. Le PIB ne mesure nullement le bien-être, mais seulement la valeur ajoutée des produits et des services ayant fait l’objet d’une transaction commerciale, quelle que soit la source, positive ou négative, de ces échanges. C’est la raison pour laquelle il comptabilise positivement l’activité économique qui résulte des accidents de la route, des catastrophes naturelles, de certaines pollutions, etc. La tempête de décembre 1999, par exemple, a été comptabilisée comme ayant contribué à une hausse de la croissance de l’ordre de 1,2 %. Le PIB, d’autre part, ne tient aucun compte de la dégradation de l’environnement ni de l’épuisement des ressources naturelles. Ce qui est stupéfiant, ce n’est donc pas qu’il intègre le trafic de drogue ou la prostitution dans ses statistiques, mais qu’il y ait encore des gens pour être en extase devant la croissance mesurée par le PIB.

    À l’instar de tous les autres commerces, celui de la drogue est désormais mondialisé. Le criminologue Xavier Raufer se désole que cette « économie grise », représentant près de 15 % du PNB mondial, intéresse assez peu les économistes et les politiques. Qu’est-ce que cela nous dit sur celui de nos sociétés ?

    Cela nous dit qu’à l’échelle mondiale, la part de l’illicite ne cesse de croître par rapport à celle des activités licites. Mais cela nous dit surtout, et c’est beaucoup plus grave, que les deux domaines deviennent de plus en plus indiscernables. Il y a belle lurette, en effet, que les profits faramineux des narcotrafiquants sont allés s’investir dans des sociétés industrielles et financières tout à fait légales, ce qui a encore renforcé leur pouvoir. Dérégulation aidant, pratiquement toutes les banques utilisent de l’argent sale, et très peu sont condamnées. Système capitaliste et crime organisé ont, ainsi, peu à peu fusionné. Entre le narcotrafic, le crime, la corruption, la spéculation à haute fréquence (à la vitesse de la nanoseconde), les contrefaçons et les pratiques frauduleuses, ce sont des centaines de milliards de dollars qui se promènent ainsi dans le monde. Lisez, à ce propos, le livre de Jean-François Gayraud sur « Le Nouveau Capitalisme criminel » (Odile Jacob, 2014). Il est éclairant.  

    Intellectuel, philosophe et politologue

     
     
    Entretien réalisé par Nicolas Gauthier
  • Justice • Jacques Trémolet de Villers : Mos Majorum

     

    PAR JACQUES TRÉMOLET DE VILLERS

    Le lundi 20 novembre, le barreau de Paris honorait quelques-uns de ses illustres membres dont la réputation méritée se voyait accorder la Médaille du barreau de Paris. Le bâtonnier de Paris, Maître Frédéric Sicard, et le vice-bâtonnier, Maître Basile Ader, présidaient cette cérémonie. Notre ami Jacques Trémolet de Villers était parmi les récipiendaires. C'est justice ; c'est le cas de le dire. Nous lui adressons les félicitations de Politique magazine et de Lafautearousseau ... . À l'heure où l'antique palais de justice va déménager - en partie - porte de Clichy, dans un immeuble de verre et d'acier de 160 mètres de hauteur, notre ami et chroniqueur habituel nous a fait parvenir un billet d'humeur et d'humour. 

     

    3444282921.2.jpgLe 20 novembre dernier, le Barreau de Paris honorait ses Anciens. J’aurais pu écrire, comme Cicéron, « les Vieillards », mais le terme si rempli d’honneur, il y a quelques deux mille ans, a, aujourd’hui, une connotation péjorative qui entraine l’incompréhension.

    Nous étions donc quelques-uns, dans la haute salle de la Bibliothèque de l’Ordre en ce palais de l’Île de la Cité que nous allons quitter, à recevoir, pour nos cinquante et, voire, soixante ans d’exercice, la médaille des vieux travailleurs.

    Je n’aime pas beaucoup les décorations. Sans doute est-ce pour cela que je n’en ai aucune. Mais cette médaille du Barreau de Paris, délivrée à l’ancienneté, comme les autres promotions, m’a rempli de doux souvenirs et de sereines méditations.

    Parmi les plus anciens – les vrais vieux qui nous dominent d’une décennie –, nous distinguons Henri Leclerc, dont tout le monde sait, en dehors de son talent, son engagement à gauche, et François Gibault, dont l’allure cavalière et aristocratique dit qu’il se situe, de façon quasi génétique, à l’opposé. Mais ces opinions passagères ne comptent pas ici, quand la seule passion de la Défense unit les hommes dont une même robe habille les paroles et les sentiments. À côté des hommes célèbres, de moins connus, de plus obscurs, non pourtant dénués de talent, recevaient aussi le prix de leur persévérance. Et le Barreau de Paris apparaissait ainsi toujours le même dans ses apparentes oppositions. Mais n’est-ce pas notre grâce particulière d’être, à la fois, tous les jours, adversaires et confrères ? L’escrime du procès est notre quotidien et la courtoisie des armes notre façon d’être. Retrouver des confrères, c’est retrouver des contradicteurs. Chaque souvenir est une bataille, gagnée, perdue,… indécise.

    Le Bâtonnier, d’une voix forte, a dit à chacun son mérite et, tous ensemble, nous avons posé pour la « photo souvenir », sous les armes du Barreau de Paris « d’un temps qui était moins démocratique que le nôtre », a dit le Chef de notre Ordre, devant ces nuages où les anges portent les fleurs de Lys.

    Demain, nous serons dans une tour dont je ne sais combien elle a d’étages, en béton, fer et vitres, aux Batignolles, près du périphérique. Nos salles d’honneur ne s’appelleront plus Saint-Louis, Berryer, d’Aguesseau ou Tronchet, mais Badinter et Simone Veil. Petites anicroches concédées au temps qui passe. Quel temps long durera cette tour de fer et de verre ? Et qui saura, dans deux siècles, qui étaient Robert Badinter et Simone Veil ? Les célébrités de l’instant s’évanouiront avec lui. Le marbre et les pierres conservent plus sûrement les gloires temporelles et si une nouvelle et provisoire Cité judiciaire abritera notre Tribunal parisien, le vrai Palais de Justice, où siègent la Cour d’Appel et la Cour de Cassation, sera toujours au cœur de la Cité.

    Paris est une ville royale et notre justice, quand elle fête ses anciens, ne peut pas oublier ses fleurs de lys. Elles sont partout.

    Un éphémère Président de la Cour de Cassation avait bien essayé, dans le hall d’entrée de la juridiction qu’il présidait de nous imposer des petites pyramides entourant des obélisques lumineuses. Son successeur a fait rapidement enlever ces objets amusants, mais saugrenus, qui encombraient l’entrée de la Galerie Saint-Louis. Je ne suis pas cependant assez naïf pour ne pas imaginer que l’effort de déchristianisation de nos symboles qui est aussi une œuvre de défrancisation –car les deux vont ensemble, comme pour nous rappeler, si nous l’avions oublié, que France et Chrétienté marchent d’un même pas –, s’arrêtera-là. Nous devrons subir encore d’autres assauts. Mais chaque génération qui arrive revêt la robe, prête serment à la Première chambre de la Cour d’Appel dont la tapisserie montre la gloire de Daniel face aux mauvais juges qui accusaient la chaste Suzanne, et les cérémonies qui les accompagnent ne peuvent pas omettre que c’est à Philippe Auguste et à saint Louis que le Barreau doit d’être ce qu’il est. Les permanences sont d’autant plus ressenties que l’époque les a revêtues d’un aspect presqu’insolite. On ne va plus vers elles seulement par tradition, mais aussi par désir de renaissance. Elles inspirent le respect et peuvent aussi nourrir l’insolence. Les autorités séculaires sont sources de libertés très modernes. Il suffit d’un peu d’histoire pour le savoir.

    Ma médaille de vieux travailleur, porte un seul mot gravé « Justitia ». Il est latin et romain, comme l’effigie qui tient la main de justice, assise dans sa chaire curiale.

    Au dos, les lauriers forment une couronne.

    Ne manque que celui dont la tête à vocation à ceindre la couronne et la main à tenir la justice.  

    Jacques Trémolet de Villers

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    Future salle des pas perdus du nouveau palais de justice.

     
  • Ivan Rioufol : « La France à la merci des cités en guerre »

     

    Par Ivan Rioufol  

    « En se montrant prêt à acheter la paix civile, le pouvoir désemparé perpétue quarante ans de pleutrerie qui conduisent au séparatisme ethnico-religieux. » Mais il ne s'agit pas que d'acheter la paix civile. Il s'agit de poursuivre une politique, de servir une idéologie dont on connaît la définition. Une politique que gauche et droite ont poursuivie sans réelle discontinuité. Y compris en la personne de l'actuel et compromis candidat de la droite, François Fillon. De cette excellente chronique [Figaroxvox, 16.02], nous retiendrons surtout une phrase - la première - qui la résume en son entier : « La République n'est plus qu'un tremblement.  »  LFAR

     

    3958308008.jpgLa République n'est plus qu'un tremblement. Parce qu'elle redoute la perspective de banlieues en guerre, elle est prête à tous les apaisements, accommodements et autres mots sucrés. Lundi, le premier ministre a dit vouloir « lutter contre les discriminations », à l'issue d'un week-end d'émeutes en région parisienne. Bernard Cazeneuve a aussi reçu les organisations antiracistes, jetant le doute sur l'éthique des forces de l'ordre laissées seules face à une contre-société en ébullition. Un policier est en effet accusé d'avoir violé un Noir, Théo, 22 ans, avec sa matraque lors d'un contrôle antidrogue à Bobigny (Seine-Saint-Denis), le 2 février: une thèse réfutée par la police des polices qui a conclu à un accident. François Hollande s'est rendu au chevet de la victime. Il n'avait pas eu ce geste pour les deux policiers brûlés vifs dans leur voiture à Viry-Châtillon, le 8 octobre, par des « sauvageons » (Cazeneuve).

    En se montrant prêt, à nouveau, à acheter la paix civile, le pouvoir désemparé perpétue quarante ans de pleutrerie. Le séparatisme ethnico-religieux, en rupture avec la nation, résulte de cette inconséquence. Elle feint de croire qu'un peuple nouveau, majoritairement musulman, peut se fondre naturellement dans un vieux pays aux racines historiquement opposées. Le « vivre ensemble » est refusé par les cités ghettos. Les territoires perdus de la République ont empoché, tel un tribut, les centaines de milliards d'euros déversés depuis 1977 par la « politique de la Ville », sans se sentir solidaires de la société. Persister dans cette fuite en avant, comme le fait le gouvernement, est la pire des solutions : elle assigne les gens à leur condition d'assistés. Ceux-là voient dans l'État un coupable permanent sommé de raquer en réparation d'humiliations dont il est prêt à s'excuser platement. Les Français vont-ils encore accepter de financer ce marché de dupes ?

    La guerre civile qui vient, titre d'un récent essai de votre serviteur, est attisée par les « pacifistes » : ils refusent en effet de s'arrêter aux désordres nés d'une immigration de masse qui revendique ses différences, et au défi que pose l'islam radical dans sa conquête des banlieues laissées à elles-mêmes. Une enquête de l'Institut Montaigne (septembre 2016) a fait ressortir que 28 % de la population des cités, dont 50 % des jeunes, estiment que la loi islamique, la charia, l'emporte sur la loi française. Ces bombes urbaines sont couvées par l'État pusillanime. Non seulement il ne fait rien pour éteindre la poudrière, mais la gauche entretient le foyer en accusant les lanceurs d'alerte de « mettre de l'huile sur le feu ». Néanmoins, si les « progressistes » ont pu espérer imposer le silence sur ces thèmes, notamment en tentant de faire taire François Fillon, les voyous poussent ces sujets au premier rang dans le débat présidentiel. Les faits sont têtus.

    Poursuivre l'aplatissement devant les minorités victimisées est la voie qu'empruntent à leur tour ceux qui, de Jean-Luc Mélenchon à Emmanuel Macron en passant par Benoît Hamon, se gargarisent d'un humanisme qui rime avec clientélisme. Hamon a pris dans son équipe Salah Amokrane, signataire en 2005 d'un texte contre la France « colonial e». En Algérie, Macron a vanté « le pont vivant » qui unit les deux pays et qualifié la colonisation de « crime contre l'humanité ». Pour eux, la promotion de l'immigration extra-européenne et du multiculturalisme, cheval de Troie du djihad, sont les figures imposées par l'électorat qu'ils cajolent. Avec de telles politiques, les cités sont promises à s'asphyxier toujours davantage, sous les attendrissements de leurs protecteurs. Le « respect » que les belles âmes leur assurent cache un renoncement à imposer l'autorité publique. Ces soumis sont déjà vaincus.

    Rétablir un rapport de force

    Rien n'est plus complexe que de tenter de résorber la fracture des banlieues. L'immobilisme est la règle depuis les émeutes de 2005. Les causes sont d'abord à rechercher dans l'hypocrisie partagée par la droite et la gauche : elles ont cru que repeindre les cages d'escalier suffirait à amadouer une communauté déracinée. Mais rien n'est plus facile que l'attitude actuelle qui fait porter sur les forces de l'ordre le poids des fautes collectives. Police et gendarmerie sont perçues dans les banlieues comme des forces d'occupation étrangère. Elles sont reçues à coups de cocktails Molotov ou de tirs de mortiers. Les armes de guerre restent pour l'instant dans les caves. Les rappeurs ont aussi leurs mots qui tuent. Extraits de Face à la police, du Groupe 113 : « J'crie tout haut : “ J'baise votre nation ” (la France, NDLR)… On remballe et on leur pète leur fion » (parlant des policiers). Samedi, à Bobigny, des jeunes assaillants criaient « Allah Akbar ». Les consciences endormies et les provocations islamistes sont des dangers comparables.

    Continuer à expliquer par le seul chômage la haine antifrançaise est une paresse qui évacue le choc de cultures et ses intifadas. Outre les forces de l'ordre, les pompiers, les médecins, les enseignants, les journalistes sont devenus trop souvent des intrus dans ces enclaves. Les émeutes de quartiers « sensibles » fleurissent sur un terreau qu'ensemencent les colonisateurs. L'urgence est d'en finir avec cet angélisme qui interdit le rapport de force. L'État ne se fera jamais respecter par ceux qu'il infantilise et déconsidère. Les cités s'affirmeront toujours plus rebelles si la République ne vient pas y imposer l'ordre et la loi, quitte à en appeler à l'armée. La tolérance d'une démocratie libérale et ouverte s'arrête à la remise en cause de son modèle de civilisation. C'est pourquoi toute visibilité recherchée du dogme islamique est à ranger parmi les provocations qui méritent des réponses. L'interdiction du voile dans l'espace public est une question à poser.

    Ramper devant les menaces ?

    Les menaces belliqueuses d'une partie de la «diversité» servent d'arguments à ceux qui annoncent des guérillas en cas de victoire de François Fillon ou de Marine Le Pen, qui ont le nouveau totalitarisme en ligne de mire. Ces craintes confirment la peur qui mine une classe politique prête à ramper.

    La veulerie du show-biz

    Dans Libération, mercredi (voir mon blog): la veulerie des pétitionnaires du show-biz. Ils accablent la police, sans un mot sur ce qu'elle endure. À quand une pétition contre la lâcheté ? 

    « La gauche feint de croire qu'un peuple nouveau, majoritairement musulman, peut se fondre naturellement dans un vieux pays aux racines historiquement opposées. » 

    Ivan Rioufol           

  • Médine au Bataclan, la faille se creuse

     

    Par Gabrielle Cluzel

    Redisons-le : les excellentes chroniques qu'elle publie régulièrement dans Boulevard Voltaire - telle celle-ci qui date d'hier, font décidément de Gabrielle Cluzel l'un des excellents auteurs et journalistes de sa génération. Il faudra suivre ses publications avec attention comme nous en suivons et reprenons quelques autres avec cet esprit d'ouverture et de dialogue que Lafautearousseau pratique avec profit. 

    Rappelons pour ceux qui l'ignoreraient que Gabrielle Cluzel participe - d'ailleurs toujours brillamment - à certains de nos colloques et conférences, dont quelques unes sont les siennes propres.   LFAR

     

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    L’affaire « Médine » ressemble à s’y méprendre, dans son déroulé, à toutes celles du même registre qui l’ont précédée – qu’elles aient nom de Black M, Mehdi Meklat, Mennel, Maryam Pougetoux…

    Une fois de plus, la presse dite « mainstream » est à la remorque de la presse alternative. Elle court derrière, essoufflée, tente de raccrocher le wagon, en notable installé et ventripotent qui peine à rattraper la jeunesse – certes sans le sou mais svelte et rapide comme une gazelle. Au bon vieux temps de l’entre-soi, un 11 juin comme celui-ci, on se serait exclusivement concentré sur le nième succès de Nadal à Roland-Garros en dissertant à l’infini sur la beauté de son revers. Mais voilà, o tempora, o mores, il faut à présent compter avec les braconneurs de l’information, les manants du Web qui ont l’outrecuidance de venir chasser sur les prés carrés et, en plus, d’y lever des lièvres. Puisqu’il n’y a pas moyen d’y couper, on évoque donc, en ce lundi matin, la vague d’indignation suscitée par « Médine au Bataclan » qui monte sur les réseaux sociaux depuis 48 heures.

    Non contents d’avoir pris le train en marche, d’aucuns voudraient bien aussi ralentir la locomotive, voire couper le moteur. Ainsi lit-on ici (actu.orange) que le rappeur Médine « avait tenu par le passé des propos engagés et polémiques » (sic). Certes. « Crucifions les laïcards comme à Golgotha », c’est assez « engagé et polémique ». Comme il est plutôt peu consensuel d’exhiber sur son torse l’inscription « Jihad », en couverture d’un album du même nom, avec – détail raffiné – un sabre étincelant en lieu et place du J.

    Après l’euphémisation vient la justification : Le Huffington Post a exhumé un entretien des Inrocks de 2015 censé river leur clou aux protestataires, ces benêts qui prennent tout au pied de la lettre : « J’ai toujours utilisé la provocation comme un piège positif. L’idée est d’amener les gens par la provocation », confie celui qui chante aussi « J’mets des fatwas sur la tête des cons ». Et voilà, tout est clair. Cette théorie du « piège positif » est extrêmement limpide. C’est d’ailleurs, sans doute, la méthode de Dieudonné pour lutter contre l’antisémitisme, une cause qui, comme chacun sait, lui tient à cœur. Il suffit de savoir lire au 24e degré. De plus, rapporte Le Huffington Post, le rappeur « a mis de l’eau dans son vin ». À quoi peut donc ressembler une crucifixion diluée ? Et puis L’Obs a trouvé la cerise sur le gâteau, un rescapé du Bataclan qui soutient le rappeur et « tance Wauquiez, vent debout contre un concert de Médine ». Gros plan sur le monsieur, s’il vous plaît. Les autres, la multitude des indignés, ne compte plus.

    Une fois de plus, du côté des politiques, il en est pour ouvrir de grands yeux candides, comme Danièle Obono, et faire mine de ne pas voir le problème ou, plus culotté, comme Yassine Belattar (récemment nommé par Emmanuel Macron au Conseil présidentiel des villes) pour tenter, vite fait, la reductio ad hitlerum bon marché : « Désormais, vous vous attaquez à la programmation des salles ? Mais ça ne vous rappelle pas une époque ? » Étant entendu que sur l’île d’Utøya, on accueillerait sûrement à bras ouverts un chanteur qui prônerait, comme Breivik, l’exécution des marxistes (dans un esprit de provocation positive, hein).

    Mais surtout, une fois de plus aussi, et c’est là le plus intéressant, se creuse la nouvelle ligne de fracture, l’islamisme, qui, au moins l’espace d’une provocation, unit la droite et scinde la gauche.

    Sur la même rive, on vient en effet de voir – attelage improbable – Marine Le Pen, Virginie Calmels et Laurent Wauquiez, mais aussi Olivier Faure (PS), Laurent Saint-Martin (LREM). Et c’est ce mouvement de tectonique des plaques qu’il va être intéressant d’observer car, à chaque fois, le grand écart devient un peu plus douloureux. Et le sera encore plus quand viendront des échéances électorales. • 

    Ecrivain, journaliste

    Son blog

  • Mayotte, emblème tragique du mal français

     

    Par   

     

    TRIBUNE - Hyppolite Lachaize voit dans l'impasse à laquelle sont confrontés les habitants de Mayotte un exemple flagrant de l'irresponsabilité de nos politiques. Cette île de l'archipel des Comores connaît une prospérité artificielle, qui attire une immigration massive et impossible à maîtriser. Est-ce un succès si glorieux et si intéressant que d'avoir maintenu Mayotte dans la souveraineté française ? Et, qui plus est, de l'avoir départementalisée ? La question qui est posée ici (Figarovox, 7.03) mérite sûrement réflexion et, éventuellement, débat.  LFAR    

     

    Qui connaît vraiment Mayotte, située à 8 000 kilomètres de Paris, peuplée d'environ 250 000 habitants ? Vue du ciel, l'île se présente comme un joyau de l'océan indien, aux allures paradisiaques avec sa montagne qui plonge dans les eaux turquoise, ses plages de carte postale, sa forêt tropicale, son lagon et ses fonds marins exceptionnels. 

    Pourtant, ce paradis est devenu un enfer pour ceux qui y vivent : les bidonvilles y prolifèrent, l'environnement est dévasté par des décharges sauvages, des mouvements sociaux d'une rare violence se déchaînent et entraînent une paralysie de son économie et de sa vie sociale. La violence et la délinquance y sont le cauchemar de tous les habitants. Là-bas, la perspective d'être agressé, pillé et cambriolé hante la vie quotidienne. Jadis, spécialisée dans la production du parfum d'Ylang-Ylang, l'activité productive y est désormais quasi inexistante. Avec un taux de chômage de 40 %, Mayotte vit grâce aux transferts de fonds de la métropole, en particulier les salaires des fonctionnaires.

    Le 8 février 1976, les habitants de Mayotte ont choisi par référendum de rester français, contrairement au reste de l'archipel des Comores. D'ailleurs, l'Assemblée générale de l'ONU condamne la France, accusée d'y poursuivre la colonisation. Dans les années 1990, la France a fait le choix de la départementalisation de cette île. Elle est donc devenue, à l'initiative de François Mitterrand, confirmée par Jacques Chirac et par Nicolas Sarkozy, le 101e département français. Devenue un département comme un autre, Mayotte estime avoir droit aux mêmes droits et prestations que tous les Français...

    Le découplage entre le niveau de vie de Mayotte et du reste des Comores est au cœur du drame de cet îlot. Les transferts financiers de la métropole ont fait de Mayotte une enclave de prospérité dans un environnement dévasté par une misère indescriptible: son revenu par habitant, équivalent au tiers de celui de la métropole, est pourtant 15 fois supérieur à celui du reste de l'archipel, notamment d'Anjouan, à portée de kwassa-kwassa. Un seul exemple montre toute l'absurdité de la situation. Les Mahorais réclament, depuis la départementalisation, un alignement de leur RSA (aujourd'hui inférieur de 50 %) sur le droit commun. Or, un mois de RSA, au taux normal, équivaut à un an du revenu moyen du travail d'un habitant des Comores !

    Dès lors Mayotte subit un flux migratoire considérable et continu : plus de 40 % de sa population est composée d'immigrés en situation irrégulière. De fait, les familles et les clans comoriens se reconstituent à Mayotte, dans un ensemble de la même origine ethnique et de religion musulmane. Cependant cette masse d'immigration illégale produit des conditions de vie et d'exclusion sociale effroyables. À Mamoudzou, ville chef-lieu, un gigantesque bidonville est surnommé « la colline des immigrés ». Le phénomène se développe dans un vertigineux climat d'hypocrisie qui mélange le recours banalisé au travail clandestin et la montée des haines anti-immigrés.

    Le droit du sol, constamment exhibé comme un chiffon rouge par les politiques est bien loin d'être seul en cause. Les milliers de Comoriens qui débarquent en kwassa-kwassa sont attirés par la perspective d'y être soignés, de voir leurs enfants scolarisés et d'obtenir un travail illégal, dont la rémunération, même dérisoire, leur assurerait un niveau de vie incomparablement supérieur à celui des îles voisines. La vérité, c'est que la suppression du droit du sol à Mayotte n'aurait aucune incidence sur le destin d'un territoire, confronté à une réalité infiniment plus complexe.

    Alors pourquoi la France s'acharne-t-elle, depuis si longtemps, notamment à travers le choix de la départementalisation, à entretenir un îlot de prospérité artificiel à Mayotte, aux effets dévastateurs ? Mission civilisatrice de la République ? Le prétexte a bon dos… La vérité, que connaissent tous ceux qui ont servi à Mayotte, est bien plus triviale. Elle est politicienne, électoraliste. Les présidents français, depuis Mitterrand, y ont tous vu un réservoir potentiel de voix pour leur réélection ; certes modeste, mais il n'y a pas de petit profit. En attendant, le drame mahorais, engendré par des politiques irresponsables, est aujourd'hui sans issue sachant que même l'abrogation du droit du sol serait bien loin de suffire pour sauver Mayotte, otage de la politique politicienne, devenue une sorte d'emblème tragique du mal français.  

    Hyppolite Lachaize est le pseudonyme d'un haut fonctionnaire français.

  • SOLIDARITÉ KOSOVO !... : LES ENFANTS DE LA CLASSE DE MER 2021 SONT RENTRÉS CHEZ EUX AU KOSOVO-MÉTOCHIE

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    Site officiel : Solidarité Kosovo

    lafautearousseau "aime" et vous invite à "aimer" la page facebook Solidarité Kosovo :

    https://www.facebook.com/solidarite.kosovo/

    LES ENFANTS DE LA CLASSE DE MER 2021 SONT RENTRÉS CHEZ EUX AU KOSOVO-MÉTOCHIE

    Cela fait déjà presque une semaine que les enfants ont retrouvé leurs familles au Kosovo-Métochie. Une semaine qui a sans doute été occupée à raconter son séjour aux parents, aux frères et sœurs et aux amis et à se remémorer les bons souvenirs accumulés lors de ces 6 jours au Monténégro. Et des souvenirs, les trois derniers jours passés loin des enclaves en auront fourni leur lot !

    Il y a tout d’abord eu la visite du sous-marin de l’armée yougoslave qui trône à l’entrée du nouveau quartier de Porto Monténégro, construit précisément à la place de l’ancienne base navale de Tivat. On ne pénètre pas les entrailles de ce monstre d’acier sans un frisson, et les enfants – divisés en deux groupes pour l’occasion – se font plus silencieux au moment de passer la porte. Malgré les ouvertures pratiquées ici ou là pour laisser passer la lumière, et les deux portes ouvertes aux deux bouts du navire, on a soudain l’impression d’étouffer un peu. Et on imagine avec une légère angoisse la vie des dizaines de membres d’équipage qui devaient eux vivre ici sans voir la lumière du jour et sans respirer d’air pur. Le clou de la visite : le périscope, où chacun essaie d’apercevoir les mâts des bateaux gigantesques à quai à quelques centaines de mètres de là. Sans trop y parvenir. Et de se demander comment un capitaine pouvait bien guider son navire, et faire la guerre, sans avoir d’autres moyens de voir au-dehors que celui-ci.

     

    Le musée voisin est visité à son tour, dans une ambiance plus décontractée. On y découvre l’histoire de la base navale, on y admire des outils ayant servi à construire des dizaines de navires pendant des décennies – peut-être l’un d’eux a-t-il posé quelques pièces sur le sous-marin dont on vient de sortir ? L’intérêt est variable, certains enfants lisent tous les panneaux, d’autres se contentent de regarder les photos.

    La baignade de l’après-midi sera la dernière du séjour : le lendemain, chose rare dans cette baie protégée du large par deux bandes de terre successives, des vagues créées par un vent violent viennent s’écraser sur la plage en de hautes gerbes successives. Le spectacle est étonnant et superbe, mais l’accès à la mer est trop dangereux pour qu’on s’y risque avec 40 enfants dont certains savent à peine nager. On organise donc une dernière épreuve aux olympiades, épreuve elle aussi raccourcie à cause du vent. Les enfants ont donc quartier libre, et passent la fin de matinée et le début d’après-midi dans le jardin de l’hôtel, à discuter, courir, jouer, rire.

    Le village de Donja Lastva, où le bateau-mouche nous avait déposés quelques jours plus tôt, fait ce matin-là face à la mer déchainée.

    En milieu d’après-midi, la nouvelle se répand : ce soir, nous aurons une surprise ! Rapidement, la remise des prix est organisée, dans un coin à l’abri du vent. Les équipes ayant accumulé le plus de points lors des olympiades sont récompensées, sous les applaudissements nourris de leurs camarades. Boban, professeur d’art plastique, récompense aussi les dessins les plus beaux – dont certains témoignent d’un talent évident. Les sourires sont francs, mais déjà teintés d’une légère nostalgie : chacun sait que demain il faudra partir, se dire au revoir, dans certains cas pour ne pas se revoir avant bien longtemps.

    Une heure plus tard, nous sommes tous dans le car qui, demain, ramènera les enfants au Kosovo-Métochie. Pour l’heure, il roule dans une direction inconnue… ce qui ne trouble pas du tout les enfants qui rient joyeusement, profitant de ces derniers moments tous ensemble. Quelques jeunes filles, regroupées au milieu du car, entonnent des chants traditionnels serbes. Le silence se fait et tous se laissent bercer par ces jolies voix qui chantent l’amour de leur terre, la fierté de leurs ancêtres et l’espérance de jours meilleurs. Certains rejoignent le petit groupe, d’autres chantent depuis leur place. Alors que le car serpente sur des routes escarpées surplombant la mer, magnifique, nous vivons un petit moment de grâce, suspendu hors du temps.

     

    Un peu au nord de la ville de Budva, la mer est surplombée par une falaise de plusieurs dizaines de mètres. C’est au sommet de cette falaise que nous sommes accueillis, dans un restaurant offrant une vue panoramique sur la mer et le soleil couchant. Le maire de Budva ayant appris que nous étions à Tivat a souhaité offrir aux enfants une soirée et un dîner dans ce cadre enchanteur. Au pied du restaurant, des biches galopent au milieu des rochers. Plus loin, une ferme accueille des chevaux superbes ainsi que des vaches et des moutons, que nous irons visiter après le dîner. Alors que le soleil tombe à l’horizon, des danseurs en costumes traditionnels nous font une démonstration de danse de la région. Une équipe de télévision locale interroge quelques enfants, qui tous chantent les louanges de ce pays magnifique qu’ils ont découvert pendant une semaine, ainsi que celles d’Arnaud Gouillon et de Solidarité Kosovo, qui leur ont offert ce séjour.

    Puis la soirée s’achève et il faut repartir : demain matin, le car prendra la route tôt.

     

    Sur le chemin du retour, toute l’équipe s’arrête à Podgorica, capitale du Monténégro, pour visiter la cathédrale de la Résurrection, où les enfants vont s’incliner sur la tombe de Monseigneur Amfoilohije, évêque emblématique du Monténégro, décédé l’an dernier, pendant que son peuple s’élevait contre le pouvoir autoritaire qui voulait confisquer les terres de l’Église serbe orthodoxe dans tout le pays. Leur évêque en tête, les Monténégrins sont descendus par milliers dans les rues chaque semaine pendant plus d’un an; un bel exemple de courage et d’espérance dont le récit, près de cette tombe, n’aura pas manqué de marquer ces enfants qui auront tellement besoin de ces deux qualités tout au long de leur vie.

    Les enfants sont arrivés chez eux alors que la nuit était déjà tombée dans les enclaves. Nous n’avons aucun doute que cette semaine leur a non seulement offert un répit bienvenu mais leur a surtout redonné l’espoir d’une vie meilleure.

    Nous remercions encore infiniment tous ceux qui nous ont permis de financer ce séjour : tous les sourires que nous avons reçu pendant une semaine, c’est vous qui les avez fait naitre sur ces visages.

    Merci !

     

    Nous vous rappelons que vous pouvez regarder toutes les photos de ce séjour dans notre album Facebook, accessible même sans avoir de compte, en cliquant ici.

  • Doubler leur salaire comme le propose Hidalgo ? L’art de prendre les enseignants pour des pigeons, par Natacha Polony.

    Le diagnostic sur la paupérisation des enseignants est enfin posé.
    Hannah Assouline 

    La promesse d’Anne Hidalgo de doubler le salaire des enseignants à l’échelle d’un quinquennat relève d’une partition somme toute classique. Voilà déjà longtemps que les socialistes, comme les autres partis, ont abandonné toute réflexion sur l’école. Pourtant, sur ce sujet, il faut une de ces remises à plat que seules permettent les ruptures historiques, estime Natacha Polony. Pour une fois, nous pourrions ne pas attendre la catastrophe.

    Que faire, quand on est candidat à l’élection présidentielle pour le Parti socialiste, pour tenter d’exister ? Quand on n’a pas l’ombre d’un programme, ou d’une vision pour la France ? Quand même votre parti vous choisit par défaut, sans conviction, parce qu’il faut bien être présent à l’élection reine ? On se souvient que le Parti socialiste eut autrefois une clientèle, un électorat captif. Et l’on bat le rappel avec tambours et grosse caisse.

    La promesse d’Anne Hidalgo de doubler le salaire des enseignants à l’échelle d’un quinquennat relève d’une partition somme toute classique. La mesure n’est pas chiffrée, et La France insoumise elle-même se paie le luxe de moquer un Parti socialiste qui, « autrefois, avait une culture de gouvernement ». Désormais, on peut dire n’importe quoi. Méfions-nous, la dernière fois que le Parti socialiste a lancé une proposition irréaliste, à laquelle son auteur ne croyait pas, pour exister dans une campagne où sa victoire était totalement improbable, cela a donné les 35 heures… À ceci près qu’une augmentation massive du salaire des enseignants serait, elle, souhaitable et nécessaire. C’est là toute la nuance. Encore faut-il s’entendre sur les modalités. Encore faut-il, surtout, avoir un projet pour l’Éducation nationale.

    Voilà déjà longtemps que les socialistes, comme les autres partis, ont abandonné toute réflexion sur l’école. La promesse de François Hollande de créer 60 000 postes dans l’Éducation nationale (et non 60 000 postes de professeur, détail qui avait échappé à beaucoup) lui a servi de programme en la matière, et les idées de Vincent Peillon sur la « refondation de l’école » se sont limitées au « renforcement du socle commun » et davantage de numérique dans les classes. Benoît Hamon, éphémère ministre qui n’a pas fait sa rentrée, n’a pas davantage brillé en tant que candidat. Entre-temps, Najat Vallaud-Belkacem s’était faite le chantre, avec la foi du néophyte, de toutes les lubies pédagogiques des idéologues qui tiennent chaque strate de l’institution et l’ont méticuleusement massacrée depuis quarante ans.

    Mise en compétition

    Commençons par le bilan. Le diagnostic sur la paupérisation des enseignants est enfin posé. C’est une des fautes de Jean-Michel Blanquer de n’avoir pas, dès son arrivée au ministère, lancé la revalorisation comme une des principales urgences. Pour le reste, aucun ministre n’ose bouger, par peur des syndicats. Reste donc le décret de 1950 qui fixe le statut et le temps de travail des enseignants, avec toutes les caricatures auxquelles il donne lieu aujourd’hui. Dix-huit heures par semaine pour un professeur certifié, quinze heures pour un agrégé.

    Quel scandale ! Et ils osent se plaindre ? Qui rappelle que ce temps correspond à un calcul précis : pour une heure de cours, une heure et demie de préparation, correction de copies, remise à niveau dans sa discipline, pour un certifié ; et deux heures pour un agrégé, censé fournir des cours plus pointus et lire des copies plus fournies. Donc quarante-cinq heures par semaine. C’est en fait davantage pour les consciencieux, pour les plus impliqués, et moins pour les paresseux, pour ceux qui recyclent chaque année le même cours. À ceci près que les professeurs, contrairement aux salariés classiques, ne seront jamais récompensés pour leur investissement et la qualité de leur travail. Leur seule gratification est de voir leurs élèves progresser et de savoir qu’ils ont été utiles.

    « Le statu quo est insupportable parce qu’il broie les enseignants, détruit les vocations et amplifie la relégation de la France à travers la baisse de niveau de ses enfants. »

    Revoir l’organisation du système est aujourd’hui un tabou absolu. Nombre de professeurs constatent depuis longtemps ce qu’ils appellent la « libéralisation » de l’école, à la fois triomphe de l’utilitarisme, contre la culture et le savoir, intrusion des intérêts privés, sous couvert, notamment, de développement du numérique, mise en compétition permanente de ce qui devient un marché de l’éducation. Ils craignent que tout changement n’amplifie ce mouvement. Pour autant, beaucoup aspirent à davantage de liberté dans leur travail, de reconnaissance de leur implication, de prise en compte du gouffre qui sépare l’enseignement dans des zones difficiles et dans des établissements de centre-ville.

    Le rôle des politiques serait de poser sur la table tous les éléments du problème. Le système de points, totalement sclérosé, qui envoie dans les zones d’éducation prioritaire les jeunes professeurs, et même les vacataires qui ont échoué au concours. La coupure entre primaire et secondaire, en envisageant, pourquoi pas, la bivalence, l’enseignement de deux matières, pour la sixième, pour aider les élèves pour qui l’entrée au collège précipite l’effondrement. Peut-être intégrer davantage la sixième et la cinquième au primaire, et repenser quatrième et troisième comme des charnières d’orientation. Même l’autonomie des établissements scolaires mérite d’être discutée, pour savoir si elle peut être autre chose qu’une prime aux projets pédagogiques délirants et une mise en concurrence généralisée.

    Le statu quo est insupportable parce qu’il broie les enseignants, détruit les vocations et amplifie la relégation de la France à travers la baisse de niveau de ses enfants. Là comme ailleurs, il faut une de ces remises à plat que seules permettent les ruptures historiques. Pour une fois, nous pourrions ne pas attendre la catastrophe.

    Source : https://www.marianne.net/

  • Sur le site officiel de l'Action française : « Heureux comme Dieu en France », l’éditorial de Stéphane Blanchonnet (Le B

    Quoi de plus dif­fi­cile que de se défi­nir soi-même ? Par­fois recou­rir à autrui se révè­le­ra beau­coup plus per­ti­nent. Cette évi­dence de psy­cho­lo­gie indi­vi­duelle pour­rait aus­si valoir pour les nations. J’en veux pour preuve le remar­quable Essai sur la France (1930) d’Ernst-Robert Cur­tius, qui m’apparaît comme la meilleure intro­duc­tion à la com­pré­hen­sion de l’être fran­çais. 

    Stéphane Blanchonnet.pngCet Alle­mand, fran­co­phone et fran­co­phile, spé­cia­liste de Bal­zac et de Proust notam­ment, nous pro­pose une sorte de Guide vert des pro­vinces de l’âme française.

    Cur­tius com­mence par rele­ver cette carac­té­ris­tique fon­da­men­tale de la France qui est de se conce­voir comme uni­ver­selle. Il ne s’agit pas pour elle de se mettre au ser­vice d’une idée uni­ver­selle mais bien d’en être l’incarnation exclu­sive. Il relève trois mani­fes­ta­tions de ce phé­no­mène : la France comme incar­na­tion de la Chré­tien­té (à par­tir du Moyen Âge), la France comme incar­na­tion de la Culture (à par­tir de la Renais­sance), la France comme incar­na­tion du Droit et de la Liber­té (à par­tir du XVIIIème siècle). Ces dif­fé­rentes mani­fes­ta­tions se suc­cé­dant dans le temps sans pour autant qu’aucune ne s’efface au pro­fit des autres. D’où ces conflits, ces oppo­si­tions extrêmes de « valeurs », qui carac­té­risent le débat public français.

    L’essayiste se livre ensuite à un brillant expo­sé syn­thé­tique sur la géo­gra­phie et l’histoire du pays. On en retien­dra prin­ci­pa­le­ment l’idée selon laquelle le sou­ve­nir de Rome et l’action des Capé­tiens se sont com­bi­nés pen­dant des siècles pour pro­duire un État, lui-même matrice d’une nation, dont le sen­ti­ment d’unité et de conti­nui­té par­vint à un tel degré que les réa­li­tés géo­gra­phiques, pour­tant tout à fait contin­gentes en elles-mêmes (il n’existe pas de fron­tières tota­le­ment natu­relles comme le rap­pe­lait Bain­ville), en acquirent une forme de natu­ra­li­té. Le mythe de l’hexagone en est une des expres­sions les plus populaires.

    Autre idée trai­tée avec beau­coup de finesse par Cur­tius : la France comme patrie lit­té­raire. Aucun autre grand pays dans l’Histoire n’a accor­dé à la lit­té­ra­ture ce rôle qua­si litur­gique au ser­vice du culte de la nation. La France prend prin­ci­pa­le­ment conscience d’elle-même, de sa « per­son­na­li­té » (Cur­tius affirme que la France est la plus par­faite « per­sonne morale » de l’Histoire), à tra­vers les grands clas­siques de sa lit­té­ra­ture. L’auteur note au pas­sage que la lit­té­ra­ture fran­çaise pos­sède une uni­té, au-delà des genres, des cou­rants et des époques, uni­té dont les carac­té­ris­tiques sont un esprit d’analyse, — un esprit cri­tique —, très déve­lop­pé (des mora­listes du XVIIème siècle aux roman­ciers réa­listes du XIXème) et un culte de la per­fec­tion formelle.

    En fer­mant ce livre tout à fait extra­or­di­naire, et à mettre entre les mains de tous les patriotes, on ne peut que déplo­rer qu’il n’ait pas connu de réédi­tion récente.

    Source : https://www.actionfrancaise.net/

  • Année des 150 ans de Charles Maurras • Discours de Michel Déon, de l'Académie française, à Martigues, le 27.09.1997

     
    Par Michel Déon
    de l'Académie française

    C'est un document émouvant, un superbe témoignage, que nous vous donnons à lire aujourd'hui, grâce au concours de Mme Nicole Maurras, et qui n'a probablement jamais été publié ailleurs à ce jour.

    Il s'agit du discours prononcé par Michel Déon dans le jardin de la maison de Maurras, lorsque les clés en furent remises par Jacques Maurras au maire de Martigues, Paul Lombard, le 27 septembre 1997. Nous publierons un jour prochain un récit de cette cérémonie, l'intervention de Jacques Maurras, la réponse du maire, etc.

    La Municipalité de Martigues ayant arbitrairement décidé de fermer la maison de Charles Maurras aux visites, il est d'autant plus important de rappeler dans quelles circonstances elle en devint propriétaire. Des circonstances qui obligent.  Nous y reviendrons. Écoutons Déon ! Lafautearousseau.

       

    gettyimages-538943220-1024x1024.jpgPermettez-moi d'évoquer un souvenir qui a déjà près d'un demi-siècle.

    C'était à Tours, un matin affreusement grisâtre, sous un ciel si bas qu'il écrasait la ville. Toute la nuit, il avait neigé et le cortège qui accompagnait Charles Maurras à son dernier voyage pataugeait, transi, dans la boue. Le vieil et indomptable lutteur nous quittait, mais nous savions bien les uns et les autres qu'il n'était déjà plus avec nous. Certes, grande avait dû être sa tristesse de nous abandonner à nos tourments.

    725228852.jpgMais à la seconde où ses yeux se fermaient pour toujours, quelle joie avait dû s'emparer de son âme envolée à tire d'ailes vers la lumière de Martigues dont les servitudes de la vie l'avaient si souvent éloigné. Il n'était pas là dans ce triste cercueil, dans le froid et la neige, il était retourné à ses origines, à son étang de Berre qui, écrivait-il dans sa belle adresse aux félibres de Paris, le matin blanchit et le soir s'azure, qui de ses mille langues vertes lèche amoureusement le sable des calanques et ronge les rochers où l'on pêche le rouget*. 

    La France avait été sa grande patrie aimée d'un amour si passionné qu'il s'autorisait à la rudoyer, la tancer de n'être pas toujours à la hauteur de ce qu'il attendait d'elle, mais la petite patrie, à laquelle il appartenait plus qu'à toute autre, n'avait connu de lui que les douceurs d'une pure piété filiale. Là, pour lui, s'arrêtaient les querelles des hommes. L'allée conduisant à sa bastide ne s'appelle-t-elle pas Le Chemin de Paradis, titre de son premier livre ? Cette minute où l'âme est enfin délivrée de ses colères et de ses joies terrestres, il ne l'avait jamais mieux exprimée que dans un poème écrit en prison**, publié sous le pseudonyme de Léon Rameau, ce rameau d'olivier tendu en signe de paix : 

    Lorsque, enfin déliés d'une chair qui les voile
    Les bons, les bienfaisants bienheureux, les élus
    Auront joint le nocher sur la mer des étoiles,
    Le sourire du Dieu ne leur manquera plus. 

    Mais sur les pauvres os confiés à la terre
    L'épaisseur de la nuit, le poids du monument,
    La sèche nudité de l'adieu lapidaire
    Font-ils la solitude et l'épouvantement ? 

    Une œuvre, une action, un chant ne s'éteignent pas avec leur créateur quand ils ont ce serein espoir. Ils éclairent les générations à venir. Encore faut-il que ce qui n'a pas été gravé dans le marbre soit conservé. Dans ses dernières lettres de prison, Charles Maurras n'avait cessé de se préoccuper du sort de ses livres, des documents et des lettres qui avaient accompagné sa vie intellectuelle, sa quête de la vérité tout au long de l'histoire de France en ce terrible XXème siècle, le plus sanglant de l'histoire du monde. Il y avait là un trésor à classer, déchiffrer, commenter. La justice des hommes, si faillible, peut croire qu'une condamnation sans appel rayera de notre patrimoine une pensée fût-elle controversée ou exaltée. Vaine prétention ! La pensée est comme l'arbre de vie : elle a ses racines dans la terre et tend ses branches vers le ciel. Dans l'histoire des civilisations, elle est le maillon d'une chaîne qui ne s'interrompra qu'avec la fin de l'humanité.

    1361709957.JPGLe temps voile ses erreurs passionnelles pour n'en conserver que l'essence. En sauvant les murs de la maison de Charles Maurras, en l'ouvrant à des chercheurs venus de tous les horizons politiques et humains, la Municipalité de Martigues exauce les vœux derniers d'un homme sur qui l'on voudrait faire croire que tout a été dit alors que tout reste à découvrir et à méditer. 

    Succédant à Charles Maurras au seizième fauteuil de notre Académie française, cette Académie que Maurras appelait avec respect « sa mère », le duc de Lévis-Mirepoix terminait l'éloge de son prédécesseur par ces mots : Comme Socrate, il a encouru la colère de la Cité. Oui, mais pas la colère de sa Cité de Martigues. Soyez-en remercié, vous qui au nom de la liberté de penser, au nom de la poésie, avez su vous élever au-dessus des querelles de notre temps et reconnaître en cet homme debout un des grands philosophes politiques de notre temps, et un grand, un très grand poète. 

    * Les trente beautés de Martigues
    ** Ainsi soit-il !
  • Gilets jaunes : Les hommes et les idées de demain seront sans-doute à rechercher hors du Système

    Publié le 7.12.2018 - Actualisé le 11.12.2018 

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    Voici que la crise des Gilets jaunes, soudaine et pourtant venue de très loin, peu à peu gonflée jusqu'à l'éclatement par une extraordinaire accumulation d'infidélités à l'être de la France, à sa souveraineté, aux conditions de sa puissance, de laxisme, d'abus, de mépris, d'injustices et d'excessives ponctions sur le fruit du travail des Français, sur leur patrimoine, petit ou grand, voici donc que cette crise plonge les observateurs les plus avisés de la vie politique française et même ses acteurs les plus désintéressés et les plus clairvoyants dans un océan de perplexité. 

    On chercherait en vain, à cette heure, dans la presse et les médias, l'article, la réflexion, qui entreverrait une solution concrète à cette crise, ni, globalement, les remèdes à apporter aux problèmes de fond qu'elle pose. Car par-delà leurs soucis terre-à-terre, c'est un autre système économique, politique, et social, que postulent plus ou moins consciemment le mouvement de fond des gilets jaunes et le sentiment des quelque 70 ou 80% de Français qui les approuvent.  Un modèle plus « conservateur » que révolutionnaire, plus traditionnel que « progressiste » - au sens revendiqué d'Emmanuel Macron. 

    L'épuisement du Système dont Macron est apparu tour à tour comme l’adversaire et comme le continuateur ultime, semble désormais complet, sans rémission. Et, secondairement, l'autorité du président de la République apparaît ruinée. Radicalement. Le charisme a fait long feu. Le temps du Kairos est clos. Le quinquennat, dit-on parfois, est terminé. Mais de quelque côté qu'on tourne son regard, on ne voit pas à ce jour qui ou quoi pourrait émerger de cette crise. 

    Gaulle00210.jpgOn a dit aussi, il nous semble à juste titre, que les événements auxquels nous assistons s'apparentent davantage à mai 1958 qu'à mai 1968, c'est à dire que nous assistons, certes à une contestation globale du Système dans toutes ses dimensions, mais aussi à la fin d'un régime politique qui s'effondre sur lui-même, sans homme de rechange crédible et sans recours évident comme ce fut le cas en 1958, qui rappela De Gaulle (photo, en mai 58), de même que, incapable face au désastre, le parlement de Vichy en 1940 s'en était remis à Pétain. La France d'aujourd'hui ne dispose pas de tels recours. 

    1173130-manifestation-des-gilets-jaunes-a-la-tour-du-pin-38.jpgLa mondialisation a détruit les enracinements traditionnels, tué les métiers, anéanti notre agriculture, dépeuplé la France profonde, vidé les villes petites et moyennes de leurs habitants et de leurs commerces ; l'envahissement migratoire a créé une inquiétude identitaire sans précédent et un sentiment profond d'insupportable désappropriation ; des inégalités d'ampleur sans égale dans notre histoire ont creusé un fossé infranchissable entre l'ensemble des Français et quelques très riches sans légitimité parce que déconnectés d'un quelconque souci du bien commun ;  la financiarisation sans frein de la société moderne a dévalorisé le travail et réduit le citoyen à la condition de consommateur réifié, sans qualité et au bout du compte sans argent ; sans compter les fantaisies sociétales qui ont fini d'atomiser le corps social et choqué le bon-sens de nombre de Français :  mariage homo, négation des sexes, des peuples, des races, féminisme totalitaire, négation de l'autorité des parents sur leurs propres enfants etc. Tout ce qui vient d'être dit, à des titres divers, a séparé les Français quelconques de la minorité des « modernes ». D'où la révolte des premiers. 

    Qu'elle soit objet de tentatives de récupération - notamment des mélenchoniens - ou que vienne s'y greffer la violence extrême des casseurs de l'ultragauche et le surgissement des racailles de banlieue qui sont de simples pillards - choque naturellement une large majorité de Français, qui ont toujours fini par rejeter la chienlit. De sorte que si cette dernière devait s'installer, s'aggraver encore, le besoin d'un retour à l'ordre, comme toujours, ne manquerait pas de monter des profondeurs du peuple français. 

    Remise en cause et remise en ordre, là encore comme toujours, doivent aller de pair. Encore faut-il que la remise en cause soit cohérente et structurée. Et que la remise en ordre trouve à s'incarner dans des principes, des institutions et, finalement, dans des hommes, dont un prééminent, un chef digne de ce nom, qui conduisent la France à se retrouver elle-même. Il ne nous semble pas qu'elle les trouvera au sein des partis, décrédibilisés et méprisés comme jamais, ni dans les appareils syndicaux par manque absolu de représentativité, donc faiblesse extrême, ni, bien-sûr, parmi les hommes de communication et de médias, en qui toute confiance a disparu. Les hommes et les idées de demain seront sans-doute à rechercher hors du Système.  ■ 

    Retrouvez l'ensemble des chroniques En deux mots (108 à ce jour) en cliquant sur le lien suivant ... 

    En deux mots, réflexion sur l'actualité

  • Xavier Raufer : « Chérif Chekkat [était] un islamiste dangereux, l’un de ses frères l’est encore plus »

    Le criminologue Xavier Raufer revient pour Boulevard Voltaire, sur le cas Chérif Chekkat, auteur de l’attentat au marché de Noël de Strasbourg. Quelques heures plus tard, le terroriste allait être retrouvé et abattu. 

    Nouveau Microsoft Publisher Document.jpgXavier Raufer est un criminologue, essayiste, expert en questions de terrorisme Il a publié des ouvrages consacrés à la criminalité, au terrorisme et à l'insécurité urbaine.

    Il participe régulièrement à diverses publications de presse ou émissions télévisées.

    On lira avec intérêt l'entretien qu'il a donné à Boulevard Voltaire peu avant que Cherif Chekatt ait été retrouvé et abattu. Xavier Raufer y donne un ensemble d'informations, d'explications et de détails évidemment intéressants. LFAR

    Par  Xavier Raufer 

    xavier-raufer-810x456.jpg

    Cherif Chekatt a ouvert le feu pendant le marché de Noël de Strasbourg. Comment a-t-il pu frapper dans la mesure où les points d’accès au marché de Noël étaient sécurisés ?

    Cherif Chekatt arrive sur le point de contrôle situé au niveau du pont du Corbeau et de la rue du vieux marché aux poissons vers 19h40.

    Au même endroit, une heure avant, une dame habitant Strasbourg m’écrit dans un mail qu’elle a été contrôlée de près. On lui avait demandé de présenter ses papiers d’identité et d’ouvrir son sac.

    Lorsqu’il s’y présente, Cherif Chekatt sait qu’il est poursuivi par la police et par la gendarmerie puisqu’il a failli être arrêté le matin même. Il n’était pas présent à son domicile. Les gendarmes ont perquisitionné son appartement et ont trouvé au moins une grenade défensive, une arme de guerre très dangereuse. Si vous larguez ce type de grenade dans une pièce, elle tue une trentaine de personnes. Ils ont également trouvé une arme de poing.

    À la suite de cette perquisition, les gendarmes ont fait leur boulot puisqu’ils ont publié une note d’alerte stipulant qu’un individu dangereux était en fuite. Ils ont joint sa taille, son poids, sa photographie, son patronyme et les endroits où il était susceptible de se trouver. La perquisition a eu lieu vers 6 heures du matin et la fiche en question est apparue sur les terminaux de police et de gendarmerie au plus tard à 7h30.

    Le même soir vers 19h40, l’intéressé comme on dit dans les rapports de police, arrive à ce point d’où il peut accéder au centre-ville et où il est supposé être bien contrôlé et fouillé.

    On ne sait pas comment, mais il passe avec une arme de poing impressionnante, un vieux pistolet d’ordonnance et un poignard. Il était donc censé être fouillé et ne pas pouvoir entrer même avec un trombone ou une épingle. Pourtant, il passe.

    On peut décliner trois hypothèses pour l’expliquer. Première hypothèse, les gens censés être sur le point de contrôle ne voient plus clair parce qu’ils sont épuisés après avoir été sur des manifestations de lycéens le matin. Deuxième hypothèse, ils étaient en train de partir et ont négligé de contrôler l’individu en question. Dernière hypothèse, ils n’étaient déjà plus là.

    Il était officiellement poursuivi et recherché pour un braquage qui a mal tourné. Comme vous l’avez relevé, on n’envoie pas la DGSI pour un voleur de poules. Même s’il était fiché S, comment la DGSI a-t-elle pu être intéressée par un profil comme Cherif Chekatt alors qu’il avait officiellement le profil d’un braqueur ?

    Il est plus que fiché S. Un autre fichier existe. Le FSPRT est un fichier qui rassemble non seulement des personnes dont on est sûr qu’elles sont radicalisées, preuves à l’appui, mais également qu’elles sont dangereuses et ont accès à des armes ou à des outils dangereux.

    Cherif Chekatt figure sur les deux fichiers. En conséquence de quoi, tout ce qu’il fait est susceptible de basculer côté crime de droit commun. Il semble que la raison pour laquelle les gendarmes voulaient l’arrêter à ce moment-là était un home jacking. Cela consiste à s’introduire dans une maison pour braquer les habitants, voler leur argent et prendre leur numéro de carte bancaire. Il était avec 3 ou 4 complices d’origine maghrébine comme lui.

    Ils avaient peut-être l’envie ou le désir d’accumuler de l’argent pour pouvoir faire des attentats. On ne le sait pas pour le moment, mais nous le saurons peut-être. Ses trois complices ont été arrêtés. Ils sont entre les mains de la police.

    L’individu en question est signalé depuis trois ans pour son prosélytisme. C’est un véritable gibier de prison. Il est connu comme le loup blanc parce qu’à chaque fois qu’il est en prison, il y a coups et blessures sur les dépositaires de l’autorité. Il n’arrête pas de casser la gueule aux gardiens. Il le fait toujours dans des circonstances et avec des déclarations qui montrent que c’est un islamiste confirmé.

    L’islam fanatique salafiste interdit la musique, mais les guerriers ont le droit de chanter. Il a donc fait toutes sortes de déclarations sur ce qui s’appelle les anachid, les chants guerriers de Daesh. Il raconte que « les abrutis de gardiens ne comprennent pas, mais nous les chantons dans toute la prison ». Il est donc fier de son côté chahut militant, chahut islamiste à l’intérieur de la prison sur des chants de guerre qui appellent à tuer tous les infidèles. Il est clair que c’est un islamiste dangereux.

    La famille Chekatt est très compliquée. Ses parents et deux de ses frères ont été arrêtés. Le père a eu plusieurs épouses successives. Il a une ribambelle de frères et soeurs. Parmi eux, un des frères aînés de Cherif est encore plus dangereux, plus sophistiqué et plus organisé. Il n’a pas encore été arrêté. La crainte actuelle est que Cherif et son frère soient ensemble. Cela renforcerait certainement la capacité de nuisance de Cherif parce qu’il s’est pris une 5,56 dans le coude. Un de ses bras est donc neutralisé.

    On a du mal à imaginer qu’un homme aussi recherché et en plus blessé peut encore échapper aux forces de l’ordre…

    Deux solutions sont possibles. Premièrement, il se trouve peut-être en Allemagne, car nous avons eu deux signalements de deux Allemands crédibles. Ils ont dit avoir vu un garçon qui ressemblerait à Cherif. On cherche donc de ce côté-là, mais ce n’est pas sûr.

    Deuxièmement, depuis la zone où il a disparu, il peut très facilement rejoindre d’autres quartiers périphériques de Strasbourg où résident les éléments d’une importante communauté de Tchétchènes fanatisés et salafistes. Ce sont des gens redoutables dont certains sont d’anciens guerriers des guerres de Tchétchénie qui savent ce que c’est que la guérilla urbaine. D’autres sont plus jeunes comme les complices de Khamzat Asimov venu en mai dernier à Paris assassiner au nom de l’État islamique un passant au poignard dans le 2e arrondissement près du quartier de l’Opéra. Ce sont donc des garçons très dangereux.

    En somme, s’il a disparu en Suisse ou en Allemagne, on finira par le retrouver. S’il est planqué avec son frère aîné et des Tchétchènes, ça ne va pas être une promenade de santé pour aller le récupérer. Voilà où nous en sommes à l’heure actuelle.    

    Xavier Raufer 
    Docteur en géopolitique et criminologue.
    Il enseigne dans les universités Panthéon-Assas (Paris II), George Mason (Washington DC) et Université de Sciences politiques et de droit (Pékin) 

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  • Des Gilets jaunes à la Monarchie royale

    Par Jean-Philippe Chauvin 

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    Quand une grande part du peuple s'absente de la démocratie représentative [I]

    La révolte des Gilets jaunes n’est pas exactement une révolution, même si elle contient en elle des potentialités révolutionnaires, en particulier dans le désir de rupture avec des formes de la démocratie qui leur semblent faire la part trop belle aux classes dominantes : la démocratie parlementaire ou qualifiée de représentative est la plus dénoncée parce qu’elle paraît légitimer un « pays légal » sans devoirs réels à l’égard des électeurs.

    dt5s5s7woaew-3m-1.jpgDans le même temps, les manifestants du samedi et des ronds-points évoquent une possible dissolution de l’assemblée nationale (privilège réservé, par la constitution de la Cinquième, au président, ici celui-là même dont la démission est réclamée par ces mêmes manifestants) et le retour des Français aux urnes, démarche qui révèle un reste d’attachement à la « geste électorale parlementaire ». Cette apparente contradiction dans le discours revendicatif signale aussi le côté spontané et désordonné d’une révolte que personne n’attendait vraiment mais que beaucoup, inconsciemment ou non, espéraient, y compris nombre de royalistes. Ce qui est certain, c’est que la question de la démocratie et de ses applications, de ses formes mais aussi de son fond, de sa définition, est à nouveau posée, et qu’il serait bien dommage, là encore, que les royalistes ne participent pas à la réflexion sur ce sujet, en précisant leurs propre lecture et propositions. 

    Si l’on suit l’étymologie grecque du mot, la démocratie désigne « le pouvoir du peuple », dans un premier temps, mais il faut aller plus loin dans la définition : qu’est-ce que le peuple ? Son pouvoir ? Au-delà de la facile répétition incantatoire, approfondir le sens des mots, leur portée mais aussi leurs ambiguïtés, paraît nécessaire pour éviter les raccourcis et les manipulations. 

    couv22.jpgLe peuple, en démocratie : à bien y regarder, et en particulier à travers l’histoire du monde athénien antique, il ne s’agit pas des habitants d’un endroit donné, de la cité en l’occurrence, mais des seuls citoyens, et l’appartenance à ce peuple des citoyens peut aussi, selon les Etats et le moment, fortement varier, selon des critères de sexe, d’âge ou d’enracinement filial. Aujourd’hui, la citoyenneté en France est liée à la nationalité, et à la condition d’âge, celle d’avoir au moins 18 ans. Mais l’abstention récurrente lors des dernières épreuves électorales, parfois atteignant et dépassant la moitié du corps civique, indique soit un désintérêt pour la Chose publique (la Res Publica, ou « République » au sens bodinien du terme), soit un désaveu pour le système partisan actuel, ce qui n’a ni le même sens ni la même valeur. « Le peuple s’absente », ainsi, de la démocratie représentative contemporaine, au risque de ne plus être reconnu et écouté par les tenants et élus du « Pays légal » selon la logique imparfaite du « les absents ont toujours tort ». Et quand les barricades se dressent, des ronds-points aux centres-villes, et que les éternels « laborieux de la Cité » enfilent un gilet fluo pour se rendre visibles des gouvernants, la réponse de la République ne peut être, dans un premier temps, que mépris et répression, puis peur et encore plus de répression (celles-ci s’accompagnant d’un Grand débat national sans débouchés réels), entamant un cycle infernal dont il n’est pas sûr que nous soyons encore sortis…

    « Nous sommes le peuple », criaient les manifestants et les émeutiers, suscitant l’agacement des caciques de la démocratie représentative qui répliquaient, « c’est nous, le peuple, par la grâce des urnes, seule source de légitimité et de légalité » : de part et d’autre, l’incompréhension paraît totale, et durablement ancrée dans les esprits qui, à défaut toujours de surplomber les débats, s’échauffent jusqu’au risque de court-circuit. 

    g2018077.jpgLa réponse n’est pas d’un seul côté, et dépasser ce vain clivage paraît nécessaire, non par une simple prise de recul mais par une prise de hauteur : si « le peuple » (dans l’acception démocratique) est bien le corps constitué et reconnu de l’ensemble des citoyens, il ne peut être limité aux seuls votants, tout comme il ne se résume pas aux seuls contestataires actifs du samedi après-midi. Le peuple est constitué des deux catégories évoquées ci-dessus, mais aussi de ceux qui, tiraillés entre les deux postures, oscillent d’un camp à l’autre, dans un mouvement de va-et-vient qui pourrait bien devenir une permanence du débat public, au fil des réformes promises par l’exécutif et, surtout, voulues par les instances européennes, lointaines et souvent inaccessibles (voire incompréhensibles faute d’être vraiment connues) la plupart du temps aux citoyens français. Cela risque bien d’entraîner une forme d’ingouvernabilité si le Pouvoir ne sort pas vite de cet affrontement permanent et de ce « débat », non moins permanent, institué par le mode de « gouvernement » du président actuel. La République, même cinquième et malgré ses fondations gaulliennes et « monarchiques », peut-elle se libérer de ce piège fatal ? Si elle reste ce qu’elle est devenue ces dernières décennies, la réponse est forcément négative. (À suivre : du piège républicain à l’alternative monarchique)  

     Le blog de Jean-Philippe Chauvin

  • Racines & Histoire • Le cheval dans la diplomatie [1/2]

    jeanlouis-gouraud (1) cartouche.jpgPar Jean-Louis Gouraud

    Conférence prononcée par Jean-Louis Gouraud au XIe Salon du Cheval à Mazagan-Eljadida (Maroc) en octobre 2018. Parution en 3 parties dimanche 17, lundi 18 et mardi 19 mars. 

     

    téléchargement.jpgLorsque le président Mao Tse Toung, soucieux de réchauffer les relations – jusqu’ici glaciales – entre son pays, la Chine, et les États-Unis, offrit au président américain Richard Nixon venu lui rendre visite (c’était en 1972) un couple de ces gros oursons qui ressemblent à des peluches portant des lunettes de soleil, on se mit à parler d’une « diplomatie du panda ».

    The_Qianlong_Emperor_in_Ceremonial_Armour_on_Horseback.jpgDeux siècles auparavant, se pratiquait en Chine une autre façon de témoigner sa bonne volonté et son désir de nouer de bonnes relations : en offrant non pas des nounours mais des chevaux.

    Le musée Guimet, à Paris, possède un splendide rouleau panoramique dû à un peintre de cour montrant ainsi l’empereur Quianlong [Photo], sous le règne duquel la Chine connut son apogée (c’était au XVIIIe siècle), recevant trois magnifiques chevaux des mains d’ambassadeurs kirghizes ou kazakhs venus faire allégeance.

    Ainsi, lorsque le président Macron, croyant sans doute bien faire, offrit récemment (en janvier 2018) au président Xi Jinping un cheval, certaines mauvaises langues – dont la mienne – se demandèrent si le président français avait ainsi voulu marquer son allégeance au président chinois.

    Sans doute pas, mais à cette ambiguïté s’ajouta dans cette affaire une maladresse : le cheval offert, prélevé sur les effectifs de la Garde républicaine (qui est d’environ quatre cents chevaux) en effet, était un hongre !

    1034662968.jpgOr, entre souverains et hommes de cheval, on le sait bien, on ne s’offre que des chevaux entiers. Donner un cheval qui ne peut pas reproduire équivaut à refiler une pendule qui ne marque pas l’heure : c’est presque une insulte.

    Heureusement, il semblerait que le président chinois se soit montré malgré tout très satisfait du cadeau, ce qui tendrait à prouver qu’en Chine aussi les bons usages se perdent.

    Dans le cas d’Emmanuel Macron, on avait eu déjà la preuve de son manque d’éducation en la matière lorsque, à peine élu, il avait réservé sa première visite en dehors de France au corps expéditionnaire envoyé dans le nord du Mali pour tenter d’en éradiquer la menace islamiste. Apprenant cette visite, le président du Mali, Ibrahim Boubacar Keïta – dit IBK – était venu à la rencontre du président français, qui avait fait poser son avion non pas à Bamako, la capitale, mais à Gao, la principale ville du nord. Pour honorer son hôte, le président malien non seulement fit l’effort de le rejoindre à Gao mais lui proposa un bel étalon gris de race locale. Ce que Macron – je ne sais pas en quels termes exactement – refusa. Gentiment, j’espère ! Autrefois, ce genre d’affront aurait provoqué une rupture des relations diplomatiques.

    gettyimages-161558892-1024x1024.jpgCette histoire me rappelle un peu celle du cheval offert au milieu du XVIIIe siècle par le bey de Tunis, Hussein Ben Ali, au roi de France, Louis XV. Une histoire bien connue, puisqu’elle a été merveilleusement racontée (et enjolivée) par deux grands écrivains populaires : Eugène Sue en 1846 et Maurice Druon [Photo] en 1957. L’animal, appelé Cham, n’avait pas eu l’heur de plaire à Louis XV, qui avait ordonné d’en débarrasser ses écuries. La pauvre bête se retrouva alors sur le pavé parisien à tirer une carriole, jusqu’à ce qu’un Anglais, de passage à Paris, discerne un formidable potentiel dans la misérable haridelle qu’était devenu ce cheval.

    Pour une poignée d’avoine, il l’achète, l’amène à Londres où, après mille péripéties, le bestiau se retrouve dans le haras d’un aristocrate passionné de courses, Lord Godolphin. L’endroit est prestigieux mais Cham y est relégué au simple rôle de souffleur. On disait, à l’époque, agaceur, ou boute-en-train. Un job assez frustrant : il s’agit pour le cheval d’aller renifler l’arrière-train d’une jument afin de déterminer si la dame est disposée, ou non, à recevoir l’hommage d’un étalon. Si c’est non, la femelle proteste vigoureusement en décochant à celui qui la renifle quelques belles ruades. Si c’est oui, on ramène le malheureux souffleur à l’écurie, pour laisser la place à un étalon de prix, auquel on ne voulait pas faire prendre le risque d’un coup de pied malencontreux.

    hqdefault.jpgUn jour, il faut le comprendre, Cham finit par se révolter. Rompant ses liens, il alla honorer une belle alezane qui passait par là. De cette union imprévue naquit onze mois plus tard un poulain extrêmement rapide à la course. Du coup, si je puis m’exprimer ainsi, le propriétaire débaptisa Cham pour lui donner son propre nom, Godolphin, qui devint le principal reproducteur de son élevage, ainsi que l’un des fondateurs d’une race appelée à un bel avenir, que les Britanniques ont le culot d’appeler le « pur-sang anglais » [Photo](À suivre, demain lundi et mardi)  

    Voir dans Lafautearousseau ...

    De Péroncel-Hugoz : JEAN-LOUIS GOURAUD, « LA PLUS BELLE CONQUÊTE DU CHEVAL »

  • Remettre les choses à l’endroit, les idées à droite !, par Christian Vanneste.

    Le plus éprouvant pour qui se réclame de l’esprit français, l’esprit cartésien fondé sur le bon sens et la liberté raisonnable, c’est de ressentir l’impression de vivre dans un pays qui devient fou. On croit se trouver dans la peau d’un personnage de la pièce de Ionesco où tout le monde devient Rhinocéros sauf un original qui est le seul à avoir gardé le sens commun. 

    christian vanneste.jpgCe sentiment est d’ailleurs objectivement confirmé par l’explosion des troubles psychologiques dans notre pays où les services psychiatriques commencent à être eux-aussi débordés : anxiété, comportement alimentaire, troubles cognitifs, addictions, tentatives de suicide ou épisodes dépressifs. Il faut rappeler que les Français étaient avant le covid-19 déjà les champions du monde de la consommation de psychotropes. Dans son film “Mon oncle d’Amérique”, Alain Resnais s’était nourri de la lecture d’un neurobiologiste, Henri Laborit, qui montrait notamment comment des rats soumis au stress de contraintes contradictoires pouvaient être totalement inhibés et développer des pathologies somatiques. On peut se demander si les Français enfermés dans leur cage covidienne et par ailleurs de plus coincés dans un réseau de pressions absurdes ne ressemblent pas à ces animaux. Dominique Moïsi disait récemment que si l’Asie était guidée par l’espoir fondé sur son expansion économique et politique, l’Occident, lui, était animé par la peur, l’Europe en particulier, et la France à l’extrême pourrait-on ajouter.

    Un peuple pour jouir d’une bonne santé mentale doit cultiver une certaine fierté de soi et avoir confiance en l’avenir. La liberté que chacun ressent contribue à cette foi dans le futur, pour autant que dans de nombreux domaines la possibilité de choisir soit réellement offerte aux personnes et que les projets gouvernementaux soulèvent une espérance collective. Il se peut que les déclamations incantatoires autour de son projet du candidat Macron aient été entendues par certains de la sorte. Quatre plus tard, comme l’écrit Onfray, nous nous retrouvons sur la nef des fous. Alors, certes tous les Français sont sur le même bateau, mais il y a ceux qui deviennent fous et il y a ceux qui rendent fous, il y a le peuple qui rame et il y a ceux qui sont sur la passerelle de commandement : l’oligarchie des communicants et des sachants, avec ses politiques, ses journalistes, ses spécialistes, ses savants et ses juristes, sans oublier ses hauts fonctionnaires qui bombardent l’équipage et les passagers d’ordres confus et contradictoires qui font que le navire ne quitte pas la mer des Sargasses, et que le moral se lézarde, avant de s’effondrer.

    L’une des libertés les plus chères au coeur de l’homme moderne est celle d’aller et de venir, cette faculté de déplacement que le progrès technique a multiplié de manière fabuleuse. La peur de la pandémie et la peur du réchauffement climatique s’additionnent pour rabougrir cette liberté : interdiction de sortir au-delà d’un certain horaire, interdiction de voyager au-delà d’une certaine limite, interdiction de franchir la frontière, et obligation de se munir d’un document pour justifier qu’on a le droit limité de s’affranchir de la règle. En même temps bien sûr, rien ne s’oppose vraiment à ce que dans l’autre sens, des étrangers franchissent la frontière, se déplacent sur le territoire, déploient des tentes place de la République, et tout cela sans papier. On stigmatise les odieux opposants aux migrations illégales, mais on félicite le sympathique passeur montagnard. Si l’un de ces clandestins arrêté de multiples fois, récidiviste muni d’un casier long comme le bras, s’en vient à tuer, à violer, à mutiler à vie celui ou celle qui a eu le malheur de se trouver sur son chemin, c’est manifestement la victime qui aurait dû rester chez elle.

    Madame Pompili est l’un de ces ministres qui tracent leur carrière d’un reniement à l’autre, mais avec un ego gonflé à bloc. Quand on l’écoute, c’est “moi, moi”, et encore “moi”. “, “Moi, ce que je veux, “Moi, mon rôle”, “ma politique” jalonnent sa récente intervention sur le plateau de France Inter associé au Monde… A l’entendre, les Français se retrouvent en maternelle. La loi “Climat et résilience” qu’elle mijote porte mal son nom. Le résilient est celui qui retrouve son équilibre et son autonomie après avoir traversé une crise. Là, c’est le contraire : sous prétexte d’un réchauffement climatique sur lequel, pour autant qu’il existe, la France n’a qu’un poids minime, le régime va être : restrictions, interdictions, obligations, punitions mais bien sûr accompagnement, maternage… Dans 35 agglomérations, soit pour 50% des Français, plus de voiture en ville, le tout contrôlé par des radars qu’elle annonce avec un plaisir évident. Mais qu’on se rassure, il y aura une aide au covoiturage, aux transports en commun et au vélo… Pour ces aides, comme pour le reste, ce sera “quoi qu’il en coûte”… L’écologie d’abord, puisque c’est son ministère. La santé et l’économie ne sont pas de son ressort. L’écologie et la lutte contre l’extrême-droite sont ses priorités. La France n’est pas son sujet !

    Dans un autre genre, Mme Pulvar a donné une idée de l’absurdité idéologique où nous a conduit le politiquement correct. Le racisme était sorti par la porte, celle de la science. Il rentre par la fenêtre de gauche, celle de l’idéologie. On avait appris à ne plus faire de différence entre un noir et un blanc, puis on nous avait ensuite enseigné à discriminer positivement, c’est-à-dire à “faire plus” pour le noir, censé être désavantagé. Maintenant on en arrive à discriminer carrément le blanc, à  interdire sa présence, à l’obliger à se taire. Quand le blanc discrimine, c’est du racisme, et c’est mal. Quand c’est le noir, c’est du racialisme, et ce n’est que justice !

    Il est vraiment temps de remettre les choses à l’endroit. Il est plus que temps de remettre le cap à droite, vers le bon sens, vers la résilience de l’esprit français !

    Source : https://www.christianvanneste.fr/