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  • François Bayrou et le Modem, ou le grand naufrage d'une grande illusion...

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              On sait l'usage, sinon immodéré du moins fréquent, que François Bayrou aime à faire d'Henri IV, et du symbole de paix et de réconciliation qu'il représente. Il n'est pas jusqu'au choix de la ville de Pau qui ne vienne, dans cette "vision", renforcer le message destiné aux Français: avec moi, Bayrou, ce sera la fin des clivages, une nouvelle façon de faire de la politique, et donc un grand bol d'air frais dans une classe politique et des moeurs politiques passablement sclérosées....

             Nous avons noté en son temps l'aspect positif de ce désir de dépasser les clivages. Effectivement, très souvent, la coupure "gauche/droite" ne cadre pas, ou plus, ou très mal avec la réalité. L'opinion le sent bien, et c'est l'une des raisons pour lesquelles, au début de son aventure qui capote aujourd'hui, François Bayrou a rencontré un réel soutien, et une vraie sympathie dans l'opinion. On ne peut pas réunir plus de 18% des voix à l'élection Présidentielle par hasard....

              Oui mais voilà. C'est très bien de se réclamer d'Henri IV et de parler comme lui. Et ce n'est bien sûr pas nous qui allons nous offusquer de ce "parrainage" ! Sauf que....

              Sauf que, et c'est ce que Bayrou semble avoir mal apprécié, il ne suffit pas de parler d'Henri IV, de parler comme Henri IV, et d'avoir le ferme dessein d'agir comme lui...pour être Henri IV! Comme on le constate souvent, ce ne sont pas les hommes (ou les femmes: respectons la parité, gare à la Halde!....) qui sont mauvais, c'est le système qui est vicié à la base. Et qui les empêche d'aller "au bout de leurs rêves". Et qui condamne irrémédiablement à réintégrer le cadre du Pays Légal et les appareils de partis tous les responsables de haut niveau (et il y en a dans la classe politique, nous ne devons pas l'ignorer...) qui aimeraient s'affranchir des scléroses, et ré-inventer le Politique.

              En somme, et c'est ce que Bayrou n'a semble-t-il pas suffisamment évalué, pour être Henri IV et pour agir comme lui il faut, tout simplement.....être Henri IV. C'est à dire être Roi, indépendant, au-dessus du jeu politique et libre de ses contraintes. Sinon, si l'on est soi-même un chef de Parti, comment peut-on seulement imaginer s'affranchir du cadre dans lequel le jeu des partis est en quelque sorte défini, codifié et réglé par les institutions républicaines?

              Bayrou nous en donne aujourd'hui un exemple frappant. Tout ce tapage pour, au bout du compte, se couler parfaitement dans le moule que l'on prétend rejeter ! En tant que personne, il ne s'occupe finalement que de son destin personnel, et ne rêve que de 2012. Il prévoit, et souhaite, l'échec de tout le monde, Sarkozy bien sûr mais aussi le PS, et dans le mégalomaniaque et souverain mépris qu'il a de tous, sauf de lui évidemment, il ne voit qu'une seule personne pour sauver la France: toujours lui, bien sûr ! Et, en tant que chef de parti, il en revient aux moeurs les plus détestables et les plus condamnables de la quatrième république, de triste mémoire: médiocres "combinazione" et alliances de couloirs et de circonstances, dont l'opacité laisse perplexe: avec la gauche à Marseille, avec la droite à Toulouse, et même avec le PC à Aubagne ! (mais là, c'était tellement "hénaurme" qu'il a été en quelque sorte contraint de désavouer ses lieutenants...).

              Bref, que ce soit dans le comportement personnel ou dans celui du chef de parti, on conviendra qu'on est bien loin... d'Henri IV !

              Pour n'avoir eu que l'idée de l'Arbitre -ce qui en un sens n'est de toutes façons déjà pas si mal...- François Bayrou, moderne Icare, vient de se brûler les ailes. Il n'y a pas lieu de s'en réjouir. Simplement d'en tirer la leçon politique qu'il nous a involontairement donnée: chacun doit rester à sa place. Les partis doivent rester dans leur rôle légitime de représentation des choix de l'opinion.

              Et si d'aventure quelqu'un -Bayrou ou toute autre personne...- a la bonne idée de souhaiter corriger et ré-équilibrer nos moeurs républicaines, il faut l'inviter à regarder du côté des royautés nordiques ou en Espagne: là on a un Arbitre, en dehors des partis, qui incarne vraiment la nation dans le temps long ("ce qui ne change pas") et qui permet à la représentation nationale ("ce qui change") de jouer normalement son rôle, mais dans un cadre apaisé et serein: rappelons-nous de l'apostrophe de Christine Ockrent au correspondant du Times, lors d'un débat où il s'agissait de comparer les succès et les échecs respectifs de Tony Blair et de Nicolas Sarkozy: "Vous, vous avez la chance d'avoir la reine d'Angleterre. Ce n'est pas notre cas...

     

  • Question/sondage du Figaro: Êtes-vous pour l’édification d’une grande mosquée à Marseille ?

                Le 5 novembre, Le Figaro posait en effet cette question/sondage à ses lecteurs.

                Comme nous répondons deux fois Non à cette question, il nous a paru utile d'expliquer pourquoi.

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    Minaret de 25 mètres et "financements extérieurs": si certains s'imaginent
    qu'une fois dans la place les "financements extérieurs" resteront muets.....

               Premier Non : Non, car le peuple français n’a pas été consulté sur la présence d’une communauté musulmane sur son sol. Légale, peut-être, celle-ci, n’est donc certainement pas légitime. « On » -c'est-à-dire le Système, la république idéologique qui nous gouverne- "on" nous change nos paysages, nos villes, notre population sans nous demander notre avis, alors que nous payons de plus en plus d’impôts de plus en plus lourds. Qui paye, commande. Ne mettons pas la charrue avant les bœufs, et commençons par le commencement. Qu’on demande d’abord son avis au peuple, et –pour la construction de mosquée destinée à une population qui n’est pas souhaitée- on verra après….

                Deuxième Non : Non, car dans cette mosquée, on va faire quoi ? Les idiots utiles dont parle Lénine, et les escrocs manipulateurs qui tirent les ficelles diront –nous prenant pour des niais- : on va prier.  Oui, certes. Mais, à côté, on va faire cette monstruosité qu'est l' école coranique, qui ne porte son nom d’école que par anti-phrase, car elle est tout le contraire d‘une école, qui éduque, qui forme et ouvre à la vie de l’esprit ; elle est la destruction irrémédiable du cerveau d’un enfant sans défense. La pseudo "école" coranique va broyer, démolir, détruire irrémédiablement cette promesse d’intelligence, en lui faisant répéter interminablement, jusqu'à la nausée, des phrases apprises par coeur et mécaniquement, sans la moindre réflexion, sans la moindre compréhension: tout le contraire de l'ouverture et de la formation de et à l'esprit critique. 

                Entendons-nous bien: ce n'est évidemment pas d'apprendre par coeur qui est critiquable, et -en soi- révoltant: cela développe plutôt la mémoire, ce qui est une excellente chose. Mais peut-on comparer un ado qui apprend par coeur des dizaines de vers de Racine ou de Verlaine, à l'âge où il peut goûter le sens de ce qu'il découvre (et apprend par plaisir) avec un enfant en bas âge, à qui l'on impose un texte d'adulte (doux euphémisme pour le Coran...), mélange de réflexions théologiques, de préceptes moraux et de règles de vie auxquelles il est bien évident qu'il ne peut pas comprendre grand'chose, en plus à l'âge qu'il a. On ne lui demande d'ailleurs pas de comprendre, mais d'ingurgiter....

                Oui, l'école coranique, c'est "ça": tout le contraire de la formation : déformation irréversible d’un petit cerveau sans défense, elle est l’horreur absolue, la monstruosité totale, le contraire de l’éducation, de la formation; elle est la des-éducation totale et irréversible, la dé-formation sans retour : un crime impardonnable. Que cela existe dans le monde musulman, c'est bien triste pour tous ces pauvres enfants éteints à jamais. Et cela explique d'ailleurs beaucoup de choses sur l'état de sociétés de ces pays.... Mais nous n'y pouvons rien, car nous n'avons évidemment pas juridiction pour agir dans ces pays. Par contre, ici c'est chez nous, et "ça", la prétendue "école" coranique, c'est une horreur à ne jamais tolérer chez nous.

                Dernière chose: tout ce qui se fera dans cette mosquée se fera, évidemment, en langue arabe, et non en français. Bonjour l'intégration et l'assimilation ! Désolés, mais nous, on n’est décidemment pas d’accords…

     

    PS 1: résultat de la question/sondage du 5 novembre, publié le 6: 

    Êtes-vous pour l’édification d’une grande mosquée à Marseille ?

    Le vote est clos. Vous êtes 34252 à y avoir participé.

    oui
    .
    29.84%
    .
    non
    .
    70.16%
    PS 2 : Nous remettons ici l'un de nos sourires du dimanche : il nous semble vraiment, qu'il s'impose, là.....  Enquête_à_Marseille.jpg
  • D'accords avec... SOS Education.

                Les "problèmes" de l'Education nationale ne viennent pas d'un manque de moyens mais d'un manque de bon sens. Et de l'idéologie.

                Refaire des classes en tenant compre du niveau des élèves est -ainsi- l'une des principales réformes à faire. Avec le retour de la sélection, c'est l'une de ces idées simples et de bon sens, mais fondamentales, que nous défendons depuis longtemps. Et c'est parce que, volontairement, les manitous du Ministère tournent le dos, depuis des décennies, à ces principes de bon sens élémentaire que le Ministère s'est transformé, justement, en une immense machine à... des-éduquer !

                Voici, ramassée et motivée par le toujours aussi excellent blog de SOS Education (http://www.soseducation.com/) une argumentation en faveur de ce retour aux classes de niveau; cela se trouve dans la note  intitulée Les enseignants sont mal à l’aise (1).

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                Les enseignants ont de plus en plus de difficultés. Leur charge de travail est beaucoup plus lourde aujourd’hui et ceux qui ont plus de 20 ans de métier sont les plus formels.

                C’est ce qu’analyse entre autres choses le rapport de 224 pages commandé par la Direction de l’évaluation du Ministère de l’Éducation nationale à une société externe et rendu public le 30 octobre dernier.

                Certes, les termes du rapport sont choisis et les conclusions noyées au milieu d’un ensemble de tableaux croisés décomposant les résultats de l’enquête menée de septembre à octobre 2008 auprès de 1200 professeurs.

     
    CARICATURE ECOLE 3.jpg

                Mais le constat est enfin posé :
                « Plus des trois-quarts des enseignants estiment que leur charge de travail s’est alourdie ces dernières années ».
                Et ils n’en restent pas là. La cause est clairement mise en évidence :
                « L’hétérogénéité des élèves est sans conteste la première explication à l’augmentation de la charge de travail des enseignants ».

                Depuis 30 ans, en effet, on n’a eu de cesse d’abolir les classes de niveaux, de mettre les bons avec les mauvais et de dire aux enseignants : « débrouillez-vous ! ».

                Résultat : on paye la note aujourd’hui. Les enseignants ne s’en sortent pas et l’on ne peut plus cacher que l’on a rendu au fur et à mesure leur métier impossible. 

                Que fera le ministre face à ce constat sans appel ?

                Les enseignants, de leur côté, auraient une solution en tête : « diminuer le nombre d’élèves par classe ». C’est la première proposition qu’ils émettent pour améliorer leur métier, selon ce sondage.

                Pourtant, il n’est pas prouvé que la difficulté d’enseigner soit liée à la taille de la classe. Si tel était le cas, depuis le temps qu’on pratique les petits effectifs en ZEP ou dans des classes spécialisées, on aurait dû obtenir des résultats.

                C’est que ce n’est pas une affaire de taille mais de niveau : faites des petites classes avec des élèves qui ont des niveaux radicalement différents et la situation reste toujours aussi ingérable pour le professeur.

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                Kevin Brookes, étudiant assurant des cours de soutien scolaire dans un collège de ZEP, le rappelait ici : les classes des établissements difficiles sont peu fournies en élèves, et pourtant, l’échec scolaire et la violence y sont monnaie courante. En revanche, certains établissements de centre-ville ont des classes chargées, mais d’un niveau homogène, et les professeurs peuvent se consacrer à leur mission de transmission des savoirs.

                Revenons donc à des mesures réalistes et à une gestion de bon sens loin des théories développées et re-développées depuis plus de 30 ans.

                Proposons au sein de chaque établissement que les classes soient organisées en fonction des niveaux des élèves – les bons avec les bons, ceux qui ont des difficultés avec ceux qui ont des difficultés – pour permettre au professeur de délivrer un enseignement approprié à chacun. On aboutirait à une organisation réaliste et non à un système, comme c’est le cas actuellement, où personne n’y trouve son compte.

                7 enseignants sur 10 se sentent déjà personnellement concernés par le malaise enseignant. Pas la peine d’attendre d’en compter 10 sur 10 pour agir.

     (1) : note du 16 novembre 2009.

  • De tous les bords ! Ils les ont écrites et signées !!!

    IMMIGRATION ALGERIENS.jpg* Jeannette Bougrab (petite-fille de Harki - Secrétaire d’Etat à la jeunesse) :

    Je ne connais pas d'’islamisme modéré.

    * Vladimir Poutine :

    Bientôt la France sera la colonie de ses anciennes colonies.

    * Alija Izerbegovic, ancien Président de l'Etat européen de Bosnie :

    Il n'est en effet pas possible qu'une paix ou qu'’une coexistence ait lieu entre la Religion islamique et les institutions sociales et politiques non islamiques. Il n'’y a pas de principe de laïcité.

    * Alain Gerin, député communiste :

    Aujourd'hui limiter l'’immigration y compris régulière devient vital face à une situation intenable et explosive dans des centaines de villes populaires.

    * Sir Bertrand Russel, Prix Nobel :

    L'islam et le bolchevisme ont une finalité pratique dont le seul but est d'’étendre leur domination sur le Monde.

    * Alain Minc :

    En France, on protège ceux qui mettent le feu et on persécute ceux qui sonnent le tocsin.

    * Eric Zemmour : 

    Nous avons connu en France l’'alliance du trône et de l'’autel, du roi et de l’église. Nous voyons aujourd’hui se mettre en place l’'alliance du marché et du minaret.Faites accoster des clandestins sur des plages françaises. Il ne peut rien leur arriver. L'état est impuissant. Les passeurs disent merci à la justice française.

    * Georges Marchais :

    La poursuite de l’'immigration pose de graves problèmes. Il faut les regarder en face et prendre rapidement les mesures indispensables. La cote d’alerte est atteinte… C’est pourquoi nous disons : il faut arrêter l'’immigration, sous peine de jeter de nouveaux travailleurs au chômage.

    * Michel Rocard :

    La France ne peut accueillir toute la misère du monde.

    * Giscard d’Estaing :

    Ce type de problème actuel se déplace de celui de l'immigration vers celui de l'invasion.

    * Général de Gaulle : 

    Nous sommes un peuple européen de race blanche, de culture grecque et latine, et de religion chrétienne. Essayez d'intégrer de l'huile et du vinaigre.Agitez la bouteille. Au bout d'un moment, ils se sépareront de nouveau.Les Arabes sont les Arabes, les Français sont les Français. Vous croyez que le corps français peut absorber dix millions de musulmans, qui demain seront peut-être vingt millions et après-demain quarante ?

    * Houari Boumediene, président algérien (en 1974, lors de la conférence islamique) : 

    « Le ventre fécond de nos femmes nous permettra de conquérir l'’Europe et le Monde » et à l’'ONU « Des millions d’hommes quitteront l’'hémisphère sud pour aller dans l’'hémisphère nord. Ils n'’iront pas en tant qu’'amis. Ils iront pour le conquérir. Et ils le conquerront en le peuplant avec leurs fils. C’est le ventre de nos femmes qui nous donnera la victoire.

    * Erdogan, premier ministre de Turquie : 

    Les mosquées sont nos casernes, les coupoles nos casques, les minarets nos baïonnettes et les croyants nos soldats.

    * Le Cheik Al-Qaradawi (Président du Conseil européen de la fatwa et de la recherche structure juridique mère de l’UOIF) : 

    L'islam retournera en Europe en conquérant et en vainqueur.

    * Malika Sorel (Écrivain d’origine algérienne, membre du Haut Comité à l’intégration, auteur du livre : Immigration-Intégration) : 

    Nous devons rompre avec l'’idéologie victimaire qui inspire toute notre politique d'’intégration, et qui a échoué. On demande aux peuples européens de disparaître ; c’est une entreprise terrifiante !

    * Xavier Lemoine, maire de Montfermeil : 

    Il est nécessaire d'’ouvrir les yeux de ceux qui ne vivent pas ou qui ne veulent pas voir ce que nous vivons dans un certain nombre de nos quartiers, d’'apaiser la désespérance et l’'exaspération des populations qui se sentent étrangères chez elles, et de venir au secours et en aide à ceux qui sont submergés et assistent impuissant à la prise d’otages de populations entières.

    * Gilles Bourdouleix

    L’'immigration économique ? Avec notre taux de chômage, ça n’est plus possible. Quant à l'’immigration sociale, il faut y mettre un terme pour résorber nos déficits. Ces gens viennent sur notre territoire pour bénéficier de notre protection sociale avec la complicité de notre administration : on trouve sur les sites du gouvernement toute la liste des aides sociales ! C’est d’'un protectionnisme migratoire que la France a besoin !

    * Yvan Rioufol : 

    Le pays ne tourne plus rond quand il fait appel à des extra-européens pour répondre aux 500.000 emplois vacants tandis que 2.7000.000 chômeurs sont aidés par une solidarité nationale épuisée.

    * Claude Guéant : 

    La France est un pays ouvert, mais elle n’a pas vocation à accueillir des étrangers pour en faire des chômeurs.

    * Jeune Tunisienne de 20 ans vivant à Nice : 

    Ce que l’'on appelle l'’islam radical, c’est l'’islam tout court ; le reste, c’est un islam laxiste.

    * Mgr Abba Athanasios (chef de l’église copte orthodoxe) : 

    Il y a un plan d'islamisation de la planète.

    * Rasmussen, Premier ministre Danois : 

    Nous avons un très haut niveau de prospérité au Danemark. Nous serions obligés de l’'abandonner si des gens n'ont qu'à mettre le pied dans la porte pour obtenir des avantages financiers sans avoir d’abord contribué à l’'économie.

    * Christopher Caldwell, écrivain :

    Un jour en Europe, l'Islam sera assez puissant pour que les Européens regrettent d’avoir croisé son chemin.

    * Bassan Tibi, sociologue syro-allemand : 

    Le problème n'est pas de savoir si une majorité d'’Européens sera islamisée, mais plutôt quel Islam est appelé à dominer l'’Europe.

    * Jacques Ansquer (président de la Banque alimentaire des Bouches du Rhône et rapporté par La Provence le 28 juin dernier) : 

    Nous ne sommes plus dans une situation de non-droit, il y a désormais des zones régies par un autre droit que le nôtre.

    * Renaud Camus, écrivain

    Aucun épisode depuis quinze siècles, ni la guerre de cent ans, ni l'’occupation allemande, n'ont constitué pour la patrie une menace aussi grave, aussi fatale, aussi virtuellement définitive en ses conséquences que le changement de peuple.

  • Deux réactions sur la ”Fête” du PSG : I, Le désert des Barbares, par Jean-François Mattéi (dans Le Figaro du jeudi 16 ma

    Dans la fable d’Orwell, La Ferme des animaux, les cochons inscrivent sur un mur, qui n’est pas encore celui de la honte, les grands principes de l’animalisme. Guidé par l’idéal révolutionnaire, le septième et dernier principe proclame que « tous les animaux sont égaux ». On sait comment la fable se termine. Quand le nouveau pouvoir a fait son œuvre, l’âne Benjamin constate que le précepte égalitaire a pris une curieuse inflexion : « tous les animaux sont égaux, mais certains le sont plus que d’autres ». 

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    C’est ce que l’on constate en France depuis l’avènement de la gauche morale : tous les citoyens sont égaux, mais certains le sont plus que d’autres. Quand des centaines de milliers de personnes manifestent contre un « changement de civilisation », c’est-à-dire le mariage homosexuel, elles sont stigmatisées par les autorités et maltraitées par la police, femmes et enfants compris. Le ministre de l’Intérieur n’a pas alors de mots assez durs pour défendre « l’ordre républicain » contre « l’idéologie de Vichy » et traiter les manifestants pacifiques d’« extrémistes de droite ». Tous ceux qui ont l’incorrection de défendre d’autres principes que ceux du pouvoir en place sont accusés de déchirer «  le pacte social ».

    Mais quand, au cours de la fête du couronnement du PSG, quelques centaines de casseurs mettent à sac tout un quartier de Paris, autour du Trocadéro, et viennent polluer la plus belle avenue du monde, la gauche morale et égalitaire cherche à minimiser les dégâts, à imputer la responsabilité à des casseurs professionnels, voire encore, comme l’a fait M. Cambadélis, à établir un rapprochement surprenant entre les manifestants contre le mariage pour tous et les adeptes de la violence pour quelques uns. Quant au Maire de Paris, il se contente d’invoquer benoîtement les agissements d’« une poignée de perturbateurs ». À ses yeux, en effet, « les débordements ont été contenus, et la fête n’a pas été gâchée ».

    Comme les émeutes de l’automne 2005, que l’on a qualifié d’« urbaines », alors que l’urbanité française évoquait traditionnellement une courtoisie raffinée, les émeutes parisiennes du 13 mai soulignent les deux maux qui ravagent notre pays. Ces maux ont un seul et même nom : c’est la barbarie. Elle ronge, puis détruit ce que l’on appelait autrefois la civilisation. Lorsque le Marquis de Mirabeau créa ce néologisme dans L’Ami des hommes, il y reconnaissait la perfection de l’humanisation grâce aux Lumières apportées par la science et la vertu. La barbarie ne peut supporter, avec le civisme, la civilisation.

    Mais il y a deux façons de mettre à mal la civilisation. D’abord, la barbarie furieuse, que les Romains nommaient ferocitas, et qui s’étend aujourd’hui des banlieues à une cité que l’on n’ose plus appeler la « Ville Lumière ». C’est elle qui se manifeste dans les débordements de violence qui affecte les personnes et les biens, et davantage encore la civilité d’une nation. Mais il y a aussi la barbarie douce, ou vanitas, qui tient moins de la vanité des hommes politiques que de leur vacuité. C’est elle qui fait le lit de la précédente en minimisant ses effets ou en lui trouvant des excuses.

    Or, il est de fait que les socialistes, infidèles à leur idéal d’égalité, traitent avec un mépris souverain ceux qu’ils ne reconnaissent pas comme des citoyens à part entière. Ils les rejettent dans les ténèbres de la Réaction, de la Droite et de l’Extrême-Droite, sans jamais admettre que leurs adversaires pourraient avoir, parfois, raison de se révolter contre des injustices. Au contraire, ils réservent leur mansuétude à tous ceux qu’ils considèrent comme des exclus, quels que soient les actes qu’ils commettent, pour mieux faire état de leur belle âme.

    Ce qui est directement en cause, dans l’escalade de violence et de démission que nous connaissons dans notre pays, c’est l’existence d’un espace public que tous les citoyens devraient respecter, quels que soient leur choix politique, leur origine ethnique ou leur foi religieuse. Il est de la responsabilité de l’État d’instaurer cet espace de partage, par son rôle législatif, ou de le restaurer, par son action préventive et répressive. Mais quand l’autorité de la république est bafouée, l’État de droit se soumet insensiblement à l’état de fait, et on légalise par faiblesse toutes les formes de violence.

    Les émeutes para-sportives de Paris, comme les manifestations contre le mariage homosexuel, mettent en évidence la duplicité du pouvoir socialiste. Quand il se trouve confronté à des difficultés, il tend à impliquer ceux qu’il ne reconnaît pas comme des citoyens, alors qu’il se montre conciliant envers ceux qui ne se reconnaissent pas comme des citoyens. C’est là un trait de beaucoup d’esprits forts que Rousseau avait dénoncé en son temps : « Tel philosophe aime les Tartares pour être dispensé d’aimer ses voisins ». Un esprit mal intentionné pourra entendre : tel socialiste aime les Barbares pour être dispensé d’aimer ses voisins.

  • HISTOIRE • Michel de Jaeghere : « Le déclin de Rome, un avertissement » Par Raphaël de Gislain

     

    Directeur du Figaro Hors-Série et du Figaro Histoire, Michel De Jaeghere nous livre avec Les derniers jours – la fin de l’empire romain d’occident une analyse éblouissante des causes qui entraînèrent la chute d’une civilisation qui se croyait, comme la nôtre, immortelle.

    Peut-on dater précisément l’effondrement de la civilisation romaine ?

    Les ruptures dans l’histoire ne sont jamais absolues. Pour marquer la fin de l’empire romain, on retient traditionnellement la date de 476, celle de la déposition du dernier empereur d’Occident. Pour autant, la civilisation gréco-romaine ne s’est pas effondrée du jour au lendemain. L’empire était en crise depuis le début du Ve siècle, et la romanité s’est perpétuée au vie, pour servir de matrice aux renaissances qui ponctueront le Moyen Âge. Il y aura encore pendant des décennies un sénat et des consuls à Rome, et l’aristocratie maintiendra longtemps les usages de la vie romaine en Italie, dans le sud de la Gaule ou en Espagne.

    Contrairement à l’historiographie dominante, je me suis pourtant convaincu que 476 constituait une véritable rupture. La disparition de l’état romain n’a pas été sans conséquence. Elle a débouché sur un effondrement de la civilisation romaine. L’empire subsiste certes comme une prestigieuse fiction. Il y a toujours un empereur à Constantinople, et les références culturelles des rois barbares, comme Clovis, restent romaines. Beaucoup d’historiens en concluent aujourd’hui que la chute de l’état romain fut un détail sans importance puisque la romanité s’était maintenue sous une nouvelle forme. Je crois montrer à l’inverse que l’effondrement du pouvoir central a eu des conséquences catastrophiques du fait de l’interruption des échanges de longue distance, qui avaient été le vecteur de la prospérité romaine, de l’étiolement de la vie civique et de l’évergétisme (mécénat politique), qui avaient été au cœur de la civilisation antique – c’est par la carrière des armes qu’on s’élève désormais dans l’échelle sociale, non plus par la munificence dont on fait preuve à l’égard de ses concitoyens –, enfin de la disparition de la culture littéraire, qui réservera peu à peu l’usage de l’écriture aux clercs. à la fin du vie siècle, les grands seigneurs mérovingiens seront incapables de signer de leur nom, quand leurs homologues gallo-romains écrivaient, cent ans plus tôt, des vers précieux. Il s’était bien passé quelque chose entre temps.

    L’assimilation des peuples étrangers, l’un des fondements de la civilisation romaine, cesse soudain… Pourquoi ?

    Le ressort de la grandeur de Rome, comme l’a souligné Montesquieu, a été d’avoir su associer les vaincus à son destin. L’empire romain était depuis toujours un empire multiethnique et multiculturel, mais il avait fait l’objet d’une prudente et progressive politique de romanisation. La barbarie était aux yeux des Romains un état transitoire, dont il importait de faire sortir les peuples conquis en les faisant entrer dans la vie civique à quoi s’identifiait pour eux la civilisation. Après avoir humilié l’orgueil de leurs ennemis sur le terrain, leur avoir fait sentir leur domination en leur imposant de lourds tributs, ils favorisèrent, là où il n’existait pas, la mise en place d’un système d’administration municipale faisant prévaloir la discussion rationnelle sur la loi du plus fort. En même temps, ils encourageaient la diffusion de la culture littéraire par l’apprentissage du latin, et la diffusion de leurs mœurs par la construction de villes reprenant, avec leurs amphithéâtres, leurs aqueducs, leurs thermes, les canons de l’architecture romaine. Or, à la fin du IVe siècle, à la suite de la défaite d’Andrinople, marquée par la destruction d’une armée et la mort de l’empereur Valens sur le champ de bataille, Théodose est obligé de négocier une paix de compromis : il accueille les Goths dans l’empire sans les avoir soumis ; ils sont installés sur le sol romain dans le respect de leurs structures tribales. L’empereur espère faire d’eux des agriculteurs en même temps qu’une réserve de soldats, car l’armée comme la terre manquent de bras. On pense ainsi avoir trouvé une solution au changement de paradigme militaire : le passage de l’empire d’une guerre de conquête à une guerre défensive, qui mobilise des effectifs considérables, compte tenu de la longueur immense des frontières.

    Et cette solution de court terme s’est retournée contre Rome…

    En effet, les autorités romaines ont, sans s’en rendre compte, renié par là l’essence même de la romanité. Elles ont dans le même temps renoncé à leur rôle civilisateur et confié la guerre à des bandes étrangères. L’exemple n’en sera pas moins suivi tout au long du Ve siècle, débouchant sur la multiplication des enclaves étrangères, qui se considèreront peu à peu comme des principautés indépendantes. Les empereurs ont été condamnés à cet expédient par la faiblesse de la démographie romaine, le manque de ressources fiscales dans des provinces ravagées par les invasions, et par le peu d’appétence des populations de l’empire pour la carrière militaire. L’engagement dans les légions donnait traditionnellement accès à la citoyenneté romaine, mais, depuis l’édit de Caracalla (212), ce n’était plus un privilège puisque celle-ci avait été donnée à tous les habitants de l’empire. On manquait donc de candidats. La guerre défensive n’est pas très attirante, puisqu’elle vous condamne à partir loin de chez vous sans perspective d’amasser du butin. Les invasions qui se sont multipliées au ve siècle ont terrorisé les populations, renforcé leur sentiment d’appartenance à une romanitas opposée au barbaricum. Mais elles ne les ont pas conduites à s’engager en masse dans les légions. C’est peut-être là une leçon essentielle de l’histoire : les empires multinationaux sont très difficiles à défendre, car ils ne suscitent pas d’élan patriotique. Agrégat de peuples, ils ne sont pas une dilatation de la Cité. L’attachement que les populations leur portent est lié au fait que l’empire leur apporte paix et prospérité. Il ne crée pas le lien charnel qui justifie qu’on soit prêt à sacrifier sa vie, comme on le fait pour la défense de la terre de ses pères…

    Vous terminez par un chapitre en forme d’avertissement pour le lecteur. Que devons-nous voir que nous ne pourrions comprendre sans l’histoire de Rome ?

    Notre monde est ivre de sa prospérité, ivre de sa technologie qui lui procure une impression de toute puissance. Mon livre montre qu’il y a eu avant nous une civilisation qui était elle aussi extrêmement brillante et se croyait éternelle. Elle s’est effondrée sous le double jeu de l’immigration et des invasions, préludes à l’émergence de communautarismes qui la condamnèrent à la dislocation. Les barbares connaissaient suffisamment Rome pour avoir envie de profiter de ses richesses. On renonça à les coloniser car cela paraissait trop difficile et trop coûteux, sans penser que livrés à l’anarchie au-delà des frontières, ils seraient irrésistiblement attirés par les bienfaits de la civilisation. On les laissa s’installer sur le sol romain sans les avoir subjugués par la force, ni leur imposer le processus d’assimilation qui avait assuré, jusqu’alors, la romanisation des vaincus. Chacun est libre d’en tirer les conclusions qu’il veut pour notre temps. 

    Dernier livre paru : Les derniers jours : La fin de l’empire romain d’Occident, les Belles lettres, 658 p., 26,90 euros.

     

    Politique magazine

  • Au secours, les Suisses ! François d'Orcival a raison

     

    par François d'Orcival, de l’Institut

    Dans la dernière livraison de Valeurs actuelles, une chronique qui dit l'essentiel après le récent vote suisse. Révélateur du souci identitaire des peuples d'Europe. 

    François%20d'Orcival_0_0.jpgMême eux votent « extrême droite » … Ce n’est donc pas un problème économique, dit Hollande. Mais quel est-il alors ? I-den-ti-taire… 

    Les Suisses ont voté, dimanche, pour leurs élections législatives. Lundi matin, François Hollande en faisait le commentaire effaré au micro de RTL : le parti « d’extrême droite » (qui s’appelle Union démocratique du centre — UDC) était arrivé devant tous les autres. « En Suisse ! », s’étonnait-il, un pays où la « croissance est de 3 % et le chômage de 3 % !… » Et il ajoutait : « Qu’on ne me dise pas que c’est un problème économique ! » Eh non, ce n’est pas un problème économique. Il est i-den-ti-taire…

    Mais qui nous répétait depuis des années que le vote “populiste” n’était que l’effet du chômage et de la désespérance sociale ? François Hollande est bien obligé d’en convenir : « L’extrême droite progresse partout en Europe. » À cause de quoi ? De tout ce que représentent l’Europe de Bruxelles et la crise des réfugiés. « L’étranger est le problème », se désolait-il, lundi. Pas n’importe quel “étranger”. Que ne l’avait-il anticipé au lieu de continuer à rabâcher des phrases creuses telles que : « Un grand pays ne se replie pas, ne se recroqueville pas… » Si Marine Le Pen recueillait 18 % des voix à la présidentielle de 2012 et si les sondages lui accordent 30 % maintenant, la faute à qui ?

    La campagne qui a fait gagner l’UDC aux élections fédérales suisses (65 élus sur 200, soit 11 de plus qu’au précédent scrutin) reposait sur un slogan : “Rester libre !”… Comme si notre voisin le plus prospère et sûrement le moins “envahi”, toujours souverain, dans sa monnaie, ses frontières, sa législation, ressentait quand même le besoin de se mettre en garde. « Les Suisses ont cru qu’ils étaient à la gare de Munich », a grincé le maire écologiste de Lausanne.

    La gare de Munich… Il y a à peine un mois, les migrants y arrivaient par vagues continues, salués par les vivats et les petits drapeaux de la générosité allemande… Et maintenant, submergée par le mouvement qu’elle a déclenché, ces centaines de milliers de réfugiés qui franchissent les frontières de l’Allemagne, la chancelière a pris l’avion pour Ankara, en proposant au gouvernement turc d’échanger sa retenue et sa prudence dans la gestion des flux migratoires contre une accélération de la négociation d’adhésion de la Turquie à l’Union européenne !

    On échangerait donc 2 millions de réfugiés contre 78 millions de Turcs ! Là, on tombe sur la tête. S’il devait en être ainsi, si cette négociation devait aboutir, au moins devrait-on exiger du gouvernement français, quel qu’il soit à cette date, de respecter la parole de Jacques Chirac, qui s’était engagé devant les Français à soumettre tout projet d’accord d’adhésion de la Turquie à référendum. Les Suisses n’ont fait que saisir l’opportunité de leurs élections pour appeler à la vigilance, de même qu’ils avaient voté, le 9 février 2014, pour arrêter l’immigration, et, le 29 novembre 2009, pour empêcher la construction de minarets…

    Les Français n’ont nul besoin de se croire à la gare de Munich. Il leur suffit d’apprendre que la gare de Castres, dans le Tarn, a été fermée pendant deux semaines, parce que les cheminots avaient fait valoir leur droit de retrait. Motif : les exactions multiples commises par des individus venus d’un camp de Roms des environs, apparemment délicat à déplacer… Quand Valeurs actuelles avait alerté l’opinion en titrant sa une du 22 août 2013, « Roms, l’overdose », le parquet avait, sur instructions, poursuivi Yves de Kerdrel, directeur du journal, avant de le faire condamner en première instance. Le même parquet allait-il poursuivre les cheminots de Castres ?

    A Calais, le camp des migrants qui cherchent par tous les moyens à passer au Royaume-Uni avait été prévu pour un millier de places. Puis pour 1500. Autorités, maire, associations humanitaires nous disaient que c’était “gérable”. Maintenant, ce ne l’est plus : ils sont 6 000, dans une “jungle” insalubre ; la maire en appelle à l’armée (qui ferait quoi ? ). Dans un mois ou deux, combien seront-ils ? 10 000 ? On dira que l’on aurait dû le prévoir…

    À Évry, principale ville de la circonscription de Manuel Valls, siégeait cette semaine à huis clos une cour d’assises pour juger un mineur, auteur principal d’un crime horrible, passé sous silence mais révélé par Valeurs actuelles (10 avril 2014). Cela concernait quatre délinquants récidivistes de 13 à 17 ans, trois frères turcs, un Marocain. Quatre sauvages qui s’étaient jetés, de nuit, sur une jeune fille de 18 ans et l’avaient atrocement martyrisée pendant plusieurs heures en lui criant des injures racistes antifrançaises. Les quatre avaient été interpellés. Le juge d’instruction les avait mis en examen pour viol et actes de barbarie, en ajoutant l’incrimination de racisme. Le dossier soumis à la cour cette semaine ne l’a pas retenue. Pourquoi ?

    Parce que, là comme ailleurs, on préfère se voiler la face. Mais la réalité est hélas la plus forte. Au secours, les Suisses ! 

    À l’antenne : le lundi, à 20 heures, dans “les Informés de France Info” ; le jeudi, à 10 heures, sur LCI.

    François d'Orcival 

  • Boualem Sansal : « Un scénario syrien est possible en Algérie »

    La nouvelle grande mosquée d'Alger, Djamaa El Djazaïr en construction 

     

    C'est un entretien d'un très grand intérêt avec Boualem Sansal qu'Alexandre Devecchio a publié dans Figarovox, le 23.02. Ce n'est pas que nous fassions totale confiance à Boualem Sansal. Publier les réflexions d'un auteur, d'un intellectuel, ce n'est ni faire son éloge, ni, nécessairement prendre son propos pour parole d'Evangile. Nous savons, en outre que Sansal est une personnalité ambiguë. Et qu'il ne cesse pas d'être une énigme, même pour de fins connaisseurs des pays d'Afrique du Nord. Mais il s'agit ici du devenir de l'Algérie, bombe à retardement, inquiétante à plus d'un titre. Et au premier chef pour la France qu'une explosion du système algérien menacerait de façon sans doute gravissime. Nous avons dit, ici, à plusieurs reprises, notre inquiétude face à cette menace à laquelle il paraît assez clair que la France ni l'Europe ne se préparent. C'est ce dont Sansal traite ici et nous conseillons de le lire, certes avec esprit critique, mais aussi avec une véritable attention.  Lafautearousseau   


    XVM570e4212-da34-11e5-94e2-a58df5601745.jpgDans son roman d'anticipation 2084, le grand écrivain algérien imaginait un monde dominé par l'islam radical. Il se montre tout aussi pessi­miste pour l'avenir de l'Algérie.

    LE FIGARO - Alors que le président Bouteflika reste très affaibli, l'Algérie est confrontée à un début de crise économique…

    Boualem SANSAL - Bouteflika, pendant ses seize années de règne, a acheté la paix sociale en faisant vivre les Algériens au-dessus de leurs moyens sans même avoir besoin de travailler. Cette gestion financière et psychologique catastrophique pourrait déboucher sur une crise multidimensionnelle à la fois économique, politique et religieuse. Les journaux n'en parlent pas, mais il faut savoir qu'il y a des émeutes quotidiennes en Algérie. La seule réponse du pouvoir est d'« arroser » la population. Pour l'instant, celle-ci en profite. Mais la manne n'est pas infinie. Que se passera-t-il lorsque celle-ci sera épuisée ?

    En cas d'aggravation de la crise, comment le pouvoir peut-il réagir ?

    Ma conviction est que le pouvoir est indestructible. Il résistera à tout parce qu'il n'hésitera pas à réprimer avec violence comme le fait Bachar el-Assad en Syrie. S'il se sent débordé, il fera tirer sur la population. Si cela ne suffit pas, il internationalisera l'affaire en y mêlant les islamistes. Le problème politique sera transformé en problème religieux et exporté hors des frontières algériennes jusqu'en Europe, et singulièrement en France. Le scénario d'une escalade de la terreur sur le modèle syrien me paraît tout à fait crédible.

    L'Algérie peut-elle être également menacée par Daech ?

    Les islamistes étrangers, ceux de Daech ou d'al-Qaida, sont en embuscade. Mais il faut aussi compter avec les islamistes algériens. Ces derniers ont fait un deal avec le pouvoir. Ils partagent avec l'État la rente pétrolière et sont introduits dans les rouages de l'administration: certains islamistes sont députés ou ministres. En parallèle, ils investissent le domaine culturel et social. Le terrain économique leur permet également de « faire beaucoup d'argent»  avec l'Arabie saoudite, Dubaï ou la Turquie. Cela participe à l'internationale islamiste comme à la reconstitution de leurs forces en Algérie. Bouteflika leur a cédé la « gestion » du peuple. Dans les petites villes et les villages, ils sont maîtres du jeu et font régner leurs règles théocratiques terrifiantes. Ces seize dernières années, il s'est construit plus de mosquées dans le pays que durant tout le siècle dernier.

    Justement, que pensez-vous de la construction de la nouvelle grande mosquée d'Alger, Djamaa El Djazaïr ?

    D'abord, cela traduit la stratégie d'équilibre des pouvoirs de Bouteflika. Pour ne pas être totalement dépendant des militaires, il a ouvert la porte aux islamistes. La future grande mosquée d'Alger est un gage donné à ces derniers. Le gigantisme du projet traduit également la mégalomanie de Bouteflika. C'est pour lui, une manière de marquer l'Histoire, quitte à livrer le pays aux fondamentalistes.

    La guerre civile algérienne peut-elle faire son retour ?

    Le chaos est presque inéluctable. Bouteflika a fait le vide politique autour de lui et beaucoup vont prétendre à sa succession. Les islamistes voudront gouverner au nom de l'islam. Les militaires, humiliés durant son règne, voudront prendre leur revanche. Il y a aussi une oligarchie économique et financière avide et insatiable qui gouverne par le truchement de Saïd Bouteflika, frère cadet du chef de l'État. Ce contexte d'éclatement général ouvre la porte à toutes les aventures. La Kabylie, qui est marginalisée et persécutée, pourrait être tentée par une proclamation d'indépendance. Le Sud est dans une situation explosive, avec des tensions séparatistes notamment chez les Touaregs. Et, en ce moment même, la région du Mzab est le théâtre de guerres tribales. Enfin, la question de la jeunesse est préoccupante. Les jeunes représentent 35 à 40 % de la population et ne sont la clientèle ni des uns, ni des autres. Quel sera le comportement de ces électrons libres dans une situation où tous les grands verrous vont sauter ? Si tous ces mouvements coagulent, il y aura un printemps algérien sur fond de vengeance et de ressentiment. Celui-ci sera suivi d'un hiver islamiste.

    Quelles peuvent être les conséquences d'une explosion sur l'Europe ?

    L'Occident a perdu son influence et n'a plus de politique à l'égard du monde arabe. Sur la défensive, il ne peut que subir. S'il y a une explosion de l'Algérie, le Maroc et la Tunisie seront déstabilisés. L'Europe sera confrontée à un mouvement migratoire de masse qu'elle ne pourra pas maîtriser. Le problème de Calais apparaîtra bien minuscule en comparaison.

    Dans 2084, vous allez jusqu'à décrire un empire islamiste mondial…

    Depuis les indépendances, la religion musulmane ne cesse de s'affirmer. La seule force profondément installée dans la société arabo-musulmane est la religion. Le mouvement islamiste au sens large occupe l'espace et empêche l'émergence de toute autre idéologie. Il y a, certes, une compétition entre islam salafiste et islam traditionnel, entre chiites et sunnites. Cependant, on constate aujourd'hui que les différences s'estompent à l'intérieur du monde sunnite tandis que la confrontation a lieu entre chiites et sunnites. Mais, là aussi, des alliances stratégiques se nouent. Peu à peu, le monde musulman se reconstruit et retrouve ses ambitions premières et sa volonté hégémonique. La frontière avec l'Occident commence à être abolie puisque maintenant l'islam politique s'ouvre des espaces à Londres, à Paris et à Bruxelles. On peut imaginer que dans trente ans l'islam gouvernera l'ensemble du monde musulman qu'il aura unifié. Dans soixante ans, il partira à la conquête de la civilisation occidentale.

     

    picture-2540921-61yhv5dr.jpgEntretien par

    Journaliste au Figaro et responsable du FigaroVox. Twitter : @AlexDevecchio

  • Médias • TV : BHL chez Ruquier

     

    par Nicolas Julhiet

     

    Il faut toujours garder une certaine distance quand on regarde une émission avec Bernard-Henri Lévy… Dans On n’est pas couché, ce samedi soir, cette précaution fut encore nécessaire.

    L’esprit du judaïsme. Tel est le titre de son dernier livre. BHL est venu en assurer la promotion sur le plateau de Ruquier. Sans sa chemise blanche, pour une fois, comme il en plaisante lui-même, faisant preuve d’un minimum d’auto-dérision… Il en est donc capable, se dit-on ! Au moins une fois. Car, durant toute l’émission, BHL a affiché sa mine la plus grave, la plus sérieuse, celle qu’il arborait sur les théâtres d’opérations à travers le monde, dans des conditions certes parfois surprenantes, entre un char éventré et une caméra.

    Quoi qu’il en soit, la première partie de l’émission est intéressante, bien que peu originale. Il est question de l’antisémitisme en France et de son évolution à travers les siècles. De Philippe Le Bel à Alain Soral et Dieudonné en passant par Bernanos et Céline. Le grand écart historique et intellectuel. S’il s’incline devant le génie littéraire des deux écrivains, il ne montre une grande estime pour le fondateur d’Egalité & réconciliation et l’humoriste franco-camerounais. «Des crânes rasés de la pensée », dit BHL dans une formule qui fait mouche ! De bonne guerre, tant la rivalité est forte entre les trois hommes. Mais contrairement à d’autres, BHL n’invite pas les juifs de France à quitter le pays pour Israël. Il dit clairement que l’antisémitisme est moins prégnant qu’avant. Soulagement général : ce soir, pas d’excès de langage, ni de procès général, ni d’inquisition. Pour l’instant, du moins.

    La discussion glisse ensuite sur l’auteur lui-même. Il est question de son identité juive – qu’il ne juge pas malheureuse, à l’inverse d’un Finkielkraut -, et de son rapport au judaïsme. Un judaïsme qu’’il peine à définir, d’abord parce qu’il se définit comme un juif laïc pour qui « Dieu n’est pas la question de (son) livre, ni de (sa) vie ». On sent l’émission prendre une tournure prometteuse. Qu’est-ce qu’être juif ? Dans L’esprit du judaïsme, rappelle Yann Moix, BHL évoque longuement le livre de Jonas. Ce prophète, qui a pour mission d’alerter la ville de Ninive de sa destruction par Dieu, accomplit sa tâche après moult péripéties.

    On y est : BHL se considère comme le Jonas moderne. D’où son interventionnisme, d’où sa volonté de se rendre dans les pays en guerre, d’où ce besoin quasi-frénétique d’action. Sauf, qu’il n’y a plus « une » mais « des » Ninive. Et qu’il n’y a qu’un seul Jonas-BHL. Le philosophe ne dispose pas parmi ses nombreux talents de celui d’ubiquité…

    C’est là qu’intervient Léa Salamé. Après avoir doctement expliqué que Descartes a été excommunié (ah bon ?), elle rappelle à notre philosophe, avec un peu plus d’à-propos, les conséquences funestes de son rôle auprès de Sarkozy et de l’intervention militaire en Libye. Nul besoin de rappeler le chaos en Libye et au Proche-Orient après la chute de Kadhafi.

    BHL se défend comme il peut, de manière plus ou moins adroite, arguant qu’on ne peut pas le tenir responsable des conséquences de l’intervention, une intervention motivée par les meilleures intentions. Doit-on refuser d’agir au prétexte que les événements peuvent prendre une mauvaise tournure, demande le philosophe ? Doit-on refuser aux peuples l’accès à la démocratie ? Eternelles rengaines universalistes. Au moins, réfute-t-il le dogme du « sens de l’histoire ».

    L’émission continue avec la réhabilitation de l’apport des juifs dans l’histoire de l’humanité. BHL laisse échapper cette phrase hallucinante : « Les juifs sont une escorte discrète et silencieuse pour les autres nations ». Toute critique pouvant être mal interprétée… Prudence, donc.

    Non content de son petit effet, BHL, en quelques mots, réussit à provoquer l’incrédulité de Laurent Ruquier. Des propos repris par tous les sites d’informations et qui suscitent une vive polémique. Alors qu’il explique que le traitement de Laurent Fabius, dans l’affaire du sang contaminé, a des relents antisémites, il enfonce le clou à propos de l’affaire DSK : ce n’est « certainement pas un complot mais la façon dont une partie de la presse s’est emparée de cette histoire, en a fait une espèce de monstre où toutes les frustrations, les désirs inavoués… Moi je me rappelle certains hommes politiques devenant littéralement fous face à cette affaire DSK. (…) Je ne me suis jamais posé la question de s’il y entrait de l’antisémite… mais puisque vous me posez la question, il y entrait probablement une part d’antisémitisme. »

    Impossible de lui donner raison, même avec les meilleures intentions philosémites du monde. Dommage pour lui et la crédibilité de ses propos. Il est si rare d’entendre les noms de Péguy, de Chateaubriand ou de Bernanos à une heure de grande écoute. Pour BHL, qui avait jusqu’ici réussi à sortir de son rôle de bretteur à la faconde un tantinet pénible, la chute est terrible. De son passage, il ne restera que la polémique. 

      

  • Jacques Atali : : « Le monde s’approche d’une grande catastrophe économique. Et personne n’en parle.»

     

    La crise, Acte 2, selon Jacques Atali

    Certes, nous ne pensons pas que toute prédiction de Jacques Atali doit nécessairement être prise pour argent comptant. Il a trop souvent revêtu les habits du prophète ou du gourou et les faits l'ont trop souvent démenti, pour qu'on puisse tenir les dites prédictions - ou prévisions ! - pour automatiquement sûres. Toutefois, si l'on expurge sa présente analyse de ce qu'elle peut avoir de très incertain, sa réflexion lorsqu'elle s'attache aux réalités nous paraît au contraire pertinente et de bon sens. Au titre des éléments très incertains, il faut ranger l'idée selon laquelle le monde pourrait échapper à la crise à venir « à condition de mettre en place des mécanismes de coordination, de réorientation et de surveillance planétaires. » Cette condition ne peut être remplie. Elle est de l'ordre du rêve. En temps de crise, plus encore que jamais, ce sont les intérêts particuliers qui s'activent, se durcissent et s'affrontent. La globalisation ne les a pas amoindris ni harmonisés. Tout au contraire. En revanche, la critique que fait Atali d'une économie mondiale aujourd'hui principalement fondée sur l'accroissement indéfini et court-termiste de la dette et de la masse monétaire, avec les conséquences gravissimes qu'il peut en résulter à plus ou moins court terme, nous paraît être de simple bon sens. Atali agite souvent des rêves fumeux. Mais il a aussi une expérience ancienne et très concrète du et des pouvoirs. LFAR   

     

    Pour avoir écrit ici le 4 février dernier (voir L’Express N•3318) qu’une nouvelle crise économique mondiale menaçait, et en avoir révélé les signes avant-coureurs, j’ai déclenché d’innombrables ricanements. L’analyse est encore plus vraie aujourd’hui : le monde s’approche d’une grande catastrophe économique. Et personne n’en parle.

    Nul ne voit, en particulier, que ce qui se joue en Chine peut entraîner, par contagion, une dépression planétaire si nous n’agissons pas vite, de façon préventive. L’évolution chinoise était prévisible : sa croissance à 10% par an ne pouvait être durable et le ralentissement était inévitable. De plus, la Chine n’est plus compétitive, au cœur d’une Asie dont nombre de pays s’éveillent à leur tour. L’Empire du Milieu n’a pas su, comme l’ont fait les Etats-Unis et le Japon en leur temps, créer des firmes de taille internationale, avec des marques mondiales. La catastrophe de Tianjin aggrave cette menace dans des proportions considérables, paralysant une ville de 15 millions d’habitants, l’un des premiers lieux d’exportation et d’importation du pays, et rappelant, après d’autres événements du même genre, combien ce pays souffre des censures que lui imposent les exigences d’un parti unique.

    Les conséquences de cette situation peuvent être désastreuses pour le régime. La récession a, en effet, entraîné une baisse de plus d’un tiers de la valeur de la Bourse, où les 200 millions de membres de la classe moyenne ont investi la moitié de leur épargne, mise en réserve pour financer les frais de santé et d’éducation familiaux, ainsi que leurs retraites, que l’Etat ne couvre pas. De plus, si la croissance continue de ralentir, c’est l’exode rural qui va s’essouffler, réduisant la demande de logements et menant l’immobilier à l’effondrement, ce qui détruira l’autre moitié de l’épargne de la classe moyenne. Et rien n’est plus dangereux, pour tout régime, que de ruiner sa classe moyenne, ossature de tout ordre social.

    La manipulation du taux de change ne suffira pas à enrayer cette chute. Au contraire, même, elle peut l’aggraver en mettant la Chine en situation de dépendre du bon vouloir des spéculateurs internationaux, et en incitant d’autres pays à agir sur leur taux de change pour rétablir leur compétitivité.

    Au total, la récession chinoise, si elle se confirme, entraînera celle du Brésil, qui provoquera celle des Etats-Unis puis la nôtre. Cette menace, aujourd’hui négligée, sera bientôt d’actualité. Au plus tard lors du G7 d’Istanbul, en septembre, les dirigeants occidentaux devront débattre d’un éventuel plan de relance. Seulement voilà : nos Etats ne disposent plus, comme en 2008, de marges de manœuvre budgétaires, et nos banques centrales n’ont plus la possibilité, comme en 2010, de diminuer leurs taux d’intérêt.

    Alors, que reste-t-il pour relancer la croissance ? La solution la plus folle, la plus facile, serait d’imprimer encore plus de billets, comme on le fait déjà aux Etats-Unis, au Japon, en Grande-Bretagne et dans la zone euro. Cela finirait par ruiner les épargnants, c’est-à-dire les seniors, aujourd’hui grands vainqueurs d’un monde sans enfants, sans pour autant donner du travail et des perspectives de croissance aux plus jeunes.

    Nous avons encore tous les moyens d’empêcher un tel scénario et, même, de ne pas se contenter d’une stagnation sans création d’emplois, qui semble pourtant être aujourd’hui la meilleure hypothèse. L’économie mondiale a les possibilités d’une très forte croissance, d’un genre nouveau, à condition de mettre en place des mécanismes de coordination, de réorientation et de surveillance planétaires ; de penser l’économie en fonction de l’intérêt des générations suivantes ; de lutter contre les rentes économiques, financières, sociales et politiques ; et de favoriser les innovations de toutes natures. Cela suppose de l’audace, de la confiance, de la transparence. Toutes choses que les politiques, quels que soient les régimes, détestent par-dessus tout. 

    L'Express - Le blog de Jacques Atali

     

  • Zemmour à propos de « Qui est Charlie ? » d'Emmanuel Todd : Le terminus du prétentieux ...

     

    Le brûlot anti-Charlie d'Emmanuel Todd fait hurler ses pairs de la gauche antiraciste. Et si Todd lui aussi posait de bonnes questions mais donnait de mauvaises réponses ? C'est ce que pense Eric Zemmour dans l'analyse qui suit. Analyse qui nous aide à forger notre propre point de vue sur la pensée complexe de Todd. (Le Figaro, 14.05.2015).

     

    XVM402b58a2-f955-11e4-8e65-09fb11469bfa-300x440.jpgCharlie est un salaud. Un xénophobe, un islamophobe, un raciste. Charlie est un minable. Marche mais ne sait pas vers où et dit le contraire de ce qu'il pense ; défend la liberté pour mieux combattre l'égalité ; clame « pas d'amalgame » pour mieux écraser l'Arabe. Comme naguère David Vincent dans la série Les Envahisseurs, Emmanuel Todd sait. Devine tout, comprend tout, révèle tout. Emmanuel Todd est un universitaire, un anthropologue, un historien. Il est la Science. L'homme se croit libre, mais il est dans la main de Todd.

    Notre savant a reconnu dans les foules du 11 janvier les groupes sociaux qui avaient voté oui au référendum sur Maastricht. Il sait lire une carte, Todd ; mais n'est pas le seul à avoir remarqué que les pays de l'ouest et de l'est de la France, autrefois catholiques et antirévolutionnaires, avaient été les plus fervents européistes. Et que les classes populaires qui votent pour le Front national sont issues des terres historiquement révolutionnaires. Philippe Séguin ne l'avait pas attendu pour deviner que « 1992 serait l'anti-1789 ». Partant de cette intuition juste, Todd règle ses comptes avec la gauche européiste sans mesure ni rigueur scientifique. Bien sûr, la caste se cabre. On compte les coups en attendant que les deux boxeurs s'épuisent.

    Todd estime depuis longtemps que les modèles familiaux déterminent le positionnement politique. Et que les vagues d'immigration ne changent rien à l'affaire. On est de son pays avant que d'être de ses origines. « La terre, elle ne ment pas ». Mais Todd est aussi un homme de gauche, un progressiste, qui croit que chaque individu peut s'émanciper de ses déterminismes. Il jongle depuis toujours avec cette contradiction originelle au gré de ses besoins et de ses engagements politiques, avec une mauvaise foi teintée d'arrogance. Pour Charlie, sa religion (!) est faite: « Le droit au blasphème sur sa religion ne doit pas être confondu avec le droit au blasphème sur la religion d'autrui. Blasphémer de manière répétitive, systématique, sur Mahomet, personnage central de la religion d'un groupe faible et discriminé, devrait être, quoi qu'en disent les tribunaux, qualifié d'incitation à la haine religieuse, ethnique ou raciale. »

    Todd s'en prend à Charlie pour mieux défendre l'islam. Il réclame que la République accepte des « accommodements » avec l'Islam. Qu'elle évite l'affrontement à tout prix. Car elle n'en a pas les moyens. Au diable la laïcité et la liberté, pourvu qu'on ait la paix ! Todd renoue ainsi avec la traditionnelle litanie pacifiste qui traverse l'histoire de France et en particulier de la gauche. « Plutôt Allemand vivant que Français mort », disait Giono dans les années 1930, obsession pacifiste qui conduira nombre d'hommes de gauche dans la collaboration.

    La double imposture

    Mais Todd n'en démord pas: « Nous devons accorder à l'islam ce qui a été accordé au catholicisme. » C'est le cœur du livre ; et de sa double imposture. D'abord, la IIIe République (et on ne parle même pas de la Terreur et de la Vendée!) n'a pas été tendre avec l'Église. Toujours méfiante, féroce même sous le petit père Combes, entre « mise à jour des inventaires » par l'armée et officiers catholiques fichés. Mais surtout, l'égalité mise entre le catholicisme et l'islam est inique historiquement. Le catholicisme a forgé la nation française. Todd oublie que les confessions minoritaires, judaïsme et protestantisme, ont, elles, accepté de reconnaître la prééminence culturelle du catholicisme (édifices religieux discrets, prénoms choisis dans le calendrier composé de saints catholiques, etc.). C'est cette sujétion culturelle que refuse l'islam ; et cette résistance islamique que Todd et d'autres utilisent comme un bélier pour détruire les derniers reliquats de la christianisation de la France. Ils sonnent ainsi la revanche historique de l'extrême gauche, devenue islamo-gauchiste, sur Briand et Jaurès qui, lors de l'élaboration de la loi de 1905, avaient contenu leurs assauts antichrétiens, en limitant leur combat au seul cléricalisme.

    Nostalgique impénitent de « la bonne vieille lutte des classes », il veut la ressusciter en sonnant l'alliance « contre Charlie » des deux « universalismes égalitaires » des classes populaires françaises et immigrées. Todd n'invente rien de neuf, et ne fait que reprendre les chimères qui vont de l'extrême gauche à l'extrême droite. Seul le nom de l'ennemi diffère: quand Besancenot cible les « sionistes », Mélenchon « l'Allemand », Soral parle du « juif », Todd évoque pudiquement « Charlie ». Todd est un Soral gourmet.

    Un personnage de Houellebecq

    Mais le catholicisme est lui aussi le produit d'une inspiration universaliste et égalitaire. Comme la Révolution. Et comme l'islam. Ces trois universalismes sont des rivaux inextinguibles ; ils ne peuvent être que des alliés de circonstance. Le Code civil ne tolère pas une religion qui ait des prétentions législatives et politiques (Napoléon l'avait fait savoir au judaïsme autant qu'au catholicisme) et l'islam - sous toutes ses variantes - refuse de se concevoir comme une religion confinée au privé. C'est bien pour cela que catholicisme et islam se sont affrontés depuis plus de mille ans. Et que Daech cible la France en souvenir et des croisades et de la Révolution.

    Pour fonder son alliance, Todd fait le malin avec des chiffres de mariages mixtes mirifiques. Que la démographe Michèle Tribalat conteste. Todd reconnaît lui-même que depuis 1992 cette tendance se retourne ; mais c'est la faute à Maastricht, bien sûr ! Mais quelle est la réalité d'un mariage « mixte » lorsque l'époux français - se mariant avec une étrangère issue d'un pays du Maghreb - est lui-même un Français issu de parents venus du même bled ? Quand le footballeur Ribéry épouse une jeune femme algérienne, qu'il se convertit à l'islam, et chante partout son adoration pour son « pays d'adoption », l'Algérie?

    « Hésitant entre une belle exotique et un boudin national, l'universaliste fera en général le bon choix…» À la fin de son livre, Todd ressemble à l'universitaire inventé par Houellebecq dans Soumission : il finit par se convertir à l'islam pour goûter aux délices de la polygamie.

    « La France redeviendra elle-même quand Paris sera devenue la ville où auront fusionné des représentants de tous les peuples du monde, une nouvelle Jérusalem »… Longtemps, Todd nous a asséné son optimisme méprisant. L'homme avoue désormais son doute. « Il est déjà certain que ma génération ne verra pas la terre promise.» Todd se prenait pour le nouveau Moïse d'une « humanité libérée de tout sentiment racial ». Todd le prophète s'avère un Docteur Folamour. Dans ses éprouvettes, c'est avec notre peau qu'il joue. 

     

    Qui est Charlie ? Emmanuel Todd, Seuil, 243 p., 18 €

     

  • SOCIETE • Kermesse en Corse : ces parents qui refusent de faire chanter leurs enfants en arabe, par Fabrice Robert*

     

    Fabrice Robert est président du bloc identitaire et n'appartient pas à notre école de pensée, dont chacun sait qu'elle est, à Lafautearousseau, dans la suite et l'esprit de l'Action française. Cela implique un corps de doctrines défini auquel n'adhèrent ni le bloc identitaire ni Fabrice Robert. Mais nous n'avons pas la religion de l'ostracisme qui est la méthode du Système pour exclure du débat public qui n'entre pas dans ses catégories. Quand l'un quelconque de nos compatriotes s'élève contre le fait que sous couvert d'intégration, on nous demande plutôt, chaque jour, de nous intégrer aux autres et se demande si le vivre ensemble est synonyme de reniement de soi, si l’intégration est un concept destiné à favoriser la désintégration de l’identité française, alors, dans le contexte actuel, nous partageons son souci, nous sommes solidaires. LFAR   

     

    4073fe4d4d950765a22034c7136ec4ff.jpegÀ Prunelli-di-Fiumorbu, en Corse, deux enseignantes ont eu une bien curieuse idée pour la fête de l’école : les élèves devaient chanter « Imagine » de John Lennon en cinq langues, dont l’arabe. C’était sans compter sur la réaction salutaire de certains parents qui ont manifesté, de manière virile, leur désaccord. Pour eux, hors de question que leurs enfants puissent chanter ne serait-ce qu’un couplet d’une chanson en arabe. Le recteur d’académie, Michel Barat, a alors dénoncé une « attitude inqualifiable contre les valeurs que représente l’école ». Dominique Sopo, le président de SOS Racisme, a, pour sa part, dénoncé « le racisme au quotidien dans toute la splendeur de sa bêtise et de sa violence ».

    Considérant qu’ils ne peuvent plus exercer leur métier sereinement, les enseignants de l’école primaire ont déploré – dans un communiqué – « l’amalgame entre langue et religion » (sic). Sauf que ce type d’initiatives démontre, avant tout, que le Grand Remplacement est tout sauf une théorie. Il s’agit d’une réalité insupportable pour de très nombreux Français de souche qui vivent et constatent le Grand Remplacement dans leur immeuble, dans leur quartier, dans l’école de leurs enfants… Surtout lorsqu’on découvre la déclaration de cette enseignante : « Des parents ont précisé qu’ils ne voulaient pas que leur enfant parle arabe. Nous étions prêts à l’entendre. Sauf que certains ne voulaient même plus qu’ils viennent à l’école lors de cette demi-heure dédiée à la prononciation en arabe. Et ça, ce n’est pas possible. » La vocation de l’école républicaine est-elle donc d’enseigner à nos enfants comment prononcer des phrases en arabe ? Quoique dans certains quartiers, cela pourrait malheureusement s’avérer bien utile…

    Il faut surtout avoir conscience que tout ceci rentre dans une stratégie plus globale. Ainsi, nombreuses sont aujourd’hui les écoles élémentaires qui proposent à nos enfants de suivre des cours d’arabe gratuits. Dans une circulaire diffusée par la Direction générale de l’enseignement scolaire, on apprend que l’enseignement de l’arabe dans les écoles françaises fait partie d’un programme national du ministère de l’Éducation nationale.

    Mais ce n’est pas tout. Au nom du vivre ensemble, certaines écoles décident aussi de faire découvrir les joies de l’islam aux enfants. Récemment, à Chalon-sur-Saône, les élèves de CM2 de l’école du Devoir se sont rendus en visite à la mosquée du centre-ville, où ils ont été reçus par l’imam Ahmed Belghazi. Pour la presse locale, « cette rencontre a été riche d’échanges, d’écoute et de partage. Pour ces jeunes, les mots connaissance, respect et tolérance ont pris un sens encore plus fort. » On appréciera, au passage, cette logorrhée en mode Bisounours qui tend à nous faire croire que l’islam est compatible avec les valeurs de la société française. D’ailleurs, lors de la première réunion de l’instance de dialogue avec l’islam en France, qui s’est tenue le 15 juin, Manuel Valls a été très clair : « L’islam est en France pour y rester. Il faut donc mener le combat des consciences, et faire jaillir au grand jour ce qu’est la réalité de l’islam de France. » Message reçu par Amar Lasfar, le président de l’UOIF (Union des organisations islamiques de France), qui a demandé, dès le lendemain, que l’Aïd el-Fitr et l’Aïd el-Adha soient fériés en France.

    Ils nous parlent d’intégration mais on nous demande plutôt, chaque jour, de nous intégrer aux autres. Le vivre ensemble est-il donc synonyme de reniement de soi ? L’intégration est-elle un concept destiné à favoriser la désintégration de l’identité française ?

    En Corse, des enseignants avaient prévu de faire chanter un couplet d’une chanson de John Lennon en arabe. Et demain, va-t-on leur demander d’interpréter un appel du muezzin ? 

     

    - Boulevard Voltaire
     
     
  • 30 août 1914 ... Ah ! la République !... Ah ! l'Empire !

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    Bataille de Saint-Privat, 18 août 1870 - Peinture de Alphonse de Neuville

    Quinze ou vingt familles de réfugiés belges, soixante personnes en tout, sont arrivées ici. Les notables du bourg appréhendaient que la population ne leur fît pas un accueil très chaud. En temps ordinaire, la fourmi normande n'est pas prêteuse. Elle s'est montrée admirablement empressée et généreuse avec les malheureux exilés.  

    Ce sont des ouvriers mineurs ou métallurgistes, de petits commerçants, de petits propriétaires cultivateurs, tout le pays wallon vu comme dans un microcosme. Placides, les hommes fument d'énormes pipes. Ils paraissent las de raconter les horreurs dont ils ont été les témoins et failli être les victimes. Aucune emphase, aucun goût de nous dire : "C'est pour vous sauver, pour la France que nous avons fait cela, que nous nous sommes mis en travers de l'invasion."

    Une femme, avec un flegme extraordinaire, nous fait un récit de son odyssée, tragique dans le décousu et la pauvreté de l'expression :

    - Nous sommes du village du Châtelet, dit-elle avec l'accent et les locutions belges. Comme il y avait la guerre, nous avions fait des provisions de riz et de café. Aujourd'hui ce sont les Prussiens qui les mangent. Ce peuple-là, voyez-vous, il n'y a rien à faire avec lui... Ils commettent des barbaries qu'on ne pourra jamais tout dire... Mais les soldats français, on les suivrait au bout du monde, tellement qu'on se sent en sûreté avec eux... Voilà qu'une nuit, au Châtelet, les cloches de l'église sonnent et tout le monde se réveille...  "Sauve qui peut", qu'on crie de tous les côtés... Les soldats français nous disent : "Venez vite, mais n'ayez pas peur, les Prussiens ne sont pas encore là..." Si nous étions restés, nous aurions été fusillés comme tant d'autres. Les Prussiens pillent et violent les femmes... Ils leur font enlever leur robe et tout et veulent qu'elles les servent ensuite à table... Ah ! la guerre, c'est quéqu'chose !..."

    Ce "ah ! la guerre, c'est quéqu'chose !" sert de refrain au lamentable récit, vient en scander les épisodes les plus affreux.

    -Nous avons suivi les soldats français dans leur retraite... Parfois nous rampions avec eux, nous nous cachions derrière les haies... Nous dormions sous leur protection, à la belle étoile. Une nuit il y a eu alerte; les chevaux ont pris peur et nous ont piétinés. L'un d'eux est passé au-dessus de moi sans que ses sabots m'aient touchée... C'est bien miracle... Enfin, une fois arrivés en France, on nous a mis en chemin de fer... Nous étions des cents et des cents... On s'étouffait dans les fourgons... Dans le nôtre, deux femmes ont accouché au milieu de la nuit, sans lumière, sans secours, sans pouvoir remuer... Je crois qu'une mère et son enfant sont morts...

    Et elle répète encore, avec la vision de ces horreurs dans les yeux, la formule de sa mélopée qui résume toute sa vision du drame : "Ah ! la guerre c'est quéqu'chose !"

    Ce soir, L... est arrivé de Paris avec ses enfants. On n'a commencé à comprendre la situation véritable qu'à partir du moment où, par un communiqué du ministère de la guerre, le public a su que "nous tenions de la Somme aux Vosges". De la Somme aux Vosges, s'est-on répété avec stupéfaction. Si les Allemands sont sur la Somme aujourd'hui, ils seront donc devant Paris dans deux semaines ?

    Comment reproduire tous les "on-dit" que les voyageurs nous apportent ? C'est un flot dont on pourrait à peine rendre le murmure. On dit que la banque de France a transporté son numéraire à Bordeaux et qu'elle y sera bientôt suivie par le gouvernement. On dit que le général Percin est à la prison du Cherche-Midi pour avoir voulu rendre sans combat la place de Lille. On dit que la nouvelle poudre Turpin a été acceptée par le ministère de la Guerre depuis qu'il est avéré que les Allemands violent la convention de La Haye, se servent de balles explosives et de baïonnettes dentelées : c'est une poudre asphyxiante qui tue des milliers d'hommes à la fois, et l'injection d'un contrepoison suffit à immuniser nos propres soldats. On dit que le fusil allemand est meilleur que le fusil Lebel, mais que nos fantassins chargent l'ennemi avec trop d'ardeur et gênent le feu de notre artillerie. On dit que nous avons remporté une grande victoire à Péronne. On dit qu'un général n'aurait pas transmis une certaine dépêche et que, par sa faute, toute l'armée française a dû se replier. On dit que les soldats qui partent pour le feu demandent des médailles bénites...    

    Surtout on commence à dire ! "Ah ! la République !..." du ton de sombre reproche et de malédiction dont on commençait à dire il y a quarante-quatre ans : "Ah ! l'Empire !"

    Bien qu'un aéroplane allemand ait, dimanche à midi, jeté trois bombes sur Paris du côté de la gare de l'Est (une femme a été tuée dans la rue des Vinaigriers), L... rapporte l'impression que l'état moral de la ville reste excellent; de la tristesse, sans doute, et qui se lit sur les visages, de l'accablement qui se voit, mais pas de surexcitation, pas de nerfs. On réfléchit... La raison s'exerce et domine... Un sérieux règlement de comptes d'annonce pour les idées et les principes de la démocratie.

    Ce qui geint, ce qui s'affole, ce qui murmure, ce qui reconstruit les plans des généraux, se lamente sur le haut commandement, ce sont les vieillards, les témoins de 1870, qui sont dans l'état d'esprit nihiliste de la défaite sans espoir, du désastre inévitable, de la chute dans le noir et le néant voulue par une aveugle destinée. Les générations nouvelles refusent d'écouter ce langage-là, se bouchent les oreilles, et, dans les familles, on tient pour négligeables les propos funèbres des vieillards à qui l'on a déjà donné ce surnom : grand-père Panique...

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  • 9 septembre 1914 ... Un fait certain, c'est que le Nord et le Nord-Est de la France sont dévastés

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    La grande bataille continue de se livrer sur l'Ourcq et sur la Marne, et - l'imagination se refuse encore à le croire - l'on se bat de Nanteuil-le-Haudouin à Verdun, en pleine France. Notre centre résiste, et c'est l'essentiel : qui qu'il arrive, dit-on ce matin, nos armées ne peuvent plus être cernées. Fussent-elles battues, elles ont la voie libre derrière elle et pourraient se retirer vers Lyon ou la Franche-Comté. Di omen avertant... Au gouvernement, on respire, on est sans craintes quant à l'issue de la bataille. On eût peut-être mieux fait de ne pas quitter Paris si vite, car ce départ est sévèrement jugé dans le pays et, si les pouvoirs publics doivent regagner bientôt la capitale, ce sera sous les risées sinon sous les sifflets de Bordeaux.

    Un fait certain, c'est que le Nord et le Nord-Est de la France sont dévastés. Ce matin, La Dépêche de Toulouse annonce que Valenciennes est aux mains des Allemands, et que le député socialiste de l'endroit, un certain Henri Durre, pris par l'ennemi comme otage est allé sur parole à Paris demander de l'argent. On dit que Senlis est en cendres, que nos troupes ont brûlé la forêt de Compiègne, où elles aveint cerné une division allemande, et que, par représailles, les Allemands ont incendié la ville de Compiègne. Tous ces bruits sont, pour le moment, invérifiables, mais il n'est pas douteux que la partie la plus riche et la plus industrieuse de la France a été dévastée, de sorte que la ruine et la faillite menacent l'Etat français, si, à l'issue de la guerre, et après la victoire, nous n'obtenons pas de l'Allemagne une énorme indemnité.

    Quoi qu'il arrive, le gouvernement de la République aura la responsabilité de l'envahissement et de la dévastation de toute la partie la plus peuplée et la plus opulente de la France. Et c'est une responsabilité lourde à porter. Dans la bibliothèque de l'hôte qui a bien voulu m'accueillir et me reçoit avec la bonne grâce bordelaise, j'ai pris Montesquieu, comme il sied à Bordeaux. L'Esprit des lois se donne bien du mal pour définir le meilleur des gouvernements. En vérité, la définition est aussi simple que celle du véritable Amphitryon, d'après Molière : le meilleur des gouvernements, c'est celui qui agit en sorte que le territoire ne soit pas envahi. Hier, au café, je causais avec Parsons, un ancien secrétaire de Briand, demeuré le confident du garde des Sceaux. Je lui ai dit : "La République n'avait qu'un seul titre à la reconnaissance des esprits sérieux : c'était d'avoir conservé la paix et de ne s'être pas lancée dans les entreprises guerrières pour lesquelles elle n'est pas faite. Elle n'aura même plus cela." Mon interlocuteur m'a répondu : "Mais, si la République n'avait pas soutenu la Russie, elle ne trouvait plus d'alliances en Europe. - Croyez-vous, ai-je repris, qu'elle en trouve beaucoup après qu'elle a laissé écraser la Belgique ?"

    Nul n'ignore plus, en effet, qu'Albert 1er a fait les plus violents reproches au gouvernement de la République pour n'être pas intervenu plus vite et pour avoir laissé ravager son royaume. La scène avec Klobukowski (1), notre ministre à Bruxelles, a été pénible.

    On apprend à l'instant que, des cinq armées qui se proposaient d'envahir la France, une seule est entrée jusqu'au cœur du territoire, celle du général Von Kluck, un roturier anobli. Une autre a réussi à avancer sérieusement : celle du général Von Hausen. Les trois armées qui restent à peu près contenues à nos frontières sont celle du Kronprinz, du prince héritier de Bavière et du prince héritier de Wurtemberg (2). Toutefois, Von Kluck n'est pas une figure bien marquante. Ce qui frappe, dans cette vaste bataille des nations, c'est la médiocrité persistante des protagonistes. Ni parmi les chefs d'Etat, ni parmi les militaires, ni parmi les diplomates - Albert 1er, presque un jeune homme, excepté - on ne voit se lever de génie. Nulle part on n'entend une voix qui domine les autres, nulle part on ne sent une intelligence ni une volonté directrice. Les hommes de 40 à 70 ans qui gouvernent le monde ne sont peut-être pas tout à fait les imbéciles dont Oxenstiern (3) parlait à son fils, mais c'est en tout cas une génération très ordinaire. Il me semble tous les jours plus évident que les gouvernements ont été entraînés, les uns comme les autres, par leurs systèmes d'alliances, qu'ils n'ont plus été les maîtres de la mécanique qu'ils avaient montée. "A la fin nous devenons les esclaves des créations que nous avons faites." Goethe l'a dit. Et son mot s'applique à l'alliance austro-allemande, à l'alliance franco-russe, à l'Entente cordiale.      

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    (1) : Antony Wladislaw klobukovski, né en 1855, à al tête de la légation de France à Bruxelles depuis 1911, suivit le gouvernement belge en exil à Sainte-Adresse près du Havre. En 1918-1919, il créa au ministère des Affaires étrangères le "commissariat général à la propagande". 

    (2) : La bataille de la marne dura du 6 au 9 septembre suivie d'une poursuite jusqu'à une stabilisation du front le 17 septembre. Les cinq armées allemandes de la bataille de la Marne, d'ouest en est, de l'Oise à la Marne, étaient conduites par le général Von Kluck (Ière), Von Bülow (IIème), Von Hausen (IIIème), Albrecht de Wurtemberg (IVème) et le Kronprinz Frédéric-Guillaume (le prince impérial, fils aîné de l'empereur) (Vème). La VIèma armée commandée par le prince Ruprecht de Bavière, et la VIIème par Von Heeringen étaient en Lorraine. Le chef d'état-major général, le général Helmut von Moltke junior, neveu du vainqueur de la guerre de 1870, fut limogé après l'échec de la Marne.

    Côté français, les chefs avaient été changés après les revers initiaux : d'est en ouest, de Verdun à Meaux, se trouvaient également cinq armées : les IIIème (Sarrail), IVème (Langle de Cary), IXème (Foch), Vème (Franchet d'Esperey), VIème (Maunoury), les Vème et VIème étant reliées devant Paris par le corps expéditionnaire britannique commandé par sir John French.     

    (3) : Oxenstiern, chancelier du roi de Suède Gustave-Adolphe (tué en 1632) puis de la reine Christine, signataire pour la Suède de la palx de Westphalie de 1648 qui mit fin à la guerre de Trente Ans. 

  • Alain de Benoist : « Nous faisons la guerre chez eux, ils font la guerre chez nous »

     

    Nous voici de nouveau d'accord avec Alain de Benoist. D'accord avec les fines et pertinentes réflexions qu'il expose dans Boulevard Voltaire. (Entretien du 28.11.2015). Comme Michel Onfray - au moins en partie - Alain de Benoist se montre critique à l'égard de l'interventionnisme des « Occidentaux » dans l'ensemble du monde musulman. Sans doute faut-il y voir surtout une remise en cause des guerres inconséquentes que nous y menons depuis des décennies. Et nous en avons, en effet, les résultats tragiques aujourd'hui. Nous retiendrons aussi de cet entretien les deux derniers paragraphes de conclusion où il y a une forte critique tout à fait justifiée de ce leitmotiv sans cesse mis en avant depuis le 13 novembre selon lequel la société française se composerait de citoyens consommateurs et festifs, seulement voués à se « distraire ». Sur l'indéniable décadence de l'Occident, sur le rôle irremplaçable de la Nation, sur les méfaits mortels du déracinement français et européen, Alain de Benoist rappelle ici des vérités essentielles. Lafautearousseau 

         

    1530443371.jpgAprès les attentats commis à Paris en janvier dernier, des millions de gens avaient défilé dans les grandes villes en hurlant « Je suis Charlie ». Dans les jours qui ont suivi les attentats du 13 novembre, on a seulement vu quelques rassemblements sporadiques, auxquels s’est ajouté l’« hommage national » présidé par François Hollande dans la cour d’honneur des Invalides. Pourquoi cette différence ?

    Les attentats de janvier et ceux de novembre sont très différents. En janvier dernier, les terroristes islamistes avaient massacré des journalistes auxquels ils reprochaient d’avoir « blasphémé » contre Mahomet, puis ils avaient tué des juifs au seul motif qu’ils étaient juifs. Il était alors facile pour les manifestants, qui dans leur grande majorité n’étaient ni juifs ni journalistes, de se dire solidaires de « Charlie » ! Le 13 novembre, au contraire, les terroristes n’ont pas visé de cibles particulières. Au Bataclan, ils n’ont pas demandé aux spectateurs de décliner leur origine ou leur religion. Ils ont massacré tous ceux qui étaient là sans distinction d’âge, de sexe, de croyance, d’appartenance ou de profession. On a ainsi compris que tout le monde est devenu une cible potentielle. L’équivalent d’une douche froide.

    Même si dans les deux cas les auteurs des attaques étaient les mêmes (de jeunes délinquants « radicalisés »), les motifs étaient également différents. L’attaque contre Charlie Hebdo était de nature « religieuse », celle contre le Bataclan de nature politique. Le 13 novembre, les terroristes voulaient sanctionner notre engagement militaire en Syrie : c’est la politique étrangère française qui était visée. Hollande l’a bien compris, puisqu’il a immédiatement ordonné à l’aviation française d’intensifier ses frappes, tandis qu’il s’engageait lui-même dans une vaste tournée diplomatique. Comme l’a écrit Dominique Jamet, « nous ne pouvons faire la guerre au loin et avoir la paix chez nous ». Nous faisons la guerre chez eux, ils font la guerre chez nous. C’est aussi simple que cela.

    Plusieurs familles de victimes ont refusé de participer à la cérémonie des Invalides, parce qu’elles considèrent le gouvernement actuel comme le premier responsable des attentats. Une réaction exagérée ?

    Pas vraiment. Le 13 novembre, il a fallu plusieurs heures, durant lesquelles des dizaines de spectateurs du Bataclan ont été tirés comme des lapins, avant que l’on voie arriver les hommes de la BRI. Cela pose déjà un problème. Mais ce sont avant tout les failles du système français de renseignement qui doivent être montrées du doigt. Sur le plan intérieur, le « renseignement territorial » (recueil et analyse des données) est en effet vital, les plans Vigipirate ou Sentinelle, qui font patrouiller dans les rues des soldats réduits à l’état de vigiles, se bornant à créer une présence visible qui a pour seul but de rassurer la population sans vraiment la protéger.

    La Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) a succédé, l’an dernier, à la DCRI, née en 2008, sous la présidence de Nicolas Sarkozy, de la fusion de la Surveillance du territoire (DST) – service à vocation avant tout judiciaire et opérationnelle – et des Renseignements généraux (RG) – service d’information sans aucune attribution judiciaire. Cet organisme hybride, qui a cumulé les défauts de ses deux composantes, a rapidement accumulé les échecs et les erreurs (voir le rapport Verchère-Urvoas de 2013). Plus douée pour espionner les journalistes que pour lutter contre le djihadisme, la DGSI dispose de beaucoup de renseignements sur des milliers d’individus dangereux mais, par manque de formation criminologique sérieuse, elle peine à trouver les moyens d’identifier ceux qui sont véritablement prêts à passer à l’acte. Elle n’a, en outre, toujours pas compris que les terroristes ne sont plus aujourd’hui des Ben Laden mais des jeunes bandits des « quartiers ». Les attentats de ces dernières années en sont le résultat. En Tunisie, après l’attentat du musée du Prado, tous les responsables du renseignement ont été démis de leurs fonctions. On peut regretter qu’il n’en soit pas allé de même en France.

    L’État islamique ne se cache pas de mépriser une civilisation occidentale qu’il estime « décadente et dépravée ». Que lui répondre ?

    Que l’Occident soit aujourd’hui décadent est un fait – et c’est également un fait que les interventions occidentales au Proche-Orient n’ont abouti, depuis 1990, qu’à généraliser la guerre civile et le chaos. Mais la pire des réponses serait de se faire gloire de nos tares. C’est, au contraire, la décadence qui nous rend incapables de faire vraiment face au djihadisme, dans la mesure où elle est toujours le prélude à une dissolution. Après les attentats de janvier, François Hollande exhortait à se remettre à « consommer ». Ces jours-ci, il appelait à continuer à « se distraire ». La cérémonie des Invalides donnait elle-même envie de pleurer, pas de se battre. Ce n’est pourtant pas avec des chansons de variétés que l’on stimule le courage et la volonté, ou que l’on recrée les conditions d’une amitié nationale. Comme l’écrit Olivier Zajec, « ce sont les nations, et non la consommation ou la morale, qui redonnent forme et sens au monde ».

    La guerre est une forme de rapport à l’autre qui implique aussi un rapport à soi. Cela signifie que, « pour savoir ce que sont nos intérêts, il nous faut d’abord savoir qui nous sommes » (Hubert Védrine). Dans L’Enracinement, Simone Weil constatait que « des êtres déracinés n’ont que deux comportements possibles : ou ils tombent dans une inertie de l’âme presque équivalente à la mort, ou ils se jettent dans une activité tendant à déraciner toujours plus, souvent par les méthodes les plus violentes, ceux qui ne le sont pas encore ou qui ne le sont qu’en partie ». Face à l’universalisme qui conduit au déracinement, l’Europe n’a d’autre alternative que d’affirmer ce qui la constitue en propre. 

     

    Entretien réalisé par Nicolas Gauthier - Boulevard Voltaire