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  • Bérénice Levet: «“Féminicides”: une sémantique militante pour une réalité tragique et complexe».

    Le choix des mots n’est pas secondaire, argumente Bérénice Levet, car il charrie une vision du monde. Clairefond

    Alors que le mot «féminicide», entré dans le dictionnaire, est de plus en plus utilisé par les politiques et les médias, la philosophe explique pourquoi elle se refuse à employer ce terme issu de la vulgate féministe pour désigner le meurtre d’une femme par son conjoint.

    2.jpgLes choses se sont incontestablement précipitées ces derniers temps. Il est désormais entendu qu’un homme qui tue son épouse, son ex-épouse, sa conjointe ou son ex-conjointe commet un « féminicide ». Et, signe des temps, sept ans après le dictionnaire Le Robert, l’édition 2022 du Larousse intronise ce vocable forgé dans l’arsenal du militantisme féministe. Le mot n’a en effet rien de neutre. Il est imprégné d’idéologie et charrie avec lui une interprétation de la réalité. L’adopter, c’est ratifier un certain récit, une certaine intrigue.

    Je n’ignore rien de l’atmosphère dans laquelle nous baignons. Mettre en question le mot, ce serait minimiser la chose. Le sophisme est évident, et grossier. Que le meurtre d’une femme soit un mal absolu ne souffre pas de discussion. Quasiment élevée au rang de langue officielle, la langue des féministes a acquis une autorité et une légitimité exorbitantes. Bien parler, bien penser, ce serait dire et penser la condition des femmes en puisant dans les catégories importées pour l’essentiel du féminisme américain. Nous ne devons pas nous laisser intimider. Ce n’est pas seulement la liberté d’expression qui est menacée, mais d’abord, et surtout peut-être, de manière plus préoccupante encore, ce qui la sous-tend, et qui est au fondement de notre civilisation : la passion de comprendre, la passion d’interroger, la passion de la vérité et de la réalité. Lorsque les hommes des Lumières, mais déjà Milton, et bientôt Stuart Mill, réclament la libre circulation des pensées et des opinions, ce n’est pas par obsession narcissique, pour permettre à chacun de s’exprimer, mais pour accroître nos chances de gagner en intelligibilité, mieux nous acheminer vers le vrai.

    Nos pensées sont captives, captives de la rhétorique victimaire, captives de la « cause des femmes », captives de la tyrannie de l’émotion. Captives et ennuyées. Accordons-nous, comme dans l’allégorie de la caverne, le droit de briser nos chaînes, accordons-nous la liberté d’inquiéter les évidences. C’est la réalité qui est en jeu, et elle seule doit être notre maître. Nous sommes ses obligés. Et puis, c’est rien de moins que l’essence de l’Occident, de l’Europe, de la France singulièrement, nous sommes cette civilisation qui s’est donné pour ancêtres Socrate, Eschyle, Sophocle, Périclès, ce moment foisonnant où tout devient question, où l’on proclame qu’il n’est pas de cartes routières de la pensée ni de l’art, où partout on se risque, se hasarde.

    Un mot se répand. La caverne bourdonne de ses échos assourdissants. N’est-ce pas alors la moindre des choses que de voir la pensée, l’âme, si l’on osait ce mot désuet, se mettre en mouvement ? N’est-ce pas la moindre des choses que de s’étonner, de se demander : que dit-on lorsque l’on parle de « féminicide » ? « Féminicide, lit-on dans Le Larousse : meurtre d’une femme ou d’une jeune fille en raison de son appartenance au sexe féminin ». Le néologisme a en effet été conçu dans les années 1970 pour signifier que les femmes sont tuées parce que femmes, en tant que femmes. La lecture de la définition ne rend-elle pas à elle seule éclatante la faille qui est au cœur de ce mot, le vice de forme ? L’homme qui tue sa compagne ou son ex-compagne ne tue pas une femme, il tue sa femme, la femme avec laquelle il vit ou avec laquelle il a vécu, avec laquelle il a peut-être eu des enfants. Féminicide il y aurait si quelque homme ou quelques hommes réunis s’emparaient d’un groupe de jeunes filles ou de femmes et les vouaient à la mort, les exterminaient pour la seule raison d’être nées femmes. Ce serait la seule acception rigoureuse.

    Premier vice, première faille. Ce mot fige chacun des deux sexes dans une essence, d’un côté, l’homme, sempiternel persécuteur, de l’autre, la femme, éternelle victime, perpétuelle proie de cet inaltérable prédateur. Reconduisant toute histoire particulière à une intrigue extrêmement sommaire, mettant aux prises un bourreau et sa victime, le bien et le mal, la victime perd toute singularité, toute unicité, tout visage. Elle n’est plus une femme avec sa personnalité, elle n’est plus un être de chair et de sang, elle devient la représentante d’une espèce, une généralité. D’être unique, elle déchoit au rang de simple représentante d’une espèce. Ce terme, censé rendre hommage aux femmes « tombées sous les coups » de leur compagnon ou ex-compagnon, produit l’effet exactement inverse : la victime se trouve dépossédée de son identité personnelle. Il est des hommages plus généreux, on me l’accordera.

    Il ne reste rien de l’unicité d’une vie. Rien de la singularité d’une histoire, de leur histoire exclusive et prise dans un faisceau de complexités. Que l’ambiguïté, l’ambivalence de certaines histoires individuelles vienne à être rappelée, nos activistes ne se laissent pas ébranler, ils ont à leur disposition, toute dégoupillée, une grenade qu’il tienne pour fatale: l’« emprise ». Cela ne retire absolument rien au caractère abominable de ces meurtres que d’admettre qu’ils s’inscrivent dans des histoires fatalement, et en l’occurrence funestement, mêlées, emmêlées. Mais précisément, la complexité, c’est ce avec quoi les militants, quels qu’ils soient au demeurant, sont fâchés, et contre quoi même ils sont en rébellion.

    Si le mot est défendu avec une telle ardeur et une telle obstination par les féministes, c’est qu’il présente, à leurs yeux, au moins, deux vertus : restreindre le terme d’« homicide » aux victimes de sexe masculin et imposer un terme équivalent pour les femmes ; élever le meurtre d’une femme, d’acte individuel au rang de « fait de société » et donc incriminer la structure même de nos civilisations.

    Pourquoi un homme tue-t-il sa compagne ou son ex-compagne ? Parce que, nous répondent les militants docilement relayés par nos politiques et la majorité des journalistes, nos sociétés sont et demeurent, et demeureront aussi longtemps que nous n’aurons pas donné partout la préséance aux femmes, « patriarcales ». Cette clef ouvre toutes les serrures. L’idéologie est une assurance prise contre le réel. Elle vous met, pour paraphraser Tartuffe, « en état de tout voir sans rien croire ».

    « Féminicide », le mot inscrit le meurtre des femmes dans une grande intrigue, celle de la société occidentale regardée comme vaste entreprise de fabrication de victimes – les femmes, naturellement, mais aussi les « minorités » et la « diversité ». La civilisation occidentale étant l’œuvre d’un homme blanc hétérosexuel chrétien ou juif n’ayant d’autre passion que la domination de tout ce qui n’est pas lui (donc des femmes, des Noirs, des musulmans, des animaux, des végétaux, ce qui fonde l’« intersectionnalité de la lutte », point de convergence des féministes, indigénistes, décoloniaux, écologistes, végans). Tous les continents sont concernés par les violences et les meurtres conjugaux, m’objectera-t-on. Sans doute, mais on aura observé que, lorsque le coupable n’est pas « blanc », le sort de la victime intéresse beaucoup moins nos féministes et les laisse pour ainsi dire muettes.

    Autre point : le Larousse précise « crime sexiste : le féminicide n’est pas reconnu en tant que tel par le Code pénal français ». Le droit est en effet, au nom de l’universalité et de l’individualisation de la peine, l’ultime citadelle. Poursuivre un homme pour « «féminicide », ce serait réduire l’accusé à un symbole, et le procès à un prétexte. Or la fonction de l’institution judiciaire n’est pas de juger un système mais une personne. « Quel que soit le procès, rappelait Hannah Arendt, les feux de la rampe sont concentrés sur la personne de l’accusé, homme de chair et de sang, avec son histoire individuelle, avec son ensemble toujours unique de qualités, de particularités, de schémas de comportement et de circonstances. Tous les éléments qui vont au-delà (…) ne concernent le procès que dans la mesure où ils constituent le contexte dans lequel l’accusé a agi ». Le hisser au rang de qualification pénale reviendrait à oublier, à nier l’essence même la justice.

    Certains, dont Marlène Schiappa, militent cependant en ce sens. La reconnaissance par le code pénal est leur ultime combat. Les féministes mènent l’assaut et, au train où vont les choses, au regard de l’empire qu’ont acquis la « diversité », les « minorités », les « victimes », on conçoit mal que l’institution judiciaire résiste encore longtemps. Tout porte à croire, et à craindre, que le drapeau de la victoire ne tardera plus à être planté.

    On l’aura compris, employer le mot de féminicide n’a rien de neutre. Que le mot « féminicide » ait sa place dans le vocabulaire des activistes, c’est leur affaire. « Il va vite, cela plaît dans la mêlée », ainsi que le disait Victor Hugo des mots dont tout militantisme se saisit et sous la bannière desquels il mène ses combats. Que la majorité des journalistes s’y convertissent est autrement contestable. Cela témoigne du changement de définition du métier même de journaliste pour beaucoup : de gardiens de la si fragile réalité factuelle, ceux-ci se conçoivent volontiers désormais comme des justiciers, chargés de mission du « changement des mentalités » et sont disposés à y sacrifier le réel.

    Nous avons là un exemple remarquable de la manière dont la novlangue féministe s’infiltre dans le langage ordinaire, avec la complicité ardente et zélée des politiques et de la plupart des médias. Et l’effet toxique, recherché par ses militants, est de criminaliser les hommes dans leur ensemble et aussi de jeter la suspicion sur l’hétérosexualité : la rencontre d’un homme et d’une femme, l’homme étant ce qu’il est, dans la logique néoféministe, est toujours susceptible de tourner à la tragédie.

    Le mot est donc une arme dirigée d’abord contre les hommes, contre notre civilisation. Le banaliser engage. Vers l’humaine condition compliquée avec des idées simples : tel est, pour paraphraser un général de Gaulle aux accents raciniens, le chemin sur lequel nous entraîne fatalement le mot de féminicide. Nous devons avec la plus vive énergie nous y refuser.

     

    * Bérénice Levet est l’auteur du Musée imaginaire d’Hannah Arendt (Stock, 2011), de La Théorie du genre ou le Monde rêvé des anges, préfacé par Michel Onfray (Livre de poche, 2016), du Crépuscule des idoles progressistes (Stock, 2017) et de Libérons-nous du féminisme ! (Éditions de l’Observatoire, 2018).

    Sources : https://www.lefigaro.fr/vox/

    https://institut-thomas-more.org/

  • Dans le monde, et dans notre Pays légal en folie : la revue de presse de lafautearousseau...

    1. Les deux discours de Mélenchon et Zemmour (1/2) : l'insurmontable contradiction de Mélenchon : critiquer - à bon droit - l'Argent-Roi mais ne pas dire ou savoir que c'est SA si chère Révolution, adorée, déifiée qui, en tuant le Roi, a laissé la place à... l'Argent !

    Mélenchon hier ? Comme d'habitude, et peut-être encore un peu plus, un talent de Tribun indéniable, mais mis au service du poison mortel qui, aujourd'hui menace carrément de mort et disparition la France, l'Europe, la Civilisation...

    Ce poison, ce n'est pas ce qu'il appelle indûment la "créolisation" (mot employé bizarrement à contre-sens par cet homme cultivé...) mais le métissage idéologique imposé, ce nouveau poison mortel par lequel la gauche a remplacé le défunt marxisme-léninisme, qui a tant fait rêver et qui a tant déçu au point d'être, aujourd"'hui, absolument "in-présentable" après le cataclysmique demi-siècle de terreur, d'horreur, d'échecs de l'URSS. D'ailleurs - Mélenchon l'a bien dit hier - il n'est pas communiste...

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    Car, derrière ce métissage idéologique imposé, c'est l'Islam conquérant qui avance masqué, avec le totalitarisme de fait qu'il induit, partout où il règne en maître. Et Mélenchon, de fait, avec les islamo-gauchistes à l'oeuvre tous les jours et partout, est "l'idiot utile" (on connaît ce mot de Lénine !...), de cet Islam conquérant, même et surtout s'il est un tribun talentueux...

    Ajoutons deux choses :

    Au début de son intervention, Mélenchon a cité - mais pour s'en moquer - la célèbre phrase de Joseph de Maistre sur "l'Homme", qu'il n'avait jamais rencontré, ne connaissant que des Russes, des Italiens ou... des Persans. Mélenchon dit que l'Homme existe, et que c'est l'Humanité, qu'elle est en train de bouger, de se fonder ou re-fonder (justement, par la "créolisation") : là aussi, on est confondu et on reste sans voix devant un propos aussi indigent dans la bouche de l'homme cultivé qu'est Mélenchon. Alors, puisqu'il veut jouer au jeu des citations, offrons-lui celle-ci, non moins célèbre, de Bossuet, à lui qui critique l'Argent-Roi que sa Révolution chérie a mis au pouvoir :

    "Dieu se rit des hommes qui maudissent les conséquences dont ils chérissent les causes"

    Mélenchon a proposé ce qui aurait pu être une magnifique ode à la Création, parlant de cet Argent-Roi qui détruit tout, salit tout, pollue tout, des gens (paysans comme consommateurs) à la végétation en passant par les animaux : il a eu des mots très beaux sur l'horrible souffrance animale que nous laissons se développer chez nous, sur la terre de François d'Assise (dont la mère était provençale...). Cette nature (puisqu'il ne veut pas parler de Création, mot évidemment chrétien) est confiée à l'homme, qui a le devoir de la respecter. Oui, ce passage était très beau, très émouvant, très fort. Mais, dans la bonne tisane, il y avait ces quelques gouttes du poison violent, qui nous ramènent à notre titre : cette logique mortifère n'est à l'oeuvre que parce que l'Argent est devenu Roi. Maurras parlait des forces de l'Or et de celles du Sang. Oui : insurmontable contradiction de Mélenchon, même lorsqu'il n'est pas si loin de dire des choses excellentes...

    Pour conclure, dans une belle envolée lyrique, Mélenchon a exhorté ses 3.000 auditeurs : "Ne craignez pas d'être rebelles !", alors que ceux-ci scandaient "Résistance ! Résistance !...". C'est notre tâche que de continuer à dire à l'un et aux autres -même si les apparences sont contre nous - que la vraie résistance et les vrais rebelles se trouvent là où sont ceux qui prêchent la révolution royale et que l'on ne sortira la France de l'ornière où elle se trouve que par la subversion de ce Régime, dont Mélenchon dénonce les conséquences tragiques alors qu'il l'approuve en théorie !... 

    Enfin, le dernier mot de Mélenchon, évidemment absolument irrecevable, est son "et surtout" de clôture : Mélenchon consent bien à dire "Vive la France" mais il dit "et surtout vive la République", car pour lui c'est la République qui fait la France et sans la République il n'y a pas de France. Le "et surtout" de Mélenchon est évidemment à l'opposé irréconciliable du "et surtout" de Zemmour qui lui le répète : "et surtout, surtout, vive la France !". Non, Mélenchon, la République idéologique, qui n'est pas République, n'est pas la France. Bien au contraire, c'est elle qui tue la France...

     

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    2. 1. Les deux discours de Mélenchon et Zemmour (2/2) : Zemmour, parfait dans son style, a imposé sa marque...

    Parlons maintenant du très grand succès que fut le magnifique meeting de Zemmour à Villepinte. Une étoile est née est le titre d'un film assez récent, qui peut parfaitement convenir pour évoquer le Zemmour que nous avons découvert hier : on connaissait ses livres, ses interventions radios (RTL...), on le savait redoutable et passionnant et convaincant chroniqueur/débatteur à la télé (CNews...) mais nul ne savait ce qu'il donnerait face à une salle géante : il fut tout simplement excellent, remarquable, très, très fort.

    Passons sur la stupide querelle des chiffres : France info s'est une fois de plus disqualifiée en offrant 4.000 auditeurs à Mélenchon, là où même BFM/TV (c'est dire !...) en annonçait 3.000 mais en minorant le chiffre de Zemmour : "environ 10.000 personnes", a dit et répété plusieurs fois, ce matin, le journaleux de la chaîne, là où même la télé de "sévice public" que dénoncent Goldnadel et Bercoff en admettait 15.000 : même France 2 et Delahousse ont annoncé "15.000" (là aussi, c'est dire !...) et ont reconnu que l'immense salle était plus que très largement pleine, et surtout d'un public majoritairement jeune, voire, très jeune... 

    Et, face à cette marée humaine, joyeuse, enthousiaste, survoltée... Une étoile est née, et Zemmour a parlé aussi bien, et souvent mieux, que celles et ceux que nous avons l'habitude d'entendre depuis des décennies. Il n'a cherché à imiter personne, il l'a dit dès le début : je serai moi-même, avec mon style, ma façon d'être et de faire, naturel. Et ça a marché...

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    On se demande bien pourquoi, dans un rappel - heureusement bref mais imbuvable tout de même - de la Révolution française, il est allé chercher, au début de son discours, une phrase du sinistre Danton, terroriste dans l'âme, "auteur" de "la journée du 10 août" et de la chute de la Royauté puis, trois semaines après, des monstrueux "massacres de septembre"... Cet assassin de Danton, assoiffé de sang et d'argent, qui disait "Nous ne jugerons pas le Roi, nous le tuerons"... Passons-lui cette seule fausse note d'une réunion réellement réconfortante, et ne retenons que sa citation (faite plus tard dans son discours) extraite d'un très beau texte du Camelot du Roi que fut, toute sa vie, Georges Bernanos :

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    "L’espérance est une détermination héroïque de l’âme, et sa plus haute forme est le désespoir surmonté."

     

     

     

    Prenant l'exact contre-pied de Mélenchon et de sa mal-nommée "créolisation", Zemmour déclare tout de go et tout de suite : "Ce que nous voulons c'est défendre notre Héritage". Il s'inscrit ainsi, fondamentalement, dans la lignée d'une Simone Weil, qui écrivait :

    1A.jpg"L'enracinement est peut-être le besoin le plus important et le plus méconnu de l'âme humaine. C'est un des plus difficiles à définir. Un être humain a une racine par sa participation réelle, active et naturelle à l'existence d'une collectivité qui conserve vivants certains trésors du passé et certains pressentiments d'avenir. Participation naturelle, c'est-à-dire amenée automatiquement par le lieu, la naissance, la profession, l'entourage. Chaque être humain a besoin d'avoir de multiples racines. Il a besoin de recevoir la presque totalité de sa vie morale, intellectuelle, spirituelle, par l'intermédiaire des milieux dont il fait naturellement partie."

    Est-il nécessaire de rajouter quelque chose ? Tout est dit... et Mélenchon, KO debout !

    Ajoutons simplement que voir tant de gens, de jeunes et de très jeunes, scander sans vouloir s'arrêter un "Vive la France ! Vive la France !...", oui, cela fait chaud au coeur.

    Ajoutons aussi que, même si l'on regrette qu'il n'ait pu parler de tout (la Santé et l'Hôpital, par exemple, cela semblait pourtant s'imposer...), Zemmour a été excellent sur le sujet de l'École, qu'il a minutieusement détaillé...

    Un dernier mot sur le nom choisi par Zemmour pour son mouvement :lfar croix croissant.jpg Reconquête. Évidemment excellent en ces temps où un Islam conquérant et redoutable lance sa troisième offensive contre l'Europe chrétienne en général et la France en particulier. Une offensive qui n'est pas militaire, comme lors de la première agression de 711, par l'Espagne, qui s'acheva en 1492 par la Reconquête de Grenade; ni comme lors de la deuxième, en 1453, par la Grèce et la chute de Constantinople, morceau précieux de l'Europe toujours au mains des envahisseurs... Mais invasion "pacifique" si l'on peut dire, et voulue et organisée non pas par "nous", bien sûr, mais par l'idéologie mondialiste promue par l'Argent-Roi et donc, pour nous, par le Système. On en revient toujours au même point. C'est la nuance que nous ajouterons au mot de Zemmour : reconquête, oui, mais pas seulement contre et sur les conséquences du mal, mais contre et sur les causes de ce mal... que nous nommons tous les jours

    Bref, et ces précisions apportées, nous pensons que le "Serment de Villepinte" est d'ores et déjà une donnée incontournable de la nouvelle donne du paysage politique français...

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    3. "Tout va très bien, Madame la Marquise !..." : "Évitez de prendre le métro à La Guillotière". Dans un courriel interne, envoyé par la direction du campus privé Omnes à ses étudiants, il est "fortement recommandé" que ces derniers modifient leurs habitudes de transports pour venir en cours, en raison de "la proximité"  du campus avec le quartier de la Guillotière. Un courriel qui a fait l’effet d’un électrochoc dans le milieu estudiantin.

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    Pour éviter aux étudiants de traverser la Guillotière la nuit, la direction proposerait de faire les cours du soir "à distance" ! 

    "Notre établissement se situe à proximité de La Guillotière, qui connaît des problèmes de délinquances médiatisés ces derniers jours. Évitez de prendre le métro à la station La Guillotière. Rendez-vous plutôt à la station Jean-Macé. Privilégiez la station de tram ou de bus située devant notre école. Faites du copiétonnage." Voilà les conseils communiqués par la direction aux étudiants du Campus privé Omnes Éducation, anciennement Inseec, situé dans l’ancien bâtiment Citroën, rue de Marseille. Ils ont été rendus publics sur les réseaux sociaux par des étudiants...

     

    4. À soutenir : un compte tweeter  #saccagenotredame vient d'être créé pour alerter contre les aménagements hasardeux et modernistes de l'interieur de Notre Dame de Paris...

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    5. Beau succès pour le Téléthon, dont nous nous réjouissons, évidemment, tout en maintenant notre réserve sur son ambiguïté fondamentale : le Téléthon permet une avancée spectaculaire de la recherche, donc des soins, et fait de toute évidence progresser la médecine et reculer les maladies.

    Et des milliers de Français font pour l'occasion, à travers tout le territoire, preuve d'une générosité et d'une solidarité admirables, qui forcent le respect et qui font chaud au coeur : de quoi oublier un temps les laideurs, mesquineries et autres égoïsme ou bas matérialisme qui enlaidissent trop souvent notre quotidien...
     
    Pas question, donc, pour nous, de critiquer en bloc le Téléthon, ni de dire ou faire quoi que ce soit contre le magnifique élan de générosité, de solidarité et... de progrès médicaux qu'il représente et qu'il rend possibles.
  • Et après ?, par Hilaire de Crémiers.

    Il n’y a plus qu’à espérer que l’expérience macronienne amènera à une salutaire réflexion politique.

    Tout ce qui reste d’esprits libres en France en convient : notre civilisation est menacée ; notre pays lui-même est en danger de mort ; nos traditions et nos mœurs sont sur le point d’être définitivement compromises. Le pire : ceux qui gouvernent la France ont pris consciemment le parti de sa disparition. Leur plus grand plaisir est de la déshonorer.

    hilaire de crémiers.jpgTous les jours et à toutes les occasions : Algérie, Rwanda, Europe et Allemagne à qui la France sacrifie constamment ses intérêts historiques, stratégiques, industriels et agricoles, Nouvelle-Calédonie encore française alors que le gouvernement fait tous ses efforts pour qu’elle ne soit plus française, la programmant pour une stupide indépendance malgré deux référendums et malgré, surtout, les puissants intérêts français que ce territoire avec ses zones maritimes représente pour l’avenir, allant jusqu’à chercher dans les honteux accords d’évian de 1962 un précédent historique – authentique !

    L’amour du mal

    Mais aussi bien, au plan intérieur, les inadmissibles abandons de tout ce qui constitue l’ordre national, intellectuel et moral de notre société, telle que l’ont pétrie 2000 ans d’histoire, devant les revendications toujours plus violentes des ennemis de la patrie qui campent insolemment sur notre sol, des contempteurs de toutes les lois divines et humaines, des dévastateurs des règles de la civilité la plus élémentaire, tous ligués dans leur entreprise de démolition, sous des noms extravagants qui qualifient leur barbarie et qui souillent la plume et la langue quand on les répète – ce que font les médias qui nous imposent leurs normes en même temps que leur existence. Tous unis pour achever d’anéantir ce qui subsiste de vie française. Et ce, désormais, avec la complicité active de l’état, de son chef, de ses administrations, de ses magistrats de haute et basse justice. C’est à qui ira le plus loin dans le renoncement au droit primordial de la France d’exister et des Français d’être protégés. Ils se sont donnés à eux-mêmes cette mission d’éradication au nom de la justice, condamnant la France en tant que France, comme jadis Robespierre et Saint-Just condamnèrent Louis XVI en tant que roi. Même idéologie, même logique ! Ils font et refont la société dont ils sont devenus les maîtres par une sorte d’usurpation de pouvoir que les règles de la République permettent de manière récurrente et qu’ils savent utiliser à leur profit avec une terrible habileté. Ce qui ne fait qu’exciter davantage leur goût du pouvoir, leur appétit de domination.

    Quelle jouissance ! Tenir la France en main pour constamment l’humilier ! En revendiquant la loi démocratique à l’encontre même de la mémoire et de la conscience de tout un peuple, sachant qu’il y aura toujours assez de lâcheté, de compromission, d’ambition malsaine, de perversion intellectuelle et morale pour obtenir un semblant d’accord sur des politiques qui ne sont rien d’autre que des suites de crimes perpétrés contre la patrie. Car ce sont des Français qui au nom de la justice et du droit commettent toutes ces iniquités. Ce qui suffit à condamner un tel régime qui livre le pouvoir régulièrement à de telles engeances. Oui, des Français ! Entraînés par cette folie qui les agite à l’idée qu’ils ont à leur disposition, grâce aux dispositifs politiques d’un régime adapté à leur vice, la puissance publique pour réaliser leur chimère qu’ils appellent leur programme et qui n’est que la satisfaction de leur insupportable prétention. Pensez donc ! Au nom du peuple français dont ils ont réussi à devenir les représentants, imposer leur joug à ce même peuple français ! Traîner les Français devant le tribunal de leur prétendue justice ! En faire des ilotes, les rabrouer à longueur de temps, les enchaîner dans des projets d’aliénation générale et de destruction systématique. Macron sait si bien ce qu’il fait qu’il passe son temps à se justifier et à tenter de faire accroire qu’il n’est que sincérité. Dernièrement 20 pages dans Zadig pour s’expliquer sur sa compréhension d’une société complexe qui devrait s’inventer à perpétuité et sur son amour du Lot, de Figeac et des Pyrénées, « en même temps » ! Littéralement grotesque et sophistique : la France n’est pas à réinventer. Et, du même genre, cette ridicule et infamante prestation à l’Élysée de deux zigotos, Mcfly et Carlito, qui sont censés représenter la jeunesse française, au cours de laquelle le chef de l’État s’est prêté à des pitreries du plus mauvais goût, comme lors de la fête de la musique en 2018 où la grossièreté de la mise en scène atteignit l’honneur de l’épouse du Président sur le perron même de l’Élysée et, à travers elle, de la France, « doublement niquée » selon la gestuelle à l’honneur dans ce genre de cérémonie et pour parler le langage conforme à un tel style. Et le Président – qui ne se souvient des photos ? – de rire comme un adolescent immature et irresponsable qu’il fut et qu’il reste en quelques circonstances que ce soit : c’est psychologique.

    La perversité électorale

    Ce qui ne l’empêche pas d’être rusé et subtilement malin. Tout chez lui entre dans une stratégie électorale, y compris ces débordements de démagogie. La campagne de 2022 est commencée ; il sait ce qu’il veut : reproduire le scénario de 2017. Il ne cesse d’y œuvrer tel un imperator sûr de sa victoire. Il va effectuer un tour de France à cet effet, en se servant des meilleurs prétextes du monde. Il a sa fine équipe de stratèges en chambre : Thierry Solère que sa haute vertu recommande comme défenseur attitré de la plus pure des Républiques, à l’image d’un Caton antique, car à l’évidence il n’est guidé dans ses choix que par la sublime idée de sa conception morale de la vie politique qui lui permet de trancher avec autorité entre le Bien et le Mal. Il connaît. L’homme est entouré par la garde rapprochée de la Macronie : les Séjourné, les Attal, les Beaune et tutti quanti. Ce qui nous fait un Caton quelque peu étrange, au service d’un César qui se veut jupitérien, et qui rassemble autour de lui dans ce grand combat d’idées ce que les vieux Romains appelaient des Graeculi, hommes aux âmes d’affranchis que la politique sait combler de places et d’honneurs. L’histoire a de bizarres manières de se répéter.

    Tout ce beau monde est au travail pour transformer les élections régionales en préparatifs de la présidentielle. D’où l’affaire Muselier de Paca ; d’où l’arrivée subite dans les Hauts-de-France d’une kyrielle de ministres sous la direction d’un Dupond-Moretti accoutré en chasseur de Le Pen, ce qui sied éminemment à un garde des Sceaux. On ne lésine sur rien, on se moque des électeurs, mais pareilles interventions risquent de se retourner au final contre le dessein macronien. Il prend son risque, comme il dit !

    Pendant qu’au plus haut sommet de l’État se mène cette puissante stratégie, la France continue de se fracturer. Le désordre est partout : toutes les nuits des émeutes et des luttes de bandes armées, des policiers et des gendarmes caillassés, attaqués, blessés, tués ; des zones entières et qui ne cessent de s’étendre, où la loi française ne s’applique plus, où règnent les caïds avec leur pègre et où édictent leurs ordres les imams ; les Français évincés, obligés d’accepter l’inacceptable chez eux, craignant pour leur famille, leurs enfants, leurs écoles, maintenant leur travail, sans que le chef de l’État n’exprimât la moindre solidarité effective et affective, se contentant de paroles vaines sur les cercueils accumulés où il semble bon de déposer de moment en moment une légion d’honneur dont par ailleurs se trouve honoré n’importe quel zozo qui a les faveurs des services de communication de la République.

    En sortir ?

    Tel est l’état de la France. Et la crise sanitaire si mal gérée n’a servi qu’à dissimuler cette situation qui ne fera qu’empirer quand la crise économique, financière et sociale viendra s’ajouter à un tel désastre. Alors la dernière astuce est de détourner la colère qui monte en désignant des boucs émissaires : les militaires à qui il est reproché de manifester leurs inquiétudes, les hauts fonctionnaires qui regardent sidérés le champ de ruines que laisse Macron sur son passage par la succession des plus absurdes décisions et des lois les plus contradictoires, l’ENA désigné comme le mal essentiel, uniquement pour favoriser tout ce qui va à l’encontre des traditions françaises, les grands corps d’État caricaturés, les Préfets signalés à la vindicte publique et qui seront désormais choisis selon des critères partisans, les policiers qui ont le mauvais goût d’en avoir assez d’être pris pour des lapins bons à flinguer par la racaille, institutionnalisée et promue aujourd’hui comme une chance pour la France par le chef de l’État en personne, les familles françaises qui souffrent et qui s’angoissent à juste titre d’une jeunesse en déshérence et à qui il est répété qu’il faut savoir s’ouvrir et s’adapter, mais à quoi donc, au rêve macronien ? Voilà quand même beaucoup de monde ! Et qu’on a encore le culot de vouloir mener à l’abattoir électoral en hurlant au fascisme, selon la vieille habitude républicaine.

    Ce qui reste de pensée française réagit. Heureusement. Preuve que tout n’est pas perdu. Les dernières parutions de livres en témoignent : La société malade (Stock) de Jean-Pierre Le Goff, si méticuleux dans ses appréciations, Le jour d’après (Albin Michel), flamboyant et vengeur, de Philippe de Villiers où est dénoncée la manœuvre frauduleuse de ceux qui veulent s’emparer non seulement des corps mais des âmes, La fin d’un monde (Albin Michel) de Patrick Buisson qui en 500 pages décrit le processus de déconstruction mené implacablement et où malheureusement l’Église a une grande part de responsabilité ; à quoi il convient d’ajouter tant d’esprits supérieurs qui partagent les mêmes analyses et les mêmes appréhensions, les Manent, les Gauchet, les Finkelkraut, les Onfray, les Houellebecq et tant d’autres, sans omettre, bien sûr, Zemmour et tous ceux qui se dressent face à cette trahison permanente. Une telle conjonction, et qui soulève un tel succès dans le public, mérite d’être remarquée et commence à irriter ceux qui vivent de la chienlit actuelle. Comme il a déjà été écrit dans ces colonnes, les résultats de l’élection présidentielle de 2022 peuvent poser une grave question de légitimité.

    Est-il possible et permis de proposer alors un renouvellement de la pensée et de la pratique politiques ? La France n’a-t-elle pas subi assez de déceptions dans le système de concepts constitutionnels qui lui sert d’ossature et qu’elle a hérité de la Révolution : à chaque fois une série d’échecs s’achevant dans des désastres ? Est-ce qu’il suffira vraiment d’invoquer le peuple, même hypostasié avec une majuscule, et de prétendument lui attribuer tous les pouvoirs par des successions de référendums ? D’opposer un peuple naturellement bon à la Rousseau à des élites corrompues par nature ? Le « dégagisme » n’est qu’un argument d’estrade. La métaphysique constitutionnelle française qui date d’un XVIIIe siècle idéaliste, subjectiviste, utopiste, a suffisamment manifesté ses insuffisances et ses incongruités. Le général Gallois, l’un des pères de la dissuasion française, qui croyait dans la souveraineté de la France et qui honorait Politique magazine de son patronage, me confiait un jour que le général de Gaulle s’était trompé lorsqu’il avait transféré au peuple la désignation du chef de l’État : « nous n’aurons jamais, disait-il, que des chefs de partis qui seront de plus en plus des aventuriers de la politique. » Il faut donc revoir les principes de la souveraineté dans l’intérêt même du peuple, de l’autorité duquel il est si facile d’user et d’abuser comme on ne le voit que trop aujourd’hui. Ce pauvre peuple n’est plus représenté, il est abandonné. Ne serait-il pas temps de chercher un autre mode de représentation que la partisannerie, le jacobinisme, l’éternelle Gironde et l’éternelle Montagne ? La France en crève ! Et de faire aboutir la tentative de réforme de 1969 grâce à un Sénat fort, remodelé, représentatif des territoires français dans leurs éléments concrets, autre chose que ces commissions citoyennes créées par Macron pour satisfaire les idéologues et les rhéteurs.

    Quant à l’autorité judiciaire, elle ne retrouvera sa liberté, sa grandeur et son utilité qu’en acceptant le principe supérieur dont elle tire sa seule légitimité, comme le rappelait avec force Louis XV à ses parlements.

    Ah, pour qui y pense, il est vraiment dommage que la monarchie française n’ait pas su faire aboutir ses réformes nécessaires à la fin du XVIIIe siècle : tout était prêt, y compris le fameux Code civil dont Napoléon fera une de ses gloires. Oui, quel dommage ! La France a pris dès lors une mauvaise voie. Il suffirait pourtant de peu pour reprendre le bon chemin.

     

    Illustration : 27 mai 2021. Macron signe le livre des visiteurs du mémorial de Kigali, où il vient de reconnaître la prétendue responsabilité de la France dans le génocide rwandais.

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    Source : https://www.politiquemagazine.fr/

  • Vaccination covid-19 : une affaire de gros sous et de copinage ?, par François des Millets.

    Le 8 mai 2021, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a annoncé la conclusion d’un nouveau contrat pour acheter jusqu’à 1,8 milliard de doses de vaccins anti-Covid à BioNTech-Pfizer[1].

    Elle est heureuse, Madame von der Leyen, « heureuse d’annoncer [sur le réseau Twitter] que la Commission vient d’approuver un contrat pour 900 millions de doses fermes (+900 millions en option) avec BioNTech et Pfizer[2] ».

    Elle est heureuse mais nous beaucoup moins car cette information nous donne l’occasion de nous interroger sur les dessous d’une campagne de vaccination géante à l’échelle européenne qui représente des sommes absolument pharaoniques et révèle un réseau très serré de relations.

    Vaccination covid-19, une campagne au coût pharaonique

    Effectivement, en mai 2021, l’Union européenne a bien conclu un nouveau contrat pour acheter 1,8 milliard de doses de vaccins Pfizer-BioNTech, livrables jusqu’en 2023[3].

    Le prix des vaccins covid-19 commandés par la Commission européenne aux groupes pharmaceutiques devait rester confidentiel. Mais, selon le Financial Times, les laboratoires Pfizer, BioNTech et Moderna ont récemment renégocié leurs contrats avec l’Union européenne, et brutalement augmenté leurs prix[4]. Le quotidien britannique, qui a eu accès à ces contrats, affirme que le prix d’un vaccin Pfizer est ainsi passé de 15,50 euros à 19,50 euros et celui de Moderna de 19 euros à 21,50 euros.

    Donc, au total, vous avez bien lu, cela représente 1,8 milliards de doses pour une population évaluée au 1er janvier 2021 à 447 millions d’habitants selon Eurostat[5]. Ce qui fait, si nos comptes sont bons, 4 doses par Européen… Au prix de 19,50 euros, on atteint la somme stratosphérique de 35,1 milliards ! Jackpot !

    Alors que les bénéfices de cette entreprise explosent, les explications concernant cette augmentation brutale et importante sont, pour le moins que l’on puisse dire, particulièrement confuses. Le républicain Clément Beaune, secrétaire d’État chargé des Affaires européennes, a déclaré que les doses concernées par l’augmentation des prix « ne sont pas les mêmes que la première génération de vaccins[6] ». Ces vaccins seraient « adaptés aux variants » et « produits sur le sol européen »… Quant à la Commission européenne, celle-ci s’est refusée à tout commentaire, mettant en avant la confidentialité des contrats (de toutes manières, la Commission a toujours refusé de communiquer le prix des vaccins commandés). Contactés, Pfizer et Moderna n’ont pas souhaité réagir[7]. Quoiqu’il en soit, le groupe Pfizer prévoit de demander une autorisation pour une troisième dose de son vaccin, en Europe notamment. En France, le principe d’une troisième dose de vaccin contre le Covid-19 est d’ores et déjà acquis. Le 12 juillet 2021, Emmanuel Macron a déclaré que « dès la rentrée, une campagne de rappels sera mise en place pour permettre [aux personnes vaccinées en janvier-février] de bénéficier d’une nouvelle injection selon le même système et dans les mêmes conditions que la ou les premières[8] ».

    Une quatrième dose est envisagée[9] ! Tout s’accélère.

    Et ce n’est pas terminé car « d’autres contrats et d’autres technologies de vaccins suivront » a annoncé Mme von der Leyen. Et en effet, le contrat conclu avec les laboratoires allemand et américain alliés dans la production de vaccins covid-19 prévoit des livraisons jusqu’en 2023[10] !

    En langage clair, nous ne sommes pas sortis du vaccinodrome géant et l’on comprend que le projet des autorités républicaines comme européenne est de piquer les femmes, les hommes et les enfants compris, tous les 6 mois, avec un vaccin dont les effets à long terme sont totalement ignorés. Alors qu’il est acquis que le vaccin n’empêche pas les contaminations, que le passeport vaccinal crée, dans les lieux de loisirs, les conditions de la contamination[11] et que la vaccination des 12-17 ans ne représente aucun gain pour eux en termes de balance bénéfice/risque puisqu’ils ne sont pas exposés aux formes graves de la maladie !

    Vaccination covid-19, une gigantesque toile d’araignée

    Mais, rassurons-nous, notre destin est entre de bonnes mains ! Il faut dire que Mme von der Leyen est médecin. Économiste de formation, elle soutiendra pourtant une thèse de médecine à l’université Gottfried Wilhelm Leibniz de Hanovre. Le 27 septembre 2015, le site internet anti-plagiat VroniPlag Wiki révèlera que 27 pages de cette thèse contenaient des passages plagiés[12]. Après vérification, l’université ouvrira une enquête au terme de laquelle Mme von der Leyen conservera tout de même son titre de docteur. Cependant, un grand nombre d’experts, parmi lesquels les Professeurs de droit Volker Rieble et Gerhard Dannemann, ne manqueront pas de manifester leur désaccord avec cette décision[13]. En octobre 2015, c’est un représentant de l’université Stanford qui pointera les activités universitaires mentionnées par Mme von der Leyen sur son curriculum-vitae alors que celle-ci n’a jamais reçu les crédits universitaires nécessaires pour les exercer[14]. Par la suite, c’est la presse qui rendra public le fait qu’elle affirmait avoir fréquenté l’université Stanford en tant qu’auditrice invitée, alors que ce poste est inexistant ! Plus modestement, Mme von der Leyen a bien suivi des cours dans cette prestigieuse université américaine mais elle y a obtenu un master en santé publique.

    Mère de 7 enfants, ce dont, à juste raison, elle s’honore, Mme von der Leyen est l’épouse du Professeur de médecine Heiko von der Leyen, actuellement directeur médical d’une entreprise d’ingénierie médicale, Orgenesis Inc. Orgenesis est une société de biotechnologie dont l’objectif est de libérer le potentiel des thérapies cellulaires et géniques (CGT). Cette entreprise de biotechnologie mondiale a lancé un programme appelé BioShield, conçu pour accélérer la découverte et la validation potentielles d’anticorps humains neutralisants comme défense rapide possible de la population en vue d’atténuer la propagation de virus tels que la COVID-19[15]. Étrange coïncidence…

    Ensemble, M. et Mme von der Leyen ont eu un fils, David von der Leyen qui, par ailleurs, autre coïncidence, est un ancien consultant du cabinet McKinsey & Company. Dont la commission européenne est particulièrement friande des services. Ainsi, d’après Euractiv[16], McKinsey a-t-il obtenu un contrat en 2018 pour étudier la faisabilité de la mise en place d’une unité chargée des grandes affaires au sein de l’office allemand de la statistique. Montant de la transaction 878 970 €. McKinsey, toujours, a signé un contrat d’un montant de 966 975 € en 2019 pour fournir une analyse des changements systémiques dans les chaînes de valeur entraînés par l’intelligence artificielle (IA) afin d’anticiper les opportunités pour les petites et moyennes entreprises (PME). Ce projet illustre, au passage, le conflit d’intérêts potentiel qu’est susceptible de soulever l’implication de ces entreprises dans l’élaboration des politiques. Ainsi, l’appel d’offres indiquait-il que « l’objectif général de cette action [était] d’identifier une combinaison optimale de mesures de politique industrielle (jugées nécessaires pour créer un cadre favorable au développement) à l’adoption d’applications d’IA par les PME européennes[17] ».

    Au total depuis 2016, ce sont 5 contrats que le cabinet MacKinsey a cumulés en 5 ans avec la Commission pour un montant global d’environ 5,5 millions d’euros. Au point que, toujours selon Euractiv, cette avalanche de contrats a conduit la Commission européenne à étudier « la mise en œuvre de règles déclaratives plus strictes concernant de possibles conflits d’intérêts entre des missions effectuées pour l’exécutif européen et d’autres clients dans le secteur privé ».

    Or, en février 2020, Mme von der Leyen avait déjà été entendue dans son pays par le Bundestag au sujet des consultants auxquels elle avait eu recours de manière intense alors qu’elle en était la ministre de la Défense[18].

    En ce qui concerne la composition de ce cabinet de consultants, il est à noter qu’un certain Victor Fabius en est le directeur associé. Basé à Paris, celui-ci opère principalement dans le pôle d’activité Consommation et Distribution et pilote le pôle de compétences Marketing et Ventes en France. Spécialisé dans les problématiques de stratégie, de marketing et d’innovation, il accompagne les clients du cabinet dans l’identification de relais de croissance fondés sur une compréhension fine des consommateurs (développement de marques, innovation produit et leviers de pricing). Il accompagne aussi des acteurs européens et mondiaux de l’industrie alimentaire, du secteur textile et de l’e-commerce[19].

    Or, rappelons que ce Victor Fabius n’est autre que le fils d’un certain Laurent Fabius, actuel président du Conseil constitutionnel républicain. Fervent partisan de l’euthanasie et donc de l’autorisation de donner la mort, M. Fabius-père est le coauteur en 2009 d’une proposition de loi républicaine relative au droit de finir sa vie dans la dignité dont l’article Art. L.1111-15 prévoyait notamment de réputer décédée de mort naturelle, en ce qui concerne les contrats où elle était partie, la personne dont la mort résulte d’une aide active à mourir mise en œuvre selon les conditions et procédures prescrites par le code de la santé publique, toute clause contraire étant réputée non écrite ! Lors d’une intervention à l’Assemblée nationale, M. Fabius déclarera, pour assurer la promotion d’un texte posant un principe — celui qui consiste à donner la mort à son prochain — que, pourtant, toutes les religions et toutes les philosophies proscrivent : « l’ouverture de ce droit a reçu et reçoit le soutien de millions de femmes et d’hommes, quelque soient leurs convictions philosophiques, religieuses… ». Allant même jusqu’à affirmer l’existence, de la part de soignants Français, de pratiques d’euthanasie consistant en l’administration, « en dehors de tout cadre légal » de « doses de sédatif qu’on sait mortelles », de « nombreuses euthanasies pratiquées sans règle ni contrôle » (ce qui constituait, au passage, une accusation particulièrement grave à l’encontre d’un corps français dont on a pu constater l’extraordinaire dévouement au service de la vie lors de la crise sanitaire que nous traversons actuellement), M. Fabius n’hésitera pas à présenter l’euthanasie du malade comme une protection de sa personne, comme le signe d’un surplus de fraternité vis-à-vis du patient face à la mort

  • Zemmour, les vivants et les morts, par Aristide Renou.

    À propos de la dernière polémique déclenchée par les propos d’Éric Zemmour (en attendant la prochaine, qui ne saurait tarder), j’aimerais ajouter une pièce au dossier.

    Je rappelle l’acte d’accusation :

    « La famille de Mohammed Merah a demandé à l’enterrer sur la terre de ses ancêtres en Algérie, on a su aussi que les enfants juifs assassinés devant l’école confessionnelle à Toulouse seraient eux enterrés en Israël. Les anthropologues nous ont enseigné qu’on était du pays où on est enterré. Assassins ou innocents, bourreaux ou victimes, ennemis ou amis, ils voulaient bien vivre en France, faire de la garbure en France ou autre chose, mais pour ce qui est de laisser leurs os, ils ne choisissaient surtout pas la France, étrangers avant tout et voulant le rester par-delà la mort. »

    Pour ce passage de son dernier livre (pas encore paru et déjà en tête des ventes…), La France n’a pas dit son dernier mot, Zemmour est accusé d’avoir « franchi les limites de l’ignominie » de « mettre sur le même plan l’assassin et ses victimes », de « s’arroger le droit de dire qui est Français et qui ne l’est pas » ; et puis aussi, pour faire bonne mesure, de raconter n’importe quoi.

    Puisque Zemmour appuie ses dires sur l’anthropologie, certains médias se sont en effet empressés de trouver un anthropologue pour déclarer : « Si les anthropologues enseignent quelque chose, c’est précisément la pluralité des perspectives, en l’occurrence des façons d’appartenir à une communauté ou à un lieu » (Nicolas Adell, pour France 3). Autrement dit, l’anthropologie enseigne le relativisme et surtout, surtout, ne fait pas le jeu de l’esstrême-droâte. Ce qui ne surprendra personne.

    Est-il vrai qu’on est du pays où nos morts sont enterrés ?

    Laissons donc les anthropologues à leur « pluralité de perspectives » qui les rend aussi inutiles, dès lors qu’il s’agit de délibérer sérieusement de sujets sérieux, que le proverbial paysan normand – « P’têt bin que oui, p’têt bin que non » –, et revenons au fond du sujet : est-il vrai qu’on est du pays où nos morts sont enterrés ?

    Même si « les anthropologues » ne peuvent rien nous dire de solide sur cette question, parait-il, d’autres n’ont pas cette pudeur de gazelle ou cette étrange paralysie intellectuelle. Je trouve par exemple sous la plume de Michel Aubouin, haut fonctionnaire, la réflexion suivante :

    « Les Français originaires du Maghreb ou de Turquie avaient, entre-temps, pris l’habitude de rapatrier dans leur pays d’origine la dépouille de leurs défunts. Cette incapacité à conserver les morts fut l’une des causes du défaut d’intégration des populations musulmanes en France. J’ai reçu, en 1995, deux universitaires russes spécialistes d’une science que l’on n’enseigne pas chez nous, qu’ils nomment ‘conflictologie’. Ces deux universitaires travaillaient sur « nos » banlieues. Leur première question fut : « Où sont les morts ? » D’abord interloqué, je finis par répondre que les morts étaient enterrés de l’autre côté de la Méditerranée. Leur réponse fut brutale : « Là où sont les morts sont les vivants. » Cette phrase m’a marqué pour de longues années. Beaucoup auraient dû la méditer. » (40 ans dans les cités, p. 204)

    « Où sont les morts ? »

    Voilà donc déjà trois témoins de moralité pour Éric Zemmour (les deux universitaires russes, et Michel Aubouin), ce qui devrait suffire à dissiper l’idée que l’opinion émise par ce dernier serait purement idiosyncratique, pour ne pas dire le produit d’un esprit malade en proie aux « passions tristes ». En fait, cette idée n’est pas difficile à comprendre, et à défendre. Elle signifie juste que l’attachement à une communauté politique ou à une terre est, le plus souvent, inséparable des attachements familiaux et que la patrie pousse des racines dans notre cœur dans la mesure où, précisément, elle est le pays du père, c’est-à-dire de nos ancêtres. Comme le dit à peu près Rousseau, et beaucoup d’autres éminents esprits avec lui, l’amour qu’on a pour ses proches est le principe de celui qu’on doit à l’État et c’est par la petite patrie, qui est la famille, que le cœur s’attache à la grande. Par conséquent, de même que l’endroit où nous choisissons de nous faire enterrer en dit en général très long sur nos attachements personnels, le pays dans lequel nous voulons être enterrés, ou dans lequel nous voulons faire enterrer ceux qui nous sont le plus chers, en dit en général très long sur nos attachements politiques.

    Tout cela est trivial, évident même, et la seule chose qui nous empêche de le reconnaitre est justement que nous ne voulons plus de ce genre de liens que l’on ne choisit pas. Nous, qui avons pour projet de devenir de purs individus, nous voudrions pouvoir choisir tout ce qui nous constitue. Nous prétendons, par exemple, pouvoir choisir notre « identité de genre » et modifier notre corps en conséquence, de même que nous réclamons de la science qu’elle nous permette de satisfaire notre « désir d’enfant » comme et quand nous le voulons. Nous affirmons parallèlement que la seule adhésion volontaire (et donc nécessairement révocable, au gré des fluctuations de la volonté) à des « valeurs » évanescentes et universelles pourrait constituer une communauté politique fonctionnelle. Dès lors, comment pourrions-nous n’être pas choqués par l’idée que le cœur des vivants est enterré à côté de la dépouille des défunts, générations après générations ?

    Nous la repoussons donc avec véhémence et, pour en avoir meilleur marché, nous affectons de confondre ce qui se présente comme une vérité générale (vraie la plupart du temps dans la plupart des cas) avec une vérité universelle, qui serait vraie dans tous les cas. Et comme, en matière d’affaires humaines, la seule vérité universelle, peut-être, est qu’il n’existe pas de vérités universelles, il est facile de montrer que notre adversaire se trompe – puisque son affirmation souffre des exceptions !

     

    « plus Israéliens que Français »

    Les parents des enfants assassinés par Merah se sentaient-ils « plus Israéliens que Français », comme le dit à peu près Zemmour ? La vérité est, bien sûr, que nous n’en savons rien, car nous n’avons pas d’accès direct à l’âme de nos semblables. Il est donc possible que le fait d’avoir enterré leurs enfants en Israël ne nous apprenne rien sur leurs attachements politiques. L’honnêteté commande de le reconnaitre. Mais l’honnêteté commande aussi de reconnaitre que c’est peu probable. Il est raisonnable de supposer que leur choix du lieu de sépulture de leurs enfants dise quelque chose de leurs sentiments envers la France, de même que, par exemple, il est raisonnable de supposer que quelqu’un qui vous insulte est en colère contre vous. Et lorsque ce choix individuel est répété par un grand nombre de personnes, il est encore plus raisonnable d’y voir le symptôme d’un problème politique. L’incertitude, qui s’attache aux cas individuels, disparait à mesure nous atteignons le royaume des grands nombres.

    Il est d’ailleurs frappant de voir que certains contestent les propos d’Éric Zemmour en affirmant que, si les parents des victimes de Merah ont choisi de faire enterrer leurs enfants en Israël, c’est parce qu’ils craignaient qu’en France les tombes soient profanées. J’ignore si c’est vrai (et ceux qui le disent l’ignorent aussi sans doute), mais, si tel est le cas, cela me semble une confirmation du constat zemmourien et non une réfutation. Car cela revient à dire que ces parents ne croyaient plus en la France, qu’ils ne croyaient plus en la capacité de la France d’assurer à ses citoyens juifs une vie paisible et sûre, et que, par conséquent, ils considéraient déjà, obscurément, que leur destin individuel et familial allait devoir se séparer de celui de la France.

    Je ne saurais les en blâmer. Il est devenu difficile de croire en la France de nos jours, à moins d’avoir la foi du charbonnier, et je comprends fort bien ceux qui désespèrent et cherchent une porte de sortie. Peut-être est-ce, en effet, la chose raisonnable à faire. Particulièrement pour des juifs, pour des raisons évidentes. Il n’en reste pas moins que, comme en amour, celui qui commence à « faire son petit système à part », comme le dit Rousseau, a déjà commencé à se détacher sentimentalement, qu’il se l’avoue ou non.

    Français de cœur et pas seulement de papier.

    Quant au fait que Zemmour mettrait ignominieusement « sur le même plan l’assassin et ses victimes », il ne peut s’agir que d’un sophisme, ou d’un paralogisme dicté par la colère. Car, bien sûr, il est toujours possible de mettre un assassin et sa victime « sur le même plan », puisque tous deux sont des hommes et ont donc des points communs. Tout dépend du « plan » en question. La seule comparaison vraiment inacceptable, c’est celle qui vise à relativiser ou à effacer la culpabilité de l’assassin. Ce qui n’est absolument pas le propos d’Éric Zemmour.

    Alors, peut-on être pleinement Français, Français de cœur et pas seulement de papier, et faire enterrer ses enfants à l’étranger ? Si l’on adopte le point de vue sublime de l’observateur impartial à qui seule la vérité importe, la réponse est sans doute oui. Mais, si l’on adopte le point de vue de l’homme d’État, qui doit agir pour le bien du tout, et non pour celui de tel ou tel individu en particulier, et qui par conséquent doit accepter de guider son action par des vérités générales, imprécises mais étendues, la réponse doit être non. Elle doit être non, car elle est non dans la plupart des cas.

    J’ignore si Éric Zemmour a les capacités d’un homme d’État – pour tout dire je suis un peu sceptique. Mais ce que je sais, c’est que ceux qui ne sont pas capables d’adopter le point de vue de l’homme d’État ne devraient pas se mêler de politique.

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    Source : https://www.politiquemagazine.fr/

  • Sécurité globale : quelle politique pour notre pays ? Le défi migratoire (partie 2), par Philippe FRANCESCHI (Consultant

    OPINION. 2022 approche et les attentes et inquiétudes des Français en termes de sécurité sont immenses. Conseiller en sécurité, notre contributeur présente les mesures à prendre, selon lui, pour redresser la barre. Premier défi : l’immigration.

    6.jpegL’assassinat de Samuel Paty par un immigré musulman tchétchène qui s’est radicalisé sur notre territoire remet en lumière, une fois de plus, la problématique plus générale de notre politique d’immigration et de droit d’asile. Les nations européennes dont la France se sont petit à petit liées les mains au fil des traités et ont organisé et amplifié l’appel d’air immigrationniste que nous connaissons aujourd’hui.

    Ce cercle vicieux qui aboutit à affaiblir l’identité européenne et la lutte contre le terrorisme islamiste nécessite que les nations européennes reprennent leur liberté d’action. C’est possible, mais en remettant en question les textes européens qui nous condamnent à cette situation et, d’une manière générale, la supériorité de la législation européenne sur les lois nationales, en faisant prévaloir le principe de « subsidiarité descendante » sur la problématique migratoire. L’assentiment des Français souverains devra se faire par référendum.

    Immigration : reprenons notre liberté d’action

    Où en sommes-nous ? Le traité sur l’Union européenne, dans sa version consolidée après le traité de Lisbonne de 2009, dispose en son article 6 que l’Union adhère à la Convention de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales (CEDH) qui vise aussi, au-delà de la convention de Genève de 1951, à protéger quiconque, et donc les « migrants », de la torture, des peines et traitements inhumains et à ne pas les expulser vers un pays où ils courent le risque d’être victime d’un tel traitement. Cette Convention proclame aussi le droit au respect de la vie privée et familiale, ce qui recouvre le regroupement familial (art. 8). D’autre part, le 13 décembre 2011, l’Union européenne est allée plus loin en adoptant la directive « qualification » 2011/95/UE, qui fait elle-même référence à la Convention de Genève et qui consacre une « protection subsidiaire » à côté de celle du statut de réfugié traditionnel. Celle-ci est attribuée à l’étranger qui ne remplit pas les conditions d’obtention du statut de réfugié et qui prouve qu’il est exposé, dans son pays, à la peine de mort, la torture, les traitements inhumains ou dégradants, mais aussi — et c’est là que le bât blesse — à une « menace grave et individuelle contre sa vie ou sa personne en raison d’une violence qui peut s’étendre à des personnes sans considération de leur situation personnelle et résultant d’une situation de conflit armé interne ou international ». C’est évidemment la porte ouverte à l’immigration massive musulmane incontrôlée, compte tenu du nombre de conflits dans le monde. On voit donc bien comment l’étau s’est petit à petit resserré et a fini par nous étrangler. Pour aggraver la situation, la loi française n° 2012-1560 du 31 décembre 2012 poussa le raisonnement jusqu’au bout en supprimant le délit de séjour irrégulier sur notre territoire suite à plusieurs arrêts de la Cour de Justice de l’Union européenne allant dans le sens de ce qui précède.

    La loi 2018 « pour une immigration maîtrisée, un droit d’asile effectif et une intégration réussie » n’est qu’une adaptation à cette situation et a vocation à essayer vainement de réduire les délais d’attente et davantage reconduire à la frontière. Autant de vœux régulièrement formulés depuis vingt ans par les gouvernements successifs. Ce n’est pas un cap de fermeté contre l’immigration massive comme annoncé par Emmanuel Macron. Pour couronner le tout, le Pacte de Marrakech de 2018, pacte mondial « pour des migrations sûres, ordonnées et régulières » vise in fine petit à petit, à imposer une coopération en matière de migrations internationales et vient encore obscurcir l’émergence de solutions alternatives. Alors, comment sortir de cet étau ?

    Nous avons besoin de remplacer ce système par un cercle vertueux c’est-à-dire par la révision des dispositions de la Convention européenne des droits de l’homme (CEDH) en matière d’asile et de regroupement familial, et par une réécriture plus stricte de la notion de protection « subsidiaire » de la directive « qualification » 2011/95/UE. Sinon, il nous faudra constater cette impasse et sortir de ces traités par référendum, y compris celui de Schengen, afin de renouer avec le contrôle de nos frontières nationales. Il s’agit de valoriser le principe de subsidiarité descendante qui figure dans l’esprit de l’art 5 du TFUE. Au regard des principes évoqués, il apparaît parfaitement envisageable de proposer une révision de la répartition entre les compétences exclusives et celles partagées, au regard du niveau de souveraineté à retrouver, et de vérifier si le niveau d’implication de l’Union dans les compétences partagées est bien conforme au principe de proportionnalité. Par ailleurs, il faudra évidemment rétablir le délit de séjour irrégulier sur notre territoire.

    D’autres mesures devront être prises : Le code de la nationalité mérite d’être remis à plat avec des principes fondamentaux inscrits dans la Constitution, dont le maintien du droit du sol, mais sous conditions (acquisition de la nationalité française à 18 ans, sous réserve d’une prestation de serment portant allégeance aux valeurs de la République, le parjure générant d’office la perte de la nationalité française).

    Nous devons réviser les accords bilatéraux signés avec les pays d’origine des migrants, qui facilitent actuellement l’immigration « subie » et n’ont plus de justification aujourd’hui (Algérie, Maroc, Tunisie). Il faut instaurer la préférence nationale pour les aides sociales afin d’en finir avec les pompes aspirantes de nos droits sociaux. Les regroupements familiaux et les prestations sociales qui en découlent doivent être strictement limités à une épouse et aux enfants de cette dernière. Le non-respect de cette règle par des collectivités publiques doit être sanctionné pénalement. Les reconduites à la frontière doivent être systématisées dès le refus de résider sur le territoire français notifié, tandis que les États qui refusent de reconnaître leurs ressortissants doivent être pénalisés par des mesures économiques. La règle du maintien en France des mineurs isolés doit être abrogée. Les demandes de droit d’asile doivent être effectuées exclusivement dans nos ambassades. Afin de lutter — enfin — efficacement contre les réseaux de passeurs, trafiquants de chair humaine, aux ramifications nationales, mais surtout internationales, un office central de lutte contre l’immigration clandestine sera créé. Il sera rattaché à la Police aux frontières (PAF). Le trafic d’êtres humains sera sanctionné par 20 ans de réclusion. L’objectif est de lutter contre les passeurs en empêchant les départs par bateau de la Libye et les passages par les Balkans. Enfin, la double nationalité ne sera plus autorisée pour les fonctions de député, sénateur, ministre, Premier ministre et président de la République, en raison des conflits d’intérêts évidents.

    Redonner confiance aux forces de l’ordre tout en exigeant des résultats

    La lutte contre le sentiment d’insécurité a été une imposture cherchant à masquer la réalité de la situation. L’insécurité s’est accrue alors que les effectifs et moyens des forces de sécurité intérieure et des armées ont été réduits, affectant dramatiquement la protection et la défense du pays. Une loi de programmation pour la sécurité intérieure sera nécessaire à l’instar de celle pour la Justice. Il s’agit de rassurer les forces de l’ordre sur les moyens indispensables à leurs missions incluant des investissements clairement affichés et sanctuarisés, en particulier la reconstitution en cinq ans des effectifs des forces de sécurité supprimés par Nicolas Sarkozy (14 500 suppressions de poste) et qui n’ont pas été comblés ni par François Hollande ni par Emmanuel Macron, mais aussi par des mesures sociales comme par exemple une facilitation du logement des policiers dans leur zone de travail.

    Accroître l’empreinte territoriale des forces de l’ordre

    L’État doit reprendre toute sa place régalienne dans le domaine de la sécurité. En contrepartie de l’investissement de l’État dans la mission « sécurité », une exigence de résultats sera attendue de la part des forces de sécurité intérieure police et gendarmerie qui devront accroître leur « empreinte territoriale » : nombre de patrouilles de jour, de nuit, réellement déployées au quotidien, modalités d’intervention, réserves disponibles. Elles devront reprendre le chemin de la police de voie publique ou de proximité, mission ayant glissé petit à petit vers les polices municipales qui en assurent aujourd’hui la quasi-totalité dans nombre de villes. Cela devra se traduire par une nécessaire transformation profonde de la police nationale tant au niveau de la formation initiale et continue que du commandement, ainsi qu’une nécessaire adaptation de l’organisation du temps de travail aux besoins opérationnels, comme le réclame le rapport d’octobre 2020 de la Cour des comptes sur l'organisation du temps de travail et les heures supplémentaires dans la police nationale. Son fonctionnement sera amélioré, en particulier en plaçant sous l’autorité d’un seul responsable, dans chaque département, des services de police en charge de la sécurité publique, de la police judiciaire et de la police des frontières (quand il y a lieu). Un chef, une mission, des moyens, voilà un principe qui a fait ses preuves !

    Accroître l’empreinte sécuritaire

    Au niveau de la répartition de la compétence territoriale police/gendarmerie, le critère du seuil de densité démographique est dépassé. Le critère pertinent est devenu celui du seuil géographique de « fracture sécuritaire », c’est-à-dire lorsque l’équilibre est en danger. À cet égard, au critère du volume d’effectifs appliqué à une zone, il faut substituer celui de la performance. C’est d’ailleurs ce que propose également le rapport de la Cour des comptes de mai 2021 sur le bilan du rattachement de la gendarmerie nationale au ministère de l’Intérieur, qui demande qu’un audit soit effectué sur les redéploiements de compétence effectués jusqu’en 2015. La Cour des comptes écrit, à juste titre, qu’« il pourrait être souhaitable de prendre en compte la doctrine d’emploi et le mode d’organisation de chaque force, de façon à attribuer la compétence sur des bassins de délinquance particuliers à celle qui apparaîtrait là mieux à même de répondre aux problèmes qui s’y présentent ». À la police comme à la gendarmerie de s’interroger sur leurs territoires à « fracture sécuritaire » comme les quartiers dits de reconquête républicaine et d’y concentrer des moyens humains issus de leur zone de responsabilité encore non fracturée.

    Un « continuum de sécurité » dont il faut dénoncer les effets pervers

    D’une manière générale, la tendance au désengagement de l’État de cette mission régalienne s’il en est qu’est la sécurité doit être endiguée. En effet, le besoin accru de sécurité est patent, mais au lieu de renforcer la police et la gendarmerie nationales, l’État transfert de plus en plus depuis une quarantaine d’années une partie de cette responsabilité aux polices municipales et semble aujourd’hui prêt, selon une espèce de glissement inéluctable, à y associer les sociétés privées de sécurité. La complémentarité doit rester la règle, mais pas le transfert de responsabilité par petites touches successives. Renforcer de plus en plus les polices municipales au lieu des forces de sécurité d’État aboutit à plus de sécurité pour les villes qui en ont les moyens (le cas de Nice est emblématique). Cela engendre donc une inégalité de sécurité entre les Français. Attention donc à la cohérence avec l’exigence de sécurité partout et pour tous. Il est donc nécessaire de dénoncer la forfaiture du gouvernement actuel qui conçoit le renforcement des polices municipales et de la sécurité privée dans le cadre du concept fumeux de Police de Sécurité du Quotidien (PSQ), sous couvert d’un « continuum de sécurité » dont il faut dénoncer les effets pervers.

     

    Philippe FRANCESCHI
    Consultant en sécurité
    Philippe Franceschi, ancien officier supérieur de gendarmerie et ex-responsable du projet "contre-terrorisme Sahel" de la Commission européenne, est consultant dans le domaine de la sécurité.

    Source : https://frontpopulaire.fr/

  • CONDITIONNEMENT PAN[DÉM]IQUE, libres pro­pos de David Gat­te­gno.

    Notre ami David Gat­te­gno , écri­vain, nous pro­pose une lec­ture inédite de la pan­dé­mie de la peur orches­trée autour de « la COVID ». Cer­tains y ver­ront un nou­vel accès de com­plo­tisme et d’autres, une incise « mali­cieuse » dans l’épais débat qui agite les médias et la classe poli­tique. (NDLR) 

    11.pngAprès n’avoir pas ces­sé de rele­ver les incor­ri­gibles erreurs de la plu­part des États d’Occident, face à la fumeuse (avec un u)«pan­dé­mie », peu à peu, les plus farouches détrac­teurs en viennent à s’accorder avec la doxa selon laquelle – je cite le pré­am­bule à un com­men­taire pour­tant très intel­li­gem­ment cri­tique –: « Face à une situa­tion de crise inédite, il est plus facile de don­ner des leçons a pos­te­rio­ri que de prendre les justes déci­sions sans avoir les élé­ments de dis­cer­ne­ment. » Pareille phrase semble frap­pée au coin du bon sens ; de plus, elle est for­mu­lée par un très hon­nête homme, la suite don­née vient nous en assurer.Il n’y a pas lieu de nom­mer l’auteur parce que, au fond, il n’est guère hono­rable de céder, serait-ce inci­dem­ment, au psit­ta­cisme ora­toire ambiant.

    S’inscrire en faux contre toutes les bonnes inten­tions qui la sous-tendent et, plus encore en faux, contre les pré­sup­po­sés que pareilles pré­misses sug­gèrent.

    Pas de « situa­tion de crise inédite » qui tienne ! Une décla­ra­tion d’état de crise ne sau­rait authen­ti­fier ce qui veut appa­raître tel par seule voie d’annonce. Ne nous inju­rions pas nous-mêmes en fei­gnant d’avoir lais­sé échap­per à notre enten­de­ment les bou­le­ver­se­ments des quelques décen­nies modernes écou­lées. Ayons la décence de nous rap­pe­ler les troubles, guerres, révo­lu­tions, mas­sacres, catas­trophes et autres famines des der­niers temps, avant de nous alar­mer seule­ment lorsque notre coin de rue se trouve un tant soit peu affec­té.

    Si notre mes­quin petit Occi­dent moderne est bel et bien le pivot idéo­lo­gique autour duquel se font et se défont les désordres pla­né­taires, cela n’en fait pas pour autant le seul«Centre du monde ».

    Se pré­oc­cu­per sou­dain du fait que dia­bé­tiques, obèses, car­dio-vas­cu­lo-défi­cients et autres vieilles gens sont plus fra­giles que les frin­gants gamins est sans doute bien com­pas­sion­nel, seule­ment, cette sin­ge­rie d’émotion venue à la mode ne sau­rait rendre ces états de san­té et caps de lon­gé­vi­té « inédits ».

    On pour­rait s’amuser à rai­son­ner long­temps sur le même ton autour d’évidences de cette nature, mais cela revien­drait à se lais­ser attra­per par le spec­tacle des quelques arbres pla­cés au pre­mier plan des pano­ra­mas, publiés quo­ti­dien­ne­ment à grand ren­fort de « poids des mots » et de « choc des pho­tos », selon l’éculé slo­gan d’un célèbre heb­do­ma­daire à sen­sa­tions, sen­sa­tions pré­sen­tées sous les atours de la meilleure édu­ca­tion.

    La seule ques­tion qui vaille ne tient pas tant au fait expo­sé – ni davan­tage à la gra­vi­té, plus ou moins « pesante » ou « cho­quante », des consé­quences sani­taires – qu’à la très extra­or­di­naire mon­dia­li­sa­tion des cam­pagnes de trai­te­ment et d’information.

    Les consé­quences les plus immé­diates de cette « crise » res­sor­tissent aux dimen­sions socié­tales et économiques.Or, il se trouve pré­ci­sé­ment que le monde moderne est régu­liè­re­ment expo­sé à diverses crises socié­tales et éco­no­miques ; il a su les affron­ter, à peu près, jusqu’ici.Seulement, depuis un moment, le vul­gaire en la matière que nous sommes peut à per­ce­voir com­bien ces crises-là se révèlent désor­mais sen­si­ble­ment irré­duc­tibles aux sys­tèmes de ges­tion sociale et finan­cière jusque-là déclen­chés pour modé­rer les effets de ce genre d’accidents de par­cours. Du coup, ce que, depuis ce constat d’impuissance, on appelle«populisme » appa­raît un tan­ti­net plus gra­ve­ment mena­çant qu’il avait pu être envi­sa­gé jusqu’alors…

    Pas de cours de haute finance ni de fine ana­lyse poli­tique ; il suf­fit d’observer quelques-uns des diri­geants miro­bo­lants qui gou­vernent ici et là, à com­men­cer par ceux du pays qui est le nôtre. Les adju­dants de par ici, fifres et sous-fifres à la res­cousse, n’en finis­saient pas de se prendre cari­ca­tu­ra­le­ment les pieds dans la car­pette à l’état de quoi ils pré­voyaient de réduire la France ; l’arrogance de cour de récréa­tion com­men­çait à prendre eau jusqu’à mena­cer de les noyer dans le ridi­cule et, pro­ba­ble­ment, ailleurs comme par ici, quelque chose de plus ou moins com­pa­rable avait lieu.

    Il appa­rut impé­ra­tif de révi­ser sen­si­ble­ment la copie pré­vue, sous peine de ris­quer un tant soit plus de « popu­listes » au détour du suf­frage uni­ver­sel.

    Les mani­gances média­ti­co-judi­ciaires ris­quant de ne plus pré­sen­ter les mêmes garan­ties d’efficacité immé­diate pou­vaient sem­bler compromises.Tout à l’avenant.

    Bref, il fal­lait impé­ra­ti­ve­ment du nou­veau.

    Le coup des mani­pu­la­tions du ter­ro­risme com­men­çant à trans­pa­raître, au point que les gens de France ne se sont pas « essen­tia­li­sés » en autant de Char­lie qu’escompté – nombre sur lequel on avait misé gros –, l’usage exces­sif de l’expédient pou­vait conduire à sur­ar­mer les agents trai­tés, ain­si que cela s’était pro­duit pour le Front isla­mique du Salut par les ser­vices secrets fran­co-algé­riens ou pour Al-Qaï­da par les Amer­lo­cains.

    Quelque chose d’i‑né-dit, s’il vous plaît !

    Encore que, pas tout à fait pro­pre­ment « inédit »… Ne pas oublier ! Les tra­vaux pav­lo­viens sur les réflexes condi­tion­nés ani­maux ont connu des suites humaines, débou­chant sur de for­mi­dables pro­grès dans les manœuvres de pro­pa­gande.

    Les expé­riences « scien­ti­fiques » autour des spots publi­ci­taires – sous foul­ti­tudes d’essais « ran­do­mi­sés », sans aucun doute – avaient per­mis d’établir les mesures de leur effi­ca­ci­té et, sur­tout, grâce au piège de l’idée de « com­mu­ni­ca­tion », avaient acquis jusques et y com­pris cer­tains des plus récla­ci­trants à ces méthodes d’intoxication idéo­lo­gique.

    Res­tait à trou­ver un bal­lon d’essai à l’échelle des enjeux.

    C’est ain­si qu’un virus cou­ron­né fut appe­lé à régner…

    — Arai­gnée!??! Quel drôle de nom pour un virus couronné!Pourquoi pas Sardine-à‑l’huile ou Maque­ron ?

    Source : https://www.actionfrancaise.net/

  • Ceux qui nous fracturent. Au-delà de l'islamisme, ces séparatismes qui nous mènent à la guerre civile, par Natacha Polon

    Identitaires de droite et de gauche, féministes qui détestent les hommes, gauchistes totalitaires... Les tenants de l’islam politique ne sont pas les seuls à fracturer la société française. Les mesures annoncées par le chef de l’État sont salutaires, mais il reste tant à faire pour préserver notre héritage commun issu des Lumières.

    2.jpgCertains diront qu’il était temps. Les conseillers et les visiteurs du soir promettaient depuis trois ans le grand discours fondateur. Sur la laïcité d’abord, puis sur le communautarisme. Ce fut sur le « séparatisme ». L’essentiel n’est finalement pas là. Qu’Emmanuel Macron l’ait fait contraint et forcé par les événements – cet attentat devant les anciens locaux de Charlie Hebdo, comme un rappel des 250 morts depuis 2015 – ou mû par des arrière-pensées électoralistes – aller sur le « régalien » pour fracturer encore un peu la droite – la lucidité, l’honnêteté intellectuelle, doivent seules guider le jugement sur ce discours du vendredi 2 octobre.

    Le président de la République s’est dépouillé ce jour-là de son lyrisme excessif, de ses effets de manches habituels. Il a nommé l’ennemi sans ambages : cet islamisme qui tend à constituer une contre-société en utilisant chaque parcelle de notre État de droit pour retourner contre nous nos principes. Il a annoncé des mesures précises, d’une ampleur incontestable. Beaucoup étaient dans l’air du temps depuis des années ? Certes ! Mais il n’en est que plus appréciable que la puissance publique se décide enfin à les mettre en œuvre.

    La clarification entre associations culturelles et associations cultuelles est fondamentale pour éviter le contournement de nos institutions à des fins d’endoctrinement. Quant à la suppression des ELCO (dispositifs « enseignement langue et culture d’origine »), dont on sait depuis trente ans qu’ils sont la négation même de tout projet d’intégration puisque, sous prétexte de permettre à des enfants d’immigrés de conserver un lien avec la culture de leurs parents, ils les maintiennent dans leur statut d’immigrés en les confiant à des professeurs choisis sans aucun contrôle par les pays d’origine, elle met fin à une aberration.

    Piège communautariste

    Le discours d’Emmanuel Macron a pointé le problème sans excès, sans quoi que ce soit qui puisse objectivement constituer un de ces « amalgames » que traquent certains. Cela n’a pas empêché les vrais communautaristes de sortir du bois. Le CCIF (Collectif contre l’islamophobie en France), d’abord, dans un magnifique exercice de rhétorique utilisant les droits individuels pour se faire le défenseur d’une idéologie qui les nie. En se payant le luxe, même, d’accuser la France de dérive autoritaire et liberticide. C’est bien le piège dans lequel sont enfermées toutes les sociétés qui se calquent, pour organiser la démocratie, sur le modèle communautariste et multiculturel anglo-saxon plutôt que sur ce qui fut le modèle républicain français. Des communautés dont l’objet même est de nier toute liberté individuelle, en premier lieu celle de s’en extraire, peuvent revendiquer, au même titre que les individus, de faire valoir leurs droits et le « respect » de leur « différence ». La République, elle, ne reconnaît que des individus, des citoyens autonomes partageant des valeurs communes, dont certaines, comme l’égalité hommes-femmes et la mixité de l’espace public, ne sont pas négociables.

    Il faut comparer ce texte tout en syllogismes du CCIF avec la tribune publiée le 1er octobre dans le Monde par Chems-Eddine Hafiz, recteur de la Grande Mosquée de Paris. « Le premier amalgame à éviter, ne serait-ce que par honnêteté intellectuelle, consiste à ne pas laisser croire que les partisans de l’obscurantisme et de la haine de l’autre valent les adeptes des Lumières et du respect de l’altérité. […] Certains représentants de l’islam de France – comme certains responsables politiques d’ailleurs – sont très souvent dans le déni. Par calcul, par cynisme, par facilité, probablement parfois par lâcheté, un certain nombre d’acteurs représentatifs, d’élus locaux se sont refusé à voir la situation à laquelle nous faisons face aujourd’hui. »

    Alors que le CCIF fait semblant de ne pas comprendre ce que désigne l’islamisme, et pratique le pire des amalgames puisqu’il explique que ce mot ne ferait que stigmatiser les pratiques courantes de l’ensemble des musulmans, le recteur de la Grande Mosquée est on ne peut plus clair : « Le “séparatisme” est une attitude qui amène certains milieux extrémistes, tantôt partisans d’un islam sectaire, tantôt militants pour un islam politique, à refuser les lois de la République et à leur substituer leurs “interprétations” religieuses, voire des “lois coutumières”. Ceux qui ont agi ou agissent de la sorte, il est nécessaire de le souligner, l’ont fait parce qu’ils ont pu le faire, parce qu’on leur a permis de le faire ou parce qu’on a, trop longtemps, fermé les yeux, au nom de la “politique de l’excuse”, d’une attitude infantilisante qui promeut un discours victimaire, par ailleurs très méprisant à l’égard des musulmans qu’on voit trop souvent comme des musulmans seulement, au lieu de les voir comme des citoyens avec des droits et des devoirs. »

    "Guerre de religion" ?

    Au moins, les choses sont claires et l’on sait qui considère les musulmans comme faisant partie intégrante de la République et qui veut les jeter dans les bras des intégristes. Et l’engagement du recteur de la Grande Mosquée d’être aux côtés du président si celui-ci accompagne ses mesures d’une lutte sincère contre la ghettoïsation qui fait le lit du séparatisme est aussi nécessaire que le reste. Il ne s’agit pas seulement de lancer la énième – et coûteuse – rénovation urbaine. Ce qui manque dans les banlieues comme dans les campagnes, c’est la présence concrète de l’État à travers les services publics, les fonctionnaires, les infrastructures. Les mauvaises langues diront qu’Emmanuel Macron devrait rappeler Jean-Louis Borloo… À tout le moins faudrait-il être aussi concret sur ce volet que sur celui de la lutte contre l’islamisme.

    On adressera une mention spéciale à Jean-Luc Mélenchon, qui a dénoncé dans le discours d’Emmanuel Macron une « guerre de religion ». Deux jours plus tard, il s’insurgeait contre une perquisition à la mosquée Omar, dans le XIe arrondissement de Paris, parlant de policiers « armés jusqu’aux dents » surgissant « au catéchisme de la mosquée ». Le chef des Insoumis oubliait de préciser que cette sympathique mosquée de la rue Jean-Pierre-Timbaud est depuis quinze ans un haut lieu de diffusion du salafisme, de contrôle de l’espace public et de la tenue des femmes, et de mise en relation de candidats au djihad. Bref, la quintessence de ce « séparatisme » contre lequel, enfin, la puissance publique a décidé d’agir. « Honteuse incitation à la haine de l’État » ajoutait Jean-Luc Mélenchon, au cas où l’on n’aurait pas bien compris qu’il invitait à la cultiver.

    Ces fractures qui nous menacent

    C’est bien tout le problème : les différents avatars du salafisme ne sont pas les seuls à fracturer la société française. La violence de ce qu’on n’ose plus appeler débat public nous le raconte : la rencontre entre l’individualisme promu par le modèle néolibéral et la puissance du spectacle médiatique favorise ce mélange de victimisation et de fabrication d’un ennemi emblématique qui sature aujourd’hui les médias. Le texte du CCIF prouve à quel point c’est l’importation du modèle anglo-saxon des droits individuels, sous l’effet de la globalisation culturelle, qui offre une arme aux islamistes. Or cette même vision du monde s’impose désormais par l’hypertrophie des questions identitaires, relues à travers le prisme unique des rapports de domination. Qu’un ancien champion du monde de football devenu militant antiraciste en soit à conceptualiser une supposée « pensée blanche »  a quelque chose d’effarant. Pendant ce temps, de provocations en flatteries adressées à son public, Éric Zemmour continue à radicaliser la parole publique en obligeant quiconque à se situer par rapport à ses outrances.

    Succès garanti puisque, en face, on ne vit que de la dénonciation d’une « zemmourisation » des esprits. « Des parties de ping-pong ou des matches de boxe se jouent désormais au quotidien entre deux camps antinomiques, analyse ainsi le philosophe et sociologue Jean-Pierre Le Goff. Une gauche culturelle dans le déni des problèmes et une droite extrême décomplexée désireuse de lâcher les coups. Rien de bien original au fond. Mais ces conflits, supposément libérateurs de la parole, finissent par ne plus traiter le problème en profondeur. Par exemple, le sujet sensible de la délinquance des mineurs isolés mute sous l’effet de la polémique. Il se transforme en un simple et stérile conflit Zemmour-SOS Racisme où plus rien ne s’entend vraiment, où les deux parties font du surf sur du chaos. » Il eût été pourtant essentiel de pouvoir débattre de la politique d’accueil des mineurs isolés, dont tout le monde peut constater qu’elle aboutit à un détournement de la loi, une inefficacité dommageable à ceux qui ont réellement besoin d’aide, et un risque pour l’ordre public et la sécurité des citoyens. Raté. On se contentera de commenter les saillies volontairement outrancières et racistes de la star de CNews.

    Des caricatures, encore et encore...

    Mais le danger qui nous guette à travers la mise en avant systématique, par les réseaux sociaux mais aussi les médias traditionnels, auxquels ces mêmes réseaux dictent désormais leur mode de fonctionnement et leurs urgences, des opinions les plus caricaturales est le renforcement de ceux qui rêvent de guerre civile, que ce soit pour guérir leur frustration ou pour embrigader leurs troupes potentielles. En cela, les Insoumis rendent un fier service au CCIF quand ils font croire que lutter contre l’influence malsaine d’une mosquée salafiste reviendrait à mener une guerre contre « les musulmans ». Ils participent d’un mouvement de morcellement de la société et d’enfermement des individus dans des identités figées, à rebours de l’idéal des Lumières qui constitue notre héritage commun.

    La réponse ? La reconstitution d’une communauté politique constituée de citoyens autonomes et responsables, réservant leurs appartenances et attaches identitaires à l’espace privé, et d’un État garant du bien commun, armé pour accomplir ses missions, dont la première est d’offrir à tous les citoyens les infrastructures et services publics sans lesquels il n’est pas d’égalité réelle, donc pas de liberté véritable.

    Fauteurs de guerre civile ? « Au lieu de guerre civile, s’interroge Jean-Pierre Le Goff, ne faudrait-il pas plutôt parler de délitement républicain ? Ce terreau culturel, composé de valeurs communes transmises par l’école et de récits nationaux à travers des manuels comme Lagarde et Michard, s’appauvrit depuis une quarantaine d’années. Et la France se présente comme morcelée culturellement en bute à l’explosion des rancœurs entre “tribus” repliées. Mais, il ne faut pas désespérer, il existe encore des réserves d’humanité. Les élites et les classes populaires peuvent encore trouver un terrain d’entente. » Morcellement, archipellisation… ces thématiques ont imprégné le débat ces dernières années, en contradiction apparente avec le retour de la question sociale et de la lutte des classes, devenu patent avec les « gilets jaunes ».

    Les logiques qui nous minent

    Plutôt que d’une contradiction, il s’agit d’un mouvement dialectique au cœur duquel se trouve la puissance de déstructuration du néolibéralisme. La logique de dérégulation, de détricotage de l’État comme émanation de la volonté des citoyens, de contournement de la démocratie par des instances permettant d’imposer le libre-échange au profit de multinationales déterritorialisées, a fragilisé l’idée même de communauté politique. Souvenons-nous de la profession de foi de Margaret Thatcher : « La société, ça n’existe pas. Il n’y a que des individus, hommes et femmes, et des familles. »

    En cela, le néolibéralisme, au contraire du libéralisme comment pensée économique et politique, est un processus révolutionnaire au bout duquel se trouve potentiellement la guerre civile. Les États-Unis en sont l’illustration. Mais les limites – et l’échec patent – de ce système, qui aboutit à la destruction des classes moyennes et populaires des pays occidentaux, font renaître une problématique sociale jusque-là ringardisée.

    Reste à éviter que cette problématique sociale ne s’abîme en une rhétorique populiste, c’est-à-dire de confrontation entre un peuple mythifié et des élites repoussoirs, ce à quoi s’emploient aussi bien une extrême droite opportuniste qu’une extrême gauche nostalgique de la violence révolutionnaire. La réponse ? La reconstitution d’une communauté politique constituée de citoyens autonomes et responsables, réservant leurs appartenances et attaches identitaires à l’espace privé, et d’un État garant du bien commun, armé pour accomplir ses missions, dont la première est d’offrir à tous les citoyens les infrastructures et services publics sans lesquels il n’est pas d’égalité réelle, donc pas de liberté véritable. C’est là que se rejoignent les choix économiques d’un gouvernement et son traitement des sujets dits « régaliens ». Il y faut plus que des discours : de la cohérence.

    Source : https://www.marianne.net/

  • Pauvreté : le grand retour, par Olivier Pichon.

    Les riches sont plus riches, les pauvres plus pauvres et plus nombreux, et ça ne va pas s’arranger. Des chiffres inquiétants et des perspectives économiques plus inquiétantes encore.

    Face à cette question, on peut être tenté par le romantisme façon XIXe siècle ou bien encore par le complotisme, et l’annonce de l’apocalypse sociale façon XXIe siècle, il n’empêche que la question de la pauvreté se pose avec une acuité toute particulière en France “après” la crise sanitaire, probablement sans précédent depuis les lendemains de la seconde guerre mondiale. Parmi les demandeurs d’aides, 45 % étaient jusque-là inconnus, indique le Secours Populaire.

    2.jpgL’alerte fut donc donnée par ce dernier, qu’on pourrait critiquer pour ses affinités idéologiques : hélas les autres associations, plus “catholiques” nous disent la même chose ( Secours Catholique – Caritas France, Armée du salut, Restaurants du cœur, Fondation Abbé Pierre, Médecins du monde, ATD Quart Monde, Emmaüs…), doublées aussi par les statistiques et les « observatoires», dont celui de la pauvreté (sic) .Les représentants de dix d’entre elles ont été reçues par le premier ministre le 2 octobre, espérons que celui-ci ne se contentera pas « d’observer ». C’est en vain que l’on voudrait cacher cette pauvreté que certains ne sauraient voir, car il ne suffit pas de « traverser la rue » pour en sortir. Selon ces associations caritatives, la crise sanitaire a fait basculer dans la pauvreté un million de Français, qui s’ajoutent ainsi aux 9,3 millions de personnes vivant déjà au-dessous du seuil de pauvreté monétaire – à 1 063 euros par mois et par unité de consommation, soit 14,3 % des ménages selon l’INSEE pour 2018/2019. La perspective de 800 000 chômeurs supplémentaires ne devrait pas améliorer les choses pour 2021. On peut donc considérer que plus de 15% des Français sont pauvres… On voit ressortir des bidonvilles à Paris (boulevard périphérique, chemin de fer de Petite Ceinture , essentiellement des immigrés), qui nous ramènent sinistrement aux années soixante où disparaissaient les derniers bidonvilles, comme celui de la Folie à Nanterre, devenue université de toute les révoltes d’enfants qui n’y étaient pas nés.

    À l’autre bout de l’échelle sociale, on trouve les 1% de ménages les plus aisés et même les 0,1% de super-riches. Selon l’Insee, ces 1% représentent 274 000  foyers fiscaux, dans lesquels vivent 640 000 personnes (dont 43% vivent en région parisienne). Donc, grosso modo, 1% de la population française. Tous ces chiffres ne nous disent pas comment on est pauvre ni même comment on est riche.

    Les nouveaux pauvres et les anciens riches

    Certains veulent se rassurer en affirmant que cette pauvreté est importée. Il y a du vrai dans la proposition : en effet, tant que les flux migratoires se maintiendront, le logement et l’emploi seront des marchés tendus. Certes aussi les ayants droit au pactole social sont de plus en plus nombreux et les budgets de plus en plus improbables et articulés sur l’emprunt international (il y a déjà des lustres que le budget social excède le budget général), mais il n’empêche que la population de souche paye aussi un lourd tribut à ce basculement dans la pauvreté. Retraités, agriculteurs, petits artisans ,travailleurs pauvres, femmes isolées avec enfants composaient déjà ce morne paysage dans un pays qui se voulait encore la cinquième puissance du monde. Devenu sixième, la situation ne s’améliore pas : désormais les petits entrepreneurs ne peuvent plus rembourser le PGE ( prêt garanti par l’Etat) , la facture des charges différées arrive, le salariat et la classe moyenne qui constituaient l’armature de la croissance des Trente Glorieuses craignent de basculer dans cette pauvreté et le plus inquiétant est que cette nouvelle couche de pauvres étaient inconnue des associations qui les secourent. On y trouve aussi des classes d’âges plus jeunes, que l’école, sinistrée par le pédagogisme et l’immigration, a conduit au déclassement social. Le confinement, avec 500 000 jeunes ayant décroché du système scolaire, a préparé des lendemains douloureux sur un marché de l’emploi qui se structure pour partie sur la logique implacable du numérique et dont le télétravail n’est que la partie émergée. Loyer, électricité, eau, les factures s’accumulent et la solidarité nationale a bon dos. Si les salariés soufrent, d’autres qui ne correspondent pas à la définition classique de la pauvreté échappent aux aides gouvernementales : auto-entrepreneurs, étudiants pauvres, chômeurs en fin de droits. D’autant que la crise sanitaire a, en partie, interdit l’exercice des solidarités familiales. De nouvelles formes de pauvreté, donc, qui posent le problème de la révision des minima sociaux et l’ouverture du RSA dès 18 ans, mesures qui présentent le double danger du coût et d’une assistance précoce hypothéquant l’avenir.

    Le 17 octobre est une date symbolique, celle de la Journée internationale pour l’élimination de la pauvreté. Intention louable qui nous ramène en plein XIXe siècle .Qui se souvient de la saillie loufoque de Ferdinand Lop sur « l’extinction de la pauvreté après 10 h » en écho à l’ouvrage de Louis Napoléon Bonaparte L’Extinction de la pauvreté paru en 1844 ?

    L’un des signes les plus spectaculaires de cette crise est l’explosion de l’aide alimentaire : la Fédération française des banques alimentaires, qui approvisionne 5 400 structures, a augmenté ses distributions de 25 %, « et la demande ne faiblit pas, en août, en septembre, à tel point que nous avons dû piocher dans nos stocks de longue durée », confie Laurence Champier, sa directrice générale.

    Quels scenarios pour les années à venir ?

    On peut néanmoins faire l’hypothèse qu’en dépit des dettes colossales, des déficits du même acabit, de l’État et des entreprises, l’emploi pourrait reprendre avec la reprise économique à faible taux, de toute façon ; cependant cette hypothèse optimiste n’est pas envisageable avant deux à trois années et, dans cette attente, on peut mesurer, en se souvenant de la crise des Gilets jaunes, ce que pourrait avoir d’explosif, socialement parlant, cet accroissement de la pauvreté. En tout état de cause, le modèle de l’emploi devrait se trouver totalement bouleversé par rapport à la seconde moitié du XXe siècle. Le spectre des revenus devrait continuer de s’élargir et le plein emploi des Trente Glorieuses ne reviendra jamais. On peut aussi faire l’hypothèse d’une reprise de l’emploi mais précaire, sous qualifié, pléthorique dans les services à la personne, de basse rémunération et de nature généralement peu épanouissante. Certes, «  en traversant la rue », on trouvera du travail mais il ne devrait pas trop inciter à la traverser. Enfin l’hypothèse d’un « grand soir », est peu probable, la communautarisation en marche (Macron parle de séparatisme), la mondialisation, l’individualisme et la perte d’influence syndicale rendant peu crédible ce rêve caressé à l’extrême gauche.

    Ancien pauvres et nouveaux riches

    Tout en haut de la pyramide des revenus, on trouve donc les 1% de ménages les plus aisés et même les 0,1% de super-riches. Dans une étude consacrée aux « personnes à très haut revenu », l’Insee décrypte le montant et la nature des ressources de ces « premiers de cordée ». On sait que Macron voulait faire revenir les riches et supprima l’ISF à cet effet : ils revinrent en effet et leur nombre est en augmentation sur le territoire national. Le motif étant qu’il fallait que le capital revint pour financer les PME-PMI. Il n’en fut rien, la structure financiarisée de l’économie française y a suffi, le retour sur investissement étant dix fois plus rapide dans la finance mondialisée. Ce qui démontre une fois encore comment le capitalisme de production est désormais dépassé par le capitalisme de spéculation. Donc, pour figurer dans la catégorie des 1% les plus aisés, il faut percevoir « un revenu mensuel d’au moins 9 060 euros pour une personne seule » indique l’Insee, soit « 108 670 euros » par an et plus. Un couple appartient à cette catégorie s’il dispose mensuellement d’au moins 13 590 euros. Pour les super-riches (0,1% des ménages), le revenu mensuel doit être « supérieur à 22 360 euros pour une personne seule », soit quand même plus de 18 fois le smic.

    Le patrimoine facteur discriminant

    Plus d’un riche sur cinq (21,9%) et plus d’un super-riche sur trois (33,8%) ont des ressources qui proviennent pour l’essentiel de revenus du patrimoine (contre seulement 4,6% pour l’ensemble des ménages). Les revenus non salariaux représentent également l’essentiel des ressources de 19,6% des riches et de 22,2% des très riches (contre 3,1 pour l’ensemble des ménages). Ainsi le salariat s’affaiblit dans les couches basses et moyennes mais il régresse aussi dans la couche supérieure. 47,4% seulement des revenus sont constitués de traitements et salaires Et chez les super-riches, 43%. Le reste, c’est-à-dire la majorité des ressources (57%), provient de revenus du patrimoine ou non-salariaux .85,6% des riches sont propriétaires de leur logement, contre 58,6% pour l’ensemble des ménages.

    S’il est entendu qu’appauvrir le riche n’enrichit pas les pauvres mais plutôt l’État et les hommes qui le composent – mais là il s’agit plutôt de puits sans fond –, la question du fameux ruissellement des richesses des riches vers les pauvres se pose néanmoins : ce ruissellement (trickle down économics) est considéré par l’universitaire américain Robert Reich comme un canular cruel, une théorie qui n’a guère de fondements théoriques. Aucune école de pensée ne s’en réclame, en dehors de Macron.

    On voit bien que le problème en France est donc, non seulement, le creusement des différences sociales, lesquelles ont toujours existé, mais surtout leur originalité contemporaine, qui tient au fait que ces contrastes sociaux relèvent de sphères économiques assez radicalement indépendantes les unes des autres, avec une forte étanchéité avec un doute sur l’ascenseur social. On ne saurait nier, dans cet effet, l’influence de la mondialisation financière qui fait exister deux mondes qui communiquent peu celui de la production dont il était admis qu’il était source de richesse et celui de la mondialisation financière et de son ingénierie devenue totalement autonome.

    On serait tenté de conclure avec Alphonse Allais avec un peu de cruauté : « L’argent est préférable à la pauvreté ne serait-ce que pour des raisons financières ».

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    Source : https://www.politiquemagazine.fr/

  • Dans Front Populaire : Pourquoi le soi-disant ”plan de relance” de l'UE est en réalité une arnaque à tous les niveaux...

    La Commission européenne a présenté le 27 mai un grand plan de relance de 750 milliards d’euros. Tous les grands médias rugissaient de plaisir et célébraient un formidable accord de l’Union européenne et une avancée inédite. Ce plan était d'ailleurs au coeur des discussions hier, entre Macron et Merkel, lors d'une rencontre en Allemagne. Il est en réalité une arnaque à tous les niveaux. 

    Tout d’abord, il est théorique car ce plan n’est pas encore approuvé. Il sera justement étudié lors du Conseil européen qui se tiendra les 17 et 18 juillet lors d’un sommet extraordinaire. Cela veut donc dire que les pays de l’UE n’ont pour le moment pas touché un kopeck. Le moins que l’on puisse dire, c’est que, si ce plan est adopté, il sera bien tardif, alors que la crise nécessite une réponse urgente. Cela contraste avec les plans de relance nationaux qui, eux, sont immédiats tandis que toute décision à l’échelle de l’UE est toujours lente et inefficace. D’ailleurs, ce plan nous est vendu comme une formidable réussite de la gestion du covid-19 par l’UE. C’est à mourir de rire quand l’on sait l’inutilité et la nocivité de l’UE pendant la pandémie : dogme des frontières ouvertes qui a empêché leur fermeture rapide, absence d’aide à l’Italie lorsque celle-ci en avait le plus besoin (l’aide est venue de la Chine, de la Russie, de Cuba et du Venezuela…), vols de masques entre États membres, etc.

    On voudrait aussi nous faire croire qu’il s’agirait d’argent magique donné par la très généreuse Union européenne. C’est vite oublier que l’Union européenne ne produit rien et que tout l’argent qu’elle brasse vient des États membres. En l’espèce, même dans le budget actuel de l’UE, il y a des pays qui donnent plus qu’ils ne reçoivent, les contributeurs nets, et des pays qui donnent moins qu’ils ne reçoivent, les bénéficiaires nets. Chaque année, depuis 2011, la France a par exemple donné en moyenne 8 milliards d’euros en plus qu’elle n’en a reçu. L’astuce consiste à dire que les États membres ne vont pas payer puisque ce plan sera basé sur des ressources dites « propres » et sur un grand emprunt de l’UE. Mais cette communication de façade ne résiste pas à l’étude des faits. Les ressources « propres » ne sont rien d’autres que des taxes européennes collectées par les États membres. Cela revient en fait à siphonner la base fiscale des États en colorant le tout du drapeau bleu aux étoiles d’or. Cette manipulation comptable a d’ailleurs déjà eu lieu en 2010 lorsque les droits de douane et les taxes sur le sucre sont devenus une ressource propre de l’UE. Cela permet de faire baisser artificiellement la contribution des pays à l’UE et son coût direct. Pour ce qui est d’un emprunt européen, là aussi, l’enfumage est total. Cet emprunt repose en réalité sur la garantie des différents pays. Le risque est donc porté par les pays et non pas par l’UE.

    Entrons maintenant dans le détail de ce plan de 750 milliards d’euros, c’est-à-dire sa structure et qui paie et qui reçoit cet argent.

    Au niveau de la structure, il se décompose en deux volets : des prêts aux pays pour 250 milliards d’euros et des « subventions » pour 500 milliards d’euros.

    Les prêts devront être remboursés par les pays qui les contractent. Ce n’est donc pas de l’argent gratuit. Ces prêts sont en revanche garantis par les États membres. La France garantira environ 20 % de ces prêts mais n’en verra pas un seul centime, comme c’est aussi le cas de l’Allemagne. Par conséquent, nous garantirons pour 50 milliards d’euros de prêts vers des pays qui pourront faire potentiellement défaut.

    Le volet des « subventions » est celui qui rend le plus dithyrambiques nos chers médias. À les écouter, nous avons l’impression qu’il s’agit d’un argent magique et ils listent à l’envi les milliards d’euros que recevront les pays : 82 milliards d’euros pour l’Italie, 77 milliards d’euros pour l’Espagne, 39 milliards d’euros pour la France et 29 milliards d’euros pour l’Allemagne. Cette répartition laisse déjà songeur car ce plan de relance est censé aider les pays les plus touchés. Le FMI dans ses « Perspectives de l’économie mondiale » de juin prévoit une perte du PIB en 2020 de - 12,8 % pour l’Espagne et l’Italie, et - 12,5 % pour la France. Économiquement, la France est tout aussi touchée que ces deux pays mais touchera 2,7 fois moins d’argent qu’eux.

    Il faut ensuite regarder qui paie, car, comme je l’ai expliqué, ce sont les pays qui vont rembourser ce plan. Cette partie est totalement et étrangement absente de nos médias. Il ne faudrait tout de même pas commettre le sacrilège de critiquer l’UE. Eh bien, sur les 500 milliards d’euros, la France va payer a minima sa quote-part au budget de l’UE, soit 20 %, et donc 100 milliards d’euros ! Dans son édition du 17 juin, Le Canard enchaîné allait même jusqu’à parler de 140 milliards d’euros.

    C’est donc l’arnaque du siècle, puisque la France va subir avec ce plan une perte sèche nette comprise entre 61 et 101 milliards d’euros ! Pour vous donner un ordre de grandeur, ces sommes étant si élevées qu’elle ne parle pas à l’imagination, c’est davantage que le budget de l’enseignement scolaire et la Défense, les deux premiers postes budgétaires de l’État. En d’autres termes, cette perte de 101 milliards d’euros correspond individuellement au coût annuel :

    — La construction et le fonctionnement de 67 000 crèches,
    — La construction de 2 525 hôpitaux,
    — La construction de 14 porte-avions Charles-de-Gaulle par an (alors qu’on ne peut même pas s’en payer un second à l’heure actuelle),
    — Le recrutement de 3 400 000 infirmières,
    — Le recrutement de 2 300 000 professeurs,
    — Le recrutement de 3 000 000 gendarmes,
    — Le recrutement de 4 000 000 soldats,
    — 606 km de hauteur de billets de 20 euros,
    — 6 121 euros par foyer fiscal payant l’impôt sur le revenu.

    Le piège à cons va même plus loin. Comme pour les fonds européens classiques du budget de l’UE, il faut bien savoir que vous n’en avez même pas la libre utilisation. C’est-à-dire que c’est l’UE qui décide de l’emploi de ces fonds. C’est comme si vous donniez à quelqu’un 140 euros, qu’il vous en rendait 39 et qu’en plus il exige de vous d’acheter de la salade, du taboulé et du jus d’orange alors que vous auriez aimé acheter de la vodka, du caviar et des cerises. Vous devriez en plus lui dire merci. Le fonctionnement de ce plan, c’est exactement cela.

    Cela va même encore plus loin. Non seulement vous n’avez pas la libre utilisation de ces fonds du plan de relance, mais des contreparties sont demandées. Les textes parlent de « réformes compatibles avec les priorités politiques de la Commission européenne ». On sait ce que cela veut dire : des réformes structurelles antisociales comme celles des retraites. En gros, dans le cadre de l’UE et de l’euro, la Commission européenne, par le biais des grandes orientations des politiques économiques, donnait déjà les grandes lignes de ce que devait être la politique économique et sociale d’un pays. Le pays devait en tenir compte pour construire son budget qui était ensuite examiné et retoqué en cas de non-conformité. Cela fait penser à l’élève donnant sa copie au maître qui la corrige. Désormais, c’est plus simple, la Commission vous donnera directement la copie clés en main. Nous allons donc acheter nos menottes (et celles des voisins de cellule) pour se les mettre tranquillement autour des poignets.

    Dans ces conditions, n’importe quelle personne sensée comprend que c’est le pire accord de l’histoire, comme l’aurait dit Donald Trump. Avec ce plan, la France cumule à la fois les inconvénients que peuvent avoir l’Allemagne et l’Italie. L’Allemagne va payer des sommes importantes mais elle bénéficie massivement de l’euro et du Marché unique. C’est un modeste prix à payer pour maintenir le Titanic de l’UE à flot. L’Italie, qui souffre de l’euro comme la France, en raison de la structure de son économie, continuera de souffrir sur le plan économique mais va au moins recevoir plus qu’elle ne paie dans ce plan. La France va payer pour maintenir un système qui lui nuit. C’est dire la situation totalement absurde de voir Emmanuel Macron être le dirigeant qui pousse le plus pour ce plan alors qu’il est catastrophique pour la France. Il est prêt à brader tous nos intérêts nationaux au nom de la religion de l’UE. À ce niveau de bêtise et de comportement antifrançais, on est très proche d’une attitude que l’on ne retrouverait que dans une secte.

    Il ne reste maintenant plus pour les Français qu’à espérer que ce plan de relance sera rejeté par les quatre frugaux (Pays-Bas, Autriche, Suède et Danemark). S’il n’est pas rejeté, il y a non seulement une fuite en avant fédéraliste qui est dangereuse d’un point de vue démocratique mais une opération financière catastrophique pour la France.

    La France pourrait parfaitement faire ce plan elle-même, d’autant qu’elle emprunte à 10 ans à des taux négatifs. Cette insistance d’un plan de l’UE semble être faite pour lier définitivement la France à l’UE et pour décourager toute sortie puisque ces engagements financiers devront être honorés en cas de Frexit. C’est aussi pour cela que le Frexit est urgent, le coût de l’UE et de l’euro devient exponentiel pour la France. Il est grand temps de reprendre notre argent et notre démocratie en se libérant de l’UE par le Frexit.

    https://frontpopulaire.fr/o/Content/co116377/plan-de-relance-de-l-ue-piege-a-cons

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    Source : https://frontpopulaire.fr/

  • L’homme qui présida au déclin français, par Yves Morel.

    Illustration : En définitive, le défunt président fut le continuateur et l’exemple éclatant d’une tradition d’abandon propre à sa famille politique.

    Hommages et louanges ont plu sur les écrans et dans la presse pour saluer Valéry Giscard d’Estaing, ce président de la République (du 27 mai 1974 au 21 mai 1981) qui a su dépoussiérer notre vieille société et a donné un élan décisif à la « construction » européenne. De fait, la France a profondément changé durant le septennat de Valéry Giscard d’Estaing.

    En avril 1974, au moment du décès de Georges Pompidou, le pays reste attaché à certaines valeurs, garantes de sa pérennité et de celle de notre civilisation occidentale. La Ve République, pour critiquable qu’elle puisse paraître, lui a tout de même apporté la stabilité, notamment en mettant fin au harcèlement parlementaire, source d’impuissance. Et, par ailleurs, elle a chevauché la vague de prospérité commencée au milieu des années 1950, et entrepris sa modernisation industrielle, technique et territoriale. Certes, la société française a connu la grande secousse des sixties, qui culmina lors des événements de mai 1968, et elle est depuis minée par un esprit de contestation générale. Un vent de subversion souffle sur le pays, tout le monde se veut révolutionnaire, et la France connaît un âge d’or du gauchisme. La gauche a le vent en poupe, et l’extrême gauche enivre la jeunesse, surtout celle des facs. En art, les avant-gardes se succèdent (abstraction lyrique, abstraction géométrique, pop art, hyperréalisme, art minimal, art conceptuel), beaucoup d’artistes ne sont pas peintres ou sculpteurs, mais  « plasticiens », on organise des « expositions du vide » et des concerts de silence, Boulez décompose la musique, et on projette des films sans image. On instruit le procès de la « culture de classe » et de l’École des héritiers, vouée à la reproduction des inégalités sociales et culturelles.

    Et, déjà, les pédagogies non directives pointent dans nos lycées, où la discipline se relâche, cependant que des délégués politisés de parents d’élèves ont leur mot à dire dans les conseils de classes ou d’établissement. Mais les révolutionnaires de tout poil ne font pas encore la loi, ni dans les écoles, ni en politique où la gauche reste minoritaire en voix. La droite ose s’affirmer comme telle, et défendre les valeurs qu’elle incarne censément : le mariage, la famille, la condamnation de l’avortement, le respect des aînés, la discipline à l’école, l’autorité au sein des entreprises et des administrations, la répression des troubles de l’ordre public, la juste punition des délits et des crimes, et la défense d’une morale encore largement imprégnée de christianisme. Les hommes de la droite et du centre sont catholiques de pratique et de conviction, les parents, toutes classes confondues, font donner une instruction religieuse à leurs enfants et leur font faire leur première communion. Les mariages sont consacrés par le prêtre, le divorce et l’union libre sont mal perçus.

    La révolution culturelle giscardienne

    Tout cela va changer à compter de l’entrée de VGE à l’Élysée, le 27 mai 1974. D’un point de vue étroitement politique, rien ne semble vraiment bouger. Certes, le nouveau président n’appartient pas à l’UDR, le parti du général de Gaulle et de Georges Pompidou. Mais il est le chef des Républicains indépendants, représentants de la droite conservatrice et appartenant à la majorité parlementaire depuis 1958. L’alternance, espérée par les uns, redoutée par les autres, qui eût porté la gauche au pouvoir suprême, ne s’est pas produite : Valéry Giscard d’Estaing a été élu à la présidence de la République par 50,81 % des suffrages exprimés contre François Mitterrand. On peut donc augurer une continuité globale entre le septennat écourté de Pompidou et le sien. D’autant plus que Giscard représente la droite classique, laquelle se démarque du gaullisme, conservateur à certains égards et tourné vers le culte d’un passé national glorieux, mais dont l’attachement aux valeurs traditionnelles se trouve écorné par son hostilité à Vichy, qui les avait incarnées, son fort ancrage républicain et jacobin, sans parler des velléités sociales-démocrates des gaullistes de gauche. La droite nationaliste s’est ralliée à la candidature de Giscard dès le premier tour, afin d’évincer Chaban-Delmas (candidat gaulliste) avec sa « nouvelle société » et Mitterrand, candidat de gauche.

    Or, à peine entré en fonction, le nouveau président se lance dans une manière de révolution culturelle.

    Il ouvre le gouvernement et élargit la majorité parlementaire aux personnalités du centre gauche, du Mouvement réformateur, qui unit le Centre démocrate (ancien MRP), le parti radical et le parti démocrate-socialiste. On voit ainsi entrer au ministère Françoise Giroud, féministe et gauchiste, qui appela à voter Mitterrand, Jean Lecanuet, qui se défendait d’appartenir à la droite, et Servan-Schreiber, admirateur des États-Unis, moderniste, et ennemi de la vieille France et de toutes les traditions, et des gens sans enracinement politique, partants pour toutes les réformes, comme Simone Veil. Giscard, malgré sa calvitie, joue les jeunes cadres dynamiques, pose en complet veston plutôt que vêtu du frac présidentiel, se fait filmer en maillot à la plage, et va dîner chez des Français moyens. Il abaisse l’âge de la majorité civile (loi du 5 juillet 1974), légalise l’avortement (loi Veil du 17 janvier 1975) et autorise le divorce par consentement mutuel (loi du 11 juillet 1975). Son ministre de l’Éducation, René Haby, crée le collège unique (loi du 11 juillet 1975, qui abaissera définitivement le niveau de notre enseignement secondaire en le primarisant et en en faisant le lieu privilégié de toutes les innovations pédagogiques), laisse les gauchistes régner dans les facs, introduit des pédagogues d’avant-garde au sein de son staff de conseillers, ne fait rien pour soustraire nos établissements scolaires à la domination des syndicats, et, au contraire, y tolère la pénétration des idéologies subversives, l’indiscipline, le chahut et l’activisme des lycéens politisés de l’UNCAL. Déjà mis à mal par les événements de 1968 et leurs conséquences négatives, notre système d’éducation sombrera dans le plus profond marasme sous Giscard.

    C’est également sous Giscard que les mœurs se déliteront, que l’autorité parentale s’effondrera, que l’indiscipline, l’insolence et la vulgarité seront à la mode avant de passer pour constitutives d’un brevet de normalité, voire de civisme, que la contestation permanente deviendra une composante de notre ethos national, que se généraliseront l’individualisme débridé, l’hédonisme, la recherche effrénée du plaisir aliénant, la culture des plus basses jouissances et la goujaterie. Assurément, la société française de 1981 ne ressemblera plus à celle de 1974.

    On rétorquera que Giscard ne fit qu’avaliser une « évolution des mœurs » qui se serait produite sans lui, et affecta tous les pays occidentaux. L’objection ne vaut qu’à moitié, et encore : en France, rien ne se fait, ne se généralise, tant que le pouvoir politique ne le décide pas ou ne l’encourage pas en donnant l’exemple. Rien de ce que nous venons de rappeler ne se serait produit sous Pompidou.

    Le responsable d’une immigration massive

    Giscard porte aussi une lourde part de responsabilité dans la progression massive de l’immigration, avec le décret sur le regroupement familial, du 29 avril 1976, qui permit l’installation des familles entières des travailleurs étrangers sur notre sol, multipliant ainsi astronomiquement le nombre des immigrés, dont les enfants, nés sur le territoire national, devaient devenir français par l’effet du jus solis. Mitterrand et les socialistes auront peu à ajouter, au moins dans un premier temps, pour faire leur « France de toutes les couleurs », polyethnique et multiculturelle… dont nous cueillons aujourd’hui les fruits délicieux.

    Le précurseur d’une Europe fédérale

    Giscard donna enfin une impulsion décisive à la « construction » européenne. À l’idée gaulliste d’une « Europe des patries », il substitua celle d’une Europe fédérale en laquelle la France devait abdiquer sa souveraineté et renoncer à sa monnaie en faveur d’une institution politique supranationale. Alors que de Gaulle et Pompidou s’y étaient opposés, il accepte l’élection du Parlement européen au suffrage universel direct, préparant ainsi cette supranationalité (1977), et lance l’unité de compte européenne (ECU, 1979), matrice du futur euro.
    Et ne parlons pas de sa politique excessivement pro-arabe au Proche-Orient, et prétendument progressiste, ce qui ne l’empêche pas de s’accommoder d’un néo-colonialisme scandaleux en Afrique noire et de l’aide militaire apportée au Zaïre du tyran Mobutu.

    L’initiateur du renoncement

    Incapable de résoudre le problème de la crise économique et du chômage engendré par la mutation de l’économie durant le dernier quart du XXe siècle, marquée par le monétarisme, la mondialisation, le règne de la Bourse et des banques, et la rupture d’avec le modèle keynésien qui avait dominé l’Europe occidentale depuis les années 1950, Giscard perdit la présidentielle de 1981.
    Ses successeurs, de gauche ou de droite, ne surent pas trouver d’autre choix que de poursuivre dans la voie, qu’il avait largement ouverte, de la mondialisation mercantile, de l’abdication de notre souveraineté et de la déliquescence morale et culturelle.

    Trahison ou persistance de l’incurie de la droite libérale ?

    « Il nous a trahis », déclaraient, dès la fin de 1975, à la suite du journal Minute, nombre de ses électeurs qui avaient compté sur lui pour mettre fin à l’aventureuse politique gaulliste (tant en matière de relations internationales avec la sortie de l’OTAN et le rapprochement avec l’URSS, qu’en matière sociale avec ses tentations sociales-démocrates, voire gauchardisantes) et renouer avec une politique franchement conservatrice. Mais peut-on parler de trahison ? Certes, Giscard s’est nettement démarqué de la morale, des habitudes de pensée, des comportements et de la tradition politique de sa propre famille, de son milieu d’origine et de la droite conservatrice libérale à laquelle il appartenait. Plutôt que d’être un président conservateur, il a préféré être un chef d’État moderne, délaissant passé et mémoire pour se tourner vers l’avenir en épousant son époque au passage. Mais, après tout, cette orientation n’est-elle pas le propre de la droite modérée depuis ses débuts ? Celle-ci s’est toujours efforcée de concilier les contraires, le legs révolutionnaire avec les traditions religieuses et morales, notamment, ignorant (ou ne se souciant guère d’en avoir conscience) qu’elle ne faisait, de la sorte, qu’apporter sa contribution, importante, à l’édification d’un monde nouveau pourtant étranger à toutes ses valeurs, principes et convictions (il est vrai que beaucoup de ses tenants n’en ont que peu). La Monarchie juste milieu de Juillet a préparé la république et la démocratie, la droite conservatrice du dernier quart du XIXe siècle a consolidé la république et relégué religion et morale catholiques à l’arrière plan et hors de l’État, les Modérés du premier tiers du XXe siècle se sont assoupis dans une république jacobine vieillissante bleu horizon, et ceux des débuts de la Ve ont accepté la perte de l’empire et de l’Algérie et l’idée gaullienne de la France. À partir des années 1980, l’exemple de Giscard aidant, ils renonceront à leur identité propre et jureront leurs grands dieux qu’ils professent les mêmes idéaux que la gauche, dont seules des différences mineures les séparent. Giscard avait libéralisé les mœurs et légalisé l’avortement. Ceux d’aujourd’hui ont approuvé le mariage pour tous et la PMA, en attendant la GPA, et sont tous de joyeux bobos « décomplexés ».

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    Source : https://www.politiquemagazine.fr/

  • Frédéric Rouvillois: l’automne du «Penser printemps» Entretien avec l'essayiste et historien conservateur Frédéric Rouvi

    Frédéric Rouvillois, professeur de droit public et écrivain © Hannah Assouline

    Pour l’historien et essayiste conservateur, auteur de Liquidation, Emmanuel Macron et le saint-simonisme (Le Cerf, 2020), Emmanuel Macron incarne mieux que personne le monde dans lequel nous vivons: on ne sait pas où on va, mais on avance bien. Dans le sillage du saint-simonisme, notre président, derrière une façade démocratique, met en place une oligarchie d’experts. Entretien

    2.jpegCauseur. Pour vous, Macron est un continuateur du comte de Saint-Simon (1760-1825). Peut-être faut-il rafraîchir la mémoire de quelques lecteurs (et de votre servante). Peut-on dire que les saint-simoniens sont les ancêtres des élites mondialisées ?

    Frédéric Rouvillois. En tout cas, ils annoncent certaines de ces élites mondialisées qui réalisent la fusion du libéralisme et du socialisme, plus exactement d’un libéralisme encadré et d’un socialisme inégalitaire. En un sens, le saint-simonisme est une sorte de religion théorisée par Saint-Simon dans son dernier ouvrage, Le Nouveau Christianisme (1825), avec une église et une morale presque droit-de-l’hommiste, qui substitue aux fois anciennes, supposées mensongères, une religion de l’Homme s’émancipant par l’économie de la misère et de l’ignorance, et accédant à l’âge d’or.

    Mais le saint-simonisme est avant tout une idéologie de la mobilité, de la fluidité et de la compétition, avec l’idée que chacun doit repartir de zéro pour se lancer dans la compétition à corps perdu, en fonction de ses « capacités ».

    La compétition, que ce soit pour les femmes, le pouvoir et l’argent, est l’un des moteurs de l’existence humaine, bien avant l’époque moderne.

    Je ne prétends pas que nous devrions vivre comme les moutons d’un troupeau bêlant de concert. Mais pour le saint-simonisme, la vie et l’histoire du monde se résument à cette compétition, l’objectif de chaque individu étant d’être « à sa place » dans la cordée. Le postulat de Saint-Simon, « à chacun selon ses capacités, à chaque capacité selon ses œuvres », implique à certains égards une table rase indéfiniment répétée, puisque pour que chacun parte sur la même ligne que tous les autres, il faudrait éliminer non seulement le patrimoine matériel accumulé au sein de chaque famille, mais aussi le patrimoine culturel… Le système éducatif jacobin imaginé par Robespierre préconisait que les enfants soient retirés de leur famille pour qu’ils ne soient pas pervertis, qu’ils grandissent ensemble jusqu’à l’âge adulte pour pouvoir participer de manière égalitaire à la République. Je ne dis pas qu’en prônant l’école à trois ans et la suppression de l’école à la maison, mon collègue Blanquer soit exactement dans la même optique, mais il y a quand même quelque chose de cela.

    Pourquoi rattacher Emmanuel Macron à Saint-Simon plutôt qu’à Marx ? Marx aussi installe le primat de l’économie après tout.

    Et pourquoi rattacher le pape à Jésus-Christ plutôt qu’à saint Paul ? Eh bien, parce que saint Paul est un disciple de Jésus-Christ ! Or, s’agissant de la place de l’économie et de la conception de l’Histoire, Marx est très largement un disciple de Saint-Simon, comme il le reconnaît volontiers. En outre, il y a dans la problématique macronienne du dépassement de la politique par l’économie un évident lien de parenté avec Saint-Simon. Enfin, il y a chez Macron cette dimension libérale indéniable dont vous conviendrez qu’on peut difficilement la rattacher au Manifeste du Parti communiste.

    Qualifieriez-vous le macronisme d’utopie ?

    À certains égards, oui. Comme le saint-simonisme, il rêve d’une sorte de réconciliation universelle à laquelle on parviendra en dépassant ou en surmontant les différences (entre riches et pauvres, hommes et femmes, etc.). Libérés des conflits, les hommes seront libres d’agir selon leur volonté et de réussir selon leurs talents. Il y aura donc autant d’histoires que d’êtres humains : c’est la fin de l’Histoire.

    Ces quelques rappels étant faits, venons-en aux reproches ! À vous lire, on dirait que la seule alternative au monde liquide décrit par Zygmunt Bauman est l’ordre ancien et immuable dans lequel la naissance était déterminante. Si l’histoire n’avait pas opéré de liquidations successives, nous serions encore dans les cavernes.

    Ne me caricaturez pas trop ! Évidemment qu’il faut de la souplesse. Récuser la liquidation universelle et permanente, reconnaître le rôle structurant des limites ou des frontières ne signifie pas qu’on veut mettre des limites partout, et à tout. Si la tradition n’est pas en évolution permanente, elle se suicide. Quant au vrai but du conservateur, ce n’est pas de conserver la totalité de ce qui existe, mais de reconnaître qu’il y a dans le passé des choses qui sont bonnes, d’autres qui le sont moins et de faire un tri. Il est contraint à un devoir d’inventaire permanent. De son côté, le saint-simonisme, y compris dans sa version macronienne, valorise le mouvement en tant que tel. Ce qu’il faut c’est être « en marche », changer, être dans le « trans », le passage. Et si l’islam inquiète Macron, c’est 

    moins parce qu’il menace une certaine identité française, que parce qu’il fait obstacle à la société liquide et dépourvue de repères fixes rêvée par Saint-Simon.

    En attendant, « à chacun selon ses capacités », c’est la définition de la méritocratie. Vous dénoncez le gouvernement des experts, mais je me rappelle les Gilets jaunes affirmant que n’importe qui est capable de gouverner. Désolée, je ne leur aurais pas confié la boutique ! On ne peut pas se passer d’une forme de légitimité rationnelle.

    Je ne nie évidemment pas le rôle des experts, des scientifiques, des universitaires – dont je fais partie. Ce que je reproche à Macron c’est de nous jouer le grand air de la démocratie citoyenne. Les saint-simoniens au moins assumaient leurs idées : ils établissaient clairement une hiérarchie entre ceux qui ne savent rien, et qu’il faut par conséquent écarter du pouvoir, et ceux qui savent, à qui il incombe de diriger à proportion de leur savoir : Cédric Villani président, en somme, en attendant l’intronisation de la prochaine médaille Fields. La méritocratie des experts, c’est l’aristocratie du savoir qui entraîne, chez les saint-simoniens, une oligarchie du pouvoir. En soi, la chose n’est pas forcément négative, je ne me sens pas personnellement une appétence démocratique faramineuse. Ce qui est plus gênant, c’est d’être dans le faux-semblant, de mettre en place cette aristocratie sans l’assumer tout en faisant croire que l’on est toujours dans une perspective parfaitement démocratique ! Notre fameuse convention citoyenne pour le climat s’inscrit dans cette logique : on fait croire que c’est le peuple qui parle, alors que derrière la scène, les experts prennent les décisions, avant que le président ne déclare à Brut, le 4 décembre, que ce n’est pas « parce que les 150 citoyens ont écrit un truc que c’est la Bible, ou le Coran ».

    Notre politique sanitaire actuelle – et le sacro-saint principe de précaution sur lequel elle est fondée – renvoie au « corps glorieux » de Saint-Simon.

    En effet, les saint-simoniens voulaient réconcilier l’esprit et la matière. C’est ce qu’ils appelaient « la réhabilitation de la chair » : tout un programme !

    Ambition louable…

    C’est vous qui le dites… En tous cas, cela peut évoluer vers un hygiénisme fanatique. De nombreux médecins entouraient du reste les saint-simoniens, tout comme Macron aujourd’hui. En 1832, lors de l’épidémie de choléra à Paris, ils n’hésitent d’ailleurs pas à préconiser une dictature sanitaire assumée comme telle. La religion de l’homme exige que tout soit fait pour que son corps, sa vie matérielle ou physique soient préservés, « quoi qu’il en coûte », comme dirait qui vous savez… Quand on ne croit plus qu’en l’homme, il faut absolument sauver ça, sinon tout est fichu. Or, comme le montre Olivier Rey dans L’Idolâtrie de la vie, plus l’État donne, plus cela crée de frustrations qui engendrent à leur tour une nouvelle demande, qui entraîne plus d’intervention de l’État et ainsi de suite.

    D’une façon générale, vous semblez partir du principe que tout vient d’en haut et vous oubliez la demande sociale qui est à la fois une demande de protection, d’ouverture et de flexibilité. Les gouvernés aussi font du « en même temps ». La doctrine macrono-simonienne n’est-elle pas la plus adaptée à l’individu roi qui veut que ses droits lui soient garantis tout en ayant accès à ce qui se passe à l’autre bout de la planète ?

    En effet, si Emmanuel Macron a gagné la présidentielle, ce n’est pas juste parce qu’il était là à ce moment-là, que Hollande avait fait preuve de son incapacité et que Fillon avait les mains sales. Macron correspond tout à fait à notre époque. Le nouveau monde dont il parle, c’est celui qu’on a devant les yeux. Je serais étonné qu’il ne soit pas réélu en 2022, car il est dans le sens de l’Histoire, comme les disciples de Saint-Simon l’étaient au moment de la révolution industrielle. Dans le sens du vent. Mais je doute que ce vent soit toujours bon pour notre pays.

    En tout cas, les peuples ne veulent plus de modernisation à marche forcée. Peut-on dire que le saint-simonisme, que vous créditez aussi de plusieurs réalisations, a accompli sa mission historique ?

    C’est une question de marxiste ! Effectivement, si l’Europe de Jean Monnet ne me fait pas vibrer, le saint-simonisme a sans doute fait des choses utiles. Pour autant, je ne pense pas qu’il y ait une « mission historique » du saint-simonisme. Ni d’aucune doctrine d’ailleurs !

    Justement, Emmanuel Macron n’est-il pas plus complexe que ce que vous pensez ? Avant même le tournant de ces derniers mois, il avait une certaine prétention à la verticalité, là où le saint-simonisme consacre le triomphe de l’horizontalité. Bref, on ne peut pas le réduire à l’utilitarisme.

    Il l’a montré en choisissant le Louvre pour son premier discours de président. C’était étonnant, et assez séduisant. Il y a chez lui une forme de verticalité, un sens de la culture, même s’il explique « en même temps » que la culture française n’existe pas, un sens du spirituel, même si dans son livre Révolution (2016), il oublie complètement les interrogations religieuses de sa propre jeunesse. Sa seule incursion dans ce domaine consiste à expliquer que les religions sont des obscurantismes allant à l’encontre des Lumières : référence d’ailleurs omniprésente dans son discours, et qui le replace dans une généalogie plus longue.

    Macron n’a-t-il pas été rattrapé par le réel, c’est-à-dire par l’anthropologie ? Aujourd’hui, il semble comprendre qu’il y a bien une nation et un peuple français, il parle des frontières, il fait son aggiornamento sur l’islamisme. J’ai beaucoup de mal à croire qu’il n’y ait que de la communication, du paraître, dans ce nouveau cours.

    Je ne sais pas quelle est la sincérité de son propos, qui a connu sur ce point nombre de sinuosités. À certains moments, il semble habité par l’histoire de France, à d’autres, plus fréquents, il paraît dominé par sa vision européiste, ou bien il évoque la souveraineté de la France tout en croyant d’abord en celle de l’Europe, donnant l’impression de faire des variations autour d’un thème fixe, comme quelqu’un qui ferait des circonvolutions en trottinette sans sortir de la piste cyclable.

    Peut-être, mais l’homme nouveau n’est pas apparu par miracle, il y a toujours des gens attachés à des territoires, des langues et des histoires particulières. Que cela lui plaise ou pas, Macron est capable de le comprendre et d’en tirer les conséquences.

    Je ne pense pas que quelques attentats, aussi atroces soient-ils, suffisent à faire basculer aussi radicalement un homme doté depuis si longtemps de cette colonne vertébrale idéologique qu’est le saint-simonisme. Charles Perrault, l’un des premiers grands progressistes de la fin du XVIIe siècle, compare l’Histoire à un fleuve qui traverse parfois des grottes souterraines pour ressortir plus loin, encore plus puissant. Je ne crois pas que le Macron nouveau, qui parle avec émotion de la France, de son histoire, de sa culture, soit le Macron définitif, ni même le véritable. Avec le coronavirus et le « séparatisme » islamiste, il met en veilleuse certaines de ses convictions – mais dès que les choses iront mieux, on retrouvera le progressiste qui constitue le « Macron profond ».

     

  • ONG, Soros et médias… tous unis contre la défense des frontières européennes et Frontex, par Paul Tormenen, juriste et s

    L’agence Frontex a récemment été mise en cause pour avoir pratiqué des refoulements de clandestins en mer méditerranée. Parmi les critiques de l’agence européenne de protection des frontières, un collectif financé par l’Open society foundations de George Soros figure en bonne position. La controverse sur l’activité de Frontex met en relief, non seulement les puissants relais du milliardaire américain, mais aussi la difficulté à stopper l’immigration clandestine quand le droit est mis à son service.

    L’agence Frontex a pour mission d’aider les États membres à surveiller et à protéger les frontières extérieures de l’Union européenne et des pays associés à l’espace Schengen. L’activité de l’agence est éminemment importante compte tenu de la pression de l’immigration clandestine, en particulier dans les Balkans, dans les pays du sud de l’Europe et en mer méditerranée.

    Mais Frontex est en butte depuis plusieurs années à une campagne de dénigrement quasi permanente, venant d’associations et d’O.N.G. immigrationnistes. L’agence rencontre une autre difficulté : le droit communautaire et international en matière d’asile et d’immigration est excessivement favorable aux clandestins, et, qui plus est, souvent interprété en leur faveur par les tribunaux.

    Dernier épisode en date, en octobre 2020, des médias rendaient publics des images et des témoignages selon lesquels des agents de Frontex auraient pratiqué des refoulements de clandestins en mer méditerranée (1). Ces accusations, qui viennent à la suite de nombreuses autres, ont amené l’Office européen de lutte antifraude (OLAF) à diligenter une enquête au sein de l’agence. Au travers de toutes les accusations dont fait l’objet Frontex et au-delà des faits allégués, c’est tout un courant idéologique immigrationniste qui cherche à imposer sa vision du monde et à éradiquer les frontières. Et il y réussit plutôt bien jusqu’à maintenant.

    Frontex, une agence qui prend une importance croissante

    À l’origine de la création de Frontex, le sommet européen de Tempere en 1999 a marqué la volonté des États membres de l’Union européenne de mettre en place une politique commune en matière d’asile et d’immigration (2). Créé en 2004, Frontex était alors une structure de coopération opérationnelle de gestion des frontières extérieures de l’U.E. et des pays associés à l’espace Schengen (3). En 2016, l’agence s’est dotée d’un véritable corps de garde-frontières et de garde-côtes.

    L’agence compte près de 1 000 salariés travaillant au siège de l’organisation à Varsovie et autant sur le terrain. D’importants recrutements sont en cours pour mieux assurer le contrôle des frontières extérieures de l’Union européennes, la gestion des migrations et la lutte contre la criminalité transfrontalière. Frontex devrait atteindre à l’horizon 2027 un effectif de 10 000 agents. Le budget de l’agence, de 460 millions d’euros en 2020, va fortement augmenter et atteindre 5,1 milliards d’euros dans la période 2021-2027 (4).

    Nombreux recrutements, budget en forte hausse, création d’un nouveau corps permanent d’agents en soutien des Etats européens… De simple structure de coordination entre les États de l’U.E., l’agence est devenue un acteur incontournable de la protection des frontières européennes. Mais l’importance croissante de Frontex dans la lutte contre l’immigration clandestine a rapidement suscité de vives critiques.

    Les accusations dont Frontex fait l’objet depuis plusieurs années sont étroitement liées au cadre juridique dans lequel ses agents exercent leurs missions. Celles-ci sont encadrées par des directives et des règlements européens ainsi que par le droit international (5). Ces missions concernent d’une part l’observation des flux migratoires (analyse des risques, surveillance, etc.), et, d’autre part, le soutien aux États membres dans la gestion de leurs frontières. Elles peuvent aller jusqu’à l’organisation d’opérations de retour vers leur pays d’origine des personnes qui ne sont pas autorisées à rester dans l’Union européenne.

    Alors que la première opération collective de renvoi d’étrangers à laquelle Frontex a participé en 2006 concernait 8 personnes, ce chiffre est passé à 15 850 personnes en 2019. L’agence apporterait actuellement son soutien à près de 10 % des expulsions effectuées au sein de l’Union européenne (6).

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    Entre Frontex et les O.N.G., des critiques de part et d’autre

    Les relations entre Frontex et de nombreuses O.N.G. immigrationnistes sont exécrables depuis de nombreuses années. Les critiques pleuvent d’un côté comme de l’autre.

    Début 2017, le patron de l’agence, Fabrice Leggeri, affirmait dans les médias que des O.N.G. encourageaient le trafic de migrants en Méditerranée et coopéraient insuffisamment avec la police (7). La publication du rapport de Frontex sur l’analyse des risques en 2017 n’a fait que détériorer ces relations. Sur la base d’observations de terrain, l’agence y soulignait que des opérations de « sauvetage » de bateaux chargés de clandestins ont été effectuées par des O.N.G. sans appel de détresse et sans information des autorités sur le lieu de sauvetage. L’activité de sauvetage et de recherche à proximité et parfois dans les eaux territoriales libyenne y est décrite comme un puissant facteur d’attraction pour les passeurs de migrants (« pull factor ») (8).

    De leur côté, plusieurs O.N.G. et associations immigrationnistes mènent un véritable travail de sape contre les actions de Frontex visant à juguler l’immigration clandestine, en particulier en mer méditerranée. A partir de 2012, le réseau Migreurop a organisé une campagne auprès de l’opinion publique visant rien de moins que la suppression de Frontex (9). Peu après, une campagne appelée « Frontexit » a été lancée à partir de mars 2013 pour recenser les « violations des droits humains » par certains de ses agents (10).

    Les médias de grand chemin sont fréquemment des relais efficaces de ces campagnes d’opinion, nombre de leurs journalistes partageant les convictions des no-border. On ne compte plus les articles accusant Frontex de pratiquer une chasse aux migrants, d’être une « armée d’occupation » ( !), d’avoir un « océan d’impunité », d’exercer son action en toute opacité, etc. (11).

    L’interdiction du refoulement : l’impossible mission de protection de l’intégrité du territoire

    Les dernières accusations de l’hebdomadaire allemand Der Spiegel et du site d’investigation Bellingcat à l’encontre de Frontex en octobre 2020 ne sont que le dernier épisode d’une série déjà longue.

    Se basant sur l’exploitation d’informations en accès libre et sur des témoignages d’O.N.G., Bellingcat accuse l’agence Frontex d’avoir pratiqué plusieurs refoulements de clandestins en mer Egée, entre la Turquie et la Grèce, entre le mois d’avril et d’août 2020 (12). Ces accusations ont été reprises par l’hebdomadaire allemand Der Spiegel dans un article du 22 octobre 2020 (13).
    Alors qu’en début d’année 2020, le gouvernement turc lançait des migrants à l’assaut des frontières grecques et suscitait en réaction un élan de solidarité européen, on cherche pour l’heure vainement des défenseurs de l’intégrité du territoire du continent. Empêcher quelqu’un qui n’a reçu aucune autorisation d’entrer dans un pays, vous n’y pensez pas !
    Les journalistes du Spiegel précisent à la fin de leur article que leur enquête a été financée par l’Investigative Journalism for Europe (IJFO), une fondation qui soutient le journalisme d’investigation dans l’Union européenne. L’IJFO ne cache pas sur son site avoir comme co-financeur l’Open society foundations et…la commission européenne (14).

    Le site d’investigation Bellingcat a quant à lui reçu, entre 2016 et 2018, 383 000 dollars de l’Open society foundations. Il fait partie du « Global Investigative Journalism Network », dont la vocation est la formation et l’échange d’informations entre journalistes d’investigation. Cette association a reçu, entre 2017 et 2019, 1,1 million de dollars de l’Open society foundations (15).

    Le créateur de l’Open society foundations n’est autre que le milliardaire américain George Soros, qui a abondé sa trésorerie de la modique somme de 18 milliards de dollars en 2017 (16).

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    Georges Soros a de grands projets pour l’Europe : dans une tribune parue en 2015, il exposait sa vision du système européen de demande d’asile. Il préconisait l’accueil dans l’Union européenne d’au moins un million de demandeurs d’asile par an (17). Sans surprise, la fondation qu’il a créée oriente ses dons et ses financements à des actions conformes aux convictions du milliardaire américain.

    Si Georges Soros n’a probablement pas été à l’initiative de l’enquête de Bellingcat et du Spiegel ni n’est intervenu sur son contenu éditorial, on ne peut pas écarter que les journalistes aient cherché, par le choix du sujet et son traitement, à s’inscrire dans l’orientation idéologique de l’Open society et de son mécène.

    Le principe du non refoulement

    L’agence Frontex a donc une nouvelle fois été accusée par plusieurs médias d’avoir pratiqué des refoulements de clandestins, cette fois en mer Egée, entre la Turquie et la Grèce.

    Le principe du non refoulement a dans l’Union européenne plusieurs fondements juridiques : Code frontières Schengen, Charte des droits fondamentaux de l’UE, TFUE, Convention de Genève de 1951. Il ne s’applique que quand un risque existe qu’un individu soit soumis à une persécution, à de la torture ou à des traitements dégradants.

    Mais ce droit peut, par une interprétation excessivement favorable aux clandestins, s’opposer à celui de protéger l’intégrité du territoire d’un pays contre des entrées clandestines. Alors qu’à l’origine, il s’agissait d’éviter qu’un réfugié soit reconduit dans son pays et subisse des sévices, cette disposition est désormais utilisée comme un moyen de prendre pied dans l’Union européenne et plus largement l’espace Schengen.

    Dans le cas présent, les migrants venaient d’un pays, la Turquie, où certains vivaient probablement depuis plusieurs années, où ils auraient pu déposer une demande d’asile dans une ambassade ou un consulat d’un pays européen. Pour donner un ordre de grandeur des enjeux, près de 190 000 refus d’entrées ont été prononcés dans l’espace Schengen en 2018 lors de contrôles frontaliers par les trois voies d’arrivées (air, terre, mer) (18).

    Certaines O.N.G. veulent donc, avec le soutien actif de nombreux médias, remettre en cause toute tentative de réguler l’immigration, chaque clandestin pouvant se prévaloir du droit de faire une demande d’asile et à ce titre de pouvoir entrer dans le pays de son choix. Peu importe qu’ensuite la demande d’asile soit refusée, comme elle l’est majoritairement dans l’Union européenne : le renvoi dans le pays d’origine des déboutés du droit d’asile n’est majoritairement pas réalisé, a fortiori dans le contexte sanitaire actuel. Cela aboutit à nier l’existence des frontières, voire des pays, le monde étant un vaste territoire où chaq

  • Les deux forces de la Technocratie, par Philippe Germain.

    La prise totale du pou­voir par la Tech­no­cra­tie, consti­tue le « stade suprême » du Cycle des lumières. Depuis 1992, la « Géné­ra­tion Maur­ras » de l’Action fran­çaise affirme : « le tota­li­ta­risme tech­no­cra­tique euro­péen est donc bien le fils légi­time de la démo­cra­tie, le der­nier stade de son évo­lu­tion[i] ». 

    philippe germain.jpgEffec­ti­ve­ment, per­sua­dée d’être irré­sis­tibles, les « tech­nos » pensent avoir pour fonc­tion his­to­rique de fer­mer l’histoire de France. Cela reste à vérifier.

    A pre­mière vue, l’installation de la Tech­no­cra­tie au pou­voir semble solide, appuyée sur deux bastions.

    Le pre­mier va au-delà de l’idéologie saint-simo­nienne, ins­tau­rant la pri­mau­té de l’économie, pour abou­tir au dépé­ris­se­ment du poli­tique. Il s’agit de la théo­rie démo­cra­tique, conci­liant mini­ma­lisme et tota­li­ta­risme. Véri­table muta­tion en « démo­cra­tie suprême ».

    • Démo­cra­tie mini­ma­liste car réduite aux élites intel­li­gentes des édu­qués, des experts. Le peuple des « sans-dents »[ii], des « blan­cos »[iii] y est dis­sout, car l’individu-consommateur démo­cra­tique est for­ma­té à se dés­in­té­res­ser du sou­ci poli­tique. La désaf­fec­tion élec­to­rale pro­gresse donc. La par­ti­ci­pa­tion aux légis­la­tives de 1978, alors de 82 %, est pas­sée sous la barre fati­dique des 50 %[iv]. La démo­cra­tie « repré­sen­ta­tive » s’efface au pro­fit d’une démo­cra­tie mini­ma­liste dont l’apathie civique et la non-par­ti­ci­pa­tion éloignent les incom­pé­tents du pays réel, pour lais­ser « la gou­ver­nance » aux experts. L’actuelle crise sani­taire accé­lère cette muta­tion et la par­ti­ci­pa­tion aux muni­ci­pales atteint péni­ble­ment les 46%, dans une démo­cra­tie réduite à la pro­cé­dure de l’élection pré­si­den­tielle au suf­frage universelle.
    • Démo­cra­tie tota­li­taire car exi­geant de tous, non seule­ment de res­pec­ter la norme, mais de pen­ser sui­vant la norme. Grâce à « l’ingénierie sociale », la mani­pu­la­tion men­tale se déploie, décom­plexée et accé­lé­rée par la crise sani­taire. Celle-ci jus­ti­fie les res­tric­tions et sup­pres­sions de liber­tés impo­sés par un Conseil de défense « secret défense ». L’état d’urgence sani­taire donne à l’exécutif les pleins pou­voirs sans contrôle. Plus besoin du fameux article 16. La démo­cra­tie « repré­sen­ta­tive » s’efface au pro­fit d’une angois­sante démo­cra­tie tota­li­taire mai­tri­sant la tech­nique de rési­gna­tion du pays réel au camp de concen­tra­tion volontaire.

    Le second point d’appui de la Tech­no­cra­tie c’est l’Europe « inté­grale ». Elle est à la fois apa­tride et multiculturelle.

    • Europe apa­tride car la « Com­mis­sion euro­péenne », est un organe supra­na­tio­nal dont le pou­voir et la res­pon­sa­bi­li­té échappent à tout contrôle. L’objectif de cette com­mis­sion est de pro­mou­voir l’intérêt de l’Europe, indé­pen­dam­ment de celui de chaque Etat membre. Elle est com­po­sée d’un pré­sident, de 28 com­mis­saires et de 25.000 fonc­tion­naires. Chaque com­mis­saire s’engageant à n’accepter aucune ins­truc­tion éma­nant de son Etat natio­nal, à le « devoir » d’être apa­tride[v]. Le lob­bying des grands groupes indus­tria­lo-finan­ciers, est en revanche auto­ri­sé dans ce vocable : « apa­tride » « par­ti de l’étranger[vi] » dont les cathé­drales sont des banques.
    • Europe mul­ti­cul­tu­relle car dénon­çant l’héritage his­to­ri­co-cultu­rel « natio­nal », comme obs­tacle à l’économie de mar­ché sans entrave. La défense de la cir­cu­la­tion des migrants[vii] lui per­met de jus­ti­fier son ingé­rence dans les affaires inté­rieures des nations, résis­tantes aux dégâts de la mon­dia­li­sa­tion. Le mul­ti­cul­tu­ra­lisme cri­mi­na­lise l’attachement natio­na­liste à la sou­ve­rai­ne­té, aux fron­tières, à la dis­tinc­tion français/étrangers, la fran­co­pho­nie, l’Etat fort, le pai­sible atta­che­ment à un ensemble de spé­ci­fi­ci­té. Le mul­ti­cul­tu­ra­lisme per­met d’écraser en tenaille les Etats-nation char­nels, par le haut (les « fédé­rastes » de la Com­mis­sion euro­péenne[viii]) et le bas (les régions, pou­vant être sou­mises à l’Islam ou au racia­lisme indi­gé­niste). Et cela car « La nation est le plus vaste des cercles com­mu­nau­taires qui soit (au tem­po­rel) solide et com­plet. Bri­sez-le, et vous dénu­dez l’individu. Il per­dra toute sa défense, tous ses appuis, tous ses concours » (Maur­ras). L’Europe mul­ti­cul­tu­relle est l’allié objec­tif de l’autre par­ti de l’étranger, atten­dant de trans­for­mer nos églises en minarets.

    Pour­tant, mal­gré cette force, la Tech­no­cra­tie à tort d’injurier l’avenir. Une post-démo­cra­tie fran­çaise n’est pas à exclure. Il pour­rait prendre l’envie à l’Avenir de faire revivre ce qui mérite de revivre, en bas les répu­bliques, en haut la royau­té, et, par-delà tous les espaces, la papauté !

    Aujourd’hui, les quatre élites du pays légal se sont orga­ni­sées comme le grand car­ré des russes à la bataille d’Eylau (1807). Il appar­tien­dra à l’Action fran­çaise d’enfoncer la ligne des tech­no­crates et tout le Sys­tème plie­ra. Alors, une fois la Monar­chie popu­laire ins­tau­rée, elle pour­ra s’atteler à faire face à l’Islamisation cultu­relle et démo­gra­phique. Telle est la ligne poli­tique à déployer.

    Ger­main Phi­lippe (à suivre)

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    1. France,  mai­son de la guerre
    2. Mai­son de la treve et ter­ri­toires per­dus de la Republique
    3. Impact sur la France de la revo­lu­tion isla­miste de 1979
    4. Les beurs et la kalachnikov
    5. Le plan d’islamisation cultu­relle de la france
    6. Islam radi­cal et bar­ba­rie terroriste
    7. Pas d’amalgame mais complementarite
    8. Pôle idéo­lo­gique islamiste
    9. Pôle ideo­lo­gique des valeurs republicaines
    10. Face au dji­had cultu­rel : poli­tique dabord !
    11. Prince chre­tien et immi­gra­tion islamisation
    12. Le Prince et la France chretienne
    13. Le Prince chre­tien et la laicité
    14. balayons le defai­tisme republicain
    15. Balayons le defai­tisme democrate.
    16. Refe­ren­dum sur l’immigration
    17. Moi, j’ai dit pays légal ?
    18. Le noyau dur du pays légal
    19. Pays legal et controle de l’opinion.
    20. Tech­no­cra­tie a la tete du pays legal

    [i] Laurent Dan­drieu, « Leur Europe », Réac­tion n°7, automne 1992.

    [ii] Fran­çois Hol­lande, le 31 mai 2008 à 12h39, SMS à Valé­rie Trier­wei­ler « Je suis avec ma copine Ber­na­dette dans une grande mani­fes­ta­tion dans son can­ton. Je lui ai fait un numé­ro de charme. Mais tu ne dois pas t’in­quié­ter. Dans son dis­cours, elle a fait un lap­sus for­mi­dable. Rire géné­ral, même chez les sans-dents ».

    [iii] Manuel Valls, le 7 juin 2009, jour des élec­tions euro­péennes, à une équipe de jour­na­listes de l’é­mis­sion « Poli­ti­que­ment par­lant », de Direct 8, pour un repor­tage consa­cré à ses ambi­tions : « Belle image d’É­vry ! Tu me mets quelques Blancs, quelques whites, q

  • Celui qui n’aime pas l’État, n’aime pas la France, par Dr Charles Saint-Prot.

    Direc­teur géné­ral de l’Observatoire d’études géopolitiques

    L’annonce que le gou­ver­ne­ment libé­ra­lo-macro­niste a l’intention de sup­pri­mer le corps des pré­fets s’inscrit dans une logique de décons­truc­tion qui rejoint la sup­pres­sion de l’École natio­nal d’administration (créée par le géné­ral de Gaulle) ou la haine du régime à l’égard des maires et autres élus locaux.

    6.jpgIl est impor­tant de noter que, dans l’esprit du régime, il ne s’agit pas de sup­pri­mer les pré­fets mais leur corps, c’est-à-dire que des pré­fets pour­ront être nom­més, dans l’avenir, en fonc­tion du sexe, de la cou­leur de la peau ou de leur orien­ta­tion sexuelle… Et non pas, comme l’affirme le pre­mier ministre, pour amé­lio­rer la ges­tion des cadres de l’État « selon une logique fon­dée sur les par­cours et les com­pé­tences » mais bien selon le bon vou­loir du régime et sur des cri­tères com­mu­nau­ta­ristes ! Cela s’appelle la dis­cri­mi­na­tion posi­tive et le spoil sys­tem aux États-Unis, qui semblent être le modèle de réfé­rence de celui qui est aujourd’hui pré­sident de la république.

    Bien sûr, nous n’ignorons pas les dérives du sys­tème répu­bli­cain depuis quelques décen­nies, notam­ment le fait que les pré­fets – comme tous les agents publics civils ou mili­taires- soient nom­més en fonc­tion de leur éti­quette poli­tique ou de leur affi­lia­tion à telle ou telle « socié­té secrète » favo­ri­sant les magouilles les plus éhon­tées. Mais cela ne signi­fie pas qu’il fau­drait jeter le bébé avec l’eau du bain. Com­ment ne pas voir que le régime actuel a pour véri­table obses­sion d’abaisser l’État, donc la nation.

    Car, il faut bien consta­ter que ceux qui s’ingénient à démo­lir l’État ont pour seule ambi­tion le déclin de la France. La sou­ve­rai­ne­té de l’État ne garan­tit pas seule­ment les liber­tés des citoyens, mais plus encore elle per­met de pré­ser­ver l’indépendance natio­nale qui est la plus pré­cieuses des liber­tés. Depuis plu­sieurs siècles, l’État-nation est le socle de l’ordre inter­na­tio­nal. Comme l’a­vaient déjà conçu Hen­ry IV et Sul­ly avec leur concept de «  Grand Des­sein »  visant à mettre un terme au dés­équi­libre géo­po­li­tique euro­péen incar­né par la super­puis­sance des Habs­bourg[1],  l’État-nation sou­ve­rain devient la plus haute auto­ri­té du droit inter­na­tio­nal, en 1648, avec les trai­tés de West­pha­lie qui met­tront en pièce la notion d’empire avec l’abaissement du pou­voir des Habs­bourg et l’émiettement de l’empire ger­ma­nique car celui-ci ne pou­vait se conso­li­der que contre la France. Accom­plis­sant les objec­tifs de la poli­tique tra­di­tion­nelle de la monar­chie fran­çaise, la paix de West­pha­lie, qua­li­fiée par Bain­ville de « chef-d’œuvre poli­tique du XVIIIe siècle », fit en sorte que l’É­tat-nation sou­ve­rain devint la plus haute auto­ri­té de ce droit inter­na­tio­nal moderne qui vit le jour à cette occa­sion. Les trai­tés de West­pha­lie, réaf­fir­més par le Congrès de Vienne de 1815, fixèrent le cadre de la sou­ve­rai­ne­té abso­lue des États comme prin­cipe fon­da­men­tal du droit inter­na­tio­nal. L’É­tat-nation étant le socle de l’ordre juri­dique qui se met en place, les petits pays obtiennent les mêmes droits que les grands. À la place d’une rela­tion entre domi­nant et domi­né au sein d’empires arti­fi­ciels, la coopé­ra­tion entre des États égaux en droit devient la règle. Les trai­tés de West­pha­lie ont sur­tout recon­nu que l’empire uni­ver­sel était chi­mé­rique. Ils portent condam­na­tion de tout pro­jet supra­na­tio­nal dont la mor­ti­fère construc­tion euro­péenne qui est l’expression même du mythe d’une mon­dia­li­sa­tion ren­voyant à la thé­ma­tique libé­rale, laquelle repose sur le mythe du « doux com­merce » venant se sub­sti­tuer aux conflits guerriers. 

    En consé­quence, le pre­mier sou­ci d’un pro­jet véri­ta­ble­ment natio­nal doit consis­ter à res­tau­rer l’au­to­ri­té de l’É­tat natio­nal, lequel doit retrou­ver son rôle, à com­men­cer par un enga­ge­ment public réso­lu dans les domaines réga­liens. Michel Onfray qui vient de publier La nef des fous (col­lec­tion Bou­quins) notait récem­ment que les rodo­mon­tades du ministre de l’intérieur ne doivent pas nous trom­per, il y a un déli­te­ment de l’État et la France est de plus en plus mena­cée par la guerre civile. On a vu par exemple lors de la crise sani­taire que M. Macron et son équipe pré­fère l’idéologie à la réa­li­té, refu­sant de fer­mer les fron­tières au nom du dogme ultra­li­bé­ral du lais­ser-faire, lais­ser pas­ser. N’oublions pas que les mêmes rêvent d’une armée euro­péenne, la vieille ren­gaine de la CED, c’est-à-dire d’une Europe alle­mande qui ne rêve de réduire l’arsenal mili­taire fran­çais (sur­tout le nucléaire) qui est le seul atout de la France face à une Alle­magne de nou­veau sure d’elle, domi­na­trice et arrogante.

    En résu­mé, il parait dif­fi­cile de défendre la France et les Fran­çais quand on s’ingénie à détri­co­ter l’État et qu’on adhère à tous les mythes supra­na­tio­naux – dont le sinistre mythe euro­péiste – qui ont tous pour leit­mo­tiv de vou­loir faire le sau­ter le ver­rou de la nation. L’État fran­çais ne sau­rait se lais­ser subor­don­ner à un super-État dont la concep­tion ne peut naitre, écri­vait Charles Benoit, que « chez des peuples qui n’ont ni voi­sins, ni rivaux, ni enne­mis, ni his­toire… » Les prin­cipes de la sou­ve­rai­ne­té de l’É­tat et de l’indépendance de la nation ren­voient tout uni­ment à l’idée de liber­té, laquelle serait per­due, dit Renan, « si le monde n’avait qu’une loi et qu’un maître ». Cette règle, héri­tée de la civi­li­sa­tion grecque mais igno­rée du pou­voir macro­niste, est l’une des idées fon­da­men­tales de la pen­sée fran­çaise, laquelle a tou­jours oppo­sé la mesure, garante de la dimen­sion humaine, au gigan­tisme, ten­dant au totalitarisme.

    [1] Jacques Bain­ville, His­toire de France, ch. X, Paris, Nou­velle Librai­rie natio­nale, 1924, nom­breuses rééditions.

    Source : https://www.actionfrancaise.net/