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  • SOCIETE • La France existe, je l'ai rencontrée

     

    Par Natacha Polony

    Et si, plus que les précédentes, les générations des moins de quarante ans ou tout juste quarante ans, étaient en recherche de racines, de terroirs, de traditions, de France historique et charnelle ? Presque jusqu'à la nostalgie, presque jusqu'à l'excès, sans-doute du fait des manques et des vices des temps qui courent, trop abstraits, virtuels, sans substance ? De même qu'une partie des plus jeunes opère un spectaculaire retour vers le religieux ou, mieux, vers le spirituel, que les plus âgés ont  délaissé ... Ces derniers feront bien de s'aviser de ces phénomènes bien réels qui signalent assez précisément en quoi nos sociétés ont failli. C'est ce que Natacha Polony relève ici, de façon, ma foi, fort juste et sympathique. Et qui rejoint Philippe de Villiers lorsqu'il signale que la crise que nous vivons n'est pas essentiellement politique, mais bien plutôt métapolitique.  C'est pourquoi nous apprécions les chroniques de Natacha Polony et y faisons souvent écho. LFAR  

                

    Elle avait si mal commencé, cette année 2015, dans l'horreur et les larmes. Et puis la suite, les autres attentats, les crises, la défiance. Et même ce retour, après les chaleurs estivales: le Thalys et la révélation de notre insupportable vulnérabilité; les images répétitives et insoutenables de ces foules d'hommes et de femmes rêvant d'un avenir et rencontrant l'incurie d'une Europe de petits gestionnaires et de grands financiers; le spectacle parallèle, enfin, des vaudevilles politiciens. Quoi, même les héros, quand ils se présentent chez nous, sont Américains ? Comme un symbole d'une France qu'on nous dit tous les jours trop petite, trop résignée, pas assez moderne, pas adaptée.

    La France existe, pourtant, envers et contre tout. Elle se perpétue. Loin des injonctions à l'efficacité gestionnaire, loin des reproches sur son modèle archaïque et son agriculture pas assez productive. Il suffisait d'aller à sa rencontre cet été pour trouver des gens qui, seuls, chaque jour, font leur 11 janvier et proclament leur attachement aux valeurs de ce pays. C'est ce restaurateur qui consacre dans ses assiettes écrevisses, grenouilles, foie gras en cocotte et pied de porc truffé, toute la mémoire gustative d'un paradis terrestre aujourd'hui malmené où l'on a fait du partage autour dela table un patrimoine si précieux que l'Unesco l'a jugé universel. Ce sont ces trois entreprises d'Aurillac qui se sont regroupées pour continuer, malgré la concurrence asiatique et le règne du jetable, à fabriquer en France des parapluies de qualité, de ces objets qui accompagnent une vie. C'est ce maire d'une petite ville touristique du Périgord qui s'est opposé farouchement à l'implantation d'une seconde grande surface dans sa périphérie et qui a sauvegardé son marché, ses commerces de centre-ville, toute cette vie sociale qui fait le dynamisme d'un pays.

    Ceux-là ne sont décorés d'aucune Légion d'honneur. Ils n'ont droit au statut ni de héros ni de victimes. Pas assez prestigieux, pas assez désespérés. Et pourtant, ils affrontent tous les obstacles, ils se lèvent tôt, ils travaillent dur, ils obtempèrent aux injonctions d'une administration qui invente des normes délirantes et endémiques. Il y a ce chef qui a dû équiper sa cuisine d'un plan de travail dernier cri, un «porte-avions» spécialement étudié pour réduire la « pénibilité » et dont les commis de cuisine se plaignent malgré tout d'un mal de dos, parce que toute douleur, tout effort est devenu insupportable. Il y a cet autre, harcelé pour avoir utilisé dans ses cuisines des légumes anciens, du potager de son père, non répertoriés au catalogue officiel, l'organe garantissant aux grands semenciers le monopole des graines et l'interdiction, pour les paysans, de perpétuer leur savoir-faire ancestral de sélectionneur du vivant. Il y a cet horticulteur à la retraite convoqué au tribunal pour travail dissimulé parce qu'il a donné un coup de main à son fils pour ramasser les pommes avant l'orage le jour d'un contrôle administratif. Pendant ce temps, les journaux nous vantent comme l'ultime modernité des dîners moyennant rémunération, organisés chez eux par des particuliers grâce à une application Internet. Pas de normes d'hygiène, pas de contrôle d'Urssaf… Non, c'est moderne, c'est libéral, c'est de la convivialité monnayée..

    Malgré tout, ce pays abrite des trésors d'enthousiasme et d'énergie. On y trouve des Français de tous horizons, mais attachés à transmettre par leur travail, leur savoir-faire les éléments les plus concret de ce qui constitue un modèle, une façon spécifique d'être au monde, faite d'intégration à une géographie, à un terroir, faite de plaisir et de culture plus que de rentabilité. On peut considérer que tout cela doit finir aux oubliettes de l'Histoire. On peut préférer les usines à viande allemandes où l'animal est mécanisé pour produire toujours plus et moins cher en ruinant le voisin. On peut préférer les parapluies chinois, si bon marché qu'il faudra en racheter à chaque bourrasque. Mais dans un monde où les tempêtes se multiplient, sentir sous ses doigts la chaleur et la solidité du manche en bois d'un parapluie, s'abriter sous les baleines solides et familières d'un vieux compagnon, en sachant que des gens, pas très loin, ont œuvré pour nous offrir les fruits d'un savoir-faire ancien, c'est préparer l'avenir avec bien plus de lucidité. 

    Natacha Polony   (Figarovox)

  • Bienvenue à l'orthographe simplifiée ! Un point de vue original de Péroncel-Hugoz

     

    Par Péroncel-Hugoz

    Partisan d'un mixte tradition/modernité, Péroncel-Hugoz ne s'offusque pas de la réforme de l'orthographe lancée par Paris, mais il donne un coup de dent à ces Français qui ont omis de consulter les autres francophones ... On s'étonnera - ou même on s'indignera - peut-être de sa position. Toutes réflexions faites, elle a pourtant sa logique. Il n'est pas si sûr qu'elle contredise sur le fond celle adoptée par l'Académie française dans son communiqué du 5 février dernier. Au besoin on s'y reportera, on le lira attentivement. En tout cas, le cas échéant, on en débattra ... LFAR

     

    peroncel-hugoz 2.jpgTempête bien parisienne, frivole et paradoxale, que celle qui agite, cet hiver, le microcosme intello de la « Ville-Lumière » ... Figurez-vous que le régime socialiste a décidé de tenir enfin une promesse de ... 1990 ! La simplification, la mise à jour de l'orthographe française sera donc en vigueur à la prochaine rentrée dans l'Hexagone. 

    Je connais un peu cette affaire car, à cette époque, je suivais pour Le « Monde » les affaires francophones et donc les activités de l'académicien et téléaste Alain Decaux qui, guère « socialo » mais patriote, avait accepté d'être ministre délégué à la Francophonie dans un cabinet Michel Rocard (1988-1991). Decaux veillait avec attention sur cette Francophonie, lancée en 1970 par le gaulliste André Malraux et qui avait attiré plusieurs dizaines de nations « ayant le français en partage », dont le Maroc et la Tunisie (mais pas l'Algérie)*. 

    Pensant aux écoliers du monde entier, Decaux avait, par raison, approuvé le projet de réforme, comme son collègue académicien Maurice Druon, grand ami du roi Hassan II et membre de l'Académie du Maroc. Druon fut à l'origine de l'entrée dans le Dictionnaire de l'Académie française de nombreux mots venus du Sud, comme "Chambellanie" (forgé et utilisé au Maroc) ou "Essencerie" (créé au Sénégal pour remplacer l'affreux « Station-Service »). 

    Moi-même, avec les encouragements de Druon et Decaux, j'apportai ma petite pierre à l'édifice en publiant en 1990 un de mes livres de voyage (« Villes du Sud », où je traite notamment de Tanger et Asilah) avec l'orthographe simplifiée. Ce que je ne fis pas pour les ouvrages suivants car, entre-temps, la France officielle avait enterré cet utile projet linguistique ... 

    Aujourd'hui le Tout-Paris pensant polémique sur cette réforme ressuscitée et la tendance mondaine dominante est, pour l'instant, de la boycotter ... Ecoutons plutôt cette haute figure de la vie culturelle française actuelle, l'académicien Marc Fumaroli**, esprit dynamique et jamais conformiste, pourfendeur sans pitié du « fanatisme égalitariste » de la République française socialiste et dénonciateur impayable de l'«Art-Fric » qui s'est greffé, comme un parasite, sur la Mondialisation financière ... 

    Donc écoutons M. Fumaroli, en particulier dans « Le Figaro » du 12 février 2016 : « L'alarme suscitée par l'application d'une réforme très prudente de la langue française est très excessive et mal informée. Ce texte modeste, modéré, savamment médité, "de droite" aimerions-nous dire, fut approuvé [en 1990] par l'Académie. Il n'est jamais entré en vigueur, sans doute sous la pression du maximalisme de syndicats de gauche ». Sous les rois de France qui, à partir de François Ier (1515-1547), rendirent obligatoire la langue française dans la vie publique du Royaume des Lys, au moins trois grands amendements de l’idiome national eurent lieu sans drame. 

    Je ne vous en dirai pas plus, chers suiveurs curieux de connaître cette réforme, car vous pouvez en trouver tous les traits sur le Net. Vous y verrez que ledit projet n'a rien de révolutionnaire et ne concerne que 2.400 mots des 35.000 du français courant. 

    Vous apprécierez sans doute la disparition de l'inutile accent circonflexe sur « paraître » ou « maîtresse » - mais pas sur « mûr» ,  « sûr » ou « dû » afin d'éviter la confusion avec « mur », « sur » et « du ». Vous pouvez supprimer certains traits d'union sans utilité et écrire désormais « millepattes » ou « weekend ». Et le reste à l'avenant. 

    Le seul reproche que les francophones non français (soit environ 200 millions de locuteurs quotidiens des cinq continents) pourront faire à bon droit à cette réforme de 1990-2016, c'est que les linguistes français, sauf exception, l'ont élaborée entre eux, sans beaucoup se soucier de l'avis des francophones hors de France. La langue française est certes née en France mais son expansion mondiale, peu à peu depuis le XVIe siècle, a fait que l'idiome de Balzac et Houellebecq est devenu aussi celui de Léopold Senghor (Sénégal), Antonine Maillet (Quebec) ou Driss Chraïbi (Maroc, "Le passé simple", 1954). 

    Bon vent quand même à la réforme, qui de toute façon, ne rend pas caduque l'orthographe actuelle, laquelle va rester en vigueur sine die, afin que chacun puisse appliquer les nouveautés à son rythme, Inchallah ! Mais si certains Etats francophones, vexés par la désinvolture parisienne, décident de ne pas appliquer la réforme on risque d'avoir bientôt deux orthographes, l'ancienne et la réformée ... 

     

    * En 2016, l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF), siège à Paris, est dirigée par une Haïto-Canadienne et groupe environ 70 Etats, en comptant les observateurs. 

    ** Ayant passé sa jeunesse à Fez et Meknès, M. Fumaroli a montré son attachement au Maroc en préfaçant volontiers, en 2014, "Meknès 1950", intéressant ouvrage collectif composé par d'anciens Meknassis (collection Xénophon, dirigée par le natif de Salé Alain Sanders). 

    Lire : "Le tapis rouge", par Alain Decaux, de l'Académie française, Perrin, Paris, 1992.

    Péroncel-Hugoz

    Repris du journal en ligne marocain le 360 du 26.02.2016

  • Opérations militaires en Syrie : trois fronts concomitants et tout d’abord Alep

     

    Par Antoine de Lacoste

     

    Les feux de l'actualité sur la lutte contre l 'Etat islamique et la guerre en Syrie sont actuellement braqués sur Mossoul en Irak et Alep en Syrie qui constituent en effet deux fronts essentiels pour la suite du conflit au Proche-Orient.

    Mais si l'on veut regarder de plus près la situation en Syrie même, ce sont en réalité trois fronts principaux qui doivent retenir l'attention et que nous décrirons dans trois articles successifs.

    Tout d'abord Alep bien sûr, bataille à propos de laquelle la désinformation atteint des sommets. L'Ouest, partie dans laquelle vivent de nombreux chrétiens, est toujours resté aux mains du régime, même si les islamistes ont effectué de multiples tentatives pour s'en emparer. De furieux combats se sont ainsi déroulés en 2013 mais l'armée syrienne, aidée de milices chrétiennes, a pu repousser les assauts coordonnés par le très islamiste Front al Nosra.

    La partie Est en revanche, où les Sunnites sont largement majoritaires, est vite tombée aux mains des insurgés. Une bonne moitié d'entre eux sont membres d'al Nosra (rebaptisé depuis Fatah al Cham), le reste évoluant d'une milice à l'autre en fonction des rapports de force internes et du montant de la solde. Le tout étant à coloration largement islamiste n'en déplaisent aux Américains et aux médias occidentaux.

    Depuis, le statu quo régnait faute de moyens pour prendre l'avantage.

    Mais il y a quelques mois, les Russes ont décidé de reprendre la ville : c'est en effet la dernière grande zone urbaine tenue par les islamistes et sa chute aurait des répercussions psychologiques et stratégiques décisives.

    Aidée des Iraniens et des Libanais du Hezbollah chiite, l'armée syrienne a bouclé, non sans mal, le siège de la ville cet été. L'aide de l'aviation russe, d'une très grande efficacité, a une fois de plus joué un rôle essentiel. Les bombardements et les combats de rues sont maintenant quotidiens et les islamistes cèdent peu à peu du terrain non sans une résistance acharnée.

    Précisons au sujet des bombardements qu'ils sont réciproques : la partie Ouest reçoit son lot d'obus d'artillerie (le Front Fatah al cham en est richement doté grâce à l'aide de l'Arabie Saoudite) qui fait de nombreuses victimes : mais les comptes de nos médias sont légèrement partiels....

    De plus, les bombes russes ne sont jamais aveugles : leur précision a d'ailleurs surpris les experts militaires français et américains qui n'avaient pas perçu à quel point l'armée russe s'était modernisée. La grande difficulté de ce type de combat c'est que les combattants ennemis sont camouflés dans des immeubles où vivent des familles, voire dans des hôpitaux où sont soignés les blessés...

    Les islamistes sont en effet experts dans l'art d'utiliser la population comme bouclier puis ensuite de dénoncer les "crimes de guerre" de l'adversaire, sachant que les occidentaux relaieront tout cela sans le moindre discernement (les communistes avaient mis cela très au point lors de la guerre du Viet Nam). C'est une des raisons pour lesquelles le corridor sanitaire instauré par les Russes n'a pas été utilisé par la population auquel il était destiné : les menaces du Front Fatah al Cham étaient omniprésentes et il était physiquement impossible d'emprunter ce corridor sans passer dans la ligne de mire des tireurs islamistes.

    Le siège se poursuit donc et les contre-attaques islamistes se font de plus en plus rares. L'échéance est probablement pour bientôt mais tout dépendra de la décision de l'Arabie Saoudite.

    Il faut en effet savoir, aussi surprenant que cela puisse paraître, qu'une chaîne continue d'informations circule même au milieu des combats les plus violents.

    Les Russes, tout d'abord, parlent beaucoup avec les services secrets turcs depuis la réconciliation intervenue à la demande d'Erdogan et que Poutine, en fin stratège, a acceptée La situation dans le Nord exige de toutes façons un dialogue permanent entre Russes et Turcs tant la situation y est explosive.

    Les Turcs eux-mêmes parlent beaucoup aux Saoudiens : entre islamistes on se comprend. De plus la haine des Alaouites en général et de Bachar el Assad en particulier les rapproche encore.

    Quant aux Saoudiens, n'en déplaise là-encore aux occidentaux, ils contrôlent totalement le Front Fatah al Cham, fer de lance de l'insurrection islamiste à Alep.

    La boucle est ainsi bouclée et lorsque les Russes ont un message à faire passer, ils savent quel canal utiliser. Le tout maintenant est de savoir si les Saoudiens vont demander à leurs affidés de tenir jusqu'au bout pour gagner du temps mais au risque de voir près de 5000 combattants aguerris disparaître. Ils peuvent aussi décider d'économiser leurs troupes et de négocier une retraite en bon ordre avec armes et bagages.

    Il y a un précédent à Daraya, dans la banlieue de Damas, où 700 combattants islamistes avaient été évacués vers la province d'Idlib, au Nord-Ouest de la Syrie. Cela s'est passé en août 2016 sous le contrôle de l'armée russe.

    Cette province d'Idlib est ainsi en train de devenir, à son tour, un enjeu majeur.

    En attendant, une victoire de l'armée syrienne et de ses alliés semble se dessiner à Alep : ce n'est qu'une question de temps. 

  • A la suite de notre note d'hier de Christian Vanneste : le commentaire de François Schwerer...

    (Voici le commentaire posté hier sur l'une de nos pages facebook par François Schwerer, en réaction à l'article de Christian Vanneste)...

     

    François Schwerer Notre Dame de Paris et les élections municipales

    Notre-Dame, comme chacun le sait, est l’âme de la France. C’est autour d’elle que les Français se réunissent et cela est bien normal puisque la France lui est consacrée. Comment ne pas en être conscient aujourd’hui quand on voit l’émotion qui a gagné tous les Français devant leur cathédrale en flammes ? Dans toutes leurs épreuves comme lorsqu’ils veulent partager leur joie, les Français se réunissent toujours aux pieds de Notre Dame. Si les divertissements bruyants prennent place sur les Champs-Elysées où s’agglutinent des masses bigarrées, les grandes émotions du peuple uni et solidaire ne peuvent s’exprimer que devant Notre Dame. Elle est notre Reine, mais aussi notre confidente. C’est pourquoi, en méditant sur la restauration de la cathédrale de pierres les Français doivent y puiser aussi un enseignement pour leur vie de citoyen. En effet, si le monument qui est le symbole de notre pays, est aujourd’hui bien abîmé, le pays lui-même, ouvert à tout vent, menace ruine.

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    La restauration de Notre-Dame

    Dès le soir même de l’incendie, une polémique, comme la France en a le secret, a opposé ceux qui voulaient la reconstruire encore « plus belle qu’avant » et ceux qui veulent d’abord lui redonner sa vocation et son âme. Tous cependant sont restés d’accord pour se rendre à l’évidence : on ne fera rien de bon en cherchant simplement à remettre en place les poutres calcinées, les pierres éclatées ou les ferrailles tordues. Ces éléments doivent être écartés sinon le rafistolage sera bancal et le monument restera défiguré et fragile. Les pierres à utiliser pour la réfection doivent être polies et ajustées, les poutres droites et fermes, les ferrailles solides et souples et chaque élément doit être rigoureusement à sa place, adapté à l’usage qu’on attend de lui pour former un tout cohérent et harmonieux.

    La polémique a divisé les Français à partir du moment où certains ont voulu utiliser des matériaux nouveaux, ayant peut-être des qualités propres, mais inadaptés à ce qui fait la raison d’être du bâtiment. Que des architectes imaginent des toits de verre ou des terrasses arborées pour tel ou tel centre touristique, nul n’y voit d’inconvénient, mais cela n’a pas sa place dans un lieu de culte et de prières. Dès lors, il est bien normal que les Français puissent l’exiger avec force sans pour autant que cela puisse être considéré comme une attaque contre la liberté des auteurs de ces projets inadaptés. Une terrasse marchande sous le parvis n’a pas non plus de raison d’être aux pieds de Notre-Dame ; elle serait aussi déplacée qu’une girouette qui aurait été substituée à une gargouille.

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    Ce qui est vrai pour la restauration de Notre-Dame est aussi vrai pour la restauration de la France. Chaque homme, chaque femme doit y être à sa place. Cela est vrai à tous les niveaux, y compris dans la vie politique. Cela signifie très clairement que chaque représentant élu doit être ferme dans ses conviction, droit dans son comportement, souple face à l’adversité, ajusté à sa fonction, poli vis-à-vis de ses électeurs, cohérent dans ses choix… Et les électeurs doivent s’en souvenir au moment de chacun de leurs divers votes sinon ce sont eux qui sont les premiers responsables des maux dont ils ne manqueront pas ultérieurement de se plaindre.

    Les enjeux électoraux.

    Les élections municipales approchent et les Français vont donc être confrontés à des choix importants dont les ressorts sont les mêmes que pour la restauration de Notre-Dame. Mais pour que leurs choix soient cohérents ils doivent commencer par apprécier tous les enjeux, sans aucune exception. Ils ne doivent pas s’arrêter à un aspect partiel de la mission confiée aux élus. De même qu’à Notre-Dame, la « forêt » avait deux fonctions : soutenir le toit qui protégeait la voûte et participer à l’équilibre des forces qui assurait la stabilité de l’édifice, de même les élections municipales ont deux enjeux principaux différents : un enjeu local et un enjeu national. Et aucun ne doit être sacrifié à l’autre au risque de fragiliser tout l’ensemble.

    L’enjeu local est celui auquel les électeurs se disent le plus sensible. Il s’agit tout d’abord de confier les destinées de sa commune à des personnes qui auront à la gérer pendant six années consécutives. Ils n’en seront pas, pendant toute la durée de leur mandat, ni les propriétaires ni même les locataires mais devront simplement en être les gestionnaires prudents et avisés. Autrement dit, ils n’auront pas à en jouir ni même simplement à profiter de ses fruits mais ils devront se mettre à son service. Ils devront consacrer leur énergie à la faire vivre et évoluer, selon son état comme on aurait dit autrefois. Les élus ne sont pas choisis pour faire de leur ville un champ d’expérience, ni un tremplin pour une autre fonction, ni même uniquement une vitrine de leur réussite individuelle mais pour permettre à leurs administrés d’y vivre au mieux. Dès lors les électeurs doivent accorder leur vote à une personne qui connaît sa ville (pas à un parachuté), qui l’aime vraiment et comprend ses besoins comme ses atouts et qui est ménager des deniers publics. De ce point de vue, ce qui compte le plus ce sont les qualités personnelles du candidat et l’on comprend qu’elles soient plus facilement mises en valeur dans les petites communes où il est plus aisé de connaître son voisin.

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    Mais il ne faut pas oublier que, derrière les municipales, se cache aussi un enjeu national, lequel prend deux aspects principaux : d’une part les élections sénatoriales et d’autre part les parrainages pour les élections présidentielles. Et, de ce point de vue, il est indispensable de prendre en considération les valeurs collectives auxquelles se réfèrent les candidats. La polémique résultant de la circulaire Castaner est un leurre car en s’attachant à la visibilité de la question elle occulte le fond. Comment une personne qui considèrerait certaines valeurs éthiques comme absolues pourrait-elle voter pour un candidat qui soutiendrait un parti favorisant l’abandon de ces valeurs ? Disons le tout de suite, elle perdrait alors moralement le droit d’aller manifester. Comment une personne opposée à la suppression des régimes spéciaux de retraite pourrait-elle apporter son suffrage à un candidat qui serait intimement convaincu que le régime doit être unifié ? Elle perdait aussitôt toute raison de faire grève. Comment une personne ayant des convictions fermes pourrait-elle soutenir un candidat qui aurait fait la preuve de « ses sincérités successives » ou qui déclarerait qu’il sépare ses convictions personnelles de ses responsabilités politiques ? Il n’aurait plus aucune légitimité pour critiquer ensuite le fait que, le vent ayant tourné, l’élu aurait changé d’opinion.

    En fait, la vie d’une personne est unique ; elle doit être cohérente. Nul ne peut prétendre avoir des convictions personnelles et faire consciemment des choix qui, à plus ou moins longue échéance, mettront en péril lesdites convictions. C’est en ce sens que certains sujets sont indiscutables car fondés sur des principes intangibles. Dans sa vie publique, comme dans sa vie privée, tout être humain doit se comporter de la même façon. S’il n’en était pas ainsi, non seulement d’un point de vue personnel il serait condamné à être toujours tiraillé entre deux idéaux contradictoires, mais de plus, d’un point de vue social, la cohésion du pays serait mise à mal. C’est pourquoi, avant de voter, tous les Français devraient simplement se tourner vers leur Reine afin qu’elle leur obtienne le discernement.

  • Pour réintégrer Maurras dans le paysage politique français... : L'entretien avec Le Dauphiné libéré (II/V)...

    lafautearousseau se propose ici de vous faire découvrir Un patriote, nommé Maurras. Maurras est en effet inconnu du grand public, parce que volontairement ignoré par la conspiration du silence, entretenue par le Système pour lequel Maurras n'est pas "dangereux", mais "le seul dangereux", car il en a dénoncé les bases idéologiques et parce qu'il l'a remis en cause dans ses fondements révolutionnaires.

    C'est donc à une sorte de feuilleton, à la découverte de l'homme Maurras, que nous allons vous entraîner, d'ici les prochaines élections municipales.

    Celles-ci, nous l'avons dit, seront peut-être décisives pour l'avenir de la Maison du Chemin de Paradis, fermé aux Français aujourd'hui par le dernier Mur de Berlin d'Europe : celui, invisible, du sectarisme haineux de la Mairie communiste, qui préfère laisser fermée (en attendant qu'elle ne s'écroule ?) une belle demeure qui pourrait être intégrée au réseau des Maisons des Illustres, et devenir un centre national et international de recherches et débats intellectuels de haut niveau sur Maurras, sa vie, son oeuvre; un lieu culturel vivant et rayonnant...

    Du début février au 23 mars (fin de la première partie de notre campagne de sensibilisation pour la sauvegarde de la maison de Maurras) nous présenterons divers textes ou documents relatifs à Maurras, sa vie, son oeuvre... 

    Nous avons passé les trois dernières semaines en bonne compagnie, avec Axel Tisserand, d'abord, puis Jean-François Mattéi et sa très belle intervention dans le jardin du Chemin de Paradis, le 1er septembre 2012; puis avec une sorte de reportage, tiré de nos riches archives, sur ce que fut cette journée d'hommage du 1er septembre 2012, à l'occasion du soixantième anniversaire de la mort de Maurras.

    Le rappel de cette journée montre bien ce qu'était la Maison de Maurras jusqu'à ce que la Mairie de Martigues n'en interdise l'accès, ne la "ferme", aussi sournoisement que brutalement; n'érige autour d'elle comme une sorte de Mur de Berlin, aussi réel qu'invisible...

     "Avant", tout le monde pouvait aller admirer le lieu, et  nous ne nous privions pas, à l'Union Royaliste Provençale. Ces jours heureux sont, pour l'instant, révolus. Jusqu'à quand ? C'est toute la question, et la raison de notre protestation, qui ne cessera que lorsque nous aurons obtenu ce que nous demandons :

    1. Des informations claires et précises sur les travaux promis, et un calendrier, même approximatif, concernant le déroulement de ces travaux, qui doivent aboutir à la réouverture de la Maison au public...

    2. Et, en attendant, la remise à disposition du public du libre accès au jardin, sans autres conditions que celles qui prévalent en n'importe quel autre endroit public du pays, selon les règles et normes en vigueur partout...

    Cette semaine - avant-dernière avant que notre Campagne de sensibilisation ne prenne une autre forme, dès le lendemain des élections municipales - nous vous présentons une conséquence directe de cette journée d'hommage du 1er septembre 2012 : Georges Bourquart, journaliste au Dauphiné libéré, nous a écrit trois jours après pour nous demander de lui faire visiter la Maison et le Jardin, et de lui présenter Charles Maurras... (II/V)

     

    maurras maison en entrant.jpgVous autres, royalistes, qu'aimeriez-vous voir en ce lieu ? Cette maison, qui vous est  si chère, que souhaiteriez-vous  la voir devenir ?

    Nous avons d'abord rappelé à notre interlocuteur que, désormais, depuis 1997, et conformément au voeu formellement exprimé par Maurras, "sa" maison de Martigues a été donnée à "sa" chère ville de Martigues ("Mon Martigues plus beau que tout" écrit-il dans l'un de ses plus beaux poèmes, Où suis-je ?).

    Maurras avait d'ailleurs réglé lui-même, dans les détails, cette donation, faisant même le compte de sièges que devraient occuper les différents partis (MRP, Socialiste, Communiste...) dans le Conseil d'administration !

    C'est Jacques Maurras, son neveu, qui remit les clés de la maison au maire de l'époque, Paul Lombard, qui, non seulement accepta la donation, mais vint en personne à la réception donnée dans le jardin, et prononça pour l'occasion un discours de remerciement aimable, et même chaleureux, décernant au passage un brevet de patriotisme à Jacques Maurras.

    La "maison du Chemin de Paradis" appartient donc à la ville de Martigues, depuis que son maire, communiste mais en l'occurrence martégal avant tout, a accepté le don de Charles Maurras, motivé - pour reprendre son expression - par son "patriotisme municipal".

    Nous ne pouvons donc évidemment, en aucune façon, nous substituer en quoi que ce soit à la Mairie de Martigues, doublement légitime propriétaire des lieux : légitime par la possession du titre de propriété, et légitime par la volonté expresse de Charles Maurras. Et nous ne pouvons en rien nous attribuer l'une quelconque de ses prérogatives.

    Nous ne pouvons avoir qu'un souhait, mais il est très fort : que la paix et la sérénité reviennent, enfin, sur Charles Maurras et sur cette maison.

    Personne n'imagine ni ne souhaite - et nous pas plus que quiconque - que cette maison devienne une sorte de centre de diffusion des idées royalistes.

    maurras,chemin de paradisMais, oui, nous souhaitons fortement qu'elle devienne, à l'instar de la bonne centaine d'autres existant en France, l'une de ces Maisons des Illustres qui fleurissent dans tout le pays. Un lieu de calme, voué à l'étude, à la recherche, à la connaissance ou, tout simplement, pour ceux qui y viendraient, à la découverte d'une parcelle de notre patrimoine, à travers la visite de la maison et du jardin d'un grand poète, d'un penseur, d'un homme d'action. 

    Nous souhaitons que Martigues retrouve son Académicien, dont elle est privée, du moins dans la sphère "officielle", depuis plus d'un demi-siècle.

    Nous souhaitons que ce lieu soit rendu à l'Intelligence, au savoir, à la poésie, dans le dépassement de toute polémique, vaine et dépassée.

    Qu'elle soit ouverte à tous, en permanence, chacun se faisant, évidemment, comme partout ailleurs, sa propre opinion par lui-même, après l'avoir visitée. 

    Et qu'ainsi, elle vive, qu'elle rayonne, à la façon, par exemple, de la maison de Chateaubriand :

    http://maison-de-chateaubriand.hauts-de-seine.net/web/chateaubriand/accueil

    Serait-ce trop demander ?... (à suivre...) 

    maurras,martigues

    Paul Lombard, maire communiste de Martigues, n'avait pas hésité à venir en personne "chez" Charles Maurras, décernant au passage un brevet de patriotisme à Jacques Maurras : certains devraient réviser leurs "classiques". Étonnons ceux qui connaissent mal Maurras : il avait, lui-même, prévu la place du Parti Communiste, dans le comité qui, selon lui, devait gérer, après lui, sa maison.  

    (à suivre...)

    lafautearousseau

  • Pour réintégrer Maurras dans le paysage politique français...

    lafautearousseau se propose ici de vous faire découvrir Un patriote, nommé Maurras. Maurras est en effet inconnu du grand public, parce que volontairement ignoré par la conspiration du silence, entretenue par le Système pour lequel Maurras n'est pas "dangereux", mais "le seul dangereux", car il en a dénoncé les bases idéologiques et parce qu'il l'a remis en cause dans ses fondements révolutionnaires.

    C'est donc à une sorte de feuilleton, à la découverte de l'homme Maurras, que nous allons vous entraîner, d'ici les prochaines élections municipales.

    Celles-ci, nous l'avons dit, seront peut-être décisives pour l'avenir de la Maison du Chemin de Paradis, fermé aux Français aujourd'hui par le dernier Mur de Berlin d'Europe : celui, invisible, du sectarisme haineux de la Mairie communiste, qui préfère laisser fermée (en attendant qu'elle ne s'écroule ?) une belle demeure qui pourrait être intégrée au réseau des Maisons des Illustres, et devenir un centre national et international de recherches et débats intellectuels de haut niveau sur Maurras, sa vie, son oeuvre; un lieu culturel vivant et rayonnant...

    Du début février au 15 mars (fin de la première partie de notre campagne de sensibilisation pour la sauvegarde de la maison de Maurras) nous présentons divers textes ou documents relatifs à Maurras, sa vie, son oeuvre... 

    Au sujet de la Maison de Maurras, et de son Jardin, libres d'accès jusqu'à ce que la Mairie de Martigues n'en interdise l'entrée, ne les "ferme", aussi sournoisement que brutalement; n'érige autour d'eux comme une sorte de Mur de Berlin, aussi réel qu'invisible, nous demandons :

    1. Des informations claires et précises sur les travaux promis, et un calendrier, même approximatif, concernant le déroulement de ces travaux, qui doivent aboutir à la réouverture de la Maison au public...

    2. Et, en attendant, la remise à disposition du public du libre accès au jardin, sans autres conditions que celles qui prévalent en n'importe quel autre endroit public du pays, selon les règles et normes en vigueur partout...

    Cette semaine est la dernière avant que notre Campagne de sensibilisation ne prenne une autre forme, dès le lendemain du premier tour des élections municipales.

    Aujourd'hui, pour clôturer cette première partie de notre campagne de sensibilisation en vue de sauver la Maison et le Jardin de Maurras, voici le discours que prononça Miché Déon, son dernier Secrétaire particulier, le jour de la cérémonie de remise des clefs à la Ville de Martigues...

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    "Permettez-moi d'évoquer un souvenir qui a déjà près d'un demi-siècle.


    C'était à Tours, un matin affreusement grisâtre, sous un ciel si bas qu'il écrasait la ville.


    Toute la nuit, il avait neigé et le cortège qui accompagnait Charles Maurras à son dernier voyage pataugeait, transi, dans la boue.


    Le vieil et indomptable lutteur nous quittait, mais nous savions bien les uns et les autres qu'il n'était déjà plus avec nous.


    Certes, grande avait dû être sa tristesse de nous abandonner à nos tourments.


    Mais à la seconde où ses yeux se fermaient pour toujours, quelle joie avait dû s'emparer de son âme envolée à tire d'ailes vers la lumière de Martigues dont les servitudes de la vie l'avaient si souvent éloigné. Il n'était pas là dans ce triste cercueil, dans le froid et la neige, il était retourné à ses origines, à son étang de Berre qui, écrivait-il dans sa belle adresse aux félibres de Paris, le matin blanchit et le soir s'azure, qui de ses mille langues vertes lèche amoureusement le sable des calanques et ronge les rochers où l'on pêche le rouget *.


    La France avait été sa grande patrie aimée d'un amour si passionné qu'il s'autorisait à la rudoyer, la tancer de n'être pas toujours à la hauteur de ce qu'il attendait d'elle, mais la petite patrie, à laquelle il appartenait plus qu'à toute autre, n'avait connu de lui que les douceurs d'une pure piété filiale.


    Là, pour lui, s'arrêtaient les querelles des hommes.


    L'allée conduisant à sa bastide ne s'appelle-t-elle pas Le Chemin de Paradis, titre de son premier livre ? Cette minute où l'âme est enfin délivrée de ses colères et de ses joies terrestres, il ne l'avait jamais mieux exprimée que dans un poème écrit en prison**, publié sous le pseudonyme de Léon Rameau, ce rameau d'olivier tendu en signe de paix :



    Lorsque, enfin déliés d'une chair qui les voile
    Les bons, les bienfaisants bienheureux, les élus
    Auront joint le nocher sur la mer des étoiles,
    Le sourire du Dieu ne leur manquera plus.

    Mais sur les pauvres os confiés à la terre
    L'épaisseur de la nuit, le poids du monument,
    La sèche nudité de l'adieu lapidaire
    Font-ils la solitude et l'épouvantement ?

     

    Une œuvre, une action, un chant ne s'éteignent pas avec leur créateur quand ils ont ce serein espoir. Ils éclairent les générations à venir. Encore faut-il que ce qui n'a pas été gravé dans le marbre soit conservé. Dans ses dernières lettres de prison, Charles Maurras n'avait cessé de se préoccuper du sort de ses livres, des documents et des lettres qui avaient accompagné sa vie intellectuelle, sa quête de la vérité tout au long de l'histoire de France en ce terrible XXème siècle, le plus sanglant de l'histoire du monde.


    Il y avait là un trésor à classer, déchiffrer, commenter. La justice des hommes, si faillible, peut croire qu'une condamnation sans appel rayera de notre patrimoine une pensée fût-elle controversée ou exaltée.


    Vaine prétention !


    La pensée est comme l'arbre de vie : elle a ses racines dans la terre et tend ses branches vers le ciel.


    Dans l'histoire des civilisations, elle est le maillon d'une chaîne qui ne s'interrompra qu'avec la fin de l'humanité.


    Le temps voile ses erreurs passionnelles pour n'en conserver que l'essence.


    En sauvant les murs de la maison de Charles Maurras, en l'ouvrant à des chercheurs venus de tous les horizons politiques et humains, la Municipalité de Martigues exauce les vœux derniers d'un homme sur qui l'on voudrait faire croire que tout a été dit alors que tout reste à découvrir et à méditer.


    Succédant à Charles Maurras au seizième fauteuil de notre Académie française, cette Académie que Maurras appelait avec respect « sa mère », le duc de Lévis-Mirepoix terminait l'éloge de son prédécesseur par ces mots : Comme Socrate, il a encouru la colère de la Cité.


    Oui, mais pas la colère de sa Cité de Martigues.


    Soyez-en remercié, vous qui au nom de la liberté de penser, au nom de la poésie, avez su vous élever au-dessus des querelles de notre temps et reconnaître en cet homme debout un des grands philosophes politiques de notre temps, et un grand, un très grand poète."

    * Les trente beautés de Martigues
    ** Ainsi soit-il !

    lafautearousseau

  • Regard sur l’écologie, par Frédéric Winkler.

    « J’ai pu constater la dégradation des fonds marins. Et l’on ne peut nier la réalité du réchauffement climatique, quelles qu’en soient les causes. J’en ai vu les effets dans l’Arctique, lors d’un voyage… La superficie de la banquise est aujourd’hui bien moindre qu’il y a cent ans et les glaces sont moins compactes.
    Le réchauffement du climat est évidemment un phénomène planétaire, mais la France peut faire entendre sa voix dans les enceintes internationales et prendre les mesures qui s’imposent à l’échelle du pays, en faveur du transport ferroviaire et des énergies renouvelables, par exemple » (Jean, Un Prince Français)

    frédéric winkler.jpgL’environnement est trop souvent saccagé pour le besoin de « l’utile » (selon les critères de l’idéologie économique libérale comme la logique de la société de consommation) : destruction de la biodiversité, des forêts, bétonnisation des littoraux et des espaces ruraux, pollutions maritimes par les marées noires, pollutions atmosphériques, etc. Quant aux pollutions auditives, ondes, visuelles qu’elles soient de constructions où insolemment publicitaires (harcèlement publicitaire, où est la parole du citoyen !), etc., elles sont parfois complètement oubliées par les pouvoirs publics (complice ?) mais pourtant bien réelles !

    Revenons à la nature qui nous offre tout sauf une société égalitaire, les espèces vivent dans un équilibre hiérarchique, complexe et réglé, dans des écosystèmes qu’il est délicat de bouleverser. Point de gâchis car tout (ou presque) y est mangé et biodégradable. Une autre règle régit la vie animale, c’est l’incontournable loi de l’espace de vie ou plus exactement le territoire d’évolution comme de survie de chaque espèce. On s’aperçoit selon certaines études que l’homme est aussi soumis à cette règle fondamentale. Ainsi chaque peuple est fait pour évoluer, vivre et prospérer dans un espace donné. Les études de l’ethnologue Konrad Lorenz ont apporté des lumières sur le comportement animal et humain : « Tout ce que l’homme vénère et révère par tradition, ne représente pas une valeur éthique absolue, mais n’est sacré que par rapport au cadre de référence de telle ou telle culture […] Si les normes sociales et les coutumes ne développaient pas leur vie et leur pouvoir autonomes particuliers, si elles n’étaient pas haussées à la valeur de fins sacrées en soi, il n’y aurait pas de vie commune basée sur la confiance, pas de foi, pas de loi ». Les théories cosmopolites détruisent l’identité des peuples, n’oublions pas que Dieu n’a pas voulu de Babel dans la Genèse :
     
    « Le contraire donne irrémédiablement des conflits et les cultures viennent s’affronter pour amener comme résultat la soumission du perdant. La lutte collective d’une communauté contre une autre existe lorsqu’elles comportent trop d’individus pour que ceux-ci puissent se connaître tous individuellement » (Konrad Lorenz).
     
    Eloignons-nous des dangereuses utopies intellectuelles.
     
    QUELLE POLLUTION ?
     
    « Ah, mes amis! levez les yeux, levez vite les yeux vers le ciel pendant qu’il est encore bleu. Touchez la terre avant qu’elle s’effrite. Courez boire à la source avant qu’on l’empoisonne, vous baigner dans la mer avant qu’elle soit infestée. Mais surtout regardez vos enfants jouer avant qu’ils tombent en langueur, avant que leur sang tourne, avant qu’ils brûlent à petit feu. Vous avez peur qu’ils se mouillent les pieds, pauvres petits! Vous avez peur qu’ils manquent leur examen, pauvres enfants ! Mais des plaies savantes que leur préparent les chipoteurs d’atomes, vous n’avez nul souci, n’est-ce pas ? »( Lanza Del Vasto).
     
    Les puanteurs des voitures, des usines, de nos rues sales présagent de futures drames écologiques. Nos sociétés de consommation vivent dans l’opulence, qui n’a pas déjà vu jeter des tonnes de fruits parce qu’ils étaient simplement mûrs, donc déjà impropres à la vente ! Qui ne constate à maintes occasions le gaspillage, le mauvais recyclage et finalement le gâchis généralisé de tout ? Sait-on que l’on produit déjà dans le monde de quoi nourrir 13 milliards de personnes mais que près de la moitié de cette production est pourrie ou détruite avant d’avoir eu le temps d’être consommée. Le bruit aussi est une forme de pollution et n’est pas le moindre de nos maux, portant sur la santé psychique des habitants des grandes villes. La pollution des éléments naturels qui nous environnent ne cesse d’augmenter : son degré déjà alarmant sera multiplié à l’infini, par le simple principe de la Croissance. D’autant que cette pollution revêt de multiples formes, menaçant dangereusement nos santés comme nos vies : pollution atmosphérique des villes, plus insidieuse avec le nucléaire ; polluants dans nos eaux de robinets, régulièrement dénoncés en Bretagne ; nourriture dépourvue du nécessaire vital pour notre corps et souvent bourrée de produits chimiques (le cancer du tube digestif fait son chemin, cultures intensives appauvrissant les sols et détruisant l’humus, usage massif de produits phytosanitaires qui entraînent aussi la disparition des pollinisateurs, en particulier des abeilles, artificialisation des terres).
    « Par écologie, nous entendons la totalité de la science des relations de l’organisme avec l’environnement, comprenant au sens large toutes les conditions d’existence » (Haeckel).
     
    Or, justement, que constate-t-on, qui met en péril nos conditions d’existence ?
    Les techniques modernes d’insecticides et de pesticides déshumanisent la terre et la vie
    – pour faire du blé, aujourd’hui, il faut passer de trois à quatre traitements. Notre terre est déjà gravement malade. Le sol comprend 80% de biomasse vivante mais 90% des terres en chimie sont déjà mortes… La plupart des sols sont compactés, imperméables, l’eau ruisselle. Un sol sain, laisse respirer la terre, c’est un foyer de vie. Les paysages, la culture, la langue, comme notre alimentation subissent une volonté de standardisation, de normalisation. Il en va de même du calibrage des fruits et légumes, alors que la diversité, fruit de notre longue histoire commune fait notre spécificité comme notre richesse. Même les semences anciennes sont aujourd’hui marginalisées en France, voire interdites dans certains cas… Le désert avance sur les terres appauvries comme sur des campagnes remembrées. Celles-ci, ont vu la disparition des haies, talus, fossés qui, pourtant, assuraient une meilleure circulation des eaux et les catastrophes écologiques suivent (inondations, érosion, éboulements de terrain, coulées de boue…). L’appauvrissement des sols entraine une baisse de la production faisant suite à l’agriculture intensive, écoutons Claude Bourguignon : « Nous essayons de maintenir vivantes des plantes qui ne demandent qu’à mourir, tellement elles sont malades… Nous ne gérons plus la culture en Europe mais la pathologie végétale ». On nous vante un marché libre, en fait aux mains de multinationales qui utilisent le système libéral pour éliminer les petits producteurs, commerces et agriculteurs. Le consommateur n’aura bientôt plus le choix pour son alimentation. Où sera la liberté de choisir, lorsque sur les étals, il n’y aura plus qu’une seule sorte de pomme, de poulet, juste déclinées de façon multiple mais sans réelle diversité ??? Il en est de même pour le « prêt à penser ».
     
    Frédéric Winkler 
  • Pour réintroduire Maurras dans le paysage politique : état actuel des listes pour les prochaines Municipales à Martigues

    C'est donc à une sorte de feuilleton, à la découverte de l'homme Maurras, que nous allons vous entraîner, d'ici les prochaines élections municipales.

    Celles-ci, nous l'avons dit, seront peut-être décisives pour l'avenir de la Maison du Chemin de Paradis, fermé aux Français aujourd'hui par le dernier Mur de Berlin d'Europe : celui, invisible, du sectarisme haineux de la Mairie communiste, qui préfère laisser fermée (en attendant qu'elle ne s'écroule ?) une belle demeure qui pourrait être intégrée au réseau des Maisons des Illustres, et devenir un centre national et international de recherches et débats intellectuels de haut niveau sur Maurras, sa vie, son oeuvre; un lieu culturel vivant et rayonnant...

    Aujourd'hui : état actuel des listes pour les prochaines Municipales à Martigues...

    Jusqu'aux vacances de Noël, il y avait quatre listes en présence (voir notre note du 9 décembre : 09/12 : Municipales de mars à Martigues : les listes en présence à Martigues (pour l'instant...)

    Deux listes supplémentaires ont été annoncées depuis :

    5ème liste : Thierry Boissin (ci dessous) était d'abord parti avec Jean-Luc Cosme, qui, finalement, mènera une liste "sans étiquette", Boissin - qui se présente comme "progressiste" - menant, lui, une liste LREM/MODEM "Ecouter agir Martigues"

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    6ème liste : Bernard Niccolini (ci dessous) est en train d’installer son local de campagne au cœur du quartier de Ferrieres (le quartier de Maurras); il veut "faire changer le système" et promet "un mandat révolutionnaire". Sa liste s'intitulera ''Pour martigues 2020''.

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    Il s'annonce lui aussi soutenu par Larem : un flou artistique assez bizarre, puisque sur les documents officiels du parti macronien (ou macroniste ?), consultables sur internet, on voit aussi apparaître, dans la liste des candidats investis et soutenus par LaRem, une "Patricia Lopez, cheffe de file à Martigues (Bouches-du-Rhône, 13)" ? Qu'est-ce que cela veut dire, "cheffe de file", dans une ville, alors qu'on annonce, dans le même document que le candidat officiel de Larem est Thierry Boissin ? 

    Mystère...

    Ce qui est certain, c'est que ces deux listes (Boissin/Nicolini) et celle de Jean-Luc Cosme ne peuvent que prendre des voix à l'actuelle liste municipale d'union de la gauche (PCF/EELV/PS/LFI) de Gaby Charroux, et peut-être un peu à la liste Les Républicains : Macron ayant séduit une part de l'électorat de gauche, celui-ci restera-t-il, "perinde ac cadaver", derrière son maire, ou fera-t-il comme son président ?...

    Et cela, semble-t-il, ne peut qu'affaiblir un Gaby Charroux qui ne cesse de répéter qu'il "ira jusqu'au bout". Suffisant pour le faire perdre ? Il avait été réélu en 2014 avec un confortable 58,52% :

    Deuxième Tour 2014

    • M. Gaby CHARROUX LISTE UNION DE LA GAUCHE
      58.52 %
    • M. Cyril MARTINEZ LISTE FRONT NATIONAL
      22.99 %
    • M. Jean-Luc DI MARIA LISTE DIVERS DROITE
      18.47 %

     

    Par contre, ce que nous disent nos amis sur place - et que nous ne pouvons bien sûr pas répéter ici... - c'est qu'il est curieux de voir la constance avec laquelle "Gaby" dit et redit "j'irai jusqu'au bout"...

    Attendons encore un peu, pour voir si de nouvelles listes se déclarent, et si les électorats donnent des signes manifestes de mouvement.

    Pour nous, les jeux internes du Pays légal ne nous concernent pas, mais, pour ce qui est de Martigues, ils retiennent notre attention car nous maintenons notre reproche à l'actuelle équipe municipale : celui d'avoir délibérément laisser pourrir sur pied la belle bastide du Chemin de Paradis.

    Jamais aérée, jamais chauffée, dans une ville bâtie, non pas au bord de l'eau mais dans l'eau, comme le disait Alexandre Dumas, on imagine que le froid, l'humidité et tout ce qui va avec ont pu pénétrer à leur aise au coeur des boiseries, des pierres, du "liant", entraînant une dégradation pas forcément irréversible mais fatalement profonde du lieu (voir l'article révélateur de La Provence : La maison de Maurras est en piteux état, mais... à qui la faute ? A la Mairie, bien sûr !)

    Et l'actuelle équipe municipale a aussi fermé au public - un vrai scandale ! - non seulement la maison mais même le jardin, et cela depuis de nombreuses années. On nous accusera peut-être de faire un procès d'intention, mais nous sommes persuadés que, si la maison s'était écroulée - ou s'écroulait un de ces jours... - il y aurait des gens à qui cela ferait plaisir : rappelez-vous qu'un humoriste/voyou a osé chanter, dans le studio de France inter, au lendemain de l'incendie de Notre-Dame...

    Désolés, mais, nous, il y a des choses que nous n'oublions pas !

    lafautearousseau

  • Macron : le mensonge de trop, par Gregory Roose.

    Après avoir menti sur la dangerosité du coronavirus, sur les masques, sur les tests, après avoir infantilisé les Français, Emmanuel Macron a commis le mensonge en déclarant que le virus était « imprévisible ».

    Voici près d’un mois que la France entière est confinée. Seuls ceux qui font survivre le pays sont sommés de prendre le risque d’aller travailler, le plus souvent pour un maigre salaire. Hier, le Président de la République a annoncé au Français qu’ils étaient au milieu du gué : le confinement durera un mois de plus, marquant l’échec du pouvoir progressiste à les protéger autrement que par des moyens rudimentaires.

    Les conséquences pour notre économie seront catastrophiques, d’autant que d’autres pays d’Europe et du Monde, qui sont nous concurrents directs, sortiront de confinement plus rapidement. De nombreux Français se réveillent ce matin avec la gueule de bois. Seuls, reclus dans leur 16 m² au rez-de-Chaussée d’un immeuble défraîchi des années 80, il se sont levé tôt pour ne pas manquer les 25 minutes quotidiennes de soleil que laisse pénétrer les quatre imposantes colonnes minérales qui ferment la petite courette de cailloux qui prolonge l’unique fenêtre de leur studio. D’autres, entassés à cinq ou six dans leur appartement de 70 m² d’une ville de province, ne peuvent vraiment s’aérer ni pas profiter des paysages pourtant accessibles à 10 minutes de voiture. Des personnes âgées vivent seules chez elles, sans recevoir ni visite, ni courrier, ou si peu. Certaines sont peut-être mortes depuis des semaines dans la solitude et l’ignorance. Des infirmières, des médecins, des éboueurs, des caissières, des petits commerçants, artisans ou agriculteurs partiront ce matin au travail la boule au ventre, contraint et forcés d’aller travailler pour maintenir en vie un pays plongé dans un coma artificiel depuis près d’un mois…et pour un mois de plus.

    « Virus imprévisible ? » : la France était alertée en janvier des risques épidémiques liés au COVID-19

    A qui la faute ? Certainement pas la mienne, nous a dit Emmanuel Macron, qui s’en fendu d’un vague mea culpa censé reconnaître des « failles » collectives. Dans son discours, le président de la République a prononcé un mot de trop en déclarant que le virus est, « redoutable, invisible, imprévisible ». Imprévisible ? C’est le mensonge de trop. Emmanuel Macron et son gouvernement savaient depuis, au minimum, le 5 janvier 2020, qu’un nouveau virus potentiellement dangereux circulait en Asie du Sud-Est, date à laquelle l’Organisation mondiale de la santé (OMS) s’est fendu d’un communiqué par lequel il indique être informé depuis le 31 décembre 2019 « de cas de pneumonie de cause inconnue détectés dans la ville de Wuhan, dans la province du Hubei, en Chine ». Le communiqué poursuit en alertant sur « le fait que 44 cas de pneumonie nécessitant une hospitalisation soient survenus de façon aussi rapprochée dans l’espace et le temps devrait inciter à la prudence ». Le 10 janvier 2020, l’OMS publie un ensemble complet d’orientations techniques en ligne ainsi que des conseils à l’intention de tous les pays sur la manière de détecter, de dépister et de prendre en charge les cas potentiels. Fin janvier, elle déclare une urgence de santé publique internationale (USPPI). C’est à partir de cette date que le gouvernement aurait du, s’il ne l’avait pas déjà fait, des mesures concrètes pour anticiper les conséquences d’un risque pandémique fort.

    En l’absence de masques et de tests, le gouvernement va infantiliser et mentir aux Français

    C’est à ce moment précis que le gouvernement français devait reconstituer son stock de masques, prévoir une réquisition des industries capables de produire des respirateurs et matériels de protection en cas de besoin, élaborer des scénarios de réaction face au risque désormais très sérieux de pandémie, augmenter les moyens et accélérer la recherche sur ce virus encore méconnu mais sujet à de très vives inquiétudes au niveau international. Pourtant, il n’a pas pris toute la mesure du risque. Pis, il l’a minimisé, endormant les Français pendant de longues semaines sur sa viralité et sa dangerosité discriminante. L’ancienne ministre de la Santé déclarait, fin janvier que le risque de propagation du Coronavirus était « quasiment nul » en France. Quinze jours plus tard, alors qu’il fait son entrée en France, la même Agnès Buzyn abandonne le navire pour s’engager dans une course aussi vaine que désespérante à la mairie de Paris. Le 7 mars, Emmanuel Macron se rend au théâtre « pour inciter les Français à sortir malgré le coronavirus ». Une semaine plus tard, il annoncait les premières mesures drastiques de confinement à l’échelle nationale.

     

    Le gouvernement n’a pas pris toute la mesure du risque. Pis, il l’a minimisé, endormant les Français pendant de longues semaines sur sa viralité et sa dangerosité discriminante

    Grégory Roose

     

    Combien de contaminations auraient pu être évitées pendant ce laps de temps si les Français avaient été correctement informés et préparés au pire ? Le Gouvernement, par la voix de sa porte-parole, Sibeth Ndiaye, leur a assené que « les Français ne pourront pas acheter de masque dans les pharmacies, car ce n’est pas nécessaire si l’on n’est pas malade ». En réalité, la France n’avait plus de stock de masques. Le Gouvernement étant incapable d’en fournir aux Français, il choisi de les infantiliser, de leur mentir. Finalement, Macron déclarait hier soir que «  l’État, à partir du 11 mai, devra permettre à chacun de se procurer un masque » dont l’usage « pourra devenir systématique ». La même petite musique irresponsable a été entonnée concernant la politique des tests. Le gouvernement s’y est longtemps refusé, prétextant de divers motifs, par manque de matériel. Au même moment, chez nos voisins allemands, le test est pratiqué à grande échelle, ce qui permet aux autorités allemandes de détecter précocement les infections, même chez les patients asymptomatiques, de les isoler et de contenir la propagation de la maladie.

    Aucun gouvernement ne résiste à une « guerre » qu’il n’a pas su anticiper. Des comptes seront à rendre à la sortie de cette crise pour préparer le « monde d’après »… en l’absence des gouvernants du monde d’avant.

    Grégory Roose

     

    http://gregory-roose.fr/

  • L’enjeu Africain ! par Christian Vanneste

    On se demande pourquoi il reste encore un seul Français pour soutenir un pouvoir dont le bilan est calamiteux. Il se voulait exemplaire et les démissions se multiplient dans un bruit persistant de casseroles. Il se voulait réformateur et efficace. Les résultats de la France dont la dette vient de passer les 100% du PIB sont moins bons que ceux de nos voisins et partenaires. Qui plus est, la méthode employée pour la réforme des retraites a été dévastatrice. On pouvait penser qu’avec sa maîtrise de l’anglais, Macron existerait sur la scène internationale. Sa provocation sur l’OTAN en mort cérébrale a montré au contraire à quel point il était isolé. Et cela s’est produit au moment même où 13 de nos soldats mouraient au Mali dans une guerre sans fin.

    VANNESTE.jpgLe successeur du général de Villiers, comme chef d’état-major des armées, François Lecointre a déclaré :  » si nous laissons le chaos s’installer, les États sahéliens vont s’effondrer sur eux-mêmes, laisser la place à l’État islamique, ce qui provoquera une pression migratoire sur l’Europe, avec tous les risques populistes que cela entraînera. » On observe dans cette phrase un enchaînement logique : la lutte contre les rebelles islamistes sahéliens protège les Etats fragiles de cette région. Si ceux-ci étaient renversés par les islamistes, il y aurait de nombreux réfugiés en Europe et une réaction populiste des peuples européens. Mais on remarque aussitôt que cette logique est plus politique que militaire :  elle reprend les discours du Président, et du Ministre des Affaires étrangères, et désigne le populisme comme danger ultime. Que vient faire le populisme ici ? L’ennemi que combat l’armée française est le djihadisme. Le « populisme » est un adversaire politique du pouvoir français que le général Lecointre devrait servir, si les Français lui confiaient le destin du pays. Ce n’est pas un risque mais un choix démocratique qui sort du champ réservé au militaire. Le populisme, c’est la volonté du peuple de faire entendre ses priorités comme souverain légitime d’une démocratie. Qu’il veuille préserver son identité et s’opposer à l’invasion migratoire est un choix légitime et non un danger qui justifierait curieusement qu’on s’oppose au djihadisme, comme péril secondaire. Le refus de l’immigration africaine, et singulièrement musulmane, n’a pas attendu les vagues migratoires issues du « printemps arabe » pour s’exprimer. C’est le remplacement de population qu’on constate à l’oeil nu dans les grandes villes, et que les chiffres des naissances confirment, qui depuis longtemps suscite une condamnation de la politique française, sans lien avec la guerre au Sahel

    C’est maintenant, dans l’année qui vient, que se joue l’avenir du Sahel » a ajouté le général Lecointre, annonçant qu’on allait passer à la vitesse supérieure, et se montrant pessimiste si la solution politique favorisée par la maîtrise militaire du champ de bataille n’apparaissait pas au cours de cette année « charnière

    Or, la situation au Sahel a de quoi rendre pessimiste. Sur le plan militaire, les armées des Etats du Sahel, à l’exception de celle du Tchad, peut-être celle de la Mauritanie, récemment formée et équipée et qui a remporté des succès sur le terrain, ne sont pas capables d’affronter les djihadistes. Les 71 morts et les 30 disparus (?) de l’armée nigérienne à la suite d’un raid djihadiste à Inates viennent encore de le démontrer tragiquement. Les moyens que l’armée française déploie dans le cadre de l’opération Barkhane sont sans proportion avec l’enjeu : 4500 hommes, 200 blindés, 6 avions de combat, une vingtaine d’hélicoptères et quelques drones. Elle reçoit l’aide de quelques dizaines de Britanniques et d’Estoniens des forces spéciales. Par ailleurs, au Mali, la MINUSMA intervient au nom des Nations Unies notamment pour maintenir l’ordre et la sécurité dans les villes et soutenir le gouvernement légitime. Elle mobilise 16 000 hommes essentiellement des militaires et des policiers venant de près d’une cinquantaine de pays, avec une dizaine de gros contributeurs, dont des pays d’Afrique francophone, du Sahel en particulier, et, il faut le souligner, un millier d’Allemands. La France n’est pas seule mais c’est elle qui assure les missions les plus dangereuses pour entraver au nord du Mali et au Niger le passage des armes et des combattants depuis la Libye. Quant à la poussière d’unités venant du bout du monde, par exemple de Chine ou du Bangla Desh islamiste, on peut s’interroger sur les raisons de leur présence et sur l’efficacité de ce type de mosaïque militaire déployée par l’ONU qui n’a jamais fait ses preuves. La France déplore 41 morts depuis l’opération Serval, la Minusma, 198. Peut-on espérer des résultats définitifs sur un territoire de près de 5 millions de KM2, dont 1,2 pour le seul Mali alors que l’ennemi qui ne comprend que quelques milliers de combattants est véloce et furtif, bénéficie de soutiens dans la population et utilise les antagonismes tribaux ?

    Sur le plan politique, la fragilité des Etats issus d’une décolonisation menée au pas de charge est un handicap considérable. Le Mali, le Niger, le Tchad ont leur capitale au sud de pays immenses dont les populations sont diverses et souvent opposées, comme les Touaregs du Nord et les Bambaras de Bamako, sans compter les Peuls au Mali. Bâtir des démocraties libérales dans un tel contexte est une illusion. La présence d’armées étrangères dans ces pays musulmans dont les peuples ont appris de leurs gouvernements souvent corrompus que tous leurs malheurs venaient de la colonisation présente un risque majeur : celui d’un basculement de la population. Des manifestations ont déjà visé les troupes françaises. Des Maliens nombreux réfugiés en France et des soldats français risquant leur vie au Mali pour y assurer la paix, avec un courage et une intelligence qui compensent la faiblesse des moyens, et qui se font insulter sur place, c’est insoutenable !

    Si l’espoir d’assurer la consolidation des gouvernements dans cette région du monde doit demeurer modeste, il y a une  priorité stratégique qui peut seule mettre fin au djihadisme : il faut rétablir le verrou que constituait la Libye de Kadhafi. Celui-ci avait des visées d’expansion qui nous avaient amenés à le combattre au Tchad, mais il s’opposait aux islamistes et contrôlait la marqueterie tribale de son pays. L’intervention en faveur de ses ennemis, notamment les Frères musulmans de Misrata, a été plus qu’une faute. Il est indispensable que la Libye retrouve un régime fort sur l’ensemble de son territoire. C’est la clef de la pacification du Sahel !

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  • Le 6 avril 2020 le génocide du Rwanda sera une fois encore commémoré à travers une histoire fabriquée, par Bernard Lugan

    Le 6 avril 2020, c’est une nouvelle fois à travers l’histoire fabriquée par le régime du général Kagamé que va être commémoré le 26° anniversaire du génocide du Rwanda. Une histoire dont les trois principaux piliers ont pourtant été pulvérisés par l’historiographie. Ainsi :

    1) Contrairement à ce qu’affirme cette histoire fabriquée, ce ne sont pas les « extrémistes hutu » qui ont abattu l’avion du président Habyarimana.

    Bernard Lugan.jpgLe génocide du Rwanda ayant été déclenché par l’assassinat du président Habyarimana, l’impératif était donc de connaître les auteurs de ce crime. Or, les alliés du général Kagamé, Etats-Unis et Grande-Bretagne, ont interdit au TPIR (Tribunal pénal international pour le Rwanda) dépendant du Conseil de Sécurité de l’ONU (Résolution 955 du 8 novembre 1994), de chercher à les identifier.

    Quant à la justice française, seule à avoir enquêté sur cet attentat, elle s’est prudemment défaussée après 21 ans d’accumulation d’éléments semblant pourtant désigner le camp du général Kagamé. Le 21 décembre 2018, suivant en cela les réquisitions du Parquet, elle a ainsi rendu un insolite non-lieu concernant les hauts cadres du général Kagamé que le juge Bruguière accusait d’être les auteurs ou les commanditaires de l’attentat du 6 avril 1994. Insolite en effet car :

     

    1) Les magistrats écartent la piste des « extrémistes hutu », innocentant ces derniers de toute responsabilité dans l’attentat qui déclencha le génocide.

     

    2) Ils énumèrent en revanche, et en détail, les nombreux éléments du dossier paraissant désigner à leurs yeux l’équipe du général Kagamé comme étant à l’origine de cet attentat.

     

    3) Mais, in fine, les deux magistrats instructeurs prennent étrangement le contre-pied du déroulé de leur propre argumentation pour conclure que « L’accumulation (je souligne) des charges pesant sur les mis en examen (les membres du premier cercle du général Kagamé mis en examen par le juge Bruguière le 17 novembre 2006) (…) ne peut pas constituer des charges graves et concordantes permettant de les renvoyer devant la cour d’assises ». 

    Utilisant la seule conclusion de ce singulier non-lieu en taisant soigneusement la liste des charges l’impliquant énumérées par les magistrats français, le régime de Kigali affirme avec un singulier aplomb qu’il n’est donc pour rien dans l’attentat du 6 avril 1994. Cela lui permet de continuer à soutenir que ce furent les « extrémistes hutu » qui commirent l’attentat alors que rien, ni dans le dossier de la justice française ainsi que nous venons de le voir, ni dans la monumentale masse de documentation étudiée par le TPIR, ne conduit à cette piste. D’autant plus que, présenté par l’histoire fabriquée comme étant l’ « architecte du génocide », donc comme celui qui l’aurait déclenché en faisant abattre l’avion du président Habyarimana, le colonel Bagosora a été totalement lavé de cette accusation par le TPIR :

    « No allegation implicating the Accused (Bagosora) in the assassination of the President is to be found in the indictment, the Pre-Trial Brief or any other Prosecution communication. Indeed, no actual evidence in support of that allegation was heard during the Prosecution case. » (TPIR- Decision on Request for Disclosure and Investigations Concerning the Assassination of President Habyarimana (TC) 17 october 2006).

     

    2) Contrairement à ce qu’affirme l’histoire fabriquée, le génocide n’était pas programmé.

    Si le régime de Kigali continue à affirmer contre toute vérité que ce furent les « extrémistes hutu » qui commirent l’attentat du 6 avril 1994, c’est parce que ce postulat couvre le cœur de leur mensonge historique qui est que ces mêmes « extrémistes hutu » ayant programmé le génocide, l’assassinat du président Habyarimana allait leur permettre d’avoir les mains libres pour le déclencher.

    Or, ces « extrémistes hutu » qui, comme nous l’avons vu, ne sont pas les auteurs de l’attentat qui coûta la vie au président Habyarimana, n’avaient pas davantage programmé le génocide.

    Ce point essentiel a été définitivement établi devant le TPIR dont le Procureur n’a pas été en mesure de prouver l’existence d’une entente antérieure au 6 avril 1994 en vue de planifier et d’exécuter le dit génocide, ce qui a naturellement conduit à l’acquittement des principaux accusés de ce chef d’accusation majeur. Pour plus de détails à ce sujet on se reportera aux jugements dans les affaires Bagosora, Zigiranyirazo, Bizimungu, Ngirumpatse et Karemera que je présente dans Dix ans d’expertises devant le Tribunal Pénal International pour le Rwanda.

    Dans ces conditions, comme le génocide du Rwanda n’était pas programmé, nous en revenons donc à la question essentielle qui est de savoir qui a tué le président Habyarimana puisque ce meurtre fut l’élément déclencheur d’un génocide « improvisé » après le 6 avril 1994 par certains de ses partisans rendus hystériques par son assassinat.

     

    3) Contrairement à ce qu’affirme l’histoire fabriquée, dans la nuit du 6 au 7 avril 1994, quand il reprit unilatéralement la guerre, le but du général Kagamé n’était pas de sauver des vies, mais de conquérir militairement le pouvoir.

    Toujours selon l’histoire fabriquée, le général Kagamé fut contraint de violer le cessez-le-feu en vigueur afin de sauver les populations du génocide. Or, une fois encore devant le TPIR, il a été établi que :

    - Cette offensive fut lancée dès l’annonce de la mort du président Habyarimana, donc plusieurs heures avant les premiers massacres.

    - Cette offensive contre l’armée nationale rwandaise désemparée par la mort de son chef d’état-major tué dans l’explosion de l’avion présidentiel, et dont l’armement avait été consigné par l’ONU dans le cadre du cessez-le-feu et des accords de paix, avait été minutieusement préparée depuis plusieurs semaines, les forces du général Kagamé n’attendant qu’un signal pour marcher sur Kigali.

    - Afin de provoquer le chaos, les forces du général Kagamé attaquèrent en priorité les casernements de la gendarmerie afin d’interdire à cette dernière de rétablir la sécurité dans la ville de Kigali, ce qui était sa mission. Voilà pourquoi, dès le 7 avril, avant la vague des premiers massacres, le poste de gendarmerie hautement stratégique de Remera fut pris d’assaut. Quant au camp Kami, principale emprise de la gendarmerie à Kigali, fixée dans sa défense, sa garnison fut donc dans l’incapacité d’intervenir dans la ville pour y mettre un  terme aux massacres.

    Ces points fondamentaux réduisent à néant l’histoire officielle fabriquée par le régime du général Kagamé. Or, comme ils sont systématiquement ignorés par les médias, c’est donc une fausse histoire du génocide du Rwanda qui sera une fois de plus commémorée le 6 avril 2020.

    Pour en savoir plus sur la construction et la déconstruction de cette fausse histoire, en plus du PDF : Dixans d’expertises devant le Tribunal Pénal International pour le Rwanda, on se reportera à mon livre intitulé Rwanda : un génocide en questions.

    Bernard Lugan

  • Contre le Covid-19, la crécelle, (ou contre la lèpre, le tracking), par Hildegarde.

    3408130272.4.jpeg« Le confinement est une mesure du Moyen âge » ainsi qualifie la gestion de la crise sanitaire Eric Zemmour pour marquer la déconfiture des pouvoirs publics. Nous pourrions lui opposer que le confinement n’est pas, seulement, une mesure du Moyen âge ; il fut en effet le seul moyen jusqu’au… XIXe siècle. Mais là n’est pas le propos. Si nous observons globalement ce que fut ce confinement, il ne fut jamais (à notre connaissance) général mais proportionné. Même lors des grandes épidémies (notamment variole au IIe siècle, lèpre au Moyen-âge, peste au XIVe siècle, syphilis au XVe, fièvre jaune au XVIIe, choléra au XIXe…) le confinement fut ciblé. Ainsi on isolait un quartier voire une ville, une région, un bateau ou l’on isolait les malades (lazarets, léproserie, sanatorium…). Par opposition, Eric Zemmour prend pour exemple la Corée du Sud qui précisément pratique le confinement… du Moyen âge !

    Ce qui est hallucinant et nouveau est la politique de confinement global  !

    Concernant les masques  : Ils existent depuis le XVIIe siècle  ! Ce qui est d’ailleurs surprenant quand nous savons que les microbes ont été découverts au XIXe. Ceux-ci étaient, il est vrai, suspectés depuis fort longtemps  puisque les Romains y avaient déjà songé. Les masques furent utilisés par les «  médecins de peste  » ainsi que des grandes chasubles que l’ont pourrait comparer à nos surblouses  ! L’efficacité ne fut pas prouvée pour la peste mais la contagion était tout autre et la létalité infiniment supérieure (100 % pour la peste pulmonaire  !) 

    Que nous reste-t-il pour le COVID 19 qui soit différent des siècles précédents  ? Les tests et le tracking  ?

    Ce tracking rappelle les fameuses crécelles utilisées par les lépreux que l’on confinait mais qui pouvait exceptionnellement se déplacer dès lors qu’ils agitaient une crécelle pour signaler leur venue. L’application tracking n’est donc qu’une crécelle connectée  ! Le diagnostic de la lèpre dès lors qu’elle en était au stade des lésions était simple mais qu’en est-il du diagnostic du COVID 19  ? Les signes sont multiples et les tests fiables à environ 50 % (les pourcentages sont incertains également avec les faux négatifs et les faux positifs) Aussi si nous supposons qu’un nombre suffisant de personnes signalent leur infection, nous pouvons douter de son efficacité même si nous admettons sa légitimité.

    Au fond que reste-t-il en attendant les tests sérologiques et les vaccins véritables progrès contemporains  ?  : Le traitement  !

    Il est assez incompréhensible à nous autres béotiens de constater les décisions prises par nos éminents « experts  ». Le Pr Raoult et son équipe propose un traitement en début des symptômes  : Ils sont autorisés en phase critique à l’hôpital ;nous aurions pu pratiquer un confinement ciblé  : tout le monde est confiné  ; nous aurions pu avoir des masques  : nous n’en avons pas  ; nous pourrions utiliser les laboratoires vétérinaires pour les tests PCR  : ils attendent toujours l’autorisation de la technostructure…

    Nous aurions pu laisser aux médecins de ville la capacité de prescrire le seul traitement existant (Hydrochloroquine + azithromycine)  : la ministre de la santé a curieusement fait passer en janvier le plaquénil dans la catégorie des poisons. En revanche un décret autorise le rivotril (antiépileptique) pour sédater les malades du COVID 19. Le Vidal a inscrit son indication sous la forme suivante  :• RIVOTRIL 1 mg/mL solution à diluer injectable en ampoule (clonazépam) : autorisation de prescrire et de délivrer ce médicament hors AMM, pour prendre en charge la dyspnée ou la détresse respiratoire chez les patients COVID-19 ou suspects, dont l’état clinique le justifie ;

    «  Prendre en charge la dyspnée (difficulté respiratoire NDLR) ou la détresse respiratoire  »  ! Le rivotril est contre indiqué dans toutes les maladies respiratoires (et nous vous invitons à aller voir la liste des contre-indications par ailleurs) La pilule est amère (formule à prendre au sens propre comme au sens figuré)  ! `

    Enfin, la période légale des avortements a été prolongée de 15 jours sans aucun débat parlementaire ni avis du comité national d’éthique. L’IVG médicamenteuse a elle aussi été prolongée de 15 jours à domicile. On remarque que l’une des substances (Misoprostol) peut provoquer  : «  spasme coronarien, infarctus du myocarde, accident vasculaire cérébral  » (Vidal). «  Etonnant non  » aurait dit Desproges  : Le plaquénil aux effets secondaires légers est interdit car dangereux nous répète-t-on sur toutes les chaines d’info maisle misoprostol est lui autorisé laissant la femme seule chez elle face à un risque considérable…

    Pour conclure, tous les croyants sont passés à la trappe, eux pour qui la nourriture de l’âme est au moins aussi importante que la nourriture du corps. Les pasteurs (toute religion confondue) sont confinés. 

    Notre société face à un phénomène qui la dépasse utilise des armes bien étranges. Non, Monsieur Zemmour su ce point je ne suis pas d’accord avec vous  : Nous ne sommes pas à la hauteur du Moyen Age  !

  • Ce Système dont nous ne voulons plus...

    Par Jean-Philippe Chauvin 

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    En juin 1980, le journal Royaliste titrait, sur fond de Marianne vacillante : « Qui croit encore au système ? » : nous étions en pleine Giscardie, et les contestations restaient vives, dans le même temps que les Gauches s'apprêtaient à accéder au pouvoir, pour la première fois sous la Cinquième République, et soufflaient constamment sur les braises, s'enivrant de grands mots et de slogans qui se voulaient encore « révolutionnaires ».

    Les royalistes n'étaient pas les derniers à contester la présidence de « Foutriquet », selon le mot du philosophe Pierre Boutang, et à prôner un changement de tête, en attendant et en préparant un changement dans les institutions, certains en approfondissant celles de la Cinquième, « de la monarchie élective à la monarchie héréditaire et arbitrale » et d'autres, plus rudement, en renversant l'ordre centraliste, « de la République jacobine à la Royauté fédérale des peuples de France ». Mais tous pouvaient se reconnaître dans le titre de Royaliste, et, près de quarante ans après (ces fameux « quarante ans » que les Gilets jaunes évoquent comme un véritable mantra), après ces quatre décennies sans doute perdues pour la France (sauf peut-être sur la question de la décentralisation, avec les lois de 1982 et de 2004), ce titre paraît tout à fait adapté à la situation ! 

    Bien sûr, il paraît nécessaire de définir ce que l'on peut nommer « système » pour éviter tout malentendu et toute illusion, et ne pas se tromper ni de cible ni d'enjeu. Le « système », c'est d'abord un état d'esprit libéral (au sens le plus extrême du terme) mis en pratique par le jeu d'institutions de moins en moins politiques et de plus asservies par les féodalités financières et économiques, de la République à l'Union européenne, et c'est surtout l'imposition d'une « gouvernance mondialisée » symbolisée et représentée par le pouvoir de grandes villes-monde ou d'immenses zones métropolisées qui n'ont plus guère de rapports avec les pays et les populations historiques sur lesquelles elles vivent, souvent à leur dépens, comme du temps de la romanisation antique. Le système, c'est ce carcan de la démocratie dite représentative de plus en plus lointaine pour ceux qu'elle prétend représenter sans leur laisser le droit à la libre parole, et qui est aux mains de partis et de notables de moins en moins représentatifs des réalités sociales de notre pays ; c'est ce que l'on pourrait nommer « le pays légal », celui des élus, des parlementaires (qualifiés souvent de « parlementeurs », comme en février 1934 ou dans les années 1950, avant le retour du général de Gaulle) et des ministres, mais aussi des syndicats, des médias ou des artistes de la société du spectacle, vitrine de la société de consommation. 

    Au regard des derniers événements, l'on peut aisément constater que ce système, qui porte aujourd'hui le nom « synthétique » de « République » et qui a peu à voir avec le sens premier de ce mot, la « Res publica » (la chose publique, ou la communauté publique, de la Cité), se défend bien à défaut de bien gouverner : la célèbre formule d'Anatole France, l'auteur du conte si peu républicain « L'île des pingouins », reste actuelle, et les méthodes du Sinistre de l'Intérieur, M. Castaner, démontrent à l'envi ces procédés de « basse police » qui vont si bien à ce système qui, à défaut d'être bien aimé, entend forcer les citoyens à l'accepter sans contester.

    images.jpgLes diverses limitations de la liberté d'expression, les censures insidieuses ou les manipulations nombreuses, sans oublier les nouveaux moyens de la répression courante, des charges en moto (que j'avais, un des premiers, évoquées dans mon témoignage sur les événements parisiens du samedi 1er décembre) aux blocages de bus de manifestants bien en amont de Paris, de l'usage (inédit en ville depuis 2005) des blindés frappés de l'écusson de l'Union européenne (tout un symbole !) aux jets inconsidérés de gaz lacrymogène sur des manifestants un peu trop joyeux (comme place de l'Opéra samedi 15 décembre), sans oublier les projets ministériels et gouvernementaux de limitation légale du droit de manifester, tout cela marque une radicalisation d'un Système aux abois, furieux de s'être laissé bousculer par des « manants en gilets jaunes », sortis des profondeurs d'un « pays réel » négligé, voire oublié des « élites » (sic) tout d'un coup empêchées de « mondialiser en rond », selon l'heureuse expression d'un commentateur radiophonique... 

    les-manants-du-roi-979181-264-432.jpgEn d'autres temps, Jean de La Varende, écrivain enraciné de Normandie, avait réhabilité le sens du mot « manant », en rappelant sa véritable et historique signification : « des manants, le beau mot qui réunissait gentilshommes et terriens... de maneo : je reste, je persévère et j'attends. Les autres pouvaient fuir ; pouvaient courir où l'on se divertit : à eux, les manants, de continuer, d'assurer. » 

    35282784_524232294690752_2201719867948662784_o.jpgAlors, oui, en nous souvenant d'où nous venons et qui nous sommes, il nous est possible et fort légitime de revendiquer, face à un système féodal-libéral inquiet de ne plus être « la seule alternative » chère à Margaret Thatcher, d'être « les manants du roi », non pour détruire ce qui s'effondre, mais pour fonder un nouveau pacte social et politiquement royal, à l'écoute et au service de tous, cette alliance de l'Autorité nécessaire au sommet et des libertés garanties à la base, cette nouvelle arche française prête à affronter les tempêtes de ce « monde global » et de son « globalitarisme » néfaste pour les hommes comme pour la planète toute entière : pour ramener les Fouquet contemporains à la raison, il nous faut un « Louis XIV institutionnel », non un tyran mais un roi « protecteur des hommes et défenseur de la paix ». 

    La Monarchie n'a pas de sceptre magique, mais elle est la meilleure arme contre les spectres d'une mondialisation devenue folle d'avoir toujours eu tort... ■  

    Le blog de Jean-Philippe Chauvin

    A lire dans Lafautearousseau

    Au fait, qu'est-ce que le « Système » dont nous parlons ? Essai de définition ...

  • Sahel, le point sur la situation : ”Sans prise en compte de l’histoire, la guerre du Sahel ne pourra pas être gagnée”, B

    (lu - avec intérêt... - sur la page fb de Stéphane Blanchonnet)

     

    Lundi 19 août 2019, une nouvelle et importante attaque des GAT (Groupes armés terroristes) menée dans le nord du Burkina Faso, a fait des dizaines de morts, de blessés et de disparus dans les rangs de l’armée burkinabé.
    Pourquoi, six ans après la chevauchée de Serval, un conflit au départ localisé au seul nord-est du Mali, limité à une fraction touareg et dont la solution passait par la satisfaction de revendications politiques légitimes, s’est-il transformé en un embrasement régional paraissant échapper à tout contrôle ?

    La réponse tient en deux points :

    1) En 2013, pour obtenir une victoire totale, il eut fallu conditionner la progression de Serval et la reconquête des villes du nord du Mali à des concessions politiques du pouvoir de Bamako. Les décideurs français ne l’ont pas voulu.

    2) Ceux qui ont défini la stratégie française dans la BSS (Bande sahélo saharienne) ont choisi les nuées contre le réel, à savoir l’illusion de la démocratie et le mirage du développement.
    Or, en Afrique, comme démocratie = ethno-mathématique, les ethnies les plus nombreuses remportent automatiquement les élections. Conséquence, au lieu d’éteindre les foyers primaires des incendies, les scrutins les ravivent ou les maintiennent en activité.
    Quant au développement, tout a déjà été tenté en la matière depuis les indépendances. En vain. D’ailleurs, comment les politiques, les médias et les « experts », peuvent-ils encore oser parler de développement, alors qu’ils savent que la suicidaire démographie africaine en vitrifie par avance toute éventualité ?

    Dans l’état actuel de la situation sécuritaire dans la BSS, le retour au réel est plus que jamais une urgence afin d’identifier les causes profondes de la conflictualité à laquelle nos Forces sont confrontées. Elles ont en effet un besoin vital de cette lisibilité que seule la connaissance du passé permet d’obtenir.
    L’histoire régionale nous apprend ainsi que les actuels conflits ne sont pas une nouveauté. Résurgences de ceux d’hier, ils s’inscrivent dans une longue chaîne d’évènements expliquant les antagonismes ou les solidarités d’aujourd’hui.

    Quelques exemples :

    1) A l’ouest du lac Tchad, à partir du Xe siècle et durant plus d’un demi-millénaire, se succédèrentroyaumes et empires (Ghana, Mali et Songhay). Tous contrôlaient les voies méridionales d’un commerce transsaharien articulé et même ancré sur des villes-marchés mettant en contact le monde soudanien et le monde méditerranéen. Quand ils étaient forts, ils se faisaient respecter par les éleveurs nomades, leur interdisant de razzier les agriculteurs sédentaires.

    2) Après la destruction de l’empire Songhay par le Maroc en 1591, à l’exception des Bambara au nord et des Mossi au sud, les peuples sédentaires de la région ne constituèrent plus de véritables États. Tant chez les Songhay que chez les Djerma, la vie en société ne fut plus dès-lors organisée qu’autour de villages ou de regroupements de villages incapables de se défendre contre la razzia nomade.

    3) A la fin du XVIIIe siècle et durant le XIXe, les populations sédentaires de l’ouest du Sahel subirent l’expansion des nomades Peul, mouvement dévastateur qui se fit avec l’alibi de la religion. Trois jihadpeul ou apparentés bouleversèrent alors la marqueterie ethno-politique régionale. Celui d’Ousmane (Othman) dan Fodio se fit en pays Haoussa, celui de Seku Ahmadou au Macina et celui d’El-Hadj Omar en pays bambara. Du haut Sénégal à la région tchado-nigeriane, ce ne fut alors que désolation, pillage, massacre et mise en esclavage.

    4) Aujourd’hui, dans tout l’ouest africain, ces terribles épisodes sont encore très présents dans les esprits. Leur souvenir constitue le non-dit, et souvent même le véritable soubassement des actuels affrontements ethniques baptisés « communautaires » par idéologie, « pruderie » ou « prudence »… Or, en ne nommant pas les choses, l’on en perd le sens.
    En effet, pour les Peul et pour ceux qui se réclament de la « peulitude », Ousmane (Othman) dan Fodio, Seku Ahmadou et El Hadj Omar sont des héros. Les Bambara, Dogon, Mossi, Djerma, Songhay et autres, les voient tout au contraire comme des conquérants esclavagistes cruels et sanguinaires dont l’impérialisme pillard était camouflé derrière un pseudo-justificatif religieux.
    Voilà défini l’arrière-plan des actuels conflits du Macina et du Liptako amplifiés par la surpopulation et la péjoration climatique. Refuser de le voir ou considérer cela comme « anecdotique » va, tôt ou tard, conduire à de nouvelles « désillusions » et, hélas, à de nouvelles pertes cruelles.

    5) Avant la colonisation, accrochés à la terre qu’ils cultivaient, les sédentaires du fleuve et de ses régions exondées étaient pris dans la tenaille prédatrice des Touareg au nord et des Peul au sud. Pour survivre, ils constituèrent alors de complexes réseaux d’alliances ou de solidarités. Ayant traversé le temps, ils permettent d’expliquer pourquoi certaines « communautés » se rangent aujourd’hui du côté des GAT, quand d’autres les combattent.
    Ainsi, comme les raids des Touareg s’exerçaient depuis le désert au nord du fleuve Niger et ceux des Peul à partir des trois émirats du Dallol, du Liptako et du Gwando, afin d’être épargnés, les sédentaires devinrent les tributaires des premiers ou des seconds :

    - À l’ouest, les Songhay choisirent d’être ceux des Touareg, lesquels, en échange, protégeaient leurs villages des attaques des Peul. Entre Gao et Ménaka, au fil du temps, certains des tributaires songhay s’assimilèrent quasiment à leurs protecteurs Touareg. Les Imghad le firent ainsi aux Touareg Ifora et les Daoussak aux Touareg Ouelleminden Kel Ataram. Comme la rive nord leur était tributaire, c’était donc sur la rive sud du Niger que les Touareg menaient leurs razzia, avec pour alliés les piroguiers-pêcheurs Kourtey (Kourteis) vivant entre Ayorou et Say.

    - Plus à l’est, toujours sur la rive nord du fleuve Niger, les Djerma étaient dans la même situation que leurs voisins songhay mais, en fonction de la localisation géographique des prédateurs nomades, ils choisirent deux systèmes différents de protection. C’est ainsi que les Djerma du sud devinrent tributaires des Peul pour être protégés des Touareg, alors que ceux du nord demandèrent à ces derniers de les défendre contre les Peul.

    6) A la fin du XIXe siècle, l’armée française bloqua l’expansion des entités prédatrices nomades dont l’écroulement se fit dans l’allégresse des sédentaires qu’elles exploitaient, dont elles massacraient les hommes et vendaient les femmes et les enfants aux esclavagistes du monde arabo-musulman.

    7) La colonisation fut donc en quelque sorte la revanche offerte par la France aux vaincus de la longue histoire africaine. Cependant, dans tout le Sahel occidental, elle eut deux conséquences contradictoires :

    - Elle libéra les sédentaires de la prédation nomade, mais, en même temps, elle rassembla razzieurs et razziés dans les limites administratives de l’AOF (Afrique occidentale française).

    - Or, avec les indépendances, les délimitations administratives internes à ce vaste ensemble devinrent des frontières d’États à l’intérieur desquelles, comme ils étaient les plus nombreux, les sédentaires l’emportèrent politiquement sur les nomades, selon les lois immuables de l’ethno-mathématique électorale.

    Voilà identifié le terreau des conflits allumés depuis une ou deux décennies par des trafiquants de toutes sortes et des islamo-jihadistes immiscés avec opportunisme dans le jeu ethno-politique local et régional. L’ignorer ou le minorer conduit à la superficialité des analyses, à l’inadaptation des décisions et en définitive, à l’impasse actuelle.
    Avec des moyens dérisoires à l’échelle du théâtre d’opérations, Barkhane, qui n’est que de passage, n’est évidemment pas en mesure de refermer des plaies ethno-raciales ouvertes depuis la nuit des temps. Une bonne connaissance du milieu et des hommes pourrait cependant lui permettre d’éviter leur surinfection.

    Ces points sont développés et illustrés de nombreuses cartes dans mon livre Les Guerres du Sahel des origines à nos jours et dans mon cours vidéo intitulé "Comprendre le conflit au Sahel"

    Bernard Lugan

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  • La Syrie toujours victime de stratégies étrangères, par Christian Vanneste

     

    "Vers l’Orient compliqué avec quelques idées simples", disait le Général de Gaulle. Cette formule trouve à nouveau son actualité dans les rebondissements de la crise syrienne. Donald Trump semble avoir commis une bévue majeure en annonçant le retrait des troupes américaines du nord de la Syrie actuellement administré par les Kurdes autonomistes du PYD, qui s’appuient sur une milice créée et armée par les Occidentaux, les FDS, au sein de laquelle les YPG, leur branche armée est largement dominante.
    Cette décision intempestive du Président américain a laissé le champ libre au projet d’invasion turque présenté par Erdogan en vue de créer une zone tampon à la frontière sud de la Turquie et sur le territoire syrien que le président turc entend repeupler par des Arabes syriens en en chassant les habitants kurdes.
    Le but est clair : couper les zones kurdes de Syrie de celles de la Turquie pour empêcher la connexion militaire entre les rebelles du PKK de Turquie et les autonomistes du PYD de Syrie, les deux mouvements n’en formant qu’un selon Ankara qui les classe parmi les groupes terroristes.

    vanneste-christian.jpgL’abandon des Kurdes par les Américains, et donc les Occidentaux, puisque aucun allié n’est capable de se maintenir sur place sans leur soutien paraît scandaleuse : elle est d’une ingratitude absolue envers les combattants qui ont d’abord résisté aux islamistes d’Al Qaïda puis à ceux de l’EI et ont fourni les troupes victorieuses de celui-ci. On se souvient de la résistance de Kobané en 2014-2015, puis de la libération de Sinjar, cette ville-martyr des Yézidis, enfin de la prise de Raqqa. Les milliers de morts kurdes ont compensé un engagement occidental, essentiellement matériel et logistique, après une longue période d’indécision. De plus, l’intention d’Erdogan est clairement de procéder à un nettoyage ethnique, en installant des Arabes dans des villages construits dans l’actuelle zone kurde. Soumis au feu de la critique de son propre parti républicain, Donald Trump menace maintenant la Turquie de représailles économiques et financières, mais paraît faire un peu n’importe quoi alors qu’à nouveau une procédure de destitution est engagée à son encontre, à la suite d’un échange avec le nouveau président ukrainien au cours duquel il aurait invité ce dernier à lui fournir des munitions contre l’un de ses concurrents démocrates.

    Quelle est la logique de l’occupant de la Maison Blanche ? Elle existe et elle est simple : la politique intérieure est plus importante que l’extérieure. Ne pas exposer des soldats américains loin de leur pays dans un conflit tribal qui ne les concerne en rien dans un pays où les intérêts nationaux ne sont pas engagés constitue le fond d’une doctrine qui table sur l’adhésion de l’Amérique profonde contre l’Etat profond de Washington. Que les Etats-Unis perdent leur crédit en abandonnant un allié ne lui semble pas si important : ce n’est pas la première fois, si l’on se souvient du Sud-Vietnam, ou du Shah d’Iran. Un tri logique s’effectuera en fonction des enjeux internes : Trump n’est pas prêt d’abandonner Israël.

    De même, l’intervention turque est motivée par des considérations de politique intérieure. Reccep Tayyip Erdogan est très proche des Frères Musulmans. Au début de son règne, il y avait en lui du Calife ottoman, puisque jusqu’après la première guerre mondiale, le sultan ottoman était aussi commandeur des croyants. Les Frères Musulmans n’ont pas été étrangers aux « révolutions » ou guerres civiles que la naïveté occidentale a appelées « Printemps arabe » en croyant qu’elles allaient vers la démocratie alors qu’elles tendaient vers l’islamisme. La Turquie y a été impliquée, et notamment en soutenant les rebelles islamistes de Syrie à travers la frontière, tous les rebelles, y compris l’Etat islamique avec lequel un trafic a été organisé. En février 2016, lorsque les Kurdes avancent vers Tall Rifaat aux mains des djihadistes, l’artillerie turque pilonne les combattants de l’YPG ! Aujourd’hui l’armée d’Ankara réoccupe ces territoires libérés, et elle est accompagnée d’une milice « syrienne » qui, comme par hasard, se livre aux mêmes atrocités que les islamistes de l’EI, naguère. Mais, cette fois, Erdogan est moins islamiste que nationaliste : il est affaibli politiquement par des élections municipales qui ont donné les deux plus grandes villes aux kémalistes, et c’est sur le terrain du nationalisme qu’il entend reprendre l’avantage : les Kurdes lui en fournissent l’occasion.

    Enfin, il y a la Russie, le seul pays dont la stratégie a été cohérente dans ce dossier. La Syrie est un allié. La Russie ne lâche pas ses alliés, et encore moins ceux dont le territoire fournit des bases indispensables au maintien du statut de puissance mondiale, même de second rang. Vladimir Poutine a engagé l’armée russe dans le conflit de façon déterminante et avec assez de prudence pour limiter le coût et les pertes. L’intervention turque lui offre une double opportunité : d’abord de jouer les médiateurs puisqu’il est le seul à parler à toutes les parties, et comme Raminagrobis, le mieux placé pour être le troisième qui tire parti du conflit entre les deux autres. Les YPG, vaguement marxistes, sont des vieilles connaissances des Russes et la Russie entretient désormais des relations cordiales avec la Turquie à travers le processus d’Astana : l’intervention turque et le lâchage américain permet à l’armée syrienne de venir au secours des Kurdes et de s’interposer le long de la frontière, en rétablissant de fait la souveraineté de Damas sur une nouvelle partie de son territoire. En visant cet objectif, Poutine est le seul à concilier l’intérêt de son pays, son image, et le droit international. Voilà qui est mieux que l’impuissance verbeuse des Européens, ensemble au Conseil de sécurité pour proposer une condamnation qu’ils n’obtiennent pas, mais divisés aussitôt après sur l’embargo sur les armements à destination de la Turquie !