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  • Histoire • Dans Causeur : 21 janvier, hommage à Louis XVI

     

    L'article qui suit - signé de Lucie Vilatte - est paru dans Causeur, le 21 janvier.  Il s'agit, selon son titre, que ne dément pas la suite, d'un hommage à Louis XVI. Il a été publié plusieurs hommages à Louis XVI dans d'autres médias en ligne. Par exemple dans Boulevard Voltaire. Nous avons retenu celui-ci parce qu'il émane d'une conscience républicaine. Républicaine au moins en ses enfances. Et, aujourd'hui, plutôt sceptique, on le verra. On pourra débattre de différents aspects de cet hommage bienvenu. N'en retenons qu'un : l'idée selon laquelle Louis XVI serait mort pour rien. Idée que contredit la juste analyse qui précède : au chapitre des conséquences de l'assassinat du roi, le solde, en effet, entre positif (?) et négatif, n'est pas à somme nulle. Lucie Vilatte dresse fort bien, elle-même, la liste des terribles conséquences qu'il est résulté de cette mort singulière, pour la France, l'Europe et le monde. Ce n'est pas pour rien que Louis XVI est mort mais pour une suite de  malheurs dont nous n'avons pas fini de faire l'inventaire et dont nous subissons encore les conséquences négatives.  Lafautearousseau   

     

    L’idée d’une lignée familiale régnant sur un pays a longtemps heurté ma conscience républicaine, dûment  formatée pendant mes douze années de présence sur les bancs de l’école du même nom.

    Instituteurs, puis professeurs, noblement investis de leur mission, mettant le paquet pour nous faire admettre le bien-fondé de la décapitation d’un roi exécuté pour le simple fait d’être roi. Cela avait permis d’en finir avec ce système injuste et absurde qui donnait le pouvoir à une famille régnante, et aux deux castes les moins nombreuses et les plus riches : noblesse et clergé, laissant de côté les représentants du Tiers-Etat, c’est à dire nos ancêtres directs.

    Aucun d’entre nous n’ayant a priori de représentant du clergé dans son ascendance, ni de particule à revendiquer dans son patronyme (les autres faisant profil bas), il était évident que le Tiers-Etat c’était nous, que c’était pour notre Bien et notre Liberté que ce gros benêt de Louis XVI avait été raccourci et que le pouvoir était enfin donné au peuple de France. De toutes façons ce n’était pas un roi qu’on avait tué mais un symbole. Voilà à peu près comment le Peuple en question s’est approprié la Révolution française.

    Mes valeureux professeurs, encore tout imprégnés du formatage qu’ils avaient eux même subi, ne s’arrêtaient pas plus que nécessaire sur les prisons pleines à craquer, les charrettes quotidiennes vers les actuelles places de la Concorde, de l’Hôtel de Ville ou de la Nation, les milliers de cadavres charriés sur la Loire à Nantes, la répression à Lyon, en Provence et ailleurs. Ni, surtout, sur ce qu’il faut bien appeler le génocide vendéen.

    Robespierre était l’Incorruptible, Mirabeau n’était pas beau et le calendrier de Fabre d’Eglantine était si poétique. Tant pis si ces révolutionnaires s’étaient finalement auto-détruits. Tant pis si tout ce sang versé avait eu pour résultat de laisser la place à un individu assoiffé de pouvoir qui, tout en reconstituant une cour et une aristocratie à l’identique avec son propre entourage, avait mis l’Europe à feu et à sang, terrorisant à ce point les monarchies voisines qu’il finit, pour se donner une légitimité européenne, par épouser la fille de l’empereur d’Autriche, accessoirement petite nièce de la Reine décapitée quelque dix-sept ans auparavant.

    La Révolution restait belle, idéale, rêve de tout le XIXème siècle, inspirant quelques soubresauts ici et là et finissant, un peu grâce aux Prussiens, par dégager le dernier tyran qui, comme son oncle, s’était servi d’un accès de fièvre républicaine (la seconde) pour se coiffer d’une couronne impériale.

    Nous étions donc enfin en République, troisième du nom. « On est en république tout de même ! » signifiant dès lors dans le langage populaire le droit de faire ce que l’on voulait. Non mais ! L’idéalisation de la Révolution allait pouvoir commencer, le mythe fondateur s’installer, balayant, sous le tapis des cimetières et du bagne, ses héritiers directs que furent les Communards.

    Malgré quelques voix discordantes, il devint courant pour les hommes politiques de se référer à la Révolution pour légitimer leur engagement républicain, en bons représentants du « Camp du Bien » face aux quelques survivances monarchistes des débuts de cette Troisième République. Le 14 juillet devint fête nationale. L’Exposition Universelle de 1889 célébra brillamment le centenaire de la Révolution, il nous en reste un des plus beaux monuments du pays, la Tour Eiffel.

    Aujourd’hui, 1789 a pris du plomb dans l’aile, il est difficile de se référer à cette époque sanguinaire dans une société qui a voulu gommer toute idée de violence. Seul un Mélenchon ose évoquer son admiration pour Robespierre, ou peut-être seulement pour son incorruptibilité ?

    Par contre, les références à la République, aux « valeurs républicaines » sont quasi quotidiennes depuis quelques années. D’ailleurs, il faudrait que l’on m’explique en quoi les valeurs en question sont spécifiquement républicaines, je n’y vois personnellement qu’un héritage du Christianisme et des Lumières.  Elles n’ont rien d’universel, elles sont notre identité.

    Le XVIIIème, siècle des Lumières portait en lui tous les germes de l’émancipation humaine, on aurait pu en tirer le meilleur. La violence de la Révolution est venue détruire et dénaturer tout cela. N’aurait-il pas mieux valu pour le peuple, un monarque éclairé et paisible plutôt que des ennemis de la liberté se réclamant de la liberté, puis un arriviste obsédé de pouvoir qui mirent l’Europe à feu et à sang ?

    Qui peut dire que notre pays n’a pas payé tout cela au prix fort  au cours des deux siècles suivants ? Et ne le paye pas encore ? Le Royaume-Uni a t-il du retard sur la France avec sa royauté ? Le Danemark, la Suède, la Norvège, la Belgique, les Pays-Bas ?Pouvons-nous nous poser la question sans passer pour des antirépublicains prêts à en découdre avec la « Gueuse » ?

    Louis XVI est mort pour que noblesse et clergé laissent le pouvoir au Peuple et que règne l’Egalité. Ce rêve a vécu. Aujourd’hui, nous avons presque à l’identique une noblesse d’Etat, sortie de l’ENA ou constituée de politiciens professionnels, la morgue de certains n’ayant rien à envier à l’Ancien Régime. Nous avons un clergé médiatique constitué d’animateurs ou d’artistes engagés nous assénant leur idéologie à la moindre occasion, et de journalistes, privilégiés fiscaux, chargés de nous apporter la Vérité à la grand-messe du 20 heures. Tout ce beau monde se chargeant de nous inculquer les Évangiles du politiquement correct.

    Ses membres exercent un pouvoir sans contre pouvoir, étant de plus en plus déconnectés de la réalité quotidienne de la « France d’en bas » expression douteuse, justifiant en elle même l’existence de l’Elite dominant le Peuple. Quant aux milliardaires, de plus en plus milliardaires, est il besoin d’évoquer leur influence sur la vie publique ou politique ?

    L’Histoire est écrite par les vainqueurs. Au fil du temps, la figure de Louis XVI est pourtant apparue sous un autre jour. L’idéologie républicaine en avait fait un balourd inapte à gouverner, ultime représentant d’une lignée d’oppresseurs. De tyran il est devenu victime. Les gens qui l’ont condamné, ont touché quelques mois plus tard le fond de l’ignominie, en osant accuser sa femme de relations incestueuses avec le petit Dauphin. Cela seul suffit à les discréditer, mais on ne nous racontait pas cela à l’école !

    La réalité du personnage (à part sous le bref épisode de la Restauration) aura mis deux siècles à nous parvenir, je veux dire à nous, grand public non spécialiste.

    Le roi horloger (une de ses passions) s’intéressait à son époque et aux progrès de la Science. La cartographie, la chimie, et même les débuts de l’électricité n’avaient pas de secret pour lui. Il avait été éduqué dans cet esprit des Lumières qui voulait le bien des peuples et la fin de l’obscurantisme. C’était un esprit ouvert et cultivé, des textes d’époque en attestent.

    En 1774, il s’était fait inoculer ainsi que toute sa famille le vaccin de la variole, pour donner l’exemple. Il fut sans doute le premier roi fidèle à sa femme. Il vécut comme un bon père de famille bourgeois, effondré de douleur à la mort de son fils aîné, en juin 1789 année décidément bien néfaste pour lui.

    On dit que le jour de son exécution il a demandé si l’on n’avait toujours pas de nouvelles de La Pérouse l’explorateur perdu avec navire et équipage depuis plusieurs années.

    C’était un homme de son temps, le malheur l’avait fait naître roi. Il n’avait pas eu le choix. Mais il choisit de ne pas faire tirer sur la foule pour se protéger. Ses dernières paroles furent « Je prie Dieu pour que le sang que vous allez répandre ne retombe pas sur la France » Si vous passez par la Concorde un 21 janvier, ayez une pensée pour le Roi. Il est mort pour rien. Et il n’est pas le seul.

    *Image : wikicommons/ Raymond Ellis.

    Lucie Vilatte

  • Sur le blog de Michel Onfray : La loi Avia annonce la fin de notre démocratie et l'épuration théorique.

    La loi Avia est-elle un risque pour la liberté d'expression ?

     

    La proposition de loi faite par Madame Laëtitia Avia, député LaRem entend combattre les contenus haineux sur Internet. Plusieurs spécialistes s'interrogent sur sa mise en application.

    Ainsi, rappelons ce qui suit :

    • L'article premier d'une proposition de loi LREM impose aux réseaux sociaux, plateformes collaboratives et moteurs de recherche de supprimer les contenus haineux dans un délai de 24 heures. 
    • Couplé à la peur d’une amende, ce mécanisme pourrait inciter les plateformes à supprimer plus de contenus avec moins d’attention et à recourir davantage à des algorithmes.
    • Avec un manque de transparence des réseaux sociaux concernant les modalités de modération, certains spécialistes craignent une entrave à la liberté d'expression.

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    On pourra dire un jour qu’il fut un moment où la démocratie s’est effondrée. Et ce jour est venu

    Je ne crois pas forcer le trait, ni même exagérer. Je ne crie pas au loup. Je ne suppose pas ou ne suppute pas. Pas plus je n’extrapole. Je ne fais pas un effet de rhétorique. Je ne grossis ni ne dramatise. Je constate juste qu’une loi, une simple loi, va bientôt transformer la démocratie en un vieux souvenir, un très vieux souvenir.

    On dira bientôt: jadis on pouvait dire et écrire ceci, on pouvait publier ou faire un film sur cela, on pouvait débattre de tel ou tel sujet, on pouvait assister à une conférence sur cette question ou bien sur celle-là, on pouvait inviter des gens à assister à un plateau contradictoire avec des individus qui ne pensaient pas la même chose et échangeaient leurs points de vue sans s’insulter ou se mépriser, s’invectiver ou s’injurier, on pouvait plaisanter, rigoler, pouffer avec telle ou telle blague, mêmes pas forcément drôles, mais, aujourd’hui, on ne le peut plus.

    On dit déjà, en voyant dans les derniers mois que des librairies sont incendiées, des conférences interdites, des représentations théâtrales empêchées, des autodafés effectués au sein même d’une université avec le livre d’un ancien président de la République, des invitations d’intellectuels annulées, des conférences ajournées, des penseurs inscrits sur des listes noires, des empêcheurs de penser en rond licenciés, évincés, privés de subventions publiques, des humoristes ou des présentateurs météo sortis de scène ou mis à la porte, que la liberté de penser et de s’exprimer sont en lambeaux sans que cela ne gêne ni le président de la République ni les médias de la bien-pensance à ses ordres, bien au contraire: ils travaillent à ce projet.

    Cette loi porte le nom de celle qui la porte: c’est la loi Avia que l’Assemblée nationale examine en nouvelle lecture depuis le mercredi 22 janvier.

    Que dit elle? Elle est censée lutter contre la cyberhaine! Le concept est bien vague et c’est en cela que le danger s’avère bien grand.

    Qui décidera de ce qu’est la haine? Un juif criera à la haine contre ses coreligionnaires quand on dira sur le Web qu’il y a dans la Torah des invitations aux massacres et parlera d’antisémitisme! Un chrétien criera à la haine quand un article montrera sur le net que Jésus n’a pas existé historiquement et parlera de christianophobie! Un musulman verra de la haine là où l’on se contentera de dire sur le Web qu’on trouve dans le Coran des sourates antisémites, homophobes, bellicistes, misogynes et phallocrates! Voilà déjà des milliards de gens potentiellement en situation de haine pour utiliser le sabir des progressistes autoproclamés -en fait: des régressistes...

    Un article qui prouvera sur le Web que Freud a menti sur l’efficacité de la psychanalyse, un autre qui prétendra sur le Web que Mahomet était pédophile pour avoir épousé une jeune fille de six ou sept ans même si le mariage n’aurait été consommé qu’à l’âge de neuf ou dix ans, un troisième qui rapportera sur le net que Darwin a raison de dire que l’homme est le produit de l’évolution d’un singe: tout cela sera décrété haine respectivement par les freudiens, les musulmans, les créationnistes. A nouveau des millions de gens en situation de haine! Un historien qui rappellera sur le Web les accointances de Mitterrand avec l’extrême-droite? Haine selon les mitterrandiens. Un autre rappelant sur le net que le PCF a conclu une alliance avec Hitler lors du pacte germano-soviétique? Haine selon les communistes. Un troisième qui parlera sur le net de génocide en Vendée? Haine selon les mélenchoniens, Alexis Corbière en tête… Un dernier qui s’opposerait aux manipulations génétiques en matière de procréation au motif qu’elles sont les premiers temps d’une marchandisation des corps assimilable à la vente d’enfants? Haine selon certains LGBTQ. Etc.

    Puis un jour, ce ne sera plus sur le net, ce sera sur le papier d’un journal, sur celui d’une revue ou d’un livre, mais aussi oralement, verbalement, sur un plateau de télévision ou à la radio. Le pouvoir poursuivra alors les auteurs, il les interdira de parole, il consignera leurs noms sur des listes de gens à qui ne plus jamais donner la parole -comme c’est déjà le cas pour certains...

    Quand d’autres disent que les blancs sont tous des racistes comme Lilian Thuram le fit un jour: qui dira que c’est de la haine et censurera également son propos? Quand tel ou tel décolonialiste fait porter tout le poids du colonialisme sur les épaules tout blanc du jour: qui dira qu’il s’agit de haine et censura également son propos? Quand une personne soucieuse de débat s’entend dire qu’on ne débat pas avec, par exemple la philosophe Sylviane Agacinski: qui dira qu’il s’agit de haine et censurera également son propos? Quand BHL affirme sans vergogne que l’antisémitisme est au cœur même du projet des gilets-jaune: qui dira qu’il s’agit de haine et censurera également son propos? Quand Luc Ferry estime que les mêmes gilets-jaunes sont à l’origine d’une chienlit à laquelle il faut répondre par les armes: qui dira qu’il s’agit de haine et censurera également son propos?

    Je crains (enfin, façon de parler, car en réalité j’en suis sûr et certain), que cette loi ne soit qu’une arme du politiquement correct pour que l’Etat profond puisse imposer massivement sa censure afin d’interdire définitivement et légalement toute pensée libre, tout débat libre, toute réflexion libre, toute pensée originale, tout point de vue autonome et indépendant. D’aucuns qui ont sans cesse à la bouche la référence aux années trente m’interdisent de les invoquer, mais ça n’est pas l’envie qui me manque.

    On peut, sans trop se tromper, annoncer une formidable et terrible épuration théorique sur le net qui va laisser des millions de sites de réinformation exsangues. Au nom du bien, de la lutte contre la haine, bien sûr, on décrétera "haine" tout ce qui n’est pas pensée correcte (autrement dit: pensée de l’Etat maastrichien ou utile à son projet de remplacer la diversité des civilisations par le règne planétaire d’une religion consumériste dont les temples seront de vastes supermarchés ouverts nuit et jour). Il y aura eu les pyramides, le Parthénon, le forum de Rome et les cathédrales: il n’y aura bientôt plus que de vastes galeries marchandes perpétuellement éclairées au néon.

    L’information des grands médias, service public audiovisuel compris, roule pour cette idéologie: tout le monde en est maintenant intimement persuadé. Depuis des années c’était perceptible mais, entre autres scandales, depuis le traitement médiatique des gilets-jaunes, c’est devenu gros comme le nez au milieu de la figure.

    Je prends un exemple, disons au hasard: la matinale de France-Inter est le moment de l’annonce des diktats du politburo. C’est un festival des minutes de la haine annoncée par Orwell. Quiconque voulait disposer de l’antidote, du contrepoison à cette officine du système pouvait se rendre sur des sites alternatifs où se trouvaient des informations authentiques: cette prétendue loi contre la prétendue cyberhaine coupe les robinets d’eau claire pour ne plus laisser au troupeau que les eaux croupies de l’information dominante.

    Un mot pour finir: la loi Avia porte donc le nom d’une député de… La République en Marche, Laetitia Avia, qui a surtout défrayé la chronique des faits divers. Le Canard enchaîné a en effet révélé le 5 juillet 2017 que cette dame a mordu à l’épaule un chauffeur de taxi après une altercation en relation avec le mode de paiement de la course. Elle a reconnu la chose devant les policiers.

    Où l’on voit qu’en effet cette personne s’y connaît en matière de haine et qu’avec son parti, lui aussi assez doué en la matière, elle semble habilitée à légiférer contre…

    Avec cette loi authentiquement liberticide, toute intervention sur le Web de cette dame qui mord son prochain devrait être immédiatement censurée.

    Michel Onfray

  • Pour réintégrer Maurras dans le paysage politique français... : la journée d'hommage du 1er septembre 2012 (4/5)

    lafautearousseau se propose ici de vous faire découvrir Un patriote, nommé Maurras. Maurras est en effet inconnu du grand public, parce que volontairement ignoré par la conspiration du silence, entretenue par le Système pour lequel Maurras n'est pas "dangereux", mais "le seul dangereux", car il en a dénoncé les bases idéologiques et parce qu'il l'a remis en cause dans ses fondements révolutionnaires.

    C'est donc à une sorte de feuilleton, à la découverte de l'homme Maurras, que nous allons vous entraîner, d'ici les prochaines élections municipales.

    Celles-ci, nous l'avons dit, seront peut-être décisives pour l'avenir de la Maison du Chemin de Paradis, fermé aux Français aujourd'hui par le dernier Mur de Berlin d'Europe : celui, invisible, du sectarisme haineux de la Mairie communiste, qui préfère laisser fermée (en attendant qu'elle ne s'écroule ?) une belle demeure qui pourrait être intégrée au réseau des Maisons des Illustres, et devenir un centre national et international de recherches et débats intellectuels de haut niveau sur Maurras, sa vie, son oeuvre; un lieu culturel vivant et rayonnant...

    Du début février au 23 mars (fin de la première partie de notre campagne de sensibilisation pour la sauvegarde de la maison de Maurras) nous présenterons divers textes ou documents relatifs à Maurras, sa vie, son oeuvre... 

    Nous avons passé les deux dernières semaines en bonne compagnie, avec Axel Tisserand, d'abord, puis Jean-François Mattéi et sa très belle intervention dans le jardin du Chemin de Paradis, le 1er septembre 2012; nous passerons cette semaine-ci avec une sorte de reportage, tiré de nos riches archives, sur ce que fut cette journée d'hommage du 1er septembre 2012, à l'occasion du soixantième anniversaire de la mort de Maurras.

    Le rappel de cette journée montrera bien ce qu'était la Maison de Maurras jusqu'à ce que la Mairie de Martigues n'en interdise l'accès, ne la "ferme", aussi sournoisement que brutalement; n'érige autour d'elle comme une sorte de Mur de Berlin, aussi réel qu'invisible...

     "Avant", tout le monde pouvait aller admirer le lieu, et  nous ne nous privions pas, à l'Union Royaliste Provençale. Ces jours heureux sont, pour l'instant, révolus. Jusqu'à quand ? C'est toute la question, et la raison de notre protestation, qui ne cessera que lorsque nous aurons obtenu ce que nous demandons :

    1. Des informations claires et précises sur les travaux promis, et un calendrier, même approximatif, concernant le déroulement de ces travaux, qui doivent aboutir à la réouverture de la Maison au public...

    2. Et, en attendant, la remise à disposition du public du libre accès au jardin, sans autres conditions que celles qui prévalent en n'importe quel autre endroit public du pays, selon les règles et normes en vigueur partout...

    Ce que fut la journée d'hommage du 1er septembre 2012, soixantième anniversaire de la mort de Maurras, dans le jardin de sa Bastide du Chemin de Paradis, à Martigues (4/5) :

     

    Après le récit de la journée, et avant la vidéo des quatre intervenants, demain, quelques réflexions... 

     

    A ceux qui ostracisent Charles Maurras : la guerre est terminée ! Delenda est injuria !...  

    C'est être singulièrement passéiste et "mécanisé" (fossile ?), mais surtout singulièrement injuste, que de maintenir et reprendre sans cesse l'antienne du "sulfureux Maurras", du "Maurras, le lourd héritage" ("lourd" ou "encombrant", au choix...), du "très controversé Charles Maurras"...

    On a envie de dire à toutes ces personnes, pour qui le psitaccisme semble tenir lieu de réflexion, mais réveillez-vous donc, on n'est plus en 45 ! Et changez de disque... 

    maurras,action francaise,boutang,slama

    Condamné pour "Intelligence avec l'ennemi" ? Mais, c'est "la seule forme d’intelligence que Maurras n’ait jamais eue", selon François Mauriac

    Un jour - un exemple parmi tant d'autres... - c'est  Alain-Gérard Slama qui "remet ça", dans Le Figaro magazine du 24 Août 2012 : "...l'école maurrassienne qui a cru son heure venue à Vichy...". Pourtant, chacun sait très bien qu'il y avait autant, sinon plus, de royalistes que de gens de gauche ou d'extrême-gauche autour de De Gaulle, à Londres; et que, à l'inverse, il y avait bien plus de gens de gauche et d'extrême-gauche que de royalistes dans les allées de Vichy.

    Elle est bien triste cette sorte de congélation intellectuelle d'une personne, au demeurant, de qualité, qui propose régulièrement une réflexion de de bon niveau, et que l'on a connue à maintes reprises bien mieux inspirée; cet hiver d'un intellectuel est affligeant. Mais, après tout, c'est son problème et son affaire : nous ne pouvons rien faire de plus pour lui que de lui dire ce que nous lui avons déjà dit dans un PDF "pour les nuls", pourrait-on dire : M. le maudit.....pdf ...

    Un autre jour c'est La Provence, qui, dans sa pleine page 3 du samedi 1er septembre et son cinquième de page du dimanche 2 (édition de Martigues), assez correctes par ailleurs dans l'ensemble, reprenait malgré tout les mécaniques clichés : "sulfureux", "controversé", "encombrant", "lourd" et tutti quanti...

    Pourquoi toutes ces personnes qui accablent Maurras ne citent-ils pas, par exemple :

    - "L’Action Française est l’élément moteur, derrière les coulisses, d’une politique anti-collaborationniste, qui a pour objet, de rendre la France mûre le plus rapidement possible, pour une résistance militaire contre l’Allemagne" (Otto Abetz)...

    - Ou les propos de Jules Ferry : "Messieurs, il faut parler plus haut et plus vrai ! Il faut dire ouvertement qu’en effet les races supérieures ont un droit vis à vis des races inférieures....parce qu’il y a un devoir pour elles. Elles ont un devoir de civiliser les races inférieures." (Jules Ferry, devant l’Assemblée nationale, le 28 juillet 1885).

    - Ou ceux de Léon Blum : "Nous admettons qu’il peut y avoir non seulement un droit, mais un devoir de ce qu’on appelle les races supérieures, revendiquant quelquefois pour elles un privilège quelque peu indu, d’attirer à elles les races qui ne sont pas parvenues au même degré de culture et de civilisation. (Léon Blum, discours devant l’Assemblée nationale sur le budget des colonies, 9 juillet 1925).

    - Ou ceux de Jean Jaurès : "...la France a d'autant le droit de prolonger au Maroc son action économique et morale qu'en dehors de toute entreprise, de toute violence militaire, la Civilisation qu'elle représente en Afrique auprès des indigènes est certainement supérieure à l'état présent du régime marocain." (Jean Jaurès, Discours à la Chambre des Députés, 1903).

    Pourtant, des rues et places Jules Ferry, Léon Blum et Jean Jaurès, il y en a "à la pelle" en France; et l'on ne se souvient pas d'avoir lu, dans La Provence, "le sulfureux Jules Ferry" ou "le sulfureux Jean Jaurès" ou "le sulfureux Léon Blum". Ou bien "l'encombrant (ou "le lourd") héritage de Jules Ferry" ou "de Jean Jaurès" ou "de Léon Blum".

    Faire grief au seul Maurras d'un antisémitisme largement partagé, en son temps, de l'extrême-droite à l'extrême gauche; et alors que l'antisémitisme de Maurras était purement "d'Etat", et non "de peau", et que bien des intellectuels, à gauche, ont prononcé des phrases bien plus cinglantes que Maurras sur le sujet, cela est tout simplement injustifié...

    Et quand on sait que l'antisémitisme prospère et fleurit aujourd'hui dans nos Cités et autres zones de non-droit, où se recrutent par centaines de milliers les électeurs de La France insoumise aujourd'hui : Maurras est-il pour quelque chose aussi, post-mortem, dans cet antisémitisme-là ? En est-il le moins du monde responsable ? Soyons sérieux.

    Il est absurde - pour la France et pour l'Intelligence française de se priver de la contribution d'une pensée aussi considérable que celle de Maurras. De même qu'il est absurde - au plan local - de priver Martigues de son académicien, et du centre de rayonnement intellectuel et culturel que pourrait et devrait devenir sa maison qui devrait devenir la 112ème "maison des Illustres"; quelque chose dont donne une idée ce qu'est la maison de Chateaubriand, par exemple... 

    Il nous semble que c'est Boutang qui a raison : "il faut parler de Maurras comme de tout le monde... c'est un homme politique comme tous les autres hommes..."; on peut l'approuver ou le désapprouver. Mais, comme le dit Boutang, qu'on en finisse avec la "mécanisation" des esprits ! Avec cette congélation intellectuelle qui n'honore personne. Maintenant, il faut en finir et il faut en sortir : nous ne sommes plus en 45 ! La guerre est finie ! 

            Ecoutez cette courte intervention de Boutang (dans un ensemble très court lui aussi : 07'28"): http://www.ina.fr/sciences-et-techniques/sciences-humaine...   

    lafautearousseau

  • Pour réintégrer Maurras dans le paysage politique français... : L'entretien avec le Dauphiné libéré (I/V)...

    lafautearousseau se propose ici de vous faire découvrir Un patriote, nommé Maurras. Maurras est en effet inconnu du grand public, parce que volontairement ignoré par la conspiration du silence, entretenue par le Système pour lequel Maurras n'est pas "dangereux", mais "le seul dangereux", car il en a dénoncé les bases idéologiques et parce qu'il l'a remis en cause dans ses fondements révolutionnaires.

    C'est donc à une sorte de feuilleton, à la découverte de l'homme Maurras, que nous allons vous entraîner, d'ici les prochaines élections municipales.

    Celles-ci, nous l'avons dit, seront peut-être décisives pour l'avenir de la Maison du Chemin de Paradis, fermé aux Français aujourd'hui par le dernier Mur de Berlin d'Europe : celui, invisible, du sectarisme haineux de la Mairie communiste, qui préfère laisser fermée (en attendant qu'elle ne s'écroule ?) une belle demeure qui pourrait être intégrée au réseau des Maisons des Illustres, et devenir un centre national et international de recherches et débats intellectuels de haut niveau sur Maurras, sa vie, son oeuvre; un lieu culturel vivant et rayonnant...

    Du début février au 23 mars (fin de la première partie de notre campagne de sensibilisation pour la sauvegarde de la maison de Maurras) nous présenterons divers textes ou documents relatifs à Maurras, sa vie, son oeuvre... 

    Nous avons passé les trois dernières semaines en bonne compagnie, avec Axel Tisserand, d'abord, puis Jean-François Mattéi et sa très belle intervention dans le jardin du Chemin de Paradis, le 1er septembre 2012; puis avec une sorte de reportage, tiré de nos riches archives, sur ce que fut cette journée d'hommage du 1er septembre 2012, à l'occasion du soixantième anniversaire de la mort de Maurras.

    Le rappel de cette journée montre bien ce qu'était la Maison de Maurras jusqu'à ce que la Mairie de Martigues n'en interdise l'accès, ne la "ferme", aussi sournoisement que brutalement; n'érige autour d'elle comme une sorte de Mur de Berlin, aussi réel qu'invisible...

     "Avant", tout le monde pouvait aller admirer le lieu, et  nous ne nous privions pas, à l'Union Royaliste Provençale. Ces jours heureux sont, pour l'instant, révolus. Jusqu'à quand ? C'est toute la question, et la raison de notre protestation, qui ne cessera que lorsque nous aurons obtenu ce que nous demandons :

    1. Des informations claires et précises sur les travaux promis, et un calendrier, même approximatif, concernant le déroulement de ces travaux, qui doivent aboutir à la réouverture de la Maison au public...

    2. Et, en attendant, la remise à disposition du public du libre accès au jardin, sans autres conditions que celles qui prévalent en n'importe quel autre endroit public du pays, selon les règles et normes en vigueur partout...

    Cette semaine - avant-dernière avant que notre Campagne de sensibilisation ne prenne une autre forme, dès le lendemain des élections municipales - nous vous présentons une conséquence directe de cette journée d'hommage du 1er septembre 2012 : Georges Bourquart, journaliste au Dauphiné libéré, nous a écrit trois jours après pour nous demander de lui faire visiter la Maison et le Jardin, et de lui présenter Charles Maurras... (I/V)

     

    maurras,chemin de paradisLa journée d'hommage à Charles Maurras du premier septembre a fait son petit effet, et a eu son petit retentissement...

    Une semaine après, Georges Bourquard, journaliste au Dauphiné libéré, qui avait lu les comptes-rendus de lafautearousseau, mais qui ne connaissait pas Martigues, a voulu venir se rendre compte par lui-même de ce que représentait le lieu, et profiter de l'occasion pour éclaircir quelques points sur Maurras et le royalisme. Il a pris contact avec nous, és-qualité en quelque sorte, pour savoir si nous accepterions de répondre à ses questions, ce qui, pour nous, allait de soi : tisser des liens de courtoisie et de respect mutuel avec des journalistes qui font l'effort de ne pas se satisfaire du "prêt à penser", ni du "politiquement correct", mais qui font au contraire l'effort de vérifier par eux-mêmes, c'est aussi cela aller à la rencontre de nouveaux publics, et travailler à faire sortir nos idées du ghetto; ne pas rester dans sa tour d'ivoire.  

    Rendez-vous fut donc pris pour le jeudi 13 septembre, à 14 heures, devant la Bastide pour une heure et demie de questions/réponses : avec trois heures de route à l'aller, autant au retour, l'entretien ne pouvait durer davantage. Loi des séries ? : le même satané mistral qui s'était invité à la journée du premier septembre soufflait encore à 100 km/heure cette fois aussi, et l'on voyait, au loin, les sinistres colonnes de fumée noire du feu de Rognac, attisé et décuplé bien sûr par ce vent de folie; et le ballet - qui serait beau s'il ne s'agissait d'une tragédie - des quatre Canadairs qui, heureusement, finirent par circonscrire le sinistre, au bout de plusieurs remplissages dans l'Etang de Berre, tout de même.

    L'entretien fut courtois et franc, et porta sur trois questions principales :

    1. L'antisémitisme de Maurras, et sa condamnation en 45;

    2. Le royalisme aujourd'hui et ses rapports avec l'extrême-droite;

    3. Et une sorte de question subsidiaire : vous, royalistes et continuateurs de Maurras, qu'aimeriez-vous que devienne sa maison ?

    En plus de tout ceci, le journaliste souhaitait avoir une idée de ce que représentaient, quantitativement, les royalistes. Nous lui avons fait remarquer que, ni nous, ni personne, n'était capable d'évaluer le nombre de royalistes en France, aujourd'hui, du moins d'une façon fiable et sérieuse. Et que, dans l'impossibilité absolue d'avancer un quelconque chiffre crédible et vérifiable sur ce nombre, la seule chose sérieuse que l'on pouvait faire était d'indiquer l'influence de certains médias royalistes, à travers l'écho qu'ils rencontrent auprès de leur public.

    A notre connaissance, seul l'excellent site Maurras.net ayant indiqué - il y a quelque temps - avoir attiré 45.000 visiteurs uniques, les autres Sites ou Blogs ne communiquant pas sur le sujet (comme on dit aujourd'hui), nous ne pouvions que nous borner à lui donner les chiffres, vérifiables, eux, que nous avons déjà publiés, des statistiques de l'hébergeur de notre propre Blog (Hautetfort), du site qui héberge nos vidéos (Viméo) et de Facebook : notre quotidien royaliste sur le Net fidélise un lectorat mensuel stable de 15.000 visiteurs uniques, avec 30.000 visites et 106.000 pages lues, également chaque mois. Les téléchargements sur Viméo ont dépassé les 300.000 (toutes vidéos confondues), et notre page Facebook, qui n'a pas six mois, a pour l'instant dépassé les 1.300 "amis"∗.

    Nous avons fait remarquer à notre interlocuteur que ces chiffres étaient sincères et que, surtout, la tendance à la hausse se poursuivait régulièrement. Plutôt que de fantasmer sur le nombre de royalistes en France ou avancer des chiffres fantaisistes, voire farfelus, nous préférons nous en tenir à ce que nous savons de source sûre. En ajoutant bien que cela n'était pas suffisant, que nous ne nous satisfaisions pas de ces chiffres, eu égard à l'immense foule de ceux qui sont dehors; mais que, toutefois, si ce n'était jamais assez, cela n'était plus, non plus, négligeable. 

    maurras,chemin de paradisDans cette discussion, nous n'avons pas mentionné les différents sondages d'opinion réalisés, en diverses occasions, et à différentes époques, par les instituts spécialisés, qui donnent, en général, 17% de Français qui seraient favorables à une monarchie, en france. Mais ceci peut être, au moins, utilement rappelé, ici, à nos lecteurs.

    On ne s'attardera pas, dans cette relation, sur tout ce qui a pu être dit comme connaissances générales sur la famille Maurras, sur les origines des Maurras et des Garnier, sur la maison et la maison natale de Maurras (ci-contre, devant laquelle nous avons emmené notre visiteur, et où nous nous sommes séparés), sur la distribution des pièces dans la maison (qui ne se visite pas) etc., toutes choses qui se trouvent dans notre Album Une visite chez Charles Maurras... sur lequel notre interlocuteur avait, du reste, déjà jeté un oeil.

    L'article de Georges Bourquard est paru dans Le Dauphiné libéré du dimanche 16 septembre. Comme il fallait s'y attendre, il était impossible, dans les limites contraignantes d'un court article, où Georges Bourquard devait aussi, comme c'est bien naturel, donner sa place au point de vue d'un édile de Martigues, de rendre la totalité des propos échangés, ni les subtilités et nuances de certains points : il aurait fallu pour cela que Le Dauphiné libéré consentît plus d'un seul article à Georges Bourquard, et lui reservât bien plus de place qu'il n'en avait.

    Nous avons donc résolu, tout simplement, de raconter par le menu, ce qui s'est dit entre nous ce jour-là. Nous commencerons, quitte à surprendre peut-être, par ce que nous avons répondu à la dernière question, qui est la plus "facile" et la moins "politique" des trois; puis nous dirons ce que nous avons répondu à la seconde, gardant la plus importante, c'est-à-dire l'antisémitisme et la condamnation de 45, pour la fin. (à suivre...)

    ∗ Cet entretien datant de huit ans maintenant, les chiffres ont évidemment augmentée aujourd'hui : pour mémoire, facebook nous a indiqué avoir "atteint" pour la seule semaine du 15 juin 2019 100.200 personnes (avec 48.200 interactions); pour la semaine du samedi 6 juillet : 50.4OO "personnes atteintes" et 20.700 "interactions"; et pour celle du samedi 13 juillet : 91.400 personnes et 25.500 interactions...

    lafautearousseau

  • Dans Politique Magazine : Le Covid-19 et l’économie française, par François Schwerer.

    Passé l’optimisme de rigueur, l’Europe et la France mondialistes découvrent à quel point elles ont lié leur destin à la Chine. La souveraineté économique est à nouveau à l’ordre du jour. Mais qui a fait en sorte que les états souverains ne puissent la garantir ?

    Au début de la crise sanitaire qui a pris sa source dans la ville de Wuhan en Chine, le ministre français de l’économie, Monsieur Bruno Le Maire n’a pas craint de dire que l’économie française n’en souffrirait pas significativement. D’après lui, elle ne coûterait à la France que 0,1 point de croissance. Cet optimisme, alimenté par des calculs statistiques de technocrates, semble sous-estimer trois facteurs qu’il est important de prendre en considération : une donnée historique, des conséquences purement internes et enfin une interrogation sur le modèle de développement économique.

    françois Schwerer.jpgLes rapports privilégiés entre Wuhan et la France

    Le ville nouvelle de Wuhan (regroupement de trois vieilles cités glorieuses : Wuchang, Hanyang et Hankou) n’est pas seulement celle où, en octobre 1911, Sun Yat-Sen a lancé la Révolution qui a chassé le dernier Empereur de Chine, elle est aussi une métropole jumelée avec la ville de Bordeaux, dont la croissance démographique a été l’une des plus fortes de Chine depuis le début du XXIe siècle. Mais cela n’est pas tout. Elle est le lieu privilégié des investissements français en Chine. Cet ancien comptoir français accueille le siège chinois de nombreuses entreprises françaises comme PSA (les pièces détachées de Citroën y sont fabriquées), Renault (et aussi Nissan), Seb, Danone, Kéolis, Sanofi, Suez, EDF… pour ne citer que quelques marques célèbres. Depuis 2016, une liaison ferroviaire bihebdomadaire la relie à Lyon dans le cadre de la « Nouvelle Route de la Soie ». Dans le domaine intellectuel, l’université de Wuhan entretient des rapports privilégiés avec celle de Lille-II et dans le domaine sanitaire, c’est le CHU de Nancy qui est en relation avec les hôpitaux de Wuhan. L’enseignement du Français y est important et les échanges d’étudiants avec la France sont significatifs.

    C’est dans ce contexte que la France a, contre l’avis des Américains, participé à l’installation d’un laboratoire de « haute sécurité biologique P4 »[1], destiné à devenir « un fer de lance de notre lutte contre les maladies émergentes », comme l’avait dit solennellement Monsieur Cazeneuve quand il était venu l’inauguré le 23 février 2017. Dégageant un budget d’un million d’euros par an sur cinq ans, le Premier ministre français justifiait la décision de son Gouvernement par « les crises sanitaires [qui] portent avec elles des risques considérables de déstabilisation économique, sociale et politique ». Ce laboratoire qui devait apporter « à la recherche fondamentale un soutien décisif et la [mettre] au service de la prévention de risques qui nous menacent tous », a travaillé depuis sur les virus, notamment ceux véhiculés par les chauves-souris. Or, comme l’avait souligné alors Monsieur Cazeneuve, « la France mettra en outre à la disposition de la Chine son expertise technique pour soutenir l’amélioration continue de la qualité et de la sécurité du laboratoire ». Enfin, « la France et la Chine ont choisi d’exploiter ces atouts pour promouvoir ensemble, à Wuhan, un modèle urbain de développement innovant, celui de ville durable » !

    Des conséquences immédiates

    Au-delà des rapports économiques privilégiés entre la France et la province chinoise de Hubei, la crise sanitaire qui a conduit à arrêter plusieurs usines, d’abord en Chine, mais maintenant en Italie et peut-être demain ailleurs, a dès maintenant des conséquences non négligeables. Dans son analyse Monsieur Le Maire était parti du fait que la crise économique serait immédiatement suivie d’un rebond de production qui, en quelques semaines permettraient d’en gommer les effets. Il se référait à ce qui s’était passé avec la crise du SRAS en 2003. Mais, à l’époque, aucune mesure de confinement n’avait été prise. En faisant tourner des chaînes de production plus longtemps et plus intensément, une fois l’alerte passée, on comprend que l’on puisse rattraper le retard. Mais les voyages touristiques annulés, les nuits d’hôtel et les consommations au restaurant perdues ne se récupèrent pas de la même façon. Les avions cloués au sol pendant plusieurs jours ne peuvent pas, dans les jours suivants, doubler le nombre de leurs rotations.

    Mais ceux qui risquent d’en pâtir le plus, ce sont les commerçants, déjà fragilisés par la crise des gilets jaunes, qui ne pourront pas renouveler leurs stocks et verront donc encore leur chiffre d’affaires rester en berne. Si l’on prend l’exemple du textile, il ne faut pas simplement considérer le fait que 27 % des vêtements vendus en France sont fabriqués en Chine. En effet, l’Italie est aussi un important fournisseur. Or les vêtements fabriqués en Italie, notamment dans la région de Florence, le sont souvent par des sociétés chinoises, s’approvisionnant exclusivement en Chine[2]. Pour faire bonne mesure, l’Union européenne a décidé le 12 février de suspendre le libre accès au marché européen du Cambodge puisque ce pays ne respecte pas les droits humains et les systèmes de gouvernance qu’elle promeut. Or les trois-quarts des exportations cambodgiennes à destination de l’Europe concernent les textiles et 11 % les chaussures.

    Le Gouvernement français est conscient de ces difficultés que va rencontrer le commerce de détail – et dont les effets ne se rattraperont pas – aussi a-t-il annoncé qu’il allait donner des facilités de trésorerie et différer le recouvrement de certains impôts, taxes et contributions. Le 31 janvier, il a pris un décret pour faire verser par la Sécurité sociale – déjà déficitaire – aux salariés faisant « l’objet d’une mesure d’isolement, d’éviction ou de maintien à domicile » à cause de l’épidémie de Covid-19, les indemnités journalières prévues par le Code du travail. Que la mesure soit socialement juste, nul ne le conteste, cependant, économiquement parlant, elle viendra s’ajouter à la facture totale.

    La remise en cause du modèle de développement économique

    Mais ces mesures de court terme ne règlent pas la question de fond. Or, sur ce point, le mieux est de se référer à ce qu’en a dit la collaboratrice directe de Monsieur Bruno Le Maire, la secrétaire d’Etat Agnès Pannier-Runacher[3], répondant à un journaliste de La Croix, le 26 février. Pour elle les mesures prises par le Gouvernement chinois « soulèvent deux difficultés : d’une part il peut y avoir des perturbations sur les chaînes de production, et d’autre part, les Chinois réduisant leur consommation, l’industrie du luxe, du vin ou encore du tourisme font face à une baisse d’activité » !

    Après cette constatation préliminaire elle a expliqué qu’elle a « demandé aux entreprises de vérifier leur degré de dépendance aux fournisseurs chinois », ajoutant qu’en fait, bien souvent, elles ne peuvent pas répondre à cette question « car elles achètent des pièces à des sociétés dont elles ne connaissent pas les fournisseurs ». Tout naturellement, elle en arrive donc à s’interroger sur la pertinence des délocalisations, sans aller pour autant à se poser la question de savoir si l’externalisation de certaines activités intermédiaires, pratiquée à outrance par les grands groupes internationaux, est légitime. Pour elle, dans de nombreux cas, les entreprises devront donc rechercher « un fournisseur alternatif ». Mais cela prendra beaucoup de temps car, lorsque l’on a délocalisé certaines productions, on a privé ceux que l’on mettait au chômage de la faculté de maintenir leur savoir-faire. Elle constate simplement que « dans l’automobile, cela peut prendre plus d’un an pour des outillages. Pour une pièce d’avion, il faut quatre ans pour qu’elle soit certifiée… ».

    Comme il ne faut cependant pas inquiéter les populations ni dire que les décisions prises jusqu’à présent étaient mauvaises, elle se risque à une note d’optimisme : « La transformation vers l’entreprise du futur, plus automatisée et personnalisée, permet d’envisage des relocalisations, d’autant que les coûts augmentent en Asie ». Après avoir cité quelques-uns des secteurs de production considérés comme stratégiques et pour lesquels les relocalisations sont indispensables et urgentes elle en arrive à cette découverte merveilleuse : « Avec cette épidémie, on mesure à quel point les chaînes de production sont imbriquées. Et cela pose des questions de souveraineté économique, mais aussi des questions environnementales avec des composants qui traversent le monde, parfois plusieurs fois, avant de s’intégrer dans un produit fini. C’est absurde ». Il manque deux points dans son intervention : quels sont les responsables de cette situation qu’elle qualifie elle-même d’absurde et qui aura le courage de nous en faire sortir ?

    [1] Avec le soutien du laboratoire Mérieux de Lyon.

    [2] Selon Le Courrier International du 27 février 2020, citant La Republica, la population chinoise qui travaille à Prato représente 25 000 personnes sur les 195 000 habitants. Ils y font tourner « quelque 6 000 entreprises, dont 4 000 dans le secteur du prêt à porter ». Après y avoir phagocyté les petites entreprises artisanales de la région, cette « industrie textile […] fournit les grandes marques de la mode ».

    [3] Cette secrétaire d’Etat en charge de « la reconquête économique » fait partie des Young Leaders de la France-China Foundation, au même titre qu’Edouard Philippe, Franck Riester, Brune Poirson, Matthieu Gallet ou encore Sibyle Veil, et aussi Alain Mérieux.

    Crédit photo : UGO AMEZ/SIPA/2001232159

  • Bernanos, pèlerin de l'absolu, par Frédéric Winkler.

    2737274333.34.jpgL’intellectuel imbécile : « Ceux qui m’ont déjà fait l’honneur de me lire savent que je n’ai pas l’habitude de désigner sous le nom d’imbécile les ignorants ou les simples.

    Bien au contraire.

    L’expérience m’a depuis longtemps démontré que l’imbécile n’est jamais simple, et très rarement ignorant.

    L’intellectuel devrait donc nous être, par définition, suspect ? Certainement.

    Je dis l’intellectuel, l’homme qui se donne lui-même ce titre, en raison des connaissances et des diplômes qu’il possède.

    Je ne parle évidemment pas du savant, de l'artiste ou de l'écrivain dont la vocation est de créer – pour lesquels l’intelligence n'est pas une profession, mais une vocation.

    frédéric winkler.jpgOui, dussé-je, une fois de plus, perdre en un instant tout le bénéfice de mon habituelle modération, j’irai jusqu’au bout de ma pensée. L’intellectuel est si souvent un imbécile que nous devrions toujours le tenir pour tel, jusqu'à ce qu`il nous ait prouvé le contraire. » (La France contre les robots)
    VIVRE LIBRE !
    Il est très attaché aux libertés comme pouvaient l’être d’ailleurs tout Français de l’ancien temps, qui jamais n’aurait accepté les contraintes étatiques d’aujourd’hui. Ecoutons-le en parler : « Capitalistes, fascistes, marxistes, tous ces gens-là se ressemblent. Les uns nient la liberté, les autres font encore semblant d'y croire, mais qu’ils y croient ou n'y croient pas, cela n'a malheureusement plus beaucoup d’importance, puisqu'ils ne savent plus s'en servir. Hélas ! le monde risque de perdre la liberté, de la perdre irréparablement, faute d'avoir gardé l'habitude de s'en servir...
    Ah ! n'attendez pas trop longtemps, ne laissez pas trop longtemps la machine merveilleuse exposée au vent, à la pluie, à la risée des passants ! Mais, surtout, ne la confiez pas aux mécaniciens, aux techniciens, aux accordeurs, qui vous assurent qu'elle a besoin d'une mise au point, qu'ils vont la démonter. Ils la démonteront jusqu'à la dernière pièce et ils ne la remonteront jamais !... Oui, cher lecteur, je crains que vous ne vous imaginiez-pas la Liberté comme de grands orgues, qu'elle ne soit déjà pour vous qu'un mot grandiose, tel que ceux de Vie, de Mort, de Morale, ce palais désert où vous n'entrez que par hasard, et dont vous sortez bien vite, parce qu'il retentit de vos pas solitaires. Lorsqu'on prononce devant vous le mot d'ordre, vous savez tout de suite ce que c'est, vous vous représentez un contrôleur, un policier, une file de gens auxquels le règlement impose de se tenir bien sagement les uns derrière les autres, en attendant que le même règlement les entasse pêle-mêle cinq minutes plus tard dans un restaurant à la cuisine assassine, dans un vieil autobus sans vitres ou dans un Wagon sale et puant. Si vous êtes sincère, vous avouerez peut-être même que le mot de liberté vous suggère vaguement l’idée du désordre – la cohue, la bagarre, les prix montant d'heure en heure chez l’épicier, le boucher, le cultivateur stockant son maïs, les tonnes de poissons jetées à la mer pour maintenir les prix. Ou peut-être ne vous suggérerait-il rien du tout, qu'un vide à remplir - comme celui, par exemple, de l’espace... Tel est le résultat de la propagande incessante faite depuis tant d'années par tout ce qui dans le monde se trouve intéressé à la formation en série d`une humanité docile, de plus en plus docile, à mesure que l’organisation économique, les concurrences et les guerres exigent une réglementation plus minutieuse. Ce que vos ancêtres appelaient des libertés, vous l'appelez déjà des désordres, des fantaisies. « Pas de fantaisies ! disent les gens d'affaires et les fonctionnaires également soucieux d'aller vite, le règlement est le règlement, nous n`avons pas de temps à perdre pour des originaux qui prétendent ne pas faire comme tout le monde... » (Bernanos, La France contre les robots). Il est de cette France qui, toujours fut « rebelle », fermement attachés à ces privilèges, que les siècles avaient transformés en droits, consignés dans le « Livre des métiers » d’Etienne Boileau pour ceux corporatifs et jurandes, dans les archives communales pour ceux des villes et actes notariés pour ceux des familles.
    « Le mot de civilisation évoquait jadis celui de sécurité. On imagine assez bien l'espèce de sécurité d'une civilisation forcée d'entretenir contre elle-même, à frais immense et au prix de ce qui lui reste de liberté, ce prodigieux réseau d'espionnage, afin d’être au moins prévenue cinq minutes à l'avance de son anéantissement total. L’humanité est visiblement obsédée par des images de mort, par l’image de sa propre mort, multipliée mille fois comme l’œil à facette des insectes. L'humanité a peur d'elle-même, peur de son ombre, peur de ses mains sur la table, peur du tiroir entr'ouvert où brille doucement le canon bien huilé du browning. Quand l’humanité restreint peu à peu, volontairement et comme inexorablement, sa part héréditaire de liberté, en affirmant qu'elle fait ce sacrifice à son bonheur futur, ne la croyez pas un instant l Elle sacrifie sa liberté à la peur qu'elle a d'elle-même. Elle ressemble à un obsédé du suicide qui, laissé seul le soir, se ferait lier dans son lit pour ne pas être tenté d'aller tourner le robinet du
    gaz. Mais, en même temps qu'elle se torture ainsi elle-même, apprenant à mieux se haïr comme l'auteur responsable de ses maux, son génie d'invention multiplie les instruments et les techniques de destruction. Cet aspect démentiel de l’histoire contemporaine hante évidemment tout le monde puisque le principe de cette folie, hélas ! est en chacun de nous. L’espèce de panique provoquée et entretenue par l'Absurde ressemblerait plutôt à la stupeur de l‘animal fasciné. A cette forme torpide d'angoisse, à cette anémie pernicieuse de l’âme, l'ancienne idéologie du Progrès, du bon Progrès, du Progrès comme le bon Dieu, n'apporterait qu'un poison de plus. » (Georges Bernanos. L'Esprit européen, La Liberté pour quoi faire ?) On comprend mieux ainsi toute l’étendue du principe de liberté, cher à l’esprit de Georges Bernanos. Un absolu ? Oui et c’est finalement ce que les grecs anciens désiraient dans leurs longues observations des systèmes politiques possibles pour les hommes. Il ne s’agit pas de créer une prétendue liberté dont on martèle les monuments, alors que les peuples ne les vivent qu’en rêves…
    « Le roi est un roi de chevalerie, de l’honneur qui défend la sainteté et la liberté. Pour Bernanos, la liberté est une valeur…L’homme de l’Ancien Régime, est l’homme libre par excellence. La Révolution française a fourvoyé la liberté. Mais l’idée de liberté brandie en 1789 n’a pas surgi en France par hasard. 1789 est l’insurrection de la liberté et le peuple de l’Ancien Régime est un peuple libre : le lien entre le Roi et lui était un contrat entre hommes libres. « La liberté pour quoi faire ? » dira-t-il plus tard, « mot hideux de Lénine ». La liberté se défend en même temps que l’héroïsme et la sainteté. Les religions séculières sont en train de tuer la liberté. Alors, dit Bernanos, on ne peut faire sa part au totalitarisme moderne. Bernanos n’admettra jamais certaines complaisances de l’Action française pour le fascisme mussolinien ou pour le franquisme. Pour lui, la monarchie française, c’est l’antifascisme. Un royaliste défend les valeurs que les démocrates prétendent défendre alors qu’elles ne leur appartiennent pas. Bernanos le crie à tous les royalistes : nous sommes les vrais défenseurs de la liberté ! » (Georges Bernanos, prophète en notre temps, conférence de Gérard Leclerc, 6/11/1974)
    FWinkler (http://boutique-royaliste.fr/index.php…) à suivre...

  • Une politique pour l'an 2000 de Pierre Debray (23)

    lfar bleu.jpgNous poursuivons la publication de notre série, dont la lecture expliquera à ceux qui ne l'ont pas connu le rôle intellectuel important de Pierre Debray à l'Action Française dans les années 1950-2000. 

    Cette analyse politique, économique, sociologique et historique, menée méthodiquement, à la maurrassienne, comporte de multiples enseignements, utiles aujourd'hui à notre école de pensée. Comme un stimulant de notre réflexion sur la situation présente de la France et sur l'action que nous avons à y mener.

    Même si le lecteur devra tenir compte des événements et des faits intervenus au cours des trois dernières décennies.  LFAR

     

    2235704335.jpg2ème partie : Une révolution copernicienne 

    LES NOUVELLES INVASIONS BARBARES

    Un ancien coopérant, agrégé de lettres, M. Jacques Bonnaure, dans une lettre publiée par « Le Monde » daté du 17 novembre 1984, a décrit, de façon concise et précise une situation que personne ne semble plus capable de maîtriser. En voici le texte :

    « Après avoir enseigné au Caire et au Maroc, j'ai renoncé car le métier de « coopérant » tel qu'on l'exerce est une impasse absolue. Dans certains lycées (marocains) les enseignants français sont systématiquement surveillés, parfois par des élèves qui rapportent leurs propos, même anodins, au proviseur..., ou au commissaire de police. Nous n'avons pas accès au conseil d'établissement, et le conseil de classe se limite à la lecture des moyennes. Quant aux élèves, leurs sentiments à l'égard des coopérants sont très ambivalents. Dès le début de l'année, les inscriptions fleurissent au tableau : « Les étrangers dehors ! » « Nous n'avons pas besoin de professeurs étrangers ! », etc. Puis des contacts plus confiants s'établissent. Cependant le coopérant étant français, on va lui reprocher la colonisation, le néocolonialisme, le racisme, d'ailleurs exagéré avec complaisance, comme si la France était la République sud-africaine. Si le professeur est français, il doit être chrétien, d'où de nombreux essais plus ou moins aimables, de conversion à l'islam. Mais ce Français vient du pays fantasmatique où on ne bastonne plus les élèves en grève, où les chômeurs sont indemnisés, où on ne force pas les filles à se marier. On va lui demander des adresses en France, des certificats de scolarité dans des établissements français, des emplois, une place dans sa voiture... Enfin il n'est guère agréable de voir se mettre en place tous les ingrédients nécessaires à une révolution islamique (au Maroc et en Egypte) : sentiment qu'on n'a rien à perdre quand l'avenir est aussi noir, haine de sa propre société, déséquilibre entre des traditions que les jeunes refusent et un modernisme occidental, détesté et envié tour à tour mais toujours inaccessible, xénophobie et antisémitisme, exaltation religieuse (un jour que je parlais des dieux de l'Antiquité romaine, plusieurs élèves se sont dressés pour proclamer qu'il n'y avait qu'un seul Dieu). Tout est donc prêt ».

    Kadhafi ou Khomeiny servent d'alibis à notre aveuglement. Nous les tenons pour les organisateurs d'un vaste complot qui vise à déstabiliser le monde musulman. Qu'ils disparaissent ou du moins que nous leur infligions une bonne correction et tout rentrerait dans l'ordre. En réalité, ils utilisent, dans l'ensemble de façon assez maladroite, sans stratégie cohérente, une situation qu'ils n'ont pas créée et qui, pour une bonne part, leur échappe. Nous n'en sommes qu'aux prodromes de la crise. D'autres chefs charismatiques surgiront, plus dangereux. Quand l'histoire offre un rôle, l'homme providentiel se découvre toujours. L'important, ce sont les masses, qui se mettent en mouvement, encadrées par une intelligentsia prolétarisée. Quand la jeunesse pullule, l'aventure, s'offre à elle. L'Islam fournit le ferment idéologique de populations menacées dans leur identité culturelle. En effet, ne nous y trompons pas, le monde musulman ne se porte pas tellement mieux que le monde chrétien. Corrodé par l'athéisme marxiste, le laxisme moral et le modèle américain, il rêve de notre mode de vie mais se sachant impuissant à l'atteindre, il le rejette avec d'autant plus de violence qu'il l'envie. A sa manière, c'est pour lui aussi une question de survie. Il n'est besoin que d'observer, au milieu de nous, les immigrés de la seconde génération. Ils méprisent leurs pères, et s'ils nous haïssent c'est de désir refoulé. Comment devenir semblable à l'autre sans cesser d'être soi-même ? Une tragédie spirituelle se déroulé, sous nos regards indifférents ou hostiles. Sans doute sont-ils trop jeunes, sommes-nous trop vieux.

    Au lendemain de la seconde guerre mondiale, de profondes réformes s'imposaient. Il convenait de substituer à l'administration directe de nos possessions africaines des institutions mieux adaptées à l'évolution des mentalités et au rapport des forces. Bien des solutions pouvaient être envisagées. Ainsi, dès 1947, M. Senghor préconisait la constitution d'un ensemble français « à la capétienne », où un pouvoir central fort serait en mesure d'élever ses colonies au rang de provinces, dotées d'une large autonomie. Même si l'on décidait d'acheminer progressivement nos possessions vers l'indépendance, il convenait de la préparer, en formant des cadres et en substituant aux structures administratives, construites au hasard de la conquête, des entités cohérentes. Le drame du Tchad devenait inévitable dès l'instant que l'on s'obstinait à faire coexister au sein d'un même Etat les nomades musulmans et guerriers du Nord avec les paysans chrétiens ou animistes du Sud. Malheureusement les institutions de la IV' République ne permettaient ni les choix clairs ni la continuité indispensable à leur mise en œuvre et cependant il convient de reconnaître que la France s'est mieux conduite que la Grande-Bretagne. N'empêche que les Européens ont renoncé à leurs responsabilités politiques, favorisant la pénétration soviétique, la prolifération de dictatures militaires, parfois au profit de déments, le plus souvent d'idéologues primaires, le pullulement des conflits tribaux. Néanmoins ils n'ont pas renoncé au régime du pacte colonial, ce système économique fondé sur l'échange inégal, le tiers monde vendant ses matières premières et des produits tropicaux aux pays industrialisés pour leur acheter des biens de consommation.

    Seul le Japon a su comprendre la nécessité de dépasser le « pacte colonial », non par philanthropie mais par intérêt bien compris. Sa défaite l'ayant empêché de réaliser son vieux rêve de domination politique des rivages du Pacifique, il l'a repris par d'autres moyens. Sa faible superficie et la densité de sa population l'ont d'ailleurs contraint d'éviter les erreurs des Européens. Progressivement, les secteurs promis au déclin, le textile, les chantiers navals, pour une part la sidérurgie, furent transférés en Corée, à Taïwan ou à Hong Kong. Les Japonais subventionnèrent, par leurs investissements, l'installation de concurrents, dont ils comptaient faire des clients pour leurs industries d'équipement. Utilisant une main d'œuvre abondante, peu payée, dépourvue de protection sociale, les « nouveaux pays industriels » se livrèrent à une compétition acharnée dont les Européens furent les premières victimes tandis que le Japon, grâce à son avance technologique et à son organisation commerciale, partait à la conquête de nouveaux marchés.   A suivre  (A venir : Les nouvelles invasions barbares 4).

    Illustration ci-dessus : Pierre Debray au rassemblement royaliste des Baux de Provence [1973-2005]

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    Une politique pour l'an 2000 de Pierre Debray     

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    lafautearousseau

     

  • Pour réintégrer Maurras dans le paysage politique français... : les équipes municipales à Martigues, depuis 1945...

    C'est donc à une sorte de feuilleton, à la découverte de l'homme Maurras, que nous allons vous entraîner, d'ici les prochaines élections municipales.

    Celles-ci, nous l'avons dit, seront peut-être décisives pour l'avenir de la Maison du Chemin de Paradis, fermé aux Français aujourd'hui par le dernier Mur de Berlin d'Europe : celui, invisible, du sectarisme haineux de la Mairie communiste, qui préfère laisser fermée (en attendant qu'elle ne s'écroule ?) une belle demeure qui pourrait être intégrée au réseau des Maisons des Illustres, et devenir un centre national et international de recherches et débats intellectuels de haut niveau sur Maurras, sa vie, son oeuvre; un lieu culturel vivant et rayonnant...

    Aujourd'hui : Une pause, dans notre découverte des lieux, pour répondre à une question "technique" d'un lecteur : quel est l'état des forces en présence, à Martigues, après les dernières élections ?...

    Thierry, de Paris, nous demande - pour faire court - "qui représente quoi" sur place. Il pense que, peut-être, les prochaines municipales vont changer les choses...

    Cela nous éloigne un peu, temporairement, de notre sujet de départ, mais toute question mérite réponse...

    Disons simplement que beaucoup de choses ont changé, depuis les dernières municipales de 2014, et même depuis les dernières européennes. Nous nous garderons bien de pronostiquer quoi que ce soit, et nous donnerons simplement à notre lecteur les résultats de ces deux dernières élections, ainsi que quelques informations sur les maires de Martigues depuis la Libération : nous serons fixés fin mars 2020 - demain !... - sur la composition du nouveau (?) Conseil municipal...

    Juste après la Libération, Martigues fut dirigée par un Maire communiste, Francis Turcan (en 46 et 47). Puis, de 1947 à 1949 (durant deux mandats tout de même) les Maires furent socialistes (on disait à l'époque "SFIO") : Théodore Cheillan puis Paul Pascal. En 1959, le PCF reprit la mairie, jusqu'à aujourd'hui : d'abord avec le retour de Francis Turcan (de 1959 à 1969) puis avec Paul Lombard, pendant 40 ans (de 1969 à 2009). Depuis 2009, le Maire, toujours communiste, est Gaby Charroux, mais la Mairie n'est plus exclusivement "PCF", elle est "Union de la Gauche".

    A noter le net recul de "la gauche" entre les municipales de 2001 (Paul Lombard, "Liste de gauche" : 64,33% au 2ème tour) et celles de 2008, où le même Paul Lombard fut ré-élu au 2ème tour à la tête d'une "Liste d'union de la Gauche", mais avec 57,51% des voix, soit une perte non négligeable de 7% des voix. 

    Cette érosion des voix "de gauche" fut stoppée en 2014, Gaby Charroux étant élu au 2ème tour avec 58,52% des voix...

    C'est  Paul Lombard qui, le 29 septembre 1997 reçut les clés de la bastide des Maurras, remises par Jacques Maurras, neveu et fils adoptif de Charles Maurras, conformément au voeu de Maurras lui-même.

    Les relations étaient bonnes, alors, et l'accès au lieu (maison et jardin) parfaitement libre. Le "patriotisme municipal" de Paul Lombard, natif de Martigues, devait être plus fort que celui de Gaby Charroux, originaire de la commune toute proche de Chateauneuf les Martigues, mais, surtout entouré par une équipe dont on ne sait si elle est plus ignorante que sectaire, ou l'inverse...

    C'est depuis cette élection que les choses se sont gâtées, et que maison et jardin ont été, finalement, fermés au public...

    Alors, y aura-t-il un effet Macron/LaRem à Martigues (et ailleurs...) lors des prochaines Municipales ? Le monolithisme de "l'union de la Gauche" va-t-il résister au macronisme ou bien se fissurer, voire voler en éclats ? L'équipe stalinienne des Salazar et Compagnie peut-elle - dans ce cas - perdre la Mairie ?

    Si un groupe, quel qu'il soit, était en mesure de faire tomber l'actuelle équipe, nous l'avons écrit, quitte à surprendre voire choquer : nous serions prêts à appeler à voter pour ce groupe, uniquement à Martigues et à cause du cas spécial de "la maison Maurras"; sans illusions, mais "par tous les moyens, même légaux", faire tout le possible pour que tombe l'équipe qui a élevé autour de bastide du Chemin de Paradis le dernier mur de Berlin d'Europe, aussi invisible que réel...

     -------

    (rappel :  il y avait 35.070 électeurs inscrits lors des dernières Européennes)

    1. RÉSULTATS MUNICIPALES 2014 - MARTIGUES

    Premier Tour

    • M. Gaby CHARROUX LISTE UNION DE LA GAUCHE
      49.9 %
    • M. Cyril MARTINEZ LISTE FRONT NATIONAL
      17.14 %
    • M. Jean-Luc DI MARIA LISTE DIVERS DROITE
      15.88 %
    • M. Paul LOMBARD LISTE DIVERS GAUCHE
      8.75 %
    • Mme Michèle VASSEROT LISTE UNION DE LA DROITE
      8.3 %

    Deuxième Tour

    • M. Gaby CHARROUX LISTE UNION DE LA GAUCHE
      58.52 %
    • M. Cyril MARTINEZ LISTE FRONT NATIONAL
      22.99 %
    • M. Jean-Luc DI MARIA LISTE DIVERS DROITE
      18.47 %     

       

      2. RÉSULTATS EUROPEENNES 2019

    • Tête de listeMartigues% des voix
      Jordan BARDELLAJordan BARDELLA PRENEZ LE POUVOIR, LISTE SOUTENUE PAR MARINE LE PEN30,99%
      Nathalie LOISEAUNathalie LOISEAU RENAISSANCE SOUTENUE PAR LA RÉPUBLIQUE EN MARCHE, LE MODEM ET SES PARTENAIRES14,76%
      Ian BROSSATIan BROSSAT POUR L'EUROPE DES GENS CONTRE L'EUROPE DE L'ARGENT12,14%
      Yannick JADOTYannick JADOT EUROPE ÉCOLOGIE11,25%
      Manon AUBRYManon AUBRY LA FRANCE INSOUMISE8,56%
      François-Xavier BELLAMYFrançois-Xavier BELLAMY UNION DE LA DROITE ET DU CENTRE4,52%
      Raphaël GLUCKSMANNRaphaël GLUCKSMANN ENVIE D'EUROPE ÉCOLOGIQUE ET SOCIALE4,06%
      Nicolas DUPONT-AIGNANNicolas DUPONT-AIGNAN LE COURAGE DE DÉFENDRE LES FRANÇAIS AVEC NICOLAS DUPONT-AIGNAN. DEBOUT LA FRANCE ! - CNIP2,99%
      Benoît HAMONBenoît HAMON LISTE CITOYENNE DU PRINTEMPS EUROPÉEN AVEC BENOÎT HAMON SOUTENUE PAR GÉNÉRATION.S ET DÈME-DIEM 252,06%
      Hélène THOUYHélène THOUY PARTI ANIMALISTE1,62%
      Dominique BOURGDominique BOURG URGENCE ÉCOLOGIE1,61%
      François ASSELINEAUFrançois ASSELINEAU ENSEMBLE POUR LE FREXIT1,31%
      Jean-Christophe LAGARDEJean-Christophe LAGARDE LES EUROPÉENS1,14%
      Florian PHILIPPOTFlorian PHILIPPOT ENSEMBLE PATRIOTES ET GILETS JAUNES : POUR LA FRANCE, SORTONS DE L'UNION EUROPÉENNE !0,93%
      Francis LALANNEFrancis LALANNE ALLIANCE JAUNE, LA RÉVOLTE PAR LE VOTE0,91%
      Nathalie ARTHAUDNathalie ARTHAUD LUTTE OUVRIÈRE - CONTRE LE GRAND CAPITAL, LE CAMP DES TRAVAILLEURS0,64%
      Olivier BIDOUOlivier BIDOU LES OUBLIÉS DE L'EUROPE - ARTISANS, COMMERÇANTS, PROFESSIONS LIBÉRALES ET INDÉPENDANTS - ACPLI -0,21%
      Pierre DIEUMEGARDPierre DIEUMEGARD ESPÉRANTO - LANGUE COMMUNE ÉQUITABLE POUR L'EUROPE0,09%
      Nagib AZERGUINagib AZERGUI UNE EUROPE AU SERVICE DES PEUPLES0,07%
      Yves GERNIGONYves GERNIGON PARTI FÉDÉRALISTE EUROPÉEN - POUR UNE EUROPE QUI PROTÈGE SES CITOYENS0,05%
      Florie MARIEFlorie MARIE PARTI PIRATE0,03%
      Sophie CAILLAUDSophie CAILLAUD ALLONS ENFANTS0,02%
      Nathalie TOMASININathalie TOMASINI À VOIX ÉGALES0,01%
      Robert DE PREVOISINRobert DE PREVOISIN UNE FRANCE ROYALE AU COEUR DE L'EUROPE0,01%
      Christophe CHALENÇONChristophe CHALENÇON ÉVOLUTION CITOYENNE0,01%
      Audric ALEXANDREAudric ALEXANDRE PACE - PARTI DES CITOYENS EUROPÉENS0,01%
      Renaud CAMUSRenaud CAMUS LA LIGNE CLAIRE0,01%
      Gilles HELGENGilles HELGEN MOUVEMENT POUR L'INITIATIVE CITOYENNE0,00%
      Vincent VAUCLINVincent VAUCLIN LISTE DE LA RECONQUÊTE0,00%
      Cathy Denise Ginette CORBETCathy Denise Ginette CORBET NEUTRE ET ACTIF0,00%
      Antonio SANCHEZAntonio SANCHEZ PARTI RÉVOLUTIONNAIRE COMMUNISTES0,00%
      Hamada TRAORÉHamada TRAORÉ DÉMOCRATIE REPRÉSENTATIVE0,00%
      Christian Luc PERSONChristian Luc PERSON UDLEF (UNION DÉMOCRATIQUE POUR LA LIBERTÉ ÉGALITÉ FRATERNITÉ)0,00%
      Thérèse DELFELThérèse DELFEL DÉCROISSANCE 20190,00%
      Participation au scrutinMartigues
      Taux de participation
    • La maison de Maurras est en piteux état, mais... à qui la faute ? A la Mairie, bien sûr !

      C'est donc à une sorte de feuilleton, à la découverte de l'homme Maurras, que nous allons vous entraîner, d'ici les prochaines élections municipales.

      Celles-ci, nous l'avons dit, seront peut-être décisives pour l'avenir de la Maison du Chemin de Paradis, fermé aux Français aujourd'hui par le dernier Mur de Berlin d'Europe : celui, invisible, du sectarisme haineux de la Mairie communiste, qui préfère laisser fermée (en attendant qu'elle ne s'écroule ?) une belle demeure qui pourrait être intégrée au réseau des Maisons des Illustres, et devenir un centre national et international de recherches et débats intellectuels de haut niveau sur Maurras, sa vie, son oeuvre; un lieu culturel vivant et rayonnant...

      Aujourd'hui : La maison de Maurras est en piteux état, mais... à qui la faute ? A la Mairie, bien sûr !

      maurras maison se delabrant.jpg

      C'est La Provence qui l'a annoncé, mercredi dernier 27 novembre : par un petit visuel très court dans son édition de Marseille (ci dessous), et par un article un peu plus étoffé dans son édition de Martigues, avec une photo inquiétante, qui montre bien le mauvais état du lieu (ci dessus), en état de délabrement continu depuis des années, par manque de soins et d'entretien, tout simplement.

      Sans se rendre compte, probablement, de ce qu'il écrit, et qui permet de lancer une accusation contre la richissime Mairie de Martigues, justement pour négligence coupable, défaut de soins et d'entretien d'un Patrimoine remarquable, l'auteur de l'article commence ainsi, par ces lignes "bucoliques" (il aurait du talent, on dirait "virgiliennes", mais passons...) :

      "Le portail vert s'ouvre, découvrant un beau jardin. Allées de graviers blancs, massifs automnaux, oliviers, magnolias, myrte, arbousiers, buis, entourent la fameuse belle maison, classée sous le nom de "bastide du chemin de Paradis", connue à Martigues et dans les milieux politico-historiques comme la "maison de Maurras" (Lire par ailleurs). Léguée par sa famille à la mairie de Martigues pour 1 franc symbolique en 1997, celle-ci s'apprête à recevoir des travaux d'envergure, le permis ayant été voté à l'unanimité lors du dernier conseil municipal. Et elle en a bien besoin..."

      maurras bastide.jpg

      Ah, bon ? La bastide a "bien besoin" de "travaux d'envergure" ? Mais pourquoi donc ?

      Et c'est là que le bât blesse, pour la Mairie, qui voit ainsi dévoilée au grand jour son incurie, et :

      - soit sa mauvaise gestion,

      - soit sa volonté délibérée de laisser se dégrader la maison de Maurras, dans l'espoir peut-être de la voir disparaître, un jour, par écroulement ou parce que, son mauvais état empirant sans cesse, le bâti finirait par ne plus être "restaurable"...

      On pense à ce qui s'est passé à Marseille avec ces maisons de la rue d'Aubagne, qui ont fini par s'écrouler il y quelques semaines, après qu'on les ait laissé pourrir sur pied pendant des décennies, sans travaux d'entretien...

      Encore ces maisons formaient-elles un ensemble, se soutenant les unes les autres, et, même indigne, cet "habitat" (!) était... habité, les malheureuses personnes qui y logeaient leur apportant le peu de soins qu'elles pouvaient, et qui ont fini par ne plus suffire. 

      Rien de tel chez Maurras, où la maison est isolée, comme en pleine nature; jamais chauffée; dont les poutres sont forcément la proie, comme partout, des termites et des champignons; rongée par les intempéries et surtout l'humidité, qui a pénétré au coeur des pierres, des poutres et de la chaux qui sert de "liant" - comme on le faisait à l'époque - dans cette ville construite non pas au bord de l'eau mais dans l'eau, comme aimait à le dire Alexandre Dumas, amoureux du lieu :

      3039456636.jpg

       

      Cette maison, ce jardin de Maurras au Chemin de Paradis, nous les connaissons par coeur, à titre individuel ou à titre collectif, nous les militants et tous les membres de l'Union Royaliste Provençale, pour y être allé des dizaines de fois et y avoir organisé un grand nombre de rencontres, visites et manifestations diverses (et même un repas en soirée pour plusieurs dizaines de personnes, dans le jardin : un grand souvenir !...).

      Nous pouvons tous témoigner que cette maison, pleine des livres et objets familiers de Charles Maurras, était une maison en bon état, une belle bâtisse, et qu'il était seulement triste de la savoir inhabitée en permanence. Mais les gardiens s'en occupaient très correctement, et on ne voyait aucun signe de vétusté alarmante, nécessitant des "travaux d'envergure" dont elle aurait eu "bien besoin".

      Alors, que s'est-il passé ?

      Tout simplement, ceci...

      En 1997, il y a 22 ans, selon le voeu de Maurras lui-même, sa maison fut donnée à la ville de Martigues par Jacques Maurras; le Maire de l'époque était Paul Lombard, qui, bien que communiste, avait un "patriotisme municipal" qui lui permettait de passer outre les divergences politiques, pour ne considérer que le Patrimoine (dans une ville qui - ce n'est pas l'injurier que de le reconnaître simplement - n'est pas très riche en monuments remarquables).

      Au début, donc, tout se passa bien.

      La Mairie reprit même, et fit refaire à l'identique, mais en respectant la façon ancienne de construire, l'ensemble de la toiture, afin de mettre le monument hors d'eau, ce qui est la première des choses à faire, toujours et partout.

      Et l'ensemble maison/jardin était ouvert normalement au public.

      Cela dura tout le temps que Paul Lombard fut Maire, c'est-à-dire jusqu'en 2009, mais devait changer ensuite, lorsqu'une nouvelle équipe municipale d' "union de la Gauche" prit la Mairie. C'est à partir de ce moment-là qu'un petit groupe d'élus, aussi ignorants que sectaires et haineux, entama le processus qui devait mener à la fermeture de la totalité du lieu au public, et l'abandon complet de son entretien. 

      Situation démentielle et catastrophique, qui devait nous amener là où nous en sommes aujourd'hui : et maintenant, comme par hasard, quatre mois avant les Elections municipales, l'équipe en place se souvient qu'il y a une "maison de Maurras"; qu'elle a "bien besoin" de "travaux d'envergure" et vote un budget de 850.000 euros !

      Mais, que n'a-t-elle entretenu son patrimoine, au jour le jour - comme nous le faisons tous pour le nôtre ? Et pourquoi donc a-t-elle interdit l'entrée du lieu, depuis de trop longues années ? S'est-il passé quelque chose, qu'il faudrait cacher ?  

      Comme d'habitude, à chaque fois qu'il n'y a pas transparence, des rumeurs courent, parfois contradictoires, souvent convergentes. Quoi qu'il en soit, tous nos amis sur place nous disent la même chose : aucun n'a vu, ces dernières années, d'allées et venues de personnels d'entretien, la maison est toujours fermée, et son état est celui d'un édifice en voie de délabrement.

      Alors, voilà qu'on nous sort 850.000 euros du chapeau, et il faudrait que l'on s'extasiât ! Et que l'on remerçiât une Mairie si généreuse (elle peut, avec les millions, voire plus, qu'elle a !...) ! Eh bien, non !

      Les travaux dans la maison de Maurras ? Depuis des années, c'est... l'Arlésienne. Alors maintenant, nous ne croirons plus que ce que nous verrons. Car, c'est bien connu, les promesses n'engagent que ceux qui les croient...

      Et nous persistons à formuler nos demandes raisonnables, d'une façon calme et pacifique; au minimum :

      1. Que la Mairie re-donne l'accès au moins au jardin, si la maison a "bien besoin" - par sa faute - de "travaux d'envergure".

      2. A propos de ces travaux, que la Mairie "communique" (comme on dit aujourd'hui dans le jargon), qu'elle explique dans quel état se trouve le bâti, et qu'elle donne des informations sur un calendrier, même approximatif, des travaux, de leur durée, et de la future réouverture du lieu.

      Faute de quoi, on ne nous empêchera pas de penser - et nous ne sommes pas les seuls - qu'il s'agit là d'une opération de basse campagne électorale. On vient d'apprendre en effet que les Ecologistes - dont une partie au moins, à Martigues, est dans la majorité "de gauche" - viennent de déclarer que leur objectif - excusez du peu !... - est... l'Elysée pour 2022 ! Et on ne sait pas encore ce que feront les membres de l'ancienne gauche (PS...) qui font aussi partie de l'actuelle équipe municipale mais dont les groupes ont rejoint Macron depuis.

      L'équipe municipale actuelle préfère probablement ne pas laisser s'ouvrir un domaine de critiques éventuelles dans une élection qui va s'annoncer difficile...

      Dans ce contexte-là, nous pensons, oui, que l'annonce des travaux - même bienvenus... - dans une maison volontairement laissée à l'abandon pendant des années a quelque chose de... surprenant.

      lafautearousseau

    • Etre citoyen et responsable ?, par Olivier Perceval.

      On nous dit, qu’il faut jouer « l’Union Sacrée » face au fléau national et international qui s’abat sur nous, et toutes notes discordantes seraient indignes en plein milieu du combat, et même de « la guerre » pour reprendre l’expression dramatique du président Macron.

      Mais pour mener une guerre, il faut que le peuple entier fasse confiance en ses chefs, ceux là même qui ont ruiné le système de santé le plus performant du monde et fait tabasser les personnels médicaux en grève pour manque de moyens. Je ne parle pas de la répression sauvage des gilets jaunes, lesquels étaient coupables de ne pas croire aux bienfaits de la « mondialisation heureuse ».

      Olivier Perceval.jpgLes mêmes qui nous parlent encore, à l’instar du président, de ne pas sombrer dans le repli nationaliste et refusent de fermer les frontières au prétexte que les frontières n’arrêtent pas les virus, argument imbécile et de mauvaise foi puisque l’on nous serine par ailleurs que le virus est transporté par les hommes, lesquels, eux, peuvent être arrêtés par les frontières, dont c’est la fonction. 

      C’est d’ailleurs ce que comprennent, notamment, les allemands, les italiens et les espagnols.

      Sait-on que le laboratoire de Wuhan, en Chine,   a été inauguré en 2017 par Yves Lévy, PDG de l’Inserm et accessoirement mari d’Agnès Buzyn, pour procéder à des tests sur cellules souches de Coronavirus avec des chauves-souris  ? Cette proximité eut dû permettre à nos responsables, peut-être d’en savoir plus et expliquer les dernières déclarations de l’ex-ministre de la santé à propos de la mascarade des municipales.

      Aussi,  les mesures annoncées avec gravité sollicitant avec emphase le sens des responsabilités de chacun, sont contestées par des scientifiques tout de suite voués aux gémonies par l’académie, laquelle est immédiatement soutenue par les grands médias et bien sûr, le gouvernement, dont le sens même des responsabilités depuis quelques temps n’est pourtant pas démontré.

      Il semble quand même que les professionnels qui font référence, optent comme de vulgaires technocrates pour les solutions radicales, faute d’avoir anticipé, se trouvant débordés par le tsunami viral. Les politiques très mal à l’aise, en dehors de faire la morale au peuple indiscipliné s’en remettent aux «  spécialistes  » qui deviennent l’alpha et l’oméga, argument d’autorité repris en boucle sur les plateaux télé. Nos politiques semblent avoir oublié ce pourquoi ils sont faits  : Décider après avoir pris conseil (sachant que les conseilleurs, comme dit le proverbe, ne sont pas les payeurs)

      Le confinement général et brutal supplée aussi aux manques de moyens, notamment en matière de tests.

      Notre voisine l’Allemagne semble avoir mis en place des mesures  plus efficaces  :

      “Depuis le début [de l’épidémie], nous avons systématiquement demandé à nos médecins de tester les gens”, indiquait le docteur Lothar H. Wieler, président de l’Institut Robert Koch, lors de la conférence de presse quotidienne de l’organisation le 11 mars, cité par Euronews. Le pays dispose en effet d’une capacité de dépistage massive évaluée “par les autorités allemandes à 12 000 tests par jour” grâce à un “maillage territorial important de laboratoires”, souligne Laurent Desbonnets. Des “drive” ont même été mis en place dans le pays, comme en Corée du Sud ou aux Etats-Unis, afin de tester rapidement de très nombreuses personnes, relève le New York Post.

      Contrairement à la France, qui face à la hausse du nombre de cas suspects, a dû progressivement réserver les tests aux patients présentant des symptômes avancés.

      Résultat  : Lundi 16 mars, l’Allemagne recensait ainsi 6 012 cas confirmés, dont 13 morts (soit un taux de mortalité 0,2 %), selon l’Institut Robert Koch, l’établissement allemand responsable du contrôle et de la lutte contre les maladies au niveau fédéral. La France comptabilisait dans le même temps 6 633 cas confirmés, dont 148 morts (soit un taux de mortalité de 2,2 %), selon Santé publique France.

      “Comme l’Allemagne teste davantage de personnes, y compris certaines qui ne sont pas tant malades, cela nous donne une meilleure compréhension du taux de mortalité”, avance Thomas Schulz médecin à l’institut de virologie de Hanovre (Allemagne), interrogé par France info.

      Au contraire, la France ne dispose que d’une capacité de 2 500 tests par jour, a indiqué à France Info la Direction générale de la santé, mardi 17 mars. Et seuls 70 laboratoires sont en capacité de traiter ces tests, a-t-elle précisé à 20 Minutes. Les autorités sanitaires ont donc progressivement réservé les tests aux patients présentant des symptômes avancés

      Ainsi donc l’appel à la responsabilité des citoyens vient palier l’irresponsabilité chronique  et l’incapacité d’anticiper de nos dirigeants, devant lesquels nous avons reçu l’injonction de nous taire, de nous soumettre, au nom même de cette responsabilité.

       Les EPHAD désormais inaccessibles 

      Pendant deux jours trop courts, la consigne concernant les visites aux parents âgés était de se rendre un par un, à des horaires limités, de se laver les mains avant et après la visite et de se tenir à une distance d’un mètre de la personne visitée.

      Et puis, très rapidement la sentence est tombée  : Plus de visite du tout. Or nous savons tous que les personnes déjà confinées dans les établissements et qui se rapprochent inexorablement de leur fin, n’attendent que la prochaine visite de leur famille, la principale note d’espoir qui leur permet de vivre ou de survivre.

      Le mental étant le dernier ressort qui maintienne nos parents en vie. Si on le met à mal, malgré le dévouement du personnel de santé et

      d’accompagnement, on les condamne à mourir d’ennui et de tristesse, un virus pourtant que l’on sait combattre avec un peu d’amour.

      Ainsi, sous le prétexte de les sauver du virus, les vieux sont assignés dans ce qui ne devient pour eux qu’un mouroir…

      Une solution à double tranchant pour Pascal Champvert, président de l’Association des directeurs au service des personnes âgées (AD-PA). “Limiter encore plus n’est absolument pas souhaitable pour les gens parce que ne pas voir les gens qu’on aime pendant trois mois, c’est insupportable  »

      “Le bénéfice, évidemment, c’est que si on suspend les visites il y a peu de probabilité que le virus entre dans un établissement”, estime Pascal Champvert. Mais il ajoute : “Le risque, c’est qu’on peut avoir des gens qui, pendant deux trois mois n’ont aucune visite”. “Est-ce que vous vous accepteriez de ne pas voir les gens que vous aimez, vos parents, votre famille, vos amis pendant trois mois ? Je ne suis pas sûr”, conclut-il enfin.

      Il faut ajouter que nos anciens sont en fin de vie, et qu’il est du ressort des vivants de les accompagner jusqu’à leur terme.

      Il y aura des morts non comptabilisés, parce que «  d’apparence naturelle  », que l’on ne pourra certes pas imputés au COVID 19, mais au désespoir de nos anciens morts d’isolement et de tristesse, parce que les politiques s’en remettant à des spécialistes de la statistique virale auront jugé que c’était plus commode. Etait-ce si difficile de laisser au moins un référent par personne et de l’équiper de surblouse et de masque  ? Ceux qui ont eu dans leur entourage, des malades immunodéprimés notamment dans le traitement des cancers ont pu  leur rendre visite avec cet équipement. Mais, ah oui, nous manquons aussi de surblouses et de masques…

      Ainsi en va-t-il du père de l’auteur de cet article, héros de la 2eme DB, blessé, croix de guerre, médaille militaire, légion d’honneur, patriarche d’une centaine de descendants, qui se trouve mourant seul, loin de tous, alors qu’avant l’ordre de confinement il recevait au moins une visite par jour.

    • L'importance vitale de la souveraineté alimentaire par Jean-Philippe Chauvin

      396556_jean-philippe-chauvincorr.jpgA l’automne 1991, le professeur Maurice Quénet déclarait, devant un amphithéâtre de la faculté de Droit de Rennes bondé d’étudiants attentifs et de quelques auditeurs libres, que désormais la France n’était plus en mesure de se nourrir par elle-même ! Le souvenir m’en est resté jusqu’à aujourd’hui, profondément ancré, et je l’évoque souvent devant mes propres élèves, en me désespérant de voir que, si j’en crois la lecture du dernier numéro de Marianne, les choses n’ont fait que s’aggraver, en ce domaine comme en d’autres. C’est Jean-Claude Jaillette qui en couronne son article d’un titre terrible : « Demain, la faim ? La France n’est plus capable de se nourrir elle-même. »

      Un article qu’il faudrait découper, plier et ranger soigneusement dans son portefeuille, et ressortir quand les candidats aux élections, avec grand sérieux, nous vantent les mérites de la mondialisation et de la modernité comme de la solution à toutes les crises ; un article pour fermer leur clapet à ceux qui, du haut de leurs grands principes libéraux, condamnent nos agriculteurs au nom du libre-échange et des prix bas nécessaires à leur société de consommation (société de consumation serait sans doute plus juste…), comme Pascal Lamy qui, socialiste moderne, a échangé la destruction de notre paysannerie contre quelques « promesses de bonnes affaires » : « Il a été l’initiateur des négociations portant sur les accords bilatéraux qui font craindre le pire aux paysans français et aux écologistes. L’idée du troc entre l’automobile et la chimie contre notre agriculture, c’est lui. Il n’en est pas peu fier, convaincu qu’il n’y a pas de commerce sans échanges « libres ». Oubliant que l’agriculture est une activité économique particulière, qui doit être protégée. Pour lui, le désarroi des paysans, la perte de souveraineté alimentaire, ce n’est qu’un tribut à payer à l’adaptation. Naïf et dangereux. » L’aveuglement des idéologues libéraux n’est qu’une cause de la catastrophe, mais c’est le libéralisme économique qui, en définitive, est la matrice de ce déni des réalités et de la destruction des économies réelles, celles qui doivent servir les hommes et non les asservir au règne infâme de la « Fortune anonyme et vagabonde » et de l’Argent-Seigneur (et saigneur…).

       

      Car le libre-échange sans entraves qui définit la mondialisation économique est celui qui détruit notre agriculture et la souveraineté alimentaire qui sont les conditions de notre pérennité et, même, de notre propre survie physique : « notre agriculture ne parvient même plus à satisfaire les besoins intérieurs : en dix ans, les importations ont progressé de 87 %, celles de produits laitiers ont doublé en dix ans, un fruit sur deux et un légume sur deux ne sont pas produits en France, comme 34 % de la volaille et 25 % de la viande de porc. Même le bio, qui devrait être produit au plus près, est importé à 31 %. » Et dans le même temps, nous produisons pour l’exportation en oubliant que le premier marché de notre production agricole devrait être, d’abord et logiquement, la France et les Français… N’est-ce pas le monde à l’envers, en somme ?

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      La mondialisation est un fait, mais elle n’est pas un bienfait, et la question agricole le prouve à l’envi, poussant au suicide 605 agriculteurs français en 2015 (selon les chiffres bien documentés de la Mutualité sociale agricole) tandis que nombre d’autres, étranglés par les dettes et par la concurrence sauvage des produits étrangers, renoncent au travail de la terre. « En 2016, près de 20 % des exploitants ne pouvaient pas se verser de salaires alors que 30 % touchaient moins de 350 euros par mois », expliquait Le Figaro dans son édition du 10 octobre 2017. Comme le souligne M. Jaillette, « Dans ce contexte d’une concurrence où tous les coups sont permis, la multiplication des accords de libre-échange bilatéraux encouragés par l’Organisation mondiale du commerce (OMC) ouvre naïvement le marché de l’Europe à des contingents à prix cassés de viande bovine et porcine, de céréales, comme l’illustrent en particulier les accords obtenus avec l’Ukraine, le Chili, le Canada et plus récemment le Mercosur (Amérique du Sud). Combien de temps nos éleveurs de bovins résisteront-ils à l’arrivée des 99.000 t de bœuf brésilien ultraconcurrentiel, qui viendront s’ajouter aux 80.000 t bradées arrivées au nom des précédents accords ? » C’est là que l’on mesure le mieux la nécessité d’un état d’esprit civique et « national » en France et en Europe pour privilégier les viandes produites « au plus proche » (y compris nationalement parlant), même si cela a un coût immédiat parfois plus élevé que l’achat au prix le plus bas de viande industrielle étrangère à l’hypermarché du coin, mais aussi la nécessité d’un Etat digne de ce nom, soucieux de notre « souveraineté alimentaire d’abord », ce qui n’est pas incompatible, loin de là, avec la promotion d’une production de qualité plutôt que de simple quantité. Or, la République n’est pas le meilleur régime politique pour préserver et soutenir l’agriculture française, comme le montrent les dernières décennies et ce que, sans émettre de jugement sur ceux qui nous gouvernaient alors ni sur les institutions, le propos du professeur Quénet mettait en avant…

       

      Une stratégie agricole d’Etat fondée sur la souveraineté alimentaire et la recherche de l’autosuffisance maximale est plus que jamais légitime et appropriée aux enjeux autant contemporains que futurs : « Depuis plus de cinquante ans, la France n’a pas connu de graves périodes de pénurie alimentaire. Au vu du déclin engagé, rien n’interdit de penser qu’elles pourraient faire leur réapparition. (…) Il suffit d’analyser les ratés du secteur de la pharmacie pour imaginer ce qui pourrait se passer dans l’agriculture. (…) Être dépendant, c’est être exposé au risque d’un embargo ou d’une rupture d’approvisionnement consécutive à une décision politique. C’est aussi importer des produits dont les standards de fabrication ne correspondent pas aux habitudes de consommation locale. Comment, dès lors, éviter dans l’alimentation ce qui se passe dans le médicament ? » Gouverner, c’est prévoir, et il apparaît de plus en plus nécessaire de se préserver des risques que le système de la mondialisation libérale fait aussi peser sur l’économie de notre pays et sur l’alimentation de ses habitants.

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      L’Etat doit renouer avec son rôle de « père nourricier », non pas en collectivisant l’agriculture française, mais en la soutenant et en orientant ses grandes productions tout en permettant ses plus petites et plus locales. Mais, comme le souligne l’auteur de l’article de Marianne, il faut aussi impliquer le consommateur dans cette stratégie de souveraineté alimentaire : « Chaque citoyen-consommateur a-t-il bien conscience que sa liberté de pouvoir choisir l’alimentation qu’il souhaite, dans les quantités qu’il espère et de la qualité qu’il exige, dans son propre pays, relève de ce principe fondamental qu’est la souveraineté alimentaire ? A-t-il conscience qu’elle n’est acquise que grâce à l’autosuffisance que lui confère une agriculture diversifiée, répartie sur tout le territoire, exploitée par des agriculteurs nombreux, qualifiés et donc correctement rémunérés ? » Car l’action de l’Etat, seule, ne peut pas tout faire s’il n’y a pas, aussi, une prise de conscience publique la plus générale possible des enjeux et des possibilités d’action, autant collective qu’individuelle et familiale. L’Etat ne peut, ne doit pas se substituer aux citoyens, mais il a le devoir politique de les éclairer et de leur montrer le chemin le plus approprié aux intérêts de tous et au Bien commun. Les royalistes ne lui demandent pas forcément plus, mais ils lui demandent au moins cela, dans une vision historique de ce qu’est le pouvoir régalien et de ce qu’il permet mais s’impose aussi à lui-même…

    • De la colère sociale à l’espérance royale par Jean-Philippe Chauvin

      396556_jean-philippe-chauvincorr.jpg« Nous ouvrons là un mois de décembre qui promet, si l’on en croit la rumeur publique, d’être fort mouvementé, un an tout juste après le début de la longue protestation des Gilets jaunes qu’il nous est arrivé d’accompagner et d’encourager. Ainsi, nous pourrions paraphraser la célèbre formule de Rochefort : « La France compte aujourd’hui 66 millions de sujets, sans compter les sujets de mécontentement… »

       

      « Désormais, c’est la question des retraites, de leurs formes comme de leur financement, qui agite la rue, mais aussi les salles des professeurs, les cantines d’entreprise et qui se discute, voire se dispute, au comptoir du café, ce « Parlement du peuple », selon le royaliste Balzac. L’un des éléments de débat se focalise sur l’âge légal de départ à la retraite, que les libéraux souhaitent, à tout prix, relever, le plus souvent à 67 ans, en attendant sans doute mieux (ou pire) encore : au-delà du Rhin, la Bundesbank allemande propose déjà 69 ans, mais ce sera bientôt au-delà de 70 ans si l’on suit leur argumentation « démographique ». Pourtant, l’espérance de vie, si elle augmente (mais elle semble atteindre un plafond difficilement transperçable), reste fort inégale selon les professions, et il semble qu’un ouvrier vive environ (et en moyenne) 13 ans de moins qu’un cadre supérieur. De plus, l’espérance de vie sans incapacité (ou en bonne santé), elle, n’atteint qu’un peu plus de 62 ans en France, ce qui n’est pas anodin quand on évoque la qualité de vie même de nos concitoyens. N’est-ce pas, pourtant, cette dernière mesure qu’il s’agirait de prendre en compte pour être juste, socialement juste ?

       

      retraite enfin.jpg« Mais comment financer les retraites par répartition sans aggraver les conditions de vie et de travail des Français ? Faire de grands calculs n’est pas suffisant ni satisfaisant car ils ont le défaut de négliger les êtres au profit des chiffres qui, eux, n’ont pas besoin de se nourrir, de se loger et de se vêtir. Commençons plutôt par la responsabilisation et l’action de chacun, en consommant en priorité français, c’est-à-dire en finançant indirectement (mais bien sûrement, fiscalement parlant) les caisses de l’Etat plutôt que celles de ces grandes firmes transnationales états-uniennes ou étrangères qui « oublient » de payer leurs impôts ou, surtout, se débrouillent pour ne rien lâcher de leurs immenses profits en se localisant dans des paradis fiscaux, parfois proches de la France et, même, membres de la même Union européenne que notre pays (n’est-ce pas le comble, au regard de ce que l’on nous dit - depuis plus de soixante ans - de ce que devait être « l’Europe », une sorte de super-Etat dans lequel les mêmes règles s’appliqueraient, de Brest à Chypre ?). Consommer français, c’est bien possible, et c’est plus civique que d’acheter des produits d’ailleurs sur une plateforme étrangère qui, en définitive, pratique une forme de fraude certes légale et baptisée de la formule trompeuse « optimisation fiscale », qui reste bien peu morale au regard de la nécessaire justice sociale que tous les acteurs économiques devraient avoir à cœur de promouvoir et de pratiquer ?

       

      « D’autre part, n’est-il pas possible de permettre à chacun des travailleurs français, à quelque branche qu’il appartienne ou à quelque niveau hiérarchique qu’il soit, de disposer d’une retraite honorable en favorisant la création de caisses de retraites autonomes par profession ou par branche d’activités ? D’ailleurs, cela existe déjà pour les avocats, les médecins, les infirmières, ou les orthophonistes, entre autres, et c’est justement le gouvernement, alléché par les fonds de ces caisses excédentaires quand le régime général est déficitaire, qui veut mettre la main sur eux : ce n’est rien d’autre qu’une spoliation ! En somme, la République de 2019 nous rejoue « 1791 » quand la Révolution, en mettant fin au système corporatif français, récupérait le patrimoine des corps de métiers dissous par le décret d’Allarde et la loi Le Chapelier…

       

      « Certains me trouveront peut-être sévère, mais pourquoi faire crédit à une République qui, incapable de réussir par elle-même, n’hésite pas à confisquer ce que d’autres, plus efficaces et moins démagogues, ou « moins mauvais » (économiquement parlant), ont patiemment épargné et fait fructifier, par leurs efforts et malgré la pression fiscale actuelle ? En tout cas, cette spoliation montre à l’envi que la République n’est pas la plus convaincante quand il s’agit de finances publiques, malgré la bonne volonté, qu’il ne faut pas méconnaître si l’on veut être entièrement juste, de quelques ministres ou grands commis de l’Etat moins politiciens que les autres et qui n’ont pas oublié que leur charge impose de grands devoirs… Un roi saurait mieux les employer, sans doute.

       

      « D’ailleurs, souvenons-nous, quand le baron Louis, sous la Restauration, disait simplement au souverain : « Faîtes-moi de bonne politique, je vous ferai de bonnes finances ». D’une certaine manière, tout est dit ! Et il rajoutait : « L’Etat doit être le plus honnête homme de France ». Or, la République ne répond à aucun des deux critères valorisés par le financier de la Restauration, l’efficacité et l’honnêteté de l’Etat…

       

      « Il n’est pas indifférent que les deux citations aient pu être prononcées sous la Monarchie et non sous la République, là encore malgré les personnes de qualité dont la République a pu s’enorgueillir et dont elle n’a su, visiblement, que faire… Si certaines voulaient servir et tentaient de le faire, c’est la République qui, elle, les a desservies !

       

      gabin president.jpg« Et s’il n’y avait que la question des retraites qui montrait l’incompétence ou la négligence de la République ! Or, en parcourant les colonnes des journaux et les zones industrielles de nos métropoles, nous pouvons aussi constater cette désindustrialisation qui nous appauvrit et nous livre aux firmes transnationales étrangères, dans cette mondialisation qui tourne de plus en plus au cauchemar pour le monde de nos producteurs locaux et des ouvriers de nos usines. Et, dans nos rues et nos campagnes, la précarité et la misère sociale que l’on pensait éteindre il y a quelques décennies grâce aux progrès techniques et aux possibilités apparemment infinies qu’ils offraient ou que l’on nous en promettait… Sans oublier cet « asséchement du monde rural » qui se marque par la fin des services publics et la fermeture programmée des écoles de campagne comme des gendarmeries, au nom d’une logique purement économique qui ne parle que de rentabilité ou de réduction des déficits quand il faudrait aussi et d’abord penser en termes d’équité territoriale et de justice sociale, en n’oubliant jamais ce qui constitue les sociétés humaines, c’est-à-dire les personnes dans leur diversité et leurs particularités.

       

      « Et pourtant ! Nous vivons dans le plus beau des pays, avec des atouts immenses en métropole comme en Outre-mer, avec un domaine maritime qui est, avec ses 11 millions de kilomètres carrés, le deuxième du monde ! La République semble bien tout gâcher…

       

      « Si nous sommes royalistes, ce n’est pas seulement par la colère de voir la République dilapider l’héritage, mais par la volonté de vivre et de faire vivre notre pays, pour aujourd’hui comme pour demain ; de faire vivre la justice sociale, concrète et active, y compris contre les égoïsmes économiques ! Mais notre colère serait vaine et dangereuse si elle ne s’accompagnait pas d’une véritable espérance, ou si elle n’était pas, au-delà de sa forme tempétueuse, une espérance : une espérance royale, mais une espérance, d’abord, en la France et pour celle-ci, et une espérance à faire advenir, envers et contre tout ! Car il ne s’agit pas, pour nous, de mourir royaliste, mais de vivre en Monarchie, en Monarchie française… »

    • Est-ce le temps de sortir de l’emprise de l’État ?, par Philippe Kaminski.

      Entre les mastodontes que sont l’État et le Marché, une troisième voie existe. Elle s’est incarnée aujourd’hui sous le nom et la forme de l’Économie Sociale. Dans la trinité économique, l’État représente le Père, le Marché correspond au Fils, tandis que l’Économie Sociale pourrit être assimilé au Saint-Esprit.

      Actualités de l’économie sociale

      Dans ma précédente chronique, je déplorais l’absence, face aux deux continents aux mille visages que sont l’État et le Marché, d’un tiers acteur mieux à même de définir les voies du Bien commun et de débloquer les impasses, tant intellectuelles qu’organisationnelles, dans lesquelles se fourvoient nos sociétés dites « développées », en fait victimes de leur prospérité et de leur vieillissement. Je pensais bien entendu à l’Économie Sociale, dans sa forme actuelle, qui certes n’est pas absente mais qui ne parvient pas à sortir d’un rôle de second rang. Et je mettais cet effacement sur le compte d’une trop grande complaisance, du moins en France, vis à vis des Pouvoirs publics, dont elle se contente trop souvent de n’être qu’un sous-traitant docile et zélé.

       

      Je sais que cette quête d’une « troisième voie » n’est pas chose nouvelle. Mais si, depuis bientôt deux siècles, elle a le plus souvent pris les traits d’une utopie irréaliste, c’est parce que ses promoteurs ont trop semblé vouloir lui donner l’exclusivité de la conduite des sociétés humaines. Puisqu’elle est, selon ma démonstration, supérieure au collectivisme étatique et supérieure au capitalisme libéral, elle doit se substituer à eux, prendre leur place et les renvoyer au cimetière des idées mortes : tel a toujours été, peu ou prou, le discours des prophètes d’un monde meilleur reconstruit selon leurs visions. Il n’en est sorti que des sectes, avec leurs cortèges de scissions et d’illuminés, des théories plus ou moins fumeuses, et quelques micro-réalisations éphémères.

      Mais ce qui a survécu, ce que les épreuves de l’Histoire ont reconnu comme pérennes, ce sont les organisations qui n’ont pas eu cette prétention folle et qui se sont contentées de lutter pour survivre en faisant valoir leurs avantages comparatifs. Coopératives, mutuelles, fondations, institutions caritatives ou sociales de natures diverses, certaines étant en vie depuis fort longtemps, ont fait et font chaque jour la preuve de leur aptitude à s’adapter et à conquérir de nouveaux espaces. On peut, bien entendu, leur faire grief de s’être banalisées, d’avoir perdu, renié ou simplement laissé s’étioler leur potentiel de subversion, de transformation sociale. C’est un débat récurrent et inévitable. C’est la vie. On peut mourir jeune par excès d’idéal, et par symétrie on peut mourir sur le tard par insuffisance d’idéal. Reconnaissons tout de même que beaucoup d’entreprises d’Économie Sociale ont su se maintenir à égale distance de l’un et l’autre de ces risques mortels.

      Il faut se rendre à l’évidence : oui, la troisième voie existe. Elle s’est incarnée aujourd’hui sous le nom et la forme de l’Économie Sociale. Elle avait pris d’autres formes, d’autres noms dans le passé, selon les lieux, selon les temps et les cultures. Pour la première fois sans doute, on la retrouve sous des aspects semblables dans tous les pays du monde. Elle repose sur des principes très différents de l’économie publique et de l’économie capitaliste. Mais il ne s’agit pas de les opposer, de vouloir que l’une d’entre elles domine et écrase les deux autres. Il ne s’agit pas de les mettre en concurrence, ce qui aboutirait immanquablement à un vainqueur et deux vaincus. Il s’agit de les composer, de les faire coexister en harmonie, de tirer le meilleur parti de chacune d’entre elles. J’entends proposer une conception trinitaire (que les théologiens me pardonnent cette incursion dans leur pré carré) de l’organisation économique : l’économie du Père, égalitaire et sécurisante voire bureaucratique, qui convient à beaucoup ; l’économie du Fils, faite de fougue et d’audace, qui accepte tous les risques et se soucie peu des dégâts qu’elle occasionne ; enfin, l’économie du Saint-Esprit, celle des solidarités organiques, où la protection du groupe n’est acquise que moyennant adhésion et effort collectif. C’est le fameux principe de la propriété commune et impartageable des bénéfices, dont une part ne peut être redistribuée qu’au prorata de l’activité, et non du capital investi.

       

      Autre chose : l’Économie Sociale ne doit pas être vue comme un composé hybride, sorte de mélange incestueux à mi-chemin entre l’État et le Marché. Non, elle ne se situe pas entre le collectivisme et le capitalisme ; elle est, avec eux, le troisième sommet d’un triangle équilatéral, aussi distante de chacun d’eux qu’ils le sont entre eux. C’est pourquoi je considère qu’elle trahit son rôle lorsqu’elle se met au service de l’État Providence, ou du moins lorsque ses porte-parole autorisés le font, alors qu’elle devrait sans cesse proclamer son autonomie et la transcrire dans les faits, dans ses comptes, hors des subventions et des prébendes d’un système d’État obèse et inefficient.

      La situation actuelle est le fruit, non pas de la décentralisation en elle-même, mais de la conjonction fortuite après l’élection de 2002 d’une majorité présidentielle de droite, prête à laisser l’Économie Sociale vivre sa vie de son côté, et de régions toutes acquises à la gauche (sauf l’Alsace, mais l’Alsace, qui a de fortes traditions d’Économie Sociale, s’est alignée sur les autres régions).

      Les conseils régionaux prirent tous des mesures favorables, en apparence, à l’Économie Sociale, s’en faisant une sorte de chasse gardée, puisque ce n’était plus une affaire du gouvernement central. Au début, c’était l’euphorie ! Les Chambres régionales de l’Économie Sociale se voyaient reconnues, valorisées, dotées de quelques moyens. Mais très vite, le piège se referma sur les uns et les autres : programmes, projets, budgets, contractualisations, objectifs, tout était soumis au rythme et aux caprices des instances politiques régionales, avec le vocabulaire des meilleures intentions du monde. Les « représentants » de l’Économie Sociale se coulèrent très vite dans ce nouveau moule et adoptèrent un discours d’assujettis heureux renchérissant sur les vertus de leur nouveau statut.

      C’est sur ce terrain qu’arriva le gouvernement de 2012, qui allait faire adopter la loi Hamon dont le seul contrepoids à l’étatisation de fait de l’Économie Sociale fut la promotion, sur un modèle importé des États Unis, de l’entreprise sociale que là-bas on appelle le social business. Cette greffe quelque peu étrangère à notre culture ne se développa guère, mais elle est devenue un des mantras du gouvernement issu des élections de 2017. Notre actuel Haut-Commissaire ne jure que par ses social start-up, son French Impact et autres billevesées linguistiques dont il a du mal à faire partager le charme.

       

      Le proche avenir, au sortir de l’actuelle crise, pourrait cependant ouvrir des voies porteuses d’espoir. La sphère publique a beau accaparer un pourcentage record de la richesse nationale, son pouvoir réel et son efficacité intrinsèque n’en sont pas plus solides pour autant, loin s’en faut. Au contraire, l’État s’en trouve plus fragile, plus exposé. Tout le monde aura à gagner à une Économie Sociale pleinement autonome, et il suffira peut-être d’une légère secousse pour rompre le nœud de dépendance qui les lie. Qu’il me soit au moins permis de le souhaiter. Et de vous convier, chers lecteurs, à agir en ce sens.

      Suite à la prochaine chronique : un retour sur une troisième voie esquissée au lendemain des événements de Mai 1968.

      Philippe KAMINSKI

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      * Spécialiste de l’économie sociale et solidaire (ESS) en France, le statisticien Philippe Kaminski a notamment présidé l’ADDES et assume aujourd’hui la fonction de représentant en Europe du Réseau de l’Économie Sociale et Solidaire de Côte-d’Ivoire (RIESS). Il tient depuis septembre 2018 une chronique libre et hebdomadaire dans Profession Spectacle, sur les sujets d’actualité de son choix, afin d’ouvrir les lecteurs à une compréhension plus vaste des implications de l’ESS dans la vie quotidienne.

    • COVID-19 : L’Europe sans masque, par François Schwerer.

      L’Union européenne, qui ne sert à rien pour juguler la pandémie et en a même, préventivement, aggravé les effets, veut se servir de cette crise pour renforcer son contrôle inutile…

      Alors que les Français entament leur quatrième semaine de confinement, nos hommes politiques semblent surtout préoccupés d’une chose : l’Union européenne. C’est le président Macron qui, le 26 mars, expliquait à l’occasion du sommet européen tenu par visioconférence : « Ce qui est en jeu, c’est la survie du projet européen. […] Le risque, c’est la mort de Schengen ». C’est Jean-Pierre Raffarin qui, deux jours plus tard, s’inquiétait : « la situation est dangereuse, le virus menace l’existence de l’Europe ». C’est Jacques Delors qui constatait avec amertume : « Le climat qui semble régner entre les chefs d’Etat et de gouvernement et le manque de solidarité européenne font courir un danger mortel à l’Union européenne »…

      françois Schwerer.jpgCe qui explique cette surenchère dans le pessimisme c’est que, depuis le début de la crise actuelle, l’Union européenne brille par son absence la plus totale[1]. Et cela, malgré les multiples incantations du Président français de la République.

      Que reste-t-il des accords de Schengen ?

      Le 26 mars, après avoir longuement expliqué que fermer les frontières ne servait à rien, le président Macron avait demandé d’installer un contrôle aux frontières de l’espace Schengen. Sans succès. Le seul à avoir alors répondu, par avance, à son appel a été le président Trump lorsque, l’espace d’une journée, il avait interdit d’accès au sol américain les Européens provenant des pays appartenant à l’accord de Schengen. Le lendemain il l’avait étendu à tous les Européens, Britanniques compris.

      L’Allemagne avait déjà fermé ses frontières avec l’Italie, puis avec la France. Par la suite, plusieurs pays de l’Europe du Nord ont pris une même mesure. À l’inverse, les Polonais et les Autrichiens exceptés, tous ont laissé les Grecs faire face, seuls, à l’invasion migratoire décidée par la Turquie. Le 13 avril le président français a réitéré sa demande de fermer les frontières extérieures de l’espace Schengen, faisant semblant d’ignorer que « nos » partenaires ne laissent pas les Français entrer sur leur territoire.

      En fait, une seule chose a fait réagir les fonctionnaires de Bruxelles et le Premier ministre Luxembourgeois. Les uns ont simplement écrit : « La pandémie de Covid-19 perturbe fortement le 25e anniversaire de l’entrée en vigueur des accords de Schengen, ce jeudi 26 mars. » Quant à l’autre, il n’a rien trouvé de mieux que de s’insurger contre la décision de fermer les frontières prises par l’Espagne, l’Italie, l’Allemagne et l’Autriche, les exhortant à « rétablir Schengen dans les meilleurs délais » car, dit-il, « la réintroduction de contrôles aux frontières communes entre certains pays ne peut être que ponctuelle et temporaire et elle doit se faire en conformité avec les traités ». Devant les décisions prises en ordre dispersé, la Commission européenne a fini par décider de fermer les frontières de l’espace Schengen, mais uniquement pour un mois, du 17 mars au 17 avril, et pour les déplacements non essentiels.

      Que reste-t-il du traité de Maastricht ?

      Sur le plan économique, ce n’est pas mieux. Les accords de Maastricht, déjà mis à mal depuis longtemps avec les crises économiques à répétition, ont purement et simplement volé en éclats. Il ne reste rien de la discipline budgétaire imposée à tous les États ayant adopté la « monnaie unique » ni des règles fixées à l’action de la Banque centrale européenne. Lorsqu’elle est intervenue pour la première fois dans le débat, Christine Lagarde a déclaré qu’elle n’avait pas à s’occuper de la différence de « spread » entre les divers pays européens, ce qui a aussitôt entraîné un nouveau plongeon de la Bourse… et conduit neuf pays (France, Italie, Espagne, Portugal, Slovénie, Luxembourg, Grèce, Belgique et Irlande) à réclamer la mise en œuvre, au-delà du MES (Mécanisme européen de stabilité), d’emprunts communautaires, baptisés « coronabonds ». « Nous devons travailler sur un instrument de dette commun émis par une institution européenne pour lever des fonds sur le marché » ont écrit, le 25 mars, les neuf chefs d’État concernés au président de l’Union européenne, le Belge Charles Michel. Mais ce mécanisme qui avait été créé en 2012 pour empêcher la Grèce de quitter le giron de l’euro n’est certainement pas adapté à la crise actuelle. Il ne faut donc pas s’étonner du fait que les Allemands et les Néerlandais ont répondu par une fin de non-recevoir. Sans oublier qu’une telle demande est une atteinte à la souveraineté de chacun des membres de l’Union européenne dans la mesure où il obligerait les États bénéficiaires des fonds ainsi obtenus de respecter une discipline imposée par les garants de la dette commune, notamment l’Allemagne.

      Que reste-t-il des quatre libertés fondamentales ?

      Il convient de rappeler que l’Union européenne se veut essentiellement un « espace » dans lequel sont placées au-dessus de tout les quatre libertés fondamentales que sont les libres circulations des biens, des services, des hommes et des capitaux. Or les trois premières ont été plus ou moins annihilées par les diverses mesures de fermeture des frontières et de confinement. Au stade actuel, il ne reste plus véritablement en vigueur qu’une seule liberté : la libre circulation des capitaux ! Comme les marchés financiers sont fortement interconnectés et fonctionnent sans flux matériels réels, cette libre circulation ne concerne pas que l’Union européenne, mais le monde entier. Ceci est révélateur de la seule chose qui compte vraiment dans le monde d’aujourd’hui, et l’Europe en particulier : la finance.

      À quoi joue l’Union européenne ?

      L’Allemagne a refusé d’aider ses voisins et d’abord l’Italie qui se débattait pourtant avec une crise sanitaire dramatique. Elle a fermé ses frontières et mis l’embargo sur les matériels de protection et d’assistance respiratoire dont ses voisins avaient besoin. Si par la suite les médias ont largement communiqué sur le fait que les Allemands ont accueilli chez eux une vingtaine de malades, ils oublient que l’Allemagne, ayant imposé à ses partenaires une politique monétaire qui lui était favorable (euro oblige), a ruiné le système hospitalier de tous les pays de l’Europe du sud. Elle y est ainsi devenue quasiment le seul fournisseur d’appareils respiratoires. C’est ce qui explique qu’au début de la crise elle disposait de six fois plus de lits de réanimation que la France ou l’Italie et d’une importante possibilité de test alors qu’elle avait officiellement moins de cas graves à soigner.

      Profitant de cette désunion, la Russie et la Chine – et aussi Cuba – ont apporté à l’Italie d’abord, à la France ensuite, une aide importante qui faisait cruellement défaut. Toutefois, il ne faut pas croire que la Russie et la Chine aient agi uniquement par solidarité ; ce qui se joue là est un épisode de la guerre géopolitique que ces deux pays livrent aux États-Unis et pourrait donc avoir des conséquences non négligeables, y compris sur l’équilibre de l’Union européenne. Mais au lieu de se préoccuper sérieusement de la situation sanitaire des pays membres, cette Union européenne se penche sur son élargissement à deux nouveaux pays, l’Albanie et la Macédoine du Nord que l’on veut accueillir quoique ne respectant pas les conditions en principe requises pour adhérer, et sur l’exclusion de la Hongrie, accusée en fait de privilégier les moyens de protéger sa population sur la discipline européenne.

      L’ensemble de ces observations montre que s’il existe des institutions communes (Commission européenne, Cour de Justice de l’Union européenne, Parlement européen, etc.) il n’existe pas de volonté commune des États constituant cet ensemble hétéroclite et il n’existe pas non plus de « peuple » européen. Chaque État a suivi sa propre politique, en fonction de ses priorités, de son taux d’équipement en matériels divers et de la vitesse à laquelle l’épidémie s’est propagée chez lui.

      Quand le président Macron explique, le 13 avril, qu’il faut refonder l’Europe et « bâtir des solidarités et des coopérations nouvelles », on peut se demander s’il a vraiment en tête ce que souhaitent les Français ou s’il appuie, sans le dire, la position de l’ancien Premier ministre britannique, Gordon Brown, lequel appelle à la disparition pure et simple des nations. Dans une déclaration à The Guardian il avait constaté que « cette affaire ne peut pas être réglée au niveau d’un seul pays ». C’est pourquoi il proposait « une réponse globale coordonnée » et donc la mise en place d’un « gouvernement global », qui devrait aussi se charger des questions économiques. Il rejoignait ainsi Jacques Attali qui, voilà plus de dix ans, appelait de ses vœux une pandémie, seule capable à ses yeux de conduire rapidement à un gouvernement mondial !

       

      [1] Si l’on excepte les interventions de Madame von der Leyen, la première pour expliquer comment il faut se laver les mains (en chantant l’hymne à la joie) et la seconde pour proposer de confiner les vieux jusqu’à la fin de l’année en cours.

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    • A la découverte de l'homme Maurras : Maurras et les premiers établissements phocéens sur la côte provençale...

      C'est donc à une sorte de feuilleton, à la découverte de l'homme Maurras, que nous allons vous entraîner, d'ici les prochaines élections municipales.

      Celles-ci, nous l'avons dit, seront peut-être décisives pour l'avenir de la Maison du Chemin de Paradis, fermé aux Français aujourd'hui par le dernier Mur de Berlin d'Europe : celui, invisible, du sectarisme haineux de la Mairie communiste, qui préfère laisser fermée (en attendant qu'elle ne s'écroule ?) une belle demeure qui pourrait être intégrée au réseau des Maisons des Illustres, et devenir un centre national et international de recherches et débats intellectuels de haut niveau sur Maurras, sa vie, son oeuvre; un lieu culturel vivant et rayonnant...

      Aujourd'hui : Maurras et les premiers établissements phocéens sur la côte provençale...

      (extraits du texte Inscriptions sur nos ruines, texte du 26 décembre 1941, in Maurras.net)

       

      Cinq ou six semaines ont passé depuis une promenade poignante à ce tragique plateau de l'Avarage sur lequel reposent notre classique Mur Grec et ses vingt-cinq siècles chargés des mystères de la première Provence hellène, déterrés en 1934 par notre ami Henri Roland 1. Nous venions de longer les 800 mètres de belles pierres blondes, admirablement taillées, dignes sœurs de celles qui soutiennent encore l'Acropole d'Athènes. Par un admirable après-midi de soleil, la double solitude de la terre et de l'air étendait ses arceaux de lumière stratifiés sur les couches vert sombre de kermès et de genévriers alternant avec le rocher nu. Au bas de la falaise, reposaient dans leur pourpre et leur aigue-marine les quatre étangs salés, Lavalduc, Engrenier, Citis, plus loin la Stouma et, toute dorée, la grande mer latine dont nous séparait une langue de terre, sous le château de Fos ; vaste monde immobile où la végétation comptait peu, où l'homme était à peine discernable, et qui offrait, avec son cœur, la pure et simple image du repos que rien ne trouble, pacemsolitudinem, la paix, la solitude, comme dans Tacite 2

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      Car enfin, ce désert a été populeux. Pas une anfractuosité de cette côte, pas une embouchure de ces étangs, στοηαλίμναι 3, qui n'ait possédé ville, citadelle, entrepôt ou comptoirs. D'Arles à Marseille, l'Itinéraire d'Antonin compte toutes sortes de postes et d'habitats, et il faut bien que des échanges importants y fussent faits, puisque cette voie littorale était doublée d'une autre route, intérieure, également frayée par la jeune Rome, et qui suivait, entre Aix et l'Étang de Berre, à peu près le même tracé qu'aujourd'hui la grande ligne de Paris-Lyon-Méditerranée. Et c'était aussi l'époque où Gaulois, Ligures, Grecs, Romains, sans parler des anciens habitants des factoreries phéniciennes, vidaient leurs longues querelles séculaires, incorporant aux besoins de leur vie la verve inexorable de l'éternel combat. Sur l'horizon couchant, brille le seuil de Galéjon d'où partaient, jusqu'au pied des Alpilles, les canaux et les galères de Marius, qui s'y était retranché contre le premier flot germain.

      On ne peut regarder cette plane étendue des terres et des eaux sans évoquer le mouvement perpétuel des populations, descendant sur la rive quand les corsaires arrêtaient d'y promener la dévastation, remontant à la hâte vers les hauteurs et s'y fortifiant dès que les barques suspectes réapparaissaient à l'horizon. Voilà, au loin, le Fort de Bouc. Il a été construit par Vauban. C'est seulement au XVIIe siècle qu'une tour solide a mis nos étangs à l'abri des Barbaresques ; encore s'y remontrèrent-ils de temps à autre tant qu'Alger ne fut pas conquise. En 1830, c'est d'hier.

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      Ici, sur le plateau des ronces et des roches on peut faire le compte des constructions et des destructions. Aucun vestige punique n'y a été relevé sans doute. Peut-être un habitat ligure, dont le nom d'Avarage et, plus loin, Varège a gardé la trace. Ensuite, la grande ville grecque attestée par cette Acropole, derrière laquelle aucune fouille n'a percé jusqu'à présent ; ville innomée encore (si ce n'est la première Marseille), à laquelle succède une ville latine, probablement Maritima Avaticorum, dont Martigues, là-bas, dans la plaine, fut la « colonie ». Puis, un oppidum bas-latin ou du haut moyen âge, Castellium Vetus, avec ses rondes tours barbares, couronnant le Mur Grec de leur suite presque continue et qui se retrouve encore un peu au delà, sous le nom de Castel Veyre… Castel Veyre a été saccagé au XIVe siècle par les bandes du vicomte de Turenne 4.

      Mais la vie ne s'est pas éteinte, elle y subsiste dans un village appelé Saint-Blaise, couronné d'une chapelle du XIIe siècle, réparée en 1614, et qui se trouve dédiée, comme par hasard, à Notre-Dame de Vie ! Qu'en reste-t-il ? Un pèlerinage, tous les 8 septembre, une procession, avec des vêpres en plein air qu'on chante sous les pins… Voilà sur un territoire si bref ce qui florit durant deux mille ans, murs écroulés l'un sur l'autre, remparts renversés près de leurs merlons, et sous lesquels, au delà de longues nécropoles creusées dans la roche vive, il faut bien situer des guerriers sans lesquels on n'imagine point les places où se sont entassés tous ces monuments !

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      Dans le jardin de Maurras, devant le mur des Fastes, ce portrait/buste de Maurras, offert par une confrérie de pêcheurs, est l'oeuvre du sculpteur Henri Bernard, Grand prix de Rome; il a été placé sur un merlon grec, provenant de l'établissement Grec de Saint Blaise, et offert à Charles Maurras par Henri Rolland.

      Ce merlon remonte à l'arrivée des Grecs en Provence, il est contemporain des vestiges de Marseille, l'antique Massalia, et ramène donc vingt six siècles en arrière...

       

      1. Henri Rolland (1887–1970) et non Roland (contrairement au texte, que nous avons respecté), archéologue provençal, membre de diverses sociétés savantes et ami de Maurras. Il est notamment à l'origine de l'exhumation du « mur grec » de Saint Blaise.

      2. Allusion à un passage célèbre du discours de Galgacus, dans la Vie d'Agricola, XXX : « Auferre, trucidare, rapere, falsis nominibus, imperium, atque, ubi solitudinem faciunt, pacem appellant.  » Soit : « Enlever, massacrer, piller, voilà avec des mots trompeurs ce qu'ils appellent l'empire, et là où ils font un désert, ils l'appellent la paix.  » 

      3. Littéralement : les bouches des étangs. 

      4. Raymond de Turenne (1352–1413), personnage considérable de l'époque de la Papauté d'Avignon. Suzerain d'un domaine couvrant une grande partie de l'actuel Sud-Ouest de la France, son orgueil et sa rigidité d'esprit l'amenèrent, par respect de la lettre du droit féodal, à ravager la Provence au cours de la dernière décennie du quatorzième siècle. 

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