Quand le « politologue » Jean-Yves Camus traite de l'Action française en Provence : le vrai et le faux

Nous revenons sur les réponses apportées au quotidien La Provence par le politologue Jean-Yves Camus sur les activités de l'Action française dans la région provençale, à la suite des manifestations d'étudiants d'Action française de décembre et janvier, à Aix, pour réclamer la démission du député PS Jean-David Ciot. Lequel fait partie des divers élus PS des Bouches-du-Rhône qui ont fait - ou font encore - l'objet d'informations judiciaires pour détournement de fonds publics, créant, d'ailleurs, de sérieux problèmes et remous au sein même du Parti Socialiste où le malaise grandit et des têtes sont demandées, comme c'est aujourd'hui de notoriété publique.
Voici donc le jeu des trois questions-réponses publiées par le quotidien La Provence [27.01.2016] et les quelques réflexions que nous y ajoutons en notes.
Et comme il est bon de savoir qui est Jean-Yves Camus qui nous décrit, nous évalue et, en un sens, nous juge, nous y ajoutons in fine un lien permettant de lire la fiche que lui consacre Wikipédia. On y verra que l'objectivité du chercheur et spécialiste est relativisée par ses propres orientations politiques. PS, bien-entendu ! Neutralité non garantie ! Lafautearousseau.
Spécialiste de l'extrême droite [1] en France et chercheur à l'Institut de relations internationales et stratégiques (Iris), Jean-Yves Camus n'est pas surpris par les apparitions désormais récurrentes du groupuscule Action française. [2]
1. Comment faut-Il interpréter ces deux opérations à Aix en moins de deux mois ?
Il y a une tradition assez ancienne de l'Action française à Aix et Marseille. Cela est très lié au fait que Maurras était de Martigues. La maison qu'il avait offerte à sa ville de naissance, où une très belle bibliothèque prend la poussière, a longtemps été un lieu de pèlerinage pour les militants royalistes. La section de Marseille est particulière. Son leader, pendant la Seconde Guerre mondiale, était un collaborateur, coupable d'exactions [3], ce qui n'était pas vraiment le parti pris de l'Action française. Ces nationalistes n'aimaient pas voir une armée d'occupation. Certains s'accommodaient toutefois de la devise de Pétain. Depuis, l'Action française a toujours su entretenir la flamme, même par petits groupes, ne serait-ce qu'en organisant des rassemblements réguliers aux Baux-de-Provence.
2. Constatez-vous un regain récent de ces groupes dans notre région ?
Depuis deux ou trois ans a émergé, notamment à Marseille, une nouvelle génération plus activiste et plus tapageuse qu'avant. On le voit notamment grâce à l'activité sur internet de groupes comme La faute à Rousseau [4] ou le Mouvement d'action sociale qui reflètent la particularité marseillaise. Ces noyaux, que l'on retrouve sous une autre forme à Nice ou à Aix, sont issus d'une bourgeoisie de l'Action française qui existait déjà dans les années 30 et qui n'a pas disparu par enchantement. Il y a d'ailleurs une certaine qualité intellectuelle dans certains de ces noyaux où l'on trouve des racines universitaires.
3. Faut-il rapprocher ce regain d'activité des soies du Front national et de la personnalité de Marion Maréchal-Le Pen ?
Le climat est effectivement assez favorable et l'arrivée de Marion Maréchal sur le devant de la scène a créé un regain de confiance. Elle aime les catholiques traditionnels et les gens de l'Action française le sont. Elle s'est mise en première ligne au côté de la Manif pour tous et ils y étaient. Elle s'est entourée d'identitaires comme Philippe Vardon sur ses listes et, même si les familles sont différentes, tous se retrouvent derrière elle dans ses meetings. Recueilli par François TONNEAU •
Notes
[1] On est libre de nous classer comme on veut. Nous mêmes, nous ne nous situons pas à l'extrême-droite. Mais « ailleurs », car nous ne participons pas au jeu des partis et n'en sommes pas un. De plus, cette appellation est utilisée de façon systématique dans un but évident de stigmatisation.
[2] « Groupuscule » est du même ordre. D'intention péjorative et stigmatisante.
[3] Jusqu'à preuve du contraire, cette assertion est fausse. Une accusation ausi grave peut-elle être portée par un chercheur sans donner de nom, de preuve, et de précisions ? Drôle de procédé ... Même si le patriotisme de l'Action française est affirmé dans la phrase qui suit. Et si, plus loin, quelques appréciations censées positives sont exprimées, comme concédées.
[4] « L'activité sur internet de (...) Lafautearousseau » est présentée comme faisant partie de celles qui auraient émergé depuis deux ou trois ans. A Marseille. Or Lafautearousseau existe depuis huit ans et son audience est nationale. Jean-Yves Camus est-il aussi informé qu'il devrait l'être ? Nous n'avons d'ailleurs jamais eu de sa part aucun contact ni demande d'information. Est-ce normal dans l'activité professionnelle d'un chercheur IRIS ? Nous sommes au moins consultables ...
Voir aussi
« Violences de l'Action française contre le PS à Aix-en-Provence » ? Ou lamentations d'une fédération déchue ? [Lafautearousseau]

« La France va-t-elle faire triompher ses idées ? […] On le croyait encore au moment de lʼarmistice. Et pourtant, tout allait sʼeffondrer, du fait dʼune politique américaine financièrement toute-puissante et fortement inspirée par un partisan sans condition de la liberté (à lʼintérieur) contre le dirigisme, Herbert Hoover (photo), le ʽʽgrand ingénieurʼʼ que Wilson avait nommé ʽʽFood Administratorʼʼ, cʼest-à-dire directeur du ravitaillement. […] Les Anglais se déclarèrent initialement dʼaccord avec les thèses françaises. Lorsquʼils comprirent que les États-Unis allaient dénoncer et lʼarme économique (pourquoi des armes dans la paix ?) et le dirigisme interallié, ils abandonnèrent les thèses françaises. Hoover, appuyé par la grande majorité des ʽʽbusinessmenʼʼ, lʼemporta au début de 1919 – les organisations interalliés furent dissoutes –, et la France nʼobtint à peu près aucune garantie pour ses approvisionnements en matières premières.
Cette League of Nations, qui siégera à Genève, indique Scott G. Blair dans sa thèse de doctorat rédigée sous la direction de Maurice Vaïsse intitulée La France et la Société des Nations (1991), eut pour pères fondateurs, outre Wilson et le Britannique Robert Cecil, les Américains David Hunter Miller, le colonel House et Cecil Hurst.
Bainville reproche aux chantres de la démocratie dʼêtre aveugles au passé, dʼêtre atteints par le syndrome dʼOrphée
Ce principe des affaires internationales qui triompha après la Première Guerre mondiale, comme lʼavait parfaitement remarqué Carl Schmitt dans Le Nomos de la Terre, se plaignant de la substitution de la morale à la politique quʼil entérinait, ne fut nullement un frein à la volonté de puissance – ou même hybris – du national-socialisme allemand, mais même un catalyseur. La démocratie, ainsi, nʼest pas pacificatrice, mais polémogène. On lʼa vu, récemment, avec la Révolution « orangée » dʼUkraine et les Printemps arabes. Finalement, la démocratie cʼest la guerre. (FIN) 



































Britanniques, craignent quʼune avancée des troupes jusquʼà Berlin, ainsi quʼune partition de lʼex-IIème Reich, favoriseraient une trop grande domination française sur le continent européen.
Ainsi Bainville espérait le triomphe des spartakistes Rosa Luxembourg et Karl Liebknecht (photo) en Allemagne, agrandissant le foyer révolutionnaire à la patrie de Karl Marx, qui était restée une hyperpuissance industrielle en dépit de la guerre, son territoire nʼayant pas été le théâtre de combats. Peut-être Bainville ne mesurait point lʼeffet considérable de contagion quʼaurait provoqué la victoire spartakiste sur le reste du monde, et la capacité militaro-industrielle dont aurait disposé le communisme mondial.
Toutefois la révolution dʼOctobre nʼest pas venue de lʼest mais de lʼouest, des grandes centres urbains, Moscou et Saint-Pétersbourg en premier chef, et les idées révolutionnaires (socialisme, nihilisme, populisme...) se sont répandues au XIXème siècle par le truchement des instituteurs, qui en étaient les principaux colporteurs dans les endroits les plus reculés, en Sibérie et dʼailleurs. Lesquels instituteurs avaient été formés dans les universités du pays, qui se trouvent en majorité à lʼouest.
En outre, avec le recul historique, si lʼon observe les mutations quʼont connues des pays communistes tels que la Chine ou le Vietnam, on peut plutôt soutenir quʼun régime marxiste-léniniste est un facteur dʼoccidentalisation – sans doute le plus efficace de tous car se présentant sous les traits dʼune critique radicale de la culture occidentale – ; vraisemblablement ce qui amenait Bainville à croire dans cette « asiaticité » du communisme est son messianisme sans frontières, dʼinspiration largement judaïque
Du reste, il y avait quelque rapport entre lʼinternationalisme prolétarien et lʼuniversalisme démocratique qui guida ceux qui établirent la S.D.N. Bainville ne se montrait pas farouchement hostile à ce Saint-Siège profane que le protestant idéaliste Emmanuel Kant appelait de ses vœux dès la fin du XVIIIème siècle dans Idée dʼune histoire universelle dʼun point de vue cosmopolitique. Mais Bainville estimait, le 18 janvier 1918, quʼelle aurait une valeur seulement si la menace allemande était écartée : « Pour que la Société des Nations […] entre dans les faits, il faut dʼabord que lʼAllemagne ne puisse plus nuire. »
Voici quelques images du premier rassemblement royaliste de Montmajour, il y a près de cinquante ans, le 8 juin 1969. Images fort anciennes, donc. Elles n'ont pas la qualité technique d'aujourd'hui. Il s'agit plutôt d'un document d'archives, à regarder comme tel. Précieux parce qu'il restitue un moment d'histoire du royalisme français, un instantané de l'histoire de l'Action française, au sortir des événements de mai 68. Et à la fin de l'ère gaulliste. LFAR
Et les royalistes provençaux décident d’organiser un rassemblement royaliste qui a lieu le 8 juin 1969 à Montmajour, dans le majestueux site de l’abbaye du même nom, près d’Arles, près de la Camargue, près de la Vendée provençale. 
« Arpenteur de l’être » (Mattéi) ou «prophète d’une âge recommencé des saints et des héros » (Colosimo) ? Deux Jean-François de taille s’accordent pour définir Pierre Boutang (1916-1998) comme un géant. Dans ses Carnets noirs, Gabriel Matzneff a dit la terreur que le bretteur royaliste pouvait inspirer à ses contradicteurs en raison de sa double carrure, musculaire et cérébrale. Fut-il un autre Platon… dans un genre obscur ? Telle est la question qu’évoque un de ses disciples, le Provençal Rémi Soulié, dans un recueil de textes d’une piété quasi filiale. Vers 1990, khâgneux à peine guéri d’une méchante fièvre marxiste (inoculée, il est vrai, par un poète), le jeune Cathare de Toulouse tourne catholique contre-révolutionnaire – d’une chapelle l’autre. Des Rouges aux Blancs, avec le même panache. Soulié peut donc rencontrer Boutang, sur qui il livre aujourd’hui une somme de réflexions parfois profuses, notamment sur sa dette à l’égard de Joseph de Maistre (dont on sait l’influence sur Baudelaire) ou sur son admiration pour Bernanos, qu’il plaçait très haut. Soulié montre bien que l’un des multiples paradoxes du personnage est que, quoique fidèle à Maurras, dont il fut le plus brillant disciple avec Thierry Maulnier, Boutang ne partageait en rien le positivisme maurrassien : l’homme était avant tout théologien.

