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Feuilleton : Une visite chez Charles Maurras - Page 5

  • Notre feuilleton : Une visite chez Charles Maurras (61)

     

    (retrouvez l'intégralité des textes et documents de cette visite, sous sa forme de feuilleton ou bien sous sa forme d'Album)

     

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    Aujourd'hui : 1922 : Mort de la mère de Charles Maurras

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    Charles Maurras connut une petite enfance très heureuse.

    Il n'eut qu'un frère, Joseph, qui mourut en 1924 à Saïgon (il était médecin militaire), l'autre frère - François - étant mort très jeune.

    Charles adoptera, d'ailleurs, trois des quatre enfants de son frère à la mort de celui-ci. Et il a fait connaître, d'une façon tendre et plaisante, le caractère heureux, joyeux en enjoué de Joseph, toujours partant pour une promenade, un jeu ou une activité quelconque, en lui donnant le surnom de "Monsieur "allez !", signifiant par là la parfaite entente régnant entre les deux frères...

    La même entente et affection profonde régnait entre Charles et ses parents. Malheureusement, très tôt - il avait six ans - Charles perdit son père, le 3 janvier 1874. Sa mère, elle, vécut beaucoup plus longtemps, et toujours en parfaite harmonie avec son fils...

    Charles Maurras a longuement parlé de sa mère et de sa "maison carrée" de Martigues.

    Il a aussi  écrit un ouvrage au titre éloquent, "Le bienheureux Pie X sauveur de la France", dans lequel on trouve des choses importantes sur la relation mère/fils. La mère de Maurras, croyante fervente, était inquiète pour son fils Charles qui s'était éloigné de la religion; elle était allé à Rome, voir le pape, qui lui avait déclaré, en substance : je bénis son oeuvre, elle aboutira (entrevue racontée par Maurras lui-même, dans son livre "Le bienheureux Pie X sauveur de la France", Plon, 1953, pages 52/53) :

    "Ne parlez pas à votre fils de ce que je vais vous dire... Ne lui en dites jamais rien... Mais je bénis son oeuvre...". Il se tut, pour ajouter : "Elle aboutira". Tel fut le trésor que ma mère emporta de Rome. Elle ne m'en fit jamais part. Pendant les onze années qui lui restaient à vivre, elle n'y fit aucune allusion... J'eus la clef du mystère huit jours après sa mort, survenue le 5 novembre 1922. Deux amies à qui elle s'était confiée, me donnèrent le secret des paroles pontificales : mon oeuvre a été bénie de Pie X. Elle aboutira. J'avais la prophétie et la bénédiction de ce Bienheureux...

     

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  • Notre feuilleton : Une visite chez Charles Maurras (62)

     

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    Aujourd'hui : La médaille de Rivaud (I/II et II/II)...

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    Avers : Charles Maurras tête nue, à gauche.
    Signature A RIVAUD au-dessous
    Bronze, 82,61g, 59,0mm, 12 h.

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     La médaille de Rivaud (II/II)

    Revers : La maison de Maurras à Martigues.
    Bronze, 82,61g, 59,0 mm, 12 h.

     

    ...et trois autres éléments remarquables du Jardin... 

    • Trois autres élèments remarquables du Jardin (I) :

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    Se promenant un jour avec le Directeur des Salins du Midi, sur l'une des vastes propriétés de cette Entreprise, qui englobaient plusieurs sites archéologiques, Maurras tomba en admiration devant cette vasque antique.
    Quelques jours après, un camion se présentait au portail de la maison : le Directeur des Salins faisait installer dans le jardin de Maurras - mais dans sa partie droite, en entrant - cette magnifique fontaine, d'où coulent deux jets d'eau pure, fraîche et potable...

     

    • Trois autres élèments remarquables du Jardin (II) :

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    Juste devant la vasque antique, voici un écusson provenant de l'ancien Couvent des Capucins.
    De ce Couvent, totalement démoli, ne subsistent aujourd'hui que les caves...

     

    • Trois autres élèments remarquables du Jardin (III) :

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    Légèrement décalé par rapport à l'écusson et à la vasque antique, et juste en dessous, le beau puits du Jardin...

    Aujourd'hui épouvantablement "restauré" (?), il est intégralement recouvert d'un affreux, banal et désolant enduit, recouvrant uniformément l'ensemble : tout l'inverse du charme, de l'authenticité de l'ancien...

     

     

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  • Notre feuilleton : Une visite chez Charles Maurras (63)

     

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    Aujourd'hui : Jardin, maison : Charles ne reviendra plus...

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    Maurras compose ce poème ("Où suis-je ?") début févier 1945 : il vient d'arriver à la prison de Riom, quelques jours après sa condamnation.
    Il ne reverra plus jamais ni Martigues ("mon Martigues plus beau que tout"), ni sa maison ("ma vieille maison que nul âge ne ride"), ni son jardin ("ô jardin de Ferrières, qui fleurira sur mon sommeil)...
    "Partout où je vais, vous êtes" dit le poète espagnol Antonio Machado à ses champs de Soria et à leurs chênes, eux qu'il aimait tant, lorsque la vie le sépara de cette ville et de ses champs qu'il chérissait.
    Maurras apostrophe son jardin, ses arbres, sa maison de la même manière : "Est-il besoin de vous revoir ?... Je suis vous !"




    "Ce petit coin me rit de toutes les lumières
    De son magnifique soleil ;
    Ô mon Île natale, ô jardin de Ferrières,
    Qui fleurira sur mon sommeil,

    C’est peu de vous crier que mon cœur vous possède,
    Mon Martigues plus beau que tout,
    De la conque de Fos aux Frères de la Mède,
    Laissez-moi chanter : Je suis Vous !

    Mes cinq arpents de fruits, de fleurs, d’herbes arides,
    De pins dorés, de cyprès noirs,
    Et ma vieille maison que nul âge ne ride,
    Est-il besoin de vous revoir ?

    Que l’agave, métèque aux écorces barbares,
    Dise à sa fleur qui le tuera
    D’arborer notre deuil tant qu’une grille avare
    De ses barreaux nous couvrira !

    Mais vous, mes oliviers, vous, mon myrte fidèle,
    Vous, mes roses, n’en faîtes rien ;
    Je n’ai jamais quitté nos terres maternelles,
    Frères, Sœurs, vous le savez bien !

    Vous vous le murmurez au secret de vos branches,
    Nous sommes nés du même sang,
    Et ma sève est la vôtre et nos veines épanchent,
    Dans un tumulte éblouissant,

    La forme et la couleur que, pareillement belles,
    Fomenta le plus beau des dieux;
    Quand, surgeons d’Athéna, de Cypris, de Cybèle,
    Il vous nourrit des mêmes feux

    Dont il brûla mon cœur et qui m’emportent l’âme
    Pour la ravir de ciel en ciel,
    Partout où retentit sur un verdict infâme
    Le grand rire de l’Immortel."



    Ce poème fut récité par Jean Piat lors du colloque tenu à l’Institut en 2002 pour le cinquantenaire de la mort de Maurras.

     

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  • Notre feuilleton : Une visite chez Charles Maurras (64)

     

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    Aujourd'hui : Donation de la Bastide à la Ville de Martigues

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    Les parents de Charles Maurras eurent trois enfants (trois garçons) : le premier, François (ou Romain), ne vécut quasiment pas, et Charles, non marié, n'eut pas de descendance. Seul son frère Joseph eut des enfants (quatre) : trois filles - de son premier mariage (Jeanne, Hélène et Berthe) - et un garçon, Jacques, de sa seconde union.
    À la mort de leur père - son frère Joseph - Charles Maurras adopta trois de ses enfants : Jacques, Hélène et Jeanne.
    De nièces et neveu, ces trois enfants de Joseph devinrent donc "fils adoptifs" de Charles lorsque leur père, "médecin des troupes coloniales" mourut au Viet Nam, à Saïgon, en 1924.
    À la mort de Charles Maurras, en 1952, la propriété du Chemin de Paradis couvrait toujours les deux hectares et demi de ses débuts, mais il fallut évidemment la partager en trois, entre Jacques et ses deux soeurs.
    Jacques Maurras fit en sorte d'obtenir la "partie centrale" de la propriété, ses deux soeurs recevant les terrains situés à droite et à gauche de la maison, qu'elles vendirent par la suite et qui furent urbanisées.
    Or, Charles Maurras, de son vivant, avait lui-même résolu d'offrir sa maison, son jardin et l'oeuvre qu'il y avait créé à sa chère ville de Martigues ( "...Mon Martigues plus beau que tout"...).
    Jacques Maurras, le 27 septembre 1997, ne fit donc rien d'autre que réaliser le voeu de son oncle et père adoptif en "remettant les clés" de la bastide au Maire de la ville...

     

     

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  • Notre feuilleton : Une visite chez Charles Maurras (65)

     

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    Aujourd'hui : Le discours de Michel Déon...

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    Au cours de cette journée de remise des clés, Michel Déon, qui fut le dernier secrétaire personnel de Charles Maurras, prononça le court et superbe discours suivant :

    "Permettez-moi d'évoquer un souvenir qui a déjà près d'un demi-siècle.
    C'était à Tours, un matin affreusement grisâtre, sous un ciel si bas qu'il écrasait la ville.
    Toute la nuit, il avait neigé et le cortège qui accompagnait Charles Maurras à son dernier voyage pataugeait, transi, dans la boue.
    Le vieil et indomptable lutteur nous quittait, mais nous savions bien les uns et les autres qu'il n'était déjà plus avec nous.
    Certes, grande avait dû être sa tristesse de nous abandonner à nos tourments.
    Mais à la seconde où ses yeux se fermaient pour toujours, quelle joie avait dû s'emparer de son âme envolée à tire d'ailes vers la lumière de Martigues dont les servitudes de la vie l'avaient si souvent éloigné. Il n'était pas là dans ce triste cercueil, dans le froid et la neige, il était retourné à ses origines, à son étang de Berre qui, écrivait-il dans sa belle adresse aux félibres de Paris, le matin blanchit et le soir s'azure, qui de ses mille langues vertes lèche amoureusement le sable des calanques et ronge les rochers où l'on pêche le rouget*.
    La France avait été sa grande patrie aimée d'un amour si passionné qu'il s'autorisait à la rudoyer, la tancer de n'être pas toujours à la hauteur de ce qu'il attendait d'elle, mais la petite patrie, à laquelle il appartenait plus qu'à toute autre, n'avait connu de lui que les douceurs d'une pure piété filiale.
    Là, pour lui, s'arrêtaient les querelles des hommes.
    L'allée conduisant à sa bastide ne s'appelle-t-elle pas Le Chemin de Paradis, titre de son premier livre ? Cette minute où l'âme est enfin délivrée de ses colères et de ses joies terrestres, il ne l'avait jamais mieux exprimée que dans un poème écrit en prison**, publié sous le pseudonyme de Léon Rameau, ce rameau d'olivier tendu en signe de paix :



    Lorsque, enfin déliés d'une chair qui les voile
    Les bons, les bienfaisants bienheureux, les élus
    Auront joint le nocher sur la mer des étoiles,
    Le sourire du Dieu ne leur manquera plus.

    Mais sur les pauvres os confiés à la terre
    L'épaisseur de la nuit, le poids du monument,
    La sèche nudité de l'adieu lapidaire
    Font-ils la solitude et l'épouvantement ?



    Une œuvre, une action, un chant ne s'éteignent pas avec leur créateur quand ils ont ce serein espoir. Ils éclairent les générations à venir. Encore faut-il que ce qui n'a pas été gravé dans le marbre soit conservé. Dans ses dernières lettres de prison, Charles Maurras n'avait cessé de se préoccuper du sort de ses livres, des documents et des lettres qui avaient accompagné sa vie intellectuelle, sa quête de la vérité tout au long de l'histoire de France en ce terrible XXème siècle, le plus sanglant de l'histoire du monde.
    Il y avait là un trésor à classer, déchiffrer, commenter. La justice des hommes, si faillible, peut croire qu'une condamnation sans appel rayera de notre patrimoine une pensée fût-elle controversée ou exaltée.
    Vaine prétention !
    La pensée est comme l'arbre de vie : elle a ses racines dans la terre et tend ses branches vers le ciel.
    Dans l'histoire des civilisations, elle est le maillon d'une chaîne qui ne s'interrompra qu'avec la fin de l'humanité.
    Le temps voile ses erreurs passionnelles pour n'en conserver que l'essence.
    En sauvant les murs de la maison de Charles Maurras, en l'ouvrant à des chercheurs venus de tous les horizons politiques et humains, la Municipalité de Martigues exauce les vœux derniers d'un homme sur qui l'on voudrait faire croire que tout a été dit alors que tout reste à découvrir et à méditer.
    Succédant à Charles Maurras au seizième fauteuil de notre Académie française, cette Académie que Maurras appelait avec respect « sa mère », le duc de Lévis-Mirepoix terminait l'éloge de son prédécesseur par ces mots :


    "Comme Socrate, il a encouru la colère de la Cité..."


    Oui, mais pas la colère de sa Cité de Martigues.
    Soyez-en remercié, vous qui au nom de la liberté de penser, au nom de la poésie, avez su vous élever au-dessus des querelles de notre temps et reconnaître en cet homme debout un des grands philosophes politiques de notre temps, et un grand, un très grand poète."

    * Les trente beautés de Martigues
    ** Ainsi soit-il !

     

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  • Notre feuilleton : Une visite chez Charles Maurras (66)

     

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    "Maurras et...", "Maurras vu par..."

     

     

    Aujourd'hui : Dans la biblothèque, dédicaces...

    1. De Paul Valéry :

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    2. De Jean Cocteau :

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    3. De Charles de Gaulle :

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    (À Charles Maurras. Respectueux hommage. 24 mars 1924. C. de Gaulle. « Les lois désarmées tombent dans le mépris, les armes insoumises aux lois tombent dans l’anarchie. » (Cardinal de Retz)

     

    4. De Sacha Guitry :

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  • Notre feuilleton : Une visite chez Charles Maurras (67)

     

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    Aujourd'hui : Quand Maurras écoutait Mistral...

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    Mistral et ses amis devant les Alpilles, de Louis Denis-Valverane (1870-1943) conservé au Musée des Beaux-Arts de Nîmes.

    Maurras est adossé à l'arbre, à gauche...

    Dans son ouvrage "Maîtres et témoins de ma vie d'esprit", Maurras range Mistral dans la catégorie des "maîtres". Il ressentait - bien avant qu'elle ne l'écrivît !... - ce que pensait Simone Weil de l'enracinement, personnifié, pour Maurras, par Mistral :

    "L'enracinement est peut-être le besoin le plus important et le plus méconnu de l'âme humaine. C'est un des plus difficiles à définir. Un être humain a une racine par sa participation réelle, active et naturelle à l'existence d'une collectivité qui conserve vivants certains trésors du passé et certains pressentiments d'avenir. Participation naturelle, c'est-à-dire amenée automatiquement par le lieu, la naissance, la profession, l'entourage. Chaque être humain a besoin d'avoir de multiples racines. Il a besoin de recevoir la presque totalité de sa vie morale, intellectuelle, spirituelle, par l'intermédiaire des milieux dont il fait naturellement partie..." 

    Lorsque Mistral mourut, Maurras lui rendit immédiatement hommage dans le quotidien :

    Grandes "Une" de L'Action française : Quand il est mort, le poète... Mistral ! (1/2)

     

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  • Notre feuilleton : Une visite chez Charles Maurras (68)

     

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    Aujourd'hui : Quand Marcel Proust remerciait Maurras...

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    Le vendredi 2 février 2018, dans lafautearousseau :

    Marcel Proust : Maurras, une cure d'altitude mentale ...

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    Marcel Proust, portrait par Jacques-Émile Blanche

     

     

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  • Notre feuilleton : Une visite chez Charles Maurras (69)

     

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    Aujourd'hui : La courte "entente" entre Maurras et André Gide...

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    Durant la Grande Guerre, Gide se rapprocha de Maurras, dans le contexte particulier de l’Union sacrée.

    En juillet 1914, il déclare lire "avec le contentement le plus vif la lettre de Barrès invitant au ralliement". Il se réjouit alors de "voir, devant cette menace affreuse, les intérêts particuliers s’effacer, et les dissensions, les discordes."

    Chez Gide comme chez d’autres, le patriotisme se conjugue avec une volonté diffuse de réagir contre le déclin national. En septembre 1916, il évoque par exemple "la lente décomposition de la France", ou encore "l’abominable déchéance où reculait peu à peu notre pays", à laquelle la guerre lui semble pouvoir remédier.

    Avec de telles dispositions, il se réjouit logiquement que les lettres du lieutenant Dupouey, mort au champ d’honneur, lui donnent "enfin l’occasion d’écrire à Maurras". Le 2 novembre 1916, il écrit à ce dernier : "Le temps est venu peut-être de se connaître et de se compter, vivants ou morts", en lui envoyant par la même occasion un mandat destiné à payer son abonnement à L’Action française. Maurras lui répond chaleureusement, le 5, jour où la lettre de Gide est publiée dans L’Action française.

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    Durant la guerre, dans son journal ou sa correspondance, Gide ne cessa de saluer l’excellence des articles de Maurras et plus généralement de L’Action française. Gide déclare ainsi lire "chaque jour" L’Action française "avec une approbation presque constante".

    Par delà le patriotisme, il y a bien adhésion idéologique, Gide célébrant "l’organisation de résistance que travaille à former l’Action française", qu’il présente non comme le meilleur, mais comme le seul rempart possible contre ce danger : "L’Action française est, somme toute, le seul journal en France qui se soit bien tenu pendant la guerre.", écrira Gide...
    Ce sera dans les deux années qui suivent la fin de la guerre, que la position de Gide à l’égard de Maurras et de l’Action française évoluera rapidement, jusqu'à la rupture définitive, mais ce court moment d'entente entre les deux hommes méritait d'être rappelé...

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    C'est en page 2 du numéro du Dimanche 5 novembre 1916 que Maurras donne le contenu de la lettre d'André Gide commençant par "Mon cher  Maurras" et que le Maître annonce ainsi :

    "...Les troisième et quatrième textes arrivés ensemble nous viennent de plus loin. L'un d'outre-tombe. L'autre d'une région philosophique et littéraire où nous n'espérions nullement conquérir cette rare amitié. Un nom propre la définit pour tous les lettrés, il suffit de nommer notre confrère le poète, romancier et moraliste A. Gide. Des cahiers d'André Walter aux Caves du Vatican, la carrière littéraire d'André Gide dessine une courbe brillante mais dont les contacts avec l'Action française ont été jusqu'ici rares ou fugitifs, et  nos relations personnelles, datant de notre plus ancienne jeunesse à l'un et à l'autre, furent aussi clairsemées qu'il était possible. Cependant, à travers les contradictions, ni l'estime ni la sympathie n'ont manquées, et voici la lettre datée du jour des Morts par laquelle l'auteur de La Porte étroite me communique ce témoignage d'un héros de la guerre arrivé du pays de l'ombre :..."

    Vous pouvez lire le court texte de cette lettre dans la première colonne de gauche de la page 2, dont elle occuppe le deuxième tiers, central; elle s'achève par un P.S. : "...Ci-joint un billet pour le meilleur usage, sur lequel vous voudrez bien prélever le montant d'un abonnement à l'AF..."

    https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k7592450/f2.item.zoom

     

    À connaître également, cette très courte lettre de Gide à Maurras, publiée de façon anonyme dans L’Action française du 21 décembre 1917, en page quatre : elle se trouve en haut de la première colonne (de gauche), à la 39ème ligne, après le sous-titre "les timides"

    Maurras la présente ainsi :

    "Immédiatemment à la suite de cette lettre, nous sommes heureux de pouvoir publier les lignes que nous adresse un de nos écrivains les plus subtils et les plus raffinés, que tout, avant la guerre, séparait et même éloignait de l'Action française, mais qui y est venu en toute loyauté et qui, vrai conducteur d'âmes, s'efforce d'y incliner les Français qui suivent ses directions..."

    le texte de cette courte lettre ici :

    https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k7596381/f4.item.zoom

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    Pour lire les articles...

    En bas de page, une courte "barre de tâches" vous permet d'utiliser le zoom (tout à gauche de la barre) et de changer de page (flèche tout à droite); une fois appuyé sur "zoom", vous aurez, cette fois tout en haut de la page, une autre "barre de tâches" : en cliquant sur le "+", il ne vous restera plus, avec votre souris, qu'à vous promener sur la page, puis passer à la deuxième pour lire la suite...

     

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  • Notre feuilleton : Une visite chez Charles Maurras (70)

     

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    Aujourd'hui : De Pierre David, tué au combat, à Charles Maurras

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    Caporal Pierre David, 336ème Régiment d'Infanterie, décédé en 1918 :

    "À l'heure où vous lirez ces lignes, j'aurai définitivement acquis, en mêlant mon sang à celui des plus vieilles familles de France, la nationalité que je revendique... Grâce aux fortes méditations que votre pensée m'aura inspirée, la Patrie et la Famille seront devenues pour moi de puissantes réalités... et une âpre joie se mêlera à mes dernières souffrances physiques et morales, en pensant que je les voue à la défense de la Patrie et à l'enrichissement du patrimoine moral de ma Famille.
    C'est de cela que je voulais vous exprimer ma suprême reconnaissance."

     

    Sur la magnifique figure du Caporal Pierre David, mort pour la France, et sur l'admiration qu'elle provoquait chez Maurras, on aura tous les renseignements indispensables dans notre Catégorie Grandes "Une" de L'Action française en consultant celle-ci :

    Grandes "Une" de L'Action française : 28 Octobre 1918, Maurras rend hommage au Caporal Pierre David, "héros juif d'Action française"

     

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  • Notre feuilleton : Une visite chez Charles Maurras (71)

     

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    Aujourd'hui : Maurras, vu par Péguy...

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    "Quand je trouve dans l'Action française, dans Maurras, des raisonnements, logiques, des explications impeccables, invincibles, comme quoi la royauté vaut mieux que la république, et surtout le royalisme mieux que le républicanisme, j'avoue que si je voulais parler grossièrement, je dirais que ça ne prend pas.

    On pense ce que je veux dire : ça ne prend pas comme un mordant prend ou ne prend pas sur un vernis. Ça n'entre pas. Des explications, toute notre formation universitaire, scolaire, nous a tellement appris à en donner, à en faire, que en sommes saturés... Dans le besoin, nous les ferions...

    Mais qu'au courant de la plume, et peut-être, sans doute, sans qu'il y ait pensé, dans un article de Maurras je trouve, comme il arrive, non point comme un argument, présentée comme un argument, mais oubliée au contraire, cette simple phrase : Nous serions prêts à mourir pour le Roi, oh ! alors on me dit quelque chose, alors on commence à causer. Sachant, d'un tel homme, que c'est vrai comme il le dit, alors j'écoute, alors j'entends, alors je m'arrête, alors je suis saisi, alors on me dit quelque chose..."

    Charles Péguy, Notre jeunesse, 1910

     

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  • Notre feuilleton : Une visite chez Charles Maurras (72)

     

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    Aujourd'hui : Bien que manifesté sur le tard, un accord profond, sur l'essentiel, entre Péguy et Maurras... 

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    Dans notre Catégorie Grands Textes, le 43ème est consacré à Charles Péguy :

    GRANDS TEXTES (43) : "Pour la première fois dans l'histoire du monde l'argent est seul devant Dieu", par Charles Péguy

    Comment ne pas voir, dans ce texte, bien plus qu'une simple "proximité" entre la pensée des deux hommes : un accord profond sur l'essentiel, sur cette démonstration lumineuse faite par Maurras dans L'Avenir de l'Intelligence, que Pierre Boutang appelait un "immense petit livre" ?

    "...Il faut être stupide comme un conservateur ou naïf comme un démocrate pour ne pas sentir quelles forces tendent à dominer la Terre. Les yeux créés pour voir ont déjà reconnu les deux antiques forces matérielles : l'Or, le Sang..." écrit Maurras, au tout début de son "immense petit livre".

    Et, un peu plus loin : 

    "...De l'autorité des princes de notre race, nous avons passé sous la verge des marchands d'or, qui sont d'une autre chair que nous, c'est-à-dire d'une autre langue et d'une autre pensée. Cet Or est sans doute une représentation de la Force, mais dépourvue de la signature du fort. On peut assassiner le puissant qui abuse ; l'Or échappe à la désignation et à la vengeance. Ténu et volatil, il est impersonnel. Son règne est indifféremment celui d'un ami ou d'un ennemi, d'un national ou d'un étranger. Sans que rien le trahisse, il sert également Paris, Berlin et Jérusalem. Cette domination, la plus absolue, la moins responsable de toutes, est pourtant celle qui prévaut dans les pays qui se déclarent avancés. En Amérique elle commence à peser sur la religion, qui ne lui échappe en Europe qu'en se plaçant sous la tutelle du pouvoir politique, quand il est fondé sur le Sang.

    Sans doute, le catholicisme résiste, et seul ; c'est pourquoi cette Église est partout inquiétée, poursuivie, serrée de fort près. Chez nous, le Concordat l'enchaîne à l'État qui, lui-même, est enchaîné à l'Or, et nos libres penseurs n'ont pas encore compris que le dernier obstacle à l'impérialisme de l'Or, le dernier fort des pensées libres est justement représenté par l'Église qu'ils accablent de vexations ! Elle est bien le dernier organe autonome de l'esprit pur. Une intelligence sincère ne peut voir affaiblir le catholicisme sans concevoir qu'elle est affaiblie avec lui. C'est le spirituel qui baisse dans le monde, lui qui régna sur les argentiers et les rois ; c'est la force brutale qui repart à la conquête de l'univers..."

    (texte intégral de L'Avenir de l'Intelligence sur le site Maurras.net)

     

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  • Notre Feuilleton : Une visite chez Charles Maurras (73)

     

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    Aujourd'hui : Guillaume Apollinaire, admirateur de Maurras...

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  • Notre feuilleton : Une visite chez Charles Maurras (74)

     

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    Aujourd'hui : 1922 : Malraux écrit la préface de Mademoiselle Monck...

    Le texte que nous publions ci-dessous est une préface d’André Malraux à l’ouvrage de Maurras, Mademoiselle Monck, dans son édition de 1922, Malraux ayant alors 21 ans. A-t-il vraiment changé par la suite ? Certainement, en surface, par son action politique d’entre les deux guerres et maints aspects, en fait négatifs, plus tard, de son action de ministre de la culture.

    Il suffirait pourtant de relire son discours de la Salle Pleyel, en 1948 ("Appel aux intellectuels", postface des Conquérants) pour mieux comprendre ce qui a pu, ou aurait pu, le relier en profondeur à la pensée et à l’œuvre de Charles Maurras.                    

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                                         (à Phnom Penh , 1923)

    C'est bien mal comprendre Charles Maurras que de voir en lui un artiste obligé à des travaux de journaliste; le considérer comme le chef du parti d'Action française se délassant à écrire Anthinéa, c'est le diminuer.

    Né en 1868 il a aujourd'hui 55 ans; et pas une contradiction profonde n'apparaît dans sa vie publique. Aller de l'anarchie intellectuelle à l'Action française, ce n'est pas se contredire, mais construire. S'il eût aimé vivre en Grèce, c'est que les philosophes y avaient accoutumé de mettre en harmonie leur vie et leur philosophie; mais je l'imagine surtout au Moyen Âge, prêtre fervent, confesseur de grands, architecte de cathédrales et organisateur de croisades.

    On a dit : pour lui, toute pensée se convertit en action. Cela est un peu injurieux, et d'ailleurs inexact. Il serait plus juste de dire que son système est formé de théories dont la force que représente leur application fait une partie de la valeur. Son œuvre est une suite de constructions destinées à créer ou à maintenir une harmonie. Il prise par dessus tout et fait admirer l'ordre, parce que tout ordre représente de la beauté et de la force. De là son amour pour la Grèce, qu'il n'a pas découverte, mais choisie. Que sa naissance l'ait incité à ce choix, c'est vraisemblable; mais elle ne l'y déterminait point, et il y a plus de mérite à bien choisir lorsque le choix est facile que lorsqu'il est malaisé. Choisir comme le feraient des esprits simples semble vulgaire; et rien ne peut, plus que le désir de n'avoir rien de commun avec des esprits simples, inciter à l'erreur un esprit supérieur.

    Parler de Comte comme l'a fait Maurras; proposer la soumission de l'individu à une collectivité particulière, n'était point facile; la séduction des différentes anarchies qu'il combat aujourd'hui est profonde et le rôle de directeur pénible souvent et parfois douloureux. Car les hommes ne se résignent point aisément à lutter contre eux-mêmes; et le prix qu'ils donnent à tout ce qu'ils doivent supprimer en eux est si grand qu'ils s'y attachent volontiers plus qu'à ce qui constitue leur valeur réelle.

    La raison est peu puissante contre la sensibilité; c'est seulement grâce à l'aide d'un sentiment qu'elle peut en modifier d'autres. Cette aide, Charles Maurras l'a trouvée dans l'amour de la France. Si sa doctrine ne pouvait exister sans une grande admiration de la France, et surtout sans une préférence pour tout ce qui fut créé par le génie français, c'est que cette admiration était dès l'origine, dans l'ordre esthétique, si profonde en lui qu'il n'eût pu établir un système qui ne reposât point sur elle. Il n'a passionnément aimé, en Grèce et en Italie, que ce qui devait déterminer le mode du génie français.

    Mais la satisfaction complète de ses désirs, il ne devait la trouver que des jardins de Versailles à ces paysages des bouches du Rhône somptueux et tragiques comme des cadavres de rois. Qu'importe, pour son œuvre et pour lui, ce qu'il a voulu supprimer ! Charles Maurras est une des plus grandes forces intellectuelles d'aujourd'hui.

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    Cette Préface constitue le 12ème texte de notre Catégorie Grands Textes

     GRANDS TEXTES (12) : la Préface de "Mademoiselle Monk", d'André Malraux

     

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  • Notre feuilleton : Une visite chez Charles Maurras (75)

     

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    Aujourd'hui : Éloge de Charles Maurras, par le duc de Lévis-Mirepoix, son successeur à l'Académie...

    "Il connut sans fléchir les pires vicissitudes et la plus cruelle de toutes. Un nom vient naturellement à mes lèvres. Il eût à subir, comme Socrate, la colère de la cité." Comment mieux dire, plus habilement et plus élégamment, que, comme Socrate, Maurras était - évidemment... - innocent du crime que lui reprochait les tenants de la sinistre et vulgaire "re-Terreur" (le mot est de Léon Daudet, parlant de la Commune) que fut l'Épuration terroriste, qui dénatura et souilla la libération du territoire...

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    Le 18 mars 1954, Réception du duc Antoine de Lévis Mirepoix

    M. le duc de Lévis Mirepoix, ayant été élu par l’Académie française à la place laissée vacante par la mort de M. Charles Maurras, y est venu prendre séance le jeudi 18 mars 1854, et a prononcé le discours suivant :

     

    Messieurs,

    Quand je songe à toutes les gloires dont l’Académie française reste dépositaire, à la mission qu’elle a reçue et qu’elle n’a cessé de remplir, en maintenant, à travers les orages de trois siècles, et dans l’infinie variété des pensées, des œuvres et des actions, l’harmonieuse unité du langage et de l’âme, je sens bien que, pour élever la voix sous cette coupole, il me faut demander aux vivants et aux morts une sorte de grâce d’état.

    Cependant, nier tout motif de vous appartenir, ne serait-ce pas manquer de respect à votre sagesse et mal vous remercier du grand honneur que vous m’accordez ? Oubliant que je fus téméraire, je me réfugie, si je puis dire, dans cette fierté que seul peut me donner votre choix.

    Mais, comment en demeurer là ?

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