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Feuilleton : Une visite chez Charles Maurras - Page 6

  • Notre feuilleton : Une visite chez Charles Maurras (76)

     

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    Aujourd'hui : Maurras et Thibon, une admiration réciproque...

     

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    1. De Thibon, sur Maurras (tiré de l'une de ses interventions au Rassemblement royaliste des Baux de Provence) :

     

    "...Vous êtes, vous et vos amis, les héritiers spirituels de Charles Maurras.

    Mais vous savez bien qu'un héritage n'est pas un talisman ni une baguette magique : c'est un outil. Et un outil qu'il faut savoir manier et adapter en fonction du mouvement de la vie qui ramène toujours le semblable, jamais l'identique.

    Épouser la pensée d'un maître, cela veut dire s'unir à elle pour lui faire des enfants et non pas la stériliser sous prétexte de lui conserver je ne sais quelle intégrité virginale.

    Il n'y a pire trahison qu'une certaine fidélité matérielle et littérale qui, en durcissant les principes en système, n'aboutit qu'à congeler ce qui était le jaillissement d'une source vive. Les exercices de patinage qu'on peut faire sur cette glace ne m'intéressent pas. La vraie fidélité est celle qui prolonge, qui corrige et qui dépasse. Et le meilleur héritier n'est pas celui qui fait de son héritage un musée ou une exposition rétrospective.

    "Le bien gagné reste à défendre" : le capital de la sagesse que Maurras vous a légué, vous ne le conserverez qu'en le fécondant, en le récréant sans cesse..."

     

    2. De Maurras, sur Thibon :

    tiré de notre Catégorie Grandes "Une" de L'Action française :

    Grandes "Une" de L'Action française : c'est un Maurras enthousiaste qui "présente" Thibon aux lecteurs du journal...

     

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  • Notre feuilleton : Une visite chez Charles Maurras (77)

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    Aujourd'hui : De l'humour, avec Michel Mourre...

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    "....Nous étions quelques jeunes gens qui allâmes le saluer après sa grâce médicale, il y a quelques mois. De la plupart d'entre nous, il connaissait à peine les noms.
    À travers le couloir de la clinique, il courut à notre rencontre, pressant nos mains, les pressant encore, à notre départ nous remerciant dix et dix fois d'être venus le voir - comme si ç'avait été nous qui lui avions fait une grâce.
    Pris de court, je n'avais à lui faire dédicacer qu'un vieux portrait gravé alors qu'il pouvait avoir trente ans :
    - Quand je pense que j'ai pu être ainsi...
    Il se redressa :
    - Mais je suis beaucoup mieux maintenant !..."

     

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  • Notre feuilleton : Une visite chez Charles Maurras (78)

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    Aujourd'hui : À l'Académie française, Henri Bordeaux répond à Charles Maurras, qui vient de prononcer son discours de réception...

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    En 1952, Henry Bordeaux intervient, avec Maxime Réal del Sarte, auprès du Président de la République, Vincent Auriol, et obtient la grâce médicale pour Charles Maurras...

    "...Je suis fier d'avoir contribué à la liberté qui lui a été rendue - une liberté de sept mois après sept années d'injuste emprisonnement, car il est mort libre dans cette Touraine, coeur de la France qu'il a tant aimée..."

    Lorsque Maurras fut élu à l'Académie, et prononça son traditionnel Discours de réception, ce fut Henry Bordeaux qui, après lui, répondit à ce disours :



    Réponse au discours de réception de Charles Maurras
    Le 8 juin 1939
    Henry BORDEAUX

    Réception de M. Charles Maurras
    Monsieur,

    Le roi Louis XIV, dont vous avez en quelques pages tracé un magnifique portrait politique, le Roi-Soleil qui fut notre protecteur après Richelieu, manda un jour à Versailles certain abbé de Caumartin qui était alors directeur de notre Compagnie et il le morigéna vertement. Quelle faute le malheureux avait-il donc commise ? Il s’était permis de mal accueillir au Louvre, siège, avant cette Coupole, de nos réceptions, le nouvel élu, Mgr de Clermont-Tonnerre, évêque de Noyon. J’espère ne pas être appelé à l’Élysée par notre libéral protecteur actuel pour vous avoir distribué des louanges insuffisantes.

    D’Alembert, ratifiant le verdict royal, assure que l’orateur de l’Académie est voué et même condamné à l’éloge, comme le récipiendaire à la modestie et la timidité. Sans accepter cette condamnation qui exclurait une liberté dont nous revendiquons les privilèges, tempérés par la courtoisie, je ne serais gêné, pour vous accueillir, que par ma vieille et fidèle amitié. Elle est née, cette amitié, au pays latin où je vous rencontrais, mon aîné de peu d’années, au café Vachette en compagnie du poète Jean Moréas, célèbre déjà parmi nous, ou chez l’aimable et fringant Lionel des Rieux qui habitait dans le voisinage de la Sûreté générale et nous offrait des orgies de poésie d’où nous ne sortions guère qu’à trois ou quatre heures du matin, et par la fenêtre afin de ne point contrister le concierge. Je me hâte d’ajouter que notre hôte logeait au rez-de-chaussée.

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  • Notre feuilleton : Une visite chez Charles Maurras (79)

     

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    Aujourd'hui : L'art poétique de Maurras (I/II), remarquable réflexion sur l'art poétique - et politique - de Charles Maurras, par Luc-Olivier d'Algange :

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    "Le Dieu t’encoche à l’arc de la mer" (Charles Maurras)

    Charles Maurras est un illustre méconnu.
    On retient de son œuvre des idées générales, transmises par des historiens hostiles ou des vulgarisateurs.
    Quelques formules suffisent à l’intellectuel qui se targue de culture générale.
    Il parlera d’empirisme organisateur, de nationalisme intégral, de germanophobie et d’antisémitisme, et la démonstration lui semblera faite de la désuétude et de l’inanité de l’œuvre.
    Ces méthodes expéditives, que l’on applique également à Gobineau et qui trahissent l’inculture croissante de nos contemporains, n’expliquent rien de l’influence profonde que l’œuvre de Maurras exerça sur des hommes aussi divers que Maurice Blanchot, Jean Paulhan, Paul Valéry, Marcel Proust, Robert Brasillach, Daniel Halévy, Pierre Boutang ou Georges Bernanos, – auquel nous devons aussi la critique la plus forte, sinon féroce, de l’Action française.
    La lecture est un art qui diffère presque insensiblement de l’art d’écrire.
    Autant dire que nos censeurs modernes ne lisent plus : ils compulsent, classent, étiquettent, en se fiant le plus souvent à des lectures secondaires, le recours à l’original étant considéré comme une perte de temps.
    On oublie trop que le droit à la critique dépend de la fréquentation des oeuvres et non seulement de compte-rendu ou de fiches de police plus ou moins sommaires.
    Dans l’histoire de la philosophie politique et de la littéraire, la place de Charles Maurras, n’en déplaise à certains, est irrécusable.
    Dans la mouvance de l’Action française, il est permis, certes, de lui préférer le « libre réactionnaire » Léon Daudet, auteur de l’admirable Voyage de Shakespeare ou Jacques Bainville dont la pertinence historiographique n’a cessé d’être corroborée par les événements qui suivirent sa disparition prématurée, mais ni l’un ni l’autre n’eussent trouvé le centre de gravitation de leur pensée sans l’influence de Charles Maurras.
    Il est certes légitime d’être accablé par l’immense masse de ses éditoriaux quotidiens souvent répétitifs, et parfois fallacieux, dont on ne peut se défendre de penser qu’ils dissipèrent son talent et défavorisèrent son cheminement de poète et de philosophe, mais dans cette masse, les incidentes lumineuses ne manquent pas et la langue française y trouve un de ses beaux élans combatifs .
    À celui qui aborde l’œuvre de Charles Maurras sans préventions excessives, maintes richesses sont offertes, à commencer par celles du style, beaucoup moins froid et sec qu’on ne le prétend, chargé d’images, de saveurs et de lumières provençales, mais aussi de nuits vaincues, de ferveurs musiciennes. Le poète Charles Maurras n’est pas moins présent dans sa prose que dans ses prosodies.
    Son écriture n’est pas seulement le procès-verbal d’une pensée figée, elle poursuit sa propre aventure à la fois résolue et inspirée.
    Maurras, et c’est là toute sa philosophie politique, ne croit pas au sujet insolite, à l’individu interchangeable.
    Sa politique provient de la poésie du Chœur tragique :

    "Suivis avec art et science, écrit Maurras, les beaux mystères de la langue des poètes ont la vertu fréquente d’ajouter aux idées d’un rimeur isolé le chœur universel de l’expérience de tous ; les moindres paroles y gagnent on ne sait quel accent de solidité séculaire ; l’antique esprit qu’elles se sont incorporé multiplie saveur, résonance et portée d’ensorcellement…"


    Si Maurras fut un grand raisonneur, avec la nuance légèrement péjorative qui s’attache à ce mot, il fut aussi poète et c’est ne rien entendre à ses écrits, c’est ignorer la nature même de ses raisons que de s’en tenir à une seule lecture rationaliste ou « empirique ».
    La raison, que Maurras vénère, compose selon les mêmes mesures que la poésie.
    Pour cet esprit guerrier, et même belliqueux, et dont les Principes valent sans doute mieux que les stratégies, il importe d’abord de vaincre "l’informe et le bâclé, le vague et le diffus".
    Poésie et politique s’accordent en ce dessein formateur.
    L’Art politique, n’est plus alors que l’expression d’un Art poétique : "Emporter dans sa tête un certain nombre de ses ébauches, d’abord informes, aspiration confuse à un conglomérat de sonorités et de rêves tendus vers un beau plutôt pressenti que pensé; puis, quand les mots élus abondent, en éprouver la densité et la vitesse au ballet des syllabes que presse la pointe du chant; en essayer, autant que le nombre matériel, le rayon lumineux et l’influx magnétique; voir ainsi, peu à peu s’ouvrir et se fermer la gerbe idéale des voix; élargir de degrés en degrés l’ombelle odorante; lui imposer la hiérarchie des idées qui sont des principes de vie; lever en cheminant les yeux vers le ciel nu, ou garni de pâles étoiles, pour y goûter le sentiment de la légèreté du monde et de la puissance du cœur…"

    Pour Maurras, la clarté, la certitude, la forme ne sont point les adversaires des "mots élus" ni de "la gerbe idéale des voix".
    L’ordre classique qu’il entrevoit n’est pas une représentation préalable à la création, une administration vétilleuse du langage, un purisme dépourvu de sève, mais "une ombelle odorante".
    L’art poétique de Maurras nous redonne à penser que la nature même du classicisme naît de "la densité et de la vitesse", de "l’influx magnétique".
    La perfection des rapports et des proportions que chante le poète roman n’est pas schématique mais éprouvée, elle n’est point l’abstraite vérité détachée de l’aventure poétique, mais la "pointe du chant" ! Le sentiment précède l’harmonie prosodique et intellectuelle ; il n’est pas seulement un effet de l’art, mais son origine.
    La différence majeure entre Maurras et, par exemple, André Breton (dont la prose "Grand Siècle", et fortement ordonnancée était, au demeurant, fort loin de respecter les préceptes d’automatisme et d’anarchie qu’elle énonçait) tient à ce que, pour Maurras, l’origine n’est jamais belle en soi, qu’elle ne brille de la platonicienne splendeur du vrai qu’au terme de son accomplissement dans la précision de l’intellect.
    L’écriture de Charles Maurras, plastique, surprenante, saisie d’incessantes variations de vitesse et d’humeur est bien loin d’avoir livré tous ses secrets.
    Cet auteur qui, jeune homme, fut mallarméen, pythagoricien et proudhonien porte dans son style une puissance libertaire sans cesse contrariée et renaissante.
    Sa fougue exigeait d’être jugulée pour mieux se dire.
    Quelque profond sentiment d’effroi n’est pas à exclure, dont ses premières œuvres gardent la trace, – contre lequel il éprouva le besoin d’armer son intelligence. Peut-être eût-t-il trop d’ardeur à contenir le vertige de l’étoile dansante du chaos dont parle Nietzsche ?
    Mais qui peut s’en faire juge ?

    Serviteur des Muses et de l’Idée, "chanteur et songeur" selon la formule de Pierre Boutang, Maurras poursuivit toute sa vie une méditation sur les limites de la raison et de la poésie.
    La limite idéale n’est pas une limite prescrite, imposée de l’extérieur mais une limite inscrite par le heurt et par la rencontre nuptiale de la poésie et de la raison.

    Maurras n’oppose point à l’infini romantique un plat réalisme mais une pensée de la forme nécessaire et salvatrice.
    Ainsi, la France sera pour lui une forme, au sens grec, une Idée :

    "N’être point un profane, entendre le mystère de conciliation que suppose une chose belle, sentir avec justesse le mot du vieux pacte conclu entre la savante fille du ciel et le tendre enfant de l’écume, enfin de rendre compte que ce parfait accord ait été proprement la Merveille du Monde et le point d’accomplissement du genre humain, c’est toute la sagesse qu’ont révélée successivement à leurs hôtes la Grèce dans l’Europe, l’Attique dans la Grèce, Athènes dans l’Attique, et, pour Athènes, le rocher où s’élève ce qui subsiste de son cœur."


    Le dessein poétique de Maurras, dont découle sa volonté politique, étant de "rétablir la belle notion du fini", la Merveille est ce qui précise et se précise.
    Le propre du poème sera d’être "ce rocher où s’élève ce qui subsiste" et qui rend perceptible et le ciel et l’écume.
    Dans la forme, qui consacre la finitude, la raison et la poésie s’accordent.
    Toute l’œuvre de Maurras consistera à décliner ces accords et à en sauvegarder les nuances et les gradations :
    "Il est bien de sentir qu’une belle colonne dorique, c’est le beau parfait. Il est meilleur de le sentir et de savoir la raison de son sentiment".

    (à suivre...)

     

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  • Notre feuilleton : Une visite chez Charles Maurras (80)

     

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    Aujourd'hui : L'art poétique de Maurras (II/II), remarquable réflexion sur l'art poétique - et politique - de Charles Maurras, par Luc-Olivier d'Algange :

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    Les confusions et les malheurs du temps proviennent, pour Charles Maurras, de la dissociation de la beauté et de la vérité.
    Aristotélicien par son recours à Saint-Thomas d’Aquin et à l’empirisme organisateur d’Auguste Comte, Maurras est platonicien dans sa poétique et les raisons d’être qu’il accorde à l’Idée.
    Les adeptes d’un Maurras "tout d’une pièce" n’ont peut-être pas assez médité le jeu de cette contradiction créatrice.
    Au voisinage d’Homère et de Platon, Maurras entretient une conversation soutenue avec le limpide mystère des Idées et des Dieux, alors qu’aussitôt paraît-il s’accorder au Dogme et à l’Eglise que son argumentation se fait pragmatique. Sans doute ne voit-il dans le Dogme qu’une limite opportune à la confusion, alors son âme frémit à l’incandescente proximité des Idées.

    Hôte du Banquet en compagnie de Diotime, Maurras entrevoit la métaphysique dont il se défia, au contraire de Léon Daudet, lorsqu’elle lui advint par l’entremise des œuvres de René Guénon ; alors qu’apologiste du Dogme, la métaphysique et le Mystère semblent céder la place à des considérations organisatrices.
    S’il est, pour Maurras, un Mystère vécu, un Mystère éprouvé, ce n’est point le Mystère christique de l’Eucharistie et de la Résurrection des corps, mais, ainsi que le nomme son poème, Le Mystère d’Ulysse :


    "Guide et maître de ceux qui n’eurent point de maître
    Ou, plus infortuné, que leur guide trompa,
    Donne-leur d’inventer ce qu’ils n’apprirent pas,
    Ulysse, autre Pallas, autre fertile Homère,
    Qui planta sur l’écueil l’étoile de lumière
    Et redoubla les feux de notre firmament !"

     

    "La beauté parfaite, écrit Maurras, est tel un signe de la vérité qu’il devient presque superflu de se demander si la poésie d’Horace est sincère".

    N’étant guère enclin à nous faire procureurs en poésie ou en métaphysique, les postulants à ces titres douteux ne manquant pas, nous nous contenterons de percevoir, à travers les incertitudes maurrassiennes, dissimulées sous un ton péremptoire, le beau signe de la vérité qui nous est ainsi adressé. Cette vérité est la connaissance de nos limites.
    Le paradoxe de cette connaissance est d’être à la fois humble et orgueilleuse.
    Elle est humble, car elle présume que nous sommes essentiellement redevables de ce que nous sommes à notre tradition, à notre Pays et à notre langue.
    Ecrivain, moins que tout autre je ne peux oublier que ma pensée circule comme une sève dans le grand arbre héraldique et étymologique de la langue française et que ma liberté est constituée par celle de mes prédécesseurs.
    Chaque mot dont s’empare notre pensée s’irise de ses usages révolus. Notre orgueil n’est alors que la juste mesure de notre humilité : il nous hausse, par la reconnaissance que nous éprouvons, à la dignité d’intercesseurs.
    Maurras ne cesse de nous redire que notre legs est à la fois fragile et précieux.
    Si Maurras se fourvoie quelquefois lorsqu’il tente de définir ce qui menace, il discerne bien ce qui est menacé.

    "On est bon démocrate, écrit Maurras, on se montre bon serviteur de la démocratie, dès que l’on apporte aux citoyens des raisons nouvelles de quitter la mémoire de leurs pères et de se haïr fermement." »
    Maurras ne voit pas seulement que la démocratie "servira les factions, les intérêts, la ploutocratie, enfin cette cacocratie devenue maîtresse de tout", il comprend aussi qu’exaltée en démagogie, la démocratie prépare un totalitarisme indiscernable à ceux qui le subissent :
    "La démagogie, c’est la démocratie lorsque la canaille a la fièvre ; mais quand la canaille est sans fièvre, qu’au lieu d’être exaltée, elle est somnolente, torpide, son gouvernement n’est guère meilleur. Un peu moins violent peut-être ? Oui, mais plus vil, plus routinier et plus borné."

    La décomposition du Pays en factions rivales présage cette grande uniformisation qui sera le triomphe de l’informe, du confus et du vulgaire, le mépris de la mémoire et l’obscurcissement de l’entendement humain dans une goujaterie généralisée.
    Maurras ne nous induit pas en erreur lorsqu’il voit dans la perpétuité dynastique un remède à la guerre de tous contre tous et une chance de subordonner le pouvoir à l’Autorité. Si nous dégageons l’œuvre de la gangue des préjugés de son temps, il nous est même permis d’y choisir ce qui n’est point frappé d’obsolescence :


    "Vivre proprement c’est choisir ; et l’activité intellectuelle est, de toutes les activités permises à l’homme, celle qui renferme la plus grande somme de choix, et de choix de la qualité la plus raffinée."



    Les civilisations ne sont pas plus issues du seul hasard que de la seule nécessité.
    Elles sont, selon la formule de Henry Montaigu, "des dispositions providentielles" que soutient l’effort humain.
    Cet effort est moral, esthétique et métaphysique et la moindre défaillance menace de réduire ses œuvres à néant.
    La civilité est un savoir qui distingue. "L’individu qui vient au monde dans une civilisation trouve incomparablement plus qu’il n’apporte."
    Lorsque le sentiment contraire l’emporte, la civilisation est déchue.

    Charles Maurras, s’il lui est arrivé de la pressentir, n’a pas connu l’extension planétaire de la démocratie totalitaire, avec son infatuation et sa pruderie, sa brutalité et ses leurres publicitaires. Face à ce "libéralisme" culminant en une société de contrôle secondée par l’informatique et la génétique, face à cette barbarie technologique, accordée à la soumission, peut-être eût-t-il renoncé à ses anciennes inimitiés pour nous inviter à d’autres formes de résistance.
    J’en vois la preuve dans ce qu’il écrivait le 8 août 1927 dans les colonnes de l’Action française, à propos de l’exécution des anarchistes Sacco et Vanzetti, après sept ans d’emprisonnement dans les geôles américaines :

    "L’aventure présente montre que cette race sensible et même sentimentale, profondément élégiaque, a du chemin à faire, it is a long way, oui, une longue route, pour devenir un peuple classique. Ni le progrès matériel représenté par le perfectionnement illimité du water-closed, ni la traduction puritaine de The Holy Bible dans toutes les langues du monde n’ont encore créé, là-bas, cette haute et subtile discipline du sourire et des larmes qui entre dans la définition du génie latin."


    Cette "haute et subtile discipline du sourire et des larmes", certes, nous la reconnaissons également chez Novalis, Hölderlin, Nietzsche ou Heine, mais nous n’oublions pas davantage que cette reconnaissance, nous la disons en français.
    De même que Léon Daudet rendit un magnifique hommage à Shakespeare, Maurras sut prolonger dans son œuvre les résonnances du Colloque entre Monos et Una d’Edgar Poe.
    Pourquoi être français plutôt qu’autre chose ?
    La réponse est dans le Colloque qui se poursuit entre les vivants et les morts, entre les prochains et les lointains.
    Que ce Colloque se poursuive, d’âme en âme, c’est là toute la raison d’être de la tradition, et de la traduction, dont surent si bien s’entretenir Pierre Boutang et Georges Steiner.

    Que retenir de l’œuvre de Charles Maurras ?

    Peut-être cette obstination à défendre les limites où l’universel se recueille.


    "Ai-je découvert plusieurs choses ? Je ne suis sûr que d’une, mais de conséquence assez grave : car de ce long Colloque avec tous les esprits du regret, du désir et de l’espérance qui forment le Chœur de nos Morts, il ressortait avec clarté que l’humaine aventure ramenait indéfiniment sous mes yeux la même vérité sous les formes les plus diverses."
    Cette vérité, pour Charles Maurras, fut celle des "métamorphoses de l’amitié et de l’amour" de ses Maîtres platoniciens.
    La véritable leçon de ces Maîtres, à qui sait les entendre, n’est point dans l’abstraction, mais dans la métamorphose.
    La phrase, ou, plus exactement, le phrasé maurrassien, dans ses périodes les mieux inspirées, s’entrelace à ce mouvement d’inépuisable diversité.
    Ce sont "de rapides alternances de lune et de soleil, or liquide, argent vif, qui me réchauffaient le cœur, me déliaient l’esprit, et, d’un seul coup, m’ouvraient la conscience et la mémoire toutes grandes."
    L’espace à défendre est celui où cette extase est possible, où ni la conscience, ni la mémoire ne sont obscurcies ou avilies.

    (Fin)

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  • Notre feuilleton : Une visite chez Charles Maurras (81)

     

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    Aujourd'hui : Daniel Halévy, grand intellectuel juif et grand admirateur et ami de Maurras, évoqué par Jean Guitton...

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  • Notre feuilleton : Une visite chez Charles Maurras (82)

     

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    Aujourd'hui : 1926, Joseph Kessel vient interroger Maurras dans sa Bastide...

     

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    Grand reporter de haut niveau, grand écrivain et journaliste, né Juif russe (le 10 février 1898), devenu grand patriote patriote français : tel était Joseph Kessel, admirateur de "l'homme Maurras" et du journaliste talentueux qu'il était.

    Bien qu'il n'en partageât pas les idées, Joseph Kessel alla chez Charles Maurras, dans sa maison du Chemin de Paradis, à Martigues, au début de l’été 1926, pour l’interroger sur le retour de Poincaré aux affaires...

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  • Notre feuilleton : Une visite chez Charles Maurras (84)

     

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    Aujourd'hui : un extrait de la "lettre à Pierre Boutang"...

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    "...Nous bâtissons l’arche nouvelle, catholique, classique, hiérarchique, humaine, où les idées ne seront plus des mots en l’air, ni les institutions des leurres inconsistants, ni les lois des brigandages, les administrations des pilleries et des gabegies – où revivra ce qui mérite de revivre, en bas les républiques, en haut la royauté, et, par-delà tous les espaces, la papauté.
    Même si cet optimisme était en défaut et si, comme je ne crois pas tout à fait absurde de le redouter, la démocratie étant devenue irrésistible, c’est le mal, c’est la mort qui devaient l’emporter, et qu’elle ait eu pour fonction historique de fermer l’histoire et de finir le monde, même en ce cas apocalyptique, il faut que cette arche franco-catholique soit construite et mise à l’eau face au triomphe du Pire et des pires.
    Elle attestera, dans la corruption universelle, une primauté invincible de l’Ordre et du Bien. Ce qu’il y a de bon et de beau dans l’homme ne se sera pas laissé faire. Cette âme du bien l’aura emporté, tout de même, à sa manière, et, périssant dans la perte générale, elle aura fait son salut moral et peut-être l’autre. Je dis peut-être, parce que je ne fais pas de métaphysique et m’arrête au bord du mythe tentateur, mais non sans foi dans la vraie colombe comme au vrai brin d’olivier en avant de tous les déluges..."

    Charles Maurras, Lettre à M. Pierre Boutang, Aspects de la France, 26 juin 1953.

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  • Notre feuilleton : Une visite chez Charles Maurras (85)

     

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    Aujourd'hui : Maurras, Daudet, Bainville, une amitié que seule la mort interrompit...

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    Que trois hommes aussi différents et, chacun, d'une personnalité aussi affirmée, aient pu durant toute leur vie - à partir du moment où ils se sont rencontrés - être et rester amis au quotidien, dans le même mouvement et les mêmes locaux, sans la moindre "dispute" notable, voilà qui constitue une exception remarquable dans l'histoire politique.

    À partir des années 1900 - dès qu'ils se rencontrèrent - les trois hommes ne se quittèrent plus : oui, c'est un fait unique dans les annales et dans l'histoire de la Presse politique, de la Presse tout court, française et même internationale, qui mérite d'être relevé...

    Tous les trois furent membres de l'Institut mais, s'ils se voyaient tous les jours dans les locaux du quotidien L'Action française (lorsqu'il n'y avait, évidemment, pas de réunion publique en province...) ils n'y siégèrent jamais ensemble :

    d'abord parce que Léon Daudet ne fut pas membre de l'Académie française, mais de l'Académie Goncourt, dont le style plus "décontracté" (comme on dirait aujourd'hui...) convenait beaucoup plus à son tempérament bouillant et volcanique que l'Académie française, nettement plus solennel...

    ensuite parce que, si Maurras et Bainville furent tous deux élus à l'Académie française, là non plus ils ne purent sièger ensemble : Bainville fut élu le 28 mars 1935, alors qu'il ne lui restait plus que dix mois à vivre (il mourut le 9 février de l'année suivante...) mais Maurras ne fut élu que trois ans plus tard, le 9 juin 1938...

    À noter également (car beaucoup l'ignorent) : Charles Maurras aurait même pu, peut-être, être présenté comme candidat au Prix Nobel de la Paix (lorsqu'il  s'agissait de ne pas laisser Mussolini tomber entre les mains d'Hitler, afin d'isoler celui-ci, dans la guerre que tout le monde voyait arriver...). Le 7 mai 1936, en effet, fut effectivement lancé un "Comité Inter-universitaire pour le Prix Nobel de la Paix à Charles Maurras", sous la présidence de Fernand Desonay, Professeur à l’Université de Liège. Parmi les autres fondateurs, des universitaires de Londres, Montréal, Anvers et Wilno (alors en Pologne, aujourd’hui Vilnius). La demande officielle parviendra en bonne et due forme au comité de Stockholm, signée de "professeurs belges, canadiens, suédois, polonais, français et suisses". Rapidement ce Comité reçut de nombreuses adhésions et, en 1937, la liste en était publiée par L’Action française : on y dénombrait quarante universités de seize pays différents. À titre individuel, derrière la France comptant 33 adhésions, venait la Roumanie avec 23.

    Mais peu après ce fut Munich, et l’attribution du Prix Nobel de la Paix fut suspendue pendant un certain temps (source Maurras.net).

     

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  • Notre feuilleton : Une visite chez Charles Maurras (86)

     

    (retrouvez l'intégralité des textes et documents de cette visite, sous sa forme de feuilleton ou bien sous sa forme d'Album)

     

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    Aujourd'hui : Arrivés au terme de ce feuilleton, il nous reste à formuler un "NON !" et un souhait...

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    1. Le "NON !" est pour affirmer que, à lafautearousseau, nous ne souhaitons pas la révision de l'inique procès de Charles Maurras et de la non moins inique condamnation qui s'ensuivit, prononcée par des "magistrats" (?) aux ordres et à la botte de la sinistre re-Terreur que fut la sanglante Épuration, qui dénatura et souilla le beau mouvement de libération du territoire.

    "Intelligence avec l'ennemi" ? Alors que, si le Pays légal avait écouté l'Armée, l'Action française et les patriotes de tous bords, la France victorieuse aurait démembré l'Allemagne en 1918. Clemenceau et le Système ne le voulurent pas et laissèrent intacte une Allemagne qui fondit de nouveau sur nous, vingt ans après, selon la prédiction de Jacques Bainville, dans  L'Action française. Le Système qui nous "donna" donc Hitler, la Seconde Guerre mondiale et ses destructions et horreurs sans nombre (en France et ailleurs : la Shoah...) est le premier responsable et acteur de "l'intelligence avec l'ennemi" : Maurras - qui avait eu raison - était un reproche vivant à l'ineptie criminelle de ce Système qui, lui, avait eu tort. Et ce Système devait donc, soit se faire hara-kiri, soit faire taire Maurras : ce qu'il fit.

    Mais quelle plus belle "Légion d'honneur" que cette condamnation d'un juste par les insensés criminels ? Quel plus beau titre de gloire que d'être condamné par les responsables du cataclysme que fut la Seconde Guerre mondiale ? Par là, Maurras est bien désigné comme l'homme à abattre par ce Système intrinsèquement pervers et malfaisant; non pas "dangereux pour le Système" mais bien "LE SEUL DANGEREUX", et donc, en creux, celui qui en est l'antidote...

    Et puis, à qui viendrait-il l'idée de demander la réhabilitation de Socrate ?

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    2. Le souhait, c'est de voir arriver ces jours où Maurras cessera d'être, odieusement car injustement, ostracisé; où il sera enfin reconnu pour ce qu'il est : l'une de nos gloires nationales. Et où nous pourrons voir son nom (comme ceux de ses amis Bainville et Daudet, et d'autres encore...) donné à des rues, boulevards et avenues, places ou rond-points, bâtiments publics ou lycées etc...

    Comme à Madrid par exemple, où, dans le quartier de Chamartin, la "Rue de Charles Maurras" prend sur le "Paseo de la Castellana" (un temps appelé "Avenida del Generalísimo").
    Elle fut inaugurée le 21 octobre 1953, dans le quartier de Chamartin, au Nord de la ville...

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    Il est vrai qu'on ne peut pas vraiment dire qu'elle soit très belle, cette rue : on devrait arriver, sans mal, à lui trouver, en France, un grand nombre d'endroits plus dignes de lui !...

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  • Vous ne connaissez pas Charles Maurras ? Ou, vous aimeriez mieux le connaître ? Ce Feuilleton/Album est fait pour vous...

    Voilà : notre feuilleton "Une visite chez Charles Maurras" est terminé. Nous en avons commencé la publication le jeudi 3 novembre dernier, en vue de célébrer, à notre manière, le jour du 70ème anniversaire de l'entrée de Maurras dans la Vie, le 16 novembre 1952. Et nous l'avons poursuivie jusqu'à hier, samedi 28 janvier 2023 (avec une seule interruption : le jour de Noël, puisque, c'est bien connu, et "racines chrétiennes obligent !", lafautearousseau fait relâche, trois fois par an, les jours de Noël, précisément, de Pâques et du 15 Août).

    Nous espérons, ainsi, avoir contribué à faire connaître et, si possible, aimer, notre Maître de Martigues. Car, bien entendu, nous avons, chaque jour, "partagé" la livraison quotidienne de ce feuilleton dans chacun des 36 "groupe privés" qui nous ont invités à les rejoindre. Certes, nous ne sommes pas assez naïfs pour croire que la totalité des lecteurs potentiels ainsi touchés auront, tous, lu ce feuilleton; encore moins, si tel était le cas, pour croire que tous auront été d'accord avec nos textes. Néanmoins, il s'agit ainsi d'autant de "bouteilles à la mer", jetées dans toutes les directions et, surtout, touchant des publics parfois très loin de nos cercles habituels.

    Il suffit de voir les réactions des membres de ces groupes pour voir que de très nombreuses personnes, dans tous les "groupes", ont apprécié notre envoi quotidien : soit en mettant un "j'aime" ou un "j'adore"; soit en mettant un commentaire; soit, et c'est le cas le plus intéressant, en "partageant" le feuilleton sur leur page fb; nous disons "intéressant" car, parmi ces personnes, si quelques une ont  relativement peu de "suiveurs/abonnés" (quelques centaines) d'autres en ont plusieurs milliers : et, là, à chaque fois, c'est autant de "bouteilles à la mer" supplémentaires qui sont lancées, dans toutes les directions, et là où nous n'aurions sans doute jamais été ni lus ni entendus... 

    Pour être tout à fait francs, il y a bien eu quelques réactions négatives, mais vraiment très peu, et qui ne sont rien comparées au très grand nombre de nouveaux lecteurs touchés : les hostiles, inintéréssés ou indifférents sont, justement, restés indifférents. Peu importe : "Le semeur sorti pour semer...", dit la parabole. Nous pensons avoir semé, le reste, maintenant, ne dépend plus de nous...

    Nous allons nous contenter, dès demain, lundi, de proposer quotidiennement ce feuilleton sur la page d'accueil de notre Blog, juste après notre protestation calme et tranquille "Défendez Maurras ! Sauvez sa maison !". Un troisième document, en cours d'achèvement, et toujours sur Maurras, viendra très prochainement former - juste après les deux premiers - une trilogie quotidienne sur cette page d'accueil, permettant à ceux qui ne connaissent pas Maurras, ou qui ont été intoxiqués par la des-information du Système à son égard, de se faire leur opinion...

    Bonne lecture, donc, dès maintenant, et dans très peu de temps !...

    François Davin, Blogmestre

     

    EN FEUILLETON : UNE VISITE CHEZ

    CHARLES MAURRAS...

     

    Avec, en prime, à la fin de ce feuilleton et pour ceux qui le souhaitent : François DAVIN vous guide dans le jardin de la maison de Charles Maurras, en vous expliquant le sens et les symboles de ce jardin... 

    Première partie, 15'49 :

    Deuxième partie, 16'12 :