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  • Notre feuilleton : Une visite chez Charles Maurras (68)

     

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    Aujourd'hui : Quand Marcel Proust remerciait Maurras...

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    Le vendredi 2 février 2018, dans lafautearousseau :

    Marcel Proust : Maurras, une cure d'altitude mentale ...

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    Marcel Proust, portrait par Jacques-Émile Blanche

     

     

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  • Notre feuilleton : Une visite chez Charles Maurras (69)

     

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    Aujourd'hui : La courte "entente" entre Maurras et André Gide...

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    Durant la Grande Guerre, Gide se rapprocha de Maurras, dans le contexte particulier de l’Union sacrée.

    En juillet 1914, il déclare lire "avec le contentement le plus vif la lettre de Barrès invitant au ralliement". Il se réjouit alors de "voir, devant cette menace affreuse, les intérêts particuliers s’effacer, et les dissensions, les discordes."

    Chez Gide comme chez d’autres, le patriotisme se conjugue avec une volonté diffuse de réagir contre le déclin national. En septembre 1916, il évoque par exemple "la lente décomposition de la France", ou encore "l’abominable déchéance où reculait peu à peu notre pays", à laquelle la guerre lui semble pouvoir remédier.

    Avec de telles dispositions, il se réjouit logiquement que les lettres du lieutenant Dupouey, mort au champ d’honneur, lui donnent "enfin l’occasion d’écrire à Maurras". Le 2 novembre 1916, il écrit à ce dernier : "Le temps est venu peut-être de se connaître et de se compter, vivants ou morts", en lui envoyant par la même occasion un mandat destiné à payer son abonnement à L’Action française. Maurras lui répond chaleureusement, le 5, jour où la lettre de Gide est publiée dans L’Action française.

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    Durant la guerre, dans son journal ou sa correspondance, Gide ne cessa de saluer l’excellence des articles de Maurras et plus généralement de L’Action française. Gide déclare ainsi lire "chaque jour" L’Action française "avec une approbation presque constante".

    Par delà le patriotisme, il y a bien adhésion idéologique, Gide célébrant "l’organisation de résistance que travaille à former l’Action française", qu’il présente non comme le meilleur, mais comme le seul rempart possible contre ce danger : "L’Action française est, somme toute, le seul journal en France qui se soit bien tenu pendant la guerre.", écrira Gide...
    Ce sera dans les deux années qui suivent la fin de la guerre, que la position de Gide à l’égard de Maurras et de l’Action française évoluera rapidement, jusqu'à la rupture définitive, mais ce court moment d'entente entre les deux hommes méritait d'être rappelé...

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    C'est en page 2 du numéro du Dimanche 5 novembre 1916 que Maurras donne le contenu de la lettre d'André Gide commençant par "Mon cher  Maurras" et que le Maître annonce ainsi :

    "...Les troisième et quatrième textes arrivés ensemble nous viennent de plus loin. L'un d'outre-tombe. L'autre d'une région philosophique et littéraire où nous n'espérions nullement conquérir cette rare amitié. Un nom propre la définit pour tous les lettrés, il suffit de nommer notre confrère le poète, romancier et moraliste A. Gide. Des cahiers d'André Walter aux Caves du Vatican, la carrière littéraire d'André Gide dessine une courbe brillante mais dont les contacts avec l'Action française ont été jusqu'ici rares ou fugitifs, et  nos relations personnelles, datant de notre plus ancienne jeunesse à l'un et à l'autre, furent aussi clairsemées qu'il était possible. Cependant, à travers les contradictions, ni l'estime ni la sympathie n'ont manquées, et voici la lettre datée du jour des Morts par laquelle l'auteur de La Porte étroite me communique ce témoignage d'un héros de la guerre arrivé du pays de l'ombre :..."

    Vous pouvez lire le court texte de cette lettre dans la première colonne de gauche de la page 2, dont elle occuppe le deuxième tiers, central; elle s'achève par un P.S. : "...Ci-joint un billet pour le meilleur usage, sur lequel vous voudrez bien prélever le montant d'un abonnement à l'AF..."

    https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k7592450/f2.item.zoom

     

    À connaître également, cette très courte lettre de Gide à Maurras, publiée de façon anonyme dans L’Action française du 21 décembre 1917, en page quatre : elle se trouve en haut de la première colonne (de gauche), à la 39ème ligne, après le sous-titre "les timides"

    Maurras la présente ainsi :

    "Immédiatemment à la suite de cette lettre, nous sommes heureux de pouvoir publier les lignes que nous adresse un de nos écrivains les plus subtils et les plus raffinés, que tout, avant la guerre, séparait et même éloignait de l'Action française, mais qui y est venu en toute loyauté et qui, vrai conducteur d'âmes, s'efforce d'y incliner les Français qui suivent ses directions..."

    le texte de cette courte lettre ici :

    https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k7596381/f4.item.zoom

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    Pour lire les articles...

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  • Notre feuilleton : Une visite chez Charles Maurras (70)

     

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    Aujourd'hui : De Pierre David, tué au combat, à Charles Maurras

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    Caporal Pierre David, 336ème Régiment d'Infanterie, décédé en 1918 :

    "À l'heure où vous lirez ces lignes, j'aurai définitivement acquis, en mêlant mon sang à celui des plus vieilles familles de France, la nationalité que je revendique... Grâce aux fortes méditations que votre pensée m'aura inspirée, la Patrie et la Famille seront devenues pour moi de puissantes réalités... et une âpre joie se mêlera à mes dernières souffrances physiques et morales, en pensant que je les voue à la défense de la Patrie et à l'enrichissement du patrimoine moral de ma Famille.
    C'est de cela que je voulais vous exprimer ma suprême reconnaissance."

     

    Sur la magnifique figure du Caporal Pierre David, mort pour la France, et sur l'admiration qu'elle provoquait chez Maurras, on aura tous les renseignements indispensables dans notre Catégorie Grandes "Une" de L'Action française en consultant celle-ci :

    Grandes "Une" de L'Action française : 28 Octobre 1918, Maurras rend hommage au Caporal Pierre David, "héros juif d'Action française"

     

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  • Notre feuilleton : Une visite chez Charles Maurras (71)

     

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    Aujourd'hui : Maurras, vu par Péguy...

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    "Quand je trouve dans l'Action française, dans Maurras, des raisonnements, logiques, des explications impeccables, invincibles, comme quoi la royauté vaut mieux que la république, et surtout le royalisme mieux que le républicanisme, j'avoue que si je voulais parler grossièrement, je dirais que ça ne prend pas.

    On pense ce que je veux dire : ça ne prend pas comme un mordant prend ou ne prend pas sur un vernis. Ça n'entre pas. Des explications, toute notre formation universitaire, scolaire, nous a tellement appris à en donner, à en faire, que en sommes saturés... Dans le besoin, nous les ferions...

    Mais qu'au courant de la plume, et peut-être, sans doute, sans qu'il y ait pensé, dans un article de Maurras je trouve, comme il arrive, non point comme un argument, présentée comme un argument, mais oubliée au contraire, cette simple phrase : Nous serions prêts à mourir pour le Roi, oh ! alors on me dit quelque chose, alors on commence à causer. Sachant, d'un tel homme, que c'est vrai comme il le dit, alors j'écoute, alors j'entends, alors je m'arrête, alors je suis saisi, alors on me dit quelque chose..."

    Charles Péguy, Notre jeunesse, 1910

     

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  • Notre feuilleton : Une visite chez Charles Maurras (72)

     

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    Aujourd'hui : Bien que manifesté sur le tard, un accord profond, sur l'essentiel, entre Péguy et Maurras... 

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    Dans notre Catégorie Grands Textes, le 43ème est consacré à Charles Péguy :

    GRANDS TEXTES (43) : "Pour la première fois dans l'histoire du monde l'argent est seul devant Dieu", par Charles Péguy

    Comment ne pas voir, dans ce texte, bien plus qu'une simple "proximité" entre la pensée des deux hommes : un accord profond sur l'essentiel, sur cette démonstration lumineuse faite par Maurras dans L'Avenir de l'Intelligence, que Pierre Boutang appelait un "immense petit livre" ?

    "...Il faut être stupide comme un conservateur ou naïf comme un démocrate pour ne pas sentir quelles forces tendent à dominer la Terre. Les yeux créés pour voir ont déjà reconnu les deux antiques forces matérielles : l'Or, le Sang..." écrit Maurras, au tout début de son "immense petit livre".

    Et, un peu plus loin : 

    "...De l'autorité des princes de notre race, nous avons passé sous la verge des marchands d'or, qui sont d'une autre chair que nous, c'est-à-dire d'une autre langue et d'une autre pensée. Cet Or est sans doute une représentation de la Force, mais dépourvue de la signature du fort. On peut assassiner le puissant qui abuse ; l'Or échappe à la désignation et à la vengeance. Ténu et volatil, il est impersonnel. Son règne est indifféremment celui d'un ami ou d'un ennemi, d'un national ou d'un étranger. Sans que rien le trahisse, il sert également Paris, Berlin et Jérusalem. Cette domination, la plus absolue, la moins responsable de toutes, est pourtant celle qui prévaut dans les pays qui se déclarent avancés. En Amérique elle commence à peser sur la religion, qui ne lui échappe en Europe qu'en se plaçant sous la tutelle du pouvoir politique, quand il est fondé sur le Sang.

    Sans doute, le catholicisme résiste, et seul ; c'est pourquoi cette Église est partout inquiétée, poursuivie, serrée de fort près. Chez nous, le Concordat l'enchaîne à l'État qui, lui-même, est enchaîné à l'Or, et nos libres penseurs n'ont pas encore compris que le dernier obstacle à l'impérialisme de l'Or, le dernier fort des pensées libres est justement représenté par l'Église qu'ils accablent de vexations ! Elle est bien le dernier organe autonome de l'esprit pur. Une intelligence sincère ne peut voir affaiblir le catholicisme sans concevoir qu'elle est affaiblie avec lui. C'est le spirituel qui baisse dans le monde, lui qui régna sur les argentiers et les rois ; c'est la force brutale qui repart à la conquête de l'univers..."

    (texte intégral de L'Avenir de l'Intelligence sur le site Maurras.net)

     

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  • Notre Feuilleton : Une visite chez Charles Maurras (73)

     

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    Aujourd'hui : Guillaume Apollinaire, admirateur de Maurras...

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  • Notre feuilleton : Une visite chez Charles Maurras (75)

     

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    Aujourd'hui : Éloge de Charles Maurras, par le duc de Lévis-Mirepoix, son successeur à l'Académie...

    "Il connut sans fléchir les pires vicissitudes et la plus cruelle de toutes. Un nom vient naturellement à mes lèvres. Il eût à subir, comme Socrate, la colère de la cité." Comment mieux dire, plus habilement et plus élégamment, que, comme Socrate, Maurras était - évidemment... - innocent du crime que lui reprochait les tenants de la sinistre et vulgaire "re-Terreur" (le mot est de Léon Daudet, parlant de la Commune) que fut l'Épuration terroriste, qui dénatura et souilla la libération du territoire...

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    Le 18 mars 1954, Réception du duc Antoine de Lévis Mirepoix

    M. le duc de Lévis Mirepoix, ayant été élu par l’Académie française à la place laissée vacante par la mort de M. Charles Maurras, y est venu prendre séance le jeudi 18 mars 1854, et a prononcé le discours suivant :

     

    Messieurs,

    Quand je songe à toutes les gloires dont l’Académie française reste dépositaire, à la mission qu’elle a reçue et qu’elle n’a cessé de remplir, en maintenant, à travers les orages de trois siècles, et dans l’infinie variété des pensées, des œuvres et des actions, l’harmonieuse unité du langage et de l’âme, je sens bien que, pour élever la voix sous cette coupole, il me faut demander aux vivants et aux morts une sorte de grâce d’état.

    Cependant, nier tout motif de vous appartenir, ne serait-ce pas manquer de respect à votre sagesse et mal vous remercier du grand honneur que vous m’accordez ? Oubliant que je fus téméraire, je me réfugie, si je puis dire, dans cette fierté que seul peut me donner votre choix.

    Mais, comment en demeurer là ?

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  • Notre feuilleton : Une visite chez Charles Maurras (74)

     

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    Aujourd'hui : 1922 : Malraux écrit la préface de Mademoiselle Monck...

    Le texte que nous publions ci-dessous est une préface d’André Malraux à l’ouvrage de Maurras, Mademoiselle Monck, dans son édition de 1922, Malraux ayant alors 21 ans. A-t-il vraiment changé par la suite ? Certainement, en surface, par son action politique d’entre les deux guerres et maints aspects, en fait négatifs, plus tard, de son action de ministre de la culture.

    Il suffirait pourtant de relire son discours de la Salle Pleyel, en 1948 ("Appel aux intellectuels", postface des Conquérants) pour mieux comprendre ce qui a pu, ou aurait pu, le relier en profondeur à la pensée et à l’œuvre de Charles Maurras.                    

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                                         (à Phnom Penh , 1923)

    C'est bien mal comprendre Charles Maurras que de voir en lui un artiste obligé à des travaux de journaliste; le considérer comme le chef du parti d'Action française se délassant à écrire Anthinéa, c'est le diminuer.

    Né en 1868 il a aujourd'hui 55 ans; et pas une contradiction profonde n'apparaît dans sa vie publique. Aller de l'anarchie intellectuelle à l'Action française, ce n'est pas se contredire, mais construire. S'il eût aimé vivre en Grèce, c'est que les philosophes y avaient accoutumé de mettre en harmonie leur vie et leur philosophie; mais je l'imagine surtout au Moyen Âge, prêtre fervent, confesseur de grands, architecte de cathédrales et organisateur de croisades.

    On a dit : pour lui, toute pensée se convertit en action. Cela est un peu injurieux, et d'ailleurs inexact. Il serait plus juste de dire que son système est formé de théories dont la force que représente leur application fait une partie de la valeur. Son œuvre est une suite de constructions destinées à créer ou à maintenir une harmonie. Il prise par dessus tout et fait admirer l'ordre, parce que tout ordre représente de la beauté et de la force. De là son amour pour la Grèce, qu'il n'a pas découverte, mais choisie. Que sa naissance l'ait incité à ce choix, c'est vraisemblable; mais elle ne l'y déterminait point, et il y a plus de mérite à bien choisir lorsque le choix est facile que lorsqu'il est malaisé. Choisir comme le feraient des esprits simples semble vulgaire; et rien ne peut, plus que le désir de n'avoir rien de commun avec des esprits simples, inciter à l'erreur un esprit supérieur.

    Parler de Comte comme l'a fait Maurras; proposer la soumission de l'individu à une collectivité particulière, n'était point facile; la séduction des différentes anarchies qu'il combat aujourd'hui est profonde et le rôle de directeur pénible souvent et parfois douloureux. Car les hommes ne se résignent point aisément à lutter contre eux-mêmes; et le prix qu'ils donnent à tout ce qu'ils doivent supprimer en eux est si grand qu'ils s'y attachent volontiers plus qu'à ce qui constitue leur valeur réelle.

    La raison est peu puissante contre la sensibilité; c'est seulement grâce à l'aide d'un sentiment qu'elle peut en modifier d'autres. Cette aide, Charles Maurras l'a trouvée dans l'amour de la France. Si sa doctrine ne pouvait exister sans une grande admiration de la France, et surtout sans une préférence pour tout ce qui fut créé par le génie français, c'est que cette admiration était dès l'origine, dans l'ordre esthétique, si profonde en lui qu'il n'eût pu établir un système qui ne reposât point sur elle. Il n'a passionnément aimé, en Grèce et en Italie, que ce qui devait déterminer le mode du génie français.

    Mais la satisfaction complète de ses désirs, il ne devait la trouver que des jardins de Versailles à ces paysages des bouches du Rhône somptueux et tragiques comme des cadavres de rois. Qu'importe, pour son œuvre et pour lui, ce qu'il a voulu supprimer ! Charles Maurras est une des plus grandes forces intellectuelles d'aujourd'hui.

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    Cette Préface constitue le 12ème texte de notre Catégorie Grands Textes

     GRANDS TEXTES (12) : la Préface de "Mademoiselle Monk", d'André Malraux

     

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  • Notre feuilleton : Une visite chez Charles Maurras (77)

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    Aujourd'hui : De l'humour, avec Michel Mourre...

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    "....Nous étions quelques jeunes gens qui allâmes le saluer après sa grâce médicale, il y a quelques mois. De la plupart d'entre nous, il connaissait à peine les noms.
    À travers le couloir de la clinique, il courut à notre rencontre, pressant nos mains, les pressant encore, à notre départ nous remerciant dix et dix fois d'être venus le voir - comme si ç'avait été nous qui lui avions fait une grâce.
    Pris de court, je n'avais à lui faire dédicacer qu'un vieux portrait gravé alors qu'il pouvait avoir trente ans :
    - Quand je pense que j'ai pu être ainsi...
    Il se redressa :
    - Mais je suis beaucoup mieux maintenant !..."

     

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  • Notre feuilleton : Une visite chez Charles Maurras (76)

     

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    Aujourd'hui : Maurras et Thibon, une admiration réciproque...

     

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    1. De Thibon, sur Maurras (tiré de l'une de ses interventions au Rassemblement royaliste des Baux de Provence) :

     

    "...Vous êtes, vous et vos amis, les héritiers spirituels de Charles Maurras.

    Mais vous savez bien qu'un héritage n'est pas un talisman ni une baguette magique : c'est un outil. Et un outil qu'il faut savoir manier et adapter en fonction du mouvement de la vie qui ramène toujours le semblable, jamais l'identique.

    Épouser la pensée d'un maître, cela veut dire s'unir à elle pour lui faire des enfants et non pas la stériliser sous prétexte de lui conserver je ne sais quelle intégrité virginale.

    Il n'y a pire trahison qu'une certaine fidélité matérielle et littérale qui, en durcissant les principes en système, n'aboutit qu'à congeler ce qui était le jaillissement d'une source vive. Les exercices de patinage qu'on peut faire sur cette glace ne m'intéressent pas. La vraie fidélité est celle qui prolonge, qui corrige et qui dépasse. Et le meilleur héritier n'est pas celui qui fait de son héritage un musée ou une exposition rétrospective.

    "Le bien gagné reste à défendre" : le capital de la sagesse que Maurras vous a légué, vous ne le conserverez qu'en le fécondant, en le récréant sans cesse..."

     

    2. De Maurras, sur Thibon :

    tiré de notre Catégorie Grandes "Une" de L'Action française :

    Grandes "Une" de L'Action française : c'est un Maurras enthousiaste qui "présente" Thibon aux lecteurs du journal...

     

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  • Notre feuilleton : Une visite chez Charles Maurras (78)

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    Aujourd'hui : À l'Académie française, Henri Bordeaux répond à Charles Maurras, qui vient de prononcer son discours de réception...

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    En 1952, Henry Bordeaux intervient, avec Maxime Réal del Sarte, auprès du Président de la République, Vincent Auriol, et obtient la grâce médicale pour Charles Maurras...

    "...Je suis fier d'avoir contribué à la liberté qui lui a été rendue - une liberté de sept mois après sept années d'injuste emprisonnement, car il est mort libre dans cette Touraine, coeur de la France qu'il a tant aimée..."

    Lorsque Maurras fut élu à l'Académie, et prononça son traditionnel Discours de réception, ce fut Henry Bordeaux qui, après lui, répondit à ce disours :



    Réponse au discours de réception de Charles Maurras
    Le 8 juin 1939
    Henry BORDEAUX

    Réception de M. Charles Maurras
    Monsieur,

    Le roi Louis XIV, dont vous avez en quelques pages tracé un magnifique portrait politique, le Roi-Soleil qui fut notre protecteur après Richelieu, manda un jour à Versailles certain abbé de Caumartin qui était alors directeur de notre Compagnie et il le morigéna vertement. Quelle faute le malheureux avait-il donc commise ? Il s’était permis de mal accueillir au Louvre, siège, avant cette Coupole, de nos réceptions, le nouvel élu, Mgr de Clermont-Tonnerre, évêque de Noyon. J’espère ne pas être appelé à l’Élysée par notre libéral protecteur actuel pour vous avoir distribué des louanges insuffisantes.

    D’Alembert, ratifiant le verdict royal, assure que l’orateur de l’Académie est voué et même condamné à l’éloge, comme le récipiendaire à la modestie et la timidité. Sans accepter cette condamnation qui exclurait une liberté dont nous revendiquons les privilèges, tempérés par la courtoisie, je ne serais gêné, pour vous accueillir, que par ma vieille et fidèle amitié. Elle est née, cette amitié, au pays latin où je vous rencontrais, mon aîné de peu d’années, au café Vachette en compagnie du poète Jean Moréas, célèbre déjà parmi nous, ou chez l’aimable et fringant Lionel des Rieux qui habitait dans le voisinage de la Sûreté générale et nous offrait des orgies de poésie d’où nous ne sortions guère qu’à trois ou quatre heures du matin, et par la fenêtre afin de ne point contrister le concierge. Je me hâte d’ajouter que notre hôte logeait au rez-de-chaussée.

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  • Notre feuilleton : Une visite chez Charles Maurras (79)

     

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    Aujourd'hui : L'art poétique de Maurras (I/II), remarquable réflexion sur l'art poétique - et politique - de Charles Maurras, par Luc-Olivier d'Algange :

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    "Le Dieu t’encoche à l’arc de la mer" (Charles Maurras)

    Charles Maurras est un illustre méconnu.
    On retient de son œuvre des idées générales, transmises par des historiens hostiles ou des vulgarisateurs.
    Quelques formules suffisent à l’intellectuel qui se targue de culture générale.
    Il parlera d’empirisme organisateur, de nationalisme intégral, de germanophobie et d’antisémitisme, et la démonstration lui semblera faite de la désuétude et de l’inanité de l’œuvre.
    Ces méthodes expéditives, que l’on applique également à Gobineau et qui trahissent l’inculture croissante de nos contemporains, n’expliquent rien de l’influence profonde que l’œuvre de Maurras exerça sur des hommes aussi divers que Maurice Blanchot, Jean Paulhan, Paul Valéry, Marcel Proust, Robert Brasillach, Daniel Halévy, Pierre Boutang ou Georges Bernanos, – auquel nous devons aussi la critique la plus forte, sinon féroce, de l’Action française.
    La lecture est un art qui diffère presque insensiblement de l’art d’écrire.
    Autant dire que nos censeurs modernes ne lisent plus : ils compulsent, classent, étiquettent, en se fiant le plus souvent à des lectures secondaires, le recours à l’original étant considéré comme une perte de temps.
    On oublie trop que le droit à la critique dépend de la fréquentation des oeuvres et non seulement de compte-rendu ou de fiches de police plus ou moins sommaires.
    Dans l’histoire de la philosophie politique et de la littéraire, la place de Charles Maurras, n’en déplaise à certains, est irrécusable.
    Dans la mouvance de l’Action française, il est permis, certes, de lui préférer le « libre réactionnaire » Léon Daudet, auteur de l’admirable Voyage de Shakespeare ou Jacques Bainville dont la pertinence historiographique n’a cessé d’être corroborée par les événements qui suivirent sa disparition prématurée, mais ni l’un ni l’autre n’eussent trouvé le centre de gravitation de leur pensée sans l’influence de Charles Maurras.
    Il est certes légitime d’être accablé par l’immense masse de ses éditoriaux quotidiens souvent répétitifs, et parfois fallacieux, dont on ne peut se défendre de penser qu’ils dissipèrent son talent et défavorisèrent son cheminement de poète et de philosophe, mais dans cette masse, les incidentes lumineuses ne manquent pas et la langue française y trouve un de ses beaux élans combatifs .
    À celui qui aborde l’œuvre de Charles Maurras sans préventions excessives, maintes richesses sont offertes, à commencer par celles du style, beaucoup moins froid et sec qu’on ne le prétend, chargé d’images, de saveurs et de lumières provençales, mais aussi de nuits vaincues, de ferveurs musiciennes. Le poète Charles Maurras n’est pas moins présent dans sa prose que dans ses prosodies.
    Son écriture n’est pas seulement le procès-verbal d’une pensée figée, elle poursuit sa propre aventure à la fois résolue et inspirée.
    Maurras, et c’est là toute sa philosophie politique, ne croit pas au sujet insolite, à l’individu interchangeable.
    Sa politique provient de la poésie du Chœur tragique :

    "Suivis avec art et science, écrit Maurras, les beaux mystères de la langue des poètes ont la vertu fréquente d’ajouter aux idées d’un rimeur isolé le chœur universel de l’expérience de tous ; les moindres paroles y gagnent on ne sait quel accent de solidité séculaire ; l’antique esprit qu’elles se sont incorporé multiplie saveur, résonance et portée d’ensorcellement…"


    Si Maurras fut un grand raisonneur, avec la nuance légèrement péjorative qui s’attache à ce mot, il fut aussi poète et c’est ne rien entendre à ses écrits, c’est ignorer la nature même de ses raisons que de s’en tenir à une seule lecture rationaliste ou « empirique ».
    La raison, que Maurras vénère, compose selon les mêmes mesures que la poésie.
    Pour cet esprit guerrier, et même belliqueux, et dont les Principes valent sans doute mieux que les stratégies, il importe d’abord de vaincre "l’informe et le bâclé, le vague et le diffus".
    Poésie et politique s’accordent en ce dessein formateur.
    L’Art politique, n’est plus alors que l’expression d’un Art poétique : "Emporter dans sa tête un certain nombre de ses ébauches, d’abord informes, aspiration confuse à un conglomérat de sonorités et de rêves tendus vers un beau plutôt pressenti que pensé; puis, quand les mots élus abondent, en éprouver la densité et la vitesse au ballet des syllabes que presse la pointe du chant; en essayer, autant que le nombre matériel, le rayon lumineux et l’influx magnétique; voir ainsi, peu à peu s’ouvrir et se fermer la gerbe idéale des voix; élargir de degrés en degrés l’ombelle odorante; lui imposer la hiérarchie des idées qui sont des principes de vie; lever en cheminant les yeux vers le ciel nu, ou garni de pâles étoiles, pour y goûter le sentiment de la légèreté du monde et de la puissance du cœur…"

    Pour Maurras, la clarté, la certitude, la forme ne sont point les adversaires des "mots élus" ni de "la gerbe idéale des voix".
    L’ordre classique qu’il entrevoit n’est pas une représentation préalable à la création, une administration vétilleuse du langage, un purisme dépourvu de sève, mais "une ombelle odorante".
    L’art poétique de Maurras nous redonne à penser que la nature même du classicisme naît de "la densité et de la vitesse", de "l’influx magnétique".
    La perfection des rapports et des proportions que chante le poète roman n’est pas schématique mais éprouvée, elle n’est point l’abstraite vérité détachée de l’aventure poétique, mais la "pointe du chant" ! Le sentiment précède l’harmonie prosodique et intellectuelle ; il n’est pas seulement un effet de l’art, mais son origine.
    La différence majeure entre Maurras et, par exemple, André Breton (dont la prose "Grand Siècle", et fortement ordonnancée était, au demeurant, fort loin de respecter les préceptes d’automatisme et d’anarchie qu’elle énonçait) tient à ce que, pour Maurras, l’origine n’est jamais belle en soi, qu’elle ne brille de la platonicienne splendeur du vrai qu’au terme de son accomplissement dans la précision de l’intellect.
    L’écriture de Charles Maurras, plastique, surprenante, saisie d’incessantes variations de vitesse et d’humeur est bien loin d’avoir livré tous ses secrets.
    Cet auteur qui, jeune homme, fut mallarméen, pythagoricien et proudhonien porte dans son style une puissance libertaire sans cesse contrariée et renaissante.
    Sa fougue exigeait d’être jugulée pour mieux se dire.
    Quelque profond sentiment d’effroi n’est pas à exclure, dont ses premières œuvres gardent la trace, – contre lequel il éprouva le besoin d’armer son intelligence. Peut-être eût-t-il trop d’ardeur à contenir le vertige de l’étoile dansante du chaos dont parle Nietzsche ?
    Mais qui peut s’en faire juge ?

    Serviteur des Muses et de l’Idée, "chanteur et songeur" selon la formule de Pierre Boutang, Maurras poursuivit toute sa vie une méditation sur les limites de la raison et de la poésie.
    La limite idéale n’est pas une limite prescrite, imposée de l’extérieur mais une limite inscrite par le heurt et par la rencontre nuptiale de la poésie et de la raison.

    Maurras n’oppose point à l’infini romantique un plat réalisme mais une pensée de la forme nécessaire et salvatrice.
    Ainsi, la France sera pour lui une forme, au sens grec, une Idée :

    "N’être point un profane, entendre le mystère de conciliation que suppose une chose belle, sentir avec justesse le mot du vieux pacte conclu entre la savante fille du ciel et le tendre enfant de l’écume, enfin de rendre compte que ce parfait accord ait été proprement la Merveille du Monde et le point d’accomplissement du genre humain, c’est toute la sagesse qu’ont révélée successivement à leurs hôtes la Grèce dans l’Europe, l’Attique dans la Grèce, Athènes dans l’Attique, et, pour Athènes, le rocher où s’élève ce qui subsiste de son cœur."


    Le dessein poétique de Maurras, dont découle sa volonté politique, étant de "rétablir la belle notion du fini", la Merveille est ce qui précise et se précise.
    Le propre du poème sera d’être "ce rocher où s’élève ce qui subsiste" et qui rend perceptible et le ciel et l’écume.
    Dans la forme, qui consacre la finitude, la raison et la poésie s’accordent.
    Toute l’œuvre de Maurras consistera à décliner ces accords et à en sauvegarder les nuances et les gradations :
    "Il est bien de sentir qu’une belle colonne dorique, c’est le beau parfait. Il est meilleur de le sentir et de savoir la raison de son sentiment".

    (à suivre...)

     

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  • Notre feuilleton : Une visite chez Charles Maurras (80)

     

    (retrouvez l'intégralité des textes et documents de cette visite, sous sa forme de feuilleton ou bien sous sa forme d'Album)

     

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    Aujourd'hui : L'art poétique de Maurras (II/II), remarquable réflexion sur l'art poétique - et politique - de Charles Maurras, par Luc-Olivier d'Algange :

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    Les confusions et les malheurs du temps proviennent, pour Charles Maurras, de la dissociation de la beauté et de la vérité.
    Aristotélicien par son recours à Saint-Thomas d’Aquin et à l’empirisme organisateur d’Auguste Comte, Maurras est platonicien dans sa poétique et les raisons d’être qu’il accorde à l’Idée.
    Les adeptes d’un Maurras "tout d’une pièce" n’ont peut-être pas assez médité le jeu de cette contradiction créatrice.
    Au voisinage d’Homère et de Platon, Maurras entretient une conversation soutenue avec le limpide mystère des Idées et des Dieux, alors qu’aussitôt paraît-il s’accorder au Dogme et à l’Eglise que son argumentation se fait pragmatique. Sans doute ne voit-il dans le Dogme qu’une limite opportune à la confusion, alors son âme frémit à l’incandescente proximité des Idées.

    Hôte du Banquet en compagnie de Diotime, Maurras entrevoit la métaphysique dont il se défia, au contraire de Léon Daudet, lorsqu’elle lui advint par l’entremise des œuvres de René Guénon ; alors qu’apologiste du Dogme, la métaphysique et le Mystère semblent céder la place à des considérations organisatrices.
    S’il est, pour Maurras, un Mystère vécu, un Mystère éprouvé, ce n’est point le Mystère christique de l’Eucharistie et de la Résurrection des corps, mais, ainsi que le nomme son poème, Le Mystère d’Ulysse :


    "Guide et maître de ceux qui n’eurent point de maître
    Ou, plus infortuné, que leur guide trompa,
    Donne-leur d’inventer ce qu’ils n’apprirent pas,
    Ulysse, autre Pallas, autre fertile Homère,
    Qui planta sur l’écueil l’étoile de lumière
    Et redoubla les feux de notre firmament !"

     

    "La beauté parfaite, écrit Maurras, est tel un signe de la vérité qu’il devient presque superflu de se demander si la poésie d’Horace est sincère".

    N’étant guère enclin à nous faire procureurs en poésie ou en métaphysique, les postulants à ces titres douteux ne manquant pas, nous nous contenterons de percevoir, à travers les incertitudes maurrassiennes, dissimulées sous un ton péremptoire, le beau signe de la vérité qui nous est ainsi adressé. Cette vérité est la connaissance de nos limites.
    Le paradoxe de cette connaissance est d’être à la fois humble et orgueilleuse.
    Elle est humble, car elle présume que nous sommes essentiellement redevables de ce que nous sommes à notre tradition, à notre Pays et à notre langue.
    Ecrivain, moins que tout autre je ne peux oublier que ma pensée circule comme une sève dans le grand arbre héraldique et étymologique de la langue française et que ma liberté est constituée par celle de mes prédécesseurs.
    Chaque mot dont s’empare notre pensée s’irise de ses usages révolus. Notre orgueil n’est alors que la juste mesure de notre humilité : il nous hausse, par la reconnaissance que nous éprouvons, à la dignité d’intercesseurs.
    Maurras ne cesse de nous redire que notre legs est à la fois fragile et précieux.
    Si Maurras se fourvoie quelquefois lorsqu’il tente de définir ce qui menace, il discerne bien ce qui est menacé.

    "On est bon démocrate, écrit Maurras, on se montre bon serviteur de la démocratie, dès que l’on apporte aux citoyens des raisons nouvelles de quitter la mémoire de leurs pères et de se haïr fermement." »
    Maurras ne voit pas seulement que la démocratie "servira les factions, les intérêts, la ploutocratie, enfin cette cacocratie devenue maîtresse de tout", il comprend aussi qu’exaltée en démagogie, la démocratie prépare un totalitarisme indiscernable à ceux qui le subissent :
    "La démagogie, c’est la démocratie lorsque la canaille a la fièvre ; mais quand la canaille est sans fièvre, qu’au lieu d’être exaltée, elle est somnolente, torpide, son gouvernement n’est guère meilleur. Un peu moins violent peut-être ? Oui, mais plus vil, plus routinier et plus borné."

    La décomposition du Pays en factions rivales présage cette grande uniformisation qui sera le triomphe de l’informe, du confus et du vulgaire, le mépris de la mémoire et l’obscurcissement de l’entendement humain dans une goujaterie généralisée.
    Maurras ne nous induit pas en erreur lorsqu’il voit dans la perpétuité dynastique un remède à la guerre de tous contre tous et une chance de subordonner le pouvoir à l’Autorité. Si nous dégageons l’œuvre de la gangue des préjugés de son temps, il nous est même permis d’y choisir ce qui n’est point frappé d’obsolescence :


    "Vivre proprement c’est choisir ; et l’activité intellectuelle est, de toutes les activités permises à l’homme, celle qui renferme la plus grande somme de choix, et de choix de la qualité la plus raffinée."



    Les civilisations ne sont pas plus issues du seul hasard que de la seule nécessité.
    Elles sont, selon la formule de Henry Montaigu, "des dispositions providentielles" que soutient l’effort humain.
    Cet effort est moral, esthétique et métaphysique et la moindre défaillance menace de réduire ses œuvres à néant.
    La civilité est un savoir qui distingue. "L’individu qui vient au monde dans une civilisation trouve incomparablement plus qu’il n’apporte."
    Lorsque le sentiment contraire l’emporte, la civilisation est déchue.

    Charles Maurras, s’il lui est arrivé de la pressentir, n’a pas connu l’extension planétaire de la démocratie totalitaire, avec son infatuation et sa pruderie, sa brutalité et ses leurres publicitaires. Face à ce "libéralisme" culminant en une société de contrôle secondée par l’informatique et la génétique, face à cette barbarie technologique, accordée à la soumission, peut-être eût-t-il renoncé à ses anciennes inimitiés pour nous inviter à d’autres formes de résistance.
    J’en vois la preuve dans ce qu’il écrivait le 8 août 1927 dans les colonnes de l’Action française, à propos de l’exécution des anarchistes Sacco et Vanzetti, après sept ans d’emprisonnement dans les geôles américaines :

    "L’aventure présente montre que cette race sensible et même sentimentale, profondément élégiaque, a du chemin à faire, it is a long way, oui, une longue route, pour devenir un peuple classique. Ni le progrès matériel représenté par le perfectionnement illimité du water-closed, ni la traduction puritaine de The Holy Bible dans toutes les langues du monde n’ont encore créé, là-bas, cette haute et subtile discipline du sourire et des larmes qui entre dans la définition du génie latin."


    Cette "haute et subtile discipline du sourire et des larmes", certes, nous la reconnaissons également chez Novalis, Hölderlin, Nietzsche ou Heine, mais nous n’oublions pas davantage que cette reconnaissance, nous la disons en français.
    De même que Léon Daudet rendit un magnifique hommage à Shakespeare, Maurras sut prolonger dans son œuvre les résonnances du Colloque entre Monos et Una d’Edgar Poe.
    Pourquoi être français plutôt qu’autre chose ?
    La réponse est dans le Colloque qui se poursuit entre les vivants et les morts, entre les prochains et les lointains.
    Que ce Colloque se poursuive, d’âme en âme, c’est là toute la raison d’être de la tradition, et de la traduction, dont surent si bien s’entretenir Pierre Boutang et Georges Steiner.

    Que retenir de l’œuvre de Charles Maurras ?

    Peut-être cette obstination à défendre les limites où l’universel se recueille.


    "Ai-je découvert plusieurs choses ? Je ne suis sûr que d’une, mais de conséquence assez grave : car de ce long Colloque avec tous les esprits du regret, du désir et de l’espérance qui forment le Chœur de nos Morts, il ressortait avec clarté que l’humaine aventure ramenait indéfiniment sous mes yeux la même vérité sous les formes les plus diverses."
    Cette vérité, pour Charles Maurras, fut celle des "métamorphoses de l’amitié et de l’amour" de ses Maîtres platoniciens.
    La véritable leçon de ces Maîtres, à qui sait les entendre, n’est point dans l’abstraction, mais dans la métamorphose.
    La phrase, ou, plus exactement, le phrasé maurrassien, dans ses périodes les mieux inspirées, s’entrelace à ce mouvement d’inépuisable diversité.
    Ce sont "de rapides alternances de lune et de soleil, or liquide, argent vif, qui me réchauffaient le cœur, me déliaient l’esprit, et, d’un seul coup, m’ouvraient la conscience et la mémoire toutes grandes."
    L’espace à défendre est celui où cette extase est possible, où ni la conscience, ni la mémoire ne sont obscurcies ou avilies.

    (Fin)

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  • Notre feuilleton : Une visite chez Charles Maurras (81)

     

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    Aujourd'hui : Daniel Halévy, grand intellectuel juif et grand admirateur et ami de Maurras, évoqué par Jean Guitton...

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  • Notre feuilleton : Une visite chez Charles Maurras (82)

     

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    Aujourd'hui : 1926, Joseph Kessel vient interroger Maurras dans sa Bastide...

     

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    Grand reporter de haut niveau, grand écrivain et journaliste, né Juif russe (le 10 février 1898), devenu grand patriote patriote français : tel était Joseph Kessel, admirateur de "l'homme Maurras" et du journaliste talentueux qu'il était.

    Bien qu'il n'en partageât pas les idées, Joseph Kessel alla chez Charles Maurras, dans sa maison du Chemin de Paradis, à Martigues, au début de l’été 1926, pour l’interroger sur le retour de Poincaré aux affaires...

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