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  • Notre feuilleton : Une visite chez Charles Maurras (8)

     

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    Aujourd'hui : Une visite mouvementée des Daudet et des Bainville...

     

    Une visite mouvementée des Daudet et des Bainville

     

    Voici un extrait de Charles Maurras et son temps (Ernest Flammarion, 1930) dans lequel Léon Daudet restitue quelque chose de l'amitié qui réunissait les trois figures de proue de l'Action française : Bainville, Maurras et lui-même, Daudet.
    Une amitié intellectuelle, certes, fondée sur l'accord des esprits, mais aussi, on va le voir, une amitié qui ne se limitait pas à l'intellectuel.

    Cet extrait a le mérite de rendre un peu de la réalité vivante, de la chaleur de ce que fut l'entente de ces trois amis.
    Et, au-delà des habituels développements sur leurs qualités et leur intelligence propres, de nous les restituer dans ce qu'ils avaient d'humain, de bien vivants, en chair et en os, si l'on peut dire...

    "...En septembre 1925, nous avions décidé, nos amis Bainville, ma femme et moi, de nous rendre à l’invitation de Maurras à Martigues et de lui amener, comme il le désirait, Hervé Bainville, jeune homme de quatre années et son très jeune filleul François Daudet. Cette mémorable expédition commença mal : le train rapide faillit télescoper, près de Sens, un expresse qui le précédait, et, à partir de là, tel le bateau ivre, dériva de Sens à Saint-Germain-des-Fossés, à Montluçon, à Bourges, à Ganat, à Tarare, à Lyon et vers quelques autres villes encore; si bien qu’au lieu d’arriver à Marseille le matin à neuf heures, comme il se doit, nous n’y parvînmes, après mille détours et péripéties, qu’à onze heures du soir. Soit quatorze heures de retard, et pas de pain, ni de victuailles dans le wagon restaurant ! Ma femme eut une inspiration très heureuse :

    - Je suis sûre, nous dit-elle, que Maurras aura préparé à souper. Ne restons pas ici. Sautons, avec nos bagages, dans ces deux automobiles, et allons tout de suite à Martigues !

    Sitôt dit, sitôt fait. Après quarante kilomètres avalés dans la nuit chaude et blanche de poussière, nous débarquions, vers minuit, dans la célèbre demeure du chemin de Paradis. Maurras, balançant une grosse lanterne, nous conduisit aussitôt dans la salle à manger, au milieu des rires et des cris d’appétit des enfants bien réveillés.

    Une jeune dame de beaucoup d’esprit a défini ainsi Maurras : "Un maître de maison". Ce grand politique, ce poète admirable, ce redresseur de l’ordre français s’entend comme personne à régaler ses amis. Son hospitalité fastueuse avait combiné, ce soir-là, un festin de Pantagruel ou de Gamache, lequel commençait par une bouillabaisse classique, exhaussée de la "rouille" traditionnelle, qui met la soupe de soleil à la puissance 2 ; se continuait par des soles "bonne femme" et des loups grillés ; atteignait au grandiose et au sublime avec un plat d’une douzaine de perdreaux de Provence, demeurés tièdes et dorés, sur des "lèches" de pain, comme on ne les obtient que dans la vallée du Rhône – pardonne-moi, ô Bresse – et arrivés à la consistance du baba. Chaque enfant mangea son perdreau. Celui qui écrit ceci, comme disait Hugo, mangea deux perdreaux, pécaïre, toute une sole, le tiers de la bouillabaisse, et le reste à l’avenant, suivi de près par Jacques Bainville, romancier, journaliste, historien et financier des plus gourmands.

    Maurras ne cessait de nous encourager et de nous verser à boire, car j’aime autant vous dire tout de suite que sa cave est à la hauteur de sa table et qu’il est un des très rares amphitryons de France sachant vider, dans les grands verres, quelques bouteilles de vin du rhône. Il nous en ouvrit, cette nuit-là, de prodigieuses. La conversation roula sur la poésie, le langage et la Provence, dans une atmosphère à la Platon. Les enfants, gonflés de nourriture et de sommeil, étaient allés se coucher, bien entendu, et dormirent douze heures d’affilée.

    Le lendemain, Maurras nous emmenait tous faire quelque deux cents kilomètres en automobile dans cette région enchantée qui est entre les Alpes et la mer, où l’on ne peut faire dix pas sans rencontrer un grand souvenir, un vers de Mistral, ou une belle fille élancée, au teint mat et aux yeux noirs.
    Ainsi passaient et couraient les douces heures claires de l’amitié et de la fantaisie.
    Ne croyez pas ceux qui vous diront que les gens d’A.F. sont des censeurs ou docteurs moroses; ou qu’ils ont mauvais caractère. Depuis vingt-trois ans que je vois quotidiennement Maurras, je n’ai cessé de découvrir de nouvelles raisons de l’admirer et de l’aimer..."

     

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  • Notre feuilleton : Une visite chez Charles Maurras (9)

     

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    Aujourd'hui : Un bel édifice des XVIIème et XVIIIème siècles...

     

    Un bel édifice des XVIIème et XVIIIème siècles...

     

    On sait que Louis XIV était très fier de ses jardins de Versailles, et qu'il aimait beaucoup les faire visiter lui même à ses hôtes de marque.
    Il a d'ailleurs rédigé de sa main une "Manière de montrer les jardins de Versailles" (dont on possède une quinzaine de variantes, revues et corrigées par le roi lui-même).

    Maurras a fait un peu la même chose - mutatis mutandis, évidemment... - pour expliquer ce qu'il avait voulu faire dans le jardin de sa maison du Chemin de Paradis.
    Le texte est consultable dans les Oeuvres Capitales, Tome IV, Le Berceau et les Muses, Partie intitulée Suite provençale, paragraphe sept : Mon jardin qui s'est souvenu.

    Maurras explique d'abord qu'il aurait aimé "offrir à la municipalité de Martigues la statue ou le buste de ce fameux Gérard, gloria civitatis, gloire de la cité, dit une inscription, pour avoir été fondateur des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem, les futurs chevaliers de Rhodes et de Malte (1)...Je ne l'ai pu faire sur la place publique, j'ai dû agir entre les haies de mon jardin..."

    "Il y a fort longtemps aussi que je rêve de n'être plus le simple et oiseux possesseur de mes myrtes et de mes roses, et veux y aménager quelque chose qui le fasse servir à la communauté" (page 250).

    C'est en 1942/1943 que Maurras a mis son projet à exécution, aidé de l'architecte Henri Mazet, qui avait déjà dessiné les corbeilles rustiques de buis et d'agaves...

     

    Vue, à partir de l'allée centrale (1/2)

    Vue, à partir de l'allée centrale (1/2)

    À peine franchi le portail, tout en bas de l'allée centrale (on a, alors, à droite et à gauche, l'Allée des philosophes)...

    Vue rapprochée, à partir de l'allée centrale (2/2)

    Vue rapprochée, à partir de l'allée centrale (2/2)

    Tout en haut de l'allée centrale, on est arrivé juste en dessous de la terrasse...

     

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  • Notre feuilleton : Une visite chez Charles Maurras (10)

     

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    Aujourd'hui : Le "Plan masse" de la Maison (1/3). Vue d'ensemble...

     

    Le "Plan masse" de la Maison....

     

    ...établi par le Service Départemental de l'Architecture et du Patrimoine des Bouches-du-Rhône (relevés de Monuments Historiques).
    Dans le cadre des missions de conservation et entretien des Monuments Historiques, le service réalise des relevés permettant de fixer l'état existant et de définir des travaux.
    Ce dessin est de Dominique ALBERTINI, la maison étant inscrite partiellement aux Monuments Historiques depuis le 2 septembre 1975 pour "Les façades et les toitures" (cad. AO 128).

    La maison est orientée Nord-Sud : lorsqu'on franchit le portail, tout en bas du croquis, on regarde donc vers le nord; les fenêtre de la maison, donnant sur la ville, regardent - elles - vers le sud...
    On a, à droite et à gauche, de part et d'autre du portail, l'Allée des philosophes, plantée de deux rangée de cyprès, espacés de façon à permettre la promenade et la méditation (d'où le nom d'Allée des philosophes), et s'achevant chacune par une petite table de pierre ronde.
    La première partie du jardin, la partie basse, dans laquelle on s'engage en premier, n'a pas été transformée : elle forme, de part et d'autre de l'allée centrale, comme un losange posé horizontalement...
    C'est ce qu'on pourrait appeler "le quart supérieur gauche" qui a été transformé par Maurras, en l'honneur de Gérard Tenque, des gloires de la Cité, et des grandes amitiés de sa vie...

     

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  • Notre feuilleton : Une visite chez Charles Maurras (11)

     

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    Aujourd'hui : (2/3) "Plan masse" (I/VIII), "Façade de la maison de Charles Maurras"

    "Plan masse" (I/VIII)

     

    "Plan masse" (II/VIII), "Fenêtre de la maison de Charles Maurrras"

     

    "Plan masse" (II/VIII)

    "Plan masse" (III/VIII), "Détail de la porte de la maison"

     

    "Plan masse" (III/VIII)

     

    "Plan masse" (IV/VIII), "Détail du fronton de la maison de Charles Maurras"

     

    "Plan masse" (IV/VIII)

    "Plan masse" (V/VIII), "Coupe de la maison de Charles Maurras"

     

    "Plan masse" (V/VIII)

     

     

     

     

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  • Notre feuilleton : Une visite chez Charles Maurras (12)

     

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    Aujourd'hui : (3/3) "Plan masse", Intérieur de la maison... :

    • (VI/VIII) Le rez-de-chaussée :

    "Plan masse" (VI/VIII)



    La porte d'entrée donne sur un couloir qui partage en deux parties égales la totalité du rez-de-chaussée, et va - tout droit jusqu'au fond - à l'escalier menant aux étages (escalier en dessous duquel sont les toilettes).
    La première piéce, à gauche, est la salle-à-manger, et la seconde - derrière - une pièce "de rangement", ou "boudoir".
    À droite du couloir central, on a, tout de suite en entrant, le "salon-bibliothèque", et, au fond à droite (on est "côté est") la cuisine...

    Le rectangle "du fond" est une construction beaucoup plus récente, qui a été rajoutée, en partie, pour gagner de la place et en partie pour des raisons d'assainissemnt de l'édifice, afin de lutter contre l'humidité...

    Il conviendra de supprimer cette verrue dès que ce sera possible...

     

    • (VII/VIII) Le premier étage :

    "Plan masse" (VII/VIII)



    Au premier étage, côté sud, on donne sur :

    le bureau de Charles Maurras, qui occupe le milieu de l'étage, éclairé par la fenêtre centrale de la façade;

    sa chambre à coucher, éclairée par la fenêtre ici à droite de la façade, est à droite sur le plan; une deuxième chambre la jouxte, au fond ("côté est");

    à gauche, sur le plan, on a la chambre de Madame Maurras, mère, éclairée elle aussi par l'une des trois fenêtres de la façade (ici, celle de gauche) et une deuxième chambre, derrière ("côté ouest").

    Même remarque qu'au rez-de-chaussée pour le rectangle "du fond"...

     

    • (VIII/VIII) Le second étage :

    "Plan masse" (VIII/VIII)



    Au second étage, on a quatre pièces, dont l'une (celle de droite sur le plan) dispose de deux fenêtres en façade, plein sud, et se trouve donc être beaucoup plus spacieuse que les trois autres.
    L'une de ces pièces conserve, dans une grande armoire provençale, une collection de L'Action française.
    Dans une autre se trouve le "tub" et la baignoire en zinc de la maison...
    On remarque que "la construction rajoutée" - côté nord - ne monte pas jusqu'au second...
    Au-dessus se trouvent "les combles" et la charpente qui soutient la toiture, le tout bâti, bien évidemment, à la façon du dix-septième siècle, c'est-à-dire, superbe...

     

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  • Notre feuilleton : Une visite chez Charles Maurras (13)

     

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    Le jardin (I)

     

     

    Aujourd'hui : Le Jardin...

    Le plan du jardin, dressé par Roger Joseph :

     

    Le plan du jardin, dressé par Roger Joseph

     

    On constate, en le comparant avec le "plan masse" précédent, l'excellence du croquis de Roger Joseph.
    On entre donc dans le jardin, depuis le Chemin de Paradis, en franchissant (à droite et à gauche du portail central) la double et symétrique Allée des philosophes, plantée de cyprés.
    Reculée de quelques mètres, suite à l'élargissement du Chemin, il y a quelques années, elle a été restituée dans son intégralité.
    Dos au chemin, on est alors en face de cette belle bastide, l'un des plus anciens bâtiments civils de Martigues (du XVIIIème avec des élèments XVIIème).
    On est frappé - comme on l'a vu avec les photos précédente... - par le dénivelé du terrain : cette topographie, en pente, existait déjà avant l'intervention de Maurras.
    Celui-ci n'a fait transformer que le quart supérieur gauche du jardin, lorsqu'on regarde la maison, en l'architecturant, en quelque sorte.

     

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  • Notre feuilleton : Une visite chez Charles Maurras (14)

     

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    Aujourd'hui : La partie "architecturée" du jardin...

     

    La partie "architecturée" du jardin

     

    Nous allons donc visiter la partie Nord-ouest du jardin : la maison étant orientée Nord-Sud, il s'agit donc de la partie en haut et à gauche sur le plan de Roger Joseph...

    Et nous le ferons en suivant les indications de Maurras, dans son jardin, comme l'on suit celles du Roi soleil dans les siens..., ce qui nous fera passer successivement par trois zones bien distinctes, quoique réunies dans un seul esprit et par une même volonté : rendre hommage et faire mémoire...

    1. D'abord, la mémoire de Gérard Tenque (en bas, à gauche);

    2. Ensuite, la mémoire de l'ensemble des gloires de la Cité de Martigues : c'est le Mur des Fastes (tout en haut, fermant la perspective);

    3. Enfin, la mémoire des grandes amitiés de la vie de Maurras, célébrées par les quatre stèles (qui seront finalement cinq), et qui est située dans la partie médiane...

     

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  • Notre feuilleton : Une visite chez Charles Maurras (15)

     

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    Aujourd'hui : Mémoire de Gérard Tenque (I/III)

    Mémoire de Gérard Tenque (I/III)

     

    (C'est en 1113 que Gérard Tenque, né à Martigues en 1040, fonda en Palestine l'Ordre qui devait devenir pour tout le monde "L'Ordre de Malte".
    Gérard mourut en Terre sainte en 1120.
    Illustration : la Croix de l'Ordre de Malte)

    Remontons donc l'allée centrale, et passons le losange où Roger Joseph a inscrit "le jardin".
    Là, tournons tout à fait à gauche et rendons-nous devant la colonne dédiée à Gérard.
    Et reprenons notre Maurras :

    "Le jardin avait deux niveaux, deux étages. Il s'agissait de les relier au moyen de quelques gradins que l'on borderait de balustres, en y distribuant un petit nombre d'inscriptions où étincelleraient les fastes du pays... Sur un fond de cyprès tirés du nord au sud, comme un rideau sur la campagne, devait se détacher son oratoire avec le masque gérardien qui le surmontait.
    Ce masque n'est point imaginaire mais sculpté d'après le moulage authentique de la tête d'argent fondue il y a trois siècles par notre grand Puget pour la Commanderie de Manosque où les restes de Gérard ont été ramenés de Jérusalem".

     

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  • Notre feuilleton : Une visite chez Charles Maurras (16)

     

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    Aujourd'hui : Mémoire de Gérard Tenque (II/III)

     

    Mémoire de Gérard Tenque (II/III)

     

    (illustration : Statue de Gérard, au fronton de l'église Saint Geniès, de Jonquières).

    "Le portrait somme l'oratoire.
    À mi-hauteur de l'édicule, sur un bandeau qui en fait le tour, se lit une attestation adressée à notre corps municipal de 1727, et tirée des archives de la Mairie.
    Elle est signée d'une autorité compétente :


    "N'ignorant pas que ce grand homme est originaire de votre ville, nous voyons avec satisfaction que sa naissance vous paraît la chose la plus glorieuse pour votre patrie", signé Manoel, grand maître de l'Ordre de Malte...


    Dans l'intervalle de ce titre fondamental et du masque supérieur une table de marbre porte un texte provençal de ma composition :


    "Benesi, Ounoura, glourifica Siegue longo mai grand prouvencau, Maje martegau, lou benurous Gerard, nascu sus noste ribeirès, l'an dou sant Crist MXL, et que l'an MCXX mouriguè dins Jerusalèn, ounte avié coungreia animous, ufanous, pietadous, sis Espitalié de Sant Jan de Jerusalèn, d'abord mounge, piéi chivalié de Santo Terro e per bello finido quouro de Rodo en Mauto aguèron navega, endevengu segnour e mèstre de la mar."

    Ce qui signifie :

    "Béni, honoré et glorifié soit à jamais grand provençal, plus grand citoyen de Martigues, le bienheureux Gérard, né sur notre rivage l'an du Saint Christ 1040 et qui, l'an 1120, mourut dans Jérusalem où il avait groupé ses courageux, glorieux, charitables Hospitaliers de saint Jean, d'abord moines, bientôt chevaliers de la Terre Sainte et, pour belle couronne, lorsque de Rhodes à Malte ils eurent navigué, devenus les seigneurs et maîtres de la mer".

     

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  • Notre feuilleton : Une visite chez Charles Maurras (17)

     

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    Aujourd'hui : Mémoire de Gérard Tenque (III/III)

     

    Mémoire de Gérard Tenque (III/III)

     

    "Cette prière est faite pour exhâler l'âme et le génie du jardin. Il me plaît qu'elle soit redite par tous les arrivants sachant lire le provençal ou se le faire déchiffrer."

    À ce stade de notre visite, faisons deux rapides mises au point.

    Sur le nom de Gérard d'abord. Maurras emploie de préférence "Gérard" à "Gérard Tenque", car on n'est pas sûr des noms de famille à l'époque, comme on l'est aujourd'hui, si l'on est sûr et certain du prénom.
    Il y avait bien des Tenque, à Martigues, se réclamant de Gérard mais le doute subsistant, il vaut mieux s'en tenir au prénom, qui est sûr, lui...

    Ensuite, considérons l'endroit où nous nous trouvons : l'oratoire de Gérard est donc à la base de la composition; de lui partent neuf degrés de pierre blanche qui mènent à la terrasse supérieure. Celle-ci est longée, au couchant, d'une bande de buis assez haut (ouest), son centre est complanté de myrtes.
    Au nord, la limite de fond, courant d'est en ouest, est la dentelle végétale d'une douzaine de cyprès devant lesquels monte le Mur des Fastes.


    Nous allons donc devoir monter.

    Nous comprenons bien qu'il y a là une double symbolique : en partant de ce Gérard, qui est à la base de tout, nous allons monter et nous élever, corps mais aussi coeur et esprit...

    Mais voyons d'abord comment Gérard Tenque est également honoré, à Martigues :
    dans l'église de la Madeleine (quartier de l'Île) qui contient deux reliquaires de lui);
    sur la façade de l'Hôtel Colla de Pradines, l'ancienne Mairie de la ville, où Mistral vint apposer une plaque en 1891;

    et sur la façade de l'église Saint Geniès, du quartier de Jonquières...

     

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  • Notre feuilleton : Une visite chez Charles Maurras (18)

     

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    Aujourd'hui : Les deux reliquaires de la Madeleine (I/III)

     

    Les deux reliquaires de la Madeleine (I/III)

     

    Dans l'église de l'Île (l'église de la Madeleine, ou de Sainte Madeleine) que les martégaux appellent aussi volontiers "la cathédrale" se trouvent deux reliquaires de Gérard Tenque (son corps se trouvant à Manosque).
    On les aperçoit tout au fond de l'église, en hauteur, derrière le maître-autel, sur les deux piliers de droite et de gauche :

    Les deux reliquaires de la Madeleine (II/III), Détail : sur le pilier de gauche, derrière le maître-autel...

    Les deux reliquaires de la Madeleine (II/III)

     

    Les deux reliquaires de la Madeleine (III/III)Détail : sur le pilier de droite, derrière le maître-autel...

     

    Les deux reliquaires de la Madeleine (III/III)

     

    À Manosque, et ci-dessous, le buste en argent de Gérard, dans la Mairie de la ville, classé Monument historique depuis 1909. À l’origine, cette tête faisait partie d’un buste-reliquaire contenant les ossements de Gérard Tenque. 

    Au 17ème siècle, deux bustes en argent furent réalisés pour contenir ces reliques : l’un commandé par le bailli Jean-François de Puget-Chasteuil, le second, réalisé par Pierre Puget. En 1793, les cloches et objets en métal des couvents et chapelles ont été envoyés à la fonderie et les deux bustes en argent également. Quelques fragments de reliques furent sauvés et enfermés sous le maître-autel de l’église Saint-Sauveur. Quand la situation s’apaisa, on retrouva la tête d’un des deux reliquaires, celle-là même qui est aujourd’hui visible à l’Hôtel de Ville. Mais il est impossible de savoir s'il s'agit de celle commandée par le bailli de Puget-Chasteuil ou de celle de Puget... 

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  • Notre feuilleton : Une visite chez Charles Maurras (19)

     

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    Aujourd'hui : 11 Août 1891 : l'hommage de Mistral...

     

    11 Août 1891 : l'hommage de Mistral....

     

    Ce 11 Août 1891, c'est grande fête à Martigues : Frédéric Mistral et des repésentants de tout le Félibrige inaugurent une plaque en marbre, apposée au premier étage de la Mairie, l'Hôtel Colla de Pradines, pour rendre hommage à Gérard Tenque, fondateur de l'Ordre de Malte...

    La plaque porte ces mots :

    L'AN DÓU SAN CRIST MXL
    DINS NOSTO CIÉUTA DÓU MARTÈGUE
    NASQUÈ LOUS BENUROUS
    GERARD TENQUE
    FOUNDATOUR DI MOUNGE ESPITALIÉ
    DE SAN JAN DE JERUSALEN
    E
    LOU XI D'AVOUST
    MDCCCXI
    LI CIGALIÉ ME LI FELIBRE
    AN OUNOURA PER AQUEST MABRE
    LA MEMÒRI
    DÓU GRAND PROUVENCAU PIÉTADOUS

    L'an du saint Christ 1.040
    Dans notre ville de Martigues
    Naquit le Bienheureux Gérard Tenque
    Fondateurs des Moines Hospitaliers
    De Saint Jean de Jérusalem
    Et
    Le 11 Août
    1.891
    Les Majoraux (1) et les Félibres
    Ont honoré par ce marbre
    La mémoire
    Du grand provençal miséricordieux

    (1) : Le Félibrige possède en son sein une académie appelée consistoire (counsistòri), garante de la philosophie félibréenne, composée de cinquante "majoraux", dont le Capoulié, élus à vie par cooptation.
    Le majoral (majourau) est détenteur d’une cigale d’or : d'où ce nom de "CIGALIÉ"...

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  • Notre feuilleton : Une visite chez Charles Maurras (20)

     

     

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    Aujourd'hui : Le Mur des Fastes (I/IV)

     

    Le blason de Martigues

     

    Montons donc, et arrivons au Mur des Fastes.


    En tête, la devise de Martigues :

    "Tuta manet in pelago, damnoque fit tutior".

    Pour laquelle on pourrait proposer une traduction comme :


    "Elle reste forte dans la mer calme et devient plus forte dans la tourmente..."

    Cette devise survole les armes parlantes de la ville :

    "De gueules à la tour donjonnée d'argent, ouverte du champ, ajourée et maçonnée de sable, adextrée de la lettre capitale F d'argent et senestrée d'une clef du même, le tout posé sur un pont de trois arches d'argent, maçonné de sable, lui-même posé sur une mer d'argent."


    Puis l'abrégé des gloires historiques en commençant par les plus anciennes :

    "Six cents ans avant notre ère, au témoignage de Strabon, Aristarchè, prêtresse de Diane d'Éphèse, accompagna en Gaule les colons phocéens. Son monument a été retrouvé à Martigues...

     

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  • Notre feuilleton : Une visite chez Charles Maurras (21)

     

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    Aujourd'hui : Le Mur des Fastes (II/IV)

     

    Le Mur des Fastes (II/IV)

     

    Buste du Consul Caïus Marius, exterminateur des Cimbres et des Teutons...



    "...Cent deux ans avant notre ère, d'après Plutarque, le consul Marius combattant les Teutons promenait dans son camp la prophétesse Marthe, elle donna son nom au pays, Marthicum."

    Cette inscription est comprise entre deux modestes piliers carrés :

    1. Au sommet de l'un, le bas-relief d'Aristarchè, copie fidèle de celui de l'Académie de Marseille.

    2. Au sommet de l'autre, le relief ovale des Tremaïe, réunissant les trois personnages citées par Plutarque :


    Marius, viril sous la toge;

    Marthe, la prophétesse syrienne, long voilé à l'oriental;

    Julie, à la toge romaine, la tante de César et femme de Marius, le fondateur des Légions romaines. (Sur la stèle des Baux, Marthe est au centre, avec la mitre d'Orient, la crosse fleurie, le manteau agrafé sur l'épaule; Marius porte la toge d'avant Auguste; Julie est en retrait...).

    Continuons notre lecture, par un saut de onze siècles :

    "Gérard de Martigues fonda l'Ordre des Hospitaliers de Saint Jean de Jérusalem, chevaliers de Rhodes et de Malte..."

    À nouveau un saut de cinq siècles : Maurras aurait voulu inscrire un Luxembourg Martigues, amiral de Charles VIII, mais une erreur, qui ne vient pas de lui, l'a empêché...; si l'on excepte cette lacune, "le reste est bel et bon", dit-il :

    "Le roi Charles IX vint à Martigues préparer l'union de nos trois cités, Jonquières, l'Ile, Ferrières, et lui confia le drapeau tricolore.
    Le capitaine Pierre Rouquier défendit notre Tour de Bouc contre les Impériaux. Le grand Malherbe fut blessé au siège qu'il avait mis devant Martigues. Madame de La Fayette, dans La Princesse de Clèves, introduisit Madame de Martigues aux plus secrètes beautés de la Cour de France.
    Jerôme Tenque, de l'Université de Montpellier, rédigea certains formulaires médicaux qui restèrent longtemps fameux. Claude Couture écrivit chez nous un Traité de l'olivier que firent imprimer les États de Provence. Vauban rebâtit notre Tour de Bouc.
    Vainqueur à Denain des ennemis du royaume, le maréchal de Villars fut prince de Martigues. Son fils, notre bon duc, fut l'idole du pays.
    Monsieur de Surian, évêque de Vence, membre de l'Académie française, fit ses études au Collège de Martigues.
    Barthélemy Vidal fut de l'Académie des Sciences.
    Le Bailli de Suffren commanda les marins de Martigues, surnommés les coursiers de la mer. Son cousin, l'abbé de Régis, lui dédia un vaisseau taillé dans le roc, grand bâtiment sans mouvement qui lui coûta beaucoup d'argent. Le minime Nuirate monta sur l'échafaud révolutionnaire.
    Joseph Boze fut peintre de Louis XVI.
    Joseph Scipion Sinisbaldi, dit Pistoye, quarante fois consul, député de Martigues aux derniers États Généraux de Provence fut maître de ce jardin."

     

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  • Notre feuilleton : Une visite chez Charles Maurras (22)

     

    (retrouvez l'intégralité des textes et documents de cette visite, sous sa forme de feuilleton ou bien sous sa forme d'Album)

     

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    Aujourd'hui : Le Mur des Fastes (III/IV et IV/IV) : les deux bas-relief de gauche et de droite...

     

    1. Le bas-relief de gauche.

    Cette inscription est comprise entre deux modestes piliers carrés :

    au sommet de l'un, le bas-relief d'Aristarchè, copie fidèle de celui de l'Académie de Marseille...

    Le Mur des Fastes (III/IV) : bas-relief de gauche.

     

    2. Le bas-relief de droite..

    Cette inscription est comprise entre deux modestes piliers carrés :

    au sommet de l'autre, le relief ovale des Tremaïe, réunissant les trois personnages cités par Plutarque :
    Marius, viril sous la toge est à gauche; Marthe, la prophétesse syrienne, long voilé à l'oriental, est au centre;
    Julie, à la toge romaine, la tante de César et femme de Marius, le fondateur des Légions romaines, est à droite.

    Le Mur des Fastes (IV/IV) : bas-relief de droite..

     

     

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