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  • Où Simone Weil pointe l'une des maladies les plus dangereuses de l'âme et des sociétés humaines ...

      

    « L'enracinement est peut-être le besoin le plus important et le plus méconnu de l'âme humaine… Le déracinement est de loin la plus dangereuse maladie des sociétés humaines. » 

    Simone Weil

     

  • Des informations, désinformation… Par Antoine d'Hermé*

     

    Ecrite au matin du 20 mars, cette chronique n'a rien perdu de son actualité. Elle pointe à la fois le rôle exorbitant des médias dans la nébuleuse du Système - qui règle, limite et formate nos libertés - et la réduction du pouvoir politique au rôle d'ONG. Un seul remède, selon l'antienne de Robert Ménard : Vive la liberté de pensée ! Lafautearousseau   

     

    La chaîne de télévision BFMtv s’efforce de relayer tout ce qui peut concerner le président de la République. Le nom de François Hollande est cité très régulièrement, ou bien il s’agit de multiples mini-informations inscrites en bas de l’écran.

    Ce matin du 20 mars, BFMtv nous donnait « en boucle » deux informations écrites : concernant le terrible attentat de Tunis, on apprenait que « François Hollande ne pouvait pas confirmer l’identité d’une 3ème victime française ».

    Concernant des otages français au Yémen, on nous indiquait que « François Hollande a affirmé n’avoir aucune confirmation de la libération des otages ».

    Vous devrez vous satisfaire « d’affirmation de non-confirmation », donc d’ignorance. C’est le*  problème de cette chaîne de télévision qui veut donner à tout prix et très vite des informations qui n’en sont pas, en attendant qu’elles le deviennent éventuellement. Comment la rédaction de cette chaîne ne réalise-t-elle pas l’effet négatif sur l’image d’un président, qui veut se mêler de tout, qui veut tout annoncer lui-même (souvenons-nous de l’accident ferroviaire de Brétigny-sur-Orge où il nous expliquait la rupture des boulons…), mais qui finalement ne sait rien ?…

    Ces informations qui n’en sont pas étaient opportunément fort bien illustrées par des images de l’événement de la matinée : l’éclipse solaire ! 

    * Politique magazine

     

  • Consultez les archives de Lafautearousseau, voyez nos albums

     

    Sous la rubrique « ALBUMS PHOTOS » (Colonne de droite, mi-hauteur) vous trouvez l'accès à tous nos albums. Consultez-les, vous ne serez pas déçus. (Cliquez aussi sur TOUS LES ALBUMS, pour les découvrir en totalité).  

  • LA RÉVOLTE GRECQUE, LA FIN DE LA CONNIVENCE ? Par Georges-Henri SOUTOU, de l'Institut*

     

    Si au moins deux scénarios sont envisageables, la négociation de la dette grecque aura dans tous les cas de figure des conséquences directes sur l'ensemble de l'Union européenne. Les répercussions ne seront pas seulement économiques mais largement politiques. 

    Pour la première fois, des communistes sont arrivés au pouvoir à la suite d'élections libres. Il ne faut pas sous-estimer leur détermination : elle est nourrie par leur histoire - la terrible guerre civile de 1944 à 1949, le coup d'État des colonels en 1967 et la répression qui l'a suivi. De plus, une grande majorité de Grecs, même si elle ne partage pas les idées du parti Syriza, refuse d'accepter la situation actuelle. Et pour cause. Après une cure de cheval et avec 25 % de chômeurs, la dette du pays est montée à 180 % du PIB, alors qu'elle n'était encore que de uo % au début de la crise. Malgré des signes de reprise de l'activité économique, le chemin suivi aboutit incontestablement à une impasse.

    Le nouveau premier ministre, Alexis Tsipras, a réaffirmé ses engagements de campagne : sortir du système de la « Troïka » (Banque centrale européenne, Commission de Bruxelles, FMI), qui contrôle les finances du pays depuis 2010, et renégocier la dette de la Grèce. Bien au-delà des seuls sympathisants des partis de la coalition gouvernementale, c'est une grande majorité du peuple hellène qui soutient ce programme. Pour des raisons au moins autant psychologiques que financières. Les Grecs se perçoivent en effet comme des victimes. Il faut dire que le xxe siècle ne les a pas épargnés.

    D'autre part, Alexis Tsipras a fait alliance avec le parti souverainiste des Grecs indépendants et il s'est bien gardé jusqu'à maintenant de s'attaquer à l'Église, même si cette dernière détient 25 % des terres. On assiste ainsi non pas seulement à une victoire des « popilistes », mais à la mise en place d'un « compromis nationaliste » qui se nourrit de l'opposition à Bruxelles d'un côté et à la Turquie de l'autre (à cause de Chypre et du conflit autour de l'exploitation du pétrole de la Mer Egée).

    LA GRÈCE NE PEUT JOUER LA MONTRE

    Dans ces conditions, quelle tournure va prendre la renégociation de la dette grecque ? Une chose est sûre : Athènes ne peut pas simplement jouer la montre car, sans nouvelle aide extérieure, elle ne peut tenir au-delà de la mi-mars. 

    Le refus de la BCE de continuer à refinancer les banques grecques par des facilités à court terme, motivé par des considérations techniques et juridiques, n'est pas la position définitive de l'Union européenne. La négociation va continuer et rien ne permet de penser qu'elle n'aboutira pas. En effet, l'endettement grec actuel (316 milliards d'euros) est, à la différence de celui de 2010, largement constitué de créances publiques, plus faciles à restructurer que des créances privées. De plus, ces grands endettements publics sont complexes et, partant, susceptibles d'amodiations (prolongation des délais de remboursement, taux d'intérêt revus à la baisse), sans parler d'astuces comptables variées. Et si, pour finir, on réduit la dette grecque en valeur nominale, comme elle est largement publique, elle se dissoudra dans les budgets des pays concernés - Allemagne et France en particulier. On remarquera que l'assouplissement quantitatif de 1 Zoo milliards d'euros décidés par la BCE le 22 janvier arrive à point pour gérer d'éventuels problèmes de trésorerie, en cas de défaut partiel sur une dette grecque de 316 milliards...

    Dans cette négociation, les Grecs ne sont pas dépourvus de moyens. La crise actuelle au Moyen Orient et le conflit qui oppose l'Europe de l'Ouest à la Russie, avec laquelle la Grèce a des liens historiques et religieux anciens, font d'Athènes une capitale courtisée. Cela s'est vérifié récemment quand le nouveau gouvernement a bloqué pendant 24 heures une discussion sur l'extension des sanctions qui frappent Moscou... De même, avec le tourisme, sa marine marchande et le rôle régional essentiel de ses banques dans les Balkans, la Grèce n'est pas sans alternative si elle devait quitter l'UE.

    Or, en Europe, les Grecs ne sont pas seuls à contester la façon dont a été gérée la crise financière de 2008. « Podemos » en Espagne, « Cinque Stelle » en Italie, le Front national et la gauche de la gauche en France, sont sur des positions comparables. Mais si ces partis, ou ces mouvements d'opinion, obtiennent dans les urnes et dans les sondages des résultats que personne n'eût imaginés il y a encore deux ans, leurs revendications sont souvent trop vagues pour être convertis en politiques concrètes. Or, en Grèce, les nombreux économistes présents au sein du gouvernement ne sont pas des inconnus et participent depuis des années au débat qui entoure la politique d'orthodoxie financière de la BCE et de l'UE, orientée sur le modèle allemand. Le ministre des Finances, Yanis Varoufakis, n'est pas un énervé. Quand il explique qu'en 2010 la Grèce ne souffrait pas d'une crise passagère de liquidités mais d'une véritable banqueroute que l'on ne pouvait pas enrayer en empruntant toujours plus sans garantie de remboursement, il dit la vérité. Et son livre, cosigné avec James K. Galbraith et Stuart Holland, deux économistes reconnus, Modeste proposition pour résoudre la crise de la zone euro (édition Les Petits matins, janvier 2014), montre qu'il n'est pas isolé. Certes, bien des points du programme de Tsipras (la hausse du SMIC par exemple) sont démagogiques. Mais les jugements tranchés et méprisants qui, dans certains milieux, ont accueilli son arrivée au pouvoir semblent plus arrogants qu'informés.

    UN VÉRITABLE SUSPENSE

    Deux scénarios sont désormais envisageables. Le premier verrait l'échec de la négociation entre Athènes, la BCE, l'UE et le FMI. On entrerait alors dans une zone de turbulence. Le peuple grec, ne se désolidariserait vraisemblablement pas de son gouvernement et la Grèce sortirait alors de l'euro, ce qui entraînerait de considérables répercussions, dont la remise en cause radicale de la façon dont celui-ci a été géré jusqu'ici.

    Dans le deuxième scénario, toutes les parties parviendraient à un accord qui serait évidemment extrêmement coûteux pour les créanciers. Problème : ce serait la reconnaissance d'une forme de mutualisation de la dette des États européens, mutualisation rigoureusement exclue par les textes. Du coup, il est tout à fait envisageable que le Tribunal constitutionnel de Karlsruhe mette le holà. Et, politiquement, il faudrait en plus compter sur les réactions des électeurs-contribuables européen. À titre d'exemple, la part française dans la dette grecque représente l'équivalent d'une année d'impôt sur le revenu... Enfm, les pays qui comme l'Espagne, le Portugal et l'Irlande ont fait des efforts considérables pour revenir à l'équilibre pourraient demander à bénéficier des mêmes facilités. Bref, d'une façon ou d'une autre, le système va profondément être remis en cause.

    À cela s'ajoute le fait que la situation d'Angela Merkel deviendrait encore plus difficile qu'elle ne l'est aujourd'hui. En particulier, et on le perçoit déjà, parce qu'elle sera amenée à faire des concessions aux Britanniques pour s'assurer que Londres reste dans l'Union. Une UE qu'un « Brexit », après un « Grexit », finirait d'achever. Celle-ci serait de toute façon soumise à des pressions encore renforcées dans le sens d'un changement de cap radical. Quelle que soit l'issue, on peut penser que l'accord établi depuis longtemps entre chrétiens-démocrates et sociaux-démocrates au niveau européen, symbolisé par le partage de la présidence du Parlement européen (deux ans pour chacun des deux partis) quel que soit le résultat des élections, et qui repose sur un mélange instable de mondialisation libérale, d'orthodoxie financière et de politique de protection sociale élevée par rapport au reste du monde, serait remis en cause. Ce serait le retour de la politique et la fin de la connivence.  

     

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    Yanis Varoufakis, ministre de l'Economie grec. Il avait prédit l'effondrement de son pays. 

     

    * Politique magazine

     

  • Le mépris du peuple et L'insécurité culturelle : les livres que doit lire Manuel Valls ... Selon Alexandre Devecchio *

     

    Alexandre Devecchio voit dans les résultats des départementales la preuve de la rupture entre la gauche et le peuple. Il conseille au Premier ministre la lecture de deux essais qui analysent ce qui se passe dans les tréfonds de la France populaire. Ce ne sont pas là des analyses ou des thèses réactionnaires, au sens de la tradition, ou de ce que nous nommons ainsi. Ce sont néanmoins des réflexions en parfaite réaction contre le Système. Et si nous n'en acceptons pas nécessairement tous les éléments ni toutes les conclusions, force est de constater, selon l'expression d'Alexandre Devecchio, leur caractère subversif du dit Système. Et ce, avec beaucoup d'autres ! Un flot ! Une vague ! Nous n'aurons pas lieu de nous en plaindre, Raphaël Glucksmann dût-t-il en être effrayé encore davantage. Lafautearousseau    

     

    Ce soir, les formations républicaines ont tenu leur place. Ce soir, l'extrême droite, même si elle est trop haute, n'est pas la première formation politique de France », a martelé Manuel Valls après le premier tour des départementales. Et de souligner: « Je m'en félicite car je me suis personnellement engagé. Quand on mobilise la société, quand on mobilise les Français, ça marche ». Une autosatisfaction qui ne doit pas masquer la réalité de ce scrutin. Certes, la déroute de la gauche a été moins lourde que ne le prévoyaient les sondages et le Premier ministre obtient un sursis politique jusqu'aux régionales. Mais le PS reste le grand perdant de la soirée. Avec moins de 20% des suffrages exprimés selon CSA, il est évincé d'environ 500 cantons dès le premier tour. Quant au FN, il obtient le meilleur score de son histoire et s'enracine dans les territoires de la France périphérique. Les classes populaires, raison d'être de la gauche, se détournent de celle-ci au profit du parti de Marine Le Pen. Entre les deux tours, Manuel Valls a pourtant décidé de persévérer dans l'incantation antifasciste qualifiant le « Ni-ni » de Nicolas Sarkozy de « faute morale et politique ». Si cette stratégie peut s'avérer payante dans l'immédiat, elle ne règle pas le problème de fond : la gauche a perdu le peuple. Pour certains observateurs, cette troisième défaite du PS après celle des européennes et des municipales est synonyme de mort lente. Manuel Valls, le 5 mars dernier, déplorait le silence des intellectuels. On lui conseillera de lire deux essais qui tentent d'analyser ce qui se passe dans les tréfonds de la France populaire : Le mépris du peuple, comment l'oligarchie a pris la société en otage de Jack Dion (Les Liens qui libèrent) et L'insécurité culturelle de Laurent Bouvet (Fayard).

    ● Le mépris du peuple

    Dans Le mépris du peuple, fidèle à son style incisif, le directeur adjoint de la rédaction du magazine Marianne, adopte le ton du pamphlet. « Marine Le Pen serait bien inspirée d'envoyer un message de remerciement à tous les idiots utiles qui lui ont fait la courte échelle, de BHL à Harlem Désir et à Jean-Christophe Cambadélis - les parrains de SOS racisme - en passant par quelques étoiles de moindre écla t» écrit Dion. Car pour le journaliste, la montée du FN est avant tout le résultat de trois décennies de diabolisation. Loin de l'avoir fait reculer, celle-ci est au contraire devenue sa principale arme: « Le bulletin FN est celui que l'on jette à la figure des notables (…) Nombre de salariés humbles, oubliés, déclassés, humiliés, abandonnés, ont fini par se dire que, si la caste politico-médiatique - celle qui fait l'unanimité contre elle - tape sur le FN, c'est que ce dernier n'est peut-être pas si pourri que ça ! ».

    La deuxième clef pour comprendre l'attrait des classes populaires pour le parti de Marine Le Pen, est, selon Jack Dion, l'alignement du PS sur les thèses néo-libérales. L'auteur regrette la métamorphose de François Hollande après son élection: « L'ennemi déclaré de la finance», s'est mué en «ami des grands argentiers », « l'homme de gauche critique à l'égard du lobby bancaire » s'est transformé en « partisan acharné de la non-réforme bancaire ». S'il achève de briser le lien de confiance entre les citoyens et les politiques, le virage à 180 degrés de François Hollande n'est guère surprenant. Comme l'explique Dion, il s'inscrit dans une lente évolution du PS depuis le tournant de la rigueur de François Mitterrand en 1983. « La première loi bancaire au monde ayant mis fin à la séparation entre banques d'affaires et banques de dépôt a été votée en France le 24 janvier 1984 par le président socialiste.», rappelle le journaliste. Suivront en 1986, la loi Bérégovoy sur la déréglementation financière généralisée.

    La même année, l'Acte unique européen consacre la libre circulation des personnes, mais aussi des biens et des capitaux. Pour Dion, « les marchés ne remercieront jamais assez le PS, avec l'aide efficace de Jacques Delors, alors président de la Commission européenne à Bruxelles.». Non seulement, l'avènement de l'Union européenne marque le triomphe de la finance sur la politique, mais aussi celui de la technocratie sur la démocratie. « Faute de construire l'Europe des peuples dont rêvait Fernand Braudel, on a bâti l'Europe contre les peuples, en instaurant le pouvoir conjoint des oligarques et des eurocrates », conclut Dion. Et gare à ceux qui osent remettre en cause ce système. Les voilà immédiatement rejetés dans le camp des populistes, comme si « peuple » était un gros mot et qu'en faire usage était la preuve d'une dérive contraire aux valeurs universelles. Ainsi, d'après l'auteur, le débat sur le traité constitutionnel européen de 2005 a été ramené à un « clivage entre les gens de biens, membres d'une avant-garde éclairée, et les gens de peu, ignorants, bêtes et revêches ».

    Dix ans plus tard cette fracture entre l' « élite » et le « peuple » perdure et bénéficie essentiellement au FN. Plus encore que l'UMP, le PS en subit les conséquences, sans doute parce que depuis la quasi disparition du Parti communiste, celui-ci était censé incarner l'espérance des plus modestes. Manuel Valls ferait bien de méditer ce constat qui rejoint celui d'autres intellectuels de gauche: Régis Debray, Jean-Claude Michéa, Christophe Guilluy ou Jean-François Kahn. On regrettera cependant que Jack Dion élude certaines problématiques : la question de l'immigration est évoquée au détour de quelques lignes tandis que celles de l'islam ou du mariage pour tous sont tout simplement passées sous silence. L'analyse de l'auteur est fondée sur une grille de lecture marxiste des évènements où l'économie et le social priment sur les enjeux sociétaux. Si celle-ci s'avère souvent pertinente, elle ne permet pas de comprendre entièrement la singularité d'une crise dont les ressorts sont également profondément identitaires.

    ● L'insécurité culturelle

    Manuel Valls pourra donc compléter cette lecture par celle de L'insécurité culturelle de Laurent Bouvet. Le style du politologue est plus consensuel et apaisé que celui de Dion, mais son propos n'est pas moins subversif. Pour l'auteur, la crise économique ne suffit pas à expliquer la montée du FN: « elle témoigne aussi d'un doute profond et insidieux sur ce que nous sommes, sur « qui » nous sommes ». Bouvet défend ainsi la notion d' « insécurité culturelle ». Celle-ci mêle deux inquiétudes nées de la mondialisation et de l'ouverture des frontières chez les classes populaires : la peur économique et sociale du déclassement mais aussi l'angoisse identitaire de voir disparaître leur héritage culturel. Pour Bouvet, l'insécurité culturelle se trouve notamment « dans les craintes exprimées à longueur d'enquêtes d'opinion par ceux que l'on nomme trop facilement les « petits Blancs », parce qu'ils rejettent l'immigration au nom de leur survie économique ou l'islam au nom de la volonté de préserver leur mode de vie».

    La grande force du FN est de répondre à cette insécurité culturelle à travers un programme qui articule à la fois protectionnisme économique et protectionnisme culturel dans une sorte de souverainisme intégral. « Le contrôle étroit des frontières que Marine Le Pen propose s'étend de manière continue des capitaux aux personnes. », souligne Bouvet. Cela explique pourquoi Jean-Luc Mélenchon ne parvient pas à concurrencer le Front national malgré un programme économique très proche. Si le leader du Front de gauche rejoint Marine Le Pen dans sa critique de la construction européenne, il se montre en revanche beaucoup plus libéral en matière de mœurs et d'immigration. Quant au PS, pris en étau entre les exigences imposées par Bruxelles et les aspirations sociales de son aile gauche, il parvient à séduire une partie de la bourgeoisie urbaine des grandes métropoles protégée économiquement et favorable aux réformes sociétales, mais est désormais rejeté en bloc par les classes populaires

    Pour Laurent Bouvet, la gauche radicale et le Parti socialiste ont pour point commun une vision individualiste et multiculturaliste de la société tournée vers les minorités culturelles. Et c'est finalement la stratégie du think thank Terra Nova, - qui, durant la présidentielle de 2012 recommandait au PS de se tourner vers les jeunes, les diplômés, les femmes et les immigrés, plutôt que vers les classes populaires - qui s'impose. Selon lui, il s'agit d'une faute politique : les intérêts catégoriels des différentes minorités sont trop disparates pour former une coalition électorale stable et cohérente. Mais aussi d'une faute morale : la gauche s'éloigne de son ambition originelle d'émancipation sociale et collective et ouvre la porte aux communautarismes sur fond de choc des civilisations. Injustement accusé de dérive identitariste, Bouvet semble au contraire profondément redouter la guerre du tous contre tous. A travers son livre, il appelle avant tout la gauche à renouer avec un projet commun. Dans une interview récente à l'excellent site Philitt, il rappelait ainsi : « Le « jeune de banlieue » et le « petit blanc » ou « Français de souche » ont davantage d'intérêts communs que divergents, ils ont en commun des intérêts sociaux notamment, et disent la même chose de ceux d'en-haut. Ils leur reprochent la relégation, l'abandon, l'oubli… les choix de politiques publiques.» Manuel Valls les entendra-t-il ? 

     

    ● Le mépris du peuple, comment l'oligarchie a pris la société en otage de Jack Dion (Les Liens qui libèrent)

    ● L'insécurité culturelle de Laurent Bouvet (Fayard).

    * Alexandre Devecchio est journaliste au Figaro et responsable du FigaroVox. Chaque semaine, il y observe le mouvement des idées. Passionné par le cinéma, la politique et les questions liées aux banlieues et à l'intégration, il a été chroniqueur au Bondy blog. Retrouvez-le sur son compte twitter @AlexDevecchio

     

  • Le comte de Paris exprime son écœurement suite au vote d'un doublement du parachute doré des élus

     
    Dimanche 22 mars, via son compte twitter,  le comte de Paris, chef de la Maison de France, a officiellement exprimé son écœurement, suite au vote, la semaine dernière, au parlement, d'une nouvelle loi adoptée à l’unanimité qui prévoit de doubler  - de six mois à un an - la durée d’indemnisation des élus en cas de défaite électorale et qui prévoit d’obliger une entreprise privée à réintégrer l’élu à la fin de son mandat, y compris dans les communes de 10 000 habitants et plus.
     
    Source : La Couronne
     

  • Déjà annoncé, le Camp Maxime Real Del Sarte, université d'été d'Action française se tiendra du 17 au 23 août

    Voici donc d'ores et déjà annoncés, le lieu, les dates, le thème du prochain Camp Maxime Real del Sarte.

    Le Camp Maxime Real del Sarte (CMRDS) est une université d’été d’Action française, destinée aux jeunes Français soucieux de l'avenir de leur pays  - dont, à travers les générations, l'A.F. n’a jamais cessé d’intéresser et de former un nombre non négligeable. 

    L’on serait en effet étonnés si l’on dressait la liste des personnalités du monde politique, économique, littéraire ou médiatique d’aujourd’hui qui y sont passées, et qui, même si elles ont parfois gagné d’autres rivages, y ont forgé des liens, des amitiés et des convictions restés toujours vivaces.    

     

    La réflexion précède l’action mais aussi elle s’en nourrit et c’est de leur perpétuelle interaction que naissent les œuvres du long terme. L’Action française, dans sa meilleure tradition, a, ainsi, toujours su tout à la fois maintenir sa ligne fondatrice et l’actualiser suivant les réalités de chaque époque, de même que ses méthodes d’action.

     

    Le site du Centre Royaliste d'Acion Française donnera prochainement le programme du CMRDS 2015 et la possibilité de s'y inscrire. On s'y reportera avec profit.

     

    Les jeunes qui s’y réuniront cette année seront invités à combiner étude, réflexion, sport, détente et moments d'amitié. Il leur faudra, sans-doute, beaucoup de lucidité et de courage pour affronter les difficultés du monde qui vient. Il faut les leur souhaiter.

  • Sous le regard de Jean-François Mattéi : Maurras, entre Shakespeare, Baudelaire et Edgar Poe

     Baudelaire, traducteur d'Edgar Poe (Courbet)

     

    Jean-François Mattéi avait  bien voulu nous transmettre une rédaction de son intervention lors du colloque « Maurras 60 ans après », organisé, le samedi 27 octobre 2012, à Paris, par le Cercle de Flore. Nous avions publié cette remarquable réflexion le 2 janvier 2013. Aujourd'hui, un an après que Jean-François Mattéi nous ait quittés, alors que de nombreux hommages lui sont rendus et que paraît son ouvrage posthume L'Homme dévasté, il nous est agréable de republier ce texte qui montre à quel point il était proche de notre famille d'esprit. Lafautearousseau  • 

      

    de2ec42a65f25e9c3697a1b7845d46fb_Mattei.jpgBaudelaire écrivait dans son recueil de Fusées : « De Maistre et Edgar Poe m’ont appris à raisonner » (aphorisme 27). Pour suivre le principe d’analogie, on pourrait dire aussi bien de Maurras : « Shakespeare et Edgar Poe m’ont appris à raisonner ». Ces cinq auteurs, Shakespeare, De Maistre, Baudelaire, Poe et Maurras envisagent en effet la réalité de l’homme et de la politique à partir de ce que Baudelaire nommait « l’universelle analogie », et Mallarmé « le démon de l’analogie ».

    Remarquons au passage que la formule de Mallarmé relève elle-même de l’analogie puisque le poète compare l’« analogie », qui est une ressemblance entre deux éléments, à un « démon », au sens grec, qui est une ressemblance avec un dieu et une ressemblance avec la figure rhétorique en question. On pourrait plus simplement parler de « correspondance », dans le sens baudelairien, pour définir le principe qui met en relation deux mondes, le monde matériel et le monde spirituel, ou le monde humain et le monde divin. Disons plus simplement la terre et le ciel. C’est d’ailleurs ce que laisse entendre le mot grec d’analogia qui implique un mouvement ascensionnel de pensée, logos, de bas en haut, ana. Pour qu’il y ait analogie, ou correspondance, il faut que le monde et les êtres qui l’habitent soient disposés selon une hiérarchie naturelle, comme l’échelle de Jacob ou la relation du microcosme au macrocosme. L’analogie est verticale et, à ce titre, inégalitaire.

    Or, cette analogie est la clef de la pensée hiérarchique de Charles Maurras qui s’est inspiré, dans ses vues politiques, des correspondances qu’il a trouvées chez Shakespeare et Edgar Poe, moins chez Baudelaire qu’il appelait, après l’avoir goûté très tôt, « notre mauvais enchanteur ». Il faut comprendre, en effet, qu’un choix intellectuel, qu’il soit religieux, philosophique ou politique s’exprime toujours à travers un jeu d’images qui ressortit de l’analogie. Pour prendre un exemple célèbre, la condition humaine chez Platon se définit à travers le réseau d’analogies qu’incarne l’image de la caverne, présente, sous une forme ou une autre, dans toute la tradition de pensée occidentale.

    Ce qui distingue donc les choix religieux, philosophiques ou politiques, c’est le style des métaphores adaptées à ces choix. Chez les partisans d’une hiérarchie entre les hommes, c’est-à-dire les partisans d’un gouvernement aristocratique, c’est l’analogie d’une échelle hiérarchique qui s’impose, ou d’une montée vers les hauteurs. C’est le cas chez Platon où le prisonnier libéré sort de la caverne et monte vers le soleil pour accroître ses connaissances par un mouvement d’anabase, qui est exprimé par une analogie, « un discours vers le haut ». La symétrie de retour dans la caverne n’est pas exacte, car la katabase du prisonnier, sa redescente vers ses compagnons, conserve le souvenir premier de l’anabase, et donc de l’analogie. En clair, le philosophe vient apprendre aux prisonniers, tout en bas, à prendre de la hauteur.

    Les partisans d’une égalité parmi les hommes, c’est-à-dire les démocrates, renversent l’analogie d’une ascension intellectuelle vers le haut, même lorsqu’ils parlent aujourd’hui d’« ascenseur social » pour tous ; ils utilisent plutôt la katalogie d’un discours qui abaisse tous les hommes au même niveau. Un ascenseur ne se contente pas de monter, il descend également pour satisfaire tous les usagers. Ce même mot, cette fois en français, le catalogue,est une liste complète de tous les objets qui sont mis sur le même plan, quels que soient leur diversité et leur prix. Une conception aristocratique de l’existence utilise alors toutes les ressources de l’analogie, parce qu’elle implique une hiérarchie de niveaux, alors qu’une conception démocratique inverse l’analogie en une katalogie, parce qu’elle recherche une suppression des hiérarchies au profit d’une égalité des conditions.

    Voyons-le, non pas chez Platon, sans doute l’antidémocrate le plus radical, tant dans le mythe de la caverne que dans le livre VIII de La République, mais chez Shakespeare dans la tragédie Troïlus et Cressida. L’action se passe pendant la guerre de Troie. C’est Ulysse, un héros mythique de Maurras, qui s’adresse aux Grecs pour justifier l’ordre de la cité qui reproduit l’ordre du monde :

    « Les cieux mêmes, les planètes et ce centre où nous sommes [la Terre]

    Observent avec le rang, la place, et le degré,

    Position, direction, saison, mesure et forme,

    Coutumes et fonctions, en tout ordre donné » (I, 3, v. 85-88).

    Shakespeare reprend ici la thèse aristocratique qui domine la pensée grecque, chez les poètes épiques, les poètes lyriques ou les poètes tragiques, et chez les philosophes. La formule la plus nette se trouve chez Homère, quand il fait dire par Hippoloque à son fils Glaucos dans l’Iliade (Chant VI, vers 208) : « il faut être partout le meilleur (aristeuein) et surpasser tous les autres ». Le « vrai Shakespeare », comme l’écrit Maurras dans La Musique intérieure, est peut-être celui des « fééries » parce que les contes, comme les mythes, ont une structure analogique et hiérarchique : il n’y a pas d’égalité entre les bonnes fées et les mauvaises fées, entre les ogres et les hommes, entre Blanche Neige et les sept nains, entre le Chaperon rouge et le loup, etc.

    Maurras reconnaît sa dette envers Shakespeare et Homère, mais surtout envers Edgar Poe, quand il écrit, dans Entre Bainville et Baudelaire : « Il a fallu que [l’idée de hiérarchie] leur revînt d’Amérique [les peuples européens], dans la belle prose de son traducteur parisien, et telle que Poe l’avait recueillie, déjà presque telle quelle, dans le Troïlus et Cressida de Shakespeare, telle que Shakespeare l’avait tirée de ce beau chant de l’Iliade où Homère montre son cher Ulysse argumentant à coups de bâton sur l’échine d'un anarcho-démocrate, le nommé Thersite, ennemi des peuples et des rois ». Maurras nomme alors l’idée de hiérarchie une « chaîne sacrée » qui a été rétablie au XIXe siècle par Baudelaire et Poe après avoir été défaite par la démocratie moderne.

    Voyons donc Poe, dans la traduction de Baudelaire. Les références à Poe et à ses Histoires extraordinaires qui jouent toutes, selon le mot de l’auteur dans La Lettre volée, sur « le monde matériel [qui] est plein d’analogies exactes avec l’immatériel », sont nombreuses chez Maurras. Entre Bainville et Baudelaire, déjà cité, fait allusion à deux nouvelles de Poe, Colloque entre Monos et Una et Mellonta Tauta. C’est surtout dans la nouvelle du Chemin du Paradis, « Les Serviteurs », que Maurras, en 1891, préconise pour la première fois d’instaurer la société sur une hiérarchie qui fait explicitement appel à Poe. « S’il me fallait invoquer ici d’autres modèles que ceux que j’ai reçus de mes maîtres français ou grecs et latins, je me référerais à ces lignes si belles de l’auteur du Colloque entre Monos et Una ». Et Maurras de citer alors Poe dans la traduction de Baudelaire : « En dépit de la voix haute et salutaire des lois de gradation qui pénètrent si vivement toutes choses sur la Terre et dans le Ciel, des efforts insensés furent faits pour établir une Démocratie universelle… » J’ajoute le passage précédent que Maurras n’a pas repris et qui renforce l’idée d’analogie et la hiérarchie qu’elle commande : « Entre autres idées bizarres, celle de l’égalité universelle avait gagné du terrain ; et à la face de l’Analogie et de Dieu, en dépit de la voix haute et salutaire, etc. »  

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    Tombeau d'Edgar Poe

     

    Cette citation a souvent été reprise par Maurras. Dans ses Trois Idées politiques, consacré à Chateaubriand, Michelet et Sainte-Beuve, l’épigraphe de tout l’ouvrage est cette même phrase d’Edgar Poe sur « les lois de gradation » opposées à la « Démocratie universelle ». De nouveau, la déclaration de Monos à Una se trouve en épigraphe de la deuxième partie sur « Michelet ou la démocratie » pour dénoncer l’illusion de cette forme de gouvernement. Il est à noter que les deux personnages de Poe, Monos et Una, l’homme et la femme, parlent d’entre les morts comme si la « démocratie universelle », dont parle l’auteur, les avait conduits au trépas comme elle détruira la civilisation. L’homo democraticus, qu’Edgar Poe découvre avec stupeur en 1841 aux États-Unis avec ce Colloque entre Monos et Una, mais aussi L’Homme des foules, un peu après Tocqueville qui publie De la démocratie en Amérique en 1835 et 1840, est l’homme qui impose une démocratisation des conditions en tous domaines et refuse la hiérarchie naturelle des êtres.

    Albert Thibaudet avait déjà noté l’influence d’Edgar Poe dans Les Idées de Charles Maurras en 1920. Maurras cite encore Poe dans L’Observateur français, en mai 1891, à propos d’André Walter, le double d’André Gide, en le rapprochant de Dante et de Baudelaire. Dans « De la volonté politique pure », où l’on trouve les deux remarques : « La démocratie accourt, les yeux bandés, au cimetière. Mais elle y mène, et c’est moins gai », Maurras renchérit encore, avec l’aide de Poe, sur la critique de la démocratie. De cette dernière, il écrit ceci : « Nos aïeux, même les moins sages, ne s’étaient rien figuré de tel. Nos neveux, s’ils en réchappent, n’y voudront pas croire. C’était déjà l’avis d’Edgar Poe, il y a cent ans, lorsqu’il écrivait l’admirable “ Parabole des chiens de prairie ” ».

    Cette parabole se trouve dans la nouvelle Mellonta tauta, c’est-à-dire « Des choses dans l’avenir ». Je cite le passage sur la démocratie de Poe que Maurras reprend presque entièrement. Le narrateur parle d’un homme qu’il a rencontré récemment :

    « Il a passé toute la journée à essayer de me convaincre que les anciens Américains se gouvernaient eux-mêmes ! - a-t-on jamais entendu pareille absurdité – qu’ils vivaient en une sorte de confédération du chacun pour soi, à la manière de ces “chiens de prairie” dont la fable nous parle. Ils disaient qu’ils partaient de l’idée la plus bizarre qui se puisse imaginer, à savoir que tous les hommes sont nés libres et égaux ” ; et ce, en dépitdes lois de la gradation qui marque si visiblement toutes choses dans l’univers moral comme dans l’univers physique ».

    On retrouve, chez Poe comme chez Maurras, le même enseignement que dans le Colloque entre Monos et Una. Maurras parle d’une admirable parabole dont il ne donne pas la fin chez Poe. Car le poète américain termine son texte en montrant qu’un américain, nommé Mob, la « Plèbe » ou la « Canaille », prit le pouvoir démocratique et instaura un despotisme qui finit par le tuer. Et Poe de commenter, ce que ne fait pas Maurras : « Il ne faut jamais aller complètement à rebours des analogies naturelles », comme le montre « le cas des “chiens de prairie”, exception qui semble prouver que la démocratie est une très admirable forme de gouvernement pour les chiens ».

    Maurras a continué par la suite à se référer à Poe, et, à travers lui, à la tradition aristocratique de l’analogie entre le monde matériel et le monde spirituel, ou entre la réalité physique et la transcendance métaphysique. Dans le recueil d’articles de 1919 Les trois aspects du président Wilson, il revient une nouvelle fois sur la gradation de Poe et cite le même passage : « Un grand Américain dont la leçon est à la base d’un grand nombre de nos études disait : “En dépit de la voix haute et salutaire des lois de gradation qui pénètrent si vivement toute chose sur la terre et dans le ciel, des efforts insensés furent faits pour établir une démocratie universelle”. Le génie d’Edgar Poe donnait à ces paroles un accent de commisération et de plainte qui ne s’éteindra qu'avec les suprêmes résonances de l’esprit humain. » (10 avril 1917). Quelques mois plus tard, le 5 septembre 1917, on lit ces lignes dans le même ouvrage : « Une telle démocratie selon le cœur de Platon, d’Aristote et de ce prodigieux aristocrate virginien Edgar Poe, est certainement conciliable avec tous les régimes qui sont, qui furent ou qui seront en vigueur dans notre Europe entre l’an 1200 et l'an 2000 ».

    À la fin de sa vie, alors que Charles Maurras est hospitalisé à l’Hôtel-Dieu de Troyes, il répond le 20 août 1951 par une longue lettre au professeur Jean F. David, de l’université de Washington, qui l’avait interviewé sur les lettres françaises. Voici ce texte qui condense toutes les idées métaphysiques et politiques de Maurras sur l’analogie qui gouverne le monde et les hommes :

    « Pour sortir du chaos moral, il faut rétablir l’ordre moral ; à plus forte raison, sans l’intelligence, ne peut-on débrouiller le chaos social. Ni la bonne volonté ne suffit, ni les bons sentiments ; il est un ordre supérieur qu’il faut connaître et observer si l’on veut penser et agir. C’est l’ordre dont parle votre Edgar Poe dans le Colloque entre Monos et Una : “en dépit de la voix haute et salutaire de lois de gradation qui pénètrent si vivement toute chose sur la terre et dans le ciel, des efforts insensés furent faits pour établir une démocratie universelle”

    Stéphane Giocanti avait donc raison, dans sa biographie, de qualifier Edgar Poe de « maître américain de Maurras » [1]. L’auteur du Colloque entre Monos et Una, les bien nommés puisqu’ils illustrent l’unité de l’homme et du monde soumis à la loi de gradation continue des choses et des êtres, restait fidèle à une tradition aristocratique dont le premier modèle, avant Shakespeare et Baudelaire, furent les penseurs grecs.

     

    Jean-François Mattéi



    [1] S. Giocanti, Charles Maurras, le Chaos et l’Ordre, Paris, Flammarion, 2006, p. 197

  • Menaces djihadistes et enjeux stratégiques pour la sécurité de l’Europe, l'analyse de Bernard Lugan

    46878456-jpeg_preview_large.jpgLe Cercle Afl Okkat a reçu l’africaniste Bernard Lugan à Strasbourg. Il est intervenu sur le thème : « La bande sahélo-saharienne, un enjeu stratégique pour la sécurité de l’Europe ». TV Libertés a interrogé Bernard Lugan après sa conférence. On écoutera cet entretien avec intérêt. 

     

     Cliquer sur l'icône rectangle pour agrandir (Bas d'écran, à droite)

     

  • De la relativité... des prévisions

     

    La relativité des prévisions, c'est sans-doute ce que nous rappelle de plus clair le scrutin d'hier. Personne n'est aussi défait, personne n'est aussi victorieux qu'on ne l'avait cru et le parti dont on nous dit qu'il l'a été - plus ou moins - n'est pas celui qui était prévu... Décidément, le suffrage universel reste plus conservateur que révolutionnaire.

    Suivant les apparences et suivant les commentaires, le premier tour de ces élections départementales ne serait pas tout à fait, pour le parti au pouvoir, la bérézina qui était annoncée. A l'opposé, la vague F.N. n'a pas eu l'ampleur que les instituts de sondage avaient pronostiquée. Complaisamment ? Par tactique ? Gilbert Collard le donnait à entendre, hier soir, sur les plateaux de télévision, rappelant que, jusqu'à présent, la tendance des sondages avait toujours été, plutôt, de sous-évaluer les scores annoncés pour le Front National... La tactique inverse a peut-être eu son effet ...

    Il sera temps, pour les partis, de dresser dans les jours qui viennent - en fait, au soir du second tour - l'état de leurs pertes ou de leur gains. En sièges, en présidences et ... en ressources financières, ce qui n'est pas le moindre de leurs soucis et sera, en tout cas, l'objet de tous leurs calculs. Domaine, d'ailleurs, où dans l'affaire la gauche sera seule lourdement perdante. 

    Il reste que le P.S. ne représente pas 20% des votants et que, dans sa totalité, toutes tendances confondues - confondues mais en guerre ! - la gauche totalise péniblement 37% des voix.  Suivant le vote d'hier, elle ne représenterait guère plus qu'un tiers des Français.

    Quelle que soit la réalité des partis et la vérité des hommes politiques, sur lesquels personne ne se fait plus beaucoup d'illusions, la France est aujourd'hui à droite, et comme le répand Houellebecq, clairement à droite. 

    Peut-être parce qu'il se considère, si l'on nous passe l'expression, comme un peu retiré des affaires, Jean-Marie Le Pen, impayable et souverain, a pris les résultats d'hier soir avec une admirable philosophie. Il a constaté pour commencer que « Le Front National n'est pas le premier parti de France » et a ajouté pour finir, à la façon du patriarche dont le regard porte au loin : « Nous préparons l'arrière-petit-fils pour 2037 ».

    Mais là, nous sortons de l'esprit et du temps démocratiques. Et ce n'était vraiment pas la philosophie du scrutin d'hier.  Lafautearousseau  •

     

  • Fondamentalisme républicain, par François Marcilhac

     
    arton7720.jpgLes superstitieux sont dans la société ce que les poltrons sont dans une armée : ils ont et donnent des terreurs paniques », a écrit Voltaire dans son Dictionnaire philosophique. La panique n’est pas seulement mauvaise conseillère. Elle révèle aussi la nature profonde de ceux qui sont emportés par elle, ou font mine de l’être, et qui, de ce fait, la sèment.
     

    Quand c’est un chef, ou un sous-chef, qui tente de jeter ce mauvais vent, non pas dans les rangs de l’ennemi mais dans ses propres rangs, son indignité est proportionnelle à ses responsabilités — même et surtout s’il le fait par calcul, car ce calcul est méprisable.

    Manuel Valls aurait « peur ». Il aurait peur que la France ne se « fracasse » sur le Front National, quand elle se fracasse surtout sur la politique du gouvernement. Alors que les sondages virent de nouveau au rouge, ou plutôt au bleu marine — l’ « esprit du 11-janvier » semble bien oublié ! —, c’est, de la part du premier ministre, avant tout un terrible aveu d’échec, car, qu’il soit sincère ou qu’il surjoue son « angoisse », il avoue ainsi la défaite de l’actuel pays légal, gauche et droite parlementaires confondues, à répondre aux inquiétudes des Français. Mais c’est aussi un terrible aveu de cynisme : lui, qui, comme ministre de l’intérieur, avait réussi à s’attirer la sympathie des électeurs de l’UMP plus encore que des socialistes en campant un Clemenceau de sous-préfecture, voilà que, devenu premier ministre, et aspirant ouvertement à la fonction suprême, il révèle son incapacité à prendre de la hauteur et tente de détourner par l’invention d’une menace imaginaire — la résurrection de la Bête immonde — l’attention des Français de la triple augmentation du chômage, de l’insécurité et de l’immigration. On dira qu’il assume parfaitement son rôle de garde du corps présidentiel, dévolu traditionnellement, sous la Ve république, au premier ministre ? Peut-être. Mais l’essentiel n’est pas là. Son objectif est de susciter dans la société ce qu’il dit craindre pour elle, à savoir cet esprit de division, voire de guerre civile, consistant à opposer les Français les uns aux autres en allant jusqu’à dénier à certains d’entre eux la qualité de bons Français. Car ce serait un contresens de conclure, du fait qu’il n’arrive manifestement plus à maîtriser ses nerfs, qu’il dérape, lorsqu’il revendique la stigmatisation du Front national et s’emporte, devant les caméras, à l’Assemblée nationale de manière obsessionnelle contre Marion Maréchal-Le Pen ou disproportionnée contre le député UMP Darmanin critiquant la politique pénale de Mme Taubira. Cette agressivité verbale est bien celle d’un de ces « superstitieux » dont parle Voltaire, mais d’un superstitieux calculateur.

    Superstitieux de la république, Manuel Valls l’est à tout coup, avec tout ce qu’entraîne la superstition : sanctification de ce qu’on adore — la république —, déni de réalité, diabolisation et exclusion de l’adversaire, déformation et censure des idées — Zemmour fait partie des « soi-disant intellectuels » qui « ne méritent pas qu’on les lise » —, enfermement dans un discours incantatoire — « les valeurs de la république » — qui finit par tourner en rond et surtout par justifier le contraire de ce qu’il prétend défendre. Ainsi Manuel Valls n’a pas condamné les propos de Mme Taubira qui, dépitée d’être passée du statut d’icône ambulante à celui de simple « tract ambulant », qui plus est pour le FN, a agoni d’injures personnelles le député Darmanin et traité ses critiques de « déchets de la pensée humaine », ce qui en dit long sur l’instrumentalisation, par le garde des sceaux , des imbécillités racistes dont elle a pu faire l’objet : l’objectif est d’interdire a priori toute mise en cause de sa politique en usant des mêmes procédés abjects — la déshumanisation — dont elle dénonce l’usage à son encontre. Mais pourquoi Manuel Valls aurait-il repris son ministre de la justice, puisque l’exclusion, voire la déshumanisation, de celui qu’on désigne comme « l’adversaire principal », en l’occurrence « l’extrême droite », fait partie de l’idéologie de la gauche ?

    Car l’ « extrême droite » n’est pas seulement « l’adversaire principal » « de la gauche mais du pays » — c’est la rhétorique de l’ennemi intérieur contre lequel, à terme, tout sera permis. Si, en effet, « l’extrême droite ne mérite pas la France » ou si « le Front national n’aime pas la France », ses électeurs s’excluent d’eux-mêmes de la communauté nationale. Déjà, avant 1789, l’abbé Sieyès, dans Qu’est-ce que le Tiers-Etat ?, retranche de la communauté nationale les aristocrates et les membres du clergé, les désignant d’avance au massacre, et avec eux, de manière tout aussi effroyable et en bien plus grand nombre encore, ceux du peuple qui « ont trahi » le Tiers-Etat en se soulevant contre la révolution et se voient aussitôt traiter, en paroles et en actes, comme des bêtes sauvages. Oui, Manuel Valls, fondamentaliste républicain héritier fidèle des « grands ancêtres », cherche à exercer, à l’encontre de ces mauvais Français que ce bonhomme de François Hollande veut « arracher » à leurs mauvaises tentations, cette terreur, pour l’instant morale, en les « stigmatisant » — il a employé le mot —, c’est-à-dire en les désignant à la vindicte de leurs compatriotes. Il va jusqu’à singer Saint-Just désignant les traîtres de son camp : Michel Onfray a ainsi fait les frais de la dénonciation matignonesque. Ce qui a valu à notre imprudent imprécateur, de la part du philosophe hédoniste, d’être qualifié de « crétin » : n’est pas Saint-Just qui veut...

    Un superstitieux de la république, donc, mais un superstitieux calculateur. Car Valls cherche bien sûr dans l’immédiat à atténuer la déroute annoncée du parti socialiste aux départementales, puis aux régionales en décembre : désigner l’ennemi de la république pour resserrer les rangs ne peut pas faire de mal. Mais il prépare surtout les esprits des Français pour 2017, en cas, probable, de présence de Marine Le Pen au second tour de la présidentielle. Car il préjuge — sans trop croire certainement à une victoire de la présidente du FN —, que l’affaire sera autrement sérieuse qu’en 2002. Et qu’il faudra peut-être, entre les deux tours, employer des moyens plus vigoureux que des défilés de potaches conduits par leurs professeurs comme au plus beau temps des démocraties populaires ou des media prenant directement leurs ordres place Beauvau. Il compte rester jusqu’en 2017 à Matignon, même en cas de cuisante défaite électorale en mars et en décembre, en féal premier ministre prenant tous les coups à la place de son suzerain, et fait dire qu’il n’envisage de toute façon pas l’Elysée avant 2022. A moins qu’il ne faille se dévouer en 2017 face à l’éventualité, réelle ou supposée, de graves événements ? On y aura en tout cas préparé les esprits en ayant durant deux ans « stigmatisé », c’est-à-dire désigné aux bons Français, comme ennemis, ceux de leurs compatriotes « qui ne méritent pas la France ».  • 

    L’Action française 2000 (N°2905)

  • La Semaine de MAGISTRO, une tribune d'information civique et politique

    1584417371_2.jpgQuoi que disent les appareils, les hommes et leurs discours dits de droite, dits de gauche ou d'ailleurs, ... partageons les fondamentaux !

    MAGISTRO vous invite à lire :

    Eric MENSION RIGAU  Professeur d’histoire contemporaine à la  Sorbonne (université Paris IV)    La France s’est réconciliée avec sa noblesse 
    Philippe BILGER   Magistrat honoraire, président de l'Institut de la parole  Je ne veux pas dire comment je ne veux pas mourir !
    Christine SOURGINS    Historienne de l'art, essayiste     Vandalismes  culturels...
    Ivan RIOUFOL  Journaliste politique  
         Le FN, symptôme de l'échec du système
         La peur, arme de l’islam radical en France
    Jacques BICHOT  Economiste, Professeur émérite à l'Université Lyon 3   Vraies réformes : le temps presse !
    Eric DENECE   Directeur du Centre Français de Recherche sur le Renseignement (CF2R)    Poursuivre la réforme du renseignement intérieur  
    Jean-Paul PANCRACIO   Professeur émérite des universités   Laïcité et université, une relation spéciale
    Françoise THIBAUT   Essayiste, historienne, Professeur des Universités   Mythes et notions
    Gérard-François DUMONT  Géographe, Professeur d'université à la Sorbonne  Tempête politique sur l’islam en Autriche
    Henri HUDE     Philosophe      Résistance à la soumission
    Jean-Luc BASLE   Economiste   Le Venezuela déclaré "menace sécuritaire nationale" par Barack Obama
    Paul RIGNAC   Ecrivain, essayiste   9 mars 1945 : la fin de l’Indochine française                                                

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