Zemmour héros et martyr ?, par Christian Vanneste.
On peut aimer ou non ce que dit Eric Zemmour. On peut le trouver courageux, voire génial, lorsqu’il s’évade allègrement du “politiquement correct” et exprime enfin ce que de nombreux Français souhaitent entendre. On peut admirer ses connaissances historiques et littéraires. Mais on peut aussi le trouver plus léger sur certains sujets, approximatif sur les chiffres. On peut enfin détester sa pensée.
En revanche, le fait que tout soit mis en oeuvre pour le faire taire est un signal inquiétant pour notre pays, le signe d’une dérive qui éloigne la France de la démocratie, et plus encore de l’esprit français qui a précédé la démocratie. Depuis bien longtemps, la liberté d’expression, le cheval de bataille de Voltaire, est assassinée en France. Au XVIIIe siècle c’était le combat de la liberté contre un certain ordre. Cette fois, on tue la liberté pour préserver le désordre, pour assurer le triomphe de notre décadence. Et les victimes de cette “terreur” intellectuelle et morale sont paradoxalement les conservateurs, ceux qui, comme la majorité des Français, souhaitent que la France demeure la France, sauvegarde sa culture et la transmette, assimile les étrangers qui viennent en France parce qu’ils l’aiment et désirent devenir français. Eric Zemmour est devenu le héros et le martyr de ce processus qui fait honte à notre pays.
L’extension regrettable des limites apportées à l’expression par les additions à la loi sur la liberté de la presse, ou par d’autres textes, dits “mémoriels”, comme la loi Taubira sur l’esclavage, a permis d’enfermer le débat politique dans le risque pénal. La possibilité pour des associations militantes de jouer les commissaires politiques, de poursuivre les dissidents devant les tribunaux et d’obtenir leur condamnation grâce à la complaisance, voire à la connivence, de magistrats marqués idéologiquement ou soucieux d’obéir par carriérisme, a totalement déséquilibré l’échange des opinions. Les pires stupidités sur l’islam, religion d’amour et de paix, sur le racisme systémique français ou sur les “genres” comme vérités des sexes, ont permis à l’ignorance d’interdire la réflexion en accusant celle-ci de “phobie”, islamophobie, homophobie etc, c’est-à-dire de maladie mentale. L’URSS ne faisait pas autre chose à l’encontre de ses dissidents. Dieu merci, pour une fois, la CEDH veille puisque sa jurisprudence a établi que le débat démocratique pouvait justifier de dire des choses désagréables dès lors qu’il ne s’agit ni d’injures ni de diffamations. Néanmoins, les procès font mauvais effet, la pression s’accentue sur les médias, les annonceurs qui les nourrissent sont menacés, et se montrent lâches. Les possibilités pour un dissident de s’exprimer peuvent aussi être réduites par la loi du marché. Le déséquilibre de l’information est tel que le large public du “marais” ne perçoit pas que le conformisme qui l’amène à bêler avec les moutons, provient de la censure qui a été exercée en amont sur d’autres opinions, étayées, auxquelles il adhérerait s’il en avait connaissance.
Eric Zemmour a résisté aux vagues inquisitoriales. Il a survécu à des salves judiciaires, et il a même joué du boomerang. Assénant certaines vérités à la limite de la provocation, il a gagné la bataille de la couverture médiatique : ses formules volontairement généralisatrices étaient des constats de faits réels dont le grossissement se voulait pédagogique. Elles ont fait mouche, et lorsque C’News lui a offert le remarquable plateau de “Face à l’info”, animé par l’excellente Christine Kelly, il a fait un tabac. C’était une leçon pour Ruquier et France 2 de “on n’est pas couché” ou pour Yves Calvi sur RTL. Les invités lénifiants du second, comme Domenach ou Duhamel, n’ont évidemment pas le style brillant et iconoclaste de l’auteur du “Suicide Français”. Quant à Laurent Ruquier, le ton rigolard sous lequel il dissimule mal un esprit militant pour tout ce qui divise et affaiblit notre pays, mérite une mise au point sévère : c’est sur un média public financé par nos impôts qu’il distille ses idées et ses préférences. Un “animatueur” ne joue pas dans la même cour qu’un grand journaliste doublé d’un écrivain. De quel droit déclare-t-il avoir “donné” la parole à Eric Zemmour et le regretter aujourd’hui, alors qu’il lui a retiré selon son bon plaisir ? Être un véhicule de la pensée dominante, celle de l’oligarchie décadente majoritaire dans les médias, ne confère aucune légitimité dans une véritable démocratie. L’émission de France 2, du “service public” donc, “On est en direct” qui a été diffusée dans la nuit du 11 au 12 Septembre, a été un aveu : Léa Salamé et Laurent Ruquier se sont érigés en juges, cherchant systématiquement à piéger Zemmour dans ses propos systématiquement déformés, coupant ses réponses, et tentant même de parler davantage que leur invité. Il y avait bien de la haine, mais elle était du côté des invitants, beaucoup plus accueillants pour d’autres invités. Récemment Zemmour avait gagné un procès en appel. Il a tenu bon face aux deux harpies. Mais c’est alors que le CSA, une autorité administrative fort peu indépendante, est venue porter l’estocade : Zemmour qui n’est pour l’instant ni élu ni candidat fait de la politique et il faut décompter son temps de parole. Le coup a atteint sa cible : C’News doit renoncer à Zemmour ! Comme si les Salamé, les Ruquier, les Duhamel, les Domenach, les Calvi, les Apathie, les Fogiel etc… ne faisaient pas de la politique, une politique qui explique ce qu’ils disent et pourquoi ils sont là.
On peut être d’accord ou non avec Zemmour, on peut souhaiter ou non qu’il soit candidat à la Présidence de la République : on n’a pas le droit de le faire taire !
Source : https://www.christianvanneste.fr/
Commentaires
Je suis bien d'accord avec ce article de Christian Vaneste. Ceux qui prétendent faire taire Zemmour en lui coupant le micro plutôt que de le laisser débattre librement et publiquement avec qui bon lui semble ou qui le désire et s'en sent la capacité, sont des personnes finalement intellectuellement inférieures à lui et qui en ont peur. Elles dévoilent ainsi leur lâcheté et au surplus la face sombre immonde de leurs procédés indignes dans une civilisation de liberté de penser et de parole comme la nôtre.