Passe sanitaire, avortement sélectif, vague migratoire afghane : le grand silence féministe, par Gabrielle Cluzel.
Mais où sont donc passées les féministes institutionnelles ? Toujours sur la plage, mesdemoiselles ?
Pourtant, en cette fin d’été, il y a du pain sur la planche.
Il y a ces troubles menstruels dont se plaignent un nombre non négligeable de femmes vaccinées. Même si l’Agence nationale de sécurité du médicament, qui a analysé 310 cas, a affirmé ne pas avoir pu établir de lien avec la vaccination, l’Agence européenne du médicament demande des données supplémentaires aux laboratoires. Il ne devrait pas en falloir plus pour convaincre quelques lanceuses d’alerte de relayer les réticences des jeunes femmes – infirmières, médecins, policières, serveuses… – quant au vaccin. Aucune personnalité, dans les médias, pour faire valoir la légitimité de leur doute eu égard au précédent proprement féminin Distilbène™ ? Le principe de précaution aurait-il disparu de la circulation ?
Il y a bien, ici et là, sur les réseaux sociaux, quelques féministes radicales – comme « Camille et Justine », 87.600 abonnés Instagram – pour se faire l’écho de cette omerta (« Chaque personne qui voit son cycle perturbé depuis l’injection panique tranquillement dans son coin »), mais aucune Caroline De Haas ou Marlène Schiappa pour porter médiatiquement le sujet.
Car la féministe est avec le dogme dominant comme la femme soumise avec le mâle du même nom : collée, dépendante, silencieuse.
De la même façon, vous ne les entendrez pas faire de publicité à l’étude publiée, le 2 août dernier, dans la revue BMJ Global Health, estimant à 4,7 millions de femmes le déficit dont serait responsable l’avortement sélectif pour les dix prochaines années : « Pratiqué depuis les années 1970 dans plusieurs pays de l’Europe du Sud et en Asie, comme en Chine ou en Inde » et arrivant désormais sous nos latitudes à la faveur de l’immigration, ce déficit de femmes pourrait avoir des « répercussions durables ». À quoi bon imposer la parité dans les conseils de surveillance du CAC 40 si on ne la maintient pas là où elle existait jadis naturellement, entendez à la naissance ? Mais on ne touche pas à la sacro-sainte IVG. Suggérer de réduire le délai légal plutôt que l’allonger afin d’éviter que soit clairement identifié le sexe du bébé serait déjà un crime de lèse-majesté. Puis ce sujet est glissant : il peut jeter l’opprobre sur d’autres que les Occidentaux qui, seuls, doivent comparaître, comme on sait, au banc des accusés. Donc, elles se taisent. Intellectuellement cloîtrées derrière leur moucharabieh.
Ultime sujet l’Afghanistan. Là, attention ! Les féministes se sont réveillées.
Car cette fois, la condition féminine est un bon marchepied pour les sans-frontiéristes patentés. Sous le hashtag « sororité sans frontière », de Cécile Duflot à Sandrine Rousseau en passant par les caciques d’Osez le féminisme !, on a manifesté, signé des tribunes pour réclamer au chef de l’État « un droit d’asile inconditionnel des femmes afghanes et leurs proches » (sic). Mais comment circonscrire la proximité ? Frères, maris, pères, cousins, voisins, tant qu’on y est… les persécutées avec les persécuteurs, histoire de reconstituer en France l’Afghanistan tout entier et, ainsi, importer son exotique mais moyennement romantique conception des relations hommes-femmes, quelle merveilleuse idée.
Car les talibans ont bon dos. En 2011, selon un sondage du Pew Research Center, 99 % des Afghans disaient soutenir la charia et 85 % la lapidation en cas d’adultère… Et comme l’écrivait, en 2015, un journaliste afghan sur le site de France 24, évoquant la récente lapidation d’une femme dans la région de Ghalmin : « [Les] violences ne sont pas limitées aux zones contrôlées par les talibans, mais ont aussi cours dans des régions totalement contrôlées par le gouvernement […]. Des châtiments ont d’ailleurs eu lieu en présence de responsables locaux ou de la police. »
En plus d’être soumises, nos féministes croient aux conte de fées, avec ses gentils très beaux et ses méchants très vilains. Cliché féminin, quand tu nous tiens.