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Afghanistan: la fin d'une illusion, par Mathieu Bock-Côté.

Photo AFP
Le porte-parole des talibans, Zabihullah Mujahid.
 

Les images sont choquantes, le monde est terrifié : les talibans viennent de reprendre le contrôle de Kaboul et par là, de l’Afghanistan. 

La guerre engagée dans les suites du 11 septembre 2001 se termine par un fiasco, au moment de commémorer ces attentats qui ont changé le visage de la planète. Le symbole est très fort. Les États-Unis sont humiliés, et le monde occidental l’est aussi.

5.jpgOn peut déjà en tirer une leçon : les interventions occidentales qui prétendent imposer et construire la démocratie dans des pays n’ayant rien à voir avec l’histoire et la réalité de notre civilisation sont vouées à l’échec.

 

 
Écoutez Les idées mènent le monde, une série balado qui cherche a éclairer, à travers le travail des intellectuels, les grands enjeux de sociétés.

 

Illusion

Lorsqu’elle s’impose de haut, sans s’enraciner dans un contexte, un espace national et un bagage civilisationnel, elle peut disloquer un pays qui aurait besoin d’un autre régime pour se consolider et éviter les guerres en chaîne.  

On le savait déjà depuis la guerre d’Irak en 2003. On a eu l’occasion de le confirmer en 2011 à la suite de l’intervention en Libye. Mais l’Afghanistan représentait l’ultime expression de cette illusion, de ce fantasme. 

Cela ne voulait pas dire qu’il ne fallait pas intervenir en Afghanistan, mais il fallait le faire pour des raisons stratégiques précises, pour une brève durée, sans se faire croire qu’on allait implanter dans ce pays les codes et les références de la civilisation occidentale. Les pays occidentaux s’étaient enlisés dans ce pays archaïque et tribal.

C’est une certaine idée de l’imperium américain, remontant à la Première Guerre mondiale et à Woodrow Wilson, qui se décompose sous nos yeux. 

La superpuissance qui se croyait toujours engagée dans une croisade démocratique mondiale se voit encore une fois défaite. Elle s’enfonce dans l’humiliation en réclamant désormais un talibanisme inclusif !

L’humanité n’est pas une pâte à modeler. Elle est plurielle, diverse et conflictuelle. Les peuples ne sont pas faits pour vivre sous une seule souveraineté. Certaines différences culturelles sont insurmontables. Résumons-le simplement : l’Occident n’a pas vocation à s’installer en terre d’islam, et l’islam n’a pas vocation à s’implanter en Occident.

Plusieurs Afghans veulent fuir le nouveau régime. On les comprend. Le talibanisme est totalitaire.

Il nous faut pourtant résister à la tentation de voir là une réédition des boat people. Avec raison, Emmanuel Macron a appelé les Européens à la plus grande prudence devant la vague migratoire à venir. 

Talibans

S’il est naturel de sauver ceux qui ont participé à l’effort de guerre, on ne saurait étendre au-delà cette politique d’accueil. 

Nos sociétés voient déjà le fantasme de la diversité heureuse virer à la catastrophe et les Afghans qui fuient le régime taliban, quoi qu’en dise une certaine propagande sentimentale, ne sont pas pour autant des Occidentaux comme d’autres, à la recherche d’une nouvelle maison où vivre leurs droits démocratiques. Ils arriveraient avec un bagage culturel radicalement incompatible avec le nôtre.

Le droit d’asile n’a pas à se transformer en absolu en se retournant contre les sociétés qui le reconnaissent. Il suffit de se rappeler la vague syrienne de 2015 pour s’en convaincre.

Source : https://www.journaldemontreal.com/

 

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