À Chartres, le zoo-refuge entre en résistance au passe sanitaire, il est menacé de fermeture, par Iris Bridier.
À Chartres, le zoo-refuge de la Tanière accueille des animaux chahutés, maltraités ou déracinés qui ont servi de trafic, de divertissement ou d’objets d’expérimentation en laboratoire. Ils arrivent souvent en piteux état.
La philosophie de ce parc est unique : ce ne sont pas des espèces que vous y rencontrez mais bien des animaux identifiés par leur nom. Après une période très réglementée de quarantaine, d’observation et de soins, ils peuvent enfin couler des jours heureux dans un environnement où tout a été pensé pour eux. Abriter, réparer et replacer, tel est le triptyque de la Tanière fondée par Patrick et Francine Violas.
Las, le refuge dont l’ouverture avait déjà été reportée à cause du confinement est en proie à une nouvelle épreuve. Le 21 juillet, il perd 70 % de fréquentation en raison du passe sanitaire. Le 23, il fait installer des tests antigéniques à l’entrée du parc. « Il s’avère que ça ne change rien, les gens ne viennent pas parce qu’ils ne veulent pas de ce test », déplore Patrick Violas. Alors, il annonce dans une vidéo publiée sur les réseaux que l’entrée au zoo sera possible sans le passe. « On se met hors règle, en résistance. » Et là, le public revient nombreux tout en portant le masque même en extérieur.
Des rencontres ont lieu avec la préfecture de Chartres pour essayer de trouver un accord. Néanmoins, lundi dernier, celle-ci annonce dans un communiqué : « À l’issue d’une période de tolérance d’une semaine […] et malgré les échanges continus avec l’exploitant du zoo-refuge, Françoise Souliman, préfet d’Eure-et-Loir, ne peut que constater son refus répété de se mettre en conformité. » Le parc est ainsi mis en demeure de faire respecter l’obligation du passe dans un délai de 48 heures avant une fermeture administrative. « Je regrette la situation dans laquelle s’est placée l’exploitant du zoo-refuge la Tanière : en se plaçant en dehors du droit et en appelant à la désobéissance civile, il nuit à l’avenir de son entreprise et à la cause qu’il défend, le bien-être des animaux qu’il recueille. »
De son côté, Patrick Violas a lancé une pétition et implore le bon sens en demandant une jauge à 30 ou 40 m2 par personne, sachant que son parc fait 14 hectares (elle est de 8 m2 en intérieur). « Si on donne cette jauge, cela sauve des dizaines et des centaines de parcs, cela sauve la saison de plein de gens, cela sauve des millions d’euros que l’État n’aura pas à payer, cela sauve des emplois. » Le directeur, très en colère, dénonce le fait que les parcs ont été « pris en otage pour obliger les gens à se faire vacciner ». À France 3 Centre-Val de Loire, il déclare sa déception : « Parce qu’on était resté sur le fait qu’on devait se reparler pour voir quelle solution on trouverait. Nous fermer, ça revient à nous tuer. Pour rouvrir après, il faut refaire toute une démarche administrative de folie. »
La préfecture déclare que « conformément au principe d’égalité, l’établissement La Tanière pas plus qu’un autre ne saurait être privilégié ». En attendant, chacun campe sur sa décision…
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