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Adama Traoré : nouvelle affaire Dreyfus. Carrément !, par Arnaud Florac.

Les faits, rien que les faits, comme on dit dans les séries policières. , un jeune homme sans histoires mais pas sans passé judiciaire, est mort en 2016, deux heures après son interpellation mouvementée.

Trois policiers, mis en cause dans l’enquête sur les circonstances de sa mort (mais pas mis en examen), n’ont jamais été inculpés. Par la suite, Assa Traoré, qu’on ne présente plus, a publié, en 2019, une tribune sur Facebook baptisée « J’accuse » avec une originalité qui lui fait honneur ; tribune dans laquelle elle donne les noms de ces trois gendarmes en leur imputant la responsabilité de la mort de son frère.

C’est que la justice, quand elle n’est pas rendue dans le sens qui convient, mérite d’être rendue parallèlement. Quelle importance que ces gendarmes soient pour l’instant innocents, qu’ils aient une famille et que leur vie soit, à la suite de cette tribune, sinon mise en danger (quoique), du moins pourrie par la calomnie ? Adama Traoré, tous les médias, toutes les grandes consciences en conviennent, était une victime. Son palmarès long comme le bras, ses deux séjours en prison ? Des broutilles. Le mode opératoire de sa sœur, qui a plus à voir avec la haine obligatoire de 1984 qu’avec dans l’affaire Calas ? Oh, ce n’est rien d’autre que de la douleur. Assa Traoré serait, en somme, une nouvelle Antigone face à tous les Créon de cette justice raciste, bien connue de nos lecteurs pour son extrémisme de

Les faits, le droit et la justice d’un côté ; l’émotion, les vociférations et l’agit-prop de l’autre. On ne sait pas encore qui gagnera. Y aura-t-il un nouveau Castaner pour « comprendre » ce qui n’est rien d’autre qu’une incitation à la violence ? Probablement. Il y aura aussi, c’est certain, des articles dans la presse, des reportages orientés à la télévision publique, des « prises de parole » et peut-être même des « concerts de soutien », si le concept existe encore en ces temps de joies masquées et d’embrassades hydroalcooliques.

En tous les cas, Assa Traoré était jugée, ce jeudi et ce vendredi, par le tribunal de pour cette tribune, justement. « Droite à la barre », nous apprend (Antigone, je vous dis !), elle s’est tenue à sa ligne de défense. « Je suis juste une sœur qui a perdu son frère », a-t-elle déclaré. Les gendarmes qu’elle a jetés en pâture à l’opinion avaient déjà obtenu sa condamnation au civil, en février dernier, pour atteinte à la présomption d’innocence. Heureusement, en tout cas, que les sœurs, frères conjoints ou enfants du policier assassiné cette semaine, du chauffeur de bus massacré à , de la jeune fille traînée sur 800 mètres par des chauffards à , des énucléés par dizaines sur les Champs-Élysées et de tant d’autres n’ont pas monté de collectif. Il faut dire qu’ils ne cochent pas les cases des indignations médiatiques du moment…

Clou du spectacle, qui est aussi le dernier sur le cercueil de la décence : on apprend que le sociologue de (pléonasme) Geoffroy de Lagasnerie vient de déclarer qu’on enseignerait bientôt l’affaire Traoré dans les écoles comme on enseignait aujourd’hui l’affaire Dreyfus. Les parallèles, poursuit ce brave homme – dont chaque intervention, aisément trouvable sur Internet, est un petit miracle de finesse, de bon sens et d’ouverture d’esprit -, sont nombreux. D’un côté comme de l’autre, dit-il, on trouve du d’État, une justice aux ordres, un combat courageux pour la vérité, etc.

Ben voyons. Assa Traoré a plus à voir avec Winnie Mandela qu’avec Antigone, et son frère ressemble plus à n’importe quelle petite frappe de quartier qu’à un officier martyr. Le vrai point commun entre les deux affaires, c’est davantage le comportement de la gauche, camp du bien autoproclamé, qui se saisit d’un fait divers isolé pour en faire l’étendard de sa détestation des institutions : hier l’armée, aujourd’hui la justice (qui n’a pourtant pas ménagé sa partialité pour se faire aimer des nouveaux Enragés). Mais apparemment, plus c’est gros, plus ça passe ! C’est même à ça qu’on les reconnaît, comme disait Audiard.

« Sans justice, vous n’aurez pas la paix », dit pompeusement le pompeux comité Adama. Le cas d’Assa Traoré est examiné par la Justice. Espérons qu’elle nous fichera la paix.

 

Arnaud Florac

Source : https://www.bvoltaire.fr/

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