États généraux de la laïcité : encore un faux débat, par Iris Bridier.
La Macronie aime les consultations citoyennes. Après sa Convention sur le climat et celle sur la vaccination, comme « il est piquant de constater, enfin, que les citoyens n’ont jamais été autant appelés à débattre, au moment où les décisions sanitaires sont prises dans le huis clos d’un Conseil de défense aussi restreint que secret », remarque Sophie Coignard, dans Le Point.
C’est donc ce mardi que sont lancés les États généraux de la laïcité, au Conservatoire national des arts et métiers (CNAM) à Paris, « avec une conférence de haut niveau entre des intellectuels de toutes les sensibilités », précise Marlène Schiappa. « Des tables rondes et des groupes de travail sur la liberté d’expression la recherche, la jeunesse, l’intégration citoyenne» se tiendront jusqu’à cet été sur ce « sujet de passion », mais aussi une consultation auprès de 50.000 jeunes.
Le ministre délégué à la Citoyenneté espère ainsi rassembler le plus grand nombre autour de sa vision de la laïcité à la française, qui s’oppose à la vision anglo-saxonne multiculturaliste de la plupart des macronistes et de l’Observatoire de la laïcité. « À l’époque où le catholicisme était majoritaire, c’était la gauche qui incarnait la laïcité stricte, rigide, et la droite qui défendait une laïcité plus ouverte au fait chrétien. Maintenant que le catholicisme est devenu une religion parmi d’autres, que l’islam est la religion la plus visible, un mouvement de balancier s’est opéré : c’est à gauche que la laïcité à la française est le plus contestée, au nom du droit à la différence et au nom du droit à l’antiracisme pour une laïcité soi-disant ouverte, et à droite, on devient les tenants d’une laïcité stricte », observe Benoît Dumoulin, directeur d’Ichtus.
Deux conceptions qui s’éloignent de la laïcité prônée par le Christ distinguant le temporel du spirituel. L’anglo-saxonne met toutes les religions sur un même pied d’égalité sans aucune considération sur la culture qu’elles portent (vision de la femme, par exemple) ; quand la laïcité française relègue la religion à la sphère privée. Un piège dans lequel tombe la droite, puisque « dans ce compromis historique de la laïcité, il n’a jamais été dit que l’espace temporel devait être vidé de présence religieuse », rappelle Benoît Dumoulin.
Il ne faut donc rien attendre de ces États généraux qui se trompent encore de débat. Marlène Schiappa prône l’écoute et le dialogue pour faire bouger les lignes tout en comptant bien, in fine, imposer la laïcité comme « ciment de la citoyenneté », renvoyant dos à dos les identitaires et les communautaristes. Ce n’est pas en imposant à toutes les associations confessionnelles des chartes de la laïcité et en cantonnant toutes les religions à la sphère privée (vision également défendue par Bruno Retailleau ou Guillaume Peltier) que la question de l’islam sera réglée, mais seulement – et que l’on soit croyant ou pas – en rappelant courageusement nos racines et ce qu’est la France, en transmettant ce fameux « roman national » prôné par Philippe de Villiers, en somme, et, n’en déplaise à Marlène Schiappa, en réaffirmant notre identité.